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Problèmes hyperboliques non

linéaires

Dans le dernier épisode de MA103... !


Lois de conservation scalaire!
Notion de solution classique (méthode des caractéristiques)!
... Aujourd’hui!
Notion de solution faible!
Solution C^1 par morceaux (relation de Rankine Hugoniot)!
Non unicité des solutions faibles!
Notion de solution faible entropique

1
Rappel
Loi de conservation scalaire
Étant donnée une fonction (non linéarité) : f (u) 2 C (R)
2

on appelle loi de conservation scalaire associée à f


l’équation aux dérivées partielles

@u @
(1) + f (u) = 0,
@t @x
Si a(u) = f 0
(u) la forme non conservative de (1) est:
@u @u
(2) + a(u) = 0,
@t @x
Equation de transport non linéaire de vitesse c = a(u).
2
Rappel
Le problème de Cauchy
8
> Trouver u(x, t) : R ⇥ R +
! R
>
<
@u @
(P) + f (u) = 0, x 2 R, t>0
>
> @t @x
:
u(x, 0) = u0 (x), x 2 R.

On appelle solution classique de (P) sur [0, T [ une fonction

u 2 C 1 (R ⇥ [0, T [ )
telle que (1) est satisfaite au sens usuel pour 0  t  T.

3
Rappel
La solution du problème de Cauchy
0 1
Théorème : Pour une donnée initiale u C (R)
le problème de Cauchy (P) admet une unique solution
classique maximale u 2 C 1 ( R ⇥ [0, T ⇤ [ )
où le temps d’existence T ⇤ est donné par

T ⇤ = +1 si a0 est croissante,
⇣ ⌘ 1
T ⇤ := inf a00 (x0 ) sinon.
x0 2R


où 0
a0 (x0 ) := a u (x0 )

4
Rappel
La solution du problème de Cauchy
0 1
Théorème : Pour une donnée initiale u C (R)
le problème de Cauchy (P) admet une unique solution
classique maximale u 2 C 1 ( R ⇥ [0, T ⇤ [ ) donnée par

u(x, t) = u0 (x, t)

où (x, t)est le pied de la caractéristique passant par (x, t)


⇠(x, t) + a0 ⇠(x, t) t = x

@u @u
lim⇤ (·, t) L1
= lim⇤ (·, t) L1
= +1
t!T @t t!T @x

5
La solution du problème de Cauchy

Illustration du théorème

Équation de Burgers: f (u) = u2 /2


0 x2 /2
Donnée initiale: u (x) = e

du0
a(u) = u a 0 = u0 a00 =
dx
⇣ du ⌘
⇤ 0
T := 1 / inf
dx
6
Donnée initiale
u0 (x) = e x2 /2

Temps d’existence 1,5

1
du0 x2 /2
(x) = xe
dx
0,5

1
-3,5 -3 -2,5 -2 -1,5 -1 -0,5 0 0,5 1 1,5 2 2,5 3 3,5 4 4,5 5 5,5 6

d2 u0 x2 /2 ⇤
p
dx 2
(x) = e (x2 1) p
1/ e
-0,5
T = e
-1

7
Donnée initiale
u0 (x) = e x2 /2

4
04
53

3
03
52

2
02
51

1
01
5

4 2 2 4
0
4−

3−

2−

1−

5
9
Le point d’explosion correspond à la caractéristique !
issue de x⇤ = 1
1/2
x = x⇤ + u(x⇤ ) t = 1 + e t

Pour t = T ⇤ = e1/2 on obtient

x = x⇤ = 1 + e 1/2
T⇤ = 2
p
' e

Point d’explosion
10
Notion de solution faible

Pour pouvoir obtenir des solutions au delà du temps!


il faut accepter une notion plus faible de solution
autorisant des discontinuités.

Les solutions faibles que nous allons construire seront !


en particulier des solutions au sens des distributions.
Partons d’une solution classique sur [0, T [ et introduisons!
un espace de fonctions test espace-temps:

V T = ' 2 C 1 (R ⇥ R+ ) / supp ' is compact ⇢ R ⇥ [0, T [

11
Notion de solution faible
ZZ ZZ
@u @
' dx dt + f (u) ' dx dt = 0
@t @x
où le domaine d’intégration est R ⇥ R+ .
ZZ ZZ Z
@u @'
' dx dt = u dx dt u0 (x) '(x, 0) dx
@t @t
ZZ ZZ
@ @'
f (u) ' dx dt = f (u)
@x @x
car '(·, t) est à support compact en espace.
13
Notion de solution faible
ZZ ZZ
@u @
' dx dt + f (u) ' dx dt = 0
@t @x
où le domaine d’intégration est R ⇥ R+ .

Après addition, il vient


ZZ ⇢
@' @'
u + f (u) dx dt + (x, 0) u0 (x) dx = 0
@t @x

On remarque que l’expression ci-dessus garde un sens


pour tout ' dans V T , même si u est discontinue.
14
Notion de solution faible

Définition : Étant donné u0 L (R), on appelle solution


faible de (P) sur [0, T [, T  +1 une fonction
u 2 L1
loc (R ⇥ [0, T [)
telle que pour toute fonction ' 2 V T
ZZ ⇢
@' @'
u + f (u) dx dt + (x, 0) u0 (x) dx = 0
@t @x

Par construction, toute solution forte est solution faible.!


Inversement, toute solution faible ayant la régularité! C 1
est solution forte (exercice).
15
Solutions C 1 par morceaux

Définition : Une solution C 1 par morceaux est une


solution faible u telle qu’il existe un nombre fini d’arcs

⌃i = x= i (t), ti  t  t+
i }, i = 1, 2, · · · , N
telle que u est de classe C 1 dans chaque composante
connexe Oj , 1  j  M, de
N
[
R ⇥ [0, T [ \ ⌃i
i=1

16
Solutions C 1 par morceaux

⌃4

⌃1
O2
O4
⌃3
O1 ⌃2
O3

17
Solutions C 1 par morceaux

Théorème : Une fonction u , C 1 par morceaux, est une


solution faible si et seulement si u est solution classique
dans chaque Oj et si à travers chaque ligne
⌃= x = (t), t  t  t+ },
u vérifie la relation de Rankine-Hugoniot pour t  t  t +

⇥ + ⇤
s(t) u (t) u (t) = f u+ (t) f u (t)

0 ±
avec s(t) := (t) et u (t) := lim u (t) ± ", t
"!0

u+ (t) = u (t) =) Rankine-Hugoniot


18
Solutions C 1 par morceaux

Si u est effectivement discontinue à travers ⌃, on dit que!


u présente un choc et que ⌃ est la ligne de choc et que
s(t) := 0 (t) est la vitesse du choc.
x = (t)
Pour tout choc, on a
⇥ ⇤ ⌃
f (u)
s= ⇥ ⇤ s(t) (pente)
u
t u (t) u+ (t)
à rapprocher de

a(u) = f 0 (u)

19
Solutions C 1 par morceaux
✓ ◆ !
⌧x s(t)
⌧=
K = supp ' ⌧t 1
✓ ◆ ✓ ◆
nx 1
n=
nt s(t)

K
K+

ZZ ⇢
@' @'
u + f (u) dx dt + (x, 0) u0 (x) dx = 0
@t @x
20
Solutions C 1 par morceaux

ZZ ⇢ ZZ ⇢
@' @' @' @'
u + f (u) + u + f (u) =0
@t @x @t @x
K+ K

ZZ ! ZZ !
@u @ @u @
+ f (u) ' + f (u) '
@t @x @t @x
K+ K
Z Z
u+ nt + f (u+ ) nx ' + u nt + f (u ) nx ' = 0
⌃ ⌃
21
Solutions C 1 par morceaux
Z h i
u+ u nt + f (u+ ) f (u ) nx ' = 0

pour toute fonction test ' à support dans K . !

On en déduit
u+ u nt + f (u+ ) f (u ) nx = 0
✓ ◆ ✓ ◆
nx
c’est à dire ( n = nt
1
s(t) )

s(t) u+ u + f (u+ ) f (u ) = 0

22
Non unicité des solutions faibles

Un exemple : nous considérons l’équation de Burgers


u2
f (u) =
2
avec la donnée initiale

u0 (x)

x
23
Non unicité des solutions faibles

Une première solution : avec un choc


t

u=0
? u=1

x
24
Non unicité des solutions faibles

Une première solution : avec un choc

Notons que pour l’équation de Burgers, la relation de!


Rankine-Hugoniot devient:

1 u+ (t)2 u (t)2
s(t) =
2 u+ (t) u (t)
ce qui donne
1 ⇥ + ⇤
s(t) = u (t) + u (t)
2
25
Non unicité des solutions faibles

Une première solution : avec un choc


t
t
x=
2

u=0 u=1

x
27
Non unicité des solutions faibles

u(x, t)

Propagation d’un choc


x
33
Non unicité des solutions faibles

Une deuxième solution : continue


t
x/t = Cte

u = x/t

u=0 u=1

x
34
Non unicité des solutions faibles

Une deuxième solution : continue


Il suffit de vérifier que u est solution classique dans
0<x<t
De u = x/t nous déduisons
@u 2 @u
= x/t = 1/t
@t @x

@u @u
+u = x/t2 + x/t ⇥ 1/t = 0
@x @x
35
Non unicité des solutions faibles

t x=t

u(x, t)

Onde de détente
x
41
Non unicité des solutions faibles

Propagation d’un choc Onde de détente

42
Non unicité des solutions faibles

En passant de la notion de solution classique à la notion !


de solution faible, on est passé d’une situation où on n’a!
éventuellement pas de solution à une situation où on en!
a trop !

Pour obtenir à la fois l’existence et l’unicité, il faut faire!


appel à une notion intermédiaire :

Les solutions faibles entropiques

43
Notion de solution faible entropique

Soit U (·) et F (·) deux fonctions de R dans R


reliées par

F 0 (u) = U 0 (u) f 0 (u), 8u2R


Si u est une solution classique, on a la loi de conservation
@ @
U (u) + F (u) = 0
@t @x

44
Notion de solution faible entropique

Soit U (·) et F (·) deux fonctions de R dans R


reliées par

F 0 (u) = U 0 (u) f 0 (u), 8u2R

@ 0 @u 0 0 @u
U (u) = U (u) = U (u) f (u)
@t @t @x
0 @u @
= F (u) = F (u)
@x @x

45
Notion de solution faible entropique

Soit U (·) et F (·) deux fonctions de R dans R


reliées par

F 0 (u) = U 0 (u) f 0 (u), 8u2R


Si u est seulement une solution faible, le résultat n’est
plus vrai en général. On peut seulement dire que
@ @
U (u) + F (u)
@t @x
est une distribution d’ordre 0.
46
Notion de solution faible entropique

On peut dire plus si on suppose que u est issu d’un


processus de passage à la limite sur des solutions
visqueuses :
+
u = lim u " p. p. (x, t) 2 R ⇥ R
"!0
@u" @ @ 2 u"
+ f (u" ) " 2 = 0,
@t @x @x

ou on suppose que ku" kL1 (R⇥R+ )  M

où " > 0 est le paramètre de viscosité .

47
Notion de solution faible entropique

Définition : on appelle entropie mathématique, tout couple!


de fonctions (U, F ) avec U convexe et F 0 = U 0 f 0 .

Théorème : Si u = lim u" p. p. (x, t) 2 R ⇥ R+ avec


"!0
@u" @ @ 2 u" ku" kL1 (R⇥R+ )  M
+ f (u" ) " 2 = 0, et
@t @x @x

alors, pour toute entropie (U, F )

@ @
U (u) + F (u)  0 dans D0 (R ⇥ R+ )
@t @x
48
Notion de solution faible entropique

Rappel :

@ @
U (u) + F (u)  0 dans D0 (R ⇥ R+ )
@t @x
()

@ @
U (u) + F (u), ' 0 8 ' 2 D+ (R ⇥ R+ )
@t @x

D+ (R ⇥ R+ ) = ' 2 D(R ⇥ R+ ) / ' 0

49
Notion de solution faible entropique

F 0 (u) = U 0 (u) f 0 (u), 8u2R


"
@ @u
U (u" ) = U 0 (u" )
@t @t
" 2 "
0 " 0 " @u 0 " @ u
= U (u ) f (u ) + " U (u )
@x @x2
" 2 "
0 " @u 0 " @ u
= F (u ) + " U (u )
@x @x2
2 "
@ " 0 " @ u
= F (u ) + " U (u )
@x @x2
50
Notion de solution faible entropique
2
@ @ 0 " @ u
U (u" ) = "
F (u ) + " U (u )
@t @x @x2
"
@ @u
U (u" ) = U 0 (u" )
@x @x
@2 @ 2 "
u ⇣ @u" ⌘2
" 0 " 00 "
2
U (u ) = U (u ) 2
+ U (u )
@x @x @x

@ u 2 "
@ 2 ⇣ @u" ⌘2
0
" U (u ) "
2
= " 2
U (u "
) " U 00 (u" )
@x @x @x
51
Notion de solution faible entropique
2
@ @ 0 " @ u
U (u" ) = F (u" ) " U (u )
@t @x @x2

@ 2 "
u @ 2 ⇣ @u" ⌘2
0 " " 00 "
" U (u ) 2
= " 2 U (u ) " U (u )
@x @x @x

@ @ @2 ⇣ @u" ⌘2
"
U (u ) + F (u" ) " 2 U (u" ) = " U 00 (u" ) 0
@t @x @x @x

52
Notion de solution faible entropique

Pour toute fonction ' 2 D+ (R ⇥ R+ )



@ " @ @2
U (u ) + F (u" ) " 2 U (u" ), ' 0
@t @x @x
Pour conclure, il suffit de remarquer que
⌧ ⌧ Z
@ @ @'
U (u" ), ' ! U (u), ' U (u" ) dx dt
@t @t @t
⌧ ⌧
@ @ Lebesgue
F (u" ), ' ! F (u), '
@x @x
Z
⌧ 2
⌧ 2 @'
@ " @ U (u) dx dt
2
U (u ), ' ! 2
U (u), ' @t
@x @x

53
Notion de solution faible entropique

Définition : Étant donné u0 L (R) , on appelle solution


entropique de (P)sur [0, T [, T  +1 une solution faible
telle que pour toute entropie (U, F ) i.e. U convexe et
F0 = U0 f0
@ @
U (u) + F (u)  0 dans D0 (R ⇥ R+ ) (*)
@t @x

Cette dernière condition est difficile à vérifier en pratique !

@ @
(*) U (u) + F (u) = 0 pour une solution classique
@t @x
54
Notion de solution faible entropique

Théorème : Une solution faible u , C 1par morceaux, est


entropique si et seulement si, pour tout choc (⌃, u , u+ )
et pour toute entropie (U, F )

⇥ +

s(t) U u (t) U u (t) F u+ (t) F u (t)

avec s(t) := 0
(t) et u± (t) := lim u (t) ± ", t
"!0
Cette condition (de choc entropique) se démontre
aisément comme Rankine-Hugoniot. On peut en donner
une forme plus utile qui s’interprète géométriquement.
55
Notion de solution faible entropique
Théorème : Une solution faible u , C 1 par morceaux, est
entropique si et seulement si, pour tout choc (⌃, u , u+ )
et pour toute entropie (U, F ) :
+
Si u < u , alors le long du choc
f ↵ u+ + (1 ↵) u  ↵ f u+ + (1 ↵) f u
Si u+ > u , alors le long du choc
f ↵ u+ + (1 ↵) u ↵ f u+ + (1 ↵) f u

u+ u u u+
56
Notion de solution faible entropique
Théorème : Une solution faible u , C 1 par morceaux, est
entropique si et seulement si, pour tout choc (⌃, u , u+ )
et pour toute entropie (U, F ) :
+
Si u < u , alors le long du choc
f ↵ u+ + (1 ↵) u  ↵ f u+ + (1 ↵) f u
Si u+ > u , alors le long du choc
f ↵ u+ + (1 ↵) u ↵ f u+ + (1 ↵) f u

Lorsque f est convexe, un choc est entropique ssi :


+
u <u
57
Notion de solution faible entropique
a u pente s(t)
a u+

u+ u

Propriété : le long d’un choc entropique (⌃, u , u+ )


a u+ (t)  s(t)  a u (t)

58
Notion de solution faible entropique

Propriété : le long d’un choc entropique (⌃, u , u+ )

a u+ (t)  s(t)  a u (t)

u+ u u u+

59
Notion de solution faible entropique

Propagation d’un choc Onde de détente

Choc non entropique Solution entropique

60
Notion de solution faible entropique
u0 (x)
Choc entropique

t
t
x=
2

u=1 u=0

x
61

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