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COURS MA103

Introduction aux équations aux


dérivées partielles hyperboliques et à leur
discrétisation par différences finies

Patrick Joly

1
Equation aux dérivées partielles : équation dont l’inconnue
est une fonction de plusieurs variables u(x1 , x2 , · · · , xN )
et qui exprime des relations entre les dérivées partielles de
cette fonction:

� α

F x, u, (D u)|α|≤p = 0.

Applications : Les modèles mathématiques à base d’EDPs


sont omniprésents dans les sciences de l’ingénieur :
mécanique, physique, économie, ...

2
Dans les applications à la physique, on distingue les
problèmes stationnaires ou les variables sont des
variables d’espace:

d N
x∈R −→ u(x) ∈ R

des problèmes d’évolution où l’une des variables est le


temps qui joue un rôle particulier

d N
(x ∈ R , t ≥ 0) −→ u(x, t) ∈ R

3
On distingue classiquement trois grandes classes d’équations

Les équations elliptiques : phénomènes d’équilibre


Modèle : l’équation de Laplace
( Cours MA 201 : Méthode des éléments finis )

Les équations paraboliques : phénomènes de diffusion


Modèle : l’équation de la chaleur
( Cours MA 206 : Méthode des éléments finis )

Les équations hyperboliques : phénomènes de propagation


Modèle : l’équation de transport
4
Illustration 1 : Diffraction d’une onde
électromagnétique

 ∂E


 ε ∂t + ∇ × H = 0,


 µ ∂H
+ ∇ × E = 0,
∂t

( Résultats numériques dûs à Marc Duruflé )

5
Illustration II : Onde acoustique produite
par une guitare

 ρ ∂v

 + ∇p = 0,
∂t

 1 ∂p
 + ∇ · v = 0,
K ∂t

+ interaction fluide-structure

( Résultats numériques dûs à Grégoire Derveaux )

6
Illustration III : Propagation d’une onde de choc
en mécanique des fluides


 ∂ρ � �
+ ∇ · ρ u = 0,

 ∂t


 ∂� � � �
ρ u + ∇ · ρ u ⊗ u + ∇p = 0,
∂t

 ∂� � � �

 ρ e + ∇ · ρ e + p = 0,

 ∂t
 � |u| 2 �
p = (γ − 1) ρ e − ρ
2
( Résultats numériques dûs à Frédéric Alauzet )
7
8
Introduction aux
problèmes
hyperboliques linéaires

9
L’équation de transport à
coefficients constants
Dans ce qui suit c désigne un nombre réel donné.
On appelle équation de transport avec vitesse c
l’équation aux dérivées partielles
∂u ∂u
(E) +c = 0,
∂t ∂x
où la fonction inconnue u = u(x, t) est une fonction
à valeurs réelles des deux variables réelles :

x ∈ R : la variable d’espace
t>0 : le temps
10
Le problème de Cauchy

On appelle problème de Cauchy associé à l’équation


de transport, le problème

 Trouver u(x, t) : R × R +
−→ R


∂u ∂u
(P) +c = 0, x ∈ R, t>0

 ∂t ∂x

u(x, 0) = u0 (x), x ∈ R.

où u0 (x) est la donnée initiale.

11
Notion de solution classique

On appelle solution classique de l’équation (E) (resp.


du problème (P) ), une fonction

u ∈ C (R × R )
1 +

satisfaisant (E) (resp. (P) ) au sens ordinaire, les


dérivées étant prises au sens usuel.

Remarque: Pour le problème de Cauchy, l’existence


d’une solution classique impose
0 1
u ∈ C (R)
12
Solution générale de (E)
� �
∂u
∂x
Si on introduit ∇u = ∂u
(E) se réécrit simplement
∂t
t
� �
c
∇u · =0 1
1
x
c
Autrement dit la dérivée oblique de u dans la direction
t
du vecteur ( c , 1) est nulle

13
Solution générale de (E)

En d’autres termes, les solutions classiques de l’équation de


transport sont les fonctions constantes le long des droites

(Cx0 ) x = X(t), X(t) = c t + x0 , x0 ∈ R


c’est à dire l’ensemble des courbes intégrales de l’équation
différentielle ordinaire

dX
= c.
dt
Les droites (Cx0 ) sont les droites caractéristiques de
l’équation de transport.
14
Solution générale de (E)

Les droites caractéristiques, (Cx0 ) , x0 ∈ R ,


forment un fibrage du plan (x, t).
t

15
La solution du problème de Cauchy

(x, t)
t
dx
=c
dt
ct
x− ct x

=⇒ 0
u(x, t) = u (x − c t)
16
La solution du problème de Cauchy

0 1
Théorème : Pour toute donnée initiale u ∈ C (R)
le problème de Cauchy (P) admet une unique solution
classique u ∈ C 1 (R × R+ ) donnée par

u(x, t) = u0 (x − c t)

∂u ∂u
(x, t) = − c u0 � (x − c t) (x, t) = u0 � (x − c t)
∂t ∂x

17
La solution du problème de Cauchy

u0 (x)
x

18
La solution du problème de Cauchy

x
u(x, t)
t=0 t
ct
x
19
Stabilité du problème de Cauchy

L’application linéaire
S(t) : u ∈ C (R) −→
0 1 u(·, t) ∈ C 1 (R)
est (déf.) le semi-groupe associé à l’équation de transport

S(0) = I, S(t + s) = S(t) · S(s)


donné en l’occurence par
� �
S(t)u (x) = u0 (x − c t)
0

est continue pour de nombreuses topologies.

20
Stabilité du problème de Cauchy

Ainsi par invariance de l’intégrale (ou du sup) après


translation, on a
0 0
u ∈ L (R) =⇒ S(t) u ∈ Lp (R)
p

0 0
�S(t)u � Lp = �u �Lp
p
On dit que le problème (P) est bien posé dans L

0 0
Lorsque u ∈ / C (R), u(·, t) := S(t) u reste
1

une solution faible du problème (P)

21
Analyse par transformation de Fourier

∂u ∂u
+c =0
∂t ∂x
F
u(x, t) −→ �(ξ, t)
u


du
�=0
+ icξ u
dt
0 −i c ξ t
�(ξ, t) = u
u � (ξ) e

22
Analyse par transformation de Fourier
0 −i c ξ t
�(ξ, t) = u
u � (ξ) e

0 S(t) 0
u S(t) u
F F
0

S(t)

u �0
S(t)u
� 0 � 0 � t) = e−i c ξ t
� (ξ), S(ξ,
S(t)u (ξ) = S(ξ, t) u

� t) est le symbole de l’opérateur S(t)


S(ξ,
23
Analyse par transformation de Fourier

� 0 � 0 � t) = e−i c ξ t
� (ξ), S(ξ,
S(t)u (ξ) = S(ξ, t) u

�(ξ)
u(x) −→ u
Rappel
τa u(x) = u(x + a) −→ eiξa u
�(ξ)
� 0
� 0
On retrouve S(t)u (x) = u (x − c t)

24
Analyse par transformation de Fourier

� 0 � 0 � t) = e−i c ξ t
� (ξ), S(ξ,
S(t)u (ξ) = S(ξ, t) u

� � � �2 � �2
� t)� = 1
�S(ξ, �0 (ξ)� = �u
�S(t)u �0 (ξ)� .

Après intégration en ξ , grâce au théorème de Plancherel


on déduit :
0 2 0 0
∀u ∈L , �S(t)u �L2 = �u �L2
2
On retrouve le résultat de stabilité L .
25
Généralisation aux systèmes

Etant donné A ∈ L(RN ) , on considère le problème


Trouver u(x, t) : R × R −→ R
+ N



∂u ∂u
(S) +A = 0, x ∈ R, t > 0

 ∂t ∂x
 0
u(x, 0) = u (x), x ∈ R.

On dit que le système (S) est hyperbolique ssi


A est diagonalisable à valeurs propres réelles.

26
Généralisation aux systèmes

Soit P ∈ L(R )Ntelle que A = P ΛP −1


avec
 
λ1

 λ2 0 


Λ =  .. 
. 


0 λN

� v(x, t) := P −1 u(x, t)
Posons
v0 (x) := P −1 u0 (x)
27
Généralisation aux systèmes
On voit que v est solution du système diagonal

Trouver v(x, t) : R × R −→ R
+ N



∂v ∂v
(S� ) +Λ = 0, x ∈ R, t > 0

 ∂t ∂x
 0
v(x, 0) = v (x), x ∈ R.

� ∂v j
+ λj
∂v j
= 0, x ∈ R, t>0
⇐⇒ ∂t ∂x
( ∀ 1 ≤ j ≤ N)
v j (x, 0) = v 0j (x), x ∈ R.
28
Généralisation aux systèmes
On a N familles de droites caractéristiques

λ2 t λj
λ1
λN

x
v j (x, t) = v 0j (x − λj t)

29
Généralisation aux systèmes

0 1 N
Théorème : Pour toute donnée initiale u ∈ C (R)
le problème de Cauchy (S) admet une unique solution
classique u ∈ C (R × R ) donnée par
1 + N

u(x, t) = P v(x, t)
0
v j (x, t) = v j (x − λj t)

v0 (x) := P −1 u0 (x)

30
Approximation par différences
finies de l’équation de
transport

Patrick Joly
Diffraction

d’une onde électromagnétique


 ε ∂E + ∇ × H = 0,
∂t

 µ ∂H + ∇ × E = 0,

∂t

Onde acoustique produite par une guitare






ρ ∂v + ∇p = 0,
∂t


 1 ∂p + ∇ · v = 0,
K ∂t

On cherche une approximation de la solution des ces équations!!!

Discrétisation des équations


1. Principe de la méthode des différences finies
2. Application à l’équation de transport 1D : schéma explicite centré
3. Calcul de la solution discrète et vitesse de propagation numérique
Question : la solution de l’équation discrète (schéma) approche-t-elle la solution de l’équation
continue?
4. Consistance du schéma
5. Stabilité du schéma
2
Principe de la méthode des différences finies

xj = j h x
h

3
Principe de la méthode des différences finies

∆t
tn = n ∆t

xj = j h x

u(xj , t ) �
n n
uj

4
Principe de la méthode des différences finies

Objectif : Construire des approximations de la dérivée


d’une fonction à l’aide de valeurs discrètes de celle-ci,
typiquement sur un maillage régulier de pas h > 0

On revient à la définition usuelle de la dérivée


u(x + h) − u(x)
u (x) := lim

h→0 h

pour proposer l’approximation décentrée à droite


u(x + h) − u(x)
u (x) �
� +
Dh u(x) :=
h
5
Principe de la méthode des différences finies

Approximation décentrée à droite


u(x + h) − u(x)
u (x) �
� +
Dh u(x) :=
h

x x+h x

6
Principe de la méthode des différences finies

Approximation décentrée à gauche

− u(x) − u(x − h)
u (x) �

Dh u(x) :=
h

x−h x x+h x

7
Principe de la méthode des différences finies

Approximation centrée
u(x + h) − u(x − h)
u (x) �
� 0
Dh u(x) :=
2h

x−h x x+h x

8
Principe de la méthode des différences finies

Soit un maillage de pas h > 0 et Dh un opérateur


d
d’approximation aux différences de dx , on appelle
erreur de troncature la quantité

ε(x, h) := Dh u(x) − u (x)


L’approximation est consistante si, pour u régulière


lim ε(x, h) = 0.
h→0

L’approximation est d’ordre k ∈ N si,


ε(x, h) = O(h )
k

9
Principe de la méthode des différences finies
� �
Un développement de Taylor nous donne θ ∈ ]0, 1[
2
h ��
u(x + h) = u(x) + h u (x) +

u (x + θh)
2
Par conséquent
u(x + h) − u(x) h ��
− u (x) = u (x + θh)

h 2
d`où l’estimation
h
|ε(x, h)| ≤ sup |u |
��
2

L’approximation décentrée est d’ordre 1


10
Principe de la méthode des différences finies

Dans la pratique, c’est la valeur de la dérivée seconde


de la fonction qui détermine le choix de h

x x+h

11
Principe de la méthode des différences finies

Pour l’approximation centrée,


2 3
h h
u(x + h) = u(x) + h u� (x) + u�� (x) + u(3) (x + θ+ h)
2 6
2 3
h h
u(x − h) = u(x) − h u� (x) + u�� (x) − u(3) (x − θ− h)
2 6

3
h
u(x + h) − u(x − h) = 2h u� (x) + u(3) (x + θh)
3
2
(0) h
Dh u(x) = u� (x) + u(3) (x + θh)
6

L’approximation centrée est d’ordre 2


12
Principe de la méthode des différences finies

On peut obtenir des approximations plus précises en


utilisant plus de points.
u(x + h) − u(x − h) h 2
α = u� (x) + u(3) (x) + O(h4 )
2h 6
u(x + 2h) − u(x − 2h) h 2
1−α = u� (x) + 4 u(3) (x) + O(h4 )
4h 6

u(x + h) − u(x − h) � � u(x + 2h) − u(x − 2h)


α + 1−α
2h 4h
� � h 2
= u� (x) + α + 4 (1 − α) u(3) (x) + O(h4 )
6

On obtient une approximation d’ordre 4 avec α = 4/3


13
Principe de la méthode des différences finies

Représentation symbolique

+ 1
Dh : −1 1
h

− 1 1
Dh : −1
h

(0)
1
Dh : 2h −1 1

(4) 1
Dh : 12 h
1 −8 8 −1

14
Principe de la méthode des différences finies

Avec le même principe, on peut approcher des


dérivées d’ordre supérieur
u �
(x + h/2) − u �
(x − h/2)
u (x) �
��
h

u(x + h) − u(x) u(x) − u(x − h)


u (x + h/2) �

u (x − h/2) �

h h
u(x + h) − 2u(x) + u(x − h)
u (x) � Dh u(x) :=
�� 2
h2

x−h x x+h
15
Principe de la méthode des différences finies

2 3 4
h h h
u(x + h) = u(x) + h u! (x) + u!! (x) + u(3) (x) + u(4) (x + θ+ h)
2 6 24
2 3 4
h h h
u(x − h) = u(x) − h u! (x) + u!! (x) − u(3) (x) + u(4) (x + θ− h)
2 6 24

4
h
u(x + h) + u(x − h) = 2u(x) + h2 u�� (x) + u(4) (x + θh)
12

2
h (4)
2
Dh u(x) = u (x) +
��
u (x + θh)
12

θ ∈ ]0, 1[,
+
θ− ∈ ]0, 1[, θ ∈ ] − 1, 1[
L’approximation est d’ordre 2
16

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