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Exemple
Le modèle le plus simple de l’évolution d’une population de bactéries stipule que le taux
de variation par rapport au temps t du nombre de bactéries N(t) de la population considérée est
proportionnel à N(t):
dN
= κN, (1)
dt
où κ est une constante. L’équation (1) permet de déterminer N(t) en fonction de t pourvu que
l’on connaisse la constante κ et aussi la valeur de N à un certain instant t0 : dans ce cas le
problème s’écrit
dN
= κN,
dt
N(t0 ) = N0 (> 0), donné,
1 dN
= κ,
N dt
N étant > 0 ici, on voit que (1) s’écrit aussi
d
(log N(t)) = κ,
dt
83
(log ≡ ln) d’où, par intégration,
Z t Z t
d
(log N(s)) ds = κ ds = κ(t − t0 ).
t0 ds t0
Donc
N(t) N(t)
[log N(s)]ts=t0 = log = κ(t − t0 ) ⇒ = eκ(t−t0 ) ,
N(t0 ) N(t0 )
et finalement
N(t) = N(t0 )e(κ(t−t0 )) = N0 eκ(t−t0 ) . (2)
Connaissant la constante κ et la population initiale N(t0 ) = N0 , on peut maintenant déterminer
N(t) pour tout t ≥ t0 grâce à (2).
Une variante de cette méthode, la méthode de séparation des variables, procède ainsi:
Z t Z t
dN dN(t) dN(s)
= κN → = κ dt → = κ ds = κ(t − t0 ),
dt N(t) s=t0 N(s) s=t0
d’où
[log N(s)]ts=t0 = κ(t − t0 ),
et finalement,
N(t) = N0 eκ(t−t0 ) ,
comme plus haut.
84
Si g = 0, (4) est une équation homogène (sinon on dit que c’est une équation non-homogène).
Résolvons-la par séparation de variables au cas où a est une constante:
dy dy dy
Z Z
+ ay = 0 → = −a dx → = − a dx +C,
dx y y
⇒ log |y| = −ax +C ⇒ |y| = Ce−ax , avec C > 0. (5)
Alors, y = Ce−ax si y > 0 et y = −Ce−ax si y < 0 et pour simplifier on écrit y = Ce−ax pour C une
constante de signe quelconque. (On vérifie facilement que si y = Ce−ax alors y0 = −aCe−ax =
−ay et donc y0 + ay = 0, c.à.d. y = Ce−ax est bien une solution de (4), quelque soit le signe de C
et celui de a.) Considérons un point (x0 , y0 ) du plan Oxy. Alors, il est intuitivement clair qu’il
va exister une de ces courbes (voir la figure 1) qui passe par (x0 , y0 ): on dit que par un point
(x0 , y0 ) il passe une courbe intégrale de l’équation (4) et une seule. Voici un énoncé d’existence
et unicité de la solution:
y0 = f (x, y),
y(x0 ) = y0 , (6)
85
Ceci entraîne que deux courbes intégrales distinctes ne peuvent pas se couper ou se rencon-
trer car si deux telles courbes intégrales C1 et C2 se coupaient en un certain point (x0 , y0 ), elles
devraient se confondre puisque elles seraient toutes les deux solutions du même problème de
Cauchy
y01 = f (x, y1 ), y1 (x0 ) = y0 ,
y02 = f (x, y2 ), y2 (x0 ) = y0 ,
dont la solution est unique ⇒ y1 ≡ y2 .
Remarquons ici que tout le long d’une courbe intégrale (ou “courbe solution”) C de y0 =
f (x, y), en chaque point (x, y) la pente de C est donnée par
dy
(x, y) = f (x, y).
dx C
86
Deuxième méthode (Variation des paramètres, méthode de Lagrange)
La solution de l’équation homogène associée à (7), y0 + ay = 0, s’écrit y(x) = C exp(−ax),
où C est une constante arbitraire.
où C(x) serait une fonction appropriée, à déterminer. S’il existe une telle fonction C(x) on devra
avoir
y0 = C0 (x) exp(−ax) − aC(x) exp(−ax),
et donc, d’après (7)
d’où
C0 (x) exp(−ax) = g(x) ⇒ C0 (x) = exp(ax)g(x).
Donc nous aurons à nouveau une solution de la forme (10)
Z x
y(x) = exp(−ax) C + exp(at)g(t) dt .
x0
d’où
87
où nous avons regroupé tous les termes contenant x0 dans la constante B, d’où finalement
x 1 2
y(x) = B exp(−2x) + − + exp(x).
2 4 3
Vérification:
0 1 2 1 4
y + 2y = −2B exp(−2x) + + exp(x) + 2B exp(−2x) + x − + exp(x) ,
2 3 2 3
6
= x + exp(x) = x + 2 exp(x).
3
Donc y est bien une solution.
d
µ(x)(y0 + a(x)y) = (µ(x)y) = µ 0 y + µy0 , (13)
dx
et donc, telle que,
µ 0 = a(x)µ,
d’où
µ0
= a(x),
µ
(14)
d’où finalement
x
Z
µ(x) = A exp a(t)dt .
et finalement
Z x
1
y(x) = C+ g(t)µ(t) dt ,
µ(x)
Zx Z x Z t
⇒ y(x) = exp − a(t) dt C+ g(t) exp a(s) ds dt . (15)
88
exemple 2
Résoudre y0 + 1x y = 4x2 .
solution
x
Z
1
µ(x) = exp = exp(log x) = x,
dt
t
Z x
1 C
⇒y= C+ 4t × t dt = + x3
2
x x
Vérification: si y = x3 +C/x,
C
y0 = 3x2 − ,
x2
1 C x3 C
⇒ y0 + y = 3x2 − 2 + + 2 = 4x2 .
x x x x
On cherche alors pour l’équation complète (non-homogène) (12) une solution de la forme
Zx
y = C̃(x) exp − a(t)dt ≡ C(x)yh .
89
d’où Z x t
Z
C(x) = g(t) exp a(s)ds dt + D,
et finalement
Zx Z x Z t
y(x) = exp − a(t) dt D+ g(t) exp a(s) ds dt , (18)
où chaque intégrale signifie seulement une primitive quelconque sans constante. Il ne peut de
toute manière apparaître qu’une seule constante dans la solution, puisqu’on a affaire à une équa-
tion d’ordre 1.
exemple 3
Résoudre y0 + 2xy = x exp(x2 )
solution
Première méthode (facteur intégrant):
Z Z
2x dx = exp x2 ,
µ(x) = exp a(x)dx = exp
d’où
Z Z
2 2
y = exp(−x ) C + x exp(x ) exp 2x dx dx ,
Z Z
2 2 2 2 2
= exp(−x ) C + x exp(x ) exp x dx = exp(−x ) C + x exp(2x ) dx ,
exp(2x2 ) exp(x2 )
2
= exp(−x ) C + ⇒ y = C exp(−x2 ) + .
4 4
Deuxième méthode (variation des paramètres, méthode de Lagrange):
dyh
y0h + 2xyh = 0 ⇒ = −2x dx ⇒ log yh = −x2 + A,
yh
⇒ yh = C exp(−x2 ).
Alors, on cherche une solution de la forme
y = C(x) exp(−x2 ) ⇒ y0 = C0 exp(−x2 ) − 2xC exp(−x2 ),
⇒ il faut que C0 exp(−x2 ) − 2xC exp(−x2 ) + 2xC exp(−x2 ) = x exp(x2 ),
exp(2x2 )
Z
⇒C0 (x) = x exp(2x2 ) ⇒ C(x) = x exp(2x2 ) dx + D = + D,
4
exp(2x2 ) exp(x2 )
⇒y= + D exp(−x2 ) = + D exp(−x2 ).
4 4
Vérification:
exp(x2 )2x exp(x2 )
y0 + 2xy = − 2xD exp(−x2 ) + 2x + 2xD exp(−x2 ),
4 4
= x exp(x2 ).
90
Théorème 10 (L’existence et l’unicité des solutions) Si les fonctions a(x) et g(x) sont continues
sur un intervalle ouvert I = {x : α < x < β } contenant le point x0 , alors il existe une fonction
unique y = y(x) qui satisfait à l’équation différentielle
y0 + a(x)y = g(x),
quel que soit x dans l’intervalle I, et qui satisfait également à la condition initiale
y(x0 ) = y0 .
On note que les hypothèses du théorème 9 se réduisent à celles du théorème 10 dans le cas
d’une équation différentielle linéaire: l’équation différentielle y0 = f (x, y) est linéaire s’il existe
des fonctions a(x) et g(x) telles qu’on peut écrire f sous la forme
Dans ce cas
∂f
= −a(x),
∂y
et donc la continuité de f et de ∂ f /∂ y équivaut à la continuité de a et de g.
Démonstration
y0 + a(x)y = g(x),
Si a est continue sur l’intervalle I il s’ensuit que µ est défini sur cet intervalle et que µ est une
fonction différentiable non-nulle. Puisque µ et g sont continues la fonction µg est intégrable.
De plus, l’intégrale de µg est différentiable. Donc, y comme donnée dans (15) doit exister
et est différentiable sur l’intervalle I. Finalement, la condition initiale y(x0 ) = y0 permet de
déterminer la valeur unique de la constante C dans (15).
f (x, y) = C, (20)
91
sont telles que
∂f ∂f
= M(x, y), = N(x, y),
∂x ∂y
sur C̃. Alors, puisque
df ∂ f ∂ f dy
=0= + ,
dx ∂ x ∂ y dx
le long de chaque courbe de niveau de C̃, f = C définit une solution y = y(x) de (19) de manière
implicite. S’il existe une telle fonction f , on dit que l’équation (19) est exacte.
exemple 4
dy
Résoudre 2x + y2 + 2xy dx = 0.
solution
L’équation n’est ni séparable ni linéaire. On essayera d’obtenir une f telle que
∂f ∂f
= M(x, y) = 2x + y2 et = N(x, y) = 2xy. (21)
∂x ∂y
Ces conditions veulent dire que
∂f
= 2x + y2 ⇒ f = x2 + xy2 + g(y),
∂x
∂f
= 2xy ⇒ f = xy2 + h(x),
∂y
qui implique que f = x2 + xy2 + c. Donc, la solution générale à l’équation à résoudre est donnée
implicitement par x2 + xy2 = C.
Supposons qu’une fonction f existe qui est deux fois continûment dérivable. On aurait donc
que
∂2 f ∂2 f
= ,
∂ y∂ x ∂ x∂ y
et on peut conclure que
∂f ∂f ∂M ∂N ∂N ∂M
= M, =N⇒ = ⇒ − = 0.
∂x ∂y ∂y ∂x ∂x ∂y
→
−
Si on définit une fonction vectorielle bi-dimensionelle F (x, y) = (M(x, y), N(x, y)) on reconnait
→
− → −
∂ N/∂ x − ∂ M/∂ y comme le rotationnel scalaire de F . F est donc un champ vectoriel irrota-
tionnel. Cette condition équivaut, dans un domaine simplement connexe, à l’existence d’une
− →
→ − →
−
fonction potentiel f telle que F = ∇ f ⇔ F est conservative.
Théorème 11 Soit les fonctions M, N, ∂∂My , ∂∂Nx continues sur un domaine D ⊆ R2 simplement
connexe. Alors l’équation différentielle
dy
M(x, y) + N(x, y) = 0,
dx
est exacte sur D si et seulement si
∂M ∂N
= ,
∂y ∂x
partout sur D.
92
exemple 5
4
Résoudre x3 y2 dx + x2y dy = 0.
solution
Puisque
x4 y
∂ ∂ 3 2
= 2x3 y = (x y ),
∂x 2 ∂y
l’équation est exacte. On cherche alors une fonction potentielle f telle que
∂f x4 y2
= x3 y2 ⇒ f = + g(y),
∂x 4
∂f x4 y x4 y2
= ⇒f= + h(x),
∂y 2 4
Vérification:
x4 y dy x4 d(y2 ) x4
3 2 3 2 3C 4C
x y + =x y + =x 4+ − 5 = 0.
2 dx 4 dx x 4 x
∂ ∂
(µ(x, y)N(x, y)) − (µ(x, y)M(x, y)) = 0,
∂x ∂y
∂µ ∂µ ∂N ∂M
⇒ N− M+µ − = 0.
∂x ∂y ∂x ∂y
En général, trouver un tel facteur intégrant µ est difficile et nous envisageons deux cas partic-
uliers où cette recherche est facilitée.
93
Premier cas: facteur intégrant ne dépend que de x Dans ce cas Eq. (22) sera exacte ssi
1 dµ 1 ∂M ∂N
= − . (23)
µ dx N ∂y ∂x
De (23) on voit qu’un tel facteur pourra exister à condition que
1 ∂M ∂N
− ,
N ∂y ∂x
soit une fonction de x seulement. Supposons maintenant qu’il existe une fonction g de x telle
que
1 ∂M ∂N
− = g(x).
N ∂y ∂x
Alors, un facteur intégrant sera
Z
1 dµ 1 ∂M ∂N
= − ⇒ µ(x) = exp g(x) dx .
µ dx N ∂y ∂x
exemple 6
Résoudre
1 y dy
exp(y) + exp(y) + 2 = 0.
x x dx
solution
Puisque ici
∂N ∂M ∂ y ∂ 1 y 1
− = exp(y) + 2 − exp(y) = −2 2 − exp(y) 6= 0,
∂x ∂y ∂x x ∂y x x x
l’équation n’est pas exacte. On remarque, cependant, que
2 xy2 + 1x exp(y) 1
1 ∂M ∂N
− = = = g(x).
N ∂y ∂x exp(y) + 2 xy x
On peut donc intégrer
1 dµ
= g(x),
µ dx
pour obtenir Z
1
µ(x) = exp dx = x.
x
Maintenant, on cherche une fonction f (x, y) telle que
∂f
= µ(x)M(x, y) = exp(y) ⇒ f = x exp(y) + a(y),
∂x
∂f
= µ(x)N(x, y) = x exp(y) + 2y ⇒ f = x exp(y) + y2 + b(x).
∂y
Alors, la solution générale (sous une forme implicite) est
x exp(y) + y2 = C.
94
Deuxième cas: facteur intégrant ne dépend que de y Lorsque µ est un facteur intégrant en
fonction de y uniquement, la condition pour que l’équation (22) soit exacte devient
dµ ∂M ∂N
M+µ − = 0,
dy ∂y ∂x
ou
∂N
1 dµ ∂x − ∂∂My
= .
µ dy M
Pour qu’un tel facteur intégrant µ = µ(y) puisse exister, on a donc la condition que
∂N
∂x − ∂∂My
= h(y),
M
pour quelque fonction h de y. Sous cette condition
Z
µ(y) = exp h(y) dy .
exemple 7
Résoudre
dy
(y log(y) − 2xy) + (x + y) = 0.
dx
solution
∂N ∂M
− = 2x − log y 6= 0,
∂x ∂y
et, en conséquent, l’équation n’est pas exacte. Mais
1 ∂N ∂M 2x − log y 1
− = =− .
M ∂x ∂y y log(y) − 2xy y
On résout
1 dµ 1 ∂N ∂M 1 1
= − =− ⇒µ = .
µ dy M ∂x ∂y y y
On cherche f tel que
∂f
= µ(y)M(x, y) = log y − 2x ⇒ f = x log(y) − x2 + a(y),
∂x
∂f x
= µ(y)N(x, y) = + 1 ⇒ f = x log(y) + y + b(x).
∂y y
Donc a(y) = y + cte et la solution y à l’équation différentielle est donnée implicitement par
x log y − x2 + y = C.
95
11.2.6 Les équations de premier ordre non-linéaires. Méthode de la séparation des vari-
ables
On peut toujours réécrire l’équation différentielle du premier ordre
y0 = f (x, y),
sous la forme
dy
M(x, y) + N(x, y) = 0,
dx
(on pourrait prendre M = − f et N = 1, par exemple!). Une telle équation est appellée une
équation à variables séparables si M = M(x) et N = N(y) ou si M = M(y) et N = N(x). Dans
ce cas-ci on peut intégrer partout par rapport à x pour obtenir
Z Z
N(y)dy = − M(x)dx.
Souvent, pour les équations non-linéaires, le résultat d’une telle intégration sera une solution de
type implicite.
exemple 8
Trouver la solution au problème de valeur initiale
dy y cos x
= , y(0) = 1.
dx 1 + 2y2
solution
On suppose que y 6= 0 et on écrit l’équation différentielle sous la forme
1 + 2y2
dy = cos x dx ⇒ log y + y2 = sin x + c.
y
On pose x = 0 et y = 1 pour voir que la constante c = 1. Alors, la solution du problème est
donnée implicitement par
log y + y2 = sin x + 1.
Vérification
96
11.2.7 Transformation d’équations différentielles en équations à variables séparables
On dit que l’équation
y0 = f (x, y),
est homogène1 si l’on peut exprimer f comme une fonction ne dépendant que du quotient y/x.
On peut toujours transformer de telles équations en équations à variables séparables en effectu-
ant un changement de variables u := x/y ou v := y/x.
exemple 9
Résoudre
x2 + y2
y0 = , y(1) = 1.
xy
solution
v2 + 1
y0 = v + xv0 = ,
v
v2 + 1 − v2 1
⇒ xv0 = = .
v v
Donc,
1
Z Z
v dv = dx,
x
v2
⇒ = log x + c ⇒ v2 = log x2 + 2c.
2
Ceci veut dire que
y2 = x2 v2 = x2 log x2 + 2cx2 .
Finalement, y(1) = 1 ⇒ 2c = 1 et la solution y satisfait à y2 = x2 (1 + ln x2 ).
97
11.3 Les équations différentielles linéaires du second ordre.
Une équation différentielle linéaire du second ordre peut être écrite dans la forme
où p, q et r sont des fonctions de x, définies sur un intervalle I = {x : a < x < b}. La forme
homogène de (24) est alors
L (y) = 0. (25)
Théorème 12 (Sans démonstration) Si les fonctions p, q et r sont continues sur un intervalle
ouvert x ∈ (a, b), alors il existe une solution y = y(x) unique du problème à valeurs initiales:
y = yh + y p .
Le principe de superposition
Théorème 13 Si y1 et y2 sont deux solutions de l’équation linéaire homogène (25) alors toute
combinaison linéaire c1 y1 (x) + c2 y2 (x), à coefficients constants quelconques c1 , c2 , est aussi
une solution.
Démonstration
Définition 20 Deux solutions de (25) forment une base de solutions de cette équation si toute
solution y(x) de (25) peut s’exprimer comme une certaine combinaison linéaire de y1 et y2 :
y = c1 y1 (x) + c2 y2 (x).
Les deux constantes c1 et c2 sont déterminées des conditions initiales (27) satisfaites par y(x) en
un point x0 ∈ (a, b), où p, q et r sont supposées d’être continues sur l’intervalle (a, b). Il faudra
donc, en particulier, que en x = x0
c1 y1 (x0 ) + c2 y2 (x0 ) = y0 ,
c1 y01 (x0 ) + c2 y02 (x0 ) = y00 .
y1 (x0 ) y2 (x0 )
Wy1 ,y2 (x0 ) = 6= 0. (28)
y01 (x0 ) y02 (x0 )
98
Si Wy1 ,y2 (x0 ) 6= 0, alors y = c1 y1 + c2 y2 est une solution de
et, selon le théorème 12, cette solution sera la seule et unique solution du problème homogène
(25), (27). Le déterminant Wy1 ,y2 est appelé le Wronskian de y1 et y2 .
Par l’argument ci-dessus on conclut que y1 , y2 forment une base de solutions de (25) sur un
intervalle (a, b) (avec p, q ∈ C(a, b)) ssi Wy1 ,y2 6= 0.
Démonstration
Puisque y1 , y2 sont des solutions de (25), on a
Corollaire 1 Si deux solutions y1 , y2 de (25) avec p, q ∈ C(a, b) sont telles que leur Wronskian
W soit non-nul en (au moins) un point x0 ∈ (a, b) alors elles forment une base des solutions de
(25) et (27).
Le problème de l’existence d’une base de solutions de (25), (27) est donnée dans
Théorème 15 Si p, q ∈ C(a, b) pour le problème (25) alors il existe une base de solutions de
(25), (27) sur (a, b).
Démonstration
Soit x0 un point dans (a, b). D’après le théorème 12 il existe pour chacun des deux prob-
lèmes de conditions initiales
99
une solution unique. En plus
1 0
W (x0 ) = = 1 6= 0. (29)
0 1
Donc, y1 et y2 forment une base de solutions de (25),(27) (voir le corollaire 1).
exemple 12
Deux solutions de y00 +4y = 0 sont y1 = sin 2x et y2 = cos 2x. Wy1 ,y2 = −2 sin2 2x−2 cos2 2x =
−2 6= 0. Donc, ces deux fonctions forment une base de solutions, et toute solution de
y00 + 4y = 0,
est de la forme
y = c1 sin 2x + c2 cos 2x.
Définition 21 (Indépendance linéaire) Les fonctions f1 (x), f2 (x), . . . , fn (x) sont dites linéaire-
ment dépendantes sur un intervalle (a, b) s’il existe constantes c1 , c2 , . . . , cn , non toutes nulles,
telles que
n
∑ ci fi(x) = 0,
i=1
pour tout x ∈ (a, b). Si f1 , f2 , . . . , fn ne sont pas linéairement dépendantes, elles sont linéaire-
ment indépendantes.
exemple 13
Les fonctions {x, 5x, 1, sin x} sont linéairement dépendantes sur R puisqu’il existe des con-
stantes c1 = −5, c2 = 1, c3 = 0, c4 = 0, telles que
c1 x + c2 5x + c3 1 + c4 sin x = 0.
c1 y1 (x0 ) + c2 y2 (x0 ) = 0,
c1 y01 (x0 ) + c2 y02 (x0 ) = 0. (30)
100
ce qui contredit l’indépendance linéaire de y1 et y2 .
(⇐): Supposons que y1 et y2 sont linéairement dépendantes. Il existerait alors des con-
stantes c1 et c2 avec |c1 | + |c2 | 6= 0 telles que
c1 y1 (x) + c2 y2 (x) = 0, ∀x ∈ (a, b),
et par différentiation,
c1 y01 (x) + c2 y02 (x) = 0, ∀x ∈ (a, b),
⇒ Wy1 ,y2 = 0 (ce qui est une contradiction) parce que, sinon, la solution de ce système serait
c1 = c2 = 0.
exemple 14
Les fonctions y1 = x2 , y2 = 1/x sont deux solutions de y00 −(2/x2 )y = 0, (x > 0). Wy1 ,y2 (x) =
−3 6= 0. Donc y1 et y2 sont linéairement indépendantes et forment une base de solutions de
l’équation y00 − (2/x2 )y = 0, (x > 0).
101
Deuxième cas: ∆ = 0 Il n’y a qu’une solution distinctes r = −b/2a à l’équation caractéris-
tique, qui donne lieu à la solution
y1 = exp(rx) = exp(−bx/2a),
y2 = C(x)y1 .
Donc, C(x) = Ax + B et il suffira de prendre y2 = xy1 (x) = x exp(rx), d’où la solution générale
y = c1 exp(rx) + c2 x exp(rx).
Toute combinaison linéaire des solutions y1 et y2 sera aussi une solution de (31). On calcul
1
ye1 = (y1 + y2 ) = exp(r1 x) + exp(r2 x) = exp(αx) cos β x,
2
i i
ye2 = (y2 − y1 ) = (exp(r2 x) − exp(r1 x)) = exp(αx) sin β x.
2 2
ye1 , ye2 étant linéairement indépendante (à vérifier!) elles forment une base et la solution générale
de l’équation (31) est
102
Considérons une masse m attachée à un ressort hookéen, qui se déplace sans frottement
comme montré dans la figure, où x désigne l’extension du ressort. Soit k (> 0) le module de
Young du ressort. Alors, selon la loi de Hooke et la deuxième loi de Newton,
mẍ = −kx, x(0), ẋ(0) donnés,
p p
⇒ x = A cos k/mt + B sin k/mt.
La période des oscillations T est donc donnée par
p p
k/mT = 2π ⇒ T = 2π m/k.
103
avec A une constante quelconque.
exemple 16
Démontrez que y = x4 est une solution de
d2y dy
x2 2
− 7x + 16y = 0,
dx dx
et trouvez la solution générale pour x > 0.
solution
La vérification que y1 = x4 est une solution de l’équation différentielle donnée est facile.
Maintenant, on cherche une autre solution y2 = C(x)x4 et donc demande que
y(x) = x4 (A + B log(x)),
L (y) = r(x),
y − y p = c1 y1 + c2 y2 ⇒ y = c1 y1 + c2 y2 + y p .
On conclut que pour trouver la solution générale de (26) il faut d’une part trouver la solution
générale de l’équation homogène associée (25) et d’autre part trouver une solution particulière
de l’équation (26). Finalement, on aura besoin de deux conditions appropriées sur y et ses
dérivées pour déterminer les constantes c1 , c2 et obtenir une solution spécifique. Avec les con-
ditions (27) le théorème 12 garantit l’existence et l’unicité d’une solution de (26).
104
La méthode des coefficients indéterminés Pour trouver une solution particulière d’une équa-
tion différentielle non-homogène (26) à coefficients constants, on peut essayer de “deviner” la
forme générale de y p dans quelques cas particuliers de r(x).
y p = an xn + an−1 xn−1 + . . . + a1 x + a0 ,
3. r(x) = exp(αx)pn (x) cos β x ou exp(αx)pn (x) sin β x. Cherchez une y p de la forme
(Remarquons que, en fait, les deux premiers cas sont des cas spéciaux du troisième.)
L (y p1 ) = r1 , L (y p2 ) = r2 , . . . , L (y pn ) = rn ,
alors
n
y = ∑ y pi satisfait à L (y) = r
i=1
exemple 17
Résoudre
y00 − y0 − 2y = x2 + sin x. (32)
solution
On cherche y p1 une solution de y00 − y0 − 2y = x2 et y p2 une solution de y00 − y0 − 2y = sin x.
On essaie y p1 = a2 x2 + a1 x + a0 pour obtenir
105
y p2 = a1 cos x + b1 sin x une solution de y00 − y0 − 2y = sin x
x2 x 3 cos x 3 sin x
y p = y p1 + y p2 = − + − + − ,
2 2 4 10 10
et la solution générale de (32) est
y = A exp(−x) + B exp(2x) + y p .
Notez, que si un terme y pi dans la forme supposée de y p (= ∑ni=1 y pi ) est une solution de
l’équation homogène L y = 0, il faut multiplier y pi par xm où m est l’entier positif le plus petit
tel que xm y pi n’satisfait plus à l’équation homogène.
exemple 18
Résoudre
y00 − 9y = 4 exp(3x). (33)
solution
Si on essaie une solution particulière y p = a exp(3x) on voit que
et donc que y p ne peut pas être une solution de l’équation (33) non-homogène. En fait la solution
homogène yh = A exp(−3x) + B exp(3x), de sorte que y p /a est un terme qui apparâit dans yh .
Si on multiplie y p par x on obtiendra xy p = ax exp(3x) et
exemple 19
Obtenez la solution générale de
106
solution
L’équation caractéristique est r2 + 2r + 1 = (r + 1)2 = 0 et donc r = −1. Une base de
solutions du problème homogène L (y) = 0 est {e−x , xe−x }.
Cherchons une solution y p = ax2 e−x . Alors,
où les fonctions C1 (x),C2 (x) sont à déterminer. y p une solution de (26) conduit à
On introduit les équations (34)-(36) dans (26) et obtiendra une équation différentielle pour les
fonctions C1 et C2 . Puisqu’on ne cherche qu’une solution y p particulière on est libre d’imposer
une condition supplémentaire sur les fonctions C1 (x),C2 (x) et on choisit (suivant Lagrange)
(C10 y01 +C1 y001 +C20 y02 +C2 y002 ) + p(x)(C1 y01 +C2 y02 ) + q(x)(C1 y1 +C2 y2 ) = r(x), (40)
⇒ C1 (y001 + py01 + qy1 ) +C2 (y002 + py02 + qy2 ) +C10 y01 +C20 y02 = r(x), (41)
⇒ C10 y01 +C20 y02 = r(x), (42)
107
(solution unique pour C10 ,C20 parce que Wy1 ,y2 6= 0).
exemple 20
Résoudre
y00 − y0 − 2y = exp(3x). (46)
solution
La solution générale de l’équation homogène étant
qui a la solution
1 1
C10 = − exp(4x), C20 = exp(x),
3 3
d’où les solutions particulières
exp(4x) exp(x)
C1 = − , C2 = .
12 3
On substitue ces résultats dans (47) et obtient
exp(3x)
y = yh + y p = C1 exp(−x) +C2 exp(2x) + .
4
Étant donné qu’une solution de l’équation homogène (L (y) = 0) est y1 (x) = x−1/2 cos x, trouvez
la solution générale de (50) pour x > 0.
solution
108
Étape 1: trouver une base pour L (y) = 0. On cherche une solution y2 (x) = C(x)y1 (x) de
L (y) = 0.
y02 = C0 y1 +Cy01 , (51)
y002 = C00 y1 + 2C0 y01 +Cy001 , (52)
00 1
⇒x (C 2
y1 + 2C0 y01 +Cy001 ) + x(C0 y1 +Cy01 ) +
2
x − Cy1 = 0. (53)
4
00 3/2 2 0 1 −3/2 −1/2
∴C x cos x + 2x C − x cos x − x sin x +C0 x1/2 cos x = 0, (54)
2
⇒C00 cos x − 2C0 sin x = 0, (55)
c’est-à-dire
⇒ C00 − 2C0 tan x = 0.
Facteur intégrant:
Donc,
d
C0 cos2 x = 0 ⇒ C0 = A sec2 x ⇒ C = A tan x,
(56)
dx
et il s’en suit que y2 = x−1/2 sin x.
109
References
[1] D. Hughes-Hallet, A. M. Gleason, W. G. McCallum et al., Fonctions de Plusieurs Vari-
ables, 2ième édition, Chenelière Éducation, Montréal, 2006
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