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MAT1410. Calcul 2.

Paul Arminjon et Robert G. Owens


24 mars 2021

11 Introduction aux équations différentielles


11.1 Introduction
De très nombreux problèmes en mathématiques, physique, chimie, biologie, sciences de l’ingénieur,
se présentent après modélisation sous la forme d’une relation entre une certaine fonction y =
y(x) d’une variable indépendante x (ou, souvent, le temps t) et une ou plusieurs dérivées de y
(y0 , y00 , . . . , y(n) , . . .). Ces relations fournissent une certaine information sur la fonction inconnue
y(x) et ses dérivées, et l’objectif est de pouvoir en déduire l’expression de y(x).

Exemple

Le modèle le plus simple de l’évolution d’une population de bactéries stipule que le taux
de variation par rapport au temps t du nombre de bactéries N(t) de la population considérée est
proportionnel à N(t):
dN
= κN, (1)
dt
où κ est une constante. L’équation (1) permet de déterminer N(t) en fonction de t pourvu que
l’on connaisse la constante κ et aussi la valeur de N à un certain instant t0 : dans ce cas le
problème s’écrit
dN
= κN,
dt
N(t0 ) = N0 (> 0), donné,

et constitue ce qu’on appelle un problème de condition initiale ou problème de Cauchy pour


l’équation (1). Nous pouvons maintenant résoudre ce problème.
En divisant (1) par N(t) pour obtenir

1 dN
= κ,
N dt
N étant > 0 ici, on voit que (1) s’écrit aussi
d
(log N(t)) = κ,
dt

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(log ≡ ln) d’où, par intégration,
Z t Z t
d
(log N(s)) ds = κ ds = κ(t − t0 ).
t0 ds t0

Donc  
N(t) N(t)
[log N(s)]ts=t0 = log = κ(t − t0 ) ⇒ = eκ(t−t0 ) ,
N(t0 ) N(t0 )
et finalement
N(t) = N(t0 )e(κ(t−t0 )) = N0 eκ(t−t0 ) . (2)
Connaissant la constante κ et la population initiale N(t0 ) = N0 , on peut maintenant déterminer
N(t) pour tout t ≥ t0 grâce à (2).
Une variante de cette méthode, la méthode de séparation des variables, procède ainsi:
Z t Z t
dN dN(t) dN(s)
= κN → = κ dt → = κ ds = κ(t − t0 ),
dt N(t) s=t0 N(s) s=t0

d’où
[log N(s)]ts=t0 = κ(t − t0 ),
et finalement,
N(t) = N0 eκ(t−t0 ) ,
comme plus haut.

11.2 Les équations différentielles du premier ordre.


Définition 19 La forme standard d’une équation différentielle du premier ordre est une relation
entre y(x) et y0 (x)
y0 = f (x, y), (3)
où f est une fonction donnée de deux variables.
Si la fonction f (x, y) dans (3) peut être écrite comme

f (x, y) = −a(x)y + g(x),

alors l’équation différentielle (3) est dite linéaire.

Le processus de résolution, lorsqu’il fonctionne, permet de passer de la connaissance d’une cer-


taine information concernant y0 (x) à la connaissance de y(x), ce qui correspond à un processus
d’intégration. C’est pourquoi on dit souvent qu’on “intègre” une équation différentielle pour la
résoudre.

11.2.1 Courbes intégrales, existence et unicité de la solution


Considérons l’équation linéaire
y0 + a(x)y = g(x). (4)

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Si g = 0, (4) est une équation homogène (sinon on dit que c’est une équation non-homogène).
Résolvons-la par séparation de variables au cas où a est une constante:
dy dy dy
Z Z
+ ay = 0 → = −a dx → = − a dx +C,
dx y y
⇒ log |y| = −ax +C ⇒ |y| = Ce−ax , avec C > 0. (5)

Alors, y = Ce−ax si y > 0 et y = −Ce−ax si y < 0 et pour simplifier on écrit y = Ce−ax pour C une
constante de signe quelconque. (On vérifie facilement que si y = Ce−ax alors y0 = −aCe−ax =
−ay et donc y0 + ay = 0, c.à.d. y = Ce−ax est bien une solution de (4), quelque soit le signe de C
et celui de a.) Considérons un point (x0 , y0 ) du plan Oxy. Alors, il est intuitivement clair qu’il

va exister une de ces courbes (voir la figure 1) qui passe par (x0 , y0 ): on dit que par un point
(x0 , y0 ) il passe une courbe intégrale de l’équation (4) et une seule. Voici un énoncé d’existence
et unicité de la solution:

Théorème 9 (Existence et unicité de la solution: équation linéaire ou non-linéaire du premier


ordre.) On suppose que f (x, y) et ∂∂ yf sont des fonctions continues de x et y dans un rectangle
R = [a, b] × [c, d]. Alors, si (x0 , y0 ) est un point intérieur quelconque dans R, il existe un nombre
h > 0 tel que le problème de condition initiale

y0 = f (x, y),
y(x0 ) = y0 , (6)

admet une solution unique y = y(x) sur l’intervalle |x − x0 | ≤ h.

Demonstration: voir Hughes-Hallett et al. [1] p. 582 à 591.

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Ceci entraîne que deux courbes intégrales distinctes ne peuvent pas se couper ou se rencon-
trer car si deux telles courbes intégrales C1 et C2 se coupaient en un certain point (x0 , y0 ), elles
devraient se confondre puisque elles seraient toutes les deux solutions du même problème de
Cauchy
y01 = f (x, y1 ), y1 (x0 ) = y0 ,
y02 = f (x, y2 ), y2 (x0 ) = y0 ,
dont la solution est unique ⇒ y1 ≡ y2 .
Remarquons ici que tout le long d’une courbe intégrale (ou “courbe solution”) C de y0 =
f (x, y), en chaque point (x, y) la pente de C est donnée par
dy
(x, y) = f (x, y).
dx C

11.2.2 Les équations linéaires, homogènes et à coefficients constants


On introduit maintenant une autre méthode pour la résolution de y0 + ay = 0 (la méthode du
facteur intégrant). Cherchons une fonction µ(x) telle que
d
µ(x)(y0 + ay) = (µ(x)y) = µ 0 (x)y + µ(x)y0 ,
dx
⇒ µ 0 (x) = aµ(x).
d
Donc, µ(x) = A exp(ax) et puisque dx (µ(x)y) = 0 on a
µ(x)y(x) = B ⇒ y = y(x) = C exp(−ax) où C = B/A.
Cette solution est la solution générale de l’équation y0 + ay = 0.

11.2.3 Les équations linéaires non-homogènes à coefficients constants


Considérons l’équation
y0 + ay = g(x), (7)
où a est une constante et g une fonction continue sur un intervalle I = (α, β ) ⊂ R.

Première méthode (méthode du facteur intégrant)


exp(ax)(y0 + ay) = exp(ax)g(x),
d
⇒ (exp(ax)y) = exp(ax)g(x). (8)
dx
Soit G une primitive de exp(ax)g(x) (c’est à dire, G0 (x) = exp(ax)g(x)), par exemple
Z x
G(x) = exp(at)g(t) dt, (9)
x0
où x0 est un point fixe mais arbitraire de I. Une intégration indéfinie de (8) donne
exp(ax)y = G(x) +C, C : une constante
et donc  Z x 
y(x) = exp(−ax)(G(x) +C) = exp(−ax) C + exp(at)g(t) dt . (10)
x0
Ceci montre que toute solution de (7) est de la forme (10).

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Deuxième méthode (Variation des paramètres, méthode de Lagrange)
La solution de l’équation homogène associée à (7), y0 + ay = 0, s’écrit y(x) = C exp(−ax),
où C est une constante arbitraire.

Méthode de Lagrange: chercher pour y0 + ay = g(x) une solution de la forme

y = C(x) exp(−ax), (11)

où C(x) serait une fonction appropriée, à déterminer. S’il existe une telle fonction C(x) on devra
avoir
y0 = C0 (x) exp(−ax) − aC(x) exp(−ax),
et donc, d’après (7)

C0 exp(−ax) − aC exp(−ax) + aC exp(−ax) = g(x),

d’où
C0 (x) exp(−ax) = g(x) ⇒ C0 (x) = exp(ax)g(x).
Donc nous aurons à nouveau une solution de la forme (10)
 Z x 
y(x) = exp(−ax) C + exp(at)g(t) dt .
x0

exemple 1 (méthode de Lagrange)


Résoudre y0 + 2y = x + 2 exp(x).
solution
Équation homogène associée:

y0h + 2yh = 0 ⇒ yh = C exp(−2x).

On cherche une solution

y = C(x) exp(−2x) ⇒ y0 = C0 exp(−2x) − 2C exp(−2x).

Il faut donc que

C0 exp(−2x) − 2C exp(−2x) + 2C exp(−2x) = x + 2 exp(x),

d’où

C0 (x) = exp(2x)(x + 2 exp(x)) = x exp(2x) + 2 exp(3x),


Z x Z x
⇒ C(x) = t exp(2t) dt + 2
exp(3t) dt + A,
x0 x0
exp(2t) x
  Z x
exp(2t) 2
= (par intégration par parties) t − dt + [exp(3t)]xx0 + A,
2 x0 x0 2 3
x exp(2x) exp(2x) 2
= − + exp(3x) + B,
2 4 3

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où nous avons regroupé tous les termes contenant x0 dans la constante B, d’où finalement
x 1 2
y(x) = B exp(−2x) + − + exp(x).
2 4 3
Vérification:
   
0 1 2 1 4
y + 2y = −2B exp(−2x) + + exp(x) + 2B exp(−2x) + x − + exp(x) ,
2 3 2 3
6
= x + exp(x) = x + 2 exp(x).
3
Donc y est bien une solution.

11.2.4 Les équations linéaires du premier ordre à coefficients variables


C’est une équation de la forme
y0 + a(x)y = g(x). (12)

Première méthode (méthode du facteur intégrant)


On cherche une fonction µ(x) telle que

d
µ(x)(y0 + a(x)y) = (µ(x)y) = µ 0 y + µy0 , (13)
dx
et donc, telle que,
µ 0 = a(x)µ,
d’où
µ0
= a(x),
µ
(14)

d’où finalement
x
Z 
µ(x) = A exp a(t)dt .

(12) et (13) conduisent donc ensemble à


d
µ(y0 + a(x)y) = (µ(x)y) = µ(x)g(x),
dx
d’où Z x
µ(x)y = µ(t)g(t) dt +C,

et finalement
 Z x 
1
y(x) = C+ g(t)µ(t) dt ,
µ(x)
 Zx  Z x Z t  
⇒ y(x) = exp − a(t) dt C+ g(t) exp a(s) ds dt . (15)

88
exemple 2
Résoudre y0 + 1x y = 4x2 .
solution

x
Z 
1
µ(x) = exp = exp(log x) = x,
dt
t
 Z x 
1 C
⇒y= C+ 4t × t dt = + x3
2
x x
Vérification: si y = x3 +C/x,
C
y0 = 3x2 − ,
x2
1 C x3 C
⇒ y0 + y = 3x2 − 2 + + 2 = 4x2 .
x x x x

Deuxième méthode (variation des paramètres, méthode de Lagrange) Considérons l’équation


(12): y0 + a(x)y = g(x).
Soit d’abord l’équation homogène associée
y0 + a(x)y = 0.
Séparons les variables
dy
= −a(x)dx, (16)
y
d’où
Z x
dy
Z
=− a(t) dt + A, A une constante,
y
Z x
⇒ log y = − a(t) dt + A,
 Zx 
⇒ y = yh = C exp − a(t) dt . (17)

On cherche alors pour l’équation complète (non-homogène) (12) une solution de la forme
 Zx 
y = C̃(x) exp − a(t)dt ≡ C(x)yh .

(où C(x) = C̃(x)/C) Ceci conduit à


y0 = C0 (x)yh +C(x)y0h ,
et il faut donc que
C0 (x)yh +C(x)y0h + a(x)C(x)yh = g(x),
⇒ C0 yh +C(x) y0h + a(x)yh = g(x),
 
Z x 
0 0 1
⇒ C yh = g(x) ⇒ C (x) = g(x) = exp a(t)dt g(x),
yh

89
d’où Z x t
Z 
C(x) = g(t) exp a(s)ds dt + D,

et finalement
 Zx  Z x Z t  
y(x) = exp − a(t) dt D+ g(t) exp a(s) ds dt , (18)

où chaque intégrale signifie seulement une primitive quelconque sans constante. Il ne peut de
toute manière apparaître qu’une seule constante dans la solution, puisqu’on a affaire à une équa-
tion d’ordre 1.

exemple 3
Résoudre y0 + 2xy = x exp(x2 )
solution
Première méthode (facteur intégrant):
Z  Z 
2x dx = exp x2 ,

µ(x) = exp a(x)dx = exp

d’où
 Z Z  
2 2
y = exp(−x ) C + x exp(x ) exp 2x dx dx ,
 Z   Z 
2 2 2 2 2

= exp(−x ) C + x exp(x ) exp x dx = exp(−x ) C + x exp(2x ) dx ,

exp(2x2 ) exp(x2 )
 
2
= exp(−x ) C + ⇒ y = C exp(−x2 ) + .
4 4
Deuxième méthode (variation des paramètres, méthode de Lagrange):
dyh
y0h + 2xyh = 0 ⇒ = −2x dx ⇒ log yh = −x2 + A,
yh
⇒ yh = C exp(−x2 ).
Alors, on cherche une solution de la forme
y = C(x) exp(−x2 ) ⇒ y0 = C0 exp(−x2 ) − 2xC exp(−x2 ),
⇒ il faut que C0 exp(−x2 ) − 2xC exp(−x2 ) + 2xC exp(−x2 ) = x exp(x2 ),
exp(2x2 )
Z
⇒C0 (x) = x exp(2x2 ) ⇒ C(x) = x exp(2x2 ) dx + D = + D,
4
exp(2x2 ) exp(x2 )
 
⇒y= + D exp(−x2 ) = + D exp(−x2 ).
4 4
Vérification:
exp(x2 )2x exp(x2 )
y0 + 2xy = − 2xD exp(−x2 ) + 2x + 2xD exp(−x2 ),
4 4
= x exp(x2 ).

90
Théorème 10 (L’existence et l’unicité des solutions) Si les fonctions a(x) et g(x) sont continues
sur un intervalle ouvert I = {x : α < x < β } contenant le point x0 , alors il existe une fonction
unique y = y(x) qui satisfait à l’équation différentielle

y0 + a(x)y = g(x),

quel que soit x dans l’intervalle I, et qui satisfait également à la condition initiale

y(x0 ) = y0 .

On note que les hypothèses du théorème 9 se réduisent à celles du théorème 10 dans le cas
d’une équation différentielle linéaire: l’équation différentielle y0 = f (x, y) est linéaire s’il existe
des fonctions a(x) et g(x) telles qu’on peut écrire f sous la forme

f (x, y) = −a(x)y + g(x).

Dans ce cas
∂f
= −a(x),
∂y
et donc la continuité de f et de ∂ f /∂ y équivaut à la continuité de a et de g.

Démonstration

On a déjà démontré (voir eqn. (15)) que si l’équation

y0 + a(x)y = g(x),

admet une solution, elle doit être donnée par


 Z x 
1
y(x) = C+ g(t)µ(t) dt ,
µ(x)

x
Z 
µ(x) = exp a(s) ds.

Si a est continue sur l’intervalle I il s’ensuit que µ est défini sur cet intervalle et que µ est une
fonction différentiable non-nulle. Puisque µ et g sont continues la fonction µg est intégrable.
De plus, l’intégrale de µg est différentiable. Donc, y comme donnée dans (15) doit exister
et est différentiable sur l’intervalle I. Finalement, la condition initiale y(x0 ) = y0 permet de
déterminer la valeur unique de la constante C dans (15).

11.2.5 Les équations exactes et les facteurs intégrants


Posons l’équation suivante:
dy
M(x, y)dx + N(x, y)dy = 0 ⇔ M(x, y) + N(x, y) = 0, (19)
dx
et cherchons une fonction f = f (x, y) dont les courbes de niveau C̃, définies par

f (x, y) = C, (20)

91
sont telles que
∂f ∂f
= M(x, y), = N(x, y),
∂x ∂y
sur C̃. Alors, puisque
df ∂ f ∂ f dy
=0= + ,
dx ∂ x ∂ y dx
le long de chaque courbe de niveau de C̃, f = C définit une solution y = y(x) de (19) de manière
implicite. S’il existe une telle fonction f , on dit que l’équation (19) est exacte.
exemple 4
dy
Résoudre 2x + y2 + 2xy dx = 0.
solution
L’équation n’est ni séparable ni linéaire. On essayera d’obtenir une f telle que
∂f ∂f
= M(x, y) = 2x + y2 et = N(x, y) = 2xy. (21)
∂x ∂y
Ces conditions veulent dire que
∂f
= 2x + y2 ⇒ f = x2 + xy2 + g(y),
∂x
∂f
= 2xy ⇒ f = xy2 + h(x),
∂y
qui implique que f = x2 + xy2 + c. Donc, la solution générale à l’équation à résoudre est donnée
implicitement par x2 + xy2 = C.
Supposons qu’une fonction f existe qui est deux fois continûment dérivable. On aurait donc
que
∂2 f ∂2 f
= ,
∂ y∂ x ∂ x∂ y
et on peut conclure que
∂f ∂f ∂M ∂N ∂N ∂M
= M, =N⇒ = ⇒ − = 0.
∂x ∂y ∂y ∂x ∂x ∂y


Si on définit une fonction vectorielle bi-dimensionelle F (x, y) = (M(x, y), N(x, y)) on reconnait

− → −
∂ N/∂ x − ∂ M/∂ y comme le rotationnel scalaire de F . F est donc un champ vectoriel irrota-
tionnel. Cette condition équivaut, dans un domaine simplement connexe, à l’existence d’une
− →
→ − →

fonction potentiel f telle que F = ∇ f ⇔ F est conservative.
Théorème 11 Soit les fonctions M, N, ∂∂My , ∂∂Nx continues sur un domaine D ⊆ R2 simplement
connexe. Alors l’équation différentielle
dy
M(x, y) + N(x, y) = 0,
dx
est exacte sur D si et seulement si
∂M ∂N
= ,
∂y ∂x
partout sur D.

92
exemple 5
4
Résoudre x3 y2 dx + x2y dy = 0.
solution
Puisque
x4 y
 
∂ ∂ 3 2
= 2x3 y = (x y ),
∂x 2 ∂y
l’équation est exacte. On cherche alors une fonction potentielle f telle que

∂f x4 y2
= x3 y2 ⇒ f = + g(y),
∂x 4
∂f x4 y x4 y2
= ⇒f= + h(x),
∂y 2 4

ce qui donne f = x4 y2 /4 +C. La solution est donc x4 y2 = C, pour quelque constante C.

Vérification:

x4 y dy x4 d(y2 ) x4
 
3 2 3 2 3C 4C
x y + =x y + =x 4+ − 5 = 0.
2 dx 4 dx x 4 x

Les facteurs intégrants Si l’équation


dy
M(x, y) + N(x, y) = 0,
dx
n’est pas exacte on peut parfois la convertir en une équation exacte en la multipliant par un
facteur intégrant µ(x, y) approprié:
 
dy
µ(x, y) M(x, y) + N(x, y) = 0, (22)
dx

L’équation (22) sera exacte ssi

∂ ∂
(µ(x, y)N(x, y)) − (µ(x, y)M(x, y)) = 0,
∂x ∂y
 
∂µ ∂µ ∂N ∂M
⇒ N− M+µ − = 0.
∂x ∂y ∂x ∂y

En général, trouver un tel facteur intégrant µ est difficile et nous envisageons deux cas partic-
uliers où cette recherche est facilitée.

93
Premier cas: facteur intégrant ne dépend que de x Dans ce cas Eq. (22) sera exacte ssi
 
1 dµ 1 ∂M ∂N
= − . (23)
µ dx N ∂y ∂x
De (23) on voit qu’un tel facteur pourra exister à condition que
 
1 ∂M ∂N
− ,
N ∂y ∂x
soit une fonction de x seulement. Supposons maintenant qu’il existe une fonction g de x telle
que  
1 ∂M ∂N
− = g(x).
N ∂y ∂x
Alors, un facteur intégrant sera
    Z 
1 dµ 1 ∂M ∂N
= − ⇒ µ(x) = exp g(x) dx .
µ dx N ∂y ∂x

exemple 6
Résoudre
1  y  dy
exp(y) + exp(y) + 2 = 0.
x x dx
solution
Puisque ici
 
∂N ∂M ∂  y ∂ 1 y 1
− = exp(y) + 2 − exp(y) = −2 2 − exp(y) 6= 0,
∂x ∂y ∂x x ∂y x x x
l’équation n’est pas exacte. On remarque, cependant, que

2 xy2 + 1x exp(y) 1
 
1 ∂M ∂N
− =  = = g(x).
N ∂y ∂x exp(y) + 2 xy x
On peut donc intégrer
1 dµ
= g(x),
µ dx
pour obtenir Z 
1
µ(x) = exp dx = x.
x
Maintenant, on cherche une fonction f (x, y) telle que
∂f
= µ(x)M(x, y) = exp(y) ⇒ f = x exp(y) + a(y),
∂x
∂f
= µ(x)N(x, y) = x exp(y) + 2y ⇒ f = x exp(y) + y2 + b(x).
∂y
Alors, la solution générale (sous une forme implicite) est

x exp(y) + y2 = C.

94
Deuxième cas: facteur intégrant ne dépend que de y Lorsque µ est un facteur intégrant en
fonction de y uniquement, la condition pour que l’équation (22) soit exacte devient
 
dµ ∂M ∂N
M+µ − = 0,
dy ∂y ∂x
ou
∂N
1 dµ ∂x − ∂∂My
= .
µ dy M
Pour qu’un tel facteur intégrant µ = µ(y) puisse exister, on a donc la condition que
∂N
∂x − ∂∂My
= h(y),
M
pour quelque fonction h de y. Sous cette condition
Z 
µ(y) = exp h(y) dy .

exemple 7
Résoudre
dy
(y log(y) − 2xy) + (x + y) = 0.
dx
solution
∂N ∂M
− = 2x − log y 6= 0,
∂x ∂y
et, en conséquent, l’équation n’est pas exacte. Mais
 
1 ∂N ∂M 2x − log y 1
− = =− .
M ∂x ∂y y log(y) − 2xy y

On résout  
1 dµ 1 ∂N ∂M 1 1
= − =− ⇒µ = .
µ dy M ∂x ∂y y y
On cherche f tel que

∂f
= µ(y)M(x, y) = log y − 2x ⇒ f = x log(y) − x2 + a(y),
∂x
∂f x
= µ(y)N(x, y) = + 1 ⇒ f = x log(y) + y + b(x).
∂y y

Donc a(y) = y + cte et la solution y à l’équation différentielle est donnée implicitement par

x log y − x2 + y = C.

95
11.2.6 Les équations de premier ordre non-linéaires. Méthode de la séparation des vari-
ables
On peut toujours réécrire l’équation différentielle du premier ordre

y0 = f (x, y),

sous la forme
dy
M(x, y) + N(x, y) = 0,
dx
(on pourrait prendre M = − f et N = 1, par exemple!). Une telle équation est appellée une
équation à variables séparables si M = M(x) et N = N(y) ou si M = M(y) et N = N(x). Dans
ce cas-ci on peut intégrer partout par rapport à x pour obtenir
Z Z
N(y)dy = − M(x)dx.

Souvent, pour les équations non-linéaires, le résultat d’une telle intégration sera une solution de
type implicite.
exemple 8
Trouver la solution au problème de valeur initiale
dy y cos x
= , y(0) = 1.
dx 1 + 2y2

solution
On suppose que y 6= 0 et on écrit l’équation différentielle sous la forme

1 + 2y2
dy = cos x dx ⇒ log y + y2 = sin x + c.
y
On pose x = 0 et y = 1 pour voir que la constante c = 1. Alors, la solution du problème est
donnée implicitement par
log y + y2 = sin x + 1.
Vérification

On dérive partout par rapport à x pour obtenir:


1 dy dy
+ 2y = cos x,
y dx dx

dy 1 + 2y 2 
⇒ = cos x,
dx y
dy y cos x
⇒ = .
dx 1 + 2y2

96
11.2.7 Transformation d’équations différentielles en équations à variables séparables
On dit que l’équation
y0 = f (x, y),
est homogène1 si l’on peut exprimer f comme une fonction ne dépendant que du quotient y/x.
On peut toujours transformer de telles équations en équations à variables séparables en effectu-
ant un changement de variables u := x/y ou v := y/x.
exemple 9
Résoudre
x2 + y2
y0 = , y(1) = 1.
xy
solution

On voit qu’on peut écrire


x2 + y2 (y/x)2 + 1
= ,
xy (y/x)
et on fait un changement de variables v = y/x (⇔ y = xv). Alors,

v2 + 1
y0 = v + xv0 = ,
v
v2 + 1 − v2 1
⇒ xv0 = = .
v v
Donc,
1
Z Z
v dv = dx,
x
v2
⇒ = log x + c ⇒ v2 = log x2 + 2c.
2
Ceci veut dire que
y2 = x2 v2 = x2 log x2 + 2cx2 .
Finalement, y(1) = 1 ⇒ 2c = 1 et la solution y satisfait à y2 = x2 (1 + ln x2 ).

1 Attention à l’utilisation très particulier de ce terme ici

97
11.3 Les équations différentielles linéaires du second ordre.
Une équation différentielle linéaire du second ordre peut être écrite dans la forme

L (y) ≡ y00 + p(x)y0 + q(x)y = r(x), (24)

où p, q et r sont des fonctions de x, définies sur un intervalle I = {x : a < x < b}. La forme
homogène de (24) est alors
L (y) = 0. (25)
Théorème 12 (Sans démonstration) Si les fonctions p, q et r sont continues sur un intervalle
ouvert x ∈ (a, b), alors il existe une solution y = y(x) unique du problème à valeurs initiales:

L (y) = r(x), sur (a, b), (26)


y(x0 ) = y0 donné , y0 (x0 ) = y00 donné, (27)

si x0 est un point dans (a, b).


La résolution de l’équation linéaire (24) se décompose en la résolution de l’équation linéaire
homogène (25) et la recherche d’une solution particulière y p de (24). On verra plus tard que la
solution générale de (24) peut être écrite alors comme

y = yh + y p .

Le principe de superposition
Théorème 13 Si y1 et y2 sont deux solutions de l’équation linéaire homogène (25) alors toute
combinaison linéaire c1 y1 (x) + c2 y2 (x), à coefficients constants quelconques c1 , c2 , est aussi
une solution.
Démonstration

L (y) = L (c1 y1 + c2 y2 ) = (c1 y1 + c2 y2 )00 + p(x)(c1 y1 + c2 y2 )0 + q(x)(c1 y1 + c2 y2 ),


= c1 (y00 + p(x)y0 + q(x)y) + c2 (y00 + p(x)y0 + q(x)y) = c1 L (y1 ) + c2 L (y2 ) = 0.

Définition 20 Deux solutions de (25) forment une base de solutions de cette équation si toute
solution y(x) de (25) peut s’exprimer comme une certaine combinaison linéaire de y1 et y2 :

y = c1 y1 (x) + c2 y2 (x).

Les deux constantes c1 et c2 sont déterminées des conditions initiales (27) satisfaites par y(x) en
un point x0 ∈ (a, b), où p, q et r sont supposées d’être continues sur l’intervalle (a, b). Il faudra
donc, en particulier, que en x = x0

c1 y1 (x0 ) + c2 y2 (x0 ) = y0 ,
c1 y01 (x0 ) + c2 y02 (x0 ) = y00 .

Une solution unique pour c1 , c2 sera possible ssi

y1 (x0 ) y2 (x0 )
Wy1 ,y2 (x0 ) = 6= 0. (28)
y01 (x0 ) y02 (x0 )

98
Si Wy1 ,y2 (x0 ) 6= 0, alors y = c1 y1 + c2 y2 est une solution de

y00 + p(x)y0 + q(x)y = 0,


y(x0 ) = y0 , y0 (x0 ) = y00 ,

et, selon le théorème 12, cette solution sera la seule et unique solution du problème homogène
(25), (27). Le déterminant Wy1 ,y2 est appelé le Wronskian de y1 et y2 .
Par l’argument ci-dessus on conclut que y1 , y2 forment une base de solutions de (25) sur un
intervalle (a, b) (avec p, q ∈ C(a, b)) ssi Wy1 ,y2 6= 0.

Théorème 14 Si p, q ∈ C(a, b) et si y1 et y2 sont deux solutions de l’équation (25) sur un inter-


valle (a, b), alors leur Wronskian W est soit identiquement nul sur (a, b) (et y1 , y2 ne forment
pas une base) soit jamais nul dans (a, b) et y1 , y2 forment alors une base de solutions.

Démonstration
Puisque y1 , y2 sont des solutions de (25), on a

y001 + py01 + qy1 = 0,


y002 + py02 + qy2 = 0.

Multiplions la première équation par y2 et la deuxième par y1 et soustrayons les deux:

y1 y002 − y2 y001 + p(x)(y1 y02 − y01 y2 ) = 0,

qui peut être écrit


W 0 (x) + p(x)W (x) = 0,
dont la solution générale s’écrit
 Z 
W (x) = C exp − p(x) dx , (identité d’Abel),

où C est une constante arbitraire. W = 0 seulement si C = 0. Autrement, W n’est jamais nul


dans (a, b).

Corollaire 1 Si deux solutions y1 , y2 de (25) avec p, q ∈ C(a, b) sont telles que leur Wronskian
W soit non-nul en (au moins) un point x0 ∈ (a, b) alors elles forment une base des solutions de
(25) et (27).

Le problème de l’existence d’une base de solutions de (25), (27) est donnée dans

Théorème 15 Si p, q ∈ C(a, b) pour le problème (25) alors il existe une base de solutions de
(25), (27) sur (a, b).

Démonstration
Soit x0 un point dans (a, b). D’après le théorème 12 il existe pour chacun des deux prob-
lèmes de conditions initiales

y001 + py01 + qy1 = 0, y1 (x0 ) = 1, y01 (x0 ) = 0,


y002 + py02 + qy2 = 0, y2 (x0 ) = 0, y02 (x0 ) = 1,

99
une solution unique. En plus
1 0
W (x0 ) = = 1 6= 0. (29)
0 1
Donc, y1 et y2 forment une base de solutions de (25),(27) (voir le corollaire 1).
exemple 12
Deux solutions de y00 +4y = 0 sont y1 = sin 2x et y2 = cos 2x. Wy1 ,y2 = −2 sin2 2x−2 cos2 2x =
−2 6= 0. Donc, ces deux fonctions forment une base de solutions, et toute solution de

y00 + 4y = 0,

est de la forme
y = c1 sin 2x + c2 cos 2x.

Définition 21 (Indépendance linéaire) Les fonctions f1 (x), f2 (x), . . . , fn (x) sont dites linéaire-
ment dépendantes sur un intervalle (a, b) s’il existe constantes c1 , c2 , . . . , cn , non toutes nulles,
telles que
n
∑ ci fi(x) = 0,
i=1
pour tout x ∈ (a, b). Si f1 , f2 , . . . , fn ne sont pas linéairement dépendantes, elles sont linéaire-
ment indépendantes.

exemple 13
Les fonctions {x, 5x, 1, sin x} sont linéairement dépendantes sur R puisqu’il existe des con-
stantes c1 = −5, c2 = 1, c3 = 0, c4 = 0, telles que

c1 x + c2 5x + c3 1 + c4 sin x = 0.

Théorème 16 Si p et q sont continues sur (a, b) et si y1 , y2 sont deux solutions de L (y) = 0


(25), alors elles sont linéairement indépendantes ⇔ leur Wronskian Wy1 ,y2 (x) 6= 0 pour tout
x ∈ (a, b) (⇔ y1 , y2 forment une base de solutions de (25),(27)).
Démonstration
(⇒): Supposons qu’il existe un point x0 ∈ (a, b) tel que Wy1 ,y2 (x0 ) = 0. Alors, il existe des
constantes c1 , c2 telles que |c1 | + |c2 | 6= 0 et

c1 y1 (x0 ) + c2 y2 (x0 ) = 0,
c1 y01 (x0 ) + c2 y02 (x0 ) = 0. (30)

Introduisons une fonction


y(x) = c1 y1 (x) + c2 y2 (x),
qui satisfait aux conditions initiales y(x0 ) = 0, y0 (x0 ) = 0. Alors, y(x) satisfait à (25), (27) et,
selon le théorème 12 (d’existence et d’unicite) doit être identiquement égale à zéro.

Conclusion: il existe des constantes c1 , c2 telles que

c1 y1 (x) + c2 y2 (x) = 0, ∀x ∈ (a, b), avec |c1 | + |c2 | 6= 0,

100
ce qui contredit l’indépendance linéaire de y1 et y2 .

(⇐): Supposons que y1 et y2 sont linéairement dépendantes. Il existerait alors des con-
stantes c1 et c2 avec |c1 | + |c2 | 6= 0 telles que
c1 y1 (x) + c2 y2 (x) = 0, ∀x ∈ (a, b),
et par différentiation,
c1 y01 (x) + c2 y02 (x) = 0, ∀x ∈ (a, b),
⇒ Wy1 ,y2 = 0 (ce qui est une contradiction) parce que, sinon, la solution de ce système serait
c1 = c2 = 0.
exemple 14
Les fonctions y1 = x2 , y2 = 1/x sont deux solutions de y00 −(2/x2 )y = 0, (x > 0). Wy1 ,y2 (x) =
−3 6= 0. Donc y1 et y2 sont linéairement indépendantes et forment une base de solutions de
l’équation y00 − (2/x2 )y = 0, (x > 0).

11.3.1 Les équations différentielles linéaires homogènes à coefficients constants


Considérons l’équation
ay00 + by0 + cy = 0, (31)
où a, b et c sont des constantes, et cherchons une solution de type exponential, de la forme
y = exp(rx).
Alors, r doit être tel que
exp(rx)(ar2 + br + c) = 0,
et donc être racine de l’équation caractéristique associée à (31):
ar2 + br + c = 0.

Premier cas: ∆ = b2 − 4ac > 0 Il y a deux racines



−b ± b2 − 4ac
r1,2 = ,
2a
avec deux solutions corréspondantes:
y1 = exp(r1 x), y2 = exp(r2 x).
Ces deux solutions sont linéairement indépendantes, puisque
exp(r1 x) exp(r2 x)
W = Wy1 ,y2 (x) = = (r2 − r1 ) exp((r1 + r2 )x) 6= 0,
r1 exp(r1 x) r2 exp(r2 x)

b2 − 4ac
 
bx
=− exp −
a a
qui est strictement positif si a < 0 et strictement négatif si a > 0. C’est aussi évident que y1 et
y2 sont linéairement indépendantes parce que leur rapport n’est pas une constante.
La solution générale de (31) dans le cas ∆ > 0 est donc
y = c1 exp(r1 x) + c2 exp(r2 x).

101
Deuxième cas: ∆ = 0 Il n’y a qu’une solution distinctes r = −b/2a à l’équation caractéris-
tique, qui donne lieu à la solution

y1 = exp(rx) = exp(−bx/2a),

de (31). Cherchons une seconde solution (méthode d’Alembert):

y2 = C(x)y1 .

ay002 + by02 + cy2 = 0,


⇒ a(C00 y1 + 2C0 y01 +Cy001 ) + b(C0 y1 +Cy01 ) + cCy1 = 0,
⇒ a(C00 y1 + 2C0 y01 ) + bC0 y1 = 0,
 0 
00 0 2y1 b
⇒ C +C + = 0,
y1 a
⇒ C00 +C0 (2r + b/a) = C00 = 0.

Donc, C(x) = Ax + B et il suffira de prendre y2 = xy1 (x) = x exp(rx), d’où la solution générale

y = c1 exp(rx) + c2 x exp(rx).

Troisième cas: ∆ < 0 Les deux racines de l’équation caractéristique sont


√ √ √
−b ± b2 − 4ac −b ± i 4ac − b2 b −∆
r1,2 = = = − ±i = α ± iβ ,
2a 2a 2a 2a

avec α = −b/2a et β = −∆/2a d’où deux solutions

y1 = exp(r1 x) = exp((α + iβ )x) = exp(αx) exp(iβ x) = exp(αx)(cos β x + i sin β x),


y2 = exp(r2 x) = exp((α − iβ )x) = exp(αx) exp(−iβ x) = exp(αx)(cos β x − i sin β x).

y1 et y2 sont linéairement indépendantes puisque

Wy1 ,y2 = (r2 − r1 ) exp((r1 + r2 )x) = −2iβ exp(2αx) 6= 0.

Toute combinaison linéaire des solutions y1 et y2 sera aussi une solution de (31). On calcul
1
ye1 = (y1 + y2 ) = exp(r1 x) + exp(r2 x) = exp(αx) cos β x,
2
i i
ye2 = (y2 − y1 ) = (exp(r2 x) − exp(r1 x)) = exp(αx) sin β x.
2 2
ye1 , ye2 étant linéairement indépendante (à vérifier!) elles forment une base et la solution générale
de l’équation (31) est

y = c1 ye1 + c2 ye2 = exp(αx)(c1 cos β x + c2 sin β x).

exemple 15 (Mouvement harmonique simple)

102
Considérons une masse m attachée à un ressort hookéen, qui se déplace sans frottement
comme montré dans la figure, où x désigne l’extension du ressort. Soit k (> 0) le module de
Young du ressort. Alors, selon la loi de Hooke et la deuxième loi de Newton,
mẍ = −kx, x(0), ẋ(0) donnés,
p p
⇒ x = A cos k/mt + B sin k/mt.
La période des oscillations T est donc donnée par
p p
k/mT = 2π ⇒ T = 2π m/k.

11.3.2 Les équations différentielles linéaires homogènes à coefficients variables


Si une solution non-triviale y1 (x) de
L (y) = y00 + p(x)y0 + q(x)y = 0,
est connue on peut chercher une autre solution de la forme
y2 = C(x)y1 (x),
où C(x) reste à déterminer.
Notons que
y1 Cy1
Wy1 ,y2 = = C0 y21 +Cy1 y01 −Cy1 y01 = C0 y21 6= 0,
y1 C y1 +Cy01
0 0

sauf si y1 = 0 ou C est une constante.


Or,
L (y2 ) = C00 y1 + 2C0 y01 +Cy001 + p(x)(C0 y1 +Cy01 ) + q(x)Cy1 = 0,
⇒ (puisque L (y1 ) = 0) C00 y1 + 2C0 y01 + p(x)C0 y1 = 0,
y01
 
00 0
⇒ C +C p + 2 = 0,
y1
 Z x  
d
⇒ (en introduisant un facteur intégrand) 2
y exp p(t) dt C0 = 0,
dx 1
 Zx 
0 A
⇒ C (x) = 2 exp − p(t) dt ,
y1 (x)
Z x  Zt 
1
⇒ C(x) = A exp − p(s) ds dt,
y21 (t)

103
avec A une constante quelconque.
exemple 16
Démontrez que y = x4 est une solution de

d2y dy
x2 2
− 7x + 16y = 0,
dx dx
et trouvez la solution générale pour x > 0.
solution
La vérification que y1 = x4 est une solution de l’équation différentielle donnée est facile.
Maintenant, on cherche une autre solution y2 = C(x)x4 et donc demande que

x2 (C00 x4 + 8C0 x3 + 12Cx2 ) − 7x(C0 x4 + 4Cx3 ) + 16Cx4 = 0.

Après avoir simplifié, on arrive à


d A
xC00 +C0 = 0 ⇒ (xC0 ) = 0 ⇒ C0 = ,
dx x
et on peut prendre C = A log(x), où A est une constante.
On conclut que la solution générale de l’équation donnée est

y(x) = x4 (A + B log(x)),

où A et B sont des constantes.

11.3.3 Les équations différentielles linéaires non-homogènes


On considère de nouveau l’équation (26)

L (y) = r(x),

avec p, q, r ∈ C(a, b).


Théorème 17 Toute solution y = y(x) de (26) peut se représenter comme y = c1 y1 + c2 y2 + y p ,
où y1 , y2 sont deux solutions linéairement indépendantes de l’équation homogène associée (25),
et où y p est n’importe quelle solution (solution particulière) de (26).
Démonstration
L (y − y p ) = L (y) − L (y p ) = r − r = 0,
et donc y − y p est une solution de l’équation homogène (25). Selon le théorème 16 il existe des
constantes c1 , c2 telles que

y − y p = c1 y1 + c2 y2 ⇒ y = c1 y1 + c2 y2 + y p .

On conclut que pour trouver la solution générale de (26) il faut d’une part trouver la solution
générale de l’équation homogène associée (25) et d’autre part trouver une solution particulière
de l’équation (26). Finalement, on aura besoin de deux conditions appropriées sur y et ses
dérivées pour déterminer les constantes c1 , c2 et obtenir une solution spécifique. Avec les con-
ditions (27) le théorème 12 garantit l’existence et l’unicité d’une solution de (26).

104
La méthode des coefficients indéterminés Pour trouver une solution particulière d’une équa-
tion différentielle non-homogène (26) à coefficients constants, on peut essayer de “deviner” la
forme générale de y p dans quelques cas particuliers de r(x).

1. r(x) = pn (x), un polynôme de degré n en x. Cherchez une solution de la forme

y p = an xn + an−1 xn−1 + . . . + a1 x + a0 ,

où les {ai }ni=1 sont des coefficients à déterminer.

2. r(x) = exp(αx)pn (x), avec α une constante connue et pn un polynôme de degré n en x.


Cherchez une solution de la forme

y p = exp(αx)(an xn + an−1 xn−1 + . . . + a1 x + a0 ),

où les {ai }ni=1 sont des coefficients à déterminer.

3. r(x) = exp(αx)pn (x) cos β x ou exp(αx)pn (x) sin β x. Cherchez une y p de la forme

y p = exp(αx) cos β x(an xn + an−1 xn−1 + . . . + a1 x + a0 )


+ exp(αx) sin β x(bn xn + bn−1 xn−1 + . . . + b1 x + b0 ).

(Remarquons que, en fait, les deux premiers cas sont des cas spéciaux du troisième.)

Lorsque r(x) est une somme de termes

r(x) = r1 (x) + r2 (x) + . . . + rn (x),

on voit, par la linéarité de L , que si

L (y p1 ) = r1 , L (y p2 ) = r2 , . . . , L (y pn ) = rn ,

alors
n
y = ∑ y pi satisfait à L (y) = r
i=1
exemple 17
Résoudre
y00 − y0 − 2y = x2 + sin x. (32)

solution
On cherche y p1 une solution de y00 − y0 − 2y = x2 et y p2 une solution de y00 − y0 − 2y = sin x.
On essaie y p1 = a2 x2 + a1 x + a0 pour obtenir

2a2 − (2a2 x + a1 ) − 2(a2 x2 + a1 x + a0 ) = x2 ,


⇒ − 2a2 = 1, −2a2 − 2a1 = 0, 2a2 − a1 − 2a0 = 0,
⇒ a2 = −1/2, a1 = 1/2, a0 = −3/4,
⇒ y p1 = −x2 /2 + x/2 − 3/4.

105
y p2 = a1 cos x + b1 sin x une solution de y00 − y0 − 2y = sin x

⇒ − a1 cos x − b1 sin x − (−a1 sin x + b1 cos x) − 2(a1 cos x + b1 sin x) = sin x,


⇒ − a1 − b1 − 2a1 = 0 et − b1 + a1 − 2b1 = 1,
⇒a1 = 1/10, b1 = −3/10,
⇒y p2 = 1/10 cos x − 3/10 sin x.

Une solution particulière de (32) est donc

x2 x 3 cos x 3 sin x
y p = y p1 + y p2 = − + − + − ,
2 2 4 10 10
et la solution générale de (32) est

y = A exp(−x) + B exp(2x) + y p .

Notez, que si un terme y pi dans la forme supposée de y p (= ∑ni=1 y pi ) est une solution de
l’équation homogène L y = 0, il faut multiplier y pi par xm où m est l’entier positif le plus petit
tel que xm y pi n’satisfait plus à l’équation homogène.
exemple 18
Résoudre
y00 − 9y = 4 exp(3x). (33)
solution
Si on essaie une solution particulière y p = a exp(3x) on voit que

y00p − 9y p = (9a − 9a) exp(3x) = 0,

et donc que y p ne peut pas être une solution de l’équation (33) non-homogène. En fait la solution
homogène yh = A exp(−3x) + B exp(3x), de sorte que y p /a est un terme qui apparâit dans yh .
Si on multiplie y p par x on obtiendra xy p = ax exp(3x) et

(xy p )00 − 9xy p = 4 exp(3x) ⇒ 2y0p + xy00p − 9xy p = 4 exp(3x),


⇒ 6a exp(3x) + 9ax exp(3x) − 9ax exp(3x) = 4 exp(3x),
2
⇒a= .
3
La solution générale de (33) est donc
2x
y = A exp(−3x) + B exp(3x) + exp(3x)
3

exemple 19
Obtenez la solution générale de

L (y) = y00 + 2y0 + y = e−x .

106
solution
L’équation caractéristique est r2 + 2r + 1 = (r + 1)2 = 0 et donc r = −1. Une base de
solutions du problème homogène L (y) = 0 est {e−x , xe−x }.
Cherchons une solution y p = ax2 e−x . Alors,

y0p = 2axe−x − ax2 e−x ,


y00p = 2ae−x − 4axe−x + ax2 e−x ,

et L (y p ) = e−x ⇒ 2a = 1 ⇒ a = 1/2. La solution générale est donc


 
−x 1 2
y=e c1 + c2 x + x ,
2
où c1 et c2 sont des constantes.

La méthode de variation des paramètres/la méthode de Lagrange Supposons que nous


connaissons déjà deux solutions y1 , y2 linéairement indépendantes de L (y) = 0. La méthode
de variation des paramètres consiste à chercher une solution particulière y p de (26) de la forme

y p = C1 (x)y1 +C2 (x)y2 , (34)

où les fonctions C1 (x),C2 (x) sont à déterminer. y p une solution de (26) conduit à

y0p = C10 y1 +C1 y01 +C20 y2 +C2 y02 , (35)


y00p = C100 y1 + 2C10 y01 +C1 y001 +C200 y2 + 2C20 y02 +C2 y002 . (36)

On introduit les équations (34)-(36) dans (26) et obtiendra une équation différentielle pour les
fonctions C1 et C2 . Puisqu’on ne cherche qu’une solution y p particulière on est libre d’imposer
une condition supplémentaire sur les fonctions C1 (x),C2 (x) et on choisit (suivant Lagrange)

C10 y1 +C20 y2 = 0. (37)

Ceci conduit maintenant à

y0p = C1 y01 +C2 y02 , (38)


y00p = C10 y01 +C1 y001 +C20 y02 +C2 y002 , (39)

et il vient de (26) que

(C10 y01 +C1 y001 +C20 y02 +C2 y002 ) + p(x)(C1 y01 +C2 y02 ) + q(x)(C1 y1 +C2 y2 ) = r(x), (40)
⇒ C1 (y001 + py01 + qy1 ) +C2 (y002 + py02 + qy2 ) +C10 y01 +C20 y02 = r(x), (41)
⇒ C10 y01 +C20 y02 = r(x), (42)

et nous aurons le système

C10 y1 +C20 y2 = 0, (43)


C10 y01 +C20 y02 = r(x) (44)
  0   
y1 y2 C1 0
⇒ = (45)
y01 y02 C20 r(x)

107
(solution unique pour C10 ,C20 parce que Wy1 ,y2 6= 0).
exemple 20
Résoudre
y00 − y0 − 2y = exp(3x). (46)

solution
La solution générale de l’équation homogène étant

yh = Ay1 + By2 = A exp(−x) + B exp(2x),

on cherche une solution particulière

y p = C1 exp(−x) +C2 exp(2x). (47)

Le système d’équations (45) pour C10 ,C20 devient dans ce cas-ci

−C10 exp(−x) + 2C20 exp(2x) = r = exp(3x), (48)


C10 exp(−x) +C20 exp(2x) = 0, (49)

qui a la solution
1 1
C10 = − exp(4x), C20 = exp(x),
3 3
d’où les solutions particulières

exp(4x) exp(x)
C1 = − , C2 = .
12 3
On substitue ces résultats dans (47) et obtient

exp(4x) exp(−x) exp(x) exp(2x) exp(3x)


yp = − + = .
12 3 4
La solution générale au problème est donc

exp(3x)
y = yh + y p = C1 exp(−x) +C2 exp(2x) + .
4

exemple 21 (Méthode de Lagrange, équation différentielle ordinaire linéaire)


Considérez l’équation de Bessel non-homogène
 
2 00 0 1
L (y) = x y + xy + x −
2
y = x3/2 . (50)
4

Étant donné qu’une solution de l’équation homogène (L (y) = 0) est y1 (x) = x−1/2 cos x, trouvez
la solution générale de (50) pour x > 0.
solution

108
Étape 1: trouver une base pour L (y) = 0. On cherche une solution y2 (x) = C(x)y1 (x) de
L (y) = 0.
y02 = C0 y1 +Cy01 , (51)
y002 = C00 y1 + 2C0 y01 +Cy001 , (52)
 
00 1
⇒x (C 2
y1 + 2C0 y01 +Cy001 ) + x(C0 y1 +Cy01 ) +
2
x − Cy1 = 0. (53)
4
 
00 3/2 2 0 1 −3/2 −1/2
∴C x cos x + 2x C − x cos x − x sin x +C0 x1/2 cos x = 0, (54)
2
⇒C00 cos x − 2C0 sin x = 0, (55)
c’est-à-dire
⇒ C00 − 2C0 tan x = 0.
Facteur intégrant:

exp(−2 tan x dx) = exp(2 u−1 du) (avec u = cos x) = cos2 x.


R R

Donc,
d
C0 cos2 x = 0 ⇒ C0 = A sec2 x ⇒ C = A tan x,

(56)
dx
et il s’en suit que y2 = x−1/2 sin x.

Étape 2: utiliser la méthode de Lagrange pour trouver une solution particulière y p .

y p = C1 y1 (x) +C2 y2 (x).


On résout
C10
    
y1 y2 0
= . (57)
y01 y02 C20 x−1/2
x−1/2 cos x x−1/2 sin x C10
    
0
∴ = . (58)
− 12 x−3/2 cos x − x−1/2 sin x − 21 x−3/2 sin x + x−1/2 cos x C20 x−1/2
Or
1 1
Wy1 y2 = − x−2 cos x sin x + x−1 cos2 x + x−2 cos x sin x + x−1 sin2 x = x−1 .
2 2
 0   1 −3/2 −1/2 cos x −x−1/2 sin x
 
C1 1 −2x sin x + x 0
∴ = −1 . (59)
C20 x 1 −3/2
2x cos x + x−1/2 sin x x−1/2 cos x x−1/2
C10 = − sin x et donc on prend C1 = cos x. C20 = cos x et donc on prend C2 = sin x. Par conséquent,
on aura
y p = x−1/2 cos2 x + x−1/2 sin2 x = x−1/2 ,
et la solution générale de (50) est
y = Ax−1/2 cos x + Bx−1/2 sin x + x−1/2 , (60)
r r
π π
=A J−1/2 (x) + B J (x) + x−1/2 , (61)
2 2 1/2
où Jν (x) désigne la fonction de Bessel du premier type d’order ν.

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References
[1] D. Hughes-Hallet, A. M. Gleason, W. G. McCallum et al., Fonctions de Plusieurs Vari-
ables, 2ième édition, Chenelière Éducation, Montréal, 2006

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