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II
Physique Formulation locale des lois de l’électrostatique
Électromagnétisme - chap.II
Formulation locale des lois de l’électrostatique
Jusqu’à présent, les calculs de champ ou de potentiel électrostatique ont été menés soit directement,
soit à l’aide du théorème de Gauss. La difficulté de ces calculs vient du fait que la géométrie de la source
doit être prise en compte pour chacun des points où le champ est étudié.
Dans ce cours, nous cherchons à obtenir des équations locales, c’est-à-dire des équations différentielles aux
→
−
dérivées partielles vérifiées par E et V .
Il suffira alors de les résoudre et d’imposer les conditions aux limites liées à la géométrie du problème.
Cette approche permet de séparer les variations spatiales du champ et la géométrie des sources et s’avèrera
indispensable pour étudier la propagation des ondes électromagnétiques.
−−→
où Σ est une surface fermée quelconque, d2 S = d2 S − →
n est le vecteur surface infinitésimal orienté vers
l’extérieur, Qint est la charge totale contenue à l’intérieur de la surface Σ, ǫ0 = 8, 84.10−12 F.m−1 est la
→
−
permittivité du vide et E est le champ électrique.
→
−
Autrement dit, le flux sortant du champ électrique E à travers une surface fermée Σ est égal à la
charge totale contenue dans Σ divisée par ε0 .
Le théorème de Green-Ostrogradsky permet de transformer une intégrale double sur une surface fermée
en intégrale triple sur le volume contenu dans cette surface (voir figure 1).
Théorème de Green-Ostrogradsky
→
−
Pour tout champ de vecteur dérivable A , on a :
ZZ ZZZ
→ −−
− →
2 →
−
A ·d S = div( A )d3 V
Σ V (Σ)
• Σ : surface fermée ;
• V (Σ) : volume contenu dans Σ ;
→
− →
−
• div( A ) : divergence du vecteur A .
Définition :
−
→ ∂Ax ∂Ay ∂Az
div( A ) = + +
∂x ∂y ∂z
Remarque
– En coordonnées cartésiennes,
→
− → −
− →
div( A ) = ∇ · A
→
−
– Dans d’autres systèmes de coordonnées, l’expression de div( A ) est différente mais on a tou-
→
− → −
− →
jours div( A ) = ∇ · A à condition de dériver aussi les vecteurs de base !
b) :::::::::::::::::
Interprétation
→
−
La divergence traduit le caractère localement convergent ou divergent d’un champ de vecteurs A (x, y, z).
→
−
Soit Σ une surface fermée. Calculons le flux de A à travers Σ :
ZZ ZZZ
→ −−
− →
2 →
−
Φ=
A ·d S = div( A )d3 V
Σ V (Σ)
→
− dΦ
donc div( A ) = 3 quand d3 V → 0.
d V
→
− →
−
• Si div( A ) > 0, dΦ > 0 donc A est localement divergent.
→
− →
−
• Si div( A ) < 0, dΦ < 0 donc A est localement convergent.
I.4. Application
Exercice
::::::::
On considère une sphère uniformément chargée en volume, de densité volumique de charge ρ et de rayon R.
→
−
En utilisant la formulation locale du théorème de Gauss, déterminer le champ électrique E en tout point de
l’espace.
Symétries et invariances
→
−
• Tout plan contentant par OM est plan de symétrie pour la distribution de charges. Le champ E
est un vecteur polaire. Au point M, il appartient dont à l’intersection des plans de symétrie passant
par M soit
→
−
E (M) = Er (M) ~ur
• Il y a invariance par rotation autour de O donc les composantes du champ ne dépendent d’aucuns
angles et
||vE||(M) = ||vE||(r)
Au bilan
−
→
E (M) = Er (r) ~ur
Dans la suite, on notera Er (r) = E(r).
Formulation locale du théorème de Gauss
En coordonnées sphériques :
→
− → −
− → 1 ∂(r 2 Er ) 1 ∂(Eθ sin θ) 1 ∂Eϕ
div( E ) = ∇ · E = 2 + +
r ∂r r sin θ ∂θ r sin θ ∂ϕ
| {z }
=0 car Eθ =Eϕ =0
Propriété
→
−
Le caractère conservatif de la circulation du champ E s’exprime par :
I
→ −
− →
E · dℓ = 0
C
b) ::::::::::::::
Formulation::::::::
locale
Théorème de Stokes
→
−
Pour tout champ de vecteurs dérivable A , on a :
I ZZ
→ −
− → −→− → −−→
A · dℓ = rot( A ) · d2 S
C Σ(C)
• C : contour fermé ;
• Σ(C) : surface s’appuyant sur C ;
−−
→
• d2 S : vecteur surface orienté par la règle du tire-bouchon ;
−→− → →
−
• rot( A ) : rotationnel de A .
Figure 3 – Application du théorème de Stokes : la surface Σ s’appuie sur le contour Γ. Sa normale est
orientée d’après la règle du tire-bouchon : on tourne le tire-bouchon dans le sens conventionnel d’orientation
du contour Γ. Le sens global de déplacement du tire-bouchon donne le sens global de la normale à la surface.
On obtient alors ZZ
−→− → −−→
rot( E ) · d2 S = 0
Σ(C)
Cette relation est valable pour tout contour C. À la limite où C est réduit à un point, on trouve
−→− → →
−
rot( E ) = 0
Propriété
→
−
Le caractère conservatif de la circulation du champ électrostatique E s’exprime
sous la forme locale :
−→− → →
−
rot( E ) = 0
Définition :
→
−
Soit un champ de vecteurs A en coordonnées cartésiennes
−
→
A = Ax (x, y, z) ~ux + Ay (x, y, z) ~uy + Az (x, y, z) ~uz
→
− →
−
Le rotationnel de A est un vecteur qui, au vecteur A associe, en coor-
données cartésiennes :
∂
∂x
Ax
−→− → → −
− → ∂
∂y ∧
rot( A ) = ∇ ∧ A = Ay
∂
Az
∂z
∂Az ∂Ay
∂y − ∂z
∂Ax ∂Az
=
−
∂z ∂x
∂Ay ∂Ax
−
∂x ∂y
Remarque
L’expression du rotationnel est différente dans d’autres systèmes de coordonnées mais l’on a
−→− → → −
− →
toujours rot( A ) = ∇ ∧ A à condition de dériver aussi les vecteurs de base !
Figure 4 – Interprétation du rotationnel du vecteur vitesse comme vecteur rotation (à un coefficient près).
b) :::::::::::::::::
Interprétation ::::
du :::::::::::::
rotationnel
Le rotationnel traduit la façon dont un champ tourne autour d’un contour fermé.
Par exemple, en mécanique du solide, on étudie le mouvement de rotation d’un point autour de Oz à
la vitesse angulaire ω. On a alors
→
− −−→
v (M) = ω~uz ∧ OM = −yω~ux + xω~uy
−→→
Calculons rot(−
v):
−→→ → →
− 1−→→
rot(−
v)= ∇ ∧−
v = 2ω~uz ω = rot(−
donc →
− v)
2
II.4. Application
On considère une sphère uniformément chargée en volume, de densité volumique de charge ρ et de
→
− −→− →
rayon R. L’étude des symétries et des invariances a montré que E = Er (r) ~ur . Calculons rot( E ) :
!
1 ∂(Eϕ sin θ) ∂Eθ
−
r sin θ ∂θ ∂ϕ
−→− → 1 ∂Er 1 ∂(rEϕ ) −
=→
rot( E ) =
− 0
r sin θ ∂ϕ r ∂r!
1 ∂(rEθ ) ∂Er
−
r ∂r ∂θ
On en déduit
−−→ ρ
div(gradV ) = −
ε0
Mais ! ! !
−−→ ∂ ∂V ∂ ∂V ∂ ∂V ∂2V ∂2V ∂2V
div(gradV ) = + + = + + = ∆V
∂x ∂x ∂y ∂y ∂z ∂z ∂x2 ∂y 2 ∂z 2
Propriété
L’équation locale pour le potentiel électrostatique est l’équation de Poisson :
ρ
∆V + =0
ǫ0
avec ∆V : laplacien scalaire du potentiel.
Définition :
Remarque
→ −
− → →
−
– ∆f = ∇ · ( ∇f ) = ∇ 2 f .
– Le laplacien scalaire prend une autre forme dans d’autres systèmes de coordonnées.
b) :::::::::::::::::
Interprétation
Le laplacien généralise la dérivée seconde à une fonction à plusieurs variables. En particulier, si M0 est
un extremum local :
• si ∆V (M0 ) > 0 : M0 est un minimum du potentiel ;
• si ∆V (M0 ) < 0 : M0 est maximum du potentiel.
Q = σS avec σ = aρ
ρ σ = ρe
e
Propriété
Une modélisation surfacique d’une distribution volumique de charges, de densité
ρ et d’épaisseur a est obtenue dans la limite a → 0 et ρa = σ = cte.
Remarque
Si a → 0, ρ → ∞ donc les équations locales ne sont plus valables sur la surface.
~n12 milieu 2
milieu 1
On en déduit que :
Propriété
σ(P )
E2N (P ) − E1N (P ) =
ε0
⋆ la composante tangentielle du champ électrique est continue.
n12 n12
E2n
milieu 2 A E2t milieu 2 A
Surface chargée Surface chargée
milieu 1 E1t milieu 1
E1n
Continuité de la composante tangentielle de E Discontinuité de la composante normale de E
Remarque
En revanche, le potentiel est continu à la traversée d’une surface chargée.
Exercice
::::::::
On considère un cylindre infini de rayon R, d’axe (Oz), uniformément chargé en surface et de densité sur-
facique de charges σ. Déterminer le champ créé par cette distribution de charge en tout point de l’espace et
→
−
vérifier la relation de passage pour E .
Symétrie et invariances
• Soit un point M quelconque.
Le plan passant par M et contenant (Oz) est un plan de symétrie pour la distribution de charges.
Le plan passant par M et perpendiculaire à l’axe (Oz) du cylindre est aussi un plan de symétrie pour la
distribution de charges car le cylindre est infini.
→
−
Le champ E étant un vecteur polaire, il appartient, au point M, à tout plan de symétrie passant par M.
→
−
Ici, E (M) appartient à l’intersection des plans de symétrie : il est donc radial selon ~ur (coordonnées
cylindriques). On en déduit
→
−
E (M) = E(M) ~ur
• La distribution de charge est invariante par rotation autour de l’axe (Oz) : les composantes du champ
ne dépendent donc pas de l’angle θ qui repère la rotation autour de (Oz).
La distribution de charges est également invariante par translation de vecteur ~uz car le cylindre est infini :
les composantes du champ ne dépendent donc pas de la coordonnée z.
On a donc, dans le système de coordonnées cylindriques (r, θ, z) :
→
− →
−
|| E ||(M) = || E ||(r)
Au bilan
−
→
E (M) = E(r) ~ur
On choisit comme surface de Gauss un cylindre Σ de rayon r, d’axe (Oz) et de hauteur h. Appliquons
le théorème de Gauss sous sa forme intégrale au cylindre Σ :
ZZ
→ −−→ Qint
−
E · d2 S =
Σ ε0
Or ZZ (
→
− −−
→ 0 si r < R
E · d2 S = E(r) 2πrh et Qint =
Σ Q = σ 2πRh si r > R
On a donc
→
−
0
à l’intérieur du cylindre (r < R)
→
−
E (M) = σ R
~ur à l’extérieur du cylindre (r > R)
ε0 r
Au niveau du cylindre,
− +
→ →
− σ
E (R ) − E (R− ) = ~ur
ǫ0
.
→
−
On retrouve bien la discontinuité de la composante normale de E , alors que la composante tangentielle
→
−
de E est continue (nulle de part et d’autre).
V Applications
V.1. Propriété des conducteurs parfaits
Définition :
Remarque
Les porteurs de charge peuvent être des électrons (cas des métaux ou des semi-conducteurs N),
des trous (cas des semi-conducteurs P ) ou des ions (cas des solutions électrolytiques).
Dans un conducteur à l’équilibre électrostatique, les porteurs de charges sont immobiles. Or, dans un
référentiel galiléen, ces porteurs de charge sont soumis :
→
− →
− →
−
⋆ à une force électrostatique F = q E int où q est la charge des porteurs de charge et E int le champ
qui règne à l’intérieur du conducteur ;
⋆ à leur poids m− →
g , négligeable devant la force de Coulomb.
Remarque
Pour un électron placé dans un champ relativement faible E0 = 1 V.m−1 , on a
||m−→g || mg 9, 1.10−31 × 10
→
− = ≈ −19 × 1
= 6.10−11 ≪ 1
|| − e E || eE0 1, 6.10
→
− →
− →
− →
−
m−
→
a = q E int = 0 à l’équilibre ⇒ E int = 0
→
− ρ
div( E int ) = =0
ε0
La densité volumique de charge est donc nulle à l’intérieur d’un conducteur à l’équilibre électrosta-
tique. Si le conducteur est chargé, les charges ne peuvent être présentes qu’en surface.
2. le conducteur est un volume équipotentiel
→
− −−→ →
− →
− −−→
La relation E = −grad V donne E int = 0 = −grad Vint . On en déduit Vint = cste. Le potentiel étant
continu à la traversée d’une surface chargée, la surface du conducteur est également au potentiel Vint .
3. le champ électrostatique au voisinage du conducteur est normal à la surface et vaut σ/ε0 où σ est la
densité surfacique de charges
L’application de la relation de passage au niveau de la surface chargée du conducteur donne
−
→ →
− σ
E ext − E int = ~n
ε0
Propriété
Soit un conducteur parfait à l’équilibre électrostatique. Alors
→
− →
−
⋆ le champ électrostatique intérieur est nul E int = 0 ;
−
→ σ
E = ~n (théorème de Coulomb
ε0
où ~n est le vecteur unitaire orienté selon la normale sortante au conducteur.
Définition :
On appelle condensateur plan un ensemble de deux conducteurs plans infinis, d’épaisseur négligeable,
parallèles entre eux.
Exercice
::::::::
Considérons un condensateur dont l’armature 1, située en z = e/2, porte une densité surfacique σ1 = +σ
positive (charge totale Q) et l’armature 2, située en z = −e/2, porte une densité σ2 = −σ négative (charge
totale −Q). Déterminer le champ électrique dans l’espace entre les armatures.
Remarque
Dans un condensateur, les charges portées par les surfaces des armatures en vis-à-vis sont
opposées.
1. Symétries et invariances
→
−
Tout plan perpendiculaire aux armatures est plan de symétrie donc E = Ez −
→
uz .
Il y a invariance de la distribution de charges par translation parallèlement à Ox et à Oy donc le
champ ne dépend que de la distance z :
−
→
E = Ez (z) −
→
uz
2. Théorème de Gauss
Appliquons le théorème de Gauss avec une surface fermée cylindrique incluant une des armatures.
• Calcul du flux :
ZZ ZZ ZZ
−
→ →
− − −
→ → − −→
→
Φ= E ·dS1 + E · dS2 + E · dS
D1
|{z}
D2 Slat
| {z lat}
−
→ 0
0
ZZ ZZ
⇒Φ= Ez (z)→
−
uz ·(−dS2 −
→
uz ) = −Ez (z)dS2 = −Ez (z)×S
D2 D2
Qint σS −
→ σ→
Φ= ⇒ −Ez (z)S = ⇒ E =− − uz
ǫ0 ǫ0 ǫ0
Remarque
On vérifie que :
→
− ∂Ez
1. div( E ) = = 0 en tout point hors des surfaces chargées (car ρ = 0 partout sauf au
∂z
niveau des plaques) ;
2. le champ est discontinu à la traversée des plaques
! !
+ −
→
− e →
− e σ
E z = − E z = = ~uz pour la plaque 1 (z=e/2)
2 2 ε0
+
! −
!
→
− e →
− e −σ
E z = −2
−E z=− = ~uz pour la plaque 2 (z=-e/2)
2 ε0
Définition :
Q1 = C(V1 − V2 ) = CU
Remarque
→ −
− →
1. dV = − E · dr, ou encore :
Z 2 Z 2 Z 2
− −
→ → σ→ Q Qe
V1 − V2 = E · dr = − − uz · dz −
→
uz = − dz =
1 1 ǫ0 ǫ0 S 1 ǫ0 S
2. On en déduit
Q ε0 S
C= =
V1 − V2 e
Remarque
C = 0, 18 nF
⋆ Afin d’augmenter les valeurs des capacités, on place un diélectrique entre les armatures de
sorte que la permittivité devienne
ε0 → ε = ε0 εr avec εr = 2 à 1000
VI Bilan
VI.1. Relations entre les opérateurs
−→− → →
− −
→ −−→
On a montré que rot( E ) = 0 avec E = −gradV . Ce résultat est général et s’énonce sous la forme :
Propriété
Tout champ de rotationnel nul est un champ de gradient et réciproquement.
→
−
Autrement dit ∀ A :
−→− → →
− −
→ −−→
rot( A ) = 0 ⇐⇒ ∃f A = −gradf
Remarque
On en déduit que le rotationnel d’un gradient est toujours nul
−→ −−→ →
− −
→ →
− →
−
rot(gradf ) = 0 ∀f soit ∇ ∧ ( ∇f ) = 0 ∀f
De la même manière, on a :
Propriété
Tout champ de divergence nulle est un champ de rotationnel et réciproquement.
→
−
Autrement dit ∀ A :
→
− → →
− − −→− → →
−
div( A ) = 0 ⇔ ∃ C A = rot( C ) ∀ A
Remarque
On en déduit que la divergence d’un rotationnel est toujours nulle
−→− → →
− − −
→ → − → →
−
div(rot( A )) = 0 ∀A soit ∇ · (∇ ∧ A ) = 0 ∀A
Enfin,
Propriété
−−→ → −
− → →
−
∆f = div(gradf ) = ∇ · ( ∇f ) = ∇ 2 f
ρ
Équation de Poisson ∆V + =0
ǫ
−
→ − → σ→
Relation de passage E2 − E1 = − n 12
ǫ0