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PSI - Lycée Bellevue Électromagnétisme - chap.

II
Physique Formulation locale des lois de l’électrostatique

Électromagnétisme - chap.II
Formulation locale des lois de l’électrostatique

Jusqu’à présent, les calculs de champ ou de potentiel électrostatique ont été menés soit directement,
soit à l’aide du théorème de Gauss. La difficulté de ces calculs vient du fait que la géométrie de la source
doit être prise en compte pour chacun des points où le champ est étudié.
Dans ce cours, nous cherchons à obtenir des équations locales, c’est-à-dire des équations différentielles aux


dérivées partielles vérifiées par E et V .
Il suffira alors de les résoudre et d’imposer les conditions aux limites liées à la géométrie du problème.
Cette approche permet de séparer les variations spatiales du champ et la géométrie des sources et s’avèrera
indispensable pour étudier la propagation des ondes électromagnétiques.

I Formulation locale du théorème de Gauss


I.1. Forme intégrale du théorème de Gauss
Le théorème de Gauss sous sa forme intégrale s’écrit
ZZ
→ −−→
− Qint
E · d2 S = Théorème de Gauss (forme intégrale)
ε0
| Σ {z }


flux sortant de E

−−→
où Σ est une surface fermée quelconque, d2 S = d2 S − →
n est le vecteur surface infinitésimal orienté vers
l’extérieur, Qint est la charge totale contenue à l’intérieur de la surface Σ, ǫ0 = 8, 84.10−12 F.m−1 est la


permittivité du vide et E est le champ électrique.


Autrement dit, le flux sortant du champ électrique E à travers une surface fermée Σ est égal à la
charge totale contenue dans Σ divisée par ε0 .

I.2. Forme locale du théorème de Gauss


R
Soit une surface fermée Σ. La charge totale contenue dans Σ vaut Qint = V (Σ)
ρd3 V où ρ est la densité
volumique de charges et V (Σ) est le volume contenu dans Σ.

Figure 1 – Application du théorème de Green-Ostrogradsky : la surface fermée Σ encercle un volume V (Σ).


La normale à la surface est orientée vers l’extérieur, afin de calculer un flux sortant.

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Le théorème de Gauss appliqué à Σ s’écrit


ZZ ZZZ
→ −−
− →
2
ρ 3
E ·d S = dV
Σ V (Σ) ǫ0

Le théorème de Green-Ostrogradsky permet de transformer une intégrale double sur une surface fermée
en intégrale triple sur le volume contenu dans cette surface (voir figure 1).
Théorème de Green-Ostrogradsky


Pour tout champ de vecteur dérivable A , on a :
ZZ ZZZ
→ −−
− →
2 →

A ·d S = div( A )d3 V
Σ V (Σ)

• Σ : surface fermée ;
• V (Σ) : volume contenu dans Σ ;

− →

• div( A ) : divergence du vecteur A .

Le théorème de Gauss devient


ZZZ " #

→ ρ 3
div( E ) − d V =0
V (Σ) ǫ0
Cette relation est vérifiée ∀ Σ. En particulier, pour une surface Σ réduite à un point, on obtient

− ρ
div( E ) =
ǫ0

Théorème de Gauss (forme locale)



− ρ
div( E ) =
ǫ0
où ρ est la densité volumique de charge et ε0 la permittivité du vide.

I.3. Expression de l’opérateur divergence


a) Définition
::::::::::::

Définition :

Soit un champ de vecteurs




A = Ax (x, y, z) ~ux + Ay (x, y, z) ~uy + Az (x, y, z) ~uz

− →

La divergence du vecteur A est un scalaire div( A ) tel que :


→ ∂Ax ∂Ay ∂Az
div( A ) = + +
∂x ∂y ∂z

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Remarque

– En coordonnées cartésiennes,

− → −
− →
div( A ) = ∇ · A


– Dans d’autres systèmes de coordonnées, l’expression de div( A ) est différente mais on a tou-

− → −
− →
jours div( A ) = ∇ · A à condition de dériver aussi les vecteurs de base !

b) :::::::::::::::::
Interprétation


La divergence traduit le caractère localement convergent ou divergent d’un champ de vecteurs A (x, y, z).


Soit Σ une surface fermée. Calculons le flux de A à travers Σ :
ZZ ZZZ
→ −−
− →
2 →

Φ= A ·d S = div( A )d3 V
Σ V (Σ)


− dΦ
donc div( A ) = 3 quand d3 V → 0.
d V

− →

• Si div( A ) > 0, dΦ > 0 donc A est localement divergent.

− →

• Si div( A ) < 0, dΦ < 0 donc A est localement convergent.

Figure 2 – À droite : champ de divergence positive. À gauche : champ de divergence négative.

I.4. Application

Exercice
::::::::
On considère une sphère uniformément chargée en volume, de densité volumique de charge ρ et de rayon R.


En utilisant la formulation locale du théorème de Gauss, déterminer le champ électrique E en tout point de
l’espace.

Symétries et invariances


• Tout plan contentant par OM est plan de symétrie pour la distribution de charges. Le champ E
est un vecteur polaire. Au point M, il appartient dont à l’intersection des plans de symétrie passant
par M soit


E (M) = Er (M) ~ur

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• Il y a invariance par rotation autour de O donc les composantes du champ ne dépendent d’aucuns
angles et
||vE||(M) = ||vE||(r)

Au bilan


E (M) = Er (r) ~ur
Dans la suite, on notera Er (r) = E(r).
Formulation locale du théorème de Gauss
En coordonnées sphériques :

− → −
− → 1 ∂(r 2 Er ) 1 ∂(Eθ sin θ) 1 ∂Eϕ
div( E ) = ∇ · E = 2 + +
r ∂r r sin θ ∂θ r sin θ ∂ϕ
| {z }
=0 car Eθ =Eϕ =0

L’application du théorème de Gauss conduit à



− ρ
div( E ) = à l’intérieur de la sphère
ǫ0


div( E ) = 0 à l’extérieur de la sphère
• Si r < R :
1 d(r 2 E) ρ 2
ρr 3 ρr C1
= ⇒ r E = + C 1 ⇒ E = +
r 2 dr ǫ0 3ǫ0 3ǫ0 r 2
Or, E ne peut pas diverger en r = 0 car il n’y a pas de charge localisée en r = 0. On a donc C1 = 0
et :
ρr
E= pour r < R
3ǫ0
• Si r > R :
1 d(r 2 E) C2
2
= 0 ⇒ r 2 E = C2 ⇒ E = 2
r dr r
La distribution de charges étant volumique, le champ électrique est continu. En particulier, en r = R :
C2 ρR
E(r = R− ) = E(r = R+ ) ⇒ =
R2 3ǫ0
On a alors :
ρR3 ρR3
C2 = ⇒ E= pour r > R
3ǫ0 3ǫ0 r 2

II Circulation du champ électrostatique


II.1. Lien entre le champ et le potentiel électrostatique
La circulation du champ électrostatique sur un chemin orienté de A à B ne dépend pas du chemin
suivi. Ainsi
Z B
→ −
− →
E · dℓ = V (A) − V (B)
A

où V est le potentiel électrostatique (défini à une constante près).


On en déduit
→ −
− → −−→ →
− →
− −−→
dV = − E · dℓ = gradV · dℓ soit E = −gradV

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II.2. Caractère conservatif de la circulation du champ électrostatique


a) Formulation intégrale
:::::::::::::::::::::::::

Soit C un chemin fermé orienté. On a nécessairement


I
→ −
− →
E · dℓ = 0
C

Propriété


Le caractère conservatif de la circulation du champ E s’exprime par :
I
→ −
− →
E · dℓ = 0
C

b) ::::::::::::::
Formulation::::::::
locale
Théorème de Stokes


Pour tout champ de vecteurs dérivable A , on a :
I ZZ
→ −
− → −→− → −−→
A · dℓ = rot( A ) · d2 S
C Σ(C)

• C : contour fermé ;
• Σ(C) : surface s’appuyant sur C ;
−−

• d2 S : vecteur surface orienté par la règle du tire-bouchon ;
−→− → →

• rot( A ) : rotationnel de A .

Figure 3 – Application du théorème de Stokes : la surface Σ s’appuie sur le contour Γ. Sa normale est
orientée d’après la règle du tire-bouchon : on tourne le tire-bouchon dans le sens conventionnel d’orientation
du contour Γ. Le sens global de déplacement du tire-bouchon donne le sens global de la normale à la surface.

On obtient alors ZZ
−→− → −−→
rot( E ) · d2 S = 0
Σ(C)

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Cette relation est valable pour tout contour C. À la limite où C est réduit à un point, on trouve
−→− → →

rot( E ) = 0

Propriété


Le caractère conservatif de la circulation du champ électrostatique E s’exprime
sous la forme locale :
−→− → →

rot( E ) = 0

II.3. Expression du rotationnel


a) Définition
::::::::::::

Définition :


Soit un champ de vecteurs A en coordonnées cartésiennes


A = Ax (x, y, z) ~ux + Ay (x, y, z) ~uy + Az (x, y, z) ~uz

− →

Le rotationnel de A est un vecteur qui, au vecteur A associe, en coor-
données cartésiennes :
 

 ∂x   
  Ax
−→− → → −
− →  ∂  

 ∂y  ∧
rot( A ) = ∇ ∧ A =  Ay 

 ∂ 
 Az

∂z
 
∂Az ∂Ay
 ∂y − ∂z 
 
 ∂Ax ∂Az 
= 
 − 

 ∂z ∂x 
 ∂Ay ∂Ax 

∂x ∂y

Remarque
L’expression du rotationnel est différente dans d’autres systèmes de coordonnées mais l’on a
−→− → → −
− →
toujours rot( A ) = ∇ ∧ A à condition de dériver aussi les vecteurs de base !

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Figure 4 – Interprétation du rotationnel du vecteur vitesse comme vecteur rotation (à un coefficient près).

b) :::::::::::::::::
Interprétation ::::
du :::::::::::::
rotationnel
Le rotationnel traduit la façon dont un champ tourne autour d’un contour fermé.
Par exemple, en mécanique du solide, on étudie le mouvement de rotation d’un point autour de Oz à
la vitesse angulaire ω. On a alors

− −−→
v (M) = ω~uz ∧ OM = −yω~ux + xω~uy
−→→
Calculons rot(−
v):
−→→ → →
− 1−→→
rot(−
v)= ∇ ∧−
v = 2ω~uz ω = rot(−
donc →
− v)
2

II.4. Application
On considère une sphère uniformément chargée en volume, de densité volumique de charge ρ et de

− −→− →
rayon R. L’étude des symétries et des invariances a montré que E = Er (r) ~ur . Calculons rot( E ) :
 ! 
1 ∂(Eϕ sin θ) ∂Eθ
 − 
 r sin θ ∂θ ∂ϕ 
 
−→− →  1 ∂Er 1 ∂(rEϕ )  −
=→
rot( E ) = 
 −  0
 r sin θ ∂ϕ r ∂r! 
 
 1 ∂(rEθ ) ∂Er 

r ∂r ∂θ

III Équation de Poisson


III.1. Équation locale pour le potentiel
La forme locale du théorème de Gauss s’écrit

− ρ
div( E ) =
ε0


tandis que le fait que E soit à circulation conservative impose

− −−→
E = −gradV

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On en déduit
−−→ ρ
div(gradV ) = −
ε0
Mais ! ! !
−−→ ∂ ∂V ∂ ∂V ∂ ∂V ∂2V ∂2V ∂2V
div(gradV ) = + + = + + = ∆V
∂x ∂x ∂y ∂y ∂z ∂z ∂x2 ∂y 2 ∂z 2

Propriété
L’équation locale pour le potentiel électrostatique est l’équation de Poisson :

ρ
∆V + =0
ǫ0
avec ∆V : laplacien scalaire du potentiel.

III.2. Expression du laplacien scalaire


a) Définition
::::::::::::

Définition :

En coordonnées cartésiennes, le laplacien scalaire d’une fonctionf (x, y, z)


est un scalaire ∆f tel que :

∂2f ∂2f ∂2f


∆f = + +
∂x2 ∂y 2 ∂z 2

Remarque
→ −
− → →

– ∆f = ∇ · ( ∇f ) = ∇ 2 f .
– Le laplacien scalaire prend une autre forme dans d’autres systèmes de coordonnées.

b) :::::::::::::::::
Interprétation
Le laplacien généralise la dérivée seconde à une fonction à plusieurs variables. En particulier, si M0 est
un extremum local :
• si ∆V (M0 ) > 0 : M0 est un minimum du potentiel ;
• si ∆V (M0 ) < 0 : M0 est maximum du potentiel.

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IV Relation de passage à la traversée d’une surface chargée


IV.1. Densité surfacique de charge
Soit une distribution volumique de charges d’épaisseur a petite devant les autres dimensions, de surface
S et de densité volumique de charge ρ.
Si ρ est uniforme, la charge totale vaut : Q = aSρ.
Dans une modélisation surfacique, a → 0 et Q reste fixée. On a alors

Q = σS avec σ = aρ

ρ σ = ρe
e

Propriété
Une modélisation surfacique d’une distribution volumique de charges, de densité
ρ et d’épaisseur a est obtenue dans la limite a → 0 et ρa = σ = cte.

Remarque
Si a → 0, ρ → ∞ donc les équations locales ne sont plus valables sur la surface.

IV.2. Relation de passage pour le champ électrostatique


On considère une surface chargée, de densité surfacique de charges σ, séparant deux milieux de per-
mittivité ε0 notés 1 et 2.


On note ~n12 le vecteur normal à cette surface orienté de 1 vers 2, E1 (P ) le champ en un point P de la


surface du côté du milieu 1 et E2 (P ) le champ en un point P de la surface du côté du milieu 2.

~n12 milieu 2

milieu 1

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Relation de passage pour le champ électrostatique



→ →
− σ(P )
E2 − E1 = ~n12
ε0

On en déduit que :

Propriété

⋆ la composante normale à la surface du champ électrique est discontinue

σ(P )
E2N (P ) − E1N (P ) =
ε0
⋆ la composante tangentielle du champ électrique est continue.

n12 n12

E2n
milieu 2 A E2t milieu 2 A
Surface chargée Surface chargée
milieu 1 E1t milieu 1
E1n
Continuité de la composante tangentielle de E Discontinuité de la composante normale de E

Remarque
En revanche, le potentiel est continu à la traversée d’une surface chargée.

IV.3. Exemple : cas d’un cylindre uniformément chargé en surface

Exercice
::::::::
On considère un cylindre infini de rayon R, d’axe (Oz), uniformément chargé en surface et de densité sur-
facique de charges σ. Déterminer le champ créé par cette distribution de charge en tout point de l’espace et


vérifier la relation de passage pour E .

Symétrie et invariances
• Soit un point M quelconque.
Le plan passant par M et contenant (Oz) est un plan de symétrie pour la distribution de charges.
Le plan passant par M et perpendiculaire à l’axe (Oz) du cylindre est aussi un plan de symétrie pour la
distribution de charges car le cylindre est infini.


Le champ E étant un vecteur polaire, il appartient, au point M, à tout plan de symétrie passant par M.


Ici, E (M) appartient à l’intersection des plans de symétrie : il est donc radial selon ~ur (coordonnées
cylindriques). On en déduit


E (M) = E(M) ~ur

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• La distribution de charge est invariante par rotation autour de l’axe (Oz) : les composantes du champ
ne dépendent donc pas de l’angle θ qui repère la rotation autour de (Oz).
La distribution de charges est également invariante par translation de vecteur ~uz car le cylindre est infini :
les composantes du champ ne dépendent donc pas de la coordonnée z.
On a donc, dans le système de coordonnées cylindriques (r, θ, z) :

− →

|| E ||(M) = || E ||(r)
Au bilan


E (M) = E(r) ~ur
On choisit comme surface de Gauss un cylindre Σ de rayon r, d’axe (Oz) et de hauteur h. Appliquons
le théorème de Gauss sous sa forme intégrale au cylindre Σ :
ZZ
→ −−→ Qint

E · d2 S =
Σ ε0
Or ZZ (

− −−
→ 0 si r < R
E · d2 S = E(r) 2πrh et Qint =
Σ Q = σ 2πRh si r > R
On a donc 


0
 à l’intérieur du cylindre (r < R)


E (M) = σ R

 ~ur à l’extérieur du cylindre (r > R)
ε0 r
Au niveau du cylindre,
− +
→ →
− σ
E (R ) − E (R− ) = ~ur
ǫ0
.


On retrouve bien la discontinuité de la composante normale de E , alors que la composante tangentielle


de E est continue (nulle de part et d’autre).

V Applications
V.1. Propriété des conducteurs parfaits

Définition :

Un conducteur est dit parfait lorsque ses porteurs de charge peuvent


être mis en mouvement par toute force, même infiniment faible.

Remarque
Les porteurs de charge peuvent être des électrons (cas des métaux ou des semi-conducteurs N),
des trous (cas des semi-conducteurs P ) ou des ions (cas des solutions électrolytiques).

Dans un conducteur à l’équilibre électrostatique, les porteurs de charges sont immobiles. Or, dans un
référentiel galiléen, ces porteurs de charge sont soumis :

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− →
− →

⋆ à une force électrostatique F = q E int où q est la charge des porteurs de charge et E int le champ
qui règne à l’intérieur du conducteur ;
⋆ à leur poids m− →
g , négligeable devant la force de Coulomb.

Remarque
Pour un électron placé dans un champ relativement faible E0 = 1 V.m−1 , on a

||m−→g || mg 9, 1.10−31 × 10

− = ≈ −19 × 1
= 6.10−11 ≪ 1
|| − e E || eE0 1, 6.10

Le poids des porteurs de charge sera généralement négligeable.

L’application du principe fondamental de la dynamique à un porteur de charge, étudié dans le référentiel


galiléen du laboratoire, fournit :


− →
− →
− →

m−

a = q E int = 0 à l’équilibre ⇒ E int = 0

On en déduit trois propriétés importantes :

1. les charges du conducteur se répartissent nécessairement en surface


La formulation locale du théorème de Gauss appliqué en un point intérieur au conducteur donne


− ρ
div( E int ) = =0
ε0

La densité volumique de charge est donc nulle à l’intérieur d’un conducteur à l’équilibre électrosta-
tique. Si le conducteur est chargé, les charges ne peuvent être présentes qu’en surface.
2. le conducteur est un volume équipotentiel

− −−→ →
− →
− −−→
La relation E = −grad V donne E int = 0 = −grad Vint . On en déduit Vint = cste. Le potentiel étant
continu à la traversée d’une surface chargée, la surface du conducteur est également au potentiel Vint .
3. le champ électrostatique au voisinage du conducteur est normal à la surface et vaut σ/ε0 où σ est la
densité surfacique de charges
L’application de la relation de passage au niveau de la surface chargée du conducteur donne


→ →
− σ
E ext − E int = ~n
ε0

où ~n est le vecteur unitaire normal à la surface et orienté vers l’extérieur du conducteur.



− →

Comme E int = 0 , on en déduit

→ σ
E ext = ~n
ε0

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Propriété
Soit un conducteur parfait à l’équilibre électrostatique. Alors

− →

⋆ le champ électrostatique intérieur est nul E int = 0 ;

⋆ la densité volumique de charge est nulle ρ = 0. Si le conducteur est chargé, les


charges se répartissent en surface et sont caractérisées par une densité surfacique
de charge σ ;

⋆ le potentiel est le même en tout point intérieur au conducteur : Vint = cste ;

⋆ au voisinage extérieur de la surface du conducteur, le champ électrostatique vaut


→ σ
E = ~n (théorème de Coulomb
ε0
où ~n est le vecteur unitaire orienté selon la normale sortante au conducteur.

V.2. Condensateur plan

Définition :

Un condensateur est alors un ensemble de deux conducteurs parfaits


en influence totale, c’est-à-dire que toute ligne de champ quittant l’un
des conducteurs aboutit à l’autre conducteur.

On appelle condensateur plan un ensemble de deux conducteurs plans infinis, d’épaisseur négligeable,
parallèles entre eux.

Dans la pratique, les conducteurs ont une surface S et sont


distants de e. Le modèle du condensateur plan est réalisé en
bonne approximation si e est négligeable devant les dimen-
sions des plaques. La charge surfacique peut être supposé
uniforme.

Exercice
::::::::
Considérons un condensateur dont l’armature 1, située en z = e/2, porte une densité surfacique σ1 = +σ
positive (charge totale Q) et l’armature 2, située en z = −e/2, porte une densité σ2 = −σ négative (charge
totale −Q). Déterminer le champ électrique dans l’espace entre les armatures.

Remarque
Dans un condensateur, les charges portées par les surfaces des armatures en vis-à-vis sont
opposées.

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1. Symétries et invariances


Tout plan perpendiculaire aux armatures est plan de symétrie donc E = Ez −

uz .
Il y a invariance de la distribution de charges par translation parallèlement à Ox et à Oy donc le
champ ne dépend que de la distance z :



E = Ez (z) −

uz

2. Théorème de Gauss
Appliquons le théorème de Gauss avec une surface fermée cylindrique incluant une des armatures.
• Calcul du flux :

ZZ ZZ ZZ

→ →
− − −
→ → − −→

Φ= E ·dS1 + E · dS2 + E · dS
D1
|{z}
D2 Slat
| {z lat}

→ 0
0

ZZ ZZ
⇒Φ= Ez (z)→

uz ·(−dS2 −

uz ) = −Ez (z)dS2 = −Ez (z)×S
D2 D2

• Calcul de la charge intérieure : Qint = σS.


• Calcul du champ :

Qint σS −
→ σ→
Φ= ⇒ −Ez (z)S = ⇒ E =− − uz
ǫ0 ǫ0 ǫ0

Le champ créé entre les armatures est donc uniforme.

Remarque
On vérifie que :

− ∂Ez
1. div( E ) = = 0 en tout point hors des surfaces chargées (car ρ = 0 partout sauf au
∂z
niveau des plaques) ;
2. le champ est discontinu à la traversée des plaques
 ! !
+ −

 →
− e →
− e σ

 E z = − E z = = ~uz pour la plaque 1 (z=e/2)
 2 2 ε0
+
! −
!

 →
− e →
− e −σ
E z = −2

 −E z=− = ~uz pour la plaque 2 (z=-e/2)
2 ε0

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V.3. Capacité d’un condensateur

Définition :

On appelle capacité du condensateur le coefficient C tel que

Q1 = C(V1 − V2 ) = CU

où U = V1 − V2 est la tension aux bornes du condensateur.

Remarque

– C s’exprime en Farad (F).


– C est nécessairement positif car si V1 > V2 , les lignes de champ quittent 1 pour aller sur 2
donc 1 est chargé positivement.
– C ne dépend que de la géométrie du condensateur.

Reprenons l’exemple du condensateur plan et déterminons sa capacité.

→ −
− →
1. dV = − E · dr, ou encore :
Z 2 Z 2 Z 2
− −
→ → σ→ Q Qe
V1 − V2 = E · dr = − − uz · dz −

uz = − dz =
1 1 ǫ0 ǫ0 S 1 ǫ0 S

2. On en déduit
Q ε0 S
C= =
V1 − V2 e

Remarque

⋆ Pour e = 5 µm et S = 10−4 m2 , on trouve

C = 0, 18 nF

⋆ Afin d’augmenter les valeurs des capacités, on place un diélectrique entre les armatures de
sorte que la permittivité devienne

ε0 → ε = ε0 εr avec εr = 2 à 1000

⋆ Cette expression permet de comprendre que ε0 s’exprime en F.m−1 .

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VI Bilan
VI.1. Relations entre les opérateurs
−→− → →
− −
→ −−→
On a montré que rot( E ) = 0 avec E = −gradV . Ce résultat est général et s’énonce sous la forme :

Propriété
Tout champ de rotationnel nul est un champ de gradient et réciproquement.


Autrement dit ∀ A :
−→− → →
− −
→ −−→
rot( A ) = 0 ⇐⇒ ∃f A = −gradf

Remarque
On en déduit que le rotationnel d’un gradient est toujours nul
−→ −−→ →
− −
→ →
− →

rot(gradf ) = 0 ∀f soit ∇ ∧ ( ∇f ) = 0 ∀f

De la même manière, on a :
Propriété
Tout champ de divergence nulle est un champ de rotationnel et réciproquement.


Autrement dit ∀ A :

− → →
− − −→− → →

div( A ) = 0 ⇔ ∃ C A = rot( C ) ∀ A

Remarque
On en déduit que la divergence d’un rotationnel est toujours nulle
−→− → →
− − −
→ → − → →

div(rot( A )) = 0 ∀A soit ∇ · (∇ ∧ A ) = 0 ∀A

Enfin,
Propriété
−−→ → −
− → →

∆f = div(gradf ) = ∇ · ( ∇f ) = ∇ 2 f

Tristan Brunier Page 16/17 Année 2011-2012


PSI - Lycée Bellevue Électromagnétisme - chap.II
Physique Formulation locale des lois de l’électrostatique

VI.2. Équations de l’électrostatique


Formulation intégrale Formulation locale
ZZ
→ −−→ Qint
− →
− ρ
Théorème de Gauss E · d2 S = div( E ) = + C.L.
Σ ǫ0 ǫ0
I
→ −
− → −→− → →

Circulation du champ électrostatique E · dℓ = 0 rot( E ) = 0 + C.L.
C
Z B
− −
→ → −
→ −−→
Existence du potentiel électrostatique E · dℓ = V (A) − V (B) E = −gradV
A

ρ
Équation de Poisson ∆V + =0
ǫ

→ − → σ→
Relation de passage E2 − E1 = − n 12
ǫ0

Tristan Brunier Page 17/17 Année 2011-2012

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