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PSI - Lycée Bellevue Électromagnétisme - chap.

VI
Physique Force de Lorentz - Efforts de Laplace

Électromagnétisme - chap.VI
Force de Lorentz - Efforts de Laplace

Ce chapitre s’intéresse aux actions exercées par un champ magnétique sur la matière. Ces actions
sont d’apparence variées puisque les sources de champ magnétique sont diverses (aimants, courants) tout
comme les systèmes sensibles aux forces magnétiques (aimants, courants, particules chargées). C’est cette
diversité qui rend l’étude des actions magnétiques relativement complexe.
C’est d’ailleurs pour cette raison qu’historiquement, un modèle unifiant ces différents aspects n’est
apparu que tardivement, au début du XXème siècle, avec l’introduction d’une force exercée au niveau
microscopique : la force de Lorentz. Notons que la validité d’une telle force est conditionnée par l’existence
de particules élémentaires - traduisant la nature discrète de la matière - ce qui n’était pas évident avant
la découverte de l’électron par J.J Thomson en 1897 !
Nous introduirons l’expression de la force de Lorentz et en présenterons quelques conséquences et
applications. Nous verrons ensuite comme cette force est ressentie par un ensemble de particules chargées
en mouvement, c’est-à-dire par un courant électrique. Dans le cas des conducteurs ohmiques, nous mettrons
alors en évidence l’existence d’un champ de Hall, champ électrique d’origine magnétique. C’est ce champ
qui est responsable des actions exercées sur un conducteur dans son ensemble, appelées actions de Laplace.
Le cas des actions magnétiques exercées sur les aimants ne sera traité qu’avec l’analogie avec une spire
de courant.

I Force de Lorentz
I.1. Expression

Définition :

Une particule de charge q se déplaçant à la vitesse −



v dans un champ

− →

électrique E et un champ magnétique B est soumise à la force de Lorentz :

− −
→ → − →
F Lorentz = q E + −
v ∧B

Considérons une particule chargée, de charge q, se déplaçant à la vitesse −



v dans un référentiel R dans
→ →
− −
lequel règne un champ électromagnétique ( E , B ). La puissance reçue par la particule chargée dans le
référentiel R vaut  

− → → −
− → → →

P = F Lorentz · −

v = q  E + |− ∧ B} · −
v {z →
v =q E ·−
v
⊥−

v

La composante magnétique de la force de Lorentz ne travaille pas : une particule chargée reçoit de l’énergie
uniquement de la part du champ électrique.

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Figure 1 – Force de Lorentz s’exerçant sur une particule chargée.

Propriété
Dans un référentiel R, un particule chargée se déplaçant dans un champ électro-
→ −
− →
magnétique ( E , B ) reçoit la puissance
→ →
− → → −
− → → → →

P = F ·−
v = q (E + −
v ∧ B) · −
v =q E ·−
v

La puissance de la force magnétique est donc nulle.

I.2. Mouvement d’une particule chargée dans un champ magnétique uniforme


a) Hypothèses
:::::::::::::



Considérons une particule chargée évoluant dans un champ magnétique B = B0 ~uz uniforme et per-
manent.
• Système : particule de charge q et de masse m ;
• Référentiel : du laboratoire, supposé galiléen
• Bilan des forces :

→ →
− −

⋆ force magnétique F m = q −

v ∧ B avec B = B0 ~uz ;
⋆ poids m−→g.

Remarque
Pour un électron accéléré par une différence de potentiel de 1 V dans un champ magnétique
d’intensité B = 0, 1 T :
(
me = 9, 1.10−31 kg me g me g
−19
=⇒ ≃ ≃ 1, 35.10−15 ≪ 1
q = −e = −1, 6.10 C Fm qvB

Par conséquent, le poids des particules chargées sera supposé négligeable par rapport à la force
magnétique.

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b) :::::::::::::::
Conservation::::de:::
la::::::::
norme::::
de:::
la:::::::::
vitesse
Projetons le principe fondamental de la dynamique sur le vecteur −

v :
  !


dv − d 1


m ·→
v = q − v ∧ B · −
→ →v ⇒ mv 2 = 0
dt | {z } dt 2
⊥−

v

On retrouve le théorème de la puissance cinétique dans le référentiel galiléen R :


 
dEc d 1 −→
= 2
m v = P(Fm ) = 0 ⇒ Ec = cste donc ||− →
v || = cste
dt dt 2

c) Conservation de la composante longitudinale de la vitesse


::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::

Projetons le principe fondamental de la dynamique sur le vecteur ~uz qui représente la direction du
champ magnétique :  


dv dvz
 − − →
m · ~uz = q →
v ∧ B  · ~uz ⇒ =0
dt | {z } dt


⊥ B =B0 ~
uz

La composante de la vitesse le long du champ magnétique est constante. On en déduit

vz (t) = cste = v0z

où v0z est la composante de la vitesse suivant ~uz initialement (à t = 0 par exemple).

Remarque

− →

Si B n’était pas uniforme en direction, on aurait B = B0 ~u où ~u dépend du point. Dans ce
d−
→v d(−

v · ~u)
cas · ~u 6= car ~u doit être évalué au niveau de la particule et dépend donc aussi du
dt dt
temps.

d) ::::::::::::::
Mouvement:::::::::::::
transverse ::::
de ::
la::::::::::::
particule
Posons −→v = vz ~uz + −
v→ −
→ uz . Posons ~t le vecteur
⊥ où v⊥ est la composante de la vitesse perpendiculaire à ~
unitaire tangent à la vitesse "transversale" de sorte que

v→
⊥ = v⊥ ~
t

L’équation différentielle vérifiée par la vitesse s’écrit

d−
→v q →
− →
− q − →
− d−
→v d−
v→ dvz ~uz d−
v→
v→
⊥ ⊥
= v ∧B = ⊥ ∧ B avec = + =
dt m m dt dt dt dt
soit
d−
→v⊥ q − →

= v→
⊥ ∧ B
dt m
Appelons ~n = ~uz ∧ ~t le vecteur unitaire normal à −
v→
⊥ et à ~
uz . L’équation différentielle devient alors

d−

v⊥ q
= − v⊥ B0 ~n
dt m

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Dans le repère de Frenet (~t, ~n), on a

d−
v→

2
v⊥ dv⊥
=− ~n + ~t
dt R⊥ dt

où R⊥ est le rayon de courbure de la trajectoire dans le plan orthogonal à ~uz .


On en déduit

 2
 v q
 ⊥ =
 v⊥ B0
R⊥ m
 dv
 ⊥=0

dt

p
La seconde équation était prévisible puisque v⊥ = v 2 − vz2 = cste. La première équation montre que
le rayon de courbure de la trajectoire est constant et vaut

m
R⊥ = v⊥ = cste
qB0



Dans un plan perpendiculaire à ~uz (donc à B ), la particule possède un mouvement circulaire. Le sens
de parcours de la trajectoire dépend du signe de la charge :

(
q > 0 ⇒ R > 0 rotation dans le sens trigonométrique
q < 0 ⇒ R > 0 rotation dans le sens horaire

où l’orientation conventionnelle est fixée par ~uz .

La période de rotation et la pulsation associée valent

2π|R⊥ | 2πm 2π |q|B0


T = = soit ωc = =
v⊥ |q|B0 T m

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Remarque
On peut retrouver cette expression à l’aide de la formule de changement de référentiel pour la
dérivée d’un vecteur :
→!
− →!


− dA dA →
− →

∀A = + Ω R′ /R ∧ A
dt dt
/R /R′



où Ω R′ /R est le vecteur rotation de R′ par rapport au référentiel R. Ici, dans le référentiel R
du laboratoire ! →!
− →!

d−→v q B q B
=−→v ∧ = − ∧→−
v
dt m m
/R


En appelant R′ le référentiel déduit de R par une rotation de vecteur Ω on trouve
! !
d−
→v d−→
v → →

= + Ω ∧− v
dt dt
/R /R

Par identification, on trouve


 !
 d→
−v



 dt particule de vitesse constante dans R′
/R′
 →

 →
− qB −
=→ particule en rotation de vecteur →


Ω = −
 ωc ωc dans R
m


Cette relation traduit un mouvement de précession autour de B , à la pulsation |ωc |. Le sens de
précession dépend du signe de la charge q de la particule. ωc est appelée pulsation cyclotron.

e) Mouvement général de la particule


:::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::

le mouvement général peut donc être décomposé en deux mouvements :




– un mouvement rectiligne uniforme le long de B à la vitesse constante vz = v// ;



→ −
→ qB
– un mouvement circulaire uniforme dans le plan normal à B de vecteur rotation ω = − et
m
v⊥
de rayon R = .
ω


Par conséquent, les particules chargées soumises à l’action d’un champ B uniforme d’orientation quel-
conque sont animées d’un mouvement hélicoïdal uniforme.


Le pas p de l’hélice est défini par la distance parcourue parallèlement à B au bout d’une rotation


complète dans le plan normal à B

v//
p = v// ∆t avec ω∆t = 2π ⇒ p = 2π
ω

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Remarque


Si initialement, la vitesse est colinéaire à B , alors v⊥ = 0 et le mouvement est rectiligne et


uniforme suivant B .


Si initialement, la vitesse est normale à B , alors v// = 0 et le mouvement est circulaire et


uniforme dans un plan normal à B .

I.3. Applications
a) Spectrographe de masse
::::::::::::::::::::::::::::

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Figure 2 – Spectrographe de masse.

But : séparer particules de masses différentes. {Exemple : isotopes 12 C et 14 C pour datation de matière
organique}.


1ère phase On ionise la matière à analyser puis on l’accélère à l’aide d’un champ électrique E . La vitesse
d’une particule de charge q plongée dans la différence de potentiel U vaut alors
s
2 |q| U
v2 =
m


2ème phase trajectoire incurvée par B . Le rayon de courbure de la trajectoire vaut alors

mv2 2Um
R= = p
|q| B B |q|

Le rapport des rayons pour deux isotopes de masses m et m′ vaut donc


s

R m′
=
R m

On peut donc séparer les différents isotopes d’un ion. Le rayon le plus grand correspondra à l’isotope
de plus grande masse.

Remarque
On peut aussi séparer ainsi des particules identiques mais ayant des vitesses différentes.

b) ::::::::::::
Cyclotron

Figure 3 – Cyclotron.

Principe Le cyclotron est un type d’accélérateur de particules circulaire inventé par Ernest Orlando
Lawrence en 1931. Dans un cyclotron, les particules chargées placées dans un champ magnétique suivent
une trajectoire en forme de spirale et sont accélérées par un champ électrique alternatif à des énergies de
quelques MeV à une trentaine de MeV.


Les particules chargées sont accélérées par E , puis leur trajectoire suit un demi-cercle lorsqu’elles

− −

pénètrent dans la zone où B existe. Pendant qu’elles parcourent le demi-cercle, le sens de E change de
manière à être à les accélérer à nouveau lorsqu’elles arrivent dans la région centrale.

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E doit changer de sens à chaque demi-tour de la particule : le champ électrique est choisi sinusoïdal
de la forme

E = E0 cos (ω0 t)



Pour que les variations de E soient synchronisées avec le passage des particules dans la zone centrale, il

− π
faut que E change de sens au bout d’une demi-période cyclotron, soit T /2 = . La période de variation
ωc

− 2π
de E est donc la période cyclotron T = . On en déduit ω0 = ωc .
ωc
La vitesse des particules augmentant à chaque passage dans la zone centrale, le rayon de leur trajectoire
augmente également jusqu’à ce qu’elles arrivent à la sortie de l’accélérateur.

Ordres de grandeur Cyclotron de l’université du Michigan : B = 0, 1 T, R = 1 m, p+ ⇒ |ωc | ∼


107 rad.s−1 ⇒ vmax = R |ωc | ∼ 107 m.s−1

Utilisation et intérêt Un cyclotron est un accélérateur de particules de taille minime : de l’ordre de


6 m3 . Il permet la production d’isotopes radioactifs, et en particulier d’oxygène 15 (15 O), de carbone 11
(11 C), d’azote 13 (13 N), et de fluor 18 (18 F), utilisés notamment en médecine. Les isotopes sont obtenus
par l’irradiation d’une cible avec les protons accélérés par le cyclotron.
Le fluor 18 (isotope à demi-vie courte : 109 minutes) permet de fabriquer du fluorodésoxyglucose
(FDG), un sucre radioactif inutilisable par la cellule, qui va s’accumuler préférentiellement dans les zones
cancéreuses, fortes consommatrices de glucose.
Une tomographie à émission de positons (TEP) permettra de détecter de façon particulièrement fine
certains cancers puis de les traiter à des stades très précoces.
Enfin, les particules accélérées à des vitesses relativistes émettent un rayonnement X, appelé "bremss-
trahlung" ou rayonnement de freinage. Ces rayons X peuvent être utilisés pour sonder la matière d’autant
plus précisément que ces rayons sont énergétiques.

Améliorations possibles Les particules atteignant des vitesses relativites, on ne peut plus considérer
ω comme constante. Il faut donc modifier le dispositif :
⋆ soit ր B au fur et à mesure pour que ωc = C te → synchrocyclotron ;
⋆ soit faire varier ω0 pour qu’il s’adapte à ωc → cyclotron synchrone.

De plus, pour augmenter l’énergie communiquée aux particules, on peut :


⋆ ր B, mais max : 10 T, supraconductivité ;


⋆ ր R ⇒ plusieurs km, mais pas B dans toute cette zone !


Aujourd’hui, la plupart des accélérateurs utilisent un champ B seulement dans un anneau et R y est
maintenu constant en modifiant B : c’est le principe des synchrotrons.

Exemples : LEP au CERN (Genève) : diamètre 9 km et B ∼ 0, 1 T { ⇒ p = 100 GeV/c }

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Figure 4 – Schéma d’un synchrotron.

c) Magnétosphère terrestre et aurores polaires


::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::

La Terre crée un champ magnétique du fait de la présence dans son noyau de courants de convection de
particules chargées. Ce champ est assimilable à celui d’un dipôle magnétique. La Terre crée donc des lignes
de champ magnétique autour desquelles des particules chargées peuvent avoir un mouvement hélicoïdal : on
dit que les particules s’enroulent autour des lignes de champ magnétique. Ces lignes de champ constituent
la magnétosphère terrestre.

Figure 5 – Magnétosphère terrestre et son interaction avec le vent solaire.

Lors des éruptions solaires, le Soleil émet de nombreuses particules chargées (essentiellement des élec-
trons et des protons) avec des vitesses très importantes (entre 300 et 800 km/s). Ces particules constituent
le vent solaire.
Lorsque le vent solaire atteint la Terre, les particules chargées sont déviées par les lignes de champ
magnétique terrestre et n’arrivent pas sur Terre. Certaines restent à très grande distance de la Terre,
d’autres sont piégées dans des zones appelées ceintures de Van Allen.

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Figure 6 – Ceintures de Van Hallen

Seules quelques particules atteignent les pôles (elles sont canalisées par les cornets polaires) et peuvent
alors arriver dans l’atmosphère terrestre. Ces particules vont alors exciter les molécules de l’ionosphère
qui, en se désexcitant, vont émettre des longueurs d’ondes visibles (bleu et rouge pour les molécules de
diazote, vert et rouge pour le dioxygène) : c’est le magnifique phénomènes d’aurores polaires.

Figure 7 – Aurores polaires de toute beauté.

d) :::::::::::::::
Confinement:::: du :::::::::
plasma::::::
dans::::
un::::::::::::
Tokamak

Un tokamak est une chambre de confinement magnétique destinée à contrôler un plasma pour étudier
la possibilité de la production d’énergie par fusion nucléaire. C’est une technologie de recherche expérimen-
tale qui est, avec le confinement inertiel par laser, candidate pour permettre à long terme la production
d’électricité en récupérant l’énergie thermique qui serait produite par la réaction de fusion nucléaire.
Inventé au début des années 1950 par les Russes Igor Tamm et Andreï Sakharov, le terme tokamak
vient du russe (toroïdalnaïa kamera s magnitnymi katushkami : en français, chambre toroïdale avec bobines
magnétiques). Pour réaliser les réactions de fusion, il faut atteindre des températures de l’ordre de la dizaine
de millions de kelvin ! Il faut de plus que la probabilité de rencontre des particules soit très élevé.
On confine donc des particules chargées grâce à des lignes de champ magnétique. Ces particules sont
des molécules ionisées et forment un plasma qui est chauffé à la température souhaitée par effet Joule (on
fait passer un courant très intense dans le plasma), par des lasers, et par des ondes électromagnétiques.

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Figure 8 – Lignes de champ magnétique dans un Tokamak.

II Champ de Hall et effet Hall


II.1. Champ de Hall
Reprenons le bilan des forces exercées sur un porteur de charge d’un conducteur. En présence d’un
champ magnétique, il faut aussi prendre en compte l’action du champ magnétique sur la charge en mou-
vement.
Considérons un conducteur fixe dans un référentiel galiléen dans lequel existe le champ électromagné-
→ →
− −
tique ( E , B ). L’équation du mouvement d’un porteur de charge, de masse m et de charge q s’écrit, par
application du principe fondamental de la dynamique :

d−
→v −
→ → − → m →
m =q E +−
v ∧B − −v
dt τ

d−
→v →

En régime permanent ou dans l’A.R.Q.S., = 0 , et cette équation devient
dt


→ qτ −
→ − →

v = E +→
v ∧B
m
soit, en posant →
− = nq −

v = ρ−

v


−
− = γ → →
− →
− 1
E + RH  ∧ B avec RH = constante de Hall
nq

Remarque
On identifie ici la vitesse d’un porteur de charge et la vitesse moyenne des porteurs de charge.
Un traitement rigoureux exigerait de suivre un système fermé élémentaire constitué d’un grand
nombre de porteurs de charge (de manière à définir des grandeurs moyennes) et de déterminer
son évolution en lui appliquant le principe fondamental de la dynamique. Cette approche sera
plus amplement étudiée dans le cours de mécanique des fluides.

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Propriété
Dans un référentiel galiléen et dans l’A.R.Q.S., un conducteur fixe soumis à un


champ magnétique B vérifie la loi d’Ohm locale :
−
→ →

 = γ E + RH −

− → ∧B

1
où RH = est appelée constante de Hall du matériau (en m3 .C−1 ), n étant le
nq
nombre de porteurs de charge mobiles par unité de volume et q leur charge.

On en déduit




→ →

E = − RH −

 ∧B
γ
Le champ électrique possède donc deux contributions : l’une colinéaire à →
− qui assure la conduction
électrique, l’autre orthogonale à −

 , appelée champ de Hall.

Définition :

Dans un conducteur ohmique fixe dans un référentiel galiléen et soumis



− →

à un champ magnétique B , on appelle champ de Hall E H la composante
du champ électrique orthogonale aux lignes de courant :




→ →
− −
→ →

E = + EH avec E H = −RH −

 ∧B (champ de Hall)
γ

Évaluons l’importance relative du champ de Hall :




k E H k |RH |jB
≃ = γ |RH | B
k−→
k j
γ γ
• Pour un champ de 1 T appliqué à un conducteur métallique comme le cuivre, de conductivité γ ≃
5, 7.107 S.m−1 et de densité volumique de porteurs de charge n = 8, 4.102 8 m−3 , on a


1 1 −11 3 −1
kE Hk
|RH | = ≃ ≃ 7, 4.10 m .C ⇒ − → ≃ 5, 7.107 × 7, 4.10−11 = 4.10−3 ≪ 1
28
ne 8, 4.10 × 1, 6.10 −19 kk
γ
Le champ de Hall est négligeable devant le champ qui assure la conduction électrique.
• Pour un même champ magnétique appliqué à un semi-conducteur comme l’arséniure de gallium GaAs,
qui lorsqu’il est dopé possède une conductivité γ ≃ 102 S.m−1 et une densité volumique de porteurs de
charge n = 1, 5.1021 m−3 , on a


1 1 −3 3 −1
kE Hk
|RH | = ≃ ≃ 4, 2.10 m .C ⇒ − ≃ 4, 2.10−3 × 102 = 0, 4
ne 1, 5.1021 × 1, 6.10−19 k→k
γ

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Le champ de Hall ne peut donc pas être négligé dans un semi-conducteur.


Remarque
La constante de Hall d’un semi-conducteur est près de 8 ordre de grandeurs supérieure à celle
d’un métal !

Propriété
Le champ de Hall sera généralement négligeable dans un métal mais pas dans un
semi-conducteur.

Le champ de Hall peut donner naissance à deux principaux effets en fonction de la géométrie des
conducteurs :


ou bien −→ est imposé par la géométrie Dans ce cas, la direction de E est modifiée ce qui génère une
tension transverse : c’est l’effet Hall ;


ou bien E est imposé par la géométrie Dans ce cas, les lignes de courant sont modifiées et la résis-
tance du conducteur aussi : c’est l’effet de magnétorésistance.

Nous étudions succinctement chacun des deux cas dans la suite.

II.2. Effet Hall et applications


a) Principe
::::::::::

Considérons une plaque de conducteur (ou de semi-conducteur) parcourue par un courant d’intensité I


selon ~uy et plongée dans un champ magnétique uniforme et permanent B = B~uz .
~uz


→ ~uy
B

~ux

face 2
I

face 1 q−

v

Figure 9 –


Si le courant est homogène, l’intensité qui traverse une section de vecteur surface S de la plaque vaut


I =− → · S avec − → = nq −→
v
où −
→ est la densité volumique de courant, n la densité numérique des porteurs de charge (en m−3 ), q leur
charge et −
→v leur vitesse.

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Remarque
Quelle que soit la charge q des porteurs de charge, →
− est dans le sens de q →

v.

Les porteurs de charge sont soumis à la composante magnétique 1 de la force de Lorentz à savoir

→ →

f m = q−

v ∧ B = qvB ~uy ∧ ~uz = qvB ~ux

Sous l’action de la force fm , les porteurs de charge s’accumulent sur la face 1 tandis que la face 2 se
dégarnit en porteurs de charge.


→ −

B B

⊕ ⊕ ⊕ ⊕ ⊕ ⊖ ⊖ ⊖ ⊖ ⊖

→ I −
→ I
fm fm
⊖ ⊖ ⊖ ⊖ ⊖ q−

v ⊕ ⊕ ⊕ ⊕ ⊕ q−

v
Conduction par des électrons Conduction par des trous

Figure 10 –

Les faces 1 et 2 portent une charge opposée et se comportent comme un condensateur plan. Il apparaît
donc une différence de potentiel entre les faces latérales 1 et 2 et donc un champ électrique, appelé champ


de Hall E H .

~uz


→ ~uy
B

~ux

⊕ ⊕ ⊕ ⊕ ⊕
a −


− fe I


EH f m
b ⊖ ⊖ ⊖ ⊖ ⊖ q−

v

Figure 11 –
1. En fait, si un courant traverse le conducteur, c’est qu’une différence de potentiel a été appliquée à ses bornes. Il existe
donc un champ électrique longitudinal qui provoque un mouvement d’ensemble des porteurs de charges.

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En régime permanent, les lignes de courant suivent le conducteur, sinon il y aurait accumulation de
charges sur les bords. Ce régime permanent ne peut être atteint que si la force électrique due au champ
de Hall compense la force magnétique. On en déduit

→ →
− →
− →
− →
− →
− →
− →

f e + f m = 0 soit q E H + q −

v ∧ B = 0 ⇒ E H = −−

v ∧ B = −RH −

 ∧B

On retrouve bien l’expression du champ de Hall, valable en régime permanent.


Remarque
Le champ de Hall est dirigé perpendiculairement au courant et au champ magnétique et vaut,
en norme

− IB
|| E H || = |RH jB| =
n|q| S
où S = ab est la section du conducteur.

La différence de potentiel UH entre la face 1 et la face 2, appelée tension de Hall vaut


Z 2 Z 2
→ −
− → → −
− → IB
UH = V1 − V2 = E H · dℓ = (−RH −
→ ∧ B ) · dℓ =
1 1 nqb


où b est la dimension transversale du conducteur le long du champ B .
Effet Hall
Soit un barreau conducteur immobile dans un référentiel galiléen et traversé par un
courant d’intensité I. En présence d’un champ magnétique transverse, une différence
de potentiel, appelée tension de Hall UH , apparaît dans une direction orthogonale
au courant et au champ magnétique. Cette tension est proportionnelle à l’intensité
du courant, au champ magnétique et à la constante de Hall du matériau :

B
UH = RH I
b


où b est la dimension caractéristique du conducteur dans la direction de B . En
parle d’effet Hall.

Remarque
L’effet Hall, sous sa version classique, a été découvert en 1879 par le physicien américain Edwin
Herbert Hall. Le Prix Nobel de physique a été attribué en 1985 pour l’effet Hall quantique entier
et en 1998 pour l’effet Hall quantique fractionnaire.

b) :::::::::::::::
Applications :::de::::::::
l’effet ::::::
Hall
L’effet Hall possède deux applications importantes : il permet de caractériser des matériaux conducteurs
ou semi-conducteurs mais il intervient aussi dans la mesure de champs magnétiques. En effet, pour un
conducteur parallélépipédique de largeur a et d’épaisseur b :
Z
→ −
− → I
UH = − E H · dℓ = RH jB a avec j =
ab

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soit
IB
UH = RH
b

Si le champ magnétique, l’intensité et les dimensions du matériau sont connues la mesure de UH


donne accès non seulement la constante de Hall du matériau (en mesurant la tension de Hall UH )
mais aussi au type de porteurs de charge. En effet, le signe de UH dépend de la charge q des porteurs
de charge, c’est-à-dire du fait que les porteurs de charge majoritaires sont des électrons (cas des
métaux ou des semi-conducteurs dopés N) ou des trous (cas des semi-conducteurs dopés P ).

Si l’intensité et les caractéristiques du matériau sont connues la mesure de UH donne accès à la


valeur du champ magnétique dans la direction transversale au courant et au champ de Hall.

Propriété
La mesure de la tension de Hall permet :
⋆ soit de caractériser un matériau en mesurant RH = 1/(nq). On a ainsi accès au
type de porteurs de charge et à leur densité.
⋆ soit de mesurer un champ magnétique. Compte-tenu des ordres de grandeurs pour
la tension de Hall, on utilisera de préférence des matériaux semi-conducteurs.

Figure 12 –

Remarque
Un champ magnétique se mesure avec un teslamètre, relié à une sonde de Hall. La sonde de Hall
est constituée d’un matériau semi-conducteur de dimensions connues. Le teslamètre impose un
courant dans la sonde, mesure la tension de Hall au niveau de la sonde et affiche la valeur du
champ magnétique.

II.3. Effet de magnétorésistance


Un disque d’axe (Oz), d’épaisseur h faible et de conductivité γ, est percé en son centre (voir figure 13).
Le rayon intérieur du disque, situé en r = a, est porté au potentiel V1 = U tandis que le rayon extérieur,
situé en r = b, est porté au potentiel V2 = 0. Un courant électrique circule de l’intérieur vers l’extérieur
du disque.

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Figure 13 –

Étudions l’effet d’un champ magnétique sur la conductivité effective du disque.


Le problème peut être traité en coordonnées polaires dans le plan du disque. La symétrie du problème

− −−→
impose un potentiel de la forme V = V (r) de sorte que E = −gradV = E(r) ~ur en coordonnées cylindriques
d’axe (Oz). En présence d’un champ magnétique, la densité volumique de courant n’est a priori pas


colinéaire à E du fait de la loi d’Ohm locale
−
→ →


− →

 = γ E + RH  ∧ B

où l’on a supposé le conducteur fixe.


Posons en toute généralité et compte-tenu des symétries −

 (r) = jr (r) ~ur + jθ (r) ~uθ . La loi d’Ohm locale
s’écrit alors :
      (
jr E jθ jr = γ (E + RH B0 jθ )
=γ + RH B0 soit
jθ 0 −jr jθ = −γRH B0 jr

On en déduit
 γ
jr 1 + γ 2 RH
2
B02 = γE soit jr = 2
E
1+ γ 2 RH B02
Pour la composante radiale, tout se passe comme si la conductivité électrique diminuait en présence
du champ magnétique.
L’intensité du courant qui traverse le disque est obtenue en calculant le flux de −

 à travers le bord
d’un disque épais de rayon r et d’épaisseur h soit
ZZ Z
− · −−→ 2π
I= → d2 S = h jr (r) r dθ = 2πrh jr (r)
S θ=0

On constate que I ne dépend que de jr et pas de jθ .


Pour une différence de potentiel donnée, c’est-à-dire pour un champ électrique donné, la présence d’un
champ magnétique diminue la valeur de jr , c’est-à-dire de I. On en déduit que la résistance électrique du
disque diminue. La variation relative de la résistance vaut

|∆R| |∆γ|
= = γ 2 RH
2
B02
R γ

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Pour du silicium non dopé, on a RH = 600 m3 .C−1 et γ = 3.10−4 S.m−1 de sorte que dans un
champ B0 = 1 T :
|∆R|
= (3, 4.10−4)2 × 6002 × 12 = 3, 2%
R
La variation relative de résistance est faible mais mesurable ! On parle d’effet de magnétorésistance.
Remarque
C’est sur ce principe que fonctionne les disques durs. Toutefois, la quantité d’information sto-
ckée a considérablement augmenté suite à la découverte, par le français Albert Fert, de l’effet
de magnétorésistance géante (prix Nobel en 2007). Cet effet d’origine quantique a permis d’at-
teindre des variations relatives de résistance électrique bien plus importantes.

III Efforts de Laplace


III.1. Définition et expression

Définition :

On appelle actions de Laplace l’ensemble des forces exercées par un


champ électromagnétique sur un conducteur.

Un conducteur est constitué :


⋆ de charges mobiles (porteurs de charge) ;
⋆ de charges fixes (appartenant au réseau).


La force qui s’exerce sur un élément de volume dτ du conducteur en présence d’un champ magnétique B
vaut

− →
− →

d3 F = d3 F mob + d3 F fix
avec

− −
→ → − →
d3 F mob = ρmob d3 τ E + − v ∧B

− →

d3 F fix = ρfix d3 τ E

− →

où d3 F mob est la force élémentaire exercée sur les charges mobiles et d3 F fix est la force élémentaire exercée
sur les charges fixes. On a noté ρmob et ρfix respectivement les densités volumiques de charge des charges
mobiles et fixes.
En régime permanent :
→ −
− → →
− →
− →

E = + EH = − RH −
→ ∧B
γ γ
On en déduit
!

−

− →

d3 F fix = ρfix d3 τ + EH
γ
 

− →
− 

− →
− →

d3 F mob = ρmob d3 τ  + E H + − →
v ∧ B  = ρmob d3 τ
γ | {z } γ


=0

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Comme le volume dτ du matériau est globalement neutre, on a

ρmob dτ + ρfix dτ = 0 soit ρfix = −ρmob

de sorte que
" !#
−
→ −


→ →
− →
− →

d3 F = ρmob d3 τ − + EH = −ρmob d3 τ E H = ρmob d3 τ →

v ∧B
γ γ



Ainsi la force élémentaire d3 F qui agit sur le conducteur n’est due qu’à l’action du champ de Hall sur
les charges fixes du conducteur. En régime permanent, on trouve donc


− → → −
− →
d3 F = ρmob d3 τ →

v ∧B =−
 ∧ B d3 τ

Propriété
La force élémentaire de Laplace exercée sur un volume d3 τ de conducteur, soumis


au champ magnétique B , a pour expression


− →

d3 F L = −

 ∧ B d3 τ

où →
− est la densité volumique de courant.



Pour un conducteur filiforme, −
→ d3 τ → I dℓ. On en déduit l’expression de la force


élémentaire de Laplace exercée sur un élément de courant I dℓ :


− → −
− →
d F L = I dℓ ∧ B

Contrairement à la force de Lorentz, la force de Laplace est d’origine électrique et


peut fournir un travail au conducteur.

Remarque
D’après le raisonnement précédent, on constate que les forces de Laplace résultent de l’action
du champ de Hall sur le réseau cristallin du conducteur. Les porteurs de charge, quant à eux,
sont soumis à deux forces qui se compensent : l’action du champ de Hall et la force magnétique.

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Remarque

− −→
On en déduit la résultante F L et le moment MO en un point O des forces de Laplace :
ZZZ

− →
− →

FL =  ∧ B dτ
ZZZ conducteur
−→ −−→ − →

MO = OM ∧ →  ∧ B dτ
M ∈conducteur

Pour un conducteur filiforme C, ces expressions se simplifient en


Z

− → −
− →
FL = I dℓ ∧ B
ZC

→ −−→  − → − →
MO = OM ∧ I dℓ ∧ B
C

~ B,
Figure 14 – (I dℓ, ~ dF~L ) forme un trièdre direct.

Remarque
→ −
− → − →
On remarque que (I dℓ, B , d F L ) forme un trièdre direct. Il est donc possible de retrouver l’orien-
tation de la force en utilisant la règle des trois doigts de la main droite ou celle du tire-bouchon.

III.2. Définition de l’Ampère


On considère deux fils rectilignes infinis, parallèles entre eux et distants de r = 1 m, traversés par le
même courant, de même sens et de même intensité constante I1 = I2 = I. Déterminer la force de Laplace
exercée par un fil sur une longueur L = 1 m de l’autre si I = 1 A.

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~uz

I1 I2
× ~ux

→ ~uy
I2 dℓ
L →

d F 1→2
× −→ µ 0 I1
B1 = ~uy
2πr

fil 1 fil 2

Le champ magnétostatique créé par le fil 1 en un point M du fil 2 vaut


→ µ 0 I1
B1 = ~uy
2πr
où le trièdre (~ux , ~uy , ~uz ) est représenté sur la figure ci-dessus.


La force élémentaire de Laplace exercée par le fil 1 sur un élément de courant I2 dℓ = I2 dℓ ~uz du fil 2
vaut donc

− → −
− → µ 0 I1 I2 µ 0 I1 I2
d F 1→2 = I2 dℓ ∧ B 1 = dℓ ~uz ∧ ~uy = − dℓ ~ux
2πr 2πr
La force de Laplace qui s’exerce sur une longueur L du fil 2 vaut donc
Z

→ →
− µ 0 I1 I2
F 1→2 = d F 1→2 = − L ~ux
2πr

On remarque que la force de Laplace entre deux fils parcourus par un courant de même sens est une
force attractive !
Pour I1 = I2 = I = 1 A, r = 1 m et L = 1 m et µ0 = 4π.10−7 H.m−1 :


− µ0
|| F 1→2 || = = 2.10−7 N

La valeur de cette force permet de définir l’ampère (A), qui est l’une des unités fondamentales du
système d’unités international (S.I.).

Définition :

L’ampère est l’intensité d’un courant continu qui, maintenu dans deux
fils distants de 1 m, produit entre eux une force de 2.10−7 N par unité de
longueur.

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III.3. Efforts de Laplace exercés sur une spire de courant par un champ magnétiq
Considérons une spire circulaire C de rayon R et d’axe (Oz), parcourue par un courant d’intensité I
constante.


La spire est plongée dans un champ magnétique uniforme et permanent B 0 . On choisit l’axe (Ox) d’un


repère cartésien de sorte que B 0 appartiennent au plan (xOz) :


B 0 = B0x ~ux + B0z ~uz avec B0x = cste et B0z = cste

On cherche à décrire l’action du champ magnétique sur le dipôle en déterminant la résultante et le


moment résultant des efforts de Laplace.

La résultante des efforts de Laplace est donnée par


 
I I −  →

→ − −
→ →  → − →

FL= I dℓ ∧ B 0 = I  dℓ ∧ B 0 = 0
C  C 
| {z }


=0

Remarque
La résultante des efforts étant nulle, le torseur des actions de Laplace est ici un torseur couple.
Le moment résultant ne dépend donc pas du point de réduction.

Calculons le moment résultant des efforts au point O en utilisant un système de coordonnées cylin-
driques d’axe Oz
I Z 2π

− −−→  − → − →
ΓO = OM ∧ I dℓ ∧ B 0 = R ~uρ ∧ [IRdθ ~uθ ∧ (B0x ~ux + B0z ~uz )]
C θ=0
Z 2π
2
= I R B0x ~uρ ∧ (~uθ ∧ ~ux ) dθ
θ=0

où l’on a utilisé le fait que ~uθ ∧ ~uz //~uρ et B0x = cste.


Le vecteur ~uθ = − sin θ ~ux + cos θ ~uy étant le vecteur tangent à la spire, on en déduit
Z 2π

− 2
Γ O = IR B0x ~uρ ∧ (− cos θ ~uz ) dθ
θ=0
Z 2π
2
= IR B0x cos θ ~uθ dθ
θ=0

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Comme ~uθ dépend de l’angle θ, on projette sur les axes fixes ~ux et ~uy
Z 2π


Γ O = IR2 B0x cos θ [− sin θ ~ux + cos θ ~uy ] dθ
θ=0
= I πR2 B0x ~uy

où l’on a utilisé la relation


Z 2π Z 2π
1 2 21
cos θ dθ = hcos θi = ⇒ cos2 θ dθ = π
2π 0 2 0



On peut alors définir le moment dipolaire magnétique par M = IπR2 ~uz de sorte que

→ →
− −
→ − →
Γ O = I πR2 ~uz ∧ B 0 = M ∧ B 0

Définition :

Le moment dipolaire magnétique d’une distribution filiforme plane de


courant est défini par
−→ →

M=I S


où S = S ~n est le vecteur surface orienté d’après le sens I > 0.

On admet que les résultats établis dans le cas d’une spire circulaire se généralisent à toute distribution
de courant plongée dans un champ magnétique uniforme.

Propriété
Les actions de Laplace exercées par un champ magnétique uniforme sur une
distribution de courant sont caractérisées par :
⋆ Une résultante nulle :

− →

FL= 0
⋆ Un moment résultant :

→ −
→ −→
ΓL = M∧ B


où M est le moment dipolaire magnétique de la distribution de courant. Le couple

→ →

magnétique qui tend à orienter le moment dipolaire M dans le sens de B .

Remarque
C’est le principe de fonctionnement des boussoles. La boussole est un petit dipôle qui s’oriente
dans le sens du champ magnétique terrestre et repère le pôle nord magnétique.

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Figure 15 – (À gauche) Le couple tend à aligner M ~ et B~ pour atteindre une position d’équilibre stable.
(À droite) La position d’équilibre est instable : une petite perturbation induit un couple qui écarte M~ de
sa position d’équilibre.

Figure 16 – La limaille de fer ayant des propriétés magnétiques (moment dipolaire non nul), elle s’oriente
le long du champ magnétique et permet d’observer les lignes de champ magnétique. C’est sur ce principe
que fonctionne les boussoles, qui possèdent un moment magnétique permanent.

Remarque


On montre que la résultante des efforts exercés par un champ extérieur non uniforme B sur
−→
un dipôle magnétique de moment dipolaire M s’écrit :

− −→ −−→ − →
F L = M · grad B

La force tend à entraîner le dipôle vers les régions de champ intense.

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