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PSI - Lycée Bellevue Électromagnétisme - chap.

VIII
Physique Équations de Maxwell dans le vide

Électromagnétisme - chap.VIII
Équations de Maxwell dans le vide
L’étude de l’électromagnétisme statique et des phénomènes d’induction nous ont permis d’établir des
équations locales pour le champ électromagnétique.
Ces équations, proposées par James Clerk Maxwell dans une série de publications s’étalant de 1856 à
1864, constituent l’expression même des lois fondamentales de l’électromagnétisme classique, permettant
de décrire la structure du champ électromagnétique.
Grâce à cette théorie, Maxwell expose la possibilité de transmettre des signaux par ondes radio, pré-
diction confirmée par Hertz en 1888. Cette théorie permet également de décrire la propagation des ondes
électromagnétiques.
Nous étudions dans ce chapitre la validité de ces équations, qui s’apparentent aux équations du mou-
vement pour le champ électromagnétique. Nous développerons également l’aspect énergétique associé au
champ électromagnétique.

I Le système des équations de Maxwell


I.1. Équation de conservation de la charge
Considérons une surface fermée et fixe Σ contenant un volume V (Σ) et notons QV la charge électrique
totale contenue dans ce volume à la date t.
La charge totale contenue dans V (Σ) ne peut varier que si des charges rentrent ou sortent de la
surface Σ, c’est-à-dire s’il existe un courant électrique qui traverse la surface. Autrement dit, il n’y a pas
de création spontanée de charge électrique.
On note IΣ = Isortant − Ientant l’intensité du courant qui sort de la surface. On a alors
dQV
= −IΣ
dt
le signe "−" provenant du fait que la charge QV diminue lorsque IΣ > 0.

−

IΣ −2→
dS

QV Σ

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Mais on peut exprimer IΣ en fonction de la densité volumique de courant →


− :
ZZ
−−→
I = − → · d2 S
Σ

On en déduit une équation qui traduit la conservation de la charge électrique :


ZZ
dQV −−→
+ − →
 · d2 S = 0
dt Σ

Cette équation possède un équivalent local. En effet, chacun des deux termes de cette équation peut
être exprimé d’une façon différente.
En notant ρ(M, t) est la densité volumique de charges (à la date t et au point M), on a :
ZZZ ZZZ
3
dQV ∂ρ 3
QV (t) = ρ(M, t) d V ⇒ = d V Σ fixe
V dt V (Σ) ∂t

Par ailleurs, le théorème de Green-Ostrogradsky permet d’écrire


ZZ ZZZ

− −−

2
 ·d S = div(−→ ) d3 V
Σ V (Σ)

L’équation de conservation de la charge conduit à


ZZZ ZZZ
∂ρ 3
dV + div(−

 ) d3 V = 0
V (Σ) ∂t V (Σ)

Cette équation est valable quelle que soit la surface fermée et fixe Σ. En faisant tendre cette surface vers
un point, on obtient la relation locale
∂ρ
+ div(−→
)=0 (1)
∂t

Propriété
L’équation de conservation de la charge s’écrit, sous sa forme locale :

∂ρ
+ div(−

)=0
∂t
où ρ = ρ(M, t) est la densité volumique de charge et →
− = →
− (M, t) est la densité
volumique de courant, au point M et à la date t.

Cette équation s’écrit sous forme intégrale :


ZZ
dQV −−→
+ − →
 · d2 S = 0
dt Σ

où Σ est une surface fermée et QV est la charge totale contenue dans Σ.

Remarque
Cette équation traduit le fait que la charge contenue dans un volume donné ne peut varier que
si des chargent entrent ou sortent du volume : il n’y a donc pas de création de charges.

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I.2. Les équations de Maxwell dans le vide


Il existe un lien très fort entre les charge et les courants d’une part et les champs électrique et ma-
gnétique d’autre part. En effet, les charges et les courants peuvent tout aussi bien générer un champ
électromagnétique que subir les effets d’un champ électromagnétique.
Dans les chapitres précédents, nous avons obtenu les équations de Maxwell dans le cadre des régimes
lentement variables (A.R.Q.S.) :


− ρ
div( E ) = (2)
ε0


−→− → ∂B
rot( E ) = − (3)
∂t


div( B ) = 0 (4)
−→− →
rot( B ) = µ0 →
− (5)
→ −
− →
Les équations de Maxwell relient les variations des champs E et B aux sources qui, à la fois, les créent
et subissent leurs actions.
Toutefois les équations de Maxwell sont incompatibles avec l’équation de conservation de la charge. En
effet, prenons la divergence de l’équation (5) :
h−→−→i − → −
→ − →
div rot B = ∇ · ∇ ∧ B = 0 = µ0 div(− →)

On en déduit
∂ρ
div(−

)=0 INCOMPATIBLE AVEC div(−

)=−
∂t
On aboutit à une contradiction puisque ρ peut très bien dépendre du temps dans le cas général. Il faut
donc modifier l’équation de Maxwell-Ampère en régime variable.
Pour ce faire, introduisons dans l’équation (5) une grandeur −

 , assimilable à une densité volumique
D
de courant supplémentaire et sorte que :
−→− →
rot( B ) = µ0 (−

 +−

D ) avec div(−

 +−

D ) = 0

On doit donc avoir, d’après l’équation de conservation de la charge


∂ρ
div(−

 +−

D ) = div(−

 ) + div(−

D ) = 0 ⇒ div(−

D ) =
∂t

− ρ
En utilisant l’équation div( E ) = , on a
ε0
→!


→ →
− ∂ρ ∂ →
− ∂ E
ρ = ε0 div( E ) = div(ε0 E ) ⇒ = div(−

D ) = div(ε0 E ) = div ε0
∂t ∂t ∂t

où l’on a permuté les dérivées temporelles et spatiales, puisque le point d’étude est fixe.
On peut donc choisir



→ ∂E
D = ε0
∂t


D est équivalent à une densité volumique de courant. Ces courants équivalents sont appelés courants de
déplacement.

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Équations de Maxwell dans le vide


Les équations du mouvement du champ électromagnétique sont appelées équations
de Maxwell. Elles s’écrivent

− ρ
(Maxwell-Gauss) div( E ) =
ε0


−→− → ∂B
(Maxwell-Faraday) rot( E ) = −
∂t


(Maxwell-Thomson) div( B ) = 0
→!

−→→ − ∂ E
(Maxwell-Ampère) rot( B ) = µ0 (−

 +−

 D ) = µ0 →

 + ε0
∂t

ρ = ρ(M, t) est la densité volumique de charge ;


− = −
→ →
 (M, t) est la densité volumique de courant de conduction ;



− ∂E
D = ε0 est la densité volumique de courant de déplacement ;
∂t

Remarque
Ces équations sont à compléter par l’expression de la force d’interaction entre un champ élec-
tromagnétique et la matière chargée

− −
→ → − →
F Lorentz = q E + − v ∧B

Remarque
Ces équations sont toujours valables. Toutefois, les densités volumiques de charges et de cou-
rants sont parfois difficiles à exprimer. En effet, le champ électromagnétique peut induire dans
la matière des dipôles électriques et magnétiques microscopiques, qui, à leur tour, créent un
champ électromagnétique. On distingue alors d’une part les véritables densités de charges et
de courants ρlibres et −

libres et, d’autre part, les densités de charges et de courants induites ρliés
et −

liés :
ρ = ρlibres + ρliés et −→ =− →libres + −

liés

I.3. Courants de déplacement


Afin d’évaluer l’importance des courants de déplacement, on compare les densités volumiques de courant
de conduction et de déplacement pour chaque problème à résoudre en calculant


∂E (
kε0 k courants de déplacement négligeables
α= ∂t ⇒ α ≪ 1


kk α≫1 courants de conduction négligeables

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− = γ −
Évaluons l’importance des courants de déplacement dans les conducteurs ohmiques tels que →

E


et en supposant que E est sinusoïdal de pulsation ω :
 →


− →
− ∂E
 =γE
 kε0 k ε0 ω

− ∂t
∂E → ⇒ α = k−
− → ∼
−
 →
D = ε0 ∼ ε0 ω E  k γ
∂t
Plus le matériau est conducteur, plus les courants de déplacement seront négligeables devant les cou-
rants de conduction. En revanche, plus la fréquence est élevée, plus les courants de déplacements seront
importants.
On donne les ordres de grandeurs suivants pour un champ électrique de fréquence f = 1 MHz, soit ω =
2π.106 rad.s−1 :
⋆ pour le cuivre (γ = 6.107 S.m−1 ) : α = 1, 1.1012 ≫ 1 ;
⋆ Pour un sol argileux (γ ≃ 10−4 S.m−1 ) : α = 1, 8 ≃ 1 ;
⋆ Pour du verre (γ ≃ 10−6 S.m−1 ) : α = 1, 8.10−2 ≪ 1.

II Formulation intégrale des lois de l’électromagnétisme


D’après le théorème de Helmholtz, tout champ de vecteur est entièrement déterminer (au gradient
d’une fonction scalaire près) par son rotationnel et sa divergence. On en déduit, en utilisant les théorèmes
de Green-Ostrogradsky et Stokes, qu’un champ de vecteur est caractérisé par son flux à travers une surface
fermée et par sa circulation d=sur un contour fermé.

II.1. Loi de Faraday


Soit un contour C fermé et fixe et notons Σ(C) une surface (fixe) s’appuyant sur le contour C et dont la
normale est orientée, à partir de l’orientation de C, suivant la règle du tire-bouchon. Calculons la circulation


sur C du champ électrique E :
I ZZ
→ −
− → −→− → −−→
E · dℓ = rot( E ) · d2 S (théorème de Stokes)
C Σ(C)
ZZ →

∂ B −− →
= − · d2 S (équation de Maxwell-Faraday)
Σ(C) ∂t
ZZ
d → −−
− →
= − B · d2 S (Σ fixe)
dt Σ(C)

= −
dt
où Φ est le flux du champ magnétique à travers le contour fermé et orienté C. Par ailleurs,
I
→ −
− →
E · dℓ = e
C

est la force électromotrice induite le long du contour C.


Finalement, on retrouve la loi de Faraday

e=−
dt

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Loi de Faraday
La loi de Faraday prend les formes suivantes :


−→− → ∂B
rot( E ) = − (forme locale)
∂t

e = − (forme intégrale)
dt
où e est la f.e.m. généré par un contour fermé C et Φ est le flux du champ magnétique
à travers C, tous deux orienté à partir de l’orientation de C.

II.2. Flux magnétique


−−→
Considérons une surface fermée Σ délimitant un volume V (Σ) et notons d2 S un élément de surface
orienté suivant la normale sortante. Calculons le flux du champ magnétique sortant de la surface Σ :
ZZ ZZZ
→ −−
− →
2 →

B ·d S = div( B )d3 V (théorème de Green-Ostrogradsky)
Σ V (Σ)
= 0 (équation de Maxwell-Thomson)

On retrouve la conservation du flux magnétique.


Conservation du flux magnétique
La conservation du flux magnétique est traduite par les formes suivantes :


div( B ) = 0 (forme locale)
ZZ
→ −−→

B · d2 S = 0 (forme intégrale)
Σ

où Σ est une surface fermée.

Figure 1 – Le flux magnétique traversant S1 est égal à celui traversant S2 si les deux surfaces sont
orientées dans le même sens.

Remarque
La conservation du flux magnétique, établi en magnétostatique, reste valable en régime dépen-
dant du temps.

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II.3. Théorème de Gauss


−−→
Considérons une surface fermée Σ délimitant un volume V (Σ) et notons d2 S un élément de surface
orienté suivant la normale sortante. Calculons le flux du champ électrique sortant de la surface Σ :
ZZ ZZZ
→ −−
− →
2 →

E ·d S = div( E ) d3 V (théorème de Green-Ostrogradsky)
Σ V (Σ)
ZZZ
ρ 3
= dV (équation de Maxwell-Gauss)
V (Σ) ε0

Qint
=
ε0
où Qint est la charge contenue dans Σ : ZZZ
Qint = ρ d3 V

On retrouve le théorème de Gauss.


Théorème de Gauss
Le théorème de Gauss peut s’écrire


− ρ
div( E ) = (forme locale)
ε0
ZZ

− −−
→ Qint
E · d2 S = (forme intégrale)
Σ ε0

où ε0 et la permittivité du vide, ρ(M, t) est la densité volumique de charges, Σ


est une surface fermée dont la normale est sortante et Qint est la charge électrique
contenue dans Σ.

Remarque
Le théorème de Gauss, valable en électrostatique, reste valable en régime dépendant du temps.

II.4. Équation de Maxwell-Ampère


Soit un contour C fermé et fixe et notons Σ(C) une surface (fixe) s’appuyant sur le contour C et dont la
normale est orientée, à partir de l’orientation de C, suivant la règle du tire-bouchon. Calculons la circulation


sur C du champ électrique B :
I ZZ
→ −
− → −→− → −−→
B · dℓ = rot( B ) · d2 S (théorème de Stokes)
C Σ(C)
ZZ ZZ

− −−→
2 →
− −−→
= µ0  · d S + µ0 D · d2 S (équation de Maxwell-Ampère)
Σ(C) Σ(C)
ZZ →

∂ E −− →
= µ0 Ienlacée + µ0 ε0 · d2 S
Σ(C) ∂t

On retrouve l’équivalent du théorème d’Ampère, généralisé à un régime variable.

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Théorème d’Ampère généralisé


Le théorème d’Ampère généralisé prend les formes suivantes :
→!

−→− → ∂ E
rot( B ) = µ0 −→ + ε0 (forme locale)
∂t
I ZZ −

→ −
− → ∂ E −− →
B · dℓ = µ0 Ienlacée + µ0 ε0 · d2 S (forme intégrale)
C Σ(C) ∂t

où ε0 est la permittivité du vide, µ0 est la perméabilité du vide, →


− = −

 (M, t) est
la densité volumique de courant, C est un contour fermé enlaçant l’intensité Ienlacée
et où Σ(C) est une surface s’appuyant sur C.

Remarque
Par rapport au théorème d’Ampère appliqué en magnétostatique, il apparaît un terme supplé-
mentaire dû aux courants de déplacement.

II.5. Application au champ électromagnétique créé par un condensateur


On considère un condensateur plan, constitué de deux plaques métalliques circulaires en regard, placé
dans un circuit comme indiqué sur la figure a).

a) Importance des courants de déplacement


::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::

Considérons un contour d’Ampère Γ entourant le fil reliant le générateur de tension au condensateur.


La surface Σ1 s’appuie sur ce contour et intercepte le fil conducteur. La surface Σ2 s’appuie aussi sur le
contour, mais passe entre les armatures sans couper les lignes de courant électrique. Nous nous plaçons en
régime variable.

Si l’on applique le théorème d’Ampère, on obtient



R → −− →
→  µ 0 Σ1 −
I
→ −
−  · d2 S = µ0 i(t) sur Σ1
B · dℓ = −−→
Γ µ R −→
 · d2 S = 0 sur Σ2
0 Σ2

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La circulation de B sur Γ prend donc deux valeurs distinctes ce qui paraît absurde : le théorème
d’Ampère tel qu’il est utilisé en magnétostatique ne s’applique pas ici. Il faut tenir compte des courants
de déplacement.

b) :::::::::::::::::
Détermination:::: du:::::::::
champ ::::::::::::
électrique
Le théorème de Gauss étant valable en régime variable, si l’on note Q(t) et −Q(t) la charge des
armatures du condensateur, on aura, comme en électrostatique, un champ uniforme entre les armatures :


→ Q(t)
E = ~uz
ε0 S

où ~uz est la normale aux armatures. Ce résultat est valable si les effets de bord sont négligeables.

c) Détermination du champ magnétique


::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::

Un champ magnétique peut être créé par deux types de courant, qui jouent exactement le même rôle :
– les courants de conduction
– les courants de déplacement
Ici, les courants de conduction ne sont non nuls que dans les fils conducteurs. Dans le cas d’un conduc-
teur homogène, la densité volumique de courant de conduction vaut − →
 = I/s ~uz où s est la section des fils
traversés par l’intensité i(t).
D’autre part, les courants de déplacement sont nuls partout excepté entre les armatures du condensa-
teur. La densité volumique de courant de déplacement vaut alors



→ ∂E 1 dQ
 D = ε0 = ~uz
∂t S dt

La distribution de courant compète, incluant les courants de conduction et de déplacement, est symé-
trique par rapport à tout plan contenant les fils rectilignes qui mènent aux armatures. On en déduit que
le champ magnétique, qui est un pseudo-vecteur, est orthoradial.
L’invariance par rotation autour de l’axe des fils indique qu’en coordonnées cylindriques, les compo-
santes du champ ne dépendent pas de l’angle θ de rotation autour de l’axe.
On en déduit


B (M) = B(r, z) ~uθ

Appliquons le théorème d’Ampère au contour Γ, supposé circulaire de rayon r et d’axe Oz et placé


entre les armatures :
 −−→
R − → →
− 2
I

− →


µ 0 Σ 1
(  + D ) · d S = µ0 i(t) sur Σ1 qui intersecte le fil
B · dℓ = B(r, z)2πr = −−→ dQ
µ0 Σ (−
R → − → 2
Γ   + D ) · d S = µ0 sur Σ2 , disque parallèle aux aramtures
2
dt

dQ
On retrouve bien un résultat cohérent car = i(t).
dt
On en déduit le champ magnétique entre les armatures :


→ µ0 i µ0 dQ
B (M) = ~uθ = ~uθ
2πr 2πr dt

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III Potentiel électromagnétique


III.1. Existence des potentiels
À partir des équations de Maxwell dans le vide, il est possible d’établir un lien entre, d’une part, les
champs électrique et magnétique, et d’autre part le potentiel électrique et le potentiel vecteur.
L’équation de Maxwell-flux


div( B ) = 0


conduit naturellement à l’existence d’un potentiel vecteur A tel que
→ −
− →−→ →

B = rot( A ) A potentiel vecteur
h−
→− → i → −
− → − → →

∧ V}) = 0 ∀ C .
En effet, on rappelle que div rot( C ) = ∇ · (|∇ {z


⊥∇

De l’équation de Maxwell-Faraday


−→− → ∂B
rot( E ) = −
∂t
on déduit
−→− → ∂ −→−→
rot( E ) = − rot( A )
∂t
→!

−→ ∂A
= −rot
∂t
Par conséquent
→!
− →!

−→− → −→ ∂A −→ →− ∂A →

rot( E ) + rot = rot E + = 0
∂t ∂t



→ ∂A
Le vecteur E + dérive donc d’un potentiel scalaire V de sorte que
∂t

− →

→ ∂A
− −−→ →
− −−→ ∂A
E+ = −grad(V ) soit E = −grad(V ) −
∂t ∂t
−→ −−→ → −→
− →

En effet, on rappelle que rot(gradf ) = ∇ ∧ (∇f ) = 0 ∀ f .
Propriété


En régime variable, les potentiels scalaire V et vecteur A sont définis par



→ −→− → −
→ −−→ ∂A
B = rot( A ) et E = −grad(V ) −
∂t

Remarque
On retrouve le champ électromoteur de Neumann lorsque le champ magnétique est variable



→ ∂A
Em = − champ électromoteur de Neumann
∂t

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III.2. Notion de jauge



− −
→ →

Les potentiels V et A ne sont pas uniques : les seules grandeurs physiques sont les champ E et B
dont l’action sur la matière peut être étudiée directement.


Supposons que V et A soient des potentiels vérifiant


→ −
− →− → →
− −−→ ∂A
B = rot( A ) et E = −grad(V ) −
∂t
Dans ces conditions, le vecteur
→′ −
− → −−→
A = A + gradΨ
où Ψ est une fonction dérivable quelconque, est aussi un potentiel vecteur. En effet
−→− → −→− → −→ −−→ −→− → →

rot( A ′ ) = rot( A ) + rot(gradΨ) = rot( A ) = B
| {z }


=0
Afin que le champ électrique reste le même, le potentiel scalaire V doit être transformé en
∂Ψ
V′ = V −
∂t
de sorte que

− ! →
− →


→ −−→ ′ ∂ A′ −−→ −−→ ∂Ψ ∂A ∂ −−→  −−→ ∂A
E = −grad(V ) − = −grad(V ) + grad − − gradΨ = −grad(V ) −
∂t ∂t ∂t ∂t ∂t

Propriété


Il existe une infinité de couples de potentiels (V, A ) déduits les uns des autres par
une transformation, appelée transformation de jauge :
→ Ψ
− →

(V, A ) −→ (V ′ , A ′ )

avec
∂Ψ
V′ = V −
∂t
→′
− − −−→

A = A + gradΨ

où Ψ est une fonction dérivable quelconque.

Remarque
Afin de fixer de manière unique les potentiels, on impose généralement un jauge. La jauge
généralement choisie est la jauge de Lorentz pour laquelle


− ∂V
div( A ) + µ0 ε0 =0
∂t
En régime stationnaire, on retrouve la jauge de Coulomb


div( A ) = 0

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IV Distributions surfaciques
IV.1. Modélisation surfacique
Les équations des Maxwell font intervenir des distributions volumiques de charges et de courants.
Lorsque l’épaisseur de ces distributions est très faible, on peut les assimiler à des distributions surfaciques.
Dans ce cas, on définit des densités surfaciques de charges et de courants

σ = lim ρ e densité surfacique de charges


e→0
s = lim −

− →e densité surfacique de courants
e→0

où e est l’épaisseur de la distribution.

Les densités surfaciques de charges et de courants étant finie et non nulle, on en déduit que, dans une
modélisation surfacique, les densités volumiques divergent

ρ → ∞ et ||−

 || → ∞ pour e → 0

Propriété
Les équations de Maxwell ne sont pas valables sur une surface chargée ou sur une
nappe de courant.

Remarque
Afin de déterminer les champs et potentiel au voisinage de la surface, on utilise les relations de
passage qui traduisent leurs continuités et leurs discontinuités.

~ et V
IV.2. Relations de passage pour E
Considérons une surface chargée de densité surfacique de charges σ. Cette surface sépare deux milieux,
notés 1 et 2 et possède une normale portée par le vecteur unitaire ~n12 , orienté de 1 vers 2.

Nous admettons les relations de passage pour le champ électrique à la traversée de la surface chargée.

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Relations de passage pour le champ électrique


À la traversée d’une surface chargée

⋆ La composante tangentielle du champ électrique est continue



→ →

E 2T (P, t) = E 1T (P, t)

⋆ La composante normale du champ électrique est discontinue


→ →
− σ(P, t)
E 2N (P, t) − E 1N (P, t) =
ε0
Ces relations sont résumées par la relation vectorielle


→ →
− σ(P, t)
E 2 (P, t) − E 1 (P, t) = ~n12 (P, t)
ǫ0

où P est un point de la surface chargée.

n12 n12

E2n
milieu 2 A E2t milieu 2 A
Surface chargée Surface chargée
milieu 1 E1t milieu 1
E1n
Continuité de la composante tangentielle de E Discontinuité de la composante normale de E

Remarque
Sur une surface chargée, les relations de passage su substituent aux équations de Maxwell dont
elles découlent.

Propriété
Le potentiel scalaire V est continu à la traversée d’une surface chargée

V2 (P, t) = V1 (P, t)

~ et A
IV.3. Relations de passage pour B ~
Considérons une nappe de courant de densité surfacique de courants − →
s . Cette surface sépare deux
milieux, notés 1 et 2 et possède une normale portée par le vecteur unitaire ~n12 , orienté de 1 vers 2.
Nous admettons les relations de passage pour le champ magnétique à la traversée de la nappe de
courant.

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Relations de passage pour le champ magnétique


À la traversée d’une nappe de courant

⋆ La composante normale du champ magnétique est continue



→ →

B 2N (P, t) = B 1N (P, t)

⋆ La composante tangentielle du champ magnétique est discontinue



→ →

B 2T (P, t) − B 1T (P, t) = µ0 −

s (P, t) ∧ ~n12 (P, t)

Ces relations sont résumées par la relation vectorielle


→ →

B 2 (P, t) − B 1 (P, t) = µ0 −

s (P, t) ∧ ~n12 (P, t)

où P est un point de la surface chargée.

n12 n12

B2n
milieu 2 A B2t milieu 2 A
Surface parcourue Surface parcourue
milieu 1 B1t par des courants milieu 1 B1n par des courants

Discontinuité de la composante tangentielle de B Continuité de la composante normale de B

Remarque
Sur une nappe de courant, les relations de passage su substituent aux équations de Maxwell dont
elles découlent.

Propriété


Le potentiel vecteur A est continu à la traversée d’une nappe de courant

→ →

A 2 (P, t) = A 1 (P, t)

V Description énergétique du champ électromagnétique


V.1. Densité volumique d’énergie
Dans les chapitres précédents, nous avons établi les expressions des densités volumiques d’énergie
électrique ue et magnétique um :
ε0 E 2 B2
ue = et um =
2 2µ0

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Physique Équations de Maxwell dans le vide

Ces expressions sont valables, même en régime dépendant du temps, dans tout milieu de permittivité ε0
et de perméabilité µ0 .
La densité volumique d’énergie électromagnétique est alors la somme des contributions électriques et
magnétiques
ε0 E 2 B 2
uem = ue + um = +
2 2µ0

Propriété
La densité volumique d’énergie électromagnétique dans le vide vaut

ε0 E 2 B 2
uem = ue + um = +
2 2µ0

V.2. Vecteur de Poynting


Considérons une surface fermée et fixe Σ délimitant un volume V (Σ).

−2→
dS

L’énergie électromagnétique totale Uem contenue dans V (Σ) vaut


ZZZ
Uem = uem dτ
V (Σ)

où uem est la densité volumique d’énergie électromagnétique.


Déterminons la variation de l’énergie Uem par rapport au temps
ZZZ ZZZ
dUem d ∂uem
= uem dτ = dτ
dt dt V (Σ) V (Σ) ∂t

où l’on a permuté la dérivée temporelle et l’intégrale car le volume V (Σ) est fixe.

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En utilisant l’expression de la densité volumique d’énergie électromagnétique uem , on obtient



− →

∂uem → ∂E
− 1 −→ ∂B
= ε0 E · + B·
∂t ∂t µ0 ∂t
et d’après les équations de Maxwell

− →

∂E 1 − →− → ∂B −→− →
ε0 = −−→
 + rot( B ) et = −rot( E )
∂t µ0 ∂t
on a finalement
∂uem −
→ 1 h−
→ − →− → → −
− →− →i
= −− →
 ·E+ E · rot( B ) − B · rot( E )
∂t µ0
Cette expression peut être transformée à l’aide d’une formule d’analyse vectorielle
→ −
− → → −
− → − → → −
− →− → → −
− →− →
div( E ∧ B ) = ∇ · ( E ∧ B ) = B · rot( E ) − E · rot( B )

On en déduit → −
− →
∂uem →
− →
− →
− −
→ E∧B
= −  · E − div( Π ) avec Π =
∂t µ0


Le vecteur Π est appelé vecteur de Poynting.

Définition :

On définit le vecteur de Poynting par


→ −
− →

→ E∧B
Π =
µ0

V.3. Bilan énergétique pour le champ électromagnétique


Reprenons le bilan énergétique sur le volume V (Σ) en utilisant le vecteur de Poynting :
ZZZ ZZZ ZZZ
dUem ∂uem →
− →
− →

= dτ = −  · E dτ − div( Π ) dτ (6)
dt V (Σ) ∂t V (Σ) V (Σ)

Cette relation est valable pour tout volume V (Σ). En particulier, en faisant tendre la surface V (Σ)
vers un point, cette relation est valable localement et l’on obtient

∂uem →
− →

+ div( Π ) = −−

 ·E
∂t
Afin d’interpréter les différents termes de cette équation, revenons à l’équation (6). On reconnaît dans
le premier terme du membre de droite l’opposé de la puissance reçue par les porteurs de charge
ZZZ

− →

PLorentz =  · E dτ
V (Σ)

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Le signe − provient du fait que cette énergie est cédée par le champ électromagnétique aux porteurs de
charge.
Le second terme n’a pas d’interprétation claire sous la forme d’une intégrale de volume. Cependant, le
théorème de Green-Ostrogradsky permet de l’exprimer sous la forme d’une intégrale de surface
ZZZ ZZ

→ → −−→

div( Π ) dτ = Π · d2 S
V (Σ) Σ



Ce terme, homogène à une puissance, s’interprète comme le flux de Π à travers la surface Σ : c’est la
puissance rayonnée à travers Σ par le champ magnétique.

dSext
(V)
Π

(Σ)

On en déduit le bilan de puissance suivant, pour un volume quelconque

dUem
= −PLorentz − Pray
dt

ZZZ
PLorentz = − · →
→ −
E dτ puissance reçue par les porteurs de charges
V (Σ)
ZZ
→ −−→

Pray = Π · d2 S puissance rayonnée à travers Σ
Σ

Propriété
La puissance rayonnée par un champ électromagnétique à travers une surface Σ
est égale au flux du vecteur de Poynting à travers Σ :
ZZ
→ −−
− →
Pray = Π · d2 S
Σ



|| Π || est une densité de flux d’énergie et s’exprime en W.m−2 .

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Propriété
La variation d’énergie électromagnétique dans un volume donné est due :
⋆ à la puissance cédée à la matière ;
⋆ à la puissance rayonnée vers l’extérieur.
Le bilan de puissance électromagnétique est décrit par l’équation de Poynting :

∂uem →
− →

+ div( Π ) = −−→ ·E (forme locale)
∂t
ZZZ ZZ ZZZ
d → −−
− 2
→ →
− →

uem dτ + Π · d S = −  · E dτ (forme intégrale)
dt V (Σ) Σ V (Σ)

où Σ est une surface fermée.

Remarque
On note l’analogie entre les équations de conservation de la charge et l’équation traduisant le
bilan de puissance pour le champ électromagnétique. L’équation

∂ρ
+ div(−

)=0
∂t
traduit la conservation de la charge : la variation temporelle de la charge ne peut être due qu’à
un flux de porteurs de charge.
L’équation
∂uem →

+ div( Π ) = 0 (en l’absence de porteurs de charge)
∂t
traduit la conservation de l’énergie : en l’absence de porteurs de charge, la variation temporelle
de l’énergie électromagnétique ne peut être due qu’à un flux d’énergie.


Le terme en −− → · E correspond à un terme de source (ou de dissipation) qui ne peut pas
apparaître dans l’équation de conservation de la charge. L’énergie électromagnétique peut être
convertie en une autre forme d’énergie alors que la charge ne peut être ni créée, ni absorbée.

V.4. Application : bilan énergétique pour un fil conducteur


Considérons un fil conducteur, assimilé à un conducteur cylindrique de rayon a et d’axe Oz. Notons i(t)
l’intensité du courant qui traverse le fil. On suppose que le courant est uniforme dans le conducteur.
Le champ magnétique créé par le fil est de la forme

 µ i(t) r

−  0
 ~uθ à l’intérieur
B (M, t) = 2πa2
µ i(t)
 0

 ~uθ à l’extérieur
2πr

Le champ électrique à l’intérieur du conducteur ohmique est lié à la densité volumique de courant par

− = γ −
→ → →
− i(t)
E ⇒ E (M, t) = ~uz
γ πa2

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Le théorème de Poynting appliqué à une portion de conducteur Σ de longueur ℓ


ZZ ZZZ
dEem → −−
− →
2 →
− →

= − Π · d S ext −  · E d3 V
dt Σ V (Σ)

Or
ZZZ − 2
→ i2
− · −
→ → 3
EdV = 2
ℓ πa = ℓ = Ri2
γ γ πa 2
V (Σ)
 
ZZ ZZ
→ −−→
− 1  i(t) µ0 i(t)  i2 µ0 i2
Π · d2 S ext =  2
~u z ∧ ~
u θ  · (d2
S~
u r ) = − 2 a3 γ
× ℓ2πa = 2 γ
× ℓ = −Ri2
Σ Σ µ 0 γ πa 2πa
| {z } 2π πa
en r = a

La puissance électromagnétique reçue par le conducteur vaut PJ = Ri2 : c’est aussi la puissance rayon-
née par le champ électromagnétique à travers la surface latérale du conducteur. En régime stationnaire,
l’énergie électromagnétique contenue dans le câble ne varie pas de sorte que
* +
dEem
= 0 ⇒ PJ = Pray
dt

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