Vous êtes sur la page 1sur 58

D AV I D P O W L I S O N

POWLISON
C E Q U E DI E U VE U T FA I RE DE VOT RE

DAV I D
C O L È RE , I RRI TAT I O N ET A ME RT UME
Du plus jeune nourrisson au plus vénérable grand-
père, la colère est une expérience humaine
universelle. Nous nous mettons tous en colère,
souvent de la mauvaise manière. Mais la colère peut
être une façon légitime de réagir face au mal et une D A V I D P O W L I S O N
puissante motivation à l’action en faveur des victimes
d’injustices.

David Powlison affirme que la colère n’est pas


« un problème à régler », quelque chose dont nous
devons nous débarrasser. La colère est une réponse
complexe d’êtres humains qui vivent dans un monde
complexe. Nous devons apprendre à la gérer pour
qu’elle produise de beaux fruits.

L’auteur examine les racines de la colère en portant


son regard à un endroit très surprenant : la colère
de Dieu lui-même. Powlison rappelle que Dieu se
met lui aussi en colère. Mais la colère de Dieu ne Ce que Dieu veut faire de votre colère, irritation et amertume
se transforme pas en manipulation ou en tentative
de contrôle. Non, sa colère est bonne et source
de rédemption. Il est à la fois notre modèle pour le
changement mais aussi la puissance qui permet
ce changement.

Chrétien en colère vous aidera à exprimer plus


souvent votre colère de manière juste, constructive
et qui portera de beaux fruits. Powlison offre des
conseils pratiques à ceux qui luttent avec l’irritation,
le mécontentement ou l’amertume et une aide
David Powlison est avisée pour réagir de manière constructive quand les
directeur de la Christian choses ne se passent pas comme vous l’auriez aimé.
Counseling & Educational
Foundation (CCEF) créée
il y a près de cinquante ans
dans le but de former à la
relation d’aide et d’apporter
un soutien psychologique
et pastoral enraciné dans 19,90€
ISBN 978-2-36249-456-7
la Bible. Il a écrit plusieurs
livres sur la relation entre
foi et psychologie. 9 782362 494567
David Powlison n’approche pas la colère comme une maladie à soigner
ou un vice à éliminer. Après tout, la Bible décrit aussi bien Jésus que son Père
céleste comme étant parfois en colère. Ne cherchez pas dans ce livre la “solu-
tion” à la colère. Vous y trouverez au contraire un examen assidu des vérités
bibliques et un Évangile d’espérance qui nous donne la possibilité d’être à la
fois bons et en colère.
D. A. Carson
Professeur-chercheur spécialisé dans le Nouveau Testament
à « Trinity Evangelical Divinity School »
et cofondateur de The Gospel Coalition

Ce qui est génial avec la manière d’écrire et de conseiller de David Powlison,


c’est qu’il n’a pas peur de se salir les mains alors qu’il apporte l’Évangile aux
racines mêmes des problèmes que nous rencontrons. Ses discussions n’abordent
pas seulement la réalité de nos luttes, mais aussi celle de son propre combat et
de ses recherches de secours dans des domaines où nous nous sentons, pour
la plupart d’entre nous, soit incapables soit pas suffisamment audacieux pour
nous y frotter. Cependant, même si les problèmes auxquels il s’attaque sont
parfois profondément troublants, les vérités bibliques qu’il met en lumière
sont extrêmement réalistes et rafraîchissantes. Il n’hésite pas à creuser dans
son propre cœur pour nous aider à trouver une voie de restauration biblique
pour le nôtre.
Bryan Chapell
Auteur de Grâce infinie,
pasteur de « Grace Presbyterian Church » à Peoria, Illinois

Je pense qu’il m’est parfois arrivé de vivre une colère juste. La plupart du
temps, ma colère est clairement du côté injuste. Dans ce livre rempli de sagesse
et très pratique, David Powlison puise dans ses riches capacités à comprendre le
cœur humain dans le but d’aborder l’un des plus gros problèmes de l’humanité :
la colère et tout ce qui y conduit.
Philip Ryken
Président de Wheaton College, Illinois

David Powlison fait appel à la fois à sa vision chrétienne du monde et à son


expérience d’accompagnateur pour bousculer notre compréhension de nous-
mêmes et de la colère en particulier. Il analyse les effets de la chute sur cette
émotion et nous montre comment la replacer sous l’autorité du Christ. Ce livre
est donc bien plus qu’un simple manuel de gestion de la colère : il renouvelle
notre compréhension de la rédemption et de ses effets sur nos émotions.

Jean-Philippe Bru
Professeur de Théologie Pratique à la Faculté Jean Calvin
Ce livre est écrit par un homme d’expérience. Chaque page reflète la
longue pratique de la relation d’aide de l’auteur. David Powlison a accompagné
toutes les formes de colère et les récits qui agrémentent son exposé sont d’un
tel réalisme que l’on rentre facilement dans l’ouvrage. L’auteur nous dévoile
les rouages de la colère, qu’il analyse et diffuse. Ce livre m’a profondément
touché, me renvoyant à tout le travail qui reste à faire dans mon propre cœur.
Il m’a aussi équipé pour accompagner ceux qui ont laissé la colère prendre le
dessus. La colère humaine est si universelle que l’on ne peut que recommander
la lecture de ce livre. Le lecteur en tirera une approche biblique et concrète afin
de rétablir des relations malmenées ou brisées par la colère.
Florent Varak
Directeur pour « Équiper et revitaliser les Églises »
de la mission Encompass World Partners,
président des Éditions CLE et professeur d’homilétique à l’IBG

David Powlison nous invite au fil des pages de ce livre à un voyage à la


découverte de la colère dans toutes ses facettes et ses répercussions. Partant du
constat que la colère fait partie de notre nature humaine, marquée par le péché,
l’auteur nous aide à comprendre qu’elle est bien plus qu’une simple émotion ou
qu’une quelconque passion de l’âme. La colère est analysée sous le microscope,
de même que ses effets dans nos vies et celles des personnes que nous côtoyons.
David Powlison va plus loin qu’un simple diagnostic, il nous offre une véritable
thérapeutique de la colère. Le texte biblique ouvre une dynamique de change-
ment, sans jamais perdre de vue la dimension pratique et relationnelle. Utile pour
soi, comme pour accompagner les autres, ce livre aidera tout lecteur à parcourir
de belles étapes pour marcher de progrès en progrès…
Paul Millemann
Psychologue et formateur,
chargé de cours à l’IBG et à la Faculté Jean Calvin,
doctorant en théologie

David Powlison nous aide à aborder notre colère avec clarté, quelle qu’en
soit sa forme. Ce livre concerne vraiment tout le monde, et son approche
ressemble à une sorte d’interaction de relation d’aide avec un conseiller. Que
vous soyez ou non conscient de votre problème de colère, vous avez besoin de
lire ce livre. Chrétien en colère est une ressource exceptionnelle pour tout un
chacun, que vous soyez parent ou enseignant, pasteur ou missionnaire.

Gloria Furman
Blogueuse et co-auteure de Ministère féminin centré sur la Parole
Nous sommes tous concernés par la colère et chacun en a une représen-
tation particulière : un sentiment, des sensations ou encore des expériences
douloureuses ou destructrices, souvent tout à la fois. Il est rare de pouvoir
prendre le temps de se poser les bonnes questions sur notre colère et pas
seulement dans ce que nous vivons, mais surtout dans la manière dont notre
Créateur la voit et la considère : ce livre nous le permet d’une façon admirable.
L’auteur dépeint un portrait lucide de notre colère et de ses conséquences dans
notre vie et nous accompagne dans les Écritures pour en appréhender les enjeux
spirituels et diriger notre cœur vers notre Père, le seul capable de nous faire
grandir durablement.
Samuel Laurent
Psychologue et conseiller biblique

David Powlison possède une combinaison rare de trois caractéristiques :


une bonne connaissance de l’Évangile et des Saintes Écritures, une bonne
connaissance de la nature humaine et une habileté exceptionnelle de jouer
avec les mots. Dans Chrétien en colère, le Dr Powlison articule avec brio et
profondeur comment l’Évangile transforme notre cœur pour que la colère ne
soit pas vue comme un ennemi, mais plutôt comme une porte d’entrée dans
notre cœur, par laquelle Dieu veut s’introduire pour faire une œuvre de gloire.
Je recommande vivement la lecture de ce livre sur la colère, qui à mon avis, n’a
pas son pareil en français actuellement.
Matthieu Caron
Président de la Fondation du counseling biblique,
professeur titulaire de counseling biblique à SEMBEQ à Montréal

Détruire pour reconstruire est toujours un exercice périlleux. David


Powlison a osé emprunter cette voie pour aborder l’un des plus grands indi-
cateurs de notre égoïsme, la colère ! D’abord, avec sagesse et discernement, il
nous fait découvrir par l’Écriture tous les mécanismes de la colère. Ensuite,
sans complaisance et sans fausse pudeur David Powlison se dévoile de manière
honnête et touchante évitant ainsi une réflexion trop théorique ! Mais tout ne
s’arrête pas là ! Si je dis que le processus est périlleux, c’est parce que l’auteur
nous fait cheminer depuis une colère égoïste et injuste vers une colère trans-
formée par Christ pour devenir juste et bonne ! Nous n’avons pas atteint ce
stade, alors courons vers le but en oubliant ce qui est en arrière et en tendant
vers ce qui est en avant !
Mike Evans
Président d’Évangile 21
Aucun d’entre nous n’échappe au vif inconfort que suscitent les émotions
et les désirs appartenant au spectre de la colère. Ce problème nous frustre, nous
attriste, et bien souvent nous rend esclaves. Nous avons besoin d’un guide plein
de grâce et de sagesse pour nous indiquer la direction de la miséricorde divine.
David Powlison est un homme de paix et ses paroles dans ce livre respirent la
sagesse en nous indiquant la direction vers la grâce de Christ qui transforme.
Puisque la colère nous concerne tous, nous avons tous besoin de ce livre.

Heath Lambert
Auteur de Être libre c’est possible,
directeur exécutif d’« Association of Certified Biblical Counselors »

Chrétien en colère de Powlison est désormais devenu, bien légitimement, le


premier livre que je recommande sur le thème de la colère. Sans parler du fait
qu’il s’agit selon moi de la réponse chrétienne la plus sage et la plus complète
qui soit sur les sujets de la haine de soi et de la colère envers soi-même.

Tony Reinke
Auteur de Génération smartphone,
présentateur du podcast Ask Pastor John (www.desiringgod.org)

Depuis des années, les écrits de David Powlison ont été une ressource très
utile dans mon ministère pastoral. Chrétien en colèrew se place dans cette
lignée, proposant une réflexion pertinente concernant une des émotions les
plus universelles qui soient. Pour le laïc comme pour le pasteur chevronné,
ce livre est une aide précieuse pour tous ceux qui souhaitent comprendre les
racines de la colère. Ce faisant, Powlison amène son lecteur, avec tendresse et
délicatesse, à se laisser envelopper par la grâce de Dieu.
Stephen T. Um
Pasteur principal de « Citylife Presbyterian Church » à Boston
D A V I D P O W L I S O N

Ce que Dieu veut faire de votre colère, irritation et amertume.


Édition originale publiée en langue anglaise sous le titre :
Good and Angry : Redeeming anger, irritation, complaining, and
bitterness • David Powlison
© 2016 • David Powlison
Publié par New Groth Press • Greensboro, NC 27404 • USA
Traduit et publié avec permission. Tous droits réservés.

Édition en langue française :


Chrétien en colère : Ce que Dieu veut faire de votre colère, irritation et
amertume • David Powlison
© 2018 • BLF Éditions • www.blfeditions.com.
Rue de Maubeuge • 59164 Marpent • France.
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés.

Traduction : Antoine Doriath


Couverture : Seegn.
Mise en page : BLF Éditions
Impression n° XXXXX • IMEAF • 26160 La Bégude de Mazenc

Sauf mention contraire, les citations bibliques sont tirées de la Bible version
Segond 21 Copyright © 2007 Société biblique de Genève. Reproduit avec
aimable autorisation. Tous droits réservés. Les caractères italiques sont
ajoutés par l’auteur du présent ouvrage. Les autres versions sont indiquées
en abrégé de la manière suivante : La Bible du Semeur (BDS), la Nouvelle
Bible Segond (NBS), la Colombe (COL), Parole vivante (PVV), Sagesse
vivante (SVV).
Reproduit avec aimable autorisation. Tous droits réservés.

Une coédition BLF Éditions et Évangile 21

ISBN 978-2-36249-456-7 broché


ISBN 978-2-36249-457-4 numérique

Dépôt légal 2e trimestre 2018


Index Dewey : 241 (cdd23)
Mots-clés : 1. Colère.
Je dédie ce livre à Mark et Karen Teears,
Barbara Juliani et à New Growth Press.

Merci.
Grâce à votre persévérance, à votre humilité,
et à votre serviabilité,
nous avons réussi à publier ce livre.

Nous avons été, ensemble, témoins d’un miracle de la grâce,


et les anges se sont réjouis !
Table des matières

Remerciements.....................................................................................11
Introduction .........................................................................................13

SECTION 1
NOTRE EXPÉRIENCE
Chapitre 1
Des gens en colère............................................................................... 23
Chapitre 2
Avez-vous un sérieux problème avec la colère ?...............................41
Chapitre 3
Êtes-vous concerné ?........................................................................... 43

SECTION 2
QU'EST-CE QUE LA COLÈRE ?
Chapitre 4
« Je suis contre »....................................................................................59
Chapitre 5
Tout en vous participe à la colère ......................................................71
Chapitre 6
Nature, éducation… et nature humaine ......................................... 89
Chapitre 7
Le mécontentement constructif de la compassion..............................
Partie I : Patience et pardon .............................................................101
Chapitre 8
Le mécontentement constructif de la compassion..............................
Partie II : Amour et conflit constructif ..........................................121
Chapitre 9
Bon et en colère ?................................................................................139
Chapitre 10
La meilleure colère, le meilleur amour...........................................151
SECTION 3
COMMENT CHANGER
Chapitre 11
Un miroir face à votre colère............................................................165
Chapitre 12
La grâce qu’il accorde est plus grande encore ...............................179
Chapitre 13
Huit questions :.........................................................................................
Déconstruire votre colère pour vous reconstruire ...................... 197

SECTION 4
S’ATTAQUER AUX CAS DIFFICILES
Chapitre 14
« Je ne pourrai jamais l’effacer de ma mémoire ! »........................ 227
Chapitre 15
Les colères de tous les jours............................................................. 247
Chapitre 16
Vous arrive-t-il de vous mettre en colère..............................................
contre vous-même ? .......................................................................... 263
Chapitre 17
La colère contre Dieu ....................................................................... 283

Un dernier mot ................................................................................. 301


Notes ...................................................................................................315
À propos d’Évangile 21 ....................................................................317
Remerciements
Je suis reconnaissant de ce que ma foi ait été façonnée dans le
passé, et qu’elle continue à l’être aujourd’hui par des hommes et
des femmes qui ont compris que vivre en chrétien signifie mener
la vie d’un être humain honnête, sage et humble. Toute aptitude
humaine, toute activité humaine, tout espace de la vie humaine
étaient conçus pour mériter le jugement « très bon », ce que nous
étions autrefois en vertu de notre création à l’image de Dieu. Mais
nous ne le sommes jamais à cause de notre chute. Mais nous le
redevenons dans la personne de Jésus. Parce qu’il nous aime,
sa colère agit comme la colère devrait agir, et sa compassion a
toujours le dernier mot en tous ceux qui l’aiment. Parce qu’il
aime, il reconstruit tout ce qui est humain – y compris cette chose
difficile, rebelle et destructive que nous appelons la colère – afin
que nous lui ressemblions.

11
Introduction

Nous avons tous personnellement connu des colères qui ont


dérapé. Nous avons tous un jour laissé éclater notre colère. Nous
avons tous un jour dû subir la colère de notre prochain. Nous
avons entendu et vu des gens se mettre en colère les uns contre les
autres. D’une certaine manière, vous êtes tous les jours victimes
d’une certaine forme de colère qui a mal tourné, que ce soit votre
propre colère ou celle d’autrui.
Elle est souvent bénigne : frustrations, ronchonnements,
irritation. Elle est souvent masquée : pensées critiques, agres-
sions passives. Elle est parfois même enfouie : cachée de notre
conscience, recouverte de plaisanteries, anesthésiée par des dis-
tractions, l’activisme ou des psychotropes. Trop souvent, elle est
intense : amertume, hostilité, violence. Ne soyons donc pas sur-
pris si, dans la liste des péchés caractéristiques que Paul énumère,
une moitié appartient à la famille de la colère (Galates 5 : 19-21).
Et pourtant, la bonne colère est un bien appréciable. La bonne
colère clame haut et fort : « Ceci est mal ! » et elle agit afin de
protéger l’innocent et le démuni. Elle dit : « Ceci est mal ! » et
nous donne l’énergie pour nous attaquer aux vrais problèmes.
Dieu, qui est bon et qui fait ce qui est bon, exprime une bonne
forme de colère pour les bonnes causes. Jésus est à la fois bon et
en colère, au service de la compassion et de la paix. Il veut et peut
nous pardonner nos colères qui dérapent. Il veut et peut nous
enseigner à être en colère de la bonne manière.

13
Mais il nous est souvent bien difficile de faire le tri entre ce
qui est bon et ce qui mal au sein de la colère, n’est-ce pas ? Et il
est encore plus difficile de changer notre manière de faire lorsque
la colère est devenue destructive. Pourquoi des problèmes aussi
courants sont-ils si difficiles à résoudre ?
Nous sommes tous dans le même bateau. Il est difficile de faire
un bon usage de la colère. À moins de s’être désensibilisé face à
la condition humaine, chacun de nous lutte avec la colère. Mon
objectif principal, dans ce livre, est de vous enseigner comment
gérer plus efficacement et plus honnêtement votre colère. Vous et
moi aurons à nous battre avec la colère jusqu’à la fin de notre vie,
mais cette lutte peut déboucher sur quelque chose de beau. Nous
pouvons apprendre à gérer la colère différemment.
Ce livre ne cherche pas à « résoudre » le problème de la colère.
Ce verbe résoudre suggère que nous pourrions y parvenir. Avec
quelques bonnes réponses, et quelques changements de com-
portements… et pouf ! le problème pourrait disparaître ! Ce
verbe sous-entend que la mauvaise colère n’est qu’une mauvaise
habitude. Or la colère n’est pas un problème à résoudre. C’est
une aptitude propre à l’espèce humaine – comme la sexualité,
le bonheur et la tristesse. C’est une réponse humaine complexe
à un monde complexe. Comme toutes les aptitudes et réactions
humaines, la colère a parfois de bons effets, mais le plus souvent,
elle déraille. La colère crée des problèmes. Apprendre comment
exprimer la colère de la bonne manière, voilà le noble objectif que
nous tenterons d’atteindre.
Je ne peux pas vous promettre une technique, un discernement
ou une stratégie infaillibles. (Quand on parle de la colère, rien
n’est infaillible !) Je ne vous offrirai pas de banalités sécurisantes
pour recadrer votre dialogue intérieur et lisser votre humeur. Je
ne vous enseignerai pas des techniques de respiration profonde
et de relaxation pour vous aider à conserver en tout temps votre
sang-froid. Et je ne vous encouragerai certainement pas à entrer
en contact avec votre moi profond pour dire au monde ce que
vous ressentez vraiment intérieurement.

14
Introduction

Mais je vous promets qu’il existe des moyens sages et authen-


tiques de réfléchir sérieusement à la colère et d’agir en consé-
quence. Il existe des moyens de gérer la colère pour qu’elle puisse
produire du bien. Il existe des moyens de conserver davantage
son calme dans bon nombre de situations mais aussi de nourrir
une colère saine dans les situations qui le demandent. Il existe
même des moyens de bien échouer, de sorte que vous apprendrez
comment trouver grâce et vous relever après avoir chuté.

Quelle sera votre contribution ?


Nous allons aborder des sujets ardus. Êtes-vous résolu à vous
accrocher ? Voulez-vous réfléchir sérieusement ? Tiendrez-vous
des propos honnêtes ? Prendrez-vous des mesures constructives ?
N’oubliez pas que nous parlerons de la colère, cette émotion
destructrice sombre et tumultueuse.
Nous examinerons des incidents qui laissent un goût amer,
et des vies tout entières qui ont tourné au vinaigre pour avoir
accumulé l’amertume à travers les années. Nous étudierons les
colères de type volcanique, mais aussi les irritations passagères.
J’ai souvent constaté qu’on apprend davantage des petites choses
de la vie, telles que nos déceptions, frustrations, plaintes et désac-
cords quotidiens. Ce que nous apprenons pourra être appliqué
ensuite aux situations plus importantes. Nous devons apprendre
à marcher avant de pouvoir apprendre à marcher sur une corde
raide.
Si vous acceptez de vous joindre à la conversation, ce livre
s’avèrera être celui de votre colère.
Vous avez ouvert ce livre pour une raison. Dans une atmos-
phère constructive, dans la quête de la sagesse authentique et
dynamique, pourquoi ne pas aborder les questions difficiles ?
Nous pouvons parler franchement de sujets qui ont vraiment de
l’importance et y réfléchir attentivement.

15
• La colère est vraiment un sujet important.
• Échouer au niveau de la colère, c’est échouer dans votre
vie tout entière.
• Mettre de l’ordre dans votre colère, c’est mettre de l’ordre
dans votre vie tout entière.

Envisagez la lecture de ce livre comme une conversation hon-


nête sur un sujet d’une importance capitale. Nous sommes assis
tous les deux à la table de la cuisine pour un entretien prolongé à
cœur ouvert. Une bonne conversation inclut des temps de silence
pour réfléchir, parfois même des pauses prolongées. Parfois, vous
devrez revenir sur des choses déjà discutées pour terminer la
discussion et mettre des mots sur des choses que vous n’avez pas
réussi à exprimer correctement.
Ce livre est divisé en quatre sections. La première vous aidera
à vous interroger et à explorer votre expérience particulière de
la colère. La deuxième répondra à la question : Qu’est-ce que la
colère ? La troisième étudiera de quelle manière la colère des-
tructrice peut se changer en quelque chose de constructif. La
dernière section sera consacrée à l’examen de cas particulière-
ment difficiles.

Trois suggestions
Permettez-moi de vous suggérer trois choses quant à la
manière de lire ce livre. Chacune concerne la façon d’utiliser
votre temps pendant la lecture.
Premièrement, lisez un crayon à la main. Dès le début, je vous
demanderai de vous arrêter et de réagir. Je ferai des déclarations.
Prenez le temps d’écrire ce qu’elles vous inspirent. Donnez un
exemple. Je poserai des questions. Prenez le temps de les méditer,
de les creuser, de réfléchir. Notez vos réponses. Gardez toujours
votre crayon en main de manière à pouvoir coucher sur le papier
l’essentiel de votre pensée, de ce que vous aimeriez savoir, des
domaines de lutte dans votre vie. Ne vous déconnectez pas de

16
Introduction

votre vie réelle. Il va de soi qu’en tant qu’auteur, il m’appartient


d’aborder le sujet en premier. Mais ce sont vos détails personnels
qui donneront vie à l’histoire. Chaque chapitre se termine par une
partie intitulée « À vous la parole » qui donne au lecteur l’occasion
de réagir à ce qu’il aura lu, et d’y répondre.

Deuxièmement, gardez aussi toujours un surligneur jaune à


côté de votre crayon. Qu’est-ce qui vous frappe dans ce que vous
lisez ? Prenez le temps de surligner au moins une phrase à chaque
page ou dans chaque section. À la fin du chapitre revenez au début
et relisez ce que vous aurez surligné. Choisissez ensuite la phrase
que vous estimez être la plus importante du chapitre et posez-vous
les questions suivantes :

• Pourquoi avez-vous choisi cette phrase ?


• Que signifie-t-elle pour vous ?
• Si vous l’approuvez, en quoi votre vie changerait-elle si
vous la traduisiez en action ?
• Si vous n’êtes pas d’accord, ou si vous vous posez des
questions, exprimez-le en quelques mots.

L’utilisation du crayon et du surligneur vous aidera à remar-


quer certaines choses, à vous arrêter et à réfléchir de manière à
pouvoir réagir.
Troisièmement, soyez attentif chaque fois que vous vous
surprenez à penser : oui d’accord, mais si… Les « Oui-Mais-Si »
(OMS) sont très importants. Ce sont les endroits où vous entrez
en collision avec ce que j’écris. Vous avez le sentiment que ce que
vous aimeriez savoir n’a pas encore été dit. Les questions clés
que vous vous posez font surface chaque fois que vous ajoutez
OMS  ? Vos questions révèlent les perceptions et les expé-
riences courantes auxquelles vous devez donner un sens. Ce livre
est la résultante des centaines de questions OMS que j’ai posées
concernant la colère au fil des années.

17
Mais les OMS peuvent créer un problème. Elles peuvent vous
distraire si elles s’expriment trop fort ou trop tôt au fil de la lec-
ture. Nous cessons alors d’écouter et il n’y a plus de conversation.
Ne laissez donc pas vos OMS détourner le processus. Écrivez-les
et mettez-les de côté pour plus tard.
Ce livre vous invite à prendre le temps de savourer lente-
ment un repas. Si au milieu des hors-d’œuvre, vous vous écriez :
« Quelqu’un a-t-il pensé au pain pour le fromage ? » ou : « Qu’y
a-t-il comme dessert ? » ou encore : « Qui est de vaisselle ? », vous
n’apprécierez jamais les hors-d’œuvre ! Il se peut qu’une question
importante naisse dans votre esprit à la lecture du chapitre 2,
mais que sa réponse ne sera apportée qu’au chapitre 8. Vous allez
peut-être contester violemment une affirmation du chapitre 5 et
ne découvrir qu’au chapitre 17 une proposition d’explication qui
mérite d’être prise en compte.
Le thème de la colère bouillonne de questions ardues. À
certains moments, nous ne ferons que leur trouver une petite
explication, mais celle-ci peut très bien préparer le terrain à une
explication ultérieure plus consistante. Alors, notez vos OMS, et
poursuivez votre lecture.
Si vous prenez à cœur ce livre, vous serez en mesure de vivre la
colère de manière plus juste plus souvent. Certes, il vous arrivera
encore de chuter. Peut-être connaissez-vous déjà votre version
habituelle du poison de vos colères, qu’elles soient douces, voilées,
enfouies ou ardentes. Vous avez peut-être déjà appris certaines
choses sur la manière de tirer profit de vos échecs. Mais où que
vous soyez dans le processus du face-à-face avec votre colère,
Dieu est compatissant. Nos angles morts ne le surprennent pas.
Nos échecs non plus. Dieu est plein de bonté. Il vient à notre
rencontre. Il agit avec patience et persévérance. Il est plein de
grâce et ne vous lâchera pas. Il accomplira la bonne œuvre qu’il
a commencée en vous.
En lisant ce livre et en le méditant, je suis certain que vous
acquerrez une meilleure connaissance de vous-même. Et que vous

18
Introduction

aurez davantage conscience de votre besoin de la miséricorde, de


la force et de la protection de Dieu. Vous croîtrez dans la connais-
sance de votre Père, de votre Sauveur et de l’Esprit vivifiant. Jésus
nous l’a dit lui-même, et il l’a scellé de son sang : Demandez et il
donnera. Cherchez et vous trouverez. Frappez et il vous ouvrira
pour vous accueillir. Évidemment, rien n’est écrit d’avance. Je sais
que vous allez grandir de manières impossibles à prédire. Parfois,
vous serez abattu et découragé par les difficultés du chemin.
Si vous manquez de sagesse, demandez-la à Dieu. Il ne vous
reprochera pas de lui demander son aide (Jacques 1 : 5). Parfois
vous serez réjoui et encouragé en constatant comment le Seigneur
vous vient en aide de manière directe et immédiate. Et je sais qu’à
la fin, vous serez rempli de joie. « Je suis persuadé que celui qui a
commencé en vous cette bonne œuvre la poursuivra jusqu’à son
terme, jusqu’au jour de Jésus-Christ » (Philippiens 1 : 6).

n n n n

À vous la parole
1. Y a-t-il des endroits dans cette introduction où vous vous
êtes dit : « Oui, mais si… ? »
(Je vous poserai des questions plus ardues par la suite !)

2. Parcourez de nouveau l’introduction avec votre surli-


gneur en main et soulignez la phrase qui a le plus capté
votre attention. Pourquoi l’avez-vous soulignée ?

19
SECTION 1

NOTRE EXPÉRIENCE
Les trois chapitres suivants visent à vous donner un aperçu
des effets destructeurs de la colère mais aussi de son potentiel
constructif. Ils cherchent à vous faire réfléchir lucidement sur
vos propres penchants. Le fait de mieux vous connaître plantera
le décor. Les explications et les solutions qui suivront seront en
lien avec les domaines dans lesquels vous luttez réellement.
Chapitre 1

Des gens en colère


Peut-être pouvez-vous vous identifier à George Banks dans le
film Le Père de la mariée. George (interprété par Steve Martin)
engage une conversation avec le fiancé de sa fille. Il la décrit en
ces termes :

Annie est une personne très passionnée, et les gens comme


elle ont parfois tendance à réagir de façon excessive. Annie
descend d’une longue lignée de personnes « soupe au lait ».
Moi, c’est clair, je peux parfois exploser. Ma mère le faisait
constamment. Mon grand-père, les histoires à son sujet
sont légendaires. Mais la bonne nouvelle, c’est que l’iras-
cibilité tend à décroître à chaque génération. Vos enfants
pourraient donc être normaux.

Des gens passionnés, des gens « soupe au lait », des gens qui
explosent. Interprétés par Steve Martin, ces comportements sont
hilarants à regarder, plus difficiles à côtoyer, quoique toujours
profondément humains.
Dans la vraie vie, la colère est une réaction qui décime les
mariages et désintègre les familles. Elle dynamise le commérage,
elle détruit les relations amicales. Elle divise les églises, transforme
l’amitié en hostilité et nourrit la rage au volant. Elle alimente
toutes les formes de griefs et d’amertume. Et ce n’est pas parce
que certains d’entre nous réagissent de manière moins explosive
et paraissent plus calmes qu’ils ne sont pas en colère. La colère est
l’ADN des récriminations, de la morosité, de l’irritabilité et des
chamailleries. Le problème « colère » ressemble à une paire de tongs
« taille unique » : large et utilisable par toutes pointures de pieds.
Les questions essentielles liées à la colère nous concernent tous.

23
Ce livre nous intéresse tous, car nous connaissons tous la
colère. Si vous êtes têtu, discutailleur et soupe au lait, vous êtes
dans ces pages. Si une vie de dépit et de désillusions vous a laissé
un goût d’amertume, ce livre est pour vous. Et même si vous êtes
d’une nature plus calme, ce livre est aussi pour vous. Dans la façon
d’exprimer leur colère, certains explosent, d’autres bouillonnent et
d’autres paraissent somnoler calmement, mais nous connaissons
tous la colère. Et si ce n’est pas le cas, c’est parce que nous nous
sommes anesthésiés nous-mêmes ou avons créé de la distance.
Prenons un exemple. Tout jeune, j’étais déjà très accommo-
dant, et je ne peux pas m’en vanter car je suis né ainsi. Pendant
des années, je ne pensais pas avoir un problème avec la colère.
Je trouvais les gens colériques déroutants et un peu intimidants.
Pourquoi s’emportent-ils à cause de ça ? De deux choses l'une, je
suis devenu pire en prenant de l'âge, ou alors, j'ai appris à mieux me
connaître. La morosité, le retrait défensif, les pensées de jugement,
l’irritabilité contenue, l’attitude critique, l’évitement à tout prix des
confrontations, l’indifférence face aux torts réparables, tels sont les
formes moins dramatiques de mes accès de colère. Par préférence
personnelle, je n’ai jamais cherché à passer à l’offensive et à me
lancer corps et âme dans la bataille. Je me suis plutôt efforcé de
garder à distance des conflits, quitte à déclencher une guerre froide.
Pourquoi me suis-je mis en tête d’écrire un livre sur le sujet
de la colère ? Mon intérêt pour le sujet a grandi au fur et à mesure
que j’ai compris que moi aussi, même dans ma façon calme
de l’exprimer, j’étais au cœur du problème de la colère, et pas
seulement comme simple observateur ou victime de la colère
d’autrui. Je souhaiterais donc venir en aide à ceux qui sont du
mode incendiaire, à ceux qui vivent dans l’amertume profonde,
mais aussi à ceux qui sont plutôt comme moi. Nous avons tous
besoin d’aide.
J’ai rencontré énormément de gens en colère. Lors de ma
dernière année universitaire, je travaillais le samedi soir comme
videur de boîte de nuit au Club Casablanca. À plusieurs occasions,
j’ai eu affaire personnellement à des clients très hargneux. Un

24
Des gens en colère

jour, j’ai dû escorter vers la sortie un jeune homme qui avait trop
bu. Il s’est mis violemment en colère et m’a menacé de revenir
avec une arme pour me tuer. Je n’ai pas cherché à savoir s’il allait
ou pas mettre sa menace à exécution : j’ai immédiatement laissé
tomber mon travail !
Pendant quatre ans, j’ai travaillé en milieu hospitalier psychia-
trique et j’y ai beaucoup appris sur les effets de l’amertume et de
l’agressivité. Quand vous passez quarante heures par semaine
dans des secteurs fermés, vous découvrez bien des choses sur les
côtés sombres de l’âme humaine. Dans le service de psychiatrie,
beaucoup de colères s’expriment. Elles sont souvent accompa-
gnées de confusion, chagrins, tromperie, apitoiement sur soi-
même, peur et, au plus profond de la tristesse, d’espoirs trompés,
d’espoirs brisés, ou même, de désespoir. J’ai ainsi travaillé au
contact d’un abîme de misères, et nul d’entre nous n’en est à l’abri.
Oui, j’ai rencontré beaucoup de gens – y compris la personne
que me renvoie mon miroir – pour lesquels la colère détruit plutôt
que construit. Aujourd’hui, après avoir pratiqué la relation d’aide
pendant plus de quarante ans, je pourrais ouvrir un panthéon et y
faire entrer tous « les gens en colère que j’ai connus » – une longue
liste d’amertumes, de destructions et de profondes misères. Jetons
un coup d’œil à quelques-uns d’entre eux.

Bandits domestiques
La colère n’est pas seulement une émotion fortement ressentie
dans notre être intérieur. Elle est relationnelle. Elle a des réper-
cussions sur les autres. J’ai un jour suivi un couple qui s’était
tiré l’un sur l’autre dans leur maison de banlieue. Willy était à
l’étage avec le pistolet, Brenda au bas de l’escalier avec le fusil.
Ils avaient eu une discussion musclée – la chamaillerie violente
habituelle. Mais cette fois-ci, la dispute s’était envenimée plus que
d’habitude. Finalement, les paroles blessantes avaient précipité
la Troisième Guerre mondiale ! Ils avaient procédé à une demi-
douzaine d’échanges de tirs dans la cage d’escalier. Leur querelle

25
conjugale avait fait des trous dans les murs, effrayé les voisins et
attiré la police, sirène hurlante, devant leur porte. L’entretien avec
moi faisait partie de la mission que leur avait confié le tribunal,
pour éviter de les accuser de crime. Je vous assure, je n’ai jamais
pu oublier cette histoire !
Vous ne vous êtes probablement jamais trouvé au milieu
d’un tel échange de tir. Moi non plus. Mais j’ai pu commencer à
comprendre ma colère le jour où j’ai déplacé une revue d’environ
cinq centimètres.
Il était dix heures du soir. Ma femme, Nan, et moi venions
juste de mettre au lit notre fillette de deux ans qui était très
énervée. L’évier était rempli de vaisselle sale. La petite avait mis
un tel désordre dans le salon qu’on avait l’impression qu’un oura-
gan venait de le traverser ! Dans une corbeille, du linge propre
attendait d’être plié.
Insensible à ce spectacle, je me suis allongé sur le canapé
pour lire le dernier numéro de National Geographics. Quelques
minutes plus tard, Nan est entrée et a dit : « J’apprécierais beau-
coup un coup de main pour nettoyer tout ça ! » J’ai rapproché la
revue de cinq centimètres de mon visage et enfoui mon nez dans
ma lecture.
Je me suis rendu compte que j’étais en colère, alors que je
n’avais pas prononcé un seul mot. Mais à l’intérieur de ma tête
ça fusait dans tous les sens : J’ai eu une longue journée ! J’ai besoin
de souffler ! Si elle me l’avait demandé plus gentiment pourquoi
pas… Je n’ai pas envie de faire ça maintenant. On pourrait très
bien attendre demain ! Va-t’en et laisse-moi tranquille ! Pourquoi
est-ce que ça m’arrive à moi ? Mais aussi incroyable que cela puisse
paraître, le bon sens s’est lui aussi manifesté. Tu es en colère !
L’amour est patient, mais toi, en ce moment, tu es impatient.
L’amour est aimable. Toi, tu ne l’es pas. L’amour donne, mais toi tu
es égoïste. Ton refus d’aider est une forme de haine. J’ai été inter-
pellé par ce qui est vrai, par les paroles que Dieu m’a adressées
personnellement. Je suis revenu à mon bon sens et je me suis levé.

26
Des gens en colère

L’emploi des armes à feu est une façon de faire reculer l’autre
et de protéger son territoire. Enfouir sa tête de cinq centimètres
de plus dans une revue est une autre façon de le faire. Mais ce
soir-là, j’ai fait la paix avec Dieu qui est patient, bon et généreux.
Et j’ai aussi fait la paix avec Nan, je lui ai demandé pardon pour
mon égoïsme, et nous avons fait la vaisselle ensemble.

Le volcan
Les explosions de colère ne sont pas simplement des événe-
ments isolés. L’attitude sous-jacente peut devenir une caracté-
ristique ancrée dans la vie. Helen était dans la soixantaine et
elle était tellement rongée par la haine que ses mains et sa voix
tremblaient quand elle se présenta. Sa colère avait détruit son
mariage, intimidé et éloigné ses enfants, lui avait fait perdre un
emploi après l’autre et éloigné toutes les personnes qui avaient
tenté de se lier d’amitié avec elle.
Elle parlait de torts qui remontaient à des décennies. Voici
un exemple qu’elle m’a raconté : des années plus tôt, elle avait
été nommée responsable du département « audio » de l’Église.
À ce titre, elle devait enregistrer les messages du pasteur sur des
bandes magnétiques de trente minutes (et oui ! cette histoire
remonte déjà à des années !). Mais le pasteur avait l’habitude
de prêcher entre 32 et 35 minutes au lieu des 28 minutes qui lui
étaient imparties. L’amertume et les commérages d’Helen (qui
en voulait à quantité d’autres personnes pour des questions aussi
insignifiantes) ont fini par diviser l’église.
Le jour où j’ai rencontré Helen, sa colère était aussi vive et
ardente que si toutes les offenses qu’elle avait subies s’étaient
passées il y a vingt secondes de cela, et non pas cinq, vingt-cinq ou
cinquante ans en arrière. Elle bouillonnait de rage et avait beau-
coup de mal à contrôler sa colère : elle était continuellement au
bord de l’explosion. Elle était le « mont Saint Helens » (le surnom
ironique que son fils lui avait attribué, et qui lui permettait de
garder ses distances et sa raison). Elle prenait malheureusement

27
chaque bribe d’aliénation qu’elle provoquait, chaque conséquence
négative, chaque relation brisée, et elle les convertissait en nou-
velles bonnes raisons de s’irriter contre toutes les personnes
malfaisantes que la vie lui avait imposées.
Vous n’êtes probablement pas aussi mesquin ni aussi des-
tructeur qu’Helen. Elle était prête à exploser sans la moindre
provocation. Mais elle n’est qu’une version extrême d’un problème
très répandu.
Quand un petit détail vous fait réagir, il révèle beaucoup sur
votre état intérieur. Lorsque j’ai rapproché la revue de mon nez,
c’était sans une réflexion préalable. Je l’ai fait, c’est tout. Si un
éclair de lucidité ne m’avait pas arrêté et poussé à me lever du
canapé ce jour-là, alors cette petite contrariété – et les 10 000
autres qui allaient assurément suivre – aurait pu agir en moi et
provoquer la destruction de notre mariage. La mauvaise colère
ne disparaît pas par enchantement. Elle empoisonne toute la
vie. Et la bonne colère, la colère constructive, qui recherche des
solutions (comme la grâce par exemple), n’apparaît pas elle non
plus comme par enchantement. Elle doit être cultivée tout au
long de la vie.

L’iceberg
La colère est l’émotion « ardente » qui nous sert à exprimer
notre mécontentement. Mais certaines des expressions les plus
effrayantes du mécontentement peuvent être glaciales. Jimmy
avait seize ans. Il était assis sur le fauteuil à côté de moi, l’air tout
à fait calme, même plutôt ennuyé. Ses parents pensaient qu’il
devrait parler à quelqu’un, mais il n’avait visiblement pas envie de
me parler. Nous avons tout de même fini par dépasser le stade des
réponses monosyllabiques et des longs silences embarrassants.
Quand il se mit enfin à me parler, Jimmy me raconta histoires
après histoires de maltraitance par sa famille, ses copains de
classe, ses enseignants, Dieu et tout l’univers. Il me fit un compte
rendu détaillé de toutes les injustices, les manques de loyauté, les

28
Des gens en colère

trahisons, les déceptions, les offenses et toutes les bêtises dont il


avait souffert. Il en voulait au monde entier.
Jimmy jouait tous les rôles à la perfection : victime de crimes,
plaignant lésé, avocat général, juge impitoyable, jury unanime,
public indigné et bourreau toujours en quête d’exécutions. La
plupart de ses récits semblaient plausibles, mais aucun des torts
subis ne paraissait particulièrement grave. Il s’agissait de choses
qui arrivent à tout le monde. Deux éléments me frappèrent au
sujet de Jimmy.
Premièrement, il parlait sur un ton invariablement monotone.
Ses émotions étaient toujours contenues. C’était comme s’il lisait
un texte de télémarketing. La litanie ennuyeuse de toutes les récri-
minations était plus effrayante qu’une colère franche. Au cours de
la conversation, je lui ai demandé : « Es-tu en colère ? » (Je l’invitai
à reconnaître l’évidence, et à l’exprimer. Cela aurait pu orienter
notre conversation dans une bonne direction si nous avions pu
reconnaître qu’il y avait bien un sujet qui valait la peine d’être
abordé.) Jimmy parut perturbé quelques instants. Mais il retrouva
rapidement ses esprits et répondit de façon détachée : « Bof ! Je ne
me mets jamais en colère… Je me venge. » Il était animé d’une colère
froide, non explosive. Elle était davantage du type « préméditée,
crime commis de sang-froid » que « crime passionnel ». Il n’allait
pas gaspiller son énergie émotionnelle sur la vermine et les ordures
auxquelles il devait être confronté dans la vie.
Deuxièmement, Jimmy vivait dans un univers qui le mettait
lui en avant. Tout tournait autour d’un être suprêmement impor-
tant, extrêmement susceptible. Chaque scène de son film, chaque
page de son livre, chaque nouveau fait divers de son quotidien
tournait autour de Jimmy – mais il n’était jamais l’agent ni la
cause de quoi que ce soit. Chaque personne, chaque événement,
chaque lieu et chaque objet n’existaient que dans la mesure où
ils provoquaient son plaisir ou son déplaisir. Et puisque tous
les autres personnages de l’histoire avaient consacré leurs vies
à rendre Jimmy malheureux, il se sentait en droit d’adopter ce
modus operandi de vengeance froide et calculée.

29
Cette paranoïa monotone et cérébrale me glaçait le sang.
J’étais devant un cas de colère génocidaire : efficace, décidée, aussi
terre à terre que le fait de vider les poubelles ou d’exterminer des
puces dans la maison.
Vous n’êtes probablement pas aussi froid et vengeur que
Jimmy. Moi non plus. Mais rapprocher mon magazine cinq
centimètres plus près de mon visage ? Ce fut bien un moment de
froid glacial. Une certaine forme d’hostilité se tapit dans toute
relation caractérisée par l'impassibilité ou la froideur. Toute
réaction et émotion humaine, aussi complexe soit-elle, est une
des nombreuses variations sur les thèmes de l’amour et de la
haine. La distance et l’indifférence ne ressemblent pas à la colère
au premier regard, mais si vous appuyez légèrement dessus, la
colère s’en échappe.

Le bourbier, la misère… et l’espoir possible


La colère joue un rôle significatif dans un bourbier de difficul-
tés interconnectées. Et pourtant, d’une manière presque incon-
cevable, la bonne colère peut tenir un rôle clé dans la recherche
de solutions. Comprendre tout cela, tel est l’objectif de ce livre.
Permettez-moi de vous raconter une histoire.
Il y a quelques années, par une après-midi hivernale, je m’étais
rendu au supermarché pour faire quelques achats en vue du
souper. Une jeune maman était entrée dans le magasin en même
temps que moi. Suivie de son petit garçon de quatre ans, elle
poussait son caddie devant moi, dans l’allée. Il m’était difficile de
deviner son âge. Vingt-cinq ans, peut-être début de la trentaine.
Des traits durs apparaissaient déjà sur son visage. Elle avait une
longue chevelure blonde, non peignée, portait une veste kaki et
avait aux pieds des baskets usées. Elle avait le regard quelque peu
perdu, comme si elle n’était pas vraiment là, ou comme si elle
était troublée intérieurement par des ennuis provenant d’ailleurs,
aigrie, agitée. Bref, le genre de visage qui vous trouble et vous
préoccupe.

30
Des gens en colère

Son petit garçon commença à s’agiter alors qu’elle se dirigeait


avec lui vers l’allée des confiseries. Il voulait un bonbon, mais elle
refusa de lui en acheter. Il se mit à pleurnicher : « Mais je veux… ».
Elle l’arrêta net : « Non ! »
Le petit pleurnicha un peu plus fort.
Elle le menaça : « Combien de fois je vais devoir te le redire ?
NON, NON, et NON ! Et je ne veux plus t’entendre. Sinon tu… »
Sa menace s’estompa. Elle arrêta son caddie, et fixa son regard
ailleurs, dehors, à travers la vitrine du magasin. Je m’étais moi
aussi arrêté, curieux de savoir comment ce drame se terminerait.
Le garçon bouda un moment, puis il revint à la charge en
chouinant un peu plus, et en tirant sur la veste de sa mère. « Je
veux un bonbon. »
Elle l’insulta. « Tu es une peste de […] ! Je me demande pour-
quoi je m’embête à t’emmener partout ! » Elle regarda ailleurs,
puis le fixa de nouveau, le regard chargé de haine, et son regard
se perdit au loin, très loin sur rien en particulier.
Il pleurnicha encore un peu : « Je veux un bonbon ! »
Elle se retourna et lui flanqua une gifle. Le petit se mit à hurler.
Elle regarda ailleurs, au-delà des confiseries et des chips, plus loin
que la caisse, vers le parking. Je me disais qu’elle se contenait pour
ne pas hurler à son tour ou pour ne pas tuer le gamin.
Tout à coup, elle se retourna vers lui et se pencha. Son visage
était à cinq centimètres de celui de l’enfant, son index formant
un angle de quarante-cinq degrés avec le nez du petit. « Si tu ne
la fermes pas immédiatement, je sors du magasin et je te laisse
ici. Tu as bien compris ? Je ne veux plus t’entendre, et je ne veux
plus te voir. Si tu dis encore un seul mot, je te jure que je monte
dans la voiture et je ne reviendrai jamais te chercher, et je me
fiche éperdument de ne plus te revoir ! » Elle se retourna et fit
semblant de partir. Après quelques pas rapides, elle revint et prit
brusquement le garçon par le bras en disant : « Mais ferme-la,
bon sang ! »

31
Elle poussa le caddie dans l’allée du supermarché, suivie du
petit qui continuait de marmonner, le regard fixé sur les roues
du chariot qui vibraient sur le carrelage. La menace d’être aban-
donné ne semblait pas l’épouvanter. Il suivait sa mère, un peu
en retrait derrière elle. Il traînait ses pieds suffisamment pour
l’irriter, mais pas assez pour la faire exploser à nouveau.
Ils étaient tous les deux des gens réellement en colère.
Et cela me mit en colère, moi aussi.
J’étais en colère contre la maman. Sa manière d’agir avec son
fils, c’était de l’abus ! Ce qu’elle faisait était indiscutablement mal.
Mais j’étais également irrité contre l’enfant. Il tourmentait sa
maman. Ce qu’il faisait était aussi mal. J’en voulais à tout ce qui
avait rendu la vie de cette femme si difficile, au point d’en faire
un cauchemar infernal. Toutes ces choses qui sont terriblement
mauvaises : les petits amis qui s’en fichent, les parents qui gâchent
leur vie, les trafiquants de drogue, la pauvreté. Et j’en voulais à cette
maman pour les choix qu’elle faisait en réaction à sa vie difficile.
La colère que je ressentais semblait pure et constructive com-
parée aux irritations que j’éprouve souvent. Je ne haïssais pas cette
maman et son petit bonhomme. Je me faisais du souci pour eux,
mais je ne pouvais pas intervenir. J’étais en colère – je haïssais ce
qu’ils faisaient – au point que j’avais envie de les aider. J’aurais
aimé les protéger, leur faire grâce, et les aider à changer. C’était
pour moi l’un des trop rares moments où la colère semblait moti-
vée par l’amour et non par un intérêt égoïste. Mais ce jour-là, mes
bonnes intentions ne débouchèrent sur rien. Je ne voyais vraiment
pas comment je pouvais faire quoi que ce soit.
Trente-cinq ans plus tard, ce livre est une manière pour moi de
faire quelque chose suite à cet incident. Ce que j’ai vécu ce jour-là
est l’un de ces OMS (« Oui-Mais-Si ») qui m’a incité à réfléchir de
façon plus profonde et plus constructive à la colère.
Ces trois colères dans le supermarché ne ressemblent pas
aux colères qui sont traitées dans les manuels de développement
personnel. La plupart de ces ouvrages proposent des techniques

32
Des gens en colère

permettant de maintenir un certain détachement afin de réussir


à conserver son calme au milieu des irritations de la vie. D’autres
vous encouragent à vous défendre, et à vous approprier votre
colère afin de vous sentir plus fort. Ces deux sortes de conseils
peuvent se concevoir, plus ou moins, tant que les problèmes
auxquels vous faites face sont faiblement irritants, ou si la cause
de la colère peut se réparer.
C’est vrai, si vous inspirez profondément et si vous visualisez
une plage dans votre tête alors que vous êtes pris dans un embou-
teillage impossible, alors le monde paraîtra plus chaleureux. Et si
vous exprimez vos attentes sans tomber dans la revendication, il est
plus que probable que les gens vous donneront ce que vous deman-
dez. Oui, bien sûr, vous pouvez exprimer ce que vous ressentez.
Mais la scène à laquelle j’ai assisté dans le supermarché ne
traite pas de sujets d’irritation, ni de la gestion de la réalité
pour en tirer davantage et vous sentir mieux. Il s’agit de choses
mauvaises. Il s’agit clairement de choses qui sont fausses et
destructrices. Il faut les corriger. Et ce qu’il faut pour les corriger
n’est pas évident, mais la bonne colère fait partie de la solution.
Raconter des banalités, se parler à soi-même pour créer de l’assu-
rance, s’affirmer et booster sa confiance en soi, les traitements
médicaux, rien ne pourra jamais faire ce qui aurait besoin d’être
fait. Aucune de ces colères n’est expliquée ni traitée par l’industrie
du développement personnel. Or, c’est pourtant de ces colères
dont la vie est remplie !
Réfléchissez avec moi à ce dont nous avons été témoins dans
cette histoire. Je vais faire quelques suppositions, mais je pense
qu’elles sont plausibles.
Tout d’abord, la colère du garçon est typique des colères que
nous rencontrons le plus souvent : « Je veux ce que je veux. Si je
n’obtiens pas satisfaction, j’en fais toute une affaire. Je me lamente
sur mon sort. C’est tout de même injuste de ne pas obtenir ce dont
j’ai envie, et quand j’en ai envie. Je vais donc te manipuler pour
obtenir ce que je veux, et si nécessaire je deviendrai même méchant.

33
Je punirai quiconque osera se placer au travers de ma route ». Cette
sorte de colère jaillit lorsque vous voulez quelque chose et que vous
ne l’obtenez pas. La colère pleurniche et boude. Elle persiste. Elle
fait toute une affaire. Elle est pleine d’astuces et de stratagèmes.
Nous connaissons tous le type de colère du petit garçon : nous
l’avons vu à l’œuvre, nous l’avons expérimenté nous-même, et
nous avons même pensé que nous étions en droit de réagir ainsi.
Un désir particulier est contrarié, et la colère enfle à l’intérieur
pour s’en prendre à tout ce qui s’oppose à votre volonté. C’est une
façon d’arriver à ses fins ou de punir ceux qui vous énervent,
ou en tout cas de leur faire comprendre votre déplaisir. Ce petit
garçon avait un problème d’adulte ! D’une part, il lui était impos-
sible d’aimer sa maman aussi longtemps qu’il l’exploitait. Et par
ailleurs, il avait tendance à devenir comme elle.
La colère de la maman était du même genre, mais plus com-
plexe. Sa colère comprenait aussi – mais ne se limitait pas à – « Je
veux que mon enfant soit sage et ne m’embarrasse pas. Il m’embête,
alors je me mets en colère ». Sa colère a mûri au fil des années pour
devenir un mal bien plus complexe. C’est une colère enchevêtrée
dans une histoire plus longue. Son agressivité incorpore à la
fois des brins d’événements courants et le désespoir d’un avenir
lugubre. Elle jaillit comme un torrent de sentiments entremêlés,
de motivations aveugles et de mauvaises expériences. C’était de
l’hostilité à l’état brut, mais aussi du désespoir, de la peur, des
habitudes, des regrets, des blessures, des déceptions, des consé-
quences de mauvais choix passés, un manque de bons modèles, des
provocations accumulées dans le temps, des problèmes d’argent,
des relations mutuellement destructrices, des mensonges crus, des
mauvais choix de vie, des ressentiments accumulés, des objectifs
vains, peut-être même un problème d’alcool.
Sa colère est à moitié juste. Beaucoup de choses qui lui sont
arrivées sont effectivement mauvaises. Mais sa colère est devenue
complètement mauvaise. C’est un des résultats d’une vie qui se
mène « sans espoir et sans Dieu dans le monde », comme le déclare
Éphésiens 2 : 12. Sa colère contre son enfant était en quelque sorte

34
Des gens en colère

cosmique par son ampleur et sa portée : « Ce gamin représente


tous les mauvais choix que j’ai faits et toutes les mauvaises choses
dont j’ai souffert et toute la vie que je ne pourrai jamais vivre. Ce
n’est pas juste une affaire de bonbon. Il existe, mais moi aussi,
j’existe. Je suis en colère, contre tout, contre tous. » De nombreux
désirs, tromperies et peurs nourrissent son autodestruction com-
pliquée. Elle ne pourra jamais travailler de manière constructive
avec son enfant tant qu’elle éprouve de la rancœur face à l’exis-
tence même de ce gosse, et tant qu’elle reste sans espoir pour son
propre avenir.
La plupart d’entre nous ont au moins goûté à cette passion
plus sombre et plus complexe de la maman. La colère n’est pas
seulement provoquée par les événements courants. Elle résulte
de bien plus de choses qu’on ne le souhaiterait.
Vous avez peut-être connu le gâchis des colères et des pleurs
pendant une période de votre vie. Peut-être y êtes-vous plongé
en ce moment même. Personne ne souhaite une vie d’enfer.
Peut-être vous détestez-vous à cause de toute la haine que vous
nourrissez. Et vous ne voyez aucun moyen d’en sortir. Vous ne
savez pas par où commencer. Comment démêler vos propres
réactions colériques ?
La plupart d’entre vous ne se sont probablement jamais sentis
perdus à ce point, mais peut-être avez-vous souffert des explosions
de colère du bourbier d’autrui. Cette mère et son fils s’attaquaient
et se blessaient mutuellement dans l’allée du supermarché, et vous
savez ce que signifie être traité de la sorte. La furie plonge ses
destinataires dans la misère. Il est difficile de tracer votre chemin
dans la vie lorsque vous vivez à l’ombre d’un volcan. Comment
avancer de manière constructive sans vous venger, sans vous
renfermer sur vous-même, ou sans vous verrouiller ?
Peut-être essayez-vous de venir en aide à quelqu’un qui vit
dans un tel bourbier. Si vous avez tendu la main à des gens dans
le besoin, vous vous êtes probablement heurté à ce genre de
désespoir. Beaucoup de gens malheureux, qui luttent, ne savent

35
pas par quel bout prendre le problème et ne voient aucune issue.
Une personne comme la maman dans l’épicerie va même souvent
justifier et défendre ce qui la détruit. Comment aider des gens
embrouillés à ce point ? Qu’il est difficile pour un apprenti secou-
riste de savoir par où commencer et comment avancer ! Pour
comprendre véritablement la colère et trouver une vraie solution
aux problèmes de la colère, il nous faudra creuser au moins aussi
profond que ces problèmes le sont.
Et il faudra creuser encore plus profondément que cela. Nous
chercherons à nous orienter vers une sorte de colère qualitative-
ment différente, vers quelque chose de bon. Je ne connais pas très
bien le genre de colère que j’ai ressentie dans le supermarché ce
jour-là. Elle paraissait juste. Je devrais pouvoir l’éprouver plus
souvent que cela. Elle était inextricablement entremêlée d’amour.
C’était une colère qui se faisait du souci pour les autres. Elle cher-
chait à faire quelque chose de constructif dans cette tourmente de
maux, même si c’était quelque chose de très modeste. Je haïssais
ce que la maman et son petit se faisaient l’un à l’autre. Mais c’était
une haine charitable. Elle semblait juste : « Tout cela est néfaste et
injuste, et doit cesser. » Elle semblait pleine de compassion : « Si
seulement nous pouvions panser ce qui est meurtri. » Elle inspi-
rait une certaine impulsion rédemptrice : « Comment réparer ce
qui est désormais en ruine ? »
Tout cela constitue le problème plus profond et plus vaste de
la colère que je désire aborder avec vous dans ce livre.

Des gens comme vous et moi


La colère fait parler d’elle lorsqu’elle se revêt de ses tenues les
plus colorées et dramatiques, lorsqu’elle devient violente, impla-
cablement amère, glaciale, ou qu’elle se débat dans la misère et la
confusion. Mais la différence entre les colères décrites plus haut
et la colère que vous ou moi éprouvons n’est pas une question de
nature mais plutôt de degré. Nous sommes tous plus semblables
que différents. Je suis donc capable de m’irriter lorsque quelqu’un
vient troubler la tranquillité de mon confort personnel et de mon

36
Des gens en colère

bien-être. Je peux m’irriter devant l’incompétence d’un vendeur.


Je peux m’irriter lorsque quelqu’un ne prend pas le temps de bien
me comprendre, ou caricature ce que je crois et fais, et me dénigre
en fonction de ce qu’il a imaginé.
Vous connaissez certaines choses à mon sujet et au sujet de
gens que j’ai connus. De mon côté, je sais certaines choses vous
concernant, même si je ne vous ai jamais rencontré.

1. Vous aussi, vous vous mettez en colère. Vous ne ressemblez


pas complètement à Helen, ou à moi, ou à d’autres membres de
notre galerie de vauriens. Mais là encore, les différences sont
probablement une question de degré. Vous vous reconnaissez
probablement dans ces gens, même si votre façon d’agir est dif-
férente de par sa tonalité, son rythme ou son volume.
2. Je sais que vos colères sont parfois justifiées. Il se peut que
quelqu’un ait réellement mal agi à votre égard. Nous vivons dans
un monde de provocations sérieuses. Il y a des choses mauvaises
contre lesquelles il faut s’emporter. Peut-être arriviez-vous un
certain temps à bien gérer les provocations. Une juste colère est
censée aboutir à des solutions équitables, sensées, dynamiques.
Avez-vous le sentiment d’avoir de temps à autre pu utiliser votre
colère dans ce sens ? La colère a besoin d’être associée à des inten-
tions de compassion et d’amour. Cela fait-il résonner quelque
chose en vous ? Avez-vous connu quelqu’un – parent, tuteur,
collègue, enseignant, pasteur, conjoint, ami – dont la colère a
abouti à quelque chose de bien ? C’est parfois le cas.
3. Je sais que très souvent, votre colère ne se justifie pas, ou
qu’elle prend des proportions inadmissibles. Vous étiez sus-
ceptible. Vous étiez pointilleux ou trop tourné sur vous-même.
Peut-être vous étiez-vous senti visé à tort. (Vous êtes-vous déjà
irrité à cause des bouchons sur la route, ou du mauvais temps ?)
Peut-être aviez-vous mal interprété ou exagéré les paroles et
gestes d’une tierce personne. Il est parfois difficile de reconnaître
ou d’admettre qu’on s’est trompé, tellement nous sommes sûrs
de nous-mêmes. Mais je devine que cela vous est arrivé. Vous

37
étiez enfermé par votre emploi du temps, par vos attentes, votre
confort, votre plaisir ou vos craintes. Vous n’étiez pas en mesure
de le voir, à ce moment précis, mais lorsque quelqu’un ou quelque
chose s’est mis en travers de votre chemin, vous avez explosé.
4. Je sais qu’à d’autres moments, vous avez eu raison de vous
irriter devant ce qui vous arrivait, mais votre colère s’est exprimée
de manière inadmissible. Ce que vous avez pensé, dit et fait était
empreint d’hostilité, peut-être même de méchanceté. Vous avez
été prompt à critiquer et juger. Vous avez rendu le mal pour le mal,
comme si l'on pouvait réparer une injustice par une autre. Vous
êtes devenu principalement destructeur et non pas foncièrement
constructeur. Votre colère a généré d’autres naufrages, d’autres
blessures, et a élargi le fossé de séparation plutôt que d’apporter
des solutions positives.
5. Que vous ayez eu raison ou non de vous irriter, je sais que
devant ce qui s’était passé, votre colère s’est parfois prolongée bien
au-delà du raisonnable. Une trahison vous a plongé dans l’amer-
tume, et vous n’avez pas réussi à en sortir. Vous avez ruminé la
chose, repassé le film dans votre esprit. Vous avez rejoué la scène.
Ah ! Qu’est-ce qu’elle avait tort ! J'ai tellement de raisons de lui
en vouloir !
6. Si vous avez déjà parcouru une belle distance sur le chemin de
la vie, je sais que votre colère s’est mélangée à des choses complexes.
En effet, la colère n’est pas nécessairement une réaction de cause à
effet par rapport à un événement particulier. C’est très souvent la
résultante d’une accumulation de déceptions et de frustrations de
la vie. Prenez une dose quotidienne de la pensée de Sartre « L’enfer,
c’est les autres1 ». Ajoutez-y la réalité que « l’enfer, c’est moi-même »,
et la vie vous broie, vous consume, vous épuise. Les gens dépités
peuvent ne plus connaître les explosions de colère. Pourquoi se
fatiguer en s’emportant inutilement ? Ils ne peuvent peut-être même
pas cibler une raison particulière qui les rend si amers. En réalité,
le cynisme est un cousin peu éloigné de la colère qui a mal tourné.
7. Je sais aussi autre chose sur vous, que nous avons à peine
mentionné pour l’instant, mais que nous étudierons plus à fond

38
Des gens en colère

ultérieurement. Il y a des moments où, comme moi, vous faites face


au problème opposé. Vous devriez parfois vous mettre en colère,
mais vous ne le faites pas. Quelque chose de profondément mauvais
arrive – pas nécessairement à vous – et vous ne vous en souciez
pas plus que cela. Vous ne faites pas attention et vous ne réagissez
pas. Vous détournez la tête ou vous haussez les épaules devant des
choses ou des attitudes mauvaises qui devraient être corrigées.
Peut-être ne vous en rendez-vous même pas compte. Peut-être
même approuvez-vous et commettez-vous ce mal vous-même.
De manière étrange, l’absence d’une réaction appropriée est
elle aussi un problème de colère. Mais personne ne cherche de
l’aide pour résoudre ce problème. Nous le devrions. Lorsque
l’impulsion de colère est canalisée vers quelque chose de bon et
de constructif, elle inclut la capacité de se dresser contre le mal.
8. Finalement, nous savons une dernière chose l’un de l’autre.
Nous avons tous beaucoup de peine à changer. Il nous est difficile
de tenir un raisonnement juste quant à la colère. Quand elle vous
attrape, elle vous tient dans ses griffes. Les anciens Romains
avaient une devise : Ira furor brevis est, « La colère est une courte
folie ». Elle nous rend fous, aveugles, perturbés et perturbants. Les
lueurs de bon sens sont rares. N’avez-vous pas été surpris après-
coup par votre irrationalité ? Qu’est-ce qui m’a pris ? Comment
ai-je pu penser cela ? Comment ai-je pu dire ou faire pareille chose ?
Et ce temps de folie n’est pas toujours de courte durée. La démence
trouve ses repères en nous et s’installe pour longtemps. Parfois
toute une vie, et on court et on court comme un hamster dans
une cage dont il ne sort jamais.
Comment savoir ce qui ne va pas et devrait être réparé ?
Comment savoir ce que j’aurais dû faire, et ce que je devrais faire
maintenant ? Comment distinguer les aspects destructifs des
aspects constructifs de la colère ? Comment apprendre à s’irriter
contre ce qui mérite ma colère et exprimer ce que je ressens de la
bonne manière ? Où trouver une aide appropriée ?
Nous avons besoin d’aide. Nous avons besoin de pardon. Nous
avons besoin d’une vision nouvelle et de force pour changer. Nous

39
avons besoin d’un Sauveur – au devant de la scène, actif, engagé,
pratique, personnel – qui prend nos problèmes à bras-le-corps.
La colère ? Nous sommes tous dans le même bateau. Et Jésus
aussi.
n n n n

À vous la parole
1. Ce chapitre est dense. Parcourez-le de nouveau et recher-
chez votre phrase surlignée en jaune. Qu’est-ce qui vous
frappe dans cette phrase ?
2. De toutes les formes de colère décrites, choisissez-en
deux ou trois qui caractérisent le plus votre vie. Donnez-
en une illustration concrète.
3. Avez-vous déjà eu un avant-goût d’une colère juste ?
Décrivez précisément ce qui s’est passé. Qu’avez-vous
ressenti, pensé et fait ? Quel a été le résultat ? Avez-vous
déjà vu quelqu’un gérer sa colère de façon vraiment
constructive ?
4. Une ancienne prière, très sage, présentait la requête sui-
vante à Dieu : « Que le projet de ton grand amour éclaire
les ravages de nos colères et de nos peines, et qu’il y
répande la paix. »
Chaque fois que la colère dérape, nous avons deux besoins.
D’une part nous avons besoin que Dieu intervienne avec amour,
et d’autre part nous avons besoin de faire quelque chose.
Alors, demandez à Dieu de vous aider. Il aime venir à notre
rencontre lorsque nous sommes dans le besoin :
Seigneur, que les desseins de ta compassion et de ta miséricorde
éclairent les ravages de mes colères et de mes peines, et accorde-moi
ta paix.
Engagez-vous à travailler. Vous prenez déjà du temps pour lire.
Persévérez dans la réflexion et l’effort dans la recherche d’une
plus grande sagesse.

40
Chapitre 2

Avez-vous un sérieux
problème avec la colère ?

Oui.

n n n n

41
À vous la parole
1. Comment réagissez-vous à ce chapitre ? Lisez-le et reli-
sez-le plusieurs fois. (C’est tout de même sympa des cha-
pitres courts, non ?) Réfléchissez sérieusement à ce qu’il
dit.
2. Comment réagissez-vous à l’affirmation : « Vous avez un
sérieux problème avec la colère » ?
3. Repassez la phrase suivante plusieurs fois dans votre
esprit : « J’ai un sérieux problème avec la colère. » Qu’est-
ce qui vous vient à l’esprit en entendant cela ? Êtes-vous
d’accord ou pas ? N’êtes-vous pas tout à fait convaincu ?
En quoi cette affirmation est-elle vraie ? Partiellement
vraie ? Partiellement fausse ? Pensez-vous qu’elle ne soit
pas vraie du tout ? Exprimez vos pensées par des mots et
des exemples précis.

La manière dont Dieu agit est merveilleusement paradoxale.


Il bénit ceux qui admettent avoir besoin d’aide : ceux qui
reconnaissent leur pauvreté spirituelle sont heureux (Matthieu
5 : 3). Une bonne santé mentale permet d’en être pleinement
conscient : j’ai besoin d’aide. Je ne peux pas bien vivre par moi-
même. Quelqu’un d’extérieur à ma vie doit intervenir. Le bon sens
d'une humilité honnête obtient miséricorde, vie, paix et force.
En revanche, affirmer que nous n’avons pas besoin d’aide nous
garde prisonniers de la cage des excuses permanentes et du blâme
qu’on inflige constamment aux autres. En fin de compte, nous
n’obtenons ni la vie, ni la paix. Nous baignons au contraire dans
notre propre justice, l’autojustification, l’aliénation et l’amertume.

42
Chapitre 3

Êtes-vous concerné ?

Je peux écrire en toute confiance que vous avez un sérieux


problème avec la colère, parce que moi aussi j’en ai un, et que
nous tous, nous en avons un. Comment réagissez-vous devant
cette vérité ? Ce chapitre passera en revue six réactions habituelles
face à cette affirmation péremptoire que la colère nous pose à
tous un problème.
Chaque réaction exprime quelque chose concernant ce qui
rend la colère tellement troublante. Chaque réaction contient une
parcelle de vérité – parfois plus, parfois moins – qui la rend plau-
sible. Mais ce qui est vrai et bon est souvent entremêlé de fausses
perceptions, de distorsions, d’angles morts et de demi-vérités.
Exceptionnellement, il arrive – et de façon merveilleuse – que la
colère se manifeste comme un bienfait simple et constructif (nous
y reviendrons plus tard). Elle agit bien plus souvent comme un
mal purement destructeur qui ne fait de bien à personne. Peut-
être que le plus souvent, la colère est un assemblage étrange de
bien et de mal, de bien qui tourne mal, de mal qui souhaiterait
être moins mal. Dans la vraie vie, la colère est souvent un mélange
déroutant nous empêchant de définir exactement ce qu’est le
problème.
Une des six réactions suivantes pourrait-elle vous décrire ?

1. Oui, je sais que j’ai un problème avec la colère.


Je me sens coupable et découragé.
Certaines personnes l’admettent sans discussion. « C’est vrai,
ça me correspond. J’ai mauvais caractère. Je nourris de l’amer-

43
tume et j’ai du mal à oublier. Je réagis vite et dis des choses que
je regrette plus tard. Il m’arrive parfois de le regretter au moment
même où les paroles sortent de ma bouche. Mais une fois lancé je
n’arrive pas à m’arrêter. Et même lorsque je ne suis pas fâché, je
suis souvent pessimiste et vois toujours le mauvais côté de tout ce
qui se passe autour de moi. Je me plains et m'apitoie sur mon sort.
Je sais que j’ai besoin d’aide. J’aimerais pouvoir me débarrasser
une fois pour toutes de ces réactions colériques négatives. C’est
pour cela que j’ai commencé à lire ce livre. »
Vous retrouvez-vous dans ces paroles ? Vous savez que votre
colère tourne mal. Vous aimeriez pouvoir ne plus vous empor-
ter, ne plus ruminer dans l’amertume, ne plus ronchonner et
vous plaindre. Vous aimeriez pouvoir briser le cercle infernal
de l’échec et du regret. Vous constatez les ravages que votre
négativisme cause à vos relations. Vous reconnaissez volontiers
« J’ai un problème avec la colère », mais rien de bouge. Vous ne
changez pas. Vous êtes découragé, un peu désespéré, peut-être
même cynique.
Parcelle de vérité ? Ceux d’entre nous qui se savent facilement
au bord de l’explosion – et qui se sentent coupables et découra-
gés – sont parfaitement conscients que l’irritabilité, les explosions
soudaines, l’amertume et les récriminations sont des choses
mauvaises.
Angle mort ? Vous pouvez vous tromper quant à l’objectif du
changement. Exemple : le contraire de la crise de colère et de
l’amertume ce n’est pas un tempérament calme et imperturbable.
Ne le sachant pas, vous risquez de mal comprendre le processus
du changement. Il n’existe par exemple aucune technique ni
stratégie pour réparer ce qui a mal tourné. Nous avons besoin
d’une autre sorte d’aide, d’une autre personne pour nous aider,
d’une connaissance plus profonde de nous-mêmes et d’un autre
échéancier pour le processus. Vos bonnes intentions n’aboutissent
à rien parce que vous avez du mal à discerner la voie dans laquelle
vous devez vous engager.

44
Ê t e s - v o u s c o n c e r n é  ?

2. Peut-être, mais je connais bien des gens qui


ont un problème pire que le mien.
Certains esquivent le problème. Vous êtes prêt à admettre
que cela vous correspond effectivement, en tout cas c’est pos-
sible, parfois, peut-être, mais… « Oui, j’admets qu’il m’arrive
parfois de m’emporter et de dépasser les bornes. Mais je connais
des gens qui ont vraiment un sérieux problème avec la colère
– mais ce n’est pas mon cas. Je pense à cet ami qui explose dès
que quelqu’un lui coupe la priorité. Il pique sa crise, se met à
hurler et à gesticuler, à conduire comme un forcené. Lui, c’est
clair, il a vraiment un problème avec la colère. Et mon oncle,
lui, casse tout ce qui lui tombe sous la main lorsqu’il sort de
ses gonds. Une fois, il a même cassé sa télé à la fin d’un match
parce qu’un joueur avait commis une erreur qui a fait perdre
l’équipe qu’il soutenait. Bien sûr, je reconnais que je m’irrite
un peu occasionnellement, mais généralement, je me contrôle
plutôt bien et j’oublie assez rapidement ».
Comparés à d’autres, certains d’entre nous ne s’estiment pas
si mauvais que cela. Est-ce votre cas ? Et vous avez probablement
raison. Comparé aux vrais barbares et aux criminels, vous êtes
vraiment civilisé – ou au moins à demi civilisé. En tout cas, vous
n’êtes pas aussi mauvais que vous pourriez l’être. Vous ne vous
sentez pas tout à fait concerné. Peut-être un peu, mais il y a des
gens qui ont bien plus besoin d’aide que vous.
Parcelle de vérité ? Ceux qui se sentent relativement bons, com-
parés à d’autres, savent que certains comportements sont pires
que d’autres. Manifester une légère irritation, ce n’est pas la même
chose que mettre la vie de quelqu’un en danger, de détruire les
biens d’autrui, ou de se déchaîner sur un conjoint ou un enfant.
Angle mort ? Ils ne sondent pas leurs motivations assez pro-
fondément. Est-ce que votre problème, apparemment moins
important, est tout de même un problème sérieux qui mérite
d’être affronté ? À partir de quand le « pas-si-mal que ça » se
transforme-t-il en propre justice ?

45
3. Non, je n’ai pas de problème. J’ai de bonnes
raisons d’être en colère et amer.
Certaines personnes reconnaissent qu’elles sont en colère, mais
elles le justifient. Elles estiment avoir de bonnes raisons, et sont
réfractaires à toute idée de culpabilité et de changement. « Oui, je
sais que j’ai un problème de colère, mais regardez ce que les gens
m’ont fait ! Cela me rend fou de voir mon conjoint ou mon patron
agir comme un abruti. N’importe qui se mettrait en colère. Et
que pouvez-vous attendre de moi ? Mes parents n’ont pas été des
modèles ! Ma mère ne faisait que crier sur nous. Et mes parents
étaient tellement injustes. Mon plus jeune frère pouvait tout se
permettre, mais si quelque chose à la maison allait mal, c’était
toujours de ma faute. Bien sûr que je leur en veux ! Et puis, vous
savez, je descends d’une longue lignée de gens qui ne cherchent pas
à contrôler leurs émotions. Ce n’est pas vraiment important pour
nous. Je suis comme ça, c’est mon caractère, c’est tout. »
Justifiez-vous votre colère par la liste des griefs, des raisons,
des « mais » et des « parce que » ? Si seulement les autres chan-
geaient, si les choses avaient été différentes, si notre histoire et
l’éducation reçue n’avaient pas fait de vous ce que vous êtes, alors
vous n’auriez pas de problème avec la colère…
Parcelle de vérité ? Ceux qui avancent des raisons pour justifier
leur colère savent que nous sommes parfois victimes du mal que
nous causent les autres – parfois un mal cruel. Ils savent que la
colère éclate généralement en réaction à une provocation. Ils
savent que le tempérament d’une personne ainsi que son arrière-
plan culturel influencent son expérience de la colère et la manière
dont elle l’exprime.
Angle mort ? Ils réagissent comme si on pouvait réparer une
injustice avec une autre injustice, ou vingt autres ! Ils ne tiennent
pas compte du fait que même si accuser l’autre semble plausible,
il n’en demeure pas moins que nous nous trompons nous-mêmes
à notre sujet. Est-il possible d'avoir à la fois partiellement raison
et tout à fait tort ? Cela nous arrive à nous tous constamment.

46
Ê t e s - v o u s c o n c e r n é  ?

C’est la raison pour laquelle nous ne pouvons pas nous satisfaire


de réponses toutes faites ni de solutions faciles si nous voulons
sagement comprendre qui nous sommes au plus profond de
nous-mêmes.

4. Il m’arrive de me mettre parfois en colère,


mais je ne suis pas vraiment colérique.
Certains vont un pas plus loin et nient avoir un problème avec
la colère : « Je ne suis pas réellement une personne en colère. Je
suis fondamentalement une personne sympa. Je m’entends très
bien avec mes collègues de travail. Mais ma femme est tellement
pénible ! Elle n’arrête pas de parler ! Il faudrait être un saint pour
ne pas réagir. Alors, c’est vrai, parfois j’en ai marre et je sors un
peu de mes gonds, mais c’est uniquement lorsqu’elle me provoque.
Sinon, quand je suis seul, je suis facile à vivre ».
C’est comme si la colère venait agresser l’individu de l’exté-
rieur et maîtrisait à son insu un innocent qui n’est pas naturel-
lement colérique. Est-ce votre cas ? Votre colère ressemble-t-elle
à un intrus étranger, un terroriste qui prend le contrôle de votre
avion et vous précipite contre un immeuble ? En somme, ce n’est
pas vraiment vous. Le coupable, c’est votre conjoint, c’est cet
adolescent (ou ce parent) qui ne comprend rien à rien, ce patron
(ou employé, ou collègue) impossible à vivre, ce pasteur (ou
membre d’église) insupportable. Vous n’avez pas vraiment de
problème ; tout est de leur faute. Le cœur du problème sérieux
que vous voyez, ce sont tous ces offenseurs qui ne cessent de vous
provoquer par leurs attitudes ou leurs agissements.
Parcelle de vérité ? Ceux pour qui la colère ressemble à un
envahisseur extérieur savent que nous réagissons différemment
selon les personnes en face de nous, que les autres peuvent nous
faire du mal, et que nos actions et nos réactions peuvent contre-
dire nos intentions conscientes.
Angle mort ? Ils ne se regardent pas dans le miroir afin
d’assumer leurs propres responsabilités. Êtes-vous vraiment ce

47
« type sympa » ou cette « fille adorable » ? Votre colère est-elle
seulement une anomalie, un envahisseur étranger, la réaction
à la faute des autres ?

5. Absolument pas ! J’ai trouvé que la colère est


la solution efficace pour affronter les problèmes
personnels et les injustices sociales.
Et il y a ceux qui considèrent la colère non comme un pro-
blème mais comme une solution. « J’avais l’habitude de maintenir
le statu quo, jusqu’au jour où j’ai eu comme une révélation. J’ai vu
combien de fois j’ai tenu le rôle de la victime et cru les mensonges
que les gens me racontaient. J’étais passif, un paillasson. Le fait
d’être à l’écoute de ma colère m’a donné de l’énergie, une nouvelle
identité et une raison d’être. Je n’accepte plus d’être manipulé.
J’ai appris à me défendre, à défendre mes opinions, ce que je crois
juste et ce que je veux. »
Est-ce votre cas ? La colère paraît tellement juste, tellement
libératrice. Elle vous donne l’énergie pour agir en faveur de ce
que vous considérez comme une juste cause. Et vous avez peut-
être raison. Vous vous êtes engagés dans un groupement contre
différentes formes d’injustices tel « les mères contre l’alcool au
volant ». Vous luttez pour plus de justice raciale et économique.
Vous œuvrez pour défendre les femmes contre le sexisme. Vous
combattez toutes les violences faites aux enfants. « Nous », les
justes, nous prenons position contre « eux », les coupables de ces
pratiques abominables.
Comment est-ce possible qu’une attitude qui semble si juste
puisse être mauvaise ? Il se peut que vous ayez partiellement
raison – mais peut-être avez-vous aussi partiellement tort. Avez-
vous déjà remarqué combien il est dangereux d’avoir raison (ou
de penser avoir raison) ? Quand on croit avoir raison, combien
il est facile de tomber dans l’arrogance, de cultiver un esprit de
jugement, de s’apitoyer sur soi-même, et commencer à croire que

48
Ê t e s - v o u s c o n c e r n é  ?

tout vous est dû ! Qu’il est facile alors pour le timide de devenir
mordant ! Pour l’agressé de devenir agresseur.
Parcelle de vérité ? Ceux, pour qui la colère investit de puis-
sance celui qui cherche à écraser l’injustice, savent que la colère
peut se justifier et peut déboucher sur des actions constructives.
Pour eux, la colère devrait d’ailleurs toujours stimuler à l’action
afin de redresser les torts.
Angle mort ? L’individu qui adopte ce point de vue ne se rend
pas compte à quel point l’opprimé se transforme rapidement en
agresseur, avec quelle subtilité l’arrogance nous rend aveugles,
et combien la colère contre de réels maux devient, elle-même,
insensiblement un vrai mal. Avez-vous raison devant les torts,
mais tort dans votre manière d’avoir raison ?

6. La colère ? Je me mets rarement en colère.


Ma vie est plutôt agréable, et je m’efforce de ne
pas donner trop d’importance à mes problèmes.
Certaines personnes peuvent être surprises d’apprendre
qu’elles ont un problème avec la colère. « Je suis fondamentale-
ment paisible et facile à vivre. Ma devise ? “Vivre et laisser vivre”.
Je n’exige pas grand-chose des autres. Peu de choses me mettent
en colère. Quand un désagrément survient, je le relativise en me
disant : “C’est la vie. C’est sans importance. Ça ne vaut pas la
peine de s’énerver”. Je m’entends bien avec la plupart des gens
que je côtoie. J’essaie de voir le meilleur en eux, de faire ce qui
est constructif et de voir le bon côté des choses. Je suis d’une
nature optimiste. Par principe, je vois le verre à moitié plein, et
j’ai toujours bon espoir que les choses vont s’arranger. J’ai reçu
beaucoup plus que ce que je méritais, et j’ai accompli beaucoup
plus de choses que je n’aurais imaginé pouvoir accomplir. Je n’ai
vraiment aucune raison de m’emporter. Je n’ai jamais fulminé,
tempêté ni gardé rancune très longtemps. »
Si vous ne prenez pas les choses à cœur, vous ne vous mettez
pas en colère. Est-ce votre cas ? Vous êtes peut-être né avec un

49
bon caractère, un tempérament facile à contenter. Mais vous
ne savez pas vous identifier. Vous vous êtes même quelque peu
adouci au fil des années, et vous avez appris à être plus philosophe
face à la vie. Vous avez probablement appris à vivre détaché des
choses, à vous contrôler, à vous calmer. Vous pratiquez peut-être
le yoga, et vous avez appris à respirer profondément. Vous buvez
peut-être un verre de temps à autre afin de vous apaiser, ou vous
avalez un calmant. Mais il se peut aussi que vous ayez été épargné
par les circonstances. Quoi qu’il en soit, l’affirmation que vous
pourriez avoir un problème avec la colère – et surtout un sérieux
problème – ne semble pas vous correspondre.
Vous avez peut-être raison. Certes, vous ne réagissez pas au
quart de tour. Mais se pourrait-il que le problème soit ailleurs ?
Êtes-vous sous-réactif ou non-réactif ? Êtes-vous trop décontracté
et indifférent ? Conservez-vous votre calme alors que vous devriez
réagir – et peut-être même avec force et vigueur ? Est-ce que vous
vous protégez des misères de la vie en vous cachant derrière
plusieurs épaisseurs d’isolation ?
Parcelle de vérité ? Ceux qui voient la colère chez les autres
comme un signe de manque de maturité savent que des désirs
irréfléchis et des attentes déplacées provoquent des colères hor-
ribles et futiles. Souvent, nous n’avons vraiment aucune raison
de nous irriter.
Angle mort ? Les gens de cette sorte, calmes à l’excès, ont du
mal à comprendre que les êtres humains devraient suffisamment
prendre les autres à cœur pour se mettre parfois en colère. Ils
gardent leurs distances avec les vicissitudes de la vie afin de
conserver une vie paisible. Et ils ne voient pas les formes plus
subtiles de la colère qui les habitent, comme un virus qui incube
dans un coin de leur organisme. Ou est-ce l’indifférence qui me
tient éloigné de ce à quoi je devrais être connecté ?
Ce sont là six réactions habituelles. L’une d’elles correspond-
elle à votre tendance ? Mais avant de clore cette section, j’aimerais
ajouter une autre variable importante.

50
Ê t e s - v o u s c o n c e r n é  ?

Lorsque la colère est dirigée contre vous


Il est possible que votre relation à la colère prenne une forme
encore différente. Vous avez un sérieux problème avec la colère…
la colère qu’un autre dirige contre vous. Si c’est votre cas, vous
êtes en bonne compagnie. Pour bon nombre de personnes, le
problème immédiat que leur pose la colère n’est pas celle qu’ils
ont contre quelqu’un mais celle que les autres ont contre eux.
Ils disent par exemple : « Je marche sur des œufs. Je ne sais
jamais quand le volcan va entrer en éruption. Il (ou elle) est
tellement versatile, tellement intimidant ou despotique. C’est
angoissant, injuste et étouffant. Je me sens abattu, et si je ne fais
pas attention, je serai agressé. Oui, je réagis alors par la colère.
Mais ma peur et ma blessure sont plus présentes dans mon esprit
que ma colère. Je n’ose pas exprimer mon irritation, pas même le
moindre désaccord. Parfois, je ne sais même plus ce que je veux.
On mange italien ou chinois ce soir ? Je ne cherche nullement à
savoir ce que je préfère, et encore moins à l’exprimer. Je m’incline
tout simplement. Je ne sais que faire. Je me sens paralysé, impuis-
sant de vivre dans cette atmosphère hostile. Parfois je me dis que
tout ça c’est de ma faute, et c’est d’ailleurs ce dont je suis accusé.
Si seulement j’étais différent, alors l’autre ne serait pas si infect et
si violent. Dans mes meilleurs moments de lucidité, je me rends
compte que je suis manipulé par sa colère, et je ne trouve aucune
excuse à sa manière de me traiter. »
Est-ce votre cas ? Êtes-vous davantage la cible que la source de la
colère violente ? Ceux qui subissent les assauts de la colère d’autrui
savent combien il peut être douloureux et intimidant d’être traité
avec colère. Les agresseurs et auteurs de maltraitances se servent
de la colère comme d’un jeu de pouvoir, un moyen de manipuler,
de « gagner ». Leur colère est cruelle, menaçante, écrasante.
Il se peut très bien qu’en ce moment votre plus grand problème
ne soit pas votre propre colère. La priorité pour vous est alors de
trouver un moyen de vous protéger et de protéger ceux qui vous
entourent. Ensuite, vous aurez besoin d’une aide à long terme

51
pour comprendre vos peurs, votre honte ou votre sentiment
d’impuissance face aux agressions d’autrui. Cherchez un conseil-
ler, un pasteur ou un ami, quelqu’un en qui vous avez confiance,
et parlez-lui de votre problème. Et n’hésitez pas à faire appel aux
autorités si vous vous sentez menacé (ou si votre entourage est
menacé).
Mais j’espère que vous continuerez aussi à lire ce livre. Il pour-
rait vous aider à grandir en sagesse. Votre propre colère devant les
injustices dont vous êtes victime peut devenir rédemptrice dans
les mains de votre Rédempteur.

n n n n

À vous la parole
1. Une ou plusieurs des réactions typiques décrites dans ce
chapitre décrivent-elles votre réaction quand les choses
vont mal ? Ou êtes-vous une combinaison de deux ou
trois de ces réactions ? (On ne peut jamais classer les
êtres humains dans des catégories nettement définies.)
Où est-ce la colère dont vous êtes victime qui est votre
problème majeur ?
2. Pouvez-vous décrire avec vos propres mots votre expé-
rience de la colère ?
3. Votre expérience est différente de la mienne. Mais de
bien des manières, chacune de ces réactions incarne
un peu ce que j’entends par « un sérieux problème ».
Chaque réaction paraît initialement logique. Intérieu-
rement, nous estimons habituellement que notre colère
est une réaction justifiée. Mais chaque réaction se désa-
grège, se fracture, part à contretemps, et rate sa cible,
comme le constatent ceux qui nous connaissent, nous
observent et nous voient en action. Notre colère est en

52
Ê t e s - v o u s c o n c e r n é  ?

fait un bric-à-brac. L’un des objectifs de ce livre est de


commencer à faire le tri avec vous.
Je me permets donc à nouveau de vous poser la ques-
tion : êtes-vous d’accord avec l’affirmation selon laquelle
vous avez un problème avec la colère ? Peut-être ne le
qualifiez-vous pas de sérieux, mais j’espère qu’au moins
vous reconnaissez avoir un problème. Nous avons tous
un problème avec la colère. L’aveu de votre besoin d’aide
et de changement constitue la première étape dans la
recherche d’aide. Quelle est la réaction qui décrit le
mieux votre attitude devant l’affirmation : « Vous avez un
sérieux problème avec la colère » ?

4. Qu’avez-vous surligné en lisant ce chapitre ? Pourquoi


avez-vous mis ces phrases en valeur ?

5. Certains OMS (« Oui-Mais-Si ») ont-ils raisonné en vous


dans ce chapitre ?
6. Après le « Notre Père », la prière la plus connue est sans
doute celle de François d’Assise qui aspire à une meil-
leure façon d’agir et de réagir face aux difficultés, crispa-
tions et maux de la vie auxquels nous faisons face. Notez
ce qu’il demande :

Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix.


Là où il y a de la haine, que je mette l’amour.
Là où il y a l’offense, que je mette le pardon.
Là où il y a la discorde, que je mette l’union.
Là où il y a l’erreur, que je mette la vérité.
Là où il y a le doute, que je mette la foi.
Là où il y a le désespoir, que je mette l’espérance.
Là où il y a les ténèbres, que je mette la lumière.
Là où il y a la tristesse, que je mette la joie.
Ô Maître, que je ne cherche pas tant

53
à être consolé qu’à consoler,
à être compris qu’à comprendre,
à être aimé qu’à aimer,
car,
c’est en donnant qu’on reçoit,
c’est en s’oubliant qu’on se retrouve,
c’est en pardonnant qu’on est pardonné,
c’est en mourant qu’on ressuscite à la vie éternelle.

Remarquez chaque terme en gras. Chacun d’entre eux décrit


l’opposé d’une colère tumultueuse, désordonnée, réactionnaire.
Demander à nouveau de l’aide : Fais de moi . Que je
mette .

54
D AV I D P O W L I S O N
POWLISON
C E Q U E DI E U VE U T FA I RE DE VOT RE

DAV I D
C O L È RE , I RRI TAT I O N ET A ME RT UME
Du plus jeune nourrisson au plus vénérable grand-
père, la colère est une expérience humaine
universelle. Nous nous mettons tous en colère,
souvent de la mauvaise manière. Mais la colère peut
être une façon légitime de réagir face au mal et une D A V I D P O W L I S O N
puissante motivation à l’action en faveur des victimes
d’injustices.

David Powlison affirme que la colère n’est pas


« un problème à régler », quelque chose dont nous
devons nous débarrasser. La colère est une réponse
complexe d’êtres humains qui vivent dans un monde
complexe. Nous devons apprendre à la gérer pour
qu’elle produise de beaux fruits.

L’auteur examine les racines de la colère en portant


son regard à un endroit très surprenant : la colère
de Dieu lui-même. Powlison rappelle que Dieu se
met lui aussi en colère. Mais la colère de Dieu ne Ce que Dieu veut faire de votre colère, irritation et amertume
se transforme pas en manipulation ou en tentative
de contrôle. Non, sa colère est bonne et source
de rédemption. Il est à la fois notre modèle pour le
changement mais aussi la puissance qui permet
ce changement.

Chrétien en colère vous aidera à exprimer plus


souvent votre colère de manière juste, constructive
et qui portera de beaux fruits. Powlison offre des
conseils pratiques à ceux qui luttent avec l’irritation,
le mécontentement ou l’amertume et une aide
David Powlison est avisée pour réagir de manière constructive quand les
directeur de la Christian choses ne se passent pas comme vous l’auriez aimé.
Counseling & Educational
Foundation (CCEF) créée
il y a près de cinquante ans
dans le but de former à la
relation d’aide et d’apporter
un soutien psychologique
et pastoral enraciné dans 19,90€
ISBN 978-2-36249-456-7
la Bible. Il a écrit plusieurs
livres sur la relation entre
foi et psychologie. 9 782362 494567

Vous aimerez peut-être aussi