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* les femmes interviennent enfin comme inspiratrices et éducatrices (elles sont du reste
plus instruites : l’alphabétisation féminine part de plus bas que l’alphabétisation masculine
mais elle progresse plus vite)
** les valeurs nouvelles de politesse, d’intimité ou de douceur familiale leur doivent
beaucoup ; la transmission des règles de civilité passe toujours nettement par elles,
notamment ds les classes moyennes (cf. les scènes de genre de Chardin, presque toujours
centrées sur une figure féminine : le Bénédicité, la Toilette du matin, la Gouvernante, la
Garde attentive) ; ce sont les mères des classes supérieures et moyennes qui pèsent en faveur
d’une nouvelle pédagogie moderne, familiale et non-violente, celle des pensionnats de la fin
de l’AR (les prospectus publicitaires leur sont destinés)
** les femmes des classes moyennes et supérieures jouent un rôle non négligeable dans
le nouveau « tribunal de l’opinion » : elles affirment leur goût pictural à l’occasion du Salon
(après 1737 ; Diderot dit que les visiteuses du Tiers Etat aiment à se reconnaître dans les
personnages de Chardin) ; devenues des lectrices passionnées, elles font pendant tout le siècle
le succès des romans sentimentaux (de Richardson, de Rousseau, de Bernardin de Saint-
Pierre)
** enfin, ce sont les femmes du monde qui sont au cœur de la vie de salon, et l’on
trouve parfois chez elles des femmes artistes, comédiennes comme Adrienne Lecouvreur,
Mlle Quinault, Mlle Clairon, portraitistes comme Rosalba Carriera et Mme Vigée-Lebrun,
femmes de lettres comme Mme du Châtelet, Mme d’Epinay, Mme de Genlis ou, tout à la fin
de l’Ancien Régime, la dramaturge féministe Olympe de Gouges
* cela n’empêche pas la prostitution de très bien se porter à Paris, où l’on compterait
10.000 à 15.000 prostituées à la fin de l’AR, peut-être plus (BENABOU penchait pour
20.000-25.000, soit entre 3% et 8% des Parisiennes [Paris compte près de 600.000 habitants])
** les prostituées parisiennes sont jeunes (une sur deux a moins de 22 ans)
*** 75% d’entre elles viennent de province
*** les contemporains voient ds la prostitution un fléau social plus qu’un péché, un
effet du manque d’emplois féminins (cf l’édit d’août 1776), les prostituées elles-mêmes se
considèrent victimes de la misère, de l’engrenage et des tentations de la ville
** il y a plusieurs types de prostitution
*** bcp sont à temps partiel (ne s’adonnant à la prostitution en fin de journée que
lorsqu’elles ont besoin d’argent) et on trouve parmi elles nombre d’actrices, de lingères et
d’ouvrières en mode
*** les professionnelles travaillent assez souvent en bordeaux ou bordels (mais ces
établissements sont bcp moins réglementés qu’ils ne le seront au XIXe s) et sont généralement
sous la coupe de maquerelles ou de souteneurs, ds un milieu où pullulent les voleurs, les
escrocs, les indicateurs de police et les soldats (principaux clients et parfois souteneurs)
*** échappent à la persécution les mieux protégées, celles qui ont un protecteur
débrouillard ou des clients puissants, les grandes courtisanes de la fin de l’AR comme :
Rosalie Duthé, aimée du duc de Chartres, du comte d’Artois et du comte de
Provence, qui a son carrosse et son hôtel particulier à l’angle de la rue de la Chaussée d’Antin
et de la rue Saint-Lazare
la Guimard, danseuse de l’Opéra entretenue par le prince de Soubise (qui lui verse
72.000 livres par an) et ayant pour greluchon (ou amant de cœur) un certain Dauberval (entre
1768 et 1772, elle avait une maison de campagne à Pantin incluant un théâtre où elle donnait
des spectacles licencieux, puis ab 1772 un hôtel particulier à la Chaussée d’Antin là encore
avec un théâtre de 500 places, où elle donnait 3 soupers par semaine [un avec de grands
seigneurs, un avec des artistes et des gens d’esprit et le 3e qui était une véritable orgie avec les
filles les plus lascives de Paris] ; en 1779, ces vers circulent à son sujet : « C’est Guimard
qu’on vient d’élire / Trésorière de l’Opéra, / On a raison car elle a / La plus grosse tirelire »)
Jeanne Bécu, qui atteint les sommets en 1768 en devenant maîtresse du roi (elle le
restera jusqu’à la mort de Louis XV, en 1774) et comtesse du Barry
* les femmes qui creusent des tranchées ou qui portent des fardeaux sur les chantiers de
construction (elles travaillent à côté d’hommes, journaliers sans qualification, mais perçoivent
un salaire qui n’est que la moitié ou le tiers du leur)
* les fêtes
** les dimanches et fêtes chômées : au XVIIe s, il y a ds le diocèse de Paris 55 fêtes
chômées en plus des 52 dimanches (soit près du tiers des jours de l’année) ; l’année est ainsi
rythmée par des fêtes
*** les fêtes mobiles de Pâques, de l’Ascension [immédiatement précédée des
Rogations], de Pentecôte et de la Fête-Dieu
*** les fêtes fixes les plus importantes sont la Saint-Michel le 8 mai, la Saint-Jean le
24 juin (très importante par ses célébrations : on fait des feux en plein air et la jeunesse saute
par dessus), l’Assomption le 15 août, la Nativité de la Vierge le 8 septembre, la Toussaint le
1er novembre, le Jour des morts le 2 novembre, la Saint-Martin le 11 novembre, Noël le 25
décembre, l’Epiphanie le 6 janvier, la Chandeleur le 2 février
** une fois par an a lieu la fête patronale, ie la fête du saint-patron de la paroisse :
*** c’est l’occasion d’un banquet et de jeux (quilles, boules, soule, paume, tir à l’arc,
courses, concours de lutte, cassage de pots, « fesser le mouton », « écorcher le renard »,
« abattis » d’une oie, d’un porc, d’un bœuf [élément de loisir meurtrier]) et de danses à forte
signification communautaire (danses en rond et en ligne, au son du violon, de la vielle, du
luth, du tambourin, parfois de la cornemuse ou musette) ; le groupe de jeunesse (abbaye de
jeunesse, bachellerie) joue un rôle très important ds la fête patronale, au grand dam du curé,
comme ds le Mardi-Gras et plusieurs autres fêtes
*** la ducasse ou anniversaire de la dédicace de l’église paroissiale peut ressembler à
la fête patronale
** il existe des fêtes liées au cycle agraire : fête des moissons, fête des vendanges ou
paulée (on a une très jolie paulée bourguignonne dans le film récent Ce qui nous lie) ; ce sont
des fêtes très arrosées et très joyeuses
** il existe un fête d’inversion, à savoir le Mardi-Gras (fête bachique qui précède
immédiatement l’entrée en Carême) ; on peut y associer une asinade ou asouade (le mari
mené par le bout du nez a droit à la promenade de l’âne)
** s’y ajoutent les fêtes familiales et notamment la célébration des mariages, toujours
occasion de festivités et de danses (on se marie un jour gras, en général lundi ou mardi), la
fête entre voisins qui suit la tuerie du cochon
en ville
* la rue : la rencontre des deux sexes est permanente en ville par la rue
** Arlette FARGE a bien montré (La vie fragile) que les hommes et les femmes du
peuple urbain, très mal logés, vivent ds la rue ; on ne reste pas chez soi quand on peut s’en
dispenser, on se hèle d’une fenêtre à l’autre, on se tient sur le pas de sa porte les soirs d’été ;
du coup, la vie citadine est très bruyante (bruits d’escalier, bruits de portes, cris, appels,
menaces)
** la rue est ainsi pleine de femmes : revendeuses criant leurs marchandises, servantes
faisant les courses, blanchisseuses rapportant du linge à leurs clients, bonnes sœurs faisant la
charité, dames de qualité
* le cabaret et la taverne
** on les distingue à partir du XVIe s : le cabaret peut servir du vin au verre et de la
nourriture, la taverne ne peut servir que du vin au pot (c’est dc un lieu plus populaire, plus
faubourien, où le vin est d’ailleurs moins cher) ; on y joue aussi aux cartes, aux dames, à
d’autres jeux
** ce sont des lieux mixtes (contrairement à ce qu’affirme LS Mercier, les femmes
qu’on y voit ne sont d’ailleurs pas toutes de mauvaise vie ; on y va parfois en famille)
* les fêtes
** les fêtes de corporation ou de confrérie (fête du saint patron de la corporation, ds son
principe assez proche de la fête patronale d’un village) doivent être assez masculines
** les foires sont sans doute bcp plus mixtes : moment commercial accompagné de
festivités variées (jeux d’adresse et de force ; spectacles de marionnettes ou d’animaux ;
mascarades, danses, beuveries) ; pensez à la foire Saint-Germain à Paris (qui marqua
durablement le jeune Jean-Baptiste Poquelin) ou à la foire Saint-Laurent
** le Carnaval et le Mardi Gras sont tout à fait mixtes et s’accompagnent de très nb
mascarades (dès le XVIe s, le corps de ville de Lille fait interdire les masques, en raison « des
désordres et inconvénients préjudiciables au salut des âmes et au bien de la chose publique par
la licence que se donnent plusieurs personnes de l’un et de l’autre sexe d’aller par la ville
masquées ou autrement travesties »)
** l’octave de la Fête Dieu à Provins en 1570 offre un bel exemple de passage de la
non-mixité à la mixité : on assiste à la messe (les hommes d’un côté, les femmes de l’autre),
puis les hommes jouent aux boules pendant que les femmes jouent aux quilles, puis on
banquette ensemble sur des tables dressées dans la rue, puis on parcourt la ville en dansant
** les autorités s’efforcent d’encadrer les fêtes urbaines, qui leur font peur par leur
caractère bachique et potentiellement violent
*** dès le XVIIe s, elles interviennent et limitent le nb de jours de fêtes : à Paris, en
1515, il y avait 46 jours de fête chômée (en plus des dimanches), il n’y en a plus que 36 en
1666 (ce nb se maintient jusqu’à la RF)
*** au XVIIIe s, elles fournissent de plus en plus la matière du divertissement : « alors
qu’au XVIe siècle le peuple artisan offrait aux grands le spectacle des chevauchées de l’âne, au
XVIIIe siècle, ce sont les autorités qui offrent au populaire leurs feux d’artifice » (ROCHE et
GOUBERT)
* en ville, les loges maçonniques et les académies n’accueillent que des hommes (de
l’élite pour les académies, de l’élite et des classes moyennes pour les loges maçonniques)