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*** en politique, elle a tenu le cap pendant les orages de la Fronde, empêché la
victoire des princes, soutenu Mazarin alors qu’il était très impopulaire ; par la suite, elle a
réalisé la paix des Pyrénées et le mariage de son fils avec sa nièce, Marie-Thérèse
*** pour le reste, elle a été un véritable mécène, manifestant bcp de goût pour les
lettres et les arts : elle a applaudi au Cid de Corneille (1637) et fait anoblir toute la famille de
l’écrivain, elle a bcp contribué à raffiner la vie de la cour de France (qui restait sans prestige à
son arrivée en France), elle y a fait entrer l’opéra italien et la danse de ballet (passion de son
fils), elle s’est fait peindre par Rubens, Philippe de Champaigne, Mignard
*** elle a été aussi une des reines de France les plus pieuses, a soutenu saint Vincent
de Paul, a multiplié les œuvres pies (les prières et les pèlerinages) pour pouvoir donner un fils
à son mari, et a ainsi bcp compté ds l’histoire du Val de Grâce
les épouses de Louis XIV (qui règne de 1643 à 1715) sont Marie-Thérèse d’Autriche et
Mme de Maintenon (qui n’est pas reine)
* la 1ère épouse de Louis XIV est Marie-Thérèse d’Autriche (née en 1638-épousée et reine
en 1660-morte en 1683), infante aînée d’Espagne, fille du roi d’Espagne Philippe IV
** Marie-Thérèse est le 8e enfant de Philippe IV et d’Elisabeth de France (elle est dc
doublement cousine germaine de Louis XIV) et le seul qui parvienne à l’âge adulte
** sa mère, qui vivait à Madrid ds la nostalgie de la France et parlait bcp de son pays
natal, meurt en couches alors que l’infante n’a que 6 ans
*** son père se remarie 5 ans plus tard avec sa nièce, Marie-Anne d’Autriche, une
Habsbourg de Vienne, âgée de 15 ans (alors que Marie-Thérèse a 11 ans) ; belle-fille et belle-
mère sont assez proches : la nouvelle reine donne bientôt naissance à l’infante Marguerite-
Thérèse (1651-1673), qui sera impératrice (les deux demi-sœurs sont également proches) et à
l’infant Charles, qui sera le dernier roi Habsbourg d’Espagne, Charles II
*** l’infante Marie-Thérèse est promise à deux cousins archiducs d’Autriche avant
d’être le prix de la paix des Pyrénées entre France et Espagne (1659) ; le peintre Velasquez
fait de l’infante un magnifique portrait qui est envoyé en France peu avant le mariage
** le mariage se fait par étape en juin 1660 :
*** le 3 juin, l’infante est mariée par procuration à Fontarrabie (du côté espagnol de la
frontière)
*** le 6 juin, les deux délégations se rencontrent sur l’île des Faisans, au milieu de la
Bidassoa, rivière frontière entre les deux royaumes, et l’infante fait ses adieux à son père
*** le 9 juin, le mariage officiel a lieu en l’église Saint-Jean-Baptiste de Saint-Jean-de-
Luz (on peut voir encore la « maison de l’infante » à SJDL)
Marie-Thérèse renonce à ses droits sur la couronne d’Espagne et est supposée
recevoir en échange une dot de 500.000 écus d’or, payable en 3 versements (comme elle ne
sera pas totalement payée, on aura une guerre entre France et Espagne en 1667-1668, dite des
droits de la reine)
Marie-Thérèse arrive en France avec une suite de 40 femmes mais le roi (qui craint
l’espionnage, la diplomatie parallèle et surtout l’influence néfaste que des Espagnoles
pourraient avoir sur la reine) exige le départ immédiat de la plupart d’entre elles (seulement
13 demeurent auprès de la jeune reine) et il crée ainsi un usage qu’on retrouvera jusqu’à la fin
de l’AR (Marie-Antoinette, arrivant en France en 1770, abandonnera la quasi-totalité de sa
suite autrichienne)
** fin juin 1660, le couple royal arrive à Paris, où la jeune reine passe sous l’aile de sa
belle-mère et tante, Anne d’Autriche, qui lui apprend tout ce qu’elle est censée savoir (Marie-
Thérèse, à la différence d’Anne, ne se débarrassera pas d’un fort accent espagnol)
*** les deux reines développent une relation forte (Marie-Thérèse aime à se retrouver
auprès d’Anne pour parler espagnol et boire du chocolat, que Louis XIV n’aime pas : il
faudra, pour cette raison, attendre le règne de Louis XV pour que le chocolat soit à la mode à
la cour de France ; les deux femmes ont à peu près la même sensibilité religieuse et
s’associent très souvent ds des œuvres de charité)
*** la reine Marie-Thérèse n’est ni jolie ni laide (elle est petite et joufflue, avec des
dents gâtées, en raison de son goût espagnol pour les sucreries, assez maladroite, pas
prognathe, à la différence de son demi-frère Charles II et des Habsbourg en général) et le roi
lui est infidèle dès 1661 (liaison de 1661-1667 avec Louise de La Vallière, fille d’honneur de
Madame [Henriette d’Angleterre] ; puis grande liaison avec Mme de Montespan [1668-1681],
épicée de liaisons de moindre importance avec la princesse de Monaco, la princesse de
Soubise, Mme de Ludres, la duchesse de Fontanges, Mme de Maintenon)
*** et la mort d’Anne en 1666 est une rude coup pour Marie-Thérèse, qui se retrouve
très isolée à la cour (Anne d’Autriche était la seule personne qui pouvait reprocher à Louis
XIV ses infidélités conjugales ; Marie-Thérèse vit alors replié sur ses proches, ses femmes,
avec lesquelles elle joue aux cartes, ses nains et ses petits chiens ; elle a une passion pour le
jeu et y perd des sommes considérables, obligeant souvent le roi à éponger ses dettes)
** Louis XIV, qui a résolu de donner un statut élevé à ses maîtresses (on le voit
notamment ds les logements prestigieux qu’il leur fait donner à Versailles), oblige sa femme à
prendre comme dames d’honneur Mme de La Vallière et Mme de Montespan et promène les
« 3 reines » partout où il va (Mme de La Vallière est douce et demandera pardon à la reine
avant de se retirer ds un couvent ; Mme de Montespan est une peste et la reine doit subir les
outrages de sa rivale)
*** le roi confie brièvement la régence à sa femme pendant la guerre de Hollande
(1672), où il se rend en personne (la reine reçoit les ambassadeurs, préside le conseil,
s’applique ds ces fonctions nouvelles), mais, en 1680, il marie le dauphin sans la consulter
(Marie-Thérèse souhaitait marier son fils à sa nièce Marie-Antoinette archiduchesse
d’Autriche, et elle est très mécontente, et désagréable avec la dauphine-Bavière)
*** à partir de 1680, l’influence de Mme de Maintenon sur le roi permet un
rapprochement des deux époux (la reine en est très reconnaissante à Mme de Maintenon) ;
Marie-Thérèse meurt brutalement à Versailles le 30 juillet 1683, sans qu’on ait eu le temps de
lui administrer l’extrême onction (elle meurt donc « sans se reconnaître », selon l’expression
du temps) ; Louis XIV aurait dit de cette mort « voici le premier chagrin qu’elle me cause »
* le duc de Bourgogne est marié (en 1697, en application du traité de Ryswick, à l’issue de
la guerre de la Ligue d’Augsbourg, dans laquelle la Savoie a combattu la France) à sa cousine
germaine Marie-Adélaïde de Savoie (1685-1712), âgée de 12 ans (la mère de la duchesse de
Bourgogne était une fille de Monsieur, frère de LXIV, et d’Henriette d’Angleterre)
** la duchesse de Bourgogne (pleine de vie) va faire la conquête de la cour jusqu’à sa
mort, en 1712 ; on dit que son arrivée à la cour y remit un peu de gaieté, Louis XIV disant à
ses architectes et ses peintres « je veux de l’enfance partout »
** elle tient le rôle de reine, puisque sa belle-mère est morte en 1690 ; elle vit d’ailleurs
ds l’ancien appartement de la reine Marie-Thérèse
l’épouse de Louis XV (qui règne de 1715 à 1774) aurait dû être sa cousine germaine,
l’infante aînée d’Espagne Marie-Anne Victoire (1718-1781), fille de Philippe V (ex-duc
d’Anjou, petit-fils de Louis XIV), arrivée en France à l’âge de 3 ans 1/2, en 1722 ; en 1725,
les fiançailles sont rompues, l’infante renvoyée en Espagne avec ses poupées et le roi marié à
Marie Leszczynska (née en 1703-épousée et reine en 1725-morte en 1768), fille du roi de
Pologne en exil Stanislas Leszczynski, duc de Lorraine
* Marie Leszczynska (qui a 7 ans de plus que le roi) a connu l’exil très tôt (son père, roi
de Pologne en 1703, a perdu son trône en 1709, quand elle avait 6 ans) ; elle a reçu une bonne
éducation, parle le français et l’allemand presque aussi bien que le polonais ; son père, qui a
peu de moyens financiers, a une haute idée de son statut et refuse de la marier à un homme
qui ne serait pas duc ; le résultat de tout cela est qu’elle ne trouve pas de parti (elle ne peut
espérer qu’une dot très modique)
** on ne peut qu’imaginer sa sidération lorsqu’on lui annonce le 2 avril 1725 que le roi
de France demande sa main : elle l’épouse à Fontainebleau, dès le 5 septembre
*** pourquoi ce changement de cap totalement inattendu ? en 1725, l’infante avait 7
ans, Louis XV 15 ans et ML 22 ans : le roi venait de tomber gravement malade et on voulait
qu’il ait des enfants le plus tôt possible ; ML était en âge de procréer immédiatement, alors
que l’infante ne l’était pas
*** il n’empêche que ce mariage polonais fit bcp jaser (la monarchie polonaise,
élective, était très peu prestigieuse ; bcp pensaient qu’on aurait vraiment pu trouver mieux ;
on cria une nouvelle fois à la mésalliance) ; du reste, la composition de la maison de la reine
fut décidée par le duc de Bourbon, qui ne l’autorisa pas à garder auprès d’elle une seule
suivante polonaise (en revanche, elle fit valoir qu’elle préférait se confesser en polonais et elle
eut jusqu’à sa mort des confesseurs polonais, les pères Labiszynski, Radominski, Bieganski,
Trapzinski, tous jésuites mais ne faisant pas partie de sa maison au sens technique)
** dès la nuit de noces, ML tombe amoureuse du roi, qui était très beau (grand et bien
fait)
*** le roi aime sa femme, qui est elle-même tout à fait charmante, et il lui fait 10
enfants en 10 ans, le dauphin Louis (1729-1765, qui mourra sans avoir régné), un autre fils
(mort à 3 ans) et 8 filles (dont une seule se mariera, Elisabeth, devenue duchesse de Parme, et
dont 5 resteront célibataires à l’âge adulte : Mesdames Henriette, Adélaïde, Victoire, Sophie
et Louise [Marie-Louise et Thérèse sont mortes en bas âge] ; Madame Louise entrera au
carmel à 33 ans, en 1770, pour expier les fautes de son père)
*** ML mène une vie assez monotone (« toujours couchée, toujours grosse, toujours
accouchée ») ; à partir de 1738, elle apparaît comme une femme d’âge mûr (35 ans), fatiguée
par les maternités, alors que le roi est un jeune homme de 28 ans : comme ses médecins lui
disent qu’une nouvelle grossesse pourrait lui être fatale, elle refuse au roi l’entrée de sa
chambre
*** le roi la trompe dès 1733 avec les sœurs de Nesle ; la porte close de 1738 lui ôte
ses derniers scrupules (en une époque, la décennie 1730, où il découvre son goût immodéré
pour les femmes en général)
** ML n’a aucun rôle politique :
*** elle a voulu soutenir le duc de Bourbon en 1726 et a totalement échoué ds son
entreprise (Bourbon a été remplacé par le cardinal de Fleury)
*** à partir des années 1730, elle subit les infidélités de son mari et vit très isolée à la
cour (on sait qu’elle est sans influence sur le roi et elle passe surtout pour terriblement
ennuyeuse) ; elle a un petit cercle d’intimes, qu’elle voit tous les jours et avec lesquels elle
s’adonne à sa passion pour le jeu (le roi éponge régulièrement ses dettes) ; elle s’intéresse
cependant aux arts, à la peinture (elle peint des aquarelles dont Mme Campan nous dit
qu’elles sont davantage l’œuvre de son maître de dessin que la sienne) et à la musique (elle
fait venir le castrat Farinelli en 1737 et entend Mozart en 1764) ; elle est d’une inattaquable
piété, entretenue par ses confesseurs polonais ; elle garde une grande dignité face aux
maîtresses de son mari, entretient des relations correctes avec Mme de Pompadour, se replie
sur le cercle de ses enfants, qui la soutiennent contre les maîtresses de leur père ; elle meurt en
1768
l’épouse de Louis XVI (qui règne de 1774 à 1792) est Marie-Antoinette d’Autriche (née à
Vienne en 1755-épousée et dauphine en 1770-reine en mai 1774-déchue en août 1792-veuve
en janvier 1793-jugée et condamnée à mort en octobre 1793-guillotinée le 16 octobre 1793),
archiduchesse d’Autriche, fille de l’impératrice Marie-Thérèse et de François de Lorraine
* Marie-Antoinette est la dernière fille de Marie-Thérèse d’Autriche et de François de
Lorraine (qui ont eu 16 enfants, dont 11 filles)
** en 1770, elle est mariée au dauphin de France au titre de la politique dite de
renversement d’alliance menée par la France depuis 1756 (politique Choiseul ; la France,
traditionnellement alliée à la Prusse contre l’Autriche et la GB, s’allie à l’Autriche contre la
Prusse et la GB)
** elle est jolie (ce qui n’est pas sans importance ds une monarchie héréditaire : les rois
doivent autant que faire se peut épouser des femmes réservoirs de beauté susceptibles
d’améliorer la descendance) et elle a des qualités de vivacité et de gaieté
** mais son éducation intellectuelle a été à Vienne extrêmement négligée (à 12 ans, elle
ne sait quasiment pas écrire, pas même en allemand) et elle reculera toute sa vie devant un
véritable effort de pensée ; on lui a du reste envoyé de Versailles en 1768 l’abbé de Vermond
avec mission de la dégrossir (en particulier d’améliorer son français ; il restera son ami
jusqu’aux dernières années)
* diplomatiques (on veut conclure une alliance ou mettre fin à une guerre)
* ds son contrat de mariage, il est spécifié qu’il n’y a pas de communauté de biens (le roi
n’ayant que l’usufruit du domaine royal) mais la maison de la reine est bel et bien financée
par le domaine royal
* le sacre rappelle son caractère royal et en même temps qu’elle n’est pas le roi :
** le sacre de la reine, tant qu’il existe, est très simplifié par rapport à celui du roi
*** il n’a pas lieu à Reims (sauf exception : Henri III et la reine Louise) mais à Saint-
Denis
*** la reine ne prête pas les serments à l’Eglise et au royaume
*** la reine ne reçoit pas les regalia chevaleresques, ne reçoit pas les habits
sacerdotaux (ce qui ne l’empêche pas de communier sous les deux espèces, comme le roi)
*** la reine ne voit pas sa couronne tenue au-dessus de sa tête par les pairs de France
*** la reine s’assoit sur un trône légèrement plus bas que celui du roi
*** la reine n’est ointe qu’en 2 endroits du corps (la tête et la poitrine) et pas en 9 (et
pas avec le saint chrême) –et le sacre ne lui confère pas de pouvoirs thaumaturgiques (elle ne
guérit pas les écrouelles après la cérémonie)
** et, après 1610, il n’y a plus de sacre de la reine mais un simple couronnement de la
reine à l’occasion du sacre de son époux
* ds les entrées royales (on appelle ainsi la cérémonie qui accompagne l’entrée du
souverain ds une ville), il faut distinguer le XVIe s des périodes suivantes :
** au XVIe s, elle est reçue après le roi et, alors que le roi est reçu comme roi de guerre,
elle est reçue comme reine de paix et de maternité, intercesseur auprès du roi (comme la
Vierge Marie est intercesseur auprès du Christ)
** à partir du XVIIe s, l’entrée est conjointe mais la reine est ds l’ombre de son seigneur
(Fanny COSANDEY dit d’elle qu’elle est désormais moins l’intermédiaire que le reflet,
« représentation sans pouvoir de la grandeur monarchique »)
le rôle fondamental de la reine : faire des enfants et, de préférence, des mâles
* l’ordinaire des reines, ce sont des grossesses à répétition : 11 en 20 ans d’Anne de
Bretagne (de deux maris différents, sans compter plusieurs fausses couches), 7 en 10 ans pour
la reine Claude, 10 en 12 ans pour Catherine de Médicis, 6 en 10 ans pour Marie de Médicis,
6 en 11 ans pour Marie-Thérèse, 10 en 10 ans pour Marie Leszczynska, 4 en 8 ans pour
Marie-Antoinette
* les reines qui ne font pas d’enfant ou qui ont du mal à en faire sont ds une situation
difficile : on peut penser à Jeanne l’Estropiée, à Marie Stuart (mais son mariage fut bref,
François II étant mort très jeune), Elisabeth d’Autriche, Louise de Vaudémont, mortes sans
héritier mâle, et à Anne d’Autriche ou Marie-Antoinette qui ont attendu longtemps avant de
concevoir (23 ans pour Anne d’Autriche, 8 ans pour Marie-Antoinette)
* la chose vaut non seulement pour les reines mais aussi pour les maîtresses royales
(Louis XIV écrit ds ses Mémoires pour l’instruction du dauphin : « un roi doit séparer les
tendresse d’amants d’avec les résolutions du souverain ») et plus généralement pour les dames
de la cour, réduites à des intrigues très nombreuses mais de très faible amplitude ; le féminin
est désormais du côté du privé alors que la royauté est du côté du public
* c’est également le cas en 1672 : Louis XIV part pour la guerre de Hollande et il confie la
régence à Marie-Thérèse (elle fait le lien entre le roi et les ministres, reçoit les ambassadeurs
étrangers) ; c’est la dernière régence d’une reine de France
en cas de mort prématurée du roi et de minorité du futur roi, on a un autre type de régence :
* les règles ne sont pas fixées mais depuis la fin du MA, on estime qu’il est assez naturel
que la mère du roi, qui assure la tutelle ordinaire de l’enfant, assure aussi la direction du
royaume
** on pense que le fait que les femmes soient exclues de la souveraineté présente un
avantage : elles ne pourront pas usurper le pouvoir
** cela dit, ces régences n’ont jamais rien eu d’automatique : en théorie, à chaque fois,
ce sont les états généraux qui devraient se prononcer mais le pouvoir royal se méfie des états
généraux qui sont d’ailleurs compliqués à réunir ; ds la pratique, c’est le parlement de Paris
qui attribue la régence
* c’est ainsi que Catherine de Médicis, Marie de Médicis et Anne d’Autriche ont été
désignées comme régentes pendant la minorité de leurs fils (en 1560-1563, en 1574 jusqu’au
retour d’Henri III de Pologne, en 1610-1614, en 1643-1651)
** à chaque fois, il y a eu des tractations avec les princes du sang et le parlement
** à chaque fois, elles se sont appuyées sur des conseillers masculins (Michel de
L’Hospital, Concini, Mazarin)
** à chaque fois, elles ont conservé une influence majeure après la majorité du roi
(Catherine de Médicis joue un rôle très important jusqu’à la mort de Charles IX, en 1574, et
est de nouveau influente sous le règne d’Henri III alors qu’il se pique de gouverner par lui-
même [elle meurt qqes semaines avant lui, en 1589] ; Marie de Médicis et Anne d’Autriche
gardent le titre de chef du conseil après la majorité du roi : Marie de Médicis influence Louis
XIII avec des hauts et des bas jusqu’à la Journée des Dupes, en 1630 ; Anne d’Autriche pèse
ds les affaires de l’Etat jusqu’au début du règne personnel de Louis XIV, en 1661)
* c’est par cette Cour de Valois que les mœurs et le goût français ont commencé à se
policer et à s’italianiser ; la réputation de la cour des Valois est durable : La princesse de
Clèves, roman publié par Mme de La Fayette en 1678, commence ainsi : « La magnificence
et la galanterie n’ont jamais paru en France avec tant d’éclat que dans les dernières années du
règne de Henri II. Ce prince était galant, bien fait, et amoureux : quoique sa passion pour
Diane de Poitiers, duchesse de Valentinois, eût commencé il y avait plus de vingt ans, elle
n’en était pas moins violente, et il n’en donnait pas des témoignages moins éclatants. Comme
il réussissait admirablement dans tous les exercices du corps, il en faisait une de ses plus
grandes occupations : c’était tous les jours des parties de chasse et de paume, des ballets, des
courses de bagues, ou de semblables divertissements. Les couleurs et les chiffres de madame
de Valentinois paraissaient partout, et elle paraissait elle-même avec tous les ajustements que
pouvait avoir mademoiselle de la Marck, sa petite-fille, qui était alors à marier. La présence
de la reine autorisait la sienne : cette princesse était belle, quoiqu’elle eût passé la première
jeunesse ; elle aimait la grandeur, la magnificence, et les plaisirs. Le roi l’avait épousée
lorsqu’il était encore duc d’Orléans, et qu’il avait pour aîné le dauphin, qui mourut à
Tournon ; prince que sa naissance et ses grandes qualités destinaient à remplir dignement la
place du roi François Ier, son père. L’humeur ambitieuse de la reine lui faisait trouver une
grande douceur à régner. Il semblait qu’elle souffrît sans peine l’attachement du roi pour la
duchesse de Valentinois, et elle n’en témoignait aucune jalousie ; mais elle avait une si
profonde dissimulation, qu’il était difficile de juger de ses sentiments ; et la politique
l’obligeait d’approcher cette duchesse de sa personne, afin d’en approcher aussi le roi. Ce
prince aimait le commerce des femmes, même de celles dont il n’était pas amoureux. Il
demeurait tous les jours chez la reine à l’heure du cercle, où tout ce qu’il y avait de plus beau
et de mieux fait de l’un et de l’autre sexe ne manquait pas de se trouver. Jamais cour n’a eu
tant de belles personnes et d’hommes admirablement bien faits ; et il semblait que la nature
eût pris plaisir à placer ce qu’elle donne de plus beau dans les plus grandes princesses et dans
les plus grands princes. Madame Élisabeth de France, qui fut depuis reine d’Espagne,
commençait à faire paraître un esprit surprenant, et cette incomparable beauté qui lui a été si
funeste. Marie Stuart, reine d’Écosse, qui venait d’épouser M. le Dauphin, et qu’on appelait la
Reine Dauphine, était une personne parfaite pour l’esprit et pour le corps ; elle avait été élevée
à la cour de France, elle en avait pris toute la politesse ; et elle était née avec tant de
dispositions pour toutes les belles choses, que, malgré sa grande jeunesse, elle les aimait et s’y
connaissait mieux que personne. La reine, sa belle-mère, et Madame, sœur du roi, aimaient
aussi les vers, la comédie, et la musique. Le goût que le roi François Ier avait eu pour la
poésie et pour les lettres régnait encore en France ; et le roi, son fils, aimant les exercices du
corps, tous les plaisirs étaient à la cour. Mais ce qui rendait cette cour belle et majestueuse,
était le nombre infini de princes et de grands seigneurs d’un mérite extraordinaire. Ceux que
je vais nommer étaient, en des manières différentes, l’ornement et l’admiration de leur
siècle. »
* le raffinement de la cour, désormais très nombreuse (1500 à 2000 personnes), est plus
grand encore sous Henri III et la reine Louise :
** le roi met en place de grandes cérémonies :
*** le règlement de 1574 fixe les règles du dîner du roi, le public étant tenu à distance,
le règlement général de la cour de 1578 formalise l’étiquette du lever, et le règlement de 1585
répartit les courtisans ds les différentes pièces de l’appartement en fonction de leur rang (il
semble vouloir s’inspirer de la cour d’Elisabeth 1ère d’Angleterre : « l’Angleterre est la
maistresse en ceste science ; chacun y sçait son rang »)
*** Henri III codifie aussi les grandes cérémonies, la réception des ambassadeurs (les
contemporains furent impressionnés par le faste de la réception des ambassadeurs
d’Angleterre, en 1585, apportant au roi l’ordre de la jarretière), les cérémonies de l’ordre du
Saint Esprit
** le spectacle de cour s’enrichit
*** trois soirs par semaine, de 19h à 20h, le roi et les courtisans rejoignent les dames
dans l’appartement de la reine mère (Catherine de Médicis) pour écouter les musiciens de la
chambre
*** 2 à 3 fois par semaine (dimanche, mardi, jeudi) ont lieu les bals, qui sont de
magnifiques spectacles, où l’on danse la pavane (une danse glissée, très majestueuse), la
gaillarde, la volte, l’allemande, la gavotte
*** c’est aussi à cette époque qu’arrive d’Italie le ballet de cour : le premier ballet de
cour dansé en France est le Ballet comique de la reine, donné en 1581 à l’occasion du mariage
de Marguerite de Lorraine-Vaudémont, sœur de la reine, avec le duc de Joyeuse, mignon
d’Henri III ; le succès est immédiat et la mode du ballet de cour durera jusqu’aux années 1670
* la cour de Louis XIII est un peu moins rustique mais le roi n’aime pas la vie de
représentation, les guerres perpétuelles ne sont guère favorables au raffinement et les cercles
polis (salons et ruelles) sont extérieurs à la cour
** la vie de Cour est très souvent interrompue par les campagnes et endeuillée par les
duels (la concentration de gentilshommes, pour ne pas dire de soudards, et la mode espagnole
du point d’honneur rendent le phénomène extrêmement visible)
** la Cour est dc incapable de bon ton : les courtisans sont comme la plupart des
gentilshommes du début du XVIIe s peu cultivés et c’est pour cela que, lorsque la préciosité
se développe, à la fin du règne de Louis XIII, c’est en dehors de la Cour, ds des sociétés
particulières (Chambre bleue de l’hôtel de Rambouillet jusque vers 1645, salon de Mlle de
Scudéry et de Mme de Sablé ensuite)
* mais, après 1653, la vie de cour reprend avec éclat, au Louvre, cette fois, plus facile à
défendre de la populace
** y participe le jeune roi, « vigoureux et ardent au plaisir »
*** ds les années 1650, Cupidon est partout (sans doute en réaction contre la dévotion
de la reine-mère) : le jeune Louis se promène sur les toits pour aller conter fleurette à des
« filles d’honneur » de la reine ; il est amoureux des belles nièces de Mazarin, Olympe et
Marie Mancini
*** la Cour des années 1650 a qqe chose de charmant mais sans familiarité
** c’est l’époque de la participation du jeune roi à des ballets de cour : le succès du
genre ds les décennies 1650 et 1660 tient beaucoup au goût immodéré du jeune roi pour la
danse (goût hérité de son père et que le roi partage avec les jeunes seigneurs qui sortent du
collège : les collèges se sont dotés de maîtres de danse, au grand dam des dévots) et au fait
que ces ballets exaltent la place éminente du roi et son immense capacité de séduction
*** Louis XIV apparaît alors ds deux ou trois ballets par an :
ds le Ballet de la nuit de 1653, qui compote 45 entrées (scènes), il danse une
Heure, un Jeu, un Feu follet, un Curieux, un Furieux (contre l’ « espagnole fierté »), puis, à la
fin, le Soleil levant, présenté par l’Etoile du jour (son frère) de la façon suivante : « Depuis
que j’ouvre l’Orient / Jamais si pompeuse et si fière / Et jamais d’un air si riant / Je n’ai brillé
ds ma carrière / Ni précédé tant de lumière. / Quels yeux en la voyant n’en seraient éblouis ? /
Le Soleil qui me suit, c’est le jeune LOUIS. / La troupe des astres s’enfuit / Dès que ce grand
roi s’avance ; / Les nobles clartés de la Nuit, / Qui triomphaient en son absence, / N’osent
soutenir sa présence : / Tous ces volages feux s’en sont évanouis / Le Soleil qui me suit, c’est
le jeune LOUIS ») et vêtu d’un extraordinaire vêtement de toile d’or ; il va sans dire que ce
final exalte le parfait souverain : le roi y dit ceci « Déjà seul je conduis mes chevaux
lumineux, / Qui traînent la splendeur et l’éclat après eux ; / Une divine main m’en a remis les
rênes : / Une grande déesse a soutenu mes droits / Nous avons même gloire, elle est l’astre des
Reines ; / Je suis l’astre des Rois » (tous ces vers sont de Benserade)
en 1654, le roi tient six rôles différents (dt celui d’Apollon) ds les Noces de Thétis
et de Pélée (aux milieux d’artifices et de machines créant mille illusions) ; Benserade lui fait
dire ceci (en Apollon) : « J’ai vaincu ce Python qui désolait le monde / Ce terrible serpent que
l’Enfer et la Fronde / D’un venin dangereux avaient assaisonné : / La Révolte en un mot ne
saurait plus me nuire / Et j’ai mieux aimé la détruire / Que de courir après Daphné. /
Toutefois, il le faut, c’est une loi commune, / Qui veut que tôt ou tard je coure après
quelqu’une / Et tout dieu que je suis je m’y vois condamné : / Que mes premiers soupirs vont
attirer de presse ! / Est-il Muse, reine ou déesse / Qui ne voulût être Daphné ? »
en 1655, il est le Génie de la danse ds le Ballet des plaisirs ; en 1656, le Printemps
ds Psyché ; en 1658, l’Esprit follet et en ris ds le Ballet de la raillerie
il poursuivra dans la décennie 1660 et dansera encore Neptune et Apollon ds les
Amants magnifiques en 1670 ; la même année, le roi cesse de danser (il danse à la première
des Amants magnifiques mais il se fait remplacer à la seconde) et le ballet cesse d’être un
instrument de gouvernement
*** ds ces ballets de la jeunesse de Louis XIV, le roi danse avec des princes
(notamment, ds le Ballet de la nuit, avec Monsieur, qui danse l’Etoile du jour)
il danse aussi parfois avec des princesses, souvent avec sa cousine (puis belle-
sœur) Henriette d’Angleterre, qui dansait très bien
ensemble, ils formaient un duo magnifique : en 1661, ds le Ballet des saisons, le
roi danse Cérès, Henriette d’Angleterre danse Diane ; en 1663, ds le Ballet des arts, le roi
danse un berger, Henriette d’Angleterre danse une bergère, rejointe par 4 jeunes filles dont
Mlle de La Vallière et Mlle de Sévigné ; en 1665, ds La Naissance de Vénus, le roi danse le
guerrier Renand, Henriette danse Vénus sortant de l’onde dans une nacelle brillante,
accompagnée de 12 charmantes néréides, puis le roi danse Alexandre le Grand et Henriette
danse la belle Roxane ; en 1666, ds le Ballet des muses, le roi danse Jupiter, Henriette une
bergère avec Mme de Montespan et Mlle de La Vallière
avec le règne personnel de Louis XIV, la cour devient un lieu de civilisation des mœurs
(Norbert ELIAS) où les femmes, privées de toute action politique, sont censées jouer un rôle
esthétique et civilisateur
* si Louis XIV n’a pas créé la Cour, il lui a cependant donné tous ses soins pdt tte sa vie
(s’inspirant du modèle espagnol) et a ainsi fini par lui donner un lustre sans équivalent avant
comme après lui, faisant de la Cour de France « la plus magnifique cour qu’il y eût jamais »
** il voit ds l’étiquette de la Cour une des choses les plus importantes de l’Etat :
*** « ceux-là s’abusent lourdement qui s’imaginent que ce ne sont là que des affaires
de cérémonie ; les peuples sur qui nous régnons, ne pouvant pénétrer le fond des choses,
règlent d’ordinaire leurs jugements sur ce qu’ils voient au dehors et c’est le plus souvent sur
les préséances et les rangs qu’ils mesurent leur respect et leur obéissance ; comme il est
important au public de n’être gouverné que par un seul, il lui est important aussi que celui qui
fait cette fonction soit élevé de telle sorte au-dessus des autres qu’il n’y ait personne qu’il
puisse ni confondre ni comparer avec lui et l’on ne peut, sans faire tort à tout le corps de
l’Etat, ôter à son chef les moindres marques de la supériorité qui le distingue des membres »
(Mémoires pour l’instruction du Dauphin)
*** ailleurs, ds les Mémoires, il raconte cette anecdote significative : « mon frère se
proposa de me faire une demande qui fut que sa femme, étant en présence de la reine, pût
avoir une chaise à dos ; je lui fis entendre incontinent avec toute la douceur possible que je ne
pouvais lui donner satisfaction et que, pour tout ce qui pouvait servir à l’élever au-dessus de
mes autres sujets, je le ferais toujours avec plaisir, mais ce qui semblerait l’approcher de moi,
je ne croyais pas le devoir jamais permettre »
*** toujours ds les Mémoires, Louis XIV insiste sur le rôle des fêtes : « elles donnent
une impression très avantageuse de magnificence, de puissance, de richesse et de grandeur » ;
le rituel, ce qu’on appelait alors les « cérémonies », ce que les cuistres qualifiaient de
« theatrum ceremoniale », joue un rôle similaire
*** avec Louis XIV, la cour devient incroyablement réglée, comme une gigantesque
chorégraphie :
lever du roi, avec 6 entrées différentes (les plus recherchées sont les « grandes
entrées », « si rares, si estimées, si utiles », qui permettent de parler au roi avant qu’il y ait
foule ; « le roi ôte sa robe de chambre ; le maître de la garde-robe lui tire la camisole de nuit
par la manche droite, le premier valet de garde-robe par la manche gauche ; la chemise de jour
est apportée par le grand chambellan ou par un fils de France s’il s’en trouve, et mise par le
premier valet de chambre qui tient la manche droite et par le premier valet de garde-robe qui
tient la manche gauche ; le roi se lève de son fauteuil et le maître de la garde-robe aide à
relever son haut de chausse ; le grand-maître de la garde-robe agrafe l’épée au côté du roi, lui
passe la veste dans les bras, aide le roi à passer le justaucorps et met la cravate que le roi noue
lui-même »)
messe dans la chapelle royale, devant la cour
conseils de gouvernement (les courtisans font alors des visites de tous les types,
notamment de sollicitation ou de félicitation)
dîner (notre déjeuner) du roi au grand couvert (le roi mange avec la reine [avant
1683], puis avec la dauphine [avant 1690], puis seul, devant la cour)
après-midi consacré à la promenade et à la chasse (accompagnent le roi ceux qui
ont obtenu ce privilège une fois pour toutes)
retour de chasse, le roi se rend chez Mme de Maintenon, pour la conversation
viennent ensuite les soirées d’appartement (lundi, mercredi, jeudi : jeu, billard,
danse, collation, concert, ds les salons des planètes à Versailles) ou la comédie (les soirées
sans appartement, le mardi et le vendredi) ou le bal (le samedi)
vient ensuite le souper (le roi mange avec les fils et petits-fils de France, mais pas
les princes du sang, qui regardent sans manger, femmes assises et hommes debout)
après le souper, le roi reste dans l’intimité familiale (avec Mme de Maintenon,
rejointe par les fils et petits-fils de France, les filles et petites-filles de France)
coucher du roi (lever à l’envers)
*** à cela s’ajoutent les grandes cérémonies, du premier de l’an, des fêtes religieuses
(la cène de la reine pour Pâques), des mariages des membres de la famille royale, des
réceptions d’ambassadeurs
** le roi intervient quotidiennement ds la vie de cour par la faveur et la disgrâce
*** la faveur est très subtilement graduée par des « riens » qui prennent une
importance considérable : le fait que le roi vous adresse la parole, comme ce fut le cas pour
Mme de Sévigné après la 1ère représentation d’Esther, le fait qu’il vous accorde lors de son
coucher le privilège (très envié) du bougeoir, qu’il vous invite à Trianon ou à Marly (où l’on
peut voir le roi en petit comité)
*** la disgrâce est également très finement calculée (188 cas entre 1684 et 1715) : elle
concerne surtout des hommes (le marquis de Vardes, qui avait écrit la lettre à la reine lui
annonçant que le roi la trompait avec Mlle de La Vallière ; le comte de Bussy-Rabutin, pour
avoir écrit l’Histoire amoureuse des Gaules ; le marquis de Lauzun, pour avoir osé aspirer à la
main de la Grande Mademoiselle) mais elle peut concerner des femmes (Mme de Montespan
après l’affaire des Poisons, Mme de Murat)
* la cour se féminise
** à bcp d’égards, la noblesse est émasculée après la Fronde et le coup de partie de 1661
(le roi se méfie de la noblesse et ne veut plus entendre parler de rébellions ou d’assemblées ;
le roi n’appelle plus la grande noblesse au Conseil)
** la grande noblesse ne peut plus accéder au roi que par le biais de la cour :
*** le roi ne partage pas avec elle le pouvoir mais sa vie quotidienne et ses menus
plaisirs
*** la cour est hiérarchisée (enfants de France, princes du sang, ducs et pairs,
commensaux de 1er ordre, de 2e ordre, de 3e ordre) ; les courtisans (3000 personnes des deux
sexes) doivent respecter cette hiérarchie (les questions de préséance sont permanentes) mais
ils sont également pris dans une compétition quotidienne pour la faveur royale
** pour obtenir la faveur, il faut plaire et on ne peut plaire qu’en ayant le « bon ton », le
« bel air », « l’air du monde » (les vertus mondaines priment désormais les qualités militaires,
morales ou religieuses) ; or, ces vertus mondaines sont des vertus qui ont été valorisées et
peaufinées par les femmes de la bonne société parisienne dans les décennies précédentes
*** à la cour, la conversation (dont on sait qu’elle est l’école des femmes) l’emporte
sur l’éloquence et l’érudition (typiquement masculines)
*** la préciosité a préparé le terrain à l’usage courtisan de la langue (les courtisans
évitent soigneusement les mots et expressions désuets, populaires, juridiques, les syllabes
sales [con et cu], les expressions provinciales ; en revanche, ils aiment les mots nobles [fer
pour épée, flanc pour ventre, hymen pour mariage, éclat emprunté pour fard] et les mots
vagues [on parle des charmes ou des attraits d’une femme ; des notions abstraites reviennent
constamment : l’esprit, le goût, le sublime ; et l’indicible est très souvent dit par le biais
d’« un je ne sais quoi »])
*** l’esprit d’observation du détail qui est permanent à la cour est également emprunté
à un habitus féminin (la question des sièges : les duchesses simples n’ont pas droit au
tabouret, les femmes de ducs et pairs ont droit au tabouret, les princesse du sang ont droit au
siège à dos, les filles de France ont droit au fauteuil ; la question du « pour » : quand la cour
change de résidence, le nom des courtisans est écrit à la craie sur la porte de leur
appartement mais seuls les princes du sang ont droit à ce que leur nom soit précédé du mot
« pour » ; la question du deuil : la cour entière prend le deuil quand meurt un membre de la
famille royale mais seuls les enfants de France drapent leur appartement de noir et la longueur
des traînes de deuil des princesses est fonction de leur place dans la hiérarchie)
*** autrement dit, il y a bel et bien une féminisation des hommes dans la fabrication
du courtisan (les Anglais railleront le « petit maître » à la française et l’associeront au contre-
nature) ; on peut également penser que l’importance des coteries et des cabales a à voir avec
les femmes (entourage féminin de Monsieur, réputé très médisant ; entourage de la
Maintenon ; cour de la duchesse du Maine à Sceaux)
** l’extrême galanterie de la cour apparaît dans les trois grandes fêtes de cour de 1664,
1668, 1674
*** elles ont de nb points communs
ce sont des sortes de féeries orientées vers le merveilleux visuel (jeux d’eau, feux
d’artifice, pyramides de nourriture), utilisant au mieux les ressources des jardins de Versailles,
créant une architecture de fête provisoire (la grotte de Thétis, le Trianon de Porcelaine),
jouant à fond sur la symbolique solaire, la mythologie des Métamorphoses d’Ovide, les séries
allégoriques de l’Iconologie de Ripa (les Eléments, les Saisons, les Mois, les Tempéraments)
y travaillent Colbert, la petite académie, des spécialistes comme les Vigarani (une
famille de décorateurs italiens), Henri de Gissey, Jean Berain (extraordinaire dessinateur de
costumes et metteur en scène de la fête de 1674), Molière (en tout cas, pour les 2 premières),
Lully
le souvenir de ces fêtes exceptionnelles a été largement diffusé par la gravure,
délibérément utilisée pour faire connaître à tte l’Europe la splendeur du roi-soleil
*** les Plaisirs de l’île enchantée (Versailles) durent du 7 au 13 mai 1664, devant 600
invités ; ces fêtes sont dédiées aux deux reines, Anne et Marie-Thérèse
c’est le duc de Saint-Aignan qui a choisi le thème principal (un épisode du Roland
furieux de l’Arioste : Roger et les chevaliers sont retenus par la magicienne Alcine, jusqu’à ce
que les délivre la bague magique d’Angélique, amante de Roger ; le roi joue Roger : c’est sa
dernière grande participation d’acteur)
les préparatifs ont duré plus de 4 mois (Lully a écrit la partition des 3 premières
journées, Benserade a écrit quantité de madrigaux, de quatrains, de sonnets, de récits et de
dialogues, Carlo Vigarani a dressé des architectures de verdure et des « fabriques » de carton
doré)
un des principaux objectifs est de dépasser en somptuosité les fêtes de Vaux de
1661 (celles de Fouquet) et un recueil de gravures d’Israël Silvestre est chargé de conserver le
souvenir de ces merveilles (La Fontaine avoue que « ces magnifiques choses rendront les
enchantements croyables à l’avenir »)
tout commence le 7 mai
l’après-midi, somptueux carrousel où défilent le roi et les chevaliers vêtus à la
grecque (cuirasse de lames d’argent, couverte pour le roi d’une riche broderie d’or et de
diamant, le harnais du cheval du roi éclatant lui aussi d’or, d’argent et de pierreries), suivis du
char d’Apollon lui-même encadré de statues et escorté des 12 heures du jour et des 12 signes
du zodiaque
la soirée est consacrée à une course de bague entre les chevaliers
la nuit venu, nouveau défilé avec Lully, ses musiciens, une montagne et des
arbres où l’on voit Molière déguisé en Pan et Madeleine Béjart déguisé en Diane, le tout
annonçant un somptueux festin (confitures, fruits et glaces) servi par des jardiniers, des
moissonneurs, des vendangeurs et des « vieillards gelés » ds une clarté « presque aussi grande
et plus agréable que celle du jour »
le 8, représentation de La Princesse d’Elide, « comédie galante de Molière mêlée
de musique et d’entrées de ballet » (« il ne s’était encore rien vue de plus beau en ballet »)
le 9, spectacle au bord du lac :
la magicienne Alcine (Mlle du Parc) et ses suivantes (Mlle de Brie et Mlle
Molière) s’arrêtent devant la Cour et, ds un dialogue en vers, mêlent des louanges à la Reine-
Mère à la fiction d’Alcine
elles regagnent l’île où apparaît un palais magnifique et où dansent les nains et
les géants, les chevaliers et les monstres
la bague libératrice est passée au doigt de Roger, la foudre s’abat sur le palais
d’Alcine, qui disparaît au milieu d’un énorme feu d’artifice
le 10, course de têtes (à cheval) gagnée par le roi ds les fossés du château
le 11, la comédie ballet Les Fâcheux (jouée à Vaux en 1661) est jouée par la
troupe de Molière
le 12, somptueuse loterie, suivie d’une joute entre le duc de Saint-Aignan et le
marquis de Soyecourt, puis ds la soirée d’une représentation des 3 premiers actes de Tartuffe
(la caballe des dévots commence aussitôt : l’archevêque de Paris, Mgr Hardouin de Péréfixe,
intervient auprès du roi ; dès le 17 mai, le roi interdit que la pièce soit rejouée)
le 13, Molière et sa troupe jouent le Mariage forcé ; on notera que les fêtes ont fait
ressortir l’exiguïté du château (c’est le constat de la marquise de Sévigné) et qu’elles ont dc
sans doute contribué aux aménagements ultérieurs
*** le Grand divertissement royal de Versailles (1668) célèbre la victoire française sur
l’Espagne ds la guerre de dévolution (rattachement de Lille à la France) et entend réparer ce
que la Cour a perdu ds le Carnaval la même année (à cause de la guerre) ; on retrouve les
mêmes organisateurs qu’en 1664 (plus Le Vau et Gissey)
la fête a lieu le 18 juillet 1668 :
collation (sur 5 longues tables dressées parmi des orangers chargés de fruits
confits, l’une d’elle imitant la façade d’un palais « bâti de massepain et de pâtes sucrées »)
comédie représentée ds un théâtre de verdure, à l’emplacement de l’actuel
bassin de Bacchus (Georges Dandin, avec une musique de Lully, puis le ballet des Fêtes de
l’Amour et de Bacchus : « jamais il n’y eut sur une même scène autant de musiciens, de
danseurs et d’acteurs »)
souper (de 5 services et 56 plats, autour d’un édifice octogone monté par Gissey
et symbolisant le Parnasse)
bal (ds un pavillon octogonal en rocaille réalisée par Le Vau)
illumination et feu d’artifice (la fête s’achève à 2 heures et demi du matin)
l’ensemble a coûté 117.000 livres, soit le tiers des sommes allouées à Versailles
cette année-là
on notera les différences avec 1664 :
la fête est moins longue, on a abandonné les courses de bague et de têtes, on n’a
cherché aucun argument ds la Fable, le roi n’est plus acteur
autre différence : la fête est ouverte au public (il s’agit d’un public filtré ; 3000
personnes sont rassemblées ds le parc, ce qui crée des embarras : une demi-heure durant, la
reine enceinte ne peut accéder à la comédie)
cela dit, l’atmosphère est féerique :
Félibien souligne que « l’une des choses que l’on doit bcp considérer ds les fêtes
et les divertissements dt le roi régale sa Cour est la promptitude qui accompagne leur
magnificence ; car ses ordres sont exécutés avec tant de diligence par le soin et l’application
particulière de ceux qui en ont la principale intendance qu’il n’y a personne qui ne croie que
tout s’y fait par miracle, tant on est surpris de voir, en un moment, et sans qu’on s’en
aperçoive, des théâtres élevés, des bocages ornés et enrichis de fontaines et de figures, des
collations dressées et mille autres choses, qui semblent ne pouvoir se faire qu’avec un long
temps et ds l’embarras d’un nb infini d’ouvriers »
pour Joël CORNETTE, « le roi se donne comme ordonnateur du temps,
magicien, maître apollinien d’un âge d’or dt la fête est l’illustration » : c’est que la fête
célèbre la nature, mais une nature à laquelle commande le souverain, comme Apollon
*** les Divertissements de Versailles (1674) célèbrent le retour du roi après les débuts
victorieux de la guerre de Hollande (rattachement de la Franche Comté) ; ces fêtes occupent 6
jours non consécutifs entre le 4 juillet et le 31 août et elles mettent en valeur les innovations
de Versailles et notamment la Cour de Marbre et le Grand Canal
le 4 juillet, l’Alceste de Lully est joué ds la Cour de Marbre
le 11 juillet, l’Eglogue de Versailles, pastorale de Lully et Quinault, est donnée
près du Trianon de Porcelaine, avant un souper ds les jardins de Versailles illuminés
le 19 juillet, collation à la Ménagerie, promenade sur le Canal ; le soir, Le Malade
imaginaire de Molière (mort l’année précédente) est joué devant la grotte de Thétis
le 28 juillet, collation suivie des Fêtes de l’Amour et de Bacchus, opéra de Lully,
d’un feu d’artifice sur le Grand Canal (colonne de lumière de Vigarani) et d’un extraordinaire
souper ds la Cour de Marbre
le 18 août, présentation au roi des drapeaux pris par Condé à la bataille de Senef,
puis collation ds un bosquet et représentation de l’Iphigénie de Racine ds l’Orangerie ; la
soirée s’achève par un feu d’artifice et une illumination sur le Canal
le 31 août, illumination du Canal et des jardins : c’est le plus beau spectacle ayant
jamais utilisé le Canal
Louis XIV a fait venir de Venise une flottille de gondoles dorées
tandis que la Cour embarque sur lesdites gondoles, les rives sont comme
métamorphosées : 650 statues de lumière y sont disposées, dont de nb représentations de
Naïades et de Tritons, plus une grande statue d’Apollon sur son char et une grande statue de
Neptune sur le sien, réalisant en quelque sorte l’union de l’eau et du feu
« jamais la mythologie n’avait si totalement exprimé la puissance royale, sa
vertu d’enchantement, sa liaison magique avec les éléments, sa puissance créatrice » (Jean-
Pierre NERAUDEAU)
* à la cour de Louis XIV, hommes et femmes ont la passion du sexe et la passion du jeu
** le libertinage sexuel est énorme :
*** l’exemple vient du roi, qui collectionne les maîtresses jusqu’en 1683
*** contribuent au libertinage l’oisiveté et la promiscuité, ainsi que la mode de
l’infidélité conjugale (Saint-Simon écrit de Barbézieux : « lui vivait très bien avec sa femme ;
mais il ne voulait pas tomber dans le mépris du bel air, en n’ayant d’yeux que pour elle » ; la
cour compte du reste quelques Messaline, telle la femme du Grand Condé, qui couche avec
ses valets ; enfin, comme nous l’avons déjà vu, l’homosexualité masculine est très visible)
*** tout cela va de pair avec énormément de ragots et de médisance (on est
constamment sous le regard malveillant des autres courtisans)
** la passion du jeu peut aller jusqu’au scandale et à la ruine :
*** les jeux d’argent les plus pratiqués sont le lansquenet et l’hombre (jeux de carte)
mais la cour joue aussi bcp au tric-trac et au billard
Saint-Simon prétend que c’est Mazarin qui acclimata le « gros jeu » en France :
« ce fut une des sources où il puisa largement et un des meilleurs moyens de ruiner les
seigneurs qu’il haïssait et qu’il méprisait »
en fait, comme souvent à Versailles, la mode vient du roi lui-même (« pendant
une nuit il perdit plusieurs millions ; il quitta sur le matin et voulut que les joueurs
continuassent pour que Mme de Montespan pût le racquitter ; en s’éveillant, il demanda s’il
était encore roi ; il apparit avec joie qu’il était racquitté à 1400 ou 1500 mille près ; ce voyage
le corrigea pour le reste de sa vie ») ; jusqu’à sa mort, en 1683, la reine a bcp joué et bcp
perdu
*** la passion du jeu a plusieurs origines
la saveur du hasard ds le règne de la règle (le jeu est un moyen de ne pas
s’ennuyer)
le fait qu’on n’y est pas obligé de parler ds un univers où tte parole risque d’être
colportée ou déformée, mais qu’en même temps on puisse s’y défouler (cf ce qu’en dit la
Palatine : « l’un hurle, l’autre frappe si fort sur la table du poing que tte la salle en retentit, le
troisième blasphème »)
le caractère social du jeu (lieu de rencontre et d’échange de toute la cour) ;
certains lui doivent leur « fortune » (Chamillard fit sa percée en faisant la partie de billard du
roi)
*** le scandale est pluriel
le jeu est une école de tricherie et de vol (Saint-Simon : « la hardiesse de la vieille
duchesse d’Harcourt à voler au jeu était inconcevable, et cela ouvert ; on l’y surprenait : elle
chantait pouille et empochait »)
le jeu provoque la ruine de certaines familles : « Mme de Polignac joua tant et si
bien qu’elle se ruina sans ressources et que ne pouvant plus vivre ni se montrer à Paris, elle
s’en alla au Puy ds les terres de son mari » (les Polignac se referont sous Louis XVI)
des sommes considérables sont englouties quotidiennement au jeu, y compris ds
des périodes difficiles : en 1693, à Marly, « les courtisans jouèrent un jeu effroyable et qui ne
sentait pas la misère où la meilleure partie du royaume était réduite en ce temps-là »
* le cérémonial se maintient mais il est à peu près vidé de son sens, formaliste, ennuyeux :
une physique sans métaphysique
** la société de cour, qui s’était déjà divisée en coteries sous Louis XIV, se redivise
après le ministère du cardinal de Fleury (mort en 1743) et joue désormais un rôle politique
non négligeable
*** le parti dévot contre la duchesse de Châteauroux, maîtresse de Louis XV, en 1744
*** le dauphin contre Mme de Pompadour, entre 1745 et 1764
*** les ducs accèdent enfin à des postes ministériels après 1758 (Choiseul)
*** cabales du camp Mesdames-Dauphine-parlementaires contre le camp de la Du
Barry-Maupeou-Terray après l’éviction de Choiseul en 1770
*** rôle de la Cour ds la chute de Turgot en 1776, de la reine ds celle de Necker en
1781 (Necker avait publié le Compte rendu, ie la liste précise des pensions), du clan Polignac
ds les dernières années de l’AR
** d’où le discours qui présente la Cour comme le principal obstacle aux nécessaires
réformes et la contribution de la Cour à la désacralisation de la monarchie
* sa fille, Jeanne d’Albret (1528-1572), est reine régnante de Navarre de 1555 à 1572 (la
loi salique ne s’applique pas en Navarre) : digne héritière de sa mère, elle passe à la Réforme
calviniste en 1560 (elle fait traduire la Bible en béarnais et en basque, elle crée l’académie
d’Orthez, elle est chef du parti protestant entre 1568 et 1572) et est à l’origine du
protestantisme de son fils, Henri III de Navarre et IV de France (1553-1610)
* la reine Margot a des relations très compliquées avec son mari Henri de Navarre (chacun
a des aventures de son côté ; elle est par ailleurs stérile, ce qui va permettre l’annulation de
leur mariage, en 1599) mais, fille de Catherine de Médicis, elle se pense prédestinée à jouer
les intermédiaires entre les deux camps des guerres de religion (elle a essayé en 1577 de jouer
les négociatrices aux Pays-Bas en faveur de son plus jeune frère Alençon-Anjou) ; elle aurait
été à l’origine de la 7e guerre de religion (1579-1580), dite « guerre des amoureux »
* cela dit, il ne faut pas s’exagérer ce rôle politique des princesses, même au XVIe s : le
principal rôle politique des princesses est d’épouser celui qu’on a choisi pour elles, ds une
sorte de « potlatch » d’échelle européenne (don et contredon)
* c’est sa tante par alliance Anne de Gonzague de Clèves qui négocie le remariage de
Monsieur avec Elisabeth Charlotte (Monsieur est veuf depuis la mort d’Henriette
d’Angleterre, en 1670, et la Grande Mademoiselle, sollicitée par le roi, refuse de l’épouser
[elle file le parfait amour avec Lauzun]) ; ds cette offre de mariage, Elisabeth-Charlotte
souffre de trois handicaps : elle a une faible dot, elle est protestante, elle vient d’une cour peu
raffinée (à Heidelberg, les princesses vont ramasser les cerises, ce qui n’est pas possible à
Versailles)
* ils sont à Versailles le plus souvent, suivent la cour ds ses déplacements (Madame adore
chasser à Fontainebleau) mais passent plusieurs semaines par an ds leur magnifique palais de
Saint-Cloud (au milieu d’une véritable cour) et au Palais-Royal, qui est la résidence
parisienne des Orléans ; Monsieur dépense énormément et il est assez pingre avec sa femme
(ds une de ses lettres, elle se plaint de n’avoir que 100 pistoles par mois d’argent de poche,
soit 1100 livres, soit 13.200 livres par an)
* par chance pour elle, le roi l’apprécie : il sait qu’elle ne donnera pas ds des affaires de
galanterie, il découvre qu’elle aime les chiens et les chevaux et qu’elle peut l’accompagner à
la chasse, où elle le fait rire par ses déclarations tout à trac (ils galopent tous les deux côte à
côte) ; et Madame l’aime beaucoup, en tout cas ds les premiers temps (elle lui est
reconnaissante d’avoir séché ses larmes à son arrivée de Heidelberg et il est pour elle un
souverain d’une grandeur incontestable : elle l’appelle « le grand homme », sans aucune
ironie) ; le hic, c’est que le roi ne la prend absolument pas au sérieux et qu’elle ne peut le
détourner de procéder au ravage du Palatinat en 1674 (lorsque, sous la pression paternelle,
elle demande à Louis XIV d’ordonner à ses hommes de se comporter plus humainement, le
roi la rabroue) ; elle ne parvient pas non plus à l’empêcher de récidiver en 1689 (c’est
l’épisode tristement célèbre du sac du Palatinat, avec incendie d’Heidelberg et destruction de
Mannheim)
* à partir de là, elle vit en recluse à la cour : elle fait ce qu’elle doit, assiste aux
cérémonies, va à Fontainebleau, mais, dès qu’elle le peut, elle reste dans ses appartements
avec ses dames
Elisabeth-Charlotte est une infatigable épistolière (elle a écrit 60.000 lettres, dont nous
n’avons conservé qu’une sur dix)
* elle y dénonce la débauche et la malveillance de la cour de France (elle est injustement
accusée d’adultère, ds un épisode qui l’indigne ; elle ne fait triompher la vérité qu’en
menaçant d’aller s’enfermer ds un couvent) ; au moment des dragonnades (1682-1685) et de
la révocation de l’édit de Nantes (octobre 1685), elle manifeste sa fidélité intérieure, contre
vents et marées, au protestantisme de son enfance
* elle y affiche également son mépris des enfants illégitimes du roi : Louis XIV lui
imposera cependant le mariage de son fils Philippe avec Mlle de Blois, une de ses bâtardes ; si
l’on en croit Saint-Simon, apprenant que son fils avait accepté ce qu’elle tenait pour une
abominable mésalliance, elle l’aurait giflé devant toute la cour ; elle dira par la suite : « ma
belle-fille ressemble à un cul comme deux gouttes d’eau »
* on comprend pourquoi Louis XIV lui dit un jour : « si vous n’étiez pas ma belle-sœur, je
vous chasserais de la cour »
** en 1701, à la mort de Monsieur, il lui est rappelé que, en vertu de son contrat de
mariage, la fortune de son mari doit aller à leur fils ; il se murmure alors que Madame pourrait
être envoyée à l’abbaye de Maubuisson, où sa tante est abbesse ; Madame supplie le roi de
n’en rien faire ; le roi accepte mais lui impose une réconciliation avec Mme de Maintenon ;
Madame proteste devant l’épouse du roi de ses bons sentiments à son égard ; Mme de
Maintenon sort alors de sa poche une lettre injurieuse envoyée par Madame à sa tante Sophie ;
Madame comprend un peu tard comment fonctionne Versailles
** elle n’écrit plus d’injures sur Mme de Maintenon (elle l’appelle désormais « la vieille
dame ») mais elle continue de la détester ; la cour s’aligne bien évidemment sur Mme de
Maintenon et Madame écrit « en général, on me traite bien, mais, en particulier, on ne veut de
moi nulle part » (ds les cérémonies, elle reçoit tous les honneurs qui lui sont dus mais elle
n’est jamais invitée nulle part ni par le roi ni par les princes)
* les maîtresses sont investies d’un pouvoir de fascination considérable, qui explique les
noms dont elles sont affublées (la favorite, la sultane) mais elles risquent toujours de finir par
se faire traiter de putain (cf l’élégant sobriquet donné à la Pompadour par le Dauphin)
sociologie
* avant Louis XV, toutes les maîtresses des rois appartiennent à la noblesse, et plus
précisément à la noblesse de cour ; « la faveur est le résultat d'un processus social avant d'être
la conséquence d'une inclination personnelle » (Flavie LEROUX ; autrement dit, c’est ds une
strate très limitée de la gent féminine que le roi choisit sa favorite)
* les premières maîtresses de Louis XV ressortissent aussi à la noblesse de cour (ce sont
les 4 filles du marquis de Nesle : la comtesse de Mailly, la comtesse de Vintimille, la
duchesse de Lauragais, la duchesse de Châteauroux) ; mais la suite de la carrière amoureuse
de Louis XV s’accompagne d’une démocratisation accentuée de la sélection des maîtresses,
d’abord avec la Pompadour, bourgeoise associée à la noblesse financière, puis avec les filles
du Parc aux Cerfs et la du Barry, issues carrément du peuple ; la chose a scandalisé la
noblesse de cour mais elle a aussi inquiété le peuple, nourrissant la légende noire de Louis XV
(thématique du roi ogre, qui se repaît de la chair du peuple)
ascension sociale
* le roi se montre toujours généreux avec ses favorites et la fortune qu’elles accumulent
est toujours le moyen d’une promotion sociale (Flavie LEROUX observe que les maîtresses
savent généralement gérer leurs gains, sans doute parce qu’elles sont conscientes de la
précarité de leur statut) ; la générosité du roi à l’égard de ses maîtresses est, de sa part, un
moyen de manifester sa toute puissance (il n’a que faire des critiques et il entend donner « à
qui il lui plairait, quand il lui plairait », pour reprendre une formule de Louis XIV)
* les maîtresses du roi cherchent à combler le fossé entre la fortune qu’elles accumulent et
le rang modeste qui est le leur à la cour : elles achètent des terres, attribut essentiel à la qualité
noble, et elles font d’importantes dépenses de paraître, pour éblouir la cour ; mais, à la
différence des mignons d’Henri III, elles n’accèdent pas aux grands offices de la couronne ou
aux offices de la maison du roi (les deux exceptions sont Olympe Mancini et Mme de
Montespan, qui se succèdent à la surintendance de la maison de la reine Marie-Thérèse) ; elles
sont exclues des cérémonies monarchiques et des rituels quotidiens du monarque, réservés
aux très proches et à la famille royale ; ce n’est que ds les situations où l’ordre des dignités
légitimes est suspendu (chasses, fêtes, voyages de la cour) que les maîtresses peuvent
véritablement se distinguer
* notez que Diane de Poitiers fut une maîtresse royale relativement âgée (elle avait 19 ans
de plus qu’Henri II et elle est l’objet de son amour entre l’âge de 38 ans et l’âge de 59 ans) ;
du coup, elle qui était extrêmement belle était obsédée par la question de la conservation de sa
beauté (l’analyse de ses ossements a récemment permis de conclure qu’elle buvait très
régulièrement de l’or potable)
* c’est en 1666 qu’elle rencontre Louis XIV, qui est alors très amoureux de Louise de La
Vallière (que Madame lui a jetée dans les pattes en 1661)
** Mme de Montespan se fait l’amie de Louise de La Vallière, ce qui multiplie les
occasions de rencontre avec le roi : celui-ci s’éprend bientôt de son esprit, de sa conversation
piquante
** en 1667, elle devient sa maîtresse ; son mari fait un esclandre à la cour quand il
apprend la nouvelle, ce qui lui vaut d’être éloigné de force, enfermé au For l’Evêque, puis
exilé sur ses terres ; Louise de La Vallière sert un temps de paravent au double adultère, avant
d’entrer au Carmel (1674)
** dès 1668, Louis XIV a doté Mme de Montespan d’un appartement proche du sien, ce
qui est une manière d’affirmer la place prestigieuse qu’occupe une maîtresse du roi de
France ; la reine est publiquement humiliée, le roi lui infligeant la présence de sa maîtresse et
le spectacle quotidien des faveurs qu’il a pour elle
** de cette liaison naissent (entre 1669 et 1678) 7 enfants, que Louis XIV légitime ab
1673 (ds l’acte de légitimation, le nom de la marquise est omis, n’apparaît que le nom du
roi) ; on leur donne comme gouvernante la veuve Scarron, née Françoise d’Aubigné (les 5
enfants survivants sont le duc du Maine, le comte de Vexin, le comte de Toulouse, Mlle de
Nantes future princesse de Condé, et la 2e Mlle de Blois, future duchesse d’Orléans et femme
du Régent)
* elle n’est pas poursuivie mais la disgrâce est prononcée –et lorsque meurt Marie-
Thérèse, en 1683, le roi épouse Mme de Maintenon ; Mme de Montespan perd son
appartement mais reste à la cour, assiste avec fierté au mariage de ses enfants avec des princes
et princesses du sang ; en 1691, elle se retire à proximité de l’abbaye de Fontevrault dont sa
sœur est l’abbesse ; elle meurt en 1707 à Bourbon l’Archambault, où elle était allée prendre
les eaux
* en 1750, elle cesse d’avoir des relations sexuelles avec le roi mais reste sa maîtresse en
titre jusqu’à sa mort (en 1764)
** elle s’efforce d’empêcher qu’une autre prenne sa place en imaginant le Parc aux
Cerfs (une maison de Versailles où l’on prépare de très jeunes filles du peuple au coït avec le
roi ; le premier valet de chambre, Lebel, vient chercher celle qui lui paraît prête et la conduit
dans une chambre du château)
** Mme de Pompadour, elle, dispose d’un très bel appartement à Versailles : elle y
reçoit les ministres, contribuant notamment à la carrière de Choiseul dont elle soutient les
choix diplomatiques
** elle maintient des contacts amicaux très réguliers avec le roi
*** elle le conseille en matière d’art et d’architecture, étant à l’origine de la
construction du petit Trianon dont elle ne verra pas l’achèvement, faisant nommer son frère,
marquis de Marigny, directeur des bâtiments du roi (elle lui lèguera sa résidence parisienne,
achetée en 1753, l’hôtel d’Evreux, actuel palais de l’Elysée)
*** elle s’efforce aussi avec un certain succès d’intercéder en faveur des
encyclopédistes lorsque les choses se gâtent pour eux, en 1752 et 1759
* malgré son intérêt personnel pour les Lumières, elle laisse incontestablement une image
noire :
** Michel ANTOINE pense qu’elle a eu au bout du compte une mauvaise influence sur
le roi qu’elle a enfoncé dans le plaisir, le doute de soi et la morosité (le Parc aux Cerfs renvoie
à une vision très dégradée de la femme)
** on l’accuse aussi d’avoir pesé en faveur de certains choix désastreux de la guerre de
7 ans et d’avoir soufflé à Louis XV, en 1757, la fameuse formule « après moi le déluge ! »
(il est vrai que la fin des années Pompadour correspond à une période noire du règne,
notamment en politique étrangère [guerre de 7 ans], avant que le roi ne se ressaisisse, au
lendemain de la période Pompadour [séance de la flagellation 1766, réforme Maupeou 1771])
* au printemps 1768, par l’intermédiaire de Richelieu et de Lebel, elle est mise dans le lit
du roi (qui est sans attache, depuis la mort de Mme de Pompadour, en 1764)
** le roi s’éprend très vite d’elle
** fin 1768, elle est mariée au frère de Dubarry, devenant comtesse du Barry, ce qui
permet de la présenter à la cour 6 mois plus tard
* elle est alors maîtresse en titre et va occuper cette fonction jusqu’à la mort du roi, en mai
1774
** elle a contre elle le clan Choiseul, Mesdames (filles de Louis XV) et, ab 1770, la
dauphine Marie-Antoinette (qui refuse longtemps de la saluer ; et lorsqu’elle lui adresse enfin
la parole, le 1er janvier 1772, c’est pour lui dire « il y a bien du monde aujourd’hui à
Versailles »)
** le clan Choiseul est à l’origine des pamphlets, chansons et libelles pornographiques
qui trainent dans la boue Mme du Barry (la cour est en fait scandalisée qu’une maîtresse en
titre puisse être d’aussi modeste origine)
* elle n’a guère de rôle politique et ne cherche pas à en avoir mais elle a une certaine
influence en matière d’art et de modes :
** elle contribue à l’essor du néo-classicisme, passe commande à Ange Gabriel, Claude-
Nicolas Ledoux, Vien, Greuze, Fragonard, Allegrain, met les tissus rayés à la mode (elle
invente le style Louis XVI)
** elle est par ailleurs couverte de cadeaux par le roi et en particulier de bijoux de très
grand prix (il est évident qu’il veut qu’elle ait de quoi vivre s’il mourait brutalement ; en
1772, il commande pour elle aux joaillers Böhmer et Bassenge un collier de diamants de très
grand prix, qui sera le célèbre collier de la reine [674 diamants, 2842 carats] ; il ne sera
achevé qu’en 1778, proposé à Louis XVI pour Marie-Antoinette –mais le roi l’estimera trop
cher ; des escrocs se faisant passer pour la reine convaincront le cardinal de Rohan de
l’acheter pour elle : le scandale éclatera au grand jour en 1785)
* le 10 mai 1774, jour même de la mort de Louis XV, Louis XVI la fait conduire par lettre
de cachet dans une abbaye du diocèse de Meaux où elle est en résidence surveillée pendant un
an
** elle est ensuite libre de regagner le château de Louveciennes que Louis XV lui avait
offert en 1769 et elle y vit très heureusement, faisant la charité dans le village tout en étant la
maîtresse du duc de Cossé-Brissac
** la RF l’emporte dans sa tourmente : en janvier 1791, son château de Louveciennes
est cambriolé et elle commet l’erreur de publier la liste des somptueux bijoux qu’on lui a
volés (elle se rend ensuite en Angleterre à plusieurs reprises dans l’espoir de les retrouver) ;
en septembre 1792, le ci-devant duc de Cossé-Brissac, qui avait été arrêté, est massacré lors
d’un transfert ; en septembre 1793, dénoncée par son page Zamor, Mme du Barry est déclarée
suspecte (en raison notamment de ses 4 séjours en Angleterre) et arrêtée, emprisonnée à
Sainte-Pélagie ; jugée par le Tribunal révolutionnaire le 6 décembre, elle est guillotinée deux
jours plus tard
223. Les femmes de l’aristocratie dans les guerres civiles : les guerres de religion et la Fronde
2231. Les femmes dans les guerres de religion
de grandes dames figurent ds plusieurs épisodes importants des années 1560-1598
* la conjuration qui unit des gentilshommes protestants de tout le royaume est un échec
complet et la répression fait 1200 à 1500 victimes (masculines)
* les trois femmes sont très brillantes : la reine Margot est la sœur lettrée du roi Charles
IX et la femme du roi de Navarre ; la duchesse de Nevers est le prototype de l’aristocrate
libre ; la duchesse de Retz, dame d’honneur de Catherine de Médicis puis d’Elisabeth
d’Autriche, est infiniment cultivée (elle tient le salon littéraire le plus important du temps, ce
qui lui a valu le surnom de 10e muse)
* le complot, éventé, échoue ; peu après, Charles IX meurt et Henri revient de Pologne
pour régner sur la France sous le nom d’Henri III
* Henri IV a conscience de leur importance et s’adresse à elles après son sacre (qui a lieu
à Chartres, en 1594, Reims étant alors aux mains des ligueurs)
** son entreprise est couronnée de succès : elles se rallient à sa politique de pacification
et interviennent auprès des hommes de la famille pour qu’ils déposent les armes
** de son côté, la duchesse de Mercoeur, ligueuse enflammée qui avait (enceinte de 8
mois) soulevé Nantes en 1589, négocie en 1598 avec Gabrielle d’Estrées et les deux femmes
signent l’édit de Nantes
* en janvier 1650, coup de théâtre, Mazarin fait arrêter Condé, Conti et le duc de
Longueville :
** la duchesse s’enfuit alors en Normandie et s’efforce vainement de soulever la
province ; déguisée en homme, elle passe par la mer aux Provinces Unies, puis de là se rend à
Stenay (à l’E de Sedan), où elle négocie avec les Espagnols et pousse Turenne à se révolter
contre Mazarin (elle cosigne avec Turenne un traité avec l’Espagne), tout en recrutant des
troupes qu’elle paye en gageant ses bijoux
** début 1651, elle croit la victoire acquise : Mazarin s’enfuit de Paris (il s’installe
successivement à Saint-Germain, au Havre, puis hors du royaume, à Cologne), les princes
sont libérés et font une entrée triomphale ds la capitale, le parlement renouvelle son arrêt de
bannissement de Mazarin, la reine accorde la réunion des états-généraux pour le 1er octobre
(en fait, elle sait que le roi sera majeur à cette date et ne sera pas tenu par la promesse faite par
sa mère)
l’appréciation du rôle des femmes ds les guerres de religion et la Fronde a longtemps été
très péjorative :
* on y a vu des rhapsodies de séductions sans queue ni tête témoignant du caractère
passionné et peu intelligent des femmes, de leur désir de gloire et goût de l’intrigue
* Simone VERGNES ds son travail sur les femmes dans la Fronde (Les Frondeuses, une
révolte au féminin, Champ Vallon, 2013) voit les choses d’un autre œil :
** elle constate que les femmes n’y sont pas très différentes des hommes :
*** désir de gloire et goût de l’intrigue caractérisent aussi les hommes de la Fronde,
les femmes méprisent autant que les hommes « le Mazarin » et détestent autant qu’eux
l’absolutisme
*** Mme de Longueville, ds un texte qu’elle écrit, intitulé le Manifeste ou l’Apologie,
condamne la conception moderne de l’Etat et voit ds le royaume un patrimoine héréditaire qui
devrait être dirigé par les parents du roi mineur et non par Mazarin, étranger de basse extrace
auquel les Princes n’ont pas à obéir et qui exerce une autorité despotique contraire aux
traditions françaises
** Simone VERGNES constate aussi que les affaires familiales et les affaires politiques
sont alors constamment emmêlées, que les Grands s’appuient sur leurs réseaux et leurs
clientèles –et que les femmes sont très importantes à ce niveau-là
*** elles créent du lien : elles font le lien entre leur famille paternelle, leur famille
maternelle et la famille de leur mari
*** Mazarin note à propos de Mme de Longueville : « si elle aime la galanterie, ce
n’est pas du tout qu’elle songe à mal, mais pour assurer des serviteurs et des amis à son
frère » (il parle ici du Grand Condé)
** la limite de cet engagement féminin, c’est que ces femmes s’engagent pour des
hommes, pour accroître le pouvoir d’un homme de la famille ou de deux hommes de la
famille (ds le cas de la duchesse de Longueville)
* on sait l’importance de la marche des femmes sur Versailles, les 5 et 6 octobre 1789
(elles prennent d’assaut le palais, menacent la reine et ramènent à Paris « le boulanger, la
boulangère et le petit mitron »)
* les femmes sont parfois visibles dans les révoltes paysannes et les émotions citadines
** ds les révoltes paysannes du XVIIe s : 1593-1595 (Tard-Avisés ou Croquants du
Limousin et du Périgord), 1624 (Croquants du Quercy), 1636 (paysans d’Angoumois et de
Saintonge), 1637 (Croquants du Périgord), 1639 (Nu-Pieds de Normandie), 1638-
1645 (paysans gascons du comté de Pardiac), 1643 (Rouergats), 1658 (sabotiers de Sologne),
1662 (Lustucru du Boulonnais), 1663-1665 (révolte d’Audijos ds les Landes), 1670 (paysans
du Vivarais), 1675 (bonnets rouges de Bretagne), 1707 (Tard Avisés du Quercy)
** ds les émotions urbaines (émotions frumentaires de 1693-1694, 1698, 1709-1710,
1725, 1739-40, 1749, 1752, 1768, 1770, 1775, 1785, 1788-1789 ; affaire des enlèvements
d’enfants à Paris en 1750 ; émotions des villes parlementaires au XVIIIe s, pré-révolution
française à Grenoble et à Rennes)