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Un carrefour de cultures
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e portrait le plus célèbre de François 1er est celui peint par Jean Clouet
Ci-dessus :
Jean Fouquet,
Portrait de Charles VII, vers 1445-1450
Peinture sur bois, 85 x 70 cm
(Paris, musée du Louvre)
Ce portrait peint par l’artiste français
Jean Fouquet, a probablement servi
de prototype au François 1er peint
quatre-vingt ans plus tard : même
cadrage, même visage de trois quart,
fond de tissu équivalent, mains posées
sur un meuble au premier plan.
Ci-contre :
Portrait de François 1er, revers.
Le tableau est peint sur x planches
de chêne, disposées verticalement et
réunies par deux traverses horizontales.
L’inscription date du 19e siècle.
Page ci-contre :
Jean Clouet, Portrait de François Ier,
roi de France, vers 1530
Peinture sur bois, 96 x 74 cm
(Paris, musée du Louvre)
24 S ecrets d ’ a r ti s tes
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Page ci-contre :
Portrait de François 1er, détail du costume.
Les effets de soyeux du tissu, les brode-
ries de fils d’or et les bijoux sont peints
avec une méticulosité qui révèle les ori-
gines nordiques de l’artiste. L’or est sug-
géré au moyen d’une couche brune
rehausée d’un pigment de jaune de
plomb et d’étain.
Page ci-contre :
Le Titien, Portrait de François 1er, 1538.
Peinture sur toile, 109 x 89 cm
(Paris, musée du Louvre).
Issu du nord, François 1er s’est cependant résolument tourné vers l’Italie, qu’il
connaît et dont il admire l’extraordinaire floraison artistique au point de tout
faire pour attirer les plus grands artistes de la péninsule et en collectionner
massivement les œuvres. Il n’a pas toutefois pas posé pour son portrait peint
par le Titien, célèbre peintre vénitien. C’est le cadeau d’un courtisan et poète,
l’Arétin, qui a fourni au peintre une médaille ciselée par le fameux Benvenuto
Cellini lors de son premier séjour à la cour de France, en 1537. Le Titien a d’abord
peint une ébauche du portrait, en inversant la médaille et en supprimant la
couronne de laurier qui donnait à l’image un caractère de buste à l’antique. On
supposait que cette ébauche correspondait à un tableau aujourd’hui conservé
dans une collection privée anglaise (illustration 10). La radiographie du tableau
du Louvre en apporte la preuve, car on y remarque une première composition,
dissimulée sous la composition actuelle, qui prend point par point les détails
de la version anglaise. La radiographie démontre combien la touche et libre et
le portrait rendu vivant. Le pinceau n’est plus minutieux et analytique ; la pein- radiographie manquante
ture est étendue en longues touches nerveuses qui définissent synthétique-
ment la psychologie du modèle. La couleur est chaude, la gamme chromatique
étendue, le génie du peintre est là tout entier dans la version Vénitienne
d’une Renaissance qui se caractérise par son ouverture sur le monde, ses ren-
contres entres princes, mécènes, érudits et artistes, sa succession de trouvailles
géniales dans des domaines et des lieux variés.