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ROYAUME DU MAROC

AGENCE DU BASSIN HYDRAULIQUE DU SEBOU

DEBAT NATIONAL SUR L’EAU

L’AVENIR DE L’EAU, L’AFFAIRE DE TOUS

Novembre 2006
Bassin Hydraulique du Sebou

SOMMAIRE
PREAMBULE………………………………………………………………………………..... 4

1 - PRESENTATION GENERALE………………………………………………………….. 6
2 - RESSOURCES EN EAU…………………………………………………………………... 7
2-1- Les eaux de surface………………………………………………………………… 7
2-2- Les eaux souterraines………………………………………………………………. 8
3 – MOBILISATION ET UTILISATION DES RESSOURCES EN EAU………………… 9
3-1- L'effort de mobilisation…………………………………………………………….. 9
3-2- Les barrages en projet………………………………………………………………. 10
4 – CONTRAINTES AU DEVELOPPEMENT DES RESSOURCES EN EAU…………... 12
4-1- Irrégularité spatio-temporelle des ressources en eau……………………………….. 12
4-2- Surexploitation des eaux souterraines……………………………………………… 13
4-3- Sous valorisation des ressources en eau……………………………………………. 15
4-4- Erosion des bassins versants………………………………………………………... 16
4-5- Pollution…………………………………………………………………………..... 17
4-6- Problématique du littoral et des zones humides……………………………………. 22
4-7- Inondations…………………………………………………………………………. 23

5 – SITUATION ACTUELLE D'UTILISATION DES RESSOURCES EN EAU………... 27


5-1 Irrigation……………………………………………………………………….. 27
5-2 Eau potable……………………………………………………………………. 28
5-3 Energie hydroélectrique ……………… …… ………………………………. 30
6 – EVOLUTION DE LA DEMANDE EN EAU……………………………………………. 30
6-1- Irrigation…………………………………………………………………………..... 30
6-2- Eau potable et industrielle………………………………………………………….. 33
6-3- Débit sanitaire………………………………………………………………………. 34
7 – PRINCIPALES ORIENTATIONS ET OBJECTIFS…………………………………… 36
7-1- Assainissement et lutte contre la pollution…………………………………………. 36
7-2- Protection et aménagement des bassins versants…………………………………… 36
7-3- Gestion des ressources en eau solidaire et intégrée entre bassins………………….. 39
7-4- Valorisation des ressources en eau et économie de l'eau…………………………... 39
7-5- Sauvegarde des eaux souterraines………………………………………………….. 41
7-6- Gestion des risques naturels : inondations et sécheresses………………………….. 41
7-7- Information, éducation et sensibilisation des populations…………………………. 42
8 – CONCLUSION…………………………………………………………………………….. 45

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LE BASSIN HYDRAULIQUE DU SEBOU EN CHIFFRES

SUPERFICIE : 40.000 km²


ALTITUDE MOYENNE : 695 m
PLUVIOMETRIE MOYENNE ANNUELLE : 600 mm
NOMBRE D’HABITANTS : 5.600.000 hab (1994)
6.235.880 hab (2004)
:
APPORTS EAUX DE SURFACE 5.600 Mm3/an
CAPACITE GLOBALE DE STOCKAGE DES : 5836 Mm3
BARRAGES
VOLUME REGULARISE : 2.600 Mm3/an
TAUX DE REGULARUSATION : 46%
CORRESPONDANT
DEVERSES EN MER : 1500 Mm3/an
:
: 2330 Mm3/an
VOLUME D’EAU UTILISE (2OO5)
 A PARTIR DES EAUX DE SURFACE : 1200 Mm3 (irrigation)
30 Mm3 (AEPI)
 A PARTIR DES EAUX SOUTERRAINES : 900 Mm3 (irrigation)
200 Mm3 (AEPI)
SUPERFICIE AGRICOLE UTILE : 1.750.000 ha
20% du potentiel national
SUPERFICIE IRRIGUEE : 357.000 ha (2005)
418.000 ha (à terme)
SUPERFICIE AMENAGEE EN GH 114.000 ha
SUPERFICIE IRRIGATION PRIVEE : 169.000 ha
PMH MODERNE ET TRADITIONNELLE : 78.000 ha
LA FORET : 1.200.000 ha
ENERGIE PRODUCTIBLE MOYENNE : 814 GWH/an
PUISSANCE INSTALLEE : 535 MW

TAUX D’ACCES A L’EAU POTABLE EN MILIEU : 70% (2005)


RURAL
:
PRINCIPAUX PROBLEMES ET CONTRAINTES

IRREGULARITE DES RESSOURCES EN EAU


SUREXPLOITATION DES EAUX SOUTERRAINES
RETARD D’EQUIPEMENT DES PERIMETRES IRRIGUES, SOUS EFFICIENCES DES RESEAUX
PERTES D’EAU EN MER
ENVASEMENT DES RETENUES DE BARRAGES
POLLUTION, PROBLEMATIQUE DU LITTORAL ET DES ZONES HUMIDES

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PREAMBULE

Le présent rapport propose une base de connaissances des


ressources en eau dans le bassin du Sebou, l’état des lieux et les
perspectives d’avenir. Il se veut une plateforme pour alimenter le débat
public qui jusqu’ici est resté confiné entre les professionnels du secteur.

Le secteur de l’Eau au Maroc connaît une transition majeure


avec la réforme de la loi sur l’eau et la création des agences de bassins.
La transition s’opère également au niveau des secteurs économiques liés
à l’eau comme l’agriculture, le tourisme…et également au niveau
politique et social.

Durant des années, le Maroc a réalisé des progrès et des acquis


structurants en matière de sécurité hydrique et alimentaire grâce à la
mobilisation des ressources en eau. Cette politique a été axée sur de
grands chantiers sectoriels ou l’Etat était l’acteur principal, à la fois en
tant qu’initiateur, concepteur et opérateur.

La gouvernance des ressources en eau n’a commencé que


tardivement à s’inscrire dans le cadre de la décentralisation, de la
concertation et de la logique de l’aménagement du territoire. Le retard
s’est manifesté par des déficits énormes en matière d’assainissement et
de traitement de la pollution et également une sous valorisation des
ressources en eau due à la non modernisation des techniques d’irrigation
et un retard d’équipement en plus des pertes induites par l’érosion des
sols.

Depuis l’entrée en vigueur de la loi 10/95 en 1995 et la création


des agences quel bilan peut on faire de cette nouvelle expérience ? et
quels sont les défis à relever pour garantir le développement durable de
nos ressources en eau ?

Un débat dans ce sens s’est instauré depuis pas mal de temps


mais il est resté confiné entre les professionnels du domaine. L’ambition
du débat national sur l’eau est d’impulser une forte dynamique aux
échanges des idées avec les larges franges des parties concernées.

Il va de soi qu’une situation aussi complexe que celle que nous


examinons tout au long de ce rapport ne peut trouver de solution viable
et durable que par un débat franc et constructif entre toutes les
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composantes de la société en vue de bâtir une stratégie solide et


cohérente en matière de développement des ressources en eau où tout le
monde se sent responsable et engagé pour la préservation de ces
ressources.

Le Maroc a acquis une grande expérience en matière de maîtrise des


ressources en eau. Il convient à présent d’une part, de consolider ces
acquis en poursuivant la politique de mobilisation des ces ressources, et
d’autre part renforcer les autres secteurs relatifs à la valorisation et à la
protection des ressources en eau.

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 PRESENTATION GENERALE

Le bassin de Sebou forme une cuvette entre le Rif au Nord, le


moyen Atlas et la meseta au sud, le couloir Fès -Taza à l’Est et
l’océan Atlantique à l’Ouest. D’une superficie d’environ 40.000
km2, il est l’un des bassins les plus importants du royaume et
renferme actuellement une population totale de près de 6.2
millions d’habitants (recensement de 2004), dont 49% en
milieu urbain et 51% en milieu rural. Il dispose d’une
économie agricole et industrielle qui contribue de façon
importante à l’économie nationale.

L’activité économique du bassin du Sebou est marquée par la


prédominance des secteurs suivants :
L’agriculture : La surface agricole utile est d’environ 1.750.000 ha (soit
près de 20 % du potentiel national). La surface irriguée avoisine les
357.000 ha et atteindra à terme 420.000 ha.

• 209.000 tonnes de papier


L’industrie : Le bassin de Sebou connaît • 80.000 tonnes d’huile d’olive
une activité industrielle très développée. (65% de la production nationale)
Les unités importantes à l’échelle du bassin • 12.000 tonnes de cuir
sont : les sucreries, les papeteries, les (60% de la production nationale)
• 3.300 tonnes de pétrole raffiné
huileries, les tanneries, les cimenteries, • 1845 tonnes de sucre produit
l’industrie du textile et la raffinerie de
pétrole.
Production annuelle industrielle
Dans le bassin du Sebou

Le tourisme : le potentiel touristique est constitué des villes impériales


(Fès et Meknès), des zones de montagne, des sources thermales et des
plages. L’activité touristique a renoué avec la croissance notamment
grâce à la mise en place de liaisons aériennes directes reliant Fès à
d’autres capitales européennes.
La forêt représente une richesse naturelle importante. Elle couvre une
superficie totale de près de 1.200.000 ha et elle est constituée
principalement de chênes, de cèdres, de thuya et de matorrals. En plus
de son rôle d’espace de pâturage et de gisement de bois de feu pour les
populations riveraines, la forêt participe de manière significative à la
stabilisation des terres et par conséquent à la réduction de l’érosion et de
l’envasement des retenues de barrages.
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Le bassin de Sebou couvre en totalité ou en partie:

• 5 régions économiques : Fès - Boulemane, Al Hoceima - Taza


–Taounate, Meknès -Tafilalt, Gharb-Chrarda-Beni Hssen et
Rabat –Zemmour-Zair ;
• 3 Wilayas : Fès, Méknès et Kénitra ;
• 12 provinces et préfectures dont 5 en totalité (El Hajeb, My
Yaacoub, Sefrou, Taounate, Sidi kacem) et 7 partiellement :
(Ifrane, Boulemane, Taza, Chefchaouen, Khémisset, Khénifra
et Al Hoceima).
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Limite de la zonne d'action


du Bassin Hydraulique du Sebou
Limite des provinces
20 Km

Carte du découpage administratif du bassin du Sebou

 RESSOURCES EN EAU
2-1 Les eaux de surface

Le bassin renferme près du tiers des eaux de surface du Pays et peut être
subdivisé de point de vue hydrologique en quatre ensembles :
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 le Sebou issu du moyen Atlas et constitué par les bassins du


haut Sebou (6000 km2), de l’Inaouène (5200 km2) et du
moyen Sebou (5400 km2);
 l’Ouergha qui a une superficie de l’ordre de 7300 km2 ;
 le Beht qui a une superficie de l’ordre de 9000 km2, reçoit
l’oued R’dom avant de rejoindre le Sebou dans la plaine du
Gharb ;
 le bas Sebou, dont la superficie couvre environ 6000 km2, et
qui constitue un chenal instable et insuffisant pour supporter
les débits de crues.

Les apports en eau du bassin s’élèvent à 5561 millions de m3 (1)


par an (moyenne actualisée sur la période 1939-2002), dont :

• 2877 Mm3/an (51%) sont drainés par le bassin de


l’Ouergha
• 615 Mm3/an (11%) sont drainés par le haut Sebou
• 363 Mm3/an (7%) sont drainés par le Beht.

2-2 Les eaux souterraines

Les ressources en eau souterraine du bassin constituent une part


importante du patrimoine hydraulique du bassin du Sebou et représentent
20% environ du potentiel national.

A l’échelle du bassin versant du Sebou, on peut distinguer plusieurs unités


hydrogéologiques recelant une douzaine de nappes dont les principales
sont : système aquifère du Saiss, complexe des nappes Maamora - Gharb,
nappe des causses moyens Atlasiques, nappe de Bou Agba, nappe du
couloir Fès –Taza, la nappe du moyen Atlas plissé et la nappe de Taza.

Les nappes contribuent au développement économique et social du bassin


en assurant l'approvisionnement en eau potable d'une grande partie des
centres urbains et ruraux et la mise en valeur de grandes superficies
irriguées.

(1 ): Ce chiffre tient compte de la contribution des principaux sous bassins contrôlés du Sebou
(30.827 km²) qui ont été à la base de l’estimation du potentiel des eaux de surface dans le PDSBO
92 , ainsi que la contribution des bassins côtiers et de la plaine du Gharb estimée à 610 Mm3.
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Sur environ 1000 Mm3 d’eau souterraine mobilisable et renouvelable, les


prélèvements actuels sont estimés à 1100 Mm3 témoignant de la
surexploitation que connaît cette ressource. Ce bilan global ne traduit pas
le déficit que connaît certaines nappes telles que celle de la plaine de
Fès-Meknès.

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20 Km

Situation des nappes du bassin du Sebou

 MOBILISATION DES RESSOURCES EN EAU


3-1 L’effort de mobilisation

 Les Grands barrages

Le bassin du Sebou comporte 10 grands barrages et 44 petits barrages et


lacs collinaires. Parmi ces ouvrages figure le barrage Al Wahda, deuxième
grand barrage en Afrique, avec une capacité de stockage de 3714 Mm3.
Ce barrage joue un rôle capital dans l’irrigation de la plaine du Gharb et
sa protection contre les crues dévastatrices de l’oued Ouergha.

La capacité globale actuelle de stockage des 10 grands barrages du bassin


est de 5836 Mm3 ;

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Barrage Oued mise en Volume But Superficie Energie


service Normal irrigable produite
Mm3 (ha) (GWH/an)
Allal El Fassi Sebou 1990 64 E, T 270
98.000
Idriss 1er Inaouene 1973 1152 E, I 120
El Kansera Beht 1935 230 E,I,AEPI 29.000 24
Sidi Chahed Mikkes 1996 170 AEPI, I 830 -
Sahla Sahla 1994 62 I, AEPI 3.240 -
Al Wahda Ouergha 1996 3714 E, I 110.000 400
Barrage de Sebou 1991 37 I - -
Garde
Bouhouda Sra 1998 55.5 AEPI , I 2.800 -
Asfalou Asfalou 1999 317 AEP, I 8.300 -
Bab Louta Bousbaa 1999 35 AEP - -

TOTAL 5836.5 252170 814

Aménagements hydrauliques existants

E : énérgie, I : irrigation, AEPI : alimentation en eau potable et industrielle, T :


transfert

 Les Petits barrages et lacs collinaires

Une quarantaine de petits barrages et lacs collinaires ont été réalisés en


régie dans le bassin du Sebou. Ils totalisent une capacité de stockage
globale de 20 Millions de m3 et sont destinés essentiellement au
renforcement de l’alimentation en eau potable, à l’irrigation de petits
périmètres, à l’abreuvement du cheptel et également à la protection
contre les inondations.

3-2 Les barrages en projet

Les barrages programmés dans le cadre du plan directeur intégré


d’aménagement des eaux des bassins du Sebou, Bou Regreg et Oum Er
Rbia approuvé par le Conseil Supérieur de l’Eau et du Climat lors de sa
sixième session tenue en 1992 et qui ne sont pas encore réalisés sont :

• le complexe Mdez–Ain Timedrine sur le haut Sebou pour la


production hydroélectrique ;
• le barrage Sidi Abbou sur l’oued Lebene pour l’irrigation des
périmètres de la petite et moyenne hydraulique situés à son
aval ;

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• le barrage Ouljet Es Soltane sur l’oued Beht pour le


renforcement de l’irrigation du périmètre de Sidi Slimane et
l’AEPI de Khémisset et Tiflet ;
• les barrages Tafrant, Rhafsai et Bab Ouender
respectivement sur les affluents Aoudour, Aoulai et sur
l’oued l’ouergha pour le renforcement de la régularisation
des eaux de cet oued au niveau du barrage Al Wahda.
• Mechraâ Lahjar pour dériver les eaux de l’oued Sebou en
faveur de certains secteurs du Beht et de la troisième
tranche d’irrigation du Gharb via le canal G.

Barrage Oued But Retenue Puissance


(Mm3) installée
(MW)
M’dez Sebou I,E 600 52
Ain Timedrine Sebou E 3 148
Sidi Abbou Lebene I 70 5
Ouljet Soltane Beht AEP,I 210 16
Taffrant Ouergha PE 290 21
Rhafsai Ouergha PE 145 30
Bab Ouender Ouergha PE, I 390 38
Mechraa Lahjar Sebou I 20 7
TOTAL 1728 317

Aménagements hydrauliques projetés

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 CONTRAINTES AU DEVELOPPEMENT DES RESSOURCES


EN EAU
Les problèmes posés et les entraves au développement durable du bassin
du Sebou n’ont d’égal que son fort potentiel naturel. Plusieurs de ces
problèmes sont dus à l’action de l’homme (pollution des eaux,
déboisement, urbanisation incontrôlée etc.), d’autres sont plutôt d’ordre
naturel (variation spatio-temporelle des précipitations, sécheresses,
inondations etc ….).
4-1 Irrégularité spatio-
temporelle des ressources
en eau
Le climat régnant sur
l’ensemble du bassin est de
type méditerranéen à
influence océanique et à
l’intérieur du bassin le
climat devient plus
continental. La pluviométrie
moyenne annuelle du bassin
est de 600 mm, avec un
maximum de 1000 mm/an
sur les hauteurs du Rif et un
minimum de 300 mm sur le
haut Sebou et les vallées du Beht.
L’irrégularité des précipitations n’est pas une caractéristique du seul
bassin du Sebou, mais du climat de tout le Maroc. Néanmoins, elle
constitue un facteur limitant du
développement socio-économique du
bassin. L’évolution dans le temps a
été marquée par une nette
diminution des apports d’eau au
cours des deux dernières décennies.
La maîtrise de l’irrégularité des
apports d’eau a nécessité la
construction de barrages à grandes retenues pour bénéficier des apports
des années à forte hydraulicité. Cette politique doit être poursuivie pour
mobiliser le maximum d’apport d’eau naturelle.

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4-2 Surexploitation des eaux souterraines


La surexploitation des eaux souterraines est observée en particulier au
niveau des nappes de Fès-Meknès (voir encadré 1) et de la Maâmora. Elle
est la résultante de deux phénomènes, l’un naturel (sécheresses
successives et sévères) et l’autre humain (extension des zones irriguées
non autorisées).
Les conséquences de l’exploitation des nappes au-delà de leur capacité
sont multiples :
 Risque d’Intrusion marine (Maâmora et Mnasra) ;
 Assèchement des sources (cas du Saiss) et des dayas (cas de Dayat
Aoua) ;
 Perturbation de l’approvisionnement en eau potable et en eau
d’irrigation de la petite et moyenne hydraulique traditionnelle ;
 Augmentation du coût de pompage (panneau de Hadj Kaddour) ;
 Diminution des débits d’étiage et dégradation de la qualité des
eaux ;
 Etc


690

680

670
ALTITUDE

660
(m)

650

640

630

63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07
620

ANNEE

Evolution du niveau piézométrique de la nappe profonde du Saiss (Piézomètre 290/22 : Haj Kaddour)

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Enacdré 1 : Surexploitation de la nappe du Saiss

Les eaux souterraines du Saïss jouent un rôle déterminant dans le


développement socio-économique de la région. Ces ressources sont en
effet de plus en plus sollicitées en tant que source d'approvisionnement
en eau potable, notamment des villes de Fés et Méknés et centres
avoisinants (100 Mm3) et facteur essentiel de développement des
activités agricoles. Actuellement la superficie irriguée est de 37.000 ha.
Les sécheresses qui ont frappé la région depuis 1980 ont eu un impact
négatif sur les réserves d’eau de la plaine. Cet impact s’est traduit par
une réduction des apports d’eau naturels, induisant la surexploitation
des eaux souterraines. Cette situation a engendré la rupture de
l’équilibre du système par l’assèchement des sources, la baisse continue
des niveaux d’eau des nappes souterraines et la réduction des apports en
eau de surface.

Evolution de la production en eau potable de la ville de Fès Evolution du nombre de points de prélèvement

Le déstockage
Vol moyen annuel est estimé à plus de 100 Mm3/an depuis 1980,
entraînant ainsi un déficit global de l’ordre de 2 Milliards de m3.
La surexploitation des ressources en eau souterraine compromettra à court et
moyen terme l’approvisionnement en eau potable des villes de Fès et Méknès, par
la disparition de l’artésianisme sur l’ensemble des forages et le tarissement des
sources qui vont contraindre l’ONEP à équiper avec des moyens d’exhaure les
forages initialement artésiens et à revoir le cas échéant leur remplacement. Cette
dégradation de la ressource entraînera en outre, la mise en péril des
investissements lourds installés dans le secteur de l’irrigation ainsi que les
investissements touristiques et thalassothérapiques mis en place sans compter les
conséquences sociales et économiques qui peuvent en découler.

Il est donc temps d’intervenir pour sauvegarder ce précieux patrimoine.


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4-3 Sous valorisation des ressources en eau

Au niveau du bassin du Sebou, la valorisation des ressources en eau


mobilisées est posée en termes de retard d’aménagement agricole,
d’efficience du mode d’irrigation et de répartition inter-régionale :

 Les superficies non encore aménagées (Gharb et Loukkos) et


dont les ressources sont mobilisées par les barrages sont
estimées à près de 124.000 ha
 Le choix du mode d’irrigation (dominé par le gravitaire) était
justifié par des considérations liées aux coûts des
investissements et à la forte disponibilité de la main d’œuvre.
Le système d’irrigation pratiqué, en plus des limites techniques
de sa performance, est à l’origine des pertes d’eau constatées
de 50 % à la parcelle, principalement dues à :

 La mauvaise pratique d’application de l’eau au


niveau des exploitations agricoles ;
 La dégradation des réseaux d’irrigation ;
 Les insuffisances des capacités opérationnelles en
matière de gestion des réseaux.

Irrigation à la robta (raie)

 La région du Saïss, à fort potentiel en terre était irriguée à


partir des sources du piémont de l’Atlas et des eaux
souterraines. Ces ressources ont fortement chuté au cours des
dernières années en raison du développement de l’irrigation
dans l’Atlas qui alimente en eau le Saïss et des pompages dans
la nappe du Saiss ainsi que la succession d’années sèches. Aussi,
15
Débat National sur l’Eau
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est-il devenu nécessaire dans un but de valorisation des


ressources en eau d’examiner l’irrigation de cette région à
partir des eaux du haut Sebou.

L’irrigation dans le bassin du Sebou consomme près de 89 % du potentiel


en eau mobilisé. Il importe donc de lui accorder la place qu’elle mérite
en terme de recherche d’économie d’eau.

4-4 Erosion des bassins versants


Malgré la diversité des types de peuplements qui caractérisent les forêts
du bassin du Sebou, celles-ci connaissent les mêmes problèmes qui
caractérisent les autres massifs du pays, en particulier la dégradation
alarmante du couvert forestier, due essentiellement à :
 L’exploitation excessive du potentiel productif ligneux
(les prélèvements dépassent de 3 fois la capacité de
production)
 L’accentuation des défrichements par l’extension des
terres agricoles
Les conséquences immédiates de cette situation sont bien entendu
l’érosion des sols qui se traduit par des pertes économiques
Le bassin du Sebou (en particulier dans sa partie nord) connaît une
intense érosion favorisée par de nombreux facteurs :
 fragilité du terrain
 fortes intensités pluviométriques
 faible couverture végétale
 action de l’homme (déforestation)
 fortes pentes
 exploitation non organisée des massifs forêstiers
 etc…
La dégradation des sols se situe entre 1000 et 2000 T/km2/an dans le pré-
rif, atteignant 6000 T/km2/an dans certaines régions du Rif. Cette
dégradation est par contre moins forte dans les régions du Moyen Atlas
(500 à 1000 T/km2/an).
Les conséquences de l’érosion les plus directes sont la perte du capital
terre et l’envasement des retenues de barrages
16
Débat National sur l’Eau
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L’étude du Plan National d’Aménagement des Bassins Versants a identifié


les bassins prioritaires à aménager sur la base d’une évaluation des pertes
économiques induites par l’érosion, à l’amont et à l’aval des barrages.
Parmi les 22 bassins en amont des barrages prioritaires à l’échelle
nationale, quatre font partie du bassin du Sebou.

barrages Ordre de priorité nationale


Al Wahda 2
Idriss Ier 6
Allal El Fassi 7
El Kanséra 8

Les plans d’aménagements anti-érosifs ont été établis pour 4 bassins


versants couvrant une superficie totale de 12 690 km2 (Al Wahda, Allal El
Fassi, Bab Louta, Adarouch). D’autres plans sont en cours d’élaboration,
ils concernent les barrages (Idriss Ier- Sidi Chahed- El kansera) couvrant
une superficie de 9850 km2.
4-5 Pollution

a- Les sources de pollution

Le bassin du Sebou est le bassin le plus pollué du pays. En effet, si on


exclut le bassin côtier atlantique dont fait partie la ville de Casablanca
qui rejette ses eaux usées en mer, le Sebou est situé en tête de
l’ensemble des bassins du Maroc en terme de pollution organique
d’origine industrielle et domestique et de pollution toxique. Il est suivi de
loin par le Tangérois, le Tensift et le Bouregreg.

Les sources de pollution sont multiples et se résument comme suit:

• La pollution d’origine domestique

Les 82 villes et centres urbains du bassin rejettent un volume annuel


d’eau usée estimé à 80 millions de m3, dont 86% sont déversés dans les
cours d’eau, 12% dans la mer et 2% épandus sur les sols. Ces rejets
génèrent une pollution organique totale de l’ordre de 76.000 tonnes de
DBO5, représentant 25 % du total national.

Parmi les villes qui posent le plus de problèmes de pollution de l’eau, se


trouve la ville de Fès dont les rejets représentent 40% de l’impact total
17
Débat National sur l’Eau
Bassin Hydraulique du Sebou

de l’ensemble des rejets au niveau du bassin du Sebou. Le traitement des


eaux usées de cette ville constitue donc une priorité absolue compte tenu
du rang occupé par ce bassin à l’échelle nationale.

La dégradation de la qualité de l'eau par les rejets d'eau usée domestique


et industrielle est le résultat du grand retard constaté en matière
d'assainissement et d'épuration des rejets. Le taux de raccordement au
réseau d'assainissement varie de 0% pour les petits centres ruraux à 70%
dans les grandes villes.

• La pollution d’origine industrielle

Le secteur industriel est très diversifié dans le bassin du Sebou. Les


principales branches industrielles sont : l'agro-alimentaire (sucreries,
huileries, laiteries, conserveries,…), les papeteries, les tanneries, le
textile, le raffinage de pétrole, la levurerie, la production d’alcool,…

L’activité industrielle est concentrée dans


les grandes villes telles que Fès et Kénitra.
On dénombre pas moins de 200 unités,
auxquelles il faut ajouter des milliers
d’huileries traditionnelles (maâssras).
L’activité industrielle génère près de 3,5
millions d’équivalents-habitants de
pollution organique, dont près de 70%
proviennent des sucreries, des papeteries et des huileries.
Tanneries de la Médina de Fès

Branche industrielle Contribution à la pollution en %


Huileries 20
Papeteries 36
Sucreries 11
Autres 33
Total 100
Contribution des branches industrielles à la pollution

La part des principales branches d'activité industrielle est la suivante:

Les huileries représentent le foyer de pollution le plus menaçant, car il


s'agit d'une activité saisonnière (Décembre-Janvier-Février) et répartie sur

18
Débat National sur l’Eau
Bassin Hydraulique du Sebou

la quasi totalité du bassin (avec des concentrations marquées à Aïn


Taoujdate, Fès, Taounate). Elle entraîne de ce fait une forte
concentration en matières organiques, grandes consommatrices de
l'oxygène dissous de l'eau.

Les réalisations en matière de traitement des rejets sont non


proportionnelles à la pollution générée et aux multiples et néfastes
impacts induits. Les projets réalisés sont rares (raffinerie de Sidi Kacem,
Centrale laitière de Meknès) ou ont parfois un caractère expérimental et
ont été initiés par les bailleurs de fonds étrangers tels que la station de
déchromatation des tanneries et les bassins d’évaporation naturelle des
margines de Fès. Il en résulte que le taux de rabattement de la pollution
industrielle n'a pas excédé 3 % au niveau de l'ensemble de bassin.

• La pollution d’origine agricole

Disposant d’une importante superficie agricole utile, le bassin du Sebou


est parmi les régions agricoles les plus importantes du pays. Il connaît
ainsi une intensification agricole par le recours à l’irrigation et à
l’utilisation des engrais et des produits phytosanitaires. Il en résulte
l’infiltration dans les eaux souterraines des produits agrochimiques.
Les charges polluantes sont constituées essentiellement des nitrates et
des phosphates et sont estimées à :

• 8 670 tonnes par an de l’azote total;


• 2 050 tonnes par an des phosphates.

• La pollution par les décharges publiques

Les décharges publiques non contrôlées constituent une source de


pollution non négligeable. En plus de leur localisation en général à côté
des villes et parfois non loin des milieux hydriques (oueds, nappes), elles
dégagent des lixiviats qui rejoignent les eaux superficielles ou
souterraines selon la géologie du site. La production totale des déchets
solides est estimée à 750.000 tonnes par an, occasionnant une pollution
d'environ 6 900 tonnes de DBO5.

A l'exception des villes de Fès et Tiflet qui disposent de décharges


publiques bien aménagées, la majorité des autres villes sont au stade des
études d'aménagement de nouveaux sites.

19
Débat National sur l’Eau
Bassin Hydraulique du Sebou

• La pollution accidentelle

La pollution des eaux d’origine accidentelle est également non


négligeable. Quoique localisée dans le temps et dans l’espace, elle peut
avoir un impact très étendu et peut engendrer de considérables dégâts si
les moyens de remède nécessaires ne sont pas mis à la disposition des
équipes d’intervention en temps opportun. Le bassin du Sebou recèle de
nombreux points critiques notamment les retenues de barrages et les
cours d’eau qui longent d’importants axes routiers connaissant des trafics
de transport des produits polluants.

b- Impact de la pollution sur les ressources en eau

• Eau de surface

Les incidences négatives générées par les


différentes sources de pollution sur les
ressources en eau sont principalement la
dégradation de la qualité des eaux de
l’oued Sebou notamment en aval des
rejets de Fès jusqu’à l’embouchure. En
effet, les stations de traitement d'eau
potable qui alimentent les centres de
Kariat Ba Mohamed et M'kansa à partir de
l'Oued Sebou sont souvent contraintes à arrêter leur activité,
particulièrement pendant les périodes de forte pollution qui coïncident
avec la saison oléicole. De même au niveau du barrage de garde, la
mortalité de poissons est souvent constatée dans l'oued Sebou.

La qualité des eaux est également dégradée au niveau de l’oued Rdom en


aval de Meknès ainsi que l’oued Beht en
aval de Sidi Slimane excellente
tres mauvaise
6%
25%
bonne
Pour améliorer la qualité de l'oued 31%
Sebou, des lâchers d'eau à partir des
barrages Al Wahda, Idriss Ier et Allal El mauvaise
22%
moyenne
Fassi sont effectués. A titre d'exemple le 16%

volume d'eau lâché en 2003 était


d'environ 22,5 Mm3.
Qualité des eaux de surface

20
Débat National sur l’Eau
Bassin Hydraulique du Sebou

Sur un total de 32 stations d’échantillonnage, près de la moitié présente


une eau de mauvaise qualité.

Etat de la qualité des eaux de surface (2004)

• Eau souterraine
Parmi les impacts négatifs des sources de pollution sur les eaux
souterraines, on note une dégradation de la qualité des eaux par endroit
au niveau des trois nappes Fès-Meknès, El Gharb et Maâmora en raison des
teneurs en nitrates qui dépassent la valeur maximale admissible fixée à
50 mg/l, ce qui limite leur utilisation pour l’approvisionnement en eau
potable.

NAPPE DE FES-MEKNES NAPPE DE LA MAAMORA


100% 100%

80% 80%

60% 60%

40% 40%

20% 20%

0% 0%
Q,ORG Q,BAC Q,MIN Q,AZO Q,GLO Q,ORG Q,BAC Q,MIN Q,AZO Q,GLO

NAPPE DU GHARB Légende:


100% Excellent
90%
80% Bonn
70%
60%
Moyenn
50% Mauvais
40%
30% T.Mauvais
20%
10%
0%
Q,ORG Q,BAC Q,MIN Q,AZO Q,GLO
21
Débat National sur l’Eau
Bassin Hydraulique du Sebou

Sur un total de 79 stations d’échantillonnage, environ 53% présente une


qualité dégradée.

bonne
tres mauvaise 24%
34%

moyenne
mauvaise 23%
19%

Répartition du niveau de qualité des eaux souterraine

4-6 Problématique du littoral et des zones humides


La zone littorale du bassin du Sebou s'étend sur une longueur de 140 km
et une largeur variant de 15 à 30 km à l'intérieur des terres. Cette zone
est d'une richesse très diversifiée quant aux ressources naturelles et
physiques:
 La zone dispose d'une dizaine de plages dont trois classées (Taxi
beach à Sidi Taïbi, Mehdya et Moulay Bousselham)
 Le complexe dunaire composé de deux groupes de dunes
 Les zones humides de grand intérêt pour l’avifaune:
 Merja Zerga à côté de My Bousselham, elle jouit d'un statut de
protection internationale (classée site RAMSAR);
 Lagune de Sidi Boughaba : située au sud de l’embouchure de
l’oued Sebou, elle a une superficie de 150 ha et elle est aussi
classée site international RAMSAR,
 Vasière de l’embouchure de Sebou : elle renferme dans la rive
droite de l’estuaire un schorre de grande importance pour
l’hivernage des oiseaux ;
 Merja El Halloufa : c’est une dépression intermédiaire de 300
ha ;
 Merja Bekka: c’est une autre dépression intermédiaire de 24
ha qui abrite une grande richesse ornithologique
 Site d’Intérêt Biologique et Ecologique de la Mâamora (forêt
de chêne liège).
22
Débat National sur l’Eau
Bassin Hydraulique du Sebou

La frange côtière du bassin du Sebou, ainsi diversifiée, est le siège de


nombreuses activités qui portent atteinte à son intérêt socio-économique
et écologique :
 L’urbanisation s’est rapidement développée (avec un
accroissement de 3,4%) souvent de manière non autorisée. Il en
est résulté des impacts négatifs majeurs en terme
d’empiétement des constructions sur les terres arables, les
forêts, les espaces libres, les plages et les habitats de valeur,
tels que les zones humides ; avec pour corollaire les rejets
d’effluents et de déchets solides non contrôlés.
 Les aménagements réalisés dans un contexte non structuré, sont
à l’origine de l’érosion des plages, la destruction du couvert
végétal et la pollution des plages par les rejets liquides et
solides.
 Les rejets des eaux usées dans l’oued Sebou constituent une
menace pour la qualité de baignade de la plage de Mehdia
située non loin de l’embouchure de l’oued Sebou.
 Enfin, la zone littorale connaît l’exploitation d’une trentaine de
carrières de sable dunaire, totalisant l’extraction d’un volume
annuel d’environ 4 Mm3. Cette activité constitue une
destruction irréversible des dunes du littoral, surtout les dunes
blanches de M’nasra et Moulay Bousselham. Certaines carrières
de la zone de Chlihat ont même été exploitées jusqu’à des
profondeurs qui ont atteint le niveau de la mer.

4-7 Inondations

 Historique des inondations dans le bassin du Sebou

A l’instar des autres bassins du Royaume, le bassin du Sebou a connu dans


le passé des inondations plus catastrophiques, ces inondations ont causé
d’énormes dégâts économiques voire parfois humains. La chronologie
principale des inondations vécues dans le bassin du Sebou se présente
comme suit :

23
Débat National sur l’Eau
Bassin Hydraulique du Sebou

Sites année de Dommages encourus


l’événement
Plaine du 1973,1989, Inondation de plus de 140.000 ha (terrains agricoles,
Gharb 1996,2002* infrastructures, enclavement des agglomérations, etc…)
Plaine et 1970, 1995, Inondation d’environ 1500 ha de terres agricoles, la coupure
centre de 2001et 2002. de plusieurs routes et pistes rurales, l’inondation des locaux
Guigou administratifs et des habitations du centre de Guigou,
douars se trouvant dans la plaine.
Ville de 1995 et 2000 Inondations des maisons (quartier El Malha, douar Chlouh et
Taza dépôt de munition) et terrains agricoles, coupures de
certaines routes
Centre de 1995 Inondation des logements, qui longent l’oued Guigou et de
Timahdite la RN13
Ville d’El 1998, 2002 Inondation de la ville et de la RN 13
Hajeb
Ville de 1950, 1992 et Inondation de la ville par les crues des chaâbas
Sefrou 1994
Ville de 1950, 1989 Inondation des quartiers qui se trouvent à l’aval des
Fès barrages My Arafa et Gaâda ainsi que ceux qui longent
l’oued El Himmer

Historique des inondations dans le bassin du Sebou

(*) : La plaine du Gharb ne connaît plus les grandes inondations d’antan grâce à la
construction du barrage Al Wahda. Les inondations observées au cours des dernières
années sont locales et sont causées par de petits oueds non régularisés.

 Inventaire des sites inondables et propositions

Les villes, centres, douars et points singuliers inventoriés dans le cadre du


plan national de protection contre les inondations et les commissions
provinciales des inondations sont au nombre de 60 et concernent 84
points d’inondations.

24
Débat National sur l’Eau
Bassin Hydraulique du Sebou

Province Nombre Villes et Nombre de points


centres d’inondations
Fès 1 6
Moulay yacoub 3 3
Boulemane 3 6
Sefrou 3 5
Kénitra 9 9
Sidi Kacem 14 14
Meknes 2 2
El Hajeb 1 1
Ifrane 5 13
Khémisset 3 3
Taza 10 15
Taounate 6 7
Total 60 84

Tableau récapitulatif des sites inondables par province

Les risques d’inondation ainsi que les dégâts des crues dévastatrices
constatés au niveau des sites précités ont été
aggravés par :

• l’urbanisation rapide et non contrôlée des


espaces exposés aux inondations (zones
d’expansion et d’épandage des crues,
talwegs et zones à proximité des chaabas,
etc ), centre de Guigou, inondations 2000
• la non prise en compte dans les documents urbanistiques du risque
d’inondation,
• l’extension et l’empiétement des terrains agricoles sur les lits mineurs
des oueds réduisant ainsi leur débitance,
• le sous dimensionnement de certains ouvrages de franchissement
constituant ainsi des goulots d’étranglement,

25
Débat National sur l’Eau
Bassin Hydraulique du Sebou

• l’aménagement des sections des cours d’eau par des ouvrages


agricoles de dérivation entraînant le rehaussement incontrôlé de la
ligne d’eau,
• le comblement et l’effacement des cours d’eau et chaabas par les
déblais, débarras et détritus des constructions.

26
Débat National sur l’Eau
Bassin Hydraulique du Sebou

 SITUATION ACTUELLE D’UTILISATION DES RESSOURCES


EN EAU

5-1 Irrigation
La superficie actuellement irriguée dans le bassin du Sebou s’élève à 356
923 ha dont :

2%
19%
32%

47% GH
IP
PMH trad
PMH mod

Irrigation gravitaire (périmètre du Gharb)

 117.000 ha aménagés en grande hydraulique, dont 3 160 ha dans


la zone d’action de l’ORMVAL.

 169 812 ha (2) de superficies en irrigation privée (IP) constitués de


111 524 ha irrigués à partir des prélèvements souterrains et 58 288
ha irrigués à partir des eaux de surface (oueds et sources)

 68 806 ha de PMH traditionnelle irriguée à partir des eaux de


surface (oueds ou sources)

 8 369 ha de PMH Moderne alimentés par des barrages (Projet


Moyen Sebou existant et Sahla en cours )

(2 ) : La superficie de l’IP dans la plaine du Gharb est estimée à près de 70.000 ha dont 18.000 ha
sur les bordures du Sebou
27
Débat National sur l’Eau
Bassin Hydraulique du Sebou

GH existant
GH projeté
PMH existant
PMH projeté
Barrage projeté

Carte des périmètres irrigués

Le volume d’eau moyen annuel actuellement utilisé pour l’irrigation dans


le bassin du Sebou s’élève à 2100 Mm3 répartis comme suit :

 1200 Mm3 à partir des eaux de surface dont 1000 Mm3 pour la GH
à partir des barrages et le reste à partir des sources et oueds non
régularisés.
 900 Mm3 à partir des eaux souterraines dont 300 Mm3 à partir des
sources et 600 Mm3 d’irrigation privée à partir des puits et forages.

5-2 Eau potable

En milieu urbain

En 2005, le volume d’eau utilisé pour l’alimentation en potable et


industrielle s’élevait à 230 Mm3 dont 200 Mm3 d’eau souterraine et 30
Mm3 d’eau de surface.
La couverture des besoins en eau potable en milieu urbain est largement
satisfaisante par rapport au milieu rural. L’accès à l’eau potable avoisine
les 100% dont presque 90% de branchements particuliers. Ces besoins sont
couverts essentiellement à partir des eaux souterraines.

28
Débat National sur l’Eau
Bassin Hydraulique du Sebou

Ville Origine de l’AEP


Fès Nappe profonde de Fès-Meknès, oued
Sebou
Meknès Nappe profonde de Fès-Meknès
Taza Nappe de Taza
Barrage Bab Louta
Kénitra Nappes Maamora et Gharb
Khémisset, Tiflet Barrage El Kansera
Ifrane Nappe du causse Moyen Atlasique
Sidi Kacem Nappe du Gharb
Ouazzane Nappe de Bouagba
Origine de l’AEP des principales villes du bassin du Sebou

En milieu rural

Un effort considérable a été déployé depuis


1995 par les différents intervenants dans ce
domaine à savoir la DGH, l’ONEP et les
Collectivités Locales pour l’amélioration de
l’alimentation en eau potable de la population
rurale. C’est ainsi que le taux d’accès à l’eau
potable a passé de 13 % en 1995 à 70 % en 2005.
Réservoir surélevé

Ce taux varie de 40% dans la province de Taza à 93% dans la province de


Sefrou.
Les localités desservies jusqu'à présent sont celles situées le long des
conduites régionales ONEP ou là où les eaux souterraines existent. Les
localités restantes sont situées dans les zones soit à accès difficile soit où
les eaux souterraines font défaut cas des zones du Pré-rif et du Rif
(Provinces de Taounate, Sidi Kacem, Taza, Kénitra)
Les futurs projets doivent relever un double défi : celui de généraliser
l’accès à l’eau potable dans le milieu rural et celui de promouvoir une
gestion durable et rentable des équipements installés.

29
Débat National sur l’Eau
Bassin Hydraulique du Sebou

5-3 L’énergie hydroélectrique

Les usines hydroélectriques associées aux barrages Idriss Ier, El Kansera,


Al Wahda et Allal El Fassi disposent d’une puissance installée de 535 MW.

La valorisation de la ressource mobilisée par


ces usines hydroélectriques permet de
produire en moyenne près de 814 GWH par
an. Cette production permet au pays
d’éviter l’importation d’environ 280.000
tonnes de fuel.

Usine hydroélectrique Matmata

Le bassin renferme d’autres usines hydroélectriques de moindre


importance situées au fil de l’eau. Il s’agit des usines de Ras El Ma
(province de Taza), de Oued Fès aval (Préfecture Fès), Oued Aggay
(Province de Sefrou) et Oued Boufekrane (Préfecture de Meknès).

 EVOLUTION DE LA DEMANDE EN EAU


6-1 Irrigation

Dans le cadre de la stratégie de développement de l’agriculture les


superficies irriguées sont appelées à augmenter. La superficie irriguée
passera de 357.000 ha actuellement à plus de 418.000 ha à terme.

Le développement hydroagricole envisagé comporte :

 La réalisation de la TTI (troisième tranche d’irrigation) sur


103.000 ha dans la plaine du Gharb
 L’équipement de la PMH en val des barrages réalisés et projetés
(Bouhouda , Asfalou, Bab Ouender..) sur une superficie de
15.000 ha
Les données sur les surfaces irriguées nécessitent d’apporter quelques
précisions :
- Les eaux du Sebou sont transférées pour l’irrigation de 3160 ha
dans la zone de Lalla Mimouna (ORMVA du Loukkos). 2170 ha sont
également programmés, soit au total une surface irrigable de 5330
ha.
30
Débat National sur l’Eau
Bassin Hydraulique du Sebou

- L’extension de la GH dans la plaine du Gharb se ferait sur des


superficies actuellement irriguées en IP, dont 44.357 ha irrigués à
partir des nappes et 8564 ha irrigués à partir des oueds.
- le développement futur de l’IP dans le bassin n’est pas maîtrisé.
Les surfaces irriguées actuelles sont importantes (170.000 ha).
- Durant les dix dernières années (1996/2006), les surfaces
irriguées en PMH/IP ont passé de 155.000 ha à 239.000 ha. La
surface PMH ne fait que diminuer au profit de la surface IP et ce
dans le court ou le moyen terme. Par contre dans le long terme
(2020), toutes les surfaces IP et PMH seront diminuées à cause de
la surexploitation des eaux des nappes, notamment dans les zones
du Saiss, le Moyen Atlas, la Maamora,…

La demande en eau d’irrigation à terme (2020) exprimée dans le PDAIRE


SBOT, 1992 a été estimée à 3398 Mm3.

Depuis, les circonstances ayant conduit à cette estimation ont beaucoup


changé. D’une part la sécheresse observée depuis les années 80 ayant
contribué à revoir à la baisse le potentiel des ressources en eau, et
d’autre part l’évolution du cadre institutionnel et réglementaire.

Les ressources en eau deviennent de plus en plus limitées, menacées et


fragiles, et les conséquences que cette évolution entraîne pour les
populations et l'environnement sont de plus en plus préoccupantes.

Dorénavant, la gestion de la demande en eau doit être menée en


parallèle de la gestion de l’offre. Elle nécessite des arbitrages équitables
entre les différents usages de l'eau, et vise à diminuer les pertes et
gaspillages, tout en valorisant, d'un point de vue économique et financier,
l'eau consommée.

L’étude d’actualisation du PDAIRE en cours par l’Agence du Bassin


Hydraulique du Sebou consacre à cette thématique une importance
primordiale. Des concertations sont menées avec la contribution des
services de l’Agriculture (AGR, ORMVAG..) afin d’intégrer « la
valorisation et l’économie de l’eau » comme composante principale de
la demande en eau d’irrigation. (voir encadré 2)

31
Débat National sur l’Eau
Bassin Hydraulique du Sebou

Encadré 2 : Possibilités d’Economie d’eau d’irrigation dans le


périmètre du Gharb
En dépit des efforts importants d'aménagement consentis par l’Etat dans
le périmètre du Gharb, les résultats obtenus en matière de maîtrise et de
valorisation de l’eau restent en deçà des objectifs escomptés. En effet,
les performances appréciables en matière d’adduction et de distribution
de l’eau à travers les systèmes d’irrigation, restent contrecarrées par la
faible efficience de l’irrigation à la parcelle.

Ainsi, environ 40 à 50 % des pertes d’eau d’irrigation ont lieu au niveau


de la parcelle, et dont l’efficience de l’application pourra être améliorée
pourvu d’entreprendre des actions appropriées.

Actuellement le mode d’irrigation dominant dans le périmètre du Gharb


est le gravitaire, seuls 18.000 ha sont équipés en aspersif (15%). Les
efficiences de distribution et celles à la parcelle actuelles sont données
ci-dessous par secteur. On y trouve également les efficiences « objectifs
du Conseil Supérieur et du Climat CSEC, 1992 ».
Efficience Efficience
Surface Efficience Efficience Globale Objectifs
Secteurs Irrigable parcelle Distribution actuelle CSEC 2001
Beht Est 8 368 55% 75% 41% 60%
Beht Centre 19 384 55% 78% 43% 60%
PTI P11 2 436 55% 77% 42% 60%
PTI P7 2 484 80% 72% 58% 80%
PTI P8 5 861 55% 78% 43% 60%
PTI S3 1 359 55% 77% 42% 60%
Moghrane 1 870 55% 77% 42% 60%
TTI E2 2 800 55% 84% 46% 60%
Autres secteurs PTI 20 727 55% 75% 41% 60%
STI gravitaire 18 752 55% 74% 41% 60%
STI aspersion 15 855 80% 75% 60% 80%
TTI E1, E4 6 880 55% 84% 46% 60%
TOTAL de la GH 106 776 59% 76% 45% 63%

En se fixant les objectifs du CSEC 1992, le gain en efficience par rapport


à la situation actuelle serait de +18%.
Pour les périmètres en projet (TTI), Il est impératif de généraliser les
méthodes économes d’eau (aspersif et goutte à goutte) sur les 110.000 ha
restant à aménager. La rationalisation de l’utilisation de l’eau suivant les
objectifs fixés à l’avance doit être une condition à tout nouvel
investissement d’irrigation, notamment par l’amélioration des
rendements des réseaux

32
Débat National sur l’Eau
Bassin Hydraulique du Sebou

6-2 Eau potable et industrielle


L’évolution de la demande en eau potable est mieux maîtrisée comparée
à celle de l’irrigation. Les Prévisions de l’étude d’actualisation du PDAIRE
Sebou en cours basée sur les résultats du recensement 2004 et des
objectifs volontaristes d’économie de l’eau des opérateurs concernés sont
les suivantes :

Population Besoins en Mm3


en Millions
d’hab.
Année 2004 2025 2004 2025
Urbaine 3.10 4.30 200 218
Rurale 3.10 3.72 30 74
Total 6.20 8.12 230 292

Ville/rendement
global % 2005 2010 2025
Kénitra 77 77 77
Fès 55 67 77
Meknès 63 69 77
Taza 63 71 76
Rendements objectifs des réseaux en eau potable (source : étude d’actualisation du PDAIRE SEBOU en cours)

NB : Le bassin du Sebou abrite plusieurs unités industrielles dont certaines


sont raccordées au réseau d’eau potable et par conséquent les besoins
sont comptabilisés avec ceux de la population.

6-3 Débit sanitaire

Les dotations en débit sanitaire à partir des barrages du Sebou sont de


l’ordre de 60 Mm3 par an notamment à partir du barrage Allal Al Fassi
pour diluer les eaux de l’oued Sebou en périodes de forte pollution.
L’ABHS procède également à des lâchers à but sanitaire à partir des
retenues des barrages Idriss 1er et Al Wahda pour faire face aux pics de

33
Débat National sur l’Eau
Bassin Hydraulique du Sebou

pollution domestique ou industrielle engendrée par les huileries au niveau


du Moyen Sebou et également les sucreries dans la plaine du Gharb.

34
Débat National sur l’Eau
Bassin Hydraulique du Sebou

Encadré 3 : potentialités agricoles de la plaine du Gharb

La zone d’action de l’Office Régional de Mise en Valeur Agricole du Gharb (ORMVAG)


compte 616.000 ha. La superficie agricole utile de la plaine du Gharb est de 388.000 ha
dont 250.000 ha constituent le périmètre irrigable et 138.000 ha dans les zones bour.

La superficie du Gharb actuellement équipée (114.000 ha) est constituée du périmètre du


Beht (29.000 h) desservi à partir du barrage El Kansera et des 2 tranches d’irrigation :
PTI(36.000 ha), STI (41.000 ha) respectivement première et seconde tranche d’irrigation
desservies à partir du complexe Sebou (Allal Fassi et Idriss 1er), en attendant l’équipement
de la troisième tranche (TTI) comptant une superficie projetée de 110.000 ha et dont seuls
10.000 ha ont été équipés jusqu’à présent..

Parallèlement aux équipements nouveaux, un programme non négligeable en matière de


réhabilitation doit être entrepris par l’Office. Ce programme concerne la zone EST du
périmètre du Beht sur 9 000 ha. et la PTI sur une superficie de 36000 dont les équipements
sont mis en place depuis plus de 30 ans.
La plaine du Gharb reste l’une des zones les plus importantes du pays en matière de
production. Elle excelle dans beaucoup de secteurs : sucre, oléagineux, maraîchage, riz,
agrumes, lait, miel. Ses productions contribuent d’une manière substantielle dans la
production nationale, bien que le Gharb ne représente que 4,4% de la SAU du pays, avec
:

- Céréales : 6 à 16 %
- Riz : 95 %
- Sucre : 25 à 35 %
- Oléagineux : 70 à 80 %
- Agrumes : 20 à 25 %
- Fraises : 40 à 50 %
- Poivron saison : 75%

La part du Gharb dans la production nationale de l’élevage se présente comme suit :

- Lait : 10 %
- Production de viandes rouges :5%
- Production de miel : 23 %.

35
Débat National sur l’Eau
Bassin Hydraulique du Sebou

PRINCIPALES ORIENTATIONS ET OBJECTIFS


7-1/ Assainissement et lutte contre la pollution

La pollution des eaux a atteint des niveaux critiques qui risquent de


menacer le développement économique et social du bassin. Ainsi, Les
enjeux économiques, environnementaux sont importants et risquent de
constituer un handicap majeur pour le développement de plusieurs
secteurs dont notamment celui du tourisme dans la région.

La dépollution dans le bassin revêt un caractère urgent si l’on veut


sécuriser l’alimentation en eau, améliorer les conditions d’hygiène
sanitaire et assurer le développement économique et social de la région.
En effet, dans le domaine de l’assainissement liquide, de la dépollution,
de la gestion et de l’élimination des déchets solides un effort
considérable devra être consenti pour rattraper les retards accumulés.

Un programme urgent visant la dépollution du bassin avec une


participation financière de l’Etat est établi. Dans ce cadre, le traitement
des eaux usées de la ville de Fès dont les rejets ont un impact d’environ
40% de la pollution de l’eau du bassin du Sebou constitue la priorité
absolue.
L’objectif fixé par ce programme est de rabattre la pollution de 60% et
80% respectivement aux horizons 2010 et 2015.

La pollution accidentelle constitue également une menace à la qualité


des ressources en eau. A cet effet, une attention particulière doit être
accordée à ce sujet visant une meilleure organisation des acteurs
concernés au niveau régional et local pour préparer un plan
d’intervention coordonné. Le but de cette organisation est la mise en
place des procédures d’intervention coordonnées visant surtout
l’amélioration de la capacité à intervenir rapidement et efficacement, en
cas de pollution accidentelle, notamment en cas de déversement de
substances toxiques dans le réseau hydrographique.

7-2/ Protection et aménagement des bassins versants

L’érosion et la dégradation des sols dans le bassin constituent une menace


pour l’infrastructure hydraulique et hydro-agricole. Il est devenu urgent
d’engager les actions retenues par les plans d’aménagement anti-érosifs
conformément aux priorités arrêtées dans le plan national.
36
Débat National sur l’Eau
Bassin Hydraulique du Sebou

Le développement des zones de plaine par la mobilisation des ressources


en eau par les grands barrages ne peut être durable sans se préoccuper du
développement des bassins versants en amont dans le cadre d’une action
intégrée amont-aval.

La protection et l’aménagement des bassins versants visent :


 la conservation des sols par la réduction de l’érosion ;
 la conservation des ressources et des écosystèmes forestiers ;
 la préservation de la qualité de l’eau et des infrastructures
hydrauliques contre l’envasement.

Les actions prioritaires concernent les bassins des barrages El Kansera et


Allal Fassi.
Le développement socio-économique des bassins versants a également
pour objectif la réduction de la pression sur les ressources naturelles
forestières, permettant leur exploitation de manière optimale

37
Débat National sur l’Eau
Bassin Hydraulique du Sebou

Encadré 4 : actions de dépollution et de protection des


ressources en eau
Plusieurs efforts ont été déployés pour faire face aux divers problèmes de pollution dont
le plus important est le projet intégré pour le développement durable du bassin du
Sebou, initié par le Ministère de l’aménagement du territoire, de l’eau et de
l’environnement. Les principaux objectifs de ce projet se résument en la résorption des
retards enregistrés et la mise à niveau des sous-secteurs en matière de protection des
ressources naturelles (Assainissement notamment l’épuration des eaux usées et leur
réutilisation), aménagement des bassins versants, équipements hydro-agricoles,
généralisation de l’accès à l’eau potable…dépollution domestique : des projets de
dépollution des ressources en eau sont bien avancés et sont d’un intérêt capital pour la
sauvegarde de la qualité de l’eau dans le bassin du Sebou. On en cite les principaux :

Projet Date démarrage Date de mise en Coût d’investissement


service MDHs
Projet de dépollution 2007 Avant 2009 50
industrielle de la
ville de Fès
Station d’épuration Début 2007 2009 640 (1ère tranche)
de la ville de Fès
Station d’épuration 2005 2007 500
de la ville deMeknès
STEP Ain Taoujdate 2004

Dépollution industrielle (agro-industries): D’autres projets de dépollution industrielle


ont été réalisés ou sont en cours de réalisation dans un cadre de partenariat avec le
MATEE et concernent le secteur de l’agro-industrie dans la plaine du Gharb (cas de la
SUNABEL Sidi Allal Tazi).

Traitement des margines : Il s’agit essentiellement de l’élimination des margines


rejetées par l’ensemble des huileries d’olives du bassin. Deux études sont en cours au
niveau des villes de Taounate et Sefrou, en plus d’une étude entrant dans le cadre de
partenariat entre l’Agence du bassin et l’Agence Américaine pour le Commerce et le
Développement. Cette dernière étudiera la problématique des margines au niveau de
tout le bassin avec des études de détail pour deux projets pilotes dont les sites seront
arrêtés selon les priorités du bassin.
On notera enfin la mise en service de la décharge contrôlée de la ville de Fès et les
études actuellement menées par l’ABHS pour la mise en place des décharges contrôlées
dans d’autres villes du bassin (Meknès-Kénitra-El Hajeb, Ouezzane)

Le budget mobilisé par l’Agence au titre des années 2005 et 2006 pour lutter contre
la pollution des eaux est de 34 M DH (études et travaux).

38
Débat National sur l’Eau
Bassin Hydraulique du Sebou

7-3/ Gestion des ressources en eau solidaire et intégrée entre bassins

Dans le but d’assurer un aménagement du territoire équilibré du bassin du


Sebou, la gestion des ressources naturelles et en particulier les ressources
en eau devrait être faite de manière globale et intégrée assurant d’une
part, une solidarité entre les régions par un équilibre de développement
entre l’amont et l’aval du bassin, et d’autre part des équilibres entre les
bassins du Loukkos, du Sebou, du Bouregreg et de l’Oum er Rbia. Les
possibilités de transfert d’eau d’une part, à l’intérieur du bassin pour
assurer un équilibre entre les régions, et d’autre part à l’extérieur du
bassin notamment vers le sud, seront examinées dans le cadre de
l’actualisation du Plan Directeur d’Aménagement Intégré des Ressources
en Eau (PDAIRE) du bassin du Sebou que mène actuellement l’Agence.
Dores et déjà, sur la base des études préliminaires, un volume de 125
Mm3 peut être transféré vers la plaine du Saïss à partir du Haut Sebou
sans compromettre l’irrigation dans le Gharb. Par ailleurs, les volumes
d’eau déversés en mer après satisfaction des besoins en eau potable et
d’irrigation à l’horizon 2030 sont estimés sont de 1500 à 2000
Mm3 par an selon les efficiences d’irrigation.
Il convient d’étudier les aspects techniques et économiques pour
mobiliser en partie ou en totalité ce potentiel.

7-4/ Valorisation des ressources en eau et économie de l’eau

L’approche adoptée par notre pays concernant la problématique de l’eau


enregistre un tournant majeur qui, tout en consacrant le caractère
fortement stratégique du secteur, prône une nouvelle démarche bâtie
autour d’une gestion intégrée et durable de l’eau selon une approche
basée sur la gestion de la demande.

Dans un contexte de rareté et de forte utilisation des ressources en eau


disponibles, l’économie de l’eau revêt un caractère urgent et primordial.

L’économie de l’eau, qui constituera à l’avenir dans le cadre de la gestion


intégrée de l’eau une solution pour maintenir la satisfaction des besoins
en eau à leur niveau initial, devra être soutenue par l’Etat à travers une
politique volontariste visant à :

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Débat National sur l’Eau
Bassin Hydraulique du Sebou

 Favoriser les techniques d’irrigation économes d’eau ;


 Introduire de nouvelles technologies et pratiques permettant
la diminution de la consommation dans les secteurs industriels
et domestiques.

La rationalisation de l’utilisation de l’eau suivant les objectifs fixés à


l’avance doit être une condition à tout nouvel investissement dans les
secteurs d’eau potable et d’irrigation, notamment par l’amélioration des
rendements des réseaux. Le décalage entre les superficies dominées par
les barrages et les superficies équipées devra être rattrapé par la mise en
place de contrats et de pratiques culturales permettant la valorisation du
m3 d’eau mobilisé.
Les performances techniques des modes d’irrigation pratiqués peuvent
être atteintes en agissant sur :
 la tarification et le recouvrement des redevances d’eau
d’irrigation ;
 la facturation doit se baser sur les volumes réellement
consommés ;
 l’amélioration de l’entretien et de la maintenance des
équipements et des ouvrages ;
 le respect des méthodes d’application de l’eau à la parcelle
prévues par le modèle d’aménagement ;
 la maîtrise des transferts d’eau dans les systèmes d’irrigation ;
 l’implication des usagers dans la gestion de l’eau.

Le secteur de l’eau potable et industrielle, bien que ne consommant que


11 % au niveau du bassin, n’est pas moins important en terme de
recherche d’économie de l’eau. En effet, les 6 grandes villes (Fès- Meknès
– Kénitra – Taza – Khemisset et Sidi Kacem) à elles seules consomment
près de 80 % du volume d’eau potable dans tout le bassin.
L’amélioration des rendements des réseaux de distribution des villes qui
varient de 50 % pour la ville de Fès à 75 % pour la ville de Kénitra,
permettra de réduire les pertes d’eau dans les réseaux et de récupérer
environ 40 Mm3/an. Les actions pour améliorer les rendements sont de
plusieurs types :

40
Débat National sur l’Eau
Bassin Hydraulique du Sebou

 sensibiliser la population contre le gaspillage de l’eau ;


 mieux gérer les bornes fontaines ;
 détection des fuites et réhabilitation des réseaux ;
 lutte contre les branchements non autorisés.

7-5/ Sauvegarde des eaux souterraines

Les nappes souterraines de Saiss, de la Maamora et du Gharb jouent un


rôle stratégique dans la satisfaction des besoins en eau dans le bassin du
Sebou particulièrement en période de sécheresse. Elles doivent être au
cœur de la politique de l’eau et de l’aménagement du territoire.

Une approche contractuelle (sorte de contrat de nappe) pour définir un


plan de sauvegarde de ces nappes doit être lancée d’urgence pour
atténuer les problèmes d’épuisement et de dégradation de la qualité des
eaux. Ces contrats de nappes doivent définir les conditions d'exploitation
des nappes menacées (Saïs et M'nasra) et l’engagement de l'ensemble des
intervenants (usagers, agence de bassin, autorités locales, Services de
l’Agriculture etc….). L'établissement des conditions optimales
d'exploitation de ces nappes nécessite l’actualisation des apports d'eau
aux nappes, les prélèvements d'eau, les besoins, l'évolution piézométrique
etc…

Les principales composantes de ce plan de sauvegarde peuvent être


résumées comme suit :

 Un apport d’eau de surface pour atténuer les prélèvements d’eau à


partir des nappes surexploitées;
 Une déclaration de la zone de Saiss comme zone de sauvegarde et
d’interdiction conformément aux dispositions de la loi 10-95 ;
 Un appui substantiel au niveau des superficies déjà irriguées pour
permettre le développement des techniques d’irrigation économes
d’eau ;
 Le recours aux eaux de surface pour renforcer l’alimentation en
eau potable des villes.

7-6/ Gestion des risques naturels : inondations et sécheresses

Le bassin du Sebou a connu par le passé de grandes inondations graves qui


ont perturbé de façon profonde les activités économiques notamment
dans la plaine du Gharb. Mais depuis la construction du barrage Al Wahda

41
Débat National sur l’Eau
Bassin Hydraulique du Sebou

les problèmes des grandes inondations dans cette plaine sont maîtrisés.
Néanmoins des zones limitées sont toujours menacées par les risques
d’inondations. Les orientations dans ce domaine sont résumées dans les
points suivants :

Eviter de générer de nouvelles situations de risques d’inondation :


l’objectif est de

 limiter l’implantation de nouvelles constructions et


installations dans des zones vulnérables aux inondations ;
 Informer, sensibiliser et éduquer les populations habitant les
zones vulnérables aux risques des inondations : l’information
des populations sur les risques majeurs auxquels elles sont
soumises et sur les mesures de sauvegarde qui les concernent
est une disposition importante dans la prévention des risques
relatifs aux inondations;
 Développer l’annonce des crues de manière à alerter les
populations à temps des risques des inondations;
 Réviser les plans d’aménagement et plans de développement
en milieu rural ;
 Adopter une nouvelle approche lors de la conception et du
choix des solutions visant à réduire les risques d’inondation
basée sur la réalisation d’études de justification économique
en comparant les coûts des opérations de lutte contre les
inondations et les valeurs des biens à protéger ;
 Améliorer les connaissances dans le domaine de l’hydrologie
urbaine.

En ce qui concerne la sécheresse et étant donné qu’elle est devenue un


fait endémique du climat de notre pays, il est désormais nécessaire
d’adopter une stratégie active de lutte contre ses effets et de l’intégrer
en tant que composante structurelle dans le processus de la planification
et de la gestion des ressources en eau.

7-7/ Information, éducation et sensibilisation des populations

La question des ressources naturelles et de leur gestion équilibrée entre


les différents usages fait l’objet d’un intérêt et d’un enjeu croissant dans
le bassin du Sebou. Il est apparu que sur un thème aussi majeur, un
espace de débat puisse être ouvert et qu’une dynamique constructive de
réflexion puisse s’engager.

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Débat National sur l’Eau
Bassin Hydraulique du Sebou

L’objectif recherché est d’amener l’usager à s’approprier le bien " eau "
et lui accorder une valeur économique à l’instar des autres facteurs de
production.

Encadré 5 : Actions de protection contre les inondations

L’Agence du Bassin Hydraulique du Sebou a lancé depuis 2003 un


programme ambitieux des études de protection contre les inondations,
suivi d’un programme de réalisation des ouvrages destinés à la lutte
contre les inondations qui a démarré en 2004.
Un budget important (en moyenne 25 % des ses recettes) a été alloué au
programme de lutte contre les inondations.
L’Agence a investit dans ce domaine depuis 2003 les montants suivants :
(en MDH)

Année 2003 2004 2005 2006


Etudes 1.4 3.0 4.5 3.6
Travaux - 5.0 2.6 5.6
Total 1.4 8.0 7.1 9.2

Etudes
Les villes et centres qui ont fait l’objet des études de protection et de
délimitation des zones inondables sont :
6 Villes : Taza, Boulemane, Fès, Kénitra, El Hajeb et Moulay Yakoub,
8 Centres : Timahdit, Guigou, Aïn Leuh, Sidi Addi, Zaouit Sidi Abdesslam,
Boufekrane, Moulay Driss Zerhoun et Thar Souk
Travaux
Les travaux ont concerné :
 la ville d’El Hajeb traversée par l’oued Boubouda et la Chaaba
Taghbaloute,
• la commune Lamsaada traversée par l’oued Rdom dans la province de
Kénitra,
• les communes Bab Tiouka et Zirara situées dans la province de Sidi
Kacem
• le centre de Timahdite traversée par l’oued Guigou dans la province
d’Ifrane,
• le centre de Guigou traversé par l’oued Guigou dans la province de
Boulemane

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Débat National sur l’Eau
Bassin Hydraulique du Sebou

La plus part de ces travaux ont été réalisés ou sont en cours de réalisation
dans le cadre de partenariat AGENCE/ACTEURS LOCAUX conformément à
la note circulaire interministérielle n° 8 du 7 janvier 2005, établie pour
coordonner l’intervention de tous les acteurs concernés par la lutte
contre les inondations.

Depuis 2005, l’Agence a conclu avec ses partenaires locaux 5 conventions


de partenariat. Sur un montant global de 11.400.000 Dh, la participation
de l’Agence a atteint 60%.
5 autres conventions de partenariat sont en cours de préparation ou de
négociation avec les partenaires locaux.

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Débat National sur l’Eau
Bassin Hydraulique du Sebou

CONCLUSION
A l'issue du diagnostic du bassin et des orientations et objectifs fixés, on
propose ci-après quelques axes de réflexion devant faire l'objet d'un
débat entre tous les acteurs concernés : politiques, économiques,
sociaux, techniques etc..Le but recherché est de dégager des consensus
sur les principales décisions à même de garantir le développement des
ressources en eau du bassin du Sebou et par conséquent son
développement socio-économique, ainsi que celui du pays.

Des Missions régaliennes confiées aux agences de bassins

Le législateur a confié, de par la loi 10/95 sur l'eau, aux agences de


bassins des attributions qui relèvent des missions régaliennes de l'Etat,
telles que l'administration du domaine public hydraulique, la gestion des
phénomènes exceptionnels (crues, inondations, sécheresses).
Si cette option de l'unicité des structures représentant le secteur de la
gestion des ressources en eau a des avantages indéniables, elle n'en
demeure pas moins qu'elle alourdit financièrement les missions des
agences de bassins et compromet leur autonomie financière ce qui les
laissera encore pendant longtemps dépendantes des subventions de l'Etat.
Il ressort de cette analyse que l'Etat doit participer au budget de l'Agence
de bassin pour couvrir les frais des missions à caractère régalien.
Dans le même cadre de gestion du DPH, l'exercice de la police de l'eau
nécessite d'une part une refonte du statut qui réglemente cette activité
dans le sens de donner plus de pouvoir et de crédibilité aux institutions
chargées de cette mission, et d'autre part plus de moyens humains aux
agences de bassins pour accompagner l'évolution des besoins de l'usager
de l'eau et pour préserver ses intérêts.

Equilibre intra et inter-régional

Les aménagements hydrauliques réalisés par les pouvoirs publics ont


plutôt servi des zones situées en aval des bassins versants (grands
périmètres d’irrigation). Les zones situées en amont des barrages ont vu
leur agriculture évoluer, au cours des dernières décennies, d’une
agriculture vivrière vers une agriculture relevant de l'économie
marchande.
Or, il se trouve que ce sont justement ces zones qui manquent le plus
d’eau pour développer leurs activités. Une des solutions qui a fait ses
preuves au Maroc et ailleurs est le transfert d’eau des zones connaissant
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Débat National sur l’Eau
Bassin Hydraulique du Sebou

un excès d’eau vers des zones qui en manquent. Dans ce cadre, le bassin
du Sebou peut dégager des ressources en eau pouvant être mobilisées soit
pour couvrir de nouveaux besoins en amont telle que l’irrigation du Saiss
soit pour faire face aux déséquilibres ressources-besoins observés dans
d’autres bassins tels que ceux de l’Oum Er Rbia et du Tensift.

Concertation et responsabilisation : un processus à l’état embryonnaire

Ce processus d’engagement revêt un caractère de responsabilisation


collective sur la stratégie du secteur de l’eau et engage une démarche
constructive et opérationnelle. C’est seulement sur la base de ce
processus de concertation et responsabilisation de tous les acteurs
concernés que des options techniques, économiques, organisationnelles et
institutionnelles pourront être arrêtées et mises au service d’objectifs et
de priorités claires. La mise à contribution des usagers aussi bien au
niveau de la gestion de l’eau qu’au niveau de la tarification et
recouvrement permet l’engagement des usagers dans la gestion durable
des ressources en eau. Or à ce jour, ce processus n’est pas encore
enclenché. La mise en place d’un comité de bassin pourrait redynamiser
ce processus.

Redevances : équilibre financier des agences compromis

La mise en œuvre progressive d’une redevance susceptible de garantir


l’équilibre financier des agences leur permettant d’atteindre le niveau de
performance requis est plus qu’une priorité. Les recettes provenant des
redevances actuelles sont de loin insuffisantes pour le financement de
toutes les missions des agences.

Sauvegarde des ressources en eau souterraine : une priorité nationale

Les nappes souterraines de Saiss, de la Maamora et du Gharb jouent un


rôle stratégique dans la satisfaction des besoins en eau dans le bassin du
Sebou particulièrement en période de sécheresse. Elles doivent être au
cœur de la politique de l’eau et de l’aménagement du territoire.
Une approche contractuelle (sorte de contrat de nappe) pour définir un
plan de sauvegarde de ces nappes doit être lancée d’urgence pour
atténuer les problèmes d’épuisement et de dégradation de la qualité des
eaux. Ces contrats de nappes doivent définir les conditions d'exploitation
des nappes menacées (Saïs et M'nasra) et l’engagement de l'ensemble des
intervenants (usagers, agence de bassin, autorités locales, crédit agricole
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Débat National sur l’Eau
Bassin Hydraulique du Sebou

etc….). L'établissement des conditions optimales d'exploitation de ces


nappes nécessite la connaissance des apports d'eau aux nappes, les
prélèvements d'eau, les besoins, l'évolution piézométrique etc…
Les principales composantes de ce plan de sauvegarde peuvent être
résumées comme suit :
 Un apport d’eau de surface pour atténuer les prélèvements
d’eau à partir des nappes surexploitées (Saiss) ;
 Une déclaration de la zone de Saiss comme zone de sauvegarde,
d’interdiction et d’économie d’eau conformément aux
dispositions de la loi 10-95 ;
 Un appui substantiel au niveau des superficies déjà irriguées
pour permettre le développement des techniques d’irrigation
économes d’eau ;
 Le recours aux eaux de surface pour renforcer l’alimentation en
eau potable des villes, voire même la substitution des eaux
souterraines par les eaux de surface.

Valorisation des ressources en eau : il est temps de rattraper le déficit

Les efforts de mobilisation des ressources en eau n’ont pas été


accompagnés d’un intérêt pour le devenir des eaux usées et le
traitement de la pollution. La qualité des eaux de surface et des nappes
s’est notablement détériorée durant les deux dernières décennies. La
situation est aggravée par l’insuffisance des efforts en matière de
traitement des bassins versants, ce qui limite le potentiel des ressources
mobilisées.

La gestion de la demande n’est devenue une préoccupation q’une fois


l’écart entre la demande et les disponibilités a montré des signes de
précarité durant les sécheresses répétées des années 1980.

L’irrigation représente la grande part des eaux consommées. De ce fait,


la limitation des déperditions d’eau dans ce secteur constitue un défi
majeur en raison des impacts directs que cela constituerait en matière
d’augmentation de productivité et de valorisation du m3 d’eau mobilisée.

La gestion rationnelle des eaux, l’application des techniques d’irrigation


économes en eau et l’amélioration des autres facteurs de production et
de compétitivité sont autant de possibilités qu’il faudra améliorer.
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Débat National sur l’Eau
Bassin Hydraulique du Sebou

L’objectif recherché est de tirer le meilleur bénéfice du mètre cube


d’eau mobilisée.

Des résultats tangibles ont été notés dans le secteur de la rationalisation


de la consommation en eau potable avec la révision de la tarification et
les opérations d’entretien des réseaux. Cependant, les résultas ne sont
pas encore au niveau des espérances dans quelques villes.

En dernier lieu, il convient de souligner que la mise en œuvre de la


nouvelle politique du secteur de l’eau repose sur le développement des
capacités des agences de bassins et leur montée en puissance avec les
autres institutions concernées (CSEC..)

La montée en puissance de ces institutions est un investissement


incontournable pour assurer la réussite de cette politique. D’autre part,
les agences doivent au plutôt se doter des outils de participation des
usagers et savoir déléguer aux partenaires compétents les missions dont
le portage pourrait handicaper leurs priorités.

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Débat National sur l’Eau

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