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Freshwater

2019

Projet WAMAN SEBOU | Activité 1.3.1 :

GUIDE DES BONNES PRATIQUES D'UTILISATION


DURABLE DE L'EAU ET DES TERRES DANS LE
BASSIN DU SEBOU.
Cet ouvrage a été réalisé par le WWF, dans le cadre du projet WAMAN Sebou ayant pour
objectif principal de promouvoir la gestion intégrée des ressources en eau dans le bassin du
Sebou à travers la réduction de l'impact des prélèvements d'eau et des infrastructures
hydrauliques non durables sur la biodiversité et le fonctionnement des écosystèmes.
Ce guide correspond à l’activité A1.3.1 du projet et présente en détail les bonnes pratiques
d'utilisation durable de l'eau et des terres dans le bassin du Sebou. Il a été établie par le Prof.
Mohamed Sabir (Expert en gestion et conservation des eaux et sols) et revu par Dr. Oussama
Belloulid.
L’élaboration du présent guide a bénéficié du soutien financier de la fondation MAVA.
@2019 WWF North Africa

Contact :
281, Bd Moulay Youssef.
Résidence Azur 3 – 3ème étage.
Casablanca, Maroc.
Tél.: +212 522 48 57 55
Mail: obelloulid@wwfna.org
|SOMMAIRE
1. INTRODUCTION...................................................................................................................................................................... 2

2. CONTEXTE DU BASSIN VERSANT SEBOU ................................................................................................................................ 4

2.1. FRAGILITE DU MILIEU NATUREL ..................................................................................................................................... 4

2.2. FRAGILITE DU MILIEU HUMAIN ...................................................................................................................................... 5

2.3. GRANDS TRAITS DE LA GESTION DES RESSOURCES ........................................................................................................ 7

2.3.1. USAGES INAPPROPRIES DES TERRES ...................................................................................................................... 7

2.3.2. IMPACTS SUR LES LACS DE LA ZONE....................................................................................................................... 8

2.3.3. MENACES ENVIRONNEMENTALES DE LA GESTION DES RESSOURCES. .................................................................. 8

3. LES PRATIQUES DE GESTION DURABLE DES RESSOURCES (GESTION DURABLE DES TERRES) ................................................ 9

3.1. GESTION DES RESSOURCES EN EAU ................................................................................................................................ 9

3.1.1. MOBILISATION DES EAUX CONVENTIONNELLES .................................................................................................... 9

3.1.3. TRANSPORT D’EAU (SEGUIA). ............................................................................................................................... 34

3.1.4. STOCKAGE D’EAU (BASSINS/TAMDA). .................................................................................................................. 36

3.1.5. USAGES DE L’EAU : IRRIGATIONS. ........................................................................................................................ 38

3.2. GESTION DES TERRES.................................................................................................................................................... 40

3.2.1. TECHNIQUES D’AMENAGEMENT DES TERRES ...................................................................................................... 40

3.2.2. TRAVAIL DU SOL. .................................................................................................................................................. 47

3.2.3. GESTION DE LA FERTILITE DES SOLS. .................................................................................................................... 53

3.2.4. TECHNIQUES CULTURALES. .................................................................................................................................. 56

3.2.5. TECHNIQUES AGROFORESTIERES (ASSOCIATION ARBORICULTURE / CULTURES). ............................................... 60

3.3. GESTION DU COUVERT VEGETAL .................................................................................................................................. 65

3.3.1. GESTION DES FORETS ET DES ARBRES HORS FORETS. .......................................................................................... 65

3.3.2. GESTION DES PARCOURS (AGDALS). .................................................................................................................... 67

4. RECOMMANDATIONS .......................................................................................................................................................... 71

4.1. LES AMENAGEMENTS SUR LES VERSANTS .................................................................................................................... 71

4.2. LA CONCENTRATION DES EAUX DE RUISSELLEMENT ENTRAINE LA FORMATION DE RAVINS ...................................... 71

4.3. TECHNIQUES CULTURALES CONSERVATOIRES ............................................................................................................. 72

5. CONCLUSIONS ...................................................................................................................................................................... 73

6. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ........................................................................................................................................ 74

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1. INTRODUCTION
Le Maroc, pays méditerranéen, a des climats essentiellement semi-aride et aride. Le
subhumide et l’humide sont cantonnés dans la zone nord-ouest. Les barrières orographiques
rifaines et atlasiques jouent un rôle prépondérant dans cette répartition spatiale irrégulière
des précipitations et donc des climats. Les apports moyens en eau pluviométriques, très
variables temporellement et spatialement, sont estimés à environ 150 milliards m3.
Uniquement près de 30 milliards m3 constituent l’écoulement efficace total en eau superficielle
et souterraine. La ressource mobilisable n’est que de 20 m3 environ. Ce potentiel classe le pays
parmi ceux à déficit en eau chronique.
Jusqu’à la moitié du siècle dernier, les populations du Maroc ont géré rationnellement ces
ressources, sachant tirer profit des années humides et s'accommodant des années de
sécheresse en atténuant les impacts, grâce à un sens averti de l'économie dans l'utilisation de
l'eau. Le savoir-faire ancestral est très riche. Les conditions socio-économiques de l'utilisation
de l'eau ont notablement changé depuis sous l'effet de l'évolution rapide de la démographie,
de l'amélioration continue des conditions de vie des populations, de l'urbanisation accélérée,
de l'irrigation gravitaire à grande échelle, du développement de l'industrie et du
développement du tourisme moderne. Cette dynamique socio-économique rapide a engendré
une pression croissante sur les ressources en eau. On note un accroissement accéléré des
besoins en eau des secteurs usagers, la naissance de conflits entre les différents acteurs et
bénéficiaires de la ressource, l’apparition de disparités régionales et l’émergence de problèmes
aigus de pollution de l'eau. La gestion de la ressource hydrique est de plus en plus conflictuelle
et les impacts environnementaux deviennent aigus dans un contexte de changement
climatique réel. La mobilisation et la gestion rationnelle de la ressource reçoivent de plus en
plus d’intérêts de la part des pouvoirs publiques, des usagers et de la société civile. Beaucoup
d’efforts pour limiter les gaspillages encore énormes (irrigation gravitaire) et la perte de qualité
(envasement des barrages, pollutions des lacs et rivières) ont vu le jour sous formes de
réglementations (Lois sur l’eau), d’organisation institutionnelle (Agence de bassin hydraulique)
et de programmes d’actions intégrés (PDAIREs). Depuis quelques années on note une volonté
politique accordée à l’amélioration de l’efficience de l’utilisation de l’eau et la protection de sa
qualité écologique. Plusieurs programmes de gestion intégrée des ressources en eau (GIRE)
sont développés aux échelles nationale, régionale et locale.
En effet, l’ensemble des bassins hydrauliques du Royaume ont été concernés par cette
dynamique. L’importance du bassin hydraulique du Sebou de point de vue ressource (30% du
potentiel national), d’espace (6% du territoire national) et de pressions sur l’eau exercées par
divers acteurs (agriculture, urbanisme, industrie, tourisme) fait de lui l’espace où on note une
focalisation des efforts de recherche d’outils de gestion intégrée et rationnelle de l’eau.
L’attention a porté essentiellement sur la gestion des conflits d’accès à l’eau, la réduction de

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sa pollution due aux rejets domestiques et industriels et l’amélioration de l’efficacité des
usages notamment agricoles. L’agriculture continue à être le secteur le plus consommateur et
le plus gaspilleur en eau. Un effort d’amélioration des techniques d’utilisation de l’eau et de
sensibilisation des usagers doit être fourni par assurer la durabilité de la ressource.
En ce sens, le WWF (Fonds Mondial pour la Nature) en tant qu’organisation indépendante de
protection de l’environnement dans le monde et l’ABHS (Agence du Bassin Hydraulique du
Sebou) ont initié un partenariat pour lancer des projets visant le classement et la restauration
des zones humides, la gestion durable des ressources en eau, la préservation de la diversité
biologique et la protection des espèces vulnérables. C’est dans ce cadre que le projet WAMAN
Sebou a vu le jour et qui a comme objectif principal de promouvoir la gestion intégrée des
ressources en eau dans le bassin du Sebou à travers la réduction de l'impact des prélèvements
d'eau et des infrastructures hydrauliques non durables sur la biodiversité et le fonctionnement
des écosystèmes. Ce programme est conduit par l’association « Living Planet Morocco » (LPM),
partenaire officiel au Maroc du WWF.
L’action du WWF dans le monde est basée sur quatre leviers : études et recherche,
conservation de la biodiversité, gestion intégrée et participative et éducation et sensibilisation.
L’élaboration de ce guide a comme finalité de produire un outil servant à la gestion intégrée
des ressources et à la sensibilisation des acteurs. Ce guide donnera les bonnes pratiques
utilisées ou à recommander dans le Sud du bassin de Sebou abritant les zones humides du
Moyen Atlas, notamment les lacs Dayet Aoua, Ifrah, Dayet Hachlaf, Aguelmame Afennourir,
Aguelmame N’Tifounassine et Aguelmame Sidi Ali. Ce guide est destiné aux agriculteurs et
utilisateurs des terres de la région pour servir dans leurs pratiques quotidiennes d’utilisation
de l’eau et des terres. La production de ce guide a été basée essentiellement sur l’expérience
de l’auteur et de la documentation citées en référence.

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2. CONTEXTE DU BASSIN VERSANT SEBOU
D’une superficie d’environ 3,838 millions ha, le Sebou est l’un des bassins les plus importants
du Royaume du Maroc de point de vue potentiel hydrique et développement
socioéconomique. Il produit plus de 30% des ressources hydriques de surface et renferme une
population totale de près de 6,3 millions d’habitants, dont 49% en milieu urbain et 51% en
milieu rural. Il dispose d’une économie agricole et industrielle qui contribue de façon
importante à l’économie nationale. En effet, le Sebou constitue l’une des régions les mieux
dotées en terres irriguées et en industries. Le potentiel cultivé s’élève à 1.750.000 ha. Les
superficies irrigables sont estimées à 375.000 ha, dont 316.000 sont actuellement irrigués.
Cependant, l’irrégularité des précipitations et la fragilité du milieu naturel font du Sebou un
milieu vulnérable à l’action anthropique. En effet, les pressions de plus en plus accrues sur les
ressources hydriques et sur les terres se manifestent par des phénomènes de dégradation
parfois spectaculaires : érosion et envasement des retenues des barrages, pollutions des oueds
et des nappes, eutrophisation des retenues des barrages et assèchement des lacs naturels.

2.1. FRAGILITE DU MILIEU NATUREL


La fragilité naturelle du bassin du Sebou, notamment la zone sud, est due à l’intégration des
actions d’un climat essentiellement semi-aride, d’un relief accidenté et des substrats friables.
De point de vue géologique, la zone sud est dotée d’une diversité importante en termes de
substrats. En effet, elle est formée dans des proportions variables de terrains calcaires,
calcaires dolomitiques, schistes, grés, d’argilites rouges du Permo-Trias et de basaltes
quaternaires. Sans leurs couvertures végétales, ces substrats sont peu perméables (calcaire
dolomitique) et très friable sous l’action des pluies (Permo-trias).
Le climat est de type méditerranéen avec deux saisons : une humide et froide (octobre-mai) et
une autre sèche et chaude (juin-septembre). Les mois de novembre et décembre sont en
général les plus arrosés, alors que les mois de juillet et août sont les plus secs, avec des averses
orageuses très concentrées et brutales pouvant déclencher un important ruissellement dans
les vallées sèches. Les précipitations annuelles sont irrégulières avec une moyenne annuelle
de 700mm sur l’ensemble de la zone sud du bassin (600 à 900 mm/an). La pluviométrie
annuelle a connu une tendance nette à la baisse, en particulier au cours des deux dernières
décennies et les années de sécheresse sont devenues récurrentes. Le bilan hydrique mensuel
est déficitaire pendant six mois (mai - octobre) avec un pic de plus de 120 mm aux mois de
juillet et août. Les pluies sont caractérisées par une double irrégularité, intra-annuelle et
interannuelle. Elles sont souvent sous formes orageuses, de fortes intensités (>30 mm/h) et
provoquent des crues parfois violentes. Les terres ayant peu de couvertures végétales ou
d’utilisations inappropriées (tassées par le parcours, structures dégradées par la monoculture
ou un travail fréquent des sols) ont des coefficients de ruissellement élevés. L’érosion hydrique
sur les pentes devient spectaculaire.

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La zone appartient en grande partie au Causse moyen atlasique dominé par des formations
calcaro-dolomitiques du Lias inférieur et moyen avec la présence de nombreuses failles
favorisant la circulation d’importantes quantités d’eau au sein des nappes. Les faciès de surface
sableux à très sableux sont au Pliensbachien inférieur, c'est-à-dire à la série des dolomies litées
du Lias moyen. Ces bancs de dolomies noirâtres sont surmontés en concordance par les bancs
de calcaires francs et de calcaires à silex du Lias moyen. Ce faciès de dolomies très altérées et
fournissant beaucoup de sables se retrouve dans tout le Causse. Les séries du Lias moyen,
dolomitiques puis calcaires vers le haut, se disposent en structure synclinale limitée à l’Est par
des dômes surbaissés ou par des failles. Le synclinal est plus ou moins défoncé par l’érosion
quaternaire. Le modelé nival et karstique est partout visible dans cette zone et se manifeste
par le dégagement de petits abrupts et de petites corniches que les processus de gélifraction
et de dissolution dus aux congères continuent à aviver.
De point de vue végétation, la zone est couverte essentiellement par des cédraies (altitude >
1600 m) et des chênaies vertes avec des strates herbacées claires et constituées par des
espèces assez caractéristiques des sables dolomitiques, en particulier Scorzonera pigmea et
Adenocarpus boudyi.
Les sols les plus dominants sont la rendzine dolomitique que l’on trouve couramment dans le
Moyen Atlas sur dolomie sableuse du Lias inférieur ou du Lias moyen. Les profils sont
caractérisés par des horizons humifères dolomitiques sableux reposant sur des horizons de
dolomie sableuse altérée. Cette altération peut atteindre plusieurs mètres d’épaisseur. On
trouve aussi les sols rouges méditerranéens, à encroûtement calcaire ou modal, à caractères
de sol châtain isohumique, sur calcaire du Lias. Sous forêts, la matière organique varie de 5 à
6 % en surface et 1% à 30 cm de profondeur. Dans les clairières, elle est relativement plus faible
en surface (2%).
L’érodabilité des sols est toujours élevée lorsque la pente est forte et/ou le terrain est de faible
résistance. Elle est extrême sur les terrains triasiques. Sur les calcaires et les grés, le degré
d’érodabilité est généralement modéré, lié à une faible pente et un faciès de résistance
moyenne. La situation est moins inquiétante au niveau des zones encore couvertes de
végétations forestières denses.

2.2. FRAGILITE DU MILIEU HUMAIN


La chaîne montagneuse du Moyen Atlas représente un territoire d’une grande diversité sur le
plan climatique, écologique, économique, culturel et humain. Cependant, et malgré les
potentialités et richesses dont elle dispose (ressources hydriques, forêt, biodiversité), la zone
fait partie des régions marocaines où le niveau de développement est significativement
inférieur à la moyenne nationale. Le sous-développement dans le Moyen Atlas est fortement
lié à sa nature montagneuse, rurale et agricole. Le développement humain reste insuffisant et
enregistre des taux d’analphabétismes assez forts. La zone est dans une situation défavorable
en raison d’une faible représentativité des secteurs économiques privés et publics. Le taux de

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chômage (des jeunes) est assez élevé et touche beaucoup plus les centres urbains naissants
dans le Moyen Atlas.
La croissance démographique dans cette zone montagneuse n’a qu’une variation minime entre
2004 et 2014. Ce constat peut s’expliquer par l’importance de l’exode rural vers les centres
urbains les plus proches ou vers les grandes villes. Malgré la dominance des classes d’âge des
jeunes, la part de la population âgée de plus de 65 ans est plus importante (7,7% pour les
femmes et 6,6% pour les hommes) en comparaison avec la moyenne nationale (6,3% et 5,9%
respectivement). Cette situation pourrait s’expliquer par le départ des jeunes vers les villes et
les centres urbains, soit pour la scolarisation soit pour la recherche d’un travail. Ce constat
traduit un besoin d’accompagnement et de création d’emploi notamment pour les jeunes.
La zone est caractérisée par des taux de pauvreté globalement plus élevés que le niveau
national (8,76%). Les populations ont des revenus deux fois inférieurs à la moyenne nationale,
provenant pour près de moitié de l’élevage et de l’agriculture. Les potentialités qu’offre le
tourisme de montagne restent, quant à elles, peu exploitées. Malgré les richesses offertes par
les ressources naturelles et le patrimoine culturel, les sources de subsistance des populations
de la zone montagneuse du Moyen Atlas restent limitées à l’agriculture, l’élevage et les
produits forestiers essentiellement.
Bien que l'agriculture est le secteur principal d’emploi et de création de revenus, elle reste
globalement traditionnelle et tributaire des apports pluviométriques :
L'agriculture pluviale occupe presque 83% de la SAU contre 17% pour l'agriculture irriguée ;
L'occupation du sol est dominée par les céréales, dont le rendement est fortement corrélé à la
quantité et à la répartition saisonnière des précipitations ;
L’agriculture irriguée est sensible à travers sa dépendance des ressources en eau ;
La production animale est fortement liée à la production végétale des terres de parcours, elle‐
même fortement tributaire du climat.
En ce sens, le revenu agricole est fortement tributaire du climat et reste aléatoire. Les
équilibres budgétaires des exploitations agricoles sont souvent précaires. Les paysans ont
développé des stratégies et des pratiques d’adaptation à cette précarité depuis plusieurs
générations. Cependant, la dynamique sociétale que connait le pays et notamment le monde
rural a engendré la mise en place de pratiques non durables d’exploitation des ressources
naturelles, notamment communes : les forêts, les parcours et les eaux (oued et nappes).

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2.3. GRANDS TRAITS DE LA GESTION DES RESSOURCES
2.3.1. Usages inappropriés des terres

La zone Sud du bassin de Sebou comporte presque tous les types d’occupation des terres. On
note une présence remarquable des parcours et des forêts (cèdre, chêne vert). Les terrains
agricoles existent partout, parfois sous forme de grandes étendues, par fois sous formes
d’enclaves à l’intérieur des zones forestières et pastorales. Les parties encore occupées par les
forêts sont les mieux protégées contre l’érosion. Les terres mises en culture, notamment en
céréales, sont mal protégées durant les pluies automnales orageuses et donc vulnérables à
l’érosion. Les terres intensément cultivées (maraichage, arboriculture) subissent une perte de
fertilité chimique et physique des sols.
L’usage agricole des terres dans la zone est considéré peu conservateur des ressources. Outre
la dépendance de l’agriculture vis-à-vis des apports pluviométriques et donc du climat, elle
reste traditionnelle dans ses techniques culturales (travail du sol), dans les modes et
techniques d’irrigation (par submersion et gravitaire) et dans le suivi et l’entretien des cultures
et des arbres fruitiers. On note une faible part des intrants dans la conduite des cultures
(fertilisation, traitements phytosanitaires). Les arbres fruitiers, en forte expansion, sont
globalement mal éduqués et ne subissent pratiquement pas de tailles, ni de formation ni de
fructification. Malgré les potentialités locales (terres fertiles, eau, climat), ce secteur reste en
deçà de ce qu’il devrait jouer dans la création d’emplois pour les jeunes et de richesses
localement. Au contraire, il joue un rôle important dans la décadence des ressources
naturelles, sols et eau. En effet, la mise en culture des terres fragiles en pentes engendre des
phénomènes de dégradation des sols, érosion et perte de fertilité.
Dans les zones forestières et pastorales on note l’apparition et le développement de pratiques
préjudiciables à la durabilité des peuplements. En effet, les défrichements dans les iliçaies pour
la mise en culture des terres sont de plus en plus fréquents en lisières des forêts. L’écimage et
l’ébranchage des chênes et des cèdres pour les besoins fourragers des troupeaux (en hiver)
ont pris une ampleur cruciale pour le maintien de certaines forêts du Moyen Atlas. Cette
pratique a été reliée au phénomène d’association des citadins avec les usagers de la zone pour
profiter des unités fourragères gratuites fournies par les parcours collectifs. La pauvreté,
l’accès à la terre et le chômage sont les véritables causes de la déforestation. En plus de cette
action anthropique néfaste (surpâturage, défrichement, prélèvement de bois de feu,
incendies), les peuplements du Moyen Atlas sont vulnérables au changement climatique. En
effet, on note un déséquilibre de la cédraie du Moyen Atlas, qui a atteint un stade très précaire,
traduit par les difficultés de régénération naturelles, le recul de la surface, les dépérissements
auxquels on peut rajouter le passage de la cédraie pure à la cédraie mélangée avec le chêne
vert.

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2.3.2. Impacts sur les lacs de la zone

L’extension de l’arboriculture à base de rosacées (pommiers, cerisier, poirier, etc.) et les


cultures maraichères nécessitent des quantités importantes d’eau d’irrigation et notamment
durant les saisons sèches estivales et les périodes de sécheresse liées au climat méditerranéen.
L’extension de ces surfaces plantées associée aux impacts du changement climatique
(fréquence des sécheresses intenses) que connait le pays a engendré un rabattement
important des agriculteurs sur l’utilisation des eaux des nappes phréatiques. Le nombre de
puits a explosé, les profondeurs prospectées sont de plus en plus importantes et les niveaux
des nappes ont excessivement baissé. Les écoulements naturels dans les oueds alimentant les
lacs naturels de la zone ont été fortement réduits. On note des desséchements de plus en plus
fréquents, longs et intenses de certains lacs comme celui de Dayet Aoua. Même les débits des
sources en bas du causse moyen atlasique donnant sur la plaine du Saïs se trouvent réduits. La
notion de débit écologique dans ces oueds est fortement justifiée.

2.3.3. Menaces environnementales de la gestion des ressources

Les principales menaces environnementales liées à la gestion des terres (usages) peuvent être
résumées comme suit :
- La surexploitation des ressources en eau souterraines autour des lacs pour les besoins
d’irrigation et d’alimentation en eau potable des villages croissants ;
- La pollution de la nappe par les nitrates provenant des terres agricoles ;
- La pullulation de micro-organismes pathogènes tels que les bactéries et les parasites
d’eau douce ;
- La surexploitation des forêts autour des lacs et le surpâturage dus essentiellement à la
pauvreté et l’augmentation de la taille du cheptel ;
- Le développement anarchique de l’habitat rural proche des lacs et des oueds.
A long terme, cette situation engendrera une diminution des réserves d’eau de bonne qualité
et aura un effet irréversible sur l’environnement et la biodiversité. Il est fortement
recommander de créer un environnement socioéconomique favorable à la gestion durable des
ressources naturelles dans la partie Sud du Sebou, mais pas uniquement. La sensibilisation des
acteurs et le renforcement des capacités des paysans sont des actions qui donnent des
résultats intéressants.

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3. LES PRATIQUES DE GESTION DURABLE DES RESSOURCES
(GESTION DURABLE DES TERRES)
3.1. GESTION DES RESSOURCES EN EAU
3.1.1. Mobilisation des eaux conventionnelles

 Seuils de prise d’eau dans les oueds (Amazigh : Ougoug ; ‫)سد تحويل المياه‬.

Seuils de dérivation d’eau des sources et de l’oued vers une séguia puis vers un bassin

 Description :
Un seuil en pisé est construit au travers du lit de l’oued pour canaliser les eaux des sources et
des écoulements de l’oued vers la séguia, puis éventuellement vers le bassin de stockage. Ces
seuils traditionnels sont de dimensions variables selon l’importance du lit de l’oued et des eaux
à dévier. Construits au travers des lits, ils créent des bassins sédimentaires en amont dont les
eaux sont envoyées dans des séguias. Les seuils sont construits en pierres cimentées entre
elles par des mélanges de terres et de sables. Leurs épaisseurs, hauteurs et largeurs dépendent
des lits des oueds.
 Objectif :
L’objectif de l’Ougoug est de prendre une part des eaux des sources (résurgences aux pieds
des berges des oueds) et des écoulements et de la dériver vers des séguias qui l’acheminent
vers les bassins de stockage (Tamda). L’eau est utilisée essentiellement pour l’irrigation des
terrasses agricoles et, dans une moindre mesure, pour l’abreuvement du cheptel.
 Moyens et coût :
Construits d’une manière traditionnelle, les Ougoug demandent essentiellement de la main
d’œuvre. Les pierres sont ramassées sur les versants et le sable dans le lit de l’oued. Un Ougoug
de 13 m de large, 3 m de hauteur et 80 cm d’épaisseur a nécessité 25 jours de travail pour deux
personnes : un contremaître payé à 120 dh/jour et un ouvrier payé à 60 dh/jour (4 500 dh). Un
seuil similaire construit en béton et à l’entreprise coûterait environ 250 000 dirhams (en 2018).
Ces seuils traditionnels sont souvent construits sous forme d’un travail communautaire des
douars appelé « Twiza ».

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 Suivi et entretien :
Ces seuils en pisé ne sont pas stables. Après chaque forte crue, ils sont endommagés surtout
en tête. Ils présentent souvent des fuites d’eau. Les villageois les suivent régulièrement et les
réparent comme ils les ont construits (Twiza). L’opération d’entretien est requise après les
pluies en préparation de la saison estivale où les besoins en eau sont importants. Elle nécessite
5 à 10 homme-jours de travail.

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3.1.2. Collecte des eaux pluviales/ruissellement (CEP)

 Collecte des eaux de ruissellement : stockage dans le sol (‫) حصاد الماء‬

Collecte des eaux de ruissellement d’un versant Cuvettes autour des oliviers recueillant les eaux de
pâturé pour irriguer un verger de noyer. ruissellement du chemin-ravine.

 Description :
Les eaux de ruissellement produites par des terrains tassés de parcours ou des chemins sont
collectées par un ravin (chenal) principal puis dirigées vers une surface cultivée et/ou dans des
cuvettes autour des arbres (noyers, oliviers). Les surfaces cultivées sont entourées de billons
permettant le stockage de l’eau. Les arbres sont soit entourés de cuvettes soit ils sont plantés
sur des terrasses en gradins. Les eaux de ruissellement apportent aussi des fertilisants
(sédiments fins, matière organique, débris végétaux). Parfois elles sont brutales et peuvent
endommager le dispositif de collecte (orages d’été et d’automne).
 Objectifs :
L’objectif est d’apporter des irrigations d’appoint aux cultures et aux arbres dans les régions
semi-arides où l’eau fait défaut. Elles permettent de réduire les stress hydriques. Elles
réduisent les pertes en ruissellement et en sédiments. La croissance des cultures et des arbres
sera améliorée.
 Moyens et coût :
Leur installation ne requière que du travail. Les paysans le font eux même sur leurs parcelles.
 Suivi et entretien :
L’entretien de ces structures est indispensable après les fortes pluies. Les paysans font
attention aux pluies dévastatrices de l’été et l’automne. Souvent, des mécanismes
d’évacuation sont construits pour envoyer les ruissellements dangereux vers le ravin principal
et donc vers l’oued.

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 Demi-lune (‫)نصف القمر‬

Demi-lune individuelle. Demi-lunes en quinconce.


 Description :
La demi-lune est une technique de piégeage des eaux de surface qui consiste à creuser des
cuvettes de plantations d'arbres (fruitiers ou autres) et de les entourer de bourrelets en demi-
lune faits de terre tassée, souvent recouverte de pierres. Leurs diamètres varient de 0,5 à 2 m
et la profondeur de 15 à 25 cm. Les bourrelets ont une hauteur de 15 à 25 cm et une largeur
moyenne de 25 cm. Ils peuvent être renforcés par des pierres issues de l'épierrage des champs.
Les cuvettes sont disposées en quinconce et espacées de 4 à 10 m. Elles sont ouvertes face au
sommet de la pente pour capter le ruissellement produit par les impluviums souvent constitués
de terrains peu perméables, incultes ou rocheux, voués au parcours extensif des troupeaux.
Les espacements entre les lignes sont variables (de 7 à 15 m) selon le type d'arbre, la pente du
terrain et l'aridité.
 Objectif :
L’objectif de la demi-lune est de concentrer les eaux de ruissellement et leurs charges solides
dans une cuvette creusée au pied des plants. Les eaux de ruissellement captées en été et en
automne par les cuvettes en demi-lune permettent un appoint d'eau important pour les
arbres. Les sédiments déposés au fond des cuvettes apportent une fertilisation non
négligeable. Cet aménagement minimal permet aussi de récupérer le fumier qui, sans ce
système, serait emporté par le ruissellement. La capture et l'infiltration des eaux du
ruissellement sur le versant réduisent les effets des différentes formes d'érosion hydrique à
l'aval (en nappe, ravinement et sapement des berges) et réduire les risques de crues.
 Moyens et coûts :
- Creusement des cuvettes : 500 à 1 000 dh/ha,
-Construction des bourrelets autour des cuvettes: 2 500 – 3 500 dh/ha,
-Plantation (20 JT/ha) : 1 200 dh/ha,
-Achat de plants (15 dh) : 1 500 dh/ha,
-Fumure (fumier, NPK) par cuvettes ou arbre: 500 dh/ha,
-Total : 6 000 à 7 000 dh/ha.

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 Suivi et entretien :
-Entretien des cuvettes et des talus en demi-lune (2 JT) : 120 dh/ha,
-Taille des arbres : (2 JT) : 400 dh/ha,
-Traitement phytosanitaire des arbres (1 JT) : 150 dh/ha
-Apport de fumure (l JT) : 500 dh/ha
>Total : 1 000 dh/ha.

Avantages Inconvénients
Production fruitière relativement stable dans les zones semi- Exige de la main-d'œuvre,
arides et dans des zones rocheuses où le sol est limité à des Instabilité de la structure
poches ; vis-à-vis des pluies intenses.
Appoints en eau et nutriments aux plantations ;
Récupération des eaux et des sédiments produits par
l'impluvium ;
Amélioration de la productivité des terres ;
Réduction des risques de ruissellement, d'inondation et
d'érosion à l'aval.

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 Cuvette (‫)حوض االحتفاظ‬.

Cuvette avec plant d’olivier et paillage. Cuvette avec plant de pin d’Alep.
 Description :
La cuvette est une technique de conservation de l’eau et du sol qui consiste à relever la terre
sur les bords du trou de plantation au moment du rebouchage de manière à confectionner un
petit bassin autour du tronc des arbres.
Les cuvettes circulaires sont confectionnées autour de l’arbre ou du jeune plant. Elles ont
généralement un diamètre qui varie entre 0,8 m à 1,5 m et un bourrelet dont la hauteur varie
entre 0,3 et 0,4 m. Quand la pente est élevée et ne permet pas la confection de cuvettes
circulaires, on peut déformer la partie du cercle au-dessous de l’arbre pour l’étirer dans le long
de la courbe de niveau. Les cuvettes sont favorables sur des terrains plats à pente inférieur à
5 %, des sols à profondeur supérieure à 30 cm et à perméabilité moyenne. Elles sont aussi
recommandées dans les zones à précipitation annuelle inférieure à 500 mm.
 Objectif :
La cuvette ainsi confectionnée permet de collecter les eaux de pluie et de ruissellement et
réduit les risques d’érosion autour de l’arbre. Elle est construite pour améliorer la rétention
d’eau aux alentours des plants et réduire les problèmes d’érosion au champ.
 Coût et entretien :
Le coût d’installation d’une cuvette varie entre 15 et 20 dirhams, soit 1500 à 2000 dirhams
pour une densité de 100 arbres/ha. L’entretien annuel incluant la réfection des bourrelets et
le binage du fond autour de l’arbre varie entre 3 et 5 dirhams par cuvette, soit 300 à 500
dh/ha/an.
Avantages Inconvénients
Facile à confectionner par les Nécessite des entretiens réguliers pour le maintien du
agriculteurs, bourrelet et le binage du centre,
Technique très peu coûteuse En pente forte, elle est facilement détruite si elle n’est pas
qui ne nécessite aucun soutenue par des amas de pierres à l’aval de l’arbre,
outillage particulier, Faible taux de couverture du sol quand la densité de
Joue un rôle dans la plantation est faible,
conservation de l’eau, du sol et Risque accrue d’asphyxie sur les terrains plats, surtout avec
de sa fertilité. les eaux de drainage des reliefs les surplombant.

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 Eléments de banquette (« Zouléma »).

Elément de banquette.

Eléments de banquette en quinconce sur versant

 Description :
Les éléments de banquettes sont confectionnés suivant les lignes de courbes de niveau comme
dispositifs de collecte des eaux de pluie destinées à améliorer la disponibilité de l’eau pour les
arbres installés dans la cuvette. Dans les zones à pente moyenne (10 à 30 %) et à pluies
modérées (400 à 800 mm/an), en vue de faciliter l'infiltration des eaux de pluie et de
ruissellement, on creuse des fossés en quinconce de 2 à 3 m de long, 50 à 100 cm de large et
de 1 m de profondeur. Leur espacement varie de 1 à 3 m sur la ligne et de 2 à 5 m entre les
lignes en courbe de niveau en fonction de la taille des arbres et de l'aridité de la zone. En
principe, les fossés doivent pouvoir stocker le ruissellement des plus grosses averses. La bonne
terre humifère de la fosse et des environs est remise dans la fosse (avec un peu d'engrais),
tandis que les pierres et terres minérales sont disposées en croissant autour de la fosse pour
délimiter une cuvette de rétention du ruissellement. Un arbre est planté à chaque extrémité
de la fosse. Si le sol est suffisamment profond et perméable et qu'il ne risque pas de glisser sur
la roche altérée (hors marnes, schistes, gneiss ou cendres volcaniques sur granite), on creuse
sur les pentes des plateformes ou terrasses horizontales avec talus en amont et bourrelet en
aval construites pour absorber toutes les eaux de surface (inter-banquettes et talus). Les fossés
et banquettes d'absorption totale peuvent s'étaler en continu sur tout un versant, mais le
risque est grand de voir les eaux stockées sur la banquette déborder du bourrelet lors d'une
averse exceptionnelle en creusant une ravine qui va ruiner l'aménagement en aval. On

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préfèrera cloisonner les fossés ou réaliser des éléments de banquette distants de quelques
mètres. Si le terrain à replanter est homogène et pas trop pentu, on peut effectuer le travail
par une pelleteuse qui va réaliser des éléments de banquettes séparés par des cloisons de 1 à
2 m. Mais si le sol est caillouteux, peu profond ou en poche (calcaire), le travail est réalisé à la
main et adapté à la profondeur du sol: la disposition des fosses est plus souple.
 Objectifs :
Le but est de capter le maximum d'eau et de nutriments aux alentours de jeunes arbres. Le
reste du terrain doit être nettoyé, brûlé ou surpâturé avant la plantation de façon à produire
le ruissellement qui viendra nourrir les arbres. Cette méthode convient pour restaurer des
forêts dégradées ou planter des arbres fruitiers rustiques.
 Moyens et coûts :
-Creusement à la main ou à la pelleteuse de fosses de 3 m de long, 1 m de large et 1 m
de profondeur: 7 000 dh/ha ;
-Creusement d'éléments de banquettes de 3 à 5 m de long: 10 000 dh/ha ;
-Plantation de deux plants d'arbustes fourragers ou d'arbres forestiers ou fruitiers par
fosse: 12 000 dh.
 Suivi et entretien :
-Entretien des fossés et des talus: 10 JT/ha/an soit 600 dh/ha/an ;
-Fumure des arbres fruitiers : 600 dh/ha/an ;
-Irrigation des jeunes plants les deux premières années: 5 JT/ha/an soit 300 dh/ha/an.

Avantages Inconvénients
Récupération de toutes les eaux du Demande peu d'entretien, sauf après chaque
ruissellement, averse principale, et un arrosage les deux
Réduit l'érosion du versant, les débits de premières années,
pointe et l'envasement des barrages, Nécessite une mise en défens tant que les
Stocke la MO et les nutriments dans le sol, arbres sont trop jeunes pour résister au
Améliore la productivité des terres, broutage.
Permet d'enrichir la biodiversité de terrains
dégradés ou non,
Utilisation des matériaux locaux.

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 Impluvium. (‫)مسقط الماء‬

Impluvium avec olivier Impluvium avec caroubier

 Description :
L’impluvium est une appellation de toute structure conçue pour collecter les eaux pluviales. Il
prend des formes et des dimensions différentes selon les conditions édaphoclimatiques et
l’usage. L’impluvium proposé ici est de forme en demi-lune placé au-dessus des arbres et qui
sert à collecter les eaux de pluie pour les infiltrer dans le sol.
Les écartements entre les lignes d’impluviums varient de 7 à 14 m le long de la même ligne.
L’implantation sur le terrain est souvent réalisée en quinconce. Comme tous les impluviums, il
s’agit d’un dispositif de collecte des eaux de pluie destinées à améliorer les réserves d’eau pour
l’arbre planté à l’aval du bourrelet. Les dimensions de cette structure sont : Base supérieure :
2,50 m, Rayon : 1,25 m, Talus : 0,30 m et Bourrelet (en option) : 0,30 m.
Les impluviums sont confectionnés suivant les lignes de courbes de niveau. La terre déblayée
est utilisée pour confectionner le bourrelet dont la hauteur de 30 cm autour de la demi-section
avale de l’impluvium. L’arbre est planté à l’aval de l’impluvium pour qu’il puisse profiter des
eaux collectées et infiltrées dans l’impluvium.
 Objectif :
L’objectif est recueillir le maximum d'eau de pluie et de ruissellement autour des jeunes plants,
un stockage dans la cuvette immédiatement autour du plant et dans l’impluvium en amont.
L’eau recueillie dans l’impluvium est infiltrée dans le sol et améliore la réserve hydrique qui
sera disponible pour le plan dans les jours qui viennent.
 Moyens et coût :
-Creusement des trous et aménagement des cuvettes et des impluviums à la main :
12 000 dh/ha ;
-Plantation des plants fruitiers ou forestiers : 12 000 dh.
 Suivi et entretien :
-Entretien des cuvettes des impluviums après les pluies et des compagnes agricoles
(labour) : 10 JT/ha/an soit 600 dh/ha/an ;
-Fumure des arbres fruitiers : 600 dh/ha/an ;
-Irrigation des jeunes plants les deux premières années: 5 JT/ha/an soit 300 dh/ha/an.

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Avantages Inconvénients
La technique permet de contribuer à C'est une technique très adaptée à
l’amélioration de l‘infiltration et par la suite l'arboriculture mais qui consomme de la
la diminution du ruissellement; surface pour les agriculteurs qui souhaitent
Elle favorise l’efficience de l’eau de pluie; pratiquer des cultures intercalaires.
Elle permet d’améliorer les rendements des Elle demande un entretien régulier.
plantations installées en quinconce

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 Banquettes. (‫)البانكيط‬

Banquette plantée avec jeune oliviers. Banquettes avec jeunes plants forestiers.

 Description :
Les banquettes sont des cuvettes longues confectionnées parallèlement aux courbes de
niveau. Elles sont constituées de trois éléments qui sont le talus, le fond et le bourrelet. Selon
l’importance de chacun de ces trois éléments on distingue trois profils :
-Un profil (déversé) regardant vers l’amont, dit aussi profil en V, favorise plutôt
l’évacuation des eaux de ruissellement au dépend de l’infiltration. Ce profil est
recommandé pour des pentes supérieures à 40 %,
-Un profil normal à fond plat permettant une meilleure mise en valeur du replat avec
un bourrelet saillant et profilé. Il est préconisé sur des pentes de 30 à 40 %. Ce profil
favorise l’infiltration et améliore les réserves d’eau dans le sol. Une faible contre-pente
du replat vers le talus améliore le régime hydrique dans la banquette,
-Un profil amorti dont le bourrelet est peu prononcé. Ce type de profil qui rappelle la
terrasse, est recommandé sur les pentes faibles (moins de 10 %). Les banquettes à profil
de ce type sont entièrement cultivables et imposent le travail le long des courbes de
niveau.
Les banquettes sont des structures qui permettent d’améliorer l’infiltration de l’eau. De ce fait,
elles ne doivent en aucun cas être réalisées sur des sols de faible perméabilité, gonflants ou
sensible au mouvement de masse (solifluxion). Il est aussi souhaitable d’avoir un sol
relativement profond (> 50 cm) pour obtenir des banquettes avec un dimensionnement
optimal. Les banquettes peuvent être confectionnées sur des pentes variables atteignant 30 %
et même plus. Mais, les meilleurs résultats sont obtenus sur des pentes faibles (moins de 15
%) car elles permettent d’avoir des planches plus larges. Les banquettes sont envisageables
dans des zones à pluviométrie annuelle ne dépassant pas 450 mm.
La longueur des banquettes peut concerner tout le versant si la capacité d'infiltration dépasse
la quantité d'eau de pluie. La largeur de la banquette est de 2.5 m au maximum quand la pente
est de 20 %. La hauteur du bourrelet est fonction de l'intensité des pluies et du degré de la
pente. Pour une pente de 5 % et une intensité de 60 mm/h, la hauteur utile du bourrelet est
d'environ 50 cm qu'il faut majorer de 20 % pour tenir compte du tassement du bourrelet avec

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le temps. Quand l'intensité des pluies est plus faible et le sol est perméable, cette hauteur peut
être réduite.
 Objectif :
Les banquettes sont souvent confectionnées pour recevoir des plants au milieu des replats qui
favorisent leur stabilité et qui profitent des eaux de ruissellement retenues. Sur les pentes
fortes (>30%), sans couvert végétal permanent et protecteur, et à culture irrationnelle, le
ruissellement à l’origine de l’érosion des terres excède largement l’infiltration. Par l’installation
de banquettes, on coupe le versant en bandes régulières (inter-banquettes) par les banquettes
et par conséquent on casse la vitesse du ruissellement. L’eau recueillie peut s’infiltrer ou être
évacuée dans des drains aménagés. LA finalité de construction des banquettes est d’améliorer
le bilan hydrique pour les plants et réduire les risques d’érosion dus au ruissellement.
 Moyens et coût :
-Creusement des fossés et confection des bourrelets : 12 000 dh/ha ;
-Plantation des plants fruitiers ou forestiers : 12 000 dh.

Avantages Inconvénients
-Valorisent les terrains en pente par -Consomment de la surface pour les
l’augmentation des rendements des arbres agriculteurs qui souhaitent pratiquer des
fruitiers et des cultures intercalaires, cultures intercalaires (10 à 15%),
-Favorisent l’efficience d’utilisation de l’eau -Exigent un entretien régulier, surtout si les
en améliorant le fonctionnement espaces inter-banquettes sont cultivés,
hydrologique du versant aménagé, -Ne permettent pas la mécanisation des
-Permettent de lutter contre l'érosion cultures sur les fortes pentes,
hydrique par diminution du ruissellement et -Présentent des risques quand les ouvrages
réduction des risques d'inondation en aval, sont mal entretenus ou inadaptés,
-Amélioration de la durabilité des -Coût d’installation élevé (30 à 50 dh/ml de
infrastructures (barrages, routes, etc.). banquettes) soit 12 000 dh/ha en moyenne.

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 Les jessours dans les vallées. (‫)الجسر‬

Jessours avec amandier dans le Moyen Atlas. Piegeage de sédiments et eau dans la vallée du
Rerhaya, Haut Atals.

 Description
En montagnes semiarides, des petites digues en terre sont construites en série dans les vallées
secondaires pour capter le ruissellement et sa charge solide. Ces digues permettent la
formation progressive de terrasses plantées en arbres fruitiers (figuiers et oliviers dont les tiges
supportent d'être enfouies sous les sédiments) et semées en céréales et légumineuses. La
digue (tabia) en terre compactée se construit soit manuellement, soit au bulldozer. La hauteur
est de 1 à 3 m, la longueur de 10 à 50 m et l'épaisseur de 2 à 3 m à la base et de 50 à 100 cm
au sommet. La digue est parfois protégée d'une murette en pierres et équipée d'un exutoire
latéral qui s'appuie sur le bord du versant. Si le déversoir latéral s'attaque à une zone tendre
du versant, il est renforcé par des lignes de pierres.
 Objectifs
L'objectif consiste à récupérer l'eau et les sédiments fins en transit dans le fond d'un vallon
derrière une série de digues, pour construire progressivement des terrasses qui seront
cultivées intensivement en arbres fruitiers, légumes, céréales et fourrages.
 Moyens et coûts
-Construction d'une diguette en terre parfois renforcée par un revêtement de cailloux
qui sont prélevés sur place 10 JT/ 20 m3 à 100 JT/100 m x 60 dhJT : 600 à 6 000 dirhams,
-Aménagement soigneux du déversoir par une maçonnerie de pierres taillées : pour
une surface de 1 m x 1 m : 250 Dm,
-Achat et plantation d'arbres fruitiers (oliviers, figuiers) : 20 à 40 dh/plant,
-Fumure (fumier et NPK) : 600 dh/ha,
-Total: 5 000 à 15 000 dh/ha.
 Suivi et entretien
-Entretien de la digue: 5 JT/ha/an soit 300 dh/ha/an,
-Fumure des arbres fruitiers : 600 dh/ha/an.

Projet WAMAN SEBOU|A1.3.1 | P a g e 21


Avantages Inconvénients
-Récupération des eaux et des sédiments Nécessite un entretien régulier de la digue et
circulant dans le vallon, du déversoir, en particulier après chaque
-Réduction du transport solide, des débits de crue principale,
pointe et de l'envasement des barrages, La production dépend des pluies (ni trop
-Amélioration de la productivité des terres abondantes ni trop faibles et bien réparties).
-Renforcement de la biodiversité.

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 Matfias : citernes couvertes. (‫)مطفية‬

Matfia collective au centre d’un douar du


Matfia collective (nécessité d’entretien).
Haut Atlas, Takoucht.

Matfia collective (DREF Moyen Atlas) Matfia familiale au douar Takoucht.


 Description :
La « matfia » collective est composée de :
-un impluvium naturel plus ou moins aménagé: il coïncide avec le versant qui
surplombe la matfia. Le toit de la matfia (70 à 150 m2) est bétonné et utilisé comme
impluvium, mais le plus souvent ce sont les eaux ruisselant des pistes et d'un petit
versant qui sont captées;
-un canal (assarou, séguia) de raccordement entre l'impluvium naturel et la citerne;
un bassin de décantation des sédiments, une conduite d'eau reliant le bassin de
décantation à une ouverture perçant la dalle de la citerne et un orifice pour puiser l'eau,
muni d'un couvercle en fer;
-une citerne (réservoir souterrain) creusée dans le sol, construite en pierre et
étanchéifiée par de la terre battue, de la chaux ou du ciment. Les dimensions de cet
ouvrage varient de 100 à 300 m3 en fonction du nombre d'habitants et de la taille du
troupeau à abreuver. Le toit est construit avec des pierres moyennes ou avec des troncs
d'arbres recouverts d'une couche de terre ou de ciment pour former une toiture
étanche. Un puits muni d'une pompe ou d'un seau permet de puiser l'eau filtrée.

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La matfia individuelle ou familiale est plus modeste: le toit de la maison ou la piste jouent le
rôle d'impluviums. La citerne prend la forme d'un réservoir souterrain (joub) creusé dans la
cour de la maison. Il est imperméabilisé avec de l'argile battue mélangée à la chaux ou avec du
ciment.
 Objectif :
Les eaux stockées dans la matfia, collective ou individuelle, sont destinées aux usages
domestiques, à l'abreuvement de la famille et du troupeau et parfois à l'irrigation d'appoint
d'un petit jardin. Lorsque la saison sèche dure longtemps, la matfia ne suffit pas, et il faut la
remplir à l'aide de camions citernes. De façon indirecte, la matfia réduit les risques de
ravinement en aval. Les matfias se rencontrent dans le territoire de la commune.
 Moyens et Coût :
L'installation d'une matfia demande un investissement important. Le coût varie en fonction de
la taille de l'ouvrage et des matériaux utilisés. Les travaux sont généralement réalisés dans le
cadre d'une entraide sociale (Twiza, appuis d’enfants du village émigrés en ville). Le coût de
construction d'une matfia collective d'une capacité de l'ordre de 300 m3 varie de 30 000 dh (en
terre battue + chaux + toit en bois) à 300 000 dh dans le cas de l'utilisation de matériaux
modernes (ciment, sable, barres en fer à béton). Les citernes familiales traditionnelles (50 à
100 m3 de volume) coûtent nettement moins cher, 10 000 à 30 000 dh.
 Suivi et entretien de la matfia collective :
-Déviation des eaux des premières pluies qui sont souvent polluées et trop chargées de
sédiments ;
-Nettoyage de la vase qui s'accumule au fond des citernes (fréquence: 1 fois par an
pour les citernes à impluvium constitué de formations tendres, 1 fois tous les 3 ou 4
ans pour les citernes cimentées) ;
-Changement du seau utilisé pour puiser l'eau (fréquence 1 fois par an) et entretien de
la pompe.
Pour les matfia individuelles qui captent seulement l'eau des toitures, le toit est régulièrement
nettoyé avant les périodes pluviales. Le curage se fait une fois tous les 3 ou 4 ans.
Avantages. Inconvénients
-Stockage de l'eau et utilisation différée, -Volume insuffisant pour les besoins annuels,
-Approvisionnement en eau domestique, -Problème sanitaire: stockage trop long ou puisage
-Amélioration des conditions d'hygiène de la par les enfants peu soigneux,
famille, -La corvée eau prive les filles de l'école,
-Rôle majeur dans la pérennisation des activités -Entretien difficile si accès difficile.
pastorales,
-Permet la fixation de la population dans le milieu
rural,
-Diminution des risques de ravinement et
d'inondations,
-Ouvrages enterrés donc discrets, à faible emprise
foncière,
-Réduction de la corvée de l'eau.

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 Iferd : mare à ciel ouvert. (‫)إفرض‬

Iferd collectif alimenté par la piste et un Iferd privé alimenté par le ruissellement de
terrain de parcours à Takoucht. parcelle cultivée.

 Description :
L’Iferd est une mare constituée d'un bassin ouvert vers l'amont pour recueillir les eaux issues
d'un canal captant le ruissellement produit par un impluvium de taille variable sur les replats
des versants situés en amont. Ses dimensions sont variables: de quelques dizaines de m3 (5 m
de diamètre et 2 à 3 m de profondeur) à des centaines de m3 (10 à 30 m de diamètre et 5 à 10
m de profondeur). La terre excavée sert à délimiter le bassin et à fortifier ses rebords souvent
protégés par une haie d'épineux. Le fond de la mare est étanchéifié par un lit de terre battue:
il est parfois pavé pour réduire la boue soulevée par les troupeaux qui s'abreuvent dans la
mare. L'impluvium qui l'alimente (une piste, une surface rocheuse ou damée) est maintenu
dénudé et tassé par la circulation du bétail. Un petit canal, plus ou moins stabilisé par des
pierres, guide les eaux captées vers le bassin.
 Objectif :
L’Iferd mare est un bassin de faible étendue et profondeur, confectionnée pour emmagasiner
temporairement les eaux de ruissellement d'un petit impluvium. Il s'agit d'une technique très
ancienne utilisée dans les aires collectives de pâturage où il n'y a ni puits, ni nappe phréatique
à faible profondeur. On le trouve soit à côté des maisons, soit au voisinage des pistes ou des
terrains encroûtés. Ils servent principalement à abreuver le troupeau mais aussi pour des
utilisations domestiques.
 Moyens et coût :
L'aménagement d'un Iferd ne requiert ni compétence particulière, ni investissement
important. Une mare de 5 m de diamètre et de 1,5 m de profondeur nécessite 5 à 10 jours de
travail manuel, soit l'équivalent d'un total compris entre 1 000 et 2 000 dh. Les travaux d’Iferd
collectifs se font généralement dans le cadre d'entraide communautaire Twiza.

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 Suivi et entretien :
-Nettoyage annuel de la vase qui s'accumule au fond des bassins ;
-Entretien du canal et du bourrelet et entretien de la haie sur le bourrelet (taille,
replantation).

Avantages Inconvénients
-Disponibilité de l'eau dès les premières -Faible capacité de stockage d'eau trouble,
pluies, -Forte évaporation (à sec au bout de 1 mois),
-Piégeage des sédiments, -Pertes par infiltration, envasement rapide,
-Diminution des risques de ravinement ou -Contamination par les animaux.
inondation en aval.

L’Iferd peut être améliorée par les procédés suivants:


-Etanchéification de la mare par de l'argile battue mélangée à de la chaux;
-Réduction des pertes par évaporation par un toit fait à base de roseaux et reboisement
des alentours ;
-Aménagement d'un abreuvoir bétonné qui sera alimenté par siphonage vers un filtre
à sable et charbon de bois, à partir de la mare pour réduire les risques de contamination
par les animaux.

Projet WAMAN SEBOU|A1.3.1 | P a g e 26


 Dérayures, fossés et banquettes de diversion.

Dérayures sur champs labouré Fossé de diversion des écoulements

 Description :
Dans les zones à forte pente et à pluies temporairement excédentaires (800 à > 1 500 mm/an),
on ne peut infiltrer toutes les eaux de pluies sans risquer d'augmenter le ravinement et surtout
les glissements de terrain: on est alors amené à creuser des dérayures, fossés ou banquettes
de diversion qui guident les eaux de ruissellement vers un chemin d'eau protégé et renforcé.
Les dérayures: après avoir labouré le champ en suivant les courbes de niveau, le cultivateur
trace avec sa charrue un sillon suivi en aval d'un billon, en oblique (angle de < 25 %) au travers
de la parcelle jusqu'à la limite latérale de la parcelle, généralement couverte d'herbes. Puis
l'ensemble de la parcelle est semé (et fertilisé). Le sillon collecte le ruissellement dès sa
naissance entre les mottes de surface. Les eaux de drainage rejoignent la vallée par un chemin
d'eau, fossé enherbé. Les dérayures sont provisoires et disparaissent à chaque labour.
Les fossés obliques (0,5 à 1 m de profondeur) sont des structures stables de drainage espacées
de 20 à 50 m sur le versant qui collectent les eaux de ruissellement ou hypodermique et
conduisent ces excédents d'eau de surface jusqu'à un chemin d'eau aménagé ou un ravin
naturel renforcé. Le danger est de raccourcir l'épaisseur de sol entre la zone d'infiltration et la
roche pourrie et donc d'augmenter le risque de mouvements de masse.
Les banquettes de diversion sont des fossés à fond de 1 à 5 m de large, à talus taillés dans la
couverture pédologique et à bourrelet de sol rapporté en équilibre peu stable à l'aval.
Les plateformes des fossés et des banquettes sont en pente latérale douce (0,2 au début à 0,5
% vers la fin de la banquette dont la longueur maximale ne dépasse pas 400 m). Avec les
bourrelets en bordure, ils guident le ruissellement vers un exutoire aménagé (ravin naturel
stable, chemin d'eau enherbé ou empierré qui conduit les eaux excédentaires des versants
directement au fond de la vallée).

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 Objectifs :
L'objectif est de capter les eaux de surface excédentaires et de les évacuer latéralement vers
un chemin d'eau, en vue de réduire les risques de ravinement et de glissement de terrain lors
des grosses averses.
 Moyens et coûts :
-Dérayures : très peu de frais,
-Fossés : creusement, 5 000 dh,
-Banquettes: 6000 à 12 000 dh/ha.
 Suivi et entretien :
-Nettoyer le lit des fossés et banquettes pour assurer une bonne circulation de l'eau,
-Entretenir le bourrelet qui pourrait être endommagé par les excès d'eau de
ruissellement,
-Prévenir le ravinement des chemins d'eau (seuils en pierres).

Avantages Inconvénients
-Les dérayures ne comportent que très peu -Les fossés et les banquettes selon la pente
de frais complémentaire au labour, du terrain et la densité des ouvrages
-Ces aménagements évacuant les entraînent des travaux de terrassement
ruissellements excédentaires réduisent les pouvant atteindre 12 000 dh/ha, des pertes
risques de ravinement, de surface cultivables de 10 à 15 % et des
-Contribuent à la réduction des envasements difficultés pour mécaniser les travaux
des retenus de barrage. culturaux,
-Lors d'averses abondantes, les eaux
peuvent déborder des drains et banquettes
et former des ravines sur le versant ou aux
points bas: l'ensemble du réseau de drain est
alors mis hors d'usage.

Projet WAMAN SEBOU|A1.3.1 | P a g e 28


 Les haies vives. (‫)سياج أخضر‬

Haies vives dissipant le ruissellement. Haie vive avec cyprès.

 Description :
Des plantations serrées d'arbustes ou de cactus (tous les 50 cm de dénivelée sur une bande de
1 mètre de large) sont réalisées en courbe de niveau, en vue de limiter un champ ou une partie
d'une parcelle. Cette structure perméable au ruissellement provoque à moyen terme la
formation d'une terrasse progressive par filtration de l'eau, dépôt des sédiments grossiers et
des matières organiques, et surtout par érosion aratoire. Les haies vives sont constituées
d'épineux (cactus raquette, ou opuntia, et autres, jujubier, aubépine, acacias divers, etc.),
d'oléastres, amandiers, Pistacia lentiscus, frênes, genêts et autres fourragers ou herbacées
(canne de Provence, palmier doum, Pennisetum, Vetiver). Ces haies vives peuvent être
plantées ou simplement protégées lors du défrichement et des travaux culturaux (diss,
palmiers doum, cistes, pistachiers). Les haies sont généralement constituées de plusieurs
espèces végétales complémentaires: on peut imaginer une succession d'arbres fruitiers (par
ex. oliviers, amandiers) tous les 5 m au centre d'une cuvette et, entre ceux-ci, une bande d'arrêt
enherbée plantée de légumineuses fourragères pérennes (trèfle, luzerne, Sylla) ou d'arbustes
fourragers (Medicago arborea). Pour limiter une parcelle, on peut implanter une ligne de
piquets verts, c'est-à-dire des macro-boutures d'arbres qui reprennent facilement racine en
saison fraîche et humide (peupliers, légumineuse) ou installer de jeunes plants à protéger du
bétail par des branches épineuses jusqu'à ce qu'elles soient assez fortes pour supporter un fil
de fer barbelé et la pression des animaux.
Dans les régions plus arrosées, les haies vives peuvent aussi fournir du fourrage.
Dans ce cas, on plante en quinconce 2 à 3 rangs de jeunes plants (ou graines) d'arbustes
légumineuses (Leucaena, Acacia sp., Ziziphus sp., Balanites sp., Atriplex sp., etc.). Pour
renforcer le pouvoir filtrant de ces jeunes plantations, on y dépose des racines, jeunes
branches, adventices sarclées et autres cailloux ou déchets de labour qui ralentissent le
ruissellement en même temps qu'ils vont améliorer l'humus du sol, sa capacité d'infiltration et
sa fertilité. Dans ce milieu riche en MO, les vers de terre et autres animaux fouisseurs vont se
développer et créer une zone d'infiltration préférentielle.

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 Objectifs :
Les haies vives permettent de ralentir le ruissellement sur les marnes (Rif) où les banquettes
et les terrasses d'absorption totale risquent de déclencher des mouvements de masse ou du
ravinement. Les haies vives peuvent aussi servir de base à la protection d'un talus, à la
formation d'une terrasse progressive et à la production de fourrage. Elles ralentissent les eaux
de ruissellement, provoquent la sédimentation des particules grossières et matières
organiques et accumulent en amont les terres déplacées lors des travaux culturaux.
 Coût d'installation :
-Préparation du terrain et apport d'engrais: 600 dh/ha,
-Achat des plants, boutures, graines : 600 à 1 500 dh/ha,
-Plantation des lignes : 1 500 à 3 000 dh/ha,
-Protection des jeunes plants pendant 2 à 3 ans (fourmis, bétail) : 3 000 à 5 000 dh/ha,
-Total : 5 000 à 8 500 Dm/ha
 Suivi et entretien :
Les jeunes haies plantées sont efficaces pour réduire les transports solides dès la première
année, si on les renforce par les déchets de culture ou un épais paillage. La croissance des
jeunes plants doit être favorisée par un léger apport de nutriments (vieux fumier éteint, NPK
et compost) et d'eau lors des périodes de sécheresse jusqu'à ce que les racines atteignent des
niveaux frais du sol. Par contre, pour réduire la concurrence avec les cultures, il faut limiter
l'extension latérale du réseau racinaire superficiel des arbustes en passant jusqu'à 30 cm de
profondeur un coutre à 50 cm de la ligne de plantation dès la première année, lorsque les
racines sont encore cassantes, et repasser chaque année lors du labour: cette intervention
favorise l'enracinement profond.
Lorsque la haie vive commence à faire trop d'ombre aux cultures, il faut la tailler
soigneusement avec un outil tranchant adapté pour blesser au minimum les branches (cisailles,
sécateurs, scies). Les émondes, riches en éléments nutritifs, peuvent renforcer la haie les deux
premières années, puis servir de fourrage ou de paillage sur le champ amont labouré et semé:
les feuilles se détachent d'elles-mêmes au bout de quelques pluies, et les branchettes pourront
soit rester pourrir sur place, soit être récupérées au bout de quelques semaines pour divers
usages (piquets pour faire grimper les pois et haricots, petit bois de feu). La taille des haies se
fait 2 à 4 fois dans l'année selon le climat et les espèces plantées.
Coût à l'entretien :
-Taille de la haie 2 à 4 fois dans l'année: 300 à 600 dh,
-Disposition des émondes sur la terre ou comme fourrage pour le bétail : 120 à 240 dh,
-Total : 400 à 800 dh.

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Avantages Inconvénients
-Technique ne nécessitant que peu de -Perte de 5 à 15 % de la surface cultivable,
terrassement, -Peut servir de refuge pour les insectes et
-Peu de transport de matière à part les animaux nuisibles,
boutures, -Entretien chaque année à l'occasion de la
-Peu de travail à l'installation (l0 à 30 JT/ha), taille.
-Remonte en surface les nutriments du sol,
-Augmente la biodiversité (cache pour
oiseaux),
-Introduit une nouvelle production (bois,
fourrage)
-Permet la formation de terrasses
progressives.

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 Les terrasses progressives.

Terrasses progressives.

 Description :
À la limite inférieure des parcelles cultivées, le cultivateur laisse généralement une bande
d'herbes sauvages pour ralentir les eaux qui ruissellent. Avec les années et le labour régulier,
la terre de la parcelle s'accumule en amont de cette bande enherbée, tandis que la charrue
gratte la base du talus précédent. En 4 à 10 ans, le talus s'épaissit de 1 mètre tandis qu'en
amont le sol s'amincit progressivement, repoussé par la charrue et par l'érosion vers le bas du
versant. C'est ainsi que se forment progressivement des terrasses. Il est possible d'accélérer ce
processus d'érosion aratoire, en installant en bordure de parcelle ou à 10-25 m les unes des
autres des doubles lignes d'herbes, d'arbustes ou d'arbres en courbe de niveau, entre
lesquelles on dispose des déchets de culture, des cailloux ou du paillage en guise de filtre. Les
herbes sont efficaces dès la première année. Les arbres et arbustes ont besoin d'une année
pour s'installer, mais l'addition de déchets organiques et minéraux accélère l'efficacité des
bandes d'arrêt pour former des terrasses progressives.
 Objectif :
La pente de la terrasse progressive, contrairement aux gradins, ne sera jamais horizontale, mais
elle sera réduite de 30 à 50 % de la pente initiale et formera une concavité qui favorise la
sédimentation des eaux de ruissellement. Le mouvement de l'horizon superficiel du sol
entraîne l'accumulation de bonne terre humifère vers l'aval de la parcelle et l'appauvrissement
de la partie haute. Il faut donc tenir compte de cette différence de fertilité du sol en choisissant
des cultures exigeantes près du talus (des arbres fruitiers par exemple) et des cultures
rustiques là où le sol est décapé progressivement: on peut aussi compenser par la fumure
organique ou un paillage cette perte de stock d'eau et de nutriments de la partie amont. Le
travail du sol se fait en courbe de niveau, en commençant à l'aval de la terrasse. Il est prévu en
bout de terrasse une zone où l'attelage ou le tracteur peuvent manœuvrer et grimper sur la
terrasse supérieure.
 Moyens et Coût :
-Ramassage des pierres et disposition le long des courbes de niveau : 5 dh/ml,
-Plantation des arbustes le long de la terrasse : 15 dh/ml,

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-Total pour un hectare : 2 000 dh/ha.
 Coût à l'entretien :
-Taille de la haie 2 à 4 fois dans l'année: 300 à 600 dh,
-Disposition des émondes sur la terre ou fourrage pour le bétail : 120 à 240 dh,
-Total : 400 à 800 dh.

Avantages Inconvénients
-Casse la vitesse du ruissellement et préserve -Perte de 5 à 10 % de la surface cultivable,
la fertilité du sol, -Peut servir de refuge pour les insectes
-Technique ne nécessitant que peu de nuisibles,
terrassement, -Un ruissellement trop abondant peut
-Peu de transport de matière à part les déborder et emporter la terrasse
boutures, progressive suivante.
-Peu de travail à l'installation (10 à 30 JT/ha),
-Augmente la biodiversité (cache pour
oiseaux),
-Introduit une nouvelle production (bois,
fourrage)
-Permet la formation de terrasses
progressives.

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3.1.3. Transport d’eau (Séguia)

 Séguia (Amazigh : Targa ; ‫)ساقية‬.

Séguia transportant de l’eau vers les parcelles


Séguia sortante d’un Ougoug
cultivées ou un bassin (Tamda)

Séguia entrante dans un bassin Séguia dans un champ de céréale donnant sur les
planches d’irrigation

 Description et objectif :
La séguia est un chenal de transport d’eau par gravité. La séguia principale transporte l’eau de
la source ou de l’Ougoug vers les parcelles cultivées ou un bassin (Tamda). C’est la séguia
entrante. Sur ces séguia sont installées des prises tout ou rien (TOR). Elles alimentent des
séguia secondaires irrigant les terres d’un groupe de paysans (lignage). En suite, ces séguia
secondaires sont partagées en séguia tertiaires amenant l’eau au niveau des parcelles. A
l’intérieur des parcelles, les séguia quaternaires donnent sur les planches d’irrigation. Les
séguia principales sont construites en béton. Un mètre linéaire coûte 250 dh. Les autres
séguias sont en terre et perdent beaucoup d’eau par infiltration. Cette infiltration permet de
faire pousser de l’herbe maintenue sur les bords pour produire du fourrage. Ces herbes
permettent de consolider les bords des séguia. Ces derniers peuvent jouer le rôle de limite de
parcelles et de propriétés.

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 Suivi et entretien :
Ses ouvrages nécessitent un suivi régulier. Les fissures et les cassures doivent être réparées.
Les fonds doivent être curés des algues et des sédiments apportés par érosion. Chaque année
avant la saison printanière, les fonds des séguias en terres doivent être nettoyés et les bords
reconstruits pour réduire les pertes en eau.
 Moyens et coût :
-Terrassement du lit de la séguia : 120 dh/ml,
-Ciment, sable et fer : 200 dh/ml,
-Assemblage et construction : 120 dh/ml
-Total : 500 à 600 dh/ml.

Avantages Inconvénients
Réduit les pertes d’eau entre la source et Pertes d’eau par les fissures et par
la parcelle, évaporation.
Permet de servir des parcelles lointaines,
Permet un partage clair d’eau entre les
usagers.

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3.1.4. Stockage d’eau (bassins/Tamda)

 Bassins de stockage d’eau (En Amazigh : Tamda, Iferd, Tafraout ; ‫)صهريج‬.

Bassin de stockage d’eau (Tamda)

 Description :
L’eau acheminée de l’Ougoug par la séguia est stockée dans un bassin appelé en Amazigh
Tamda ou Tafraout. Les anciens bassins sont creusés dans la terre ou la roche. Les parois
construites en pierres et cimentées par de la terre. Les fonds sont couverts par un dallage en
pierres taillées et rendues lisses puis couvertes d’un enduis en terre argileuse. Les récents sont
construits en béton armé. Les volumes sont variables selon les apports en eau de la séguia. Ils
sont conçus pour recueillir les eaux de toute une nuit (du coucher du soleil à la prière du Fajr -
lever du jour). Les anciens bassins ont été construits dans le cadre de la Twiza et les récents
par des entreprises spécialisées.
 Objectifs :
L’objectif de ces bassins est de stocker l’eau pour une meilleure gestion. Etant donné que les
eaux provenant des sources/Ougougs sont de faibles débits, les paysans préfèrent les stocker
durant la nuit (du coucher au lever soleil) et les utiliser durant la journée. Le volume d’eau
apporté par la séguia durant la nuit est ajouté à celui du jour et le débit d’irrigation est
augmenté. Ainsi, l’eau peut aller loin de la source dans des séguias en terre. Ces bassins

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permettent aussi de partager les eaux entre les ayants droits. Un tour d’eau séculaire règle ce
partage.
 Moyens et coût :
Un bassin de 1 000 m3 construit en béton et à l’entreprise coûterait environ 300 000 dirhams.
Les bassins anciens construits avec les matériaux locaux et dans le cadre de la Twiza
demanderaient pour le même volume d’eau 30 jours de travail pour un contremaître (120
dh/jour) et deux ouvriers (60 dh/jour). Le coût total serait de moins de 10 000 dirhams. Depuis
les années 1980, les paysans ne construisent plus les bassins en terre.
 Suivi et entretien :
Les Tamdas construits en béton sont très stables. Cependant, ils nécessitent des curages
réguliers à chaque fois qu’ils reçoivent des sédiments (après la saison des pluies). Les vannes
de prise d’eau (évacuation) et les échelles d’accès doivent être changées une fois
défectueuses.

Avantages Inconvénients
-Stockage de l’eau de la nuit pour être utilisée -Coût relativement élevé en béton,
le jour, -Nécessite un entretien régulier après les
-Réduit le temps de travail des paysans, pluies.
-Augmente le débit dans les séguias et permet
d’irriguer plus rapidement les parcelles,
-Permet à l’eau de la séguia d’aller plus loin
dans le territoire agricole,
-Permet de mieux gérer le volume d’eau
disponible entre les usagers.

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3.1.5. Usages de l’eau : irrigations

 Système d’irrigation (En Amazigh : Sakyi; ‫)سقي‬

Une parcelle d’orge divisée en planches. Des planches de cultures maraîchères.

Une planche de bersim submergée d’eau. Des planches de diverses cultures. L’irrigation sert
aussi aux oliviers.

Séguia et palnches d’irrigation avec diverses cultures.

 Description et objectifs :
L’irrigation est indispensable pour assurer une production végétale minimale et utile pour le
ménage (alimentations humaine et animale). Elle est souvent gravitaire en montagne. L’eau
est ramenée au niveau des parcelles/terrasses par un réseau de séguias. La terrasse est
subdivisée en planches d’irrigation par des billons (Abdou) faits à la sape. Ces planches sont de
dimensions faibles et variables selon le type de cultures et la quantité d’eau disponible : 1 m²
pour les cultures maraîchères à 10 m² pour les céréales. Les petites surfaces se remplissent
rapidement et on passe à une autre planche. Souvent les paysans apportent entre 50 et 100
mm de hauteur d’eau par irrigation. L’orge est irrigué 3 fois durant son cycle (6 mois) et
recevrait entre 150 et 300 mm/an. Le mais est irrigué 6 à 7 fois durant 4 mois et recevrait entre
300 et 700 mm. Les cultures maraîchères sont irriguées jusqu’à 12 fois durant 4 mois ; elles
recevraient entre 600 et 1 200 mm/an.
Les apports en eau sont à l’instant excessifs. Les pertes par infiltration sont importantes. Les
sols sont de textures sabloneuses et retiennent très mal l’eau. C’est à ce propos que les paysans
préfèrent apporter du fumier grossier qui permet d’améliorer la structure du sol et donc sa

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capacité de rétention de l’eau. En outre, les rotations d’irrigation sont très espacées, de 12 à
13 jours, ce qui handicape le développement des cultures durant la saison estivale.
 Moyens et coût :
La confection du réseau d’irrigation, séguia tertiaire ou quaternaire, planches et billons
nécessitent un sol bien travaillé, un nivellement des parcelles et un savoir faire en matière de
drainage en surface. Les fonds et les abords des séguia sont souvent tassés à la sape pour
réduire les infiltrations. Les parcelles sont ameublies pour augmenter l’infiltration de l’eau. Le
coût peut être exprimé comme suit :
-Confection du réseau des séguias dans la parcelle : 400 dh/ha,
-Confection des planches d’irrigation avec billonnage : 600 dh/ha,
-Total : 1 000 dh/ha.

Avantages Inconvénients
-Augmente la productivité des terres, -Perte d’eau par infiltration,
-Permet de diversifier la production au -Excès d’eau momentané pouvant entrainer
niveau des exploitations agricoles, un lessivage des éléments minéraux du sol,
-Permet un usage intense des terres et donc -N’est pas adapté aux endroits à ressources
valoriser les SAU limitées en montagne. hydriques limitées.

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3.2. GESTION DES TERRES
3.2.1. Techniques d’aménagement des terres

 Terrasses (Amazigh : Amalil ; ‫) المدرجات‬.

Terrasses avec murettes Terrasses de différentes dimensions

Terrasses avec talus enherbés

Différents types de terrasses.

 Description :
Les versants en pente sont transformés en une série de gradins formés d'un talus, protégé par
des herbes ou une murette en pierres, et d'un replat (sole) qui permet à la fois de stocker un
volume d'eau et de sol suffisant pour la croissance d'arbres fruitiers et le développement de
cultures intensives. La hauteur du talus est généralement comprise entre 1 et 3 m et la largeur
de la terrasse entre 1 et 10 m selon la pente et la couverture pédologique meuble. Le fruit du
talus (pente du talus par rapport à la verticale) est de l'ordre de 40 % s'il est nu, 20 % s'il est
protégé par de l'herbe et arbustes, et 10 % dans les cas des murettes en pierres sèches.
Ces investissements en terrasses sont entrepris sur ces versants pentus (pentes > 60 %) qui
peuvent être valorisés par l’irrigation. L’eau provient des sources et/ou des bassins (Tamda).
Les eaux sont dirigées vers ces terrasses en gradins par des canaux en terre battue (séguias).
La terrasse est structurée en planches. Les risques de glissement de terrain sont réduits par la

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plantation et le maintien d’arbres d’envergure (frênes, chênes verts, oliviers, etc.). Ces arbres
sont souvent placés sur les talus pour les renforcer. Le replat est généralement organisé en
planches à pente longitudinale faible (1%) et à légère contre-pente vers le talus, ce qui lui
permet d'évacuer les excédents d'eau lors des averses exceptionnelles (danger de ravinement
catastrophique).
 Objectifs :
Ces terrasses permettent d’offrir aux paysans un espace cultivable et assurer leur sécurité
alimentaire. Elles permettent de valoriser les eaux des sources et des Tamdas. Des cultures à
dominance de céréales y sont cultivées (orge, maïs). On y cultive aussi des légumineuses et
dans une moindre mesure du maraîchage. On y concentre la fumure organique disponible. Les
arbres à multi-usages (frênes, chênes verts, caroubiers) y sont conduits pour produire du
fourrage (feuillage), du bois de service et surtout contribuer à la stabilité des talus. Le frêne
joue le rôle de tuteur pour la vigne et des lianes fourragères (lierre).
Ces terrasses permettent de récupérer des eaux du ruissellement des impluviums de pistes et
terrains de parcours situés en amont, améliorer l’infiltration, réduire l'érosion du versant et
des débits de pointe de l'oued. Elles favorisent le stockage de la matière organique et des
nutriments dans le sol, l’amélioration de la couverture du sol, l’amélioration de la productivité
des terres, l’amélioration de la biodiversité et le stockage des pierres du sol sur les murettes.
Ces aménagements permettent aussi de marquer clairement la propriété du terrain, de
valoriser et de protéger des versants raides en montagne.
 Suivi et entretien :
Ces ménagements assez importants et structurants des versants nécessitent un suivi et des
opérations réguliers qu’on peut résumer en :
-Stabiliser les terrasses à chaque fois que c’est nécessaire en remontant les murs par
ajout de pierres,
-Entretien de la murette ou du talus, en particulier après chaque averse principale,
-Réparer les terrasses endommagées et replanter les végétaux,
-Protéger la partie aval de la terrasse par des pierres, du gazon ou des cultures afin
d’éviter le glissement de la terrasse vers le bas sous l’effet de l’érosion,
-Restaurer la fertilité du sol par apport de fumier et de NPK pour accélérer
l'intensification de la production.
 Moyens et coûts :
-Creusement des terrasses: 1 JT par mètre linéaire, soit environ 20 000 dh/ha (2 000
dh/khadam),
-Entretien des talus, fauchage des herbes, renforcement des points faibles avec des
cailloux: 10 JT/an.

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Avantages Inconvénients
-Permet de cultiver des pentes très fortes en -Possibilité de ravinement en cas de
zones semi-arides tout en évitant les risques débordement des eaux de pluie,
de glissement de terrain, -Handicapent la circulation des animaux et
-Valorisation de la terre par le déblaiement des outillages.
des grosses pierres de surface,
-Récupération des eaux et des sédiments à
partir d'un impluvium,
-Amélioration et diversification de la
production des terres.

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 Murettes en pierres sèches (Amazigh : Aderrass ; ‫)الجدران الحجرية‬

Murettes en pierres sèches.

 Description :
Les murettes sont construites le long des courbes de niveau avec les pierres ramassées dans
les champs. C’est un processus continu. Au départ, le paysan nettoie quelques pierres et les
arrange en cordons perpendiculaires à la pente. Au fur et à mesure que la terre est cultivée,
les pierres sont ramassées et remises sur les anciens tas. Après quelques années, ces cordons
deviennent des murettes de pierres d’environ 80 cm de hauteur et 50 cm de largeur. Elles ont
une base plus large que le sommet de quelques centimètres. Les pierres sont arrangées de
telles manières à éviter que les faces larges soient orientées vers le ruissellement. Parfois, la
base de la murette est aplatie pour lui conférer plus de stabilité. Elles ont un léger fruit vers
l’amont pour renforcer leur stabilité. Les espacements entre les murettes sont plus étroits sur
pentes fortes : 5 m sur des versants de plus de 60%, 10 – 15 m sur des versants de 15 – 30 %
de pente.
 Objectifs :
La construction des murettes sur une parcelle cultivée aux yeux du paysans permet d’abord
d’aménager une terre et la rendre facilement cultivable et plus productive. Elles permettent
surtout de casser la vitesse du ruissellement, améliorer l’infiltration de l’eau dans le sol et
stopper les sédiments. L’érosion hydrique se trouve réduite. Ces terrasses sont très utiles pour
la durabilité de la parcelle ; elles obligent le paysan à travailler le long des courbes de niveau.
Elles sont aussi des limites de parcelle et de propriété.
 Moyens et coût :
Leur confection nécessite principalement de la main d’œuvre. Les pierres sont déterrées du
sol, transportées puis assemblées pour construire un muret. Un ouvrier payé à 60 dh/J et nourri
(40 dh/J) peut faire 10 m linéaires par jour. Le coût total: 10 000 à 15 000 dh/ha.
 Suivi et entretien :
Les murettes sont contrôlées à chaque mise en culture des parcelles (labour), notamment en
automne. Les effondrements des pierres dus aux ruissellements ou aux passages des animaux
sont reconstruits. Les tunnels ouverts à leurs bases par les rongeurs sont comblés. Les pierres
déterrées par le labour sont rangées sur la murette.

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Avantages Inconvénients
-Les murettes en pierres sèches permettent -Le réseau des murettes handicape la
de valoriser la terre par le nettoyage des circulation à l’intérieur des parcelles.
grosses pierres, -Leur confection nécessite l’épierrage des
-Elles permettent de récupérer les eaux de terres et quand celle-ci est réalisée sur des
ruissellement et d’améliorer le bilan pentes fortes (plus de 30 %), il augmente les
hydrique du sol, risques d’érosion hydrique.
-Elles permettent de stocker les sédiments, -Elles nécessitent un entretien soutenu.
de réduire l’érosion des sols et d’améliorer -Le coût est relativement élevé (10 000 à
leur fertilité, 15 000 dh/ha).
-Elles améliorent la productivité des terres,
Elles permettent la réduction de la pente
générale du versant et sa reconfiguration en
terrasses,
-Elles améliorent le paysage.

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 Cordons en pierres sèches. (Amazigh : Aderrass ; ‫)الجدران الحجرية‬

Cordons en pierres sèches.

 Description :
Les cordons ont le même rôle que les murettes et sont disposés de la même manière sauf qu'ils
ne sont pas disposés en petits murs bien construits. Ce sont de simples rangées de pierres
empilées le long des courbes de niveau avec une base plus large. Ils sont construits sur les
terres pierreuses et à sols peu perméables tels que les flyschs quartzitiques et les marno-
calcaires et pour les sols peu profonds. Les cordons sont confectionnés sur des pentes faibles
(< 15%). Ils sont envisageables dans les zones à pluviométrie annuelle atteignant 500 mm/an.
De forme plus ou moins trapézoïdale, les cordons sont construits par empilement de pierres
sèches en ligne suivant les courbes de niveau. Les pierres doivent être disposées sur une assise
faite par un sous-solage pour plus de stabilité. La frondaison du cordon doit être inclinée d'au
moins 15 % vers l'amont.
Deux types de cordons sont envisageables :
-Le grand cordon est déployé sur des pentes comprises entre 6 et 15 %, avec une base
de 100 cm, une largeur au sommet de 50 cm et une hauteur d'environ 100 cm ;
-Le petit cordon est utilisé sur des pentes de moins de 6 % avec une base de 80 cm, une
largeur de 40 cm et une hauteur de 60 cm.
Pour permettre aux agriculteurs de circuler facilement et d'effectuer aisément les travaux dans
leurs champs, les éléments de cordons sont les plus recommandés. Disposées en quinconce,
les éléments de cordons peuvent avoir une longueur de 20 à 30 m.
 Objectif :
Les cordons et éléments de cordons en pierres sèches sont construits pour contrôler l’érosion
en réduisant la longueur de la pente, et pour augmenter l'infiltration des eaux de pluie en
cassant la vitesse du ruissellement. La collecte des pierres dans la parcelle permet d’améliorer
sa productivité et donc sa valeur.

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 Suivi et entretien :
L'observation des cordons après fortes pluies est nécessaire pour constater les ruptures
possibles, dans ce cas, l'entretien doit être fait immédiatement pour prévenir le
développement des ruissellements intenses sur les parties endommagées.

Avantages Inconvénients
-Les cordons permettent une valorisation -Les cordons nécessitent un entretien
des ressources en eau et la conservation des immédiat et régulier surtout sur des pentes
sols, fortes avoisinant 15 %,
-Ils sont pérennes si l'entretien est régulier, -Ils restreignent l’accès aux parcelles pour les
-Ils améliorent la production agricole surtout opérations de labour.
arboricole,
-Ils permettent d'utiliser les pierres dégagées
du champ quand il s'agit de terrain à forte
pierrosité.

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3.2.2. Travail du sol

 Labour selon les courbes de niveaux. (‫)الحرث وفقا لخطوط كفاف‬

Labour à l’araire en courbes de niveau.

 Description :
Le labour est une opération culturale qui consiste à travailler le sol à l'aide d'une charrue à
socs, à disques ou à dents avec une traction animale ou mécanique. Le choix des instruments
et les façons de labour doivent être raisonnés et adaptés aux conditions du milieu et aux
spéculations envisagées. La pente du terrain est le facteur du milieu le plus déterminant. Le
degré d'inclinaison (%) et la longueur (L) du terrain commandent la vitesse du ruissellement,
donc l’efficacité des eaux pluviales, et conditionnent les processus d'érosion du sol. Le
façonnement des sillons et des billions suivant les courbes de niveau augmente la rugosité de
la surface de la terre, réduit le ruissellement (augmente l’infiltration) et réduit sa vitesse
(réduire le décapage et le transport des sédiments). Cette technique est très efficace sur les
pentes entre 4 et 8% et pour les pluies d’intensité inférieure à 30mm/h.
 Objectif :
Le labour vise un ameublissement du sol et la création d'un état structurale favorable au semis,
à la germination et au développement racinaire. Le labour a pour but aussi le contrôle des
mauvaises herbes et l'amélioration des caractéristiques hydrodynamiques du sol. Le labour
perpendiculairement à la pente, en créant des sillons augmente la rugosité de surface et crée
des aspérités permettant un stockage des eaux du ruissellement. Le sol infiltre plus d’eau et le
bilan hydrique est amélioré. Le ruissellement est réduit. La technique du travail du sol selon les
courbes de niveau à pour but de réduire la vitesse de l'eau de ruissellement dans le champ,
atténuer le détachement et le transport des particules de la terre arable et des engrais et
améliorer l'esthétique du paysage des collines et des versants en pentes. La finalité de cette
technique est de contribuer à limiter l’érosion de surface du sol.
 Moyen et Coût :
Le coût habituel du labour à la charrue à disque est de 300 à 500 dh/ha. Il n’y a pas
pratiquement pas de coût supplémentaire entre le labour le long des courbes de niveau et
celui le long de la pente réalisé par le tracteur pour des pentes inférieures à 8%.

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Avantages Inconvénients
-Augmente la rugosité de surface et -Le labour le long des courbes de niveau
améliore l’infiltration de l’eau dans le sol, est une technique limitée aux pentes < à
-Réduit les pertes en eau pluviale par 8%.
ruissellement,
-Augmente les rendements des cultures,
Réduit la vitesse du ruissellement et donc
les risques d’érosion des sols,
-Atténue le détachement et le transport
des particules de la terre arable et des
engrais;
-Améliore l'esthétique du paysage des
collines et des versants en pentes.

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 Billons perpendiculaires à la pente.

Billons confectionnés le lond des courbes de niveau.

 Description :
Les billons sont des petits cordons en terre réalisés selon les courbes de niveau. Les eaux entre
les billons peuvent circuler librement ou être stockées quand les billons sont cloisonnés. Ils ont
une hauteur comprise entre 20 et 40 cm. Leur largeur à la base est variable, et peut parfois
atteindre 90 cm. Ils sont utilisés sur des pentes faibles (<12%).
Il y a divers types de billons : simples et cloisonnés. Les billons cloisonnés sont des petites
cuvettes de 2 à 10 m2 entourées par des billons de terre. Les billons peuvent également être
consolidés par des pierres quand la parcelle est située dans le lit de l’oued.
Les billons sont recommandés sur des sols profonds et perméables. Ils sont réalisables sur des
pentes faibles (< 12 %). Ils sont envisageables dans les zones ayant moins 300 mm/an. Les
billons sont très instables et nécessitent un entretien régulier.
La réalisation des billons se fait traditionnellement à la charrue tirée par deux bêtes. Elle se fait
suivant les courbes de niveau afin d’économiser le travail des animaux. Sur les parcelles
maraîchères, le travail se fait à la main. Les billons sont construits avec l’objectif de conduire
l’eau de cuvette en cuvette. Entre les billons, des cuvettes peuvent être confectionnées de
façon à optimiser l'utilisation de l'eau par les plantes, ce qui réduit également les risques de
ruissellement. Pour une pente de 15 à 20 %, la dimension moyenne est de 80 à 100 cm de haut
avec une emprise de 3 à 4 m et la distance entre billons est de 50 cm.
 Objectif :
L’utilisation des billons a pour objectif d’augmenter l’infiltration de l’eau et diminuer la vitesse
du ruissellement grâce à la rugosité apportée par ces éléments (et donc une diminution de la
quantité de sol érodé). Cet aménagement permet d’augmenter l’infiltration au maximum et
améliorer le bilan hydrique du sol. Ceci permet de cultiver de nombreuses cultures nécessitant
un apport d’eau important (maïs, luzerne).
 Moyens et coût :
La confection des billons peut être manuelle ou avec des charrues tractées (animale,
machines). C’est une opération qui suit le labour (ameublissement) du sol.

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Manuellement :
-Labour du sol : 15 HJ/ha = 900 dh/ha,
-Confection des billons : 10 HJ/ha= 600 dh/ha,
-Total : 1 500 dh/ha ;
Avec machine :
-Labour : 400 dh/ha,
-Confection des billons : 300 dh/ha,
-Total : 700 dh/ha.
 Suivi et entretien :
Les billons confectionnés pour une compagne agricole nécessitent d’être suivis après les pluies
intenses pour combler les brèches creusées par le ruissellement excessif.

Avantages Inconvénients
-Concentration de l'eau dans les cuvettes, ce -Augmentation des risques d'érosion en cas
qui améliore l’infiltration et le stockage de de mauvaise application ou de fortes pluies,
l'eau dans le sol, -Forte sensibilité aux excès d’eau due aux
-Augmentation et stabilisation des orages intenses,
rendements par unité de surface cultivée, -Difficulté de réalisation sur des pentes
-Ralentissement du ruissellement par une supérieures à 12 %.
augmentation de la rugosité du sol,
-Double culture possible dans le fond des
cuvettes et sur les billons suivant l’exigence
des plantes en eau.

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 Semis direct. (‫)الزرع المباشر‬

Semis direct de maïs. Semis direct de blé tendre

 Description :
Le semis direct est un système conservatoire de gestion des sols et des cultures, dans lequel la
semence est placée directement dans le sol qui n'est pas travaillé. Les opérations se limitent à
l’ensemencement de la culture. Le remaniement mécanique du sol est confiné à la seule
implantation de la semence. L'élimination des mauvaises herbes, avant et après le semis et
pendant la culture, est faite avec des herbicides, les moins polluants possibles pour le sol qui
doit toujours rester couvert.
Les techniques de semis direct sont compatibles avec tous les types de mécanisation, du simple
outil à main aux machines utilisant l'agriculture de précision. Un semoir semis direct est
généralement composé de trois types d’organes: organes ouvreurs ou coutres, organes
semeurs et roues tasseuses. Les coutres tranchent les résidus et travaillent le sol en avant des
ouvre-sillons et des injecteurs d'engrais. De tels coutres tranchent les résidus et peuvent aussi
travailler une étroite bande de sol à l'avant des ouvre-sillons. La profondeur de travail de ces
coutres ne devrait pas excéder la profondeur nécessaire au semis. Ces disques préparent le lit
de semences.
Les organes semeurs (dispositif de mise en terre) positionnent la graine en fond du sillon. Ils
sont soient des disques, des socs, des rasettes ou des cross-lots. Les roues tasseuses dites aussi
dispositif de rappui et de fermeture du sillon ont pour rôles de couvrir (fermer) le sillon, limiter
la profondeur de semis et améliorer le contact sol-graine. Ce sont les éléments de finition du
lit de semis.
 Objectif :
Le système de semis direct se construit autour de la mise en œuvre de 3 grands principes de
gestion des agrosystèmes :
-Perturbation minimale du sol : Le sol et la litière sont perturbés au minimum ; ils ne
sont donc pas travaillés. Le semis est réalisé directement à travers la couverture
végétale en perturbant et en découvrant le sol au minimum (3 à 10 % en fonction de la
maîtrise et de la nature des outils de semis direct) par ouverture de poquets (semis

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manuel) ou de lignes (semis mécanisé). La faible perturbation du sol est favorable au
développement de l’activité biologique, ralentit la minéralisation de la matière
organique et permet de maintenir la couverture végétale ;
-Protection du sol via le maintien d’une couverture végétale permanente en surface :
Le sol est maintenu en permanence protégé sous une épaisse couverture végétale qui
peut être morte (les résidus de récolte, les adventices et/ou les plantes de couverture
sont totalement contrôlés avant la mise en place de la culture) ou maintenue vivante
(une couverture végétale pérenne est simplement contrôlée le temps de la culture,
sans être tuée, ce qui lui permet de poursuivre sa croissance après la récolte de la
culture). Cette couverture végétale protège le sol contre l’érosion, entretient des
conditions favorables au développement d’une activité biologique intense et contribue
à réduire la pression des adventices ;
-Diversification des rotations et associations de cultures - Produire et restituer au sol
une forte biomasse par associations/successions d’une diversité de plantes aux
fonctions multiples : Pour réaliser des semis sans travail du sol, des semoirs
(planteuses) adaptés sont nécessaires. Il y a deux grands types de semoirs : les semoirs
à distribution volumétrique pour les céréales à paille et les cultures à petites graines et
les semoirs à distribution monograine pour les cultures en lignes (mais, tournesol, soja,
etc.).
 Moyens et coût :
Le matériel spécial du semis direct (le semoir) est plus coûteux comparativement au matériel
du travail du sol conventionnel. Un semoir couterait environ 300 000 dh, amortissable en 12
ans. Un hectare semé reviendrait environ à 5 000 dh.
Avantages Inconvénients
-Les résidus de récolte protègent le sol -Demande beaucoup d’implication et une
contre l’érosion hydrique et éolienne, certaine volonté de changement de la part
-Réduit le besoin en intrants (engrais, des agriculteurs,
produit phytosanitaire, carburant), -L’utilisation des résidus et de la paille pour
-Permet d’atténuer la consommation l’alimentation animale concurrence leur
d'énergie à hauteur de 70 % et utilisation comme couverture végétale,
d'économiser sur les intrants, -Difficulté de maîtriser la propagation des
-Permet une restauration de la matière mauvaises herbes,
organique du sol, -La pratique du semis direct requiert une
-Améliore la structure du sol et permet technicité spécifique, nécessitant une
ainsi de stocker plus d'eau et d’avoir une période de transition à la fois pour le sol et
activité biologique plus intense, pour l’agriculteur.
-Permet de préserver l’intégrité physique
du sol, de conserver, enrichir et développer
la fertilité chimique et biologique de la
terre.

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3.2.3. Gestion de la fertilité des sols

 Fumure organique des sols (Amazigh : Amazir ; ‫)غبار‬

Tas de fumier sur la route Fumier déposé sur parcelle en préparation du labour
printanier

Epandage de fumier sur parcelle avant labour. Fumier déposé sur parcelle en préparation de labour
printanier.

 Description et objectifs:
Le troupeau est maintenu dans l’exploitation agricole parce qu’il sert de caisse d'épargne (lait,
viande) et il produit du fumier. Cependant, on constate que les agro-éleveurs accordent peu
de soin à la production d'un fumier de qualité: la litière et les déchets de l'exploitation sont
généralement entassés au bord d’une piste ou d'un ravin ensoleillé. Les fèces ne fermentent
pas suffisamment. Le fumier perd son humidité (70%) et devient plus légers à transporter vers
les champs, mais il aura aussi perdu une bonne partie de l'azote, du carbone et de la potasse.
De plus, il véhicule des maladies, des graines d'adventices et des germes contaminant le sol.
Comme le système d'élevage est extensif, avec une complémentation, le fumier produit est
mélangé avec des déchets organiques frais, nécessitant alors toute une technique de
compostage que les paysans ne maîtrisent pas encore, ce qui réduit la qualité du fumier
produit. Presque tous les paysans ajoutent les résidus de la maison (balayures, épluchures,
vêtements) sur le tas de fumier. Ils n’utilisent pas de vraies fosses compostières remplies des
résidus de récolte, des cendres et d'autres déchets organiques. Avec les pluies abondantes en

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hiver, les nutriments solubles sont lessivés. Avec la sécheresse en été, la fermentation se fait
difficilement si l'on n'apporte pas un complément d'eau déjà si rare à cette époque.
On estime qu’une vache laitière produirait 7 t de fumier par an. Pour produire la même
quantité avec les caprins, il faudrait 7 à 10 chèvres ou brebis.
Le transport du fumier du lieu de stockage aux champs pose beaucoup de difficultés car il s'agit
de quantités importantes, 1 à 8 t/ha à déplacer sur des terrains. Le transport sur les sentiers
muletiers restreint forcément l'usage de la fumure organique aux champs voisins des étables
et aux petites parcelles maraîchères irriguées et exploitées le plus intensément.
Le fumier transporté à dos d’animal (mulets, ânes) est déposé sous forme de petits tas sur les
parcelles et terrasses souvent au début des périodes des labours d’automne (octobre-
novembre) et de printemps (mars-avril). Avant le travail du sol à l’araire, il est étalé sur la
surface puis mélangé au sol par le labour.
 Objectif :
Les terres cultivées nécessitent des apports importants en fumier pour maintenir un degré de
productivité acceptable. Le fumier grossier (bovins, équidés) permet d’améliorer les structures
des sols et donc leurs capacités de rétention en eau. Le fumier fin (caprins, ovins), riche en
azote permet d’apporter les éléments nutritifs aux plantes. Les paysans mélangent les deux
avant de les étaler sur les sols : 2/3 grossier et 1/3 fin. Le fumier est apporté au moment des
labours et deux fois par an, en automne pour les cultures hivernales et en printemps pour les
cultures printanières.
Les fumiers de bonne qualité sont rares, mais leur influence favorable sur les rendements, leur
restitution progressive des nutriments, leur effet positif sur le pH et les autres caractéristiques
physiques du sol sont bien connues des paysans. Sur des sols sablo-limoneux, les paysans sont
convaincus que sans fumure organique il n’y pas de production.
 Moyen et coût :
La production du fumier est très variable selon les animaux et selon les régions du Royaume.
En moyenne, un bovin produit 25 kg/jour, un ovin ou un caprin 2 kg/jour et un équidé 20
kg/jour. Il a été estimé qu’un hectare cultivé en céréales nécessiterait environ 7 à 10 tonnes
de fumiers par an. Cultivé en maraîchage (tomate, pomme de terre), cette quantité pour aller
jusqu'à 40 tonnes/ha/an selon la nature du sol. Les prix de vente des fumiers sont très variables
selon leurs qualités, de 100 à 200 Dirham la tonne. La fumure d’un hectare couterait entre :
-Cultivé en céréales : 700 à 2 000 dh/ha/an,
-Cultivé en maraîchage : 4 000 à 8 000 dh/ha/an.

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Avantages Inconvénients
-Augmente la teneur en matière du sol, -Il ramène des mauvaises herbes à la parcelle
-Améliore la structure du sol, cultivée,
-Augmente la résistance du sol à l’érosion -Il contient parfois des éléments polluants
hydrique, (plastic, tôles, piles électriques, etc.).
-Améliore sa capacité de rétention en eau,
-Améliore la fertilité du sol,
-Augmente la productivité des sols
(rendements des cultures).

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3.2.4. Techniques culturales

 Bandes enherbées.

Génération d’une bande enherbée suite à la plantation d’oliviers

 Description :
Les bandes enherbées sont des bandes de terre, établies le long des lignes de plantations
d’oliviers. Elles ont une largeur de 1,5 à 2 m. Elles sont utilisées essentiellement pour briser le
ruissellement et par conséquent diminuer l’érosion des sols et améliorer ses conditions
d’humidité. La stabilité des bandes enherbées est assurée par la colonisation d’une végétation
herbacée. Les racines de ces herbacées fixent le sol et le consolide. Elle peut aussi être assurée
par l’implantation de cultures très rentables, telles que les plantes aromatiques et médicinales.
Les bandes enherbées sont installées perpendiculairement au sens du ruissellement, le long
des plantations d’oliviers disposées sur les courbes de niveau. Afin de se doter d’une stabilité
appréciable et jouer pleinement leur rôle de conservation des eaux et des sols, elles doivent
être uniquement déployées sur des terrains dont la pente est faible (moins de 12 %) et où
l’érosion en rigoles est absente. Les bandes enherbées peuvent être mises en place dans la
plupart des sols à condition d’être suffisamment profonds. Les sols peu profonds et à texture
très légères sont à éviter. Le choix des plantes se fait en fonction des utilisations souhaitées
par les paysans. Elles peuvent être plantées soit par semis soit par repiquage.
Les bandes enherbées se forment progressivement dans le temps. On démarre souvent avec
un espace équivalent à la largeur des cuvettes des arbres plantés. Par la suite avec
l’accumulation des sédiments, il y a plus de terre et elles deviennent plus hautes. Ainsi avec le
temps, elles constituent un talus enherbés stabilisés par les arbres. La forme rectiligne du
versant se transforme en escalier. Il est ainsi stabilisé durablement.
 Objectif :
Les bandes enherbées constituent une mesure antiérosive pas trop chère. Elles jouent un rôle
de conservation des eaux et des sols en freinant le ruissellement des eaux lors des fortes pluies.
Elles permettent l’accumulation des eaux pluviales à l’amont et favorisent leur infiltration et la
sédimentation et de ce fait diminuent l’érosion des sols.

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 Moyens et coût :
L’installation des bandes enherbées ne demandent pas d’investissement. Elles sont exigeantes
en soins apportés aux arbres (oliviers), à l’herbe planée et au maintien de la barrière au
ruissellement.
 Suivi et entretien :
Les bandes enherbées nécessitent un remplacement régulier des plants morts. En effet, il faut
remplacer les souches d’herbes mortes et combler le vide pour que la bande enherbée reste
dense et continue. Ainsi, elle restera efficace contre les débordements des eaux de pluie. De
même, après trois mois, cette herbe peut être fauchée pour nourrir les animaux. Cependant,
la bande devra être renouvelée tous les trois ou quatre ans pour qu’elle conserve toutes ses
propriétés en limitant son pouvoir d’interception du ruissellement et favorisant par la suite la
formation de rigoles de part et d’autre de l’enherbement.

Avantages Inconvénients
Mise en œuvre facile, Nécessitent des entretiens fréquents,
Augmentent les réserves en eaux du sol, particulièrement le désherbage autour des
Diminuent l’érosion hydrique du sol, arbres,
Permettent le développement d’herbes Peuvent concentrer les eaux de
nécessaires à l’alimentation des animaux, ruissellement et déclencher l’érosion en
Procurent une source de revenu rigoles.
supplémentaire quand elles sont plantées
par les plantes aromatiques et médicinales
(PAM).

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 Cultures de couverture.

Couverture de la surface du sol par des herbes (mauvaises ou cultivées).

 Description :
Les plantes de couverture sont des plantes (ou un mélange de plantes) semées après ou
pendant la croissance de la culture principale et dont l’objectif est de couvrir le sol et le
protéger. Elles ne sont pas récoltées mais retournées au sol comme engrais vert afin
d’augmenter le taux de matière organique et améliorer le rapport C/N. Les plantes de
couvertures peuvent être des plantes semées ou spontanées introduites dans les rotations des
cultures ou maintenues en permanence à la surface du sol. L’un des principes des cultures de
couverture, c’est de maintenir une couverture végétale totale au sol, si possible, et de manière
continue. Les systèmes sous un couvert permanent minéralisent lentement une grande
quantité de biomasse et produisent beaucoup plus d’humus.
Les plantes de couvertures peuvent être regroupées en deux catégories : (1) les plantes
annuelles qui sont cultivées en dehors de la saison culturale et qui sont éliminées avant la
plantation de la culture principale ; et (2) le paillis vivant qui pousse au même moment que la
culture principale pendant tout ou une partie de la compagne agricole. Les plantes de
couverture qui sont éliminées avant la mise en place de la culture principale influencent le
contrôle des adventices et leur installation.
 Objectif :
Les cultures de couverture incluant les herbacées, les légumineuses et les graminées
permettent d’assurer une couverture saisonnière du sol et jouent un rôle dans la conservation
des eaux et des sols. En semis direct, l’implantation d’une culture de couverture a pour but
d’entretenir, le plus longtemps possible, un système racinaire vivant dans le sol.
L'importance des cultures de couverture dans la lutte contre l'érosion hydrique est largement
admise. À court terme, la végétation influence l'érosion en interceptant les gouttes des pluies
et en protégeant la surface de sol de leurs impacts (splash) et en bloquant le ruissellement. À
long terme, la végétation influence les flux d'eau et des sédiments en augmentant la stabilité
des agrégats du sol et leur cohésion aussi bien qu'en améliorant l'infiltration de l'eau. Elles
améliorent les caractéristiques physiques et chimiques du sol.

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 Moyens et coût :
La mise en place des cultures de couverture doit être raisonnée pour que le sol soit
convenablement protégé pendant les périodes critiques d'érosion. Leur installation peut être
soit naturelle (herbes spontanées) soit semée. Sous vergers (oliviers) les mauvaises herbes sont
laissées à pousser pour atteindre une densité convenable protectrice de la surface du sol. Les
cultures de couverture semées nécessitent souvent une préparation du lit de semence et des
graines. Le coût de leur installation comprendrait :
-Le travail du sol : 300 à 500 dh/ha,
-Les semences (1 à 2 qx) : 700 à 1 500 dh/ha,
-Total : 1 000 à 2 000 dh/ha.

Avantages Inconvénients
-Réduisent l'érosion hydrique, -Constituent un réservoir de graines de
-Protègent le sol physiquement contre les mauvaises herbes.
gouttes des pluies et contre le soleil,
-Augmentent le taux de matière organique
dans le sol,
-Favorisent une bonne structuration du sol,
-Capturent et recyclent les nutriments dans
le profil de sol,
-Favorisent la fixation biologique d'azote,
-Favorisent la diversité biologique,
-Fournissent des fourrages supplémentaires,
-Améliorent le bilan hydrique du Sol,
-Améliorent la productivité des terres.

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3.2.5. Techniques agroforestières (Association arboriculture / cultures)

 Technique agroforestière : Association cultures / arbres fruitiers

Association noyer/orge Association pommier/verveine

Association pommier/cultures maraîchères Association olivier/iris

Frênes porteurs de liannes fourragère et de vigne


Association pommier/iris
sur talus de la terrasse
Quelques techniques agroforestière dans les montagnes marocaines.

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 Description :
>Aspects historiques : La valorisation des versants en pente en intégrant arbres,
cultures et élevages est très ancienne. Elle pourrait dater des périodes où les éleveurs
transhumants entre le versant nord-ouest humide et les zones désertiques du sud-est (Sahara)
ont commencé à chercher des compléments alimentaires à leurs troupeaux. La dualité entre
droit coutumier (Orf) et droit moderne a été à l’origine d’un processus de défrichement et de
mise en culture des terres forestières assez important. On y observe une multitude de parcelles
agricoles avec des arbres forestiers gardés pour les besoins fourragers (feuillage), de bois de
feu ou de bois services. La sédentarisation des éleveurs dans les vallées, sur les terres riches et
à proximité des sources et des oueds a été accentuée. La démographie conséquente a
engendré une occupation et une valorisation progressive des terres en pentes et toujours
dominées par les séguias (conduits d’eau pour l’irrigation). Des aménagements fonciers
colossaux et collectifs ont été entrepris par les paysans dans le cadre des organisations
communautaires « les Jmaâ » des douars (Twiza). Des versants en entiers ont été aménagés
en terrasses (méditerranéennes). L’investissement en travail (communautaire ou familial) est
favorisé par la disponibilité de la ressource eau provenant des sources. Ces aménagements
fonciers ont été valorisés par la plantation d’arbres fruitiers. En plus des noyers historiques,
d’autres espèces ont été introduites et étendues progressivement. Dans les zones fraîches en
altitudes (> 1400m), le pommier et le noyer occupent une large partie de ces espaces. Dans les
basses altitudes (<1700m), l’olivier est planté.
Le développement de cette arboriculture productive a apporté une plus-value importante au
travail des paysans et donc des revenus plus élevés et plus stables. L’arboriculture associée à
des cultures en sous étage sur aménagement foncier (terrasses) a envahi les versants et a
valorisé le travail des paysans. La dynamique socioéconomique que connaît actuellement les
montagnes marocaines (Moyen Atlas, Haut Atlas) induit une réduction importante de la
pression animale sur les espaces pastoraux. Les écosystèmes dégradés de chêne vert,
genévriers et thuya commencent à se régénérer.
>Structure : Les systèmes agroforestiers « Agrosylvicoles » correspondent à des
parcelles agricoles, cultivées et plantées avec des arbres fruitiers, forestiers ou semi-
forestiers (olivier, pommier, noyer, peuplier, chêne vert, caroubier). Dans les parcelles
plantées en arbres fruitiers, les cultures céréalières (orge, blé tendre), légumineuse (petit pois,
haricot), fourragères (luzerne, bersim) et maraîchères peuvent être cultivées en sous étages
est conduites en allées (alley croping). Sur les fortes pentes, les terrasses sont étroites et les
arbres sont plantés sur les bords (murettes, talus) pour renforcer leur stabilité et surtout laisser
un peu d’espace pour les cultures et réduire les effets de l’ombrage et de la concurrence vis-
à-vis des éléments nutritifs et l’eau. Les arbres naturels issus des forêts défrichées (chêne vert,
frêne), sont volontairement laissés sur les limites des parcelles ou des propriétés. Ils offrent
aussi des appuis et renforcements aux murettes et talus des terrasses. Certains sont laissés à
l’intérieur des parcelles. Ils sont traités pour fournir des perches, des poutres, du fourrage

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(feuillage) et du bois de feu. Les frênes et les chênes verts dispersés sur les terrasses sont
conduits en arbres fourragers et sont traités en têtards. Les arbres sont conduits de telle
manières à produire (bois service, fourrage) en occupant le moins d’espaces (ressources en
terres limitées) et en présentant le moins de concurrence pour les cultures (eau, nutriments).
>Aspects de gestion : Les plantations d'arbres fruitiers sont souvent à forte densité. Les
arbres, plantés dans des trous de 50 x 50 x50 cm, ne suivent pas de disposition régulière. Ils
sont généralement plantés sur le bourrelet, mais parfois en bas du bourrelet en aval et même
au fond du gradin. Durant leur jeunes âges (5 ans), avant l’installation d’une ombre dense, les
cultures sont associées en intercalaire. Dans les vergers anciens, les arbres sont rarement
taillés et traités contre les maladies et ravageurs. L’introduction de l’arboriculture sur terrasses
a multiplié les revenus par dix fois.
La succession des cultures sous étages suit une chronologie particulièrement adaptée au
système agraire mixte où la production animale continue à être importante, notamment pour
le cash de la trésorerie. Durant la saison hivernale (octobre-avril), les parcelles sont emblavées
en céréales pour la production de grains (consommation humaine et animale) et de paille.
Durant la saison estivale (juin-septembre), les cultures fourragères (maïs, bersim) constituent
l’alimentation essentielle de l’élevage en stabulation (vache laitière, engraissement). Durant la
courte période entre ces deux saisons les parcelles sont mises en jachère. Depuis quelques
années, certaines plantes aromatiques et médicinales (PAM) commencent à se développer:
iris, verveine, ail, safran, etc. Leur apport au revenu de l’exploitation est extrêmement
important. Ces plantes trouvent aussi leur place dans l’exploitation agricole paysanne du fait
que les paysans prennent le soin de diversifier leurs cultures pour réduire les risques liés aux
attaques parasitaires, aux aléas climatiques (sécheresse) et aux variations des prix dans le
marché. Les cultures maraîchères sont réservées à certaines petites parcelles proches des
maisons pour être gardées. Les paysans y cultivent des légumes de toutes sortes (haricots,
petit pois, carotte, navet, oignon, ail) et des plantes à usages domestiques (menthe, absinthe).
Les parcelles sont travaillées deux fois par an. La première en automne (fin septembre) et la
seconde en fin du printemps (juin) pour la préparation des lits de semences respectivement
pour les cultures hivernales (céréales) et les cultures printanières (maïs). Les sols étant
appauvris par une mise en culture assez intensive, avant chaque labour, les paysans étalent
du fumier à raison de 6 tonnes/ha/an. Ce fumier est produit dans l’exploitation par les animaux
qui pâturent en forêts (caprins, ovins) ou en stabulation (bovins, équidés). Ceci constitue un
transfert de fertilité des terres pastorales vers les terres cultivées (terrasses). Son processus de
fabrication traditionnel (à l’air libre) fait de lui un fumier de mauvaise qualité. Le travail du sol
est soit à l’araire (traction animale) soit manuel (houe). Il est peu profond, au maximum 15 cm.
Les paysans sont obligés d’ajouter des engrais minéraux (N, P, K) achetés dans les marchés
locaux. Au moment du premier labour (fin septembre), ils mettent des engrais de fond
(Phosphore et potasse). Les engrais azotés sont donnés en fin hiver-début printemps (février,
mars). Les arbres et les cultures sont irriguées plusieurs fois par an et essentiellement durant
la saison estivale entre mai et septembre : arbres fruitiers une fois tous les 24 jours, les

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légumineuses une fois tous les 12 jours, les maraîchages une fois tous les 7 jours. Le système
d’irrigation est gravitaire. Les pertes en eau sont très importantes.
 Avantages :
>Produits : La production dans ces systèmes agroforestiers est très diversifiée et est
étalée sur toutes les saisons de l’année. La production végétale principale tourne autour de :
- Grains de céréales pour l’alimentation humaine (fabrication de pain, aliment de
base) et animale. La production est souvent autoconsommée. Les ventes sont rares,
sauf en période de crise. Les rendements sont relativement faibles vues les
conditions de fertilités des sols, l’origine locale des semences et du mode de
conduite des cultures (manques de traitements phytosanitaires). La culture des
céréales vise aussi la production de fourrage pour les animaux (herbes, paille). Les
rendements à l’hectare sont en moyenne de 8 quintaux pour le blé dur, 7 quintaux
pour l’orge et 5 quintaux pour le maïs ;
- Grains et gousses des légumineuses destinés essentiellement à
l’autoconsommation humaine (gousses vertes). Les fèves (graines) sont données
aussi aux animaux en engraissage (veau et agneau de l’année). Le rendement
moyen de la fève, pois chiche, lentille et petit pois sont respectivement de 8, 6, 6
et 7 quintaux/ha. Ils sont comparables aux moyennes nationales ;
- Les produits maraîchers : ces cultures sont très limitées et sont destinées à
répondre en partie au besoin des paysans à l’exception de la pomme de terre. Cette
dernière cultivée sur les terrasses en altitude constitue un apport important au
revenu de l’exploitation. En effet, une parcelle d’un Khadam (1/10 ha) peut
produire 1,5 à 5 tonne/an. Avec un prix au marché qui varie de 3 à 4 dh/kg, un
Khadam peut apporter entre 4 500 à 20 000 dh à la trésorerie du paysan ;
- La production fruitière des arbres : les pommes sont destinées au marché. La
production est vendues localement à des grossistes qui la stockent et la conduisent
par la suite aux marchés régionaux. Un verger de 10 arbres de rosacés contribue à
hauteur de 6 000 dh/an au revenu du paysan. L’association des arbres fruitiers à
des cultures en intercalaire (verveine) peut multiplier la valeur de la production
végétale par 12 fois comparativement aux céréales ;
- La production en foin est essentielle pour l’équilibre des exploitations. En effet, le
cheptel constitue un élément important dans le maintien d’une trésorerie fluide
durant l’année pour les travaux agricoles et pour les besoins du ménage.
L’alimentation du bétail est assurée par les prélèvements directs en forêt
(parcours), par les cultures fourragères (luzerne, bersim, maïs), par les céréales
(paille, son) et par les arbres à usages multiples maintenus dans les parcelles pour
cette fin (frênes, chênes verts) ;
- La production en bois de feu et de service : la taille des arbres (olivier) fourni une
quantité importante en bois de feu. Les arbres à usages multiples fournissent des
perches et du bois pour la fabrication des outils agricoles (manches, araires). Les

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peupliers conduits dans les agdals privés fournissent des poutres pour la
construction des toits des maisons ;
- Les plantes aromatiques et médicinales (PAM), de plus en plus conduites en sous
étages dans les vergers, commencent à transformer les utilisations des terrasses.
Les exemples les plus prometteurs sont la verveine, l’ail et l’iris. Les productions
sont vendues à l’état brut.
Chez les paysans qui conduisent ce système agroforestier, l’amélioration de la production et
sa diversification contribuent à améliorer le revenu des exploitations et ont un impact
considérable sur la famille : disponibilité de plus de temps chez les femmes pour s’occuper du
ménage, possibilité de scolarisation des enfants et notamment les filles, améliorer la sécurité
alimentaire, création d’activités génératrices de revenus et donc la réduction de l’exode des
jeunes vers les villes à la recherche d’emplois. Un développement rural durable basé sur des
innovations agroforestières peut donc démarrer dans certaines vallées.
>Services environnementaux : La cassure des pentes (aménagements fonciers), le
maintien d’un couvert végétal permanent, la collecte des eaux de ruissellement (avec leurs
sédiments) et la confiscation d’un réseau de drainage bien stable permettent de :
- améliorer l’infiltration des eaux de pluie ;
- réduire le ruissellement, facteur principal de l’érosion des sols ;
- augmenter le stockage de l’eau dans le sol et améliorer son bilan hydrique et donc
plus d’eau disponible pour les cultures et les arbres (eau verte) ;
- réduire les risques de crues et donc favoriser la stabilité des terrasses agricoles dans
les vallées ;
- protéger le sol contre l’érosion hydrique par le couvert végétal maintenu à sa
surface ;
- stopper la progression des sédiments venant de l’amont des versants et donc
stocker plus de fertilité et de carbone ;
- contribuer à la réduction de l’envasement des barrages en aval de oued Rdat;
- augmenter le taux de matière organique dans le sol et donc améliorer son
agrégation, sa résistance à l’érosion, sa fertilité et donc sa productivité ; et
- augmenter le stock de carbone dans le sol et contribuer à la réduction des gaz à
effet de serre.
 Moyens et coût :
Ce système agroforestier est très exigent en main d’œuvre et en habilité (qualification). Les
aménagements des terres (construction des terrasses) demandent entre 300 à 1500 jours de
travail par hectare selon la pente, la nature du substrat et le type d’ouvrage. Leur entretien
après les pluies requiert 10 jour/ha/an. Le travail du sol nécessite 10 jours/ha/an. La plantation
des arbres 10 jours/ha/an. Leur taille une fois tous les ans nécessite 7 jours/an pour tailler 100
arbres. Les paysages qui façonnent les vallées de la montagne ont fait travailler plusieurs
générations et sont dont un patrimoine d’humanité à conserver.

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3.3. GESTION DU COUVERT VEGETAL
3.3.1. Gestion des forêts et des arbres hors forêts

 La mise en défens (ou mise en repos) (Amazigh : Azeyn, ‫)محمية‬


 Description et objectifs :
Il s'agit d'une mise au repos de terrains dégradés pour réaliser divers objectifs:
-durant quelques mois pour permettre la croissance du fourrage, la récolte des fruits
(arganiers), la croissance des jeunes arbres (plantations) ;
-durant quelques années pour surmonter la dégradation du couvert végétal et du
couvert herbacé puis arboré et, indirectement, pour restaurer la fertilité physique,
chimique et biologique du sol.
Du point de vue des utilisateurs, c'est une technique de gestion durable de la biomasse mais,
pour l'aménagiste, la mise en défens a des conséquences sur la gestion de l'eau, sur la
séquestration du carbone, sur la protection et de la restauration du sol et du paysage. Cela va
se traduire par cinq situations:
-en milieu cultivé, une jachère de 5 à 15 ans va réduire la pression des adventices et
des nuisibles, couvrir le sol d'une litière, réduire l'érosion et restaurer la fertilité des
sols, en particulier en améliorant le stock de matières organiques de l'horizon
superficiel, la stabilité de la structure, la macroporosité, l'infiltration et les activités de
la faune fouisseuse (vers, termites et fourmis) ;
-en milieu de parcours collectif, l'agdal suit une décision communautaire de mise en
réserve durant 3 à 6 mois d'une aire de parcours pour permettre la croissance des
herbes fourragères, en particulier des graminées pérennes;
-sur prairie individuelle, c'est la mise en réserve durant une saison pour favoriser le
développement du maximum de biomasse utile pour le troupeau;
-en milieu forestier domanial, où il existe un droit d'usage de parcours, le forestier
représentant l'État a aussi la possibilité de mettre en défens un versant dégradé en vue
de réhabiliter le milieu (végétation, faune, sol) et aussi de protéger les jeunes
générations d'arbres et les nouvelles plantations (grillage). En compensation du droit
de parcours, l'État verse à la communauté 250 dh/ha/an de mise en défens.
 Moyens et coûts :
-En milieu cultivé, délimitation par chaulage des grosses pierres, mottes et arbres : 10
dh/ha/an,
-En forêt domaniale, clôture autour des plantations (piquets et barbelés) : 5 000 dh/ha,
-Sur prairies privées, délimitation de la parcelle par haies, cordons de pierres, murettes.
 Suivi et entretien :
-En forêt domanial, un gardien avec un salaire d’environ 1 500 dh/mois soit 90 000 dh
pour 5 ans de mise en défens,
-En parcours collectif, pas de gardien, mais surveillance par la population, amende de
500 dh en cas de non respect de la mise en défens,

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-En terrain privé, pas de gardien mais la population assure la surveillance de la faune.

Avantages Inconvénients
-Moyen très efficace pour lutter contre -Réduction de la surface et la durée du
l'érosion et le ruissellement, et bon marché parcours,
si toute la population assure le gardiennage, -Peut augmenter les risques de feu de
-Moyen indispensable pour protéger la brousse,
régénération des arbres en zone d'élevage, -Peut gêner la circulation du bétail et des
-Technique très efficace pour réhabiliter la hommes,
végétation et la fertilité du sol, protéger le -Peut entraîner des tensions sociales,
paysage et la biodiversité, l'apiculture et la -Peut obliger les femmes à collecter le bois
chasse, modifier le bilan hydrique en de chauffe plus loin,
réduisant le ruissellement, les crues et en -Gardiennage coûteux mais souvent
régulant les étiages. indispensable si on veut obtenir la
coopération des populations rurales
usufruitières.

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3.3.2. Gestion des parcours (agdals)

 Agdal fourrager (En Amazigh : Marj ; ‫)مرج‬.

Agdals fourragers avec peupliers

Agdal fourrager sans arbres Agdal fourrager avec divers arbres

Quelques types d’agdal fourragers (Marj)

 Description, objectifs et fonctionnement :


Agdal en langue Amazigh (berbère) signifie mis en défens, accès interdit ou interdit d’exploiter.
Le qualificatif « Marj » signifie souvent sous l’eau ou souvent humide. L’Agdal fourrager est un
Marj. C’est une petite surface de terre privée, souvent sur pente (forte) et souvent irriguée.
L’eau peut y couler toute la saison hivernale. Au printemps et été, elle est irriguée en
abondance. L’eau d’irrigation est récupérer en bas de pente et conduite vers des parcelles
cultivées.
Les paysans y laissent pousser de l’herbe naturelle qu’ils commencent à faucher en printemps,
la sécher et la stocker comme foin à utiliser en période de froid et de neige (hiver). L’herbe est
donnée essentiellement aux vaches en stabulation et aux chèvres et brebis retenues à l’écurie
pour mise-bas ou maladies. Seules les vaches laitières peuvent y pâturer directement durant
le printemps et l’été. Elles sont surveillées par les femmes ou les enfants (fillettes). On peut les
qualifier de prairies permanentes.

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Du fait qu’elles sont souvent humides, les paysans y laissent pousser des peupliers blancs, une
espèce ripisylve et drageonnante, à des densités très fortes (plusieurs milliers de plants à
l’hectare). L’agdal fourrager est une sorte de bosquet conduit en futaie irrégulière. Les arbres
sont d’âges et de ports très variables, des jeunes drageons à des vieux peupliers de plus de 20
m de hauteur. Les arbres en préparation à la coupe sont élagués chaque année pour produire
des fûts rectilignes.
Le bois du peuplier est prisé dans les centres urbains des montagnes. Localement, il est utilisé
comme poutres de construction des toits des maisons. Les paysans coupent les gros arbres et
les transforment en billons de 6 m vendus à l’unité (100 dirhams pour un billon de 6 m).
Cependant, l’exploitation de ces bosquets est handicapée par le manque d’une infrastructure
de débardage de ces grumes (pistes carrossables qui vont dans la vallée de l’oued).
En plus des agdals fourragers à peupliers qui sont les plus dominants, on trouve aussi des agdals
sans arbres (que de l’herbe) et des agdals avec une mixture d’arbres fruitiers (figuier,
amandier) et peuplier. L’objectif est principalement de produire du fourrage. Mais si on peut
valoriser encore mieux la terre et l’eau, des arbres sont plantés.

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 Plantation des arbres et arbustes fourragers : amélioration sylvopastorale.

 Description :
La technique consiste à planter des arbustes fourragers sur des terres peu productives ou
dégradées dans un but de reconstituer l’écosystème et améliorer la productivité en unité
fourragère. Les espèces plantées varient selon l’écologie du site, notamment les apports
pluviométriques. On utilise souvent le Medicagoa arborea qui est une légumineuse (luzerne
arborée), l’Atriplex Halimus ou A. nummularia et les cactus (opuntia). Les densités de
plantation sont très fortes. Les plants sont mis dans des cuvettes en quinconce pour empêcher
le ruissellement et stocker l’eau et les sédiments aux pieds des arbustes. On ouvre des trous
(50x50x50 cm) espacés de 3 m qu’on rebouche au moment des plantations (après les
premières pluies). Après une période de mise en défens et d’installation des plants, pouvant
aller jusqu’à 3 ans pour l’Atriplex et 4 ans pour le cactus, les animaux ont accès au parcours
amélioré.
 Objectif :
-Permettre la fixation du sol en cas de terrain nu où la végétation est très dégradée,
-Lutter contre l'érosion sur les pentes fortes (érosion hydrique),
-Augmenter la productivité du site,
-Constituer des réserves fourragères sur pieds utilisables pendant les périodes de
déficit fourrager en absence d'annuelles,
-Favoriser la régénération du milieu.
 Moyens et coût :
L’amélioration sylvopastorale est une opération laborieuse, coûteuse et exige une main
d'œuvre qualifiée et prend beaucoup de temps et d'espace. Le coût pour l’installation de
l’Atriplex est de 5 000 à 7 000 dh/ha, pour le cactus environ 5 000 dh/ha.
 Suivi et entretien :
Comme toutes les plantations, le gardiennage est indispensable, au moins durant la période
d’installation (3 à 4 ans). Ensuite, le regarnis est nécessaire la première et la deuxième année,
après les premières saisons sèches estivale. Les arbustes doivent être rajeunis vers 8 à 10 ans
d’exploitation. Une organisation des éleveurs est requise pour la réussite des plantations. Le

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projet devra être réalisé dans le cadre d’une approche participative impliquant tous les acteurs
(Services de l’Etat, les usagers, les associations de développement local, etc.).

Avantages Inconvénients
-Valorisation des sols lourds salés gypseux -Mise en défens assez longues au début,
(cas des Atriplex), -Nécessite une organisation des éleveurs
-Fixation des bourrelets antiérosifs sur souvent difficile à réaliser,
versants marneux, -Nécessite un gardiennage.
-Permettant une réserve fourragère
importante lors des disettes,
-Protection des sols contre l’érosion
hydrique.

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4. RECOMMANDATIONS
Dans la zone sud du bassin du Sebou le milieu est sec durant les 3 mois chauds de l'été. Par
contre, de l’automne au printemps les pluies sont abondantes (600 à > 1 500 mm) et
provoquent du ruissellement et du drainage si la surface du sol n'est pas totalement couverte
par la végétation (forestière), la litière ou les résidus de culture. Il faut donc à la fois infiltrer le
maximum d'eau durant les périodes transitoires et gérer les excédents des eaux de surface en
organisant le drainage lors des plus fortes averses. Les risques d'érosion en rigole, ravine,
sapement de berge sont très élevés dès que la végétation forestière est remplacée par les
cultures.

4.1. LES AMENAGEMENTS SUR LES VERSANTS


Les sommets rocailleux sont généralement utilisés en parcours arbustifs évoluant en jachères
herbacées dont les parties exploitables sont souvent clôturées par des cordons de pierres ou
des murettes à claire-voie (barre dolomitique).
Les sommets sur roche tendre et sols plus profonds sont au départ couverts de forêts évoluant
en matorral surpâturé qui, sous la pression démographique, finira par être défriché pour les
cultures (céréales, légumineuses). Vu les fortes pentes, il est urgent de couvrir le sol (résidus
de culture, adventices ou plantes de couverture), de réduire la pente (cordons de pierres ou
haies vives exploitées comme fourrage ou paillage) et d'assurer une bonne rugosité (labour
grossier), une fertilisation raisonnée pour que la culture couvre le sol le plus rapidement
possible et de préférence une culture pérenne (fourrages, luzerne).
L'ensemble du versant peut être cultivé. Il est donc prudent de prévoir des chemins creux ou
des fossés stabilisés par des pierres et des herbes pour collecter le ruissellement issu des
parcours des sommets et le redistribuer dans une zone de terrasses en gradins cultivés très
intensivement (légumes en rotation, fumure organique et minérale raisonnée, irrigation en
planches, sillons, goutte-à- goutte). Vu la surabondance des pluies et du ruissellement en
périodes fraîches, il est nécessaire de prévoir un circuit de drainage guidant les excès d'eau
temporaires vers des drains naturels du paysage (ravineaux stabilisés, ondulations du versant)
ou des chemins d'eau artificiels bien stabilisés par l'enherbement et éventuellement des
citernes de stockage pour des périodes sèches difficiles pour le troupeau ou les cultures.

4.2. LA CONCENTRATION DES EAUX DE RUISSELLEMENT ENTRAINE LA


FORMATION DE RAVINS
Tant que les ravins sont peu profonds, on peut tenter de les reboucher en y déversant des
pierres, adventices, jujubiers et déchets de culture puis en y repoussant la terre en labourant
les berges. Mais si le ruissellement perdure sur ces chemins d'eau naturels, il vaut mieux

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stabiliser le fond par des petits seuils en pierres sèches renforcés par les herbes et arbustes
croissant naturellement dans ces situations difficiles (palmier doum, laurier-rose, roseaux,
diverses herbes). Si les ravins sont plus larges, on peut réduire leur pente par des petits seuils
en grillage et planter des arbres divers sur les bords des sédiments et des herbages au centre
qui vont se pencher pour laisser passer les excès d'eau. Enfin, s'il s'agit de ravins torrentiels au
fond garni de grosses pierres mouvantes, la végétation ne peut résister et il faut faire appel à
des seuils bétonnés et ferraillés résistants aux galets en transit.
Si le versant est long, une partie est consacrée aux céréales extensives qui ne bénéficient que
de peu d'aménagements: talus de fin de parcelles stabilisés par des herbes et buissons naturels
(palmier doum, agaves, etc.). On peut les stabiliser par des rangées d'arbres fruitiers (oliviers)
serrés sur la ligne (4-5 m), les rangées étant écartées de 10 à 25 m sur le versant avec des
cultures intercalaires en courbes de niveau entre les lignes d'arbres et de fourrages pérennes.
Sur les colluvions de bas de pente et dans le fond de la vallée, on rencontre souvent des
terrasses en gradins irriguées et fumées, tout un système agroforestier combinant des arbres
fourragers (frênes, peupliers) et fruitiers (oliviers, amandiers, cognassiers, citrus, pommiers,
cerisiers et noyers) avec des cultures annuelles intercalaires.
Les berges de l'oued exigent une fixation efficace par des arbres (peupliers, aulnes) et par
diverses herbes (roseaux), ou par des épis en gabions ou en murettes de grosses pierres.

4.3. TECHNIQUES CULTURALES CONSERVATOIRES


Les techniques culturales ayant donné des résultats intéressants et qui peuvent être
recommandées pour la zone sont :
-Labour grossier en courbe de niveau et fumier sur jachère broutée, tassée;
-Labour grossier, semis, puis paillage avec les émondes (coupe des haies) ;
-Semis direct sur résidus de culture, adventices, légumineuses de couvertures (semis
sur le tapis); et
-Irrigation en planches, billons, cuvettes avec drainage du surplus.
Pour assurer le drainage, on peut procéder par :
-billonnage incliné vers le drain;
-drains au pied des talus et déversoirs vers la terrasse sous-jacente ou vers un chemin
d'eau, ou une ravine stabilisée par la végétation (herbes, arbres) qui peuvent aboutir à
-un jardin de ravine.

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5. CONCLUSIONS
L’étude des performances des stratégies paysannes de gestion conservatoire des eaux et sols
s’avère particulièrement utile pour définir avec les paysans un nouveau point de départ pour
tenter de résoudre au niveau local les problèmes d’érosion et de dégradation de la productivité
des sols qui ne peuvent trouver de solution purement technique.
Les paysans connaissent mieux les difficultés du milieu qu’ils exploitent. L’approche
participative dès le stade du diagnostic améliore les connaissances du milieu écologique et
humain. Les chercheurs, en relation étroites avec les techniciens de l’Etat et les paysans
doivent étudier les potentialités, les limites et les améliorations possibles des techniques
traditionnelles connues des paysans.
Du dialogue entre paysans et scientifiques peut naître une prise en charge de l’environnement
rural par la communauté qui exploite ses ressources naturelles moyennant une aide technique
et financière de l’Etat: en effet, l’entretien du « château » d’eau que constitue la montagne
(Moyen Atlas) profite aux occupants des vallées et des villes en aval. Il ne reste pas moins des
problèmes graves (inondations, ravinement torrentiel, érosion par les oueds) qui restent du
ressort d’équipes techniques spécialisées plus compétentes au service de l’Etat. Une solidarité
tridimensionnelle dans le transfert et le partage des richesses est nécessaire pour continuer à
produire encore plus, qualitativement et préserver les ressources : solidarité amont-aval,
solidarité entre régions agro-écologiquement différentes et entre ville-compagne. La notion
de payement pour services environnementaux (PSE) trouve ses origines et ses bases dans cette
solidarité.

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6. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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