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Crépuscule

Première Partie

Quelque part, dans une


maison de la capitale. Un
banal soir de février

- Mince, tu m’as encore eu. Décidément tu es trop forte pour moi…


Elle leva les yeux au ciel
- Mais non, c’est juste que tu ne fais pas attention ! Je suis sû r que tu me laisse
gagner !
- Pff… N’importe quoi, arrête de faire ta modeste. Tu es simplement plus maligne
que moi. Voilà tout… Soupira t’il.
Sur ces mots, Oldo se leva pour aller prendre une tasse. Il en tendit une à Ellianna.
Tous deux rangèrent le jeu d’échec, avant de se rasseoir autour d’un bon thé.
- Décidément tu n’apprendras jamais. Parfois je me demande même si on est du
même sang. Bon changeons de sujet, comment avance ta peinture ?
- Elle est presque terminée, je pense qu’il me faudra encore un bon mois pour la
parfaire ! s’esclaffa t’il.
- Et…Concernant cette histoire de voyage, tu veux toujours partir demain ?
demanda-t-elle timidement
- Je sais que ça t’inquiète. Si je veux finir ce tableau, j’aurais absolument besoin
d’aller chercher un ingrédient très particulier. Malheureusement on ne le trouve
pas dans la région.
- Je vais faire quoi moi, pendant que tu seras à l’autre bout du pays ?
- Et bien tu joueras avec Terra. Elle m’a promis qu’elle s’occuperait de toi le temps
que je revienne, répondit-il simplement.
- Je serais trop occupé à m’inquiéter pour toi ! Vu comment tu es il vaudrait mieux
qu’elle t’accompagne… protesta-t-elle
Oldo esquissa un sourire. Il se leva et parti en direction de la cuisine. Ils avaient la
chance d’avoir une belle maison, avec plusieurs pièces. Située dans un quartier agréable
de la ville de Salem. Le genre d’endroit où il fait bon vivre
Leur maison n’avait aucun étage, et était facile d’accès. Entourée d’un grand terrain
plat, il n’y avait pas de meilleur endroit pour sa sœur. Malade depuis sa naissance, elle
était incapable de marcher plus que quelques mètres. Ellianna se déplaçait donc grâ ce à
un fauteuil doté de deux grandes roues, assez innovant pour l’époque
Oldo et Ellianna avaient eu la chance de naitre dans un pays magnifique, où les gens
comme elle pouvait espérer vivre et être heureux.

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La Solaria rayonnait dans toute l’Acriline 1 pour avoir l’un des peuples les plus
avancées dans les arts et les sciences. Ses montagnes et ses terrains abruptes les
éloignèrent des conflits. Leur permettant de se tenir à bonne distance des envahisseurs.
C’est une terre qui n’avait pas beaucoup à offrir, mais ses habitants on sut en tirer parti,
et aujourd’hui ils sont fiers de leur petit territoire. Ils sont peu, mais concurrencent
aisément leurs voisins.
Oldo fouilla les tiroirs. Il commença à se faire un café. Il en apporta un à sa sœur puis
tous deux se remirent à discuter.
- Tu veux quelque chose de particulier pour ce soir ? Terra sera là d’ailleurs.
-Non rien de spécial, mais ne change pas de sujet. Je ne veux pas que tu partes.
Vraiment pas. Imagine que tu te perdes ou que t’on te vole ! insista-t-elle.
- Ne t’en fait pas. Je m’en sortirais. Ce n’est pas qu’une simple toile et tu le sais. Une
fois terminé ce sera une partie de la maison à part entière. Où tu pourras
marcher, où tu pourras courir ! s’exclama t’il souriant
- Oui, c’est vrai…Je n’oublie pas que tu fais ça pour moi, mais j’ai peur de te perdre.
C’est que d’habitude les maitres-peintres peignent des châ teaux pour les
nobliaux, et pas des jardins pour des petites filles malades. Est-ce que je mérite
vraiment que tu risques ta vie ? geignit-elle, le regard attristé
A peine elle eut fini sa phrase qu’Oldo répliqua
- C’est faux ! Ne redit plus jamais. N’as-tu donc jamais entendu parler du Lac des
Cygnes, des Plaines d’Acrilien ou du Dernier Concert ? Tu sous-entends qu’on ne
peint que pour les riches. Bien sû r ça nous arrive mais c’est pour gagner notre
pain. Le plus souvent on se fabrique nos jardins secrets…Ou ceux des autres. Bien
sû r que tu le mérites ! Clama t’il
Elliana croisa les bras et fit la tête
- Bien sû r que si je connais ces tableaux, mais je ne sais pas comment te convaincre
de rester… marmonna-t-elle
- Je partirais demain, à l’aube, et je serais rentré vers début Juin. Je passerais par de
nombreux villages. J’essaierais te faire parvenir des lettres. Et… A mon retour, je
t’apprendrais à peindre !
Les yeux d’Elliana s’écarquillèrent
- Quoi ?! Tu m’apprendras vraiment à peindre ? Tu ne dis pas ça pour me faire
plaisir hein ? s’émerveilla-t-elle.
- Non, je suis très sérieux. Tu es assez grande pour ne pas faire n’importe quoi avec
cet art secret.
Le visage d’Elliana c’était d’un coup illuminé. C’était la nouvelle dont elle avait besoin
pour retrouver le sourire.
Le Soleil était en train de tomber, l’obscurité gagnait peu à peu le quartier. Oldo
laissa sa sœur dans le salon, le temps d’aller actionner les lumières dans la cave. Rien de
très compliqué en soit. Il suffisait de tourner la manivelle du générateur assez longtemps
et assez vite en espérant que ça marche.
Au bout de quelques minutes, un éclair jaillit du mécanisme pour venir percuter le
genou du jeune homme. Pour son plus grand déplaisir.
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Acriline : Désigne le continent où se situe la Solaria

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Aïe ! Foutu machine cinétique à deux sous ! pensa t’il agacé
Oldo avait beau dire ça, il était quand même bien content d’avoir un peu d’électricité
au vu de ses ressources financière
On toqua à la porte. Leur invitée était enfin là . Oldo alla lui ouvrir et l’invita à entrer.
Terra tenait à la main un énorme panier d’osier, remplit de quoi préparer un repas digne
de ce nom.
- Bonsoir Terra !
- Bonsoir l’ami ! Je vous amène de quoi bien manger, vous m’en direz des
nouvelles, se vanta-t-elle
Terra était une naine, une étrangère venue s’installer à Salem. Elle avait un fort
accent de l’est, typique de son pays natal. C’était une personne vraiment adorable.
Toujours prête à rendre service.
Son visage angélique, ses cheveux blonds et sa courte taille on fait qu’au début, on la
prenne pour une jeune adolescente. Ce n’est qu’en l’entendant parler que les gens du
quartier se rendaient compte qu’elle n’avait absolument pas seize ans.
Oldo la connaissait depuis maintenant un an. Tous deux étaient vite devenus bons
amis. Il fixait tout de même son panier avec interrogation. Terra était une farceuse.
- Hm… Et qu’est-ce donc ? questionna-t-il d’un ton méfiant
- Rien de toxique, de dangereux ou de mauvais ! Faites-moi confiance. C’est un plat
de chez moi.
Oldo, pensif, eu l’impression qu’elle disait vrai. Il prit quand même ses précautions,
au cas où .
- Très bien mais tu prendras la 1ère bouchée !
- Avec plaisir l’ami ! acquiesça-t-elle avec un grand sourire
Une fois les salutations finies, ils commencèrent à préparer le repas. Terra sortit trois
grosses portions de viande de son panier. La naine refusa d’en dévoiler la provenance.
Elle sembla prendre une extrême minutie à la préparation.
Les nains étaient connus comme étant des bons cuisinés. Terra fut bien décidée à
faire honneur à cette réputation. Sa sentait délicieusement bon.
Ils finirent par se mettre à table. Oldo et Ellianna fixèrent les assiettes qui se trouvait
devant eux. Sans y toucher. Toujours curieux, le Grand frère dégagea une des mèches
blondes de son visage, avant de questionner Terra une énième fois sur ce qu’ils
s’apprêtaient à manger. Posant ses deux yeux jaunes sur la naine à l’autre bout de la
table. Au bout d’une quinzaine de secondes…Terre se décida enfin à parler
- C’est de l’Ours, leur avoua-t-elle d’un ton parfaitement neutre.
Un blanc s’installa alors dans la pièce. Ellianna regarda Oldo, Oldo regarda Ellianna.
Puis ils fixèrent de nouveaux Terra, complètement stupéfaits. Ni l’un ni l’autre ne savait
si c’était une blague ou si c’était vrai.
A leurs deux regards éberlués, elle commença à éclater de rire.
- Ah ah ! Vous devriez voir vos têtes ! J’ai bien fait d’attendre avant de vous le dire.
Et je vous assure que c’est vrai, foi de naine ! se targua-t-elle.
- Mais comment tu t’en es procuré ?! C’est super cher en plus d’être rare ! S’enquit
Ellianna

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-
Ce n’est pas bien compliqué. Je cueillais des champignons jusqu’à ce qu’un jeune
ours ait voulu me becter. Ni une ni deux, coup de sabre dans le museau. Bon…A
vrai dire je n’ai presque aucun mérite. La pauvre bête devait être affamée pour
s’attaquer à un humanoïde. Et plutô t que de le laisser se vider de son sang après
mon coup, j’ai préféré l’achever. Expliqua-t-elle posément.
Aucun doute, c’était impressionnant. Ellianna en profita pour retenter de convaincre
son frère de partir avec Terra.
- Tu vois Oldo c’est pour ça qu’elle doit t’accompagner ! Elle sait se servir d’une
arme et pas toi. Par avec elle, supplia-t-elle.
- Elle a raison l’ami, tu sais très bien que je viendrais si tu me le demande. Ajouta
Terra.
Oldo hésita un instant. Si Terra venait avec lui, qui s’occuperait d’Ellianna ?
- J’adorerais profiter de ta compagnie, mais qui veillera sur ma sœur si tu ne le fais
pas ? soupira-t-il avec regret
- Tu peux très bien demander à Sir George, il serait ravi de rendre service.
Argumenta Terra
- Quoi mais il n’est pas chez sa famille en Acril2 ?
-Il vient de revenir, je pensais que tout le quartier était au courant, s’étonna-t-elle.
-Ah, voilà  ! Terra va pouvoir t’accompagner, ça remboursera le tableau qu’il te
doit ! s’émerveilla Elliana
Oldo était piégé, plus le choix. Terra l’accompagnera. Il irait prévenir Sir George
demain matin avant de partir. Ce n’était pas son genre de refuser ce genre de chose,
surtout qu’il lui devait une petite somme d’argent. Aucun doute qu’il acceptera.
- Bon et bien… Nous partons demain ! finit-il esquissant un rictus
Les deux filles furent ravies. Finalement, il fut bien heureux de pouvoir compter sur
l’aide d’une amie aussi solide pour le voyage qui s’annonçait.

***

Ils finirent tranquillement leur repas. Elliana alla se coucher. Oldo l’aida à se mettre
au lit puis revint dans le salon pour discuter avec Terra de ce qu’il allait faire.

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Acril : Archiduché situé au centre de l’Acriline

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