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MASTICATION
I) INTRODUCTION
Mastiquer : Broyer, triturer longuement avec les dents un aliment avant de l'avaler ou
une substance non comestible qu'on rejette.
Elle est évaluée grâce des tests simples : le sujet doit mastiquer un bol alimentaire de
référence (carotte, grain de café,...) pendant un nombre de cycle bien déterminé. Le sujet
crache le bol alimentaire que l'on recueille, nettoie, sèche et filtre à travers des tamis
dont les mailles sont de tailles décroissantes. Plus on recueille de particules sur les tamis
les plus fins et plus l'efficacité de la mastication est élevée.
TA MIS
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p o u r ce n t a g e d e ca fé r e c u e i lli
% 100
t a m is a gr o s e s p a c e in t e r m a ille
75 t a m is a e sp a ce in t er m a i lle ré d u it
50
25
0
5 10 15 20 25 30
m o u v e m en t s d e m a st i ca t i o n
Un sujet avec une efficacité réduite ne mastiquera pas plus longtemps qu'un sujet
normal. Le nombre de cycles de mastication reste approximativement le même et donc
le bol alimentaire est moins préparé avant la déglutition.
L'efficacité de la digestion est dépendante du volume des particules ingérées. Un
aliment moins mastiqué devrait donc être plus difficile à digérer ce qui induirait un
manque d'assimilation des nutriments. En réalité, certaines études ont montré qu'une
efficacité masticatoire réduite jusqu'à 23% permettait néanmoins une bonne digestion de
la majorité des aliments. En fait, selon la forme de la particule, la digestion est plus ou
moins facilitée (ex : une feuille et un cube).
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At t a q u e s a cid e s s e lo n la fo r m e
Pour résumer, il faut comprendre que les différences significatives de digestion des
aliments ne se remarquent qu'en analysant un bol alimentaire mastiqué avec une
efficacité masticatoire normale, et un bol alimentaire qui n'est pas mastiqué du tout. Une
déficience masticatoire n'est pas non plus systématiquement à l'origine de symptômes
gastriques et/ou intestinaux. Cependant, avec des particules de volume important, après
un premier passage gastrique, au moment du franchissement du pylore, le bol sera
renvoyé dans l'estomac. En effet, le pylore est sélectif quant à la granulométrie des
aliments ingérés : un aliment de granulométrie élevée remontera vers l'estomac pour une
action prolongée des sucs gastriques. Les sécrétions acides seront renouvelées et
pourront dégrader la muqueuse gastrique plus rapidement que le turn-over des cellules
de cette muqueuse. Cela pourra ainsi aboutir à des lésions des parois gastriques.
Néanmoins, des lésions mécaniques causées par de gros aliments non mastiqués
peuvent également provoquer certaines ulcérations.
Auto dégradation par les enzymes contenues dans les aliments : modèle des oxydases.
La préparation du bol alimentaire est donc assurée par les cycles de mastication.
La durée moyenne d'un cycle est d'environ 1 seconde. Sa forme la plus classique est dite
en goutte d'eau.
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NT T
Vue frontale
La dernière phase du cycle est la phase de broiement du bol alimentaire. Elle représente
12% du cycle. Les aliments sont coincés entre les cuspides guides et d'appui des dents
maxillaires et mandibulaires. Lorsque le bol est volumineux (surtout 1er cycles) il n'y a
pas toujours de contacts entre les cuspides mais lorsqu'ils sont présents suite à un bol
plus mou, ils guident le retour de la mandibule en position d'OIM. La contraction des
muscles masticateurs est alors isométrique. Après une pause en OIM, un nouveau cycle
débute alors.
Dans le plan sagittal, le point incision suit une trajectoire descendante orientée d'avant
en arrière. Durant l'élévation, la mandibule adopte une position postérieure jusqu'à
rejoindre l'OIM.
En ce qui concerne les trajectoires condyliennes, le condyle travaillant suit, dans le plan
sagittal, une trajectoire en huit incliné vers l'avant. Il faut noter que le dernier
mouvement condylien en fin de cycle est un glissement antérieur qui rattrape le
mouvement dirigé en arrière et vers l'extérieur que possède le condyle travaillant lors de
la phase d'écrasement.
Le condyle non-travaillant suit la même trajectoire sans le glissement antérieur.
DESSIN DU MOUVEMENT CONDYLIEN SAGITTAL
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Les cycles de mastication sont différents entre les individus mais aussi chez un même
sujet, ce qui est le reflet des adaptations des commandes centrales aux changements de
consistance du bol alimentaires détectes au cours de la mastication par les
propriocepteurs (musculaires, parodontaux, jugaux...). Seule la phase de broiement est
relativement similaire d'un point de vue de la trajectoire (mais pas en vitesse) en raison
du guidage cuspidien.
Le coté travaillant (ou triturant, ou encore mastiquant) varie selon les cycles. 80% des
individus ont une mastication unilatérale alternée. Ils possèdent néanmoins souvent un
coté préférentiel de mastication en début et/ou en fin de mastication. 18% des individus
ont une mastication unilatérale stricte qui est souvent due à des problèmes articulaires
ou occlusaux (ex : douleurs dentaires à la mastication). Enfin 2% des individus
présentent une mastication bilatérale. Les mouvements mandibulaires sont alors
essentiellement verticaux sans diduction. Ce sont préférentiellement des patients
porteurs de prothèses complètes.
La mastication vient après la succion qui nécessite des mouvements verticaux et antéro-
postérieurs de la mandibule avec une action symétrique des muscles. La mastication
unilatérale alternée demande elle une action synergique (action coordonnée qui
concoure à un effet unique) asymétrique des muscles avec des mouvements de
diduction.
Ce sont ces mouvements de diduction qui participent à la croissance latérale des arcades
dentaires -> une mastication unilatérale stricte pendant la croissance provoquera une
absence de développement et de croissance du coté opposé.
Selon Planas, il est primordial de rétablir la mastication unilatérale alternée chez les
hommes qui ne l'ont plus, et l'intégrer dans tout traitement dentaire. Elle doit être
recherchée par le clinicien chez ses patients dès le sevrage (ou à l'apparition de la
consommation d'aliments solides !).
Selon Planas, une mastication qui n'est pas unilatérale alternée chez un enfant peut être
source de dysfonctionnements musculaires, parodontal et de croissance.
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dégluties. Cependant les mécanismes de contrôle de la langue durant ces actions sont
mal connus.
Comme énoncés précédemment, ils sont présents lors du début de la phase d'élévation
de la mandibule ainsi que lors de la phase de broiement. La durée moyenne des contacts
occlusaux est d'environ 200ms. Ils ont été mis en évidence par des techniques
télémétriques. Un commutateur et un contacteur sont insérés dans deux dents
antagonistes (dans bridge, inlay,...). Lorsqu'il y a contact il y a fermeture d'un circuit qui
permet l'émission d'une onde télémétrique qui, recueillie par un poste récepteur
confirme l'existence d'un contact.
Deux types de contacts ont été mis en évidence :
-les contacts glissants : surviennent lorsque les versants cuspidiens frottent les
uns contre les autres.
-les contacts isolés : surviennent en OIM
Il a été mis en évidence des contacts occlusaux et des facettes d'abrasion non travaillant
lors des mouvements de mastications. Ces contacts sont donc fonctionnels et participent
à la trituration. Cependant, ces contacts sont plus fugaces et moins fréquents que du côté
masticateur, et ils ne guident pas la mandibule. Il ne semble donc pas judicieux
d'éliminer ces contacts par meulages sélectifs dès lors qu'ils ne sont pas des
interférences aux trajets mandibulaires. Cela conduirait à diminuer l'efficacité de la
mastication.
Elles se mesurent grâce à des capteurs insérés dans des reconstitutions. Deux types de
capteurs :
- dynamomètre placé entre les deux arcades. Permet d'enregistrer les forces
maximales inter-arcades. Il enregistre les forces statiques. Elles varient selon le secteur
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considéré : elles vont de 100N au niveau des incisives à 500N au niveau des molaires en
denture naturelle.
Pour une denture naturelle, les forces développées sont généralement plus faibles chez
les femmes comparées aux hommes. Il en est de même pour les personnes âgées.
L'entraînement permet d'accroître la force exercée d'environ 200N au bout de 7
semaines chez l'homme adulte.
Ces performances sont plus faibles chez la femme et diminuent rapidement avec l'arrêt
de l'entraînement.
- jauges de contraintes intégrées dans les faces occlusales de reconstitutions
prothétiques. Permet de mesurer les forces réelles de mastication appliquées sur une ou
plusieurs dents. Ces forces varient de 50 à 150N durant la phase de broiement et
augmentent progressivement avec le nombre de cycles. Ces forces sont bien sûr
variables selon le type d'aliment mastiqué ainsi que l'individu.
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étudier qu'une partie des fibres sans en déduire le mouvement exact du muscle). Enfin,
les mouvements rhéologiques sans manifestations électriques ne sont pas visibles. La
tomoéchographie permet de paliers à ces problèmes mais sa mise en œuvre est plus
complexe et l'interprétation parfois délicate.
Comme souvent il doit y avoir une part de vrai dans chacune des théories :
Les noyaux moteurs et sensibles contenus dans le tronc cérébral ont un rôle important
dans le contrôle de la mastication. On peut actuellement penser que la forme oscillatoire
des mouvements masticateurs prend son origine dans un centre "générateur" situé dans
le tronc cérébral. Les afférences sensibles arrivant à ces noyaux influencent la forme de
la séquence masticatrice. Enfin, des centres supérieurs cérébraux influencent la
coordination des différents éléments du tronc cérébral.