Vous êtes sur la page 1sur 10

L’insuffisance d’apport en intrants et la négligence de la sélection

des boutures entrainent-ils la faible productivité du taro (Colocasia


esculenta) ?
Cas du fokontany Ambohimanjaka- Commune Ambatomena
Mananara
HERINOMENIAVO V.1, LALAINAHARIJAONA A.1, RABEFARIJAONA S.1, RAFALIMANANTSOA I1,
RATOVOARISON M.1, SOLOMAMPIONONA J.1
1
Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques, BP 175, Antananarivo, Madagascar

Résumé :
Colocasia esculenta ou taro dans la famille des aracées fait partie des cultures vivrières les plus pratiquées dans
le monde. Cette espèce se cultive dans un climat tempéré humide. A Madagascar, le taro représente un aliment
complémentaire du riz. Il tient une place importante dans l’agriculture malgache en plus de sa haute valeur
nutritionnelle. Dans le cas du fokontany Ambohimanjaka, commune Ambatomena Mananara, la productivité du
taro est faible et ne suffit pas à répondre aux besoins de la population locale. Il s'agit de déterminer alors les
causes de la faible productivité du taro dans le fokontany d'Ambohimanjaka. Les données ont été récoltées
grâce à la méthode d’observation participative et entretien individuel avec les agriculteurs locaux. Cette culture
de taro étudiée suit les protocoles expérimentaux adoptés par les agriculteurs. Cette étude est axée sur deux
hypothèses: d'une part l'insuffisance d'apport en intrants en matière de qualité et d'autre part la négligence dans
la sélection des boutures. La plante Psiatia altissima est employé en tant qu'intrants et placé au-dessus des
fossés de taro. Durant la phase végétative du taro, le feuillage s'est développé de façon plus poussé grâce à
l'apport supplémentaire en azote des feuilles. Par ailleurs, lors de la récolte, on a obtenu des tubercules de petite
taille. D'autre part, les agriculteurs locaux négligent la sélection des boutures lors du prélèvement au niveau du
pied mère. Les chances de survie des plantes ont donc baissé à cause de cette négligence puisque certains
plants ne se sont même pas levés et d'autres endommagés. Les protocoles de prélèvement de boutures ainsi
que les conditions du milieu ne sont pas respectés.

Mots clés : taro, faible productivité, insuffisance d'apports en intrants, tubercules, négligence, sélection de
boutures,
SOMMAIRE
Résumé :..................................................................................................................................................1
I. Introduction............................................................................................................................................2
II. Matériels et Méthodes............................................................................................................................3
II.1. Matériels étudiés.............................................................................................................................3
II.1.1. Fokontany Ambohimanjaka.......................................................................................................3
II.1.2. Colocasia esculenta ou taro...........................................................................................................4
II.2. Cadre logique.................................................................................................................................5
II.3. Méthodes utilisées..........................................................................................................................6
II.3.1. Observation.............................................................................................................................6
II.3.2. Observation participative...........................................................................................................6
II.3.3. Bibliographie............................................................................................................................6
III. Résultats.............................................................................................................................................6
1.1. Insuffisance d’apports d’intrants au niveau qualitatif............................................................................6
1..2. Négligence de la sélection de boutures.............................................................................................7
IV. Discussions.........................................................................................................................................7
V. Conclusion...........................................................................................................................................8
Références bibliographiques.......................................................................................................................9
Webographies.........................................................................................................................................10

I. Introduction
Colocasia esculenta ou taro dans la famille des aracées fait partie des cultures vivrières les plus pratiquées
dans le monde. Cette espèce est typique des tropiques humides (D. Varin, P Vernier, 1994). Le taro est cultivé
dans environ trente pays en voie de développement à l’exception du Japon. D’ailleurs, la production du taro à
Madagascar représente seulement 1.65% de la production mondiale (SOUDY, 2011).Le taro tient une place non
négligeable dans le système de culture des malgaches (RALALARISOA, 2001). A Madagascar, le taro
complémente le riz, aliment de base, dont la production est faible (MAEP, 2004). Comparé avec les autres
tubercules comme le manioc, la patate douce et l’igname, le taro présente une plus grande valeur nutritionnelle. Il
contient une grande proportion d’acides aminés avec une faible quantité de cellulose (Bell et al., 2000). Les
grains d’amidon renfermés dans les tubercules de taro ont de faible diamètre ; ce qui le rend léger et très digeste
(Denis et Eric, 2010). En dépit de l’importance du taro, sa production ne vaut que 150 000 tonnes (SOUDY,
2011).

Dans le fokontany d’Ambohimanjaka, le taro représente un substitut au riz. Cependant, la productivité est faible
et la récolte ne suffit pas à la population locale. Mais « pourquoi la productivité de taro est faible dans le
fokontany Ambohimanjaka ? ». La présente étude a pour but de déterminer les causes de cette faible productivité
du taro. Ainsi, les hypothèses suivantes ont été avancées pour répondre à la problématique : l’insuffisance de
l’apport des intrants et la négligence des agriculteurs dans la sélection des boutures.

Aussi, cette étude se propose-t-elle de fournir les matériels et méthodes de recherche utilisés durant la descente
sur terrain, d’étudier les résultats obtenus et de discuter des données collectées dans l’étude.

II. Matériels et Méthodes


La population étudiée est le taro mais une localisation brève du fokontany où l’étude est faite sera montrée.

II.1. Matériels étudiés


II.1.1. Fokontany Ambohimanjaka

Ambohimanjaka est à 44.9 km de la capitale,


Antananarivo (Mas go). Sa longitude est de 18° 43’ 58’’
Sud et sa longitude est de 47°24’57’’ Est. Altitude de
1 421 mètres. (www.mapcarta.com). Sa précipitation
annuelle moyenne est de 1295 mm et sa température
moyenne 17°C (www.meteocity.com).

Le taro (Colocasia esculenta) fait partie de la famille des aracées. Elle


est présentée comme une plante herbacée, pérenne avec des grandes
feuilles et des tubercules. Ces tubercules varient selon l’espèce et les
variétés dans les différents pays. Il s’agit d’une plante comestible que les
agriculteurs consomment au quotidien. Le taro est cultivé durant la période
de pluie où le soleil, donc la lumière, est omniprésent. Lors des opérations
culturales, les fossés sont préparés à l’avance. Les fossés possèdent un
diamètre de 30cm et une profondeur de 50cm. Les jeunes plants sont
ensuite déposés au niveau de chaque fossé. Le taro est sujet à l’attaque
des ravageurs et subit des dégâts importants tels que l’endommagement
des rhizomes (AREU, 2003).
II.1.2. Colocasia esculenta ou taro
II.2. Cadre logique
OBJECTIF RESULTAT INDICATEUR METHODES/OUTILS PERIODE/ECHEANCE
ATTENDU

Objectif Global : Déterminer les causes de la faible productivité de taro


Objectif spécifique 1: Les besoins nutritifs Liste des besoins
Avant et lors de la
Définir les besoins du taro sont définis nutritifs du taro Bibliographies
descente aux champs
nutritifs du taro
Hypothèse 1 : Objectif spécifique 2: L’intrant utilisé par L’intrant le plus
Insuffisance d’apports Identifier l’intrant utilisé les agriculteurs utilisé par les Lors de la descente aux
Observation participative
d’intrants au niveau par les agriculteurs locaux est identifié agriculteurs champs
qualitatif locaux
Les effets de l’intrant Observation
Objectif spécifique 3: utilisé sont
Avant et lors la
Déterminer les effets de déterminés Aspect du taro Observation participative
descente aux champs
l’intrant utilisé
Bibliographies
Objectif spécifique 4: L’aspect d’une Normes d’une
Caractériser l’aspect bonne bouture est bonne bouture Avant, lors et après la
Bibliographies
d’une bonne bouture caractérisé descente aux champs

Hypothèse 2 : Objectif spécifique 5: Le mode de Critères de choix


Lors de la descente aux
Négligence des Indiquer le mode de sélection des des boutures :
champs avec les
agriculteurs dans la sélection des boutures boutures par les taille et/ou qualité Observation participative
agriculteurs
sélection de boutures par les agriculteurs agriculteurs locaux ou indifférent
locaux est indiqué
Objectif spécifique 6: Les effets de la Croissance du taro
Déterminer les effets de sélection de la
Observation Après la récolte
la sélection de bouture bouture sont
déterminés
II.3. Méthodes utilisées
II.3.1. Observation
L’observation se définit comme étant une technique de collecte de données sur le terrain. L’objet de cette
observation consiste à recueillir des données de façon qualitative à travers différents procédés. En effet, comme
il s’agit d’une méthode de collecte de données, les interactions sociales ainsi que la communication ont revêtu
une importance primordiale. Cette technique est utilisée dans le but de se focaliser sur la croissance et le
développement du taro par rapport à son environnement. Les faits observés ont été notés puis analysés,
interprétés et comparés avec d’autres résultats scientifiquement prouvés (Scribbr, 2019). Cette technique a aussi
permis d’observer l’activité réelle sans interférence extérieure ou intermédiaire.

II.3.2. Observation participative


L’observation participative est une technique qui consiste à intégrer le groupe d’agriculteurs et d’interagir
librement avec eux. La technique d’observation participative se définit comme un dispositif de recherche
caractérisé par une période d’interactions sociales intenses avec les agriculteurs dans le milieu rural (BOGDAN
et TAYLOR, 1985). Cette période d’observation participative s’est traduite par des séances de questions-
réponses avec les agriculteurs pour connaître les méthodes de cultures du taro. La participation à la dynamique
des agriculteurs locaux a été aussi nécessaire, en plus de l’observation, pour comprendre le système de
production du taro (LAPASSADE, 2002).

II.3.3. Bibliographie
Une bibliographie est une démarche à suivre pour un travail à faire. Elle se présente sous forme de liste de
référence de documents. Une consultation de bibliographies d’ouvrages ou d’un site internet sera effectuée pour
plonger dans le vif du sujet (pedagogie.ac-strasbourg.fr)

III. Résultats
Grâce aux résultats de l’utilisation des méthodes citées ci-dessus, c’est-à-dire les entretiens individuels avec les
agriculteurs locaux, les données suivantes ont pu être collectées, interprétées et analysées.

1.1. Insuffisance d’apports d’intrants au niveau qualitatif


Lors du rebouchage des trous de taro ; les agriculteurs locaux ont employé du Psiatia altissima en tant
qu’intrants. Cette espèce de plante a été utilisée en raison de son abondance dans le fokontany
d’Ambohimanjaka. Placé au-dessus du fossé, le Psiatia altissima sert d’engrais pour la culture de taro.

En effet, grâce à la décomposition de ces feuilles, le sol possède une réserve nutritive élevée qui sera disponible
au taro durant leur croissance. Cet apport en engrais verts dans la culture s’est distingué par l’aspect externe du
taro : les feuilles. Il a été constaté que le Psiatia altissima a entraîné un développement plus poussé du feuillage
pendant la phase végétative du taro. Cependant, lors de la récolte, il a été constaté que les tubercules ne se sont
pas accrus de façon optimale; c’est-à-dire que les agriculteurs locaux n’ont pas obtenu une récolte pouvant
satisfaire leurs besoins.
1..2. Négligence de la sélection de boutures
Les résultats de l’observation participative montrent que dans le fokontany Ambohimanjaka, les agriculteurs
préparent les boutures à partir des tubercules de la culture précédente sans prendre en compte la qualité
prélevée. La sélection de bouture par les agriculteurs ne présente donc aucun motif de préférences pour les
tubercules. Tout ce qui compte est la maximisation du nombre de bouture à repiquer.

Le suivi de la croissance des taros a montré que parmi les boutures repiquées : il y en a ui ne sont même pas
levées, d’autres ont été endommagées par les ravageurs. Seulement une bouture sur trois ont poussé.

Ce qui implique une faible productivité de taro.

IV. Discussions
VERIFICATION HYPOTHESE 1

Le principal intrant utilisé par les agriculteurs locaux est le Psiatia altissima. Son effet sur la croissance et le
développement du taro est remarqué sur le feuillage du taro, qui se développe de façon plus poussé. En effet, le
Psiatia altissima enrichit le sol en éléments nutritifs, surtout en azote, en se décomposant (VERVILLE, 2014).
Cependant, le taro a d'autres besoins en éléments. Pour assurer et favoriser la tubérisation, les taros ont besoin
d’oligoéléments. La teneur élevée de potassium dans le sol favorise la synthèse et le stockage des glucides dans
les tubercules (référence à rechercher), comme dans le cas du taro. Selon l’étude de HEBERT et BRETON , la
cendre est employée en tant que réserve supplémentaire pour augmenter le rendement et favoriser . En effet, la
cendre est riche en oligoéléments, comme le magnésium, le potassium et le phosphore, ce qui favorise donc la
tubérisation du plant de taro (HEBERT et BRETON, 2008). Cette étude démontre donc que le Psiatia altissima
seul est insuffisant pour obtenir un bon rendement ; en terme de diversification d’intrants, ce qui confirme notre
hypothèse.

VERIFICATION HYPOTHESE 2

Les agriculteurs locaux, dans le fokontany d’Ambohimanjaka, négligent la sélection des boutures de taro. Que ce
soit en matière de prélèvement sur le pied-mère ou conservation des boutures après le prélèvement, les chances
de survies des boutures baissent considérablement. L’apparence physiologique et morphologique ainsi que la
conformation des plantes conditionne la réussite d’une culture (AUSSENAC et al, 1988). En effet, l’apparence de
la bouture et la taille indique l’état de maturation du pied-mère. Plus la taille de la bouture de départ est
conséquente, plus la formation des racines est rapide, plus la croissance est vigoureuse et plus la productivité du
taro est importante (VARIN, 2018). En effet, l’existence des racines lors du prélèvement augmente les chances
de survie du taro. Les agriculteurs locaux n’ont pas apporté de fertilisants avant le prélèvement des boutures.
Cette action a pour effet de favoriser l’apparition des racines ainsi que la levée du plant de taro (LAMHAMEDI,
2015). Selon l’étude menée par LAMHAMEDI, il y a de nombreux facteurs qui conditionnent la réussite du
prélèvement des boutures. Pour n’en citer que peu, l’état physiologique du donneur, la qualité et la préparation
de la bouture, les conditions d’enracinement constituent des facteurs de réussite qu’il faut prendre en compte.
Cette étude vérifie donc notre hypothèse.
V. Conclusion
En guise de conclusion, cette étude a permis de démontrer l’influence de l’apport d’intrant et la négligence de la
sélection de boutures sur la productivité du taro. Limités au Psitia altissima, les intrants apportés ne se
manifestent seulement sur le feuillage du taro. Le taro a besoin d’intrants plus diversifiés pour le développement
et la croissance aussi bien de la partie aérienne que des tubercules. Les cendres de bois de chauffe constituent
un apport supplémentaire pour couvrir les autres besoins en éléments pour le taro afin d’obtenir de meilleure
productivité. En plus, l’indifférence des agriculteurs vis-à-vis la sélection de boutures réduit la proportion de plants
levés. Les conditions physiologiques et morphologiques des boutures ne sont pas prises en compte ce qui
affaiblit la productivité de la culture de taro. Par ailleurs, la qualité et les conditions d’enracinement des boutures
déterminent la chance de survie des plants. La diversification des intrants et la sélection des boutures sont donc
des facteurs de réussite de la culture de taro. Il est de ce fait important de fournir les intrants nécessaires à la
culture de taro et de selectionner des boutures de qualité pour assurer une croissance et une productivité
optimale de la plante.
Références bibliographiques 
Anne Weill et Jean Duval. Guide de gestion globale de la ferme maraîchère biologique et diversifiée. Equiterre,
2009.

A.R.E.U (Agricultural Research and Extension Unit) (2003). Taro (Colocasia esculenta), The Ministry of
Agricultural and Natural Resources of Mauritius. http://portail;areu.mu/.

Bogdan, R ET Taylor, SJ (1975). Introduction to qualitative research methods.

Claude G. La méthode de l’observation pour vos recherches : définition, types et exemple. Sribbr

D.VARIN, P.VERIER/ CIRAD CA, La culture du taro d’eau (colocasia, Colocasia esculenta var. esculenta) BP
2671 Nouméo ; Nouvelle calédonie, France.v Décembre 1994, page4

E.R. TERRY, M.O. AKORODA et O.B. ARENE. Plantes-Racines tropicales : Les plantes-racines et la crise
alimentaire en Afrique. IDRC, CRDI et CIID, 1986

FAO, Production du taro. Base de données de FAOSTAT du 24 novembre 2006

Frédéric Verville. Effet des engrais verts et de leur période d’enfouissement sur la nutrition azotée et les
rendements du blé. Université Laval, 2014

Georges Lapassade (2002). Observation participante. In Jacqueline Barus-Michel et al, Vocabulaire de


psychosociologie (pp.375-390). Erès : Hors collection

Gilbert Aussenac, Jean-Marc Guehl, Parvinder Kaushal, André Granier, Philippe Grieu. Critères
physiologiques pour l’évaluation de la qualité des plants forestiers avant plantation. Revue forestière
française, 1988, 60 (S), pp.131-139. ff10.4267/2042/25926ff. ffhal-03424638

Imar Djibine Soundy. Pratiques traditionnelles, valeur alimentaire et toxicité du taro (Colocasia esculenta L.
SCHOTT° produit au Tchad. Sciences agricoles. Université Blaise Pascal-Clermont Ferrand II, 2011. Français.
NNT : 2011CLF22153. Tel-00719605

INSTAT, 2011. Enquête périodique auprès des ménages 2010. EPM-2010 Rapport principal

Jean-Michel Lecerf. Le génie des légumineuses. Pratiques en nutrition : santé et alimentation. 2016, 12, pp.36-
39. 10 016/j.pranut.2016.011. hal -034876111

MAEP (ministère de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche), 2004 – lettre de politique de développement rural à
Madagascar

M.HEBERT et B.BRETON. Recyclage agricole des cendres de bois au Québec - Etat de la situation, impacts et
bonne pratiques agro-environnementales. AgroSolutions, 2008
RALALARISOA Virginie Hantanirina, Etude de la filière Taro sur les hautes terres malgaches/ Ecole Supérieur
des Sciences Agronomiques BP 178-Antananarivo 101. Département AGRICULTURE.

Scribbr. Observation et observation participative, www.scribb.com, 2019

Walter A : Le taro en culture inondée ; fiche 6 ; p.51-55, 2008.

Webographies
www.mapcarta.com

www.meteocity.com

pedagogie.ac-strasbourg.fr

Vous aimerez peut-être aussi