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FOCUS

NOTRE-DAME
DE ROYAN

CHEF D’ŒUVRE
DE LA
RECONSTRUCTION
SOMMAIRE

1 INTRODUCTION

3 AVANT-GUERRE

3 LE CONTEXTE DE LA RECONSTRUCTION

4 LE PREMIER PROJET : L’INFLUENCE DU BRÉSIL

6 GUILLAUME GILLET, GRAND PRIX DE ROME

6 COLLABORATION ENTRE ARCHITECTES ET INGÉNIEURS :


UNE NOUVELLE ESTHÉTIQUE

8 LE PROJET ROYANNAIS

10 LA TECHNIQUE AU SERVICE DE L’ART

12 NOTRE-DAME, RATIONALISME LYRIQUE ET GOTHIQUE MODERNE

17 UNE ŒUVRE D’ART TOTALE


INTRODUCTION
L’église Notre-Dame de Royan, œuvre de l’architecte
18 DES TRAVAUX DE RESTAURATION NÉCESSAIRES
Guillaume Gillet et des ingénieurs Bernard Laffaille et
René Sarger, tient une place importante dans l’histoire
18 CONCLUSION
de l’architecture religieuse. Édifiée entre 1955 et 1958,
elle s’inscrit dans le mouvement général du renouveau
20 STATUAIRE
de l’art sacré après la Seconde Guerre mondiale.
22 MOBILIER
Construite en béton armé, matériau qui autorise des
formes nouvelles, Notre-Dame est un parfait produit
des Trente Glorieuses, période d’innovation technique
et esthétique, dont elle est un magnifique exemple.
Couverture :
Vitrail du chœur, de Claude Idoux, 1958 Monument historique classé, elle est le symbole de la
© Ville de Royan, Ph. Souchard
reconstruction de Royan.
Ci-contre :
L’église Notre-Dame
© Ville de Royan, A. Valli
1
1. La première église Notre-Dame
© coll. Ville de Royan

2. Chantier de l’église Notre-Dame,


vers 1956
© coll. Ville de Royan, JP Dumont photographe

AVANT-GUERRE
L’édifice actuel est venu remplacer l’ancienne
église Notre-Dame, entièrement détruite
par les bombardements alliés de 1945. Bâtie
de 1874 à 1878, sur les plans de l’architecte
Auguste Labbé, c’était un monument de
style néo-gothique, en croix latine, avec un
clocher-porche couronné d’une flèche d’une
cinquantaine de mètres de haut. Elle se
trouvait à l’emplacement de l’actuelle place 2
Charles-de-Gaulle.

La mairie confie, en 1951, la gestion de ce pro-


LE CONTEXTE jet à la Société coopérative de Reconstruction,
également appelée Renaissance des clochers.
DE LA RECONS- Cette société agit comme mandataire de la
Ville.
1 TRUCTION Après 1945, et plus encore après 1950, le
contexte a favorisé la construction ou la
Dans le plan de reconstruction de la ville, reconstruction d’un nombre considérable
Claude Ferret, architecte et urbaniste en d’édifices religieux. En France, 4000 églises
chef, dédie un espace particulier à la nou- sont sinistrées, selon le «groupement des
velle église. Il s’agit d’un terrain situé sur une églises dévastées ».
hauteur (+13 m) au sous-sol calcaire, donc L’une des caractéristiques remarquables de
suffisamment stable pour l’édification d’un l’architecture religieuse de ces années-là est
bâtiment important. d’appliquer à ce programme de nouveaux
La commande est celle d’une église de types de structures. En effet, c’est bien par
2000 places, permettant la tenue de services l’emploi de formes inédites que les architectes
religieux à l’intérieur et à l’extérieur, pendant parviennent à donner à leurs édifices sacrés
la saison estivale. Le programme architectu- une dimension spirituelle et novatrice.
ral comprend également un centre paroissial
avec un presbytère, une école, un gymnase et
2 un terrain de jeux. 3
1. L’église Saint-François d’Assise à
Pampulha (Brésil), Oscar Niemeyer, 1943
© DR

2. Dessin du projet de Bauhain, Baraton,


Hébrard, 1953
© coll. Ville de Royan

3. Maquette du projet de Bauhain, Baraton,


Hébrard, 1953
© coll. Ville de Royan
Sur cette maquette, on observe que l’implantation
de l’édifice était différente de ce qui a été réalisé,
car l’église se trouvait à l’extrémité de la parcelle,
face à la rue Notre-Dame.

De plus, le projet ne séduit pas l’évêque, qui


LE PREMIER émet des réserves, trouvant le projet trop
moderne, et regrettant l’absence d’un plan en
PROJET : croix.
Finalement, après les élections municipales de
L’INFLUENCE 1953, le nouveau maire, Max Brusset, stoppe
le projet de Bauhain, Baraton et Hébrard. Il
2

DU BRÉSIL propose de lancer un concours d’architecte


pour l’église, avant de se raviser, et en 1954,
En 1951, le projet de Royan est confié à un trio d’appeler Guillaume Gillet, qu’il connait par
d’architectes, Jean Bauhain, René Baraton et ailleurs, pour lui demander de réaliser une
Marc Hébrard. Ils réalisent les esquisses d’un esquisse pour Notre-Dame.
ensemble largement inspiré par un édifice
brésilien, l’église Saint-François d’Assise à
Pampulha, conçue par Oscar Niemeyer en
1943. Comme dans cette construction bré-
silienne, la nef de l’église était formée d’une
voûte parabolique en béton armé.
Pourtant ce projet n’aboutit pas. En effet, si
le permis de construire pour le presbytère
et le gymnase est bien déposé par Baraton,
Bauhain et Hébrard, l’étude pour l’édification
de Notre-Dame prend du temps, notamment
en raison de sa technique innovante.
3

4 5
1. Portrait de Guillaume Gillet dans son agence
© Fonds Gillet. SIAF/Cité de l’Architecture et du Patrimoine/
Archives d’architecture du XXe siècle

2. Portrait de Bernard Laffaille à Maintenon, vers 1945


© Fonds Laffaille. SIAF/Cité de l’Architecture et du
Patrimoine/Archives d’architecture du XXe siècle

3. Photo de René Sarger et Guillaume Gillet


© Fonds Gillet. SIAF/Cité de l’Architecture et du Patrimoine/
Archives d’architecture du XXe siècle
Laffaille meurt au début du chantier, en 1955. Il est remplacé
par René Sarger, qui fut son élève et son collaborateur.

4. Rotonde SNCF pour locomotives, Avignon,


2 Bernard Laffaille, ingénieur, 1944-1948
© Fonds Laffaille. SIAF/Cité de l’Architecture et du
Patrimoine/Archives d’architecture du XXe siècle

5. Église Notre-Dame de Bizerte (Tunisie),


Jean Le Couteur, 1948-1953
© C. de Charette.
Comme à Royan, les V sont tournés vers l’extérieur et
les interstices entre chaque poteau sont comblés par
4
des vitraux signés du maître-verrier Henri Martin-Granel.

Depuis les années 1920, Laffaille a développé Achevée en 1953, l’église de Bizerte est demeu-
tout un répertoire de structures aux configu- rée très peu connue. Elle représente pourtant
rations nouvelles, basées sur l’emploi du voile une étape importante dans l’architecture des
1 3
mince, en béton armé ou en métal, sous forme Trente Glorieuses, car elle marque l’introduc-
de coques rigides ou de toitures suspendues. tion de formes nouvelles dans un programme
Les voiles minces révolutionnent l’art de bâtir non industriel.
GUILLAUME COLLABORA-
et suscitent l’apparition d’une esthétique
inédite.
GILLET, GRAND TION ENTRE
Laffaille commence ses recherches pour des
bâtiments industriels et des équipements
PRIX DE ROME ARCHITECTES ET
aéronautiques. Entre 1944 et 1949, il réalise
pour le compte de la SNCF plusieurs édifices
remarquables, notamment les rotondes
Guillaume Gillet vient d’accéder à la notoriété
avec l’obtention du Premier Grand Prix de
INGÉNIEURS : pour locomotives à vapeur, dont les façades
sont constituées de poteaux à section en V,
Rome en 1946. Étudiant de l’école des Beaux-
Arts de Paris, il a reçu l’enseignement d’Em-
POUR UNE appelés « V Laffaille ». Ce sont ces réalisa-
tions pour la SNCF qui font connaître Laffaille
manuel Pontremoli et d’Auguste Perret. De ce
dernier, il tient ses convictions « rationalistes »,
NOUVELLE dans le monde de l’architecture. Désormais,
de nombreux architectes, impressionnés
qui se fondent sur l’emploi innovant de maté-
riaux nouveaux, le béton armé en particulier.
ESTHÉTIQUE par la réussite technique et plastique de ces
rotondes, vont faire appel à lui pour différents
Suite à l’appel du maire de Royan, Guillaume
Gillet et Laffaille se connaissent depuis 1953, programmes, notamment dans l’architecture
Gillet se tourne immédiatement vers l’ingé-
quand ils ont travaillé ensemble pour un pro- sacrée.
nieur Bernard Laffaille, afin de concevoir avec
jet – non abouti – de théâtre à Valenciennes. Ainsi, en 1948, Jean Le Couteur l’associe à la
lui un projet en collaboration étroite.
Après Auguste Perret, Bernard Laffaille est une conception du projet pour l’église Notre-Dame
personne déterminante dans la formation de de Bizerte (Tunisie). Laffaille le convainc alors
Gillet, qui disait : « Ma rencontre avec Laffaille d’employer ses poteaux à section en V pour
a été décisive. Avec lui, j’ai appris tous les prin- réaliser l’enveloppe de l’édifice à moindre 5

6 cipes d’une architecture moderne. » coût.


1 2

L’édifice est basé sur un plan en ellipse,


LE PROJET qui s’inscrit à l’extrémité d’une parcelle en
losange, ce qui dégage un espace important
5

ROYANNAIS pour le parvis, situé à l’est, en contrebas.


Ce plan en ellipse choisi par Gillet, qui renvoie
Pour Notre-Dame de Royan, l’apport de à la mandorle du Christ ou de la Vierge dans
Laffaille est décisif  : en effet, le schéma l’iconographie traditionnelle, se rapproche
constructif de l’église se base entièrement sur d’autres exemples contemporains : l’église
l’emploi conjugué de deux structures nou- Saint-François-Xavier de Kansas City (USA) par
velles nées du béton armé : les voiles minces Barry Byrne, en 1949, Saint-Julien de Caen,
et les coques suspendues. Gillet réalise une par Henri Bernard, en 1952-1959, Notre-Dame
première esquisse, approuvée par le Maire, de la Paix à Villeparisis par Maurice Novarina,
qui lui donne simplement comme consigne : en 1954-1958, ou la basilique souterraine de
« Faites-moi une église plus haute que cela, le Lourdes, par Pierre Pinsard et Pierre Vago, en
plus haut possible. Je veux que Royan ne soit 1956-1958. 3
pas une ville couchée, mais une ville debout :
redressez là par la silhouette de l’église. »
1. Plan, coupe axonométrique et élévation,
Gillet propose alors d’étirer au maximum Guillaume Gillet, mars 1954
l’édifice en lui donnant des proportions © Fonds Gillet. SIAF/Cité de l’Architecture et du Patrimoine/
Archives d’architecture du XXe siècle
monumentales : 50 m de longueur, 30 m de
largeur. L’église sera ponctuée par un clocher 2. Plan de situation
© coll. Ville de Royan
culminant à 88 m. Gillet voit grand, mais est
finalement rattrapé par les contraintes finan- 3. Église Saint-François-Xavier de Kansas City,
Barry Byrne, 1949
cières. Entre septembre 1954 et juin 1955, il
© DR
doit revoir à plusieurs reprises l’envergure du
4. Église Saint-Julien de Caen, Henri Bernard, 1952-1959
projet : le clocher ne montera finalement qu’à © DR
56 m. Le plan est accepté par la Ville en 1954 et 4
5. Vue d’une perspective, 1954-1958
la construction est confiée à l’entreprise Delau © Fonds Gillet. SIAF/Cité de l’Architecture et du Patrimoine/
8 et Fils pour le gros œuvre. Archives d’architecture du XXe siècle
1. Vue de la galerie de « triforium »
© Ville de Royan, A. Valli

2. Coupe de la galerie basse


© Fonds Gillet. SIAF/Cité de l’Architecture et du Patrimoine/
Archives d’architecture du XXe siècle

3. Paraboloïde hyperbolique

4. La couverture en selle de cheval de l’église


© Ville de Royan, A. Valli

1 2 3

LA TECHNIQUE L’ensemble est coiffé d’une couverture en


béton armé, un voile de 8 cm d’épaisseur, en
4

AU SERVICE DE forme de selle de cheval, tendu par deux arcs


paraboliques affrontés.
L’ART Ce type de coque en béton est apparu dans
les années 1920. Des études sur les surfaces
nouvelles sont à cette époque menées par les
L’église Notre-Dame est constituée de
ingénieurs, comme Bernard Laffaille en France
24  poteaux en V, qui alternent avec de
ou Pier Luigi Nervi en Italie. Les recherches
grandes verrières verticales. Avec une hauteur
pour couvrir le plus grand espace possible
moyenne de 32 m, les V Laffaille acquièrent
avec la structure la plus économique, aboutit
une dimension monumentale encore jamais
à la création de coques en forme de parabo-
atteinte. Un soin particulier a été apporté à
loïde hyperbolique, ou selle de cheval.
leur configuration, comme l’indique Gillet en
Le paraboloïde hyperbolique est ce qu’on
1957  : « L’étude a eu pour objet principal de
appelle une surface gauche réglée. Surface
travailler cet élément initial, le V Laffaille, de le
réglée, elle est engendrée par une droite, et
modeler, de le développer, afin de lui conférer
peut donc être réalisée par du béton coulé
un caractère monumental et sacré. »
sur des coffrages en bois. Surface gauche, elle
La très grande hauteur des V, et la volonté de
oppose deux lignes de courbure opposée.
Gillet de maintenir entre chaque V des ver-
rières verticales amènent à contrebuter ces
éléments, avec des voiles minces inclinés en
pied, qui assurent la couverture des bas-côtés
et jouent le rôle d’arcs-boutants et avec une
galerie qui ceinture l’édifice, en hauteur, à
10 l’image des cercles d’un tonneau.
1. Intérieur
© Ville de Royan, A. Valli

2. Vue de la nef depuis


l’entrée
© Ville de Royan, A. Valli

nel qui va orienter son choix : forme puissante,


NOTRE-DAME, grande hauteur, succession rythmée des
poteaux et des verrières et importance de la
RATIONALISME surface vitrée, qui procèdent de la tradition
gothique. On parle ainsi parfois, pour qualifier
LYRIQUE ET l’église de Royan de « gothique moderne ». La
galerie supérieure est assimilée à un triforium,
GOTHIQUE tandis que les pointes des V se terminent par
de doubles colonnettes, évoquant les piles
MODERNE gothiques, qui accentuent l’élévation de la nef.
François Mauriac a bien traduit le sentiment
Guillaume Gillet met en œuvre à Royan une d’intemporalité qui se dégage de Notre-
esthétique nouvelle, mais qui ne fait pas table Dame  : « Cette église a beau être de béton,
rase du passé. Il propose même une sorte elle nous arrive pourtant du fond des siècles,
d’équilibre entre une modernité assumée et elle participe de styles auxquels elle n’a rien
des emprunts à la tradition. emprunté. » (1961).
Gillet est un architecte qui se rattache au
courant rationaliste. Il affirme que ce sont les L’INTÉRIEUR
solutions techniques qui donnent les lignes et La différence de niveaux entre l’entrée, à
le style de l’édifice. L’église est d’abord conçue l’ouest, et le parvis, à l’est, a déterminé une
comme un ouvrage d’art répondant à des image tout à fait particulière de cette église
contraintes précises : dimensions, déclivité du où un emmarchement conduit les fidèles dans
sol, espace intérieur sans obstacles, emploi du une descente vers le chœur. Il y a un effet théâ-
béton armé. La structure est partout visible et tral dans les volumes intérieurs, et la surprise
ne comporte aucun décor. est amplifiée par le contraste entre la masse
Mais en même temps, l’architecte ne souhaite sombre et austère de l’extérieur et l’espace et
pas s’affranchir de la tradition. Ainsi, c’est bien la hauteur de la nef, illuminée par les vitraux.
l’idée de construire un monument exception- 2
12 13
1. Esquisse pour les vitraux de
Notre-Dame, par Guillaume Gillet
© Fonds Gillet. SIAF/Cité de l’Architecture
et du Patrimoine/ Archives d’architecture
du XXe siècle

2. Détail d’une des grandes verrières


© Ville de Royan, A. Valli

3. Vitrail du chœur, Claude Idoux, 1958


© Ville de Royan, Ph. Souchard

4 et 5. Détail des verres blancs


© Ville de Royan, Ph. Souchard

1 2

LES VITRAUX Cela a trois avantages, selon Granel :


Les verrières, qui occupent une surface de • Renvoyer les rayons de la lumière en les
500 m², ont été réalisées par le maitre-verrier fragmentant 4
Henri-Martin Granel. Celui-ci a probable- • Créer des demi-teintes et des effets d’irisa-
ment été associé au chantier de Royan grâce tion, qui accentuent la légèreté du vitrail
à Laffaille, avec qui il avait collaboré pour • Introduire la notion de tridimensionnalité,
l’église de Bizerte, en Tunisie. en faisant référence à une sculpture de verre
Faute de crédits, il faut attendre 1965 pour
l’installation des vitraux de la nef. Selon la Martin-Granel réalise également les vitraux
volonté de l’architecte, les verrières pré- de la coursive des bas-côtés. Ces vitraux, en
sentent des compositions abstraites à base forme de losange, sont les seuls figuratifs de
de motifs géométriques. l’ensemble d’origine. Ils représentent les sta-
On note une évolution d’ouest en est, de tions du chemin de croix, dans un style stylisé
teintes sombres vers de plus claires et de et épuré.
verres opaques vers de plus transparents. Dans les années 1990, d’autres vitraux sont
Cette progression lumineuse, hautement sym- commandés au maître-verrier, par la paroisse
bolique, permet de favoriser le recueillement et la DRAC. Ils sont cette fois réalisés dans un
et l’élévation. style assez naïf et relatent des épisodes de la
Henri Martin-Granel met ici au point une des vie de Jésus.
techniques de vitrail dont il est l’inventeur. Seul le vitrail situé derrière le maître-autel n’a
C’est en effet à Royan qu’il expérimente le pas été réalisé par Henri Martin-Granel. Œuvre
procédé des verres blancs posés sur champ, de Claude Idoux, il a été financé grâce à une 3 5
et enchâssés dans des joints de ciment liant souscription du journal Sud-ouest. Il figure l’As-
les dalles de verres qui composent le vitrail. somption de la Vierge, dans des teintes vives,
14 accentuées par l’utilisation de cristal de baccara. 15
N

1 18

2 17

3 16 1 2

UNE ŒUVRE
D’ART TOTALE
4 15

Gillet est non seulement attentif au dessin des


vitraux mais également de l’ensemble du mobi-
lier. Il trouve dans le motif du V le moyen d’uni-
5 14
fier l’architecture de l’église et de ses détails :
clôture de communion, garde-corps, autels…
Mais il dessine également bon nombre d’ob-
jets : bénitiers, confessionnaux, chandeliers,
6 13
porte-cierges, sièges des desservants, etc.
L’ensemble du mobilier et de la statuaire d’ori-
gine font d’ailleurs l’objet d’une protection au
titre des monuments Historiques depuis 2013.
7 12
À Notre-Dame, le béton, composante essen-
tielle de l’architecture, est utilisé jusque dans
son apparence plastique. Il y a en effet une
grande variété dans la mise en œuvre du maté-
8 11
riau, la recherche pour le dessin des coffrages,
l’expression d’éléments comme les garde-
corps ou les escaliers. Le plus bel exemple en
est sans doute le maître-autel, conçu comme
9 10 une véritable sculpture, qui a nécessité la
construction d’un chef d’œuvre en bois.
LE CHEMIN DE CROIX
1. Composition abstraite 10. Jésus rencontre les femmes
1. Croix de l’auvent
2. Composition abstraite de Jérusalem qui pleurent
3. Jésus est condamné à être crucifié
ENTRÉE 11. Jésus tombe pour la troisième fois
© Ville de Royan, A. Valli.
Cette croix a été réalisée en 2016, d’après un dessin de Guillaume
4. Jésus est chargé de sa croix 12. Jésus est dépouillé de ses vêtements
Gillet, grâce aux dons de l’Association de Défense de l’Église de
5. Jésus tombe pour la première fois 13. Jésus est cloué sur la croix
Royan (ader). Elle est composée de V entrecroisés, reprenant ainsi
sous le poids de la croix 14. Jésus meurt sur la croix,
le motif récurrent de l’église.
6. Jésus rencontre sa mère entouré de Marie et Jean
7. Simon de Cyrène aide Jésus 15. Pieta : Marie reçoit le corps de son Fils 2. Coffrage du Maître-autel
à porter sa croix 16. La Croix, lumière du monde © Fonds Sarger. SIAF/Cité de l’Architecture et du Patrimoine/
8. Véronique essuie le visage de Jésus 17. Composition abstraite Archives d’architecture du XXe siècle. Cliché JP. Dumont.
3
16 9. Jésus tombe pour la deuxième fois 18. Composition abstraite 17
3. Escalier de la coursive
© Ville de Royan, A. Valli
1. Inauguration de l’église, le 10 juillet 1958
© Fonds Sarger. SIAF/Cité de l’Architecture et du
Patrimoine/Archives d’architecture du XXe siècle

2. La passerelle de l’entrée, avant restauration


© Ville de Royan
Le béton a éclaté, laissant les fers à nu.

3. Élévation de la façade est, 1957


© Fonds Gillet. SIAF/Cité de l’Architecture et du
Patrimoine/Archives d’architecture du XXe siècle

1 2

rosion est fréquente pour les voiles minces,


DES TRAVAUX DE comme ceux de l’église, qui n’excèdent pas
10 cm d’épaisseur. Après une campagne de
RESTAURATION restauration menée dans les années 1990, de
nouveaux travaux ont débuté en mai 2013,
NÉCESSAIRES pour une durée de 4 ans. En 2017, des travaux
complémentaires sont apparus nécessaires, le
L’église est inaugurée en 1958. Le chantier chantier ayant révélé le mauvais état de cer-
n’aura duré que 3 ans. taines parties de l’édifice, notamment le lan-
Dès 1960, l’église Notre-Dame présente des ternon du baptistère et les tourelles d’escalier.
désordres qui ont tout d’abord touché l’étan-
chéité et les dispositifs de collecte des eaux.
Puis les bétons ont montré à leur tour des pro-
blèmes, avec leur éclatement, en particulier
aux extrémités des voiles des poteaux en V,
CONCLUSION
mais aussi de l’auvent et des couvertures des Notre-Dame s’inscrit au cœur de la modernité
bas-côtés. architecturale des années 1950, car Gillet y
Le béton armé est un matériau composite renouvelle le thème traditionnel de l’archi-
(cailloux, sable, ciment + acier) dont la durée tecture sacrée, et lui donne une expression
dans le temps dépend essentiellement de la résolument moderne, en utilisant des formes
qualité de ses composants, de sa fabrication nouvelles et un matériau de son époque.
et de sa mise en œuvre. À Royan, le béton a Replacée dans son contexte, l’église de Royan
été réalisé avec des graves et des sables de la est un monument exceptionnel, unique en
Gironde, de pauvre qualité, auquel est venu France. Pour la grandeur de sa conception,
s’ajouter du sable de mer, salé. pour l’homogénéité de son plan, la beauté
Les désordres constatés à Notre-Dame sont des lignes et des profils, l’harmonie de l’es-
la conséquence de la carbonatation du béton pace intérieur, la nouveauté des techniques,
de surface, qui perd son caractère alcalin sous l’église Notre-Dame est considérée comme un
18 l’effet d’une atmosphère corrosive. Cette cor- édifice majeur dans l’histoire de l’art. 19
1 2

STATUAIRE
1. L’IMMACULÉE CONCEPTION
OU « VIERGE NOIRE »
Gaston WATKIN - 1958, Plomb.
Cette œuvre a été commandée par Gillet au
sculpteur Gaston Watkin, titulaire comme lui
du Grand Prix de Rome, et dont il fit la connais- 4 5
sance à la villa Médicis.
2. LA VIERGE
Jacques-Yves PERRET - vers 1970, cuivre.
Cette petite statue est conservée dans la sacristie.
3. SAINTE-THÉRÈSE
Nadu MARSAUDON - 1951, calcaire.
Cette statue a été réalisée par l’artiste royan-
nais Nadu Marsaudon, alors âgé de 16 ans. Il
en fit don au chanoine Raud, et Gillet décida
de son emplacement.
4. SAINT-JOSEPH
Jacques-Yves PERRET - vers 1960, fer.
5. SAINTE-JEANNE D’ARC
Jacques-Yves PERRET - vers 1970, fer calciné.
6. SAINT-ANTOINE DE PADOUE
AVEC L’ENFANT JÉSUS
Jean-Pierre PERNOT, fin des années 1950-
début 1960, haut-relief en cuivre repoussé.
7. DESCENTE DE LA CROIX
Jacques-Yves PERRET - XX e siècle, alliage
cuivreux.
3 6 7

20 21
1 2 3 4

MOBILIER 7. CLOTURE DE COMMUNION


Dessin de Guillaume GILLET - fin des années
1950, métal.
1. PORTE-CIERGE
Dessin de Guillaume GILLET - fin des années 8. AUTEL SECONDAIRE
1950, métal peint. Dessin de Guillaume GILLET - fin des années 1950.
2. BÉNITIER EN FORME DE POISSON Des éléments remontant à la période d’avant-
Dessin de Guillaume GILLET - fin des années guerre sont également conservés dans l’église.
1950, béton et galet. Il s’agit de deux émaux quadrilobés, représen-
tant des étapes du chemin de croix provenant
3. SIÈGES DES DESSERVANTS
de la chapelle du Sacré Cœur, détruite par
Dessin de Guillaume GILLET. Mention :
les bombardements de 1945, et d’un lutrin,
« Ateliers de MORNAC » gravée dans le bois
décoré de l’aigle de Saint-Jean, datant du XVIIe
d’un des ambons - fin des années 1950, bois.
siècle, vraisemblablement lui aussi rescapé
4. AUTEL DE LA CHAPELLE-CRYPTE des bombardements.
Dessin de Guillaume GILLET - vers 1960, bois L’église Notre-Dame abrite aussi de grandes
plaqué, marbre. orgues. L’instrument, inauguré en 1964 est
Cet autel, propriété du ministère de la Justice, une œuvre de Robert Boisseau. Premier 5 6
en dépôt à la Ville de Royan, provient de orgue construit en étain martelé depuis le
la prison de Fleury-Merogis, construite par XVIII e siècle, il compte 47 jeux et près de
Guillaume Gillet. 3  600  tuyaux. Considéré comme un instru-
ment exceptionnel, il est classé Monument
5. BÉNITIER SURMONTÉ D’UNE CROIX
historique depuis 2006.
HAUTE
Dessin de Guillaume GILLET - fin des années
1950, métal.
6. CONFESSIONNAL
Dessin de Guillaume GILLET - fin des années
1950, bois.
L’église en abrite quatre.

7 8
22
Escalier de la coursive
© Ville de Royan, A. Valli

SERVICE CULTURE ET PATRIMOINE


1, rue du Printemps
Tél : 05 46 39 94 45
Mail : animation.patrimoine@mairie-royan.fr
www.ville-royan.fr

BIBLIOGRAPHIE

DELORME Franck
L’église Notre Dame de Royan, Le Festin, 2012.
Et « La liaison de l’art monumental et des arts plastiques »,
principe ou réalité ? Le cas des vitraux de l’église
Notre-Dame de Royan, In Situ, n°32, 2017.

GILLET Rose (dir.)


Notre-Dame de Royan, Guillaume Gillet, architecte,
Bonne-Anse, 2005.

RAGOT Gilles
Architecture du XXe siècle en Poitou-Charentes,
Patrimoine et Médias, 2000.

RINUY Paul (dir.)


Patrimoine sacré, XXe-XXIe siècle, les lieux de culte en France
depuis 1905, Éditions du Patrimoine, 2014.

THIBAULT Jean-Michel (dir)


Royan 2003, renouveau de l’architecture sacré
à la reconstruction, CAUE 17, 2004.

Maquette
studio Symbole
d’après DES SIGNES
studio Muchir Desclouds 2015
Textes
Charlotte de Charette, animatrice de l’architecture Impression
et du patrimoine de Royan. Imprimerie Rochelaise
« JE ME SENS TOUJOURS PORTÉ PAR LE PASSÉ,
CAR LES LOIS FONDAMENTALES QUI RÉGISSENT LA
COMPOSITION ARCHITECTURALE SONT TOUJOURS
VALABLES ET CELLES QUI RÉGISSAIENT JADIS LA
CONSTRUCTION ELLE-MÊME PEUVENT ÊTRE
RETROUVÉES DANS LES PROBLÈMES ACTUELS ».
Guillaume Gillet.

Royan appartient au réseau national Le service Culture et Patrimoine


des Villes et Pays d’Art et d’Histoire Le service Culture et Patrimoine a
La Direction Générale des Patrimoines, pour mission de mettre en œuvre la
au sein du ministère de la Culture et convention « Villes d’Art et d’Histoire »
de la Communication, attribue signée entre la Ville de Royan et
l’appellation « Villes et Pays d’Art et le ministère de la Culture et de la
d’Histoire » aux collectivités locales qui Communication. Il organise de
animent leur patrimoine. Elle garantit nombreuses actions pour permettre
la compétence des animateurs du la découverte du patrimoine et
patrimoine et des guides-conférenciers, de l’architecture de la ville par ses
ainsi que la qualité de leurs actions. De habitants, jeunes et adultes, et par
l’architecture aux paysages, les villes ses visiteurs. Il est partenaire des
et pays mettent en scène le patrimoine établissements scolaires dans leurs
dans sa diversité. Aujourd’hui, un projets pédagogiques sur le thème du
réseau de 190 villes et pays vous offre patrimoine.
son savoir-faire sur toute la France.
Laissez-vous conter Royan,
À proximité Ville d’Art et d’Histoire...
Saintes, Rochefort, Poitiers, Thouars, ...en compagnie de guides-
Cognac, le Pays Mellois, le Pays conférenciers agréés par le ministère
Montmorillonnais, le Pays de de la Culture et de la Communication.
l’Angoumois, le Pays du Confolentais, Ils connaissent toutes les facettes de
le Pays de Parthenay, le Pays Royan et vous donnent les clefs de
Châtelleraudais et le Pays de l’Ile de Ré lecture pour comprendre un bâtiment,
bénéficient de l’appellation « Villes et un paysage, le développement de la
Pays d’Art et d’Histoire ». ville au fil de ses quartiers.

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