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M a i - j u i n

2 0 1 9
N ° 1 5 9
SOMMAIRE / N° 159

Salle de spectacle à Mons-en-Barœul


Architectes : Dominique Coulon & associés
Photographe : Eugéni Pons

Construction moderne / mai-juin 2019


P. 2 villefranche-sur-mer
institut de la mer,
Résidence pour Chercheurs
Architectes : CAB architectes (Calori + Azimi + Botineau)
ÉDITO
Donner à vivre, à être, à voir autrement à travers leurs projets,
P. 6 mons-en-barœul
salle de spectacle
salvador allende
les architectes nous invitent dans un processus de transformation qui
fait écho à la multiplicité des attentes contemporaines. Avec l’Institut
Architectes : Dominique Coulon & associés ; de la mer, l’agence CAB conçoit un édifice encastré et inscrit dans le
Damien Surroca, architecte d’opération
paysage typique de la côte méditerranéenne entre Nice et Monaco.

P. 10 muret
44 logements
square maÏmat nord
Il offre aux chercheurs un lieu de résidence et d’études, qui assure
naturellement le confort thermique d’été à un cadre de vie unique
dans son rapport au site et à la baie de Villefranche-sur-Mer.
Architectes : ppa architectures
Caractérisée par le pivotement géométrique de ses volumes,
la plastique générale de la salle de spectacle S. Allende, signée par
P. 14 digne-les-bains
le nouveau tribunal
de grande instance
Dominique Coulon et associés, se démarque du paysage urbain
alentour de façon inattendue. Cet événement spatial dans la ville
Architectes : Fradin Weck Architecture exprime son statut spécifique d’équipement de quartier ouvert aux
habitants de Mons-en-Barœul et d’acteur de la vie culturelle de la

16
rambouillet
Pôle culturel métropole lilloise. Avec l’ensemble de 44 logements du square
P.
la Lanterne Maïmat nord, ppa architectures compose deux immeubles où chaque
Architecte : Studio Milou appartement possède une vaste terrasse plantée, alliant ainsi
qualités du logement individuel et collectif tout en proposant une
réponse alternative à l’étalement pavillonnaire. À Rambouillet,
le Studio Milou crée un lieu de calme qui articule le pôle culturel
« la Lanterne » avec l’échelle hétérogène du quartier et tisse
une relation étroite avec la place existante.
judith hardy
directrice de la rédaction
norbert laurent
rédacteur en chef

P. 20 lyon
157 logements
résidence reflets 2 vies
Architectes : Ataub Arto architectes ; Atelier Dalmas

P. 24 saint-marcel
accueil périscolaire
et restaurant scolaire
Architecte : LDA – Lionel Debs Architectures Créée en 1885, la revue Construction Moderne est éditée par l’association CIMbéton,
centre d’information sur le ciment et ses applications – 7, place de la Défense 92974

P. 26 marseille
145 logements
« la crique »
Paris-la-Défense Cedex – Télécharger Construction Moderne sur www.infociments.fr
Présidente : Bénédicte de Bonnechose • Directeur de la publication : François Redron •
Directrice de la rédaction : Judith Hardy • Rédacteur en chef : Norbert Laurent •
Architectes : Pietri Architectes Rédacteur en chef adjoint : Clothilde Laute • Conseillers techniques : Laurent Truchon,
Claire Barbou, Bétocib • Rédaction et réalisation : Two & Two • Conception graphique :
Zed Agency • Graphiste : Sylvie Conchon • Pour tout renseignement concernant la

P. 30 besançon
rénovation du musée des
beaux-arts et d’archéologie
rédaction, tél. : 01 55 23 01 00 • Abonnements : par fax au 01 55 23 01 10 ou par
e-mail à centrinfo@cimbeton.net
Couverture : 44 logements à Marseille – Architectes : ppa architectures
Architecte : Adelfo Scaranello architecte
Photographe : Philippe Ruault

P. 32 paris
121 logements
résidence allure OFFRE SPÉCIALE
Architectes : Fresh Architectures (mandataire) et Itar pour les maîtres d’ouvrage et les maîtres d’œuvre,
Architectures (associé) 1 an d’abonnement GRATUIT.
Envoyez vos coordonnées à centrinfo@cimbeton.net

Construction moderne / mai-juin 2019 1


villefranche-sur-mer

institut de la mer,
Résidence pour Chercheurs
La résidence pour chercheurs de l’agence CAB développe une architecture puissante,
presque infrastructurelle où béton brut et lumière cadrent des vues d’exception.
Texte : Solveig Orth – Reportage photos : aldo amoretti

L
a darse de Villefranche-sur-Mer est La justesse du calage altimétrique a été un Tournées l’une vers l’autre, les deux équerres
connue pour son paysage escarpé et des principaux enjeux du projet. Il s’agissait de réinventent la figure du cloître et profitent de
ses vues sur la Méditerranée à couper profiter de la pente du terrain pour trouver la pente pour s’ouvrir d’un côté à la vue et à
le souffle. Il se trouve que depuis le xixe siècle, le niveau d’implantation qui permettrait à la la mer et de l’autre à la colline, révélant une
c’est une autre spécificité qui en fait sa par- vue d’échapper aux toitures du bâtiment aval. spatialité renouvelée, paradoxe d’une intério-
ticularité : la richesse de sa faune plancto- Pour ce faire, les concepteurs ont pris le parti rité ouverte au grand paysage.
nique, qui attire un nombre important d’es- de rassembler sur les deux premiers niveaux Les usagers profitent ainsi du paysage de la
pèces sous-marines, a permis l’installation les locaux techniques et de service ainsi que mer, mais aussi de celui des rocailles, de la
d’un observatoire océanologique dès 1809. les stationnements et les laboratoires. C’est terre et de la végétation qui s’accroche aux
Ce centre de recherche est aujourd’hui donc au R+3 que s’implantent les locaux com- pentes abruptes de la côte niçoise.
devenu l’Institut de la mer, organisme reconnu muns d’accueil et de convivialité. Il constitue
internationalement dépendant de Sorbonne le nouveau niveau de référence du projet, sur Histoire et infrastructure
Université et du CNRS. lequel deux solides équerres en béton sont Inscrit dans un ensemble architectural his-
venues se superposer. torique à forte valeur patrimoniale – hôpi-
Deux équerres superposées La première s’encastre dans le terrain et tal des galériens, corderie, caserne et arse-
Le centre d’hébergement nouvellement réa- s’ouvre au paysage époustouflant de la baie nal – dans lequel s’est petit à petit installé le
lisé par l’agence CAB occupe un site enclavé de Villefranche. Elle accueille les salles com- pôle de recherche, le nouveau bâtiment réin-
à l’arrière d’un bâtiment de recherche, sous munes réparties en L autour d’un patio, terprète leurs caractéristiques communes et
la basse corniche qui relie Nice à Monaco, plan horizontal entre ciel et mer. Au-dessus, s’intègre dans une composition d’ensemble.
au pied de la falaise calcaire. Pour « dégager la seconde forme une équerre inversée La minéralité et la massivité du béton brut
le terrain » et aller chercher la vue, les archi- qui reçoit les 44 chambres individuelles ou font écho à la pierre des constructions voi-
tectes ont souhaité gagner de la hauteur. doubles destinées aux chercheurs. sines ; la trame et la verticalité des ouver-
tures inscrivent en continuité de leurs baies ;
la faible hauteur et l’étirement du volume
renvoient à leur volumétrie, mais pas seule-
Maître d’ouvrage : Sorbonne Université ; Direction du Patrimoine Immobilier, Thierry Nivoche ; ment… Ici, le porte-à-faux de 30 m de long
Conducteur d’opération, Matthieu Bourdon – Maître d’œuvre : CAB architectes (Jean-Patrice qui permet de soulever l’aile des chambres
Calori, Bita Azimi, Marc Botineau) chefs de projet : Giancarlo Ranalli et Marine Cangione – BET dessine une « architecture infrastructu-
structure : Turra – BET fluides : Enerscop – BET qualité environnementale : Biotop – Entreprise relle ». Le thème fait écho aux nombreux
gros œuvre : Léon Grosse – Surface : 2 400 m2 SHON – Coût : 6,3 M€ HT – Programme : projets que l’agence niçoise a réalisés dans
centre d’hébergement pour les chercheurs en océanologie de Sorbonne Université comprenant la région. Le béton brut résonne ici tout par-
44 chambres doubles et individuelles, des espaces de vie collective pour les chercheurs, un ticulièrement et fait référence aux ouvrages
laboratoire d’observation océanologique, un auditorium, un learning center, une cafétéria. d’art qui caractérisent le paysage niçois en
•••
2 Construction moderne / mai-juin 2019
A

A __
Réinterprétant
l’archétype
des persiennes,
les balcons
sont protégés
par des volets
métalliques qui
protègent
du soleil tout
en créant
des brise-vue
entre balcons.

B, C __
La cour
centrale
réinterprète
l’idée d’un
patio ouvert,
d’un côté vers
la baie de
Villefranche et
de l’autre vers
la colline et
sa verdure.

Construction moderne / mai-juin 2019 3


villefranche-sur-mer

7
Coupe
1. Circulation
••• 1 2 3 4
2. Salle de réunion
5 3. Patio minéral
enjambant ses vallées escarpées. Comme
4. Bassin
un pont, l’aile qui fait face à la mer franchit 6 5. Parking
30 m sans appui intermédiaire et repose à ses 6. Laboratoire
7. Chambres pour 10m
deux extrémités sur des piles dont une reçoit chercheurs
les circulations verticales. Ce franchissement
est rendu possible par les façades longitudi-
nales qui fonctionnent comme des poutres- tions météorologiques particulièrement favo- du soleil en hiver et de s’en protéger en
échelles, avec pour refend les cloisons sépa- rables sur la Côte d’Azur réduisent les coûts été. Chaque chambre bénéficie d’un espace
ratives des chambres. d’entretien et de fonctionnement du bâti- extérieur de balcon qu’elle partage avec la
ment en évitant toute consommation d’éner- chambre voisine. L’espace du balcon a été
Effet Venturi gie liée au renouvellement d’air, au chauffage traité de façon particulière, bordé sur ses
Aménagé dans le vide généré par ce franchis- ou au rafraîchissement. trois côtés par des brise-soleil horizontaux
sement, un bassin s’étire sur toute la longueur Les chambres, individuelles dans une aile et qui réinterprètent l’archétype de la persienne.
des 30 m. Selon le principe de l’effet Venturi, doubles dans l’autre, s’organisent de façon tra- Ces persiennes en tôle d’acier sont mobiles,
l’air pénètre par ce vide, se rafraîchit grâce à versante. Elles sont précédées de seuils qui s’ouvrent et se replient latéralement pour for-
l’eau à l’ombre du bâtiment pont ainsi que distinguent chacune d’elles et dans lesquels mer des brise-vue latéraux. Ils forment une
par évaporation, assurant à la température des volets mis en place ultérieurement per- alcôve en position fermée, comme une pièce
du patio de perdre deux à trois degrés l’été. mettront la nuit de bénéficier d’une ventila- supplémentaire et ombragée. En position
L’air rafraîchi pénètre ensuite de l’autre côté tion traversante et d’un free-cooling nocturne ouverte, les volets deviennent des séparatifs
dans les salles de vie collective dont les tout en assurant l’anti-effraction. entre balcons, œillères qui masquent la vue
baies vitrées s’ouvrent en totalité et d’où il L’intérieur est aménagé comme une cabine de du voisin et projettent le regard sur la mer.
s’échappe par des fenêtres hautes. bateau où s’enchaînent les fonctions tout au
En balcon au-dessus du patio, des cour- long du séparatif pour s’ouvrir en balcon sur la Qualité environnementale
sives extérieures distribuent l’équerre des baie de Villefranche. Les chambres s’orientent Le savoir-vivre architectural et les économies
chambres des chercheurs qui se développent soit à l’est, soit au sud, les baies sont proté- d’énergie sont des thèmes chers aux concep-
sur deux niveaux. Ces circulations d’accès aux gées par un dispositif de balcon-casquette teurs. Nous sommes là dans le Sud, ce qui
chambres extérieures autorisées par les condi- dimensionné pour permettre de profiter implique d’importants objectifs en termes
de confort d’été notamment.
Semi-enterré et à flanc de colline, le bâtiment
bénéficie d’une forte inertie, qui est égale-
ment renforcée par un principe constructif de
double mur coulé en place avec isolant inté-
gré. Les dalles en béton brut participent à la
3
qualité environnementale grâce à leur inertie.
Les toitures-terrasses végétalisées renforcent
1 également celle-ci, permettant un rafraîchisse-
ment par évapotranspiration des végétaux et
2
une meilleure rétention d’eau en cas de fortes
pluies. Enfin, pour parfaire cette conception
bioclimatique et profiter de la proximité de
la mer, une géothermie va prochainement
être mise en place. Deux pompes à chaleur
sur eau de mer vont permettre d’assurer la
totalité des besoins de chauffage, mais aussi
Plan de R+3
1. Accueil de rafraîchissement de la résidence au travers
2. Bassin des planchers chauffants/rafraîchissants. L’eau
3. Locaux communs
chaude sanitaire est quant à elle produite par
panneaux solaires, permettant d’économiser
0 10 m
5 448 kg de CO2 par an. 
2 LOCAUX COMMUNS

4 3
4
ACCUEIL
BASSIN
Construction moderne / mai-juin 2019
D __
Autour du
patio, les salles
communes
possèdent
des baies
totalement
escamotables
pour gommer
la limite entre
l’intérieur et
l’extérieur.

D
E __
Un seul
matériau, le
béton brut,
est présent
à l’intérieur
comme à
l’extérieur.

F __
Le bassin crée
une centralité
particu-
lièrement
agréable pour
les usagers.

G __
Le bâtiment
s’insère dans
l’environ-
E nement avec
ses toitures
plantées.

F G

Construction moderne / mai-juin 2019 5


mons-en-barœul

salle de spectacle
salvador allende
Par le pivotement géométrique des volumes qui le composent, l’édifice conçu par l’agence
Dominique Coulon & associés se démarque ainsi de ce qui l’entoure et affiche son statut d’équipement public.
Texte : Norbert Laurent – Reportage photos : eugéni pons

A
u milieu des années 60, la ville de 12 000 habitants, associant réhabilitations qui accueillait les associations monsoises et
Mons-en-Barœul a connu une trans- de logements, démolitions, constructions leurs manifestations telles que les concerts
formation radicale avec la création, neuves, créations d’équipements publics, de l’harmonie, les spectacles pour les aînés
sous l’impulsion de l’État, d’une importante rénovation et requalification des espaces ou pour les écoles. Des artistes de renommée
zone à urbaniser en priorité (Zup). Ainsi, à par- publics et aménagements paysagers. L’en- nationale pouvaient également s’y produire.
tir de 1964, ce sont 4 000 logements, bureaux, semble de l’opération s’inscrit dans une Le nouvel édifice se dresse sur la place de
commerces et équipements, dont la nouvelle démarche de performance environnemen- l’Europe. Avec sa salle de spectacle et ses stu-
mairie, qui voient le jour en moins de dix ans, tale, énergétique et écologique. Le quar- dios de répétition, il constitue à la fois un
sur environ une centaine d’hectares. La popu- tier du Nouveau Mons a reçu le label natio- équipement de quartier et un lieu dont la
lation passe du simple au double, pour avoi- nal écoquartier en 2014. Il a été également programmation variée en fait un acteur de la
siner les 30 000 habitants. Avec ses tours et retenu, au niveau national, pour un nouveau vie culturelle de la métropole lilloise.
ses barres d’immeubles, le paysage urbain est programme de rénovation urbaine (NPNRU), « Le projet tire du contexte sa quintessence »,
caractéristique des grands ensembles. Comme qui va permettre de poursuivre, dans les commente Dominique Coulon. « Nous sommes 
ce fut souvent le cas, le quartier s’est dégradé dix prochaines années, la métamorphose de ici dans un environnement très orthonormé,
au fil des années et souffrait d’une percep- ce morceau de ville. qu’il s’agisse du tracé des rues ou de l’archi-
tion négative, malgré d’incontestables atouts tecture des bâtiments qui avoisinent la place
comme sa situation au cœur de la métro- Une salle de spectacle de l’Europe. Nous avons travaillé ce projet
pole lilloise, sa bonne desserte par les trans- et un équipement de quartier pour qu’il échappe à cela et se démarque
ports en commun et la présence de vastes L’inauguration de la nouvelle salle Salvador ainsi de ce qui l’entoure afin d’afficher son
espaces verts… Allende, conçue par l’agence d’architecture statut de bâtiment public et aussi pour
La municipalité a engagé depuis une dou- Dominique Coulon & associés, a marqué la fin qu’il exprime la dimension culturelle de son
zaine d’années un important programme du premier programme ANRU. Elle vient en contenu. Le pivotement géométrique des
de rénovation urbaine de ce quartier de lieu et place de la salle polyvalente éponyme volumes, qui correspondent aux éléments
caractéristiques du programme, façonne la
plastique générale de l’édifice et annonce
ainsi un événement spatial dans la ville. »
Maître d’ouvrage : ville de Mons-en-Barœul – Maître d’œuvre : Dominique Coulon & associés,
Dominique Coulon et Olivier Nicollas architectes ; Damien Surroca, architecte d’opération – BET Force et sobriété
structure : Batiserf Ingénierie – BET HQE® : Impact QE – BET fluide : Jos – Acousticien : Euro Le jeu des volumétries simples, qui com-
sound project – Scénographe : Changement à vue – Entreprise gros œuvre : Tommasini – posent l’édifice, ne cherche pas à rivaliser avec
Préfabricant : Jousselin – Surface : 2 336 m2 SHON, 2 502m2 SDP – Coût : 6 M€ HT – Programme : les immeubles de grande hauteur alentour.
salle de spectacle de 500 places assises, 1 000 places debout, une grande salle de répétition, Il s’en détache sans ostentation par sa propre
studios de création musicale, studio d’enregistrement. géométrie. Sur le socle rectangulaire du rez-
•••
6 Construction moderne / mai-juin 2019
A

A __
La grande salle
de répétition,
appelée le
« Belvédère »,
vient en porte-
à-faux sur
la place.

B __
Le pivotement
géométrique
des volumes,
qui corres-
pondent aux
éléments
caracté-
ristiques
du programme,
façonne
la plastique
générale
de l’édifice.

Construction moderne / mai-juin 2019 7


mons-en-barœul

2
•••
de-chaussée, le volume de la grande salle de relation tous les éléments du programme.  3
répétition, appelée le « Belvédère », vient en Le conflit géométrique généré par ce pivo- 4 3

porte-à-faux sur la place. Il se décale en dia- tement est révélé par ce vide qui s’orga-
gonale vers le nord-ouest et regarde en direc- nise dans une figure triangulaire. Associés
tion de la mairie, mettant ainsi en relation les aux obliques de l’escalier, les parois se plient
deux bâtiments institutionnels. Son voisin, qui dans un mouvement ascensionnel. Les sur- 3
abrite deux studios de répétition, se tourne faces de laque noire, associées à celles lais-
à l’inverse vers le nord-est. L’un et l’autre se sées en béton brut animent et complexifient
décalent et pivotent en avant-plan du volume la perception de l’espace. Tout en haut, le
de la salle de spectacle, qui pour sa part se plafond blanc avec ses apports de lumière 1
prolonge en porte-à-faux sur le côté ouest et naturelle apparaît comme un ciel étoilé. Les
signale ainsi sa présence sur l’espace public. espaces du projet se rassemblent autour
L’enveloppe extérieure alterne les parois ver- de ce cœur »,précise l’architecte Dominique
ticales en béton gris poli ou bouchardé et les Coulon.
grands plans vitrés. Leur composition façonne Le jeu des contrastes entre l’aspect brillant de
la volumétrie générale, la rythme, la met en la laque et celui mat du béton, les variations
valeur avec force et sobriété. Des éclats de des reflets ou de la lumière accompagnent le 0 5m
miroir sont incorporés au béton. Sous l’effet développement vertical continu des parois
Plan de R+1
des rayons du soleil, ils donnent aux façades qui se plient, se déplient, se replient dans un 1. Salle de spectacle 3. Studios de répétition
un scintillement qui les anime de façon chan- mouvement ascensionnel et caractérisent 2. Salle de répétition 4. Salle d’enregistrement
le « Belvédère »
geante et inattendue. ce véritable foyer spatial. Le mouvement de
la matière et celui des usagers se répondent
Un hall ascensionnel créant des perceptions, des perspectives, offre une vue unique en balcon sur le quar-
Depuis la place, le volume en suspension du des points de vue changeants, dynamiques, tier. Sa dimension généreuse permet à cette
« Belvédère » s’ouvre sur l’espace public par inattendus. salle d’accueillir une grande variété de répé-
une face entièrement vitrée qui permet aux titions, ensembles instrumentaux, danse,
passants de voir les activités se déroulant La salle et les locaux de répétition théâtre, arts du cirque… À cela s’ajoutent trois
dans la salle de répétition. Faisant ainsi signe, La salle de spectacle est conçue pour accueil- studios de répétition, destinés aux musiciens.
il invite à entrer dans le bâtiment. Après avoir lir une grande diversité de manifestations Un studio d’enregistrement vient compléter
cheminé sous le volume du « Belvédère » et (musique, théâtre, danse, arts du cirque, l’ensemble. Il permet de faire des enregis-
franchi la billetterie, on pénètre dans le hall conférences…). Sa jauge varie de 500 places trements dans la salle de spectacle, le « Bel-
d’accueil, depuis lequel on peut accéder à assises à 1 000 places debout. En effet, dif- védère », et dans deux studios de répétition
toutes les parties du programme. férentes configurations sont possibles. Par de musique. L’accès à ces locaux se fait
Au rez-de-chaussée, il se prolonge par une exemple, les trois premières rangées de fau- depuis le grand hall, qui au deuxième étage
galerie qui se développe le long de la façade teuils, situées en contrebas de la scène, conduit jusqu’aux places en balcon de la salle
ouest. Destinée à recevoir des expositions, peuvent être recouvertes pour obtenir un de spectacle.
elle permet également de desservir un des plateau de plain-pied, jusqu’au premier rang Toute la structure du bâtiment, assez com-
accès à la salle de spectacle. Se fondant tota- de gradins. Une grande partie des gradins plexe avec ses porte-à-faux et ses décalages
lement dans l’espace du hall et participant est rétractable, à l’exception des 5 rangées géométriques, est construite en béton coulé
à son animation, le bar prend place devant situées en balcon. Depuis l’ouverture de la en place. L’enveloppe est réalisée avec des
le bloc des locaux de l’administration, mis salle, artistes et spectateurs témoignent panneaux préfabriqués de type mur à cof-
ainsi un peu en retrait sans être trop isolés de façon unanime de son excellente qua- frage intégré, polis ou bouchardés en usine.
du reste du bâtiment. À l’approche de l’en- lité acoustique. À cela s’ajoute le fait que de L’architecte et la maîtrise d’ouvrage souhai-
trée principale de la salle de spectacle et partout les spectateurs voient très bien la taient que les joints entre panneaux ne soient
de l’escalier montant aux étages, l’espace scène, sans gêne ni obstacle. pas visibles. Après plusieurs essais, l’entre-
du hall se dilate verticalement sur toute la Les locaux de répétition sont regroupés au prise de gros œuvre a trouvé une solution,
hauteur du bâtiment. « Le pivotement du premier étage. Les loges sont à proximité de qui efface la présence des joints. Cela donne
volume de la grande salle de répétition la scène côté jardin. Le « Belvédère » s’ouvre force et unité aux parois de l’enveloppe
ménage un grand vide intérieur qui met en par sa grande baie vitrée sur l’espace public et de l’édifice. 

8 Construction moderne / mai-juin 2019


C, D __
L’enveloppe
du bâtiment
est rythmée
par les grands
plans vitrés
et les parois
verticales en
béton gris poli
ou bouchardé.
Des éclats de
miroir sont
incorporés
au béton.
Ils scintillent
C D
sous le soleil
et animent
les façades
de façon
changeante
et inattendue.

E __
Le hall est le
cœur du projet.
Les surfaces
de laque noire,
associées à
celles laissées
en béton brut,
animent et
complexifient
la perception
de l’espace.

F __
Le hall se dilate
verticalement
E par un
grand vide
ascensionnel
qui met en
relation tous
les éléments
du programme.

G __
La salle de
répétition
appelée le
« Belvédère »
s’ouvre par
sa grande
G baie vitrée sur
l’espace public
et offre une
vue unique
en balcon sur
le quartier.

H __
Vue sur la salle
de spectacle.

F H

Construction moderne / mai-juin 2019 9


muret

44 logements
square maÏmat nord
Les deux immeubles du square Maïmat 2 abritent 44 logements sociaux.
Noyés au milieu de la verdure, ils présentent une alternative intéressante au pavillonnaire.
Texte : clotilde foussard – Reportage photos : philippe ruault et airimage

S
ur la commune de Muret, située à souligne Jean-Manuel Puig, architecte en sentier fleuri et arboré traverse les deux rési-
vingt-cinq kilomètres au sud de Tou- charge du projet : « Dès le départ, nous nous dences, en lien avec le reste de l’aggloméra-
louse – une des quatre agglomérations sommes mis d’accord, avec le bailleur et la tion. Aujourd’hui, des personnes se rendant
les plus peuplées du département –, dans un municipalité, pour recréer de la ville plutôt à pied d’un endroit à un autre de la ville le
quartier résidentiel assez neutre et sans véri- que d’édifier à nouveau un quartier social. » parcourent quotidiennement. Pour Promo-
table identité, l’agence ppa architectures a Recréer de la ville, c’était en tout premier lieu logis, la revitalisation de ce nouveau quar-
réalisé l’opération, ou plutôt les opérations changer l’échelle des habitations en réduisant tier étant une belle réussite avec la pre-
Maïmat. les hauteurs et en créant un système de plots mière tranche de travaux, la seconde est
compacts (de R+5 à R+8) qui, en jouant sur donc programmée en 2015 pour construire
Recréer de la ville la discontinuité du bâti, remplace celui des 44 logements, dont 24 en locatif et 20 en
Celle dénommée Maïmat 2 fait donc partie barres. Cela génère une meilleure interaction accession sociale. Ceux-ci, allant du T2 au T4,
d’un projet plus vaste mené par le bailleur entre l’habitat et la cité. Ce qui revenait éga- sont répartis dans deux petits volumes, dont
social toulousain Promologis. Cent soixante- lement à changer l’image même de ce sec- un à R+5 et le second à R+6, disposés sur le
treize logements et un centre commercial teur et lui donner un visage neuf, le dégager reste de la parcelle.
ont été détruits pour libérer le site. de la marque forte du passé, les trois barres
Puis en 2013/2014, 148 logements ont été datant des années 60 étant démolies. Les Quelle alternative
construits en six plots. Quarante apparte- petits immeubles, dont les façades en béton au pavillonnaire
ments et commerces ont été réhabilités dans clair sont simples et régulières, sont dotés Cette fois, la trame de réflexion des archi-
un des immeubles conservés. De plus, une de balcons nettement en saillie, ce qui leur tectes et du maître d’ouvrage, outre le sou-
place de marché, un parc résidentiel arboré imprime une certaine singularité. hait d’arriver à établir une certaine mixité
et des circulations piétonnes ont été réali- Et enfin, recréer de la ville, c’était aussi sociale, porte plutôt sur le désir des accé-
sés sur le reste de la parcelle, en collabora- changer l’usage du quartier en le ren- dants : « Que peut-on offrir aux futurs pro-
tion avec la paysagiste Emma Blanc. dant perméable, par la création de circu- priétaires comme alternative au pavillon-
Le fondement du projet Maïmat est une lations piétonnes traversantes, qui s’ap- naire, puisque c’est sur ces problématiques
démarche urbaine affirmée, ainsi que le parentent à des promenades urbaines. Un – plain-pied, rapport avec l’extérieur, sta-
tionnement – que se jouera la décision 
d’un achat ? »
Les réponses se font vite entendre : conce-
Maître d’ouvrage : Promologis – Maître d’œuvre : ppa architectures (mandataire) ; Jean- voir des habitations qui s’apparentent à du
Manuel Puig, directeur associé – Maîtrise d’œuvre d’exécution : MOA – Paysagiste : Emma logement individuel mais... en les superpo-
Blanc – BET structure : 3J Technologies – Économiste : Execo – Entreprise gros œuvre : sant... Ici, chaque appartement possède une
BTPMP – Préfabricant : Rector – Surface : 2 826 m2 SDP – Coût : 3,75 M€ HT – Programme : grande terrasse plantée qui couvre la même
44 logements sociaux ; 24 en locatif, 20 en accession, 12 T2, 28 T3, 4 T4, 57 places de parking. superficie que le séjour, de plain-pied avec
•••
10 Construction moderne / mai-juin 2019
A

A __
La silhouette
surprenante
des deux plots
avec leurs
porte-à-faux
est un signal
fort dans
le quartier.

B __
Les abords
arborés des
immeubles
forment une
zone tampon
entre l’espace
public et
l’espace privé.

Construction moderne / mai-juin 2019 11


muret

•••
celui-ci. De plus, le plan conçu sur un système serré pour pouvoir offrir aux habitants des différenciant cette opération de la précé-
tournant pivote d’un étage sur l’autre, évitant éléments de générosité et de qualité comme dente, selon les vœux du maître d’ouvrage.
ainsi tout vis-à-vis. Les aménagements exté- les vastes terrasses, les intérieurs soignés – le Les quatre logements par étage sont dispo-
rieurs agréables (des pépinières entourent chauffage individuel au gaz, des douches à sés selon un système tournant, ce qui fait
les immeubles, des noues cernent les bâti- l’italienne, des pièces à vivre spacieuses... », que les terrasses occupent un angle sur deux.
ments...), les espaces collectifs vastes et la précise Jean-Manuel Puig. Cette organisation a pour effet de dégager
possibilité de garer sa voiture dans un espace En effet, ce travail sur la standardisation des une double hauteur sous plafond de chaque
semi-privé (les parkings sont glissés en rez-de- éléments architecturaux tels que les pan- balcon et d’offrir ainsi un espace qualitatif en
chaussée, sous les immeubles, ce qui, de plus, neaux préfabriqués de béton tous conçus hauteur et en surface.
évite la présence de logements à ce niveau, de même forme et de même dimension, les C’est d’ailleurs de la forte présence de ces
avec tous les inconvénients que l’on sait) sont menuiseries des fenêtres et des baies vitrées fameuses terrasses que procède l’esthétique
autant de réponses qui viendront orienter toutes identiques, ainsi que sur la mise en de l’ensemble. Celles-ci créent une géomé-
le choix de futurs habitants, entre individuel œuvre des éléments préfabriqués des ter- trie intéressante et expressive qui confère à
et collectif. rasses, a engendré une esthétique architec- cette architecture un caractère résolument
D’autre part, le quartier est « résidentialisé » : turale très forte et très singulière. contemporain et fait de l’opération un élé-
la distanciation des immeubles par rapport De même, un important travail de mise au ment phare du quartier. Peut-être même
à la rue se fait par graduation : on passe de point pour l’intégration de la technique avant pourrait-on y déceler une certaine influence
l’espace public – la rue – à un espace public la préfabrication a été réalisé en amont. brutaliste, notamment dans les porte-à-faux
« négocié » – les cours –, puis à l’espace col- imposants, les garde-corps tronqués, la régu-
lectif des cages d’escaliers et des paliers, pour Au rythme des porte-à-faux larité de la disposition des éléments archi-
atteindre l’espace privé des appartements. Les deux cubes de béton reposent sur des tecturaux, l’orthogonalité affirmée ainsi que
« Le fond de l’architecture, c’est avant tout pilotis coulés en place. Ceux-ci forment un l’omniprésence du béton.
la mise en avant des usages, ce sont eux soubassement ajouré en béton apparent, qui La structure poteaux/poutres est coulée en
qui font l’architecture et l’esthétique. C’est permet de décoller les bâtiments du sol en place, les façades sont constituées de murs à
ce qui nous a amenés à une rationalisation allégeant l’effet de masse. coffrage intégré. Ces derniers ont été étayés
maximum dans la conception des bâtiments. De plus, les façades peintes en blanc lui et la lame de béton coulée ensuite a permis
Nous souhaitions tenir le budget social très confèrent une certaine élégance, tout en de claveter les grands éléments verticaux des
terrasses, en prolongement des voiles inté-
rieurs, qui émergent en façade.
Pour les planchers, des thermodalles équi-
pées de pains isolants sont mises en œuvre.
Ces pains sont disposés en continuité de l’iso-
lation intérieure, ils permettent de supprimer
les ponts thermiques. Les deux immeubles
sont conformes à la RT 2012 et ont obtenus
la certification NF logement.

Des façades vivantes


Pour accentuer l’affirmation de l’esthétique
contemporaine de l’embles, les menuiseries
sont disposées en bandeaux, posées au nu
des murs extérieurs.
La présence des volets coulissants crée une
Plan d’étage variété d’effets qui amène à une lecture plus
0 5m
vivante des façades. Des matériaux bruts
pérennes – le béton –, une bonne isolation
intérieure, la compacité et l’efficacité en coût
de construction et d’entretien sont la base
de cette démarche. 
N 0 2 5 10

12 Plan d’étage type T3 Construction moderne / mai-juin 2019


C __
Les huit
volumes
de l’opération
C D jouent sur la
discontinuité
et ouvrent
le nouveau
quartier
sur la ville.

D __
La disposition
sur pilotis
élance le
bâtiment et
casse l’effet
de masse.

E __
La terrasse
forme un
espace de vie
à part entière.

F __
Les logements
sont disposés
sur un système
tournant,
ce qui dilate
la hauteur
des balcons.

G __
Chaque
E logement
est doté d’une
vaste terrasse
dans le
prolongement
du séjour.

F G

Construction moderne / mai-juin 2019 13


digne-les-bains

le nouveau tribunal
de grande instance
Le projet de restructuration et d’extension réalisé par l’agence Fradin Weck Architecture affirme
la présence de l’institution judiciaire tout en étant plus ouvert sur la cité.
Reportage photos : serge demailly

L
e palais de justice de Digne-les-Bains L’étage totalement opaque, en béton brut
occupe depuis le début du xixe siècle le blanc, protège la salle d’audience pénale et
bâtiment des religieux Récollets, datant le bureau de l’exécution des peines de l’envi-
de 1603, qui devint bien national à la Révolu- ronnement extérieur. Cette enveloppe pro-
tion. Le nouveau tribunal de grande instance tectrice et impénétrable traduit la rigueur et
(TGI) inauguré à l’automne 2016 est le fruit la sérénité de la justice », commente l’archi- Coupe transversale
d’un projet de restructuration et d’extension tecte Jean-Michel Weck.
de ces locaux réalisé par l’agence Fradin Weck En plan masse, les deux corps de bâtiment 2
Architecture. « La conservation de l’ancien sont séparés par un patio intérieur planté, tra-
bâtiment et la création d’un bâtiment neuf versé par deux galeries les reliant l’un à l’autre.
à l’ouest, au bord de la place des Récol- Ce patio offre au personnel du TGI un lieu de
1
lets, composent le nouveau TGI. Le dialogue convivialité et un havre de détente, abrité
entre l’ancien édifice et le nouveau forme des vues extérieures. Depuis la place des
un ensemble strict et homogène qui met en Récollets, la transparence de l’entrée invite à
scène la présence de l’institution judiciaire. rejoindre le hall d’accueil lumineux et géné-
Il est également l’expression du fonctionne- reusement vitré, qui distribue le bureau d’aide Plan R+1 0 5m
ment interne où les espaces ouverts au public aux victimes, celui de l’aide juridictionnelle, 1. Salle d’audience pénale
sont regroupés dans la partie neuve, tandis la salle des avocats, la chambre du conseil et 2. Bureau de l’exécution des peines et des délégués
du procureur de la République
que l’ancien bâtiment abrite l’ensemble des la salle d’audience civile. L’escalier conduit à
bureaux des magistrats et des greffiers, dans l’étage au bureau de l’exécution des peines et La lumière pénètre de façon indirecte par
une partie plus privée à l’accès contrôlé. Le des délégués du procureur de la République, de grandes baies vitrées toute hauteur, qui
rez-de-chaussée du bâtiment neuf, consti- ainsi qu’à la salle d’audience pénale. Comme viennent en retrait d’environ 1,50 m de la paroi
tué de parois vitrées transparentes pour la cette dernière donne sur la place, il est néces- de façade en béton blanc. La structure de
salle des pas perdus ou opalescentes pour saire de la protéger de toutes vues depuis l’extension est en béton coulé en place. L’en-
les salles d’audience civile et les bureaux, l’espace public. Son éclairage naturel s’ef- veloppe de l’étage est réalisée en béton blanc
exprime la transparence de la justice.  fectue sans ouverture directe sur l’extérieur. autoplaçant.
Le nouveau tribunal de grande instance de
Digne-les-Bains offre aux magistrats, aux gref-
fiers, aux avocats et aux citoyens un équi-
Maître d’ouvrage : ministère de la Justice – Maître d’œuvre : Fradin Weck Architecture – BET pement contemporain au service de la jus-
structure : Ingénierie 84 – Entreprise gros œuvre : SE Chiarella – Surface : 1 400 m2 SHON – tice. Il donne une nouvelle force à la présence
Coût : 2,5 M€ HT – Programme : restructuration et extension, salle d’audience pénale, salle de l’institution judiciaire tout en étant plus
d’audience civile, bureaux. ouvert sur la cité et plus accessible. 

14 Construction moderne / mai-juin 2019


A __
Sur la place
des Récollets,
la transparence
du hall d’entrée
invite à entrer,
tandis qu’à
l’étage, le
volume en
en béton
brut blanc
protège la salle
d’audience
pénale
de l’environ-
nement
extérieur.

B __
Un patio
intérieur
planté sépare
A le bâtiment
existant de
la nouvelle
extension.

C __
Espace
aménagé entre
les grandes
baies vitrées
de la salle
d’audience
pénale et la
paroi de façade
en béton blanc
sur laquelle
se réfléchit
la lumière
naturelle.

D __
C D Un hall
d’accueil
lumineux.

E __
Vue sur la salle
d’audience
pénale.

B E

Construction moderne / mai-juin 2019 15


rambouillet

Pôle culturel
la Lanterne
Par son écriture et les finitions texturées d’un béton de parement, le pôle culturel signé
par le Studio Milou a l’amabilité des architectures qui traversent le temps.
Texte : Christine Desmoulins – Reportage photos : fernando javier urquijo

A
vec les frondaisons de ses grands « L’idée d’utiliser le béton est arrivée assez
platanes, l’église Saint-Lubin d’Ana- naturellement », poursuit l’architecte. « Nous
tole de Baudot, le palais de justice à souhaitions un matériau qui se rapporte aux
colonnade de son confrère Albert Petit, des maçonneries de meulière des maisons voi-
4
demeures bourgeoises en meulière, un monu- sines par des granulats d’un léger brun jaune
ment aux morts, la poste et le lycée Sainte- et nous tenions à donner une texture à ce
Thérèse, la place André Thome à Rambouil- 1
3
béton planche. » En façade, les stries horizon-
let est la quintessence d’un paysage urbain tales des coffrages ont permis des variations
de sous-préfecture à la française. Si l’archi- 2 de nu qui donnent à la matière une belle irré-
tecture du lycée datant d’une trentaine d’an- gularité qui n’est pas sans rappeler la stéréoto-
nées frappe par sa fadeur, celle du pôle cultu- mie des murs de l’église voisine. Plus que par
rel la Lanterne, œuvre du Studio Milou, y un registre formel, c’est donc par son échelle
Plan masse
apporte une pièce de choix. « Ce bâtiment 1. La Lanterne 3. Église Saint-Lubin
et la matière de ses façades que l’architec-
est à l’échelle d’un quartier où il fallait entrer 2. Médiathèque Florian 4. Collège Sainte-Thérèse ture contemporaine instaure ainsi, mine de
dans la logique de cette place, jouer avec rien, un dialogue subtil avec ce bâtiment néo-
elle et articuler le pôle culturel avec l’échelle alors que les théâtres sont très souvent situés gothique de la fin du xixe siècle.
hétérogène et fragmentée des volumes qui la dans des espaces publics denses. » La vision
composent », commente Jean-François Milou. nocturne de l’émergence du volume de la salle Un paravent de béton
Et d’ajouter : « À notre époque où l’existence de spectacle au-dessus de l’architecture sobre Pensé comme un paravent de béton calcaire
est aussi fragmentée que l’environnement, des murs en béton blanc a dicté le nom de cet évoquant ainsi la pierre des constructions
notre démarche consiste à créer des lieux de équipement où la texture du béton et une voisines, il est en phase avec l’échelle du bâti
calme. Ici, cette idée est appliquée à un bâti- rare qualité dans sa mise en œuvre sont un existant et la quiétude d’un cloître minéral
ment qui accueille des activités théâtrales excellent augure de pérennité. où le béton fait écho à un parvis pavé dans
une parfaite osmose. Au nord, passé le por-
tail monumental ornementé d’une œuvre
du plasticien Antoine Dorotte, l’équipement
Maître d’ouvrage : ville de Rambouillet – Maître d’œuvre : Studio Milou ; architectes chef de culturel s’ouvre sur la place par un patio où
projet, Thomas Rouyrre (phase concours à l’APD) et Laurence Macheboeuf, (phase PRO au DET) – un miroir d’eau crée un écran paisible vers
Scénographe : Architecture et Technique – Acousticien : Peutz & Associés – BET structure : les activités culturelles. À l’arrière, la façade
Batiserf – Entreprise gros œuvre : LBC – Surface : 4 995 m2 SHON – Coût : 11 M€ HT – sud vient s’adosser, par une galerie de liaison
Programme : pôle culturel intégrant une salle de spectacle modulable dont les différentes couverte, à la médiathèque de la ville pour
configurations permettent une adaptation allant de 250 à 900 places assises, un auditorium constituer une entité culturelle bicéphale
de 126 places assises, des espaces d’accueil et d’exposition. favorisant de multiples synergies.
•••
16 Construction moderne / mai-juin 2019
A

A __
L’entrée face
à la place, où
le paravent
de béton
calcaire assoie
l’aimable
monumentalité
d’un
équipement
culturel ouvert
sur la ville.

B __
Transparence
entre la place
et le cloître.

Construction moderne / mai-juin 2019 17


rambouillet

•••
« Comme dans d’autres projets du Studio, zontal continu en béton au parement archi-
le paysage et les espaces vides qui règlent tectonique brut de teinte ocre-pierre à l’as-
la composition sont au cœur de la concep- pect glacé. Lorsque l’on entre à l’intérieur de Secret de fabrication
tion », ajoute l’architecte. La terrasse, le parvis, l’édifice, le foyer d’accueil, le foyer haut et sur les voiles de façade
le gué de traversée du bassin sont autant de leurs circulations généreusement ouvertes Les voiles de façade en béton coulé en place
séquences minérales qui tissent avec la place sur l’extérieur distribuent, sur deux niveaux, présentent un parement architectonique de
une relation étroite en laissant une part à la une grande salle de spectacle, modulable, un teinte ocre-pierre avec une finition texturée
contemplation. petit amphithéâtre plus intime de 126 places, par l’empreinte des planches de coffrage et un
Au fil de transparences et de filtres, des une salle d’exposition, une cafétéria et les sablage localisé.
accointances se nouent ; des ouvertures espaces techniques et logistiques nécessaires Cette méthode a permis de faire ressortir les
créent des cadrages quand la terrasse en à ce type d’équipement. agrégats de calcaire local brun doré, dont la cou-
béton du foyer et le parvis pavé s’étirent vers leur favorise une réelle osmose avec les pavés
la ville, comme à la rencontre de la végéta- Un monolithe ouvert brun du parvis et l’église voisine. La variation des
tion. Au centre du patio, le miroir d’eau réflé- L’impression de monolithe ouvert sur l’exté- nus des planches de coffrage donne l’irrégula-
chit le ciel, la flèche de l’église et les arbres rieur transparaît dans l’ambiance des foyers, rité d’une matière sans âge à l’architecture très
environnants. des espaces d’expositions et de la cafétéria. contemporaine du Studio Milou.
Sous de belles hauteurs de plafond, la struc- « Cette option de mise en œuvre nous a
Granulats de calcaire ture des voiles en béton de parement archi- demandé de procéder à de nombreux essais
et béton banché glacé tectonique coulé en place de teinte grise et avec l’entreprise. Comme la texture tend à
Dans cet enclos fermé par des paravents de blanche donne une atmosphère à la fois sobre accentuer les ombres, il ne fallait pas que le
béton, où le cloître du patio amplifie l’espace et puissante. béton soit trop blanc », précise l’architecte.
public, l’image d’un lieu méditatif prévaut déli- L’aspect glacé et la teinte de ce béton brut,
bérément sur celle d’un équipement répu- dont le coulage a fait l’objet d’un soin particu-
blicain. L’architecte organise ainsi les com- lier pour garantir une unité de parement, par-
posantes du programme autour d’un espace ticipent à la mise en scène de la promenade Attenante au foyer haut, la salle modulable
intériorisé et des transparences accentuent architecturale. C’est particulièrement sensible est une autre pièce de choix qui offre de mul-
les effets de continuité des sous-faces de dans la profondeur de la parcelle, où l’axe de tiples variations selon les scénarios néces-
plafonds en béton, entre l’intérieur et l’exté- traversée vers la médiathèque traitée comme saires aux usages. Intime lorsqu’elle se réduit à
rieur. La couverture du cloître est constituée une galerie d’art offre des cimaises d’exposi- 250 places par le jeu d’un simple rideau, cette
comme un plancher nervuré en béton coulé tion que l’équipement culturel peut aisément salle atteint 900 places dont 250 assises quand
en place. Sa sous-face présente un plan hori- partager avec la médiathèque. une partie des gradins se replie, offrant ainsi
un espace idéal pour des concerts de musique
actuelle. « Ici, l’enveloppe béton par sa masse
participe naturellement à l’isolation acous-
tique de la salle vis-à-vis de l’extérieur »,
précise l’architecte.

1 Débords de toiture
Sur le plan de la démarche énergétique, il
6 5
ajoute que « l’édifice étudié avec le bureau
Plan
d’études environnemental Franck Bouté
de rez-de-chaussée répond à la RT 2012 et valorise l’inertie natu-
1. Hall d’accueil
2 relle du béton ». Les débords de la toiture du
2. Salle de spectacle
4 modulable cloître jouent un rôle de protection solaire
3. Auditorium en préservant les parois vitrées des rayons
3 4. Espace d’exposition
5. Cafétéria directs du soleil.
6. Patio et bassin Les parois en béton laissées brutes, à l’exté-
rieur comme à l’intérieur, réduisent également
0 5m
les contraintes et les coûts d’entretien. 

18 Construction moderne / mai-juin 2019


C D
C __
Aux côtés
de l’église, le
béton instaure
un dialogue
des matières
avec l’existant.

D, E __
Les débords de
toiture
et la présence
du miroir d’eau
soulignent
la géométrie
d’une
architecture
où les vides
et les effets de
filtre sont une
composante
essentielle.

F __
Les circulations
au contact
du cloître.

G __
E La grande salle
de spectacle.

F G

Construction moderne / mai-juin 2019 19


lyon

157 logements
résidence reflets 2 vies
Aux abords de la gare de Lyon-Perrache, une pièce urbaine en béton matricé lasuré assure la transition
avec le nouveau quartier de la Confluence.
Texte : Hervé Cividino – Reportage photos : Jérôme ricolleau

L
e projet de la résidence Reflets 2 vies Rue Dugas-Montbel la démarche des deux architectes, convain-
résulte d’une conception à quatre 100.00
Seuil

cus depuis toujours que « la piétonisation


mains menée par deux anciens cama- élément bâti conservé
100.62

des lieux, associée à la présence de la lumière


rades d’école d’architecture. Aujourd’hui à la naturelle, participe de la sécurisation, du
tête d’agences d’une dizaine de personnes, les confort et de l’orientation des usagers ».
Rue Claudius Collonge

architectes ont déployé une écriture homo- Le plan accorde ainsi une attention particu-
gène afin d’unifier dans un même ensemble lière à la place du piéton en réinterprétant
une première tranche de 95 logements en l’esprit des fameuses traboules du vieux Lyon,
accession, livrée en décembre 2016, et une des passages étroits, généralement couverts,
seconde de 62 logements sociaux, achevée qui permettent de circuler d’un immeuble à
en avril 2018. l’autre et d’accéder aux logements par des
cours intérieures. Il ne s’agit cependant que
Un îlot ouvert sur la ville d’une réinterprétation car ici, les nombreuses
Remportée sur concours en janvier 2015, la rivière situées 6 m plus bas. D’autre part, un césures ménagées dans le bâti sont larges et
l’opération se situe à deux pas de la gare îlot dense et poreux, composé d’immeubles aérées. Ainsi, les porches et les placettes cou-
de Lyon-Perrache, dans le quartier Dugas- alignés sur rue. vertes sont dilatés par des espaces de sta-
Montbel. Jouxtant plusieurs édifices emblé- De fait, le plan de masse distribue le bâti tionnement pour les vélos, des devantures
matiques de la mémoire industrielle et ferro- autour d’un jardin central depuis l’intérieur de commerce ou d’activité et des placettes
viaire des lieux, elle assure un rôle de suture duquel sont desservis les halls d’accès aux intérieures.
urbaine entre la gare, les développements de logements et les locaux annexes (vélos,
la Confluence et les quais de la Saône. ordures ménagères…). Les automobiles et les Distribution des programmes,
Deux grandes figures, mises en relation par entrées des deux niveaux de stationnements épannelage et déclivité
de multiples liens, articulent le parti d’amé- souterrains sont reportées sur les voies exté- La densité des formes bâties intègre les
nagement. D’une part, une large emprise pié- rieures. Cette disposition assure une transition principes de mixité sociale en proposant
tonne végétalisée, descendant en degrés de douce entre l’espace public de la rue et l’in- une silhouette urbaine découpée et variée,
la plate-forme ferroviaire jusqu’aux berges de timité des logements. Sa mise en œuvre suit composée de trois entités séparées : un
ancien bâtiment des douanes à R+2 et deux
ensembles de logements dont l’épannelage
varie de R+5 à R+6 plus attique. Les com-
Maître d’ouvrage : Cogedim Grand Lyon – Maître d’œuvre : Ataub + Arto, architectes ; Atelier merces et les activités sont disposés en rez-
Dalmas, architectes – BET structure : RBS – Paysagiste : Atelier Anne Gardoni –Entreprise gros de-chaussée dans les endroits les plus stra-
œuvre : Fontanel – Surface : 10 933 m2 SDP – Coût : 14,9 M€ HT – Programme : 95 logements en tégiques. Afin de préserver la flexibilité des
accession, 62 logements sociaux, 1 106 m² de surfaces d’activité, 127 places de stationnement. aménagements intérieurs, ces locaux sont
•••
20 Construction moderne / mai-juin 2019
A __
Un jardin en
pente longe
l’opération
au sud-ouest.

Construction moderne / mai-juin 2019 21


lyon

•••
constitués d’une succession de surfaces en « Tout ce qui est brut se patine, aux parements. Les vibrations visuelles qui
enfilade et bénéficient de deux accès : l’un tout ce qui est net se salit » en découlent sont renforcées par l’accumu-
directement depuis la rue et l’autre, à l’arrière, Le système structurel est réalisé en béton lation du produit teintant dans les creux et
pour les besoins de service. armé coulé en place. Il associe façades por- les aspérités du béton matricé.
Les habitations sont quant à elles disposées teuses, refends, voiles et poteaux intermé-
au-dessus du niveau de la rue, à partir des diaires. Épais de 20 cm, les planchers en béton Des finitions au service de la qualité
R+1 et R+2, à l’exception de celles donnant sont équipés de rupteurs de ponts ther- des bétons
au sud, sur les collines lyonnaises. De ce côté, miques tandis que l’isolation est placée à l’in- Le soin apporté au traitement des détails par-
les appartements ouvrent directement sur la térieur des locaux afin de préserver des pare- ticipe à la qualité globale de l’ouvrage. Il en est
coulée verte, dès le rez-de-chaussée. ments en béton brut, tout en respectant la ainsi des loggias auxquelles des habillages de
Des dispositions architecturales et program- RT 2012 ainsi que de nombreux labels (certi- bois et la mise en peinture de certaines parois
matiques communes ont guidé la conception fication NF Logement, Qualitel HPE RT 2012, confèrent un aspect domestique proche de
de tous les logements, qu’ils soient à vocation référentiel Grand Lyon Habitat Durable 2013 l’intérieur des logements.
sociale ou en accession. Seuls les halls et les niveau très performant Effinergie, QEB région C’est aussi le cas des ouvrages extérieurs en
parties communes, conviviaux, éclairés natu- Rhône-Alpes 2012 niveau Effinergie +). béton, à l’instar des murets soubassements
rellement et accessibles, marquent l’indépen- Les élévations sont traitées de manière iden- et escaliers, ou encore des ouvrages en ser-
dance des programmes. tique et sans hiérarchie particulière, tant sur rurerie. Traités en profilés d’acier galvanisés
Ainsi, tous les lots sont équipés de loggias ou l’intérieur que sur l’extérieur de l’îlot. Leurs thermolaqués, ces derniers composent des
de terrasses, traitées en fonction de l’orien- surfaces en béton brut sont redécoupées par clôtures, des grilles, des portails et des élé-
tation et du contexte urbain des façades. une trame d’environ 6 m par 6 m dissimu- ments de petit mobilier dont la transparence
C’est pourquoi les prolongements exté- lant les reprises de bétonnage dans des joints renforce l’effet de puissance et de présence
rieurs sont nombreux et étirés face au jar- creux. L’échelle cyclopéenne découlant de ce des bétons.
din, tandis qu’ils sont plus limités côté rues. carroyage limite l’effet de masse et apporte
Les plans intérieurs séparent une partie jour un niveau de lecture supplémentaire. Le végétal comme révélateur
donnant sur les loggias et une partie nuit des- En rez-de chaussée, le sablage des bétons gris La même intention se retrouve dans la végéta-
servie par un couloir. Quatre-vingts pour cent affirme un effet de socle tout en garantissant lisation du jardin central réalisé au-dessus des
des logements sont traversants ou multi- une bonne pérennité des surfaces. parkings. Au sol, des dalles de béton désac-
orientés et, pour la plupart, équipés de salles Dans les parties supérieures, les façades sont tivé à joints larges favorisent l’installation
de bains éclairées naturellement. Les cui- teintées par une lasure variant du sable ocre d’une végétation spontanée en accompa-
sines ouvrent sur les salons, tout en pouvant au doré en fonction de la lumière. La trace gnement des massifs et des arbres émergeant
être isolées dans la partie accession afin de des matrices architectoniques utilisées lors des puits de lumière et d’accès aux station-
répondre à la variété des demandes culturelles. du coulage apporte une finition structurée nements souterrains. En périphérie des bâti-
ments, les remontées d’étanchéité des plan-
chers hauts du sous-sol sont dissimulées dans
des caniveaux visitables tandis que, sous la
terre végétale, un fil d’eau dirige les eaux
Espace pleineterre
Espace surdalle

pluviales vers l’espace en pleine terre pour


qu’elles s’y infiltrent.
Omniprésente au cœur de l’opération, la com-
binaison du végétal et du minéral structure
Espace pleineterre

Espace surdalle
également la coulée verte sur laquelle donnent
les immeubles. Ce cheminement vers la gare
est axé sur la nef d’un ancien bâtiment indus-
triel qu’une réhabilitation future transformera
en passage public. La déclivité y est traitée
Plan R+2
par une succession de replats et d’emmar-
0 10 m
chements en béton depuis lesquels des vues
cadrées orientent le regard vers le cœur de
l’opération et son environnement urbain. 

22
0 1 5 10

Construction moderne / mai-juin 2019


B __
Une
architecture
homogène
B C unifie
95 logements
en accession et
62 logements
sociaux.

C __
Dense et
poreux, l’îlot
est composé
d’immeubles
alignés sur rue.

D __
Au cœur
de l’opération,
un jardin
dessert les
halls d’accès
et les locaux
annexes.

E __
Le bâti est
adossé à une
large emprise
piétonne
végétalisée,
descendant
depuis
la plate-forme
ferroviaire
de Perrache.

D F __
La combinaison
du béton
matricé,
des éléments
de serrurerie
et du végétal
structure
l’opération.

E F

Construction moderne / mai-juin 2019 23


saint-marcel

accueil périscolaire
et restaurant scolaire
L’édifice conçu par Lionel Debs Architectures offre un nouvel équipement au service
des enfants du groupe scolaire voisin.
Reportage photos : philippe ruault

P
our éviter aux enfants de l’école Roger ouverture sur les espaces de loisirs commu-
Balan de devoir traverser la ville afin naux. L’intérieur est dimensionné de sorte
de rejoindre les locaux des activités à pouvoir assurer une flexibilité d’usage au 3 2

périscolaires et la cantine, la ville de Saint- bâtiment et à la collectivité », précise Lionel


Marcel, voisine de Chalon-sur-Saône, a fait Debs, l’architecte lauréat de la consultation 1

construire un nouvel équipement destiné à lancée par la ville.


remédier à cette situation. Ce nouvel édi- 3

fice abrite deux ateliers pour l’accueil péris- Une architecture de béton
colaire et un restaurant scolaire destinés aux aux lignes pures
enfants de maternelle et d’élémentaire de Une écriture aux lignes pures, minimales et
l’école Roger Balan située en face, de l’autre orthogonales dessine les façades qui com- Plan de rez-de-chaussée 0 5m
côté de la rue de Breuil. posent la volumétrie générale de cet édifice 1. Hall
en béton gris clair laissé brut de décoffrage. 2. Salle du restaurant scolaire
3. Atelier d’accueil périscolaire
Laisser pénétrer l’extérieur Le calepinage des joints d’arrêt de coulage,
à l’intérieur des panneaux de coffrage et des écarteurs
« Le site offre un grand paysage verdoyant de banche ponctue et anime le parement solaire direct et évitent ainsi tout risque de
composé d’herbes sauvages et d’espaces boi- brut tout en soulignant le dessin des façades surchauffe dans les salles. Le béton brut des
sés, ouvrant de belles perspectives sur un et leur enchaînement. Côté rue, le volume murs séparatifs, la présence de la lumière
environnement naturel agréable et apaisant. se creuse et le débordement de toiture qui naturelle, le bois de mélèze des menuiseries
Notre parti architectural et paysager nous en résulte marque la présence de l’entrée. ou des rangements, les larges vues sur l’exté-
a conduits à concevoir un projet qui laisse De la même façon, au niveau de la salle de rieur caractérisent l’ambiance intérieure.
pénétrer les espaces extérieurs à l’intérieur restaurant et des deux ateliers, des débords L’ensemble du bâtiment est construit en
du bâtiment. Le périscolaire, orienté à l’ouest, de toiture aménagent des lieux extérieurs béton coulé en place. Les façades sont des
se tourne au calme vers les grands espaces à l’abri des intempéries. À l’inverse, en été, doubles murs isolés en béton, constitués
sauvages non constructibles. Le restaurant ces mêmes avancées de toiture protègent d’un voile extérieur de 20 cm, d’un isolant de
scolaire regarde vers l’est, ce qui permet son les grandes baies vitrées du rayonnement 20 cm et d’un voile intérieur de 20 cm. La
toiture-terrasse est isolée par l’extérieur.
Le projet répond à la RT 2012. Lors de la mise
en œuvre de la dalle de couverture, une réser-
Maître d’ouvrage : ville de Saint-Marcel – Maître d’œuvre : LDA – Lionel Debs Architectures, vation dans le coffrage permet de réaliser
architecte mandataire – Bureaux d’études TCE : 3iA – Artiste : Sabine Marcelis (œuvre miroir dans le plafond en béton un léger décaissé
colorée dans hall d’accueil) – Entreprise gros œuvre : Dbtp – Surface : 550 m2 SP – Coût : où sont intégrés les panneaux acoustiques
1,1 M€ HT – Programme : deux ateliers pour un accueil périscolaire, un restaurant scolaire. en fibre de bois. 

24 Construction moderne / mai-juin 2019


A __
Les ateliers
de l’accueil
périscolaire
s’ouvrent
généreusement
sur le paysage
naturel.

B __
Le volume se
creuse pour
aménager
des lieux de
vie extérieurs
protégés du
soleil et des
intempéries
par les
A avancées
de toiture.

C __
Côté rue,
le volume se
creuse et le
débordement
de toiture
qui en résulte
signale
l’entrée de
l’équipement.

D __
Hall entre les
deux ateliers
de l’accueil
périscolaire.
B C
E __
Vue sur
un atelier
de l’accueil
périscolaire.

D E

Construction moderne / mai-juin 2019 25


marseille

145 logements
« la crique »
Insérée dans un environnement contrasté, cette opération de logements déploie, parmi les pins,
ses ondulations de béton blanc.
Texte : béatrice houzelle – Reportage photos : luc boegly

N
ichée dans le 9e arrondissement de contrebas pour limiter son impact visuel et d’optimiser l’accès à la lumière naturelle, de
Marseille, en lisière de la ville, cette s’adapter à la topographie –, c’est surtout le créer un vaste espace central aménagé en
opération de logements s’inscrit dans parti pris architectural qui donne sa force et jardin et de minimiser les vis-à-vis en éloi-
une frange urbaine assez hétéroclite, caracté- sa justesse à l’ensemble. En faisant le choix de gnant au maximum les façades se faisant face.
ristique des zones périphériques. S’y côtoient balcons filants aux formes sinueuses qui ser- À terme, les plantations de ce large patio
immeubles de logements des années 80, com- tissent les bâtiments sur toutes leurs faces, offriront une intimité supplémentaire. De
merces, dont certains de type hangar, équi- l’agence Pietri offre à cet environnement pro- plus, les accès aux halls des deux bâtiments
pements publics et petits pavillons avec, en tégé un paysage dans le paysage, en en repre- étant aménagés au centre de la parcelle, les
fond de scène, la montagne de l’Aigle annon- nant les codes. habitants profitent quotidiennement de ce
çant le massif des Calanques qui a donné son Au final, l’œil ne retient qu’une superposition cœur végétal.
nom à l’opération, « La Crique », celle de Sor- de larges bandes qui ondulent et créent des
miou se situant à moins d’un kilomètre. La variations dans leurs superpositions. Décro- L’attraction de l’extérieur
parcelle dédiée à l’opération trouve sa place chements et gradins rappellent le massif mon- Les larges balcons filants, se transformant
au pied de la montagne dans une partie boi- tagneux avoisinant et, plus largement, les tra- parfois en terrasses très généreuses, sont
sée qui amorce la fin de la zone construite. ditionnelles restanques. le vrai point fort de ce programme d’acces-
Dans cet univers où codes urbains et images sion, plutôt banal en termes de matériaux et
fortes de nature se télescopent, le parti choisi La pertinence d’une organisation d’équipements déployés dans les apparte-
par l’agence Pietri respecte les particularités Ce type de modénature, toute de blanc ments. Cuisines non équipées, revêtements
de ce paysage tout en offrant une image apai- vêtue, prend vraiment sa mesure sous la de sol neutres, peinture murale et sanitaires
sante, à la manière d’une respiration. L’opéra- lumière du Sud qui met particulièrement en blancs laissent toute latitude à la personna-
tion se compose de deux bâtiments formant valeur la douceur de ces vagues de béton, lisation de cet habitat. Ce sont bien l’éten-
quasi un anneau qui serpente avec douceur repérables de loin. due de ses espaces extérieurs et la qualité
le long des limites de la parcelle. L’implantation des deux bâtiments, quasi de son environnement qui requalifient ici
Outre l’implantation respectant l’altimétrie circulaire, avait pour quadruple avantage de chaque logement pour en faire un espace
– l’un des volumes est légèrement situé en démultiplier le linéaire de façade disponible, privilégié. Chacun peut ainsi déambuler entre
intérieur et extérieur, quelle que soit la pièce
dans laquelle il se trouve, excepté les sani-
taires et salles de bains.
Maître d’ouvrage : Constructa/Eiffage Immobilier – Maître d’œuvre : Pietri Architectes – Cette organisation offre à chaque occupant
BET structure : ICES BTP – BET études thermique et acoustique : BET Yves Garnier – Bet une promenade et un « effet maison », parti-
ingénierie : Sol-essais – Paysagiste : Thomas Gentilini – Entreprise générale : Eiffage culièrement intéressant dans un site où pins
Construction Provence – Surface : 8 574 m2 SDP, 7 871 m2 SHAB – Coût : 13,1 M€ HT – Programme : et montagne s’imposent et où l’envie d’être
145 logements collectifs. dehors prédomine. L’effet est d’autant plus
•••
26 Construction moderne / mai-juin 2019
A

A __
L’implantation
en anneau
comprend
deux césures,
dont l’une
correspond à
l’accès piéton,
une ouverture
laissant deviner
au loin le
massif des
Calanques.

B __
Les garde-
corps des
balcons filants
s’enroulent
autour de
la façade
et ondulent.

Construction moderne / mai-juin 2019 27


marseille

•••
fort pour les appartements bénéficiant des lage de position des arrondis. Même scénario La légèreté, apportée par les perforations
terrasses situées en proue. Ces dernières pour les jardinières en béton positionnées sur de la bande de tôle, permet d’alléger l’en-
intègrent des jardinières pérennes en béton les plus grandes terrasses, elles ont été préfa- semble et d’éviter un effet d’enfermement.
de belles dimensions. Plantées d’arbres, elles briquées sur le chantier à l’aide de coffrages Un blanc immaculé vient unifier les diffé-
permettent d’augmenter la présence végé- sur mesure conçus sur site par le menuisier. rences de matières et accentuer la pureté
tale, de renforcer l’effet d’environnement En termes de construction, ce sont les du dessin. Si les façades sont recouvertes
boisé et d’accroître le phénomène d’intégra- façades et les refends entre logements qui d’un enduit, les éléments en béton des garde-
tion de l’opération dans l’écosystème qui l’ac- sont porteurs. La seule difficulté a consisté corps n’ont reçu qu’une simple peinture, eu
cueille. Dans le même esprit, le principe de à gérer les porte-à-faux des balcons filants égard à leur qualité de surface.
séparation entre chaque balcon terrasse vient qui sont en moyenne de 2,5 m en partie cou-
symboliser la présence de troncs tortueux, rante. Les efforts étant repris en façade, ils Un écosystème préservé
dévoilés par séquences au passant. Réalisés ont nécessité d’ajuster le positionnement des L’opération est certifiée H&E et respecte les
en bois, ces paravents, composés de deux ouvertures. Dans quelques cas, pour les plus normes en vigueur, à savoir la RT 2012. Quant
panneaux dépliés selon des angles variables, grandes terrasses situées en proue, lorsque le au traitement de l’air, il se fait par une VMC
rythment d’une touche chaleureuse les lignes porte-à-faux atteint 3,80 m, un poteau vient simple flux. Les logements n’étant pas équi-
horizontales en creux séparant chaque niveau compléter le dispositif. pés de climatisation, le confort d’été sera
de rambarde. assuré par les balcons filants et les terrasses
La juste mesure formant une large casquette protectrice,
Le béton pour la forme En termes de conception, on peut souligner abritant toutes les ouvertures d’un ensoleil-
L’ensemble des structures et la majorité des l’équilibre des garde-corps, composés d’une lement direct. Pour gérer les eaux de pluie,
pièces composant les balcons filants sont en partie pleine en béton de 80 cm de hauteur, qui peuvent provoquer un afflux très impor-
béton coulé en place. Seuls quelques élé- comprenant la hauteur de la dalle, et d’une tant en cas d’orage, un grand bassin de réten-
ments ont été préfabriqués in situ, à com- bande en tôle perforée de 40 cm ajoutée tion évite de surcharger le réseau de la ville.
mencer par les parties arrondies des balcons en partie supérieure à la manière d’un cou- Les points notables en matière de respect
qui ont été réalisées en utilisant des moules ronnement. Pour arriver à ces mesures, de de l’environnement concernent surtout
sur mesure confectionnés sur place par un nombreux essais ont été menés de façon à l’eau chaude sanitaire et la végétalisation de
menuisier. Par souci de rationalisation, la obtenir les proportions les plus justes et à la parcelle.
courbe développée est toujours la même, créer l’effet désiré, soit une superposition Des panneaux solaires à eau ont été dérou-
l’effet de variation étant obtenu par le déca- de bandes qui ondulent librement. lés en toiture et assurent 65 % de la produc-
tion d’ECS, l’électricité prenant le relais pour
le reste. L’opération se situant à l’entrée d’un
site protégé, le parc national des Calanques,
elle impliquait le respect de l’écosystème
local. Avant le démarrage des travaux, une
étude phytosanitaire a été menée pour ana-
lyser les plantations existantes, le but étant
de replanter les éléments arrachés par néces-
sité en cours de chantier, tout en respectant
la flore locale.
La pinède environnante étant l’un des points
Plan de
rez-de-chaussée forts du site, chaque pin disparu a été rem-
L’opération se placé pour recréer, à terme, un environne-
compose de deux
corps de bâtiment
ment boisé aussi dense qu’à l’origine. Reste
formant quasi un à espérer que cette opération influence,
anneau, de façon à terme, la carte d’identité architecturale
à créer un patio
protégé tout du quartier et que cette zone préservée
en conservant une devienne un lieu de référence en termes de
perspective sur
l’environnement
confort de vie, où nature et construction
extérieur. s’unissent pour rimer avec réussite. 

28 Construction moderne / mai-juin 2019


C __
De loin, les
garde-corps,
composés
de béton et de
métal, se lisent
comme des
rubans blancs
homogènes.

C D
D __
L’aména-
gement
paysager
de l’intérieur
de l’îlot associe
les pins qui ont
été préservés
à de nouvelles
plantations
d’espèces
endogènes.

E __
En fond de
F scène, le massif
des Calanques.

F __
En proue,
les balcons
filants se
transforment
en terrasses
généreuses
et arborées.

G __
Ombres
portées des
balcons filants
protégeant
les vitrages
d’un ensoleil-
lement direct.

E G

Construction moderne / mai-juin 2019 29


besançon

rénovation du musée des


beaux-arts et d’archéologie
Le projet conduit par l’architecte Adelfo Scaranello a porté aussi bien sur la rénovation de l’édifice
que sur le parcours muséographique.
Reportage photos : Yohan Zerdoun

A
près quatre années de fermeture pour eux par une succession de plans inclinés. Le supplémentaires qui sont donc rendus
travaux de rénovation, le musée des parcours ascensionnel offre au visiteur une accessibles au public pour la présentation
Beaux-Arts et d’Archéologie de Besan- véritable promenade architecturale mettant d’œuvres dans des conditions de conserva-
çon, a rouvert ses portes le 16 novembre 2018. en valeur les œuvres exposées. tion et d’accueil modernisées », explique l’ar-
Installé depuis 1843 dans la nouvelle halle aux Depuis cette époque, le musée n’a fait l’objet chitecte Adelfo Scaranello. « Les 4 ailes, de
grains, conçue par l’architecte Pierre Marnotte d’aucune rénovation. Le bâtiment s’est donc ce que l’on appelle le carré Marnotte, ont
(1797-1882). Il a fait l’objet d’une importante progressivement dégradé et ne répondait plus aujourd’hui retrouvé leur continuité. Dans 
réhabilitation dirigée par l’architecte Adelfo aux normes d’usage, de sécurité et de confort. le même esprit, nous avons supprimé les
Scaranello. Les collections d’art et d’archéo- L’accueil du public n’était plus adapté et le décalages de planchers existant au rez-de- 
logie cohabitent avec les activités commer- parcours muséographique était devenu obso- chaussée, pour redonner de la fluidité à
ciales de la halle, jusqu’en 1883, où le musée lète. Le concept de la réhabilitation du musée l’espace. À ce même niveau, nous avons
prend possession de la totalité du bâtiment. développé par l’architecte Adelfo Scaranello abaissé les allèges des fenêtres en arcade des
vise à mieux exploiter les points forts et les façades et également rouvert les arcades
Lumière, transparence, fluidité spécificités du bâtiment et des collections, donnant sur l’atrium central. Il en résulte une
Au début des années 1960, la donation de la tout en améliorant son confort de visite et transparence intérieure entre les différentes
collection George et Adèle Besson, grands en développant ses activités scientifiques et parties du bâtiment, mais également une
amateurs d’art moderne, nécessite la créa- culturelles. « Notre projet est fondé sur le ouverture du musée sur la ville. Les fenêtres
tion d’un espace muséal adapté. Le projet de respect et la valorisation des deux architec- deviennent de grandes vitrines qui attirent le
réaménagement confié à l’architecte Louis tures historiques du musée : l’ancienne halle regard des passants sur les œuvres exposées
Miquel (1913-1986) sera inauguré en 1970. Il aux grains de Pierre Marnotte et la structure et les invitent à entrer. La verrière centrale et
agrandit les surfaces d’exposition en édifiant intérieure en béton brut de Louis Miquel. les plafonds ont été retravaillés pour filtrer
au cœur de la halle, sous la verrière couvrant Pour retrouver le caractère propre de la lumière naturelle, qui est désormais pré-
l’atrium central, une structure en béton brut chaque entité, j’ai choisi de retirer les nom- sente dans l’ensemble des pièces du musée.
composée d’un jeu de plateaux horizontaux breux rajouts et scories accumulés depuis  Des puits de lumière sont aménagés dans
se développant dans l’espace et reliés entre trente ans. Cela permet de gagner 1 000 m2  plusieurs salles d’exposition ainsi qu’au- 
dessus de la structure de Louis Miquel (carré
Besson). »
Le travail effectué sur les sources de lumière
Maître d’ouvrage : ville de Besançon – Maître d’œuvre : Adelfo Scaranello architecte – du jour met en valeur l’architecture du lieu
BET structure : FDI – BET HQE® : Pyxair – BET fluide : Raoul Nicolas – Muséographie et et ses parties. La lumière naturelle agrémente
scénographie : Adelfo Scaranello architecte – Entreprise gros œuvre : Baranzelli/Riva – Surface : les espaces, les parcours, les articulations. Elle
4 323 m2 SU – Coût des travaux : 7,38 M€ HT – Coût de la scénographie : 704 313 € HT – souligne par sa présence la muséographie et
Programme : restructuration du musée des Beaux-Arts et d’Archéologie. la scénographie conçues par l’architecte. 

30 Construction moderne / mai-juin 2019


A __
Depuis 1843,
le musée des
Beaux-Arts et
d’Archéologie
est installé, en
plein centre-
ville, dans le
bâtiment de
la halle aux
grains, conçu
par l’architecte
Pierre
A B Marnotte.

B __
Vue sur
une salle
d’archéologie.
La présence
de la lumière
naturelle et
les matériaux
mis en œuvre,
comme
le béton
ciré au sol,
caractérisent
l’ambiance
des lieux.

C __
La rénovation
redonne toute
sa cohérence
à la structure
en béton brut
conçue par
l’architecte
Louis Miquel
pour accueillir
la donation
George et
Adèle Besson.

D __
Le travail
sur la verrière
C centrale et
les puits
de lumière
mettent
en valeur
l’architecture
du lieu et ses
parties tout
en donnant
son unité à
l’ensemble.

E __
Un musée à
vivre où l’on
découvre les
œuvres au fil
des parcours
proposés.

D E

Construction moderne / mai-juin 2019 31


paris

121 logements
résidence allure
Dans la tour Allure, conçue par l’agence Fresh Architectures associée à Itar Architectures, les logements
cadrent le ciel et la silhouette des immeubles de l’autre côté du jardin Martin Luther King.
Texte : Ève Jouannais – Reportage photos : david foessel

L
’opération Allure fait partie des nase public. Construit sur une dalle à 10 m des maîtres d’ouvrage des différents lots de
constructions de la seconde phase de au-dessus du sol qui contient des locaux la Zac, aux côtés des maîtres d’œuvre, avec
réalisation de la zone d’aménagement de la SNCF, il est traversé sur toute sa lon- des représentants de la ville, de l’aména-
concerté (Zac) Clichy-Batignolles dans le gueur nord-sud par la nouvelle rue Mstislav geur et de la maîtrise d’œuvre urbaine. La
17e arrondissement de Paris. L’ensemble de Rostropovitch qui relie la rue Cardinet à l’al- réflexion collective ainsi élaborée, enrichie de
la Zac, initiée au début des années 2000, lée Colette Heilbronner et plus loin au boule- celle menée dans le cadre d’ateliers citoyens,
s’étend sur une emprise de 54 hectares vard Berthier. Un pont et une passerelle fran- visait à créer une cohérence forte entre les
jusque-là occupés par des activités ferro- chissent les voies de chemin de fer reliant projets du même secteur. Le dessein d’en-
viaires. Le projet s’organise de part et d’autre cette nouvelle butte des Batignolles au quar- semble s’inscrit non seulement dans le res-
d’un grand parc de 10 hectares avec comme tier Saussure. pect du plan Climat de la ville de Paris, mais
figure de proue, au nord, le nouveau tribunal aussi d’un cahier des charges environnemen-
de grande instance de Paris (Renzo Piano Buil- Deux duos pour une opération tal ambitieux.
ding Workshop architecte). dans un quartier concerté Comme le souligne Julien Faure, architecte
Dans le secteur ouest, compris entre le parc Conformément à la méthodologie mise en chef de projet de l’agence Fresh, manda-
Martin Luther King et le faisceau ferroviaire place dans le cadre de l’atelier Batignolles, la taire de l’opération : « Les performances
de la gare Saint-Lazare, 1 500 logements (soit conception de l’opération Allure a été portée thermiques et acoustiques, la qualité de
autant que dans la première phase du secteur pas deux maîtres d’ouvrage et deux agences l’air intérieur, l’apport solaire quotidien –
est) côtoieront des immeubles de bureaux, d’architecture associées. L’atelier réunissait, 2 heures de soleil direct minimum – furent
une résidence pour étudiants et jeunes tra- toutes les semaines pendant les deux pre- des paramètres déterminants des choix opé-
vailleurs, ainsi que des équipements comme miers mois puis tous les quinze jours jusqu’au rés tant pour les matériaux que pour le sys-
une crèche, une école maternelle et un gym- dépôt du permis de construire, l’ensemble tème constructif et le parti architectural. 
La résolution des contraintes se fait sur l’en-
semble des bâtiments. »

Maître d’ouvrage : Ogic, Demathieu Bard Immobilier – Maître d’œuvre : Fresh Architectures Une gradation d’échelles
(mandataire) et Itar Architectures (associé) ; Julien Faure et Oriane du Chéné, chefs de projet – L’opération Allure se distingue par sa façade
Paysagiste : Base paysagistes – Aménageur : Paris-Batignolles-Aménagement – BET structure : en éventail qui se déploie le long de la rue
CET (conception) – Entreprise générale : Demathieu Bard bâtiment IDF – Préfabricants : Mstislav Rostropovitch, évoquant les pliages
Jousselin (panneaux de façade), Hanny (dalles de balcon) – Surface : 8 492 m2 sdp, 1 642 m2 d’un origami. En réalité, ce sont trois plots dis-
(terrain) – Coût : 18,1 M€ HT – Programme : 121 logements, 65 appartements en accession libre tincts et imbriqués qui se répartissent sur la
avec parkings et caves, 55 appartements en location à loyer maîtrisé, 3 espaces de vie partagés parcelle de forme triangulaire dont la grada-
(1 studio « chambre d’hôtes », 1 terrasse kitchen club, 1 buanderie), 109 places de parking en tion d’échelles permet de bénéficier du soleil,
sous-sol, 2 commerces. de ménager les vues, de ne pas obstruer celles
•••
32 Construction moderne / mai-juin 2019
A __
De nuit, les
éclairages par
Led renforcent
la singularité
de la silhouette
de la tour.

Construction moderne / mai-juin 2019 33


paris

•••
des bureaux situés de l’autre côté de la voie Élément phare de l’opération, la tour culmine Dans les façades planes nord et sud, compo-
et d’accompagner le dénivelé du site ; 9 m de à près de 50 m de hauteur à l’angle de la rue sées de panneaux en béton matricé de fines
hauteur séparent le niveau du parc de celui et du parc, évitant tout juste la qualifica- rayures verticales qui font vibrer la lumière,
de la rue. Un plot de 9 maisons de ville de tion contraignante d’un immeuble de grande de grandes baies aquarium ouvrent les séjours
3 niveaux joue du dénivelé avec un accès hauteur (IGH). En transparence sur le parc, qu’elles éclairent au paysage ; la profondeur
par le bas depuis le parc ou depuis le haut son rez-de-chaussée est réservé à un com- de leur encadrement offre une assise idéale
par la rue. Leurs volumes découpés per- merce de bouche. Elle est singularisée par pour en profiter.
mettent de deviner les unités de logement des façades en panneaux sandwich préfabri-
qui superposent des duplex de 4 ou 5 pièces, qués en béton, matricé avec un effet moiré Allier technique et esthétique
et d’offrir des espaces extérieurs privés. de teinte pierre qui tranche avec le revête- Dès le démarrage du projet, l’idée de recourir
Un immeuble de 7 étages dont les angles ment de teinte foncée donnée par le pare- à un procédé de préfabrication structurelle et
sont creusés par des loggias et une tour de ment en brique des volumes de moindre hau- isolante en béton s’est imposée pour le bâti-
15 étages contiennent des appartements de teur, clin d’œil aux habitations bon marché ment haut. Le choix s’est porté sur un mur
1 à 5 pièces. Les logements en location à loyer (HBM) du début du xxe siècle. à coffrage et isolation intégrée (MCII) qui a
maîtrisé occupent 5 maisons, l’immeuble en « Nous souhaitions marquer la pointe par nécessité un avis technique car encore jamais
brique et les 5 premiers niveaux de la tour ; une écriture minérale qui rappelle la pierre utilisé pour une tour d’habitation. Il permet-
les autres sont en accession libre. blanche de Paris », précise l’architecte asso- tait de maîtriser les délais de construction,
À l’articulation des trois entités, au premier ciée Ingrid Taillandier. Les menuiseries exté- d’assurer une isolation thermique comme
étage, une grande terrasse commune aména- rieures et les éléments de serrurerie – en acoustique efficace et de maîtriser les coûts.
gée avec une cuisine extérieure, une kitchen aluminium couleur champagne – créent, à l’in- Enfin, sa finesse représente un gain de sur-
club, donne en balcon vers le jardin Martin verse, une continuité discrète d’un bâtiment à face. La mise au point pour le projet, distin-
Luther King. Attenant à cette terrasse, un l’autre. Traversants ou bénéficiant de double gué par une mention spéciale du prix Duo@
studio partagé sert aussi bien à recevoir des ou triple orientation, la plupart des apparte- work 2018 qui récompense un partenariat
proches de passage qu’à l’accueil d’une réu- ments se prolongent à l’extérieur en façades remarquable entre recherche architecturale
nion ou de temps de coworking. Une petite est et ouest par un grand balcon allant jusqu’à et création industrielle innovante, s’est faite
buanderie est également à la disposition 2,8 m de profondeur et 13 m2 de surface, éclai- en étroite collaboration avec l’entreprise
des habitants. Une conciergerie, qui dispose rant les séjours et s’ouvrant sur le paysage. Jousselin Préfabrication.
d’une loge et d’une application dédiée, gère La disposition en quinconce de ces espaces Les grands panneaux de 6 x 4 m, de 37 à
ces différents espaces communs. En cœur extérieurs assure l’intimité de chacun tout en 42 cm d’épaisseur (plus fins en hauteur) se
d’îlot, un jardin planté d’arbres s’offre à l’usage autorisant de grandes baies vitrées en partie composent d’un isolant de polyuréthane
de tous les habitants : un lieu privé où ils protégées par une grille verticale. Leur forme accolé au parement extérieur en béton et
peuvent librement se croiser et bénéficier triangulaire s’accorde à celle de la parcelle et séparé par un vide de la paroi intérieure. Dans
d’un peu de fraîcheur. crée l’effet de pliage. ce vide est coulé en place le béton qui rigidi-
fie l’ensemble. Outre les façades, la structure
associe deux murs de refends et des plan-
chers dont les armatures ont été légèrement
renforcées afin de supporter les balcons en
2
porte-à-faux qui s’y raccrochent. Ces balcons
sont des dalles préfabriquées en béton gris
teinté dans la masse, rappelant également
une couleur de pierre. Des percements dans
les murs porteurs et des cloisons fusibles
assurent une certaine modularité dans les
aménagements intérieurs, voire le regroupe-
ment d’appartements.
1
Grâce à la réflexion poussée en amont et la
préfabrication partielle de l’opération, elle a
Plan du R+3
1. Appartements des immeubles pu être livrée en avance par rapport aux esti-
2. Toitures des maisons de ville mations initiales. 

34 Construction moderne / mai-juin 2019


B C

B __
La forme
des balcons
rappelle celle
triangulaire
de la parcelle.

C __
La disposition
décalée
des balcons
préserve
l’intimité des
appartements.

D __
La modénature
du béton joue
D E
avec la lumière.

E __
La grande baie
« aquarium »
plonge
le séjour dans
le paysage.

F, G __
Les balcons
prolongent
les séjours très
généreusement
vitrés.
De jour comme
de nuit, les
balcons offrent
un rapport
immédiat à la
F G ville et au ciel.

Construction moderne / mai-juin 2019 35


AGENDA

Trophée béton écoles, PFE & Studio


lancement de la 8e édition Béton Pluriel
Béton Pluriel est un ouvrage publié par les
Organisé par les associations Bétocib, CIMbéton et la fonda-
organisations professionnelles de l’industrie
tion École française du béton (EFB), sous le patronage du minis- cimentière (SFIC, CIMbéton, ATILH) autour de
tère de la Culture, le concours Trophée béton invite les jeunes la contribution du béton à un aménagement
diplômés des écoles d’architecture françaises à s’interroger sur durable des territoires. Partage d’expériences
les qualités esthétiques, techniques et environnementales du et de témoignages souvent inattendus, l’ouvrage
matériau béton. dessine, en 68 pages, les contours d’un béton
La conférence de lancement de la 8e édition du Trophée béton multiple, dans ses usages et sa capacité
d’adaptation.
a eu lieu le 14 février 2019, avec la participation de Manuelle
Téléchargez ou commandez Béton Pluriel sur :  
Gautrand. Les inscriptions sont ouvertes jusqu’au 30 septembre infociments.fr
2019. Les jeunes diplômés en 2018 et 2019 peuvent inscrire leur
Opération Orchestra
projet de fin d’études (PFE). dans les écoles d’architecture
Déclinaisons 2019 autour du Trophée béton 2018-2019
L’École française du béton offre des confé-
Pour sa prochaine édition 2019, le Trophée béton Écoles s’ouvrira aux étudiants en archi-
rences gratuites (construction, écologie, histoire,
tecture de premier et second cycles, avec la création du Trophée béton Écoles Studio. innovation, etc.) dans les écoles d’architecture
Ils seront invités à réinterpréter une œuvre architecturale majeure en béton, selon une et d’ingénieurs portées par des professionnels
expression graphique libre (dessin, peinture, collage, maquette). La remise des prix aura passionnés des entreprises. Commandes encore
lieu en janvier 2020, en même temps que celle de la 8e édition du concours destiné disponibles pour 2018-2019. Le catalogue
aux élèves en fin d’études. des conférences est consultable sur :
Modalités, règlement et inscription : www.trophee-beton.com https://www.efbeton.com/accueil/centre-ressources/
Renseignements par téléphone : 01 55 23 01 14 demande-conference/

Finale des Génies


Trophée béton pro, de la construction !
Le concours des territoires
inscrivez vos projets à la 2e édition intelligents
jusqu’au 30 juin 2019 Mardi 4 Juin 2019
FFB – 7, rue La Pérouse, 75116 Paris
Le Trophée béton catégorie professionnels, organisé par les
En partenariat avec le ministère de l’Éducation
associations Bétocib et Cimbéton, placé sous le patronage du nationale, ce concours est ouvert au collège
ministère de la Culture, est une distinction biennale, qui met en et au supérieur et récompense le travail collectif
lumière des réalisations architecturales remarquables en béton, d’équipes d’élèves ou d’étudiants, répondant
construites en France lors des cinq dernières années. à des problématiques posées par le développe-
Pour participer à la 2e édition ment des territoires intelligents, durables
Tous les acteurs du projet (architectes, maîtres d’œuvre, maîtres et connectés.
http://batissiel.information-education.org/ 
d’ouvrage, entreprises et industriels) pourront, sous réserve 2019/index.php
d’avoir obtenu l’accord de l’architecte, inscrire une réalisation
au Trophée béton pro jusqu’au 30 juin 2019. Restitution des résultats
Modalités, règlement et inscription : www.trophee-beton.com du projet national
Renseignements par téléphone : 01 55 23 01 14 RECYBÉTON
Mardi 12 mars 2019
Prochain rendez-vous Trophée béton SMABTP – 8, rue Louis Armand, 75015 Paris
À la Maison de l’architecture en île-de-France : 148, rue du Faubourg Saint-Martin, 75010 Paris. La journée de restitution des résultats du projet,
Juin 2019 : conférence dialogue. ouverte à tous, sera l’occasion de présenter les
recommandations « Comment recycler le béton
Octobre 2019 : jury et remise des prix Trophée béton pro.
dans le béton » qui identifient les possibilités
16 octobre au 15 novembre 2019 : exposition des réalisations du Trophée béton pro.
ouvertes à l’usage des granulats recyclés dans
Novembre 2019 : conférence dialogue. les bétons et dressent une liste des bonnes
pratiques. Le projet national RECYBÉTON fera
Retrouvez toute l’actualité Trophée béton et les thèmes des ensuite une tournée en France en 2019, pour
restituer les résultats de 5 années de travail
conférences proposées tout au long de l’année sur :
collaboratif. Le programme de la tournée est
trophee-beton.com et retrouvez-nous sur : disponible sur le site : www.pnrecybeton.fr/

36 Construction moderne / mai-juin 2019


bibliographie

AUGUSTE PERRET PALAIS DE CHAILLOT L’OPÉRA BASTILLE


LA CITÉ DE L’ATOME PALAIS ART DÉCO Christine Desmoulins
Le Centre d’études nucléaires Sous la direction de : En trente ans d’existence, l’Opéra Bastille a contri-
de Saclay Emmanuel Bréon bué à accroître la renommée internationale de
Ana bela de Araujo Auteurs : Emmanuel Bréon,
l’Opéra national de Paris. Il est, aujourd’hui, le
Ce livre présente l’histoire de la création par Jean-Marc Hofman, Bénédicte Mayer
principal lieu parisien de production lyrique. Pour
Auguste Perret du Centre d’études nucléaires de Photographies de Laurent Thion
saisir l’identité de cet opéra, cet ouvrage revient
Saclay, fleuron de la recherche atomique fran- Réhabiliter le palais de Chaillot, tel est le sujet
sur la genèse d’un grand projet public au croise-
çaise et modèle d’une architecture industrielle de ce livre. Aimé des Parisiens, ce monument
ment d’une décision politique et de deux his-
publique de prestige. Le CEA est la dernière d’exception a trop souvent été stigmatisé à
toires, celle de l’architecture et celle des arts de la
grande œuvre construite par Auguste Perret. l’aune d’une vision sombre de l’histoire qui lui
scène. Christine Desmoulins nous explique com-
Arrivé au sommet de sa carrière, Perret saisit colle à la peau et d’événements funestes dont il
ment ses créateurs se sont efforcés d’en faire un
les enjeux énormes de cette commande, ren- ne fut pas responsable. Né sous le Front popu-
défi d’ingénierie et d’acoustique.
due d’autant plus complexe que la recherche ne laire, c’est un projet culturel et démocratique,
Collection « Regards… »
cesse d’évoluer et qu’il faut donc prévoir d’iné- une architecture ouvrant ses bras vers Paris et Les Éditions du patrimoine
vitables modifications et extensions. saluant la tour Eiffel. Son architecture et ses jar-
Collection « Monographies d’édifices » dins extérieurs sont un remarquable témoignage
Les Éditions du patrimoine de la période Art déco. Textes et photographies
rendent hommage à ce monument.
Éditions Mare & Martin

LE VOYAGE DE L’ARCHITECTE
Philippe Potié
exposition Le lecteur est invité à explorer, à travers un angle
Le mobilier d’architectes, 1959-2019 très singulier – le voyage – la genèse de la pensée
de quelques-unes des grandes figures embléma-
À travers les créations mobilières des plus grands noms de l’architecture de ces soixante der-
tiques de l’architecture occidentale – théoriciens
nières années, l’exposition propose de découvrir comment les architectes s’inscrivent dans les
et constructeurs. On y découvre les grands maîtres
arts décoratifs, par le design des meubles, objets et luminaires. Avec près de 300 pièces, plus
en apprentissage, leurs cheminements intellectuels
de 125 architectes représentés et près de 90 éditeurs, elle est une invitation à déambuler à tra-
après leur confrontation avec des monuments
vers la Cité à la découverte du mobilier des grandes figures et personnalités de l’architecture
célèbres, des cultures différentes. Ces voyages ini-
de ces dernières décennies.
tiatiques donnent une dimension sensible et pro-
Du 29 mai au 30 septembre 2019 fondément humaine à ces maîtres et permettent
Cité de l’architecture & du patrimoine – Palais de Chaillot – 1, place du Trocadéro, 75016 Paris.  d’appréhender leur œuvre avec un regard neuf.
Tous les jours, sauf le mardi, de 11 h à 19 h. Nocturne le jeudi jusqu’à 21 h.
Collection Architectures
Éditions Parenthèses
Architecte : Studio Milou
Pôle culturel la Lanterne à Rambouillet

Photographe : Fernando Javier Urquijo

Prix conseillé : 18 euros - ISSN 0010-6852 - Notre engagement environnemental : la revue est imprimée sur du Satimat Green (60 % de fibres recyclées, 40 % de fibres FSC) par l’imprimerie Frazier à Paris, qui est certifiée Imprim’vert, PEFC, FSC, ISO 14001, URGA n° 041.

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