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Trimestriel n° 285

ÉTÉ 2016 LE JOURNAL

CRISPR-Cas9 Ce que révèle Quand Le Quai


La technique la grotte l’économie Branly
qui révolutionne de Bruniquel se penche sur nos VRXɞHVHV
la génétique sur Néandertal comportements bERXJLHV
ÉDITORIAL

LE JOURNAL
Rédaction :
3, rue Michel-Ange – 75794 Paris Cedex 16
Téléphone :b
E-mail : lejournal@cnrs.fr
Le site Internet : https://lejournal.cnrs.fr
 L e CNRS, en menant des recherches aux frontières de la connais-
sance, est un acteur majeur de l’avancement de la science et du progrès
économique, social et culturel, et je suis très heureuse d’avoir rejoint cette
belle maison en janvier dernier en tant que directrice générale déléguée
Anciens numéros :
https://lejournal.cnrs.fr/numeros-papiers à la science. La diversité et la richesse des recherches menées au CNRS
Gérer son abonnement au journal et la qualité et l’étendue des découvertes issues du travail de ses équipes
(pour les agents du CNRS) :
https://lejournal.cnrs.fr/abojournal
s’illustrent parfaitement, page après page, dans ce numéro de CNRS
/HbMRXUQDO Je retiens notamment l’enquête sur les fameux ciseaux molé-
Directeur de la publication : FXODLUHV&5Ζ635&DVTXLSHUPHWWHQWGHPRGLȴHUVS«FLȴTXHPHQWHW
Alain Fuchs
Directrice de la rédaction : SU«FLV«PHQWOȇ$'1GHWRXW¬WUHYLYDQWȂbGHTXRLVXVFLWHUGHIRUPLGDEOHV
Brigitte Perucca HVSRLUVWK«UDSHXWLTXHVPDLVDXVVLGȇLPSRUWDQWHVTXHVWLRQV«WKLTXHVbȂRX
Directeur adjoint de la rédaction :
Fabrice Impériali encore l’article sur la grotte de Bruniquel, qui bouleverse notre vision
Rédacteur en chef : de l’homme de Néandertal. En parcourant ce numéro, il est frappant de
Matthieu Ravaud
constater que le CNRS est également complètement en phase avec les
Chef de rubrique :
Charline Zeitoun besoins de notre société. En réaction aux attentats qui ont touché notre
Rédacteurs : pays en novembre dernier, le président du CNRS, Alain Fuchs, avait lancé
Anne-Sophie Boutaud, Laure Cailloce,
Claire Debôves, Yaroslav Pigenet un appel à projets pour, je le cite, « mieux comprendre » ce qui s’est passé
Assistante de la rédaction et mSRXUR΍ULUVLQRQGHVVROXWLRQVGXPRLQVGH
et fabrication :
Laurence Winter
nouvelles voies d’analyse et d’action ». En sou-

“à laLefois
tenant le vaste programme sur la mémoire du
Ont participé à ce numéro :
Clélia Bayard, Lydia Ben Ytzhak, Kheira CNRS peut 13 novembre, qui a démarré en juin et devrait
Bettayeb, Marie Chadefaux, Audrey Diguet,
durer douze ans, le CNRS montre qu’il peut à la
Grégory Fléchet, Léa Galanopoulo, Sylvain
Guilbaud, Denis Guthleben, Carina Louart, se mobiliser fois se mobiliser rapidement et s’engager sur
Véronique Meder, Philippe Nessmann,
le long terme. Je vous invite aussi à parcourir les
Philippe Testard-Vaillant
rapidement U«VXOWDWVGHOȇHQTX¬WHVXUOHVbVWUXFWXUHV
Secrétaire de rédaction :
de recherches communes entre le CNRS et les
Isabelle Grandrieux
Conception graphique :
et s’engager sur entreprises, qui illustrent la richesse de l’inter-


Céline Hein face que nos laboratoires développent avec un
Iconographes :
Anne-Emmanuelle Héry,
le long terme. large spectre d’entreprises. C’est la preuve que
Marie Mabrouk notre organisme, contrairement à certaines
Impression :
Groupe Morault, Imprimerie de Compiègne
idées reçues, sait travailler avec le monde éco-
– 2, avenue Berthelot – Zac de Mercières QRPLTXHHWLQYHQWHUGHVPRGªOHVGHFROODERUDWLRQVRXSOHVHWHɝ FDFHV
– BP 60524 – 60205 Compiègne Cedex -HVDOXHHQȴQOHWDOHQWHWOHG\QDPLVPHGHQRVMHXQHVFKHUFKHXUVHWSOXV
ISSN 0994-7647
Dépôt légal : à parution particulièrement de deux mathématiciens, Vincent Calvez et Hugo
Duminil-Copin, qui viennent d’être primés par la European Mathematical
Society. Le renouvellement des générations au sein de notre organisme
HVWFUXFLDOSRXUPDLQWHQLUQRVDPELWLRQVɋFȇHVWSRXUTXRLOȇHPSORLVFLHQWL
ȴTXHUHVWHXQHSULRULW«GXb&156TXLVȇHVWFRQFU«WLV«HFHWWHDQQ«HSDU
Photos CNRS disponibles à :
phototheque@cnrs.fr ; OȇRXYHUWXUHGHbSRVWHVGHFKHUFKHXUVHWGȇDXPRLQVbSRVWHVGȇLQJ«
http://phototheque.cnrs.fr nieurs et techniciens. La qualité des recherches que nous menons doit
La reproduction intégrale ou partielle
des textes et des illustrations beaucoup à la créativité, à l’engagement et à la persévérance des femmes
doit faire obligatoirement l’objet d’une et des hommes qui font la science au quotidien. Ensemble, nous sommes
demande auprès de la rédaction.
OH&156ɋ-HYRXVVRXKDLWHXQHERQQHOHFWXUH

Anne Peyroche,
directrice générale déléguée
à la science du CNRS
k'‹/‹*$7Ζ2130$

(QFRXYHUWXUHbPHVXUH
du champ magnétique
dans la grotte de Bruniquel.
3+272‹)$%5(66$&
‹7‹ N° 285
3
SOMMAIRE
© MOLEKUUL.BE-FOTOLIA

GRAND FORMAT La révolution CRISPR-Cas9 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14



Dans le ventre de la Fournaise . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
Quand l’économie s’intéresse à nos comportements. . . . 30

EN PERSONNE 5
Quelle sera Claire Voisin au Collège de France . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

6
© LE PARISIEN/O. CORSAN

Des mathématiciens français primés à Berlin . . . . . . . . . . . . . . . . 10


la mémoire du

9
Vainqueurs en trois minutes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
13 novembre ? L’homme qui a numérisé le procès de Mandela. . . . . . . . . . . . . . 12

Comment EN ACTION 35
nos cellules &RPPHQWPLHX[«YDOXHUOHWUDYDLOGHV«OªYHVɋ". . . . . . . . . . . . . . . 36
ont appris Un simulateur virtuel pour les équipes d’urgence . . . . . . . . . . . . . 38
à respirer Ces entreprises qui misent sur la recherche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
6«LVPHVOHQWVɋXQDXWUHUHJDUGVXUOHVIDLOOHV . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
En Europe, les chercheurs soignent leur réseau . . . . . . . . . . . . . . 42
© WIRE_MAN/FOTOLIA.COM

52
/HVQRXYHDX[G«ȴVGHODVSLQWURQLTXH . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
Ondes gravitationnelles et trous noirs, acte 2. . . . . . . . . . . . . . . . 46
Bruniquel, la grotte qui bouleverse
notre vision de Néandertal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
%RXJHUSRXUVȇLGHQWLȴHU . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
/HPXV«HGXTXDL%UDQO\VRXɞHVHVERXJLHV . . . . . . . . . . . . 50
$JULFXOWXUHGHVORJLFLHOVSRXUOHVmFLUFXLWVFRXUWV} . . . . . . . . . 54

LES IDÉES 55
Blockchain :
© 3DSCULPTOR/FOTOLIA.COM

Raoul Wallenberg, le Juste oublié . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56

62
l’autre révolution 6KHUORFN+ROPHVXQK«URVUDVVXUDQWɋ" . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
/DELRPDVVHQRXYHOHOGRUDGRGHODFKLPLHɋ" . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
venue du bitcoin Mieux penser les interfaces informatiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61

CARNET DE BORD LA CHRONIQUE DE DENIS GUTHLEBEN


Laurent Maget nous raconte un souvenir de recherche . . . . . . . 64 Les crédits de la science . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .66

CNRS LE JOURNAL
4
EN PERSONNE

Des scientifiques s’intéressent à la


mémoire du 13 novembre, des doctorants
présentent leur thèse en trois minutes
et une mathématicienne entre au Collège.
ILLUSTRATION : LEON EDLER POUR CNRS LE JOURNAL

ÉTÉ 2016 N° 285


5
EN PERSONNE

Quelle sera la mémoire


du 13 novembre ?
PAR LAURE CAILLOCE

Entretien. Baptisé « 13-Novembre », un vaste programme


de recherche qui vise à analyser les témoignages de
ɋbSHUVRQQHVWRXFK«HVSDUOHVDWWHQWDWVGH3DULVYLHQWGH
G«PDUUHU/ȇKLVWRULHQ'HQLV3HVFKDQVNL1 et le neuropsychologue
Francis Eustache2 nous expliquent ses objectifs.

Comment l’idée du projet « 13-Novembre » familles ont été progressivement réintégrés aux souvenirs

k/(3$5Ζ6Ζ(12&256$1
YRXVHVWHOOHYHQXHɋ" LQGLYLGXHOVDȴQGHFRQVWUXLUHXQGLVFRXUVFRK«UHQW/ȇ«WXGH
Denis Peschanski : En tant que chercheurs, Francis de Hirst présentait néanmoins des limites : les question-
Eustache et moi-même sommes tous deux directement naires étaient remplis par les personnes elles-mêmes, le
intéressés par cette thématique de la construction de la groupe de témoins a varié d’une session à l’autre, surtout,
mémoire, lui comme neuropsychologue et moi comme l’étude est restée essentiellement psychologique. Avec
historien. Nous sommes d’ailleurs partie prenante d’une « 13-Novembre », l’idée est d’aller beaucoup plus loin.
plateforme technologique sur ce thème, Matrice3 , qui
traite des mémoires de la Seconde Guerre mondiale et (QTXRLOHSURMHWm1RYHPEUH}FRQVLVWHWLOɋ"
du 11 septembre 2001. L’appel d’Alain Fuchs, le président D. P. : Ce programme de recherche transdisciplinaire prévu
GX&156¢ODFRPPXQDXW«VFLHQWLȴTXHTXHOTXHVMRXUV sur douze années vise à étudier la construction et l’évo-
après les attentats nous a interpellés : que pouvait-on lution de la mémoire après les attentats du 13 no-
IDLUHHQWDQWTXHVFLHQWLȴTXHVIDFH¢FHW«Y«QHPHQWTXL YHPEUHb1RXVVRXKDLWRQVHQSDUWLFXOLHUFRPSUHQGUH
D«EUDQO«WRXWHODFRPPXQDXW«QDWLRQDOHɋ"ΖO\DTXHOTXH l’articulation entre mémoire individuelle et mémoire col-
chose de l’ordre de la mission citoyenne du chercheur OHFWLYHFRPPHQWOȇXQHHWOȇDXWUH«YROXHQWDXȴOGXWHPSV
dans le programme « 13-Novembre ». HWFRPPHQWHOOHVVȇLQȵXHQFHQWPXWXHOOHPHQWSRXUDERXWLU
à un discours cohérent qui a un sens pour l’individu comme
Francis Eustache : Concrètement, nous avons été directe- pour la collectivité. De par son ampleur, « 13-Novembre »
ment inspirés par ce qui s’est fait à New York après les est une première mondiale. Le programme intègre aussi
attentats du 11 septembre 2001 : un psychologue améri- bien des historiens, des neuropsychologues, des sociolo-
cain de la New School, William Hirst, a recueilli quelque JXHVGHVMXULVWHVGHVOH[LFRORJXHVTXHGHVPDWK«PDWL
ɋbW«PRLJQDJHVGHSHUVRQQHVD\DQWY«FXFHV«Y«QH FLHQV6L[ODERUDWRLUHVVRQWLPSOLTX«V¢FHMRXU 4 , et plu-
ments après un mois, un an, trois ans, cinq ans, dix ans, et VLHXUVLQVWLWXWLRQVFRPPHOH&156OȇΖQVHUP6DQW«SXEOLTXH
les a comparés les uns aux autres. À l’époque, ce type France5 OȇΖQVWLWXWQDWLRQDOGHOȇDXGLRYLVXHO Ζ1$ OHVHUYLFH
Gȇ«WXGHORQJLWXGLQDOHȂbVXUXQHORQJXHS«ULRGHGHWHPSV cinématographique des Armées et les Archives de France,
GRQFbȂ«WDLWWRWDOHPHQWLQ«GLWHWDGȇDLOOHXUVOLYU«GHVU«VXO soit plusieurs centaines de personnes.
tats passionnants : confus, les premiers récits des témoins
du 11 septembre faisaient ainsi une large place aux émo- &RPPHQWFHWWH«WXGHYDWHOOHVHG«URXOHUɋ"
WLRQVHWDX[VHQVDWLRQVQRWDPPHQWROIDFWLYHVSXLVDXȴO F. E. :/ȇ«WXGHVHIRFDOLVHVXUXQHFRKRUWHGHɋbSHU
des ans, les faits véhiculés par les médias et repris dans les sonnes qui ont été les témoins directs ou indirects des
1. Directeur de recherche au Centre d’histoire sociale du XXeVLªFOH &1568QLY3DULV3DQWK«RQ6RUERQQH 2. Directeur d’études à l’École pratique des
hautes études. Il dirige le laboratoire de Neuropsychologie et neuroimagerie de la mémoire humaine et la plateforme d’imagerie Cyceron. 3. Équipement
GȇH[FHOOHQFHFU««HQSRXUFRQGXLUHGHV«WXGHVWUDQVGLVFLSOLQDLUHVVXUODP«PRLUH4. Le Centre de recherche sur les liens sociaux, le laboratoire
de Neuropsychologie et neuroimagerie de la mémoire humaine, le laboratoire Neuropsychiatrie de Montpellier, l’Institut des systèmes complexes,
le Centre de recherche sur les médiations et le laboratoire Bases, corpus et langage. 5. L’ex-Institut national de veille sanitaire va conduire une étude
«SLG«PLRORJLTXHXQDQDSUªVOHVDWWHQWDWVDȴQGȇDQDO\VHUOHXULPSDFWSV\FKRWUDXPDWLTXHHWOȇHɝ FDFLW«GHVGLVSRVLWLIVGHSULVHHQFKDUJHPLVHQĕXYUH

CNRS LE JOURNAL
6
EN PERSONNE

Denis
Peschanski
et Francis
Eustache,
instigateurs
du projet
« 13-Novembre ».

revivions pour notre cerveau qui le


réencode à nouveau. Cette nouvelle
évocation, qui permet de consolider le
souvenir, le transforme également : elle
se fait dans des circonstances et de-
vant des personnes particulières, qui
nous amènent à insister sur tel élé-
ment plutôt que tel autre, à gommer tel
RXWHOG«WDLOVDQVFRPSWHUOȇLQȵXHQFH
que la société en général, les médias,
la famille, les collègues, etc., vont avoir
sur la façon dont nous allons raconter
l’histoire. Tous ces processus sont ex-
trêmement complexes et encore mal
FRQQXVGHVVFLHQWLȴTXHV


Ce processus de transformation vaut-il
Nous souhaitons comprendre SRXUODP«PRLUHFROOHFWLYHɋ"
D. P. :7RXW¢IDLWɋ&RPPHODP«PRLUHLQGLYLGXHOOHOD
l’articulation entre mémoire individuelle P«PRLUHFROOHFWLYHRE«LW¢XQMHXVXEWLOGHFRQVWUXFWLRQ

et mémoire collective, comment UHFRQVWUXFWLRQΖO\DXQHUDLVRQ¢FHODODP«PRLUHFROOHF


tive ne se préoccupe pas de la « vérité historique des faits »,


c’est une représentation sélective d’événements passés
elles s’influencent mutuellement. qui participe à la construction identitaire d’un groupe. Au
ȴOWUHGHFHWWHP«PRLUHQHVRQWUHWHQXVTXHOHV«O«PHQWV
perçus comme structurants dans la construction de notre
attentats du 13 novembre à Paris. Quatre groupes ont été identité collective, parce qu’ils donnent un sens à notre
LGHQWLȴ«VOHFHUFOHGHVSHUVRQQHVGLUHFWHPHQWH[SRV«HV KLVWRLUHFRPPXQH$LQVLOȇH[RGHGHMXLQV\QRQ\PH
aux attentats, survivants, proches des victimes et interve- de fuite, voire de honte, a laissé peu de traces dans
QDQWVɋOHFHUFOHGHVKDELWDQWVGHVTXDUWLHUVYLV«VSDUOHV nos souvenirs communs alors qu’il a touché des millions
WHUURULVWHVɋOHFHUFOHGHVTXDUWLHUVS«ULSK«ULTXHVGH de personnes. À l’inverse, les faits de résistance d’une
3DULVɋHWOHFHUFOHSOXVORLQWDLQGHVKDELWDQWVGHSOXVLHXUV minorité de français sont entrés dans le grand récit collec-
villes de province, dont Caen et Metz. Quatre campagnes tif, car ils véhiculaient des valeurs essentielles pour la
GȇHQWUHWLHQVȴOP«VVHURQWU«DOLV«HVODSUHPLªUHHVWHQ reconstruction de la France. Voir comment cette représen-
FRXUVHWGXUHUDMXVTXȇDXG«EXWGHOȇDXWRPQHODGHX tation collective s’élabore en temps réel et comment elle
xième aura lieu deux ans plus tard, la troisième, cinq ans dialogue avec les mémoires individuelles est une opportu-
plus tard, et la dernière, dix ans plus tard. nité unique pour un historien.

3RXUTXRLU«DOLVHUSOXVLHXUVYDJXHVGȇHQWUHWLHQVɋ" /HVHQWUHWLHQVVHURQWȴOP«VSDUOȇΖQVWLWXWQDWLRQDO
F. E. :2QVDLWGHSXLVTXHOTXHVDQQ«HVG«M¢TXHOHVVRXYHQLUV de l’audiovisuel et par le service cinématographique
TXHFKDFXQGȇHQWUHQRXVHPPDJDVLQHQHVRQWSDVȴJ«VXQH des Armées, partenaires à part entière du projet.
IRLVSRXUWRXWHVΖOVȇRSªUHWRXWDXORQJGHODYLHXQMHXVXEWLO 3RXUTXRLFHVSDUWHQDULDWVɋ"
de consolidation-reconsolidation. Chaque fois que nous D. P. :/DG«FLVLRQGHȴOPHUOHVHQWUHWLHQVU«SRQG¢XQ
évoquons un souvenir, c’est un peu comme si nous le GRXEOHREMHFWLI6FLHQWLȴTXHELHQV½UFDUWRXWHVVRUWHV …

ÉTÉ 2016 N° 285


7
EN PERSONNE

… d’études vont pouvoir être conduites à partir de ce


matériel : grâce au big data et à la modélisation, on va
pouvoir étudier les expressions faciales des témoins et
leurs émotions, le débit de la parole et les silences. Des
retranscriptions de ces vidéos vont également être réali-
V«HVDȴQGHFRQGXLUHGHV«WXGHVWH[WRP«WULTXHVTXL
permettront de savoir quels mots reviennent le plus sou-
vent dans les témoignages et à quelle fréquence, quels
WHUPHVVHUHWURXYHQWU«JXOLªUHPHQWDVVRFL«VȐ0DLVȴOPHU
OHVHQWUHWLHQVRE«LWDXVVL¢XQREMHFWLISDWULPRQLDOΖO«WDLW
important pour nous que ces témoignages puissent être
archivés et transmis aux générations futures, car ils
constituent une mémoire précieuse de ces terribles évé-

© CNRS/INSERM
nements pour la communauté nationale.

Si le recueil de témoignages constitue le socle


Plateforme
de « 13-Novembre », ce n’est pas le seul volet : GȇDQDO\VHUȴQHPHQWOHVP«FDQLVPHV¢OȇĕXYUHGDQVOȇ(637
Cyceron
une étude biomédicale sur l’état de stress sans avoir à convoquer les images des attentats. où des IRM des
post-traumatique est également prévue… personnes les
F. E. : Avec « 13-Novembre », on ne travaille pas sur n’im- Le programme « 13-Novembre » inclut également plus directement
SRUWHTXHO«SLVRGHKLVWRULTXHΖOVȇDJLWGȇ«Y«QHPHQWVGȇXQH un volet réseaux sociaux. Pourriez-vous nous touchées par les
extrême violence qui ont provoqué chez de nombreux HQGLUHXQPRWHQFRQFOXVLRQɋ" attentats seront
témoins un ensemble de troubles appelés « état de stress D. P. :&HYROHWYD¬WUHPHQ«FRQMRLQWHPHQWSDUOHVFKHU réalisées.
SRVWWUDXPDWLTXH} (637 FHVSHUVRQQHVVRX΍UHQWGH FKHXUVGHOȇΖ1$HWGHOȇΖQVWLWXWGHVV\VWªPHVFRPSOH[HV
SHQV«HVHWGȇLPDJHVHQYDKLVVDQWHVɋHOOHVRQWGHVVXUVDXWV &156 TXLRQWUHVSHFWLYHPHQWG«YHORSS«GHVRXWLOVSRXU
des sueurs, des troubles du sommeil et développent des aspirer et analyser les contenus des réseaux sociaux. L’idée
comportements d’évitement pour fuir toutes les circons- ici est d’analyser l’ensemble des tweets échangés lors des
tances qui pourraient leur rappeler les attentats. Certaines attentats du 13 novembre, notamment les liens qu’ils
ont cependant mis en place des mécanismes de défense et FRQWLHQQHQW YHUVGHVYLG«RVGHVVLWHVGȇLQIRUPDWLRQ
s’en sortent mieux que d’autres. C’est tout cela que nous HWF DȴQGHYRLUFRPPHQWVHGL΍XVHOȇLQIRUPDWLRQȂRXOD
YRXORQV«WXGLHUGHID©RQH[WU¬PHPHQWSU«FLVHDȴQGHSUR rumeur. Les réseaux sociaux participent à plein à l’émotion,
duire une description complète de ces troubles et de leur donc à la construction de la mémoire. C’est ce mécanisme
PDQLIHVWDWLRQGDQVOHFHUYHDX3DUPLOHVɋW«PRLQVLQ TXHQRXVYRXORQVSDVVHUDXFULEOHbII
WHUURJ«VbLVVXVGHVFHUFOHVHWVRLWOHVSHUVRQQHVOHV
plus directement touchées par les attentats6 , seront dirigés

“ Il était important pour nous que


YHUVODSODWHIRUPHGȇLPDJHULHF«U«EUDOH&\FHURQTXHMHGLULJH
¢&DHQDȴQGHSDVVHUGHVWHVWVQHXURSV\FKRORJLTXHVDLQVL
TXHGHVΖ50DQDWRPLTXHVHWIRQFWLRQQHOOHV
ces témoignages puissent être archivés


Ne craignez-vous pas de déclencher de nouvelles
FULVHVGHVWUHVVDYHFFHVH[DPHQVɋ" et transmis aux générations futures.
F. E. :ΖOHVWKRUVGHTXHVWLRQȂbHWLQXWLOHbȂGHVRXPHWWUHFHV
personnes à de nouvelles images traumatisantes. Nous
avons donc opté pour une méthode imaginée récemment
en Angleterre, baptisée « think-no think ». Avec l’ESPT, des
images et des pensées intrusives s’imposent à la personne.
Le paradigme « think-no think » modélise cette situation.
Nous entraînons les personnes à associer un mot et un
REMHWEDQDOVTXLQȇRQWULHQ¢YRLUOȇXQDYHFOȇDXWUHȂSDU Lire l’intégralité de l’interview
exemple le mot ordinateur et l’image d’un arbre. Nous les sur lejournal.cnrs.fr
HPPHQRQVHQVXLWH¢OȇΖ50HWOHXUGHPDQGRQVGHFRQWLQXHU
à faire cette association, puis de s’en dégager. Cela permet

6. Des personnes du cercle 4, le plus éloigné des attentats, seront également examinées et serviront de population de contrôle à cette étude.

CNRS LE JOURNAL
8
EN PERSONNE

Claire Voisin

k3Ζ0%(57&2//Š*('()5$1&(
au Collège de France
Lb e 2 juin, la mathématicienne Claire Voisin
a donné sa leçon inaugurale au Collège de
France. Titulaire de la nouvelle chaire consacrée
travaux de l’école française,
dont ceux de Jean-Pierre Serre
et d’Alexander Grothendieck et
à la géométrie algébrique, Claire Voisin est a vu de nombreux développements récents.
reconnue par ses pairs, en particulier pour Directrice de recherche de classe exceptionnelle
ses recherches sur la « topologie des variétés au CNRS, médaille d’argent de l’organisme Lire notre article
« Les mille paysages de
projectives et kählériennes » et sur la théorie en 2006, Claire Voisin est la première la géométrie algébrique »
de Hodge, un pan important de cette discipline. mathématicienne à entrer au Collège de France. sur lejournal.cnrs.fr
Cette dernière s’est profondément renouvelée Elle y rejoint ses confrères Alain Connes,
dans les années 1950, notamment avec les Pierre-Louis Lions et Jean-Christophe Yoccoz.

/HSDOPDUªVGX)HVWLYDOGXȴOPGHFKHUFKHXU
Ils ont amélioré
/HMXLQOȇ«GLWLRQGX)HVWLYDOGXȴOPGHFKHUFKHXURUJDQLV«SDUOH&156HW
l’université de Lorraine, a livré son palmarès. Le Grand Prix « Film de chercheur », d’une le diagnostic des AVC
YDOHXUGHɋHXURVD«W«DWWULEX«¢Denise Bernot,GHVVFLHQWLȴTXHV$OLFH9LWWUDQW
HW$OH[DQGUDGH0HUVDQU«DOLV«SDU&«OLQH)HUOLWDHW0DU\OLQH/HGXFT&HȴOPUHWUDFH En automne dernier, une équipe de
l’itinéraire étonnant et courageux de Denise Bernot, professeure de birman à l’Institut mathématiciens et d’informaticiens s’est
QDWLRQDOGHVODQJXHVHWFLYLOLVDWLRQVRULHQWDOHVGH¢'HX[ȴOPVH[DHTXRRQW vue récompensée du 1er prix Bull-Joseph
UH©XOHSUL[m&RXSGHSRXFHGXIHVWLYDO}GȇXQHYDOHXUGHɋHXURVIndependance Fourier 2015 pour son innovation qui
Days, sur les traces des jeunes prédateurs marins, d’Aurélien Prudor et Henri caractérise en quelques minutes le type
Weimerskirch, réalisé par Aurélien Prudor, et Mémoire promise, de Gaetano Ciarcia, d’accident vasculaire cérébral (AVC) dont
réalisé par Jean-Christophe Monferran. Par ailleurs, le concours « Filmer sa recherche » souffre un patient, ce qui permet une
a récompensé Nicolas Clabaux, lauréat du prix « CNRS Images », pour son projet meilleure prise en charge. Précisément,
m6HIDXȴOHUGDQVOHVHPERXWHLOODJHVTXHOVULVTXHVSRXUOHVXVDJHUVGHVGHX[URXHV Frédéric Nataf, Frédéric Hecht et
motorisés » (qui se concrétisera donc par un court métrage réalisé par CNRS Images), Pierre-Henri Tournier, du Laboratoire
et Thomas Pouyet, pour son projet « La tour Jacques-Louis Lions1, Victorita Dolean, du
Saint-Paul de Cormery : relecture archéologique ». Laboratoire Jean-Alexandre Dieudonné2
 ZZZȴOPGHFKHUFKHXUHX
et de l’université de Strathclyde3 , et
Pierre Jolivet, de l’Institut de recherche en
informatique de Toulouse4 , ont démontré
avec la société EMTensor la faisabilité
d’une technique d’imagerie basée sur des
Le CNRS dans le bon Tempo PLFURRQGHVHWTXLSHUPHWG×LGHQWLôHUOH
Le groupe RH&M a attribué le prix de l’équipe RH type d’AVC (ischémique ou hémorragique)
digitale 2016 pour la « Temporalité collaborative » en moins de quinze minutes. Or la
au CNRS pour la mise en place de l’application rapidité du diagnostic est un paramètre
Tempo, un outil de suivi des activités des capital pour les soins et la survie du
chercheurs dans le cadre des projets européens patient. Chaque année, le prix Bull-Joseph
© DR

et internationaux. Le trophée a été remis à Pierre Fourier distingue un travail de recherche


Coural, directeur des ressources humaines du CNRS, et à Cédric dans les domaines de la simulation
Bosaro, responsable Pôle Europe et contrats à la Mission pilotage informatique et du calcul haute
et relations avec les délégations régionales et les instituts. performance en France.

1.8QLW«&1568QLY3DULV'LGHURW830&2. Unité CNRS/Univ. Nice Sophia Antipolis. 3. Department of Mathematics and Statistics.
4.8QLW«&1568QLY7RXORXVH&DSLWROH87-836Ζ13GH7RXORXVH

ÉTÉ 2016 N° 285



EN PERSONNE

Des mathématiciens français


primés à Berlin PAR CHARLINE ZEITOUN

es prix de la European Mathematical Society (EMS), dont


/b le congrès s’est déroulé du 18 au 22 juillet derniers à
Berlin, ont notamment couronné les Français Hugo Duminil-
/HVSUL[GHOȇ(06VRQWGȇDLOOHXUVSDUIRLVSU«VHQW«VFRPPH
XQHDQWLFKDPEUHGHFHVIDPHXVHVP«GDLOOHV$UWXU$YLOD
Cédric Villani et Wendelin Werner, respectivement lauréats
Copin et Vincent Calvez. Tous les quatre ans, l’EMS décerne, GHODP«GDLOOH)LHOGVHQbHWDYDLHQWDLQVL
entre autres récompenses, dix prix à des jeunes chercheurs d’abord été distingués par l’EMS. Depuis la création de ces
HQPDWK«PDWLTXHVGHPRLQVGHbDQV(XURS«HQVRXHQ prix européens en 1992, dix-huit Français, dont quatre
poste en Europe, lors d’un grand congrès. Celui-ci rassemble IHPPHVHQRQW«W«OHVODXU«DWV/RUVGXP¬PHFRQJUªV
les mathématiciens européens, deux ans avant le Congrès un autre Français, Patrice Hauret, du Centre de technologie
international des mathématiciens (ICM), lors duquel, tous 0LFKHOLQDUH©XSRXUVDSDUWOHSUL[)HOL[.OHLQbII
les quatre ans également, sont remises les médailles Fields,
souvent considérées comme le Nobel des mathématiques.

HUGO DUMINIL-COPIN NÉ EN 1985


Considéré comme l’un des plus
brillants probabilistes de sa
génération, cet ancien élève
de l’École normale supérieure, VINCENT CALVEZ NÉ EN 1981
actuellement en poste Spécialiste des mathématiques
à l’université de Genève, appliquées à la biologie,
rejoindra le laboratoire ce chercheur à l’Unité de
Alexander Grothendieck 1, à mathématiques pures et
Bures-sur-Yvette, en septembre appliquées 2 s’était déjà fait
prochain. Ses principaux remarquer en 2014 en recevant
sujets concernent les marches la médaille de bronze du CNRS.
aléatoires. « C’est une suite de pas, Elle venait récompenser les
aléatoires, commente Christoph travaux de son équipe, qui se
Sorger, directeur de l’Institut national poursuivent aujourd’hui dans
des sciences mathématiques le cadre d’un projet ERC 3,
et de leurs interactions du CNRS. pour modéliser le déplacement
Chacun est indépendant des bactéries dans un liquide,
du précédent, comme si le calculer leur vitesse individuelle
marcheur oubliait constamment et collective. « Ce joli résultat
où il allait : c’est en cela a été obtenu en adaptant les
qu’on parle parfois de “marche équations qui décrivent l’invasion
de l’ivrogne”. » Le jeune GHVFUDSDXGVEXɞHVGDQV
probabiliste a notamment réussi le nord de l’Australie depuis
à déterminer, avec Stanislav OHVDQQ«HVb 4 », commente
Smirnov, une constante qui Christoph Sorger. Depuis son
caractérise le nombre de chemins doctorat à l’université Pierre
possibles pour des marches et Marie Curie-Paris 6, où
aléatoires auto-évitantes (qui ne il a étudié la modélisation des
passent pas deux fois au même mouvements d’agrégats de
© S. MANEL POUR CNRS LE JOURNAL

endroit) dans le cas où le marcheur cellules, Vincent Calvez n’a eu


se déplace sur un réseau en deux de cesse que de décrire le vivant
dimensions en forme d’alvéoles. et les mouvements collectifs
Les marches aléatoires ont de grâce aux mathématiques.
nombreuses applications en physique. Membre de l’équipe Inria Numed,
1. Unité CNRS/IHÉS. 2. Unité CNRS/ENS de Lyon/Inria. 3. European Research Council. 4. Formalisme imaginé il travaille ainsi avec de nombreux
par Laurent Desvillettes (ENS Cachan), Sylvie Méléard (École polytechnique) et Régis Ferrière (ENS Paris). biologistes et biophysiciens.

CNRS LE JOURNAL

EN PERSONNE

Vainqueurs en trois minutes


/HPDLODȴQDOHQDWLRQDOHGXFRQFRXUVm0DWKªVHHQVHFRQGHV}RUJDQLV«H
LE CHIFFRE ¢%RUGHDX[SDUOH&156HWOD&RQI«UHQFHGHVSU«VLGHQWVGȇXQLYHUVLW«VȇHVWVROG«HSDU

30
ODYLFWRLUHGH0DWKLHX%XRQDȴQH(QWURLVPLQXWHVLOHVWSDUYHQX¢V«GXLUHOHMXU\HQ
SU«VHQWDQW¢ODPDQLªUHGȇXQHHQTX¬WHSROLFLªUHOHVXMHWGHVDWKªVHOȇ«WXGHJU¤FH¢GHV
VRXULVGHFHUWDLQHVPRO«FXOHVTXLFRQWULEXHQW¢OȇDSSDULWLRQGHQRPEUHXVHVSDWKRORJLHV
FDUGLRYDVFXODLUHVFKH]OȇKRPPH'HX[DXWUHV«WXGLDQWVRQWDXVVL«W«U«FRPSHQV«V
%HUWUDQG&RFKDUGGȇDERUGGRQWODWKªVHSRUWHVXUODSKLORVRSKLHGH*X\'HERUGDLQYLW«
OHSXEOLF¢VȇLPDJLQHUGDQVXQVXSHUPDUFK«SRXUFRPSUHQGUHOHFRQFHSWGHmU«LȴFDWLRQ}
1LFRODV8UUXW\OHWURLVLªPHODXU«DWDTXDQW¢OXL«WXGL«OHOLHQHQWUHU«GXFWLRQGHV
)UDQ§DLVôJXUHQWSDUPL SHVWLFLGHVHWUHQGHPHQWGXEO«HQFRPSDUDQWVRQ
OHVODXU©DWVGHO×DSSHO «WXGH¢XQHSV\FKDQDO\VHIUHXGLHQQH/HVWURLVODXU«DWV
$GYDQFHG*UDQWGRQW SDUWLFLSHURQW¢ODȴQDOHLQWHUQDWLRQDOHTXLVHWLHQGUD Voir leurs prestations
¢5DEDWDX0DURFHQVHSWHPEUH sur OHMRXUQDOFQUVIU
OHVU©VXOWDWVRQW©W©SXEOL©V
DXSULQWHPSVSDUOH&RQVHLO
HXURS©HQGHODUHFKHUFKH
(5& &HWDSSHODSRXU
YRFDWLRQGHôQDQFHUGHV
FKHUFKHXUVFRQôUP©V
UHFRQQXVGDQVOHXUGRPDLQH
 KDXWHXUGHPLOOLRQV
G×HXURVPD[LPXPSRXUXQH
GXU©HGHFLQTDQV/D)UDQFH
HVWFHWWHDQQ©HOHHSD\V
HQQRPEUHGHFKHUFKHXUV
ODXU©DWV

©MT180/CPU
Des nominations
en régions
Plusieurs nominations viennent
d’avoir lieu dans les délégations
régionales du CNRS. Ainsi,
depuis le 1er juillet, %HQR°W
Debosque est le nouveau /HVSUL[GHOD)RQGDWLRQ
G«O«JX«U«JLRQDO&¶WHGȇ$]XU
Il succède à Béatrice Saint-Cricq. 6LPRQHHW&LQRGHO'XFD
Véronique Debisschop a été Chaque année, la Fondation Simone et Cino del Duca, abritée par l’Institut
nommée déléguée régionale GH)UDQFHU«FRPSHQVHGHVVFLHQWLȴTXHVHWSURMHWVGHUHFKHUFKH/H*UDQG
GHODG«O«JDWLRQ3DULV%, 3UL[VFLHQWLȴTXHDDLQVL«W«UHPLV¢(UZDQ%H]DUGGHOȇΖQVWLWXWGHVPDODGLHV
à compter du 1er août, neurodégénératives1HW¢5RQDOG0HONLGHOȇΖQVWLWXWGHVQHXURVFLHQFHV
en remplacement de Christine
Paris-Saclay2 , pour leurs recherches sur les molécules responsables
Gȇ$UJRXJHV(QȴQ%HUWUDQG
GHVPDODGLHVQHXURG«J«Q«UDWLYHVQRWDPPHQWODPDODGLHGH3DUNLQVRQ3 
0LQDXOWHVWQRPP«G«O«JX«
/H*UDQG3UL[GȇDUFK«RORJLHD«W«G«FHUQ«SRXUVDSDUWDXSURJUDPPHGH
régional de la délégation
UHFKHUFKHVXUODPHU5RXJH'LULJ«SDU3LHUUH7DOOHWGXODERUDWRLUH2ULHQW
Île-de-France Sud, à compter
HW0«GLWHUUDQ«HWH[WHVDUFK«RORJLHKLVWRLUH4 , celui-ci porte sur la présence
du 1er septembre, où il remplace
donc Véronique Debisschop. «J\SWLHQQHVXUODF¶WHGHODPHU5RXJHHWGDQVODS«QLQVXOHGX6LQD±GHV
RULJLQHVGHODFLYLOLVDWLRQSKDUDRQLTXH¢ODȴQGX1RXYHO(PSLUH

1. Unité CNRS/Univ. de Bordeaux/CEA/Inria. 2. Unité CNRS/Univ. Paris-Sud. 3. Lire notre article en ligne « Ces protéines folles qui minent notre cerveau ».
4. Unité CNRS/Univ. Paris-Sorbonne/Univ. Paris 1 Panthéon-Sorbonne/EPHE/Collège de France.

ÉTÉ 2016 N° 285


11
EN PERSONNE

L’homme qui a numérisé


le procès de Mandela /LUHOȇLQW«JUDOLW«GHOȇDUWLFOH
HWYLVLRQQHUODYLG«R
sur lejournal.cnrs.fr

Ingénierie. Cinquante-deux ans après le procès de Nelson Mandela, avec celle, profonde et toujours calme,
OHVbKHXUHVGHOȇDXGLHQFHRQWHQȴQSX¬WUHQXP«ULV«HVHWUHPLVHV¢ GXMXJH4XDUWXVGH:HWɋDYHFFHOOHGX
SURFXUHXU3HUF\<XWDUTXL¢ODȴQGH
Oȇ$IULTXHGX6XGJU¤FH¢Oȇ$UFK«RSKRQHXQHLQYHQWLRQGȇ+HQUL&KDPRX[
chaque question, avait une montée
chromatique très théâtrale… »
PAR 3+Ζ/Ζ33(1(660$11
Henri Chamoux a travaillé environ
deux heures sur chaque Dictabelt. « À
certains endroits, la pointe de lecture
oilà un demi-siècle, le leader anti- sautait, ce qui empêchait d’entendre le
9
b apartheid Nelson Mandela était
condamné à la prison à perpétuité par
mot suivant, indique-t-il. Plus souvent
encore, la voix de l’orateur disparaissait
la Cour suprême de Pretoria. Les au- à cause de l’état du sillon gravé. Il me
diences du procès n’avaient encore fallait alors retourner le cylindre et
jamais été intégralement numérisées le numériser à l’envers : la pointe ne
pour des raisons de fragilité du support sautait plus et les paroles devenaient
originel. C’est désormais chose faite, DXGLEOHVȐPDLV¢OȇHQYHUVɋ*U¤FH¢XQ
grâce à l’ingéniosité d’Henri Chamoux, logiciel de traitement du son, je les
ingénieur d’études à l’ENS de Lyon remettais à l’endroit et les collais sur
D΍HFW«DX/DUKUD1. m7RXWHODGLɝFXOW« l’enregistrement numérique. »

k5&811Ζ1*+$0
explique celui-ci, tenait au support
d’enregistrement : le Dictabelt. Conçu Un archéologue du son
en 1947 par la société Dictaphone, il Après ce travail de titan, les enregistre-
s’agit d’un cylindre en vinyle souple ments sont partis à l’INA pour un ultime
L’invention
que l’on met en rotation et sur lequel plusieurs phonographes et ceux-ci les G«SRXVVL«UDJHDȴQGȇH΍DFHUOHVFU«
d’Henri Chamoux
le son est gravé sous la forme d’un endommagent à la lecture. J’ai eu l’idée pitements dus aux Dictabelts. Et c’est
est constituée
sillon. Le cylindre est ensuite aplati et de fabriquer un lecteur qui s’adapte à d’un lecteur ainsi que, cinquante-deux ans après la
rangé dans une enveloppe. » tous les modèles. Quant au mandrin, il universel de ȴQGXSURFªVOHVHQUHJLVWUHPHQWV
s’agit d’un cylindre au diamètre ajus- cylindres et d’un numérisés ont été remis à l’Afrique du
Sa spécialité : la numérisation table : on glisse le Dictabelt dessus, mandrin adapté Sud. Dans les années à venir, un trans-
Certains Dictabelts du procès avaient puis on élargit le mandrin, ce qui aux Dictabelts. fert de compétences devrait se mettre
déjà été numérisés à l’aide d’un ancien bloque le Dictabelt et fait disparaître en place pour permettre aux Sud-
lecteur placé sur une plaque chauf- OHVSOLXUHV)LQLVOHFKDX΍DJHHWOHV Africains de numériser eux-mêmes les
fante, le but étant de lisser les pliures ULVTXHVGHG«W«ULRUDWLRQɋ} dizaines de milliers d’autres Dictabelts
apparues sur les cylindres. Mais deux Les enregistrements du procès, en leur possession.
GȇHQWUHHX[DYDLHQW«W«G«ȴQLWLYHPHQW FRQȴ«VSDUOȇ$IULTXHGX6XG¢OȇΖQVWLWXW En attendant, dans le laboratoire de
rayés. Il fallait donc trouver un autre national de l’audiovisuel (INA) en 2014, Montrouge, la voix de Nelson Mandela
système : celui mis au point par Henri ont été numérisés dans un labora- s’est tue, remplacée par des chansons,
Chamoux, auteur de la numérisation toire du Larhra hébergé par l’ENS à concerts, saynètes en français et en
de milliers d’enregistrements de la 0RQWURXJH/HVb'LFWDEHOWV\VRQW ȵDPDQG/H9Ζ$$ΖQVWLWXWȵDPDQGGȇDU
Belle Époque et d’une thèse sur le arrivés dans huit gros albums, chaque FKLYDJHDHQH΍HWFRQȴ«DX/DUKUDSOXV
VXMHWVHPEODLWWRXWLQGLTX«b« Mon in- cylindre étant accompagné d’une GHbF\OLQGUHVSURYHQDQWGHPXV«HV
vention est constituée d’un lecteur feuille avec son minutage et le nom des d’archives municipales ou d’universités
universel de cylindres, que j’ai baptisé intervenants. « Pendant les quinze belges. Ces fragiles cylindres en cire,
Archéophone, et d’un mandrin adapté mois qu’a duré la numérisation, pour- dont certains sont déjà trop abîmés
DX['LFWDEHOWVΖOH[LVWHGL΍«UHQWVPR suit Henri Chamoux, j’ai vécu avec les pour être écoutés, doivent être rapide-
dèles de cylindres. Pour les lire, il faut YRL[GHVDFFXV«VHWGHOHXUVDYRFDWVɋ ment numérisés pour être sauvés. Un
travail sur mesure pour l’archéologue
/DERUDWRLUHGHUHFKHUFKHKLVWRULTXH5K¶QH$OSHV &1568QLY/XPLªUH/\RQ8QLY-HDQ0RXOLQ/\RQ
du son qu’est Henri Chamoux et pour
8QLY*UHQREOH$OSHV(16GH/\RQ  VRQLQJ«QLHX[$UFK«RSKRQHbII

CNRS LE JOURNAL
12
GRAND FORMAT

Une technique révolutionnaire pour


modifier notre ADN, le Piton de la
Fournaise à la loupe et des économistes
qui scrutent nos comportements.
ILLUSTRATION : LEON EDLER POUR CNRS LE JOURNAL

ÉTÉ 2016 N° 285


13
GRAND FORMAT

La révolution
CRISPR-Cas9
La découverte en 2012 d’une technique rendant la manipulation
du génome aussi facile qu’un copier-coller bouleverse la biologie
et suscite des interrogations éthiques inédites.
UNE ENQUÊTE RÉALISÉE PAR LÉA GALANOPOULO

CNRS LE JOURNAL
14
GÉNÉTIQUE

Des
ciseaux
génétiques
pour le cerveau
En permettant d’intervenir sur l’ADN de manière
chirurgicale, CRISPR-Cas9 et ses semblables ouvrent
des opportunités enthousiasmantes pour la recherche
biologique, notamment pour l’étude du cerveau.

CRISPR-Cas9… Derrière cet acronyme barbare (Clustered


regularly interspaced short palindromic repeats) se
cache une innovation révolutionnaire : remplacer un
JªQHSDUXQDXWUHRXOHPRGLȴHU/DP«WKRGHSDUD°W
presque trop simple, et pourtant elle est le fruit de près
de trente ans de recherche. CRISPR-Cas9 (prononcez
« crispère ») fonctionne comme des ciseaux génétiques :
LOFLEOHXQH]RQHVS«FLȴTXHGHOȇ$'1ODFRXSHHW\LQVªUH
la séquence que l’on souhaite.
© L. FELICIANO/LA SUITE POUR CNRS LE JOURNAL

CRISPR-Cas9 est un complexe formé de deux élé-


PHQWVGȇXQF¶W«XQEULQGȇ$51GHV«TXHQFHKRPR
ORJXH¢FHOOHGHOȇ$'1TXHOȇRQYHXWH[FLVHUHWGHOȇDXWUH
une ɋHQGRQXFO«DVHɋOH&DV'DQVODFHOOXOHOHEULQGȇ$51 ENDONUCLÉASE
YDUHFRQQD°WUHODV«TXHQFHKRPRORJXHVXUOȇ$'1HWVȇ\ Enzyme capable de
couper au milieu
placer. L’enzyme Cas9 se charge alors de couper la
d’une chaîne ADN.
FKD°QH$'1FRPSO«PHQWDLUH¢FHEULQ$51/HWURXODLVV«
par le passage du CRISPR-Cas9 pourra alors être comblé
SDUQȇLPSRUWHTXHOQRXYHDXIUDJPHQWGȇ$'1 …

ÉTÉ 2016 N° 285


15
GRAND FORMAT

… « C’est une technique révolutionnaire, certainement

“révolutionnaire,
l’innovation majeure du XXIeVLªFOHHQELRWHFKQRORJLHɋ}
C’est une technique s’enthousiasme Jean-Stéphane Joly, directeur de
recherche à l’Institut des neurosciences Paris-Saclay1.
6L&5Ζ635&DVPHWOHPRQGHVFLHQWLȴTXHHQ«PRLFȇHVW

certainement l’innovation TXȇLO«WHQGOHVSRVVLELOLW«VGHUHWRXFKHJ«Q«WLTXH¢OȇLQȴQL


supprimer un gène malade, le remplacer par une
séquence saine ou encore étudier la fonction précise d’un
majeure du xxie siècle EULQGȇ$'1¢ODPRO«FXOHSUªVȐ$XFXQVHFWHXUGHOD


biologie n’y échappe, et de nouvelles applications sont
en biotechnologie ! publiées quotidiennement.
Les origines de la découverte du CRISPR-Cas9
remontent à 1987, lorsque des chercheurs japonais
découvrent chez la bactérie Escherichia coli des séquences
Gȇ$'1GRQWOȇHQFKD°QHPHQWGHVEDVHV $&7* VHOLWGH
la même manière dans les deux sens : à l’instar des mots
« radar » ou « kayak », on parle de palindromes… Le rôle de
ces fragments, baptisés CRISPR, pour « courtes répétitions
en palindrome regroupées et régulièrement espacées »,
QHVHUDȴQDOHPHQWPLVHQOXPLªUHTXHYLQJWDQVSOXVWDUG
GȇXQHSDUWTXDQGRQFRQVWDWHUDTXHOHVPRUFHDX[Gȇ$'1
intercalés entre les palindromes sont souvent des sé-
TXHQFHVGȇ$'1GHYLUXVGȇDXWUHSDUWTXDQGRQPRQWUHUD
que les bactéries porteuses de ces séquences résistent
PLHX[DX[LQIHFWLRQV/ȇ$51GȇXQFRPSOH[H&5Ζ635&DV
OXLSHUPHWDLQVLGHUHFRQQD°WUHOȇ$'1YLUDOSU«VHQWGDQVOD
bactérie et de s’y lier pour ensuite le détruire.
Dès 2012, les chercheuses Emmanuelle Charpentier et
Jennifer Doudna vont s’inspirer de cette réaction immuni-
taire bactérienne et la détourner pour en faire un outil
biotechnologique à la portée de tous.

Comprendre la logique du cerveau


Cela suscite de nombreux espoirs, et notamment celui
d’élucider le fonctionnement du cerveau. L’utilisation des
&5Ζ635G«PXOWLSOLHHQH΍HWOHVSRVVLELOLW«VGHUHFKHUFKH
fondamentale en neurosciences : en coupant un gène
précis sur un modèle animal, on peut déterminer plus
précisément son rôle, dans le développement du cerveau
par exemple. De plus, elle ouvre la voie à de nombreuses
applications thérapeutiques. Par exemple, si un gène est
incriminé dans une maladie mentale, il devient envisa-
© L. FELICIANO/LA SUITE POUR CNRS LE JOURNAL

geable, à terme, de l’éliminer, le corriger ou le remplacer


avec notre bistouri génétique.
On ne s’étonnera donc pas qu’en neurosciences plu-
sieurs recherches utilisent déjà le CRISPR 2 . C’est notam-
ment le cas des travaux de Jean-Stéphane Joly. m*U¤FH¢
l’édition génomique, nous caractérisons avec précision des
mutations responsables de la microcéphalie chez le pois-
son zèbre », explique-t-il. Le chercheur coordonne

1. Unité CNRS/Univ. Paris-Sud. 2. Le 24 e colloque de la Fondation Ipsen, tenu en avril dernier, était exclusivement consacré à l’édition du génome
dans les neurosciences. 3. Laboratoire Génétique et développement du cortex cérébral, Institut Jacques-Monod (CNRS/Univ. Paris Diderot).

CNRS /(-2851$/
16
GÉNÉTIQUE

ARN guide

Appariement puis coupure La technique


de la séquence génomique Protéine Cas9
du copier-coller
génétique
Un complexe CRISPR-Cas9 est formé
par l’association d’un brin d’ARN,
dit ARN guide, et de la protéine Cas9,
ADN génomique une enzyme capable de découper et
d’exciser une chaîne ADN. Pour éditer
l’ADN de manière ciblée, on crée un ARN
guide dont la séquence est homologue
à celle de l’ADN génomique que l’on veut
ADN exciser. Quand cet ARN va reconnaître
étranger
l’ADN cible et s’apparier avec, Cas9 va
Réparation alors couper et exciser cette séquence
$'1VS«FLȴTXH2QSHXWDLQVLQRQ
seulement neutraliser n’importe
Édition quel gène défectueux, en éliminant
ciblée simplement la séquence ADN qui lui
du génome correspond, mais aussi lui substituer
un ou plusieurs gènes en comblant
© G. ELAM/SPL/COSMOS

le trou laissé par CRISPR-Cas9 par


de l’ADN étranger.

également le Réseau d’études fonctionnelles chez les orga- disposons de la recombinaison homologue. Mais le CRISPR
nismes modèles (Efor), qui s’appuie entre autres sur l’édi- HVWQHWWHPHQWSOXVUDSLGHɋ} précise-t-il.
tion du génome pour construire la carte génétique et phé- $ORUVTXȇDYHFOȇDQFLHQQHWHFKQLTXHLOIDXWSUªVGȇXQDQ
notypique de nombreux modèles animaux et végétaux. pour obtenir une souris avec la mutation souhaitée, le
&5Ζ635SHUPHWGȇREWHQLUFHVPRGLȴFDWLRQVHQGHX[PRLV
Dresser la carte d’identité des maladies cérébrales ¢SHLQH(W¢PRLQGUHFR½Wɋ/DPDQLSXODWLRQUHYLHQWDXWRWDO
Tumeurs cérébrales, étude du développement des neu- à quelques milliers d’euros, alors que certaines souris
URQHVDXWLVPHȐ(QFRXSDQWGHVLPSOHVIUDJPHQWVGȇ$'1 PXWDQWHVYDOHQWSDUIRLVMXVTXȇ¢ɋHXURV« La tech-
LOGHYLHQWSRVVLEOHGȇ«WDEOLUOHSURȴOJ«Q«WLTXHGȇXQQRPEUH nique est très simple à mettre en œuvre, elle nous épargne
immense de maladies mentales. D’autant plus qu’elles sont certaines étapes fastidieuses », explique Frédéric Causeret.
souvent multigéniques. Pour l’autisme, par exemple, plus Le CRISPR-Cas9 suscite les rêves les plus fous, notam-
GHYDULDWLRQVJ«Q«WLTXHVRQWG«M¢«W«LGHQWLȴ«HV ment parce qu’il permet de supprimer et de remplacer
Seulement, elles ne s’expriment pas toutes de la même plusieurs gènes en même temps, contrairement aux
ID©RQDXQLYHDXGHVGL΍«UHQWVQHXURQHV$YHF&5Ζ635 autres techniques d’édition génétique. « On va pouvoir
Cas9, il devient possible d’étudier localement ces expres- générer des modèles de pathologies mentales multigé-
sions génétiques. D’ailleurs, les gènes codants pour une niques de manière simple et rapide », prédit le chercheur.
SURW«LQHQHVRQWSDVOHVVHXOHVSDUWLHVGHOȇ$'1LPSOLTX«HV Certaines recherches utilisant CRISPR-Cas9 sont même
dans le développement de troubles. Entre ces parties, il parvenues à moduler l’expression d’un gène donné, sans
H[LVWHGHVV«TXHQFHVGȇ$'1U«JXODWULFHVTXHOȇRQDFRQVL avoir à l’éditer lui-même.
dérées pendant longtemps comme des déchets géné-
tiques. Or ces parties non codantes jouent en réalité un /ȇ«GLWLRQGXJ«QRPHSRXUWRXVɋ
rôle essentiel dans de nombreuses pathologies. À l’avenir, « Le CRISPR ne va pas changer nos routines, mais nous
CRISPR-Cas9 pourrait servir à mieux caractériser le rôle ouvre des perspectives que l’on n’envisageait même pas
encore largement méconnu de ces fragments. car elles nécessitaient beaucoup trop de temps », indique
Si CRISPR-Cas9 constitue une avancée révolutionnaire, )U«G«ULF&DXVHUHW/DWHFKQLTXHSHUPHWHQH΍HWGHJ«Q«UHU
d’autres techniques d’édition du génome existaient déjà. des pertes de fonction génétique extrêmement rapides,
Frédéric Causeret, chercheur en neurosciences3 , les utili- sur de nombreuses lignées, ou encore de tracer n’importe
sait auparavant sur ses souris, pour étudier notamment quelle protéine dans le cerveau. Pour Jean-Stéphane Joly,
leur développement cérébral. Pourtant, il envisage désor- FHWWHDYDQF«HYDU«YROXWLRQQHUODELRORJLHɋ¢OȇLQVWDUGHOD
mais d’avoir recours à CRISPR-Cas9 dans les mois qui P«WKRGHGȇDPSOLȴFDWLRQJ«QLTXH3&5TXLDU«YROXWLRQQ«
viennent. m3RXUPRGLȴHUOHJ«QRPHGHODVRXULVQRXV la biologie moléculaire et l’analyse génomique il y a une …

ÉTÉ 2016 N° 285


17
GRAND FORMAT
© N. OTTO/THE WASHINGTON POST/GETTY IMAGES

© P. STEFFEN/DPA/AFP PHOTO
C’est après avoir découvert comment combiner l’action de la protéine Cas9 avec un ARN guide
que l’Américaine Jennifer Doudna (à gauche) et la Française Emmanuelle Charpentier (à droite)
ont mis au point en 2012 l’outil d’édition génétique CRISPR-Cas9.

… trentaine d’années. « Le CRISPR-Cas9, c’est l’iPhone de sa délivrance jusqu’au cerveau. « Chez la souris, nous
la biotechnologie », sourit le chercheur, précisant que l’on WUDQVI«URQVLQbXWHUROHPDW«ULHOJ«Q«WLTXHGDQVOȇHPEU\RQ
YHUUDFHUWDLQHPHQWDSSDUD°WUHGDQVOHVDQQ«HV¢YHQLUGHV par la méthode dite d’électroporation », explique Frédéric
centaines de nouveaux brevets. &DXVHUHW0DLVFHWWHP«WKRGHVHPEOHGLɝ FLOHPHQWDSSOL
$ORUVTXȇLO\DTXHOTXHVDQQ«HVOȇ«GLWLRQJ«QRPLTXH cable à l’homme. La voie d’entrée des CRISPR pourrait
n’était disponible que pour les souris, le CRISPR-Cas9 per- GRQFVHIDLUHJU¤FH¢XQYHFWHXUYLUDO¢OȇLQVWDUGHVWK«UD
met désormais d’éditer le génome de tous les êtres vi- SLHVJ«QLTXHVFODVVLTXHV(QȴQOȇLQRFXODWLRQGXPDW«ULHO
vants : poisson zèbre, primate, insectes sociaux… Si les génétique pourrait aussi avoir lieu après le stade em-
recherches se multiplient, leurs résultats ne sont pour bryonnaire. « Dans le cadre de certaines maladies neuro-
l’instant pas extrapolables à l’homme. dégénératives par exemple, on pourrait envisager une
édition du génome chez l’adulte avant l’apparition des
4XHOVIUHLQV¢OȇDSSOLFDWLRQKXPDLQHɋ" premiers symptômes », imagine Frédéric Causeret.
Envisager une application thérapeutique avec le CRISPR- 1«DQPRLQVSRXUFHVDSSOLFDWLRQVKXPDLQHVOHVSUR
Cas9 pose en premier lieu la question de l’administration. blèmes éthiques et de sécurité prédominent. Les risques
6LLQbYLWURLOVXɝ
WGȇLQMHFWHUOHP«ODQJHGDQVOHQR\DX que les CRISPR manquent leur cible sont faibles, mais
LQbYLYRODW¤FKHUHVWHDUGXH(QSDUWLFXOLHUODTXHVWLRQGH existent. mΖOVXɝ UDLWTXHOH&5Ζ635&DVPRGLȴHXQH
séquence qui ressemble beaucoup à celle que l’on cible
pour déclencher une catastrophe. Comme si, par erreur,

“neurodégénératives,
Pour certaines maladies il découpait un gène suppresseur de tumeur par
exemple », précise le chercheur.
$JURQRPLH«FRORJLHQHXURORJLHȐ/HVDSSOLFDWLRQV
des CRISPR semblent sans limites. « Certains imaginent
utiliser l’édition génomique pour rendre le moustique
on pourrait envisager stérile et ainsi éradiquer le paludisme. Ou même empê-
FKHUOHVSRPPHVGHWHUUHGHQRLUFLUɋ} explique Jean-
une édition du génome chez Stéphane Joly, ajoutant qu’il faudra strictement contrôler

l’adulte avant l’apparition FHVPRGLȴFDWLRQVJ«Q«WLTXHVHWOHXUH΍HWVXUOȇHQYLURQQH


ment. Une chose est sûre, le CRISPR-Cas9 est loin d’avoir


dévoilé toute l’étendue de ses applications. « À l’évidence,
des premiers symptômes. les découvertes sur la réécriture du génome méritent le
SUL[1REHOɋ}DVVXUHP¬PH-HDQ6W«SKDQH-RO\bII

CNRS /(-2851$/
18
GÉNÉTIQUE

Une technique
qui fait débat
Parce qu’ils mettent la manipulation
génétique à la portée de presque tout le
monde, les nouveaux outils d’ingénierie
génomique soulèvent des questionnements
éthiques et législatifs complexes.

Pb
HXWRQWRXFKHUDXJ«QRPHKXPDLQɋ"/DTXHVWLRQQH
cesse d’être posée depuis les années 1990 avec
l’arrivée des thérapies géniques. Pourtant, elle est
en passe de prendre aujourd’hui une dimension
totalement nouvelle, avec l’émergence, en 2013, de l’édition
J«QRPLTXH/HVRXWLOV7$/(11=)12 et bien sûr CRISPR-
Cas9 permettent de couper, à la base près, des séquences
Gȇ$'1FKRLVLHV*U¤FH¢FHWWHFKLUXUJLHGXJ«QRPHLO
devient possible d’inactiver ou de supprimer n’importe
quel gène, voire de le remplacer par un autre.
Parmi ces trois outils d’ingénierie génomique, CRISPR
HVWURL$ORUVTXHOHV7$/(1VHWOHV=)1VIRQWLQWHUYHQLUXQH
SURW«LQHUHFRQQDLVVDQWOȇ$'1¢FRXSHU&5Ζ635OXLLGHQWLȴH
GLUHFWHPHQWOȇ$'1JU¤FH¢XQ$51JXLGH‚WLWUHGȇH[HPSOH
LOIDXWSOXVLHXUVPRLVSRXUG«YHORSSHUXQH=)1VS«FLȴTXH
à un gène, contre quelques heures pour un CRISPR… « C’est
EHDXFRXSSOXVVLPSOHɋΖOVXɝ WGHV\QWK«WLVHUXQ$51FRP
SO«PHQWDLUH¢Oȇ$'1TXHOȇRQVRXKDLWHFLEOHUFȇHVWIDFLOH¢
obtenir et à utiliser »,SU«FLVH&DULQH*LRYDQQDQJHOLGLUHF
trice de recherche en biologie moléculaire au laboratoire
Structure et instabilité des génomes3 .

Une technique au succès fulgurant


Plus précis, plus rapides et surtout moins chers que les
thérapies géniques classiques, les CRISPR se sont répan-
GXVFRPPHXQHWUD°Q«HGHSRXGUHGDQVOHVODERUDWRLUHV
du monde entier. « Désormais, les chercheurs utilisent
presque exclusivement le système CRISPR-Cas9 », précise
&DULQH*LRYDQQDQJHOLTXLG«YHORSSHGHVRXWLOVGȇLQJ«QLH
© L. FELICIANO/LA SUITE POUR CNRS LE JOURNAL

ULHJ«QRPLTXHDXVHLQGHOȇ«TXLSH7$&*(1((Q¢SHLQH
deux ans d’existence, les CRISPR comptabilisent déjà un
millier d’études publiées. Et des millions d’euros investis
dans des start-up ou des projets de recherche. « La tech-
nique va plus vite que la recherche fondamentale », ajoute
3DWULFN*DXGUD\GLUHFWHXUGHUHFKHUFKHHQJ«QRPLTXH …

1.7UDQVFULSWLRQDFWLYDWRUOLNHH΍HFWRUQXFOHDVH2.=LQFȴQJHUQXFOHDVH
3. Unité CNRS/Inserm/MNHN.

ÉTÉ 2016 N° 285


19
GRAND FORMAT

Représentation
moléculaire
du complexe

© MOLEKUUL.BE - FOTOLIA
CRISPR-Cas9
provenant
d’une bactérie
Streptococcus
pyogenes.

… DXVHLQGHOȇXQLW«*«Q«WLTXHLPPXQRWK«UDSLHFKLPLH capacités encore inexplorées »,DMRXWH$QQH&DPERQ


et cancer4 et membre, de 2008 à 2016, du Comité consul- Thomsen, qui analyse les enjeux sociétaux des biotech-
tatif national d’éthique. nologies appliquées à la santé. « CRISPR fait un peu caisse
En avril 2015, la question cesse d’être théorique avec GHU«VRQDQFH0DLVHQȴQGHFRPSWHLOQȇH[LVWHSDVGH
la publication d’une étude chinoise expérimentale. Les rupture quant aux possibilités d’applications thérapeu-
chercheurs ont utilisé ces ciseaux moléculaires pour tiques »,SU«FLVH3DWULFN*DXGUD\
PRGLȴHUOȇ$'1GȇHPEU\RQVKXPDLQVDWWHLQWVGȇXQHPDOD
die monogénique : la bêta-thalassémie. Dès lors, impos- &ULVSDWLRQVDXWRXUGHODPRGLȴFDWLRQGȇHPEU\RQV
sible d’ignorer les interrogations éthiques soulevées par Les inquiétudes médiatiques et sociétales autour des
OȇLQJ«QLHULHGXJ«QRPH$WRQOHGURLWGHPRGLȴHUOHJ« &5Ζ635VHFULVWDOOLVHQWSULQFLSDOHPHQWVXUODPRGLȴFDWLRQ
nome d’embryons humains et ainsi celui de générations d’embryons humains et la transmission à la descendance,
IXWXUHVɋ"&RPPHQWFRQWU¶OHUFHVQRXYHDX[RUJDQLVPHV « car c’est irréversible »,VRXOLJQH$QQH&DPERQ7KRPVHQ
J«Q«WLTXHPHQWPRGLȴ«VSDUFHWWHWHFKQLTXHɋ"$XWDQWGH En mai dernier, un sondage commandé par l’association
questions auxquelles la société civile et le monde de la FRQVHUYDWULFHHWDQWLDYRUWHPHQW$OOLDQFH9LWDSU«VHQWDLW
recherche vont devoir répondre rapidement. « Il n’y a pas ɋGHV)UDQ©DLVFRPPHG«IDYRUDEOHV¢FHWWHPRGLȴFDWLRQ
TXHOȇDVSHFWE«Q«ȴFHULVTXHTXLFRPSWHLOIDXWDXVVLYRLU génétique. « Mais on n’a pas attendu CRISPR pour se poser
ce qui est compatible avec les valeurs sociales sur les- ces questions »,LQIRUPH3DWULFN*DXGUD\(WH΍HWHQOD
quelles est fondée notre société »,LQGLTXH$QQH&DPERQ matière, les règles sont claires depuis une vingtaine d’an-
Thomsen, médecin, directrice de recherche émérite 5 et Q«HV(QOD)UDQFHVLJQHDYHFbDXWUHVSD\VOD
H[SHUWHDXSUªVGXFRPLW«Gȇ«WKLTXHGX&156(OOHSU«VLGH FRQYHQWLRQGȇ2YLHGRUDWLȴ«HHQ&HOOHFLLQWHUGLWHQWUH
également la Société française de génétique humaine, DXWUHVGHSUDWLTXHUGHVPRGLȴFDWLRQVJ«Q«WLTXHVWUDQV
VRFL«W«TXLDPLVHQSODFHXQJURXSHGHU«ȵH[LRQLQWHU PLVVLEOHV¢ODGHVFHQGDQFH$FWXHOOHPHQWOHVWK«UDSLHV
disciplinaire sur ces questions. géniques, tout comme les CRISPR, ne peuvent être utilisées
Fondamentalement, l’ingénierie génomique ne pose que pour une application thérapeutique sur les cellules
aucune question nouvelle par rapport la thérapie gé- somatiques, du foie ou des muscles par exemple.
nique, qui consiste à introduire un gène « médicament » « On nage dans les ambiguïtés », souligne Patrick
dans un organisme. Et pourtant : « CRISPR permet un *DXGUD\$ORUVTXHOHVFKHUFKHXUVRQWODSRVVLELOLW«GȇXWL
véritable saut technologique, un changement d’échelle. liser des CRISPR pour provoquer des mutations dans
Parce qu’il est simple et peu cher, il ouvre à tous des les cellules germinales comme les spermatozoïdes ou les

4. Unité CNRS/Univ. François-Rabelais Tours. 5. Unité Épidémiologie et analyses en santé publique (Inserm/UPS).

CNRS /(-2851$/
20
GÉNÉTIQUE

0XVFOHFDUGLDTXHGHVRXULVFKH]XQDQLPDO
VDLQ ¢JDXFKH FKH]XQHVRXULVDWWHLQWH
GHP\RSDWKLH DXFHQWUH HWFKH]XQHVRXULV
malade, mais dont le gène défectueux
D«W««GLW«SDU&5Ζ635&DV ¢GURLWH 

k/8+$1;Ζ1;Ζ1+8$5($

k&(1(/621(7$/6&Ζ(1&(
En avril 2015, le biologiste chinois Huang Junjiu a suscité
Oȇ«PRLHQU«DOLVDQWODSUHPLªUHPRGLȴFDWLRQJ«Q«WLTXH
GȇHPEU\RQKXPDLQ¢OȇDLGHGHODWHFKQLTXH&5Ζ635&DV

ovules, « ils n’ont pas le droit de fabriquer un embryon pour FHOXLG«VLU«&HSHQGDQWFHVH΍HWVGLWVmbR΍WDUJHWb}


Y«ULȴHUFHTXȇLOVRQWIDLW} ajoute Anne Cambon-Thomsen. deviennent de mieux en mieux prévisibles informatique-
/DUHFKHUFKHXWLOLVHHQJ«Q«UDOGHVHPEU\RQVLVVXVGH ment. m'HVRXWLOVELRLQIRUPDWLTXHVVRQWGLVSRQLEOHV
projets parentaux abandonnés. « En éthique, il faut savoir DXMRXUGȇKXLSRXULGHQWLȴHUOHVV«TXHQFHVTXLUHVVHPEOHQW
VȇDGDSWHUΖOSRXUUDLW¬WUHHQYLVDJHDEOHGHUHSRVHUODTXHV EHDXFRXS¢ODFLEOHHWSRXUSU«GLUHOLPLWHUYRLUH«YLWHU
WLRQGHODPRGLȴFDWLRQJ«Q«WLTXHGHVHPEU\RQVGDQV FHVFDVVXUHVLQG«VLUDEOHV'HSOXVGHVDP«OLRUDWLRQVGX
XQEXWWK«UDSHXWLTXHRXDXPRLQVGȇHQYLVDJHUTXHOTXHV V\VWªPH&5Ζ635&DVRQWSHUPLVU«FHPPHQWGHGLPLQXHU
H[FHSWLRQV}VXJJªUHOHP«GHFLQ8QHFKRVHHVWV½UHOHV IRUWHPHQW FHV HIIHWV KRUV FLEOH} explique Carine
DSSOLFDWLRQVWK«UDSHXWLTXHVGHV&5Ζ635VRXOªYHQWGȇLP *LRYDQQDQJHOL6LHQUHFKHUFKHIRQGDPHQWDOHOHVH΍HWV
menses espoirs. « Les patients poussent pour qu’on les R΍WDUJHWQHSU«VHQWHQWȴQDOHPHQWTXHSHXGHULVTXHHQ
XWLOLVHFDULOVVRQWPRWLY«VSDUOHE«Q«ȴFHSRVVLEOHVXUOHXU FOLQLTXHOHVHQMHX[VRQWWRXWDXWUHVȐ4XHIDLUHVLDXOLHX
PDODGLH}indique Anne Cambon-Thomsen. GHVXSSULPHUXQJªQHmPDODGH}OHWUDLWHPHQW«OLPLQH
XQJªQHLQGLVSHQVDEOHDXIRQFWLRQQHPHQWGXV\VWªPH …
8QSURF«G«V½UHWHɝ   FDFHɋ"
/ȇ«GLWLRQJ«QRPLTXHHVWHQSDVVHGHERXOHYHUVHUOH
PRQGHGHODVDQW«HWGHQRPEUHXVHVDSSOLFDWLRQVWK«UD

“ Il n’y a pas que l’aspect


SHXWLTXHVVRQWHQFRXUVGHG«YHORSSHPHQW(QSDUWLFXOLHU
FRQWUHOHVPDODGLHVGRQWOHVJªQHVVRQWELHQLGHQWLȴ«V
FRPPHODP\RSDWKLHGH'XFKHQQH&HWWHG\VWURSKLH
PXVFXODLUHHVWHQH΍HWOL«H¢XQHDQRPDOLHGXJªQH'0'
bénéfice-risque qui compte,
(QG«FHPEUHGHUQLHUSOXVLHXUV«TXLSHVGHUHFKHUFKHRQW
démontré, dans 6FLHQFHTXȇLO«WDLWSRVVLEOHFKH]ODVRXULV
il faut aussi voir ce qui est
GȇLQWURGXLUHXQ&5Ζ635GDQVOHPXVFOHSRXUYHQLUPRGLȴHU
OHJªQHG«FOHQFKDQWGHODPDODGLH5«VXOWDWVOHVVRXULV compatible avec les valeurs
UHWURXYDLHQWGHODIRUFHPXVFXODLUHɋ9Ζ+OHXF«PLHRX
HQFRUHPXFRYLVFLGRVHOHV&5Ζ635VRQWH[S«ULPHQW«VVXU sociales sur lesquelles


de nombreuses autres maladies.
ΖOUHVWHFHSHQGDQWXQHSRLJQ«HGȇREVWDFOHVWHFK est fondée notre société.
QLTXHV¢IUDQFKLUDYDQWGȇHQYLVDJHUODFRPPHUFLDOLVDWLRQ
GHWUDLWHPHQWVFKH]OȇKRPPH/HV&5Ζ635SHXYHQWSDU
H[HPSOHPDQTXHUOHXUFLEOHHWFRXSHUXQDXWUHJªQHTXH

ÉTÉ 2016 N° 285


21
GRAND FORMAT

Manipuler l’évolution
avec CRISPR-Cas9
L’une des applications de la technique CRISPR-Cas9
la plus puissante mais aussi la plus controversée
est celle du gene drive&HOOHFLSHUPHWHQH΍HW génome doit être considéré comme le fruit d’un héritage
Le moustique
Aedes aegypti
GHVȇD΍UDQFKLUGHVORLVGHOȇK«U«GLW«PHQG«OLHQQH commun à préserver. Ce patrimoine, résultat d’années
en forçant la propagation d’une mutation dans une d’évolution humaine, ne doit donc en aucun cas être cor-
peut transmettre
population : alors qu’un parent transmet normalement rompu par l’intervention d’outils biotechnologiques dont
les virus de
la moitié de ses gènes à son enfant, et n’a donc qu’une
la dengue, nous contrôlons encore mal la portée. D’un autre côté,
chance sur deux de transmettre une mutation donnée,
du chikungunya les partisans de l’homme augmenté considèrent que la
avec le gene drive, il transmet cette mutation à tous
et du zika. nature a parfois besoin d’un coup de pouce pour suppri-
les coups. On peut ainsi
transformer en quelques mer ou corriger ses imperfections.
générations les espèces Cette approche transhumaniste recèle cependant des
sauvages : par exemple dérives potentiellement graves. « Le risque serait ensuite
© W. VOLCOV/BRAZIL PHOTO PRESS/AFP PHOTO

en introduisant chez GHYRXORLUPRGLȴHUGHVJªQHVTXLFRGHQWSRXUXQWUDLW


le moustique Aedes une n’ayant rien à voir avec une maladie, comme la couleur des
mutation lui conférant
yeux »,DYHUWLW$QQH&DPERQ7KRPVHQ/HV&5Ζ635GHYLHQ
une résistance au
parasite de la dengue.
draient alors des outils privilégiés d’une forme d’eugé-
nisme, allant à l’encontre des principes fondamentaux de
justice et d’égalité entre les hommes.

Des outils capables de détruire une espèce


6HORQ3DWULFN*DXGUD\ODTXHVWLRQFUXFLDOHDXWRXUGHV
CRISPR reste celle des applications non humaines. m1RXV
avons désormais des outils à portée de main qui permet-
WUDLHQWGHIDLUHGLVSDUD°WUHXQHHVSªFH} souligne-t-il, fai-
… LPPXQLWDLUHSDUH[HPSOHɋ"« La sécurité doit être assu- sant référence à une expérience de 2015 qui avait rendu
rée, mais ce n’est sans doute qu’une question de temps stérile le moustique tigre, à l’aide des CRISPR, pour limiter
avant d’y arriver »,DMRXWH3DWULFN*DXGUD\'HSXLV la transmission de la dengue. « L’éradication du moustique
des protéines Cas9 de plus en plus performantes et spé- HVWXQHU«DOLW«WRWDOHPHQWHQYLVDJHDEOHDXMRXUGȇKXLɋ/HV
FLȴTXHVVRQWU«JXOLªUHPHQWPLVHVVXUOHPDUFK« DSSURFKHVWHFKQRFHQWU«HVVRQWHOOHVMXVWLȴ«HVVDFKDQW
« Une autre question à régler, en particulier dans le TXȇRQD΍HFWHGHPDQLªUHLUU«YHUVLEOHODELRGLYHUVLW«ɋ"}
cadre d’applications thérapeutiques, est celle de la déli- s’interroge le chercheur. Cette vision utilitariste est, en tout
vrance du système CRISPR-Cas9. En général, on va cibler cas, déjà de mise aux États-Unis, où la Food and Drug
des organes que l’on sait atteindre, comme les yeux, le foie $GPLQLVWUDWLRQDDXWRULV«ODFRPPHUFLDOLVDWLRQGHFKDPSL
ou les muscles »,SU«FLVH&DULQH*LRYDQQDQJHOLΖOSRXUUDLW JQRQVGH3DULVPRGLȴ«VYLDGHV&5Ζ635SRXUQHMDPDLV
également être possible d’administrer ce bistouri géné- QRLUFLU$WRQU«HOOHPHQWEHVRLQGHPRGLȴHUGXUDEOHPHQW
tique à l’aide d’un virus, ou directement en sortant les FHVRUJDQLVPHVYLYDQWVGDQVXQWHOEXWɋ"
cellules de l’organisme pour les réimplanter une fois modi- Comme toute découverte révolutionnaire, les CRISPR
ȴ«HVȐ8QHXWLOLVDWLRQV½UHHWHɝ FDFHGHV&5Ζ635FKH] brassent derrière eux leur lot de polémiques, à commen-
l’homme reste donc encore à développer. Par ailleurs, « il cer par la question de la propriété intellectuelle. D’un côté,
ne faut pas exagérer les conséquences que peuvent avoir les chercheuses Jennifer Doudna et Emmanuelle
les gènes sur certaines pathologies multifactorielles. Ce Charpentier revendiquent depuis 2012 la paternité de la
VHUDLWXQHG«ULYHVFLHQWLȴTXHPHQWQRQMXVWLȴ«HTXLSRXU G«FRXYHUWHGXP«FDQLVPHVS«FLȴTXHGH&5Ζ635&DV'H
rait être utilisée par des compagnies privées notamment l’autre, une seconde demande de brevet, déposée par
SRXUIDLUHGXSURȴWVDQVU«VXOWDWVSHUWLQHQWV} met en Feng Zhang, a été déposée en 2013, briguant l’application
JDUGH$QQH&DPERQ7KRPVHQ des CRISPR sur les cellules mammifères. « Mais, derrière
FHVȴJXUHVP«GLDWLTXHVLOQHIDXWSDVRXEOLHUWRXWHOD
/HJ«QRPHXQSDWULPRLQHVDFU«ɋ" G«PDUFKHVFLHQWLȴTXHHQDPRQWLPSOLTXDQWGHVFKHU
(QG«ȴQLWLYHGHUULªUHODTXHVWLRQGHOȇHPEU\RQKXPDLQ cheurs de tous horizons », UDSSHOOH3DWULFN*DXGUD\
se cache celle de la valeur qu’accorde notre société au Depuis 2013, une dizaine d’entreprises spécialisées dans
génome. « Est-ce qu’on considère que le gène est une les CRISPR ont été créées.
YDOHXU HQ VRL VDFU«Hɋ"  VȇLQWHUURJH $QQH &DPERQ 2*0ɋ"7K«UDSLHLQQRYDQWHɋ"/DG«ȴQLWLRQGHVREMHWV
Thomsen. Dans ce cas, on n’y touche pas. » Sur ce point, issus des CRISPR n’est pas encore établie. Seule certi-
deux camps s’opposent. D’un côté, pour une majorité, le tude : « Les grandes entreprises vont breveter à tout-va

6. Société française de génétique humaine et Société française de thérapie cellulaire et génétique.

CNRS /(-2851$/
22
GÉNÉTIQUE

OHPRLQGUHJªQHPRGLȴ«VDQVTXHFHODQHOHXUFR½WH
beaucoup d’argent »,LQGLTXH3DWULFN*DXGUD\/HV&5Ζ635
DPSOLȴHQWDLQVLOHG«EDWVXUODEUHYHWDELOLW«GXYLYDQW
m(VWFHTXȇXQDJULFXOWHXUGHYUDSD\HUXQHȴUPHVȇLOYRLW
ODPXWDWLRQDSSDUD°WUHVSRQWDQ«PHQWGDQVVRQFKDPSɋ"},
LURQLVH3DWULFN*DXGUD\6LOHG«EDW«WKLTXHHVWLQGLVSHQ
VDEOHLOS¤WLWGHSUHVVLRQVLQGXVWULHOOHVFRQV«TXHQWHV
« La pression induite par la peur de perdre des parts de
marché ne doit pas être un obstacle à l’évaluation éthique
des applications de la méthode », écrit ainsi l’Inserm dans
une saisine sur la question.
m1RXVVRPPHVIDFH¢XQPRGªOH«FRQRPLTXHHW
social dans lequel les décisions sont prises en majorité
par les lobbies qui ne représentent pas la société dans
son ensemble »,G«SORUH3DWULFN*DXGUD\HQFRXUDJHDQW
à « un vrai débat de société intelligent autour de l’ingénie-
ULHGXJ«QRPHTXLLQWªJUHVFLHQWLȴTXHVVRFL«W«FLYLOH
citoyens, mais sans oppositions de principe ». Des
groupes de travail dirigés par deux sociétés savantes 6 ont
GȇDLOOHXUV«W«IRUP«VGDQVFHEXW&DULQH*LRYDQQDQJHOL
évoque, quant à elle, la mise en place d’« un cahier des
charges et de standards à adapter en fonction des appli-
cations ».&RQFHUQDQWOHV&5Ζ635ODG«FLVLRQȴQDOHVHUD
dans tous les cas, tranchée au niveau législatif. II

“deIlsociété
faut un vrai débat
intelligent
autour de l’ingénierie
du génome, qui intègre
scientifiques, société civile,
citoyens, mais sans
oppositions de principe.

© L. FELICIANO/LA SUITE POUR CNRS LE JOURNAL

ÉTÉ 2016 N° 285


23
1
© PHOTOS : P. BOISSIER/A. PELTIER/OVPF/IPGP

24
CNRS LE JOURNAL
GRAND FORMAT
PORTFOLIO

Dans le ventre
de la Fournaise
Volcanologie. L’Observatoire volcanologique du Piton
de la Fournaise (OVPF), sur l’île de La Réunion,
permet de mieux comprendre le fonctionnement
de l’un des volcans les plus actifs au monde.
TEXTE AUDREY DIGUET
PHOTOS THIBAUT VERGOZ/UMS-IPGP/CNRS PHOTOTHÈQUE ;
PATRICE BOISSIER/ALINE PELTIER/OVPF/IPGP

1. &XOPLQDQW¢ɋbPªWUHV
d’altitude, le Piton de la
Fournaise est l’un des
volcans les plus auscultés
au monde depuis la
FU«DWLRQGHOȇ293)HQb
2. 6DGHUQLªUH«UXSWLRQ
a duré un peu plus de
ɋKHXUHVHQWUHOHHW
OHPDLGHUQLHUVDORUV
TXHODPR\HQQHKDELWXHOOH
des éruptions est d’une
vingtaine de jours.

ÉTÉ 2016 N° 285


25
GRAND FORMAT

3. Deux à trois fois par an,


OHVFKHUFKHXUVVXUYROHQW
OHYROFDQHQK«OLFRSWªUH
déposent et installent du
matériel. Ici, ils apportent
une dizaine de nouveaux
VLVPRPªWUHVTXLVȇDMRXWHQW
DX[bDXWUHVPHVXUDQW
déjà les moindres
soubresauts du volcan.
4. /HU«VHDXGHVLVPRPªWUHV
assure le suivi de l’activité
sismique du volcan ainsi que
des éboulements qui ont
OLHXGDQVVHVFUDWªUHV

CNRS LE JOURNAL
26
PORTFOLIO

5. &HVFDP«UDVȴOPHQW
ce qui se passe à l’intérieur
GXFUDWªUHQRWDPPHQWOHV
éboulements, et détectent
aussi les débuts d’éruption.
Celles installées au bord
GXJUDQGFUDWªUH'RORPLHX
bPªWUHVGHSURIRQGHXU
HWbNLORPªWUHGHGLDPªWUH 
TXLVȇHVWH΍RQGU«ORUV
de l’éruption majeure
GHbGRLYHQWLFL¬WUH
remplacées car elles
ont été endommagées
par un cyclone.

© PHOTOS : T. VERGOZ/UMS-IPGP/CNRS PHOTOTHÈQUE

ÉTÉ 2016 N° 285



GRAND FORMAT

Visionner l’intégralité du diaporama


sur lejournal.cnrs.fr

6 7

6. ‚OȇDSSURFKHGȇXQH 7. Des stations mesurent en


éruption, les émissions permanence les émissions
de dioxyde de carbone de dioxyde de soufre.
augmentent. Andrea Elles sont proportionnelles
'Lb0XURYROFDQRORJXH au débit du magma,
J«RFKLPLVWHWUDTXHFHV ce qui permet de suivre
émissions dans des zones l’évolution d’une éruption.
où le magma s’est déjà frayé
XQFKHPLQ/HVPHVXUHV
permettent d’anticiper les
augmentations potentielles
des volumes de lave émis
et du niveau d’explosivité
du volcan.

CNRS LE JOURNAL
28
PORTFOLIO

8. L’analyse des données


en temps réel permet de
déterminer où se produira
l’intrusion du magma
quelques dizaines de
minutes avant l’éruption.
Anticiper sa durée et le lieu
où la lave va s’écouler sont
OHVIXWXUVG«ȴVGHOȇ293)

© PHOTOS : T. VERGOZ/UMS-IPGP/CNRS PHOTOTHÈQUE

ÉTÉ 2016 N° 285



GRAND FORMAT

Quand l’économie
© CLASSICSTOCK/MASTERFILE
s’intéresse à nos comportements
UNE ENQUÊTE RÉALISÉE PAR CARINA LOUART ET CHARLINE ZEITOUN

Aujourd’hui, les économistes ne

&b
omment tester en labo- OHXUFLEOH'L΍«UHQWVELDLVFRPSRUWH
recourent plus aux seuls modèles UDWRLUHOHVH΍HWVGȇXQH PHQWDX[QRXVFRQGXLVHQWHQH΍HW
KDXVVHGHODȴVFDOLW«RX SDUIRLV¢SUHQGUHGHVG«FLVLRQVTXL
théoriques, ils les mettent
GȇXQHVXEYHQWLRQ«FROR QHVRQWRSWLPDOHVQLSRXUQRXVQL
à l’épreuve du réel dans des JLTXHɋ"&ȇHVWOȇXQHGHV SRXUOȇLQW«U¬WJ«Q«UDOOHVmELDLV«PR
laboratoires d’économie TXHVWLRQVTXLPRELOLVH WLRQQHOV} FRPPHODMDORXVLHRXOȇHQ
expérimentale. GHSXLVXQHYLQJWDLQHGȇDQQ«HVOHV YLH  OHV mSU«I«UHQFHV VRFLDOHV}
FHQWUHVGHUHFKHUFKHGȇɋ«FRQRPLH FRPPH OH JR½W SRXU Oȇ«TXLW«  HW
PAR CARINA LOUART H[S«ULPHQWDOH&DUGHVSROLWLTXHV OHVmELDLVFRJQLWLIV}TXLIRQWTXH
SXEOLTXHVTXLVHUDLHQWFRQVWUXLWHV QRXVDYRQVSDUH[HPSOHGXPDO¢
VXUOȇK\SRWKªVHTXHOHVLQGLYLGXVVRQW QRXVSURMHWHUGDQVOHIXWXUHWDLQVL
H[FOXVLYHPHQWUDWLRQQHOV«JR±VWHVHW ¢ «SDUJQHU SRXU QRWUH UHWUDLWH
XWLOLWDULVWHVPDQTXHUDLHQW¢FRXSV½U &HVELDLVRQW«W«PLVHQ«YLGHQFH

CNRS LE JOURNAL
30
ÉCONOMIE

JU¤FH¢OȇH[S«ULPHQWDWLRQHQODERUD VȇDY«UDLHQWPRLQVHɝ FDFHVTXHOHV OHFRQGXLW¢SUHQGUHGHVULVTXHVLQ


WRLUHRXVXUOHWHUUDLQ$ȴQGȇLQWUR FRQWU¶OHV LQRSLQ«V HW LUU«JXOLHUV FRQVLG«U«VΖOVXUHVWLPHODTXDOLW«GH
GXLUHGHVHQMHX[PRQ«WDLUHVOHVSDU m3DUFHTXHFHTXLFRPSWHSU«FLVH OȇLQIRUPDWLRQTXȇLOG«WLHQWDX[G«SHQV
WLFLSDQWV¢FHVH[S«ULHQFHVUH©RLYHQW WHOOHFȇHVWGHFU«HUFKH]OHIUDXGHXU GHVDXWUHVVRXUFHVFHTXLDPSOLȴH
XQHU«PXQ«UDWLRQTXLYDULHHQIRQF XQVHQWLPHQWGHIRUWHLQFHUWLWXGH} HQFRUHOHULVTXHGȇHUUHXUSRXUVXLWOH
WLRQGHOHXUVG«FLVLRQV FKHUFKHXU 3OXVXQHSHUVRQQHHVW
m8Q GHV EXWV H[SOLTXH 0DUF ‹YLWHUGHSURFKDLQHVFULVHVɋ" VXUFRQȴDQWHPRLQVHOOHUHFRXUWDX[
:LOOLQJHUGLUHFWHXUGX/DERUDWRLUH 'DQVOHP¬PHUHJLVWUHODTXHVWLRQ RXWLOVGȇDLGH¢ODG«FLVLRQ&HELDLVVH
Gȇ«FRQRPLHH[S«ULPHQWDOHGH0RQW GHODSULVHGHULVTXHGHSXLVODFULVH UHWURXYHFHUWDLQHPHQWGDQVGHQRP
SHOOLHU /HHP 1 HVWGHWHVWHUGL΍« ȴQDQFLªUHGHVVXESULPHVHWOȇD΍DLUH EUHXVHVSURIHVVLRQVΖOSRXUUDLWQR
UHQWVPRGªOHVSU«GLFWLIVHWGȇLGHQWL .HUYLHOIDLWOȇREMHWGHQRPEUHXVHV WDPPHQW¬WUHXQHVRXUFHQRQQ«JOL
ȴHUOHVUDLVRQVTXLFRQGXLVHQWOHV UHFKHUFKHV m3HQVHUTXHOHPDUFK« JHDEOHGȇHUUHXUVP«GLFDOHV}
VXMHWV SDUWLFLSDQWV ¢ DGRSWHU XQ
FRPSRUWHPHQWDXWUHTXHFHOXLDWWHQ Une approche peu utilisée

“ La surconfiance crée
GX /ȇH[S«ULPHQWDWLRQ SHUPHW GH 7HVWHUGHVFRPSRUWHPHQWVGLɝ FLOH
PHWWUHHQ«YLGHQFHTXHVHORQOH PHQWREVHUYDEOHVVXUOHWHUUDLQSDU
FRQWH[WHHWOHVLQGLYLGXVOHVLQFLWD
WLRQV JDLQVRXVDQFWLRQV ȴQDQFLªUHV chez le trader un sentiment GHV HQTX¬WHV HVW XQ GHV JUDQGV
DWRXWVGHFHWWHP«WKRGH3DUH[HPSOH
SHXYHQWDYRLUXQH΍HWGȇDWWUDFWLRQRX
DXFRQWUDLUHGȇ«YLFWLRQ} de contrôle absolu qui ORUVTXȇXQLQGLYLGXHVWVROOLFLW«SRXU
FRQWULEXHUDXȴQDQFHPHQWGȇXQVHU

Tester les politiques publiques le conduit à prendre des YLFHFROOHFWLIGRQWLOSURȴWHUDODWK«R


ULHVWDQGDUGSU«GLWTXȇLOQHSDLHUD

risques inconsidérés.

'«ȴQLUOHERQGLVSRVLWLI¢PHWWUHHQ SDV HVS«UDQW TXH OHV DXWUHV OH
SODFHSRXURULHQWHUXQHSROLWLTXH IDVVHQW¢VDSODFH2UOHVH[S«ULHQFHV
RXGHVFRPSRUWHPHQWVHVWXQGHV RQWPRQWU«TXHSUªVGHODPRLWL«GHV
REMHFWLIVGHODP«WKRGH m(QODER LQGLYLGXVDFFHSWHGHFRQWULEXHU
UDWRLUHRQSHXWVLPXOHUGL΍«UHQWHV VȇDXWRU«JXOH HW TXȇRQ SRXUUDLW OXL m6LFHVFRPSRUWHPHQWVSURVR
RSWLRQVGHU«FRPSHQVHVHWGHVDQF IDLUHFRQȴDQFHHVWXQHLOOXVLRQ/HV FLDX[QHVRQWSOXV¢G«PRQWUHUOHV
WLRQVHWMRXHUVXUOHVLQFLWDWLRQVQRQ H[S«ULHQFHVPRQWUHQWTXHOHVFRP WHVWV SHUPHWWHQW GH VDYRLU GDQV
PRQ«WDLUHV FRPPH OHV QRUPHV SRUWHPHQWVLQGLYLGXHOVHWFROOHFWLIV TXHOOHVFRQGLWLRQVOHVLQGLYLGXVDF
VRFLDOHVOȇDOWUXLVPHODFRPSDUDLVRQ GHVWUDGHUVMRXHQWXQU¶OHLPSRUWDQW FHSWHQWGHFRQWULEXHUDXELHQSXEOLF
DX[DXWUHV}H[SOLTXH0DULH&ODLUH GDQV OD YRODWLOLW« GHV PDUFK«V HW HW MXVTXȇ¢ TXHO SRLQWɋ} VRXOLJQH
9LOOHYDO 2 GLUHFWULFHGX*URXSHGȇDQD OȇDSSDULWLRQGHVEXOOHVVS«FXODWLYHV 0DUF:LOOLQJHUTXLDU«FHPPHQWH[
O\VH HW GH WK«RULH «FRQRPLTXH 3 VRXOLJQH-HDQ&KULVWRSKH9HUJQDXG S«ULPHQW«XQHQRXYHOOHWD[H«FROR
MXVTXȇHQb  HW GLUHF WULFH GH GLUFWHXU GH UHFKHUFKH DX &HQWUH JLTXH2QSURSRVDLWDX[YRORQWDLUHV
OD SODWHI RUPH *DWH/DE ¢ /\RQ Gȇ«FRQRPLHGHOD6RUERQQH 4 et res- XQVHXLOGHSROOXWLRQDPELDQWH¢QH
$YDQWDJH VRQ IDLEOH FR½W HW VD SRQVDEOH DGPLQLVWUDWLI GX /DER SDVG«SDVVHU6ȇLOVOHUHVSHFWDLHQWLOV
UHSURGXFWLYLW«¢SHWLWH«FKHOOHVXUOH UDWRLUHGȇ«FRQRPLHH[S«ULPHQWDOHGH HQ«WDLHQWFROOHFWLYHPHQWH[RQ«U«V
WHUUDLQ RX VXU GHV ]RQHV SLORWHV 3DULV 5 . 3RXU«YLWHUTXHGHWHOOHVFULVHV GDQVOHFDVFRQWUDLUHLOVGHYDLHQW
([HPSOHVOHVH[S«ULHQFHVVXUOD VHUHSURGXLVHQWLOQHVXɝ WSDVGH WRXVSD\HUOȇLQW«JUDOLW«GXGRPPDJH
IUDXGH GDQV OHV WUDQVSRU WV HQ VXUYHLOOHU OH IRQFWLRQQHPHQW GHV G½DXG«SDVVHPHQW/HVU«VXOWDWV
FRPPXQO\RQQDLV/DFKHUFKHXVHD PDUFK«VȴQDQFLHUVHQFRUHIDXWLO RQWPRQWU«TXHOHVHXLOQȇ«WDLWMDPDLV
PRQWU«TXHODWULFKHULHPHVXU«HHQ TXHOHVPRGªOHVFODVVLTXHVGHVPDU G«SDVV«&HGLVSRVLWLID«W«H[S«UL
ODERUDWRLUHDXSUªVGHVXVDJHUVSHU ÉCONOMIE FK«VLQWªJUHQWOHVELDLVFRJQLWLIVGRQW PHQW«DYHFVXFFªVFKH]GHVDJULFXO
EXPÉRIMENTALE
PHWWDLWGHSU«GLUHOHFRPSRUWHPHQW Méthode VRQWYLFWLPHVOHVWUDGHUV} WHXUVDP«ULFDLQVSRXUU«GXLUHOȇXVDJH
GHIUDXGHGHFHVP¬PHVXVDJHUV permettant de 3DUPLOHVSOXVU«SDQGXVFHOXLGH GHV SHVWLFLGHV m0DLV HQ )UDQFH
GDQV OHV WUDQVSRUWV HQ FRPPXQ tester les modèles ODFRQȴDQFHH[FHVVLYHHQVRLHWHQVHV G«SORUHOHFKHUFKHXUOHVSRXYRLUV
économiques
/ȇH[S«ULHQFHDDXVVLSX«WDEOLUTXH MXJHPHQWVm(OOHFU«HFKH]OHWUDGHU SXEOLFVSU«IªUHQWUHFRXULUDX[PR
classiques, en
OHV FRQWU¶OHV V\VW«PDWLTXHV HW laboratoire, avec XQVHQWLPHQWGHFRQWU¶OHDEVROXTXL GªOHV SU«GLFWLIV FODVVLTXHV SRXU
FRQFHQWU«VVXUGHSHWLWHVS«ULRGHV des participants. ELDLVHVDSHUFHSWLRQGXGDQJHUHW PHWWUHHQSODFHOHVLQFLWDWLRQV} …

1. Unité CNRS/Univ. de Montpellier/Inra/Montpellier SupAgro. 2. Fondatrice de l’Association française d’économie expérimentale Asfee.
3. Unité CNRS/UCBL/Univ. Lumière Lyon 2/Univ. Jean-Monet/ENS de Lyon. 4 et 5. Unité CNRS/Univ. Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

‹7‹ N° 285

GRAND FORMAT

« Les salaires
… 3RXU«ODERUHUOHXUVSROLWLTXHVSX
EOLTXHVSOXVLHXUVSD\VDQJORVD[RQV
HW HXURS«HQV XWLOLVHQW DXVVL GHV La discrimination à l’égard des femmes
mQXGJHV}RXmFRXSVGHSRXFH} sur le marché du travail s’opère dès
GHVWLQ«V¢FRQWUHFDUUHUOHVELDLV/H l’embauche. David Masclet explique ce

© S. BOURLES / DR17
SULQFLSHRULHQWHUHQGRXFHXUQRV
FRPSRUWHPHQWVHQGRQQDQWGHVLQ
résultat obtenu en économie expérimentale
IRUPDWLRQVHQUHIRUPXODQWOHVUH et revient sur le cercle vicieux du sexisme
FRPPDQGDWLRQVHQSURSRVDQWXQ mis en place dès l’éducation.
FKRL[SDUG«IDXWRXHQFRUHHQLQIRU
PROPOS RECUEILLIS PAR CHARLINE ZEITOUN
PDQWOHVJHQVVXUFHTXHIRQWOHXUV
YRLVLQVGDQVXQHVLWXDWLRQGRQQ«H
8WLOLV«GDQVOHVIRUPXODLUHVGHGRQV
GȇRUJDQHV GH FHUWDLQV SD\V TXL
DɝFKHQWSDUG«IDXWOȇRSWLRQmGRQ Vous avez utilisé l’économie HVWLPSRVVLEOHORUVTXȇRQWUDYDLOOHDYHF
QHXU}FHSHWLWFRXSGHSRXFHSRXVVH expérimentale pour étudier la GHVGRQQ«HVFODVVLTXHVGȇHQTX¬WH
SDUH[HPSOHOHVSHUVRQQHV¢GRQQHU discrimination à l’égard des LVVXHVGHVWDWLVWLTXHVVXUOȇHPSORLRX
GDYDQWDJHOHXUDFFRUGWRXWHQJDU femmes sur le marché du travail. ELHQGHVRQGDJHV
GDQWODSRVVLELOLW«GHUHIXVHU La méthode permet de mettre à
l’épreuve les modèles théoriques Pourquoi les données classiques
'HVGLVSRVLWLIVSDWHUQDOLVWHVɋ" lors de jeux de simulation avec d’enquête ne permettent-elles
(Q)UDQFHOȇXWLOLVDWLRQGHVQXGJHV des participants. Qu’a apporté
UHVWHPDUJLQDOH(QFDXVHXQHUHSU« FHWWHDSSURFKHVXUFHVXMHWɋ"
VHQWDWLRQHQFRUHIDLEOHGHOȇ«FRQRPLH David Masclet1 :'ȇDERUGHOOHQRXVD
FRPSRUWHPHQWDOHDXVHLQGHVXQLYHU SHUPLVGȇREVHUYHUTXȇLOH[LVWHELHQXQ
VLW«VHWGHODUHFKHUFKHPDLVDXVVLXQH FRPSRUWHPHQWGHGLVFULPLQDWLRQ¢
P«ȴDQFHYLV¢YLVGHFHVGLVSRVLWLIV Oȇ«JDUGOHVIHPPHVORUVGXSURFHVVXV
MXJ«VmSDWHUQDOLVWHV}SDUFHUWDLQV1H GȇHPEDXFKH 2 /ȇDXWUHLQW«U¬WHVWGH
SRUWHQWLOVSDVXQHYLVLRQLQIDQWLOL QRXVSHUPHWWUHGȇ«WXGLHUOȇRULJLQH
VDQWHGXFRQVRPPDWHXUɋ"4XLGGX GHFHWWHGLVFULPLQDWLRQSRXUODTXHOOH
ULVTXHGHPDQLSXODWLRQɋ"m/HVQXGJHV GHX[JUDQGHVWK«RULHVVȇD΍URQWHQW
RQWPRQWU«OHXUHɝ FDFLW«HWOHXUV J«Q«UDOHPHQW 6RLW RQ «YRTXH XQ
IDLEOHV FR½WV Dɝ UPH 0DULH&ODLUH FAVORITISME ɋIDYRULWLVPHLQWUDJURXSHɋTXLSRXVVH
INTRA-GROUPE
9LOOHYDOPDLVOHXUXWLOLVDWLRQQ«FHVVLWH OȇHPSOR\HXU¢HPEDXFKHUTXHOTXȇXQ
Conduite qui
UDLWXQG«EDWSXEOLFHWODPLVHHQSODFH consiste à favoriser TXLOXLmUHVVHPEOH}6RLWODGLVFULPL
GH JDUGHIRXV SRXU VȇDVVXUHU TXH les membres QDWLRQHVWGXHDXIDLWTXHPDQTXDQW
OHXUVȴQDOLW«VVRLHQWWRXMRXUVO«JL de son groupe GȇLQIRUPDWLRQVȴDEOHVVXUOȇHɝ FDFLW«
d’appartenance
WLPHV&HOD«WDQWGLWUHQGUHDLQVLSX GHVFDQGLGDWVOHVHPSOR\HXUVVRQW
au détriment des
EOLFVFHVGLVSRVLWLIVSRXUUDLWGȇHPEO«H membres qui n’y U«GXLWV¢LQWHUSU«WHUGHVVLJQDX[OH
OHVUHQGUHLQRS«UDQWVȐ}bII appartiennent pas. SULQFLSDOGȇHQWUHHX[«WDQWOHQLYHDX
Gȇ«WXGHV3UREOªPHOHVHPSOR\HXUV
FKHUFKHQW VRXYHQW ¢ LQWHUSU«WHU
GȇDXWUHVSDUDPªWUHVGRQWOHVLQGLYL
GXVQHVRQWHQULHQUHVSRQVDEOHV
FRPPHOȇ¤JHOHVH[HODFRXOHXUGH
SHDXHWF(WFHVLQWHUSU«WDWLRQVVRQW
LQIOXHQF«HV SDU GHV VW«U«RW\SHV
© D. ALLARD/REA

FRPPHFHOXLGȇXQHSU«WHQGXHHɝ FD
Lire l’intégralité de l’article
FLW«PRLQGUHFKH]OHVIHPPHV2U
sur lejournal.cnrs.fr G«WHUPLQHU VL FȇHVW FHWWH VHFRQGH
WK«RULHGLWHGLVFULPLQDWLRQVWDWLV
WLTXHRXODSU«F«GHQWHGLWHGLVFULPL
QDWLRQLQWUDJURXSHTXLHVW¢OȇĕXYUH

CNRS LE JOURNAL

ÉCONOMIE

moindres des femmes ?


C’est l’arbre qui cache la forêt  ! »
pas de déterminer l’origine FDQGLGDWV¢UHFUXWHUHWTXLOHXUVRQW IHPPHV DXWDQW TXH OH IRQW OHV
GHODGLVFULPLQDWLRQɋ" SU«VHQW«VYLDGHVȴFKHVFRPSRUWDQWOH KRPPHVHOOHVVRQWVXUOHVGX
'ɋ0/HSURFHVVXVGȇHPEDXFKHHVW QLYHDXGȇ«WXGHVODGLVFLSOLQH«WXGL«HHW SDQHO¢OȇDYRLUIDLWHWFKH]OHVKRPPHV
XQHYUDLHER°WHQRLUH$YHFOHVVWDWLV XQDYDWDUTXLSHUPHWGHGHYLQHUOH LOVVRQWVXU&HODFRQȴUPHTXȇLO
WLTXHVYRXVVDYH]TXHOVFDQGLGDWVRQW JHQUHGHODSHUVRQQH/DGLVFULPLQD QHVȇDJLWSDVGȇXQHSU«I«UHQFHLQWUD
«W«UHFUXW«VPDLVSDVFHTXLVȇHVW JURXSH(WFHODVXJJªUHTXHOHVIHPPHV
SDVV«GDQVODW¬WHGHVHPSOR\HXUV VRQWHOOHVDXVVLLPSU«JQ«HVGHVVW«

“queNous avons observé


TXDQGLOVOHVRQWFKRLVLV(WVLRQOHOHXU U«RW\SHVQ«JDWLIVVXUOHXUSURSUHHɝ 
GHPDQGHORUVGHVRQGDJHVLO\DSHX FDFLW«HWFHOOHGHOHXUVFRQVĕXUV
GHFKDQFHVTXȇLOVGLVHQWODY«ULW«VȇLOV
SUDWLTXHQWH΍HFWLYHPHQWXQHTXHO les femmes discriminent 4XȇHVWFHTXLSHUPHWGȇDɝ   UPHU
que les participants sont plus
FRQTXHGLVFULPLQDWLRQȐ7DQGLVTXH
GDQVQRVH[S«ULHQFHVRQSHXWREVHU les femmes autant sincères lors de vos expériences

que le font les hommes.



YHUHQODERUDWRLUHOHVG«FLVLRQVGHV TXHORUVGHVRQGDJHVɋ"ΖOVIRQW
SDUWLFLSDQWVLOVGRLYHQWFODVVHUGXID des choix qui n’ont aucune
YRUL DX PRLQV DSSU«FL« GLII«UHQWV conséquence pour eux puisque
les candidats choisis ne
Aubervilliers, Journée des droits WLRQVHPDQLIHVWHORUVTXHWRXWHFKRVH deviennent pas réellement
GHVIHPPHVOHPDUV «JDOHSDUDLOOHXUVHWGRQF¢QLYHDX leurs employés…
Gȇ«WXGHV LGHQWLTXH XQ SDUWLFLSDQW 'ɋ01RQOHXUVFKRL[RQWGHVFRQV«
FODVVHPRLQVELHQXQHIHPPHTXȇXQ TXHQFHVɋ /HV SDUWLFLSDQWV mWUD
KRPPH%LHQHQWHQGXGDQVOHSDQHO YDLOOHQW}U«HOOHPHQWORUVGHOȇH[S«
GHbSHUVRQQHVGHQRVH[S«ULHQFHV ULHQFHXQHIRLVmUHFUXW«V}LOVGRLYHQW
OHVQLYHDX[Gȇ«WXGHVHWOHVGLVFLSOLQHV U«VRXGUHGHVSHWLWVSUREOªPHVGHOR
«WDLHQW DXVVL KRPRJªQHV FKH] OHV JLTXHGHVMHX[GHG«FRGDJHHWF
bIHPPHVTXHFKH]OHVbKRPPHV SRXUOHFRPSWHGHOHXUmHPSOR\HXU}
(WHQIRQFWLRQGHOHXUVSHUIRUPDQFHV
4XHOVVRQWYRVU«VXOWDWVɋ" ELHQU«HOOHVHPSOR\HXUVHWHPSOR\«V
Pourquoi les femmes sont-elles VRQWSOXVRXPRLQVU«PXQ«U«V¢OȇLV
GLVFULPLQ«HVORUVGHOȇHPEDXFKHɋ" VXHGHOȇH[S«ULHQFH&HODSRXVVHOHV
'ɋ0'DQVQRVH[S«ULHQFHVODGLVFUL SDUWLFLSDQWV¢U«Y«OHUOHXUVY«ULWDEOHV
PLQDWLRQHVWHVVHQWLHOOHPHQWGȇRUGUH FKRL[DXOLHXSRXUFHUWDLQVGHVH
VWDWLVWLTXH FȇHVW¢GLUH GXH ¢ XQ IDLUH SDVVHU SRXU GHV SHUVRQQHV
PDQTXHGȇLQIRUPDWLRQVHWIRQG«HVXU GȇXQH«WKLTXHLUU«SURFKDEOH‚FRQGL
GHVSU«MXJ«V&DUOHVmHPSOR\HXUV} WLRQGHVXSSRVHUELHQV½UTXHOHV
TXLGLVFULPLQHQWOHVIHPPHVORUVGH LQGLYLGXVFKHUFKHQW¢PD[LPLVHUOHXUV
OD SUHPLªUH SKDVH GH OȇH[S«ULHQFH JDLQVFHTXLSDUD°WUDLVRQQDEOHGDQV
QHOHIRQWSOXVORUVTXHQRXVOHXUIRXU XQHH[S«ULHQFHTXLVHSODFHGDQVOH
QLVVRQVORUVGȇXQHVHFRQGHSKDVHGHV FRQWH[WHGXWUDYDLOGHODSHUIRUPDQFH
LQIRUPDWLRQVVXUOȇHɝ FDFLW«DXWUDYDLO HWGHOȇHQWUHSULVH
GHVFDQGLGDWV/DERQQHQRXYHOOHHVW
GRQFTXHOHVHPSOR\HXUVGXPRLQV Mais, vu les faibles sommes
FHX[GHQRWUHSDQHOQHVRQWSDVPLVR en jeu (les participants ont
J\QHVɋ'ȇDLOOHXUVQRXVDYRQVREVHUY« gagné une vingtaine d’euros
TXH OHV IHPPHV GLVFULPLQHQW OHV en moyenne), on peut quand …

1.&KHUFKHXUDX&HQWUHGHUHFKHUFKHHQ«FRQRPLHHWPDQDJHPHQW &1568QLY&DHQ1RUPDQGLH8QLYGH5HQQHV P«GDLOOHGHEURQ]HGX&156HQb


2. Des travaux en économie expérimentale ont déjà mis en évidence une discrimination à l’embauche à l’égard des femmes et des personnes de couleur :
'DYLG/'LFNLQVRQ 5RQDOG/2D[DFD  HW0DUFR&DVWLOOR 5DJDQ3HWULH  DX[‹WDWV8QLVɋ0DJQXV5¸GLQ *¾OD\˜]FDQ  HQ6XªGH

‹7‹ N° 285
33
GRAND FORMAT

Photo tirée
d’une vidéo des
PDJDVLQVb8TXL
proposent depuis
quelques années
un catalogue de FHVRLWDXVVLOHVIHPPHVTXLRFFXSHQW
jouets non sexistes. HQPDMRULW«OHVHPSORLVOHVSOXVSU«
/HVȴOOHVFRPPH
FDLUHV2QSDUOHEHDXFRXSGHV«FDUWV
les garçons y jouent
GHVDODLUHHQWUHIHPPHVHWKRPPHV
aussi bien avec
des cuisinières PDLVFȇHVWOȇDUEUHTXLFDFKHODIRU¬Wɋ
et des aspirateurs 7RXWFHTXLVHSDVVHHQDPRQWGDQV
qu’avec des grues Oȇ«GXFDWLRQOȇDFTXLVLWLRQGHVFRPS«
de construction WHQFHVSXLVGDQVOHSURFHVVXVGH
© SYSTÈME U

et des voitures. UHFUXWHPHQWHVWFDSLWDO

Vos résultats ont-ils des


… P¬PHGRXWHUGHODȴDELOLW« GHVQRUPHVHWDX[GL΍«UHQFHVGHVD répercussions concrètes dans
du procédé pour pousser les ODLUHVHQWUHIHPPHVHWKRPPHV 4FHV l’aide à la décision auprès
participants à être honnêtes. GHX[SDUDPªWUHVSRXVVHQWHQH΍HWOHV GHV«OXVHWGHVGLULJHDQWVɋ"
'ɋ09RXVDYH]UDLVRQFHV«WXGHVHQ PªUHVHWQRQOHVSªUHV¢SDVVHU¢ Je pense notamment aux ABCD
ODERUDWRLUHRQWGHVOLPLWHVHWHOOHV WHPSVSDUWLHOSRXUVȇRFFXSHUGHVHQ de l’égalité, qui furent la cible
UHVWHQWGHVVLPXODWLRQV0DLVHOOHV IDQWVWRXWHQPLQLPLVDQWODSHUWHGH de rumeurs d’une violence
FRQVWLWXHQWODPHLOOHXUHID©RQGHIDLUH UHYHQXGXFRXSOH(QȴQOȇ«GXFDWLRQ inouïe. Vos travaux avaient-ils
¢FHMRXUSRXULQFLWHUOHVJHQV¢U«Y«OHU MRXHDXVVLXQU¶OHGDQVOHFHUFOHYL inspiré cette démarche de lutte
OHXUVSU«I«UHQFHV'ȇDLOOHXUVLO\DXQ FLHX[GHODGLVFULPLQDWLRQVH[LVWH8QH FRQWUHOHVH[LVPH¢Oȇ«FROHɋ"
DXWUHG«IDXWGDQVODP«WKRGHQRV «WXGH 5DPRQWU«TXHVDQVOHVDYRLU 'ɋ07RXWFHTXHMHVDLVFȇHVWTXH
SDQHOVVRQWVXUWRXWFRPSRV«VGȇ«WX OHVSURIHVVHXUVIDYRULVHQWSOXVOȇHVSULW QRWUHDUWLFOHGHVXUFHVTXHV
GLDQWV2UFHVRQWGHVSHUVRQQHVTXL GHFRPS«WLWLRQFKH]OHVJDU©RQVTXH WLRQV GH GLVFULPLQDWLRQ IHPPHV
VRQWVWDWLVWLTXHPHQWSOXV«GXTX«HV FKH]OHVȴOOHV&HODDFFHQWXHOHELDLVGH KRPPHV¢OȇHPEDXFKHD«W«OXSDUGHV
TXHODPR\HQQHGHVJHQVHWPRLQV SDUOHPHQWDLUHVHWHVWFLW«GDQVXQUDS
HQFOLQHV¢GLVFULPLQHUOHVDXWUHVΖOHVW SRUWGȇLQIRUPDWLRQGHOȇ$VVHPEO«H

“deEnsalaires,
amont des écarts
GRQFSUREDEOHTXHOHVU«VXOWDWVGH QDWLRQDOHGXDYULO2QQHSHXW
QRV H[S«ULHQFHV VRXVHVWLPHQW OH SDVHQFRUHSDUOHUGȇXQHU«HOOHDLGH¢
SK«QRPªQH GH GLVFULPLQDWLRQ ¢
Oȇ«JDUGGHVIHPPHV&HODYHXWDXVVL ce qui se joue ODG«FLVLRQPDLVQRVWUDYDX[SUR
SRVHQWDXPRLQVGHVEDVHVVROLGHV
GLUHTXHOȇRQVHSODFHGDQVOȇXQHGHV
SLUHV VLWXDWLRQV SRXU REVHU YHU durant l’éducation puis SRXUSDUOHUGHFHVXMHWQRWDPPHQW
YLDOHVP«GLDV9RXVVDYH]ODP«GLDWL

le recrutement est capital.



TXHOTXHFKRVHHWTXȇRQOȇREVHUYH VDWLRQFRQWULEXHSDUIRLVWUªVYLWH¢
TXDQGP¬PHɋ&ȇHVWGLUHȐ DP«OLRUHUOHVFKRVHVXQH«WXGHDP«
ULFDLQH 6GHbDYDLWPRQWU«TXȇDX
Mais, s’il y a discrimination EDVNHWOHVMRXHXUVQRLUV«WDLHQWVDQF
à l’égard des femmes VXUFRQȴDQFHGHFHVGHUQLHUVHWSU« WLRQQ«VSDUOHVDUELWUHVSOXVVRXYHQW
à l’embauche, comment se SDUHOHVIXWXUHVLQ«JDOLW«VSURIHVVLRQ TXHOHVMRXHXUVEODQFV&LQTDQVSOXV
fait-il que leur taux de chômage QHOOHV6DQVSDUOHUGHVQRUPHVGH WDUGFHVU«VXOWDWVRQWIDLWOȇREMHWGȇXQH
HQ)UDQFH HQYLURQɋ VRLW QRVVRFL«W«VHQJ«Q«UDOKRUVVFRODULW« LPSRUWDQWHFRXYHUWXUHP«GLDWLTXHFH
«TXLYDOHQW¢FHOXLGHVKRPPHVɋ" TXL SªVHQW G«M¢ ORXUG SXEOLFLW« TXLDHQWUD°Q«ODGLVSDULWLRQSUHVTXH
'ɋ03DUFHTXȇLOIDXWSOXW¶WSUHQGUH MRXHWVHWF  /H FKRL[ GH OD ILOLªUH WRWDOHGHFHWWHGLVFULPLQDWLRQbII
HQFRPSWHOHWDX[GȇHPSORLSRXUOHV Gȇ«WXGHVHWQRWDPPHQWODPRLQGUH
 DQV LO HVW GH ɋ SRXU UHSU«VHQWDWLRQGHVȴOOHVGDQVOHVȴ
OHVIHPPHVFRQWUHɋSRXUOHV OLªUHVVFLHQWLȴTXHVȂbU«SXW«HVGȇH[FHO
KRPPHVΖOIDXWDXVVLVHSHQFKHUVXU OHQFHb Ȃ HQ VRQW FHUWDLQHPHQW GHV
GȇDXWUHVU«DOLW«VFHVRQWOHVIHPPHV FRQV«TXHQFHVGLUHFWHV/HVȴOOHVmLQ Lire la suite de l’interview
TXLRFFXSHQWHQPDMRULW«OHVHPSORLV W«ULRULVHQW}FHVGLVFULPLQDWLRQVGLF sur lejournal.cnrs.fr
¢WHPSVSDUWLHO 3 2UFHmFKRL[}HVW W«HVSDUQRVVRFL«W«VGHSXLVOȇHQIDQFH
ELHQVRXYHQWFRQWUDLQWOL«DXSRLGV ΖOQHVHPEOHSDV«WRQQDQWTXȇDXȴQDO

3.6HORQOH&HQWUHGȇREVHUYDWLRQGHODVRFL«W«ɋGHVIHPPHVRFFXSHQWXQWHPSVSDUWLHOFRQWUHɋGHVKRPPHV4. L’écart de salaire femmes-hommes


HVWGȇHQYLURQSRLQWV6LOȇRQUDPªQHOHVFKL΍UHV¢GHVm«TXLYDOHQWWHPSVSOHLQ}HW¢mP«WLHU«TXLYDOHQW}XQ«FDUWLQH[SOLTX«GȇHQYLURQSRLQWVSHUVLVWH
HWUHOªYHUDLWGȇXQHGLVFULPLQDWLRQmSXUH}VHORQOȇ2EVHUYDWRLUHGHVLQ«JDOLW«V PDL 5.'XUX%HOODWHW0LQJDW  3ULFHHW:ROIHUV  

CNRS LE JOURNAL

EN ACTION

On se penche sur le système de notation


à l’école, on enquête sur les poumons
de nos cellules et on découvre
de nouveaux talents chez Néandertal.
ILLUSTRATION : LEON EDLER POUR CNRS LE JOURNAL

ÉTÉ 2016 N° 285


35
EN ACTION

Comment
mieux évaluer
le travail
des élèves ?

'HIDLWQRPEUHGHWUDYDX[PRQWUHQWTXHODQRWDWLRQFKL΍U«H
SªFKHSDUVDVXEMHFWLYLW«ODYDOHXUGȇXQYDULDQWSDU
Éducation. Des chercheurs testent actuellement H[HPSOHGȇXQHQVHLJQDQW¢OȇDXWUHGDQVQȇLPSRUWHTXHOOH
GDQVbFROOªJHVHWO\F«HVXQHDOWHUQDWLYHDXV\VWªPH GLVFLSOLQH$XWUHELDLVPDMHXUODQRWDWLRQHQSOXVGȇ¬WUH
WUDGLWLRQQHOGHQRWDWLRQOȇ«YDOXDWLRQSDUFRPS«WHQFHV DQ[LRJªQHQȇHVWJXªUHLQIRUPDWLYHm8QHQRWHVHUWGDYDQ
WDJHDX[«OªYHV¢VHVLWXHUOHVXQVSDUUDSSRUWDX[DXWUHV
=RRPVXUOHXUVSUHPLHUVU«VXOWDWV TXȇ¢LGHQWLȴHUOHVSRLQWVVXUOHVTXHOVLOVGRLYHQWFRQFHQWUHU
PAR PHILIPPE TESTARD-VAILLANT
OHXUVH΍RUWVH[SOLTXH$ODLQ'LJHU3DUDLOOHXUVHQH[DFHUEDQW
ODFRPS«WLWLRQODQRWHY«KLFXOHVRQORWGHYDLQTXHXUVPDLV
DXVVLGHYDLQFXV(OOHDPSOLȴHOHVLQ«JDOLW«VVFRODLUHVHWUHQ
a nouvelle a fait les titres de la presse au printemps :

/b
IRUFHOHG«WHUPLQLVPHVRFLDOGHVH΍HWVG«O«WªUHVGRQWOH
XQH«WXGHVFLHQWLȴTXHSU«FRQLVHUDLWOȇDEDQGRQGHV V\VWªPH«GXFDWLIIUDQ©DLVVRX΍UHH[DJ«U«PHQW}
QRWHV¢Oȇ«FROH'DQVXQSD\VDWWDFK«GHORQJXHGDWH
¢ODQRWDWLRQGH¢OȇDQQRQFHDDXVVLW¶WIDLWOȇREMHWGH /HVH΍HWVSRVLWLIVGHOȇ«YDOXDWLRQSDUFRPS«WHQFHV
G«EDWVDXVVLLQWHQVHVTXHȐSU«PDWXU«V(QH΍HWOHVU«VXO 'ȇR»OȇLG«HGHWHVWHUXQQRXYHDXW\SHGȇ«YDOXDWLRQHWGH
WDWVQHVRQWTXHOHVWRXWSUHPLHUVGȇXQHH[S«ULHQFHHQ FRQȴHUODVXSHUYLVLRQGȇXQHSDUWLHGHFHWWHH[S«ULHQFH¢GHV
FRXUVPHQ«HGHSXLVODUHQWU«HGDQVFROOªJHVHW FKHUFKHXUVHQSV\FKRORJLH&RQGXLWHDXSUªVGȇXQ«FKDQWLO
O\F«HVGHOȇDFDG«PLHGȇ2UO«DQV7RXUV&HWWH«WXGHDPEL ORQGHɋb«OªYHVGHWURLVLªPHHWFHQWU«HVXUWURLVGLVFL
WLHXVHOLYUHUDVHVU«HOOHVFRQFOXVLRQVHQΖOQȇHQUHVWH SOLQHV IUDQ©DLVKLVWRLUHJ«RJUDSKLHPDWK«PDWLTXHV 
SDVPRLQVTXȇHOOHLQWHUURJHG«M¢Oȇ«YDOXDWLRQGXWUDYDLOVFR Oȇ«WXGHSLORW«HSDU3DVFDO+XJXHWHW&«OLQH'DUQRQGX
ODLUHWHOOHTXȇHOOHHVWSUDWLTX«HDXMRXUGȇKXLm1RWUHEXWQȇHVW /DERUDWRLUHGHSV\FKRORJLHVRFLDOHHWFRJQLWLYH1HWΖVDEHOOH
SDVGHIDLUHGLVSDUD°WUHODQRWHPDLVGȇHQSURPRXYRLUXQ 5«JQHUGX/DERUDWRLUHGHSV\FKRORJLHFRJQLWLYH2 , fait la part
XVDJHUDLVRQQ«SRXUUHQIRUFHUODTXDOLW«GHVDSSUHQWLV EHOOH¢Oȇ«YDOXDWLRQSDUFRPS«WHQFHV
VDJHVSU«FLVHGȇHPEO«H$ODLQ'LJHUGR\HQGHVLQVSHFWHXUV /HSULQFLSHHVWGHmSRLQWHUOHVDFTXLVGHV«OªYHVHWGH
S«GDJRJLTXHVGHOȇDFDG«PLHHWLQVWLJDWHXUGHFHWWHH[S« IRFDOLVHUOHXUDWWHQWLRQVXUOHVFRQQDLVVDQFHVTXȇLOOHXUUHVWH
ULPHQWDWLRQ/DPDQLªUHGRQWOȇ«YDOXDWLRQHVWSUDWLTX«H ¢DFTX«ULULQIRUPHΖVDEHOOH5«JQHU&HODOHVDPªQH¢G«ODLV
DXMRXUGȇKXLHVWH[FHVVLYHPHQWFHQWU«HVXUXQHQRWDWLRQ VHUOHVVWUDW«JLHVGȇDSSUHQWLVVDJHGHVXUIDFH UHFRXUVDXSDU
V\VW«PDWLTXHHW¢FHWLWUHDUFKD±TXH} cœur, centration sur les contenus les plus importants en
YXHGȇXQH[DPHQȐ DXSURȴWGHVWUDW«JLHVGHSURIRQGHXU
1. Unité CNRS/Univ. Blaise Pascal. 2. Unité CNRS/Aix-Marseille Univ. UHFKHUFKHGȇLQIRUPDWLRQVFRPSO«PHQWDLUHVSRLQWGHYXH

CNRS /(-2851$/

EN ACTION

/LUHOȇLQW«JUDOLW«GHOȇDUWLFOH
sur OHMRXUQDOFQUVIU

VFRODLUHD«W« « une année pilote, dit Pascal


+XJXHW&HWWHSKDVHDYHFVRQORWGȇLPSHUIHFWLRQVOL«HV
QRWDPPHQWDXPDQTXHGHIRUPDWLRQGHFHUWDLQVSURIHV
VHXUV¢Oȇ«YDOXDWLRQSDUFRPS«WHQFHVQRXVDSHUPLVGȇHQ
JUDQJHUɋGRQQ«HVPDLVSHXGHFHUWLWXGHV}
/ȇDQQ«HVFRODLUHD«W«FHOOHGHODPDWXUDWLRQ

© R. DAMORET/REA
/ȇRFFDVLRQSRXUOHVHQVHLJQDQWVGȇKLVWRLUHJ«RJUDSKLHHWGH
IUDQ©DLVLPSOLTX«VGDQVOȇ«WXGHGȇLPDJLQHUGHQRXYHOOHV
SUDWLTXHVHQSKDVHDYHFOHVH[LJHQFHVGHOȇ«YDOXDWLRQSDU
FRPS«WHQFHVm1RXVYRXOLRQVKRPRJ«Q«LVHUODSRSXODWLRQ
Certains
HQVHLJQDQWHH[SOLTXHΖVDEHOOH5«JQHU&ȇHVWSRXUTXRLQRXV
établissements
scolaires DYRQVODLVV«OHVSURIHVVHXUVOHVPRLQVH[S«ULPHQW«VVHIDPL
expérimentent OLDULVHUDYHFFHWWHDOWHUQDWLYH¢ODQRWH‚ODUHQWU«HSUR
OHVôFKHV FKDLQHQRXVU«DFWLYHURQVOHGLVSRVLWLIP«WKRGRORJLTXHTXH
individuelles QRXVDXURQVHQWUHWHPSVSHUIHFWLRQQ«}
d’acquisition des
compétences 5HQGH]YRXVHQSRXUOHVU«VXOWDWVG«ȴQLWLIV
comme
8QHIRLVOȇH[S«ULHQFHDFKHY«HHQbOHVFKHUFKHXUVVHURQW
alernative au
HQPHVXUHGHVDYRLUVLOȇ«YDOXDWLRQSDUFRPS«WHQFHVR΍UH¢
© R. DAMORET/REA

système
traditionnel de GDYDQWDJHGȇ«OªYHVODSRVVLELOLW«GHSURJUHVVHUΖOVHVSªUHQW
notation. DXVVL«WDEOLUOȇLPSDFWGHFHPRGHGȇ«YDOXDWLRQVXUGHVFRP
S«WHQFHVWUDQVYHUVDOHV PD°WULVHGHOȇRUDOFDSDFLW«¢VȇLQW«
JUHUGDQVXQWUDYDLOFROOHFWLIFRQGXLWHGHSURMHWȐ 9LHQGUD
HQȴQOȇKHXUHGHSXEOLHUVDQVGRXWHȴQ/ȇDPELWLRQGHV
FULWLTXHVXUOHFRQWHQXGHVFRXUVȐ }/DQRWHHOOHHVWU« FKHUFKHXUVVXUFHSODQHVWGRXEOH'ȇXQHSDUWUHQGUH
GXLWH¢ODSRUWLRQFRQJUXH(WFHOOHTXLȴJXUHGDQVOHEXOOHWLQ FRPSWHGHOHXUH[S«ULPHQWDWLRQGDQVXQHUHYXHIDLVDQW
¢ODȴQGHFKDTXHWULPHVWUHQȇHVWSOXVXQHPR\HQQHPDLV DXWRULW«WHOOHTXHOH-RXUQDORI(GXFDWLRQDO3V\FKRORJ\ et
XQLQGLFDWHXUFDOFXO«DXYXGHVFRPS«WHQFHVDFTXLVHV DSSRUWHUDLQVLXQHmWRXFKHIUDQ©DLVH}¢XQG«EDWTXLD
/HVSUHPLHUVU«VXOWDWVGHOȇ«WXGHSHUPHWWHQWGHG«JDJHU FRXUVHQFHPRPHQWHQ(XURSHHWGDQVOHPRQGH'ȇDXWUH
TXHOTXHVFRQFOXVLRQV'RQWFHFRQVWDWOȇ«YDOXDWLRQSDUFRP SDUWU«GLJHUXQUDSSRUW¢GHVWLQDWLRQGHVDFWHXUVGXWHUUDLQ
S«WHQFHVSURGXLWGHVH΍HWVSRVLWLIVHQPDWK«PDWLTXHVR» PLQLVWªUHFRUSVGȇLQVSHFWLRQFKHIVGȇ«WDEOLVVHPHQWSUR
OHV«OªYHVFKHUFKHQWPRLQV¢VHFRPSDUHU$XWUHH΍HWDY«U« IHVVHXUVȐ &HGRFXPHQWH[SOLFLWHUDODP«WKRGRORJLHHP
GDQVFHWWHGLVFLSOLQHOȇ«FDUWHQWUH«OªYHVGHPLOLHX[IDYRULV«V SOR\«HHWG«WDLOOHUDOHVU«VXOWDWVGȇXQHPDQLªUHSOXVDERU
HWG«IDYRULV«VDIRQGXGHPRLWL«m&ȇHVWDVVH]SK«QRP«QDO GDEOHTXȇXQDUWLFOHGHVWLQ«¢XQHSXEOLFDWLRQVFLHQWLȴTXH
TXDQGRQVDLWTXȇDXFXQHU«IRUPHGXV\VWªPH«GXFDWLIGH 3DUDLOOHXUVOȇ«YDOXDWLRQSDUFRPS«WHQFHVGHYUDLWFURLVHU
SXLVWUHQWHDQVQȇHVWSDUYHQXH¢XQWHOU«VXOWDW commente ¢EUªYH«FK«DQFHODURXWHGHVQRXYHOOHVWHFKQRORJLHVm/D
3DVFDO+XJXHW /ȇ«YDOXDWLRQSDUFRPS«WHQFHVVHPEOH¢ U«YROXWLRQQXP«ULTXHDFRPPHQF«¢WUDYHUVHUOȇ«FROHVRX
P¬PHGȇDLGHUOȇDVFHQVHXUVRFLDO¢UHG«PDUUHU}VDFKDQWTXH OLJQH3DVFDO+XJXHW'HPDLQODS«GDJRJLHVHUDPDVVLYH
OD)UDQFHHVWOHSD\VR»OȇLQȵXHQFHGHOȇRULJLQHVRFLDOHGHV PHQWDVVLVW«HSDUGHVPDFKLQHVTXLG«OLYUHURQWQRQSDVGHV
«OªYHVVXUOHXUVSHUIRUPDQFHVHVWODSOXVPDUTX«H QRWHVPDLVGHV«YDOXDWLRQVGLDJQRVWLFVH[WU¬PHPHQWȴQHV
/HSURF«G«H[HUFHHQRXWUHXQHLQȵXHQFHE«Q«ȴTXHVXU HWUHFHQWUHURQWOȇ«OªYHVXUFHUWDLQVDSSUHQWLVVDJHV'DQVFH
WRXVOHV«OªYHV$XWUHPHQWGLWLOQȇHQWUD°QHSDVOHVPHLOOHXUV QRXYHDXSD\VDJHVFRODLUHOHVSURIHVVHXUVVHURQWWRXMRXUV
YHUVOHEDV(QUHYDQFKHVRQHɝ FDFLW«HVWPRLQVQHWWHHQ LQGLVSHQVDEOHVFDUFHVRQWHX[TXLDXURQWHQWUHDXWUHV¢
KLVWRLUHJ«RJUDSKLHHWLQG«WHFWDEOHHQIUDQ©DLVSRXUGHV FRQFHYRLUOHVFRQWHQXVGHVUHVVRXUFHVPLVHVHQOLJQH0DLV
UDLVRQVTXLUHVWHQW¢«OXFLGHUm/HUHWUDLWYRLUHODVXSSUHVVLRQ FHMRXUO¢ODQRWHDSSDUWLHQGUD¢OD3U«KLVWRLUHȐ}bII
GHVQRWHVQHVLJQLȴHSDVODȴQGHOȇ«YDOXDWLRQLQVLVWH&«OLQH
'DUQRQ&ȇHVWP¬PHSUHVTXHOȇLQYHUVH&HWWHP«WKRGHTXL

“ La note amplifie les inégalités scolaires


VHWUDGXLWVRXYHQWSDUXQVXUFUR°WGHWUDYDLOSRXUOHVHQVHL
JQDQWVHWH[LJHTXȇLOVG«YHORSSHQWXQHFXOWXUHGȇ«FKDQJH

et renforce le déterminisme social.



J«QªUHXQH«YDOXDWLRQELHQSOXVLQIRUPDWLYHSRXUOȇ«OªYH}
5HVWHTXHOHVSUHPLªUHVFRQFOXVLRQVGHVFKHUFKHXUV
GHPDQGHQW¢¬WUHFRQȴUP«HV/ȇH[S«ULHQFHPHQ«HGDQV
OȇDFDG«PLHGȇ2UO«DQV7RXUVQȇHVWTXHOHSUHPLHU«WDJHGȇXQH
IXV«HGRQWODPLVVLRQVHSRXUVXLYUDMXVTXȇHQ/ȇDQQ«H

‹7‹ N° 285
37
(1$&7,21

Un simulateur virtuel
Lire l’intégralité de l’article
sur lejournal.cnrs.fr

pour les équipes d’urgence

ΖQWHOOLJHQFHDUWLȴFLHOOHPour mieux psychologique de l’être humain et celles de l’Institut


de recherche biomédicale des armées dans le domaine
former les personnels médicaux aux du développement des compétences professionnelles.

situations de crise, des chercheurs ont Un environnement virtuel à visage humain


mis au point un simulateur intelligent. Les chercheurs vont ensuite devoir traduire ces
GRQQ©HVHQODQJDJHLQIRUPDWLTXH8QWUDYDLOIDVWLGLHX[
PAR *5‹*25<)/‹&+(7 qu’ils ont découpé en différents modules. Certains
concernent des modèles qui décrivent
l’activité de chaque personnel soignant.
D’autres s’attellent à déterminer des
compétences telles que le leadership
ou la coopération. Les conséquences
du stress sur les capacités cognitives
font aussi partie des paramètres
k5(9Ζ$7(&+ 9Ζ&7($06352-(&7$//5Ζ*+765(6(59('

à coder. L’ensemble des modules servira


à animer des personnages qui évolueront
dans le simulateur. Ces avatars, dont
ODPRG©OLVDWLRQHVWFRQô©H 5HYLDWHFK
HWDX/LVW&($HQGRVVHURQWOHU´OH
des personnels soignants mais aussi
des patients. « Les personnages de notre
simulateur devront faire preuve d’une
grande autonomie en prenant des
$SHU§XGHO×HQYLURQQHPHQWGXIXWXUVLPXODWHXUGRQW G©FLVLRQVDXFRXUVGHODVLPXODWLRQ{
OHG©YHORSSHPHQWD©W©FRQô© ODVRFL©W©5HYLDWHFK précise Nicolas Sabouret, du Limsi, chargé
de leur mise au point. C’est en cela que

L
es attentats du 13 novembre 2015 l’ont rappelé de
la plus triste des manières : face à ce type d’attaque,
les secouristes peuvent se sentir désemparés. C’est
Victeams se démarque des autres simulateurs.

Une version test déjà disponible


pour les aider à affronter de telles atrocités qu’un (QôQOHVSHUVRQQDJHVVHURQWLQFRUSRU©VGDQVXQ
groupe de chercheurs travaille sur le projet de environnement qui reproduira un poste de secours
simulateur Victeams1. l1RWUHREMHFWLIHVWGHG©ôQLU en 3D. Muni d’un casque de réalité virtuelle, un
un environnement virtuel pour la formation des P©GHFLQRXXQLQôUPLHUSRXUUDLQWHUDJLUDYHFGHV
équipes médicales chargées d’organiser les secours EOHVV©VHWGHVSHUVRQQHOVVRLJQDQWVYLUWXHOV3RXU
DSU¨VXQDIõX[PDVVLIGHYLFWLPHV{ résume Domitile le premier démonstrateur, opérationnel depuis le mois
/RXUGHDX[2 , coordonnatrice du projet. Les secouristes de juin, les chercheurs se sont focalisés sur un patient
IUDQ§DLVSDUWLFLSHQWU©JXOL¨UHPHQW GHVH[HUFLFHV EOHVV©SDUEDOOH$XôOGHVPRLVOHVDYDWDUVJDJQHURQW
PDLVFHX[FLSUHQQHQWUDUHPHQWHQFRPSWH« l’aspect HQDXWRQRPLHHWHQFRPSOH[LW©(QSDUDOO¨OHOHQRPEUH
relationnel de la gestion d’équipe, qui s’avère souvent de patients à prendre en charge et la diversité des
HVVHQWLHOORUVG×XQHLQWHUYHQWLRQGDQVXQFRQWH[WH blessures augmenteront. « Nous avons prévu de mettre
GHFULVH{souligne la chercheuse. Les membres de sur pied trois démonstrateurs avant que le simulateur
9LFWHDPVV×DSSXLHQWVXUO×H[S©ULHQFHGHODEULJDGHGHV G©ôQLWLIQHYRLHOHMRXU{ précise Nicolas Sabouret.
VDSHXUVSRPSLHUVGH3DULVHWGHVP©GHFLQVPLOLWDLUHV 8QHIRLVôQDOLV©FHOXLFLVHUDGRW©G×XQPRWHXUGH
GX9DOGH*U¢FHLQFHQGLHVDWWDTXHVGHFRQYRLV scénarisation. Il sera alors possible d’adapter la
PLOLWDLUHVDWWHQWDWVHWF,OVPHWWHQWSDUDLOOHXUV SURôW FRPSOH[LW©HWOHQLYHDXGHVWUHVVGHVVLWXDWLRQV
les connaissances du Limsi3 sur le fonctionnement G×XUJHQFHDX[FRPS©WHQFHVGHFKDTXHXWLOLVDWHXUII

1.$JHQWVYLUWXHOV«PRWLRQQHOVDGDSWDWLIVHWVRFLDX[SRXUODIRUPDWLRQGȇ«TXLSHV&RȴQDQF«SDUOȇ$15HWOD'*$FHSURMHWVȇDFKªYHUDHQ
ΖOE«Q«ȴFLHGXVRXWLHQGHOD5«JLRQ3LFDUGLHGX)HGHUHWGX/DEH[067&KHUFKHXVHDXODERUDWRLUH+HXULVWLTXHHWGLDJQRVWLFGHVV\VWªPHV
FRPSOH[HV &15687& 3./DERUDWRLUHGȇLQIRUPDWLTXHSRXUODP«FDQLTXHHWOHVVFLHQFHVGHOȇLQJ«QLHXUGX&156

CNRS LE JOURNAL
38
(1$&7,21

Ces entreprises
qui misent sur la recherche
6WUDW«JLH8QHHQTX¬WHLQ«GLWHYLHQWGHOHYHUOHYRLOHVXUOHV
VWUXFWXUHVFRPPXQHVGHUHFKHUFKHHQWUHOH&156HWOHVHQWUHSULVHV
PAR 9‹521Ζ48(0('(5

Développées massivement depuis les durables se construisent », complète Groupe PSA, et Bernard Sahut, respon-
années 1980, les structures communes Nicolas Castoldi. sable du réseau StelLab3 , l’attestent :
de recherche CNRS-entreprise se dis- Qu’elles soient opérées avec une « Le partenariat noué avec les labora-
tinguent des partenariats traditionnels
par leur programme de recherche qui
dépasse le simple projet à court terme
PME ou une entreprise nationale, ces
structures représentent une des
formes les plus abouties de parte-
1609
HPSORLV(73
toires du CNRS nous a permis de
mieux structurer notre recherche et
d’élargir le champ de nos applica-
et comprend des objectifs régulière- nariat. « Ce qui nous anime, c’est la tions, comme le véhicule autonome
(équivalent
ment actualisés », annonçait Nicolas FRQȴDQFHHQWUHQRV«TXLSHVHWOȇHQYLH ou le confort dans l’habitacle. »
temps plein)
Castoldi, délégué général à la valorisa- de travailler ensemble », commente
tion du CNRS, le 14 juin dernier, en pré- Jean-Paul Chabard, directeur scienti- Attirer les talents
ambule d’une matinée consacrée à ces ȴTXH(')5ɋ ɋ'DXVXMHWGHVbODERUD Pierre Guillot, directeur du

197
outils. Mais, jusqu’à récemment, ces WRLUHVFRPPXQV(')GRQWGHX[WLHUV Laboratoire du futur 4 , sou-
structures n’avaient fait l’objet d’aucun créés avec le CNRS. Pour Guillaume ligne que ce type de
suivi particulier. Le CNRS a donc lancé Saint-Girons, directeur du laboratoire structure commune
début 2016 la première enquête natio- commun entre la société Riber, leader est « un moyen d’atti-
QDOHVXUOHVXMHW(WOHVFKL΍UHVUHFXHLOOLV mondial de la fabrication de réacteurs millions rer des talents sou-
sont éloquents : ces structures sont au d’épitaxie par jets moléculaires, et l’Ins- haitant développer
QRPEUHGHHWOHVGL΍«UHQWVLQGLFD titut des nanotechnologies de Lyon1, le d’euros leurs recherches sur
WHXUVVRXOLJQHQWOHXUJUDQGHHɝ FDFLW« partenariat coulait de source. « L’Institut d’investissement des thématiques perti-
global nentes pour l’industrie.
Plusieurs structures possibles C’est aussi un lieu de for-
Derrière cette appellation se cachent
SRXUWDQWGHVU«DOLW«VWUªVGL΍«UHQWHV6H
confondant avec une unité mixte clas-
sique, l’unité mixte de recherche CNRS-
126
structures
dont
81
mation pour de jeunes cher-
cheurs, capables d’y monter en com-
pétences, et, pour des chercheurs de
Solvay, une façon de se confronter
HQWUHSULVHGLVSRVHGHORFDX[LGHQWLȴ«V communes 110 brevets
déposés
à la recherche académique ».
et partagés et s’instaure par convention laboratoires La matinée du 14 juin a démontré
pour une durée de cinq ans. Établi par communs qu’il n’y a pas de fossé entre le monde
convention reconductible d’au moins des nanotechnologies académique et le monde industriel. « À
quatre ans, le laboratoire commun de Lyon était un client nous de travailler pour faire connaître

1070
représente une forme plus souple de de Riber, explique-t-il. À force de davantage la diversité de ces parte-
partenariat, qui ne requiert pas néces- nous côtoyer, nous avons mis en nariats auprès de nos laboratoires et
sairement de locaux ou d’équipe per- place une collaboration avec un les accompagner dans la création de
publications
manente. Articulé autour d’une gouver- échange de bons procédés. » nouvelles structures », conclut Nicolas
VFLHQWLôTXHV
nance et d’un programme de recherche (WOHVE«Q«ȴFHVVRQWU«FLSUR Castoldi. Et atteindre l’objectif raison-
communs, il comprend également des ques. « Grâce aux synergies avec les QDEOHGHSURJUHVVLRQGHɋGȇLFL
règles de valorisation des recherches et chercheurs académiques, de nouveaux ¢GHX[DQVbII
un partage de la propriété intellectuelle. thèmes de recherche ont vu le jour chez
« Ces structures ne reposent pas sur Thales »,LQGLTXH)U«G«ULF1JX\HQ9DQ
une forme dogmatique. La démarche Dau, directeur de l’unité mixte de phy-
y est féconde : secteur par secteur, dis- sique CNRS/Thales2 . Anca Melania Lire l’intégralité de l’article sur
cipline par discipline, des relations Stratulat, ingénieure de recherche chez www.cnrs.fr/cnrsinnovation-lalettre/actus.php?numero=365

1.8QLW«&156&HQWUDOH/\RQ&3(/\RQΖQVD/\RQ8&%/8QLW«&1567KDOHV8QLY3DULV6XG
3.5«VHDXLQWHUQDWLRQDOGHVSDUWHQDULDWVVFLHQWLȴTXHVGH*URXSH36$4.8QLW«&1566ROYD\

ÉTÉ 2016 N° 285


39
EN ACTION

© RETO STÖCKLI, NASA EARTH OBSERVATORY/CNRS


Des dizaines de séismes
lents ont déjà été détectés

Séismes lents :
au Japon, en Nouvelle-
Zélande, au Canada ou
encore au Mexique.

un autre regard sur les failles PAR LAURE CAILLOCE

Sismologie. Inconnus il y a quinze ans, les séismes lents,


G«VRUPDLVLGHQWLȴ«VXQSHXSDUWRXWVXUODSODQªWH
pourraient aider à mieux cartographier le risque sismique.

endant longtemps, les sismologues ont cru qu’il exis- océaniques plongent sous les plaques continentales voi-

3b tait deux échelles de temps sismique : le temps (très)


long de la déformation des plaques continentales,
pendant lequel l’énergie sismique s’accumule, et le temps
VLQHV'HX[FDVGHȴJXUHVRQWDORUVSRVVLEOHVVRLWODSODTXH
océanique coulisse sous la plaque continentale, soit elle
« accroche » contre cette dernière, provoquant sa lente
court du séisme, qui relâche en quelques secondes toute déformation et l’accumulation de l’énergie qui sera relâchée
l’énergie stockée pendant des centaines, voire des milliers lors du prochain séisme. C’est dans ces zones de subduction
d’années… « L’observation des premiers séismes lents, il y a qu’ont été observés tous les séismes lents jusqu’à ce jour.
quinze ans, a complètement bousculé cette vision des
choses, raconte Michel Campillo, sismologue à l’Institut Des mesures GPS enregistrées en continu
des sciences de la Terre1. On sait désormais qu’il existe des m/HVSUHPLHUVV«LVPHVOHQWVRQW«W«UHS«U«VHQbGDQV
phénomènes transitoires, qui peuvent durer plusieurs la chaîne des Cascades, au Canada, raconte Nikolai Shapiro,
semaines ou mois et qui se produisent sans secousses GHOȇΖQVWLWXWGHSK\VLTXHGXJOREHGH3DULV2 . 3XLVRQHQD
perceptibles. » Une discrétion qui explique pourquoi ils observé au Japon, en Nouvelle-Zélande, au Costa Rica et au
étaient passés complètement inaperçus jusque-là… Mexique. » Leur régularité n’a de cesse de troubler les spé-
(QYLURQɋGHVSOXVJURVV«LVPHVGHODSODQªWHGH cialistes : « Dans les Cascades, ces séismes durent quinze
magnitude supérieure à 6, se produisent au niveau des MRXUVHWVHU«SªWHQWWRXVOHVTXDWRU]HPRLVHQPR\HQQHɋDX
zones de subduction, dans la zone limite où les plaques Mexique, où la plaque océanique converge à grande vitesse
vers la plaque continentale, ils durent six mois et se pro-
1. Unité CNRS/Univ. Grenoble Alpes/Univ. Savoie Mont Blanc/IRD/Ifsttar. 2. Unité CNRS/USPC. duisent tous les quatre ans », détaille Nikolai Shapiro.

CNRS LE JOURNAL
40
EN ACTION

“ Dans les Cascades, au Canada,


les séismes lents durent quinze jours
secouée, indique Nikolai Shapiro. Aujourd’hui, personne ne
et se répètent tous les quatorze mois peut dire si cette absence d’activité est due aux séismes


lents, ou si la survenue du prochain tremblement de terre
en moyenne. QȇHVWMXVWHTXȇXQHTXHVWLRQGHWHPSVɋ}
« Quand on aura compris toutes les implications de ces
glissements lents, on pourra produire des bilans énergé-
&ȇHVWJU¤FHDX[SURJUªVGHVPHVXUHVb*36TXȇRQDSXOHV tiques beaucoup plus précis sur chaque segment de faille,
LGHQWLȴHU« Les positions relevées sont devenues tellement et donc mieux évaluer le risque sismique à moyen terme,
précises, à quelques millimètres près, qu’elles permettent espère Frédérique Rolandone. Mais il reste beaucoup de
désormais de faire des enregistrements en continu », ex- travail d’observation à faire… » Le catalogue des séismes
plique Frédérique Rolandone, spécialiste de la ɋJ«RG«VLHɋ à GÉODÉSIE OHQWVHQUHJLVWU«V¢FHMRXUHVWHQH΍HWWURSFRXUWSRXUWLUHU
OȇΖQVWLWXWGHVVFLHQFHVGHOD7HUUHGH3DULV'HVU«VHDX[GH Science qui mesure GHVFRQFOXVLRQVG«ȴQLWLYHV3RXUOȇ«WR΍HULOIDXGUDLWSRXYRLU
la surface terrestre,
VWDWLRQVb*36RQWGRQF«W«G«SOR\«VSRXUHQUHJLVWUHUOHV déployer des réseaux de capteurs à proximité de toutes les
calcule les
mouvements des plaques à proximité des zones de subduc- distances entre failles de subduction – ce qui est encore loin d’être le cas.
tion. « Au Japon, pays le mieux appareillé à ce jour, on compte GL΍«UHQWVSRLQWV m(Q‹TXDWHXUXQHFLQTXDQWDLQHGHVWDWLRQVb*36U«FHPPHQW
XQPLOOLHUGHFHVVWDWLRQVJ«Q«UDOHPHQWHVSDF«HVGHb sur la Terre et les installées ont permis d’observer les premiers séismes lents
mouvements de
¢bNLORPªWUHV}indique la chercheuse. la croûte terrestre.
HQb} témoigne Frédérique Rolandone.
/HSULQFLSHGHFHVmSURȴODJHV}*36VLWRXWHVOHVVWD $XWUHHQMHXSRXUOHVVFLHQWLȴTXHVPHWWUHHQSODFHGHV
tions à la surface de la plaque continentale se déplacent à la mesures dans les zones maritimes, grâce à l’installation
même vitesse et dans la même direction que la plaque océa- GHb*36mIRQGGHPHU}&HUWDLQHV]RQHVGHVXEGXFWLRQVH
nique qui plonge vers le manteau, alors il n’y a pas de défor- VLWXHQWHQH΍HWWUªVDXODUJHGHVWHUUHVWRXFK«HVSDUOHV
PDWLRQɋHQUHYDQFKHVLRQFRQVWDWHGHVGL΍«UHQFHVGH séismes, ce qui rend l’estimation des déformations plus
vitesse entre stations, alors il y a déformation et, donc, aug- GLɝ FLOHFȇHVWOHFDVDX-DSRQPDLVDXVVLDX[$QWLOOHVR»OD
mentation des contraintes exercées sur la plaque continen- IDLOOHVHWURXYH¢SOXVGHbNLORPªWUHVGHVF¶WHV« En
tale. « Là où cela devient intéressant, c’est que le sens dans théorie, les ondes électromagnétiques envoyées par le satel-
lequel les stations se déplacent s’inverse durant les quelques OLWHDX[VWDWLRQVb*36QHWUDYHUVHQWSDVOȇHDX explique Michel
poignées de seconde que dure un séisme, explique Nikolai Campillo. Mais de nouveaux équipements contournent la
Shapiro. Comme un élastique qu’on lâche après l’avoir tendu GLɝ FXOW«HQFRXSODQWGHV«PHWWHXUVDFRXVWLTXHVSRV«VDX
et qui part soudain dans l’autre sens. C’est en observant sur En Équateur, IRQGGHODPHUDYHFGHVEDWHDX[«TXLS«VGHb*36HQVXU
OHVUHOHY«Vb*36GHVFKDQJHPHQWVGHGLUHFWLRQGHSOXVLHXUV grâce à une face. Certes, les relevés ne se font pas en continu, comme
VHPDLQHVTXȇRQVȇHVWGRXW«TXȇRQDYDLWD΍DLUH¢XQQRXYHDX cinquantaine DYHFOHVVWDWLRQVb*36WHUUHVWUHVPDLVLOVGHYUDLHQWSHU
phénomène : les fameux séismes lents. » de stations GPS PHWWUHGȇDɝ QHUFRQVLG«UDEOHPHQWQRWUHFRQQDLVVDQFHGH
permanentes,
ces phénomènes lents. » Déjà installés au large du Japon,
les sismologues
'HVH΍HWVLQFHUWDLQVVXUOHULVTXHVLVPLTXH peuvent détecter
des équipements de ce type seront déployés dès cet été
S’ils sont lents et indolores pour les populations qui vivent la survenue des OHORQJGHVF¶WHVPH[LFDLQHVȐ'HTXRLSHUFHUSHXW¬WUH
à proximité, ces séismes ne sont pas négligeables. La quan- séismes lents. OHP\VWªUHGHODmODFXQH}GH*XHUUHURbII
WLW«Gȇ«QHUJLHTXȇLOVOLEªUHQWQȇDHQH΍HWULHQ¢HQYLHU¢FHOOH
des gros séismes : les plus forts enregistrés équivalent à des
WUHPEOHPHQWVGHWHUUHGHPDJQLWXGHbVXUOȇ«FKHOOHGH
5LFKWHUbVRLWSOXVTXHOHGHUQLHUV«LVPHHQ+D±WLb  TXLD
IDLWɋbPRUWVHWGHVG«J¤WVFRQVLG«UDEOHV
/HVVFLHQWLȴTXHVUHVWHQWQ«DQPRLQVSDUWDJ«VTXDQWDX[
conséquences de ces phénomènes sur le risque sismique
de la zone concernée : est-ce que les séismes lents fonc-
tionnent comme la soupape d’une Cocotte-Minute et
éloignent, en relâchant un peu de pression, la survenue d’un
mYUDL}V«LVPHG«YDVWDWHXUɋ"2XDXFRQWUDLUHHVWFHTXȇLOV
ajoutent au risque sismique en accentuant les déformations
VXUOHVVHJPHQWVGHODIDLOOHWRXWSURFKHVɋ"m‚*XHUUHURSUªV
d’Acapulco, les séismes lents se produisent dans une “lacune
© F. ROLANDONE

sismique”, un endroit où aucun tremblement de terre n’a été


enregistré depuis plus d’un siècle, et ce alors que toute la
zone de subduction le long du Mexique est régulièrement

‹7‹ N° 285

EN ACTION

En Europe,
les chercheurs soignent leur réseau
International. Depuis quarante-cinq ans, Cost aide les chercheurs
d’une trentaine de pays européens à travailler main dans la main en
ȴQDQ©DQWUHQFRQWUHVPLVVLRQVVFLHQWLȴTXHVHWVWDJHVGHIRUPDWLRQ
PAR LÉA GALANOPOULO

/b
ȇREMHFWLI GH &RVW HVW VLPSOH
m(QFRXUDJHUOHVUHODWLRQVKX
PDLQHVGDQVODUHFKHUFKH}H[
SOLTXH 0RQLFD 'LHWO GLUHFWULFH GH
Oȇ(XURSHDQ&RRSHUDWLRQLQ6FLHQFH
DQG7HFKQRORJ\ &RVW 'HSXLVVDFU«D
WLRQFHWWHRUJDQLVDWLRQLQWHUJRXYHU
QHPHQWDOHȴQDQF«HSDUOD&RPPLVVLRQ
HXURS«HQQH D SRXU DPELWLRQ GH
PHWWUHHQU«VHDXOHVFKHUFKHXUVHXUR
S«HQV(QSUDWLTXHHOOHHQFRXUDJH
OHV VFLHQWLȴTXHV GH WRXV KRUL]RQV
© ILLUSTRATION : PINTACHAN/LA SUITE POUR CNRS JOURNAL

¢VHU«XQLUDXWRXUGȇXQSURMHWFRP
PXQ5«XQLRQVVWDJHVGHIRUPDWLRQ
YR\DJHVȐm1RXVSUHQRQVHQFKDUJH
WRXWFHTXLSHUPHWDX[FKHUFKHXUV
GHVHUHQFRQWUHUSRXUWUDYDLOOHUHQ
VHPEOH}SU«FLVH0RQLFD'LHWO

Réunir les communautés


(Q6RSKLH-DUULDXOWFKHIGȇ«TXLSH
¢OȇΖQVWLWXWGHJ«Q«WLTXHHWGHELRORJLH
PRO«FXODLUH HW FHOOXODLUH 1 IDLW DLQVL
DSSHO¢&RVWSRXUPHWWUHHQSODFHXQ &U««HQ¢OȇLQLWLDWLYHGHbSD\V SURMHWVDOODLHQWSDUH[HPSOHGȇXQH
U«VHDXDXWRXUGȇXQDQLPDOOHYHU PHPEUHV&RVWUHJURXSHDXMRXUGȇKXL DQDO\VHVXUODWK«RULHGXFRPSORWLQL
&b HOHJDQV XWLOLV« FRPPH PRGªOH ‹WDWVHWG«SDVVHODUJHPHQWOHVIURQ WL«HSDUGHVFKHUFKHXUVDOOHPDQGV¢
GDQVGHQRPEUHX[GRPDLQHVFRPPH WLªUHVGHOȇ8QLRQHXURS«HQQHm3OXVGH ODPLVHHQSODFHGHU«VHDX[*SURSR
ODQHXURORJLHRXOȇ«WXGHGXG«YHORS ɋFKHUFKHXUVVRQWLQW«JU«VGDQV V«HSDUXQH«TXLSHHVSDJQROHm1RXV
SHPHQWm1RWUHFRQVWDW«WDLWTXHOD QRVU«VHDX[}VȇHQWKRXVLDVPH0RQLFD LQW«JURQV DXVVL GHV H[SHUWV WHFK
FRPPXQDXW«HXURS«HQQH&HOHJDQV 'LHWO(QWRXWHQWUHHWbSURMHWV QLTXHVRXLQGXVWULHOVTXLLQWHUYLHQQHQW
«WDLWWUªVGLVSHUV«HHWVDQVSODWHIRUPH VRQWDFFHSW«VFKDTXHDQQ«HHWȴQDQ GDQV OHV SURMHWV VRXOLJQH 0RQLFD
Gȇ«FKDQJH}H[SOLTXHODFKHUFKHXVH F«VSHQGDQWTXDWUHDQVm1RWUHEXG 'LHWO/DPRLWL«GHQRVSURMHWVVRQW
3RXUU«XQLUOHVVFLHQWLȴTXHVDXWRXUGX JHWDQQXHOHVWGHPLOOLRQVGȇHXURV WUDQVGLVFLSOLQDLUHVHWLOVUHJURXSHQW
YHU&RVWDȴQDQF«GHVUHQFRQWUHVXQH PDLVQRXVQHȴQDQ©RQVSDVGXWRXWOD IDFLOHPHQW XQH FHQWDLQH GH FKHU
«FROHGȇ«W«XQFRQJUªVHXURS«HQHWF UHFKHUFKHOHVLQIUDVWUXFWXUHVRXOH FKHXUVHWGȇH[SHUWV}
m(QFRPPHQ©DQWQRXVSHQVLRQVUDV PDW«ULHO}SU«FLVHODGLUHFWULFHGH&RVW (WOHVUHWRXUVVRQWHQWKRXVLDVWHV
VHPEOHUHQWUHHWbJURXSHV1RXV m/HVU«VHDX[SHUPHWWHQWGȇ«WDEOLU
VRPPHVDXMRXUGȇKXLbJURXSHVVRLW Tous les domaines concernés GHVUHODWLRQVKXPDLQHVGHFRQȴDQFH
SOXVLHXUVFHQWDLQHVGHFKHUFKHXUVɋ} 6FLHQFHVKXPDLQHVHWVRFLDOHVLQJ« TXLSHUGXUHQWGDQVOHWHPSV}SRXU
VHU«MRXLW6RSKLH-DUULDXOW QLHULHRXHQFRUHXUEDQLVPHOHVDF VXLW0RQLFD'LHWO(WSDUWLFLSHU¢XQ
WLRQVPHQ«HVSDU&RVWVRQWRXYHUWHV SURMHW&RVWSHXW¬WUHXQY«ULWDEOH
8QLW«&156ΖQVHUP8QLYGH6WUDVERXUJ ¢ WRXV OHV GRPDLQHV (Q  OHV WUHPSOLQ HQ SDUWLFXOLHU SRXU OHV

CNRS /(-2851$/

EN ACTION

Brèves
MHXQHVFKHUFKHXUV(QH΍HWFHWWH
SDUWLFLSDWLRQDSSRUWHXQHYLVLELOLW«HW
XQHFU«GLELOLW«¢ORQJWHUPHSDUWLFX
Tara, opération corail
Le 28 mai dernier, la goélette Tara a quitté
OLªUHPHQWSRXUODUHFKHUFKHGHȴQDQ
/RULHQWSRXUXQYR\DJHGHɋbNLORPªWUHV
FHPHQWDXSUªVGXSURJUDPPHFDGUH
¢WUDYHUVOH3DFLȴTXH6RQREMHFWLIHVW
+RUL]RQb
Gȇ«WXGLHUGXUDQWGHX[DQVOHVU«FLIVFRUDOOLHQV
/DFDQGLGDWXUH¢XQHDFWLRQ&RVW
TXLQHFRXYUHQWTXHɋGXSODQFKHU
UHVWHWRXWHIRLVV«OHFWLYH/RUVTXȇXQH
RF«DQLTXHPDLVTXLDEULWHQWSUªVGHɋGH
«TXLSHG«SRVHXQSURMHWHOOHGRLW¬WUH ODELRGLYHUVLW«PDULQH/HVFRUDX[VRQW

k7$5$(;3‹'Ζ7Ζ216
DVVRFL«H¢DXPRLQVTXDWUHDXWUHV DXMRXUGȇKXLJUDYHPHQWPHQDF«VQRWDPPHQW
SD\VPHPEUHV mPDLVHQ SDUOHU«FKDX΍HPHQWJOREDOSULQFLSDO
J«Q«UDOLOHVWIDFLOHGHUH UHVSRQVDEOHGHOHXUEODQFKLVVHPHQW En
JURXSHU UDSLGHPHQW XQH FROOHFWDQWTXHOTXHɋb«FKDQWLOORQVSXLV
YLQJWDLQH GH SD\V GLII« HQOHVDQDO\VDQWJU¤FH¢GLYHUVHVP«WKRGHVWHOOHVTXHOȇDQDO\VHPLFURELRORJLTXHRX
UHQWV}DVVXUH0RQLFD'LHWO OȇDQDO\VHP«WDJ«QRPLTXH7DUD3DFLȴFU«DOLVHUDODSUHPLªUH«WXGHPXOWLGLVFLSOLQDLUH
8QHIRLVVDYDOHXUVFLHQWL WHQDQWFRPSWH¢ODIRLVGHODELRGLYHUVLW«GXPLFURELRWHFRUDOOLHQHWGHODELRGLYHUVLW«
ȴTXH«YDOX«HOHSURMHWHVW environnante, DLQVLTXHGHOHXU«YROXWLRQDXFRXUVGXWHPSV
H[DPLQ«SDUXQSDQHOGȇH[
SHUWVFRPSRV«VXUPHVXUH L’expédition est à suivre sur
SXLVSDUOHFRPLW«VFLHQWL https://lejournal.cnrs.fr/nos-blogs/tara-operation-corail
http://oceans.taraexpeditions.org
ȴTXHGH&RVW

Réduire les inégalités


*«U«GLUHFWHPHQWSDUOHV
My CoRe et My Com, des outils
PLQLVWUHV FRQFHUQ«V GH
FKDTXH SD\V &RVW DPEL
numériques pour les agents du CNRS
'HSXLVODȴQXQQRXYHORXWLOSURSRV«SDUOD'LUHFWLRQGHVV\VWªPHVGȇLQIRUPDWLRQ
WLRQQHGHSXLVSOXVLHXUVDQ
SHUPHWGHVDXYHJDUGHUVHVȴFKLHUVHWGHOHVSDUWDJHUHQWRXWHV«FXULW«0\&R5HR΍UH
Q«HVGHU«GXLUHOHVLQ«JDOLW«V
HQH΍HWODSRVVLELOLW«¢FKDFXQGHVWRFNHUJUDWXLWHPHQWMXVTXȇ¢JLJDVGHGRQQ«HV
HQWUHFKHUFKHXUVHQ(XURSH
GHIDLUHXQHVDXYHJDUGHGHVRQSRVWHGHWUDYDLORXHQFRUHGHV\QFKURQLVHUVHVȴFKLHUV
m1RXVVRXKDLWRQVLQW«JUHU
VXUVRQVPDUWSKRQHVDWDEOHWWHHWVHVDXWUHVRUGLQDWHXUV0\&R5HSHUPHWHQRXWUH
WRXWOHPRQGHHQSDUWLFXOLHU
GHSDUWDJHUIDFLOHPHQWHWHQWRXWHV«FXULW«GHVȴFKLHUVYROXPLQHX[HQHQYR\DQW
OHVFKHUFKHXUVGHSD\VLVRO«V
VLPSOHPHQWXQOLHQ8QDXWUHVHUYLFH0\&RPHVW«JDOHPHQWPLV¢ODGLVSRVLWLRQ
FRPPHOHVSD\VGHOȇ(VW} GHOȇHQVHPEOHGHVSHUVRQQHOVGHVXQLW«VGHUHFKHUFKHHWGHVVHUYLFHVDGPLQLVWUDWLIV
LQGLTXHODGLUHFWULFHGXSUR *UDWXLWHWV«FXULV«LOSHXWQRWDPPHQW¬WUHXWLOLV«SRXUGHVYLVLRFRQI«UHQFHV
JUDPPH6LOȇ$OOHPDJQHOD OHSDUWDJHGȇ«FUDQRXHQFRUHFRPPHPHVVDJHULHLQVWDQWDQ«H&HWRXWLOȂbHQTXHOTXH
*UDQGH%UHWDJQHRXOȇ(VSDJQHIRQW VRUWHOHm6N\SH}GX&156bȂHVWDGDSW«DX[VXSSRUWVPRELOHV VPDUWSKRQHHWWDEOHWWH 
SDUWLHGHVSD\VTXLGLULJHQWOHSOXVGH
SURMHWV&RVWOD)UDQFHUHVWHHQUHWUDLW ΖQIRUPDWLRQVHWLQVWDOODWLRQVXUOHVLWHGHOȇR΍UHGHVHUYLFHVDX[XQLW«V 2'6 
«6XUFDQGLGDWXUHVUH©XHVFHWWH http://ods.cnrs.fr/
DQQ«HVHXOHV«WDLHQWPHQ«HVSDU
GHV)UDQ©DLV}G«SORUH0RQLFD'LHWO
3RXUWDQWOHVFKHUFKHXUVIUDQ©DLVFRO /,6$3DWKôQGHUDQQRQFHH/,6$
ODERUHQW¢XQHJUDQGHPDMRULW«GHV $ORUVTXHOHVLQWHUI«URPªWUHVWHUUHVWUHVGHODFROODERUDWLRQ/Ζ*29LUJRRQWG«M¢
SURMHWVm-HVRXKDLWHOHVHQFRXUDJHU G«WHFW«OHSDVVDJHGHGHX[YRLUHWURLVYDJXHVGȇRQGHVJUDYLWDWLRQQHOOHV OLUHS 
¢WHQWHUOHXUFKDQFHFRQFOXW0RQLFD OHVXFFªVGHODPLVVLRQHXURS«HQQH/Ζ6$3DWKȴQGHUDQQRQF«HQMXLQ
'LHWO ΖOQȇ\DULHQ¢SHUGUH¢FDQGL YLHQWGHG«PRQWUHUODIDLVDELOLW«GHOȇLQWHUI«URPªWUHVSDWLDO
GDWHU¢&RVWWRXW¢JDJQHUɋ} II H/Ζ6$TXLGHYUDLW¬WUHODQF«GDQVXQHGL]DLQHGȇDQQ«HV
k(6$$7*0('Ζ$/$%

&HWWHIRLVFHQȇHVWSOXVXQHIHQ¬WUHPDLVXQHEDLHYLWU«H
TXLVȇRXYUHVXUOHFRVPRVHWVHVRULJLQHV

‚OLUHOȇDQDO\VHGXSK\VLFLHQ‹ULF3ODJQRO
www.cost.eu https://lejournal.cnrs.fr/billets/
une-baie-vitree-sur-lunivers

‹7‹ N° 285

EN ACTION

/HVQRXYHDX[G©ôV
de la spintronique
oins de dix ans ont été nécessaires entre la

0
b
U«VLVWDQFHLQGXLWHSDUXQFKDPSPDJQ«WLTXHSHXW¬WUH
démonstration par Albert Fert et Peter Grünberg WUªVIRUWHGȇR»OHQRPGHPDJQ«WRU«VLVWDQFHJ«DQWH
GHOȇH΍HWHPEO«PDWLTXHGHODVSLQWURQLTXHOD &HWH΍HWHVWHPSOR\«GDQVOHVW¬WHVGHOHFWXUHGHV
PDJQ«WRU«VLVWDQFHJ«DQWHHWODFRPPHUFLDOLVDWLRQGHV GLVTXHVGXUVGRQWOȇREMHFWLIHVWGHOLUHOȇRULHQWDWLRQPDJQ«
SUHPLHUVGLVTXHVGXUVXWLOLVDQWFHWWHSURSUL«W«SDUΖ%0 WLTXHGHVGRPDLQHVTXLVHSU«VHQWHQW¢ODVXUIDFHGXGLVTXH
HQb9RLO¢TXLLOOXVWUHOȇ«YROXWLRQIXOJXUDQWHGHODVSLQWUR HWTXLFRQVWLWXHQWOHVELWVGȇLQIRUPDWLRQ/DVHQVLELOLW«GHV
QLTXHGHSXLVYLQJWDQV/DVSLQWURQLTXHHVWOHPDULDJHGH W¬WHVGHOHFWXUH¢PDJQ«WRU«VLVWDQFHJ«DQWHSHUPHWGȇDXJ
Oȇ«OHFWURQLTXHTXLXWLOLVHODFKDUJH«OHFWULTXHGHV«OHFWURQV PHQWHUODGHQVLW«GHVWRFNDJHGȇXQIDFWHXUYRLVLQGHɋ
SRXUWUDQVPHWWUHGHOȇLQIRUPDWLRQHW
GXVSLQXQHDXWUHSURSUL«W«LQWULQ Des mémoires de plus en plus rapides
VªTXHGHV«OHFWURQV/HVSLQHVWXQH 6LOHGLVTXHGXUUHVWHODEDVHGHODP«PRLUHGHQRVRUGLQD
FDUDFW«ULVWLTXHPLFURVFRSLTXHSXUH WHXUVLODOȇLQFRQY«QLHQWGȇ¬WUHOHQWGȇDFFªV/DP«PRLUHYLYH
Électronique. Exploitant PHQWTXDQWLTXHTXLQȇDSDVGȇ«TXLYD GHW\SH5$0WUªVUDSLGHOHVXSSO«H0DLVFHOOHFLHVWYROD
à la fois les propriétés OHQW¢QRWUH«FKHOOH0DLVRQSHXWVH WLOHLOIDXWOXLIRXUQLUHQSHUPDQHQFHGHOȇ«QHUJLH/DVSLQ
électriques et UHSU«VHQWHUXQ«OHFWURQFRPPHXQ WURQLTXHSHUPHWGHU«DOLVHUGHVP«PRLUHVPDJQ«WLTXHVRX
SHWLWDLPDQWSRXYDQWSUHQGUHVHXOH 05$0QRQYRODWLOHVUDSLGHVHW«FRQRPHVHQ«OHFWULFLW«/HV
magnétiques des
PHQWGHX[RULHQWDWLRQVXQVSLQmYHUV MRQFWLRQVWXQQHOVPDJQ«WLTXHVTXLOHVFRPSRVHQWVRQW«JD
électrons, la spintronique OHKDXW}RXXQVSLQmYHUVOHEDV} OHPHQWFRQVWLWX«HVGHGHX[FRXFKHVIHUURPDJQ«WLTXHV
R΍UHGHVSLVWHV m&HWWH SURSUL«W« «WDLW FRQQXH V«SDU«HVFHWWHIRLVSDUXQHEDUULªUHLVRODQWH/ȇH΍HWGH
prometteuses pour le GHSXLV OHV G«EXWV GH OD SK\VLTXH PDJQ«WRU«VLVWDQFHVȇHQWURXYHIRUWHPHQWDXJPHQW«
futur des technologies TXDQWLTXHPDLVLOQȇ\DYDLWSDVHX
GȇLG«HSRXUOȇXWLOLVHUHQ«OHFWURQLTXH}
de l’information. VRXOLJQH<DQQLFN'DSSHFKHUFKHXU
DX 6HUYLFH GH SK\VLTXH GH Oȇ«WDW
PAR SYLVAIN GUILBAUD
condensé1GX&($6DFOD\'DQVOHV
DQQ«HVbGHVWK«RULHVVRQW
«ODERU«HVSRXUG«FULUHFRPPHQWOHV
Lire l’intégralité de l’article
FRXUDQWVGHVSLQVVHG«SODFHQWGDQV
sur lejournal.cnrs.fr OHVPDW«ULDX[PDJQ«WLTXHV'DQVOHV
DQQ«HVbOHG«YHORSSHPHQWGHV
QDQRWHFKQRORJLHVSHUPHWGHFU«HU
GHVPDW«ULDX[SRVV«GDQWOHVFRXFKHVGȇXQH«SDLVVHXUGH
VHXOHPHQWTXHOTXHVQDQRPªWUHVTXLVRQWQ«FHVVDLUHV
¢OȇH[SORLWDWLRQGXVSLQGHV«OHFWURQV

Multiplier par mille la densité de stockage


&ȇHVWGDQVGHWHOOHVVWUXFWXUHVFRPSRV«HVGȇXQHFRXFKH
GȇXQP«WDOQRUPDOHQVDQGZLFKHQWUHGHX[FRXFKHVGH
P«WDOIHUURPDJQ«WLTXHTXHOȇH΍HWGHPDJQ«WRU«VLVWDQFH
J«DQWHHVWREVHUY«'DQVFHVPDW«ULDX[OHV«OHFWURQVQH
UHQFRQWUHQWSDVODP¬PHU«VLVWDQFHHQIRQFWLRQGHOHXUVSLQ
4XDQGOHVDLPDQWDWLRQVGHVGHX[FRXFKHVIHUURPDJQ«
WLTXHVVRQWSDUDOOªOHVOHV«OHFWURQVTXLVHSURSDJHQWELHQ
GDQVOȇXQHVHSURSDJHQWELHQGDQVOȇDXWUHODU«VLVWDQFH
JOREDOHHVWIDLEOH$XFRQWUDLUHVLOHVDLPDQWDWLRQVGHV
FRXFKHVIHUURPDJQ«WLTXHVVRQWDQWLSDUDOOªOHVOHV«OHFWURQV
TXLVHSURSDJHQWELHQGDQVOȇXQHVHSURSDJHURQWPDOGDQV
© C. PFEIDERER/TUM

OȇDXWUHODU«VLVWDQFHJOREDOHVHUDIRUWH&HWWHGL΍«UHQFHGH

1. Unité CNRS/CEA. 2. Unité CNRS/Univ. de Strasbourg.

CNRS /(-2851$/
44
EN ACTION

/DSUHPLªUHJ«Q«UDWLRQGHFHVFRPSRVDQWVHVWDUULY«H ¢PDJQ«WRU«VLVWDQFHTXLFRQVLVWH¢SODFHUGL΍«UHQWVPDW«
VXUOHPDUFK«HQPDLVODGHQVLW«GHVWRFNDJHQȇ«WDLW ULDX[VXUOHFKHPLQGHV«OHFWURQVSRXULQȵXHQFHUODFLUFXOD
SDVHQFRUHVXɝ VDQWHSRXUVȇLPSRVHUGDQVOHVRUGLQDWHXUV WLRQGHVVSLQVm$XOLHXGȇXWLOLVHUGHVFRXFKHVGHP«WDOQRU
m(QUHYDQFKHOHV05$0RQWWURXY«OHXUDSSOLFDWLRQGDQV PDORXGHVEDUULªUHVLVRODQWHVRQSHXWDXVVLWHVWHUGȇDXWUHV
OȇDYLRQLTXHHWOHVSDWLDOSU«FLVH$OEHUW)HUW&DUFRQWUDLUH PDW«ULDX[FRPPHGHVDVVHPEO«HVGHPRO«FXOHVSRXUȴO
PHQWDX[P«PRLUHVFODVVLTXHVHOOHVVRQWSHXSHUWXUE«HV WUHUOHV«OHFWURQVHQIRQFWLRQGHOHXUVSLQ}H[SOLTXH<DQQLFN
SDUOHVUD\RQQHPHQWVGDQVODKDXWHDWPRVSKªUH} 'DSSH&ȇHVWOHSULQFLSHGHODVSLQWURQLTXHPRO«FXODLUHVXU
/HJUDQGHVSRLUYLHQWGHODQRXYHOOHJ«Q«UDWLRQGH ODTXHOOHOHFKHUFKHXUH΍HFWXHGHVWUDYDX[DYHFVRQFROOªJXH
05$0G«YHORSS«HDFWXHOOHPHQW(OOHLQWªJUHXQDXWUHH΍HW $OH[DQGHU6PRJXQRY'HVPDW«ULDX[FRPPHOHJUDSKªQH
PDMHXUGHODVSLQWURQLTXHOHWUDQVIHUWGHPRPHQWGHVSLQ VRQWDXVVLWUªV«WXGL«V3OXW¶WTXHGHVWRFNHUOȇLQIRUPDWLRQ
&HOXLFLSHUPHWGHUHQYHUVHUOȇDLPDQWDWLRQGȇXQHFRXFKHHW ODVSLQWURQLTXHSRXUUDLWDXVVLDLGHU¢ODWUDQVPHWWUH3RXU
GRQFGȇ«FULUHXQHLQIRUPDWLRQGDQVODP«PRLUHJU¤FH¢XQ FHODLOIDXWG«YHORSSHUGHVVRXUFHVSHUIRUPDQWHVGHFRX
VLPSOHFRXUDQW«OHFWULTXHSOXW¶WTXȇHQDSSOLTXDQWXQFKDPS UDQWVSRODULV«VHQVSLQm&HODQ«FHVVLWHGHELHQFRPSUHQGUH
PDJQ«WLTXHm&HVP«PRLUHVVȇLPSODQWHURQWYUDLVHPEOD FRPPHQWGHVPDW«ULDX[GLVVHPEODEOHV
EOHPHQWGDQVOHVRUGLQDWHXUVGȇLFLTXHOTXHVDQQ«HVHW WHOVTXȇXQP«WDOIHUURPDJQ«WLTXHHW

“ Les MRAM
ERXOHYHUVHURQWDORUVOHSDUDGLJPHDFWXHOTXLV«SDUHGDQV GHVPRO«FXOHVSDUWDJHQWOHXUFKDUJH
XQRUGLQDWHXUP«PRLUHYLYHHWP«PRLUHGHVWRFNDJH} «OHFWURQLTXHORUVTXȇLOVIRUPHQWXQH
DQQRQFH0DUWLQ%RZHQSK\VLFLHQ¢OȇΖQVWLWXWGHSK\VLTXH
HWFKLPLHGHVPDW«ULDX[GH6WUDVERXUJ 2 
LQWHUIDFHG«WDLOOH0DUWLQ%RZHQ8Q
DXWUHHQMHXHVWGHPLQLDWXULVHUFHV
bouleverseront
Du stockage à la transmission de l’information
FRQFHSWV ¢ XQH QDQR«FKHOOH SDU
H[HPSOHHQXWLOLVDQWOHVSURSUL«W«V le paradigme
$XGHO¢GHFHVDSSOLFDWLRQVODVSLQWURQLTXHIDLWWRXMRXUV
OȇREMHWGHUHFKHUFKHVGRQWOHSDQRUDPDVȇHVWGLYHUVLȴ«'ȇXQH
«OHFWURQLTXHVGHVG«IDXWVGHVWUXF
WXUHFRPPHORUVTXHOȇDEVHQFHGȇXQ actuel qui sépare
SDUWOHVFKHUFKHXUVWHQWHQWGȇDOOHUWRXMRXUVSOXVORLQGDQV
ODVSLQWURQLTXHFODVVLTXHFHOOHHPSOR\«HGDQVOHVGLVSRVLWLIV
DWRPHFU«HXQHODFXQH}
'HQRXYHOOHVID©RQVGHPDQLSXOHU mémoire vive
OHVVSLQVRQWDXVVL«PHUJ«FHVGHU
QLªUHVDQQ«HV/ȇXQHGȇHOOHHVWODVSLQ et mémoire
de stockage.

RUELWURQLTXH/ȇLG«HHVWGȇXWLOLVHUXQ
H΍HWUHODWLYLVWHOHFRXSODJHVSLQRUELWH
WUªVLPSRUWDQWGDQVOHVP«WDX[ORXUGV
3DUPLOHVSLVWHVRXYHUWHVSDUFHGR
PDLQHVHWURXYHODSRVVLELOLW«GHVWRFNHUHWGHWUDQVSRUWHU
GHOȇLQIRUPDWLRQJU¤FHDX[VN\UPLRQVm&HVRQWGHVSHWLWV
QĕXGVGHVSLQVDYHFOHVTXHOVRQSHXWP«PRULVHUXQH
LQIRUPDWLRQ2QSHXWHQVXLWHG«SODFHUFHVVN\UPLRQVOH
ORQJGȇXQHSLVWHMXVTXȇ¢XQQDQRFDSWHXUSRXUOLUHOȇLQIRU
PDWLRQFRG«HGDQVXQWUDLQGHVN\UPLRQV}H[SOLTXH$OEHUW
)HUWGRQWOȇ«TXLSHDXVHLQGHOȇXQLW«PL[WH&1567KDOHVVH
SHQFKHVXUFHFKDPSGHUHFKHUFKH
$ORUVTXHODIDEULFDWLRQGHVFRPSRVDQWV¢EDVHGHVHPL
FRQGXFWHXUVFRPPHQFH¢DWWHLQGUHVHVOLPLWHVHQWHUPHV
GHPLQLDWXULVDWLRQODVSLQWURQLTXHVȇLPSRVHSHWLW¢SHWLW
FRPPHXQHWHFKQRORJLHFRPSO«PHQWDLUHSHUPHWWDQWGH
G«SDVVHUFHUWDLQHVGHFHVOLPLWHV2XWUHOHVQRXYHDX[FRP
SRVDQWVTXȇHOOHSURSRVHFRPPHOHV05$0ODVSLQWURQLTXH
SRXUUDLWSDUWLFLSHU¢ODG«ȴQLWLRQGHQRXYHOOHVDUFKLWHFWXUHV
LQIRUPDWLTXHV/ȇ«OHFWURQLTXHQHXURPRUSKLTXHSURSRVHSDU
H[HPSOHGHVȇLQVSLUHUGXIRQFWLRQQHPHQWGXFHUYHDXHQ
SDUWLFXOLHUGHVV\QDSVHVTXLVHWUDQVIRUPHQWHQIRQFWLRQ
GHOȇLQIRUPDWLRQTXȇHOOHVUH©RLYHQWbII

Réseau de structures
magnétiques en vortex.

‹7‹ N° 285
45
EN ACTION

Ondes gravitationnelles
et trous noirs, acte 2 PAR YAROSLAV PIGENET

Événement. Moins de quatre mois après la première détection


directe d’ondes gravitationnelles, une nouvelle fusion de trous Lire l’intégralité de l’article
noirs a été observée par la collaboration LIGO-Virgo. sur lejournal.cnrs.fr

lors que physiciens et astronomes ce qui rend les choses très intéres-
$
b ont dû attendre près d’un siècle
pour annoncer la première observa-
santes. » Ces résultats, publiés le
bMXLQGDQV3K\VLFDO5HYLHZ/HWWHUV 2 ,
PDVVHVVRODLUHV/HWURLVLªPH«Y«QH
PHQWHQȴQREVHUY«OHRFWREUHb
PDLVGRQWODVLJQLȴFDWLYLW«QȇHVWSDV
tion directe d’ondes gravitationnelles FRQȴUPHQWHQH΍HWOHVSHUIRUPDQFHV VXɝVDQWHSRXU¬WUHTXDOLȴ«GHG«FRX
prédites par Einstein, quatre mois au- GHVLQWHUI«URPªWUHVGȇD/Ζ*2HWIRXU YHUWHSRXUUDLWFRUUHVSRQGUH¢XQH
URQWVXɝ DX[GHX[LQWHUI«URPªWUHV nissent les premières indications sur FROOLVLRQGHWURXVQRLUVVLWX«V¢SOXVGH
Gȇ$GYDQFHG/Ζ*2 D/Ζ*2 SRXUUHS«UHU la nature et le nombre de trous noirs bPLOOLDUGVGȇDQQ«HVOXPLªUH
GHX[YRLUHWURLVSDVVDJHVGHFHVSHU GDQVOȇ8QLYHUVHWVXUODIU«TXHQFHGH « D’autres analyses sont en cours,
WXUEDWLRQVGXWLVVXGHOȇHVSDFHWHPSVɋ leurs collisions. FDOLEU«HVFHWWHIRLVSRXUG«WHFWHUGHV
7URLV«Y«QHPHQWVW«PRLQVGHIXVLRQV /ȇDQDO\VHGHVVLJQDX[FDSW«VHQWUH systèmes doubles contenant au moins
GHWURXVQRLUVGHVFRUSVF«OHVWHVHX[ le 12 septembre 2015 et le 19 jan- XQH«WRLOH¢QHXWURQV précise Benoît
aussi prédits par la théorie de la relati- YLHUbDDLQVLSHUPLVGHG«WHFWHU Mours. &DU¢ODGL΍«UHQFHGHV«Y«QH
vité générale, mais qui n’avaient encore trois événements gravitationnels ments n’impliquant que des trous
jamais été observés directement. QRWDEOHV/HWRXWSUHPLHUREVHUY«OH QRLUVXQHFRDOHVFHQFHGȇ«WRLOHV¢QHX
VHSWHPEUHbHVWDWWULEX«¢OD trons s’accompagne d’une émission de
(WGHWURLVFRDOHVFHQFHVɋ FROOLVLRQ¢SUªVGHPLOOLDUGGȇDQQ«HV matière et de lumière que nos télés-
Vue d’artiste m(QWHUPHVGHIU«TXHQFHGHG«WHFWLRQ OXPLªUHGHOD7HUUHGHGHX[WURXVQRLUV copes pourront observer directement.
de la fusion RQHVWGDQVODIRXUFKHWWHKDXWHGHV d’une trentaine de masses solaires Ce qui constituera une autre grande
de deux trous prédictions, se réjouit Benoît Mours, FKDFXQ/HGHX[LªPH«Y«QHPHQWSDU SUHPLªUHɋ}ΖOIDXWQ«DQPRLQVUDSSHOHU
noirs, événement GLUHFWHXUGHUHFKHUFKHDX/DERUDWRLUH VRQLPSRUWDQFHD«W«G«WHFW«OHG« que l’incertitude sur la localisation des
à l’origine Gȇ$QQHF\OH9LHX[GHSK\VLTXHGHV FHPEUHbΖODDXVVLSRXURULJLQH sources d’ondes gravitationnelles dé-
de l’émission
particules1 et membre de la collabora- ODFROOLVLRQ¢XQHGLVWDQFHVLPLODLUH WHFW«HVSDUD/Ζ*2UHVWHLPSRUWDQWH
d’ondes
gravitationnelles.
WLRQLQWHUQDWLRQDOH/Ζ*29LUJRet c’est GHGHX[WURXVQRLUVGȇXQHGL]DLQHGH
En attendant Virgo
/DSURFKDLQHPLVHHQVHUYLFHGHODYHU
VLRQDYDQF«HGHOȇLQWHUI«URPªWUHHXUR
S«HQ9LUJRGRQWOHVGRQQ«HVVHURQW
FRPELQ«HVGªVODȴQbDYHFFHOOHV
GȇD/Ζ*2YDSHUPHWWUHGȇDFFUR°WUHOD
résolution de cet observatoire gravi-
tationnel. m1RXVSRXUURQVDLQVLPLHX[
mesurer la vitesse de rotation des
WURXVQRLUVVXUHX[P¬PHVH[SOLTXH
Benoît Mours. (WDYRLUSOXVGȇLQIRUPD
WLRQVVXUOHXUKLVWRLUHSDUH[HPSOH
pour déterminer s’ils proviennent de
systèmes d’étoiles binaires ou d’astres
¢OȇRULJLQHLQG«SHQGDQWV}
Entre ces résultats et le succès de
© ESA–C. CARREAU

ODPLVVLRQ/Ζ6$3DWKȴQGHUȂbTXLUHQG
possible le lancement du projet d’inter-
I«URPªWUHH/Ζ6$bȂOȇDYHQLUGHOȇDVWUR
1. Unité CNRS/Univ. Savoie Mont Blanc. 2.mb*:REVHUYDWLRQRIJUDYLWDWLRQDOZDYHVIURPDVRODUPDVV
nomie gravitationnelle s’annonce déci-
ELQDU\EODFNKROHFRDOHVFHQFHb}%ɋ3$EERWWHWDO3K\VLFDO5HYLHZ/HWWHUVMXLQYRO G«PHQWGHVSOXVUDGLHX[ɋbII

CNRS /(-2851$/

EN ACTION

Bruniquel, la grotte
k‹)$%5(66$&

qui bouleverse notre


vision de Néandertal
Mesure du champ magnétique, Bien avant l’arrivée d’ Homo sapiens,
opération de carottage, étude des humains occupaient déjà des
des structures composées grottes européennes et y entretenaient
de stalagmites, restitution des feux. Telle est la conclusion d’une
© M. SOULIER-SSAC

en 3D… La grotte de Bruniquel équipe franco-belge, impliquant plusieurs


a été passée au crible par ODERUDWRLUHVGX&156TXLDSXEOL«OHPDL
les chercheurs. dernier dans Nature 1 les résultats de son
étude sur la grotte de Bruniquel, située dans
OH7DUQHW*DURQQH/HVVFLHQWLȴTXHVRQW
HQH΍HWGDW«JU¤FH¢ODP«WKRGHmXUDQLXP
WKRULXP}OHVVWUXFWXUHVFRPSRV«HVGH
bVWDODJPLWHVEULV«HVHWDJHQF«HVHQURQG
TXLDYDLHQW«W«G«FRXYHUWHVHQb¢
bPªWUHVGHOȇHQWU«HGHODJURWWH/HXU¤JH
ɋDQVɋ&HVRQWGRQFOHVSUHPLHUV
représentants européens de Néandertal qui
seraient les auteurs de ces structures
complexes. En outre, des restes d’os brûlés
© M. SOULIER-SSAC

© M. SOULIER-SSAC

et des foyers ont été trouvés sur la structure.


/DJURWWH&KDXYHWUHVWDLWMXVTXHO¢
une des plus anciennes preuves formelles
de fréquentation des grottes profondes
SDUOȇKRPPHȐLO\DɋDQVbII A.-S. B.

1. « Early Neanderthal constructions deep in Bruniquel


&DYHLQVRXWKZHVWHUQ)UDQFH}--DXEHUWet al., Nature,
k;087+*(7Ζ16Ζ78$5&+‹275$16)(576+6'

SXEOL«HQOLJQHOHPDL
%$6(3+272*5$00‹75Ζ48('3025$

Visionner la vidéo
sur lejournal.cnrs.fr

‹7‹ N° 285
47
EN ACTION

© SPL/CORBIS
Biométrie. Après les
empreintes digitales,
le visage ou l’iris, les
chercheurs explorent
de nouvelles stratégies
GȇDXWKHQWLȴFDWLRQ
biométrique, basées
sur notre façon de
bouger et sur notre
manière d’interagir
avec nos smartphones.
3$5 LÉA GALANOPOULO

Bouger L’analyse des gestes pourrait rejoindre le scan d’iris et


G×HPSUHLQWHVGLJLWDOHVFRPPHP©WKRGHG×DXWKHQWLôFDWLRQ

SRXUV×LGHQWLôHU PRGªOHPDWK«PDWLTXH m/RUVGHOȇDXWKHQWLȴFDWLRQOD


PDFKLQHFRPSDUHOHVW\OHGHIUDSSHGXPRWGHSDVVHWDS«
DXPRGªOHHQUHJLVWU«DXSDUDYDQWSRXUOȇXWLOLVDWHXU}
DMRXWHOHFKHUFKHXU

our nous assurer un accès sécurisé aux ordinateurs

3b
6LPSOLȴHUOHVPRWVGHSDVVH
et aux services en ligne, de plus en plus de parties de /ȇDQDO\VHGHODG\QDPLTXHGHIUDSSHPRGHUQHIRQFWLRQQH
notre corps sont susceptibles de passer au scanner DXVVLELHQDYHFXQFODYLHUFODVVLTXHTXȇDYHFXQFODYLHUWDFWLOH
DȴQGHQRXVDXWKHQWLȴHU&DUQRVGRLJWVU«YªOHQWELHQ RXP¬PHGLUHFWHPHQWVXUXQHSDJH:HE(OOHDJLWFRPPH
plus sur nous que nos seules empreintes digitales… Ainsi, une seconde porte de sécurité, couplée avec le mot de
GHSXLVXQHQRXYHOOHP«WKRGHGȇDXWKHQWLȴFDWLRQ SDVVH'DQVVHXOHPHQWɋGHVFDVOȇDQDO\VHGXVW\OH
ELRP«WULTXHVXUQRPP«HDYHFKXPRXUmIUDSSRORJLH}HVW GHIUDSSH«FKRXHmPDLVHQVXSSRVDQWTXHODSHUVRQQH
DSSDUXH HQ )UDQFH VRXV OD GLUHFWLRQ GH &KULVWRSKH FRQQDLVVHG«M¢OHPRWGHSDVVH}VRXOLJQHOHFKHUFKHXU8QH
5RVHQEHUJHUSURIHVVHXUGHVXQLYHUVLW«V¢Oȇ(QVLFDHQHWGH JDUDQWLHGHV«FXULW«¢PRLQGUHFR½WFDUFHWWHWHFKQLTXH
son équipe du laboratoire Greyc1/ȇDQDO\VHGHODG\QD QȇLPSRVHDXFXQS«ULSK«ULTXHVXSSO«PHQWDLUHFRQWUDLUH
PLTXHGHIUDSSHDXFODYLHUSDUWGȇXQSULQFLSHVLPSOHQRXV PHQW¢GȇDXWUHVP«WKRGHVELRP«WULTXHVm/HVRUGLQDWHXUV
SRVV«GRQVWRXVXQHID©RQXQLTXHGHWDSHUVXUQRWUHRUGL QȇRQWSDVWRXVGHVFDSWHXUVGȇHPSUHLQWHVGLJLWDOHVPDLVLOV
QDWHXURXQRWUHVPDUWSKRQH7HQGDQFH¢HQIRQFHUEUXWD RQWWRXVXQFODYLHUɋ}UHOªYH&KULVWRSKH5RVHQEHUJHU
OHPHQWOHVWRXFKHVRXGRLJWVO«JHUVHWUDSLGHVODG\QD 'DQVODSUDWLTXHODIUDSSRORJLHLQW«UHVVHG«M¢OHV
PLTXHGHIUDSSHWUDKLWIDFLOHPHQWQRWUHLGHQWLW« VHUYLFHVGHEDQTXHHQOLJQHm$FWXHOOHPHQWRQGHPDQGH
m3RXULGHQWLȴHUXQHSHUVRQQHJU¤FH¢VRQVW\OHGH des mots de passe très complexes pour accéder aux
IUDSSH QRXV PHVXURQV WURLV SDUDPªWUHV OH WHPSV comptes, que la plupart des utilisateurs stockent sur leur
GHSUHVVLRQVXUFKDTXHWRXFKHOHWHPSVGHUHO¤FKHPHQW RUGLQDWHXUFHTXLHVWSHXV«FXULV«}UDSSHOOHOHFKHU
DLQVLTXHOHWHPSVGHYROHQWUHGHX[WRXFKHV} précise FKHXU(QLQW«JUDQWOHVW\OHGHIUDSSH¢OȇDUVHQDOGHV«FX
&KULVWRSKH5RVHQEHUJHUΖOVXɝ WDORUVGHWDSHUFLQTIRLV ULW«OHVPRWVGHSDVVHSRXUUDLHQWUHWURXYHUOHXUVLPSOL
un mot de passe personnel pour que le logiciel apprenne FLW«)LQLGRQFOHVOLVWHVGHbFDUDFWªUHVLQW«JUDQW
ODVLJQDWXUHGHIUDSSHXQLTXH¢OȇXWLOLVDWHXU¢OȇDLGHGȇXQ SRQFWXDWLRQFKL΍UHVHWPDMXVFXOHVɋ

1.*URXSHGHUHFKHUFKHHQLQIRUPDWLTXHLPDJHDXWRPDWLTXHHWLQVWUXPHQWDWLRQGH&DHQ &1568QLFDHQ(QVLFDHQ «TXLSHmb0RQ«WLTXH


HWELRP«WULHb}2. Laboratoire d’informatique en image et systèmes d’information (CNRS/UCBL/Univ. Lumière Lyon 2/Insa/Centrale Lyon).

CNRS /(-2851$/
48
EN ACTION

 Lire l’intégralité de l’article VHVPRXYHPHQWV}3RLQWSRVLWLIFHV\VWªPHQHWUDQVPHW


sur OHMRXUQDOFQUVIU MDPDLVOHVGRQQ«HVSHUVRQQHOOHVTXLVRQWHQWLªUHPHQWPD°
WULV«HVSDUOȇXWLOLVDWHXU/DPDFKLQHVȇDGDSWH¢OXLHWLQWªJUH
DLQVLHQSHUPDQHQFHGHQRXYHOOHVGRQQ«HV

3HXWRQIUDXGHUODELRP«WULHFRPSRUWHPHQWDOHɋ"
(QSUHQDQWHQPDLQVRQW«O«SKRQHOȇXWLOLVDWHXUQȇDXUDGRQF

“ La machine SOXV¢HQWUHUGHPRWGHSDVVHOȇDSSDUHLOVHG«YHUURXLOODQW
DXWRPDWLTXHPHQWm6LDXERXWGHWUHQWHVHFRQGHVODPD

compare le style FKLQHG«WHFWHTXHFHQȇHVWSDVYRXVJU¤FHDX[JHVWHVRX¢


ODUHFRQQDLVVDQFHIDFLDOHSDUH[HPSOHDORUVHOOHVHYHU

de frappe du mot URXLOOH}SU«FLVHOHFKHUFKHXU/DȴDELOLW«GHFHSURMHWSDUD°W


SUHVTXHLQFUR\DEOHȐ(QFRPELQDQWFHVGL΍«UHQWHVWHFK

de passe tapé au QLTXHVGȇLGHQWLȴFDWLRQOȇHɝ FDFLW«HVWVXS«ULHXUH¢FHOOH


GȇXQHHPSUHLQWHGLJLWDOHRXGȇXQFRGH3Ζ1

modèle enregistré 6HXOHPHQWWRXWFRPPHSRXUXQPRWGHSDVVHFODV


VLTXHVHSRVHODTXHVWLRQGHODIUDXGH(VWLOSRVVLEOHGȇLPL

pour l’utilisateur.

WHUODPDQLªUHGHIUDSSHUGHTXHOTXȇXQHWVDID©RQGHWHQLU
VRQSRUWDEOHɋ"2XWRXWVLPSOHPHQWHVWLOSRVVLEOHTXHFHV
FRPSRUWHPHQWVFKDQJHQWDXFRXUVGHQRWUHYLHɋ"3RXU
&KULVWLDQ:ROIFRPPHSRXU&KULVWRSKH5RVHQEHUJHUFHV
IDLOOHVVRQWHQYLVDJHDEOHVPDLVLOVXɝ WGȇDɝ
QHUOȇDOJRULWKPH
GHODPDFKLQHHWGHOHPHWWUH¢MRXUU«JXOLªUHPHQW
&KDTXHP«WKRGHGȇDXWKHQWLȴFDWLRQSRVVªGHVHVDYDQWDJHV /DELRP«WULHFRPSRUWHPHQWDOHLQWHUURJH«JDOHPHQW
HWVHVLQFRQY«QLHQWV'ȇR»OȇLQW«U¬WGȇHQFRPELQHUSOXVLHXUV ODSURWHFWLRQGHODYLHSULY«H'ȇDXWDQWSOXVTXHOȇDQDO\VH
6XUVPDUWSKRQHOHSDVHVWG«M¢SUHVTXHIUDQFKLDYHF GHODG\QDPLTXHGHIUDSSHSRXUUDLWVHUYLUDXSURȴODJH
*RRJOH/HJ«DQWDP«ULFDLQDODQF«OHSURMHW$EDFXVTXLYLVH SV\FKRORJLTXHm1RXVDUULYRQV¢G«WHUPLQHUOHJHQUH
¢VXSSULPHUWRWDOHPHQWOȇXWLOLVDWLRQGXPRWGHSDVVHSRXU GHOȇXWLOLVDWHXUGDQVSUªVGHɋGHVFDV} souligne
G«YHUURXLOOHUXQVPDUWSKRQHHQOHUHPSOD©DQWSDUGHV &KULVWRSKH5RVHQEHUJHUTXLSU«FLVHTXHFHODIRQFWLRQQH
P«WKRGHVGȇDXWKHQWLȴFDWLRQELRP«WULTXHUHFRQQDLVVDQFH DXVVL SRXU Oȇ¤JH 6L FHOD HVW FRQȴUP« OD IUDSSRORJLH
GXYLVDJHGHODYRL[RXP¬PHGHODID©RQGHUHVSLUHUɋ‚FHV SRXUUDLW¬WUHXWLOLV«HSRXUUHS«UHUOHVS«GRSKLOHVVXUOHV
SDUDPªWUHVVȇDMRXWHOȇDQDO\VHGHODID©RQGRQWOȇXWLOLVDWHXU VLWHVGHWFKDWSRXUPLQHXUVRXHQFRUHSRXUG«FHOHUOHV Un utilisateur
SHXWV×DXWKHQWLôHU
LQWHUDJLWDYHFVRQSRUWDEOHG«YHORSS«HSDU&KULVWLDQ:ROI IDX[DYLVVXUOHVVLWHVGHHFRPPHUFHȐ'HVWHFKQLTXHV
grâce à ses
HW1DWDOLD1HYHURYDGHOȇΖQVDGH/\RQHQFROODERUDWLRQDYHF mWRWDOHPHQWG«SOR\DEOHVGªVGHPDLQ}DMRXWH&KULVWRSKH mouvements
*UDKDP7D\ORUGHOȇXQLYHUVLW«GH*XHOSKDX&DQDGDm$X 5RVHQEHUJHU(QWHUPHVGȇDXWKHQWLȴFDWLRQELRP«WULTXH mesurés par les
G«EXWQRXVQȇ«WLRQVSDVV½UVTXHOHVGRQQ«HVVHUDLHQW mOD PDFKLQH VHPEOH GDQV FHUWDLQV FDV G«SDVVHU capteurs intégrés
DVVH]Hɝ FDFHV0DLVOHVU«VXOWDWVPRQWUHQWȴQDOHPHQWTXH OȇKRPPH}FRQFOXW&KULVWLDQ:ROIbII G×XQVPDUWSKRQH
OHVPRXYHPHQWVVRQWWUªVFRUU«O«V¢FKDTXHSHUVRQQH}
U«YªOH&KULVWLDQ:ROIPD°WUHGHFRQI«UHQFHVDX/LULV2 VȇDS
SX\DQWVXUOHVU«VXOWDWVGȇXQH«WXGHSU«OLPLQDLUHPHQ«H
SDU*RRJOHVXUɋSHUVRQQHV
/ȇDQDO\VHGHODJHVWXHOOHVHEDVHVXUOHVFDSWHXUVJ\URV
© C. WOLF ; N. NEVEROVNA/ LIRIS ; S. NILSSON CC BY-SA 2.0

FRSLTXHVHWOȇDFF«O«URPªWUHLQW«JU«VGDQVFKDTXHVPDUW
SKRQHΖOVSHUPHWWHQWGHGLVWLQJXHUȴQHPHQWODURWDWLRQHW
OHPRXYHPHQWOLQ«DLUHGHOȇDSSDUHLOm1RXVDYRQVFRQ©XXQ
PRGªOHPDWK«PDWLTXHSHUPHWWDQW¢ODPDFKLQHGȇDS
SUHQGUH¢LGHQWLȴHUOHVPRXYHPHQWVHWGRQFOȇXWLOLVDWHXU
H[SOLTXH&KULVWLDQ:ROI%DV«HVXUXQHWHFKQLTXHDSSHO«H
OH'HHS/HDUQLQJOHSURJUDPPHHVWHQWUD°Q«GHPDQLªUH
DXWRPDWLTXH¢SDUWLUGȇXQJUDQGHQVHPEOHGHGRQQ«HV
GȇXWLOLVDWHXUVHQUHJLVWU«HVSDU*RRJOH&RPPHORUVTXHGDQV
QRWUHHQIDQFHQRXVDSSUHQRQV¢GLVWLQJXHUOȇLPDJHGȇXQ
FKDWLFLODPDFKLQHDSSUHQG¢UHFRQQD°WUHXQHSHUVRQQHYLD

‹7‹ N° 285
49
EN ACTION

Le musée du quai Branly


VRXIõHVHVERXJLHV

Partenariat. Voilà dix ans Persona. Étrangement humain


que le musée du quai Branly 26 janvier-13 novembre 2016
expose l’importance des
arts et civilisations d’Afrique, « Persona interroge les frontières
entre l’humain et le non-humain.
d’Asie, d’Océanie et des
De quel type de présences
Amériques, « à la croisée YRXORQVQRXVQRXVHQWRXUHUɋ"
GȇLQȵXHQFHVFXOWXUHOOHV Cette question anime aussi bien
les recherches des roboticiens
religieuses et historiques que les usages des objets
multiples ». Une décennie anthropomorphes. Quand un visage
se dessine sur une pierre, nous nous
durant laquelle expositions
demandons quelle relation nous
temporaires, conférences, pouvons avoir avec lui. En invoquant
spectacles et manifestations des cultures archaïques ou des
k*'(%/21'(086‹('848$Ζ%5$1/<

croyances irrationnelles, la force


VFLHQWLȴTXHVRQWDWWLU«GHV de l’exposition est de retrouver
millions de visiteurs. Retour cette interrogation dans toutes les
sociétés, sans jamais la résoudre. »
en images, en compagnie
de l’anthropologue
Frédérick Keck, directeur LE JOURNAL
Trimestriel n° 283
HIVER 2016

du département
de la Recherche et de
l’Enseignement du musée,
sur des événements
qui ont marqué ces dix ans Homos luminosos,
ÄXYUHHQôEUHRSWLTXH
et dont &156b/HbMRXUQDO
ÉVÉNEMENT Didier Fassin, Enquête sur Et si
On a détecté portrait d’un la fabrique on faisait
des ondes
gravitationnelles
anthropologue
engagé
de la
personne
planer
OHVRODLUHɋ" de Roseline de Thélin.
a été partenaire.
PROPOS RECUEILLIS
PAR <$526/$93Ζ*(1(7

Mayas. Révélation d’un temps sans fin


7 octobre 2014-8 février 2015

« Les Mayas sont réputés pour


l’invention du calendrier.
Cette exposition retraçait ainsi
la conception du temps qui
émane des objets archéologiques
issus de cette grande civilisation.
k$&+(02//2086‹('848$Ζ%5$1/<

/HG«FKL΍UDJHGHOHXUODQJDJH
a permis de mieux comprendre
OHXUVULWXHOVVDFULȴFLHOVHWOȇKRUL]RQ
apocalyptique dans lequel ils se
situaient. Des préoccupations qui
&HWWHH[SRVLWLRQ résonnent évidemment avec nos
DSU©VHQW©SU¨VGH interrogations contemporaines. »
ÄXYUHVPD\DV

CNRS LE JOURNAL
50
EN ACTION

n° 263

Exhibitions. L’invention du sauvage.


décembre 2011

le journal

29 novembre 2011-3 juin 2012

« Les puissances coloniales


du XIXeVLªFOH«WDLHQWȴªUHV Aux origines du
d’exposer les sujets de leur RACISME
Entretien Lilian Thuram,
commissaire de l’exposition
« Exhibitions »
du musée du quai Branly

HPSLUHGDQVGHV]RRV&HPRGH L’événement En images

d’exposition nous paraît


w w

Portrait de Les chercheurs


dépasser les frontières Jules Hoffmann, à l’écoute
un Nobel en or des animaux

aujourd’hui scandaleux parce

k535Ζ1&(%21$3$57(086‹('848$Ζ%5$1/<
qu’il semble réduire les hommes
à des animaux. Il a pourtant forgé une
grande partie de l’esthétique du sauvage
dans de nombreuses productions
culturelles populaires ou d’avant-garde.
En reprenant les images de cette
époque, cette exposition s’interrogeait
DYDQWWRXWVXUFHTXHVLJQLȴHH[SRVHU
l’altérité. »

L’ethnologie va vous surprendre !


7LUDJHPRQWUDQW
Deux jours pour explorer le XXIebVLªFOH
OHVSHFWDFOHGH3\JP©HV
l/HV%RVFKLPDQ{  
« Tous les deux ans, le musée
du quai Branly s’ouvre au public
dans le cadre d’un week-end
intitulé “L’ethnologie va vous
VXUSUHQGUHɋȋ(QPRQWUDQW
les derniers travaux de jeunes
ethnologues et en proposant
des conférences sur des

k'*$8'8&+($8086‹('848$Ζ%5$1/<
sujets fondamentaux par
des anthropologues réputés,
le musée contribue à faire
/HWHPSVG×XQZHHNHQG connaître cette discipline qui fait souvent
OHVJUDQGHVTXHVWLRQVGH l’objet de malentendus. C’est aussi pour les
O×HWKQRORJLHVRQW O×KRQQHXU chercheurs l’opportunité de partager leur
regard sur les collections du musée, en
UHWUD©DQWOHXUKLVWRLUHHWOHXUVLJQLȴFDWLRQ}

Claude Lévi-Strauss a 100 ans


Journée spéciale - 28 novembre 2008
k-5267$1'086‹('848$Ζ%5$1/<

m&ODXGH/«YL6WUDXVV  HVWODJUDQGHȴJXUHGH


l’anthropologie française. Sa vie accompagne le XXe siècle, sur
lequel il pose un regard distancié, issu des sociétés qu’il a étudiées.
3RXUVHVbDQVFHQWSHUVRQQDOLW«VRQWOXDXPXV«HGXTXDL
Branly les textes qui jalonnent son œuvre. L’occasion pour
OHSXEOLFGHG«FRXYULUOHP«ODQJHGHULJXHXUVFLHQWLȴTXH
et de plaisir littéraire qui caractérisait son style. »
/HFWXUHVXUOHWK¨PH
GXYR\DJHORUVGXFHQWHQDLUH
GH&ODXGH/©YL6WUDXVV

ÉTÉ 2016 N° 285


51
EN ACTION

Biologie./HVVFLHQWLȴTXHV
SHQVDLHQWTXHQRVFHOOXOHV
avaient appris à respirer
en ingérant des bactéries.
6HORQGHVWUDYDX[U«FHQWV
il s’agirait d’une infection
SOXW¶WTXHGȇXQHLQJHVWLRQ
PAR .+(Ζ5$%(77$<(%

Comment
nos cellules
ont appris
à respirer
Vue d’artiste de

&
b
RPPHQWQRVFHOOXOHVVRQWHOOHVDSSDUXHVɋ"3OXVSU« EDFW«ULHVOLEUHVSDUGȇDXWUHVRUJDQLVPHVXQLFHOOXODLUHV
mitochondries,
FLV«PHQWFRPPHQWRQWHOOHVDFTXLVOHXUVPLWR SURFDU\RWHV'HVEDFW«ULHVOLEUHVGRX«HVLQLWLDOHPHQW
des éléments qui
FKRQGULHVGHVRUJDQLWHVLQGLVSHQVDEOHVDXP«WD GHODFDSDFLW«GHUHVSLUDWLRQ SRXUODPLWRFKRQGULH RXGH
jouent un rôle
EROLVPHFHOOXODLUHɋ"/DTXHVWLRQWDUDXGHOHVELRORJLVWHV SKRWRV\QWKªVH SRXUOHFKORURSODVWH &HWWHHQGRF\WRVH essentiel dans
GHSXLVSUªVGȇXQVLªFOH(QI«YULHUXQH«TXLSHGX&156D GHVFKORURSODVWHVVHPEOHSRVW«ULHXUH¢FHOOHGHVPLWR la respiration
SURSRV«XQHH[SOLFDWLRQLPSOLTXDQWȐXQHLQIHFWLRQSDU FKRQGULHV&HVEDFW«ULHVmLQJ«U«HV}VHVHUDLHQWHQVXLWH des cellules.
XQHEDFW«ULHSDWKRJªQHɋ$XGDFLHXVHFHWWHWK«RULHGLYLVH PDLQWHQXHVGDQVOHXUVK¶WHVJU¤FH¢Oȇ«WDEOLVVHPHQW
OHVELRORJLVWHV7RXWVHVHUDLWMRX«LO\DHQYLURQGHX[PLO GȇXQHFRRS«UDWLRQPXWXHOOH2QSDUOHDORUVGHV\PELRVH
OLDUGVGȇDQQ«HV&ȇHVWDORUVTXHVHUDLHQWDSSDUXHVOHV ODEDFW«ULHDXUDLWIRXUQL¢ODFHOOXOHK¶WHVRQSURFHVVXV
FHOOXOHVGLWHVHXFDU\RWHVTXLFRQVWLWXHQWWRXVOHVDQLPDX[ «QHUJ«WLTXHɋODTXHOOHHQFRQWUHSDUWLHOXLDXUDLWDSSRUW«
HWOHVY«J«WDX[‚ODGL΍«UHQFHGHVFHOOXOHVSURFDU\RWHV SURWHFWLRQHWQXWULPHQWVQ«FHVVDLUHV¢VRQIRQFWLRQQH
WHOOHVTXHOHVEDFW«ULHVOHVFHOOXOHVHXFDU\RWHVVRQWGR PHQW&HWWHWK«RULHGHOȇHQGRV\PELRVHHVWDXMRXUGȇKXL
W«HVGȇXQQR\DXFRQWHQDQWODTXDVLWRWDOLW«GHOHXU$'1 FHOOHDFFHSW«HSDUODPDMRULW«GHVELRORJLVWHV
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PLWRFKRQGULHVHWFKH]OHVSODQWHVHWOHVDOJXHVOHVFKOR 8QHRULJLQHSDWKRJªQHDX[PLWRFKRQGULHVɋ"
URSODVWHV/DPLWRFKRQGULHDVVXUHODUHVSLUDWLRQFHOOXODLUH 'HPHXUDLHQWWRXWHIRLVSOXVLHXUV]RQHVGȇRPEUHFRQFHU
TXLSHUPHWODSURGXFWLRQGȇXQH«QHUJLHXWLOLVDEOHSDUOD QDQWODQDWXUHH[DFWHGHODFHOOXOHSULPLWLYHD\DQWDYDO«OD
FHOOXOHɋOHFKORURSODVWHHVWTXDQW¢OXLOHFHQWUHGHOD EDFW«ULHOHP«FDQLVPHGHFHWWHLQWHUQDOLVDWLRQHWVXUWRXW
SKRWRV\QWKªVHFHSURFHVVXVDVVXUDQWODV\QWKªVHGH ODPDQLªUHGRQWODEDFW«ULHDYDLWSXLQLWLDOHPHQWVHPDLQ
VXFUHV¢SDUWLUGX&22DWPRVSK«ULTXH WHQLU¢OȇLQW«ULHXUGȇXQK¶WHDSULRULKRVWLOH/HVFHOOXOHVVRQW
&RPPHPLWRFKRQGULHVHWFKORURSODVWHVVRQWGHV HQH΍HWGRW«HVGHP«FDQLVPHVLPPXQLWDLUHVWUªVDJUHVVLIV
VWUXFWXUHVGRW«HVGHOHXUSURSUHSDWULPRLQHJ«Q«WLTXH GHVWLQ«V¢G«WUXLUHWRXW«O«PHQWVȇLPPLV©DQWHQHOOHVȐ
ODPLFURELRORJLVWHDP«ULFDLQH/\QQ0DUJXOLVSRVWXOD 'DQVOHXUDUWLFOHSXEOL«HQI«YULHUGHUQLHU1OHELROR
HQbTXȇHOOHV«WDLHQWDSSDUXHVDXFRXUVGHOȇ«YROXWLRQ JLVWHOLOORLV6WHYHQ%DOO 2HWVHVFROOªJXHVH[SRVHQWODWK«R
DSUªVOȇLQJHVWLRQȂRQGLWDXVVLHQGRF\WRVHȂGHFHUWDLQHV ULHVXLYDQWHbODFHOOXOHDQF¬WUHGHVHXFDU\RWHVDXUDLW

1.m3DWKRJHQWRSRZHUKRXVHKRZGLGWKHSUHFXUVRUVWRWKHPLWRFKRQGULRQDQGWKHSODVWLGHYDGHKRVWGHIHQVHɋ"}6WHYHQ%DOO
HWDO6FLHQFHI«YULHUbYROb  2.8QLW«GHJO\FRELRORJLHVWUXFWXUDOHHWIRQFWLRQQHOOH &1568QLYGH/LOOH 
/DERUDWRLUHGHJ«Q«WLTXHHWGHELRSK\VLTXHGHVSODQWHV &156&($$L[0DUVHLOOH8QLY 8QLW«&1568&%/

CNRS /(-2851$/
52
EN ACTION

/LUHOȇLQW«JUDOLW«GHOȇDUWLFOH
sur lejournal.cnrs.fr

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XQHEDFW«ULHOLEUHPDLVHQ«WDQWLQIHFW«HSDUXQHEDFW«ULH FHOOXOHK¶WHOHVIRQFWLRQVQ«FHVVDLUHVSRXUXWLOLVHUOHV
SDWKRJªQHKDELWX«H¢YLYUH¢OȇLQW«ULHXUGHV cellules et PRO«FXOHVSURGXLWHVSDUSKRWRV\QWKªVH
FDSDEOHGHFRQWUHFDUUHUOHVG«IHQVHVLPPXQLWDLUHVFHOOX mΖVVXVGȇXQORQJFKHPLQHPHQWFRPPHQF«LO\DGL[DQV
laires. m(QUDVVHPEODQWGL΍«UHQWVU«VXOWDWVU«FHQWVGH QRVWUDYDX[RXYUHQWXQHQRXYHOOHªUHWUªVH[FLWDQWHGDQV
SK\ORJ«QLH «WXGHGHVUHODWLRQVGHSDUHQW«VHQWUHGL΍« ODUHFKHUFKHVXUOȇRULJLQHGHVFHOOXOHVHXFDU\RWHV} com-
UHQWV¬WUHVY LYDQWV HWGHELRORJLHPRO«FXODLUHQRXV PHQWH6WHYHQ%DOOm(΍HFWLYHPHQWFHVWUDYDX[VRQWWUªV
VRPPHVDUULY«V¢ODFRQFOXVLRQTXHODPLWRFKRQGULHG«UL LQW«UHVVDQWVHWFHVWKªVHVWUªVSODXVLEOHV}FRQȴUPH%HQ
YDLWGȇXQHEDFW«ULHGHOȇRUGUHGHVULFNHWWVLHVDXTXHODS )LHOGVS«FLDOLVWHGHODELRORJLHGXFKORURSODVWH3 $XODER
SDUWLHQWQRWDPPHQWOȇDJHQWGXW\SKXVFHWWHPDODGLH UDWRLUH%LRP«WULHHWELRORJLH«YROXWLYH 4 0DQROR*RX\HVW
FRQWDJLHXVHJUDYHGHOȇKXPDLQ}SU«FLVH6WHYHQ%DOO TXDQW¢OXLEHDXFRXSPRLQVHQWKRXVLDVWHm&HVWUDYDX[
(QIDLWODSDUHQW«GHODPLWRFKRQGULHHWGHVULFNHWWVLHV QHVRQWTXHGHVK\SRWKªVHVQRQDSSX\«HVSDUGHVU«VXO
DYDLWG«M¢«W«QRW«HSDUSOXVLHXUV«WXGHV0DLVHOOHQȇDYDLW WDWVGȇH[S«ULHQFHVΖOVQ«FHVVLWHQWFRQȴUPDWLRQȐ6ȇLOHVW
MDPDLV«W«SULVHDX[V«ULHX[FRPPHOȇH[SOLTXHOHFKHU FODLUTXHODPLWRFKRQGULHHWOHFKORURSODVWHVRQWGȇRULJLQH
FKHXUm'ȇXQHSDUWRQSHQVDLWTXHOHVULFNHWWVLHV«WDLHQW EDFW«ULHQQHMHQHSHQVHSDVTXHOȇRQDLWSRXUOȇLQVWDQWGHV
DSSDUXHVELHQDSUªVOHVFHOOXOHVHXFDU\RWHV'ȇDXWUHSDUW «O«PHQWVIRUWVSHUPHWWDQWGHSU«FLVHUOHP«FDQLVPHSDU
RQQȇLPDJLQDLWSDVTXHOȇDQF¬WUHSURFDU\RWHSRXYDLW¬WUH OHTXHOODEDFW«ULHHVWHQWU«HGDQVODFHOOXOHK¶WH}
LQIHFW«SDUGȇDXWUHVEDFW«ULHVSDWKRJªQHV}/HVGRQQ«HV 2QOȇDXUDFRPSULVODWK«RULHGHOȇ«TXLSHGH6WHYHQ%DOO
H[SRV«HVSDUOHVFKHUFKHXUVOLOORLVUHPHWWHQWHQFDXVH VRXOªYHXQHYLYHFRQWURYHUVHm2QVȇ\DWWHQGDLWFDUFȇHVW
FHVSU«VXSSRV«V XQFKDQJHPHQWWRWDOGHSDUDGLJPH}U«WRUTXH6WHYHQ
k:Ζ5(B0$1)272/Ζ$&20

%DOO$ȴQGHFRQȴUPHURXGȇLQȴUPHUOHXUVWKªVHVVHV
Une théorie plausible… mais controversée FROOªJXHVHWOXLSURMHWWHQWGHQRXYHOOHV«WXGHVmWDQWVXU
0DLVLOQȇ\DSDVTXHODPLWRFKRQGULHɋ'DQVXQH«WXGHSDUXH OHVSODQVGHODPLFURELRORJLHH[S«ULPHQWDOHHWGHODELR
LO\DGHX[DQVOHVFKHUFKHXUVDYDLHQWVXJJ«U«TXHOHFKOR FKLPLHTXHGHODSK\ORJ«QLH} ΖOHVWHQH΍HWFUXFLDOGH
URSODVWHG«FRXODLWOXLDXVVLGHOȇLQIHFWLRQGȇXQHFHOOXOH VDYRLUFRPPHQWODFHOOXOHDQF¬WUHGHVHXFDU\RWHVHVW
DQFHVWUDOHSDUXQHEDFW«ULHSDWKRJªQHPDLVYLDXQP«FD SDUYHQXH¢LQJ«UHUXQPLFURRUJDQLVPHGRW«GȇXQSDWUL
QLVPHGL΍«UHQWm1RXVDYLRQVFRQȴUP«TXHOHFKORUR PRLQHJ«Q«WLTXHSURSUH5«VRXGUHFHWWH«QLJPHQȇHVWSDV
SODVWHG«ULYDLWELHQOXLGȇXQHEDFW«ULHOLEUHGRX«HGHOD TXȇXQSUREOªPHGHUHFKHUFKHIRQGDPHQWDOH&DUH[
SKRWRV\QWKªVHG«WDLOOH6WHYHQ%DOO0DLVȂbHWFȇHVWO¢TXH SOLTXH6WHYHQ%DOOmLOGHYLHQGUDLWDORUVSRVVLEOHGHWUDQV
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DVVLVW«HSDUXQWURLVLªPHDFWHXUXQSDWKRJªQHLQWUDFHO PDLVXQJUDQGQRPEUHDLQVLTXHOHVVWUXFWXUHVFHOOXODLUHV
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GHOȇRUGUHGHVFKODP\GLDHUHVSRQVDEOHVHOOHVDXVVLGH TXHGHVSODQWHVSXLVVHQWȴ[HUGHOȇD]RWHDWPRVSK«ULTXH
GLYHUVHVPDODGLHV}6HORQFHWWHWKªVHOHSDWKRJªQHDXUDLW RXTXHGHVPLFURRUJDQLVPHVSURGXLVHQWGHOȇK\GURJªQH
SURW«J«XQHF\DQREDFW«ULHȂbOHIXWXUFKORURSODVWHbȂGHV XQSRWHQWLHOFDUEXUDQWGȇDYHQLU}bII

Vidéo

C’est prouvé :
OHVFKLHQVSROLFLHUVRQWGXõDLU
Depuis 2003, les chiens de la brigade d’odorologie
aident la police à confondre des suspects à partir de
leur empreinte olfactive. Après avoir analysé toutes
les données disponibles sur le sujet, des chercheurs
du Centre de recherche en neurosciences de Lyon Visionner la vidéo
&156ΖQVHUP8&%/ YLHQQHQWGHYDOLGHUODȴDELOLW« sur lejournal.cnrs.fr
k&156Ζ0$*(6

de cette technique. Découvrez les explications


dans une vidéo publiée sur notre journal en ligne,
en partenariat avec LeMonde.fr.

‹7‹ N° 285
53
EN ACTION

Agriculture :
des logiciels pour les « circuits courts » PAR LAURE CAILLOCE

Informatique.ΖOQHVXɝ WSDVGHG«FU«WHUTXȇRQYDPDQJHUORFDO(QFRUH temps de livraison dans leurs coûts. »


IDXWLOTXHOHVDJULFXOWHXUVVRLHQWRUJDQLV«VSRXUFHODHW\WURXYHQWOHXU Après avoir simulé plusieurs types
d’organisation, les chercheurs en ont
FRPSWHȴQDQFLªUHPHQW'HVLQIRUPDWLFLHQVVHVRQWSHQFK«VVXUOHVFLUFXLWV conclu qu’« à l’échelle de quelques
FRXUWVTXLPHWWHQWHQFRQWDFWGLUHFWHPHQWFOLHQWVHWSURGXFWHXUV dizaines de producteurs, il [était] par-
fois plus avantageux de sous-traiter le
transport à un professionnel », note

M anger local grâce aux circuits


courts. C’est ce que demandent
de plus en plus de consommateurs, qui
peu recours. « Nous avons travaillé
avec deux associations de produc-
teurs de fruits et légumes de l’Isère »,
Van-Dat Cung. Autre maillon de la
chaîne logistique, une plateforme de
stockage et de redistribution s’avère
n’hésitent plus à acheter directement raconte Van-Dat Cung. L’objectif : aider bien souvent nécessaire et pourra
auprès des agriculteurs de leur région. ces producteurs à fournir les cantines être mise en place par les associa-
Une tendance suivie par la restauration scolaires et la restauration collective tions de producteurs. Dernière pré-
collective : un peu partout en France, du département à des prix rémunéra- FRQLVDWLRQVS«FLȴTXHDX[SURGXF
GHVLQLWLDWLYHVȵHXULVVHQWTXLPHWWHQW teurs. « Il y a une vraie demande de teurs souhaitant livrer la restauration
en relation producteurs locaux et ges- produits de qualité de la part des collective en circuit court : s’équiper
tionnaires de cantines. Résultat : au- parents d’élèves, souligne le cher- d’une légumerie qui transformera en
jourd’hui, un paysan français sur cinq cheur, mais, sans la mise en place produits prêts à l’emploi les légumes
vend une partie de sa production en d’une chaîne de distribution en circuit frais. « Les cantines n’ont souvent plus
circuit court. Des chercheurs en opti- court, les producteurs locaux ont le le savoir-faire ni le personnel pour
misation et en informatique se sont plus grand mal à y répondre. » travailler les produits bruts », re-
SHQFK«VVXUFHVFLUFXLWVDȴQGHOHV Bien décidés à trouver l’organisa- marque le chercheur.
UHQGUHSOXVHɝ FDFHV tion la plus pertinente, les chercheurs
ont mis à plat toute la chaîne logis- Un outil pour les fermes urbaines
Optimiser la chaîne logistique tique : qui transporte les produits, Un autre projet en cours au G-Scop
À Grenoble, Van-Dat Cung et son par quel moyen, où sont-ils stockés… vise les fermes urbaines et périur-
équipe du Laboratoire des sciences « Il y a beaucoup de coûts cachés, baines, qui connaissent un engoue-
pour la conception, l’optimisation et la relève Van-Dat Cung. Certains pro- ment croissant dans les métropoles.
production (G-Scop) 1 ont décidé de ducteurs s’organisent pour récupérer « De plus en plus de jeunes agricul-
IDLUHE«Q«ȴFLHUGHVORJLFLHOVGȇRSWLPL les produits les uns chez les autres et teurs souhaitent s’installer en péri-
sation et d’aide à la décision un sec- FKRLVLVVHQWTXLOLYUHUDOHFOLHQWȴQDO phérie des villes. Mais ils ont besoin
teur, le monde agricole, qui y a encore Mais ils comptabilisent rarement ce de savoir quelle taille d’exploitation
viser et quelles productions lancer
Les agriculteurs
DȴQGHU«SRQGUHDXPLHX[¢ODGH
souhaitant livrer
les cantines mande locale », indique Van-Dat
ont tout intérêt Cung. Un logiciel est en phase de
à investir dans développement pour répondre à ces
une « légumerie » interrogations et pourrait être com-
qui transformera mercialisé à l’issue de la thèse de
les légumes frais Nicolas Brulard, le chercheur chargé
en produits prêts
de ce projet. « Nous avons prévu d’in-
à l’emploi.
troduire dans nos modèles des acti-
vités annexes, comme les activités
pédagogiques, ajoute Van-Dat Cung,
© J. NICOLAS/BIOSPHOTO

car elles sont souvent utiles pour


atteindre le seuil de rentabilité. » Une
Lire l’intégralité de l’article
chose est sûre : informatisée ou non,
sur lejournal.cnrs.fr la ferme de demain ne ressemblera
SDV¢FHOOHGHQRVJUDQGVSDUHQWVbII
1. Unité CNRS/Grenoble INP/Univ. Grenoble Alpes.

CNRS LE JOURNAL
54
LES IDÉES

Où l’on s’intéresse à la disparition


non élucidée du Juste suédois Raoul
Wallenberg, au mythe de Sherlock
Holmes et aux promesses de la biomasse.
ILLUSTRATION : LEON EDLER POUR CNRS LE JOURNAL

ÉTÉ 2016 N° 285


55
LES IDÉES

© MEMORIAL DE LA SHOAH
Raoul Wallenberg, Raoul Wallenberg

le Juste oublié
(assis) à la légation
suédoise en
novembre 1944,
en compagnie de
ses collaborateurs
Juifs hongrois.

Histoire. Soixante-dix ans après sa disparition, Fabrice Virgili : Une des motivations de l’invasion nazie est
le diplomate suédois Raoul Wallenberg, qui a sauvé des que, jusque-là, les Juifs de Hongrie avaient échappé à la solu-
dizaines de milliers de Juifs de la déportation, va être WLRQȴQDOH(LFKPDQQDUULYHGRQFDYHFSRXUPLVVLRQODPLVH
en place de la déportation vers Auschwitz. On assiste en un
G«FODU«Rɝ FLHOOHPHQW WHPSVUHFRUG¢ODG«SRUWDWLRQGHSOXVGHɋ-XLIV/HV
mort. Décryptage par bombardements sur Budapest surviennent alors même
© C. TRUONG-NGOC, CC BY-SA 3.0/

les historiens Annette que ces déportations sont en cours. À la suite de cette pres-
sion alliée, celles-ci s’arrêtent en juillet. C’est à ce moment-là
Wieviorka1 et Fabrice Virgili2.
COMMONS WIKIMEDIA

que Raoul Wallenberg arrive à Budapest.


PROPOS RECUEILLIS PAR LYDIA BEN YTZHAK
3RXUTXRLVȇLQVWDOOHWLOHQ+RQJULHɋ"
)ɋ9 Au vu de la carrière et de la personnalité de Raoul
DR

Wallenberg, rien ne le prédestinait au rôle qu’il va jouer.


Vous avez dirigé l’ouvrage Raoul Wallenberg. Sauver Il était membre d’une famille importante dans l’économie
les Juifs de Hongrie. Pouvez-vous nous dire dans VX«GRLVH3DUVRQWUDYDLOGDQVOHPRQGHGHVD΍DLUHVLO
TXHOFRQWH[WH5DRXO:DOOHQEHUJDUULYH¢%XGDSHVWɋ" fréquentait la bonne société de plusieurs pays. Il a voyagé
Annette Wieviorka : Quand Adolf Eichmann entre en à travers l’Europe en guerre grâce à son statut de Suédois
Hongrie avec ses hommes le 19 mars 1944, les Juifs de ce neutre. C’est en raison de son excellent carnet d’adresses
pays forment la dernière grande communauté d’Europe qu’il va être approché par le Congrès juif mondial pour
encore pratiquement intacte. En sept semaines, avec la aller sauver une population juive qui se concentre alors
coopération des forces de police hongroise, un demi-million HVVHQWLHOOHPHQW¢%XGDSHVWɋOHV-XLIVKRUVGHODFDSLWDOH
de Juifs sont déportés à Auschwitz. La Hongrie du régent ayant à ce stade tous été déportés et assassinés. Il faut
Miklós Horthy est une alliée de l’Allemagne depuis le début ELHQFRPSUHQGUHTXHHQbTXDQGOHVRUWGHVDUPHV
de la Seconde Guerre mondiale, mais à partir de 1943 sa a déjà basculé après Stalingrad, il y a toutes sortes de
loyauté devient de plus en plus vacillante et, en mars 1944, WHQWDWLYHVGHQ«JRFLDWLRQV8QȴQDQFHPHQWHVWPRQW«
l’Allemagne va envahir son allié hongrois. Le régent reste pour que Raoul Wallenberg puisse remplir une mission
formellement au pouvoir mais, dès le 21 mars, Adolf consistant à sauver quelques dizaines ou centaines de
Eichmann s’installe à Budapest. Juifs de Budapest. Quand il arrive sur place, il ne mesure

1 et 2. Sorbonne-Identités, relations internationales et civilisations de l’Europe (CNRS/Univ. Paris 1 Panthéon-Sorbonne/Univ. Paris-Sorbonne).

CNRS LE JOURNAL
56
LES IDÉES

Lire l’intégralité de l’interview


sur OHMRXUQDOFQUVIU

pas encore la gravité de la situation. Ce sont les évé- $ɋ: Raoul Wallenberg est arrêté par l’Armée rouge le
nements qui vont le conduire à jouer un rôle bien plus MDQYLHU/DJXHUUHQȇHVWSDVHQFRUHWHUPLQ«H3HXW
important que prévu. être a-t-il été pris pour un espion. Il est d’abord détenu à
Budapest, et nous savons avec certitude qu’il a ensuite été
$ɋ: N’oublions pas non plus ce que représente en Suède emprisonné à Moscou, à la prison de Lefortovo, puis trans-
le nom de Wallenberg : celui d’un des groupes industriels et féré en mars à la Loubianka, qui est le siège du KGB. Ensuite,
ȴQDQFLHUVOHVSOXVSXLVVDQWVGH6FDQGLQDYLH/DIRUPDWLRQ LOHVWGLɝ
FLOHGHU«SHUWRULHUVHVOLHX[GHG«WHQWLRQΖODQRXUUL
internationale de Raoul Wallenberg le mena notamment aux bien des fantasmes et certains détenus soviétiques du
États-Unis et en Palestine, en Afrique du Sud et en Hongrie *RXODJRQWDɝ UP«OȇDYRLUFURLV«2QFRPSWHSHXW¬WUHWURLV
en 1938. Ainsi ses liens avec les États-Unis et le fait qu’il était lieux de détention en Union soviétique après la Hongrie.
citoyen d’un pays neutre expliquent que sa mission, proba-
blement inspirée par les Américains, fut possible.

4XHOYD¬WUHVRQU¶OHH΍HFWLI¢SDUWLUGHMXLOOHWɋ"
$ɋ: On doit à Paul Gradvohl, historien spécialiste de la
+RQJULHFRQWHPSRUDLQHOȇ«WXGHGHFHTXHȴW:DOOHQEHUJ
“soupçonnaient
Les autorités soviétiques
Wallenberg d’être lié


de juillet 1944 à janvier 1945 : il va œuvrer pour sauver un
maximum de Juifs. À ce moment-là, si les déportations sont aux services secrets américains.
interrompues, des massacres se poursuivent. La volonté
des nazis d’assassiner ce qu’il reste de Juifs en Hongrie de-
meure intacte. Le régent Horthy a été remplacé et Adolf 3RXUTXRL5DRXO:DOOHQEHUJQȇHVWLORɝ   FLHOOHPHQW
(LFKPDQQUHYLHQW¢%XGDSHVW(QFHWDXWRPQHb G«FODU«PRUWTXȇDXMRXUGȇKXLɋ"
:DOOHQEHUJYD«PHWWUHGHVFHUWLȴFDWVGHQDWLRQDOLW«VX« $ɋ: Parce qu’il n’y a jamais eu de certitude absolue quant
doise qu’il va distribuer à un maximum de Juifs pour les à sa mort, puisque le dossier médical n’a pas été retrouvé.
mettre à l’abri, courant à chaque instant le risque de se faire 6HORQODYHUVLRQVRYL«WLTXHLOVHUDLWPRUWHQMXLOOHW¢OD
tuer lui-même. Le 16 janvier 1945, l’Armée rouge entre à /RXELDQND$WLO«W«H[«FXW«ɋ"ΖOHVWLPSRVVLEOHGHU«SRQGUH
%XGDSHVWPHWWDQWȴQ¢WRXWULVTXHGHG«SRUWDWLRQ'ªVOH à cette question. Né en 1912, Wallenberg aurait aujourd’hui
lendemain, Raoul Wallenberg est arrêté par l’Armée rouge. SOXVGHbDQV6DPRUWHVWGRQFXQHFHUWLWXGH(QDYULO
une démarche a été engagée auprès de l’administration
4XHOOHHVWODUDLVRQGHFHWWHDUUHVWDWLRQɋ" ȴVFDOHVX«GRLVHSRXUTXȇLOVRLWG«FODU«RɝFLHOOHPHQWG«F«G«
Sait-on ce que devient Raoul Wallenberg DSUªVɋ" à moins qu’il ne se manifeste avant le 14 octobre 2016.
)ɋ9 Plusieurs hypothèses subsistent. Manifestement, il
HVWWUªVYLWHHPPHQ«¢0RVFRX3RXUTXRLɋ"3DUFHTXHSRXU On peut s’étonner que la Suède et les Alliés
les autorités soviétiques, ce personnage est ambigu et elles QȇDLHQWULHQIDLWSRXUDYRLUGHV«FODLUFLVVHPHQWV
le soupçonnent d’être lié aux services secrets américains. 4XHOOHHVWODUDLVRQGHFHWWHmUHWHQXH}ɋ"
Bien sûr, ce n’est pas encore la Guerre froide, mais voilà un )ɋ9 Pour son malheur, ce personnage va tomber au milieu
SHUVRQQDJHQHXWUHGRQWRQQȇLGHQWLȴHSDVELHQODPLVVLRQ de plusieurs contradictions, dues d’abord au rôle de la
et qui a de l’argent avec lui… Autant d’éléments qui Suède pendant la guerre. La Suède était un pays neutre dont
s’ajoutent au fait que Wallenberg a dû discuter avec l’essentiel de l’économie servait en fait le IIIeb5HLFKHQDOLPHQ Raoul Wallenberg.
Eichmann et les nazis pour essayer de protéger les Juifs en tant l’industrie, par exemple avec les roulements à billes Sauver les Juifs de
Hongrie, Fabrice Virgili
YLH(QWRXW«WDWGHFDXVHLO\DXQHFHUWDLQHP«ȴDQFHYLV SRXUOȇDYLDWLRQ‚ODȴQGHODJXHUUHODSUHVVLRQGHV$OOL«VVXU
et Annette Wieviorka
à-vis de lui. On sait qu’il est arrêté et transféré à Moscou la Suède est très forte pour qu’elle cesse ses relations avec (dir.), Payot,
dans le secret, et on suppose qu’il est soit assassiné immé- l’Allemagne. Juste après la défaite de l’Allemagne, la Suède FROOmb%LEOLRWKªTXH
GLDWHPHQWVRLWTXȇLOPHXUWHQSULVRQHQbGDQVOHV YDIDLUHSUHXYHGHERQQHYRORQW«DXSUªVGHVGL΍«UHQWVDF KLVWRULTXHb}
MDQYbbSɋȜ
FHOOXOHVGX.*%/DGDWHRɝ FLHOOHVHORQOHVDXWRULW«VVRYL« teurs américains et soviétiques. Elle ne va pas insister pour
WLTXHVHVWOHMXLOOHW2QSHXWFRQVLG«UHUDSUªVGH avoir des éclaircissements sur le sort de Raoul Wallenberg
QRPEUHXVHVHQTX¬WHVHWWUDYDX[TXȇH΍HFWLYHPHQWFȇHVW et le rétablissement de bonnes relations avec l’Union sovié-
à ce moment-là qu’il serait décédé. Néanmoins, et c’est tique passera avant. On peut aussi noter que, contrairement
toute la particularité de la situation, les autorités sovié- à la famille proche, les dirigeants de l’empire Wallenberg ne
tiques ont mis énormément de temps à reconnaître son vont pas se démener pour le faire libérer. Il n’en demeure
décès et n’ont jamais fourni réellement de documents. Le pas moins que Raoul Wallenberg va devenir un emblème.
premier à annoncer que Wallenberg est mort, c’est 3RXUSUHXYHLOHVWQRPP«HQbFLWR\HQGȇKRQQHXUGHV
.KURXFKWFKHYHQbTXL«YRTXHXQHFULVHFDUGLDTXH États-Unis. Une distinction si rare qu’un seul étranger,
mais sans délivrer de preuve convaincante. :LQVWRQ&KXUFKLOOOȇDUH©XHDYDQWOXLbII

ÉTÉ 2016 N° 285



LES IDÉES

Sherlock Holmes,
un héros rassurant ? GHFDV¢U«VRXGUHHVWDSUªVWRXWXQHȴ
gure idéale pour incarner la pathologie du
'5

spectateur lui-même, en attente fébrile


Nathalie Jaëck de son shoot périodique.
Directrice du laboratoire Cultures et littératures des mondes anglophones 6KHUORFN+ROPHVIXVLRQQH«JDOHPHQW
à l’université Bordeaux Montaigne deux types de personnages très en
vogue : le détective et le super-héros. Il ne
Sherlock Holmes a la vie dure, comme CBS, qui se partagent les prix et les serait pas faux de dire que Sherlock
son créateur Conan Doyle en a fait l’ex- louanges et alimentent aussi bien les blogs +ROPHVHVWOȇXQGHVWRXWSUHPLHUVVXSHU
périence… Excédé par son encombrant geeks que les colloques universitaires. héros, auquel ne manque même pas la
personnage qui lui volait la vedette et le cape : doté de super-pouvoirs de déduc-
détournait d’entreprises littéraires qu’il Doyle, précurseur du format série tion, justicier de la ville, il sauve le monde
jugeait plus sérieuses, Doyle a bien essayé La première raison de cet engouement à tour de bras, il est le saint auquel se
de le faire disparaître après à peine semble être liée à la nature même de la voue une police de Scotland Yard invaria-
sept ans d’existence. Mais, noyé sous les série, forme reine de notre époque à la- blement dépassée par les événements.
lettres de protestation et d’insultes du TXHOOH6KHUORFN+ROPHVVHSU¬WHSDUWLFX De ce fait, il est aussi, et c’est peut-
SXEOLFORQGRQLHQLOȴQLWSDUUHVVXVFLWHUOH lièrement bien puisque Doyle est un pré- être là un point essentiel dans notre pé-
détective. Cent trente ans après ses dé- FXUVHXUHQODPDWLªUH‚ODȴQGXXIXe siècle, riode troublée où le sentiment de sécu-
buts, il débarquait à nouveau sur les LOLQYHQWHHQH΍HWXQHIRUPHWUªVDERXWLH rité s’amenuise, où le discours sécuritaire
écrans le 4 mai dernier dans le film GHV«ULDOLW«HQSURSRVDQWb«SLVRGHV SUHQGGHOȇDPSOHXUXQHȴJXUH«PLQHP
0Ub+ROPHV réalisé par Bill Condon. bQRXYHOOHV HWbQXP«URVVS«FLDX[ PHQWUDVVXUDQWH6KHUORFN+ROPHVFȇHVW
Si le personnage suscite depuis tou- bURPDQVSOXVORQJV GHVDYHQWXUHVGX
jours cette compulsion de réécriture, il détective, répétant de fois en fois les élé-
ments caractéristiques que l’on a plaisir à
VHPEOHTXHODWHQGDQFHVȇLQWHQVLȴHHQFRUH
depuis une dizaine d’années et que l’on reconnaître et à retrouver, et qui créent
Le détective rationnel est
assiste à un véritable phénomène : les un phénomène de manque et d’addiction
ȴOPVGH*X\5LWFKLHRQWGRQQ«OHWRQ dont les scénaristes contemporains ex- aussi un dilettante dandy
ploitent les ressorts : tension de l’épisode
HQbHWHQbHWXQWURLVLªPHRSXV
est en préparation. Tandis que la télévision suivant, plaisir de la répétition, satisfac- vautré sur son canapé,
tion intense et manque aigu sitôt l’épisode
SURSRVHDFWXHOOHPHQWDX[Dɝ FLRQDGRV
deux séries : la britannique Sherlock pour terminé. Le détective cocaïnomane, ad- accro à diverses substances.
la BBC et l’américaine Elementary pour dict de la détection, en manque perpétuel

À lire

MICROBES JEUX
À chaque instant, des escadrons de microbes, de bactéries, de Le MondeHW&156‹GLWLRQVSXEOLHQW
champignons et de virus entrent dans notre corps par l’air que deux cahiers ludiques et instructifs
nous respirons, l’eau et les aliments que nous avalons. Tout à la fois pour une approche plus détendue
parasites, commensaux, passagers clandestins ou anges gardiens, du savoir et de la science.&RQVDFU«V
ces organismes microscopiques ont un point commun : ils tentent au cerveau et à l’alimentation, ces
sans relâche de conquérir de nouveaux territoires à l’intérieur de ouvrages permettent d’aborder des
QRWUHRUJDQLVPHSDUIRLV¢QRVG«SHQVȂbFRPPHORUVGȇXQHLQIHFWLRQ questions complexes en usant de
SDUIRLVSRXUQRWUHSOXVJUDQGE«Q«ȴFHbȂTXDQGLOVDLGHQW quiz, mots-croisés, rébus et autres
notre système digestif à assimiler les aliments. FRQWHQXVG«FDO«V1RWUHFHUYHDX
4XLVRQWLOVɋ"'ȇR»YLHQQHQWLOVɋ"&RPPHQW GRUWLOɋ"3HXWRQHQWUD°QHUQRWUH
FRPPXQLTXHQWLOVɋ"3RXUTXRLQRXVUHQGHQWLOV P«PRLUHɋ"3RXUTXRLPDQJHWRQɋ"(VWRQWRXV«JDX[
PDODGHVɋ"&RPPHQWQRXVHQSURW«JHRQVQRXVɋ" IDFH¢ODQRXUULWXUHɋ"$XWHXUHVHQGX&DKLHUGH
Autant de questions qui trouveront leurs vacances philo,6RSKLH)URPDJHUHW3DWULFLD/DSRUWH
réponses dans ce documentaire illustré, destiné Muller s’attachent à poser de nombreuses questions
DX[HQIDQWVGHbDQVHWSOXVHWU«DOLV«¢SDUWLU auxquelles elles répondent avec clarté et précision.
GHUHQFRQWUHVDYHFGHQRPEUHX[VFLHQWLȴTXHV Qu’avez-vous dans le crâne ?, Qu’avez-vous dans le ventre ?,
La Guerre secrète des microbes, Florence Pinaud, Sophie Fromager et Patricia Laporte-Muller, Le Monde Hors-série/
LOO6W«SKDQH.LHKO$FWHV6XG-XQLRUDYULOSɋȜ &156‹GLWLRQVMXLQbSɋȜ

CNRS LE JOURNAL
58
LES IDÉES

celui qui éloigne le chaos, qui secourt le


monde, c’est un recours infaillible contre
le désordre et les forces du mal. Là où les

k+Ζ//2)352'7Ζ0%(50$1%(9(5/<352'&%679678'Ζ26&2//&+5Ζ6723+(/
autres, la police, les citoyens « normaux »
ne voient que désordre, incompréhension
HWGDQJHU+ROPHVUHPHWGHOȇRUGUHHWGX
VHQVLOLGHQWLȴHHWRUGRQQHOHPRQGH
grâce à la connaissance supérieure qu’il
en a, il le rend intelligible et cohérent, en
même temps qu’il le débarrasse des cri-
minels et des pervers. Pour illusoire et
manichéenne qu’elle soit, on voit très bien
¢TXHOSRLQWODIRQFWLRQGHmbUDVVXUDQFHb}
est remplie par le détective.

+ROPHVXQHȴJXUHGXP\VWªUH
0DLV +ROPHV HVW DXVVL XQH ILJXUH GX
trouble, du double. Il parvient certes à
Dans la série
U«JOHUOHVD΍DLUHVGXPRQGHPDLVLOHQYD addictions, sans mentionner ses divers WDEOHDX[VXɝ
VDPPHQWHɝ
FDFHSRXUUDV
Elementary,
tout autrement pour sa petite histoire pri- problèmes relationnels, sa sécheresse VXUHUXQPRQGHLQTXLHWVXɝ
VDPPHQW
le Dr Watson est
vée. Car le détective rationnel est aussi un incarné par une D΍HFWLYHVDVH[XDOLW«WURXEOH troublé pour signaler le caractère névro-
dilettante dandy vautré sur son canapé, la femme, Lucy Liu, Tout cela fait bien évidemment de tique de cette volonté de contrôle. Le suc-
« machine à détecter » est aussi à l’occa- ce qui souligne 6KHUORFN+ROPHVXQHȴJXUHGXP\VWªUH FªVGHVGL΍«UHQWHVYHUVLRQVVHPEOHUHSR
sion une loque accro à diverses subs- l’ambiguïté OXLTXLVȇH΍RUFHSRXUWDQWGHOHVU«VRXGUH ser sur la capacité des auteurs à trouver
tances. Il est capable de piquer au har- des relations tous : à ce titre, il fait écho aux préoccu- le délicat point d’équilibre entre ces deux
pon un cochon mort, de tirer au pistolet de Holmes avec pations contemporaines sur l’identité et WHQGDQFHVFRPSO«PHQWDLUHVbII
son acolyte.
sur les murs de son appartement, ou de VXUOHJHQUHȂbElementary, en faisant de
passer de longues nuits d’insomnies Watson une femme séduisante, souligne
dans un appartement embrumé par le toute l’ambiguïté du personnage et de ses
WDEDFɋFȇHVWXQVRFLRSDWKHK\SHUDFWLI relations avec son acolyte. La partie est
hyperfonctionnel, un obsessionnel inca- donc plus compliquée qu’il n’y paraît, et il Lire l’intégralité du billet
pable de s’extraire de ses diverses semble que le personnage joue sur deux sur lejournal.cnrs.fr

GRAAL PRÉHISTOIRE
Apparu il y a plus de huit siècles dans un roman de 6HSWPLOOLRQVGȇDQQ«HVHWSOXVLHXUVFHQWDLQHV
&KU«WLHQGH7UR\HVOH*UDDO\HVWDORUVG«FULWFRPPH de cm3 de volume cérébral nous séparent
XQSODWSRUW«HQSURFHVVLRQGHYDQWOHMHXQH3HUFHYDO de Toumaï, mais cela ne nous empêche pas
&HWREMHW«QLJPDWLTXHQHYDDFTX«ULUVDmGLPHQVLRQ d’appartenir à la même lignée : celle des
chrétienne » que dans la littérature médiévale KRPLQLQ«V&HWWHIDPLOOHGHJUDQGVVLQJHV
XOW«ULHXUHLOHVWDORUVSHX¢SHXLGHQWLȴ«DXFDOLFH bipèdes apparus en Afrique a évolué et donné
dans lequel a été recueilli le sang du naissance à de nombreuses espèces qui se
&KULVWORUVGHOD3DVVLRQDYDQWGH sont succédé, ont parfois cohabité, et dont une
devenir, de nos jours, le synonyme VHXOHȂbODQ¶WUHbȂDU«XVVL¢VXUYLYUHHWDȴQLSDU
d’un accomplissement ultime. FRQTX«ULUODSODQªWHHQWLªUH5HWUD©DQWGȇXQH
(QUHSOD©DQWOȇ«YROXWLRQOLWW«UDLUHGH ID©RQFODLUHHWDFFHVVLEOH¢WRXVOȇ«YROXWLRQ
ce mythe dans le contexte social et foisonnante de l’humanité et la vie quotidienne de nos
religieux de l’époque, la médiéviste prédécesseurs préhistoriques, les paléoanthropologues
(GLQD%R]RN\SU«VHQWHDLQVLOD 6RSKLH$GH%HDXQHHW$QWRLQH%DO]HDXQRXVSHUPHWWHQW
première synthèse des principales de mieux comprendre toute la richesse, mais aussi toute
WK«RULHVVXUOȇRULJLQHGX*UDDO la complexité, de notre généalogie.
Les Secrets du Graal, Edina Bozoky, Notre Préhistoire. La grande aventure de la famille humaine, Sophie A. de
&156‹GLWLRQVPDLSȜ %HDXQHHW$QWRLQH%DO]HDX%HOLQFROOmb%HDXOLYUHb}MXLQSɋȜ

ÉTÉ 2016 N° 285


59
LES IDÉES

La biomasse,
nouvel eldorado de la chimie ?
LQWHUQDWLRQDOH 2Q SHXW FLWHU OD UH
François Jérôme
1 FKHUFKHHWODFRQFHSWLRQGHQRXYHDX[
&KLPLVWH¢OȇΖQVWLWXWGHFKLPLHGHVPLOLHX[HWPDW«ULDX[GH3RLWLHUV
FDWDO\VHXUVHWWHFKQRORJLHVSOXVDGDS
DR

W«V OHV SURJUªV IXOJXUDQWV U«DOLV«V


En 2050, la planète sera peuplée par «SDLVVLVVDQWVXWLOLV«VSDUOȇDJURDOLPHQ U«FHPPHQWGDQVOHGRPDLQHGHVELR
plus de 9,2 milliards d’habitants. Cette WDLUHɋ"7RXVSHXYHQW¬WUHSURGXLWV¢SDU WHFKQRORJLHVODFDUDFW«ULVDWLRQHWOȇ«OX
forte augmentation démographique a un tir de composés carbonés issus de la cidation de mécanismes réactionnels, la
impact direct sur les industries chimiques, ELRPDVVH3DVODSHLQHGHSRQFWLRQQHU PRG«OLVDWLRQOHJ«QLHGHVSURF«G«V/H
lesquelles doivent produire toujours plus les ressources agricoles pour cela, les FDUDFWªUHVROLGHGHODELRPDVVHDORUV
ȂbSOXVGHPDWLªUHVSODVWLTXHVGHSURGXLWV déchets organiques représentent un TXHODS«WURFKLPLHHVWKDELWX«H¢WUDLWHU
cosmétiques, d’additifs alimentaires, de JLVHPHQWGHELRPDVVHODUJHPHQWLQH[ principalement des produits liquides
P«GLFDPHQWVȂbDYHFGHVUHVVRXUFHVIRV ploité : résidus de bois issus des scieries, S«WUROH RXJD]HX[HVWXQDXWUHG«ȴ
siles qui s’amenuisent ou deviennent de G«FKHWVGHOȇDJULFXOWXUHRXP¬PH«SOX FȇHVWSRXUTXRLOȇRQUHFKHUFKHDFWXHOOH
SOXVHQSOXVGLɝ
FLOHV¢H[SORLWHU3DUDLO chures de légumes venues tout droit de PHQWGHQRXYHDX[W\SHVGHSURGXLWV
leurs, la prise de conscience de notre nos poubelles… capables de dissoudre directement
LPSDFWVXUODSODQªWHHWQRWDPPHQWOH FHWWHELRPDVVHHQOLHXHWSODFHGHVSUR
U«FKDX΍HPHQWFOLPDWLTXHQ«FHVVLWHGH Des coûts de production élevés F«G«VXWLOLV«VDXMRXUGȇKXLWUªVFRQVRP
FRQFHYRLUGHQRXYHDX[SURF«G«VSOXV $ORUVODELRPDVVHUHFHWWHPLUDFOHSRXU PDWHXUVGȇHDXHWGȇ«QHUJLH
«FRQRPHVHQ«QHUJLHSOXVUHVSHFWXHX[ XQHFKLPLHSOXVGXUDEOHɋ"&HQȇHVWSDVVL
GHOȇHQYLURQQHPHQWHWSOXVV«FXULWDLUHV VLPSOH0DOJU«GHVDYDQWDJHV«YLGHQWV Des performances à optimiser
SOXVLHXUVIUHLQVHPS¬FKHQWODJ«Q«UDOLVD 8QDXWUHG«ȴSRXUOHVFKLPLVWHVFRQVLVWH
Une matière prometteuse WLRQGHFHVSURGXLWV/HSULQFLSDOHVW ¢WURXYHUGHVXVDJHVSOXVGLUHFWVDX[
3RXUIDLUHIDFH¢FHVG«ȴVOȇLQWURGXFWLRQ GȇRUGUH«FRQRPLTXHOHVFR½WVGHSUR PRO«FXOHVFRPSOH[HVLVVXHVGHODELR
de sources de carbone renouvelable GXFWLRQOL«V¢ODIDEULFDWLRQGȇXQSURGXLW PDVVHVDQVSDVVHUSDUODFDVHVLPSOLȴ
dans les procédés chimiques est une ELRVRXUF««WDQWELHQVXS«ULHXUV¢FHX[ FDWLRQ$YHFGHVFRXUVGXS«WUROHKLVWR
SLVWHV«ULHXVHPHQW«WXGL«H$XSUHPLHU GȇXQSURGXLWS«WURVRXUF«(WSRXUFDXVH ULTXHPHQWEDV PDLVMXVTXȇ¢TXDQGɋ" 
UDQJ GHVTXHOOHV OD ELRPDVVH FȇHVW notre société et son industrie chimique OȇREMHFWLIQȇHVWSDVGHSURGXLUHGHVPRO«
¢GLUHWRXWHODPDWLªUHRUJDQLTXHGȇRUL VHVRQWG«YHORSS«HV¢SDUWLUGXFDUERQH FXOHVVLPLODLUHV¢FHOOHVH[LVWDQWVXUOH
gine végétale, animale, mais aussi les IRVVLOHXQHPDWLªUHSUHPLªUHFRPSRV«H PDUFK«PDLVGHG«YHORSSHUGHVSUR
EDFW«ULHV HW OHV FKDPSLJQRQV 3OXV GHPRO«FXOHVGHVWUXFWXUHVLPSOHIRU GXLWVUHQRXYHODEOHVR΍UDQWGHVSHUIRU
FRQQXHMXVTXȇ¢SU«VHQWSRXUVHVXVDJHV P«HV¢EDVHGHFDUERQHHWGȇK\GURJªQH PDQFHVVXS«ULHXUHV¢FHOOHVGHVSUR
dans l’énergie – production de chaleur, H[FOXVLYHPHQW-XVTXȇ¢SU«VHQWOȇHQMHX duits fossiles, condition sine qua non
Gȇ«OHFWULFLW«RXHQFRUHGHFDUEXUDQW ELR SRXUOHVLQGXVWULHOV«WDLWGHFRPSOH[LȴHU SRXUS«Q«WUHUOHPDUFK«&ȇHVWG«M¢FH
GLHVHO bȂODELRPDVVHVXVFLWHHQH΍HWXQ FHVPRO«FXOHVHQOHXUDMRXWDQWGHOȇR[\ TXLVHSDVVHDYHFOH7+)OHW«WUDK\GUR
intérêt grandissant du secteur de la JªQHDȴQGȇREWHQLUSOXVGHGLYHUVLW«HW furane, utilisé en tant que solvant dans
FKLPLH(WSRXUUDLWELHQULQJDUGLVHU¢ GHVIRQFWLRQQDOLW«VSOXVQRPEUHXVHV OHVSURF«G«VFKLPLTXHV6RQmFRXVLQ}
WHUPHOHVSURGXLWVLVVXVGHODS«WURFKL issu de la biomasse, la molécule plus
PLHPDVVLYHPHQWXWLOLV«V/DELRPDVVH Une fois par mois, retrouvez FRPSOH[HGHP«WK\O7+)SRVVªGHGHV
sur lejournal.cnrs.fr les Inédits
FRQWLHQWGHQRPEUHXVHVPRO«FXOHVGȇLQ propriétés supérieures, notamment un
GX&156GHVDQDO\VHVVFLHQWLȴTXHV
térêt que les chimistes sont capables originales publiées en partenariat SRLQWGȇ«EXOOLWLRQSOXV«OHY«OXLSHUPHW
de séparer et de transformer, au cœur de avec Libération. tant d’être plus largement utilisé que le
Y«ULWDEOHVmELRUDɝ
QHULHV}GHVVXFUHV 7+)GDQVOHVSURF«G«VGȇH[WUDFWLRQ
principalement, mais aussi des huiles, $YHFODELRPDVVHRQVHUHWURXYHGDQVOD 3RXUDYDQFHUSOXVYLWHULHQQHYDXW
des composés aromatiques, des acides VLWXDWLRQLQYHUVHDSUªVUDɝ
QDJHRQ GȇXQLUVHVIRUFHV(Q)UDQFHOHU«VHDX
aminés, ainsi que de multiples composés REWLHQWGHVPRO«FXOHVWUªVFRPSOH[HVHW &156ΖQFUHDVHWRXWMXVWHFU««DVVRFLH
PLQHXUVFRPPHOHVWHUSªQHVOHVSRO\ IRUWHPHQWR[\G«HVTXȇLOYDIDOORLUVLP ainsi une vingtaine de laboratoires et
phénols, les stérols… qui entrent dans de SOLȴHUDȴQGHSRXYRLUOHVXWLOLVHUFRPPH d’industriels de la chimie pour faire
QRPEUHXVHVIRUPXODWLRQV PDWLªUHSUHPLªUH de la biomasse une alternative crédible
/HVWHQVLRDFWLIVTXLSHUPHWWHQWGH &H FKDQJHPHQW GȇDSSURFKH LP ¢ OD S«WURFKLPLH 5HVWHUD HQVXLWH ¢
PDLQWHQLUOHV«PXOVLRQVGHVFUªPHVFRV plique une révolution de la chimie qui FRQYDLQFUHOHFRQVRPPDWHXUGHVELHQ
P«WLTXHVɋ"/HVSRO\PªUHVOHVVROYDQWV GRLWUHSHQVHUOȇHQVHPEOHGHVHVSUR IDLWVGHVFRVP«WLTXHVHWSURGXLWVDOL
ou encore les arômes et les agents F«G«V DȴQ GH OHV DGDSWHU DX[ VS«FL PHQWDLUHV«ODERU«V¢SDUWLUGHG«FKHWV
ȴFLW«VGHODELRPDVVH3OXVLHXUVJURV RUJDQLTXHVȐ/HVFKLPLVWHVD΍½WHQWG«M¢
8QLW«&1568QLYGH3RLWLHUV SURMHWVVRQWDLQVL¢Oȇ«WXGH¢Oȇ«FKHOOH OHXUVDUJXPHQWVbII

CNRS LE JOURNAL
60
LES IDÉES

Rendez-vous
à l’Académie des sciences
En 1666, plusieurs savants se réunissent à discipline. Le 4 octobre, l’intelligence
l’initiative de Colbert et donnent naissance DUWLȴFLHOOHVHUDOHVXMHWGȇXQH
à l’Académie des sciences1. Cette année, conférence-débat. Le 15 octobre, les

k)5(')272/Ζ$&20
de nombreux événements sont au rencontres « Speed Sciences », dont
SURJUDPPHSRXUF«O«EUHUOHVbDQV le CNRS est partenaire, permettront
de la prestigieuse institution. Les 11, 12 et ¢FHQWMHXQHVGHUHQFRQWUHUFHQW
13 septembre, par exemple, un colloque VFLHQWLȴTXHVGHUHQRP(WHQJXLVHGH
réunira de grands noms de la génétique clôture des célébrations, un duplex sera
pour faire le point sur les avancées, les organisé le 6 décembre entre la Coupole
espoirs et les questionnements de la HWOD6WDWLRQVSDWLDOHLQWHUQDWLRQDOHɋ
5HWURXYH]WRXVOHV«Y«QHPHQWVVXUb
/LUH¢FHVXMHWODFKURQLTXHGH'HQLV*XWKOHEHQGDQVQRWUHQXP«URSU«F«GHQW Sb  www.academie-sciences.fr/fr/350

Mieux penser les /LUHOȇLQW«JUDOLW«GXELOOHW


sur lejournal.cnrs.fr

interfaces informatiques $ORUVTXHOHFR½WGXORJLFLHOHVWHVVHQWLHO


lement un coût de conception, comment
DR

VHIDLWLOTXȇXQVHXOWUDLWHPHQWGHWH[WHDLW
Michel Beaudouin-Lafon DFTXLVXQTXDVLPRQRSROHɋ"&RPPHQW
ΖQIRUPDWLFLHQDX/DERUDWRLUHGHUHFKHUFKHHQLQIRUPDWLTXH1 imaginer qu’un seul logiciel puisse être
optimisé pour la secrétaire qui tape des
Nos interactions avec le monde numé- des usages et dans des conditions non mémos, l’écrivain qui écrit un roman, le
ULTXHSDVVHQWSDUGHVLQWHUIDFHVKLHUOH SU«YXVYRLO¢OHG«ȴɋ$LQVLDXOLHXGHMXJHU VFLHQWLȴTXHTXLU«GLJHXQDUWLFOHRXOHVS«
clavier et la souris, aujourd’hui les écrans OHVORJLFLHOVVXUOHXUQRPEUHGHIRQFWLRQQD FLDOLVWHTXL«FULWXQHQRWHWHFKQLTXHɋ"
tactiles, demain les gestes et la voix. lités – dont la majorité des utilisateurs ne 3OXW¶WTXȇXQFRXWHDXVXLVVHTXLSHUPHWGH
&RQFHYRLUGHVLQWHUDFWLRQVVLPSOHVHWLQ FRQQDLVVHQWTXȇXQHLQȴPHSDUWLHbȂLOYDX IDLUHXQSHXWRXWPLHX[YDXGUDLWSRXYRLU
WXLWLYHVUHOªYHGȇXQHVFLHQFHOȇLQWHUDFWLRQ GUDLWPLHX[PHWWUHOȇDFFHQWVXUOHXUXWLOLVD choisir une sélection d’outils optimisés
KRPPHPDFKLQH Ζ+0 ΖOIDXWIDLUHDSSHO ELOLW«HWVXUOHUHVSHFWGHUªJOHVGHEDVH SRXUXQXVDJHG«ȴQL
DX[FRQQDLVVDQFHVGHODSV\FKRORJLHPDLV PRQWUHUOȇ«WDWGXV\VWªPHUHQGUHYLVLEOHV $ORUVTXHSRXYRQVQRXVIDLUHQRXV
DXVVLGHODSK\VLRORJLHHWGHODVRFLRORJLH les dépendances, utiliser des actions XWLOLVDWHXUVGHFHVORJLFLHOVɋ"1RXVGHYULRQV
SRXUFU«HUGHVLQWHUIDFHVDGDSW«HV¢QRV simples pour les commandes courantes… GȇDERUGH[LJHUOȇLQWHURS«UDELOLW«SRXUQH
capacités de perception, d’action et de 0DLVIDLUHVLPSOHQȇHVWSDVVXɝ VDQW SOXV¬WUHSULVRQQLHUGȇXQ«GLWHXUGHORJL
FRJQLWLRQ (W LO IDXW DXVVL SUHQGUH HQ /RUVTXHOȇRQXWLOLVHU«JXOLªUHPHQWXQORJL ciel, d’une application ou d’un service en
compte la faculté d’adaptation de l’être FLHORQYHXWSRXYRLUGHYHQLUH[SHUW/¢ OLJQH5DSSHORQVTXHOHVLQWHUIDFHVDF
KXPDLQ)DFH¢XQV\VWªPHLQXWLOHPHQW encore, les logiciels actuels sont source de tuelles n’ont presque pas changé depuis
compliqué mais dont nous avons besoin, frustration : ou bien ils sont limités, ou bien WUHQWHDQVɋ1RXVGHYULRQVDXVVLH[LJHUTXH
QRXVDOORQVQRXVDGDSWHU$XSRLQWTXHVL LOVGHPDQGHQWXQDSSUHQWLVVDJHIDVWL OHVHVVDLVGHVORJLFLHOV«YDOXHQWOHXUXWLOLVD
on nous propose de le remplacer par un GLHX[6DQVFRPSWHUOHVFKDQJHPHQWVGH ELOLW«/HEHQFKPDUNGȇXQSURFHVVHXUQȇD
V\VWªPHSOXVVLPSOHRQQHYRXGUDSDVHQ YHUVLRQTXLREOLJHQW¢U«DSSUHQGUHFHTXH DXMRXUGȇKXLDXFXQLQW«U¬WSRXUXQRUGLQD
changer car cela implique de réapprendre OȇRQVDLWG«M¢IDLUHȐ8QRXWLOSXLVVDQWFȇHVW WHXUGHEXUHDXRXXQSRUWDEOH0DLVXQ
GHVDXWRPDWLVPHV XQRXWLOTXȇRQSHXWID©RQQHU¢VDPDLQ2U EHQFKPDUNGXWHPSVTXȇLOIDXWSRXUUH
8QFRQFHSWHXUGȇLQWHUIDFHHVWFRQIURQ le logiciel ne fait que ce pour quoi il a été QRPPHUbȴFKLHUVLPSRUWHUOHVSKRWRV
W«¢XQHP\ULDGHGHSRVVLELOLW«VTXLYRQW SURJUDPP«2QSHXWDLV«PHQWFROOHUXQH de son smartphone ou faire un mailing
D΍HFWHUODTXDOLW«GHOȇLQWHUDFWLRQ&HOOHFL LPDJHGDQVXQFDKLHUHQSDSLHUPDLVHV personnalisé avec un attachement serait
va aussi dépendre d’aléas techniques et VD\H]GHPHWWUHXQHimage dans un logiciel VDQVGRXWHWUªVLQVWUXFWLI&HTXHOHV«GL
FRQWH[WXHOV8QHLQWHUIDFHHɝ
FDFHDYHF TXLQHFRQQD°WTXHOHWH[WHɋΖOQRXVIDXWGHV teurs de logiciels doivent comprendre,
XQHVRXULVSHXWSDUH[HPSOHGHYHQLUUHEX ORJLFLHOVȂHWGHVLQWHUIDFHVȂSOXVPDO FȇHVWTXȇLOOHXUIDXWFRQFHYRLUGHVLQWHUDF
WDQWHVXUXQ«FUDQWDFWLOH&RQFHYRLUSRXU O«DEOHVSOXVPRGXODLUHV tions, pas seulement des interfaces, il leur
IDXWFU«HUGHVXVDJHVSDVVHXOHPHQWLP
8QLW«&1568QLY3DULV6XG SO«PHQWHUGHVOLVWHVGHIRQFWLRQQDOLW«VbbII

ÉTÉ 2016 N° 285


61
LES IDÉES

Blockchain :
l’autre révolution
venue du bitcoin
DR

Ricardo Pérez Marco


Mathématicien au Laboratoire analyse, géométrie et applications1

Les développements des applications


cryptographiques sont un moteur pour
le développement de l’économie numé-
rique. Ils ont permis la sécurisation des

k'6&8/3725)272/Ζ$&20
FRPPXQLFDWLRQVOȇDXWKHQWLȴFDWLRQGHV &RPPHQWFHODIRQFWLRQQHWLOɋ"/ȇLG«H blocs qui doivent ensuite être validés
documents informatiques, la protection FRQVLVWH¢HQWUHWHQLUHW¢GL΍XVHUXQH pour être intégrés à la blockchain. Le pro-
de données sensibles. Tout cela a permis base de données publique (la blockchain) blème qui se pose alors est d’éviter que
l’essor d’activités économiques comme la qui récapitule toutes les transactions en des agents malhonnêtes ne corrompent
banque ou le commerce en ligne. Mais, bitcoin validées depuis l’émission des le système en validant des transactions
plus récemment, on a vu apparaître un bSUHPLHUVELWFRLQVOHMDQYLHU ȴFWLYHVRXLOO«JDOHVFRPPHG«SHQVHU
nouveau type d’applications qui promet C’est précisément l’exhaustivité de ce deux fois le même bitcoin.
une révolution d’ampleur inédite : les livre de compte qui permet à tout mo- La solution est d’utiliser une « preuve
SURWRFROHVGHFRQȴDQFHG«FHQWUDOLV«V ment de savoir quel bitcoin appartient à de travail » (proof of work en anglais),
Tout a commencé par l’invention de TXHOFRPSWH(QH΍HWFKDTXHPHPEUH une procédure qui consiste à lier la vali-
Bitcoin. Le bitcoin, créé en 2009, est la du réseau Bitcoin ayant accès à une copie dation d’un bloc à la résolution d’un pro-
première monnaie électronique décen- de la blockchain, chacun est donc en EOªPHPDWK«PDWLTXHGLɝ
FLOHEDV«VXU
tralisée. Personne ne contrôle sa créa- mesure, en remontant l’histoire des tran- une fonction cryptographique et portant
tion ou son émission, et aucun gouverne- sactions passées, de déterminer si une sur les données de ce bloc. Le premier
ment ni banque centrale n’a le pouvoir de transaction est valide ou pas. mineur qui obtient la solution est récom-
bloquer les fonds d’un compte en bitcoin. pensé par les nouveaux bitcoins créés à
N’importe qui peut créer son propre chaque validation de bloc. La chance de
compte en bitcoin de façon anonyme et résoudre un bloc, et d’empocher les
autonome sans avoir à se connecter à un L’algorithme garantit bitcoins créés, est ainsi proportionnelle
à la puissance de calcul apportée par
VHUYLFHWLHUV(QIDLWLOVXɝ
WGHMRXHU¢
pile ou face 256 fois pour, à partir de ces la validité des transactions le mineur. Une fois la solution obtenue,
256 bits, générer une adresse bitcoin elle est inscrite dans le bloc et les autres
totalement fonctionnelle susceptible de tant que la majorité PLQHXUV QȇRQW SOXV TXȇ¢ OD Y«ULȴHU HW
recevoir et de transférer des bitcoins.
des agents sont honnêtes. DSSURXYHUȂbRXUHMHWHUVLODVROXWLRQHVW
LQYDOLGHbȂOȇDMRXWGXQRXYHDXEORFGH
Des transactions ultra-sécurisées transactions à la blockchain.
Il existe heureusement des logiciels qui On notera que, comme c’est souvent
créeront autant d’adresses bitcoin que &HU«VHDXGHFRQȴDQFHWRXWOHPRQGH le cas pour les fonctions cryptogra-
vous le souhaitez et se chargeront en- peut y contribuer, la seule condition pour SKLTXHVFHWWHY«ULȴFDWLRQU«FODPHLQȴQL
suite de gérer vos transactions. Le pro- OHUHMRLQGUH«WDQWGȇLQVWDOOHUVXUVDPD ment moins de puissance de calcul et
WRFROH%LWFRLQSHUPHWHQH΍HWGHWUDQV chine un logiciel qui allouera de la puis- donc de temps que la découverte de la
férer de l’argent de façon sécurisée et sance de calcul pour contribuer à la véri- solution : il est par exemple beaucoup
sans intermédiaire sur des réseaux non ȴFDWLRQGHVWUDQVDFWLRQV/HSULQFLSHHVW SOXVIDFLOHGHY«ULȴHUTXHbPXOWLSOL«V
sécurisés, et ce avec un niveau de sécu- le suivant : les transactions en cours sont SDUbIRQWELHQɋTXHGHUHWURXYHU
rité de plusieurs ordres de grandeur su- retransmises publiquement dans le les facteurs qui permettent de générer
périeur à celui de Visa. Derrière ce tour réseau Bitcoin où les « validateurs » ɋ&HWWHGLVV\P«WULHHQWUHYDOLGDWLRQ
de force, il y a la technologie blockchain, (ou « mineurs » 2 dans le vocabulaire du HWY«ULȴFDWLRQFRPELQ«HDXFDUDFWªUH
à la base du protocole. ELWFRLQ OHVY«ULȴHQWHWOHVUHJURXSHQWHQ ouvert, décentralisé et massivement

8QLW«&1568QLY3DULV8QLY3DULV2. Le terme de mineur a été choisi par analogie avec les exploitants des mines d’or du temps où la valeur des monnaies
était déterminée par leur équivalent or : la preuve de travail numérique constituant ici l’équivalent du travail nécessaire à l’extraction du métal précieux.

CNRS LE JOURNAL
62
LES IDÉES

À lire

distribué du réseau, rend ainsi quasi- ART


ment impossible pour un agent ou un 'DQVVRQQRXYHORXYUDJHODVRFLRORJXH6«YHULQH6RȴRVHSHQFKH
organisme malveillant l’introduction sur la place des femmes dans la communauté artistique parisienne
entre 1750 et 1850.&HWWHS«ULRGHHVWPDUTX«HSDUOȇLQW«JUDWLRQ
GHWUDQVDFWLRQVLOO«JDOHV$XERXWGX
et la reconnaissance progressives des femmes dans le domaine des
compte, on dispose d’un algorithme ma-
EHDX[DUWVɋXQSK«QRPªQHTXLYDGHSDLUDYHFXQHG«PRFUDWLVDWLRQ
thématique qui garantit la validité des du métier d’artiste et une importance grandissante des salons,
WUDQVDFWLRQV WDQW TXH OD PDMRULW« véritables plaques tournantes dans le cercle très fermé des artistes
des agents sont honnêtes. et des collectionneurs parisiens. La féminisation des beaux-arts
est provisoire et ne constitue qu’une parenthèse de l’histoire, mais elle
8QȴFKLHULQFRUUXSWLEOH UHSU«VHQWHXQU«HOFKDQJHPHQWIDFH¢ODPLVRJ\QLHHWDX[VW«U«RW\SHVGHJHQUHSHUVLVWDQW
Cette robustesse du protocole s’incarne dans le monde de l’art, qui distingue traditionnellement la « vocation artistique » et la
« vocation domestique ». Professionnelles ou amatrices, les femmes artistes s’émancipent.
GDQVODEORFNFKDLQXQȴFKLHUTXLUDV
semble donc l’ensemble des blocs vali- Artistes femmes. La parenthèse enchantée, XVIIIe-XIXebVLªFOHV
6«YHULQH6RȴR&156‹GLWLRQVPDLbSȜ
dés. Celle-ci est incorruptible car, pour la
IDOVLȴHULOIDXGUDLWG«SOR\HUODWRWDOLW«GH
la puissance de calcul qui a été utilisée
pour valider chacun de ses blocs. Une
tâche virtuellement impossible au vu de HUMANITÉ VIOLENCE
la puissance actuelle du réseau Bitcoin, &HVYLQJWGHUQLªUHVDQQ«HVOHV 6ȇLOHVWYUDLTXHODTXHVWLRQGHVYLROHQFHV
nombreuses découvertes de nouveaux conjugales n’a pris son importance
TXLG«SDVVHDXMRXUGȇKXLOHVPLOOLRQVGH
IRVVLOHVHWODPXOWLSOLFDWLRQGHVDQDO\VHV actuelle qu’à la suite des combats
3HWD)/236ɋVDFKDQWTXHOȇRUGLQDWHXUDF paléogénétiques ont bouleversé les I«PLQLVWHVGHVDQQ«HVbon aurait
tuel le plus puissant tourne à quelques conceptions trop simples que nous avions tort de penser que notre époque a été
GL]DLQHVGH3HWD)/236 sur les origines et l’évolution de l’espèce la première à réprouver ces violences et
&HȴFKLHULQFRUUXSWLEOHSHXWDLQVL humaine. Dans cet ouvrage, le journaliste ¢OHVSXQLU(QVȇDSSX\DQWVXUOHVDUFKLYHV
¬WUHXWLOLV«QRQVHXOHPHQWSRXUY«ULȴHU VFLHQWLȴTXH6\OYHVWUH+XHWLQWHUURJH judiciaires, l’historienne du droit Victoria
la validité des transactions bitcoin, mais et fait dialoguer un préhistorien, deux Vanneau démontre que le XIXe siècle, bien
paléoanthropologues et une philosophe qu’il ait consacré la soumission juridique
DXVVLSRXUDXWKHQWLȴHUFHUWLȴHUHWGDWHU
des sciences sur les réponses que de la femme à son mari, a su faire de
des actes ou des documents qui néces-
OHVVFLHQWLȴTXHVSHXYHQWDSSRUWHUVXU ces violences un fait de droit et non
VLWHQWXQHDXWRULW«GHFRQȴDQFH/HSUR cette question des origines que tentent un fait de société, et qu’il les réprimait
WRFROHSHUPHWHQH΍HWGȇLQV«UHUGDQV aujourd’hui de s’approprier certains. ȴQDOHPHQWSOXVTXȇDXMRXUGȇKXL
chaque transaction bitcoin une em- 2ULJLQHVGHOȇKXPDQLW«OHVQRXYHDX[VF«QDULRV /D3DL[GHVP«QDJHV+LVWRLUHGHVYLROHQFHV
preinte électronique unique pour n’im- -RV«%UDJD&ODXGLQH&RKHQ%UXQR0DXUHLOOHHW1LFRODV FRQMXJDOHVXIX e-XXI eVLªFOH9LFWRULD9DQQHDX
porte quel document digital, et donc 7H\VVDQGLHU/DYLOOHEU½OHPDLbSȜ $QDPRVDPDUVSɋȜ
d’attester de son existence sans recours
à un notaire professionnel. On peut ainsi
incruster dans la blockchain l’empreinte En ligne
GXWH[WHm%REDUHMRLQWOȇ«TXLSH$}ɋ
FHOXLFL\UHVWHUDSRXUWRXMRXUVHWVHUYLUD
de preuve d’existence de l’acte. La médiation se réinvente
&HUWDLQHVXQLYHUVLW«VRQWG«M¢FRP Avec l’essor des réseaux sociaux et des sites
mencé à utiliser la blockchain pour de partage, de nombreux chercheurs ont
DXWKHQWLȴHUOHVGLSO¶PHVG«OLYU«V¢OHXUV trouvé avec le numérique de nouvelles
étudiants. Le premier dans le monde à le manières de s’adresser au grand public.
faire a été le pôle universitaire Léonard Le 31 mai s’est tenu sur ce sujet le Forum
de Vinci, à Paris. Tous les services dépen- des Nims (Nouvelles initiatives en médiation
GDQWGȇXQHDXWRULW«GHFRQȴDQFHȂTXȇLO VFLHQWLȴTXH RUJDQLV«SDUOH&156HW
s’agisse des services d’achat et vente ou l’université de Bordeaux. De la YouTubeuse
HQFKªUHVGHVRɝ FHVQRWDULDX[GHVFRP 0DQRQ%ULODXVFLHQWLȴTXH6\OYDLQ'HYLOOH
SDJQLHVGȇDVVXUDQFHVHWFȂbFRPPHQFHQW très actif sur Twitter, de nombreux acteurs
à s’intéresser à cette technologie. En ce Les YouTubeurs Manon Bril, Droupix de la médiation ont discuté de ces pratiques
sens, Bitcoin constitue une innovation de et Léo Grasset, aux côtés du journaliste innovantes et des nouveaux modes
VFLHQWLôTXH0DWKLHX5RXDXOW
rupture et un parfait exemple de l’impact de narration de la recherche.
révolutionnaire que peuvent avoir sur
l’activité économique les recherches fon- Toutes les interventions sont à revoir sur le site du forum
damentales en mathématiques, en cryp- www.cnrs.fr/forum-nims/
WRJUDSKLHHWHQLQIRUPDWLTXHbII

ÉTÉ 2016 N° 285


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CARNET DE BORD

Laurent Maget, cinéaste anthropologue au laboratoire Éco-anthropologie et ethnobiologie 1

“Je me souviens…
PROPOS RECUEILLIS PAR ANNE-SOPHIE BOUTAUD

… de ma mission en forêt équatoriale, au sud-est séjours en forêt. C’est une période de travail
du Cameroun, à 50 kilomètres de Lomié. et de joie qui arrive au moment des vacances
C’était le début de la grande saison sèche chez scolaires. Semi-nomades, semi-sédentaires, les
les Pygmées Baka, en juin 2015. La troupe de Pygmées Baka vivent dans un équilibre précaire
femmes et d’enfants a quitté le village à l’aube face au monde moderne, entre la menace
pour récolter les fruits mûrs. Le sol avait été de la déforestation et le regard, voire le rejet, de
nettoyé depuis des jours autour d’un grand la part des autres populations. Chaque année,
manguier sauvage. En quelques minutes, des MHOHVUHMRLQVSRXUUHODWHUDYHFHX[OHôOP
dizaines de kilos de mangues sont ramassés. de ces bouleversements. Mon travail est un
Commence alors le travail d’extraction de travail d’anthropologie visuelle : j’observe
l’amande oléagineuse, trésor nutritif et source leurs activités quotidiennes sans trop entrer
de revenus pour ces populations. La pâte dans leur intimité.”
obtenue à partir des amandes est l’un des
très rares produits de transformation réalisés 3+272b/0$*(7($(&1563+2727+Š48(

par les Baka et fait l’objet d’un véritable négoce.


Jusqu’au mois de septembre, les familles
établiront des campements pour de longs
9LVLRQQHUQRWUHGLDSRUDPD
m3\JP«HVRS«UDWLRQPDQJRb}
8QLW«&15601+18QLY3DULV'LGHURW  VXUlejournal.cnrs.fr

CNRS LE JOURNAL
64
CARNET DE BORD

ÉTÉ 2016 N° 285


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LA CHRONIQUE

de Denis Guthleben,
historien au CNRS

Les crédits
de la science
e budget de la recherche vient de défrayer la chronique, budgets de chaque laboratoire, on ne peut pas ne pas
/b DORUVSRXUTXRLQHSDVOXLHQFRQVDFUHUXQHGHSOXVɋ"9RLO¢
la garantie de faire œuvre pérenne : si un sujet traverse
¬WUHIUDSS«GHODSDUFLPRQLHPHVTXLQH¢Oȇ«JDUGGHQRWUH
enseignement supérieur. »0¬PHFRQVWDWDSUªVTXȇXQH
OȇKLVWRLUHGHSDUWHQSDUWFȇHVWELHQFHOXLO¢ɋ(QURXWHSRXU JXHUUHPRQGLDOHHVWSDVV«HSDUO¢SRXUOHFKLPLVWHȂbLOIDXW
TXHOTXHVH[HPSOHVTXLDSSRUWHQWGXUHOLHI¢OȇDFWXDOLW«Ȑ WRXMRXUVFURLUHOHVFKLPLVWHVDXVVLɋbȂ&KDUOHV0RXUHXTXL
«YRTXHDXG«EXWGHVDQQ«HVOD« détresse budgé-
« La misère de nos laboratoires » taire » de nos laboratoires, dans le cadre d’une campagne
/RXLV3DVWHXUREVHUYHDYHFLQTXL«WXGHODPRELOLVD ¢ODTXHOOH0DXULFH%DUUªVȂbOXLRQOHFURLWVLOȇRQYHXWȐbȂD
tion savante outre-Rhin : m/ȇ$OOHPDJQHVȇHVWFRXYHUWHGH prêté sa plume et sa voix : m/DPLVªUHGHQRVODERUDWRLUHV
vastes et riches laboratoires, et chaque jour en voit naître HVWTXHOTXHFKRVHGHSURGLJLHX[}mFHWWHPLVªUHHVW
de nouveaux. »(WTXDQGLOUHJDUGHFKH]QRXVVRQLQTXL« LQGLJQHGHOD)UDQFHLQGLJQHGHODVFLHQFH}ɋ
tude grandit : « Oserai-je parler des ressources pécu-
QLDLUHVHWPDW«ULHOOHVGHVODERUDWRLUHVIUDQ©DLVɋ"4XLYRX m'RQQH]PRLWRXWɋ}
GUDPHFURLUHTXDQGMȇDɝ UPHUDLTXȇLOQȇ\DSDVDXEXGJHW (QȴQVXUYLHQW-HDQ3HUULQȐHWWRXWVȇDUUDQJHɋ"3DVWRXW¢
GHOȇLQVWUXFWLRQSXEOLTXHXQGHQLHUD΍HFW«DXSURJUªVGHV IDLWDYDQWGȇDERXWLU¢ODFU«DWLRQGX&156QRWUHSªUH
sciences physiques. » Dans la foulée, l’éminent savant et fondateur a dû faire des pieds et des mains. On retiendra
TXHOTXHVFRQIUªUHVQRQPRLQVLOOXVWUHVȂb&ODXGH%HUQDUG SDUPLELHQGȇDXWUHVDFWLRQVVDm3«WLWLRQSRXUODUHFKHUFKH
+HQUL0LOQH(GZDUGVHW+HQUL6DLQWH&ODLUH'HYLOOHȐȂ VFLHQWLȴTXH}HQTXLSRUWHODVLJQDWXUHGHKXLW3UL[
VRQWUH©XVDX[7XLOHULHVR»1DSRO«RQbΖΖΖOHXUDɝ UPHVRQ 1REHOȂbXQFKL΍UHTXLQȇHVWSDVVDQV«YRTXHUXQHDFWXDOLW«
VRXWLHQ'HVU«IRUPHVVRQWHQJDJ«HVȐPDLVSDWDWUDVɋ/H SOXVU«FHQWHȐ2XVDFRQIURQWDWLRQHQDYHFOHPL
6HFRQG(PSLUHVȇ«FURXOH¢6HGDQDUUDFKDQW¢3DVWHXU QLVWUHGHV)LQDQFHV9LQFHQW$XULROGDQVFHTXLDVDQV
une plainte déchirante : m–PDSDWULHɋ7RLTXLDVWHQX doute été le « dialogue de gestion » le plus culotté de
pendant si longtemps le sceptre de la pensée, pourquoi WRXWHOȇKLVWRLUHGX&156« Monsieur le Ministre, je ne veux
Wȇ¬WUHG«VLQW«UHVV«HGHWHVSOXVQREOHVFU«DWLRQVɋ"} SDVPDUFKDQGHUGRQQH]PRLWRXWɋ}
/DΖΖΖe5«SXEOLTXHKHXUHXVHPHQWUHSUHQGOHȵDP 8QHDXWUHJXHUUHPRQGLDOHSDVVHSDUO¢HWOȇKLVWRLUH
EHDX/HSRUWHWHOOHDXVVLKDXWTXȇRQOȇDGLWSDUIRLVɋ"3DV VHU«SªWHG«M¢HQGHX[SDWURQVGX&156)U«G«ULF
V½UVLOȇRQHQFURLWOȇKLVWRULHQȂbLOIDXWWRXMRXUVFURLUHOHV -ROLRW&XULHTXLYLHQWGȇHQTXLWWHUODGLUHFWLRQHW*HRUJHV
KLVWRULHQVbȂ)HUGLQDQG/RWHQ « Évidemment, on 7HLVVLHUTXLDSULVVDVXFFHVVLRQPRQWHQWDXFU«QHDXȂbO¢
peut dire que certaines personnes trouvent toujours DXVVL RQ UHFRQQD°WUD XQH DFWXDOLW« SOXV U«FHQWHȐ
PR\HQGHVHSODLQGUHɋHWSRXUWDQWVLOȇRQH[DPLQHOHV &RQVWDWDQWTXHOHVFU«GLWVFRQVDFU«VFHWWHDQQ«HO¢¢
Oȇ«TXLSHPHQWVFLHQWLȴTXHGXSD\VVRQWPLV«UDEOHVLOV
prédisent dans un manifeste la disparition « de certaines


branches de la science »HWODWUDQVIRUPDWLRQGHOD)UDQFH
Ô ma patrie ! Toi qui as en « une colonie de l’étranger », avant de conclure : m&ȇHVW

tenu pendant si longtemps XQFULGȇDODUPHTXHQRXVMHWRQV}ȐHWTXLȴQLUDSDU¬WUH


entendu jusqu’au sommet de l’État.

le sceptre de la pensée, (W LO QH VȇDJLW O¢ TXH GȇXQH WRXWH SHWLWH SRLJQ«H
GȇH[HPSOHVLO\HQDGL[FHQWPLOOHGHSOXV¢IRXUQLU¢
toutes les époques. Un dernier pour la route : mΖOQHVH
© ILLUS. S. MANEL POUR CNRS LE JOURNAL

pourquoi t’être désintéressée SURGXLUDJXªUHGHSURJUªVPDMHXUVGDQVODG«FRXYHUWH


de la nature sauf si les crédits sont alloués pour les
de tes plus nobles créations  ? G«SHQVHVD΍«UHQWHVDX[H[S«ULHQFHV}9RXVSDULH]VXU
XQHWULEXQHSDUXHGDQVODSUHVVHHQɋ"3HUGXɋΖOVȇDJLW
d’un extrait 'XSURJUªVHWGHODSURPRWLRQGHVVDYRLUV
TXHOHVFLHQWLȴTXHHWSKLORVRSKHDQJODLV)UDQFLV%DFRQ
D«FULWYRLO¢SOXVGHbDQVȐbII

CNRS /(-2851$/
66

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