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1/12281 -1 1 -RD
Sousle toit de notre maison d'aujourd'hui, ration el e,
scientifique et industrielle, setrouve unimmense gre
plexe, s'appuyant ou non, selon les cas, surune oudes ex
périences fondatrices, etd'inviter lelecteur à tirer delui-
nier. Comme n'importe quel grenier, il estrempli d'ob même ses conclusions. Si vous aviez été le témoin des
jetsdormants, choses, images, textes manuscrits et faits débattus, qu'auriez vous alors conclu ?
imprimés, traces accumulées d'histoires humaines dont la Cet article est complété d'une sélection de textes
collection forme l'Histoire de notre savoir et de nos tech d'époque, intitulée textes à l'appui.
niques. Le lecteur trouve ensuite un article d'historiographie, une
Les Cahiers deScience &Vie vous invitent à une promena histoirede l'histoire, c'est à direuneévocation desdiffé
de dans cette collection. rentes façons dont ledébat a étéraconté ultérieurement,
Non à des fins d'inventaire, enquoi cesCahiers viseraient des différents mythes auxquels il adonné naissance. Com
à former uneencyclopédie ou un traité d'histoiredes ment et par qui, leou les "vainqueurs" ont-ils ététransfor
Sciences, mais plus modestement, dans lebutd'entirer més en génies et les "vaincus" en idiots (aucun n'en
des histoires remarquabies pour lesimple plaisir deles ra étaient)? Pourquoi, dans l'histoire, tel personnage a-t-il été
conter etdeles donner à lire, bref d'en faire un journal. mis sur le devant de la scène au détriment des autres ?
Chacun dessixfascicules à paraître cette année 1991 est Quelles versions successives trouve-t-on de l'histoire et
donc d'abord un récit, une narration détaillée dequelques pourquoi sont-elles apparues àdes moments précis ?
moments de l'Histoire desSciences et desTechniques.
Ainsi parlerons-nous successivement de lanaissance de
l'aviation, delaphysique deGalilée, del'invention dela
Enfin,fermant le fascicule, un ou deux articles font ap
paraîtrece qu'il reste aujourd'hui du débat,par
théoriede ladérive des continents, de Pasteuret de l'ori exemple àquel type deprogrès scientifique il adonné
gine des microbes, de lanature de la lumière à travers naissance, ouselon quelles métamorphoses onpeut
deux grands savants français, Fresnel etArago, enfin de encore lerepérer dans lascience actuelle.
Darwin et de la théorie de la Sélection naturelle. Bien que les sciences et les techniques occupent au
jourd'hui une place éminente etdepouvoir dans notre cul
Au' ya-t-il de commun dans tout cela ?Le titre : ture, leur passé reste encore bien mystérieux aux yeux du
I I Grandes Controverses Scientifiques. C'est que cha- plus grand nombre. Aladifférence des pays anglo-saxons,
I I cune de ces histoires amis en jeu une dimension im- oùl'histoire dessciences et l'archéologie destechniques,
\ portante de l'activité scientifique: celle du débat au deux disciplines enplein essor, sontenseignées dans de
tour d'une découverte. nombreuses universités, elles restenten France le plus
Nous verrons que cedébat, qui n'accompagne pastoute souvent confinées à des cercles savants et très restreints.
découverte -nombre d'entre elles sontacceptées d'em Or, comment comprendre lascience actuelle sans l'éclai
blée -a puprendre desformes variées: discussions d'idées rage deson passé ?
et de faits expérimentaux dans le cadred'institutions 11 nous a,d'autrepart,semblé intéressant, à travers ces
scientifiques, procès, querelle debrevets, etc. histoires, defournir aulecteur quelques éléments deré
Cette unité de situation nous a incité à rechercher une uni flexion surlafaçon dont une découverte scientifique ou
té derécit. Ainsi, à quelques variantes près, chaque numé technique peutimpliquer, tant dans sa production que
ro est-ilconstruit selonunetrame identique et très danssonaccueil, untissusocial beaucoup plus large
simple. qu'une petite communauté d'experts, bref d'éclairer l'acti
Un premier articie de chaque cahier yévoque l'état des vitéscientifique danssa dimension sociologique, mais
connaissances et des outils de connaissance relatifs au su sans, bien sfir, l'yréduire.
jettraité juste avant que seproduise lacontroverse. Car une invention scientifique n'est jamais leproduit sans
L'article suivant estconsacré à laprésentation desac mélange d'une Raison désincarnée. Elle est également af
teurs, premiers rôles et comparses :qui sont-ils ?D'où faire d'intelligence et parfois de hasard, d'amour et par
parlent-ils ?De quel droit ? fois dehaine, dedévouement sans partage à lacause dela
Vient ensuite l'exposé développé de ia controverse. 11 vérité et parfois depetits mensonges, de pouvoir et par
s'agit iàdeprésenter entermes clairs un argumentaire fois d'argent. Affaire humaine, tout simplement.
scientifique outechnique contradictoire et parfois com J-Pl
LES Cahiers de science & vie

Naissance de l'Aviation

LES Emotions d'Icare


PAR Jean Dhombres.
Professeur de Mathématiques à l'Université de Nantes,
Directeur d'études à l'Ecole des
Hautes Etudes en Sciences sociales (Paris)

LES ACTEURS
LE WHO'S WHO de ceux
QUI ONT inventé L'AVION
PAR Fmmaniifl Chapeau.
PROFESSEUR D'HISTOIRE CONTEMPORAINE À LILLE

L'Air du Temps

L'HISTOIRE

LE DÉFI DU Kilomètre
PAR Fmmaniifl Chadfaii

Voisin contre Wright


ou l'Analyse d'un duel
PAR Emmanuel Chadeau
PUBLIE PAR EXCELSIOR PUBLICATIONS S.A.
LE Chemin des Inventeurs 1, RUE DU COLONEL PIERRE AVIA 75503
PAR GÉRARD CHFVAI IFR FT NICOLAS JOURNET PARIS
CEDEX 15-TEL: 46.48.48.48
EXCELSIOR PUBLICATIONS S.A. CAPITAL
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Textes à l'Appui PRINCIPAUX ASSOCIES M. JACQUES


DUPUY, MELLE YVELINE DUPUY, M. PAUL
DUPUY.

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L'HISTOIRE PRESIDENT-DIRECTEUR GENERAL :


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1 AN-6 NUMEROS-200 F
ENCARTD'ABONNEMENTAUX CAHIERS
DE SCIENCE & VIE
(FRANCE METROPOLITAINE). P.48
Naissance
DE l'Aviation
Toutcommence par uneémotioninouïe, cel e dedeuxhommes, François Pilâtre de
Rozier, physicien, et le Marquis d'Arlandes, qui, le 21 Novembre 1783, survolent
pour la première fois Paris (1). On ne parle pas encore d'avion, maisde ballon.
Pourtant, nous montreJean Dhombres, les ingrédients de base de notre récit,ce
lui des événements qui vont se passer plus d'un siècle plus tard, sont déjà là. On y trouve
bien sûr ces machines nouvellesqui permettent à l'Homme de vaincre la pesanteur ; des
problèmes de sciencefondamentale -enl'espèce, de chimie- ;des discussions animées entre
partisansde choix techniques différents -les ballons à air chaudet les ballons à hydrogène- ;
et une recherche d'applications, déjàà dominante militaire.
Ce 21 Novembre 1783, dans les jardins du Château de la Muette, la foule est là aussi,
quis'extasie. Et bien sûr lesofficiels :le ducde Chartres (futur Philippe-Egalité) en personne
suit au galop le ballon habité pour être le premierà féliciter les héros.
125 ans plustard,quand, le 13 Janvier 1908, à bord d'une machine de boiset de toile
construite par les frères Voisin, Henri Farmanréalise le premier kilomètre bouclé, la même
émotion intense reste au rendez-vous. De même que quelques mois plustard, quand l'améri
cainWilbur Wright étonneet séduitla France par les qualités d'un aéroplane auxformes très
surprenantes, qu'il a avecson frère, Orville, mis au pointaprès des années de patientes ex
périmentations. C'est là le point de départ de l'affrontement et de la controverse qui se dé
veloppera dans les années suivantes et que vous raconte en détail Emmanuel Chadeau. Et
l'occasion pour lui de décrire plus finement ces deux objets techniques dont les concep
tions sont bien différentes.
Que nous apprend cette histoire?Toutd'abord que, loind'être le fruitde bricolages
de génie, ces premiers avions ont résulté d'une démarcheexpérimentale approfondie ap
puyéesur une réflexion de physique fondamentale quis'est intensifiée à partir de la deuxiè
memoitié du XIX® siècle. Une théoriedu vols'est ainsi peu à peu constituée quis'est cristal
lisée dans l'architecture des appareils.
On y voit ensuite à quel point, dès ce début de siècle, une invention technique ma
jeureest devenue uneoeuvre collective mettant en jeudes relations entre de multiples ac
teurs, ingénieurs, expérimentateurs, financiers, savants et politiques, et, tout aussi impor
tants, médias. Enfin, et c'est une composante essentielle car elle concerne bien d'autres
découvertes dans des domaines très différents, elledevient l'enjeu de rivalités nationales.
Cetterivalité a biensûr pour fondements la naissance d'une industrie, dont on ima
gine déjàla puissance. Mais, de façon moins apparente, elles'enracine aussi dans une di
mensionculturelle. Forçant à peine le trait, l'affrontement que nous racontons ici met en
scène une école de pensée française marquée par la formation à dominantethéorique de
nos ingénieurs et qui aboutit à l'idée d'un avion automatiquement stable, et une écolede
pensée américaine, plus pragmatiste, et qui privilégie l'idée d'un appareilà tout moment
contrôlable par le pilote.
Ces deuxapproches fixent les limites des deuxappareils et ilest significatif qu'au
termedu défi, les choix techniques s'échangent entreinventeurs français et américains. De
cet échange, naîtravéritablement un avion de conception achevée. Les chemins de l'inven
tion auront alors conflué vers une forme techniquestable.
J-Pl
(1| Le premier vol habité au<lessus deParis date du 12septembre 1783 : les passagers étaient un mouton, un coq etun canard.
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où le progrès scientifique et technologique galope,
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I.E21 NOVEMBRE
1783 PARIS EST VU
D'EN HAUT POUR LA
PREMIÈRE FOIS.
MONGOLFIER ET
PILÂTRE DE ROSIERS
LIVRENT À L'HUMA
NITÉ L'EXPÉRIENCE
VÉCUE DE LA "VUE
TD'OISEAU".

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RÔGER-VIOUÉT
LES Emotions d'Icare

Quelchampdevisionlarge
et profond ! Lafuite de Pa
ris sous leurs pieds les fas
cinait et ils aperçurent,
pour la première fois, une capitale
enchâssée dans la campagne envi
VOIR LATERRE DUCIEL EST UNE
talion de l'air contenu dans le tissu
cellulaire de l'organisme, autant
qu'au froid de l'air environnant. "

UNE AFFAIRE
ronnante. Leurregard se porta jus DESAVANTS
qu'au confluent de la Seine et de
l'Oise,jusqu'aux hauteurs de Saint-
Germain, alors qu'ils survolaient les
SENSATION
QU'AUCUNE IMAGINA
L'expérienceémerveil e des
spectateurs de plusen plus
collines de Chaiiiot, puis longeaient nombreux, mais attire aus
l'île des Cygnes. Laville était tout
entière à portée de leurs yeux, ils
TION NE POUVAIT DÉCRI si l'attention des savants.
Une premièrecommission de l'Aca
avaient l'impression de pouvoir la
prendre dans leurs mains.
RE COMPLÈTEMENT démie des Sciences de Paris est
constituée dès le 2 juillet pour
Le caprice du vent ne les avait pas rendre compte du tout premieren
tôt ramenés au-dessus des inva AVANT Pilâtre de Ro vol de Montgolfier à Annonay. Fin
lides,que déjà des étincelles consu décembre 1783, une seconde, plus
maient l'enveloppe de taffetas et de siers. Un siècle AVANT scientifique,est chargée d'étudier
papier. Fallait-il descendre et tenter les perfectionnements à apporter
d'atterrir ?
"Mais nous sommes sur Paris" s'ex-
L'AVION, CE QU'IL dé aux aérostats, et surtout d'indiquer
les différentes conséquences que
clama Pilâtre !
Paris vu du ciel pour la première
couvrait ÉTAIT UNE l'on pouvait tirer de leur introduc
tion. Lavoisier et Berthollet en font
fois: l'expérience de Mongolfier et partie. Ilssont chimistes, ce qui est
Pilâtre de Rosiers le vendredi 21 no ÉMOTION MOINS UTILE surprenant.
vembre 1783 est, au sens propre,du C'est que, si chacun a compris le
jamais vu. Jusque-là, une telle pro QUECOMMUNICATIVE : principe physique de la machine,
fondeur du regardne pouvait être fi l'antique loide la poussée d'Archi-
gurée que par le dessin. Onfaisait
usage de ce qui s'appelle la pers
Chimistes, géographes mède, deux procédés sont, dès
août 83,en concurrence: le gonfla
pective aérienne, ou encore de la ge à l'airchaudet celui à l'hydrogè
perspective "à vue d'oiseau". Dans ET HOMMES DE GUERRE ne. Or, ce gaz qualifié "d'inflam
l'Encyclopédiede d'Alembert et Di mable"n'a été mis en évidence que
derot, qui date du milieu du XVllle SE LAISSÈRENT TENTER. depuis peu par Lavoisier, le mathé
siècle, 11 est indiquéque la première maticien Monge et l'Anglais Caven-
est cellequi représente les corps di
minués et dans un moindre jour à
PAR Jean Dhombres dish et on le connaît mal. Avoir à en
traiter de grandesquantitéspour le
proportion de leur élolgnement. gonflement d'un ballonest pour les
Tandis que la seconde est la repré chimistes une aubaine: une occa
sentation que l'on fait d'un objet, en suppo avecson plus jeunefrèreRobert, à bord d'un sion de mieuxdominerce gaznouveauet de
sant l'oeilfort élevé au-dessus du plan oîi cet ballon gonflé à l'hydrogène. 11 parle d'abord se familiariser avec les conditions de sa pro
objet est représenté, en sorte que l'oeil en "d'hilarité"; entendez sans doute d'un plaisir duction. Aussi, aux montgolfières, les sa
aperçoive un très grand nombre de dimen extraordinaire, puis ajoute: "A mondépartde vants, par exemple Guyton de Morveau chi
sions à la fois; par exemplele plan d'un villa la prairie, le soleil était couchépour les habi misteà Dijon, PierreLévêque mathématicien
ge avec ses rues et ses malsons. tants des vallons. Bientôt il se leva pour moi à Nantes, préfèrent-ils très vite les "char-
Lesimpressionsd'une augmentation fabu seul,et vintencore une foisdorer de ses rayons 11ères" (du nomde Charles).
leuse du champ visuel reviennent constam leglobe et le char:j'étais leseulcorps éclairé L'aéronautique, dès ses débuts, s'intégrait
ment sous la plume des premiers audacieux dans l'horizon, et je voyaistout le reste de la ainsi dans le réseau des préoccupations du
qui,à la fin du XVllle siècle,s'élèvent dans le nature plongé dansl'ombre. Au milieu du ra mondescientifique et technique. Al'annonce
cielà bord de ballonsgonflés à l'air chaud ou vissement inexprimable, et de cette extase du lancement d'Annonay,Leonhard Euler,
à l'hydrogène. Voyez, par exemple, ces im contemplative, je fusrappelé à moi-même par mathématicien alors le plus vénéré d'Euro
pressions du physicien Charles qui, le pre une douleur très extraordinaire, et queje res pe, composa un calcul pour rendre compte
mierdécembre1783, quelquesjours après le sentis dans l'intérieur de l'oreille droite et dans des "lois du mouvementverticald'un globe
vol de Montgolfier et de Pilâtre s'embarque lesglandes maxillaires ;je l'attribuai à la dila- qui s'élève dans un air calme en vertude la

8
force ascensionnelle qu'ildoità sa légèreté" Navigation (v.encadré). et à transmettre, au-delà
Et ceci au cours du dernier mois de sa vie. Le mouvement horizon de leurs lignes, des si
tal n'était pas non plus gnaux auxalliés.
oublié du programme. La hauteur devient ainsi
EXPÉRIMENTER Mais on restait scep un avantage tactique,

Sitôtl'Académie saisie, un "program


me de recherche" en quatre direc
tique quant aux possibi
lités réelles de parvenir
à diriger les ballons
comme un oeil agrandi.
Mais l'enthousiasme ré
volutionnaire libère les
tions est mis sur pied. 11 fallait dans une direction vou ^ ressources de l'imagina-
d'abord diminuer le poids de l'aéro lue. Dès mars 1784, I tion. Monge rêve aux aé-
nef, parfaire la composition de l'enveloppe, Etienne Montgolfier 5 rostats pour transporter
-r

enfin en améliorer l'imperméabilité. On avaitsongéà équiperles ^ destractspar lavoie des


s'orientait vers des choix de vernis, ce qui machines aérostatiques LE BALLON A HYDROGENE airs. D'autres pour ache
impliquait un corps de techniciens,de nom de rames, puis avait INAUGURE L'ALLIANCE miner en masse des
breux essais, et la mise à contribution du fa cherché à en mesurer la ENTRE LA SCIENCE ET troupes sur les lieuxdes
bricant d'instruments scientifiques Fortin. force dans l'air, en com L'ART DU VOL. combats.
11 fallait ensuite étudier les différentes ma paraison de leur force Début septembre 93, on
nières d'obtenir l'hydrogène en grande dans l'eau. Defaçon plus novatrice, Meus- revient à des principes plus raisonnables,
quantité. nier proposait un systèmede manivelles per ceux-là mêmes de la commission de l'Acadé
11 fallait encore, dans la voietracée par Euler mettant de mettre en action des surfaces hé- mie de 1784. Une nouvelle commission est
lui-même, stabiliser l'altitude de l'aéronef et licoïdes disposées perpendiculairement à la nommée:elle comprend Lavoisler,Monge,
son mouvement oscillatoire suivant les di direction du vol, actionnées à la main. Avec Bertbollet. Un projet de ballon d'observation
verses perturbations de l'air. Lesdeux seuls un tel système, on pouvait espérer atteindre militaireest accepté en octobre: ils'appelle
paramètres sur lesquels 11 était apparem quatre kilomètres par heure. Lors de cette VEprouveur. En mars, le comité crée une
ment possibled'agir étaient d'une part le vo phase originelle de l'aéronautique, la vitesse compagnie militaire d'aérostiers - trente
lume de gaz dans l'enveloppe, et d'autre n'était donc' pas au rendez-vous. Pour libé hommes. Acheminé vers l'armée du Nord,
part le poids de l'aérostat avec le lest. Les rer les ballons des hasards des courants aé l'Eprouneur changede nom, devient ïEntre
mathématiques apparaissaient d'autant plus riens, il aurait sans doute fallu s'intéresser prenant. Le26juin 1794, on l'utilise comme
utiles qu'elles venaient de permettre des au mouvement des oiseaux, ce qui viendra ballon captif lors de la bataille de Eleurus.
progrès considérables en hydrodynamique, plus tard. Les graveurs d'estampes l'immortalisent
notamment par l'étude de la stabilité du na commesymboled'une première victoire ré
vire en mer. publicaine frappée au coin de la science et
Leproblème était toutefois plus compliqué; DÉFENDRE de l'innovation. Mais les militaires doutent
car avecdes aérostats il ne s'agissait pas de LA PATRIE vite de son utilité et le ballon que Bonaparte
flotter sur, mais de flotter dans, littérale fait emporter lors de l'expédition d'Egypte
ment de nager. Meusnleret les frères Robert H l'époque denombreux savants sont ne sert plus qu'à impressionnerles popula
eurent une idée très simpleet très élégante, des ingénieurs militaires. Un parmi tions en exhibant une production spectacu
d'autres, Lazare Carnot, physicien
qui ne provint pas des mathématiques, mais
qui en permit par contre l'application. Ils
s'inspirèrent de ce que l'on savait alors de la
M et capitaine dans l'arme du Génie,
s'intéresse aux ballons. Aussi parmi toutes
lairede la Francerépublicaine.

vessie natatoire des poissons qui, plus ou les préoccupations techniques qui entourent CARTOGRAPHIER
moins remplie de gaz, et alternativement ces derniers, celles à consonance militaire
gonflée ou rétrécie, les maintient à des pro ne sont pas les moindres. La révolution les ès 1783, la toute nouvelle expérien

D
fondeurs différentes. En introduisant une concrétise. ce des airs a donné matière à une
poche d'air supplémentaire dans l'aérostat, En1793, Guyton de Morveau, premier prési premièreréflexion sur l'agrandisse
gonflableou dégonflable selon les circons dent du Comité de salut public depuisavril, ment de l'espace offert au regard.
tances, Meusnler jouait sur le volume, donc engagé dans le cadre de la mobilisation des Ceuxqui voyageaientainsi étaient tout éton
sur la poussée d'Arcbimèdeet assurait ainsi savants pour la défense de la patrie en dan nés de reconnaître le paysage, citantvillages,
le maintien à une altitude donnée. 11 suffit ger, se souvient de ses expériences aérosta clochers ou accident du relief, mais en même
que, par la suite, on simplifieencore le sys tiques de Dijon. Connaissant les perfor temps remarquaient combien la vision était
tème en plaçant les deux gaz dans la même mances des machines, les difficultés de leur différente de ce qui leur était familier, com
enveloppe pour que réapparaisse une sorte emploi, il les conçoit dans un usage statique. mesi devantleursyeuxquelquechose d'abs
de ligne de flottaison. Ce faisant, on redé Les ballons captifs, projection en altitude trait leur était proposé, se jouant des obs
couvrait la notion de métacentre posée par d'un point fixe au sol, serviraient à rensei tacles terrestres, à la manière d'une carte dé
Pierre Bouguer dans son Nouveau Traité de gner sur les positions des troupes ennemies roulée. Acette époque on ne savait guère
LES ÉMOTIONS D'ICARE

comment représenter efficacement le relief géométrique permettant le repérage, mais,


sur une carte et celles des Cassinl ne rensei chose inhabituelle chez lui, n'eut pas le
gnaient que très médiocrement sur les hau temps de dessiner la figurecorrespondante.
teurs différentes des lieux représentés. Le Demanière classique, le problème se traite
lien entre dessin, carte et aérostation fut par l'intersectionde trois cônes,mais ilétait I a notion de métacentre fut inventée
donc immédiat, sans contradiction avec les possiblede lediminuer encorepar des consi I par l'architecte naval Pierre Bouguer
techniques précédentes du dessin linéaire et dérations angulaires, en faiten réduisant les JJpour rendre compte du roulis et du
perspectif, inventées depuis longtemps par angles à l'horizon.La méthode de Monge tangage. Il s'agit d'un point géométrique

Dans,.svivent
les mathématiciens et les peintres.

donc un moyen de faire des nivel


lementset de préparer des cartes.
était pourtant toute théorique, car plusieurs
problèmesrestaient impossiblesà résoudre
sur le terrain: comment déterminer la hau
teur exacte de l'aérostat au moment de la
mesure ? que faire des oscillations de la na
construit à partir de la forme de la carè
ne d'un navire, et qui tient compte de sa
partie immergée. Lors d'un mouvement
de roulis, il ya un couple constitué par
deux forces : l'une qui correspond ou
Etablies, celles-ci permirent la di celle ? Autant de questions majeures. On poids etqui s'exerce ou centre de gravi
vision du territoire en départements et don procédait à l'époque en disposant deux ob té du navire, l'autre représentant la pous
nèrent naissance au cadastre organisé. La servateurs, ou plus, à des endroits différents sée d'Archimède s'applique ou méta
terre elle-même fut objet de mesures, préci et munisde lunettes pour observer le ballon. centre de la partie immergée correspon
sément entre 1792et 1799,afin de détermi Mais encore fallait-il pouvoir synchroniser dante. Ce couple assure la stabilité du
ner la longueurdu rayon du globeau moyen très exactement leurs visées, ce qui n'était navire, etdonc la non-aggravation du
d'une géodésie de triangulation entre Dun- guère possiblequ'à quelques secondes près roulis lorsqu'il tend à rétablir le navire
kerque et Barcelone. Aussi ne faut-il pas et au canon ! Ainsià Nantes, en septembre dans saposition d'équilibre. Ceci est ac
s'étonner de voir Intervenir en aérostation le 1784, tandis que la fouleravie s'extasiait sur quis approximativement- etpour de pe
mathématicienqui avait conçu une nouvelle le spectacle des envols, Lévêque se lamen- tits mouvements- lorsque le métacentre
représentation des corps géométriques, et talt-11 sur l'échec de ses tentatives de carto correspondant à la position d'équilibre
partant, des objets réguliers ou construits graphie aérienne. Lesessais ne furent pas est situé au-dessus du centre degravité.
mécaniquement. Nommément GaspardMon- très concluants : on les abandonna au tout Mais la difficulté dans le cas d'un aéro
ge, qui venait de codifier la géométrie des début du XlXe siècle. Mais ces relevés suffi stat est qu'il n'y a pas de ligne de flottai
criptive avant de l'enseigner à un millier saient lorsqu'il s'agissait de dresser une es son !Cependant on retrouve une telle
d'élèves réunis en 1795 dans l'amphithéâtre quisse, par exemple pour les besoins d'une notion sil'on considère leballon comme
campagne militaire. constitué d'hydrogène flottant, selon
L'ascensionen bal onmodifia-t-el e
au Muséum d'Histoire Naturelle de Paris.
C'est à l'occasionde ces cours qu'il expliqua l'idéede Meusnier, au-dessus de l'air
comment utiliser les aérostats pour les d'un réservoir stabilisateur supplémentai
cartes et le nivellement. Saleçonfut pronon donc véritablement la perception re. En utilisant tout l'acquis del'hydrody
cée le 1er germinal an III (21 mars 1795). humaine de la surface terrestre? namique, les calculs étaient dès lors pos
L'exemple proposé auxélèvessous forme de Sans doute pas. La perspective aé sibles moyennant quelques hypothèses
question mérite qu'on le donne dans son in rienne avait été anticipée par les peintres et simplificatrices : la forme des aérostats
tégralité. "Un générald'unedes armées de la les mathématiciens. Mais cette premièreex virait alors au cigare elliptique avec une
République en facede l'ennemi n'a pas la car périencede conquête de la troisièmedimen nacelle attaché assez loin du ballon pro
te dupays occupé par celuki, et il en a besoin sion permit d'allonger l'étendue du regard. prement dit. Fin 1784, la plupart des
pour fairele plan d'une attaquequ'ilmédite. H Simultanément, 11 se trouve qu'on exigea aus idées sur la stabilitédes ballons étaient
a unaérostat. Hcharge un ingénieur de s'éle si plus de précisiongéométriqueet de détail en place. Ces idées allaient pouvoir ser
veravec l'aérostatet de prendre toutes les me dans les représentations par le dessin. vir bien des décennies plus tord pour la
sures nécessairespour faire la carte, et pour L'aventure militaire de la Révolution confir mise en place des sous-marins.
en donner un nivellementapproché ; mais ila ma que les ballons servaient bien à voir plus
lieude croire quesi l'aérostatchangeait de sta loin, mais sans permettre cette précision
tion sur le terrain, l'ennemi s'apercevrait de nouvellement exigée. Ence sens, les ballons
son dessein. Enconséquent, ilpermetà l'ingé n'apportèrent pas de représentation nouvel autant de raffinement que les peintres en
nieur de s'élever à différentes hauteurs dans le du monde. Enrevanche, sur un autre plan, avaientmis à décorer les premièresmongol-
l'atmosphère, si cela est nécessaire, mais il lui ils donnèrent à voir la réalité du progrès fières. La littérature fit des ballons les sym
défend de changerde station à terre. L'ingé technique. boles de la conquête irréversible d'une nou
nieurest munid'un instrument propre à mesu Cefaitest très important. La preuvefutainsi velledimension. Elle ne se trompait pas.
rer lesangles, et cet instrument estgarnid'un apportée que l'Homme pouvait venir à bout Quelquecent ans plus tard, les descendants
filà plomb. On demande comment l'ingénieur de contraintes naturelles insurmontées de ceuxqui, savants et Ingénieurs, avaient In
pourra exécuter lesordres dugénéral". jusque là. Romanciers et poètes se mirent, venté l'aérostatlon allaient transformer cette
En réponse, Monge expliquala construction au XlXesiècle, à célébrer les aérostats avec conquête en empire.

10
LES ACTEURS

Qu'est ce qu'une histoire, si ce n'est


D'ABORD UNE DISTRIBUTION DE PERSONNAGES ?
NOTRE RÉCIT TRAITERA DES ÉVÉNEMENTS SUR
VENUS AU COURS DES ANNÉES 1907 ET 1908,
;
EN France, dans le domaine de l'aviation.
En voici d'abord les acteurs, hommes et ins
titutions. Certains ne se retrouveront pas
SUR L'AVANT-SCÈNE MAIS TOUS ONT PARTICIPÉ
À LA NAISSANCE DU PLUS LOURD QUE L'AIR.
Louis, Léon, Robert, Henri, Ferdinand et les autres...

LE WHO'S WHO de ceux Q


Imaginons que nous puissions tous les convier à une petite fête. Elle serait
sans doute plus CHAMPAGNE ET PETITS FOURS QUE SAUCISSON ET BEAUJOLAIS. A L'EN-

DES SPECTATEURS PAS


ORDINAIRES POUR LES ESSAIS
DE L'HYDROPLANE SANTOS-
DUMONT. DE G. ÀDR,, LES
AVIATEURS DELAGRANGE,

DOMJAIME DE BOURBON
(DERRIÈRE), L'ARCHIDUC ^

r/p'èsYs-ïf ^ ^
Louis, Léon, Robert, Henri, Ferdinand et les autres.

Il ONT INVENTÉ L'AVIATION


FRÉE, SE TIENDRAIT DONC UN ABOYEUR QUI, D'UNE VOIX FORTE ET CONTRÔLÉE, ÉGRÈNE
RAIT, L'UN APRÈS L'AUTRE, DES NOMS CONNUS ET D'AUTRES QUI LE SONT MOINS...

PAR Emmanuel Chadeau

L'histoirede la nais ance tions qu'il nous fallait vous présen


de l'avion présentée ter. Les voici, regroupés en six ca
dansce n°l desCahiers de Science tégories:
et Vie raconte ce qui s'est passé au -Les pilotes et les ingénieurs;
cours des années 1907 et surtout -Les précurseurs;
1908 en France. -Les incitoteurs etles mécènes;
Après le ballon, le chemin de fer, -Les savants et les politiques;
l'automobile, le dirigeable, l'aéro -La presse;
plane viendra clore une série déjà - La foule.
longue d'inventions majeures. La lo Un mot avant d'aller plus loin. Il
comotion aérienne n'était plus un existe de nombreuses façons de fai
miracle. Mais il fallait tout de même re des présentations. On peut par
croire à ces improbables machines. exemple choisir un critère chrono
L'attitude est normale pour un inven logique -l'ordre d'entrée dans un
teur. Les pilotes et ingénieurs de ces lieu ou dons une histoire -, un critè
années-là sont d'ailleurs, restés, re d'importance dans le récit -on
pour la plupart, célèbres pour leur présente alors les personnages
conviction. qu'on juge de premier plan, puis
Ils n'étaient pourtant pas seuls. les comparses -, un critère protoco
L'élan scientifique et sportif qui em laire -on présente d'abord les
porte les aviateurs tient tout autant femmes selon leur âge, puis les ec
aux mécènes, industriels et propa clésiastiques, etc.
gandistes qui les encouragent et sur Le critère que nous ovonc retenu est
tout les soutiennent financièrement. plus arbitraire : il s'agit grosso
Il acquiert un parfum de sérieux modo, à l'intérieur de chaque grou
auprès des savants qui les congratu pe, d'un ordre alphabétique. C'est
lent. L'événement naît également que, un peu à la façon d'un astrono
d'une activité nouvelle : celle des ro me qui doit décrire les composants
tatives de presse, qui tournent dé d'un système stellaire avant d'en
sormais tous les jours à des cen étudier les interrelations, nous met
taines de milliers de tours. Enfin, tons ici l'accent sur des histoires in
l'impatience des pilotes n'aurait dividuelles et non sur l'histoire col
sans doute pas été la même sans la lective qui naîtra de leur mélange.
foule qui, enthousiaste et désordon Cette histoire collective, c'est aux
née, se presse aux lisières des ter articles suivants qu'il reviendra de
rains. Autant d'acteurs ou d'institu la retracer.
ia
Louis, Léon, Robert, Henri, Ferdinand et les autres...

négociants de la région, qui possè des pilotes qui fera voler leur bi
de également des manufactures tex plan. Né en 1873, il est fils d'un
tiles. En 1895, il est sorti de l'Ecole grand toilier des pays de Loire et
Centrale avec en poche un presti sculpteur de son état. Mais il aban
gieux et, à l'époque, fort rare diplô donnera cette première vocation ou
me d'ingénieur civil des arts et ma profit de l'aviation. Ce qui lui coûte
nufactures. C'est un homme dyna ra la vie en 1910, aux commandes
mique, mais taciturne et autoritaire. d'un Blériot.
L'aviation est déjà sa seconde car Robert Esnault-Pelterie a
rière. En 1897, àvingt-cinq ans, il a construit en 1907 un monoplan
fondé, sur des brevets de son idée, qu'il parviendra à faire décoller en
LOU s BLERIOT ET C
une firme de phares à acétylène octobre. Il sera l'inventeur, avec
pour automobiles. Son affaire a Blériot, du "manche à balai" et du
prospéré rapidement, et c'est avec "palonnier". Très actif dans le mi
ses bénéfices qu'il peut, à partir de lieu de l'aviation il sera l'organisa •r»-
1905, financer des prototypes de teur du premier salon de la locomo
monoplans qui, au début, vont d'oc tion aérienne de 1909. En 1908, il
LES PILOTES cident en accident. Mais il sera un
ET LES INGENIEURS des premiers à faire voler un avion
de forme classique. Henri Farman est le pilote qui, en
Louis Blériot, le futur vainqueur Léon Delagrange, sera en 1908, fait s'écrier la presse que
dela Manche, est né à Cambrai en 1907 le premier client des frères 'aviation est une invention françai
1872. Il descend d'une famille de Voisin, constructeurs d'avions, et, se. Il a trente-quatre ans. Il est le fils
grands propriétaires terriens et de avec Charles Voisin et Formon, un du correspondant permanent à Pa
ris de l'Evening Standard de
Londres. Il a commencé par étudier
la peinture aux Beaux-Arts. Mais
c'est un passionné de sport. Apartir
del 895, il a mené une carrière de
ROBERT ESNAULT-PELTERIE
coureur cycliste et, après 1900, de
a vingt-sept ans. Son père, Antoine, pilote automobile. Ses succès lui ont
est le troisième d'une lignée de dra rapporté de quoi monter, avec son
piers établis à Paris sous la Révolu frère Maurice, un grand garage si
tion. C'est un des piliers du syndicat tué près de l'Etoile où l'on carrosse
professionnel des cotonniers. Il em et entretient les véhicules d'une
ploie des centaines d'ouvriers dons clientèle opu
ses usines de l'Oise et de la Som lente. Ce qui
me. Robert, lui, est licencié és lui permet
sciences :à l'époque, la France ne de se por
les fabrique que par petites poi ter ocqué- _W' •
gnées. Distinction complémentaire,
il est lauréat de la Faculté de Paris l'avion
pour l'excellence de ses travaux de Voisin.
jeune chercheur. La mort de son pè
re, lui laissera, en 1912, un hérita
ge d'une bonne dizaine de millions
-r 1 defroncs/or (quatre cents millions
en francs d'aujourd'hui).
LÉON DELAGRANGE 14
HENRI FARMAN (A
GAUCHE) ET LOUIS BLÉRIOT
MESURANT LA VITESSE DU
VENT. LE PREMIER SERA LE
CHAMPION DU PREMIER KM
EN 1908, LE DEUXIÈME
TRAVERSERA LA MANCHE
EN 1909.

jorité, Alberto est à l'abri du besoin


: son imposante fortune lui permet
de consacrer chaque année une ou
deux centaines de milliers de
francs/or à ses expériences sans
que son train de vie en soit réduit.
Non diplômé, mois instruit, c'est un
ingénieur capable qui participe àla
wmm. mise ou point de ses avions. Il les
fait construire chez Surcouf,
fabricant de dirigeables à Billan
court, et pilote ses machines en cha
peau de feutre et complet trois
pièces. D'où une réputation bien as
sumée de sportif mondain, que l'on
M • • • "

a volontiers étendue à d'autres.


'if' 4s I
Gabriel et Charles Voisin,
o
après avoir essayé plusieurs pla
neurs pour Ernest Archdeacon,
Ferdinand Ferber est, entre haut niveau, officier du corps de ro le concepteur des avions Astro. construisent en 1907 l'avion le plus
1898 et 1905, le principal expéri l'Artillerie et a professé à l'Ecole mi Alberto Santos-Dumont, lui, prometteur jamais conçu en France.
mentateur français de vol plané. litaire de Fontainebleau. Pour pour est un personnage très populaire à Nés en 1880 et 1882, ils sont
C'est oussi un prapagandiste actif suivre ses essais, il s'est fait mettre Paris. Entre 1898 et 1901, il a jeunes. En dépit de leurs casquettes
de la cause de l'aviation. Il est néà en congé de l'Armée. Ala faveur construit et fait voler une demi-dou populaires, ils descendent d'une li
Lyon en 1862, héritier d'une famille de conférences, il a fait des émules : zaine de dirigeables au-dessus de gnée d'ingénieurs des Arts et Mé
ayant des propriétés de port et entre 1902 et 1904, il a convaincu la capitale, avant de gagner le tiers; leur père, Georges,
d'outre de la frontière franco-suisse. Gabriel Voisin, Louis Blériot etRo Grand prix d'aérostation t directeur
Il est polytechnicien, ingénieur de bert Esnoult-Pelterie. Il estaussi l'un Puis, en 1905, il passe à une fonde
des premiers correspondants en l'aviation. rieà Belle-
France des frères Wright. Il se tuera Né en 1873 à Sonto ville-sur-
en 1910 à Boulogne, au cours d'un Luzio do Rio dos Vel- Soône.
décollage. hos, il est brésilien par Ce qui
Henri Kapferer, client de Voi sa mère et fronçais permet
sin, est également constructeur et par son père. Ce der à Go-
pilote à ses heures. Ingénieur et fils nier est ingénieur, sor
d'ingénieur, il sort de de l'Ecole des ti de l'Ecole Centrale, et
Mines de Paris. En 1895, à vingt- a fait fortune en mécani
quatre ans. Il est parti explorer l'In sant ses plantations de
donésie, en quête de pétrole. Il est café ou Brésil. Hé
revenu en France comme comman ritier dès sa
dant du premier pétrolier fronçais. Il
est lancé dons l'aviation par son
cousin, Henri Deutsch de la
Meurthe, industriel et mécène de
premier plan, dont il commence par
piloter les dirigeables. Puis il assure,
pour le compte de son oncle, le sui-1
vi technique des avions Voisin. Il se-
FERDINAND FERBER ALBERTO SANTOS-DUMONT
GABRIEL ET CHARLES
VOISIN. ILS CONSTRUISENT
ÀBILLANCOURT L'AVION
D'HENRI FARMAN ET DE
LÉON LAGRANGE.

avant- hommes instruits, des ingénieurs ou née Halévy, fille de l'auteur et libret
des scientifiques estampillés par les tiste d'Offenbach, soeur et tante
grandes écoles ou par l'université. d'une lignée d'intellectuels et d'his
Aquelques exceptions près : ni For- toriens. Orphelins jeunes, ils ont été
mon, ni Delagrange ne sont ingé initiés à la science par Marcellin
nieurs. Mais sans être pour autant Berthelot, chimiste, ministre et aca
date leur premiè- des marginaux :plutôt des fils de fa- démicien français. C'est un intime
re réalisation aé- mille, issus de la haute ou de la de la famille. Après lui, ils peuvent
ronautique : un moyenne bourgeoisie, qui n'appar- compter sur l'appui de Charles Ri-
cerf-volant cellulai- tiennent pas, en tout cas, à la faule chet, professeur de médecine, futur
re. Puis, à partir de du bon peuple. Et ils ont de la fortu- membre de l'Institut et prix Nobel
1900, ils essaient ne : les uns par héritage, les autres en 1913.
des planeurs en taille parce que l'aviation est leur secon- Appui, argent, études, expérience
réelle. Leur premier de vocation. Blériot, Forman et les générale. C'est déjà beaucoup.
avion motorisé date Wright tirent des revenus confor Mais ce n'est pas tout. Tous ces
de 1903. Ils ont inté tables de leurs premières carrières. jeunes gens bien dotés par la socié-
gralement financé Les Voisin, Santos- Dumont, Esnault-
eurs re Pelterie, Delagrange, ont fait ou
cherches avec feront des héritages. D'autres,
les revenus de enfin, jouissent d'appuis fami-
leur fabrique de liaux importants.
cycles, C'est le cas, par exemple, des
La première décen frères BRÉGUEiqui, en
briel Voisin de financer ses re nie du XXe siècle estcelle de 1907, n'en sont encore
cherches sur plusieurs héritages suc l'épanouissement des sports méca qu'à bricoler un gyro-
cessifs. Parce qu'il a fait les Beaux- niques. Automobiles, motocyclettes plane, mais connaî
Arts, on le traite souvent d'artiste : et canots à moteur s'affrontent déjà tront le succès à partir
en réalité, il a étudié l'architecture, dans des courses folles. C'estaussi de 1909. Ils comp
et lecalcul desformes etdesmasses l'époque où les femmes commen tent dans leurs ascen
n'a pas de secret pour lui. Léon Le- cent à jeter leur corset aux orties, où dants un arriéré
vavasseur, constructeur du moteur les prolétaires font de même avec la grand-pére fabricant
"Antoinette" qui équipe les avions blouse et les bourgeois avec le haut de montres de préci-
des Voisin, est lui aussi architecte. de forme. En politique internationa- sion, un grand-père
WiLBUR ET Orville Wright Se le, c'est l'Entente Cordiale. La mode pionnier de l'appa-
ront les principaux rivaux améri est anglophile :snob et informelle à reillage électrique sous
cains des aviateurs français. Nés la fois. La photographie de genre le second Empire et un
respectivement en 1867 et 1871, fait rage: les sportsmen posent à père ingénieur, organi-
ils sont les benjamins d'une famille bord de leurs machines et les ingé- sateur de la grande Ex-
de cinq enfants. Le père est pasteur. nieurs se laissent prendre penchés position Internationale
Leur jeunesse et leurs études, qui se sur leurs moteurs. Les aviateurs d'électricité en 1881 à
déroulent à Dayton, Ghio, n'ont n'échappent pas à cette mode. Ils Paris. La famille appar-
rien de remarquable. Après avoir se donnent souvent l'allure d'où- tient à l'élite parisienne,
travaillé dans l'imprimerie, ils ou vriers ou de bricoleurs, mais ce Leur mère est
vrent un atelier de fabrication de bi sont, comme on l'a vu, des
cyclettes qui devient rapidement
prospère. La mécanique des cycles m
est, à l'époque, une technologie
r
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Louis, Léon, Robert, Henri, Ferdinand et les autres...

Automobile Club de France

té montent sur scène avec le bogo- rêt pour la mécanique et l'aérody Clément Ader (1841-1925). Il
ge technique laissé par quelques namique l'a conduit vers l'étude des est natif de Muret, près de Toulou agates»
précurseurs de l'aviation dont cer "corps aériens pesants". En 1894, se. Ingénieur des chemins de fer,
tains ont été leurs professeurs. il a publié sur ce sujet un gros livre mois surtout inventeur, il vit des
intitulé Progress in Flying Machines brevets qu'il o déposé dons diffé
que tous les aviateurs ont à portée rents domaines. Entre 1886 et
de la main. Puis il a tenté des expé 1897, il conçoit et essaie à Armain- 1- SA.LO N IMTERNATIONAL DE
riences avec ses associés Herring, villiers les premiers appareils moto
Avery et Butusov. Tous les créateurs risés que l'on connaisse. Et il a, lAÊRONAUTIOUE
BALLONS DIRIGEABLES
LES PRECURSEURS de la nouvelle génération sont, plus semble-t-il, bel et bien décollé en AÉROPLANES
24-30 DECEMBRE 1308
ou moins, ses élèves. C'est lui qui, 1890 avec son Eale à vapeur. Ala
GRAND PALAIS paris
Un des plus importants théoriciens personnellement, conseille les suite de quoi le ministère de la
et praticiens est un américain d'ori Wright pour leur premier planeur et Guerre s'est intéressé à ses re dons une association à la fois sporti
gine française, Octave Chanu- correspond avec Ferdinand Ferber cherches. Mais, après l'échec de ve et savante, l'Aéro-Club de
TE |]832-]910|. Il est ingénieur et lors de ses expériences de vol pla son troisième appareil, l'Avion III, France. Celui-ci entend défendre
a consacré sa vie à la construction né. Beaucoup de planeurs expéri il a cessé toute expérience en la navigation humaine dans les airs
des ouvrages mentés en Europe entre 1900 et 1897. Quand, en 1900, il reçoit le comme l'Automobile-Club de Fran
d'art, no 1905 sont des "type Chonute". jeune Gabriel Voisin dons sa retrai ce, créé en 1895, a soutenu le
tamment Otto Lilienthalest un ingénieur te de Muret, il l'assomme de théo transport terrestre motorisé.
fe rr0- allemand, grand expérimentateur ries complexes. Ses résultats et ses D'ailleurs, les deux clubs ont un cer
viaires. Son d'ailes volantes. Né en 1848 à procédés sont peu clairs. tain nombre de fondateurs en com
inté- Anklam, en Poméranie, il essaie Mais Ader est un exemple. Sa pre mun, et ils partagent le même siège
entre 1860 et 1889 toutes sortes de mière machine, l'Eole, oété expo social. Pas n'importe où : dons les
machines à ailes battantes. Puis il sée dans l'ancienne galerie de l'Ex salons de l'hôtel Crillon, place de
passe au planeur et établit qu'une position de 1889, et l'Avion III est la Concorde à Paris. Autant dire
aile concave est plus efficace visible sous la voûte du Grand Pa que le public est choisi, plutôt ar
qu'une aile plate. De 1891 à lais à l'exposition de 1900. Leurs genté et cultivé.
1896, il effectue plus de deux mille silhouettes impressionnent. Car le sport aérien est coûteux et
glissades à l'aide d'ailes en bois de demande des compétences tech
saule et toile tendue. Certains de niques et scientifiques, sons les
ses vols planés atteignent plus de
200 mde longueur. Il se tue le 9
août96 ou cours d'un de sesessais.
Il a publié en 1889 un traité répu
Q
LES INCITATEURS
quelles une simple ascension gui
dée par un câble peut devenir une
catastrophe. Mois le club n'est pas
fermé. Il met en relation les clubs de
té, te vol des oiseaux : essai sur la ET LES MECENES province et correspond avec l'étran
systématique du vol, que tous ses ger. Ses commissaires homologuent
successeurs européens et améri La passion est une chose. La réussite les records et les innovations. Il
cains ont lu. compte, parmi ses membres, des in
en est une autre. Celle desaviateurs
ORViLLE, Ferber est endu début du siècle a été largement génieurs, des savants, des hommes
CATHERINE ET France son favorisée par la conviction d'un pe du monde ou d'influence qui ne pra
WILBUR WRIGHT grand admi tit nombre d'hommes riches et in tiquent pas l'ascension, mois se pas
SE PRO/V^ENANT À rateur. fluents. Avant même d'avoir vu voler sionnent pour l'avenir des vols hu
PAU (1909). Les Français le premier appareil, l'idée de mains.
ILS PROFITENT DE sont aussi, l'avion les a fait agir. Ils appartien Des membres éminents de l'Aéro-
LEURS RÉCENTS d'une certai nent au milieu des amateurs d'aéro Club, certains vont se distinguer
TRIO/v^PHES.
ne façon, re stats et autres dirigeables. par leur rôle actif dans les événe
devables à Depuis 1898, ils se sont regroupés ments de 1908.

17
Louis, Léon, Robert, Henri, FERPiNAjj

C'estlecas cI'Henri Deutsch de ne. En 1904 (voir l'article "Le défi


LA Meurtre . Né en 1848, il est, du kilomètre p30), il est à l'origine
ou tournent du XXe siècle, depuis d'un défi historique pour l'aviation,
trente ans co-gérant, avec son frère avec l'aide, il est vrai, d'un compli
Emile, d'une puissante entreprise de ce .
négoce et de raffinage pétrolier, à Ce complice est Ernest Arch-
l'origine de la Shell-France. Ses inté DEACON (prononcez artch-dikonej.
rêts s'étendent alors jusqu'en Russie D'origine irlandaise, il est fils
et en Asie. Lui-même est ingénieur d'agent de change, rentier, distin
civil des Mines. Dès l'Exposition gué aéronaute, et ami des arts et
Universelle de 1889, il exhorte sa des sciences. Il est un des membres
vants et techniciens à développer fondateurs de l'Aéro-Club et fera re
l'emploi des moteurs à pétrole, Il fi tentir bientôt son verbe haut sur tous
nance des recherches grâce à sa les terrains où s'essaient les avions.
fortune et a des amis chez les répu Il a essayé lui-même quelques pla
blicains de gauche. neurs construits par les frères Voisin,
En 1899, poussé par le succès mois excelle surtout dans les encou
ragements. C'est lui qui, en 1904,
croissant des automobiles à essen
ce, il passe à la navigation offre la deuxième moitié du prix que
aérienne. Par ses liens avec lafamil l'on nomme désormais Deutsch-Ar-
le Péreire, qui protège l'inventeur, il chdeacon.
connaît les tentatives d'Ader, et les Dans ce domaine, à l'époque très gnes Ruinart, l'ingénieur expert en des fondations, des millionnaires
limites des générateurs à vapeur. Il important, du mécénat, il faudrait brevets, Armengaud, sans oublier mécènes ou réputés tels, n'ont ja
sait que les dirigeables, propulsés encore citer le marquis De Dion, bien sûr l'Aéro-Club lui-même. Tous mais trouvé un seul commanditaire
jusque-là à l'électricité, ont besoin éminent constructeur d'automobiles. se lancent dans un tourbillon de dans leur pays.
de meilleurs moteurs. Il lance Clément etCharron, prix, coupes et trophées offerts aux En France, ils trouvent un groupe di
donc un prix de 100 000 fabricants de bicy aviateurs. Une mention spéciale rigé par Lazare Weiller. Né en
francs/or, qui porte son nom, clettes, le banquier pour les frères Edouard et André 1858, cet ingénieur d'origine alsa
destiné au premier homme Lord Montagu De Michelin : industriels du pneuma cienne est spécialiste des conduc
qui réussira a survoler Pans ^ ^ - ^ Beoulieu, cousin tique automobile depuis 1895, ils teurs électriques. Il a fait fortune
en dirigeable à moteur, avec des Rotschild, le sont membres très actifs de l'ACF et dans l'industrie du cuivre et a créé
virage obligé autour de la Tour négociant en fondent, en 1908, une coupe des compagnies de taxis automo
Eiffel ICe prix, Sontos-Dumont a- d'aviation dotée de 30 000 Fde biles à Paris, Londres et Nev/ York.
le remporte en 1901 prix par an pour la plus grande dis Weiller est un bon connaisseur des
lors l'industrie des dii tance de vol en circuit fermé. Etats-Unis, et aussi un ingénieur pas
geables est reconnue Quand es sionné de modernité. Il va devenir
et se développe HENRI DEUTSCH frères Wright le promoteur des frères Wright, sui
avec des crédits de DELAMEURTHE, viendront à vi d'une cohorte d'industriels qui
I' Etat. De lui- INGÉNIEUR Paris, ils se mettent à leur service leur savoir-fai
ET PUISSANT
même, Henri ront émer re, leurs usines ou leur bourse : Eu
Deutsch offre
PÉTROLIER, EST LE veillés par la gène Motte de Rouboix, Léon Bollée
MÉCÈNE DE
son grand diri masse des en du Mans, les fabricants d'automo
LA PREMIÈRE
geable Ville- HEURE.
couragements biles Borriquond et Marre.
de-Paris à IL ACRÉÉ, AVEC donnés aux Politiquement, Lazare Weiller est
l'Armée. Et ERNEST aviateurs. une éminence grise de la gauche
Il passe c ARCHDEACON, Eux, qui vien modérée. Il finance le discret, mais
l'aéropla LE GRAND PRIX DE nent du pays influent Journo/ de la République
L'AVIATION
EN 1904,
DUlS, LÉON, ROBERT, HENRI, FERDINAND ET LES AUTRES.

quéfaction des gaz, et applique ses central de l'Aéro-Club de France.


théories à l'art de fabriquer les Ce fascicule illustré de photos, de
sphériques puis les dirigeables. dessins et de croquis est né en
Rodolphe Soreau, professeur 1899, presque en même temps que
de physique à la Sorbonne, théori le club. L'engouement pour l'avia
cien de la mécanique des fluides, tion d'un lectorot ayant un bon ni
est un défenseur des plus lourds que veau de culture scientifique et tech
l'air, en dépit d'une opinion généra nique lui permet, à partir de 1905,
le encore sceptique. de paraître deux fois par mois. Dès
PAUL PAINLEVE.
Paul Painlevé (1863-1933] mé
MATHÉMATICIEN ET HOMME
1902, sous le pseudonyme de "de
rite une mention spéciale. C'est un POLITIQUE, IL PLAIDE AUPRÈS Rue", Ferdinand Ferber yrapporte
mathématicien très connu. Atrente- DES POUVOIRS PUBLICS LA ses vols planés. Au passage, il assè
sept ans, en 1900, il a été admis à CAUSE DE L'AVION. ne quelques formules à l'emporte-
l'Académie des Sciences. Fonda pièce, comme celle-ci: "on appelle
teur de la théorie analytique des tomobilede janvier 1908. aviateur (Ij l'homme qui monte des
équations diffé- Sur son conseil, Louis Barthou, machines volantes comme un
rentielles, il a ministre du Commerce, frère d'un chauffeur conduit une automobile
LAZARE WEILLER (AU MILIEUj, INGENIEUR ET HOMME Cette parution rapprochée permet
aussi consacré oéronoute amateur, sera le premier
D'AFFAIRES INFLUENT FUT, A LA TETE D'UN GROUPE
D'INDUSTRIELS, LE PROMOTEUR DES WRIGHT. A DR:
une part de membre d'un gouvernement à mon de reproduire in extenso les inter
H. DEUTSCH ET W. WRIGHT. A G: MME WEILLER.
son temps à la ter en avion à la fin de 1908. views des concurrents du prix
mécanique gé Aussi, dès les premiers succès des Deutsch-Archdeocon (voir article
Française. Il est membre de premier nérale, et, notamment, à la méca ovionneurs fronçais, le Parlement suivant). On ylit leurs espoirs fous,
plan d'un cercle économique des nique des fluides. Ceci l'a conduit à se dotera d'un Comité d'Aéro comme ceux d'Esnoult-Pelterie qui,
plus écoutés. Il 0combattu Boulan l'aviation. Il est aussi farouche parti nautique bien charpenté, allant en 1907, annonce qu'il compte
ger et Déroulède, milité en faveur san des plus lourds que l'air, même deJean Jaurès à la droite modérée. bientôt remporter le trophée et s'ins
du capitaine Dreyfus. Les milieux in s'il ne méprise pas les dirigeables et Certains élus y brilleront, tel talle dans ce but dons un atelier de
formés savent bien qu'en 1893, dé les ballons. On le dit proche de Alexandre Millerond, premier mi Billancourt qu'il appelle "mon labo
jà, le président de la République Deutsch de la Meurthe, mois il reste nistre du Travail en France, etfutur ratoire Là, espère-t-il, ses ma
écrivait de lui "S'il le faut, Weiller très indépendant. Lors du match président de la République. chines volantes pourront voir le jour
nous apportera en cas de besoin franco-américain de 1908, il pren "au rythme d'une bonne centaine
deux cents députés dra place comme passager sur par mois I"
l'avion Wright puis sur le Voisin de Après le vol triomphal de Formon,
Formon. la revue se permet même une crise

D
LES SAVANTS
C'est aussi un militant politique ré
publicain et socialiste, mois indé
pendant du parti de Jaurès. Pas en
core député et déjà influent, il sensi
LA PRESSE
de lyrisme : le pilote du Voisin est
crédité d'un " regard bleu acier" et
d'un "sang-froid sons égal". Le récit
Journaux et magazines furent aussi de son vol est donné minute par mi
ET LES POLITIQUES bilise l'opinion en faveur des nou des acteurs remarquables de l'aven nute et une pleine page montre
veaux engins. Grâce à lui, les pou ture de l'avion. Apparue en 1870, l'instant fatidique où l'appareil pas
Un certain nombre de scientifiques voirs publics suivent de près la joute la presse aéronautique spécialisée se entre les deux fanions de l'arri
sont aussi de la partie. Ils soutien aérienne entre les avions Voisin et compte déjà neuf titres en 1908. El vée. Au premier plan des hommes
nent les expérimentateurs et com l'appareil de Wilbur Wright qui ani le s'emploie à rapporter, numéro en noir courent, agitant d'une main
mentent leurs résultats. Il ya ceux me l'année 1908. Grâceà Painlevé après numéro, le moindre bond des frénétique leur chapeau en signe de
qui, d'abord, s'intéressent aux bal encore, le gouvernement, conduit expérimentateurs et fournit des victoire. Puis c'est au tour des
lons. Par exemple, Louis Caille- par Clémenceou, vient admirer les aperçus techniques des machines. Wrights de foire les gros titres.
TET (1832-1913), physicien, chi machines volantes sur les stands qui Au premier rang de ces pério l'Aérophile est lu par un public res
miste et industriel, a découvert la li- leur sont réservés ou Salon de l'Au- diques vient l'Aérophile, organe treint, mois qui dépasse tout de mê-

19
les décideurs avides de popularité
s'y intéressent aussi. Ainsi se met
en place un formidable effet de le
vier qui stimule les créateurs.
Ceux-ci regrettent peut-être par mo
ments la réduction de leur oeuvre à
la dimension d'une compétition
entre maisons de haute-couture.
EN 1908, Mois la grande presse leur amène
IL EXISTE des partisans et des moyens finan
DÉJÀ NEUF ciers. Cor les grands journaux of
REVUES frent des prix. En octobre 1906,
SPÉCIALiSÉES Sontos-Dumont fait à Bagatelle un
QUI SUIVENT bond motorisé de deux cent vingt
PAS ÀPAS LES PROGRÈS DE mètres. Dès le 9 novembre. Le Ma
L'AÉRONAUTIQUE. détails tech tin offre 250 000 francs/or (un mil
MAIS C'EST SURTOUT LA
PRESSE QUOTIDIENNE
niques des pro lion de francs actuels) ou premier pi
ET ILLUSTRÉE grès réalisés lote qui ira, par les airs, de Paris à
-CERTAINS TITRES TIRENT À échappent à cette Londres. Sur cette somme énorme,
700.000 EXEMPLAIRES- presse- là. Tout ou 100 000 francs seront versés par la
OUI ENTRETIENT plus, les rubricords caisse du quotidien, le reste étant
L'ENTHOUSIASME 3, 3;7»-, se risquent-ils à com fourni par un trio de mécènes. Et,
DU PUBLIC. parer les mérites du mo prémonition heureuse, la récompen
A L'INSTAR DES noplan et du biplan. se est offerte àcompter du 14 juillet
MÉCÈNES, ELLE OFFRE Mois c'est par eux que 1908. Juste le temps qu'il faudra
DES RÉCOMPENSES l'avion devient un objet po pour voir naître la génération des
IMPORTANTES AUX pulaire avant même d'exis premiers avions réussis.Quelques
AVIATEURS.
ter. Les pilotes et les inventeurs mois plus tord, le Daily
sont connus par leur nom aussi Mail
me largement les quelques cen un autre le soir) est le mé bien que les hommes politiques.
taines de membres du Club. Une dium essentiel entre l'individu -en Leurs tribulations sontaussi discu
publication concurrente, la Revue l'occurrence le môle adulte- et les tées que les démêlés de la
aérienne, qui voit le jour en "grands événements". politique française ou
1908, se vante d'avoir dû, pour Dons la petite cohorte des feuilles à Maroc. L'aviation de «r-
foire face à la demande, pousser le gros tirages, celles qui livrent venant populaire.
tirage de son premier numéro à chaque jour un épisode de Fontô-
30.000 exemplaires. Vantardise ? mos, de Rouletabille ou d'Arsène Lu
Peut-être pas, cor l'avion touche un pin, deux s'illustrent en particulier :
public très large : celui des lecteurs le Matin et le Journal, qui tirent à
de quotidiens. Ils se sont multipliés 700 000 exemplaires. Ils rivalisent
dons les années 1890, parce que d'efforts pour montrer les avions et
les rotatives à grand débit, inven les aviateurs sous un jour sensation
tion anglaise, pénètrent très vite sur nel, comme ils l'avaient fait plus tôt
lecontinent. avec l'automobile. Ils ne négligent
C'est l'âge d'or de la "presse à un pas non plus le dirigeable, qui pro
sou", dons une époque où le jour voque plus fréquemment des acci
nal (on en lit ou moins un le matin et dents spectaculaires. Bien sûr, les
Louis, Léon, Robert, Henri, Ferdinand et les autres...

reprend le flambeau : 12.500 en vol. L'Auto envoie sur le champ maladresse. Comme il se passe du breux qui, à l'ordinaire, peuplent le
francs pour le premier Londres- ses limiers dans l'Ohio. Fort de ses temps entre l'arrivée des Wright (en Bois de Boulogne. C'est à deux pas
Manchester, où les Français pour capacités de nouvelliste, en 1908 avril) et leurs premiers vols (en d'une capitale aux rues encore sou
ront concourir sans restriction, Et l'Auto tire à cinq cent mille exem juillet), l'Illustration publie des pho vent construites d'un bruyant pavé
quand l'avion devient un engin plaires chaque semaine. tos : elles auraient été prises en de bois taché de crottin. Avec 2,5
moins fantomatique, l'émulation Hebdomadaire plus généraliste, 1905 ou 1906 aux Etats-Unis, à millions habitants intra muros, la vil
s'accentue. Pas un qui, parmi les l'Illustration se veut lavitrine des grande distance, et montrent leurle compte plus d'âmes qu'au
plus grands, ne propose quelques sciences, des techniques, et de avion volant bien au-dessus des jourd'hui. Paris est surpeuplé et l'on
milliers, quelques dizaines de mil l'aviation en particulier. C'est un orarbres. s'entasse presque partout dans des
liers de francs, en échange d'ex gane à large diffusion : plusieurs Mais l'hebdomadaire devra bientôt appartements minuscules.
ploits sages ou insensés. dizaines de milliers d'exemplaires avouer que ce sont des faux, forgés Encore quelques années et, aux pre
L'Auto , revue abondament illus vendus par semaine, et beaucoup par un journal américain récusé par mières pétarades, le peuple se dé
trée, n'est pas en reste. Fondée en d'abonnés en province. En juin les Wright eux-mêmes. L'Illustration placera par dizaines de milliers
1895 par le marquis De Dion, pro 1891, l'Illustration a consacré un se rachètera ainsi sans trop de mal. pour voir les aéroplanes et les ap
priétaire de la marque d'automo article et un dessin flatteurs aux tra prentis pilotes. L'avion profite de la
biles, futur fondateur de l'Automobi vaux de Clément Ader. Depuis, la vogue du sport et de la vitesse
le-Club etde l'Aéro-Club, l'Auto est revue a suivi les progrés des aéro-
aux sports mécaniques ce que son
cadet, l'Equipe , sera bientôt à la
"petite reine". Dès qu'on commence
nautes et desaviateurs. Dans sesco
lonnes, Santos-Dumont a été une
vraie vedette. Puis est venu le tour
D
LA FOULE PARISIENNE
qui jette des villages entiers sur le
passage du Tour de France ou, de
puis 1895, du Paris-Bordeaux auto
mobile.
à mettre des moteurs aux planeurs, de Farman. Fièrement campé de Aidé par la presse, qui rapporte les
en 1905, l'Auto leur consacre une vant son Voisin, il adroit à une plei La presse populaire et les foules accidents, l'aviateur devient ainsi le
rubrique hebdomadaire, et en fait ne page de couverture en no marchent souvent ensemble. Si prototype du sportif à l'état pur. En
même un argument publicitaire. vembre 1907. L'hebdomadaire a bien qu'on se demande après coup DERNIÈRE MODE PARISIENNE:
Cette même année une rumeur aussi parlé de Blériot, d'Esnault-Pel- qui, des deux, afait l'événement. CERTAINS DÉLAISSENT LES
vient d'Amérique : les frères Wright terie, de Vuia. Quand les Wrights L'avion naît au milieu des foules, et COURSES POUR ALLER VOIR
auraient déjà dépassé le kilomètre arrivent, au printemps 1908, il fera grâce àelles. Lors de ses premières ROULER, ET PEUT-ÊTRE VOLER,
campagne pour eux, non sons glissades à Bagatelle, en 1902, LES AÉROPLANES ÀBAGATELLE.
Ferber trouve un public ba CE JOUR DE 1907, ON PEUT Y
daud à souhait dans les pro ADMIRER L'AVION-PARASOL DE
,, ,
meneurs nom
VUIA ET LE BIPLAN QUE PILOTE
CHARLES VOISIN.

p
Louis, Léon, Robert, Henri, Ferdinand et les autres.

affrontant la troisième dimension, il combler d'aise le public, Tout à la de Boulogne ou Bagatelle aux pro C'est un peu à cause de cela
court des risques supérieurs à tout fête, celui-ci n'a d'yeux que pour les
meneurs, on yinterdit les aéronefs. qu'une sorte de malentendu du
autre conducteur de machine, dans pilotes. Inventeurs et mécaniciens Les aviateurs se replient alors sur le rable s'enracine dans l'opinion
un exercice que chacun s'accorde à passent au second plan. champ de manoeuvres militaires commune. Personne, ou presque,
trouver gratuit. Car, dans les pre L'engouement populaire est tel qu'il d'Issy-les- Moulineaux. Toutefois y ne comprend vraiment comment
mières étapes de sa genèse, on ne finit par inquiéter. La présence de la
sont-ils tout juste tolérés quelques fonctionne un plus lourd que l'air.
voit pas encore à quoi l'avion peut foule sur le terrain est jugée dange heures par jour, entre deux cam Aux yeux de la foule, l'art de faire
servir. Bien sûr, des prophètes en reuse par les pouvoirs publics. La pagnes d'exercices. Voisin, qui a voler un avion et de le conduire, res
thousiastes prédisent qu'il remplace Préfecture de Police de Paris, no acquis un hangar à côté, fait pas sortit à la magie: c'est par une sor
ra bientôt l'automobile comme tamment, ne sait comment prévenir ser à grand peine ses engins par te de grâce transitoire et miraculeu
moyen de promenade des classes les conséquences éventuelles d'une dessus le muret réglementaire à l'ai se, imagine-t-on, que le pilote par
supérieures. D'autres yvoient un chute d'avion sur lafoule. Comme il de de plans inclinés. vient, pendant quelques instants, à
engin à vocation militaire et, com n'est pas question de fermer le Bois D'autres, comme Farman et Wil- vaincre la force inéluctable de la
me Ader en 1906, envisagent déjà bur Wright, s'éloignent en provin pesanteur.
ses règles tactiques d'utilisation. LA NOUVEAUTÉ ce, en plein champ ou en clairière, Le bon peuple ignore ce que les in
Mais combien sont-ils à ycroire EST AUSSI DANS LA VILLE: l'un à Mourmelon, l'autre à Au- venteurs savent déjà : l'air est un
vraiment ?
AU DÉTOUR D'UNE RUE, vours, prés du Mans. Ils doivent fluide. Parviendra à voler correcte
ON DÉCOUVRE LA POULE,
On évoque surtout ces brillants ar alors compter entièrement sur la ment celui qui trouvera une solution
LE NEZ AU CIEL,
guments chaque fois qu'il est néces CHERCHANT DES YEUX
presse pour retransmettre en différé technique aussi bien adaptée à l'air
saire de clouer le bec aux critiques L'AÉROPLANE OU LE le spectacle de leurs vols. Si bien que le fut, dans des temps désor
utilitaristes de la science. Pour l'ins DIRIGEABLE..CI-DESSOUS, qu'avec la complicité des intéres mais oubliés, la pirogue à la navi
tant, il suffit de décoller, monter, SUR LE PONT DE LAGNY, LES sés, l'aviation se résume à des per gation sur l'eau.
descendre ou tenter un virage sur CURIEUX REGARDANT formances instantanées et à des ca-
NOTE :(1)Al'époque, onemployait parfois le
un de ces bizarres appareils pour PASSER LE VILLE-DE-PARIS. potages. ferme pour désigner lesavions eux-mêmes.

22
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î®Fi

L'ESPACE A TRAVERS UNE COLLEaiON MUSEE DE L'AIR


ET^DE L'ESPACE
DE PLUS DE 2 APPAREILS lEiopon
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L'Air du Temps
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L'AVIATION. SPORTS MÉCANIQUES, GRÈVES PARISIENNES, RÉVOLUTIONS ARTIS
TIQUES, QUESTIONS COLONIALES ET RUMEURS D'AMÉRIQUE ANIMENT ENTRE
AUTRES LES CONVERSATIONS AUTOUR D'UN VERRE DE MANDARIN-CURAÇAO...

l,5AOUÎ1908.
l'air d'un champignon. Mais nous
Mardiond tué lors des aîonte- avons vu plus comique..."
menls entre la troupe et les gré LEMATIN,3I MAI 1908.
vistes àVlleneuve-Soint-Georges Lu" crise des bannes". Notre
ont eu lieu sons incident. On se

4 tout avait commencé avec la ma sa bonne humeur habituelle un


nifestation des ouvriers des sa-

I porla CGT. La "petite bonne" notamment


I LEMATIN,30SEPTEMBRE1908
g La mode, elle aussi, atrouvé son ne et s'épuiser àla tâche plutôt
que de servir en maison. Lu Erun-
De haut en bas et.de gauche à droite : une réunion de grévistes peau: Im 87 de circonférence cedevro-t-elle bientôt importer
surveillés par la troupe à Draveil (1908), des élégantes à sur 32 cm de hauteur. "Jedois
Auteuil, le vélodrome de Paris, une course de canots automo reconnoitre, nous 0confié Mode- d'Asie pour les remplacer? "Ce
biles à Monaco (1906), le Grand Prix de l'ACF à Dieppe (1907) serait bien américain", commente
et le départ de la coupe Gordon-Bennett des ballons (1906). femme en robe collante affublée notre confrère.

\
%
LEIM,4AmiTO.
Où en sont les concurrents du New-York-
Pnris ?On signoloitle 31 mars dernier dons le Grand Prix de l'ACF par Christian
qu'oprès nveir erré pendant deux {ours dons Lo.utenschliiger sur Mercedes. Les 770 kilo
le désert, In Zûst Italienne est arrivée àDag- mètres du porcou5, sud huit fois le circuit de
gett, Californie. Quant àSaint-Chaffray, Dieppe, ont été couverts àune moyenne de
notre représentant national sur voiture de 111) kmA- La marque Mercedes, déjà conso-
Dion, qui s'amusait àtirer les coyotes dons
les montagnes du Nevada, il est parvenu àIn
ville de Tunapah. ollemondes sur neuf ont terminé In course.
LEIÏIATIN,18MAI1908 LEPEIiïPARISIEN,16MARS1908.
Truusselier, vainqueur du dix-huitième Bur- Anestotion hier, sur le quoi d'emhorquement
denux-Puris cycliste, abattu le record. Nos àdestinotion de Buenos Aires, d'un élégant
coureurs sur route ont fuit de grands progrès valeur occompogné d'une divette de cofé
depuis lu création de cette épreuve pur notre concert. Maurice Roussel, trente-deux uns, o
confrère l'Auto. Qu'on en {uge :entre 24 et des allures de sportsmon occompli et se dé
25 heures de 1891 à1895,21 heures en place toujours dons une outomohile de
1901,18 heures en ]902 pour couvrir les soixante chevaux. C'est d'ailleurs grâce àce
575 km qui séporent les deux villes. Trousse- véhicule cupide qu'il opu, en février dernier,
lier est porvenu àdescendre à17 heures et se livreràdes cambriolages successifs dons
47 minutes et37 secondes. divers endroits.
L'Air du Temps

"l ' '


LEJOUI!NA1,8JUIN1908.
Le (inéma reconnu comme sepHème art. On es- sur un truck et montées par huit persorines.
lime que le jugement rendu hier por in premiè LEJ0URNA[,60a08RE1908 [
re Chombre du Tribunal de Paris fera date. Il Paris. Succès des "petits jaunes ". Les nou
•i# ^5= recennub en effet aux auteurs d'oeuvres ciné veaux taxis de Dion-Bouton, reconnoismbles à onze heures ce matin àl'hôtel Bristol, le roi
matographiques les mêmes drobs que ceux des leur bande bleue surfond jauneont eu|un suc Edouard Vil d'Angleterro, octuellement en visite
cès immédiat auprès du public. Raison principa àParis, s'est rendu chez le sculpteur Rodin, à
existantes. Dont acte. le :la course ne revient pas plus cher qu'en taxi Meudon. Le souverain avisité l'atelier du
LE PEUT PARISIEN, 3JANVIER 1908. àcheval. j maître et l'a interrogé sur l'étot de ses trovoux.
M. André Messager, encore auréolé du succès LEPEIITPAR1SIEN,I6NOVEMBREI908. On dit qu'il aurait désiré voir le buste d'une
de son Fortunio àl'Opéra Comique, vient d'être "AlloMelun ?...lciParisl" Grande première
nommé directeur du palais Garnier. Il afait d'exécution, mois que cette pièce se trouvait ou
phonique sons tri de bonne qualité aete remi moulage. Atreize heures, le roi déjeunait en
soison, dont une Tétrologie de Wagner. sée jeudi dernier entre lu Tour Eiffel et kelun compagnie de MM.CIémenceau, président du
LE PEUT PARISIEN, 24 MARSI908. purdeux ofh'ciersde Morine, leslieutei^onts de Conseil, et Pichon, ministre des
La direction du Cosino de Paris onnonce pour voisseou Colin etJeunce. Ane posconfdndre Affaires Etrongéres.
mordi prochain, jour de la mi-Caréme, une avec lo télégraphie, qui fonctionne déjà depuis

i^^iîi'Ladi
LE MANN 18AVRIL
grande matinée de gale ovec Fumeur d'Opium, 1908.
lemerveilleux ballet de Germain Trebor etLéo LE PETIT PARISIEN, 22 JANVIER 1908.1 Lerecorddelatroversée
Pouget, et plusieurs numéros sensationnels. M.E1 Mokri, ministre des trovoux publics du sul
Dont celui de l'athlète Nino, qui soulève ou tan Abd El Aziz du Maroc, orrivè àParie le 10 battu par le poquebot Afoure-
de ce mois, s'est rendu fonio: quatre jours, 23 heures et
De haut en bas, de
59 minutes, soit une heure de moins
aueleLustoio.orécédentc
gauche à droite: le di
rigeable "Ville-de-Pa-
ris" à Sartrouville
(1907), la première
salle "Pathé" à Paris
(1907), les "demoi
selles d'Avignon" de
Picasso (1907), façade
dans le style "nouille", mM
Auguste
Rodin au début du
siècle, lancement du
cuirassé "Vérité"
(1907), mission
d'études médicales au
Congo, pont métallique
au Tonkin, atelier de
l'usine Renault.

V
L'Air du Temps

m^À

lEfETiïPARISIEN,llMIER1908 entourés par cinq àsix mille monifestonts.


La session annuelle du conseil de gouver Ceux-ci se sont oIok couchés sur les routes. Ils
nement de l'Afrique Occidentole Ironçoise
vient de terminer ses trovoux. D'où il res ticulier celui sur le sel.
sort que lo sduotion est excellente dons lEPEflTPARISIEN, 26 JUIN 1908.
notre colonie. Por décision prise hier, l'Afrique Equotoriole
LEMATIMMAI1908 Françoise regroupe désormois les territoires
fronçois du Gohon, du moyen Congo, del'Ou-
nivong, fils de So Molesté Siso- bongui-Chori et du Tchod. Soit environ
voth, roi du (ombodge, 2.255.000 km2 pour trois millions d'hobitonts,
vient de monter en grode qui s'oioutent oux possessions fronçoises de
dons l'Armée française
oprés dix-huit mois pos- LEPEÏiïPARISIEN,29NOVEM8RE]908
ses 01 ecole de boint- Visitont hier lo toute nouvelle édition du Salon
Moixent. "Appelez-moi
lieutenont tout sim constoter de mu que so 24 chevoux Ponhord-
plement ,"o-t-il dit à
L'Air du Temps

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B'
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Mettre plus de six mois àélevet une construction de


ilé *» iildliHl"
!.lumarche habituelle àNew Yerk est de deux
:! t
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ment en briques ou en pierre. Dès que les ingénieurs
reni du premier, et ainsi de suite.
iiiaatiii/!i:tttuiii;ifii!i'iii;ii]iin
lavie des milliardaires américains. Taus les New-
Yerkais ont tourné hier leurs yeux ven le palais
qu'habitent, sur la Ve avenue, Mme Cornélius Vun-
derhilt et sa famille. On ycélébrait somptueusement
le mariage de Miss Glod^Vonderbilt avec le comte

•n _ *1 -' ® t -
- • - V s - K -,

I J
' „ V* 1. .

aussi peuple que Vienne. (.est qu en ettet les A


coins accueillent les immigrants sons compter :

.•sç'v 4 y.: LEMATIN,4jyiLLEri:908. des contrevenants pourra même être


New York-Les voya
geurs qui se trouvaient New York-L'inspectedr-chel de opérée, " o-t-il précisé. Mois il ne
sur les quais de la gare semble pas que ces mesures sévères
d'Atlanta (Géorgie) déclarer la guerre ou soul oient été suivies d'effet.
Iciss, ce baiser prolongé très LE MATIN, 13JyiLLEI1908
stupéfaits en voyant àla mode ici dons lequel les Conidence d'un ami américain voyo-
^ amoureux,dit-an,|donnent geont en France. "Nous n'avons pas
un train spécial conduit leur âme tout entière; Dons un encore chez nous les hommes sublimes
par une jeuneie che 0 ordre du jour officiel, il aordon que vous avez eus jadis, mois nous
veux ou vent. Renseignement né àtous les capitaines, lieptenonts. n'nvons plus les souvoges que vous
pris, il s'agissait de miss Ethell aveztoujoun. Peu des nôtres sont raffi
Le train est arrivé <1 ser tout boiser donné dons un lieu pu nés, nous sommes tous civilisés."
avec éminutes d'avance blic dont In langueur dépas Nous venions, il est vrai, de voir un
missKaoseveitaeteeiue serait deux secondes. " paysan martyriser son chien àcoups de
mire de l'Association fra L'arrestation sobots.
ternelle des méca

New-York vers 1908:


une rue etroite
de Manhattan, des
immigrés attendent le
bac à Ellis Island, la
salle de cotation de
Broad Street et
un gamin des bas
quartiers.
L'Histoire

> •

Après LES ACTEURS, l'histoire et, selon


LA THÉMATIQUE DE NOTRE SÉRIE, L'EXPOSÉ DE
LA CONTROVERSE. ON YTROUVE ÉTROITEMENT
ENCHEVÊTRÉS DES QUESTIONS DE CHOIX TECH
NIQUES, UNE QUERELLE DE BREVETS, DES SEN
TIMENTS NATIONAUX, LE TOUT SE RÉSUMANT
EN UNE QUESTION : QU'EST-CE QU'UN AVION ?

HAUT: L'ILLUSTRATION SYGMA BAS; MUSEE DE L'AIR


i
... ou COMMENT, ÀLA FIN D'UN BANQUET, DEUX MÉCÈNES,
MILLIARDAIRES ET PASSIONNÉS, ONT CONÇU LA DÉFINITION
THÉORIQUE D'UNE MACHINE VOLANTE QU'ON APPELLERA
ULTÉRIEUREMENT AVION, OFFERT 50 000 FRANCS / OR,

m'?m

mi
r
j— - n r
/.
N
r< r
L'ÉQUIVALENT DE DEUX MILLIONS DE FRANCS ACTUELS
ÀQUI LA CONCRÉTISERAIT, ET PERMIS ÀUN CÇUREUR
AUTOMOBILE D'ORIGINE ANGLAISE DE REVENDIQUER
r

POUR LA FRANCE LA PATERNITÉ DE CETTE IN#;NJ


PAR Emmanuel Chadeau
Le défi du Kilomètre

Nousvoicien1903.Encedé
but de XXe siècle, des
HENRI DEUTSCH DE LA
MEURTHE (À G.) ET
hommes detouspays ontdéjàtentéde ERNEST ARCHDEACON
voler. Beaucoup ont commencé avec FONDATEURS DE L'AÉRO
des planeurs. Certains ont motorisé CLUB DE FRANCE. EN
leurs appareils. Mais ils n'ontguère OCTOBRE 1904, ILS LAN
décollé que de quelques di CAIENT LE DÉFI DU PRE
zaines de centimètres, guè MIER KILOMÈTRE PAR
re parcouru que quelques COURU EN VOL, FAI
mètres ou dizaines de SANT DE PARIS LE PÔLE
mètres. Clément Ader DE LA COMPÉTITION
en 1890 et 1897, l'An MONDIALE
glais Hiram Maxim au
milieu des années
1890, par exemple.
Deux Américains,
Orville et Wilbur
Wright, y seraient
parvenus mieuxque
les autres, dit-
on...Mais, détail es
sentiel dans notre his
toire, nous sommes en
Europe. Et tous ces inven
teurs travaillent chacun dans
leur coin. Même s'ils ont lu les
mêmes auteurs : Lilienthal,
Mouillard, Chanute...
Presque toutes leurs tenta
tives ont fini en échec ou en
accident. Le public, lui, est
sceptique : ilcroit plutôt aux
ballons à moteur, les "diri
geables", que l'on parvient
déjàà manoeuvrer. Ces "avia
teurs" passent donc pour des
fantaisistes ou des demi-fous. Et
leursmachines sontaussivariées que
bizarres. En cette année 1903, person
ne, en somme,ne pourrait dire à quoi
ressemble un avion réussi.
Letermeexiste pour
tant depuis
dix ans. Clé
ment Ader a
ainsi bapti-o
sé plusieurs §
Le Défi du Kilomètre

de ses machines vo lepilote actionne afin desediriger ver deuxmécènes ajoutent desconditions
lantes à vapeur. ticalement et horizontalement. Des essentielles :l'appareil devra, ditletex
Voeux pieux: "avion" performances qui ne sont encore te, "emportantsonpiloteetson moteur,
vient du mot latin qu'une idée car personne n'a réalisé quitterle sol par ses propres moyens,
ou/s, "oiseau". Mais d'engin comparable. Il aurait fallu lan puispasser en volentredeuxpoteaux
depuis quinze ans, cer un programme sérieux d'expé distants de vingt-cinq mètres, virerau
toutefois, les idées riences. Ce quinefut fait qu'enoctobre tourd'un troisième poteausituéà cinq
ont évolué. Car Ader 1904, àlafin d'unbanquet. cents mètres, passer à nouveau en vol
pensait que l'avion Henri Deutsch de la Meurthe et Ernest entrelesdeuxpoteauxet enfin, atterrir
devait surtout se ré Archdeacon, tous deux distingués sans accident Letout en public et
glerausol,après quoi membres fondateurs de l'Aéro-Club de souslecontrôle d'unjuge impartial.
ilse dirigerait surtout par laforce de France, lancent un défi : ils offrent Sans le savoir, Deutsch et Archdeacon
, son moteur et par sa forme. Après 50.000 francs de l'époque, environ viennent de faire le portrait-minute de
1900, on pensequ'un aéroplane doit deux millions actuels, à l'aviateur qui l'avion. Le kilomètre n'est qu'unedis
pouvoirse manoeuvreren vol. C'est parviendra le premier à parcourir au tance symbolique, qui sera rapide
!unchangement radical. Les appareils moins un kilomètre en vol soutenu. La ment dépassée. L'autonomie et la ma
quel'onchercheà faire volersont des distance est considérable, inimagi niabilité resteront,parcontre,lesdeux
structures articulées et mobiles que nable même pour l'époque. Acela, les principaux attributs des machines

APRES BAGATELLE
ET VINCENNES, LES
AVIATEURS SE TRANS
PORTÈRENT SUR LE
CHAMP DE
MANOEUVRE D'ISSY-LES
MOULINEAUX
(CI-CONTRE).
JUSQU'EN 1907, CER
TAINS AÉROPLANES
ÉTAIENT PARVENUS À
VOLER SUR QUELQUES
CENTAINES DE MÉTRÉS,
MAIS TQUJOURS EN
LIGNE DROITE. L'ÉPREU
VE RÉCOMPENSÉE PAR
DEUTSCH-
ARCHDEACON IMPa
SAIT UNE DIFFICULTÉ
SUPPLÉMENTAIRE : CELLE
D'EFFECTUER UN VIRA
GE COMPLET POUR
REVENIR AU POINT DE ^fccvrffuq
DÉPART ET ATTERRIR EN
DOUCEUR.

T /--7. Issy-Les IVîooiioeaux


Le Défi du Kilomètre

qu'on appellera d'abord aéroplanes, journaux. Avant même devoir voler les
puisavions.. avions,tout est misau concours :altitu QUAND ILS
La suite des événements naît de l'en de, vitesse, distance absolue. EnFran N'ATTERRISSAIENT PAS PRÉMA
gouement, puis de lapassion qui s'em ce, particulièrement, les sommes en TURÉMENT, LES AVIATEURS
DEVAIENT SE CONTENTER DE
parent de l'Europe moderne après jeu aiguisent les vocations déjà bien
VOLER EN LIGNE DROITE. CI-
1904. Larecherchedelagloire etlegoût trempées des frères Voisin, de Ferdi
DESSUS, LE "CANARD" DE LOUIS
du sport en sont les objectifs les plus nand Ferber, de Louis Blériotet de Ro
BLÉRIOT, LE 21 MARS 1907. CI-
avouables. Mais l'argent stimule la bert Fsnault-Pelterie. Elle en suscite
DESSOUS SANTOS-DUMONT
compétition. Le premier défi a fait éco d'autres chez de jeunes ingénieurs LORS DE SON VOL DE 60 M EN
le : en trois ans, environ 450 000 comme Henry Kapferer ou Louis Bré- OCTOBRE 1906 (PRIX DU 1ER
francs/or de récompense (dix-huit mil guet. 11 y a aussides sportifs, plus ou VOL DE PLUS DE 25 M).
lions actuels) sont offerts par des mé moins férus de méca-
cènes, des indus
triels ou des

m
nique : Léon Delagran- des aéroplanes. Cette an vaincue !"L'avion vient de naître",
ge, le Brésilien Alberto née-là, ils ont trois clients ; s'exclame-t-on.
Santos-Dumont, le Rou Léon Delagrange, Henri Et tout porte à le croire. Dès les pre
main Vuia, et le cham Farman, etun Anglais, J. miers mois de 1908, les appareils Voi
pioncycliste etautomo Moore-Brabazon. Le 30 sin confirment leur valeur. Le15mars,
bile, HenriFarman. mars, Delagrange égale, Delagrange emportelepremierrecord
La compétition est sur son biplan Voisin, le re d'altitude (15 mètres !). Le 29sep
mondiale. Mais Paris et cord de Santos-Dumont. Le tembre, Farman parcourt 42 kilo
ses faubourgs en 22 octobre, Farman, qui mètres en circuit fermé. Enfin, le 30oc
constituentle pôle. Les vient de découvrir la tech tobre, il sort du terrain d'aviation et
ateliers sont en ban nique dudécollage endou- inaugure lepremier voyage en
lieue. Les essais se dé I ceur, fait un vol de 771 rase campagne, reliant
en22mn unvillage
_ -
roulenten public sur la mètres et se pose sans rien
pelouse de Bagatelle, à casser. Mais toujours en champenois
Vincennes ou sur le ter ligne droite... Le grand évé (Bouy) à laville
rain militaire d'Issy-les- nement se produit moins de Reims,à
Moulineaux. Premier résultat : en no detrois mois après. 73km/heu-
vembre 1906, Santos-Dumont fait 220 Le 13 janvier 1908 au matin, un léger re de
mètres sur un biplan, empochant la vent d'Ouest souffle sur le terrain d'is- moyen
coupede l'Aéro-Club. Mais il n'a paspu sy-les-Moulineaux. Les envoyés de ne. Les
virer sur l'aile et casse du bois à l'atter l'Aéro-club, quiontdûassisteràtant de plus hautes
rissage. Grand seigneur, ildistribue le vainestentatives, sont un peu blasés. autorités ont, sur le
prix aux nécessiteux de Paris. Puis il Peu après neuf heures, Gabriel Voisin champ, célé
construitd'autresappareils mais sans démarre l'hélice àla main et le " Farman bré l'inven
plus de succès. Quant à Louis Blériot, N°l" s'élance. Selon le récit de Gabriel tion. Dès le 15
\
futur héros de la traversée de la Voisin, il monte à quinze mètres. Les
Manche, il parvient tout juste àdécol photos lemontrent plutôtà cinq. Une
ler. minute et vingt-huit secondes plus
Audébut de 1907, les frères Charles et tard, c'est le délire ; Farman, après
Gabriel Voisin entrent dans l'arène. avoir réussi son virageau poteau des
Elèves de Ferber, protégésd'Archdea- 500 m, repasse laligne dedé- j
con,ilsontconstruitdes planeurs, puis part. La"fataleboucle" est
Le défi du Kilomètre

janvier 1908, l'Académie des Sciences


a fait une réception exceptionnelle à
Farman.Avecles frères Voisin, ilest fait
chevalier delaLégion d'Honneur parle
président Fallières. L'Académie des
Sciences Morales et Politiques leurdé
LE MATIN DU
cerneleprixOsiris, pour"contribution
"KILOMÈTRE"; LE "FARMAN
majeure au progrès humain". La presse NN", CONSTRUIT PAR
française exulte. Certes, Henri Farman CHARLES ET GABRIEL
est d'origine anglaise, mais l'appareil VOISIN EST PRÊT ÀDÉMAR
est intégralement français, ainsique le RER. QUELQUES INSTANTS
moteur:c'est unhuitcylindres àessen PLUS TARD, HENRI
ce de marque "Antoinette" dévelop FARMAN ENLEVAIT LES 530
pant50 ch.11 aétéconçu pourlacompé KG DE SON BIPLAN ET, À5
tition nautique et ilest exceptionnelle M DU SOL, BOUCLAIT UN
ment léger poursa puissance. En som VOL DE 1500 M ENVIRON,
AVANT DE SE POSER SANS
me , non seulement l'avion existe, mais
ENCOMBRE, POUR L'OPI
il est français!
NION FRANÇAISE,
L'enthousiasme,cependant, rend sou
L'ÉVÉNEMENT MARQUAIT
vent oublieux. Rappelez-vous ce que LA NAISSANCE DE
nousécrivions plushaut:ilétaitsérieu L'AVION OPÉRATIONNEL.
sement question, depuis 1905, de deux CI-DESSOUS, HENRI
FARMAN (À GAUCHE),
APRES SA VICTOIRE. r

ÀSES COTÉS,
HENRI DEUTSCH DE LA
MEURTHE
•n; '~w
ET CHARLES VOISIN (À
DROITE).

%
Américains. Ils ont
construit un planeur, puis
un moteur, et ajustant l'un
et l'autre, volent, paraît-il,
assez bien. Aucun de leurs
envols n'a été toutefois of
ficiellement contrôlé. Les
frères Wright sont peu
j communicatifs. Mais des
experts, commeFerdinand
Ferber, les connaissent
bien. Ils ont corresponduavec euxde
1902 à 1903. En 1905, des journalistes
del'Auto ontenquêtésureuxauxEtats-
Unis. Un journal spécialisé français,
l'Aérophile , a fait état en primeur de
leursenvols. Mais leursperformances
restaient mystérieuses : depuis oc
tobre 1905, les Wright, de peur d'être
copiés, nemontrent plusleurmachine.
•'i •*! '•'
Sinon contreespècessonnantes.
..?.î

ililiiillillili^M

!r, la nouvelle tombe en avril


1908,que Wilbur Wright est
en France avec son avion, le
f/yer. S'il a acceptédel'apporter, c'est
>.f..
que Lazare Weiller, ingénieur et indus
;^-^- triel, a pris en charge son voyage. 11
_J s'est aussi porté acquéreur, pour
500.000 francs, delalicence d'exploita
tion enEurope desbrevets Wright. Wil
burWright, enéchange, apromis défai
redeuxvols de50 km, beaucoup mieux
que Farman. Cela veutdirequ'ilva en
fin exhiber sa machine.
LazareWeiller, enexcellent promoteur,
entraînedans son sillage journaux et
sportsmen. 11 organise pourleFlyerme
campagne de vols publics. L'accueil
est enthousiaste. 11 n'est pas question
•• dereprendre àFarman leprix Deutsch-
•.V iv."?* V, *• >-r: ••;
Archdeacon, mais il y a bien d'autres
prix à gagner. Et les deux Américains
• • ^-":;.5-,-;?'
veulentsurtout prouverlasupériorité
de leur avion. Dès l'été 1908, c'est le
.%• •>•• v- . duel :Voisin contreWright.
IN CONTRE Wright '

NOUSSOMMESBATTUSl"S EXCLAME LEON


DELAGRANGE EN SEPTEMBRE 1908. ILAN-
iCIPE AINSI SUR LE RÉSULTAT D'UN DUEL
Ul JUSQU'EN DÉCEMBRE OPPOSERA LES
AVIONS VOISIN À CELUI DES FRÈRES
WRIGHT VENUS D'AMÉRIQUE. APEINE WlL-
BUR WRIGHT AURA-T-IL GAGNÉ HAUT LA
MAIN, QU'UNE NOUVELLE QUERELLE S'ÉLÉ-
;UR LA RÉALITÉ DE SES EX-
E. PAS TANT SUR
LOITS QUESUR! LA
LA NATURE DE SON INVEN-
DE SON
'QU'l
ION. Question : "qu'est-ce qu'un
REPONSE : "À'
"À VOUS DE JUG
lHlîipiMiSW«PpM
S )>•

"Ver
ï -t
Voisin contre Wright ou l'Analyse d'un Duel

'6',Itm-i. If /j. !f'h!/Y'I


AOUT 1908. LA
Inirlic. FRANCE ENTIÈRE
DÉCOUVRE ET SUIT LES
EXPLOITS D'UN
fii-i/e K/t mcffinirrmi rni/\iii/im'. Icip/lni r/iirmm. i/ifuirllrlfier HOMME, WILBUR
hUM ffrm/c mu-ic. Intn Irljfciii-i fur nmi /n/i/iii-i wr/n-) nn WRIGHT (CI-CONTRE),
.ItiiiH. .in/-} •iciiiiiii-) iillc-i hirr iiii.r jlniiinii/irn-'). ru. i/ifinh A BORD DE SON
fiiiilri jcur-j. iiiriNliiir llilhir lini/hlInllrrhr 'irii iiirifilniii. Ii-tl FLYER, IL VOLE PLUS
HAUT ET PLUS LOIN
nn fiirldrlr rc hcfiiiilfilih'i i/riiiiiih/!.Icn/iiint/i. -ir/i iiffiiirillo QUE TOUS LES
Imn/imf/wif/rir^-rr/tt/il | /Jirrifiii. ilmi/mllifciii /rk^mlr- AUTRES AVIONS,
mm!f/imill Inif'm-) inr4iiclu/'leiflmiln: liwlili-ilIml. Hnk BAÏÏANT AINSI TOUS

mujcl) m/nk ilmii-Vii i/i iiiiiilirMmrlriwl-iiv /mlr d(iHiml LES RECORDS DE


L'ANNÉE,
iiikilfli-'i liiiiiliiiri i.r/ivrri/iiïiifrci iiii-i/irM imiiii r/ii limik..
iirrihi rh -ili/ilhni-imi/iii-'i fm. iiinliirr hkmhuniini-i hitih mi/r Ici
iiirmiilm/ii hnwciihr h' ic/i/rifinrli ffm iirlhl'iiinr / iirrcfdmif.
.Ihtric/i -iimt'lmi'cl mr/i-imir llrlfhlii cruhim mmmf: f m
mifi/i f/c mtrumrmur liri\ri. imili. iniknli/tjli 4rcrlliffmrfo -
f/Htfclmtili 4cdnfilii \iril je-jm-i ukrfur /m, ^crlrrlmmr-
rtillnhifcjfiriirifiirlf! ilu-i ik/mili finrliifmlkm.
.Icii niiik (h Int/niri.
Jmlfiiti' Jl

^ Vettelettreestfausse. Mais el- 1908 se termine


leauraitpuêtre écrite,en ce sous celui de
moisd'août 1908. Car, cet été-là, Wilbur l'Américain: le 31
Wright "épate" laFrance. décembre, il em
Son Flyer emporte aisémènt deux per porte la coupe
sonnes. Wilbur enfait profiter des can Michelin, dotée
didatsillustres: unefigure de l'Assem de 30.000 francs /
bléeNationale, PaulDoumeret un émi- or, avec 124 km
nent mathématicien,Paul Painlevé. En d'affilée; un peu •k Ê-i-il
outre,le Flyer grimpe haut, plus haut plustard,leprixde m
quetous lesautres: centdix mètres et l'altitude la plus
davantage. Enfin, sesvols sontde plus élevée, avec une
enpluslongs :uneheuretrenteensep montée à 117
tembre,deuxheures trente ou presque mètres. Le tout
en décembre. avoisineles 100.000
Aussi Wilbur Wright, installé au camp francs/or,assortis de
d'Auvours, prèsduMans, décroche-t-il médailles et de tro
tous les prixde l'année. Commencée phées. Très fair play, la
sous le signedes aviateurs français. presse aéronautique fran-
.3;

" Ji

»*i.._ _

-•îv ,

- . ....

.s.:''

L'ILLUSTRATION SYGMA

41
LE 31 DECEMBRE 1908,WILBUR
WRIGHT REMPORTE LA
COUPE MICHELIN DU VOL
LE PLUS LONG: 124 KM,
ÀGAUCHE). DE PLUS,
SON AVION, DOTÉ
D'UNE MANIABILITÉ
SANS ÉGAL, ACCUEILLE PLUS
AISÉMENT DES
PASSAGERS ÀBORD,
CI-CONTRE,
LE MATHÉMATICIEN,
PAUL PAINLEVÉ A
PRIS PLACE À
CÔTÉ DE W,
WRIGHT,

çaisecélèbre lesWright. lapaternité del'avion. L'histoire deson


Mais voici quel'annéesuivante, auréo invention tourneà lapolémique.
lés de ces succès, ilssongentà vendre En France, l'appareil des Wrightde
leurs avionsen Europe. Le marché est vient l'objet d'une attaque en règle.
étroit et la concurrence déjà forte. Ils Bien sûr,on admet qu'en 1908, ilvolait
entreprennent alors de protéger ce plus haut, plus loinet plus longtemps
qu'ils estiment être leur invention ; le que n'importe quel appareil français,
dispositif de gouvernes, et en particu avecunechargeutilesupérieure. Mais
lierde gauchissement des ailes, sur le est-ce vraiment un avion?
quel ils ontdéposéun brevet. Ce genre Pour décoller, il a besoin d'un rail de
de mécanisme ayanttendance à se gé vingt-quatre mètres delong. De plus, il
néraliser sur les avions français, ils est entraîné par uncontrepoids de600
crient au copiage. kg, quel'ondoithisserausommetd'un
Etvont en justice. En Novembre 1909, trépied avant chaque décollage. Les
lors du 2ème salon d'aviation, la Com photos sont accablantes:pas dedoute,
pagnie Générale de Navigation, pro c'est une catapulte !Sanselle,répète-t
priétairedes brevetsWrigbt en France, on,l'appareil reste clouéau sol.Rien à
ouvre les hostilités. Elle assigne les voir, donc, avec la machine autonome CETTE CARICATURE DE LA REVUE AERIENNE
avions Antoinette, Blériotet Farman en définie en1904 parDeutsch etArchdea- DONNE LE TON, DERRIÈRE LE COMBAT
contrefaçon. En 1910, elle poursuit aus con. En outre, à moins d'installer des FARMAN- WRIGHT, CE SONT LA FRANCE
siVoisin et Esnault-Pelterie. Ceprocès, catapultespartout, leFlyer serait bien ET L'AMÉRIQUE QUI SE DISPUTENT LA
quis'étalerasurplusieurs années signe en peined'allerde ville enville, comme PATERNITÉ DE L'AVION,
la fin de la lune de miel entre la France et le font déjà les appareils de Blériot et
lesWright: désormais, onvas'arracher Farman.

42
VOISIN CONTRE WRIGHT OU L'ANALYSE D'UN DUEL

r
M

Détail !", réplique WllburWright. Laca-


tapulte n'est qu'un accessoire : elle
compensel'absencetotalede ventsur
le site d'Auvours. Son avion, affirme-t-
il, vole depuis presque cinq ans aux
Etats-Unis, et sans catapulte. Des
lettres arrivent du Nouveau Monde
Voisin contre Wright ou l'Analyse d'un Duel

pour le prouver : ce sont les témoi poser ailleurs et de revenir à son point
gnages spontanés de spectateurs de dedépart.
leursessais, à Kitty Hawk en 1903 et à Les Wright n'auraient donc, selon lui,
Simms Station en 1905. Ils donnent des réussiqu'à construireunplaneur, aidé
détails. Des photos inédites parais d'un moteur insuffisant. On en veut
sent: elles montrent comment, dès pourpreuve qu'enjanvier 1909, Wilbur
1904, l'appareil Wright ressemble Wright s'est équipé d'un moteur Barri-
beaucoup au Flyer Aexhibé enFrance. quandetMarre de30 ch.Il lui permetde
En toute logique, il devait déjà voler décoller désormais sanscatapulte. Au
aussi bien. Certaines lettres accusent trement dit : sans les motoristes fran
même les Français d'avoir copié le çais, pasd'avion américain !
Flyer enprofitant desquelques articles Mais cen'est pas tout.Le nouvel appa
publiés parl'Aéropbile en1905. reil Wright de1910 copiera desdisposi

Lacontroverse s'envenime:
onbranditlesdrapeaux!Ga
tifs bienfrançais : roues à la placedes

SI LEFiyFRVOΠHAUT, UNE


briel Voisin, en particulier,
s'emploie activement à dé PEUT DÉCOLLER SANS
CATAPULTE, RÉPÈTE ÀLOISIR
montrer que l'avion est une invention
LA PRESSE FRANÇAISE DONT
purement française. En faisant voler un UNE CARICATURE ICI
engin motorisé dès 1903, les Wright REPRÉSENTE QUELQUES
n'ont, selon lui, rienapporté. Car, sou PERSONNALITÉS
tient-il, le vrai créateur est Clément REMONTANT LE
Ader, avecsonpetitbondde 1890. Il re CONTREPOIDS DE L'AVION.
vendique, pour lui-même, la paternité CI-DESSOUS; LE
dupremier appareil autonome, c'est-à- LANCEMENT DU fiYERM
direcapable dedécoller toutseul, dese CAMP D'AUVOURS(1908),
LA CÉLÉBRÉ PHOTO DU 17
DÉC. 1903 MONTRE QU'EN
AMÉRIQUE, L'APPAREIL
DÉCOLLAIT SANS AIDE
CI-CONTRE À DROITE

.yv..-.

YiV
'T..

N
« , *l •
m%f'tMSâ„3i - . •
patins d'atterrissage et poser la question. Lequel d'un objet totalement nouveau, ca
stabilisateur de queue. du Voisin et du Flyer, était pable d'assurer le déplacement et la
Conclusion défendue le meilleuren 1908 ? Quia navigation contrôlés d'un homme
par les constructeurs apprisdel'autre?Au fond, dans l'air. Nous appellerons ce chemin
français, Voisin en tête: lequeldes deux méritait- le chemin des inventeurs. Par commo
les Wrightont plus ap il davantage le nom dité nous l'avons davantage détaillé
pris des Français que d'avion? page 58. Mais examinons-en quelques
l'inverse. D'où, perfidement, la ques Pournousfaire uneopinion, purgeons- étapes.
tion qui suit : s'est-ilseulement passé nous des apparences d'un avion mo Quesavent en 1908 nos ingénieurs?
quelque chose d'intéressant, à Au- derne: remettons-nous face aux Qu'unaéroplaneest une combinaison
vours,enl908? planches et aux photographies de de trois éléments de base : l'élément
De laquerelle d'inventeurs sur fond de l'époque; essayonsde comprendre les planeur, l'élément propulseur et l'élé
propriété industrielle, on passeà lari choixretenus,les solutionsimaginées mentdedirection (lesgouvernes).
valité internationale. pourl'unetl'autredesappareils. Le planeur donne sa structure à
Conséquence de cette polémique mal Etrelevons d'abord leurs points com l'avion. Pour dessiner leurs ailes, les
cicatrisée : l'histoire de l'aviation exis muns. Leur aspect nous semble au Wright comme les Voisin, ont tenu
te aujourd'hui en deux versions jourd'hui bricolé, à tout le moins ba compte des enseignements des pré
concurrentes de part et d'autredel'At roque. Pourtant leur conception est curseurs,en particulier d'Octave Cha-
lantique. Ici, les premiers avions s'ap toutsauffantaisiste. C'estqu'ilsconsti nute. Ilssavent que pour maintenir
pellent l'Eole de Clément Ader, là-has, tuent deux aboutissements proches en l'air un corps pe
c'est leFlyer desWright. l'unde l'autred'un cheminqui,partant sant, deux
Passablement fossilisés depuis,les te de l'observationdes oiseaux, passant
nants et aboutissants de la controver par le calculet les expériences sur
se de 1909 sont difficiles à évaluer. modèles réduits, a conduit
Mais, après tout,s'agissant d'uneque à deux formes
relle de naturetechnique, c'est auxap
pareils eux-mêmes qu'il faut
Voisin contre Wright ou l'Analyse d'un Duel

machinevole bien.Laproblématique
reste pour l'essentiel posée en termes
de forces et nond'aérodynamique. On
ne trouve par exemple dans l'ouvrage
de Cbanute que quelques références
très générales au comportementdes
fluides, mais nulle notion précise
d'écoulement laminaire ou turbulent,
pasdenotionstellesquepression
d'intrados et dépression d'ex
trados.
Ceci vautpourlathéoriegéné
rale du vol. Des obser
vations, plusoumoins
soumises au calcul,
ont fourni des don
nées complémen
taires. On sait, par
exemple, queleprofil
d'aileason importan
ce : toutes choses égales
par ailleurs, les surfaces courbes
r" portentmieux quelesplates. Aussi,
tant sur leVoisin que sur leWright, les
MOTEUR PUISSANT ET TRAIN A LE BARRIQUAND ET MARRE DE 30
ROUES PERMETTENT AU VOISIN CM DONT S'ÉQUIPE WILBUR WRIGHT voilures sont-elles concavo-convexes,
D'HENRI FARMAN DE SE POSER EN 1909 NOURRIT L'IDÉE QUE, mais selon des flèches différentes. On
N'IMPORTE OÙ. CE DISPOSITIF SERA SANS LES MOTORISTES FRANÇAIS, sait également que son épaisseur doit
REPRIS PLUS TARD PAR LES WRIGHT. LE FLYER NE SERAIT PAS AUTONOME. être étudiée.Une aileeffilée vaplusvite
car ellepénètre mieux dans l'air mais
porte moins. Une aile épaisse porte
éléments minimum sont nécessaires: mieux, maisva moinsvite.Enfin, les in
une surface porteuse, et un mouve génieurs saventaussique l'incidence,
mentquiluidonneunevitessesuffisan l'angle que fait l'aile avec le déplace
te. Ce déplacement a pour effet de ment de l'air, doit être finement calcu
créeruneforce quis'opposeà celle de lée. Plus cet angle croît, pluslatraînée
la pesanteur : on lui donne le nom de augmente. Ce phénomène, non com
force de portance.ilssaventaussi que pensé par un accroissement de la
ce mouvement est naturellement frei poussée,peut allerjusqu'àdéséquili
népar larésistancede l'air:c'est lafor brer l'appareilet lefaire décrocher.
cede traînée. Leursprédécesseurs ont L'essentiel de ces notions proviennent
calculéqu'à incidencedonnée,celle-ci d'expérimentations conduites sur des
varie en fonction des dimensions de planeurs au cours des décennies pré
l'aile et du carré desa vitessede dépla cédentes. Les Wright d'abord, Gabriel
cement. Pesanteur, portance, traînée Voisin ensuite,ont suivi cet exemple :
et poussée du moteur : voilà donc les ils ont commencé par planer avant de
forces entre lesquelles il faut trouver passer au vol motorisé. Ilsont essayé
les meilleurscompromis pour qu'une leurs machines lestées de sacs, se sont

47
LES GRANDES CONTROVERSES SCIENTIFIQUES
Qui sont les hommes
à qui l'on doit vraiment l'univers
technologique qui nous entoure?
La science a une histoire
dont les héros
sont parfois des génies,
parfois des imposteurs,
des opportunistes ou des fous.
Mais toujours
ce sont des hommes,
avec leurs grands
4 et leurs petits côtés.
C'est leur histoire
que vous racontent
LES CAHIERS DE SCIENCE & VIE.
Uné collection de six numéros
exceptionnels paroîssant
tous les deux mois.

IFARMJLN
Qui a inventé l'avion ?

GALILEE
N' 2 Le procès qui empêcha la Terre de tourner. (Parution le 16 avril 1991)

3WEGENER
Sa théorie de la dérive des continents fit scandale. (Parution le 15 juin 1991)

4 PASTEUR
Comment prouver l'existence des microbes ? (Parution le 13 août 1991)

5FRESNIEL & ARAGO


Quelle est la vraie nature de la lumière? (Parution le 15 octobre 1991)

6 DARWIN
La folle affaire de l'Homme qui descend du singe. (Parution le 14 décembre 1991)
GALILEE
-

A-T- IL
VRAIMENT ETE
VICTIME
DE
«

L'OBSCURANTISME ?

Que lui reprocha-t-on exactement ?


De vouloir faire tourner la Terre ?

De changer les lois de la physique ?


Ou simplement de ne pas pouvoir
prouver ce qu'il avançait ?
En tous cas,

ceux qui le condamnèrent


n'étaient pas des ignorants.

LES CAHIERS
DE SCIENCE & VIE N°2
PARUTION LE 16 AVRIL 1991
Voisin contre Wright ou l'Analyse d'un Duel

kMl.'.:)

LA FORMULE DE
PLANS RETENUE PAR
LES AVIONNEURS
FRANÇAIS ET
AMÉRICAINS EST
CELLE DES AILES
CONCAVO-CONVEXES,
QUE L'ON VOIT ICI
EN FABRICATION
DANS LES ATELIERS
VOISIN.

V\
* • * .yV.* MALGRÉ DES CHOIX
DIFFÉRENTS DANS LA
RÉPARTITION DES
PLANS, LES VOISIN
ONT, COMME LES
WRIGHT, PLACÉ LA
GOUVERNE DE
PROFONDEUR À
L'AVANT. AL'ÉPOQUE
ON L'APPELLE
"STABILISATEUR".

•s - > -»
Voisin contre Wright UN Duel

suspendus aux longerons ou d'autres à le stabiliser. Ensui


couchés dessus. Se jetant te les formes, s'éloignant du
d'une hauteur, ilsont compa modèle de l'oiseau, s'uni
rélecomportement del'appa fient. Les plans devoilure de
reil en faisant varier la forme et viennent rectangulaires et
l'incidence de l'aile. Expé superposés,parfois sur plu
riences à première vue rudi- sieurs étages, plus souvent
mentaires mais qui prépa sur deux. Le biplan est né.
raienten fait assez bienau pi Plusieurs raisons -d'ordre
lotage d'unappareil motorisé. historique, théorique et
En France, le promoteur des ; technique- interviennent
vols planés est un capitaine dans ce choix.
d'artillerie, polytechnicien, La premièretient aux expé
Eerdinand Eerber. 11 est riences qu'a menées, dans
convaincude lavaleurexpéri les années 1890, un Austra
mentale des deux milleglis lien, Lawrence Margrave,
sades de l'Allemand Otto Li- avec degrands cerfs-volants.
lienthal et a, dès 1902, recon Grâce à leurconception cel
nul'avance des frères Wright. lulaire ,ilsse sont élevés plus
11 s'est fixé pourobjectif deles haut et se sont montrés plus
rattraper, puis de les dépas stables que les autres.Quali
ser. 11 lance pour ce faire un tés suffisantes pour que Voi
programme d'expériences sin retienne ce principe pour
sur planeurs,teste leur moto lesvoilures principales et de
risation, étudie scientifique queue des tout premiersap
ment leurs trajectoires et cal pareils qu'il construit pour
cule leséquations d'un appa Archdeacon en 1905 et San-
reil "automatiquement tos-Dumonten 1906. Celadit,
stable". LES INVENTEURS FRANÇAIS ET AMERICAINS sur l'avion du kilomètre, celui de Far-
Toutesces expérimentationsaboutis ONT, AVANT DE MOTORISER LEURS man, ellesera limitée auseuldispositif
sent à des solutions en net progrèspar APPAREILS, EXPÉRIMENTÉ D'ABORD DES dequeue.
rapport à la décennie précédente.Les PLANEURS. ILS ONT SUIVI LA VOIE TRACÉE Deuxième raison:gagner en portance.
appareilsse couvrent d'abord de sur PAR OTTO LILIENTHAL (EN HAUT), Comment y parvenir quand la vitesse
FERDINAND PERBER ET SURTOUT OCTAVE
faces auxiliaires: gouvernails, ailerons est limitée par la nature, la force du
CHANUTE (AU MILIEU). CI-DESSOUS: UN
fixes ou mobiles, voire "focs". Cer vent en volplané, ou par la technique,
PUXNEUR ROBERT-ESNAULT-PELTERIE EN 1904.
taines servent à diriger l'engin, lapuissance desmoteurs ?Cette condi-

Wmm

J0
tionfixée, l'ingénieur de l'époque sait portante, il faut rouler de rappel (mécanismes
qu'ildoitjouersur lesdeuxparamètres plusviteaudécollage, allé- de pilotage ou surfaces)
restants:l'incidence del'aile, qu'ilpeut ger l'appareil au maxi qu'il faut calculer, dessi
diminuer jusqu'àunevaleurlimite (au mum au détriment de sa ner et placer judicieuse
tourde6°), etsasurface, qu'il peutaug solidité et maîtriser le ment.
menter. Accroître la surface se paie risque accru de casse à Calculer, Alphonse Pe
certesd'un poids et d'unetraméesup l'atterrissage. En témoigne ce partisan naud, Chanuteet, aprèseux, Ferber, s'y
plémentaires, mais une partie de la inconditionnel du monoplan qu'est attellent. Ainsi, pour la stabilisation
charge del'appareil ("fuselage", pilote, Blériot, alorschampion toutescatégo longitudinale (tangage), faut-Il évaluer
moteur) restant la même, le gain est riesdeschuteset capotages spectacu les distances limites idéalesdes posi
globalement positif. Dès lors deuxso laires. Etpourtant,ilaraison d'ycroire; tions respectives
lutions: soit construire une aile de car en octobre 1908, sur son appareil d'un point inva
grande envergure - mais de quelles n°8, ilgagne un record de vitessepure riant, le centre de
techniques dispose-t-on pour qu'elle grâceà l'avantage d'une moindre traî gravité, et d'un
soitlégère et surtout suffisamment so née. 11 lui arrive aussi souvent d'avoir à point variable, le
lide?-soit en construireplusieurs, de se poser rapidement en rase cam centre de portan
pluspetites dimensions et de fait plus pagne. Car, que son moteurconnaisse ce (là où s'ap
résistantes. des baisses de régime, ce qui est fré plique la résul
Plusieurs ailes donc,mais qu'il faut dis quent à cette époque, et la moindre tante des forces
poser. Comment ? L'une derrière portance des ailes se manifeste aussi exercées par la
l'autrelelong d'unepoutre, oul'uneau- tôt. pressionde l'air).
dessusdel'autre, enbiplan ?La premiè Il en résulte une
re option, dite en tandem, a été testée ais revenons à nos bi disposition cal

M
par l'ingénieuraméricain Langley et, plans. Améliorer la por culée des ailes
avantlui, parMargrave. Blériot l'essaie tance ne suffit pas. Pour par rapport au
raaussien 1907. Sans grandsuccès:les voler de façon sûre, il reste de l'avion,
ailes cassent. Après Chanute, les faut encore qu'en toute circonstance, une répartition
Wright, Ferber, les Voisin retiennent, changement devitesseoudedirection contrôlée des
eux, laseconde: pourlasurface portan du vent par exemple, le pilote puisse masses.
te recherchée, elle offre le meilleur contrôler la trajectoire. 11 faut donc L'Idéal pour Fer EN 1910, FARMAN ADOPTE Ll
compromis entre la légèreté et les rigi équilibrer l'appareil, un problème des ber est un appa
dités de structure et de plusdélicats. Car, enl'air, la reil "automati-
construction (elles sont LE FLYER DECOLLE SUR machine peut rouler, tan quement stable". Selon cette défini
UN RAIL DE 24 M DE
haubannées). guer ou partir en lacet,se tion, un planeur lâché d'une hauteur
LONG. C'EST EN
Si logique soit-il à l'époque, FRANCE QUE LES
lon les trois axes de l'espa dans des conditions régulières devent
le biplan ne rallie pourtant WRIGHT Y ONT ce. Elle est à tout instant I suivra une trajectoire rectiligne avec
pas tous les suffrages: cer AlOUTÉ UN SYSTÈME soumise à des couples de | une vitesse uniforme jusqu'au sol.
tains lui préfèrent de toute DE CONTREPOIDS QUI forces qui tendent à la 1 Tous les mouvements parasites de
façon le monoplan. Mais au DONNE UN PETIT déséquilibrer sur chacun | vront donc être naturellement _
prix de quels risques !Car, COUP DE POUCE AU de ces axes etqu'il faut maî- ^ compensés. Autrement dit,mêî
pour s'envoler avec une MOTEUR. triser:autantdedispositifs
moindre surface
Voisin contre Wright ou l'Analyse d'un Duel

mesi le pilote n'agit pas sur les gou Etc'est là la premièredes différences maintenir l'appareil enéquilibre. On ne
vernes, l'avion devrareprendresa rou entre cet avion et leFlyer. Nous en ver peuts'empêcher derappeler ici queles
te tout seul une fois la perturbation rons d'autres mais penchons-nous Wright avaientétéconstructeursde bi
amortie. d'abord sur une photographie de cyclettes.
Une telle approche définitdes règles l'avion américain. Que voyons -nous ? Sil'on juge par les performances de
théoriques. Dès 1904, Ferber précise Deux plans, qu'on appellerait au l'appareil, l'ensemble se révélatout de
que, pour les incidences moyennes, le jourd'hui des canards,de belle surface même assez bien vu. Un commenta
centre de gravitéde l'aviondoit tou à l'avant, lavoilure biplan sur l'arrière, teur moderne remarque ainsi, à propos
jours être à l'avant de son centre de pas de stabilisateur de queue. Ladis du Flyer, quel'instabilité d'un appareil
portance et qu'il doit être placé position est dite "instable", ce qui fut "canard" (petit plan articulé à l'avant)
critiqué. Surle Flyer,le centre comme celui desWright, est beaucoup
degravité est situéau tiers de la mieux contrôlable auxlimites quecelle
largeur de l'aile par rapport au d'un appareil à empennage arrière.
bord d'attaque, alors que le Une telleformule correspondaitdoncà
pointdit "neutre" (celui où gra uneprisederisquelimitée.
vitéet pressionde l'air s'équili Examinons maintenant les autres diffé
brent) n'estqu'audixième dela rences.

largeur par rapport au bord Les systèmespropulseurssont en par


d'attaque. Cettemarge de 20% tie semblables : l'hélice, placéeà l'ar
est considérable : sur certains rière, est propulsive. Pourquoi ? Peut-
avions les plus modernes, in être par habitude des bateaux. Mais
stables par construction et pi- aussi, plus logiquement, pour limiter
lotables grâce à des calcula l'effet des turbulencessur un appareil
teurs,ellen'excèdejamais 5%. fait dematériaux fragiles. Le confort du
Mais unetelleconfiguration ré pilote intervientaussi : assis derrière
sultait d'un choix délibéré : Or- l'hélice, ilverrait moins bien le sol. Et,
ville Wright, dans ses mé encesannées-là, celui-ci n'est pasloin !
moires, explique qu'ayantdéci Les deux constructeurs ont, en re
dé de privilégier la maniabilité vanche, exercé un choixdifférentsur le
de l'avion, luiet son frèrecomp nombre d'hélices ainsi que sur leur
MANCHE A BALAI SUR SON NOUVEAU BIPLAN
taient sur l'efficacité profil. Le Flyer présenté en
L'AVION DE FARMAN
de leur système de France est équipé d'un seul
DÉCOLLE DE MANIÈRE
quelque part entre deux points cri gouvernes pour compen moteur mais de deux hé
AUTONOME. EN 1907,
tiques, à hauteur du tiers avant de la ser par le pilotagecette in FARMAN ADÉCOUVERT lices, une formule rarement
surface portante théorique. Regar stabilité de leur avion. Au LA MANOEUVRE
reprise. Elles tournent en
dons laphotographiede l'avion de Far- trement dit, c'était à l'hom CORRECTE: D'ABORD sens contraire, ce qui annu
manet nous y verrons appliquéecette me, plus qu'à des disposi GAGNER DE LA le l'effetde couple lié à cha
formule, ditestable,et quiimplique de tifs d'équilibrage automa VITESSE, PUIS LEVER LA cune d'elles. Le Voisin n'a
disposer d'un plan arrière stabilisa tique (surfaces de rappel), GOUVERNE DE qu'une héli
teur important. qu'incombait la charge de PROFONDEUR. ce centrale.

53
EN VOL, LE FLYER MONTRE UNE
NETTE SUPÉRIORITÉ DANS LES
VIRAGES. LE DISPOSITIF DE
dont l'effet de couple d'essayerde lecabreren GAUCHISSEMENT, INVENTION
tend à faire déraper braquant levoletde pro DES WRIGHT, PERMET AU PILOTE
l'avion à plat. Cemouve fondeur vers le haut. Ré DE MODIFIER LE PROFIL DES AILES

ment est tant bien que sultats lesplusfréquents DE FAÇON À FAIRE PENCHER
L'AVION VERS L'INTÉRIEUR DE LA
mal compenséau moyen de la manoeuvre; des
COURBE. LE VIRAGE EST AINSI
des commandes de vol. pertes devitesseet descapotages. Far PLUS SERRÉ ET PLUS STABLE.
Avec une hélice en prise directe sur man,aidé par la puissance de son mo
l'arbre la transmission de l'appareil teur,a comprisqu'ilfallait acquérirde
Voisin est on ne peut plus simple. Da lavitesseet unappuisur l'airsuffisants
vantage en tous cas que celle du Flyer avant d'élever l'avion. 11 a découvert
qui consiste en deux longues chaînes qu'en baissant la gouverne de profon
de bicyclettes, dont une croisée(pour deur, il plaquait le nez de l'appareil au
inverser lemouvement), ce quilarend sol et gagnait de la vitesse en soula
plus fragile. Apales et moteurs iden geant d'abord l'arrière En relevant
tiques,ce quin'était pas lecas,l'hélice alorssa gouverne de profondeur, ilob
du Voisin aurait donc un meilleur ren tenait un décollage progressif et
dement, une moindre part de la puis stable. Aujourd'hui, plus de quatre-
sance étant absorbée par les organes vingts ans après, tous les pilotes du
detransmission. monde font encore la même ma
Détail important, en 1908, on coupele

LeFlyer des Wright, lui, man


noeuvre.

moteurpour atterrir. Les mécanismes


permettantd'utiliserlemoteurcomme
moyen de freinage, inversion du sens que de chevaux -vapeur: le
derotation del'hélice, etc.. nesont pas moteur de conception mai
encore inventés. Farman et Delagran- son en développe pénible
ge, comme Wilbur Wright, se posent ment 25. Celasuffitpour voler mais,
doncenvolplané, dans unquasi-silen nous l'avons vu, pas pour décoller.
ce que tous les témoins disent émou D'après unspécialiste del'époque, l'ef
vant. Ce quiexige de nombreuses qua fortfourni parlacatapulte équivalait à
lités de leurs avions. celle d'un supplément moteur de 14
Au décollage, enrevanche, lesmoteurs chevaux. D'autres estimaient qu'avec
pétaradent !Plus ou moins fort : en unrailpluslong, lemoteurauraitsuffi.
1908, le moteur "Antoinette" du Voisin Faisons unpoint. Jusque-là, l'avantage
estpresquedeuxfois pluspuissantque est à l'avion deFarman :c'est luiquidé
celui du Flyer. Les performances de colle le mieux et sans aide extérieure. 11
l'avion s'en ressentent. Même sans un peutdoncthéoriquement se posersur
soufflede vent le Voisin quitte le sol n'importequelterrainet en redécoller
lorsqu'il atteint 48 km/h. Une fois en facilement.
l'air, ilvoleplusvitequeleWright, com En revanche, dès queleFlyer a quittéle
mele montre le record établi par Far sol,ilprovoquelescommentairesexta-
manle 30octobre (76 km/h). De plus, siés des observateurs de l'époque:
lesexperts sont formels, si Farman sa s'inclinant à volonté sur l'aile, c'est le
vaitmieux décollerquelesautres,c'est champion du virage, y compris en as
qu'ilavaittrouvé la bonneformule dès cension et en descente. De ce fait, ses
1907. Etson avion yétait pourquelque évolutions sont autrement plus élé
chose. Avantlui, les pilotes avaient gantes, et mieuxcontrôlées que celles
pourhabitude, dès que l'avion roulait. de l'appareil français. Le comporte-

54
Voisin contre Wright ou l'Analyse d'un Duel

ment de ce dernier, en comparaison, renduindépendant, mais est contrôlé


auraitde quoi étonner aujourd'hui :en par le même levier. Les avions de Far
virage, satrajectoireest des plusincer man et deDelagrange sont,en1908, dé
taines. 11 tourne brutalement, au mo pourvusdetout équipement decegen
teur, à peu près à plat,en dérapant sur

Tellessont, cet eannée-là, les


re.

l'aile. C'est d'ailleurs simple: les pho


tos ne le montrent jamais en position
inclinée. principales données du
Làrésidelasupérioritéréelledel'avion concours. D'uncôté, un ap
desWright :grâceàelle, ilaccumule les pareil français qui n'a be
heures de vol circulaire en continu, et soinque d'un bonpilote pourprendre
monte plus haut car, mieux porté par l'air, maisdont la maniabilité en virage
l'airenvirage, ils'élèverégulièrement à est douteuse. Del'autre, l'engin des
chaque tour. Et de quelle manière ! Wright, qui viredans unmouchoir de
Quelle quesoitlaphase duvol,lepilote poche,mais est nettementsous-moto
estassisbiendroitauxcommandes.ee riséet,àcoupsûr, plusdélicat àpiloter.
confortest unatout important, Wilbur Lequel des deux méritait-il le mieux
Wrigbt lésait:c'estgrâceàlui qu'ilpeut d'êtreappelé unavion?
emmener des passagers délicats, La réponsenefigure pasdanslesency
dames ou ministres. clopédies. Chacune a sa version des
Sauf en de rares occasions, Farman et
Delagrange, eux, volent seuls. Ils sont FACTEUR ESSENTIEL DE
cramponnés à leur volant, dans une LA RÉUSSITE DU VOISIN,
posture que seul un sportif entraîné LE MOTEUR ANTOINEHE
L'AVION VOISIN EST DEPOURVU peutmaintenir! DÉVELOPPE, SELON LES
DE DISPOSITIF DE CONTRÔLE DE Le secret des Wright tientà undisposi VERSIONS, ENTRE 40
ET 100 CHEVAUX ET
ROULIS. IL VIRE DONC UNIQUE tif qu'ils ontbreveté etquiutilise legau
MENT AU GOUVERNAIL. CE QUI
NE PÈSE PAS PLUS
chissementdes ailespouren contrôler
DE 3 KG PAR CHEVAL.
EXIGE DE LA PART DU PILOTE DE l'inclinaison. Gauchir une aile, c'est
SÉRIEUSES QUALITÉS SPORTIVES. modifier son profil pour la faire s'éle
PAR LA SUITE, HENRI FARMAN
ver ou s'abaisser. Cette manoeuvre exi
8 ÉQUIPERA SES APPAREILS D'UN
s SYSTÈME DE VOLETS MOBILES
geuneffort léger qui, unefois amorcé
a REMPLISSANT LA MÊME FONC- parlepilote, fait pencherl'avion ducô
1 TION QUE LE GAUCHISSEMENT té de l'intérieurdu virage. Si lemouve
s DES AILES SUR LE FLYER WRIGHT. ment est bien contrôlé, l'avion reste
stableenvol, mais lecentrede portan-
ce se déplace et l'appareil vire facile
ment. Aujourd'hui, pour obtenirce ré
sultat on utilise des volets articulés.
SurleFlyer, lesystèmedepoulies et de
câbles mis au point par les frères
Wright agitsur lachute arrièrede l'ex
trémité des ailes, qui peut être ainsi
élevée ou abaissée à volonté de maniè
re coordonnée. Le mouvement gau-
chisseur, d'abord couplé à celui du
gouvernail de direction, a été ensuite

55
faits et la question n'a ja teur et, peut-être, en s'ai-
maisété tranchée impar dant de leur poids pour
tialement. Dans ses mé basculer l'avion à la ma
moires, pourtant dé nière des coureurs. Fal
taillées, Gabriel Voisin, lait-il que le pilotage d'un
par exemple, évite soi avion fût réservé aux
gneusement de parler du dispositif de champions de motocyclisme ?
gauchissement qui équipaitl'appareil Fn réalité, l'affairese compliqua, car
américain. Et pour cause : c'était le les Wright, c'est vrai, n'étaientpas les
pointfocal de lacontroverse. Alafin de seuls à avoirimaginé de déformer les
1908, les frères Wright avaientarrêté ailes pour aider au virage. Fn France,
leur position: selon eux, ils étaient in Robert Fsnault-Pelterie et Fouis Blé-
venteurs à la fois du principe du gau riot avaientconçu des systèmes avec
chissement etdudispositif permettant gauchissement commandés paruneti
de l'appliquer. Leur argument s'ap geen métal montéesur cardan.11 y eut
puyait sur leurs succès : s'ils avaient ainsidans les années 1910 à 1923, plu
volé correctement bien avant les Fran sieursquerellesde brevets:entreFran
çais (souvenez-vous, en 1903 et 1905) çais et Américains et entre Français
c'était, disaient-ils, grâceà lui. Faute eux-mêmes. Ftc'est au passage que la
d'en reconnaître l'utilité, les Parisiens paternitéde l'avion, avecson ailearti
décollaient, tentaient de virer et...re culée, fut réclamée pourClément Ader.
tombaient. Autrement dit : ils igno Résumons donc, quoique l'histoire
raienttoutdelatechnique duvirage in l'ait, en l'occurrence, fait mieux que
cliné etnepilotaient àtoutprendreque nous.Alasuitedu passa
de"drôles demachines". Ftsiparlasui- ge des Wright en /
te Delagrange et Farman parvinrent à France
négocier des courbes incertaines,
c'était en jouant sur lerégime du mo

DANS LE SYSTEME DE GOU


VERNES DU ELYE/? (1), DEUX LE
VIERS COMMANDENTTROiS AC
TIONS DIFFÉRENTES. LE LEVIER DE
GAUCHE MANOEUVRE LE STABILI
SATEUR AVANT (PR0F0NDEUR)(2).
gCELUI DE DROITE PIVOTE SUR DEUX
" AXES : DANS LE SENS AVANT-
§ARRIÈRE,IL ACTIONNE LE GOUVER-
âNAIL(DIRECTI0N(3)) ET DANS LE
1 SENS LATÉRAL, IL AGIT SUR LES
^CÂBLES DE GAUCHISSEMENT (4).
Voisin contre Wright ou l'Analyse d'un Duel

France un moteur plus puissant, un


gouvernail de profondeur placé en
queue, comme ils l'avaient vufaire par
Blériot, et une configuration à l'euro
péenne. La stabilitéde leurs appareils
y gagna grandement. Enfin, les avions
construits sous leurnomenEuropeeu
rent bientôtdes rouesaulieude patins,
selonlaformule française.
Ensomme,devant un tel chassé-croisé
de techniques, la questionde la pater
nité de l'avion semble devoir s'effacer :
car la définition moderne de l'avion fait
belet bien lasynthèsedesapportsdes
uns et des autres. En matière d'avions,
d'ailleurs, la marque Wright disparaî
EN 1910, L'AFFAIRE TOURNE ALA QUERELLE D'INDUSTRIELS (PHOTO: ATELIERS VOISIN) tra très vite, pourne plusdésigner que
des moteurs spéciaux. Quant à Voisin,
constructeurs adoptèrent systémati- Plus tardledéveloppement dumanche après avoir été le premier fournisseur
quement des dispositifs de gauchisse- àbalai brisera l'exclusivité desWright, de l'Etat français, il se retirera de la
ment d'ailes. Gabriel Voisin en particu- mais ceci est une autre bis- VOISIN DE course dès le milieu de la
lier, qui équipa ses avions du système toire. Les frères Wright, de içqs/i) leS GOU- P^mière Guerre Mondiale,
des Wright et dut leur payer des rede- leur côté, n'avaient pas non vERNES SONT ACTION- Comme déjà, en 1908, Ader
vances. plus perdu leur temps en 5 uN VOLANT. SA appartenait au passé, les
Europe. Ils rapportèrent de ROTATION COMMANDE, deux rivaux de cette année-
PAR EN-ROULEMENT, LES là perdirent assez rapide-
CÂBLES DU COUVER- mentleurplacesurlascène
NAIL(2). D'AUTRE PART LE aéronautique.
PILOTE PEUT, PAR TRAC- L'avion, lui, eut une bien
TION OU POUSSÉE, AGIR plus longue postérité.
SUR LE STABILISATEUR
AVANT(3).
D'UN RIVAGE DE L'ATLANTIQUE A L'AUTRE, LES INVENTEURS EAAPFlUNTENT DES
CHEMINS DIFFÉRENTS. DES CYCLISTES AMÉRICAINS S'INSTALLENT |aUX COM
MANDES DE LEURS MACHINES INSTABLES ET MULTIPLIENT LES \ OIS PLANÉS AU
DÉPART DE KILL DEVIL HILLS. UN POLYTECHNICIEN FRANÇAIS MET EN ÉQUA
TIONS LE VOL D'UN APPAREIL AUTOMATIQUEMENT STABLE ET VÉRIFIE LE BIEN
FONDÉ DE SES CONCEPTIONS SUR LE.SITE MILITAIRE DE CF ALAIS-MEUDON
LE Chemin
DES Inventeurs
PAR GÉRARD Chevalier et Nicolas Journet

Point de départ obligé du


chemin des inventeurs tel
que la résistance à l'avancement
de lacellule (ycomprisla nacelle,
riant entre 0,15 m2 par kilogram
me de poids,dans lecas de M. Lil-
que nous l'imaginons : une l'armature, et le haubannage) llenthal, et 1,4 m2 par kilo dans le
bibliothèque. Là, comme il se augmente comme le carré de la cas de M. Margrave. 11 est pro
doit, un livre. Son titre : Progress vitesse ; (...) ; nous sommes bable que cette dernière valeur
in Flying Machines ( Les Progrès (donc) en mesure de calculer, au est trop élevée et qu'ilserait pré
des Machines Volantes). 11 a été moins approximativement, la férable de maintenir les dimen
écrit par OctaveChanute, ingé puissance requise pour produire sions des machines artificielles
nieur des travaux publics, et pu un effet de portance avec des dans la fourchette de valeurs ob
blié en 1894 aux Etats-Unis. ailes planes et pour vaincre la ré servées chez les oiseaux à vol ra
Chaque chapitre décrit et analy sistance (de l'air). Mais, concer pide... Celle-ci va de 0,72 m2 par
se une observation de vol, une nant la taille de l'appareil, nous kilo pour l'hirondelle à 0,09 m2 cement horizontal (voir fig.l).
expérience ou une théorie élabo ne connaissons pas encore les li par kilo pour le canard mâle; Quels paramètres font varier ces
rées au cours du XlXe siècle. La mites qui résulteront de la loise avec de telles surfaces, si l'on deux termes? D'unepart, la posi
conclusion synthétique et cri lon laquelle le poids augmente considère leurs ailes comme tion de l'aile par rapport au flux
tique constitue un résumé de comme le cube des dimensions planes avec un angle d'incidence d'air (son incidence), et d'autre
l'état des connaissances de alors que la surface portante de 3°, l'hirondelle soutient son part, la vitesse relative de cette
l'époque. En voici donc quelques n'augmenteque selon leur carré. poids à une vitesse de 37km/h et aile par rapport à l'air. Ainciden
extraits commentés par un ingé En outre (...) nous savons déjà le canard à 106 km/h. ce donnée, une augmentation de
nieurd'aujourd'hui. que les surfaces concavo-
convexes seront plus efficaces
(que les surfaces planes), bien
Unedescente sûre,àla vi
tesse d'un parachute, né
la vitesse entraîne une augmen
tation de la portance, et bien sûr,
de la traînée, l'aileoffrant plus de
que nous ne puissionsencore dé cessite à peu près le rap résistance à l'avancement.

D
Le DECOLLAGE
terminer quelles seront les
formes les plusfavorables..."
..."Le total de la surface portante
nécessaire dépendant de la vites
port de l'hirondelle, tandis que
les proportions du canard sont
plus favorables aux grandes vi
tesses. La traînée n'augmentant
Chanute esquisse les lois de va
riation des différents termes : des
calculs d'ordre de grandeur lui
permettent de conclure que le
se, 11 est probable que, à l'inté que si l'angle d'incidence aug vol artificiel sera possible, même
rieur de certaines limites, aucun mente, 11 semble préférable de
II' epremier
considérer problème
concerne laà accroissement particulier (de maintenir ce dernier aussi CONCEVOIR DES
résistance et la capacité surface) (en rapport avec le constant que possible...". STRUCTURES LÉGÈRES
de portance de l'air... Nous pou poids) ne peut être déterminé
ET RIGIDES À LA FOIS :
vons (aujourd'hui)... les calculer comme étant le meilleur; une Le commentaire
avec unemarge d'erreur réduite.
UN MÉTIER D'INGÉ
grande part de la résistance DE L'INGÉNIEUR
Ces calculs semblent indiquer consiste en effet en traînée et cet
NIEUR DU BÂTIMENT
que le vol artificielest possible, te dernière est indépendante de Octave Chanute n'ignorait pas TELS OCTAVE CHANUTE
même avec des ailes planes; que l'aire de la surface portante; une que les profils d'aile devront ET GUSTAVE EIFFEL.
les angles d'incidence très plats, petite surface à grande vitesse avoir des formes complexes.
de 2°à 5°,(...), seront les plus fa est capable de soutenir autant de Mais, en bon théoricien, il se li
vorables, et que (...) les vitesses poids qu'une plus grande à une mite volontairement à l'étude du
élevées nécessiteront moins de vitesse réduite en proportion... comportement d'une aile rudi-
puissance que les vitesses En pratique, cependant, le poids mentaire : un simple plan placé
basses, parce qu'elles permet de l'armature et la résistance de dans un flux d'air animé d'une vi
tent d'obtenir de la portance à un la cellule détermineront le rap tesse constante. Il en tire les no
angleplus faible. port surface/poids le plus favo tions fondamentales d'aérodyna
Nous avonsvu que la traînée (de rable. Nousavons vu que des ex mique : portance et traînée. La
la voilure) diminueà mesure que périences encourageantes ont portance s'oppose à la pesan
l'angle d'Incidence décroît, et été faites avec des surfaces va teur, la traînées'oppose au dépla

59
Le Chemin des Inventeurs

avec une aile plane, pour autant lisés pour la construction de Les expériences nous ont montré
que celle<isoit à incidence laible ponts sont appliqués à la que la stabilité transversale peut
et que sa vitesse relative par rap construction de machines vo être acquisede deuxfaçons: 1/en
port à l'airsoitsuflisante. lantes." Et celle-ci, de Ferdinand disposant les deux moitiés des
C'est à partir de ces concepts Ferber en 1904 : "nous entrâmes surfaces portantes selon un di
qu'on construira d'abord des bi en relationavec M. Chanute, qui èdre, et 2/ en ajoutant une dérive
plans, une horreuresthétiquecar tint à nous convertir à ses deux à l'appareil... Le mode d'action
la nature n'en propose aucun mo surfaces. Après une longue hési est pratiquementidentiquedans
dèle. Le problème est le suivant: tation, due surtout au manque les deux cas. 11 consiste à produi
pour obtenir une portance suffi d'esthétique du système, nous re un accroissement de portance
sante à vitesse faible, il est néces nous sommes rangés à son avis au-dessus du côté qui tend à
saire d'augmenter la surface. pour deux raisons : plonger vers le bas.Les deuxpeu
Mais celadoitse faire sans pénali 1° Le mêmepoids d'ossature per vent être combinés, mais la déri
sation e.\cessive de poids et sans met d'établir deux fois plus de ve produira moins de résistance
perte de rigidité. Le biplan possè voilure ; à l'avancement que l'angle du
de ces avantages : par rapport à 2° Le mode de construction par dièdre...
une aile de surface S et de poids réseaux triangulaires donne à La stabilité longitudinale peut
P, un biplan offre une surface 2S cette ossature la solidité d'un être obtenue , elle, de trois
et un poids légèrement supérieur blocplein." façons : T/ par des surfacessup
à 2P, à cause de la présence des Mais reprenons notre lecture de plémentaires faisant un anglelé
éléments de liaison. Une aile la "bible Chanute": gèrement incliné par rapport à la
simple de surface 2S serait théori surface de sustentation principa
quement préférable, mais pose le,27 en disposantplusieurs sur
rait à l'époque des problèmes de faces l'une derrière l'autre, 3°/en
rigidité de construction, et donc faisant en sorte que le centre de
de poids, plus difficiles encore à gravité co'inclde en permanence
résoudre. avecle centre de portance... Cet

Laconceptiondesstructures
a pourtant fait des progrès
L'Équilibre en Vol te troisième solution, celle des oi
seaux, n'est pas à l'heureactuelle
envisageable sur une machinear
considérables dans la IIP etous (les problèmes)
résoudre, c'est à monà tificielle..."
deuxième moitié du XlXe siècle. \êJ avis le plus Important et
Symbole le plus magnifique : la le plus difficile... 11 serait beau Le commentaire
tour Eiffel (1889), structure légère coup plus simplesi une machine DE l'ingénieur
et rigide à la fois. Ce cahier des volanten'avaità se déplacer que
charges minimal, on pouvaitévi selon un angle d'incidence Démontrer qu'un plus lourd que
demment l'appliquer aux sur constant et dans un air calme. Le l'air, de conception très simple,
faces portantes des aéroplanes centre de gravité devrait être pla pouvait voler dans un air théo
de la même période. On ne cé en co'incidence avec le centre rique animé d'une vitesse
s'étonnera donc pas que ce soit de portance à l'angle particulier constante était un pas important.
notre auteur. Octave Chanute, in de vol souhaité, et la vitesse de Mais l'air réel ne se comporte pas
génieur des travaux publics de vrait être maintenue aussi régu ainsi: de nombreux précurseurs
métieret bâtisseur de ponts dans lière que possible (voir fig.3) ; de l'aviation en ont fait la cruelle
la région de Chicago, qui s'en fas mais la machine volante doit expérience. Ace propos, Chanute
se le champion. C'est lui qui monter et descendre, comme dégage des notions essentielles
convainc les Wright aux USA. l'oiseau, et doit tenir compte des d'aérodynamique : en particulier,
puis Ferber en France, d'utiliser tourbillons, des remous et des l'importance des positions rela-
le biplan. D'où cette remarque, rafales de vent. L'oiseau gèrecela Moment
UNE RAFALE PERTURBE
écrite par Wilbur Wright en en modifiant constamment son
i
LA POSITION DES AILES :
1901:"L'appareil à "doubleisurfa- centre de gravité ; comme un
ce" construit et testé en même acrobate, 11 s'équilibre de lui-mê UNE DIFFÉRENCE DANS
temps que nous par Octave Cha me instinctivement. Leproblème L'AMPLITUDE DES DEUX
nute marque un très grand pro est beaucoup plus compliqué FORCES DE PORTANCE
grès : c'est le premier appareil pour une machine inanimée qui FAIT APPARAITRE UN MO
dans lequel les principes mo nécessite un équilibrage- si pos MENT DE RAPPEL VERS LA
dernes de structure en treillis uti sible automatique- et permanent. POSITION D'ÉQUILIBRE.

60
Le Chemin des Inventeurs

tives du centre de gravité et du pulaire, l'aluminium est inférieur pressionnerune pellicule en lais
centre de portance. Le centre de à l'acier par unité de poids, parti sant ouvert l'obturateur durant
gravité d'un appareil est fixé par culièrement en compression, toute la descente de l'aéroplane.
la répartition des masses. Par mais il ne se corrode pas, point Celui-ci imprimesur la pellicule
contre, le centre de portance va sur lequel son emploi peut sem une trace floue qui représente la
rie selon les turbulences et ra bler préférable. 11 pourrait être trajectoire. Les clichés montrent
fales que l'air inflige, de manière utilisé pour les surfaces por que cette dernière peut être, dans
non symétrique, à l'appareil. tantes, sous forme de fines certains cas, rigoureusement rec-
Supposons que l'on parte d'une feuilles ou de toile métallique re tiligne. Quand il y a des in
position à l'équilibre, où les deux vêtue d'un enduit lisse; toutefois flexions, c'est que le gouvernail
centres d'application des forces les matériaux textiles seront les de profondeur est intervenu. Les
coïncident (voir fig.4). Quand le premiers à être utilisés pour un photos sont publiées dans mon
centre de portance, sous l'action appareil en dimensions réelles. 11 aujourd'hui entrepris de faire par livre, "Les progrès de l'Aviation
du vent, se déplace, la distance est indispensable, cependant, le calcul la théorie générale de par le vol Plané, "(photo page58).
ainsi créée entre les deux points que ces surfaces ne se déforment l'aéroplane. Je pars pour cela Ces expérimentations. Mes
fait apparaître un couplequi per pas exagérément sous l'effet des d'un aéroplane théoriquecompo dames et Messieurs, m'ont per
turbe l'appareil (voir fig.5). Cha- variations de la pression de l'air sé d'une seule surface sustenta- mis d'établir des lois relatives à la
nute propose des solutions qui (...) ce qui posera des problèmes trice S et de deux surfaces per stabilitéde trajectoire. J'ai pu ain
produisent un effet contraire auxexpérimentateurs..." pendiculaires, l'une s s'opposant si démontrer qu'un aéroplane
pour revenir à l'équilibre. De pe à la marche et donc nuisible, stable sans moteur parcourt une
tits ailerons par exemple, situés Le commentaire l'autre o parallèleà la marche et droite descendante avec une vi
loin des centres de gravité et de DE L'INGÉNIEUR formant quille (voir fig. 8). tesse uniforme. Que, lorsqu'un
portance, peuvent par leur posi 11 ressort de cette approchethéo aéroplane sans moteurdécrit une
tion exercer un moment (produit L'usage généralisé après 1930 des rique que le mouvement le plus trajectoire rectiligne, son angle
d'une force par une distance) suf alliages d'aluminium pour la général d'un aéroplane peut être d'attaque est constant et indé
fisant pour contrecarrer la per construction des avions ne doit décrit par un systèmecomplet de pendantde lavitesse (voir fig. 9).
turbation première; disposer les pas nous influencer. Les premiers neuféquations dont la résolution L'aviateur est maître de l'angle
ailes selon un dièdre (e"es ne avions réussis furent construits partielle permet de tirer des d'attaque de deuxmanières diffé
sont pas dans le prolongement en toile enduite et bois ou tubes conséquences rigoureuses quant rentes ; par la répartition du
l'une de l'autre, mais forment un d'acier. 11 faut attendre 1915 pour aux différentes valeurs à respec poids et par la manoeuvre d'un
Ven général très ouvert) permet voir voler le premier avion "tout ter dans la construction d'un aé gouvernail de profondeur.
d'assurer une stabilité transver métal", le Junkers ,1.1. Chanute roplane rationnel. Le dispositif
sale automatique. voitdonc juste. que vous voyezici à pour but de
Les idées sont là, mais en 1894 Refermons ici son livre, en notant contrôlerpar l'expérience la vali I Tprincipes
Il* 'ai égalementde construction
pu définir les
l'évaluation précise de ces di qu'il n'aborde que très superfi dité des hypothèses qu'implique d'un appareil motorisé au
versessolutionsreste à faire. Trop ciellement la question des gou le calcul. 11 s'agit, comme vous le tomatiquement stable . 11 faut
de paramètres entrenten jeu. Seu vernes. Mais aussi et surtout, voyez, d'un plan inclinésuspen d'abord que son centre de gravité
le l'expérimentation en situation qu'il recommande très vivement du consistant en un câble d'acier soit situé un peu au-dessous du
réelle, telleque la pratiqueront les l'expérimentation en vraie gran tendu au milieu du plan délimité centre de résistance de sustenta
aviateurs de la décennie suivante, deur de planeurs. Recommanda par ces quatre pylônes, deux py tion pour l'angled'attaque opti
feraavancerle problème. tion que nous allons suivre scru lônes élevésderrière et deuxplus mum et qu'il soit à hauteur du
puleusement. bas devant. Sur ce rail se déplace centre de résistance à l'avance

La deuxième halte sur ce un chariot. L'aéroplane y est


d'abord attaché, puis se dé
ment. L'effortde propulsion de
vra passer par le centre de gravi

B
Les Matériaux
chemin imaginaire sera
donc un site d'essais de pla
neurs, le dernier qu'a construit le
capitaine Ferdinand Ferbersur le
croche pour voler librement, dès
que le chariot est parvenu en
bout de course. Son mouvement
est donc dans un premiertemps
té. Enfin, l'appareil devra possé
der lestrois"V" (voir fig.lO).Dans
de telles conditions, si la vitesse
de l'aéroplane vientà diminuer, il
terrain d'aérostation militaire de captif, dans un second, libre (...) fera une abattée pour la retrou
I II 1semble maintenant pro- Meudon-Chalais. Nous sommes Au moment où l'aéroplane s'en ver et s'établira sur une droite pa
||| bable que le bambou, le en 1907. Et c'est le Capitaine Fer gage dans la partie libre de son rallèleà la première, mais située
1 plus léger des bois durs, et ber qui guidela visite ; vol, ila déjàacquisunevitessede plus bas qu'elle. Si, au contraire,
certaines variétés d'acier seront "Après de nombreux essais réus 10 mètres à la seconde. sa vitesse vientà augmenter, ilse
considérés comme les matériaux sis de vol plané, à la suite des Pour visualiser le mouvement, cabrera pour la diminuer et s'éta
les mieux adaptés à l'armature. quels j'ai pu commencer à étu j'utilise un dispositif photogra blira sur une droite parallèle à la
Contrairement à la croyance po dier le vol motorisé, j'ai phique. Le principe en est d'im première, mais situéeplushaut."

61
Le Chemin des Inventeurs

Que pense notre ingéniëur


DE CE BREF EXPOSÉ ?
Messagereçucinqsurcinq.
Quittons donc Chalais-
nos prédécesseurs n'étaient
n 'étaient pas exactes. Plutôt dé
Meudon et continuons courageant...
Primo, que Ferber est un poly notre chemin des inventeurs
technicien : sa formation mathé Orville Wright ....décourageant
matique i'entraîne donc spr un
O^T dans une cabine de transatlan
tique. Destination : New York oui, carcelavoulait direqu'aulieu
chemin jusqu'alors inexploré, ce d'abord, puis une modeste ville departir de là où lesautresétaient
lui de la mise en équations com de F Ohio, Dayton. C'est là que parvenus, ainsi que nous l'espé
i Lacet
plète du mouvement d'un cjéro- Y nous avons rendez-vous avec Or- rions, nous devions repartir de zé
plane théorique: il rend le problè villeet Wilbur Wright, construc ro. Mais, d'un autre côté, le fait
me "élégant" en réduisant son ob teurs de bicyclettes, inventeurs quecesdonnées se soientrévélées
jet d'études à trois surfaces. LA STABILITE AUTOMA d'avions et pilotes d'essais de ré husses était intéressant... On res
Deuxio, il est capitaine d'artille TIQUE AUTOUR DES putation mondiale. Voici ta sent une certaine excitation à dé
rie: les problèmes de trajectoire, TROIS AXES : POUR FER conversation riche d'enseigne couvrir quelque chose que les
ilconnaît !Son souci majeur, (dans mentsrecueillie par notreenvoyé autres avaientignoré avantsoi.
BER, UN AVION DEVRA
la résolution "partielle" dè son spécialauxU.S.A.
système à neuf équations aussi
POSSÉDER LES TROIS "V", Wilbur Wright :...en outre, cela
bien que dans son instrumenta SELON L'IMAGE DU
Cahiers de S & V : Messieurs, voulait dire que, peut-être, les rai
tion d'essais, est bien de vérifier DIÈDRE DES AILES POUR nous avons récemment lu un ou sons pour lesquelles les autres
qu'un aéroplane peut suivre une LA STABILITÉ EN ROULIS. vrage français de vulgarisation n'avaient pas réussià volerne ré
trajectoire automatiquement rec- dans lequel le capitaine Ferber sultaient pas d'une impossibilité
tiligne : le "but" à atteindre est ture de la douche matinale : on écrit ceci : "en février 1902, grâce à fondamentale, mais d'une erreur.
clairement énoncé. oscille parfois longtemps du trop M. Cfianute, je reçus la communi
Le capitaine Ferber suggère de chaud au trop froid avantde trou cation des brochures et desphoto Cahiers de S & V : est-il indiscret
construire un aéroplane motorisé ver un équilibresatisfaisant. Ob graphies des travaux des frères de vous demander laquelle?
à partir de ses conceptions : il tenir immédiatement le mélange Wright de 1900 et 1901. Ils étaient
suffira de s'asseoir à son volant tiède désiré exige un mécanisme si probants et si remarquables Orville Wright la littérature
pour le piloter avec aisance, le supplémentaire (relativement) qu'il n'étaitpas difficile deprévoir fournissait notamment un coeffi
gros du travail de stabilité se fai compliqué. Il en va de même pour qu'ilsarriveraientfacilement à la cient dit "de Smeaton", du nom
sant automatiquement,, par le contrôle d'un avion en vol : machine à volercomplète". Nos d'un Anglais qui avait publié un
construction raisonnée de seulsdes dispositifs électroméca lecteurs aimeraient savoirquelles article en... 17521 Pour tous les
l'avion. niques de pilotage automatique intuitions, quelles démarches, ex concepteurs de machines volantes
Onsait aujourd'hui que, pour sé parviendront à satisfaire à cet périmentales ou théoriques, furent jusqu'à nous, la traînée T, ou la
duisante, cette idée était trop objectif. les vôtres pour vous placer ainsi force exercée par un vent de vites
simple. Qu'on se souvienne seu D'ailleurs, derrière le polytechni aujourd'hui en têtede la course à se Vsur unesurface plane S pla
lement du problème classic|ue et cien, se cachait l'humble expéri l'aéroplane? cée perpendiculairementà la di
cluotidien du réglage en tempéra- mentateur, ainsi que l'atteste une rection du vents'exprimaitainsi:
phrase extraite de la conclusion Orville Wright : rien de bien T =0,0049 S. Le fameux coef
LA PERFECTION RECTi-
de l'ouvrage du capitaineFerber mystérieux... Nous avons com ficient de Smeaton avait donc me
LIGNE DE LA TRAIECTOI-
consacré à ses savantes équa mencé par étudier les meilleurs valeur de 0,0049 (1) (voir fig. 11).
RE A-B : UNE CONFIRMA tions (1907) : "quant aux avia textes disponibles à la Smithso-
TION EXPÉRIMENTALE teurs, ils feront bien de continuer nian Institution. Grâce à cette lec
DES EQUATIONS DE FER à suivre la méthode de l'expéri ture attentive, nous avons pu cal
BER SUR LE VOL PLANÉ. mentation directe à la Lilienthal. " culer les surfaces des ailes de nos SurfaceS

deux premiers planeurs et les


, jRésullmte Représentation graphique . construire nous-mêmes. Les pre
1;dela des oennées phetographiques
1 ; résistance miers essais ont eu lieu en 1900 et
I de l'air 1901.
'calculée >
Cahiers de S & V "c'est aussi
i.l"iNsoildeja l'artée kmurk simple quecela ?"
hr!:. .
(1 ) La valeur de ce coefficient de résistan
Wilbur Wright : oui... sauf que cedel'air n'est pas celle qu'un ingénieur
ces planeurs ne répondaient pas français utiliserait, car elle estdonnée ici
3.û7iM| B 3.3S pour desmesures de surface etdevitesse
du tout à notre attente. En fait, les en unités anglo-saxonnes ( pieds carrés,
tables de pression préparées par miles à l'heure).

62
LE CHEMIN DES INVENTEURS

Cahiers de S & V ; ...que vous rences, de telle sorte que dans un 50% au-dessus de sa valeur réelle ! quand onprésente au ventunedes
avez mise en doute? objetaussisimple qu'une aile, des deux ailes avec une plus grande
milliers de combinaisons sont Cahiers de S & V vous avez incidence que l'autre, elle tend à
Orville Wright ; exactement; et possibles... donc modifié les ailes de vosap s'incliner vers le sol et à faire tour
pour résoudre la question, nous pareils en conséquence pour en ner l'appareil... dans le sens
avons conçu une petitesoufflerie Cahiers de S & Vvoilà un dis accroîtreles capacitésde sustenta contraireà celuique nos essais en
et passé trois mois à faire des es cours inattendude la part d'ama tion. Mais, une fois en vol, vous cerf-volant nous avaient montré !
sais de maquettes. Voyez-vous, teurs... avez dû rencontrer les mêmes pro
pour travailler intelligemment, il blèmes que vos prédécesseurs ! Orville Wright en fait, c 'esttout
faut connaître les effets d'une mul WiLBUR Wright en effet, au dé simple. L'accroissement d'inci
titude de-facteurs variables qui part l'aviation n'était pour nous Orville Wright bien sûr ! L'air dencesur une aile produitplus de
peuvent agirsurla surface de ma qu'unsport; nous ne noussommes n 'avait aucune raison de se com résistance à l'avancement et ré
chines volantes. Les pressions véritablement penchéssurson as porter plusgentiment avec nous duit la vitesse sur ce côté. La ré
exercées sur des carrés sont diffé pectscientifique qu'avec réticence. qu'avec Lilienthal par exemple. Et duction de vitesse a iciplusd'effet
rentesde celles qui s'exercentsur Mais nous avons bientôt trouvé ce nous ne voulions pas connaître le que l'accroissement d'incidence,
des rectangles, cercles, triangles travail tellement fascinant que mêmesort... Nous pensions en fait et donc de portance, désiré.
ou ellipses ; les surfaces courbes nous nous sommes laissés entraî que la cause de son accidentpro L'ajoutd'une dérive fixe arrière
diffèrent des surfaces planes ner de plusen plusloin... venait d'une incapacité à maîtri n'a fait qu'aggraver leproblème et
et,entre elles, les comportements ser la stabilité de son appareil. Sa rendaitl'appareil très dangereux.
varientencoreselon le profil de la Orville Wright nous avons méthode, comme celle de Chanu- Il nous a fallu un certain temps
courbure ; les vrais arcs diffèrent donc construit ces deux bancs d'es te, quiconsistait à diriger l'appa avant de trouver te remède : des
des paraboles et ces dernières dif sai avec l'idée que de telsdisposi reilen déplaçant le poids du corps plans verticauxmobiles couplés
fèrent entre elles; lesprofils épais tifs nouspermettraientd'éliminer nous semblait particulièrement in au gauchissement des ailes. Le
diffèrent des profils minces; les les erreurs de mesure commises efficace en conditions de vent fort. plan de notre appareil s'est alors
profilsdont l'épaisseur n'est pas- par nos prédécesseurs. Après Carle poids mobilisé et l'amplitu enrichide ces deuxgouvernails
constante varient en pression se avoirfaitdes relevés préliminaires de du déplacement sont stricte placésà l'arrière.
lon la position du point d'épais sur une série de surfaces de formes mentlimités, alors que les forces
seur maximum. Certains profils différentes, pour nous assurer un deperturbation s'accroissent régu Cahiers de S & V puis très vite,
trouvent leur efficacité maximum minimum de maîtrise du sujet, lièrement lorsqu'on augmente la un moteur, n'est<epas ?
à un angle donné, d'autres à nous avons effectué des relevés surface des ailes et la vitesse de
d'autres angles. La forme du bord systématiques sur des surfaces l'appareil WiLBUR Wright .• pas aussi vite
d'attaque créeégalement desdiffé- standard. que nous l'aurionssouhaité... seu
WiLBUR Wright pour contrôler lement en décembre 1903.
"GAUCHIR" LES AILESEN- WiLBUR Wright nous avons pas les machines de plusgrandes di
TRAÎNE UNE DISSYMÉ sé dans notre soufflerie une cin mensions que nous avions en pro Cahiers de S & V .• comment cela
TRIE DANS LES FORCES quantaine de ces surfaces à des jet, il nous fallaitdonc un système s'est-il passé ?
DE PORTANCE... ET DE angles allant de0à 45degrés, à in par lequel les forces duesau vent
TRAÎNÉE ! EN PLUS DU tervalles de2,5degrés... pourraient rééquilibrer ce que le Orville Wright à merveille...
MOUVEMENT RECHER vent lui-même avait perturbé. sauf que notre aéroplane fut dé
CHÉ (CELUI AUTOUR DE Orville Wright :...et nous avons L'idée nous est venue d'équiper truitpar une bourrasque de vent
aussi testé les effets des interac l'aéroplane d'ailes "gauchis- dès le troisième vol !Il nous a donc
L'AXE DE ROULIS), APPA
tions dessurfaces quandelles sont sablés", puis d'y ajouter des sur fallu en construire un nouveau
RAÎT UN MOMENT, AU superposées ou placées l'une der faces mobiles supplémentaires en pourla campagne de 1904.
TOUR DE L'AXE DE LACET, rière l'autre... forme degouvernail
QUI PERTURBE LE VIRAGE. WiLBUR Wright .• lorsque nous
Cahiers de S & Vmais, etSmea- Orville Wright nospremierses avons recommencé à voler au
ton dans tout cela ? sais en vol avec des cerfs-volants printemps 1904, nous avons dû
nous avaient montré que l'idée constater à regret que leproblème
WiLBUR Wright son coefficient était bonne, mais il a ensuite fallu de l'équilibre était en fait loin
était, commenous le supposions, l'adapter. d'être résolu. Parfois, lorsque nous
surestimé. Ces mesures en souffle volions en cercle, l'appareil ver
rie, puis une série de vérifications Cahiers de S & Vc'est-à-dire ? sait sur le côté sans que le pilote
en vraie grandeur, nous ontpermis n'ypuisse rien, alors que, dans les
de l'établir à 0,0033 au lieu de WiLBUR Wright à cause d'une mêmes conditions en vol recti-
0,0049. L'erreurétait importante. premièresurprise. Nous avons en ligne, il n'avait aucun mal à le re
Rendez-vous compte : environ effet découvert qu 'en vol plané. dresser en un clin d'oeil...

63
Le Chemin des Inventeurs

Le COMMENTAIRE étranges qu'ils nous paraissent qu'un planeur sans gouvernail ef


DE L'INGÉNIEUR aujourd'hui. Si Ferber était poly ficace est soumis à une rafale la
technicien et capitaine d'artille térale, le dièdre classique tend à
S'il avait agi avec plus d'indiscré rie, souvenons-nous d'abord que soulever l'aile au vent et à abais
tion, notre enquêteur aurait pu li les Wright construisaient des bi ser l'autre ; l'appareil ne remonte
re le journalde bord tenu par Wil- cyclettes. Sur une telle machine, pas suffisamment dans le chemin
bur. Voici ce qu'ily aurait trouvé, le "pilote" contrôleen permanen du vent (voirfig. 15) pour revenir
à l'automne 1904 : ce son équilibre. Lancez une bicy à l'équilibre et l'aile se rapproche
20 septembre 1904 : "premier clette seule, et elle roulera diffici dangereusement du sol, qui lors
cercle bouclé !" lement plus de quelques mètres des premiersessais n'est déjà pas
26septembre 1904 : "Orville inca avant de basculer d'un côté ou de très éloigné! Un jour Wilbur, pris
pablede s'arrêter de virer" l'autre. 11 n'en va pas vraiment de dans une bascule de ce genre,
15 octobre 1904 :"incapabl^ de même pour un planeur non pilo avait tenté de cabrer l'appareil et
s'arrêter de virer; moteur et pa té, ou un cerf-volant comme celui avaitterminéen décrochage avec
tins cassés, ainsi que les deux dont les frères Wright avaient atterrisage brutal à la clé. Le di
hélices". également fait l'expérience : l'un èdre inverse offrait une solution à
16 novembre 1904: "incapable de comme l'autre, lâché librement ce problème : en cas de rafale la SANS GOUVERNAIL,
s'arrêter de virer". dans une situation de vents térale, il imprimait le mouvement UN PLANEUR AVEC UN
Mettre au point un appareil ca calmes, peut voler pendant de de roulis inverse au planeur et
pable de virer dans toute^les longues secondes avant de bas tendait donc automatiquement à
DIÈDRE (FIG. 15) NE RE
MONTE PAS SUFFISAM
conditions n'était pas simple. culer, ou même plus simple l'écarter de la pente de la dune de
Nous pouvons cependant, à l'ai ment... d'atterrir en douceur. La KillDevil (voirfig. 16). MENT AU VENT. UNE
de de quelques textes, suivre les chute est par contre beaucoup Pourde courts vols planés, l'idée MANOEUVRE DE CABRA-
étapes du raisonnement des plus rapide dans des conditions était plutôt bonne. Elle n'était ap GE ENTRAÎNE UN DÉ
Wright, et comprendre les choix de vents un peu forts et turbu paremment pas non plus trop pé CROCHAGE INOPINÉ.
techniques qui en résultent,Itout lents. L'instabilité se rapproche nalisantepour leurs premierstra D'OU LA SOLUTION (FIG.
alors de celle d'une bicyclette. jets motorisés en lignedroite. Par 16) ADOPTÉE PAR LES
SUR LE VOISIN LA POSI Etantdonnéle terrain d'expérien contre, dès qu'ils tentèrent de ci WRIGHT
TION AVANCÉE DU ce venteux des Wright, il est lo rer au moteur, l'effet fut désas
CENTRE DE GRAVITÉ FAIT gique que leurs observations les treux. En effet, pour des raisons problèmedemeurait intact : celui
QU'EN ,CAS DE PERTUR aient conduits à toujours recher un peu trop longues pour être ex du décrochage. Les Wright
BATION L'ANGLE D'IliCl- cher, dans la conception même pliquéesici, un avionà dièdre in avaient constaté qu'il se produi
de leurs appareils -planeurs et verse qui amorce un virage sait effectivement de malencon
DENCETENDÀ
avions-, à ce que le pilote soit en risque de rentrer dans une spira treux décrochages pendant cer
DÉCROÎTRE. L'AVION .RE permanence, à la manière du cy le instable dont il ne peut plus tains virages. Pourquoi ? En vira
PREND DE LA vitesse: ET cliste, le responsable de l'équi sortir. D'où ces remarques récur ge, une nouvelle force, inconnue
DONC DE LA PORTAN- libre de son appareil. Quitte à rentes du journalde Wilbur... en volhorizontal, vientse joindre
CE. IL EST STABLE s'accommoder de l'instabilité na Les Wright supprimèrent donc le à la pesanteur : la force centrifu
turellede ce dernier(voirfig. L3 et dièdre inverse à la fin de sep ge. Leurs expériences de pla
fig.l4). D'où l'importance qu'ils tembre 1904. Ilss'aperçurent ra neurs leur avaientappris qu'en li
accordent à l'étude des gou pidement qu'ils avaient corrigé mite de décrochage, il fallait es
vernes et ailes gauchissables. Ce ainsi un des défauts de leur sayer de reprendre de la vitesse
souci de maniabilité les entraîna avion, mais pas tous. De nou et donc de la portance en faisant
d'ailleurs dans une fausse route veaux accidents se produisirent piquer l'appareilvers le sol. 11 suf
pendant un certain temps. et. en décembre, le contrôle de la fisait alors d'appliquer cette tech
Contrairement à la doctrine clas stabilité en virage n'était pas en nique au virage motorisé : piquer
sique développée, entre autres, core résolu. LesWright soupçon légèrement pour compenserl'ap
par Ferber, en 1901 et 1902, ilsap nèrent que le système des com parition progressive de la force
pliquèrent un dièdre légèrement mandes avait sa part de respon centrifuge.
inversé aux ailes de leurs appa sabilité : à cette époque, gauchis C'estainsi qu'en septembre 1905,
reils. Pourquoi ce choix Des ex sement et direction étaient mu après de nombreuxtâtonnements
périences partiellement analy tuellement asservis. Dès l'année et quelques atterrissages malen
sées avaient déterminé dès le dé suivante, ils supprimèrent ce contreux.un pilotede la classe de
but les Wright à ne pas utiliser le couplagetrop direct et gagnèrent Wilbur Wright pouvaitenfin, avec
dièdre classique (vers le haut) plusde finesse en pilotage. beaucoup...beaucoup de doigté,
sur leurs appareils. Eneffet, lors Mais ce n'était pas fini... Unautre faire virerson aéroplane.

64
Le Chemin des Inventeurs

POUR SERRER UN
! SIMPLE BOULON,
COMME POUR
CONCEVOIR UN
AEROPLANE COM- i
PLET, IL LEUR FALLAIT «
ETRE DEUX : ORVILLE
t ET WILBUR WRIGHT
DANS LEURS
OEUVRES I
DE LA DOaXIME FRAMCAISE DE L'AEROFLAME AU TRIOMî'HE DE WILBUR WRIGHT : OUEIOUES EXTRAITS DE LA RRESSE RARISIEMME EM IVOS

Essayons, maintenant,
de transporter à un aé Coiiimenl exposait-on, en 1908
angle est une rampe très
faible. Plus l'angle est grand,
plus donc l'aéroplane at
roplane la théorie élé dans rillnslralion, le Paris Match de l'époqne, taque de couches d'air à la
mentaire de l'équilibre d'un fois, et plus le moteur doit
cerf-volant. Bâtissons un
les principes de la mécanique du vol ? développer de puissance. 11
énorme cellulaire de Mar s'ensuit que, si l'angle d'at
grave, supprimons la cor taque est très grand et que
de qui le retient au sol, et la vitesse donnée à l'appa

POURQUOI LES AVIONS


remplaçons-la par un mo reil par le moteur soit très
teur léger qui actionnera grande aussi, la réaction
une héliceverticale placée contre la résultante de chu
indifféremment à l'avant ou te peut être trop grande,et
à l'arrière de l'appareil. l'excès de cette force de ré
Supposons que ce grand actionfaitmonterl'aéropla
cerf-volant, lâché en pleine
liberté sous l'impulsion de
son moteur, aéroplane dé
sormais, se mette à parcou
VOLENT-ILS ? ne. Enadmettant donc que
la puissance du moteur ne
varie pas, l'aviateurpourra,
selonl'inclinaison qu'ildon
rir rapidementl'espace.En nera à l'aéroplane, soit de
quoi diffère-t-ii du cerf-vo mander à l'air une réaction
lant ? Par la liberté, rien de qui équilibi'e exactement la
plus.Aulieuque nous le ti résultante fâcheuse, et alors
rionsen courantpourle for le surplus de la puissance
cer à peser sur les couches du moteur sera employé à
de l'air calme, seule condi propulser l'appareille plus
tion de sa sustentation, le vite possibledans une direc
moteur le tire ou le pousse tion horizontale : soit de
et, si nous nous sommes mé mander à l'air un excès de
nagé un logement sous la réaction contre cette résul
voiture, il nous emporte tante, et alors cet excès de
dans l'espaceaveclui. N'ya- force ascensionnellepous
t-ii pas de vent ? Que nous sera l'aéroplaneà une altitu
importe Sil'airnevientpas de plusgrande.
au cerl-volant,le cerf-volant Remarquons bien que
va à l'air. Et le résultat est ces phénomènes, ainsi envi
identique. sagés,sont tout particuliers
Defait que se passe-t-il ? Le biplan Voisin (ici piloté par Henri Farman) est actuellement le meilleur des a rions français. à ce fluide éminemment mo
L'aéroplane est constam
ment sollicité à tomber par
la fameuse résultante des
Pour se trouver dans l'air
la réactionqu'il fautcontre
celle d'un solide, ou même à
celle d'un liquide tel que
Telestdanssesgrandes
lignes le mécanisme aé
conserver indéfiniment la
même altitude, il se trouve
bilequi est l'air. Dans un mi
lieu où les molécules ont
une tendance beaucoup
forces expliquées dans le cette terrible résultante, l'eau, est extrêmement peti rien de la sustentation dans unesituation analogue moins grande à rouler les
schéma ci-dessous, ici. elle l'aéroplane est obligé de se te : à peinel'aéroplane pèse- de l'aéroplane. On voit que à celle d'une personne qui, unes sur les autres et à cé
est composée par la direc pousser rapidement sur les t-il sur une couche d'air i'a|)pareil ne se soutient que sur un tapissans fin, incliné der au plusléger effort, dans
tion sensiblement horizon- couches désespérément qu'elle se dérobe après ne grâceà sa vitesse. Plus ilfile et roulant de haut en bas, je un milieu solide comme une
taie que le moteur tend à fuyantes !il lesattaqueavec lui avoir fourni appui que vite, moins doit être grand suppose, marcheraitde bas ciremollepar exemple, dans
pendant une fractionde se l'angle d'attaquequ'ilpossè en haut sur ce tapis et à la un milieu liquide même, la
conde très minime. Ily a eu de, plus il peut se coucher mêmevitesse,cette person moindre inclinaison du plan
Rtalion del'oit opposée appui cependant, et appui vers l'horizontale, car plus il ne ne changerait aucune léger que pousse notre mo
suffisant ! Le travail de sus surprend en quelque sorte ment d'altitude : et, si le ta teur aurait pour résultat de
tentation est à refaire pisétait tout entieret en mê
l'inertie de l'air et trouve sur faire monter ou descendre
Botl'oïontement constamment, et sans ré lescouchesfluides un point me temps emporté dans constamment l'ensemble se
detiodioii oel'oéioploite
pit. L'aéroplane le refait d'appui durable. Et l'on l'espace par un mouvement lonuneligne droiteinclinée.
constamment et sans répit, comprend pourquoi, à une horizontal, la personne au C'est, je le répète, par l'ef
RésolMote (tes incessamment des molé puissance donnée du mo raitété transportéed'un lieu fondrement indéfini des mo
foiteJde gravité etde Iratîtai cules d'air sont refoulées teur, correspond un angle à un autresans changerd'al lécules de l'airque i'aéropia-

donnerà l'appareil et par la un angle d'incidence d'au


par les surfaces qui avan
cent. mais elles ont chacu
ne donné à ces surfaces,
d'attaque qui permetà l'aé titude,
roplane de filer en ligne droi
te vers l'horizon sans mon
Ou,si l'on préfère une
autre comparaison
ne voie à une hauteur inva
riable s'il le désire. Le travail
nécessaire à sa sustentation
direction verticale, de haut tant plusgrand qu'il a be avant de disparaître, un pe ter ni descendre. Les également juste,l'aéro est donc celui qu'exige ce
en bas, que la pesanteur soin d'une réaction plus tit effort de réaction : et in couches d'air s'effondrent planeest une automobile aé- déménagement incessant
cherche à lui imposer ; elle grande, qu'il a besoin de cessamment d'autres de les unes après les autres rienne qui passe sa vie à des couchesd'air;ilpeutde
est donc plus inclinée vers s'appuyer sur un volume molécules sont attaquées, sousson passage: illuisuffit monterdes rampess'effon- venirtrès faible lorsquel'ap
l'avant que dans le cerf-vo d'air plus grand pour être comprimées, utilisées, et donc d'en attaquer de nou drant constamment sous el pareilfile très vite,presque
lant. mais elle n'en existe porté par lui. Maisl'inertie laisséesderrière par l'aéro vellesaussi vite que les an le, Un grand angle est une couché, mais il ne saurait
pas moins de i'pir, si on la compare à planevainqueur! ciennes disparaissent, pour rampe très dure ; un petit évidemment être nul.

66
tionnera, l'appareil mer ailes, l'aéroplane de demain, arrière. Car, à le bien juger, coupe l'allumage et fait re
veilleux parcourra l'air, mon possédera-t-il au moins l'es l'aéroplane n'estautrechose prendre àl'aéroplane le contact
Pkinsupériaffomt tera au-dessus des arbres, quisse d'un dessin définitif ? qu'unprojectile automoteur. avecle sol.
Cdueamàe
Lagrande, la suprême
rasera les plaines, selon la Mais voici notre cellulai Jen'm peux plus, nous avotie
fantaisie de son conduc qualité d'unaéroplane est la re qui revientà son hangar. l'aviateur. Je suis aboutie
teur;ilreviendra à son point pénétration. La légèreté Aucun bruit ne l'accom fones. Pour me maintenir àune
de départ quand il lui plai n'est rien pour lui si ses pagne; son moteur est arrê distance convenable du sol, j'ai
UKdedegouvm» Bm onioitisseuf ra...Enattendant son retour, formes ne réduisent pas au té. Voyez cependant que sa dû tout le temps faire manoeu
Pkifl nfèrieur ovanr bavardons un peude l'appa maximun la peine qu'il a à descente vers le sol n'est vrer l'équilibreur. Jene sens plus
reil qui vient de s'envoler faire sa trouée dans l'air. Ain pas une chute, mais bien un mesbras ! Mais au moins est-ce
sous nos yeux.C'est un bi si que l'écrivait M.Gabriel glissement voluptueux du que j'aibattu les records ?ajou-

Notrefigure représente plan,un cellulaire. Est-ce là Voisin, ilvautmieux pourlui vol plané. Les roues tou
mentlerôle d'ungouvernail l'aéroplane définitif ? Ce être deuxfois plus lourd et chent le sol, l'aéroplane
schématiquement l'aé de bateau. n'est là qu'un rudiment, une fois pluspénétrantque éteint sa vitesse en roulant
te-t-il anxieux.

"Jai eu Farman"
roplane de MM. Voisin Mais, nous l'avons vu, qu'uneébaucheencoretrès d'êtretroisfois plusléger et quelques mètres ; quand il
frères construit à deux une autre direction, incon grossière des enginsqui se une fois moins pénétrant ! est arrêté, on s'étonne de ne Les commissaires, enthou
exemplaires Identiques nue jusqu'icià l'homme, lui ront maîtres de l'avenir L'envergure de l'aéroplane pas le voir fermer ses ailes siastes, en sont certains.
pour M. Henri Farman et M. devient nécessaire : la direc bientôt. se réduira donc après-de pour se promener dans le Quelques calculs rapides don
Delagrange, quiviennent de tion verticale ; il est indis mainà 2ou 3 mètres, à n'être champ.• nent ladistance:
l'illustrer tour à tour en ga pensable que l'aéroplane Vive le biplan plus représentée que par L. Baudry de Saunier Quatrefois 825 mètres, dit
gnanttous les prixd'encou puisse, au gré de son des aileronssur un corps à (L'Illustration - Pevrev, plus 550, plus 275, cela
ragement à l'aviation. conducteur,changerd'alti Le biplan que nous ve grosboutà l'avant, à fuseau 18.4.1908) fait 5kilomètres 925 mètres.
Ainsi qu'on levoit, ilest tude.Levolant permetenco nonsde voir présenteà l'air Delagrange est joveiix ;sa fi
constitué par une partie vo re cette direction. A cet effet une surface relativement gure rayonne d'un contente
Un reporter raconte par le
lanteet par une partie méca- sa tigeest reliée directement très grande(50mètrescar mentjustifié :il exulte.
menn un vol record de Léon
nique. La partie destinée à l'extrêmeavant à un plan rés). 11 est doué par consé J'aieu Farman !noits dit-il ;
uniquement à recevoir la d'un mètrede largeur sur 5 quent d'une facilité d'envol Delagrange le 6 septembre 1908 jel'ai eu !
poussée d'air sur lequel mètres d'envergure qu'on très grande aussiet dès que snr avion Voisin. Le pilote Le nouveau recordman du
avancera constamment l'ap nommel'équilibreuret qui sa vitesse sur le sol atteint confie que l'épreuve est eu monde a mis 9 minutes 15 se
pareil est réalisée à peu près peut s'incliner plus ou 48 kilomètres à l'heure, il grande partie physique. condes pour son seul etunique
comme dans un cerf-volant moins par rapport à l'hori quittelaterre.Mais sonpou essai. .Mais on peut estimer à6
cellulaire, par deux plans à zon selon la commande qui voir portant est faible, puis DEIAGRANGE BATLERECORD DEL'AEROPMNE minutes 30 secondes le temps
l'avant, un plansupérieuret lui en est donnée : nous qu'il n'atteint que 10,6kg pendant lequel ilest resté dans
un plan inférieur, légère avons examiné tout à l'heu par mètre carré, l'appareil les airs, sans effleurer lesol. Com
mentcintrés,ayantune lar
geurde 2 mètres seulement,
mais une envergure de 10
re l'importance de l'Inclinai pesant au total 530 kilos.
son d'un plan placé dans le Toutefois, malgréce mau
vent, nous n'y reviendrons vais rendement, qui pro
4 KILOMETRES me la distanceest mestiréeinté
rieurement, il est certain que De
lagrange acouvert plus que 4ki
mètres ; par une cellule ar pas. 11 suffità l'aviateurde ti vient uniquement de son lomètres. Son appareil volant à
rière aussi, sorte de boîte en
toilefermée sur quatre cô
rer à lui le volant pour que énormerésistanceà lapéné
l'équilibreur relève le nezet tration de l'air, puisque les
DANS L'AIR 50 kilomètres àl'heure, on peut
estimer, en se basant sur le temps
tés et rattachéeà l'avantpar
des longeronsde bois très
mincesentretoisés par des
que tout l'appareil se mette montants des cellules, les
à monter, si au moins la
puissance du moteur le lui
entretoises, toutes les
pièces d'assemblage des
Chaquejouramèneunnou
veau progrès des hommes
Porte de Grenelle
duvol de6minutes 30 secotides,
à 5 kilomètres 1/2 la distance
parcourue.
fils d'acier. permet. L'aviateurrepous deux plans ne concourent volants. 11 yatrois semaines, Et cela pouvait être mieux.
Lapartiemotriceest tout sera au contraire le volant aucunement à la sustenta Henri Farmanétablissait un re Si, eti effet, Léon Delagrange
entière réunie dans une sor pour gagner una altitudein tion et nuisent à l'avance cord dont la distanceofficielle s'était toujours maintenu àune
te de berceau de bois nom férieure. mentrapide de l'ensemble, fut mesurée à 2 kilomètres 4 hauteur de 3à4mètres, les sept
mé le fuselage, qui porte le
moteur avec ses annexes et
l'hélicequ'il actionnera(40
Peu d'appareils desport,
on le voit, sont plus
malgréce mauvais rende
ment, et peut-être à causede
lui,le biplanest un aéropla
mètreset 80 centimètres.Dédai
gnant les centimètres, Léon De
lagrange, dans un vol superbe,
tours entiers auraient été"volés",
etpeut-être n'atirait-il pas eu be
soin de manier constammentle
chevaux, 1.100tours à la mi simplesqu'un tel aéro ne précieux parce qu'il est réussithier à dotibler cette dis stabilisatetir potir se maintenir à
nute),ainsique le volantde plane, et aucun peut-être lent et permet par consé tance, avec trois kilomètres 925 faible distance dusol, etnesese
direction double et, tout à n'est de manoeuvre plusfa quent la formation des dé mètres. rait-il pas arrêté dans une si bon
l'avant, l'équilibreur. cile, au direde touteperson butants, parce qu'il est de Cette sensationnelle perfor ne voie.
L'ensemble est monté ne qui en a essayé. Avez- construction facile et de ré mance eut lieti àIssy-les-Motili- Le circuit d'Issy-les- Il est cependant certain que
sur quatre roues folles aux vous jamais assisté à l'enlè parationpeu coûteuse. neatix, vers cinq heures etdemie. Moulineaux pour un aviateur qui s'entraîne
quelles 11 est relié par des vement d'unaéroplane ? L'aéroplane d'avenir est L'aviateur nousavait donné ren setilemetu depuis un mois etde
ressorts amortisseurs très Lepiloteest assis et tient évidemment le monoplan. dez-vous versle coucher du so Léon Delagrange fait un départ mi, la performance est remar
puissants à l'avant, afin en mains le volant. Le mo Le modèle que MM. Voisin leil, au moment oiî le temps est le impressionnant. Cet aviateur, quable.
qu'un atterrissage trop teur est mis en route ; aussi achèvent pourM. Farman et plits calme de la journée. Une parfois nerveux, atoutes les ati- Nous avions raison de dire,
brusquene produise la rup tôt l'hélice bat l'air et le véhi quiva faire incessament ses faible brise soufflait sur le champ daceti. Il veut se tenir à 2 mètres dernièrement, que lematch
tured'aucunorgane. cule commence à rouler. Sa débuts, ne possède que 24 de manoeuwes, rendant propice du sol, mais iltente des virages entre Delagrange etFarman ne
vitessepeuà peus'accélère.
Quant à l'aviateur,il s'as mètres carrés de surface, li une expérience d'aéroplane. qui font peur. Il s'élève bientôt, faisait que commencer. Voici De
soit devant le moteur et Suivez-ie biendesyeux!Voi s'envole à 75 kilomètres à Le temps de sortir l'appareil du vire près de la porte de Grenelle, lagrange en avant, etpresque
prenden mains l'unique or ci que tout à coup les roues l'heure, mais enlève 25 kilos hangar, d'écarter prudemment passe au puits, mais il effleure le certainement il fera mieux dans
ganeà manoeuvrer, levolant d'avant ne touchent plus le par mètres carré, l'appareil le public, qui se posta dans un sol en passant près des hangars. lecourant de lasemaine pro
de direction double. Très sol, que les roues d'arrière pesant au total 600 kilos. coin du terrain, de désigner aux Au second tour, ileffleure encin chaine.Si tout marche à souhait
analogue auvolant d'uneau s'en détachent à leur tour, Quand au bonéquilibre de commissaires de l'Aéro Clubde re le sol d'une roue :mais, àpar comtne hier, l'épuisement de la
tomobile, cet organe sert quelevéhicule devient léger l'engin, ilest exactement le France, Henri Kapférer, Esnault- tir de ce moment, appréciant provision d'essence ou d'eau
d'abord à l'aviateur à se diri comme une bulle, et semble mêmedans lemonoplan que Pelterie, François Peyrey etDes- mieux la hauteur, ils'habitue à peut seule l'arrêter. Mais atten
ge sur la droite ou sur ia subitement transformé en danslebiplan, et le pilote de marets, les points de contrôle, évoluer entre 3 et 4 mètres : il ne dons-nous àce que le vainqueur
gauche; lorsqu'iitourne ce une demoiselle qui nage sang-froid n'est pas plus en formés par les angles d'un vaste touche plus le sol. L'appareil ef duGrand Prix del'Aviation re
volant,ilactionneau moyen dans l'air en bourdonnant ! dangersur la simple voiture U'iangle mesurant 350,275 et 200 fectue allègrement quatre tours à vienne rapidement de la cam
de câbles fins un panneau Le spectateur, devant un d'un oiseau mécaniqueque mètres, soit entout825 mètres, une allitre de 50 kilomètres à pagne, ot'i il villégiature, etparte
vertical situé à l'arrière dans phénomènesi rare, est saisi dans la maisonnette de toile triangle qite nous reproduisons l'heure. Le cinquième tour com vers la conquête de nouveaux re
le courant d'air de ia cellule d'admiration. que luiformelecellulaire. dans un plan du terrain, etvole mence ;ilest presque terminé cords!•
de queueet qui joueexacte Tantque le moteur fonc Le monopian à grandes l'iiéroplane ! quand, tout àcotip, Delagrange (Le Matin - 7.9.1908)

67
raitfaireen sens contraire.
Que devons-nous con
Dans son édilioii
(lu 3 septembre
1908, le Journal
TEXTES A L'APPUI clurede toutcela ? Que les
frères Wright sont, incon
testablement. des hommes
se risque
de grand mérite, qui ont
sur le terrain ardu
certainement volé"unpeu
(le la tecliin(|ue.
Solution à la
rayon du virage est de Le petit monde de l'aviation française, avant nous" mais, d'autres
100mètres pour l'extrémi part, que l'école française
IVanyaise :
té B de l'aile droite, l'extré
visiblement impressionné, donne a fait d'immenses et ra
penchez-vous dans dans la Revue Aérienne son avis sur l'avion
mitéde l'aile gauchedécri pides progrés, tout en tra
les virages.
ra un arc dont le rayonse des frères Wright. vaillant. de son côté, dans
ra 100 métrés moins 20 une voie très notablement
mètres, soit 80 mètres
Toutes les critiques sont permises... différente. En outre, ellea
seulement. sur le système Wright ac
De sorte que. si pen tuel une somme d'avan

M dant un temps donné du


virage, le point B parcourt
tages très grands, proba
blement supérieure à la

tH^ie
10 mètres, le point A n'en
parcourra que 8. Mais la
résistance de l'air, cette
force qui soutient l'appa
QUE somme de ses infériorités.
Le record officiel du monde
est actuellement détenu
par Henri Farman, avec

du virage
reil. est proportionnelle son séjour en l'air de vingt
minutes à Issy-les-Mouli

PENSEZ-VOUS
au carré de la vitesse.
Donc la résistance sera le neaux.

carré de 10. c'est-à-dire Telest lefait matériel


100. pour le point B. alors que nous devons . pour
aerlen qu'elle sera seulement le
carré de 8. c'est-à-dire 64.
l'instant seul connaître.
Je ne dis pas que

La loi de la résistance
de l'air va nous donner
pour le point A. Donc, au
lieu d'être soutenues par
des forces égales, les ex
trémités B et A seront
DE L'APPAREIL Wright ne va pas bientôt
battre ce record, maisJe ne
dis pas non plus qu'il ne
sera pas devancé lui-mê
l'explication de la plus soutenues par des forces me. etJe prédis d'avance
grosse difficulté qu'aient
rencontrée les aviateurs à
leurs premiers essais : je
veuxparler de la difficulté
dont Lune égale 100,
l'autre 64.
L'équilibre transversal
est donc détruit, et l'aéro
WRIGHT? que la lutte sera chaude.
A mon avis, les avia
teursfrœiçais sont arrêtés
maintenant, avant tout,
d'effectuer lesvirages. plane aura tendance à dans leurs tentatives de
Considérons un aéro plongerd'un côté ! C'est à longue durée, par une
plane marchant en ligne l'aviateurqu'ii appartient, question de moteur,Jus
droite et supposons-le à défaut de stabilisateurs qu'à présent résolue: mais
parfaitement en équilibre : automatiques non encore Je dirai toutde suite queje
il se souiient horizontale réalisés, de maintenir son ne serais pas étonné que
ment grâce à la résistance équilibre par la prudence Wright ne soit, lui aussi,
de l'air qui s'exerce symé de ses manoeuvres, et. au arrêté dans les deux es
triquement sur lui. et qui, besoin, en se déplaçant sais de 50 Idlomètres qu'il
en particuliers la même lui-même sur l'appareil. doitexécuter par cette rné-
valeur sur deux éléments
de surface A et B. d'un
mètre carré chacun, et si
Onvoit, partoutcequi
précède, combien est
me questionde moteur, car
Je suis convaincu que le
sien comporte de nom
tués aux extrémités des Importante l'étude de breuses imperfections,
deux ailes (voirschéma). la résistance de l'air. 11 me qu'il est susceptible de
L'équilibre étant ainsi reste à indiquer quels sont chauffer, dans un essai de
réalisé, effectuons un vi les progrès à réaliserdans longuedurée, et qu'ilpeut
rage : que va-t-il se pas l'avenir, après ceux qui avoir, lui aussi, de ce côté,
ser ? l'ont déjà été jusqu'à pré de nombreux ennuis.
A cause de la grande senti quel espoir on peut Donc. Je le répète enco
envergure de l'aéroplane, fonder sur les hélicop re. pour conclure: au point
allongé dans le sens de la tères. et à rechercher en M. Breton, député dit Cher, vole avec Wilbur Wright. de vue des records à
largeur, les deux éléments même temps lequel des battre.Je pense qu'il n'y a
de surface vont décrire des deuxdonneleplus de pro Voici les différentes de l'excellent rendement Ces difficultés de pas très grande avance, ni
arcs de cercle de rayons messes en matière de na opinions que les avia de l'appareil Wright, et construction. Wright les a du côté Wright, ni du côté
différents. Si l'aéroplane a. vigation aérienne : l'aéro teurs possèdent sur l'aé c'est peut-être le seul point résolues d'une façon français, maisJe penche
par exemple, vingt mètres plane ou le ballon diri roplane Wright; de cet appareil dont les évangéliquemenl simple, rais. cependant, légère
d'envergure et que le geable.® aviateursfrançais devront avec une transmission par mentdu côtéWright.
Mr Ernest Archdeacon. faire leur profitdans leurs chaîne, passant dans des Au point de vue de l'ap
"L'appareilWright, tout expériencesde demain. tubes. pareil de demain,pouvant
en étant moins résistant à Les aviateurs français Or, cesystèmede trans être mis entre toutes les
l'avancement que nos ap- étaient d'ailleurs presque mission. barbare en appa mains. Je prétends que
Cenlre pareilsfrançais, a. de par tous convaincus, en prin rence. et que beaucoup de l'appareilde Wright est en
ses deux hélices, une sur cipe. de la véritéde cefait mécaniciens n'auraient retard sur le nôtre, que
face d'appui sur l'air triple et ils auraient tous mis pas osé tenter,parait mar l'absence de queue est une
de celledes appareils Far- deux grandes hélices sur cher d'une façon satisfai erreur, et que l'appareil à
man ou Blérlot. par leurs appareils s'ils sante. ce qui est la plus patins en est une autre.
C8= 100m exemple. C'est là. à mon n'avaient trouvé, à l'exé belle réfutation de toutes Au reste . les Français
CA= 80m
avis, presque tout le secret cution. des difficultés. les théories que l'on pour auront la bonne fortune

68
d'assister à toutes les l'arriére d'une queue, soit
phases du sensationnel cellulaire, soitforméed'un
tournoi quise prépare, etJe plan horizontal destiné à
déclare, par avance, que maintenirl'équilibre.
j'applaudirai avec un égal Cette école a façonné
enthousiasme les vain des types avec lesquels
queurs. quelle que soit Farman et Delagrangeont
leur nationalité et quelle croient seuls et de dix ans bicycle, qu'on apprend en re, ceux que nous construi Le commandant Bouttieaux accompli de remarquables
que soit la confirmation ou en avance ! Ils se cachent quelques heures, et, enfin sons. ceux des Blériot, des L'aéroplane Wright est performances qu'on ne
l'injirmation qu'ils donne et nefont plus aucune ex le monocycle. Pourse ser Farman. des Delagrange. intéressant, quoique rus doitpas oublier
ront à mes pronostics périence. vir du monocycle, ilfaut s'élèvent par leurspropres tiquede construction. Ilest Je pense que l'appareil
d'aujourd'hui Alors que voyons-nous une longue étude et une moyens, en emportant caractérisé par une sou de l'avenir appartiendra à
aujourd'hui? Nousvoyons vocation d'acrobate. Eh leurs châssis à roues. plesse générale, permet l'écolefrançaiseM
Mr le Capitaine Ferber. leur modèle 1905 avec le bien ! l'aéroplane des Vienne uneavarie, la répa tant une grande mobilité
Ce que je pense des retard de trois ans et tous Wright, c'est le monocycle rationfaite, ils repartent dans l'air.
Wright ? Tout le monde le les défauts qu'il avait à de l'aviation, ce ne seraja sans autre aide qu'eux- Le mode de lancemenl
sait et toutel'aviationfran cette époque ! mais qu'un oiseau d'ama Dans les colonnes
mêmes. n'est pas compliqué, mais
çaise pratique est née de Lisezlesjournaux et les teur. de sportsman. Trop je crois qu'il vaut mieux du Malin, Cl<''inenl
ce quej'ai publiésur eux.Il interviews de décembre large d'abord (12 mètres M. Henri Farman. s'élever au moyen des Ader, pris
fallait être aveugle, en 1905. vous y verrezque si d'envergure) : impossible d'un sursaut
Laforme de l'appareil roues. Enfinje considère
1902. pour ne pas voirque j'auais eu unefortune suf avec de telles ailes de cir est biencelle queJem'étais que la conduitede cet aéro palriotiqiie, jilaide
l'aviationallait se faire en fisante j'aurais acheté cet culer sur les routes et figuré, maisje pensaisque plane ne se conçoit que pour une aviation
Amérique. engin 2.000francs le kilo, d'exécuter des virages la construction en aurait inilitiiirc.
grâce à l'habiletédu pilote.
Car. vraiment, ce qu'ils parce que c'était une pri étroits. été mieux étudiée, plus
avaientfait en 1900 et en meur. et j'ai conseillé à Et puis tant vaut le soignée, plus finie. A ce M. Henri Kapférer.
1901 était déjà magni l'état de l'acheterpour cet conducteur, tant vaut l'ins pointde vue. nosappareils L'appareil est très rus
fique. Leur brochure de te raison. trument. Un mauvais ré sontplus élégants, plusfi tique. presque nidimentai- LEHRE
1901 est absolument ex Mais aujourd'hui ilvaut, flexe de l'homme... pata gnolés. re. et cependant mer
plicite sur leurs manoeu selon moi, vingtfois moins tras ! l'oiseau est par terre, J'ai été étonné d'ap veilleux d'ingéniosité. OUVERTE DE
vres et leurs procédés. d'iciquelque temps, si l'on blessé. prendre par Wright que Que n'arrivera-t-on pas
Pour empêcher que la n'yfait pas des modifica Nostriplons, au contrai son aéroplane pesait au bientôtà faire avec un ap M. ADER AM.
chose ne reste en Amé tions, il baissera encore. re, trouvent leur sécurité tant que le mien. J'ai été pareil semblable, construit
rique. ilfallait se hâter de Pourquoi? dans leur stabilité. Nous égalementsurpris de voir avec tous les perfectionne LE PRESIDENT
les poursuivre en usant de T Parce que nous exi avons réduit l'envergure que rien n'a étéfait pour mentsde la mécanique.
leurspropresarmes. geons qu'un aéroplane en sectionnant les ailes de diminuer la résistance à On a critiquéle modede DELA
C'est ce quej'aifait à quittelesolpar ses propres l'oiseauet en superposant l'avancement. lancement. Je le trouve au
Beuil(Alpes-Maritimes) en moyens : lesfragments sectionnés. La supériorité actuelle contraire très pratique et REPUBLIQUE
1902 et. dés que j'ai 2° Parce que nous exi Nous arriverons à mettre de rendementde l'aéropla très bien imagé. Avant de
constaté par mes expé geons qu'un aéroplane ait en circulation des aéro ne Wright sur le mien doit l'avoirvu.je ne croyaispas
riences que çafottait.j'ai une stabilitéautomatique: planes qui ne seront guère uniquement venir de l'héli pratique lepylôneet le rail:
vulgariséla question. Que 3" Parce que nous exi plus larges qu'une grosse ce. Les quatregrandes pa j'en suis enthousiasmé. Au
ne m'a-t-on suiviplus tôt! geons qu'un aéroplane automobile. Quant à leur lettes doivent agir et com pointde vue militaire, l'aé
En 1903. la seconde puisse être conduit par pilotage, il suffira de peu me propulseur et comme roplane Wright pourra cer
brochure des Wright mon n'importe qui.sans aucune d'heures à une personne surface portante. Deplus, tainement rendre des ser
trait qu'ils s'étaient sur connaissance d'équilibre ayant déjà quelques élé le moteur. au lieu de tirer vicesprécieux. Sonprixest
passés eux-mêmes ; ils autre que celle d'un ments de la conduite des en avant, comme sur mon très minineet ilcomplétera
avaient tenu jusqu'à 72 conducteur d'automobile. véhicules, voiture ou auto, appareil, tireà l'arriére. les services que rendent
secondes en l'air sans mo Qu'on ne s'y trompe poury suffire. Je n'ai pas encorevu vo les ballonsdirigeables. Un
teuret surplace enfaisant pas : la seule supériorité Enfin, et ceciest under ler Wright, mais je me des secrets de la réussite
du vol à la voile comme le de Wright vientde l'excès nieret décisifargumenten rends parfaitementcorrpte de Wright consiste dans
vautour, et comme le de de poussée que lui don faveur de l'aviationfran de ses évolutions dans l'air. son emploide deux héltes
mande M. Quinton. C'est nent ses hélices de trois çaise : l'oiseau des Wright Eh bien ! nous sommes à grand diamètre, tour Monsieur
pourquoij'ai continué les mètres, alors que celles nepeut s'envolersans l'ai bienprès de luiet la diffé nant lentement. le Président,
mêmesexpériences et pla des aviateursfrançais ne de d'un pylône, d'un rail, renceest peu sensible.
cé à bord de l'aéroplane, à sont que de deux mètres. d'un chariot, qu'il aban M. Calderara Pardonnez à un
Nice, un moteur à hélices . donne dès qu'il quitte le M. Léon Delagrange L'aéroplaneWright, qui humble pionnier de la
le 7juin 1903. malheureu M. Gabriel Voisin soi Les nôtres, au contrai "Nous sommes battus". est un appareil court, est science de venir attirer
sement de 6 chevaux seu Mon admiration pour instable par lui-même. Sa votre attention sur une
lement : mais cela m'a en lesfrères Wright, vous n'en stabilité, son équilibre questionconsidérée par
couragé à continuer avec doutez pas. je suppose ?
plus d'énergie ma vulgari Mais ilfaut pourtant dire
! I dans l'air, ne peuvents'ob
tenir que par les ma
tous les aviateurs com
me un point d'honneur
sation. les choses comme elles noeuvres des leviers de national. Il est sur
En 1904. heureuse sont. Leur oiseau, même gauchissement, des gou toutes les lèvres et dans
ment. entre en scène Arch- parvenu à son completde vernails de profondeuret tous les coeursfrançais
deacon avec un appareil perfection, n'est pas et ne de direction que le pilote un désir et conviction :
en tout semblable au leur. seraJamais utilisable. Un doitfaire agirà chaqueinsque, désormais, la dé
A Berck-sur-Mer. j'ap engin de sport, peut-être : tant. fense nationale ne de
prends à Voisin à le un produit industriel, ja L'école française a viendra effective que
conduire et il a profité de mais. Et voici pourquoi cherchéà supprimercet in par le concours de
ces leçons, vous le savez, Tenez, permettez-moi convénient en établissant l'aviation.
car il est devenu un maître. une comparaison. un aéroplane stable, un Et nos jeunes avia
En 1904et 1905,enjin. En matière de vélocipé- appareil dont l'équilibre teurs sont bien décou
les Wright ajoutent le mo die. il y a trois degrés. Le soit pour ainsi dire auto ragés. Ah ! si uotts sa
teuret arrivent à la perfec tricycle, que tout le monde matique. utez. monsieur le Prési
tionqu'ils ont aujourd'hui, peut manoeuvrer en une Elle a d'abord crée un dent, combien estfrois
mais ils commettent une demi-heure : il suffit de Léon Delagrange et M'"" Peltier, la première type cellulaire sans gau sé l'amour-propre de
faute énorme, car ils se s'exercer aux virages ; le femme qui soit montée en aéroplane. chissement. mais muni à cette légion, plongée

69
dans les méditations, Pulssiez-vous entre
courbée sur le travail, voir dans un songe
attendantfébrilement le
moment des essais à
l'entrée d'une piste,
TEXTES AL'APPUI l'aspect terrifiant d'une
compagnie d'aviateurs
ennemis torpillant une
qu'on lui accorde misé- villefrançaise ! Et cette
ricordieusement. Tan compagnie se doublant,
dis que des expérimen courage, viennent en Est-il besoin d'avoir ra-t-on rien pour savoir ganiser une école se triplant, se décu
tateurs d'un autre pays, France pour négocier recours aux étrangers s'ils en sont capables d'aviation militaire et plant, augmentantsans
auxquels, d'ailleurs, leurs services et trou pour apprendre aux eux-mêmes ? procéder aux études et cesse. Jusqu'à former
nous rendons pleine vent chez nous une Français à se défendre En mon âme et essais que cette institu une grande armée aé
mentJustice, en admi complaisance excep chez eux, en cas de conscience, il y a onze tion comportera ; et le rienne, arrivant par
rant leur savoir et leur tionnelle. guerreaérienne? Nefe- ans. J'aurais eu droità Parlement, oubliant les surprise devant notre
une récompense natio discussions de parti, capitale, vousréveillant
nale de 1 million. Spon s'unissant dans un ensuite au milieu du
Les derniers succès de l'aviateur américain élan patriotique, vous plus épouvantable des
tanément, avant toute
décision. Je déclarai accordera tous les cré cauchemars qui vous
ont fait de lui le favori l'abandonner au profit dits à l'unanimité. représenterait Paris
de la compétition aéronantiqvie. de la créationde la pre toutenflammes ! Rêve
Cet article est paru le 19 septembre 1908 mière école d'aviation uis. monsieur le Pré seulement? Réalité pro
dans le Petit Parisien.
militaire. Aujourd'hui,
monsieur lePrésidentJe P
sident, vous avez la chaine à craindre !
Jeune liguenationa L'heure est solennelle.
uiens réclamer, avec le aérienne avec ses aî Toute l'Europe va s'ar
toute l'énergie d'un nées et ses filiales ad mer aériennement.
homme qui a vu s'ac hérentes : son titre vous N'hésitez plus, mon
WILBUR WRIGHT BAT TOUS complir unegrandefau est une garantie de sa sieur le Président.
te au détriment de la destination ; deman Puissiez-vous songer
patrie, qui craint de la dez-lui ses services, elle encore, que vous êtes
LES RECORDS D'AVIATION voir se renouveler, ce sera heureuse de vous devant l'histoire, quede
million qui m'étaitdesti les apporter. grandes pages se-pré
né, pour l'employer à la Aussitôt après, les parent pour vous et vos
fondation d'un prix na expériences succéde collaborateursdu gou

Parles deuxextraor
dinaires perfor
du reste, à titre d'indi
tional à décerner au ront aux expériences. vernement, et qu'elles
premier aviateur fran Les ingénieurs, les peuvent être glorieuses
cation la liste des prin çais qui réaliserait un officiers, les aviateurs ou néfastes!
mances accomplies cipauxvolsqu'ila réus avion monté par deux s'instruiront rapide Que mafaible parole
hier, Wilbur Wright s'af sis depuiscetteépoque: officiers, et capable de ment. Et le succèsfinal monteJusqu'à vous et
firme comme l'invicible faire le trajet, plusieurs sera la récompense des s'arrête dans votre
champion de l'air. 13,wut. fois répété, du campde efforts de tous. coeur de patriote. Elle
11 n'y a pas cinqmois 8'13" 2/5 Satory au polygone de Cependant, si, par vous demandera de
qu'il a commencé ses 3 SEPTEMBRE. Vincennes, en passant impossible, la fatalité donner à la France,par
expériences en France - 10'40" sur Paris (butfinal de amenait des insuccès l'aviation, la sécurité
c'est en effet, au com-1 5 SEPTEMBRE. mes expériences de persistants ; après dont elle a impérieuse
mencement d'août qu'il | 19'48 " 2/5 1897). avoirépuisé tous les dé ment besoin. En retour,
vient s'installer au^
Mans - et il a, depuis, ^ 10 SEPTEMBRE.
21 ' 43 " 2/5
Iu nom de tous lesvouements, reconnu la la reconnaissance de
science française im tous les Français en se
fait évoluer sous nos naudières furent ti
yeux stupéfaits la ma mides, comme ceux de
chine volante qui fut si l'oiseau qui sort de son
16 SEPTEMBRE.
39' 19"
A Au A°
amis de l'aviation. puissante : après être ra leprixineffable.
Je vous supplie, certain, enfin, que notre A mon dévouement,
monsieur le Président, vieille Gaule ne sait monsieur le Président,
longtempsle rêve, l'uto nid ; puis, il s'enhardit, 21 SEPTEMBRE. vous trouvant au sein plus forger ses armes, J'ai l'insigne honneur de
pie de l'humanité. Ses et peu à peu arriva au Ih.31'25 " 2/5 du conseil des mi oh ! alors, monsieur le Joindre mon respect le
premiers vols aux flu- résultat actuel. Voici, 28 SEPTEMBRE. nistres, de proposer une Président, le gouverne plus profond.M
1h.7'24 " demande de 10 millions ment devrait s'adresser C. ADER
au parlement, pour or à l'étranger. 12 OCTOBRE 1908
Entre temps, Wilbur
Wright avait commencé
l'éducation de ses
-/MCKfLIN D E
éléves-pilotes ; il avait
remporté successive m^-
100, OOO FRANCS ment les prixdes 25 et
des 35 mètres de hau
teur.
"&»» RÊGLEIVIENT L'extraordinaire avia
teur ne veut pas encore
s'arrêter là : il compte,
en effet, s'attaquer de
nouveau aujourd'hui, si
le temps le permet, au
record de distance établi
hier pour la coupe Mi
chelin. Ilespèrefranchir
150 kilomètres. Avou
ons qu'un tel exploit,
après ceux qui ont déjà
été accomplis, ne sur
prendrait pas outre
mesure. • L'avion sera peut-être demain une arme destructrice.

70
L'Histoire DE L'Histoire

Une fois passés ces événements, comment


LES A-T-ON RACONTÉS ? IL EXISTE NON SEULE
MENT DES HISTOIRES FRANÇAISES ET DES HIS
TOIRES AMÉRICAINES DES DÉBUTS DE L'AVIATION,
MAIS ÉGALEMENT DES THÉMATIQUES DOMINANTES
DANS LE MODE DE RÉCIT. APRÈS LAGRANDE GUER
RE, LORSQUE L'AVIQN RENAÎT SOUS LA PLUME DES
HISTORIENS, IL PARAÎT TOUT TRANSFORMÉ : MON
TURE DES HÉROS, SON HISTOIRE DEVIENT LA LEUR.

PHOTO; MUSEE DE L'AIR


ÀL'Ombre
DES HÉROS
LE Roman des Origines

L'histoire n'a pas été tendre avec nos inventeurs, Occultés par
LA PERSONNALITÉ PLUS BRILLANTE DES PILOTES ET LE FRACAS D'UNE
GUERRE , ILS ONT CONNU UNE LONGUE PÉRIODE D'OUBLI OFFICIEL. IL FAU
DRA ATTENDRE LE BOOM DES INGÉNIEURS DE L'INDUSTRIE AÉROSPATIALE
POUR VOIf^ LEUR CAUSE RECONSIDÉRÉE. MAIS LA TRADITION NARRATIVE
EST ENCORE TRÈS PRÉSENTE. PAR EMMANUEL CHADEAU ET SYLVIE PiCCHI.

72
LE ROMAN DES Origines

Dansles vingtannéesqui
ont suivi le match franco-
des Sciences ? Qu'"ila fait construire
et essayé méthodiquement un aéropla
Confusion qui s'amplifie par la suite:
quand Voisin livre à Farman un se
américain de 1908, les in ne cellulaire quia pu récemment fran cond appareil, destiné à rivaliseravec
génieurs n'ont pas eu le chir une distance horizontale de 1500 les Wright, celui-ci le reproduira dans
temps d'écrire l'histoire. Sept ans mètres sans toucher terre Bien sûr, il un atelierbienà lui et sous sa marque:
après, la Grande Guerre va faire naître ne nie pas l'existence des frères Voi Fleuri Farman Aéroplanes.
des héros et des acrobates du ciel. sin et ajoute même qu' "ils ont certai Nous voici donc en face d'un nom de
Dès 1918 et dans les années suivantes, nement droit à une grande part de venu célèbre, d'un appareil appro
ils occuperont les feux de la rampe, (son) succès ", car "ils ont construit prié, d'une fonction, celle de pilote,
tandis que l'histoire technique de (son) appareil Resteque, livrée aux mise à l'avant au détriment des
leurs appareils, des différents acteurs journaux, la remarquey réapparaît le autres, de déclarations traduites et de
qui les conçurent, les financèrent et 15 janvier sous une forme déjà déri photographies en noir et blanc. 11 y
les fabriquèrent, sera reléguée en vée. Les Voisin y sont présentés com manque la couleur et la psychologie.
fond de scène. me les "habiles constructeurs" de Far Pour les ajouter, le journalistese fait
L'opinion publique, à traverslapresse man : quasiment ses ouvriers. Quant portraitiste: "un regarddirect, avec,
et la littérature, fut ainsi formée à voir à la photo de "une", c'est bien sûr cel dans lesprunelles bleues quelque cho
dans l'avion, non pas un objet tech le d'Henri Farman, debout devant son se d'étonné, de candide...C'est, dans
nique raffiné, mais une mécanique appareil dont l'empennage donne à li cette même figure mince, lisse, ligotée
brute, un objet sans âme, qui ne de re en grosses lettres : "Aéroplane Far de muscles, plus d'Intellectuel, de rê
vait sa réalitéqu'aux seuls qualités et man n°I". Pourdéchiffrer l'inscription veur, d'artiste que de lutteur, mais que
courage des pilotes. qui figure au dessus, "Les Frères Voisin dessine pourtantunfront fermé, volon
L'idée, à direvrai, n'étaitpeut-être pas constructeurs la photo- taire, absolu". Quel Henri Farman ap
dénuée de tout fondement. Rappe- graphie ne suffit paraît à travers ces mots ? L'archéty
lons-le, on navigua longtemps à vue, presque pas: il fau pedu créateurgénial ; mais il enfaut
sans commandes assistées et encore drait être sur le ter encore un peu plus pour qu'il soit pi
moins automatiques. Et il faudra at rain à proximité de lote. "Il possède un corps vigoureux, le
tendre les années 60, les premierses la toile. sang riche, avide de mouvement domi
saisensimulation d'unavion (lePhan- né par une volonté froide et claire.
tom F4 en 1958 et le Concorde un peu C'est unjeune athlète au corps harmo-
plustard), pour qu'un premier décol
lage nesoitpas uneaventure. Jusque- LE PASSÉ D'ARTISTE DE LÉON DE-
là, la conception d'un avion ne fut LAGRANGE LUI VALUT PARFOIS
jamais achevée sur plan. D'ÊTRE PRIS À LA LÉGÈRE,
h POURTANT, C'EST LUI QUI
Ainsi, le pilotede chasse ou d'essais MOURRA EN HÉROS AUX
devint-il lafigure dominantede l'his COMMANDES DE SON
toire de l'aéronautique, dans sa ver AVION ET FARMAN QUI
sion populaire. RETOURNERA À
Jusqu'à la guerrede 1914, c'est la LA PEINTURE !

presse qui pose les premières §


pierres de cette construction. «
Archétype du genre: un Henri
Farman porté aux nues par les journa
listes, mais qui, dès Janvier 1908 a
aussi fixé de lui-même et en champion
sa place à la parade: non pas au pre
mierrang, mais en tête. Que déclare-t-
il lors de sa réception à l'Académie
nieux. Ilpourra soutenirdes heureset de noms: René Fonck, somptueusement sorti
des heureslesplusdursefforts, la plus Roland Garros, Nunges- de l'oubli: celui de Clé
aiguë tension d'esprit". ser, Guynemer, Manfred ment Ader. Outre de
Le modèle s'applique ensuite aux von Richthofen... Dès les brillantes décorations, il
autres. Blériot profitera du genre années d'hostilités, une recevra au lendemain de
quand il franchira la Manche en juillet revue, la "Guerre aérien sa mort, en 1925, les
1909. Acette occasion, personne ne ne",les faitconnaître. honneurs successifs
soulignera qu'il est avant tout ingé La victoire venue, les d'une souscription na
nieur et constructeur, que s'il prend constructeurs eux-mêmes les mettent tionale et d'un monument dressé dans
les commandes, c'est parce qu'il n'a en avant. Puis nombre d'auteurs ap le petit square de Muret, bourgade ga-
trouvé personne pour le faire à sa pla profondissent la formule. De tous, le ronnaise où ilvitlejouren 1841.
ce, et que, cette traversée réalisée, il plus prolixe et le plus lu est sans dou Son assomption en figure canonique
laissera dorénavant des employés te le journaliste sportif Jacques Mor- de l'aventure technique des origines,
conduire ses machines, retournant, tane. Un regard sur son oeuvre est in il la doit paradoxalementauxWright.
lui,à sa vraie vocation: l'industrie. téressant. Voici la liste de quelques- CarAder est un nom capable de com

Maisqu'immortalise-t-oni
Un profil de Gaulois orné
uns de ses best-sellers de 1917 à 1939 :
Evasions d'aviateurs (35 000 exem
plaires), Missions spéciales (50 000),
penser les succès précoces des Amé
ricains, outre qu'il offre maints avan
tages patriotiques : Farman est un pa
d'un casque de cuir et Navarre, sentinelle de Verdun (30 000), tronyme anglais, Archdeacon,
d'une grosse moustache. La Chevauchée des Mers (50 000), irlandais. Se prénommer Clément,
C'est à ce Blériot-là qu'Edmond Ros Deux Archanges de l'Air: Guynemer et être natif d'une vieille terre républi
tand, l'auteur de Cyrano, et alors la Mermoz (40000), Jean Mermoz (140 caine, fief radical-socialiste, est
coqueluche de la scène et de la ville, 000). Presque toute son oeuvre est propre, à l'époque, à flatter sans mé
dédiequelques vers de son cru : consacrée aux héros de lange le sentiment natio
"Quand ilpartit malgré sa brûlante che la chasse mais on n'y LES EXPLOITS DES
nal. Peu importait, au
ville, trouve pratiquement PREMIERS PILG'^S fond, qu'aucun de ses
Blériot nous apprit rien sur leur appareil, le DE CHASSE PRO choix techniques n'ait eu
Comment onpeutchanger en aile une Spad, que construisent PULSÈRENT LA PRO de postérité: l'important
béquille les usines Blériot. FESSION SUR LE DE était qu'ilexistât.Plusen
VANT DE LA SCÈNE.
Ella Chair en Esprit " C'est qu'après cette core, sa méthode de tra
(RENÉ FONCK POR
Les éléments de base d'une certaine grande guerre, le nom TÉ EN TRIOMPHE). vail, son goût du secret,
façon d'écrire l'histoire de l'aviation même de Blériot pâlit finalement son échec et
sont ainsi déjà là. Mais pour que l'al déjà et, de tous les in son renoncement déchi
chimie prenne, pour qu'elle s'érigeen venteurs de la haute rant en faisaient un per
genre, se stabilise en un modèle, il époque, les traces s'ef sonnage conforme: soli
faut que naisse, avec la guerre, l'ar facent déjà. D'autant taire et maudit, un inven
chétypede l'as du ciel. plusque, dès 1909-1910, teur type, tel que Jules
Leterme est générique. 11 se décline un nom a été Verne le décrit et que
les Français les
aiment. Dès

» • *

'. ÎJ)»'
LE ROMAN DES ORIGINES

MOINS CELEBRES : LES


SPAD, CONSTRUITS À PLUS m
DE 10.000 EXEMPLAIRES 1
1910, Jacques May lui a dédié unlivre
tourné en ce sens, et au lendemain de
sa mort, son gendre, Georges de Man-
thé, entreprend unouvrage plus com
plet, où l'affection filiale s'ajoute à la
veine héroïque. 11 paraîtra finalement
en 1936. Entre temps, dès 1912, en
hommage au grand homme, l'arméea
décidéd'appeler "avions" tous ses aé
roplanes. L'Académie suivra.
L'Amérique, à vrai dire, n'est pas
beaucoup plustendre avec ses inven
teurs. Si les Wright ne sont jamais
complètement tombés dans l'oubli,
même après la mort de Wilbur en
1912, ils ne sont pas pour autant re te Atlantique, elle donne le nom de des pères fondateurs géniaux, mais
connus à la place qui devrait leur re Langley à la base. Et la Smithsonian malchanceux. Elle rejette dans
venir. Certes, après la guerre, Orville Institution, qui a parrainé les travaux l'ombre les inventeurs heureuxou, pi
est toujours salué pour ses glissades de Langley en son temps et dont ilfut re, les accrédite, dans certaines re
mécanisées de Kitty Hawk, mais les aussi l'un des directeurs, emboîte le vuesspécialisées, d'une réputation de
avions Wright sont sans postérité de pas :le futur Musée de l'Air américain "bricoleurs". Cette esthétique styli
puis 1912. D'autres techniciens venus sera implanté dans une galerie qui sée ne soulèveque de rares contesta
après eux,comme Glenn Curtiss, leur porte son nom. tions, celle de Gabriel Voisin mise à
ont soufflé la place. Au milieu des années part.
Ln outre, soucieuse de défendre une 1920, l'histoire débu Depuis l'Armisticede 1918, Voisin a
"image" d'armescientifique, l'aérona tantede l'aviation se f abandonné l'aviation, après avoir
vale américaine exhume un précur présente donc com-l construit pour l'armée française des
seur national et respectable:Thomas me un territoire peu milliers d'appareils. Plus tard, il
Langley, mathématicien et astronome. pléde deuxespèces prétendra qu'ila renoncéaux
Dans l'économie de l'histoire améri bien distinctes: avions par haine de la
caine des débuts de l'aviation, iloccu des pilotes glo guerre. Possible; mais
pe une fonction peu ou prou homo rieux n'oublions pas l'humi
logue de celle de Clément Ader en e t liation qu'ila connue:
France. Tout comme lui, il a travaillé en 1917, l'Armée a
pour l'Etat dans les années 90. Com
me lui, il a échoué brutalement. Mais THOMAS LAN
si ses machines n'ont pas fonctionné, GLEY, PRÉCUR
c'est, dit-on, faute de mise au point. SEUR AMÉRI
CAIN, TROUVA
Ln toute logique, les frères Wright se
APRES LA PRE
retrouvent donc casés sur la marche MIÈRE GUERRE
inférieure du podium : celle MONDIALE UNE
des metteurs au point. Une DIMENSION DE
telle hiérarchie est adoptée GRAND
par les autorités mili ANCÊTRE COM
PARABLE À CELLE
taires : quand la Marine D'ADER EN
installe ses laboratoires FRANCE.
et son arsenal sur la cô-

75
i
cessé de lui passer com lignes précédentes sont Wright, après démonstration de l'effi
mande, et a voulu le extraites. 11 le publie à cacité du principe du gauchissement.
transformer en sous-trai compted'auteur à la fin Gabriel Voisin a un second souci: re
tant de Farman, son an de septembre 1927. mettre Farmanà sa place. 11 rappelle
cien pilote.11 s'est, à par C'est un récit succinct ainsicomment Léon Delagrange reçut
tir des années 1920, re de son travail d'inven le premier appareil "dutype premier
converti dans la teur, agrémenté de dé kilomètre". Fuis comment lui-même et
construction d'automobiles. Avec tails techniques, de photos, de copies son frère Charles effectuèrent les es
succès mais non sans amertume. En de documents d'époque. Son style est sais de cette machine avant que Dela
témoigne cette anecdote: une petite à l'opposé de celui des livres qui cir grange ne laprenne en main. 11 évoque
rétrospective qu'il découvreau Salon culent alors. 11 veut rétablir deux le premier bond de 80mètres réalisé
de l'aviation de 1926 et qui va le bou thèses: l'origine purement hexagonale par Charles en public, à Bagatelle, le
leverser. "L'aviation française, racon- de l'avion et l'originalité de son travail 15 mars 1907. Farman ne fit, selon lui,
te-t-il, étaitingénieusement figurée par de constructeur. que commander unecopied'un appa
trois images. Dans lapremière un quel Bien sûr, il ne nie pas que les Wright reil déjàau point : à l'appui. Voisin pu
conque cerf-volant traîné par unâne re volaient avant lui. Mais, selon lui, blie le fac-similé de la lettre de com
présentait le volplané. Dansla secon l'aviation française ne leur doit rien : mande, qui ne contient aucune re
de, un appareil Wright prèsde sonpy "Wllbur Wright, écrit-il, est venu chez commandation technique. Là encore,
lône traversait l'espace. Dans la noushuitmois trop tard...et rien desso ilexagère: c'est Farman qui fera rédui
troisième, je pus reconnaître l'une des lutions imaginéespar cet homme de re l'envergure de la cellule arrière et
heures lesplus émouvantes de ma vie ; génie n'estdemeuré dans le présent... ramènera le stabilisateur avant à un
le premier kilomètre en circuitfermé NI lepylône de lancement, ni lespatins seul plan. Enfin, Gabriel Voisin attri
officiellement chronométré et mesuré à quine permettaient pas à l'appareilde bue les succès incontestables de Far
fssy-Les-Moulineaux, le 13janvier1908. s'envoler sur tout terrain, ni les condi man à ses qualités de sportif.
Le coeur serré, je lus la pancarte expli tions aérodynamiques decentrage sup Cetouvrage,trop simple,trop court,
cative. Le nom dupilo primant l'empennage (ar restera sans effet. Farman et ses frères
DEJA PEU LISIBLE, LA
te, Henri Farman, y fi MARQUE DES FRERES
rière), ni les moyens de sont, à l'époque, des constructeurs
guraitseul, et le déco VOISIN FUT À L'OCCA commande, ni la trans d'avions appréciés des pouvoirs pu
rateur chargé de SION NÉGLIGÉE (H.FAR mission (aux hélices) par blics et les animateurs d'une impor
reproduire l'avion MAN ET SON AVION) chaîne croisée, ni la posi tante compagnie aérienne.
avait soigneusement tion du pilote, assis En outre, le moment est peu propiceà
fait disparaître mon contre toute raison sans une réduction des mérites des Wright.
nom cependant impri protection sur le bord Car en mai 1927, alors même qu'il
mé lisiblement sur avant de la cellule, ni tient la plume. Voisin assiste, comme
l'empennage de la même le fameux gau tout le monde, au triomphed'un autre
machine. chissement, universelle Américain, Charles Lindbergh. Ce der
L'aviation française ment remplacé mainte nier vient de faire la liaison New-York-
était donc présentée nantpar des ailerons". Faris en 33 heures sur un petit avion
au public sous la for Dans l'ensemble, il re équipéd'un moteur...Wright.
me d'un Américain et prend en les accentuant L'étoile montante de l'aviation améri
d'un Anglais. " ses critiquesdes années caine donne des complexes aux Fran
Peine et colère au 1908et suivantes. Mais, çais. DIllustration du 30 juillet 1932 pu
coeur, Gabriel Voisin sur un pointau moins, il blie unenécrologie deSantos Dumont.
prend sa plume et ré déforme la réalité : les On y lit que l'aéroplane est "l'oeuvre
dige un petit ouvrage, volets d'ailes n'ont été des frères Wright" et queSantos "aété
La Naissance de l'Aé adoptés en France inspiré " par eux. Dans un autre ar
roplane, d'où les qu'après le passagedes ticle, on ridiculise le vol du 13 janvier

76
1

1908 "C'est, trouve-t-on


écrit, une réussite acroba
CERTAINS
TRIOMPHES, COM
ou sont à la retraite. Far-
man s'est éclipsé: ses au
L'histoiredel'inventionet la
polémique de ses débuts se
tique due au pilote: une ME CELUI DE LIND- tos ont cessé de se vendre seraient ainsi enfouies si un
clé anglaise attachée sur BERGH EN 1927, avec la Grande Crise et le rebondissement ne s'était
INFLUENCENT
l'aile de la machine en
DURABLEMENT LA
Front populaire a nationali produit. La mort du dernier des
contrepoids a permisle vi VISION DE sé son usine d'avions de Wright rapporte toutesleursarchives
rage, impossible à réaliser L'HISTOIRE, Billancourt. Riche rentier, il à la Smithsonian Institution de Wa
sans cet artifice Soient- est retourné à la peinture. shington. La découverte de leur
elles douteuses, voire absurdes, ces Gabriel Voisin a dû liquider sa marque contenu va faire grand bruit et impo
remarques traduisent unétat d'esprit. d'automobiles en 1934.11 est devenu ser une révisionimportante du point
Les années passent et avec luile pay inventeur indépendant avec, autour de vue américain. Car les Wright Pa-
sage. Au sortir de la seconde guerre de lui, un petit bureau d'études pers, publiés en deux volumes de 1953
mondiale, l'industrie aéronautique quiapplique ses idées par à 1958, donnent d'abord des
française est au second plan. C'esten fois géniales, mais peu preuves irréfutables du vol
Allemagne et en Grande-Bretagne que suivies. Orville Wright réalisé le 17 décembre 1903
sont nées les plus grandes innova meurt en 1948, peu à Kitty Hawk. Ilscom
tions, telle le moteur à réaction. Quant après que Chuck plètent ensuite ce
à l'industrie et aux compagnies aé Yeager, sorte de qu'on savait déjà par
riennes américaines, elles dominent Farman des ouï-dire, par témoignages
le monde. temps mo et par quelques pbotos,des
L'heure est à l'énergie atomique, à dernes, ait fran expériences de l'automne
l'électronique, aux fusées interconti chi le mur du son. Er- ï
nentales, et bientôt, spatiales. Du nestArchdeacon, fantôme \\ GABRIEL VOISIN :
coup, les premiers aéroplanes som d'une époque révolue, dis UNE PLUME ACÉRÉE,
VOIRE PARTISANE,
brent dans la préhistoire : ils pren paraît à son tour en 1950. MAIS QUI EUT LE MÉ
nent place dans les greniers d'un mu RITE SOLITAIRE DE
sée technique aux côtés des pre RAPPELER UNE
mières automobiles, du charbon, du HISTOIRE
fulmicoton et du casque colonial. OUBLIÉE.
Presque tous les acteurs sont morts
LE ROMAN DES Origines

GAOWtV.'
PUBLIEES EN
1960, LES MÉ
MOIRES DE GA
BRIEL .VOISIN gazine : les inventeurs de prince.Voisin avoueavoir admiré le
FONT RENAÎTRE Dayton signalent qu'ils vo dernier appareil d'Ader juste avant
LA POLÉMIQUE
lent les jours de vents forts. qu'on ne le suspendesous laverrière
DE 1908
Puis il fait valoir que lors de du Grand Palais en 1900.11 assure mê
leur premier vol en France le me être monté dedans. "Sous mes
8 août 1908, le Flyer, "même mains se trouvaient les commandes
1905. Enfin et surtout, les agen lancé avec un luxe de pylônes et de mystérieuses qui donnaient la vie à cet
das, les plans, les exposés, les lettres, contrepoids que nous n'avonsjamais te incomparable création... Le généra
et la correspondance insoupçonnée utilisés, n'a volé qu'une minute et qua teur n'attendait qu'une flamme pour
avec Octave Chanute qu'ils contien rante cinq secondes... Le 6juillet1908, animer la merveille. Les ailes de
nent révèlent la haute qualité scienti un mois plus tôt, Delagrange, sur un l'avion étaient largement déployées
fique de leurs travaux (voir le chemin Voisin, avait volé 18 kilomètres". Et de dans la galerie. Suspendu auxpalans,
des inventeurs p.58). conclure en ces mots: "en somme, le le grand oiseau oscillait lentement.
Larévélation tombe à pic. Aux Etats- fameux vol du 17 décembre 1903 n 'était Pourquoi était-il fixé dans cette encein
Unis, l'aéronautique est devenue celle qu'un volà voile exécuté avec un attra te 1Pourquoi n'était-il pas en plein ciel,
des grands programmes et de l'espa pe-nigaud, sous la forme d'un très mau survolant notre misère ?"
ce. Dans ce contexte, une catégorie vais moteurde 12chevaux quipesait Cette page ironique mais émue en
d'acteurs voit son pouvoir s'accroître 70 kilos. Cet essai peutêtre renouvelé précède une autre nettement moins
très rapidement au détriment de celui de nosjours avec un planeur biplace amène.
des autres, pilotes en particulier : les dans lequelle passager est remplacé "Un peuplus tard, Ader lui-même vou
ingénieurs. Et, en quête d'origine, ils par unmoteur (inutile) de 75 kilos ". lut bien me recevoir. J'étais en face
vont faire des Wright leurs pères fon d'un homme déjà vieilli... il ne futpas
dateurs. Ainsi, certains d'entre eux yant réglé l'affaire améri un instant question de ses constructions
vont-ils reconstruire, avec le soutien caine, Voisin entreprend et de leur fonctionnement. Quandje
financier de l'administration américai
ne, lesFlyers de 1903 à 1908, pourtes
ter leur comportementpossibleet re
A ensuite de nettoyer l'espa
ce national. Farman avait
été remis à sa placeen 1927. En 1960,
tentai de le conduire sur le terrain de
ses essais, il se lança dans des défini
tions incompréhensibles quin'avaient
tracer leur genèse. Quant à l'appareil c'est au tour d'Ader. Depuis l'ouvrage aucun rapport avec ce queje désirais
de 1908, un peu stylisé, ilva devenir de Georges de Manthé, son étoile n'a connaître... Une seconde visite,
l'emblème de l'Ecole de Guerre de cessé de monter dans le panthéon quelques jours plus tard, remporta le
rus Air Force. français. Gabriel Voisin s'abstient de même succès. Hétaitalorsféru nonpas
L'écho de ces recherches atteint la contester la vérité de ses décollages. de construction aéronautique, mais de
France. 11 y provoque une nouvelle et Mais ilconstate, non sans raison, que tactique aérienne. Les descriptions des
très vive réaction de Gabriel Voisin. A les appareils d'Ader n'ont jamaisma formations militaires, les armées vo
soixante-dix-huit ans, celui-ci reprend noeuvré en vol, et se lantes qui décimaient
la plume et rédige ses mémoires, Mes sont même posés-ainsi l'ennemi, m'apparurent
Dix Mille Cerfs-Volants, qui paraissent en 1897-endépit des ef comme les fantaisies
en 1960. Le chapitre consacré aux forts du pilote! d'un homme las, réfugié
Wright s'y intitule "Un des plus grands Surtout, Voisinconteste dans ses illusions. J'eus,
bobards de l'histoire de l'aviation". à Ader la place de chef enfin, l'impression que
Voisin y répète ce qu'il a toujours dit: de file qu'on lui attribue j'étais importun".
avant sa venue en France, le Flyer de plus en plus souvent. Après Ader, Ferber. La
n'était qu'un planeur motorisé. Les 11 note que vers 1900, petite histoire veut que
WrightPapers, estime-t-il, ne contien Ader, à la différence de ce dernier ait éveillé la
nent aucun élément le contredisant. 11 l'Anglais Maxim, de Li- vocation de Gabriel Voi
citeuneinterview donnée en 1908 par lienthal et de Chanute sin au cours d'une
les Wright eux-mêmes au Century Ma "n 'avaitrien publié ". Bon conférence à Lyon en

78
GLOIRE TARDI
VE : LE MONU
MENT ÉLEVÉ
AUX WRIGHT
APRÈS GUERRE
DANS LES
DUNES DE
KITTY HAWK.

1899. "Rien n'est moins beaucoup d'ouvrages


exact, écrivait-il déjà en modernes en tiennent,
1927. Le jour oùj'ai connu en moyenne, assez peu
mon ami si cher et si re compte.
gretté, le terrain était par Ouvrons le classique
faitement déblayé. "Dans de Harvard paru en
ses mémoires, après avoir 1968, "Ascension vers
rappelé les échecs aéro la Grandeur ; Histoire
nautiques de Ferber, Voi de l'industrie aéronau
sin affirme primo, qu'il tique américaine"
n'était pas un praticien et (Climb to the Greatness,
secundo, qu'ilétait un des a History ofAmerican
sinateur industriel très mé AircraftIndustry) sous
diocre. la plume du professeur
Ces mots lui vaudront une J.D. Rae. Une fois pas
réplique des descendants sée la page obligée sur
de Ferber. Aidés des pa les précurseurs, les
piers du capitaine, ces faits que nous avons
derniers lui consacrent rapportés icisont igno
un ouvrage intitulé Les Vé rés. L'aviation américai
ritables Débuts de l'Avia ne débute avec Curtiss,
tion Française, qu'ils pu c'est-à-dire en 1912 ou
blient en 1971. Le livre 1913. Destiné à un plus
contient quelques cin large public, voici, dans
glantes rectifications. sa version de 1983, le
Contre les analystes amé guide commenté des
ricains des Wright Papers, "Avions du Musée de
d'abord, qui présentent l'Air et de l'Espace de
Ferber comme un deman Washington" (Aircrafts
deur de conseils. C'est, at the National Air and
selon les auteurs du livre, Space Muséum). L'avion
l'inverse qui apparaît lorsqu'on exa vent tient lieu de mémoire à i'aviation Wright y figure, avec les documents
mine les lettres envoyées à Ferberpar française. d'époque destinés à démontrer ses
les Wright. Contre Gabriel Voisin, en C'est dans les années 1960 qu'une vols précoces. Mais sur ce qui se pas
suite, qui s'est efforcé de réduire l'im nouvelle veine historique, celle des se en France en 1908, rien !L'aviation
portance de Ferber comme concep biographies de constructeurs, com française débute avec le Blériot XI,
teur. Lettres et témoignages viennent mençaà se manifester : la revuePion l'avion de la traversée de la Manche
démontrerl'apport de Ferberà Voisin niers et des auteurs comme Charles en 1909 !Pudiquemanière d'éviter de
dès 1904. Croquis et plans d'appareils Dollfuss y contribuèrent. Aux Etats- remuer la polémiqueavec les Voisin,
viennent ruiner la thèse de la faibles Unis, c'est la publication des Wright tout en donnant un coup de chapeau
se du capitaine en matière de calcul et Papersqui joua, d'une autre manière, aux Français.
dessin. le mêmerôle. Pourtant, bien peu des Passons à la France. Ici, l'outil de réfé
Chauvinisme et rodomontades mises questions soulevées par ces histoires rence est l'Histoire Mondiale de l'Avia
à part, les éclats de voix de Gabriel d'ingénieurs n'ont véritablement in tion d'Edmond Petit, parue pour la
Voisin ont eu au moins un effet salu fluencé la culture aéronautique diffu première fois en 1967, rééditée et cor
taire ; celui d'égratignerle monument sée auprès d'un iarge pubiic. D'uncô rigée ensuitesous le titre de Nouvelle
ailé et doré à la feuille qui trop sou- té comme de l'autre de l'Atlantique, Histoire Mondiale de l'Aviation. C'est

79
LE Roman des Origines:

gnie Généra
le de Navigation
Aérienne qui fit débarquer
Wilbur au Havre le 29 mai 1908. La sui
t é- te s'expliquerait de la même façon.
une véritable encyclopé r e s - Voisin aurait eu tort de croire que le
AMNESIE OU
die très bien documentée. sent l'auteur : après Flyer du Mans n'était pas capablede
PRIS : SELON CER
Cinq chapitres, presque TAINS AUTEURS,
1906, ils sombrent voler plus de quelques instants lors
un quart du volume, sont L'AVIATION AMÉRICAI dans l'obscurité et de sa premièredémonstration d'août
consacrés à l'histoire NE NE COMMENCE laissent la place à San- 1908. En fait, cette modeste perfor
d'avant la première guerre QU'AVEC GLENN CUR- tos-Dumont et Ferber. mance se serait inscrite dans une stra
mondiale : les précurseurs TISS. EN 1912. Leur voyage en France tégie :Orville en .\mérique, Wilbur en
(jusqu'en 1848); les cher n'est évoqué que France dosaient leurs effortspour fai
cheurs (1848-1890); les bricoleurs d'une ligne, quisignale que le réglage re monter les enchères de part et
(1891-1905); puis lesaudacieux (1906- instable de l'avion a "nui à sa carrière d'autre de l'Atlantique. Toutse serait
1908 et 1909-1911) et ks sportifs (1911- en Europe". On ne retrouve leursvols bien passé si, le 17 septembre, l'avion
1915). En compagnie d'Ader et de Fer- d'Auvours qu'une vingtaine de pages d'Orville n'était tombé à Fort Myer
ber, les frères Voisin apparaissent à plus loin, dans le chapitre consacré à tuant le lieutenant Selfrigde, qui fut
l'ère des bricoleurs. Mais, une fols pi laGrande Semaine de Champagne, en ainsi la première victime de l'aviation.
lotéespar Delagrange et Farman, leurs 1909. L'histoire de Blériot, elle, est Du coup, en France, Wilbur n'aurait
machines sont présentées au chapitre donnée d'un trait, de ses premiers es plus eu d'autre choix que de faire ses
des audacieux. Encore une fois, c'est sais à son exploit trans-Manche. N'y preuves sur le champ. Ce qu'il fit.
l'audace qui fait voler les avions. Au voyez pas malice, mais l'effet est le Cette histoire machiavélique reste,
chapitre suivant, on perd ses doutes : mêmeque dans le précédent ouvrage quatre-vingt deux ans plus tard, une
la traversée de la Manche par Blériot : où est passée l'année 1908 ? hypothèse. En France, elle n'est pri
le25 juillet 1909 "marquait dans les es Certains mystères de cette année-là sée que par certains critiques anti-
prits le moment où l'avion devenait uti appartiennent, sans nul doute, à une Wrightistes. En effet, invention et
le et utilisable " et "allait continuer à autre histoire qu'à celle des casse-cou commerce ne sont pas censés faire
impressionner les foules bien long et des inventeurs passionnés. L'ar bon ménage. Etla longue disgrâce des
temps après 1909 ". On passedoncpar gent pourrait y avoir joué un rôle im frères Voisin ne s'explique pas autre
dessus le débat technique franco- portant. Pourquoi, par exemple, les ment : pour avoir voulu flatter leurs
américain de 1908. Wrightsont-ils venus en France ? Se clients en ornant leurs avions du nom
L'ouvrage plus récent de Pierre Lissa- lon certains journalistes américains de leur acheteur, pour leur avoir cédé
rague, Premiers envols, a profité de et Edmond Petit, ils y étaient déjà en le droit de bricoler leurs machines à
l'incomparable fonds photographique juillet 1907. Dans quel but ? Pour es volonté, ilsn'ont conservéqu'un stra
du Musée de l'Air, dont sayer de négocier au pontin dans l'histoire des inventeurs.
l'auteur a été le directeur. mieux leur appareil. Ce Même aujourd'hui, où le développe
11 couvrela périodeallant premier voyage aurait ment de l'archéologiedes techniques
des origines à 1918.11 est été infructueux. 11 fallut pourrait redorer leur blason, leurs
tout aussi bien renseigné. attendre le 10 février chances sont minces: le peu de goût
Sans négliger personne, 1908 pour voir les de Gabriel Voisin pour les écrits tech
il présente cependant un Wright profiter d'un ap niques y est pour quelque chose.
découpage particulier pel d'offre des mili Qu'on ne s'étonne donc pas, au fond,
des événements. Au cha taires américains. Pa de voir repasser au banc d'essai les
pitre qui leur est consa rallèlement, ils si appareils si peu vendables de Clé
cré, seuls les exploits gnaient le 23 mars le ment Ader, plutôt que ceux, trop tôt
précoces des Wright in- contrat avec la Compa- vendus, de la génération suivante.

80
L ES PREMIERS PLUS LOURDS QUE L AIR REUSSIS
ONT RÉSULTÉ D'UNE COMBINAISON D'ÉLÉMENTS
SÉPARÉS DÉJÀ EXISTANTS. UN SIÈCLE DE RE
CHERCHES EN POINTILLÉ APRÉPARÉ LA TÂCHE DES
INVENTEURS. COMBIEN DE CHAPITRES TECH
NIQUES ONT-ILS AINSI ÉTÉ EXPLORÉS AVANT DE
CONVERGER VERS UN OBJET TOTALEMENT NOU

VEAU, L'AVION ? Autant qu'il y a de points qui


DIFFÉRENCIENT CETTE MACHINE DE L'QISEAU.
îÀ

SCIENCE FIÇTION EN 1843 : UN SERVICE D'AVIONS ÀVAPEUR ENTRE L'INDE ET L'EUROPE.

A CES MESSIEURS QUI EURENT L'AUDACE DE NE PAS


M CROIRE QUE LA NATURE AVAIT RÉPONSE ÀTOUT VINT
UNE GRANDE IDÉE ; QUE POUR BIEN VOLER IL FALLAIT
CONSTRUIRE DE TOUTES PIÈCES UNE MACHINE AUSSI
PROCHE DE L'OISEAU QUE LA BROUETTE L'EST DU SHERPA
TIBÉTAIN,. PAR EMMANUEL RUBIN ET JÉRÔME SOULET
82
Petite Préhistoire du Vol Motorise

Depuis 1680, il avait


bienfallu s'y résoudre
l'énergie à la résistance de l'air".
Parallèlement, Sir Georges
aussi qu'il était possible de pla
ner sans remuer des ailes, ce
ge négatifde l'empennage donne
de la stabilitéauxappareils. C'est
puisque Borelli l'avaitdit: jamais construisit des planeurs libres, dont ilarguad'abord pour rejeter l'idée du "dièdre longitudinal",
des pectoraux, si développés et expérimenta ses idées. au musée des idées drôles l'ob qui, plus tard, se pratiquera de
soient-ils, n'auraient la force d'en Mais ce n'est pas tout. Les mê session humaine d'en battre, et manière classique. 11 réaliseaussi
lever un homme en l'air à l'instar mes méchants esprits remarque qu'en ingénieur, iltraduisit en un un planeur biplan capable d'em
d'un oiseau. Sûr donc de ne rien raient aussi qu'un pays où des premiercalculde portance selon porter un enfant sur plusieurs di
pouvoir gagner à singer les hé hommes décrivent une pluiebat l'angle d'incidence. zaines de mètres, inaugurant ain
rons, peut-être était-il bon de les tante par l'expression: ilpleutdes Soyons sérieux. Par ses travaux. si, mais pas lui-même, nous
observer pour en décomposerle chats et des chiens, nourrit forcé SirGeorges Cayley ouvriten fait l'avons vu, une voied'expérience
mouvement. Au moins se resi- ment des idées précises sur les la voie à toutes sortes d'études : essentielle: celledu vol plané.
tuait-on à notre exacte place risques auxquels sont soumis des des voilures fixes à la propulsion Cette voie de recherche ne sera
dans le règneanimal: nonpas cel corps animés dans un milieu qui par hélices. C'est pourquoi il est pas poursuivie de manière égale.
le d'une chimère emplumée, mais n'est pas le leur : l'air. Outre que habituellement considéré com EnFrance, l'expérimentation en
d'un cerveau pensant et analy dans ce pays, par une vieille tra me l'un des pères fondateurs de vraiegrandeur passe,entre 1850
tique. dition, on chasse toutes sortes l'aéroplane. Détail à relever, il et 1890, par une phase assez ba
Duquel, au fil du temps, naquit, de volatiles... de la grouse aux construisit entre 1848 et 1853 di roque.Dans ce pays, dont lesym
élémentpar élément,l'avion. oiessauvages... C'està dire qu'on vers modèles de planeurs qu'il bole est déjà un coq, soit un oi
Bien sûr, cela ne se fit pas tout les regarde voler, ou s'envoler, eut l'idée de faire essayer. Il seau qui a pour particularité de
seul. A l'habitude, on tâtonna. avant de les tuer. s'adressa donc, en bonne lo battre des ailes,non pour s'envo
Mais de ces prolégomènes, sorti L'observation seule (complétée gique, à son cocher lequel, après ler, maispour obéir à l'obligation
rent, clairement identifiés, trois d'une expérimentation sommai plusieurs essais,et plus soucieux suprêmede la vieanimale, ilétait
problèmes : re) aurait sans doute suffi pour de son intégrité physiqueque de fatal que le modèle de l'aile arti
1/ ilfallait tenir en l'air; forclore à tout jamais l'idéequ'un l'avenir de l'humanité, lui répon culée imprégna les esprits. Ce
2/ ilfallait y avancer; homme put, avec l'aide de ses dit qu.'unfortunately, sa spécialité, n'était toutefois pas la seule idée.
3/ ilfallait s'y diriger; membres supérieurs, en faire au c'était les chevaux. L'histoire ne L'histoire a retenu des noms:
En traduction technique: la sus tant. Mais Sir Georges, étant un dit pas si le cocher gardasa pla François Letur, avec son "para
tentation, la propulsion et les scientifique, y ajouta, ce qui ne ce, mais précise qu'il fut rempla chute dirigeable", Jean-Marie Le
gouvernes. futpas inutile pour lasuite, lecal cé par un jeunegarçon. Ces expé Bris, avec son planeur en forme
cul: précisément les contraintes riences furent à l'origine de d'albatros. Autant d'expériences
du rapport poids/puissance. Les plusieurs propositions. Cayley qui démontrent surtout le coura
Tenir en l'air grands oiseaux lui montrèrent trouve, par exemple, que le cala- ge de ceuxqui les font. Stimulés
par la "Sociétéd'encouragement
N'en déplaise aux continentaux pour l'Aviation" créée en 1863
et aux républicains, c'est à un su par Nadar, d'autres amateurs de
jet de sa gracieuse majes planeurs s'essayèrent : ily eut les
té que revientla première appareils à ailes battantes de
démarche d'aérodyna Boucart, celui de De Groof, les
miqueappliquée. Nommé planeurs de Louis Mouillard et
mentSirGeorge Cayley qui celui de Biot, à Paris. Leurs per
vécut de 1773 à 1857. De mé formances se comptèrent-au
chants esprits diraient sans mieux- en dizaines de mètres, et
doute qu'il fallait bience 'mix surtout restèrent sans suite.
, si britannique, de fantaisie En fait, à cette époque, la re
de méthode pour, des heures cherche d'avenir se fait ailleurs,
durant, regarder tourner un pe presque du côté de l'enfance. Car
tit manège mécanique auquel les théoriciens les plus heureux
étaient suspendus des plans in se consacrent au calcul et à l'ex
clinés. N'empêche qu'ilen résulta trapolation à partir de modèles
la première observation de la réduits. Le groupequi,en France,
portance sous l'effet du mouve LES AILES BATTANTES DU GENERAL RESNIER DE se réunira autour de la revue l'Aê-
ment et une formulation plus GOUÉ( 1782) APPARTIENNENT ÀLA LONGUE LI ronaute soutient cette méthode.
exacte du problème du vol: "faire GNÉE DES IMITATIONS DE L'OISEAU (À G.). EN Elle permet sans attendre de
en sorte qu'une surfacesupporte 1852 GEORGE CAYLEY EST LE PREMIER À RÉALISER considérer les engins propulsés
un poidsdonnépar application de UN MODÈLE DE PLANEUR ÀVOILURE FIXE (À DR.) et d'envisager des solutions plus

83
OTi
LILiîHAL
Su-- .3£w TROIS VOIES DE LA RE longtemps connu ' lées selon son mo
CHERCHE SUR LA SUS sous son nom. dèle , à l'aide d'un
JlJ
TENTATION: LES PLA Pour voir progres moteur à vapeur.
NEURS MONTÉS (1: LE ser la conception Sans suite, Horatio
BRIS , 2: BIOT), LES
MODÈLES RÉDUITS (3:
des plans por
teurs, il faut at
)li Phillips sera pour
tant reconnu par
L'AVION À AIR COM tendre la dernière Chanute comme un
PRIMÉ DE TATIN, 5: LE décennie du siè découvreur de pro
PLANOPHORE DE PÉ- cle. Trois noms se fils d'ailes.
NAUD) ET L'AÉRODY distinguent en par L'autre voie est cel
NAMIQUE DES PLANS ticulier : Otto Li- le que trace Otto Ll-
(4: PROFILS D'AILES lienthal, Lawrence Margrave, Oc lienthal en construisant, entre
PAR H. PHILLIPS). LILIEN- tave Chanute. Ils marquent un 1891 et 1896, une série de pla
THAL (8) RÉALISE EN changement de méthode qui les neurs à l'aide desquels il est par
1891 SON PREMIER fait déboucher directement sur la venu à faire des vols de plus de
PLANEUR (6). LE BI période moderne. Auparavant, ou 300mètres. Mais sa trajectoire ir
PLAN (7) S'INSPIRERA en mêmetemps qu'eux,les inven réprochable a été précédée d'an
DES CERF-VOLANTS DE teurs calculent vite et n'essaient nées de recherches plus théo
HARGRAVE. pasassez. Ils se posent à peine la riques. Dès 1871, il s'est équipé
question du pilotage. Résultat :de d'un manège qui luipermetd'étu
grossesmachines calculées de A dier, commeCayley, la résistan
modernes. Les travaux d'Alphon à Z, maisqui restent à terre. C'est ce de l'air. On lui doit, au plan
se Pénaud, par exemple, se déve le cas pour Maxim en Angleterre, théorique, la première courbe
loppent à partir de modèles ré Ader en France, Langley aux mathématique représentant la
duits à hélice et caoutchouc Etats-Unis, Kress en Autriche. force de cette résistance en fonc
tordu. L'un d'eux, le "planopho- Plus modestement, certains tech tion de l'angle d'attaque de l'aile.
1, re", ne pèse que seizegrammeset niciens se contentent de traiter Lapostérité retient cette formule
M 7. réalise des vols de plus de cin unseulproblème à lafois. C'estle sous le nomde "polaire de Lilien-
quante mètres. Le rêve pour un cas d'Horatio Phillips, quis'inté thal". Plus concrètement, l'étu
amphithéâtre. Pénaud travaille, resse, principalement, à la cour de de l'effet de l'air sur les
dans lesannées 1870, pourla pos bure des plans. 11 travaille en surfaces courbes lui permet
i'Sii
térité : après avoir posé les équa soufflerie avec des petits mo de faire de bons planeurs et
tions du vol, il tire de son modèle dèles,et brevète en 1884 un profil d'en préconiser l'usage . 11
réduit les premières évaluations d'aile très moderne : le bord d'at eut donc, plus que ses pré
du rapport entre vitesse, surface taque est bi-convexe, et le reste décesseurs, à se poser le
de voilure et puissance du mo concavo-convexe. Pour démons problème du pilotage en
teur. Elles se révéleront approxi tration ilparviendra en 1893 à fai vol. Sonobstinationlégendai
matives, mais la forme du "plano- re légèrement décollerune sorte re lui permit d'aller au delà
phore" est étonnamment proche de store vénitien en lattes profi- des difficultés courantes : pour
de celle de l'avion. Comme Cay- manoeuvrerses planeurs, Lilien-
ley, Pénaud thal se servait essentiellement du
est égale déplacement de son corps, solu
ment con- tion impossible pour l'avion.
vaincu Mais l'idée d'un contrôle en
que la stabi temps réel de l'équilibre préfigu
lité doit être in rait la nécessité du pilota-
hérente à l'avion: ilap
plique lesformules du dièdreet
du petit empennage qui restera

84 É
Petite Préhistoire du Vol Motorise

PREMIERE APPLICA
TION AÉRIENNE DE rent entre 1804 et 1830, déposés
L'HÉLICE: LE DIRIGEA par des inventeurs français et
BLE, "LA FRANCE" DE américains. Le plusconcluant est
RENARD ET KREBS ES celui de Frédéric Sauvage.
SAYÉ EN 1884 ATTEI Constructeur de bateaux, il
GNAIT 22 KM/H. conçoit en 1830 une héliced'une
seule spire à pas et diamètre
ge, et donc des systèmes de gou constants. Le 28 mai 1832, il dé
vernes. Lesamateurs de deltapla pose un brevet d'invention dans
ne, eux, peuvent se considérer lequel est écrit: "Quel que soit le
moteur, l'appareil recevra son

L'influencede Lilienthal
comme ses héritiers directs.
mouvement directement ou indi
rectement, au moyen de chaînes et
fut très grande dans le engrenages". L'invention est ap
milieu des aviateurs. pliquée envraie grandeur en 1843
D'abord, parce qu'il sur unebarqueà vapeuret est of
forma un Anglais, Pilcher, et lui ficiellement reconnue.
vendit un de ses planeurs. Ensui Ce quifonctionne dansl'eaupeut
te, parce qu'il fut visité, puis co sans doute réussir dans l'air :
pié en Europe et aux Etats-Unis, l'hélice apparaît sur les premiers
et que des photos de ses vols pla dirigeables, comme celui de Gif-
nés parurent dans tous les jour fard en 1852, et de Dupuy de Lô-
naux. Elles sont à la fois drôles et me en 1871. Ces hélices sont de
émouvantes, découpant sur fond très grande taille. Cellequi pro
d'un ciel surexposé, l'image cha- pulse le Dupuy de Lôme mesure
"linesque et fragile d'un hom neufmètres, a deux pales en cer
me en habit noir sus ceaux de bois entoilés qui tour
pendu à une sur nent lentement, mues à bras
face diapha d'homme ou par une machine à
ne.Témoigna vapeur. L'ensemble du dispositif
ges d'une pas est, dans tous les cas, incapable
sion, dont premiers avions ne devra pas lité propre. En 1894, tel Apollon de diriger leballon contrelevent.
d'ailleurs il grand chose aux ailes volantes menant son quadrige céleste, il Sur les aéroplanes, le problème
mourut. qu'il avait conçues. s'est fait enlever du sol par un est tout autre: l'hélice doit créer
Après Lilien Laformule des plans porteurs de train de quatre de ces engins. 11 un mouvement suffisant pour
thal, on ne se l'aéroplane sera très influencée s'agit, au fond, de biplans fermés soutenir l'appareil. Elle doit donc
lancerait plus ensuite par l'oeuvre écrite d'Oc sur les quatre côtés, dont on pen fournir une poussée importante.
dans la con tave Chanute, l'ingénieur améri se volontiers à l'époque que les En 1870, seuls des modèles ré
ception aéro cain dont nous avons déjà suffi plansverticaux jouentun rôle aé duitsvolent, et le problème de la
nautique de la sammentévoqué le rôle dans les rodynamique essentiel. conception d'hélices en vraie
même façon, articles précédents. C'est lui qui grandeur reste théorique. Félix
c'est-à-dire convaincra les inventeurs fran Avancer du Temple, officier de marine,
sans avoir d'a çaiset surtout américains de s'in brevète en 1857 un aéroplane pe
bord tâté du téresser au biplan et à la Pour faire décoller une machine sant 700 grammes : pour la pro
vol plané, mê construction haubannée, après par nature plus lourde que l'air, il pulsion, il est doté d'une hélice
me si, plus tard, en avoir lui-même éprouvé les faut une source d'énergie impor entraînée par un moteur d'horlo
la forme des qualitéssur des planeurs. tante et un système efficace pour gerie, puis par une petite chau
11 est aidé dans cette tâche, il est l'appliquer. L'énergie fit défaut dièreà vapeur. En tant que modè
vrai, par un Australien, Lawrence jusqu'à la fin du XlXe siècle, mais le, il vole assez bien. Mais élevée
Margrave qui, à la même époque, le système propulseur,lui, appa à l'échelle humaine, la machine,
creuse presquele mêmesillon. Sa rut bien avant: sur les navires et aurait approché les mille kilos
spécialité : les cerfs-volants "cel les ballons. pour un moteur à vapeur d'une
lulaires", c'est-à-dire en forme L'hélice propulsive connut ses puissancede sixchevaux. L'héli
de" boîtes", dont il passe pour premiers succès dans l'eau. La ce, elle, qui ne comptait pas
avoir démontré l'excellente stabi concernant, plusieursbrevets fu moins de douze pales, aurait eu

85
Petite Préhistoire du Vol Motorise

ENTRE1860 ET 1910,
LES RECHERCHES SUR
L'HÉLICE ET LES ÉNER
GIES MÉCANIQUES SE
DÉVELOPPENT SIMUL
quatre mètres de diamètre. croient encore à l'aile battante -il TANÉMENT. 1: L'AÉRO Ader tentera de résoudre la mê
Ala décennie suivante, le groupe en reste-, la secte des partisans PLANE À VAPEUR DE me question par l'adoption d'hé
des amisde Nadar fait paraîtreun de la roue à clapet, les mystiques DU TEMPLE PROPULSÉ lices flexibles. Des mesures ré
hymne à la "Sainte-Hélice". Faut-il de la fusée et les Hashchachlns PAR UNE HÉLICE À SIX cemment réalisées sur l'hélice de
s'étonner que ce texte, dont le de l'air comprimé. Audemeurant, PALES . 2 PROJET l'Avion m ont montré que cette
titre à lui seul témoigne de l'al le saint objet a déjà ses prêtres : D'HÉLICE D'ADER. 3: LE solution très personnelle n'aurait
liance nouvelle(et souhaitable) la plupart des modèles réduits MODÈLE RÉDUIT À VA sans doute pas résisté à un usage
entre la technique et le droit ca que réalisent Joseph Pline, Pon PEUR DESTRINGFEL- prolongé. Leproblèmene sera ré
non (ilest à cet égard regrettable ton d'Amécourt et Alphonse Pé- LOW(1848) VOLE SUR solu en pratiquequ'en 1932.
qu'aucun hymne n'ait encore été naud sont à hélice, tractive ou 40 M. 4: LE GIGAN Quant aux hélices d'aviation,
dédié à Saint-Vilebrequin, fils ca propulsive. Et avant mêmeque le TESQUE AÉROPLANE elles resteront assez rudimen-
det de Sainte-Manivelle, et aux problème se pose vraiment, Pé- DE H.MAXIM ET5:SA taires jusquevers 1910.11 en exis
Bienheureux Coussinets compte naud conçoit et analyse la ques CHAUDIÈRE. 6:I'HÉLICE te, au départ, deux grandes es
tenu de leur sacrifice permanent tion du pas (1)de l'hélice. Car, au MODERNE "INTÉGRA pèces : en toile armée et larges
à la cause mécanique), a évidem décollage, un avion exige une for LE" DE CHAUVIÈRE, pales,comme sur les dirigeables,
ment pour but le prosélytisme. te poussée pour une vitesse en LE RAPPORT ou bien en bois ou métal plein fa
C'est qu'il faut rallier à la juste core faible, alors qu'en vol, la POIDS/PUISSANCE DU çonné. En France, l'hélice à pales
cause une diversitéd'incroyants poussée nécessaire diminue, MOTEUR À VAPEUR larges dont les surfaces actives,
qui n'auraient pas déparé dans quandlavitesse augmente : ilap ADER (7) EST EXCEP deux ou quatre, sont écartées du
une toile du grand paraît donc plus rentable d'allon TIONNEL. LE MOTEUR moyeu par un bras est adoptée
Bosch : ceux.qui ger le pas de l'hélice en vol,et de ÉLECTRIQUE LÉGER DE par des chercheurs comme Pé
le réduire au décollage. Sans être KREBS (9) EST EXPÉRI naud et Tatln. On la retrouvera
techniquement résolu, le problè MENTÉ SUR DES BAL sur les avions Voisin, REP, et An
me est examiné par Pénaud, qui LONS COMME CELUI toinette : elle n'exploite que la
inclut dans son projet d'avion DE TISSANDIER (8) partie de l'hélice qui a la plus
amphibie un dispositif de varia grande vitesse et suppose une
tion de pas. Plus tard. Clément plus grande puissance de mo-

Fia. iO(). — Aoropl.nnc à vapeur de du Tcniph

MUSEE DE L'AIR

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86
teur. Les inventeurs anglais et son futur avion ne devra pas ex en combustible et d'autres aussi, sa
américains favorisent, eux, la for céder 7à 8 kgpar cheval dévelop en eau se posait tentative échoua,
mule des grandes fiélices bipales pé.Or,à cette époque, lesvaleurs concrètement. Le Les deux premiers
profilées sur toute la longueur et pour les moteurs à vapeur cou moteur électrique moteurs d'aviation
tournant plus lentement. Quelle rants sont de 30 à 40 kg par che avait été essayé, véritablement per
que soit la disposition retenue, val, et pour les meilleures ma avec un certain formants furent
l'amélioration du rendement des chines de taille moyenne, 15 bonheur, par Tis- ceux de Manly et
hélices tiendra surtout à l'adop kg/cbeval. A partir de 1882, Ader sandier, Krebs et Balzer aux Etats-
tion de surfaces courbes, et par la fait construire pour son Eole un Renard dans les Unis et r"Antoinet-
suite du profil "intégral", c'est-à- générateur à chaudière du années 1883 et te" de Léon Leva-
dire exploitant la courbure de Temple de sa conception qui pè 1884. Mais il était, pour d'évi vasseur en France. Le Manly fut
l'extrados aussi bien que celle de se 66kg et délivre entre 10et 12 dentes raisons de puissance, im conçuspécialement pour propul
ch, soit un rapport exceptionnel pensable pour l'aéroplane. Le ser l'avion de Thomas Langley : à

Autre problème: les


l'intrados.
de 6 kg par cheval. C'est mieux moteur à explosion n'apparut cinq cylindres en étoiles, 11 avait
que le premier moteur à explo vraimentque dans la dernière dé un excellent rendement de 52 ch
moteurs. 11 ne sera ré sion des Wright qui donnera, en cennie du XIX^ siècle. Mis au pour 155 kg (soit2,9 kg/ch). Mais,
solu que très tardive 1903, 12 ch pour 90kg(soit 7,5 kg point par Daimler en 1885, le mo pour des raisons de structures,
ment. L'idée, pour /ch). Sur les modèles suivants, il teur à essence connut sa premiè l'avion de Langley ne put s'envo
tant, connut un premier dévelop améliorera encore ce re application aéronau- ler, de sorte que les qualités du
pement avec la machine à va rapport : > y tique en Allemagne, en moteur ne purent jamais être
peur. Dès 1843, un Anglais nom mises à l'épreuve.
mé Henson conçut un projet Le moteur "Antoinette", lui, était
complet d'aéroplaneéquipé d'un destiné, au départ, à propulser
moteur à vapeur de 20ch. En fait, un canot à moteur, et remarqua
seul un modèle réduit construit blement puissant. Lepremier mo
par son associéStringfellow vit le dèle installé sur un avion vit le
jour en 1848 : il pesait 3,9 kg et ; jour en 1903 et développait 60
était propulsé par une petite ma ch : la légèreté avait été obtenue
chine à vapeur d'un tiers de che en multipliant les cylindres -huit,
val. 11 réussit, semble-t-il, un vol et plus tard seize-ce qui permet
d'une quarantaine de mètres. Fé tait de supprimerlevolantde fon
lix du Temple fit lui aussi voler te destiné à régulariser le cycle
un modèle réduit à vapeur. L'ap sur les moteurs à quatre cy
pareilfut construit en vraie gran lindres. De plus, la culasse était
deur, mais ne décollapas.Au pas en aluminium et les chemises en
sage, du Temple mit au point un laiton.
modèle de chaudière à condensa 3,8 kg/cb sur les moteurs
teur qui sera utilisé par la mari de l'Avion 111. Pendant ce le docteur Wôlfert
Se diriger
ne. 11 y eut d'autres tentatives, temps, Hiram Maxim avaitabouti, équipa son dirigeable d'un Daim
mais il semble bien qu'avant en 1894, à un rapport de 10kg/cb, ler 5 cb et de deux hélices et réus Un appareil qui décolle puis vole
Ader, lesgénérateursà vapeur ne mais au prix d'un changement sit quelques belles manoeuvres. de manière stable et continue
propulsèrent avec succès que d'échelle radical: chaque machi Les aviateurs durent, eux, at n'est encore qu'une sorte de pro
deux espèces d'appareils: des ne développait 180 ch, il y en tendre un peu plus d'une dizaine jectiles'il ne dispose pas de quoi
modèles réduits et des diri avait deux, et l'appareil dans son d'années la perspective de modifier sa trajectoire. Le systè
geables. ensemble pesait 3.640 kg. Son meilleurs rendements. Le pre mede gouvernesprésent sur tout
Le problème principal était évi monstre ne décolla jamais, mais mier à s'en équiper fut un Autri avion moderne fait appel à des
demment celui du rapport son groupe propulseur n'était chien nommé Kress, créateur dispositifs aérodynamiques dont
poids/puissance, étant entendu pas le premier responsable. d'un gros hydravion à trois ailes l'invention doit assez peu à l'ob
qu'en plus du combustible, ces En dehors de ces réalisations ex en tandem de plus de 500 kg. 11 servation des oiseaux , mais
machines doivent emporter de ceptionnelles, le besoin d'un mo prévoyait de le propulseravec un beaucoup à des notions élémen
l'eau et des dispositifs de conden teur plus simple et efficace se fai moteur de 40 cb pesant au plus taires de mécanique des fluides.
sation. Acet égard, le travail de sait sentir, ne serait-ce que pour 200 kg. Mais son moteur livréen Les créateurs connurent, là enco
motoriste de Clément Ader fut les dirigeables. Ceux-ci parve 1901 ne donnait que 30 ch pour re, beaucoup d'hésitations avant
techniquement remarquable. naient à faire de réels déplace 380 kg (soit 12,6 kg/ch). Pourcet de se ranger à cette nécessité.
Ader calcule que le moteur de ments et le problème d'emport te raison, et probablement Prenons par exemple, le contrôle

87
i Petite Préhistoire du Vol Motor
r

L p. MOUILLARD *"""
No. 682,757 PitenUci Mij 18, 1697.

\)9.
f /p
ITll i

remplacer par une com


iW'/ ! . r\ mande différenclelle de
lapuissance appli- ^
t/ S quée aux hélices.
Autantde projets
sans suite. Le modè
O'x: rv.-/.
le, en somme, n'était pas très
bien fixé, et il ne fallait pas comp
LE CONTROLE DE L'E ter sur les expérimentateurs de Otto Li- certains auteurs, on le
QUILIBRE PAR DÉPLACE planeurs -qui n'utilisaient que le lienthal se servait du poids de trouve chez Ader, et il semble
MENT DES AILES.CETTE poids de leur corps pour se diri son corps. C'est seulement lors ; que d'autres inventeurs (Boul-
FORMULE, RETENUE ger-pour perfectionner ce dispo qu'il commença de penser à mo ton, 1868, Goupy, 1884) avaient
PAR MOUILLARD ET sitif. 11 faut, plus volontiers, attri toriser ses appareils qu'il leur proposé des systèmes de volets
ADER, NE CONVIEN buer aux aéronautes la adapta une gouverne de profon mobiles assurant la même fonc
DRA PAS À L'AVION. démonstration de l'efficacité du deur sur l'empennage, comman tion : incliner l'avion dans le vira
gouvernail: à partirde 1884, lesdi dée à la tête. Clément Ader, lui, gede manière à s'opposer à ladé
rigeables de Renard et Krebs, de s'en passa jusqu'aubout. rive latérale. Les Wright furent
de direction horizontale: le prin Zeppelin, de Santos Dûment par Surla première génération d'aé indiscutablementles premiers à
cipe du gouvernail, heureuse viendront à manoeuvrer en cir roplanes réussis, l'aileron, sou le mettre en oeuvre effective
ment suggéré par celui des ba cuit fermé, et ce, toujours, grâce vent placé à l'avant, sera appelé ment, et à en concevoirles règles
teaux, est apparu en fait très tôt, à ungouvernail de queue. "stabilisateur"ou "équilibreur" : de pilotage. Groupant sur un mê
avant même la première ascen Voyons maintenant la profon ilsert tout autantà réglerl'assiet melevier le gauchissement et la
sion en ballon. Des gravures re deur. Là encore,l'exemple de l'oi te de l'appareil qu'à modifier sa direction, ils ont également réso
présentant d'imaginaires bar seau a longtemps maintenu les trajectoire verticale. Sa position lule petit problème ergonomique
ques volantes datant du début du chercheurs dans une sorte d'in avancée n'a d'autre justification qui consiste à manoeuvrer trois
XVle siècle en comportent un à certitude. Dans les travaux de que l'influence exercée par les commandes avec deux bras. On
l'arrière. De fait, les premières Cayley. et peut-êtremêmeavant, planeursbiplans Wright. Tousles constate que les systèmes propo
tentatives de dirigeables, celles l'idée de l'aileron de profondeur partisansdu monoplan le placent sés par Blériot, Esnault-Pelterie
de Giffard (1852), de Dupuy de existait. 11 faisait partie des pro en queue,et c'est cette configura et d'autres à partir de 1907 seront
Lôme (1872), de Tissandier jets de Henson, de Stringfellow, tion qui- permettons-nous un des solutions variantes au même
(1881) comportaient toutes un de Félix du Temple et même, en saut en avant- s'imposera sur problème : manche à balai com
gouvernail, qui, faute de vitesse, vraie grandeur, du planeur de Le l'avion classique de Goupil et Cal- mandant direction et gauchisse
se révélait d'ailleurs assez ineffi Bris. Souvent, il adoptait la forme deraraen 1909. ment , volant sur manche articulé
cace. Pour l'aéroplane, motorisé en éventailferméde la queue des La manoeuvrabilité d'un avion, (Bréguet) plus pédalespour la di
ou non, les solutions spécifique oiseaux. enfin, dépend de son aptitude à rection. Ces organes, sur les
ment aériennes firent concurren Mais la génération des planeurs virer dans un rayon plus ou avions modernes, commandent
ce . C'est ainsi que Pénaud pen de 1880 connut une moins court et des systèmes de volets mobiles,
sait plus volontiers se diriger en période d'atrophie sans perdre d'alti dont la fonction est de contrôler
l'air par déplacement ou défor pour cette gouver Î11/1 tude. Sur ce plan, le roulis de l'avion, comme le fe
mation des ailes. De même, Louis ne. Louis Mouil on l'a vu, l'avion raient des nageoires de poisson.
Mouillard, sur son planeur breve lard, très admiré l'LU des Wright offrit, le Ceci confirmant, s'il est encore
té en 1897, prévoyait d'agirsur la par Octave Chanu- premier,une appli besoin, que l'invention technique
direction horizontale en freinant te, s'en passait to cation réussie du naît souvent d'idées déplacées.
Ui 1 M
l'écoulement de l'air sous l'une talement: selon ses principe de gau
ou l'autre aile par un système de plans, le contrôle chissement des (l)Le pasd'une hélice estla longueur du
volets souples. Clément Aderlui de profondeur se ailes. Les Wright déplacement rectiligne effectué en un
tour complet. Il dépend de l'angle formé
aussi semblait être brouillé avec faisaiten avançant étaient-ils les pre parles pales avec leplan de rotation. Le
le gouvernail: après sa sortie de ou reculant les miers à y avoir paset lediamètre d'une hélice sont ses
piste de 1897, il prévoyait de le ailes du planeur. J » pensé? D'après principaux paramètres.
MASN- SMITHSONIAN INSTIT.

Fi6 ET MIRAGE 2000 POUR LE FAMEUX


CONTRAT DU SIÈCLE, AiRBUS ET BOEING OU
Mac DONNELL DOUGLAS DANS LE DOMAINE DU
TRANSPORT CIVIL : QUATRE-VINGTS ANS PLUS
TARD, LA CONCURRENCE DE PART ET D'AUTRE
DE L'ATLANTIQUE RESTE UNE DONNÉE MAJEU
RE DE LA CONSTRUCTION AÉRONAUTIQUE.
LIGNE DE MONTAGE DES BOEING 767/200 A SEAHLE
'«ttimj
Uiffllf,
' " »##!

91
UNE Concurrence Quasi-Séculaire

L'industrieaéro
spatiale moderne
Près D'un siècle après sa naissan
ce, L'AVION RESTE UN OBJET D'EX
CEPTION. Une dynamique propre a
elle n'en tire que peu
d'avantages économiques.
est un gigan Le leadership industriel
tesque carrefour FAIT DE LUI UN PRODUIT SI COÛTEUX américain paraît inébran
de technologies. Bien qu'el ET SI COMPLEXE QUE MÊME LES PLUS lable, et ne s'érode que sur
le emploie moins de deux certains points. Le domaine
millions de personnes dans GRANDS PAYS INDUSTRIELS DOIVENT militaire, par exemple ; la
le monde, et que ses ventes AUJOURD'HUI UNIR LEUR EFFORTS Francedéveloppe, dans les
ne représentent que 3 à 4% années 1960,ses propres
POUR OSER INNOVER. UN MOUVE
de la production industriel forces nucléaires et ses
le mondiale, elle est en tous MENT QUI REMET EN CAUSE, SANS LA avions de combat. Les
pays considérée comme RÉSOUDRE, LA RIVALITÉ PERSISTANTE conflits israélo-arabes lui
l'une des clés du dévelop fournissent l'occasion d'ex
pement et de l'indépendan ENTRE L'ANCIEN ET LE NOUVEAU porter ses matériels. C'est
ce nationale. Maîtriser le MONDE.PAR Pierre Condom. une brèche importante
domaine aérospatial, c'est dans le marché qu'Améri
maîtriser tous les secteurs cains et Soviétiques se par
industriels, de la métallur tagent.
gie à l'électronique. Avoir Puisle projet européen, peu
une industrieaéronautique, à peu, prend corps. Dès
c'est produireet entretenir 1970, les matériels aérospa
sa propre force aérienne. tiaux sont devenus telle
Enfin, c'est aussi bénéficier ment complexes que les
d'un prestige international. pays européens éprouvent
Pour ces raisons, un certain des difficultés à en financer
nombre de pays en voie de le développement. Ce phé
développement ont fait de nomène de croissance ex
la constitution d'une indus ponentielle sera en fait leur
trie aérospatiale nationale
un axe essentiel de leur po
256 t, salut. Dès lors l'alternative
z est simple: abandonner ou
litique de développement. s coopérer. Les adversaires
C'est le cas, par exemple, de la coopération
du Brésil et de l'Indonésie. quoi la concurrence y est dership. L'Eu disent qu'elle
LE PATROUILLEUR
D'autres tels que l'Inde, forte, et s'organise autour rope occidenta ATLANTIQUE : UN
coûte cher, qu'el
l'Irak, le Pakistan, la Corée de deux pôles : les Etats- le essaye, à DEMI-SUCCÈS DE le entraîne des
ou Taiwan en attendent Unis, leader mondial, et coups d'inno LA COOPÉRATION délais inaccep
plus une indépendance mi l'Europe, son challenger. vations techno EUROPÉENNE. tables, que les
litaire qu'une contribution Les grandeslignes de l'équi logiques, de se compromis qu'el
économique. libre industriel ont été tra faire une place au soleil. Le le suppose conduisent à
Pour les puissances ma cées à la fin des années reste du monde, et en parti des monstres. Mais ses par
jeures, l'état de leur indus 1940. Dès cette époque, le culier l'Orient, ne joue plus tisans répètent inlassable
trie aérospatiale est tout bloc soviétique consacre qu'un rôle mineur. ment que la coopération ré
simplement l'expressionde l'essentiel de ses efforts aux Ainsi, l'Europe a beau être duit les frais et les risques
leur position dans la lutte équipements militaires. Les la premièreà mettre en ser pour chaque partenaire,
pour le leadership techno Etats-Unis, s'appuyant sur vice des avions de ligne à élargit le marché et permet
logique, économique et po leur énorme marché inté réaction, puis à développer de lutter à armes moins in
litique mondial. C'est pour- rieur, établissent leur lea- un transport supersonique. égalesavec les Etats-Unis.

92
Les premières expériences mencent à s'inquiéter de la dépasse les 130 Japon, dont le
SUR LES TRACES
européennes ne sont pas remontée en puissance eu milliards de DU GÉANT AMÉRI chiffre d'affaires
toutes des succès. Le pa ropéenne. dollars, les acti CAIN : LE FUTUR aérospatial
trouilleur maritime Atlan Aujourd'hui, l'industrie vités aérospa MOYEN COURRIER représente envi
tique, bien que lauréat d'un américaine aborde la der tiales dégagent D'AIRBUS . ron 4% du total
concours organisé par nière décennie du siècle en un surplus de mondial, est im
l'OTAN, trouve un débou core en position de force. plus de 20 milliards de dol portateur.
ché médiocre. 11 en va de Environ les deux tiers des lars. L'URSS et les paysd'Europe
même pour le cargo militai ventes aérospatiales mon En regard du géant améri de l'Est, jusqu'ici exclus des
re Transall. Concorde est diales sont réalisées par cain, l'industrie européen statistiques occidentales,
un échec coûteux. Seul le des sociétés américaines ne est encore modeste. Elle apparaissent plus comme
programme franco-alle qui globalement emploient emploie environ 500 000 un nouveau marché que
mand de missiles tactiques plus d'un million de per personnes et réalise un peu comme une nouvelle
est une réussite. 11 restera sonnes. moins de la moitié du concurrence.

longtemps la seule référen Le leadership aérospatial chiffre d'affaires américain.


ce des partisans de la co américain est un élément Mais, condamnée depuis
Va-t-on vers
opérationeuropéenne. fondamental du maintien des années à exporter pour
UNE NOUVELLE DONNE?
A mesure que les liens tis de la prééminence écono survivre, elledégage un sur
sés par la Communauté Eu mique et politique des plus commercial de plu Récemment, l'effondrement
ropéenne se resserreront, Etats-Unis. Bien que les so sieurs milliards de dollars. des régimes communistes
les succès deviendront plus ciétés aérospatiales améri Enfin, elle bénéficie d'une d'Europe de l'Est est venu
nombreux que les échecs. caines ne réalisent qu'un dynamique favorable ali modifier l'équilibre de l'in
Dans les années 1980, le quart de leur chiffre d'af mentée par l'unification dustrie aérospatiale mon
consortium Airbus Indus faires à l'exportation, leurs progressive du marché eu diale. Partout, on signale la
trie s'impose parmi les ventes hors Etats-Unis re ropéen. baisse relativedes budgets
grands constructeurs présentent près de 10% des Le reste du monde occiden militaires et la nécessaire
d'avions de ligne. Arianes- exportations américaines tal ne joue pour l'instant, reconversion des activités.
pace replace l'Europe dans totales. Et, ce qui est enco qu'un rôle mineur bien Or, les Etats-Unis et l'Euro
la course à l'espace. Les re plus important à l'heure qu'une dizaine de pays dis pe n'abordent pas cette
sceptiques se taisent peu à où le déficit de la balance posent de capacités indus nouvelle période dans les
peu et les Etats-Unis com commerciale américaine trielles réelles. Même le mêmes conditions.

93
UNE CONCURRENCE QUASI-SÉCULAIRE

A l'échelle mondiale, l'acti civiles par les Etats. En VERS LA FIN nable, les risques financiers
vité militaire représente Amérique, recherche et dé D'UNE RIVALITÉ? encourus. Face à cette mon
55% du chiffre d'affaires aé veloppement sont en bon tée vertigineusedes coûts,
rospatial, la production ne partie financés par l'in ais regardons l'industrie a dû réagir. Elle a
d'équipements civils envi termédiaire de program un peu plus dû se réorganiser en socié
ron 30% et le secteur spa mes militaires. Cequi fait
tial 15 %. craindre le pire à certains
L'industrie américaine est responsables industriels ;
M loin que cette
conjoncture
du moment. 11 est un phéno
tés de plus en plus impor
tantes, afin d'acquérir une
surface financière suffisan
nettement au-dessus de cet le soutien accordé par ce mène fondamental, propre te. Elle a dû rechercher sys
te moyenne mondiale : plus biais est en effettrès impor à l'évolutiondes techniques tématiquement des parte
de 65% de ses ventes sont tant. Les statistiques com que nullequestion de fron naires nationaux ou étran
liées à la défense. Les seules pilées par la commission tières ni de continent ne gers, pour partager les
ventes au Département de européenne, révèlent que saurait résoudre. risques, limiter la concur
la Défense représentent plus le contribuable américain Quelques chiffres permet rence et accroître les mar
d'une fois et demi le chiffre dépensecinqfois pluspour tent de prendre la mesure chés accessibles.
d'affaires total de l'industrie son industrie aérospatiale du problème. Sans compter Tantet si bien qu'il n'existe
européenne. que le citoyen européen : les frais de recherche et de plus, en Europe, qu'un seul
1600 dollars par an développement préliminai constructeur d'avions et un
contre 310. Au ni re, ni inclure la totalité des seul grand motoriste par
veau de la recher investissements indus pays. Quant au nombre de
che et du dévelop triels, le développement fi fabricants de systèmes
pement, la disparité nal d'un nouvel avion de électroniques et biens d'é
est plus faible, mais ligne coûte aujourd'hui quipements, il a beaucoup
elle reste encore trois à quatre milliards de diminué.
très importante. Les dollars. Celui d'un nouveau Aux Etats-Unis, on compte
Etats-Unis y consa réacteur de forte puissan encore une dizaine d'avion-
crent d'ailleurs trois ce, presque autant. neurs, dont certains, il est
fois plus d'argent que l'Eu Pour amortir ces dépenses, vrai, n'agissent plus guère
PRES DE TROIS
MILLIARDS DE DOLLARS
rope. il faut vendre un grand que comme sous-traitants.
POUR CONCEVOIR UN Comment conserver sa po nombre de matériels. Le Le secteur des systèmes,
NOUVEAU RÉACTEUR sition de tête tout en rédui seuil de rentabilité moyen lui, s'est récemment
(PW/JT8D 7B) sant son effort ? Tel est le concentré : Honeywell a ab
d'un appareil de transport
problème que lesEtats-Unis sorbé Sperry,Allied Signal
commercial se situe au-delà
En Europe, en revanche, la s'emploient à régler au de 500 unités vendues, ce regroupe désormais Gar-
situation est plus équili jourd'hui par autant de pe lui d'un réacteur entre 2000 rett, Bendix et King.
brée. L'activité civilerepré tites batailleséconomiques. et 3000 moteurs livrés. Malgré ces bouleverse
sente environ 40% du total. Celledes accords du GATT, Dans ces conditions, il faut, ments, les plus grandes so
En France, elle atteint mê par exemple, où ils s'effor le plus souvent, au moins ciétés européennes affi
me 47% et sa part continue cent d'obtenir que les Etats une décennie pour rentabi chent encore des chiffres
de croître. européens limitent le sou liser un programme. d'affaires qui ne dépassent
Le rétrécissement des bud tien direct à leurs indus Les cycles économiques pas le tiers ou le quart de
gets militaires n'a donc pas tries aéronautiques civiles. dont dépendent les mar celui des géantsaméricains,
tout à fait la même significa Celle des parités monétai chés aéronautiques sont Boeing ou Me Donnell-Dou-
tion pour les industries eu res, qui confèrent actuelle souvent plus courts que les glas. Les frontières natio
ropéenne et américaine. En ment au dollar sous-évalué cycles des programmes, ce nales restent des obstacles
Europe, l'habitude est au un avantage estimé par les qui contribue à accroître, aux regroupements. Les
soutien direct des activités Européens à plus de 25 %. parfois jusqu'au déraiso- programmes européens

94
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<0= -fa
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3
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('Signature desparents pourlesmineurs).

^
UNE Concurrence Quasi-Séculaire

adoptent,biensouvent, des dont la maîtrise est une des


formes souples, comme cel valeurs-clés de la réussite.
le du Groupement d'Intérêt Et les plus grandes entre
Economique (GlE) (Airbus prises ne sont pas forcé
Industrie, ATR ou Euro- ment les meilleures à ce jeu.
sam). La cobérence des Malgré leurs dimensions
stratégies n'yest pas garan plus modestes que celles
tie et les processus de déci de leurs rivales améri
sion se révèlent parfois caines, les sociétés euro
lents et exagérément com péennes semblent bien pla
plexes. cées parceque très tôt, fau

Maisle res er rement pro


de regroupement, on assis
te à la conclusion d'al
de sous-trai
tance. 11 est
BIENTOT FILIALE
COMMUNE, EURO
te de marchés
intérieurs suffi
sants, elles ont
chain des liances sur programmes. devenu diffici COPTER RESSERRE dû s'y exercer.
liens commu Par exemple, les maîtres le, sinon im- LES LIENS DE LA Encore faut-il
nautaires se traduit aussi possible
d'oeuvre s'entourent de
COOPÉRATION respecter deux
FRANCO-ALLEMANDE.
par la formation de véri sous-traitants qui prennent aujourd'hui, (ICI : LE HAP-HAC/PAH) conditions :
tables sociétés euro à leur charge les coûts de d'exporter, que tout le
péennes.Ainsi l'Aérospatia développement des parties même dans le Tiers Monde, monde y trouve son comp
le et Deutsche Aerospace qui leur sont confiées. Les sans offrir parallèlement te et que les centres de dé
sont sur le point de consti grands producteurs des compensations indus cision ne soient pas trop
tuer une filiale commune, d'avions commerciaux exi trielles. L'attribution de nombreux. C'est pourquoi
Eurocopter, rassemblant gent de leurs fournisseurs contrats de sous-traitance, on a toutes les chances, du
les capacités d'étude et de la fourniture gratuite des ou même parfois de parte rant cette dernière décen
fabrication d'hélicoptères matériels prototypes et une nariat, est la clé de beau nie du siècle, de voir, de
des deux sociétés. Ainsi le participation aux essais. coup de marchés, de sorte part et d'autre de l'Atlan
français Matra a-t-il pris le Dans d'autres cas, plus que peu à peu, la produc tique, les forces se regrou
contrôle de la divisionspa rares, l'association se tion aérospatiale tend à se per plutôt que se répandre
tiale du britannique Marco concrétise par la création distribuer dans le monde en multinationales comme
ni pour créer Matra-Marco d'une véritable société de entier. C'est ainsi qu'au l'industrie automobile en
ni Space. Un autre français, gestion du programme. jourd'huile Canada partici connaît.Cetteétape ultime
Thomson-CSF, a racheté le C'est le cas entre la SNEC- pe à la production des Air de la maturité sera le tra
fabricant de simulateurs de MA française et la Général bus pour un pourcentage vail des dirigeants de l'in
vol britannique Link-Miles Electricaméricaine pour le supérieur à celui de l'indus dustrie aérospatiale du dé
pour l'adjoindre à sa propre programme de réacteurs trie espagnole. C'est par le but du XXl^ siècle. D'ici là, il
division de simulateurs. Et CFM 56, qui équipent au même mécanisme que la n'est pas impossible que de
le mouvement est loin jourd'huiBoeing et Airbus. Chine produit des dérives nouvelles puissances in
d'être terminé. Quant aux avions de com de Boeing 737 ou que la so dustrielles aérospatiales
Quelles que soient les di bat occidentaux, ils font - ciété italienneAeritalia pro émergent, en URSS et au Ja
mensions des futurs Rafale misà part- tous l'ob duit des composants pour pon par exemple, alors mê
groupes mondiaux, ils se jet de programmes de co Boeing, Me Donnell-Dou- me que la rivalité, désor
ront probablement encore opération. glas et Airbus. mais séculaire, entre les in
à l'étroit pour se lanceseuls Enfin, le besoin d'ouvrir de Cette distribution éclatée dustries américaine et
dans de grands pro nouveaux marchés a con des tâches échafaude des européenne pourrait à ter
grammes. C'est pourquoi, duit les principaux indus systèmes industriels de me s'achever sans vain
en plus de ce mouvement triels à élargir les réseaux plus en plus complexes. queur ni vaincu.
Le directeur de lo publication: Paul Dupuy •Dépôt légal: n° 347 -N° de Commission paritaire: 57284 du 15 décembre 1975. Photogravure : Flash Image, Impression : Imprimerie Jean Didier, Mossy.
GALILEE
A-T- IL
VRAIMENT ETE
VICTIME
DE
L'OBSCURANTISME ?

Que lui reprocha-t-on exactement ?


De vouloir faire tourner la Terre ?

De changer les lois de la physique ?

Ou simplement de ne pas pouvoir


prouver ce qu'il avançait ?
En tous cas,

ceux qui le condamnèrent

n'étaient pas des ignorants.

LES CAHIERS
DE SCIENCE & VIE N°2
PARUTION LE 16 AVRIL 1991

LES GRANDES CONTROVERSES SCIENTIFIQUES


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