Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
LE JOURNAL
L
Rédaction :
3, rue Michel-Ange – 75794 Paris Cedex 16
Téléphone :b
E-mail : lejournal@cnrs.fr
Le site Internet : https://lejournal.cnrs.fr
Anciens numéros :
https://lejournal.cnrs.fr/numeros-papiers es attentes de notre société, de plus en plus technologique,
Gérer son abonnement au journal n’ont jamais été aussi fortes vis-à-vis de l’innovation, notamment grâce
(pour les agents du CNRS) :
https://lejournal.cnrs.fr/abojournal
¢XQHYDORULVDWLRQSOXVUDSLGHGHVU«VXOWDWVGHODUHFKHUFKHSXEOLTXHɋ
HVS«UDQFHGȇXQHUHODQFH«FRQRPLTXHSDUOHSURJUªVVFLHQWLȴTXHHW
Directeur de la publication : technique, recherche de solutions à tous les maux – sociaux, environ-
Alain Fuchs
Directrice de la rédaction : nementaux, de santé…
Brigitte Perucca Sans développer une vision utilitariste de la science, la valorisation
Directeur adjoint de la rédaction :
Fabrice Impériali des résultats de la recherche issue de ses laboratoires est au cœur
Rédacteur en chef : des missions du CNRS. Pour autant, l’innovation, de rupture en parti-
Matthieu Ravaud
FXOLHUQHVHG«FUªWHSDVɋ(OOHQHSHXWTXHVȇDSSX\HUVXUXQHUHFKHUFKH
Chef de rubrique :
Charline Zeitoun IRQGDPHQWDOHOLEUHGHORQJWHUPHHWGXPHLOOHXUQLYHDX(OOHGRLW¬WUH
Rédacteurs : DFFRPSDJQ«HHQFRXUDJ«HIDFLOLW«H(OOHHVWOHIUXLWGHODUHQFRQWUH
Laure Cailloce, Claire Debôves,
Yaroslav Pigenet entre des femmes et des hommes, des idées, des compétences scien-
Assistante de la rédaction WLȴTXHVHWWHFKQLTXHVHWGHVSUREO«PDWLTXHVLQGXVWULHOOHVRXVRFLDOHV
et fabrication :
Laurence Winter
Il est donc essentiel de favoriser ces rencontres et de permettre
Ont participé à ce numéro : un brassage des idées et des cultures entre milieux académique et
Julien Bourdet, Audrey Diguet, socio-économique. C’est notamment l’esprit des laboratoires com-
*U«JRU\)O«FKHW/DXULDQQH*HUR\
Mathieu Grousson, Denis Guthleben, muns de recherche avec les entreprises,
Martin Koppe, Fui Lee Luk, Saman que le CNRS a créés en nombre (plus de
Musacchio, Émilie Silvoz, Vahé Ter
“
Minassian, Philippe Testard-Vaillant, bVWUXFWXUHVGHUHFKHUFKHFRPPXQHV
Jean-Baptiste Veyrieras
Secrétaires de rédaction :
L’innovation est et souhaite développer. C’est aussi l’es-
prit du label Carnot, qui distingue et en-
plus proche que
Isabelle Grandrieux, Sandrine Hagège
Conception graphique : courage la recherche partenariale dans
Céline Hein le milieu académiqueOLUHSDJH.
jamais de la recherche
Iconographes :
Anne-Emmanuelle Héry, L’innovation est, aujourd’hui, plus
Marie Mabrouk proche que jamais de la recherche fon-
fondamentale.
”
Impression :
Groupe Morault, Imprimerie de Compiègne
damentale, comme nous le montrent les
2, avenue Berthelot – Zac de Mercières nouveaux matériaux inspirés du gra-
BP 60524 – 60205 Compiègne Cedex phène ou les travaux en aéronautique
ISSN 2261-6446
Dépôt légal : à parution SU«VHQW«VGDQVFHQXP«URɋHWOHSDVVDJH
GHOȇXQH¢OȇDXWUHVHIDLWDXVVLSOXVYLWHɋSDUFHTXHOȇLQQRYDWLRQODSOXV
pointue est présente partout dans notre quotidien, mais aussi, sans
doute, parce que les jeunes chercheurs sont toujours plus nombreux
¢VHU¬YHUHQFU«DWHXUVGHVWDUWXS
Photos CNRS disponibles à :
phototheque@cnrs.fr ; )DFH¢FHVG«ȴVHWFHVDWWHQWHVOH&156DGDSWHHQSHUPDQHQFH
http://phototheque.cnrs.fr son dispositif d’accompagnement des chercheurs au milieu d’un uni-
La reproduction intégrale ou partielle
des textes et des illustrations vers foisonnant de structures de valorisation.
doit faire obligatoirement l’objet d’une
demande auprès de la rédaction.
Michel Mortier,
délégué général à la valorisation du CNRS
k'/*$7Ζ2130$
(QFRXYHUWXUHɋOHPRWHXU/HDS
G«YHORSS«SDU6DIUDQHW*(
3+272ɋ&<5Ζ/$%$'&$3$3Ζ&785(66$)5$1
7 N° 289
3
SOMMAIRE
© J.-F. BUONCRISTIANI/BIOGÉOSCIENCES/CNRS PHOTOTHÈQUE
GRAND FORMAT 13
Sur la piste de l’avion du futur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
Changements de climat sur le Mont-Blanc . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
3HXWRQVHSDVVHUGHVPRGªOHVDQLPDX[ɋ" . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
© J. BARANDE/ÉCOLE POLYTECHNIQUE
Un jour avec
EN PERSONNE 5
Victor Malka, virtuose du laser . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
Louise-Anne Cariou,
ingénieure sécurité 10 Claude Lorius distingué aux États-Unis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
Trois nouveaux directeurs d’institut . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
54 EN ACTION
Les nouveaux matériaux inspirés du graphène . . . . . . . . . . . . . . 40
39
Des vols en ballon pour observer l’Univers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
Les derniers mystères du sommeil . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
Ce que l’on sait de l’inceste en France . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
Les instituts Carnot, carrefours de l’innovation . . . . . . . . . . . . . . 48
© SIEPHOTO/MASTERFILE
Les nouveaux
chantiers du Comité
d’éthique LES IDÉES 57
© IKON IMAGES/MASTERFILE
58 4XHOVSURF«G«VSRXUOȇXVLQHGHGHPDLQɋ". . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
CNRS LE JOURNAL
4
EN PERSONNE
Victor Malka,
virtuose du laser
PAR GRÉGORY FLÉCHET
&
b
omme en attestent les trois distinctions obte-
nues cette année à quelques semaines d’in-
tervalle, les travaux de Victor Malka, directeur
de recherche au CNRS, ont le vent en poupe.
Après le prix Julius Springer de la Société alle-
mande de physique reçu en avril, ce spécialiste de la
physique des plasmas1 au Laboratoire d’optique appli- ACCÉLÉRATEUR
LASER-PLASMA
quée 2 (LOA) de Palaiseau, s’est vu remettre en mai le instrument
prix Holweck de la Société française de physique et de permettant l’université de Californie à Los Angeles, il parvient à
l’Institute of Physics, ainsi qu’un prix de la Société euro- d’accélérer des générer pour la première fois, au Laboratoire
particules de façon
S«HQQHGHSK\VLTXHɋmb&RQYDLQFUHODFRPPXQDXW«GHV Rutherford Appleton, en Grande-Bretagne, des fais-
compacte et
physiciens de la pertinence de l’approche laser pour Hɝ FDFHJU¤FH¢ ceaux d’électrons de grande énergie.
accélérer des particules à travers un plasma ne fut pas l’interaction entre
chose facile, mais cette récente succession de récom- une impulsion laser Expériences fondatrices
GHWUªVJUDQGH
penses prouve que notre démarche suscite aujourd’hui Dans la foulée de ces résultats inédits, le chercheur
LQWHQVLW«HWXQJD]
XQY«ULWDEOHHQJRXHPHQWb}, reconnaît le physicien. produisant un français décide de réorienter ses travaux vers la thé-
La perspective d’utiliser un laser pour accélérer des plasma. matique naissante des accélérateurs laser-plasma. À
électrons ou des protons remonte au début des années l’époque, la plupart des lasers sont encore de véritables
1990. À l’époque, Victor Malka étudie la fusion thermo- FUSION mastodontes qui permettent de réaliser, au mieux, un
THERMONUCLÉAIRE
nucléaireɋDX/DERUDWRLUHSRXUOȇXWLOLVDWLRQGHVODVHUV tir toutes les 40 minutes. Victor Malka est toutefois
phénomène, à
intenses 3 (Luli). Confronté à l’inertie de cette recherche l’œuvre dans le persuadé que l’emploi d’appareils plus compacts et
de très haute volée, nécessitant un dispositif expéri- soleil, par lequel fonctionnant à une cadence plus élevée va permettre
mental complexe autour duquel gravitent pléthore de des noyaux d’accroître les performances des accélérateurs laser-
atomiques
VFLHQWLȴTXHVOHMHXQHSK\VLFLHQDGXPDO¢WURXYHUVHV plasma. Le tout nouveau laser du LOA, qu’il rejoint au
s’unissent pour
marques. mb-ȇDLȴQLSDUSUHQGUHFRQVFLHQFHTXHODIXVLRQ former un noyau G«EXWGHVDQQ«HVYDOXLRULUOȇRXWLOLG«DOSRXU
QXFO«DLUHRUDLWWURSSHXGHSULVHVXUPRQSURSUHWUD plus lourd. UHOHYHUFHG«ȴ$XVHLQGHOȇ«TXLSHmb6RXUFHVGHSDUWL
vail d’investigation, ce qui allait à l’encontre de l’idée FXOHVODVHUb}TXȇLOPHWLPP«GLDWHPHQWVXUSLHGOHVU«
GȇDXWRQRPLHTXHMHPHIDLVDLVGXP«WLHUGHFKHUFKHXUb}, sultats marquants ne vont pas tarder à se succéder. En
se souvient Victor Malka, dont la carrière prend un tour OHVVFLHQWLȴTXHVSDUYLHQQHQWWRXWGȇDERUG¢SUR
nouveau vers 1994. Cette année-là, en collaboration duire des faisceaux d’électrons à haut niveau d’énergie
avec une équipe de l’Imperial College London et de en faisant traverser un plasma par une impulsion laser
CNRS LE JOURNAL
6
EN PERSONNE
VXɝ VDPPHQWUHPDUTXDEOHVSRXUTXȇLOVIDVVHQWOȇREMHW
GȇXQHSXEOLFDWLRQVFLHQWLȴTXH, constate-t-il. Quant aux
applications concrètes, elles sont plus que jamais à
SRUW«HGHPDLQb}
&HWWHWHFKQRORJLHSRXUUDLWHQHHW¬WUHHPSOR\«H
d’ici peu dans le secteur de la sécurité industrielle pour
visualiser en trois dimensions et à haute résolution les
© J. BARANDE/ÉCOLE POLYTECHNIQUE
Claude Lorius
distingué aux États-Unis
Glaciologie. Claude Lorius a reçu le 4 mai 2017 le Quelle serait aujourd’hui la recherche sur le
changement climatique sans le travail de Claude
prestigieux prix américain Bower, pour ses travaux
Lorius et de ses collaborateurs ?
sur le climat. Retour sur une carrière hors norme J. C. : /DVFLHQFHGHVFDURWWHVGHJODFHTXH&ODXGHDODQF«H
DYHFVRQFRQIUªUH-«U¶PH&KDSSHOOD]¢VHVF¶W«V en France, a largement contribué à notre compréhension
lors de la cérémonie à Philadelphie. des mécanismes régulant le climat terrestre en conditions
naturelles, mais aussi à mettre en perspective l’impact des
3$56$0$1086$&&+Ζ2 activités humaines.
Vous avez accompagné aux États-Unis Claude Quels sont les projets qui poursuivent aujourd’hui
/RULXVODXU«DWGXmb%RZHU6FLHQFH$ZDUG}SRXU FHVWUDYDX[ɋ"
ses recherches pionnières sur le changement J. C. : Cette science demeure bien vivante ! Aujourd’hui,
climatique. Cette nouvelle récompense vient QRWUHFRPPXQDXW«WHQWHGHORFDOLVHUHQ$QWDUFWLTXHGH
s’ajouter à un palmarès impressionnant… la glace formée il y a 1,5 million d’années. L’objectif est
Jérôme Chappellaz1 : Oui, Claude Lorius a déjà reçu de Gȇ«WXGLHUODWUDQVLWLRQFOLPDWLTXHTXLVȇHVWSURGXLWHLO\D
nombreux témoignages de reconnaissance. En France, HQYLURQPLOOLRQGȇDQQ«HV1RXVHVS«URQVSRXYRLUGRFX
avec la médaille d’or du CNRS en 2002, conjointement menter pour la première fois avec précision l’évolution
G«FHUQ«H¢-HDQ-RX]HOVRQFRPSOLFHVFLHQWLȴTXH0DLV comparée du CO2 HWGȇDXWUHVJD]¢HHWGHVHUUHTXLSRXU
aussi sur le plan international, avec les prix Tyler, Blue raient être responsables de ce changement majeur.
Planet, Balzan... Cette nouvelle *UHQREOHQRXVDERUGRQVFHWWHTXHVWLRQGHPDQLªUH
récompense revêt toutefois une très innovante. Dans le cadre de mon projet ERC « Ice &
saveur particulière, par la liste /DVHUV}QRXVDYRQVFRQ©XXQHVRQGHHPEDUTXDQWXQ
LPSUHVVLRQQDQWHGHVFLHQWLȴTXHV VSHFWURPªWUHODVHU/ȇLG«HHVWGHIRUHUOHJODFLHUDQWDUF
de haut vol déjà récompensés par WLTXHHQGHX[PRLVHWGȇREWHQLUOHVLQIRUPDWLRQVFRQȴU
l’institut Franklin depuis 200 ans PDQWOȇH[LVWHQFHGHJODFHVXɝ VDPPHQWDQFLHQQHPDLV
7HVOD(LQVWHLQ0DULH&XULH aussi de recueillir tout de suite une partie des données
mais aussi compte tenu du principales.
FRQWH[WHFOLPDWRVFHSWLTXHH[SUL La science des carottes glaciaires évolue aussi dans sa
k)21'6/25Ζ86&1563+2727+(48(
CNRS LE JOURNAL
8
EN PERSONNE
/b HMXLQOHVWXGLRGHOD0DLVRQGHODUDGLR¢3DULV
DFFXHLOODLWODȴQDOHQDWLRQDOHGHm0DWKªVHHQ
bVHFRQGHV}RUJDQLV«HSDUOD&38HWOH&1566HL]H
LQWHUQDWLRQDOm7KH&RVPHWLF9LFWRULHV}TXL
récompense des porteurs de projets innovants de la
ȴOLªUHSDUIXPHULHFRVP«WLTXH'LUHFWHXUGHUHFKHUFKH
doctorants, issus des universités et regroupements &156DXVHLQGX*URXSHGHUHFKHUFKHVVXU
universitaires français, ont présenté leur travail de recherche l’énergétique des milieux ionisés1*UHPL¢2UO«DQV
en trois minutes chrono. Représentante de la Communauté il se voit distingué pour son projet PlasmaJets, un
XQLYHUVLW«*UHQREOH$OSHV6DEULQD)DGORXQHVWODJUDQGH appareillage à base de plasma permettant des
JDJQDQWHGHFHWWHȴQDOHDSUªVDYRLUHPSRUW«OHSUHPLHUSUL[ traitements de la peau à visée anti-âge.
du jury et le prix du public pour la 1.8QLW«&1568QLYGȇ2UO«DQV
présentation de sa thèse « Étude d’un
SURF«G«GHG«S¶WGHFXLYUHSDU02&9'
pour la réalisation de vias traversants à
fort facteur de forme pour l’intégration
'}$YHF'DYLQD'HVSODQȴQDOLVWHGX '(8;120Ζ1$7Ζ216(15*Ζ216
UHJURXSHPHQWXQLYHUVLW«3DULV6HLQHHW Gabrielle Inguscio est la nouvelle déléguée régionale
deuxième prix du jury, elle représentera pour la circonscription Bretagne et Pays de la Loire.
OD)UDQFHORUVGHODȴQDOHLQWHUQDWLRQDOH Elle remplace Clarisse Lefort-David, devenue déléguée
GXFRQFRXUVTXLVHWLHQGUD¢/LªJHHQ régionale de la circonscription Paris-Villejuif. Par
k*+Ζ6/$Ζ107&38&156
pris la tête de l’Institut de suite de Patrice Bourdelais. Membre du national des sciences
chimie (INC), succédant à Centre Roland-Mousnier, cet ancien élève mathématiques et de leurs interactions
Dominique Massiot. de l’ENS enseigne à Paris-Sorbonne. (Insmi). Professeur à l’université Paris-Sud
Ingénieur de l’École Spécialiste de l’histoire comparée de la depuis 2002, spécialiste d’analyse
nationale supérieure de société et de la famille en Europe à l’époque harmonique, ayant contribué à la théorie
chimie de Paris et moderne, il étudie aussi l’histoire des des ondelettes et aux équations aux
docteur en chimie sociétés américaines de la période dérivées partielles, il a participé à la
DR
organique de l’université coloniale. Il co-anime une grande enquête démonstration de la conjecture de Kato.
Pierre-et-Marie-Curie, Jacques Maddaluno sur la population de Charleville et travaille Directeur du Laboratoire amiénois de
a mené ses études postdoctorales à en outre à une histoire de la noblesse dans mathématique fondamentale et appliquée
l’université de Stanford (États-Unis) avant le premier empire colonial français. Depuis (2000-2002), il est chargé dès 2006 de
de poursuivre ses travaux au sein des 2010, il a occupé plusieurs fonctions à l’évaluation des laboratoires et des
universités de Rouen et Paris-Descartes. l’INSHS en tant que directeur adjoint formations dans sa discipline au sein du
Ses recherches, qui ont donné lieu à plus VFLHQWLȴTXHHQFKDUJHGHVXQLW«VGȇKLVWRLUH ministère de la Recherche puis devient, de
de 150 articles et un brevet, portent des dossiers liés à la ¢OȇXQGHVG«O«JX«VVFLHQWLȴTXHV
principalement sur la chimie organique, valorisation, à la de l’Agence d’évaluation de la recherche et
la chimie organométallique et la chimie communication et à de l’enseignement supérieur. Membre du
théorique. Après avoir présidé la section 12 OȇLQIRUPDWLRQVFLHQWLȴTXH FRQVHLOVFLHQWLȴTXHGHOȇΖQVPL
k(0$6621&156
UN JOUR AVEC
Louise-Anne Cariou
Ingénieure prévention
et sécurité 3$5/$85Ζ$11(*())52<
11 H
SUIVI DE CHANTIER
Les travaux de modernisation des
cheminées d’extraction et du
1.8QLW«&1568QLYHUVLW«GH5HQQHV(16&GH5HQQHVΖQVDGH5HQQHV2./HV&29OHVSOXVFRQQXVVRQWOHEXWDQHOHWROXªQHOȇ«WKDQRO
DOFRRO¢rOȇDF«WRQHHWOHEHQ]ªQH3.5)RUFH5«GXLUH5«XWLOLVHU5«SDUHU5HF\FOHU
CNRS LE JOURNAL
10
EN PERSONNE
Nomination
Michel Mortier
délégué général à la
sécurité n’a pas hésité à chausser
GHVOXQHWWHVEOHXHVHW¢VRXɞ HU
EUHWRQ/RXLVH$QQHVRXKDLWHVȇDVVX
UHUTXȇDXFXQHWUDFHGHIRUPDOG«K\GH
valorisation du CNRS
GHVSLªFHVGHYHUUHGXUDQWXQHVH IRUPROXWLOLV«QRWDPPHQWSDUOHV
PDLQH&RQFOXVLRQɋFȇHVWODSRVLWLRQ
le port de charge et la répétitivité
chercheurs pour conserver des
plantes, ne se retrouve dans le milieu,
M
b ichel Mortier a été nommé en juin
délégué général à la valorisation
du CNRS par Alain Fuchs, président de
GHVPRXYHPHQWVTXLVRQWHQFDXVH et mettre en place, si nécessaire, des
$XMRXUGȇKXLJU¤FH¢ODW«QDFLW«GH PHVXUHVGHSU«YHQWLRQ&HWWHIRLVFL l’organisme. Sa mission : assurer
/RXLVH$QQHGHODP«GHFLQHGHSU« c’est pour la délégation régionale le pilotage et la coordination de
YHQWLRQHWGHVWXWHOOHVGHX[H[RV CNRS Bretagne et Pays de la Loire l’ensemble des activités du CNRS en
TXHOHWWHVRQW«W«LQVWDOO«VGDQVOHV TXȇHOOHLQWHUYLHQW3DUDOOªOHPHQW¢ matière de valorisation et de transfert.
ateliers pour soutenir le bras des l’Institut, la jeune femme consacre en Michel Mortier, 51 ans, était depuis
VRXɞ HXUVGHYHUUHHWDFFRPSDJQHU HHWbGHVRQWHPSV¢ODU«JLRQ janvier 2012 conseiller du président
tous leurs gestes. mb'HSXLVOHVGRX lui apportant son expertise en sur les politiques de sites et plus
OHXUVDUWLFXODLUHVVRQWSDUWLHVɋb} se ULVTXHV FKLPLTXHV PDLV DXVVL HQ VS«FLȴTXHPHQWHQFKDUJHGHVUHODWLRQV
U«MRXLWHOOH radioprotection. avec l’Idex de Bordeaux. Entre 2010
et 2011, il avait été chargé de mission
auprès d’Alain Fuchs sur les questions
14 H 30 17 H d’innovation et de valorisation de la
EXPERTISE RÉGIONALE MISSION RECYCLAGE recherche en lien avec le programme
3DVOHWHPSVGHVHSRVHU/RXLVH La journée se calme enfin… ou d’investissements d’avenir.
$QQH&DULRXDUHQGH]YRXVVXUOHVLWH SUHVTXH8QFROOªJXHSDVVHXQHW¬WH Directeur de recherche au CNRS et
de l’École nationale supérieure de dans son bureau pour lui demander spécialiste des matériaux inorganiques
FKLPLHGH5HQQHVȂTXLK«EHUJH¢ comment transporter des produits pour l’optique et la photonique, Michel
TXHOTXHVE¤WLPHQWVGHGLVWDQFHGHV FKLPLTXHVV\QWK«WLV«VHQODERUD
Mortier dirige l’Institut de recherche de
«TXLSHVGHOȇXQLW«ȂSRXU\OLYUHUGHV WRLUHYHUV7RXORXVH/RXLVH$QQH
chimie Paris1. Entre 2010 et 2013, il a été
ȵDFRQVGȇHɞ
XHQWVSU«OHY«VGDQVOȇHQ OȇDLJXLOOHYHUVOȇXQLW«8OLVVHGX&156
directeur du département Henri-
vironnement d’un autre laboratoire VS«FLDOLV«HGDQVOHWUDQVSRUWGHPD
Moissan, une fédération de plusieurs
WLªUHVGDQJHUHXVHVHWSHXWG«VRU
laboratoires de recherche situés au sein
mais s’atteler à la rédaction de ses
de Chimie ParisTech.
comptes rendus. Elle doit travailler
sur la gestion des déchets du labo Succédant à Nicolas Castoldi, nommé
avec le groupe de travail RForce4 3 , directeur adjoint du cabinet de
TXȇHOOHDPLVHQSODFHQRWDPPHQW Frédérique Vidal, ministre de
DYHFVRQFROOªJXH*LOOHV$OFDUD]U«I« l’Enseignement supérieur, de la
UHQWmbG«FKHWVFKLPLTXHVb}GXODER Recherche et de l’Innovation, Michel
ratoire. mb2QHVVD\HSDUH[HPSOHGH Mortier devient membre du directoire
UHF\FOHUFHUWDLQVSURGXLWVSRXUOLPL du CNRS aux côtés du président, de la
ter leur impact sur l’environnement. directrice générale déléguée à la
2QG«FRQWDPLQH«JDOHPHQWGXPD science, Anne Peyroche, du directeur
W«ULHO«OHFWULTXHHW«OHFWURQLTXHDȴQ général délégué aux ressources,
TXȇLOSXLVVH¬WUHSULVHQFKDUJHSDUOD Christophe Coudroy, et de la directrice
ȴOLªUHFODVVLTXHGHWUDLWHPHQWGHV de cabinet, Marie-Hélène Beauvais.
déchets H[SOLFLWH /RXLVH$QQH
Cariou. Cela limite les pollutions sur
k3+2726/*())52<
k0(65Ζ;53Ζ&785(6
supérieur, de la Recherche et
LAURÉATE DE L’INSTITUT
GHO×,QQRYDWLRQ7LWXODLUHG×XQ DE FRANCE
© ARTFOTOSWEB
doctorat en sciences de la vie, Le 7 juin ont été remis les grands prix des
elle rejoint l’université de Nice fondations de l’Institut de France. Tatiana
en 1995 comme maître de conférences et Giraud, directrice de recherche au CNRS,
devient professeure des universités en DUH©XOHJUDQGSUL[VFLHQWLȴTXHGHOD
6HVUHFKHUFKHVSRUWHQWVXUOD Fondation Louis D. Directrice adjointe du laboratoire Écologie,
génétique moléculaire, avec la mise en V\VW«PDWLTXHHW«YROXWLRQ1, médaille d’argent du CNRS en 2015,
SODFHGHPRG¨OHVFHOOXODLUHVHWDQLPDX[ elle étudie les mécanismes permettant aux organismes
d’évoluer et de s’adapter aux changements environnementaux,
DYHFSRXUPRGªOHELRORJLTXHOHVFKDPSLJQRQV6HVWUDYDX[RQW
permis de mieux comprendre comment émergent les nouvelles
maladies de plantes dans les écosystèmes naturels et agricoles.
Parmi les autres récompenses, le grand prix d’archéologie de
la Fondation Del Duca a distingué le programme de recherche
Cédric Villani à la tête de l’Opecst Thanar mené depuis 2002 sur l’île de Thasos, en Grèce.
Le 13 juillet, le mathématicien Cédric Villani, médaille Fields 2010 'LULJ«HVSDU$UWKXU0XOOHUDXODERUDWRLUH+LVWRLUHDUFK«RORJLH
HWG«SXW«GHOȇ(VVRQQHD«W««OX¢ODSU«VLGHQFHGHOȇ2ɝ FH OLWW«UDWXUHGHVPRQGHVDQFLHQV+DOPD 2 , les fouilles menées
SDUOHPHQWDLUHGȇ«YDOXDWLRQGHVFKRL[VFLHQWLȴTXHV en collaboration avec l’université d’Athènes et sous l’égide de
HWWHFKQRORJLTXHV2SHFVW&RPSRV«HGHbG«SXW«VHW l’École française d’Athènes et du ministère de la Culture grec
bV«QDWHXUVFHWWHG«O«JDWLRQSDUOHPHQWDLUHDSRXUPLVVLRQ
RQWOLYU«GHVG«FRXYHUWHVVXUFHVLWHDQWLTXHH[FHSWLRQQHO
mbGȇLQIRUPHUOH3DUOHPHQWGHVFRQV«TXHQFHVGHVFKRL[GH
FDUDFWªUHVFLHQWLȴTXHHWWHFKQRORJLTXHDȴQQRWDPPHQW 1.&156XQLY3DULV6XG28QLW«&1568QLY&KDUOHVGH*DXOOH0LQGHOD&XOWXUHHW
d’éclairer ses décisions ». de la communication/Inrap.
Un chercheur
distingué Disparition de Gérard Férey,
au Canada médaille d’or 2010 du CNRS
Lluis Mir, directeur du
laboratoire Vectorologie
et thérapeutiques G
b «UDUG)«UH\VȇHVW«WHLQWOHbDR½W1«HQ
ce chimiste, spécialiste mondial des solides poreux,
avait reçu la médaille d’or du CNRS en 2010 pour ses travaux
anticancéreuses1, a reçu
sur ces matériaux aux multiples applications pour
en août la médaille d’or
l’environnement (comme le piégeage du CO2RXODVDQW«
Balthasar van der Pol, SRXUOȇHQFDSVXODWLRQGHP«GLFDPHQWV0HPEUHGH
à Montréal. Ce prix l’Académie des sciences, lauréat de nombreux prix
récompense notamment prestigieux, il avait notamment mis au point, avec son
k)3/$6&1563+2727+(48(
8QLW«&1568QLY3DULV6XGΖQVWLWXW
Lire son portrait sur lejournal.cnrs.fr
*XVWDYH5RXVV\
CNRS LE JOURNAL
12
GRAND FORMAT
CNRS LE JOURNAL
14
AÉRONAUTIQUE
Sur la piste de
l’avion du futur
Les avions font partie de ces objets qui concentrent le
génie humain. Même si leur allure nous semble presque
inchangée depuis cinquante ans, elle cache des évolu-
tions impressionnantes auxquelles une centaine de labo-
ratoires du CNRS a largement contribué. Tous ces engins
SURȴWHQWDXMRXUGȇKXLGHQRXYHDX[PDW«ULDX[GHVWUXF
WXUHVSOXVȴDEOHVHWDOO«J«HVGȇ«FRXOHPHQWVRSWLPLV«V
GHOȇDLUDXWRXUGHVDLOHVGȇXQHPHLOOHXUHFRPEXVWLRQ
GDQVOHVWXUERU«DFWHXUVGȇXQHGLPLQXWLRQGXEUXLWGHV
émissions nocives et de la consommation de carburant,
GȇXQPHLOOHXUFRQWU¶OHGXJLYUDJH
GȇXQIUHLQDJHSOXVSHUIRUPDQWRX
Yves Rémond
HQFRUHȂQȇHQMHWH]SOXVɋȂGȇXQHDLGH
est professeur de
au pilotage optimisée. Structure, mécanique des
PRWRULVDWLRQV\VWªPHVHPEDUTX«Vɋ matériaux,
FHVWURLVFRPSRVDQWHVGHOȇDYLRQ polymères et
GȇXQFR½WVLPLODLUHRQWWRXWHVE«Q« composites à
ȴFL«GHVDYDQF«HVGHODUHFKHUFKH
DR
OȇXQLYHUVLW«GH
Strasbourg (ECPM). Il est directeur
© FISHEROS/FOTOLIA
“recherches
Les dernières
en carbone-carbone, capables de WHXUVGȇDYLRQG«YHORSS«SDU6DIUDQHW*HQHUDO(OHFWULF
JDUGHUOHXUVSURSUL«W«VMXVTXȇ¢ est un bel exemple de progrès fondé sur des recherches
brb&HWGȇ«YDFXHUHQTXHOTXHV menées depuis des décennies par les laboratoires du
VHFRQGHV GȇDWWHUULVVDJH WRXWH CNRS avec ses partenaires. Permettant de réduire la
Oȇ«QHUJLHFLQ«WLTXHGȇXQDYLRQ
Revers de la médaille, les ma- permettent de FRQVRPPDWLRQGHSUªVGHbHWOHV«PLVVLRQVGȇR[\GHV
GȇD]RWHGHbLO«TXLSHUDODSOXSDUWGHVQRXYHDX[
tériaux composites possèdent des
PRGHVGȇHQGRPPDJHPHQWELHQ prédire la durabilité avions monocouloirs et a déjà été vendu à plus de
bbH[HPSODLUHVFHTXLFRQVWLWXHXQUHFRUG
d’un avion.
”
plus complexes à prévoir que les Terminons par les systèmes embarqués, qui repré-
métaux. Pour ces derniers, déjà, VHQWHQWOȇHQVHPEOHGHV«TXLSHPHQWVLQIRUPDWLTXHVGH
OȇDSSDULWLRQGHȴVVXUHVGXHV¢OD pilotage et de commande, de capteurs, radios, radars,
IDWLJXHQȇD«W«FRPSULVHTXHWDU HWFHWGRLYHQWU«VLVWHUDYHFXQHȴDELOLW«DEVROXH¢WRXWHV
GLYHPHQW&ȇHVWHQHHWVXLWH¢GHVLPSORVLRQVGȇDYLRQ OHVFRQWUDLQWHVGXYROɋVHFRXVVHVYLEUDWLRQVIURLGLQWHQVH
HQSOHLQYROGDQVOHVDQQ«HVbTXHGHV«WXGHVRQW ¢OȇH[W«ULHXUFKDOHXUH[WU¬PH¢SUR[LPLW«GHODFRPEXV
SHUPLVGHG«FRXYULUOHU¶OHMRX«SDUODIDWLJXHFȇHVW¢ tion, durée de vie de plusieurs années, résistance aux
GLUHOȇHHWGHVROOLFLWDWLRQVU«S«W«HVTXL¢ODORQJXHJ« intempéries et à la foudre. En outre, ils consomment une
QªUHQWGHVȴVVXUHVDORUVTXHOHVP¬PHVFRQWUDLQWHV «QHUJLHTXȇLOIDXWU«XVVLU¢HPEDUTXHUΖO\DSDUH[HPSOH
appliquées en continu auraient été très bien supportées. GH¢bNLORPªWUHVGHF¤EOHVGDQVXQ$(QȴQ
&HQȇHVWTXȇ¢SDUWLUGHO¢TXHGHVFDOFXOVHQIDWLJXHDSSD toutes les connexions demandent à être sécurisées, ce
rurent systématiquement pour les avions. TXLUHSU«VHQWH«JDOHPHQWXQG«ȴSHUPDQHQWȐUHOHY«
/DSU«VHQFHGHȴVVXUHVGDQVODVWUXFWXUHGȇXQDYLRQ dans de nombreux laboratoires français.
HVWQRUPDOHHWWUªVVXUYHLOO«HPDLVLOVȇDJLWGHSU«YRLU %LHQGȇDXWUHVGRPDLQHVSDUIRLV«WRQQDQWVUHVWHQW
leur propagation, un exercice très complexe qui dépend ¢H[SORUHU&ȇHVWOHFDVQRWDPPHQWGHVHVVDLVVXUmP«
de nombreux paramètres. Les dernières recherches sostructures », qui visent à limiter au maximum le
SHUPHWWHQWGHOȇDQWLFLSHUDYHFSU«FLVLRQHWGRQFGHSU« QRPEUHGȇHVVDLV¢U«DOLVHUSRXUFRQFHYRLUXQQRXYHO
GLUHODGXUDELOLW«GHOȇDYLRQ DYLRQWRXWHQDXJPHQWDQWODTXDQWLW«GȇLQIRUPDWLRQV
3DUDGR[HLQW«UHVVDQWɋOHVPDW«ULDX[FRPSRVLWHVVH REWHQXHV/DUHFKHUFKHDHQFRUHEHDXFRXSGȇLG«HVSRXU
ȴVVXUHQWWUªVW¶WGDQVOHXUYLHPDLVU«VLVWHQWELHQPLHX[ faire voler les avions du futur. II
CNRS LE JOURNAL
16
AÉRONAUTIQUE
Le régime minceur
des avions de ligne
© T. MAMBERTI/SAFRAN
Ζb
ls rendent les avions plus résistants mais aussi plus SRLGVHQPDW«ULDX[FRPSRVLWHV¢OȇLQVWDUGHODGHUQLªUH
légers, et permettent ainsi de réduire leur consomma- YHUVLRQGHVRQQRXYHDXFRQFXUUHQWOȇ$LUEXVb$(QWUH
WLRQ'HSXLVOHVDQQ«HVOHVXFFªVGHVPDW«ULDX[ temps, pourtant, le métal avait largement remplacé toile
composites ne se dément pas. Leur proportion dans la HWEDPERX'DQVOHVDQQ«HVbOHF«OªEUHHWLPSRVDQW
VWUXFWXUHGHVDYLRQVGHOLJQHQHFHVVHHQHHWGH %RHLQJb Qȇ«WDLW OXL FRQVWLWX« TXH GȇDOOLDJHV
FUR°WUHG«SDVVDQWOHVbVXUFHUWDLQVPRGªOHVU«FHQWV GȇDOXPLQLXP
Cantonnée aux pièces secondaires dans un premier mb/HVWUDYDX[VXUOȇXWLOLVDWLRQGHPDW«ULDX[FRPSR
WHPSVERUGVGȇDWWDTXH1, volets mobiles2 , etc.), leur utili- VLWHVGDQVOȇD«URQDXWLTXHRQWG«PDUU«GDQVOHVDQQ«HV
VDWLRQVȇ«WHQGG«VRUPDLVDXIXVHODJHHWDX[DLOHVHW b}, se souvient Olivier Allix, professeur au Laboratoire
P¬PHDX[SDUWLHVOHVSOXVVROOLFLW«HVGHOȇDYLRQFȇHVW¢ de mécanique et technologie4 (LMT-Cachan) et corespon-
dire la liaison ailes-fuselage. m0DLVVDQVODPRG«OLVDWLRQ VDEOHGXODERUDWRLUHFRPPXQ($'6(16mΖQQR&DPSXVb}
et la simulation de pointe développées par les chercheurs mb/HVFRPSRVLWHVGDQVXQDYLRQVRQWSULQFLSDOHPHQW
HWOHVLQJ«QLHXUVOHVPDW«ULDX[FRPSRVLWHVQȇDXUDLHQW FRQVWLWX«VGȇXQHPDWULFHRUJDQLTXHUHQIRUF«HSDUGHV
pas prospéré aussi rapidement », souligne Francisco ȴEUHVGHFDUERQHSRXUOHVSLªFHVGHODVWUXFWXUHFRPPH
&KLQHVWDFKHUFKHXU¢OȇΖQVWLWXWGHFDOFXOLQWHQVLIHW¢OȇΖQV le fuselage ou les ailes, précise le chercheur. Outre leur
titut de recherche en génie civil et mécanique3 (GeM). O«JªUHW«OHXULPPHQVHDYDQWDJHHVWGȇ¬WUHLQVHQVLEOHV¢
ODFRUURVLRQHWWUªVSHXVHQVLEOHV¢ODIDWLJXH¢ODGL«
L’envol des nouveaux matériaux rence des métaux. On voit également émerger des com-
$YHFVDIRUPHGHFKDXYHVRXULVJ«DQWHHWXQSRLGVQȇH[ posites à matrice en céramique, restreints à certaines
F«GDQWSDVOHVNLORJUDPPHVÉoleOȇDYLRQFRQ©XSDU pièces de moteur, et seuls à même de supporter de fortes
OȇLQJ«QLHXU&O«PHQW$GHUSRXYDLWVȇ«OHYHUGH WHPS«UDWXUHVb}(QȴQGHVDUFKLWHFWXUHVWLVV«HVWUªVU«VLV
bFHQWLPªWUHVDXGHVVXVGXVROVXUSUHVTXHbPªWUHV WDQWHVDX[LPSDFWVVRQWDXMRXUGȇKXLXWLOLV«HVGDQVXQ
Un avion doublement précurseur puisque sa structure, moteur comme le LEAP de Safran, qui permet des gains
de bois et de tissu, intégrait déjà des matériaux compo- GHFRQVRPPDWLRQHWGHSROOXWLRQGHOȇRUGUHGHb
VLWHVQDWXUHOV(QVRLWbDQVDSUªVOHSUHPLHUYRO Sur le plan mécanique, et dans des conditions nor-
GȇÉoleOH%RHLQJbIHQGOHVDLUVDYHFODPRLWL«GHVRQ males de vol, ces matériaux montrent des propriétés …
1.ΖOVȇDJLWGHODVXUIDFHVDLOODQWH¢OȇDYDQWGȇXQHDLOHVXUODTXHOOHOȇDLUYLHQWVHGLYLVHUSRXUVȇ«FRXOHUGHSDUWHWGȇDXWUHGHOȇDLOH$FWLRQQ«VHQERXWGȇDLOHRX¢OȇDUULªUHGH
OȇHPSHQQDJHLOVSHUPHWWHQWDXSLORWHGHGLULJHUOȇDSSDUHLOGDQVOHVDLUV Unité CNRS/Univ. de Nantes/École centrale de Nantes. 4. Unité CNRS/ENS Paris-Saclay/UPMC.
OHQWVORUVGȇXQHFROOLVLRQHQYRODYHF
des oiseaux ou des projectiles est
&RQWU¶OHGȇXQHDXEHIDEULTX«HSDU
WLVVDJHHQ'GHȴEUHVGHFDUERQH
destinée au moteur LEAP, au centre
6DIUDQGȇΖWWHYLOOH(VVRQQH
/HmbSOXJ$5&2&(b} RQW«W«FRQ©XVDXVHLQGHOȇΖQVWLWXWOȇLQVWDUGHODVWDUW
XQF¶QHGȇ«MHFWLRQ up Aurock,mFU««HSDUGȇDQFLHQVGRFWRUDQWVGXODERUD
en composite à toire, qui propose aux industriels un processus de mise
matrice
HQIRUPHRULJLQDOHW«FRQRPLTXH¢OȇDLGHGHPRXOHVHQ
céramique, a
E«WRQȴEU«}témoigne Philippe Olivier.
HHFWX«VRQ
premier vol en /ȇXQGHVIDFWHXUVOLPLWDQWVSRXUOȇXVLQDJHGHVSLªFHV
VXUXQ$ FRPSRVLWHVHVWOHWHPSVGHFKDXDJHQ«FHVVDLUHSRXU
OHXULPSULPHUOHXUIRUPHG«ȴQLWLYHm3RXUDFF«O«UHUOD
FDGHQFHQRXVDYRQVGȇDXWUHVPDFKLQHVHQFRXUVGȇ«YD
luation »LQGLTXHOHFKHUFKHXU'XFKDXDJHSDULQGXF
WLRQXOWUDUDSLGHDX[LQIUDURXJHVHQSDVVDQWSDUOHmbIRU
PDJHVXSHUSODVWLTXHb}HPERXWLVVDQWXQHSLªFHSDU
© SAFRAN
VLPSOHSUHVVLRQGHJD]FHVRQWDXWDQWGHSLVWHVSRXUIDLUH
EDLVVHUOHFR½WWRXWHQU«GXLVDQWOHF\FOHGHSURGXFWLRQ
CNRS LE JOURNAL
18
AÉRONAUTIQUE
5.8QLW«&1568QLYGH7RXORXVH3DXO6DEDWLHUΖQVD7RXORXVHΖQVWLWXWVXS«ULHXUGHOȇD«URQDXWLTXHHWGHOȇHVSDFHFROHGHVPLQHVGȇ$OEL&DUPDX[
(OOHD«W«IRUPXO«HHQSDUOȇLQJ«QLHXUHWFRIRQGDWHXUGȇΖQWHO*RUGRQ(0RRUH&ȇHVWXQHORLGLWHmbH[SRQHQWLHOOHb}ɋHOOHSU«GLWOHGRXEOHPHQW
DQQXHOGHVFDSDFLW«VGHVPLFURSURFHVVHXUVGȇRUGLQDWHXU¢FR½WFRQVWDQW
/HVDYLRQVGȇDXMRXUGȇKXLVRQW
WUX«VGȇRUGLQDWHXUV/HV
VFLHQWLȴTXHVVRQWDX[DYDQW
SRVWHVSRXUVȇDVVXUHUGHOHXU Poste de pilotage de
bon fonctionnement et les Oȇ$LUEXV$¢OȇD«URSRUW
de Paris-Charles-de-Gaulle.
prémunir contre les bugs.
© G. ROLLE/REA
Objectif sûreté pour les
logiciels embarqués
&
b
ommandes de vol, pilote automatique, com- mb/ȇLG«HHVWDXVVLSXLVVDQWHTXHGHQ«JOLJHUOHVIURW
PXQLFDWLRQVHQWUHODPDFKLQHHWOȇ«TXLSDJHȐ tements en mécanique,H[SOLTXH0DUF3RX]HWGXG«SDU
ERUGGȇXQDYLRQGHQRPEUHX[«O«PHQWVORJL WHPHQWGȇLQIRUPDWLTXHGHOȇFROHQRUPDOHVXS«ULHXUH1
FLHOVVRQWFULWLTXHVHWQȇRQWDXFXQGURLW¢OȇHU (DI ENS). On sait bien que cela ne décrit pas la réalité,
UHXU'HSXLVDQVOHXUV½UHW«GRLWEHDXFRXS mais cela permet de construire une théorie robuste sur
à la communauté informatique française, championne ODTXHOOHVȇDSSX\HUb}(QOȇRFFXUUHQFHLFLGȇ«FULUHGHV
GHVODQJDJHVG«GL«VDXFRQWU¶OHFRPPDQGHHWGHVORJL programmes indépendamment des processeurs sur
ciels anti-erreur. lesquels ils seront exécutés.
Cette idée est notamment au cœur du langage
8QODQJDJHDGDSW«DX[ȵRWVGHGRQQ«HV /XVWUHG«YHORSS«SDU1LFRODV+DOEZDFKVHW3DXO&DVSL
7RXWFRPPHQFHGDQVOHVDQQ«HVSDUXQHLQWXLWLRQ du laboratoire Verimag 2 6DIRUFHɋ"mbΖODODP¬PHORJLTXH
géniale de plusieurs informaticiens. Les spécialistes le que celle adoptée par les automaticiens, habitués à rai-
VDYHQWELHQXQORJLFLHOGLWGHmFRQWU¶OHFRPPDQGH} VRQQHUHQWHUPHVGHȵRWVGHGRQQ«HVWUDYHUVDQWGHV
doit prendre périodiquement des décisions en un temps FRPSRVDQWV«OHFWURQLTXHVb}SU«FLVH1LFRODV+DOEZDFKV
OLPLW«¢SDUWLUGȇXQȵRWFRQWLQXGȇLQIRUPDWLRQVH[W« &ȇHVWODUDLVRQSRXUODTXHOOHLOHVWUDSLGHPHQWDGRSW«SDU
ULHXUHV/ȇLG«HIXWGHSURJUDPPHUFHORJLFLHOGHWHOOH Airbus pour la programmation des commandes de vol
VRUWHTXȇLOWUDLWHFHȵRWGHPDQLªUHVLPXOWDQ«HSOXW¶WTXH de ses avions. Sous sa forme industrialisée, Lustre de-
séquentielle. Les langages synchrones étaient nés. vient le logiciel SCADE, utilisé par la suite pour
CNRS LE JOURNAL
20
AÉRONAUTIQUE
/LUHDXVVLOHSRUWUDLWGȇ$OL=ROJKDGUL
P«GDLOOHGHOȇLQQRYDWLRQ
du CNRS, sur lejournal.cnrs.fr
&HWH[SHUWGHOȇDXWRPDWLTXHHVW
¢OȇRULJLQHGȇXQDOJRULWKPH
LPSRUWDQWXWLOLV«VXUOȇ$
“desLaavions
sûreté
Prévenir les bugs et les pannes GȇXQEXJSRWHQWLHOIDLW«JDOHPHQW
3DUDLOOHXUVFRPPHQWJDUDQWLUTXȇXQORJLFLHOGHFRQWU¶OH OȇREMHWGȇLPSRUWDQWVWUDQVIHUWVWHFK
FRPPDQGHVHFRPSRUWHFRUUHFWHPHQWɋ"/DU«SRQVHHVW
donnée par le logiciel Astrée, spécialisé dans les risques
doit QRORJLTXHV(QȴQOȇH[WHQVLRQGȇ$V
trée à des preuves de sécurité – vul-
Gȇ«FULWXUHDXPDXYDLVHQGURLWGHGLYLVLRQSDU]«URGH
SUREOªPHVOL«VDX[RS«UDWLRQVHQYLUJXOHȵRWWDQWHHW
beaucoup à Q«UDELOLW«GȇXQSURJUDPPHIDFH¢GHV
attaques extérieures, robustesse
autres sources potentielles de plantage. mb'DQVOȇDEVROX
RQVDLWGHSXLV7XULQJTXȇXQHWHOOHDPELWLRQHVWYRX«H¢ la communauté GȇXQHSODWHIRUPHLQIRUPDWLTXHTXHO
TXHVRLWOHORJLFLHOTXȇRQ\LQVWDOOHȐȂ
Oȇ«FKHF, relativise David Monniaux, lui aussi chercheur à
9HULPDJHWLPSOLTX«GDQVOHG«YHORSSHPHQWGȇ$VWU«H informatique HVWXQGRPDLQHWUªVDFWLIb} II M. G.
française.
”
Mais dans le cadre plus restreint des programmes de
FRQWU¶OHFRPPDQGH$LUEXVQRXVDGȇDERUGVROOLFLW«V
SRXUXQHSUHXYHGHFRQFHSWb}
1. Unité CNRS/ENS Paris/Inria. Unité CNRS/Univ. Grenoble-Alpes/Grenoble INP. Un traitement massivement parallèle consiste à utiliser un
JUDQGQRPEUHGHSURFHVVHXUVSRXUHHFWXHUXQHQVHPEOHGHFDOFXOVVLPXOWDQ«PHQW4. Unité CNRS/Université de Poitiers/Université de Limoges.
La quête du
moteur idéal
Les moteurs à réaction des avions de ligne consomment
PRLQVIRQWPRLQVGHEUXLWHWRQWXQHȴDELOLW«DFFUXH
*URVSODQVXUOHVDP«OLRUDWLRQVU«FHQWHVU«DOLV«HVJU¤FH
au lien étroit entre laboratoires et industriels, et sur les
SURFKDLQVG«ȴV¢UHOHYHU
© C. ABAD/CAPA PICTURES/SAFRAN
3b
RXUIHQGUHOHVFLHX[LOIDXWVDYRLUVȇDSSX\HUVXU Pourtant, la chambre de combustion ne représente
OȇDLU(WVDQVXQHSURSXOVLRQHɝFDFHODSRUWDQFH TXȇXQHWRXWHSHWLWHSDUWLHGHVLPSRVDQWVWXUERU«DF
QȇHVWULHQ6\PEROHGHFHFRXSODJHHVVHQWLHOOHV WHXUV(OOHSUHQGODIRUPHGȇXQIR\HUDQQXODLUHSURFKHGH
DYLRQVFLYLOVDɝ FKHQWVRXVOHXUVDLOHVGȇLPSR ODWDLOOHGȇXQHURXHGHYRLWXUH5LHQ¢YRLUWRXWHIRLVDYHF
VDQWVPRWHXUV¢U«DFWLRQ&HX[FLVRQWOHWK«¤WUH la chambre de combustion des moteurs à explosion qui
GHSK«QRPªQHVFRPSOH[HVTXHOHVVFLHQWLȴTXHVYHXOHQW «TXLSHQWQRVDXWRPRELOHVɋmbOȇLQYHUVHGȇXQPRWHXU¢
toujours plus maîtriser et optimiser. Dans ce domaine, H[SORVLRQR»ODFRPEXVWLRQVHIDLWGHID©RQF\FOLTXHDYHF
OH&156DWLVV«XQSDUWHQDULDWHɝ FDFHDYHFOȇLQGXVWULH XQDOOXPDJH¢FKDTXHF\FOHFHOOHGȇXQWXUERU«DFWHXUGRLW
Tant et si bien que le groupe Safran, qui a connu le plus ¬WUHDVVXU«HHQSHUPDQHQFH&ȇHVWXQSUREOªPHFRP
JUDQGVXFFªVFRPPHUFLDOGHOȇDYLDWLRQFLYLOHDYHFVRQ SOH[HFDUODȵDPPHGRLW¬WUHVWDELOLV«HGDQVXQ«FRXOH
F«OªEUH&)0HQUHJLVWUDLWȴQMXLQSOXVGHbFRP PHQW¢JUDQGHYLWHVVHb} explique Sébastien Candel. Pour
mandes pour son nouveau moteur LEAP, aboutissement FHIDLUHOHVFKHUFKHXUVHWOHVLQGXVWULHOVQȇRQWHXGH
de recherches de longue haleine. cesse de rendre la solution de plus en plus élégante et
mb/H/($3D«W«FRQ©XFRPPHOH&)0HQSDUWHQD SHUIRUPDQWHɋmb3RXUQRXVOȇREMHFWLIHVWGRXEOHDVVXUHU
ULDWDYHF*HQHUDO(OHFWULFΖOHVWOHIUXLWGȇDYDQF«HVWHFK ¢ODIRLVODVWDELOLW«GHODȵDPPHHWXQHFRPEXVWLRQOD
QRORJLTXHVSRUWDQWVXUFKDTXH«O«PHQWGXPRWHXUb}, plus complète possible avec les émissions de polluants
LQGLTXH6«EDVWLHQ&DQGHOGX/DERUDWRLUHGȇ«QHUJ«WLTXH les plus réduites », souligne-t-il.
moléculaire et macroscopique, combustion1(0&¢ FHWWHȴQODFKDPEUHGHFRPEXVWLRQSRVVªGHXQH
&K¤WHQD\0DODEU\ J«RP«WULHSDUWLFXOLªUHɋmb'ȇXQHSDUWODPXOWLSHUIRUDWLRQ
GHVSDURLVSHUPHWGȇDVVXUHUODWHQXHGHODFKDPEUHPDO
Petite, mais complexe gré les très hautes températures qui existent dans la
Parmi ces éléments, la chambre de combustion joue un ]RQHGHFRPEXVWLRQ'ȇDXWUHSDUWODFRPEXVWLRQHVW
U¶OHPDMHXUɋmb&ȇHVWHOOHTXLIRXUQLW¢ERUGGHOȇDSSDUHLO LQGXLWHSDUXQJUDQGQRPEUHGȇLQMHFWHXUVD«URG\QD
WRXWHOȇ«QHUJLHQ«FHVVDLUHDXYROpoursuit le chercheur. miques qui alimentent la chambre en kérosène et en air.
/ȇ«QHUJLHLVVXHGHODFRPEXVWLRQGXN«URVªQHHWGHOȇDLUHVW $XPR\HQGHSOXVLHXUVYULOOHVOHȵX[GȇDLUHQWUD°QHDYHF
transformée en énergie mécanique pour la propulsion et lui le nuage de gouttelettes de kérosène. Cette rotation
en énergie électrique pour les systèmes de commande de GHOȇ«FRXOHPHQWLQGXLWXQH]RQHGDQVODTXHOOHOHVJD]
YROHWSRXUFHX[TXLDVVXUHQWOHFRQIRUWGHVSDVVDJHUVb} FKDXGVGHODFRPEXVWLRQVRQWPLVHQUHFLUFXODWLRQDȴQ
CNRS LE JOURNAL
22
AÉRONAUTIQUE
“deLakérosène
consommation
PRWHXUHW¢ODGL«UHQFHHQWUHOD réjouit-il.
YLWHVVHGHVJD]«MHFW«VHWODYLWHVVH &HVDYDQF«HVQXP«ULTXHVSURȴWHQWDXVVLDX[LQJ«
GHOȇDLUHQDPRQWGXPRWHXUODYL
WHVVH GH OȇDYLRQ &ȇHVW DXVVL XQ des nieurs. Le logiciel de simulation aux grandes échelles,
$9%3G«YHORSS«SDUOȇ«TXLSHGH7KLHUU\3RLQVRWGX
$QJODLVVLU)UDQN:KLWWOHTXLDX
G«EXWGHVDQQ«HVD\DQWFRP moteurs a été Cerfacs3GHOȇΖ0)74 à Toulouse, et les modèles élaborés
dans les laboratoires du CNRS sont directement parta-
SULVTXȇLOIDOODLWFRPSULPHUOHȵX[
GȇDLUSRXUWLUHUXQWUDYDLO¢SDUWLUGX réduite d’un gés avec les ingénieurs de Safran. Cette boîte à outils est
XQDWRXWSRXUUHOHYHUOHVG«ȴV¢YHQLUɋmb*U¤FH¢GHV
facteur deux.
”
cycle moteur et obtenir la force de DYDQF«HVVFLHQWLȴTXHVHWWHFKQRORJLTXHVOȇLQGXVWULHD
propulsion, avait donné corps au U«XVVL¢U«GXLUHGȇXQIDFWHXUGHX[ODFRQVRPPDWLRQGH
premier turboréacteur. mb'HSXLV N«URVªQHGHVPRWHXUVΖOIDXWFRPSWHUDXMRXUGȇKXLXQ
les premiers brevets de Franck peu plus de quatre litres par passager transporté et par
:KLWWOHODWHFKQRORJLHDEHDXFRXS«YROX«, souligne bNLORPªWUHVVRLWXQRUGUHGHJUDQGHXUFRPSDUDEOH¢
Sébastien Candel, et une distance énorme sépare son FHOXLGȇXQHDXWRPRELOH2UOHSDVVDJHUYROH¢bNLOR
WUDYDLOGHVDUFKLWHFWXUHVDFWXHOOHVb} mètres/heure. Mais on peut encore progresser, notam-
PHQWSRXUU«GXLUHOHV«PLVVLRQVGHGLR[\GHGȇD]RWHHW
Combustion in vitro et in silico GHSDUWLFXOHVGHVXLHb}, estime Sébastien Candel.
Cette complexité grandissante des turboréacteurs a été
UHQGXHSRVVLEOHSDUXQHPD°WULVHDFFUXHGHOȇD«URG\QD Plus gros mais moins bruyant
mique interne, de la mécanique, des matériaux et, bien 0¬PHVL6DIUDQHW$LUEXVRQWDQQRQF«HQOHODQFH
V½UGHODFRPEXVWLRQ(WFHWmbDUWGXIHXb}6«EDVWLHQ ment de recherches sur des moteurs hybrides alliant com-
&DQGHOHWVHVFROOªJXHVGȇ(0&HQRQWDFTXLVXQH bustion et énergie électrique, il demeure pour le moment
connaissance théorique et pratique qui les place au meil- FLOHGHFKDQJHUGHSDUDGLJPHɋmb/ȇ«QHUJLHREWHQXH …
GLɝ
OHXUQLYHDXLQWHUQDWLRQDO(QSUHPLHUOLHXJU¤FH¢XQ
EDQFH[S«ULPHQWDOXQLTXHHQVRQJHQUHɋXQIR\HUDQQX
Unique en son
ODLUHDX[SDURLVHQTXDUW]G«QRPP«0LFFDPLPDQWOD genre, le foyer
SHWLWHFKDPEUHGHFRPEXVWLRQGȇXQU«DFWHXU6DSDUWL Micca (à gauche)
FXODULW«ɋO¢R»OHVPDW«ULDX[HPSOR\«VSRXUOHVU«DFWHXUV a des parois en
GȇDYLRQVRQWRSDTXHVOHTXDUW]ODLVVHSDVVHUODOXPLªUHɋ TXDUW]SHUPHWWDQW
mb2QSHXWDLQVLREVHUYHUODG\QDPLTXHGHFRPEXVWLRQ GȇREVHUYHUOD
DQDO\VHUDXPR\HQGȇHVVDLVOȇDOOXPDJHFLUFXODLUHGXIR\HU combustion.
On voit ici que la
¢SDUWLUGHOȇ«WLQFHOOHGȇXQHERXJLHG«WHUPLQHUOHVP«FD
simulation (à droite)
nismes qui conduisent au couplage entre la combustion
des deux mêmes
et les modes acoustiques du système, explique Sébastien SKDVHVGȇDOOXPDJH
Candel. Le système est idéalisé mais il nous permet de concorde avec la
réaliser des avancées importantes, notamment sur la combustion réelle.
k(0&
TXHVWLRQGHVLQVWDELOLW«VGHFRPEXVWLRQb}
%DQFGȇHVVDLSRXUOȇ«WXGHGHVSHUIRUPDQFHV
aérodynamiques, acoustiques et vibratoires
GȇXQHVRXɞ DQWHGHWXUERU«DFWHXUGDQVOH
FDGUHGHOȇTXLSH[3KDUH
… SDUNLORJUDPPHGHN«URVªQHHVWHQYLURQbIRLVSOXV
élevée que celle qui est stockée dans un kilogramme des
meilleures batteries et, même en tenant compte du ren-
dement thermodynamique, il reste un facteur 15 entre les
GHX[b}, prévient Sébastien Candel. Pour remplacer les
bWRQQHVGHN«URVªQHGȇXQ$LOIDXGUDLWDLQVL
bbWRQQHVGHEDWWHULHV(WOȇDP«OLRUDWLRQGXUDSSRUW
SXLVVDQFHSRLGVHVWOȇREMHFWLISUHPLHUGHVPRWRULVWHVHW
des avionneurs. Les imposants turboréacteurs double
k$&+(=Ζ(5(/0)$/7'66$)5$1
ȵX[TXLVRQWGHYHQXVODQRUPHGDQVOȇDYLDWLRQFLYLOHVRQW
3RVHGȇXQHVWUXFWXUHHQ
de ce point de vue remarquables et semblent donc avoir
QLGGȇDEHLOOHVGHVWLQ«H¢
HQFRUHGHEHDX[MRXUVGHYDQWHX['ȇDXWDQWTXHOȇXWLOLVD piéger les émissions sonores,
WLRQGȇXQGRXEOHȵX[GȇDLUHQHQWU«HFRXSO«¢OȇDXJPHQWD sur le site de Safran au Havre,
WLRQGXGLDPªWUHGHODVRXɞ DQWHDSHUPLVGȇDP«OLRUHUOH spécialisé dans les nacelles
UHQGHPHQWGHGLPLQXHUODFRQVRPPDWLRQHWGȇDWW«QXHU SRXUPRWHXUVGȇDYLRQ
OHEUXLWGȇ«MHFWLRQHQVRUWLHGHU«DFWHXU
FKDTXHG«FROODJHOHVKDELWDQWVVLWX«V¢SUR[LPLW«
des aéroports ont ainsi pu constater une réduction mbGH
SOXVLHXUVGL]DLQHVGHG«FLEHOVDXFRXUVGHVWUHQWHGHU
QLªUHVDQQ«HVb}, indique Daniel Juvé, directeur du Centre
O\RQQDLVGȇDFRXVWLTXHODERUDWRLUHGȇH[FHOOHQFH0DLVOH
SDVVDJHDX[U«DFWHXUVGRXEOHȵX[QȇHVWSDVODVHXOH
explication. Les travaux de Daniel Juvé et de ses collè-
gues du Laboratoire de mécanique des fluides et
GȇDFRXVWLTXH 5 (LMFA) y ont également contribué. mb/D
TXHVWLRQFO«G«VRUPDLVHVWGHVDYRLUVLOȇRQSRXUUDHQ
FRUHEDLVVHUVLJQLȴFDWLYHPHQWFHEUXLWRXVLOȇRQDSSURFKH
GȇXQSODIRQGGHYHUUHSRXUFHVW\SHVGHPRWRULVDWLRQb},
SU«FLVHWLO8QHU«SRQVHGȇDXWDQWSOXVDWWHQGXHTXHOD
réglementation internationale sur les nuisances sonores
© D. JUVE
CNRS LE JOURNAL
24
AÉRONAUTIQUE
simulations numériques intensives, nous sommes par- +HOPKROW]7, piégeant les fréquences sonores ciblées.
venus à mieux comprendre les phénomènes aéro- 0DLVFHWWHDSSURFKHDWWHLQWG«VRUPDLVVHVOLPLWHVɋ
DFRXVWLTXHV¢OȇĕXYUHHW¢SURSRVHUGHVVROXWLRQVSRXU mb/ȇ«YROXWLRQYHUVGHVPRWHXUVGHGLDPªWUHGHSOXVHQ
ODU«GXFWLRQGHVEUXLWVb} SOXVJUDQGVȇDFFRPSDJQHGȇXQHDXJPHQWDWLRQGHEUXLWV
SOXVEDVHQIU«TXHQFHSOXVGLɝ FLOHV¢DWW«QXHU(QSDUDO
Des « pièges sonores » lèle, les contraintes imposées sur la taille des nacelles ne
&HVVROXWLRQVOH/DERUDWRLUHDFRXVWLTXHGHOȇXQLYHUVLW« SHUPHWWHQWSOXVGȇDXJPHQWHUOȇ«SDLVVHXUGHVVWUXFWXUHV
du Maine6 les connaît mieux que personne. mb/ȇLG«HHVW HQQLGGȇDEHLOOHVb}, souligne le chercheur.
VLPSOHXQHIRLVOHVVRXUFHVLGHQWLȴ«HVRQFKHUFKH¢OHV )DFH¢FHWWHLPSDVVHOHODERUDWRLUHGȇ<YHV$XUHJDQ
QHXWUDOLVHUb}, indique Yves Auregan. La solution phare VȇHVWDVVRFL«DXJURXSH6DIUDQDXVHLQGȇXQHQRXYHOOH
FRQVLVWH¢SODFHUDXWDQWGHmSLªJHVVRQRUHV}SRVVLEOHV chaire industrielle, MACIA, dédiée aux matériaux acous-
à proximité des sources de bruit du moteur. En premier WLTXHVLQQRYDQWVmb1RWUHREMHFWLIHVWGȇRSWLPLVHUDX
OLHXXQMHXGHSDURLVSHUIRU«HVGȇXQHP\ULDGHGHSHWLWV PD[LPXPOȇH[LVWDQWWRXWHQH[SORUDQWGHVVROXWLRQVGH
WURXV DXGHVVXV GȇXQH VWUXFWXUH HQ QLGGȇDEHLOOHV UXSWXUH¢OȇDLGHGHQRXYHDX[PDW«ULDX[PRLQVHQFRP
&KDTXHSHWLWWURXMRXHDORUVOHU¶OHGȇXQU«VRQDWHXUGH brants et plus absorbants, comme les métamatériaux8 .
1RXV«WXGLRQVDXVVLODSRVVLELOLW«GȇXWLOLVHUGHVPDW«
riaux qui transforment le son en électricité pour mieux
GLVVLSHUOHEUXLWb}, détaille-t-il.
5. Unité CNRS/Univ. Jean-Monnet/Univ. Claude-Bernard/École centrale de Lyon/INSA Lyon. Unité CNRS/Univ. du Maine/ÉSÉO. 6LYRXVDYH]G«M¢VRXɞ «
GDQVOHKDXWGȇXQHERXWHLOOHYLGHYRXVFRQQDLVVH]OHSULQFLSHGHFHGLVSRVLWLIFU««GDQVOHVDQQ«HVSDUOHVFLHQWLȴTXHDOOHPDQG+HUPDQQYRQ+HOPKROW]
ΖOIXWOHSUHPLHU¢IRUPDOLVHUFHSK«QRPªQHGHU«VRQDQFHGHOȇDLUGDQVXQHFDYLW«8QSULQFLSHDXMRXUGȇKXLXWLOLV«DXVVLELHQGDQVOHVYRLWXUHVRXOHV
avions que dans les instruments de musique. (QDFRXVWLTXHLOVȇDJLWGHPDW«ULDX[DUWLȴFLHOVGRQWOHVSURSUL«W«VSK\VLTXHVIDFLOLWHQWOHFRQWU¶OHGHFHUWDLQHV
fréquences sonores. 9. Unité CNRS/Univ. de Strasbourg/INSA Strasbourg/ÉNGEE Strasbourg/Inria/Télécom ParisTech. m$6LQJOH6WHSΖFH$FFUHWLRQ0RGHO
Using Level-Set Method », D. Pena, Y. Hoarau, É. Laurendeau, Journal of Fluids and StructuresYROɋɋ
CNRS LE JOURNAL
26
PORTFOLIO
Changements de climat
sur le Mont-Blanc
Glaciologie. /HU«FKDXHPHQW
FOLPDWLTXHHQWUD°QHXQH
U«GXFWLRQVSHFWDFXODLUHGHV
JODFLHUVGX0RQW%ODQF&HV
GHUQLHUVRQWLOVG«M¢FRQQX
GHSXLVODGHUQLªUHJODFLDWLRQ
GHVUHFXOVHQFRUHSOXV
LPSRUWDQWVɋ"3RXUOHVDYRLU
OHVVFLHQWLȴTXHVGXSURMHW
$15mb9Ζ30RQW%ODQF1b}
VRQWDOO«V«FKDQWLOORQQHU¢
OȇDXWRPQHOHVURFKHV
GHFHPDVVLI
TEXTE $8'5(<'Ζ*8(7
PHOTOS -($1)5$12Ζ6%821&5Ζ67Ζ$1Ζ
%Ζ2*26&Ζ(1&(6&1563+2727+48(
&RRUGRQQ«SDU-HDQ/RXLV0XJQLHUGHOȇΖQVWLWXW
GHVVFLHQFHVGHOD7HUUHGH&KDPE«U\
1. 'HSXLVDQVOD 2. /HVFKHUFKHXUVVH
7HUUHDFRQQXGHVS«ULRGHV UHQGHQWVXUSODFHSRXU
GHU«FKDXHPHQW WHQWHUGȇ«YDOXHUFHVIRQWHV
FOLPDWLTXHGȇRULJLQH /ȇK«OLFRSWªUHOHXUSHUPHW
QDWXUHOOHDYHFXQDSRJ«H GȇHPSRUWHUOHPDW«ULHO
GXUDQWmOȇRSWLPXP Q«FHVVDLUHHWGȇDFF«GHU
FOLPDWLTXHKRORFªQH}LO\D DX[GL«UHQWVVHFWHXUV
¢DQVR»WRXV R»LOVRQWSU«YXGH
OHVJODFLHUVGX0RQW%ODQF SURF«GHU¢GHV
RQWIRUWHPHQWGLPLQX« SU«OªYHPHQWVGHURFKHV
3. /RUVTXȇXQHURFKHQȇHVW
SOXVUHFRXYHUWHGHJODFHWHO
LFLOH-DUGLQGH7DOªIUHXQ°ORW
URFKHX[GHNP2HOOHHVW
ERPEDUG«HGHSDUWLFXOHV
FRVPLTXHVSURGXLVDQWGHV
LVRWRSHVUDUHVFRPPHOH
E«U\OOLXP
3
CNRS LE JOURNAL
28
PORTFOLIO
4. et 5. /HVSDUWLFXOHV
FRVPLTXHVQȇDHFWHQWTXH
OHVSUHPLHUVPªWUHVGH
URFKHVRXVODVXUIDFH/HV
SU«OªYHPHQWVSHUPHWWURQW
GHPHVXUHUOȇDFFXPXODWLRQ
GȇDWRPHVGHE«U\OOLXPb
GDQVOHVURFKHVHWGH
G«WHUPLQHUDLQVLODGXU«H
WRWDOHGȇH[SRVLWLRQDX[
UD\RQVFRVPLTXHVGRQF
FHOOHGXUHWUDLWGXJODFLHU
3RXUFHODOHVFLHQWLȴTXH
G«FRXSHGHVFXEHVGHURFKH
GHbFPTXLVHURQW
DQDO\V«VGDQVOHV
ODERUDWRLUHVGX&(5(*(¢
$L[HQ3URYHQFHJU¤FH¢OD
P«WKRGHGLWHGHGDWDWLRQ
GȇH[SRVLWLRQSDUOHVLVRWRSHV
FRVPRJ«QLTXHV
9LVLRQQHUOȇLQW«JUDOLW«GXGLDSRUDPD
VXUlejournal.cnrs.fr
CNRS LE JOURNAL
PORTFOLIO
6. 'HVPHVXUHVHHFWX«HV
JU¤FH¢XQQLYHDXGHWHUUDLQ
SHUPHWWURQWGHUHFRQVWLWXHU
OHUHOLHIHQYLURQQDQWDȴQ
Gȇ«YDOXHUVRQLQFLGHQFHVXU
OȇH[SRVLWLRQGHVURFKHVDX[
UD\RQVFRVPLTXHVHWGH
FRUULJHUOHVDQDO\VHV
7. $XWRWDO«FKDQWLOORQV
VRQWSU«OHY«V'ȇDSUªVOHV
SUHPLªUHVDQDO\VHVOHV
JODFLHUVGX0RQW%ODQF
DXUDLHQWFRQQXGDQVOHV
bGHUQLªUHVDQQ«HV
GHVUHWUDLWVSOXVLPSRUWDQWV
TXHOHQLYHDXDFWXHO5HVWH
DXMRXUGȇKXL¢G«ȴQLUOHXU
DPSOHXUHWOHXUFKURQRORJLH
CNRS LE JOURNAL
32
LES MODÈLES ANIMAUX
CHIMIE
cadre philosophique et sous la pres- etc., ainsi que les superstars des
VLRQJUDQGLVVDQWHGXSXEOLFTXHOHV PRGªOHVLQYHUW«EU«VɋODPRXFKH
O«JLVODWHXUVRQW«ODERU«GHSXLVXQH drosophile et le ver nématode. La
trentaine d’années de nouvelles lois, place des modèles animaux dans les
directives et recommandations VFLHQFHVELRORJLTXHVHWP«GLFDOHV
éthiques encadrant de plus en plus ne va cesser de s’accroître tout au
sévèrement le recours à l’animal dans 3RUWUDLWGȇ+LSSRFUDWHJUDYXUHH[WUDLWHGȇXQRXYUDJHGX ORQJGXXXe siècle, le nombre d’ar-
ODUHFKHUFKHȴ[DQWP¬PHFRPPH FKLUXUJLHQIUDQ©DLV$PEURLVH3DU« WLFOHVVFLHQWLȴTXHV\IDLVDQWU«I«
objectif ultime le remplacement de UHQFHDWWHLJQDQWXQUHFRUGDX …
POULETS
48 528
6XUSUªVGȇPLOOLRQGȇDQLPDX[
XWLOLV«VGDQVGHVH[S«ULHQFHVWHUPLQ«HV
HQHQ)UDQFHODVRXULVHVWOȇHVSªFHODSOXVVROOLFLW«HbVXLYLH
GHVSRLVVRQVbSXLVGXUDWbHWGXODSLQb
%LHQTXȇLOVVRLHQWV\VW«PDWLTXHPHQWPLVHQDYDQWSDUOHVmbDEROLWLRQQLVWHVb}
LAPINS FKDWVHWFKLHQVUHSU«VHQWHQWHQVHPEOHPRLQVGHbGHVDQLPDX[WHVW«V
88 334 HWOHVSULPDWHVb
dont 41,50 %
SOURIS POISSONS Les animaux utilisés sont essentiellement nés dans l’Union européenne
OGM
853 555 535 689 b3DUPLHX[FHX[TXLQHSURYLHQQHQWSDVGȇ«WDEOLVVHPHQWV«OHYHXUV
dont 34,84 % OGM dont 0,43 % OGM
RXIRXUQLVVHXUVDJU««VVRQWGHVDQLPDX[«OHY«VDXVHLQP¬PHGH
l’établissement utilisateur.
k'$7$9Ζ68$/Ζ6$7Ζ21&+(Ζ13285&156/(-2851$/
6RXUFH(QTX¬WHQDWLRQDOHPLQLVWªUHGHOȇGXFDWLRQQDWLRQDOH
GHOȇ(QVHLJQHPHQWVXS«ULHXUHWGHOD5HFKHUFKH
CNRS LE JOURNAL
34
LES MODÈLES ANIMAUX
/HVVRXULVWUDQVJ«QLTXHVGH Au département
l’Institut clinique de la souris J«Q«WLTXHGHOȇΖ&6OHV
Ζ&6FRQVWLWXHQWGHVPRGªOHV chercheurs procèdent
de référence pour l’étude de DXJ«QRW\SDJHGHV
FHUWDLQHVSDWKRORJLHV GL«UHQWVLQGLYLGXV
humaines. du modèle souris.
© H. RAGUET/CNRS PHOTOTHÈQUE
© P. LATRON/INSERM
© P. LATRON/INSERM
-RO\5 . Devant le nombre de plus en IUDQ©DLVPDLVDXVVLFHOOHVFDSDEOHV HVWU«SXW«PRLQVJUDQGFRPPHFHU
SOXVJUDQGGȇRUJDQLVPHVPRGªOHV¢ de réduire le nombre d’animaux uti- tains invertébrés notamment.
VDGLVSRVLWLRQOHELRORJLVWHVHGRLW OLV«VReductionRXHQFRUHGHGLPL « Pour les remplacements “com-
DXMRXUGȇKXLGHELHQVȇLQWHUURJHUVXU nuer la douleur ou le stress imposés plets” d’animaux, on peut par
la pertinence de celui ou ceux qu’il ¢FHVDQLPDX[5HȴQHPHQWUDɝ QH H[HPSOHHQYLVDJHUGHVP«WKRGHV
va choisir pour répondre à la ques- PHQWRXDP«OLRUDWLRQHQIUDQ©DLV GȇLQYHVWLJDWLRQSDVVDQWSDUXQGLVSR
tion qu’il se pose. » Toutefois, bien &HWWHSKLORVRSKLHGHVb5YDGHIDLW sitif in vitroIDLVDQWLQWHUDJLUGHV«O«
SOXVTXHOHVLQWHUURJDWLRQVVXUODYDOL servir de cadre à la communauté PHQWVELRORJLTXHVFRPPHOHVWLVVXV
dité et la valeur prédictive des mo- VFLHQWLȴTXHPDLV«JDOHPHQWLQVSLUHU OHVFHOOXOHVOHVRUJDQLWHVOHVELRPR
dèles animaux, ce sont celles concer- la plupart des recommandations lécules, ou par un dispositif ex vivo
nant le statut et le bien-être de «WKLTXHVUªJOHPHQWVHWORLV«ODERU«V FRQVWLWX«GȇXQRUJDQHELRDUWLȴFLHO
l’animal qui, trouvant un écho crois- GHSXLV SRXU U«JXOHU OH UHFRXUV ¢ DXVVLDSSHO«RUJDQR±GHREWHQX¢
VDQWDXSUªVGHODSRSXODWLRQRQWȴQL l’expérimentation animale. partir de cultures de cellules-souches,
par mettre l’expérimentation ani- 'DQVOHV5OHSUHPLHU5G«VLJQH ou bien encore par des dispositifs in
male sur la sellette. donc les méthodes qui évitent l’utili- silico ou RUJDQRQDFKLS6 réalisant
sation d’une espèce animale donnée des simulations bio-informatiques
Des méthodes substitutives dans un domaine où elle était basées sur la modélisation mathéma-
/DFRPPXQDXW«VFLHQWLȴTXHQȇDGȇDLO jusqu’alors nécessaire. Cette substi- WLTXHGHVGRQQ«HVELRORJLTXHV}, in-
OHXUVSDVDWWHQGXTXHOHJUDQGSXEOLF tution peut consister en un remplace- GLTXH-HDQ6W«SKDQH-RO\
HWOHO«JLVODWHXUVȇ\LQW«UHVVHQWSRXU ment d’animaux vertébrés, dont la Les outils de ce type se multi-
U«ȵ«FKLUDX[SUREOªPHV«WKLTXHV sensibilité est considérée comme plient, tel l’I-Wire, un système bioé-
posés par l’expérimentation animale élevée, par des animaux dont le po- lectronique qui permet d’étudier les
et à l’élaboration de méthodes alter- tentiel de perception de la douleur propriétés biomécaniques du cœur
QDWLYHV$LQVLGDQVOHXURXYUDJHThe KXPDLQ&RPSRV«GȇXQȴOGHFHOOXOHV
Principles of Humane Experimental tendu entre deux supports sen-
“ La biologie moderne
Technique, William Russell et Rex VLEOHVOȇDSSDUHLOU«DJLW¢FHUWDLQV
%XUFKRQWG«ȴQLGªVODUªJOH P«GLFDPHQWVGHODP¬PHID©RQTXH
GLWHmGHVb5}&HOOHFLFRQVLVWH¢
développer et à favoriser les mé-
s’est construite sur le constat OHIRQWOHVFHOOXOHVGXFĕXU*U¤FH¢
ce système, les chercheurs espèrent
de l’unité du vivant.
”
WKRGHVGȇLQYHVWLJDWLRQSRXYDQWVH PLHX[FRQQD°WUHOȇHHWGXVWUHVVVXU
substituer à l’utilisation de l’animal le cœur sans recours aux êtres vi-
Replacement , substitution en vants. m/HVSURJUªVSRWHQWLHOV …
… sont importants, mais je préfère Diminuer stress et douleurs toutes les bonnes pratiques de zoo-
le terme de méthodes complémen- (QȴQOHVP«WKRGHVUHOHYDQWGXWURL technie 9 qui améliorent la vie des
taires à celui d’alternatives car, VLªPHb55HȴQHPHQW, soit améliora- DQLPDX[WRXWHQDXJPHQWDQWODYDOL
même quand elles seront parfaite- WLRQ G«VLJQHQW OHV PRGLȴFDWLRQV dité des modèles.
ment au point – et elles ne le sont pas DSSRUW«HVDX[FRQGLWLRQVGȇ«OHYDJH (Q)UDQFHOHVGHX[SUHPLHUVb5
encore –, aucune ne sera en mesure ainsi qu’aux procédures expérimen- sont inscrits dans le Code rural de-
de fournir les réponses qu’apporte tales et d’observation dans le but de SXLV&HOXLFLD«W«FRPSO«W«HQ
aujourd’hui l’expérimentation sur réduire le stress et la douleur des SDUVL[G«FUHWVWUDQVSRVDQWOD
GHVRUJDQLVPHVHQWLHUV, tempère le animaux utilisés. Elles se traduisent GLUHFWLYHHXURS«HQQH8(
chercheur. Ces méthodes pourront par exemple par l’utilisation de tech- TXL«WDEOLWODUªJOHGHVb5FRPPH
en revanche être combinées dans niques d’exploration non invasives cadre de toute recherche animale.
GHVDSSURFKHVLQW«JUDWLYHVFRPEL WHOOHVTXHOȇLPDJHULH501ODW«O«P« $LQVLFHWWHU«JOHPHQWDWLRQSURWªJH
nant in vitro, ex vivo et in silico où trie, le recours systématique à l’anes- WRXVOHVYHUW«EU«VHWOHVF«SKDOR
l’animal ne sera utilisé qu’en dernier thésie, l’évaluation comportemen- SRGHVGRQWHOOHU«JXOHOHVFRQGLWLRQV
recours, lorsque les “alternatives” WDOHQRWDPPHQW&HVRQW«JDOHPHQW Gȇ«OHYDJHHWVRXPHWWRXWHXWLOLVDWLRQ
n’auront pas permis d’apporter les
LQIRUPDWLRQVVXɝ VDQWHV}
À ce titre, les méthodes de
« substitution » s’apparentent de
facto aux méthodes de réduction, le
deuxième R, dont le but est de ré-
duire le nombre d’animaux utilisés
dans les études plutôt que de les
éliminer complètement. « Ces mé-
WKRGHVGHU«GXFWLRQVRQWG«M¢ODUJH
ment mises en œuvre dans nos labo-
ratoires, rappelle le vétérinaire Ivan
%DODQVDUGG«O«JX«VFLHQWLȴTXHDX
bureau éthique et modèles animaux
k&)5(6Ζ//21&1563+2727+48(
CNRS LE JOURNAL
36
LES MODÈLES ANIMAUX
7HVWFOLQLTXHV 1 103
P«GLFDPHQWVHWGH Recherche Recherche
biologique biomédicale Essais
toxicité des denrées médicaux*
fondamentale appliquée Légère Modérée Sévère Sans réveil
alimentaires et des
produits manufacturés.
d’animaux à l’approbation d’un comi- possible, avec des protocoles stan- Ζ&(m6WRS9LYLVHFWLRQ}SU¶QDQW
W«Gȇ«WKLTXHDJU««(OOHQHVȇDSSOLTXH dardisés, robustes, reproductibles et notamment l’interdiction de toute
toutefois pas aux autres invertébrés surtout respectueux du bien-être expérimentation sur l’animal au pro-
comme les insectes. Elle restreint par DQLPDOGHOȇ«WKLTXHHWSOD©DQWOD ȴWGHP«WKRGHVVXEVWLWXWLYHVD«W«
ailleurs fortement le recours aux pri- UªJOHGHVb5DXFHQWUHGHOHXUU« ODQF«HHQHWVLJQ«HSDUPLO
mates modèles et aux carnivores ȵH[LRQW«PRLJQH<DQQ+«UDXOWDe OLRQGHFLWR\HQVGHOȇ8(2XWUHODJX«
FKLHQVFKDWVHWIXUHWVHWLQWHUGLW SOXVHQSOXVGHSURWRFROHVVRQWRUJD rilla que mènent certains activistes
OȇXWLOLVDWLRQGHVJUDQGVVLQJHV nisés en batterie, donnant un tableau contre les centres de recherche ani-
FOLQLTXHEDV«VXUSOXVGHSDUD PDOHOHVVFLHQWLȴTXHVVXSSRUWHQW
Des personnels bien formés PªWUHVSK\VLRORJLTXHVHWFRPSRUWH assez mal le procès d’intention qui
&HVQRXYHOOHVUªJOHVRQW«W«SDUIDLWH mentaux pour chaque individu, en leur est fait quant à leur supposée
PHQWLQW«JU«HVSDUODFRPPXQDXW« PLQLPLVDQWOHPDO¬WUHHQDɝ QDQW LQGL«UHQFHDXELHQ¬WUHDQLPDO
VFLHQWLȴTXHm(Q)UDQFHHWSOXVJ« les méthodes et en réduisant le « Nous ne sommes ni des sadiques,
néralement en Europe, la recherche nombre d’animaux étudiés. » ni des robotsVRXOLJQH*XLOODXPH
animale repose sur des personnels &HVSURJUªVHWFHVU«JOHPHQWD Masson, directeur du Centre d’ex-
bien formés dans des structures ré- WLRQVVRQWQ«DQPRLQVMXJ«VLQVXɝ ploitation fonctionnelle et de forma-
JOHPHQW«HVVȇHRU©DQWGȇXWLOLVHUOHV sants par une partie du public. WLRQHQSULPDWRORJLH 10 . Quand on
méthodes les moins invasives L’initiative citoyenne européenne travaille quasi quotidiennement …
CNRS LE JOURNAL
38
EN ACTION
/HVLOLFªQHEDVHGHVIXWXUVWUDQVLVWRUVɋ"
U
b
OWUDȵH[LEOHXOWUDO«JHUUHPDUTXDEOHPHQWWUDQVSD Dans cette course, un premier matériau a sorti son épingle
rent, plus résistant que l’acier et plus conducteur GXMHXɋOHVLOLFªQH&RPPHVRQQRPOȇLQGLTXHFHOXLFLHVW
d’électricité que le cuivre… La liste des qualités du DXVLOLFLXPFHTXHOHJUDSKªQHHVWDXFDUERQHɋFȇHVWXQ
graphène, feuillet constitué d’une unique couche feuillet d’une seule épaisseur d’atomes de silicium, orga-
d’atomes de carbone disposés en nid-d’abeilles, est nisés eux aussi en nid-d’abeilles. m0DLV¢ODGL«UHQFHGX
impressionnante. À peine ce matériau dit bidimension- graphène, le réseau cristallin du silicène est légèrement
nel (ou 2D) était-il isolé en 2004 qu’on lui promettait une ondulé. C’est cette caractéristique qui permet de le rendre
foule d’applications. Il devait notamment révolutionner semi-conducteur », explique Guy Le Lay, du laboratoire
l’électronique. Or, dans ce domaine, le graphène n’a pour Physique des interactions ioniques et moléculaires1, à
SEMI-CONDUCTEUR l’instant pas tenu ses promesses. Loin d’être découragés, Marseille. S’ajoute à cela que dans le silicène, tout comme
Se dit d’un les chercheurs tentent aujourd’hui de développer de pour le graphène, les électrons sont extrêmement mo-
matériau qui passe
nouveaux matériaux cousins du graphène, car bidimen- ELOHV$XWUHDYDQWDJHɋOHVLOLFªQHSRXUUDLWVȇLQW«JUHUQDWX
de l’état isolant à
l’état conducteur sionnels comme lui, qui pourraient ouvrir la voie à l’élec- rellement à l’industrie électronique, qui repose essentiel-
dès qu’on lui tronique de demain. lement sur le silicium (dont le silicène est un dérivé).
apporte une Bien qu’il soit imbattable pour transporter rapide- Reste que le silicène n’est pas dépourvu de défauts.
certaine quantité
PHQWOHV«OHFWURQVOHJUDSKªQHVRXUHGȇXQKDQGLFDSɋ À commencer par sa fabrication, qui est bien plus com-
d’énergie (chaleur,
lumière ou champ contrairement aux matériaux dont sont faits les transis- pliquée que celle du graphène, lequel s’obtient grâce au
électrique). tors de nos ordinateurs, il n’est pas ɋVHPLFRQGXFWHXU graphite, un matériau naturel. La synthèse du silicène se
C’est cette impasse qui a poussé les chercheurs à partir fait, elle, viaXQSURF«G«DSSHO««SLWD[LHɋRQERPEDUGH
HQTX¬WHGHQRXYHDX[PDW«ULDX[DXVVLȴQVTXHOH DYHFXQIDLVFHDXGȇ«OHFWURQVGXVLOLFLXPSXUɋVHVDWRPHV
1. Unité CNRS/Aix-Marseille Université. 2. Unité CNRS/Aix-Marseille Université/Université de Toulon/ISEN de Toulon/Polytech’ Marseille. 3. Unité CNRS/
INSA Toulouse/Université Toulouse 3. 4. Unité CNRS/Onera.
CNRS LE JOURNAL
40
EN ACTION
viennent alors se déposer sur un substrat dont la struc- l’arséniure de gallium », note Xavier Marie, du Laboratoire
ture les contraint à s’agencer sur le réseau en nid- de physique et chimie des nano-objets3 , à Toulouse.
d’abeilles. Or tout est dans le choix du substrat. Des Cette capacité extraordinaire peut ensuite être utili-
tentatives ont été menées avec l’argent en 2012, mais sée pour leur faire convertir la lumière en électricité.
ses propriétés conductrices le rendent inopérant. Réciproquement, on peut transformer de l’électricité en
D’autres essais sont réalisés pour fabriquer du silicène, lumière en injectant des électrons dans le feuillet de
sur des substrats non métalliques cette fois. Ainsi l’équipe DMT. Grâce à cette habileté, les DMT sont promis à un
d’Isabelle Berbezier, de l’Institut des matériaux, de microé- brillant avenir. Ils pourraient permettre la réalisation de
lectronique et des nanosciences de Provence2 , est parve- cellules photovoltaïques plus sensibles, de sources de
nue cette année pour la première fois à synthétiser du sili- lumière miniaturisées (LED, laser), ainsi que de photodé-
FªQH¢ODVXUIDFHGHJUDSKªQH3RXUTXRLGXJUDSKªQHɋ" tecteurs plus petits, pour les télécommunications par
m/ȇLG«HHVWGHPHWWUH¢SURȴWODIDFLOLW«¢WUDQVI«UHUGX ȴEUHVRSWLTXHVQRWDPPHQW8OWUDȵH[LEOHVFRPPHOH
graphène sur d’autres matériaux », explique-t-elle. graphène, ils pourraient également constituer les sys-
Avant qu’un transistor à base de silicène équipe nos WªPHVGȇDɝ FKDJHGHIXWXUV«FUDQVVRXSOHV'HQRP
ordinateurs, il faudra toutefois que les chercheurs sur- breux prototypes ont déjà été fabriqués et testés.
PRQWHQWXQDXWUHREVWDFOHɋWUªVU«DFWLIFHPDW«ULDX Alors que les physiciens continuent à mettre au jour
s’oxyde très vite à l’air libre. Ainsi, le premier transistor mis de nouveaux matériaux 2D et cherchent à mieux com-
au point en 2015 n’a survécu que deux minutes. Mais là prendre leurs propriétés, certains ont franchi un pas sup-
HQFRUHOHVFKHUFKHXUVUHGRXEOHQWGȇHRUWVSRXUSURORQ SO«PHQWDLUHɋ« L’idée est qu’en mariant plusieurs maté-
ger la durée de vie du silicène, avec de bons résultats. riaux, on pourra tirer parti des propriétés uniques de
chacun d’entre eux. Voire créer des matériaux aux proprié-
Sur la piste d’autres matériaux 2D tés complètement nouvelles », se réjouit Annick Loiseau,
D’autres matériaux que le silicène sont également à du Laboratoire d’étude des microstructures4 , à Châtillon.
l’étude. Parmi eux, le germanène, composé d’atomes de Le succès est déjà au rendez-vous. Une équipe a ainsi
germanium, le stanène (fait d’étain), ou encore le phos- combiné du MoS2 et du graphène pour créer les jonc-
SKRUªQHIDLWGHSKRVSKRUH'Lɝ FLOHGHGLUHOHTXHO tions au cœur des cellules photovoltaïques et des pho-
d’entre eux s’imposera. todétecteurs, exploitant l’habileté du semi-conducteur
Tout aussi prometteurs sont les dichalcogénures de à absorber la lumière et l’aptitude du graphène à trans-
métaux de transition (DMT). De l’épaisseur de trois atomes, porter les électrons. Le concept a ensuite été repris dans
un feuillet de DMT est constitué d’atomes d’un métal de l’autre sens pour créer, cette fois, une diode électrolumi-
transition (comme le molybdène ou le tungstène) pris en nescente avec du MoS2 pris entre deux électrodes de
sandwich entre des atomes de soufre ou encore de sélé- JUDSKªQH(WELHQGȇDXWUHVLG«HVȵHXULVVHQWHQFRUH
nium. La fabrication de ces matériaux est simple et iden- Reste qu’aujourd’hui, tous les dispositifs faisant appel
WLTXH¢FHOOHGXJUDSKªQHɋHOOHFRQVLVWH¢G«WDFKHUDYHF à des matériaux 2D sont encore cantonnés aux labora-
un ruban adhésif, un feuillet à la surface d’un matériau toires. Pour les en faire sortir, les chercheurs devront faire
naturel fait d’un empilement de couches. Cela explique en sauter un verrou, celui de leur production à grande
partie pourquoi ces semi-conducteurs ont pris une petite échelle. « Aujourd’hui, la fabrication de tous ces nouveaux
longueur d’avance sur d’autres matériaux 2D comme le matériaux ressemble plutôt à de la haute couture, sou-
silicène. En 2011, une équipe annonçait ainsi avoir mis au ligne Annick Loiseau. On n’est pas encore capable de les Modèle de
monocouche de
point le premier transistor à base de disulfure de molyb- produire ni de les manipuler sur de grandes surfaces, un
dichalcogénure
dène (MoS2). Malheureusement, les DMT ont un point impératif pour qu’ils puissent trouver un jour des appli- de métaux de
IDLEOHɋFRQWUDLUHPHQWDXVLOLFªQHLOVWUDQVSRUWHQWPDOOHV cations en électronique. » Les chercheurs l’ont bien com- transition (DMT),
électrons. Si bien qu’aujourd’hui, très peu misent sur ces pris et y travaillent d’arrache-pied. Les successeurs du de l’épaisseur
matériaux dans ce domaine. JUDSKªQHQȇRQWSDVȴQLGHIDLUHSDUOHUGȇHX[bII de trois atomes.
Comme le
Les promesses de l’optoélectronique
© E. SALOMON/PIIM-CNRS/AIX-MARSEILLE UNIV.
graphène, le
Les DMT promettent en revanche de nombreuses appli- silicène présente
cations dans l’optoélectronique, qui s’intéresse aux dis- une structure en
positifs capables d’émettre ou d’absorber de la lumière. nid-d’abeilles (vue
Car non seulement ces matériaux sont semi-conduc- au microscope à
teurs, mais ils interagissent avec la lumière de façon très effet tunnel).
HɝFDFH« Un seul feuillet de MoS2 est capable d’absorber
bGHODOXPLªUHTXȇLOUH©RLW&ȇHVWGL[IRLVSOXVTXHFH
dont sont capables les matériaux actuels comme
Ζb
ls ont certains des avantages des
satellites, sont bien meilleur mar-
ché et permettent de tester dans
des conditions quasi réelles les tech-
nologies spatiales de demain.
Cinquante-six ans après leur premier
vol au-dessus de l’Hexagone, en oc-
tobre 1961, les ballons stratosphé-
riques conservent toute leur place
dans la boîte à outils des scienti-
ȴTXHVHWQRWDPPHQWDXVHLQGHOD
© S. CHASTANET/CNES/OMP/IRAP/UT3/CNRS PHOTOTHÈQUE
recherche française, l’une des plus
actives au monde sur le sujet. La
seule année 2017 est ainsi le cadre de
trois campagnes à forte participation
française en Australie, en Nouvelle-
Zélande et aux États-Unis.
1. Institut de recherche en astrophysique et planétologie (CNRS-Univ. Paul-Sabatier). 2. Institut d’astrophysique spatiale (CNRS/Univ. Paris-Sud).
3. Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives. 4. Centre national d’études spatiales. 5. 3DUWLFLSHQWDXSURMHWF¶W«IUDQ©DLVɋOȇΖUDS
le laboratoire Astroparticule et cosmologie (CNRS/CEA/Univ. Paris-Diderot/Observatoire de Paris) et le Laboratoire de l’accélérateur linéaire (CNRS/
Université Paris-Sud) ainsi que le Cnes, fournisseur de la nacelle pointée. 6. Unité CNRS/Aix-Marseille Université.
CNRS LE JOURNAL
42
EN ACTION
Neurobiologie. Le sommeil,
activité vitale à laquelle nous
Les derniers mystères
consacrons un tiers de notre
vie, ne permet pas ET SI LES BÉBÉS
seulement de reprendre DORMAIENT
des forces. Il favorise aussi POUR DÉVELOPPER
la mémoire, déclenche la /(85&(59($8" /b e sommeil paradoxal, qui représente la moitié des phases
de sommeil pendant les premiers mois de vie
FRQWUHb¢Oȇ¤JHDGXOWHFRQWULEXHUDLWDFWLYHPHQWDX
production d’hormones, développement cérébral des tout-petits. C’est ce que cherche à prouver Mark
renforce le système Blumberg, spécialiste du développement de la motricité chez le bébé rat et
chercheur à l’université d’Iowa. mb6RQLG«HHVWWUªVDVWXFLHXVH, explique
immunitaire, régule le Isabelle Arnulf, chef du service des pathologies du sommeil à l’hôpital de la
système cardiovasculaire Pitié-Salpêtrière, à Paris. Il s’intéresse aux brèves secousses musculaires dites
“twitches” qui caractérisent le sommeil paradoxal et qui sont particulièrement
et estompe les émotions abondantes lors de la période néonatale. Selon Mark Blumberg, elles
négatives. Mais les stimuleraient des récepteurs situés dans les muscles, lesquels, en retour, en
chercheurs soupçonnent à LQIRUPHUDLHQWOHFRUWH[b}. Ainsi, lorsque des twitches provoquent des sursauts
des doigts de bébé, le cortex apprend l’existence de ces extrémités et leur
présent d’autres fonctions aptitude à fonctionner. mb8QSHXFRPPHXQ«OHFWULFLHQTXLVHWURXYHUDLWGDQV
capitales du sommeil. XQHLPPHQVHSLªFHWUX«HGȇLQWHUUXSWHXUVHWGHODPSHVHWTXLDFWLRQQHUDLW
FKDTXHERXWRQSRXUFRPSUHQGUH¢TXHOOHODPSHLOHVWUHOL«ɋOHFRUSVGX
Florilège des dernières nouveau-né utiliserait les twitches pour s’auto-explorer pendant le sommeil
découvertes. HWDFWLYHUODJHQªVHHWOȇRUJDQLVDWLRQGHFLUFXLWVQHUYHX[b}, résume Isabelle
Arnulf, également chercheuse à l’Institut du cerveau et de la moelle épinière1b
© TD SPAGNA/BSIP
MOLÉCULE ANTI-SOMMEIL
ET SOMNIFÈRE NOUVELLE
/b HFHUYHDXSURȴWHUDLWGXVRPPHLOSRXUVHG«EDUUDVVHUGH
ses déchets et notamment de la protéine bêta-amyloïde,
impliquée dans la maladie d’Alzheimer. C’est l’hypothèse de GÉNÉRATION
0
b ieux comprendre
les troubles du
sommeil, comme
la neurobiologiste Maiken Nedergaard, du Centre médical la narcolepsie ou
de l’université de Rochester (New York). Reposant sur le OȇLQVRPQLHHVWXQHQMHXPDMHXUSRXUSHDXȴQHUGHV
réseau de microcanaux qui sillonne l’organe et charrie le stratégies thérapeutiques. L’équipe de Jian-Sheng Lin,
liquide céphalo-rachidien (LCR), ce tout-à-l’égout cérébral au Centre de recherche en neurosciences de Lyon,
serait surtout actif durant le sommeil. mb/HVH[S«ULHQFHV s’intéresse aux mécanismes responsables du maintien
conduites sur des souris montrent que l’espace de l’éveil et de la vigilance. Les chercheurs se focalisent
extracellulaire (entre les cellules cérébrales, VXUGHX[QHXURWUDQVPHWWHXUVɋOȇRUH[LQHHWOȇKLVWDPLQH
NDLR) DXJPHQWHGHbTXDQGOHVURQJHXUV mb1RVWUDYDX[PRQWUHQWTXHOHVQHXURQHV¢RUH[LQH
s’endorment, facilitant la circulation du LCR
DORMIR POUR SE sont impliqués dans l’éveil locomoteur, c’est-à-dire l’éveil
dans le tissu cérébral, et ainsi l’évacuation /$9(5/$77(ɋ" lié à la réalisation d’un exercice physique, explique
des déchets, commente Pierre-Hervé Luppi, Jian-Sheng Lin. Ces neurones jouent aussi un rôle clé dans
du Centre de recherche en neurosciences de Lyon2. Cette OHPDLQWLHQGHODSRVWXUHFHTXLH[SOLTXHTXHOHG«ȴFLWHQ
démonstration est intéressante, mais elle n’a fait l’objet, orexine entraîne la narcolepsie. Les neurones à histamine,
SRXUOȇLQVWDQWTXHGȇXQHVHXOHSXEOLFDWLRQb}8QHWK«RULH eux, semblent plutôt régir l’éveil lié à l’exploration d’un
TXLUHVWHGRQF¢FRQȴUPHU nouvel environnement, ainsi que l’éveil lié à la recherche
CNRS LE JOURNAL
44
EN ACTION
6b L¢bGHV)UDQ©DLVWRPEHQWGLɝ FLOHPHQWGDQV
OHVEUDVGH0RUSK«HHWbVRXUHQWGȇLQVRPQLH
chronique, les téléphones et autres écrans, qui
smartphone qui s’allume la nuit à la réception de SMS
a donc de fortes chances de perturber l’horloge de
sujets même endormis...
squattent aujourd’hui les chambres à coucher, en Et ce n’est pas tout. Certes, nous sommes tous
VRQWLOVUHVSRQVDEOHVɋ"mbΖO\DHQFRUHSHXGHWHPSV sensibles à la lumière bleue des diodes
des niveaux faibles de lumière n’étaient «OHFWUROXPLQHVFHQWHV/('ɋHOOHDXJPHQWHOD
pas supposés avoir d’impact sur le sensation de bien-être et bloque la sécrétion de
INSOMNIES, sommeilFRPPHQWH&ODXGH*URQȴHUGH mélatonine (hormone favorisant l’endormissement).
ÉCRANS ET l’Institut cellule souche et cerveau Mais la sensibilité nocturne aux écrans est d’autant
(Inserm). Or, des travaux récents menés plus forte que l’exposition à la lumière solaire est
SMARTPHONES à la Harvard Medical School de Boston réduite pendant la journée. Or mbOȇKRUORJHELRORJLTXH
révèlent que l’exposition prolongée, le IRQFWLRQQHSOXVOHQWHPHQW¢OȇDGROHVFHQFHTXȇ¢Oȇ¤JH
VRLUP¬PH¢GHWUªVEDVVHVLQWHQVLW«VHQYLURQbOX[ adulte et déclenche l’endormissement plus tard,
SRXUXQVPDUWSKRQHbOX[SRXUXQHWDEOHWWH SRXUVXLW&ODXGH*URQȴHUCe retard est donc
bOX[SRXUXQRUGLQDWHXUG«UªJOHOȇKRUORJH SUREDEOHPHQWDPSOLȴ«FKH]OHVMHXQHVTXLXWLOLVHQW
ELRORJLTXHb} De même, une expérience conduite en XQ«FUDQDYDQWGHVHFRXFKHUb}Quant aux seniors,
/HVõDVKVGHV 2016 par Raymond Najjar, de l’Institut de recherche qu’ils ne se frottent pas trop vite les mains. Bien que
smartphones sur l’œil de Singapour, révèle qu’être exposé la nuit, le cristallin, les années passant, brunisse et laisse
perturberaient OHV\HX[RXYHUWV¢GHEUHIVȵDVKVGHOXPLªUH passer moins de lumière riche en longueurs d’onde
davantage pendant une heure retarde davantage l’horloge EOHXHVFHWWHRSDFLȴFDWLRQQHGLPLQXHSDVOD
l’horloge biologique que le fait d’être soumis à une lumière VHQVLELOLW«GHOȇKRUORJHELRORJLTXHGHVVXMHWV¤J«V
biologique FRQWLQXHSHQGDQWOHP¬PHODSVGHWHPSV8Q à la lumière des écrans.
qu’une lumière
continue.
CNRS LE JOURNAL
46
EN ACTION
4XHOOHVSLVWHVGHU«ȵH[LRQHW
GȇDFWLRQSU«FRQLVH]YRXVɋ"
S. C. : Ce rapport est un premier
état des lieux. Il faudra le com-
pléter par d’autres synthèses
thématiques et des auditions
d’associations et d’expert(e)s.
Mais, d’ores et déjà, le comité que
“selon
Il faut en finir avec la thèse l’inceste (milieux touchés, liens des familles concernées
avec les professionnels de l’enfance, perception, par ces
3b
our une PME, travailler avec des chercheurs ne va ¢OȇH[KDXVWLYLW«GHOȇRUHSDUWHQDULDOH¢Oȇ«FKHOOHQDWLR
SDVGHVRL3RXUTXRLIDLUHɋ"'DQVTXHOVG«ODLV"TXL nale. C’est le cas de l’institut Carnot Mica (Material insti-
VȇDGUHVVHUɋ"9RLO¢TXLTXHVWLRQQHHQFUHX[QRWUH tute Carnot Alsace) dans le domaine des matériaux.
«FRV\VWªPHGȇLQQRYDWLRQɋP«FRQQDLVVDQFHGXSRWHQWLHO mb3URSRVHUXQHRUHSDUWHQDULDOHOLVLEOHHWRS«UDWLRQQHOOH
des laboratoires publics, profusion de dispositifs et d’in- à un marché est une grande première dans la recherche
tervenants… Pourtant, après quelques années de rodage, SXEOLTXHb}, relève Cathie Vix-Guterl, directrice de Mica et
certains nouveaux acteurs ont su se rendre incontour- vice-présidente de l’Association des instituts Carnot.
QDEOHVɋFȇHVWOHFDVGHVLQVWLWXWV&DUQRWFU««VHQ De leur côté, les industriels se retrouvent dans le
professionnalisme et la réactivité de ce modèle partena-
Un large spectre disciplinaire rial. mb1RWUHFROODERUDWLRQDYHF0LFDUHSRVHGȇDERUGVXU
Carnot est un label ministériel qui distingue et encourage
la recherche partenariale publique-privée de manière
DW\SLTXHHQ)UDQFH(QHHWLOFRQWULEXH¢ȴQDQFHUGHV
structures de recherche publiques rassemblées autour
GȇXQVHJPHQWVFLHQWLȴTXHHWWHFKQRORJLTXHOL«DX[EH
VRLQV5 'GȇHQWUHSULVHVGHWRXWHVWDLOOHV/HVȴQDQFH
ments sont attribués sur la base d’un volume de recettes
contractuelles pré-existant –
avec l’idée de progresser en se
/HU«VHDXHQFKLUHV professionnalisant. mb/HVLQVWL
tuts Carnot sont des interfaces
38 Carnot, dont 29 instituts
pratiques entre le monde acadé-
mique et industriel, précise
9 et Tremplins Michel Mortier, nouveau délégué
général à la valorisation du
11 000 contrats annuels CNRS. Ils sont parfaitement
signés avec les entreprises adaptés au CNRS, car valorisant
les compétences pluridiscipli-
18 % des effectifs naires des laboratoires sans
FU«HUGHQRXYHOOHVVWUXFWXUHVb}
de la recherche publique
$XMRXUGȇKXLLQVWLWXWVHW
6RXUFHUDSSRUWGȇDFWLYLW«GHOȇ$VVRFLDWLRQ&DUQRW
Tremplins Carnot1 balayent un
large spectre disciplinaire en
chimie, matériaux, technologies de l’information, santé,
HWF$YHFXQHDSSURFKHWRXMRXUVWUªVFLEO«HɋO\PSKRPH
(Calym), nouvelles technologies énergétiques (Énergies
du futur), matériaux biosourcés (Polynat), etc. Ce ciblage
thématique permet aux instituts Carnot de devenir une
référence et un point d’entrée dans un domaine pour les
k3+2726Ζ60
CNRS LE JOURNAL
48
EN ACTION
© AICARNOT
8QHHWGHOHYLHU
Voilà qui explique la forte progression des recettes
FRQWUDFWXHOOHV GHV PHPEUHV GX U«VHDX &DUQRWɋ GH
Les Rendez-
bPLOOLRQVGȇHXURVHQ¢SOXVGHHQ$X LQVSLU«VSDUOHVG«ȴVWHFKQRORJLTXHVGHVHQWUHSULVHV/HV
vous Carnot
SRLQWTXHOȇRQSHXWSDUOHUGȇHHWGHOHYLHUGXGLVSRVLWLI SURMHWVGȇLQQRYDWLRQUHWHQXVVRQWȴQDQF«VHWG«FURFKHQW
auront lieu les 18
compte tenu de l’abondement initial de l’État (60 millions de nouveaux contrats avec les entreprises intéressées. et 19 octobre à
d’euros par an). mb2XWUHODSURIHVVLRQQDOLVDWLRQGHODJHV mb&HV\VWªPHR»ODUHFKHUFKHHWOHVEHVRLQVVRFLR Paris. (Ci-dessus,
tion et du management, ces moyens supplémentaires économiques s’autoalimentent est très vertueux et por- l’édition 2016.)
VRXWLHQQHQWGHVDFWLRQVGHUHVVRXUFHPHQWVFLHQWLȴTXH teur du point de vue du CNRS, sans pour autant devenir
DXQLYHDXGHVVWUXFWXUHVGHUHFKHUFKHb}, explique Katia XQSLORWDJHGHODUHFKHUFKHSDUOȇDYDORXOȇDSSOLFDWLRQb},
Barral, responsable recherche partenariale et innovation estime Michel Mortier. 153 unités du CNRS participent à
à l’institut des sciences de l’ingénierie et des systèmes bLQVWLWXWV&DUQRWHW¢b7UHPSOLQV&DUQRW&HVODEHOV
(Insis) du CNRS. Le ressourcement consiste à lancer, parmi viennent compléter les dispositifs de recherche parte-
les membres de l’institut Carnot, des appels à projets QDULDOHG«M¢H[LVWDQWVDX&156ɋDFFRUGFDGUHODERUD
toire commun, voire unité mixte avec l’industrie. mb1RWUH
modèle partenarial peut aller très loin puisque nous
partageons une stratégie à long terme avec certains
industriels. Actuellement, nous entendons nous ouvrir
davantage aux PME et ETI, moins habituées à cette rela-
WLRQTXLSHXWOHVHUD\HUb}, annonce Michel Mortier.
Ayant atteint son niveau de maturité, le label Carnot
peut donc s’appuyer sur une base solide pour accroître
sa notoriété, son articulation à l’écosystème d’innovation
ainsi que son développement à l’international. II
Un Tremplin Carnot
en technologies cognitives
© H. RAGUET/CNRS PHOTOTHÈQUE
mb7RXWV\VWªPHSURGXLWRXVHUYLFHLPSOLTXDQWXQ¬WUHKXPDLQSHXW
VȇDP«OLRUHUHQIDLVDQWDSSHODX[VFLHQFHVGHODFRJQLWLRQb}ɋWHOHVW
OHFUHGRGH&«OHVWLQ6HGRJERGLUHFWHXUGX7UHPSOLQ&DUQRW
&RJQLWLRQODEHOOLV«HQ&HWWHDSSURFKHPRGLȴHOHSRLQWGHYXH
de certaines entreprises sur les sciences humaines et sociales. En
HHWODFRJQLWLRQDXJPHQW«HRXFROODERUDWLYHHWOȇLQWHOOLJHQFH
DUWLȴFLHOOHQRWDPPHQWVRQWVRXUFHVGȇLQQRYDWLRQGDQVOHV
L’institut Carnot Mica est spécialisé en
domaines de la santé, des transports, des télécommunications, etc.
matériaux. Ci-dessus, un réacteur plasma
mb1RXVWUDYDLOORQVDYHFGHJUDQGVJURXSHVFRPPHΖ%0VXUOHV
servant à l’élaboration d’un pansement en
voitures intelligentes, mais aussi avec des PME sur la création d’un
textile libérant des molécules bioactives.
DLGHVRLJQDQWDUWLȴFLHOSRXUODU«DQLPDWLRQQHXURORJLTXHSDU
En bas à gauche, une structure 3D obtenue
H[HPSOHb}SU«FLVHWLO/ȇREMHFWLIɋ"
par une technique inspirée du kirigami.
Davantage d’utilité, de performance
EQEDV GURLWHVWUXFWXUHVGHJRQõHPHQW
et de durabilité des technologies…
produites sur un gel d’alginate après le
au service de l’humain. www.instituts-carnot.eu
dépôt d’une goutte d’eau.
b$
près les rassemblements de Un partenariat d’excellence Le choix du Mexique comme
Washington (2014), Singapour « L’UMI est le niveau de collaboration pays hôte de ce rendez-vous des UMI
(2015) et Québec (2016), le VFLHQWLȴTXHOHSOXV«OHY«HWOHSOXV américaines ne doit rien au hasard,
CNRS a décidé de mettre les bou- intégré que nous puissions entrete- des liens historiques très forts unis-
chées doubles cette année à Mexico nir avec un établissement étranger », sant la France et le Mexique. C’est
en réunissant, pour la première fois, rappelle Patrick Nédellec, directeur d’ailleurs le Conseil national des
les UMI et UMIFRE1 du continent amé- de la Derci (Direction Europe de la sciences et technologies mexicain
ricain, soit la moitié des UMI mon- recherche et coopération internatio- (CONACyT) qui a accueilli la ren-
diales. Bien ancrés dans les écosys- nale) du CNRS. L’UMI représente un contre. « Heureux, selon son direc-
tèmes de recherche des deux modèle singulier dans le paysage de teur général, Enrique Cabrero
Amériques, ces laboratoires couvrent la recherche mondiale. « Une UMI, ce Mendoza, de recevoir le CNRS et ses
quasiment l’ensemble des disciplines n’est pas de la recherche délocalisée. UMI qui nous permettent de franchir
du CNRS, à quelques exceptions près. Il s’agit au contraire de donner une OHVEDUULªUHVDUWLȴFLHOOHVGDQVXQ
Une opération minutieusement orga- impulsion forte à une recherche par- monde globalisé ». Un message qui
nisée par Xavier Morise, directeur du tenariale d’excellence impliquant les a pris une résonance particulière
bureau du CNRS à Washington, et son meilleurs chercheurs et institutions dans un contexte géopolitique en
homologue Olivier Fudym du bureau de par le monde », explique Xavier mutation, entre Brexit et incerti-
Sous-marin
de Rio de Janeiro, coordinateurs ré- Morise. Il existe aujourd’hui 36 unités tudes sur les décisions budgétaires
miniature
gionaux des collaborations et parte- de ce type dans le monde, réparties développé au
des États-Unis en matière de
QDULDWVVFLHQWLȴTXHV principalement entre l’Asie et l’Amé- Lafmia, une UMI recherche.
3UªVGHbSHUVRQQHV«WDLHQW ULTXHGX1RUGɋSDUPLHOOHVbRQW basée au
U«XQLHVɋ OHV GLUHFWHXUV GHV FKHU moins de dix ans. Mexique. Une nouvelle UMI mexicaine
cheurs de ces laboratoires communs Le CNRS a également saisi l’occasion
venus de six pays (Canada, États-Unis, de cette rencontre pour inaugurer
Mexique, Chili, Argentine, Brésil), des une nouvelle UMI en mathématiques
FRQVHLOOHUVVFLHQWLȴTXHVGHVLQGXV et le renouvellement de celle exis-
triels, des représentants d’agences de WDQWGHSXLVHQDXWRPDWLTXH
ȴQDQFHPHQWLQWHUQDWLRQDOHVHWXQH « Le laboratoire franco-mexicain
importante délégation de personnels d’informatique et d’automatique
k3+27266086$&&+Ζ2
CNRS LE JOURNAL
50
EN ACTION
Paléontologie. Des chercheurs ont percé les secrets enfouis dans les isotopes du calcium
de dents fossilisées. Grâce à une méthode inédite, ils proposent un nouveau scénario sur la
disparition des grands reptiles marins lors de l’extinction massive, il y a 66 millions d’années.
1. « Calcium Isotopic Evidence for Vulnerable Marine Ecosystem Structure Prior to the K/Pg Extinction », J. E. Martin et al., Current BiologyYROɋ2. Unité
CNRS/ENS Lyon/Univ. Claude-Bernard. 3. Centre de recherche sur la paléobiodiversité et les paléoenvironnements (CNRS/UPMC Paris 6/MNHN). 4.2ɝ FHFK«ULȴHQGHV
phosphates. 5. m$VLPSOLȴHGSURWRFROIRUPHDVXUHPHQWRI&DLVRWRSHVLQELRORJLFDOVDPSOHV}77DFDLOet al., Journal of Analytical Atomic SpectrometryYRO
CNRS LE JOURNAL
52
EN ACTION
1. CNRS/Université de Montpellier.
Des villes
toujours plus grosses PAR LAURE CAILLOCE
'
b
epuis cinquante ans, le mouve- maximum entre deux bâtiments.
ment d’urbanisation de la pla- Mais le découpage administratif et les
nète s’est fortement accéléré, VWDWLVWLTXHVRɝ FLHOOHVIRXUQLHVSDUOHV
HWOHQRPEUHGHFLWDGLQVDRɝ FLHOOH pays obéissent à une tout autre lo-
PHQWG«SDVV«GHODSRSXODWLRQ gique… Administrativement parlant,
mondiale. Dans le même temps, on a Paris se cantonne ainsi à la zone à
assisté à l’émergence d’une forme l’intérieur du périphérique et totalise
QRXYHOOHGHYLOOHVOHVP«JDFLW«VGHV bPLOOLRQVGȇKDELWDQWVVHXOHPHQW
mastodontes urbains de plus de 3RXUFRQWRXUQHUODGLɝ FXOW«OH
bPLOOLRQVGȇKDELWDQWVȐDXPLQLPXP géographe François Moriconi-Ebrard
Si Paris et Londres avoisinent les et ses collègues du laboratoire
bPLOOLRQVGȇKDELWDQWVOȇDJJORP«UD Espace2 ont mis au point une mé-
WLRQGH6KDQJKDLȵLUWHUDLWDXMRXUGȇKXL WKRGHGHFDOFXOXQLYHUVHOOHɋmb2QXWL
DYHFOHVPLOOLRQV%LHQTXHOȇRUGUH lise les images satellite pour délimiter
du classement divise les chercheurs, le périmètre de la ville, et on croise Avec ses mbSDVVHSRUWXUEDLQ}D\DQW«W«DVVRX
on trouve parmi les dix plus grandes avec la cartographie du recensement, 80 millions plie, les Chinois peuvent désormais
villes du monde Shanghai, Guangzhou en utilisant les plus petites unités d’habitants, s’installer (presque) où bon leur
Shanghai serait
(Canton), Tokyo, Dehli et Mumbai FRPPXQLTX«HVSDUFKDTXHWDWb}, semble… mb/ȇΖQGHHWOȇ$IULTXHGH
aujourd’hui la
(Bombay), mais aussi New-York avec explique le chercheur, qui a employé vraient être les prochaines zones
plus grande ville
VHVbPLOOLRQVGȇKDELWDQWV cette méthode pour hisser Shanghai du monde. GȇH[SORVLRQ XUEDLQHb }, poursuit
sur la première marche du podium. Francois Moriconi-Ebrard. Déjà au
Le casse-tête de la taille Toutes les mesures sont conservées rang de mégacités, Lagos (Nigéria) et
mb/ȇXUEDQLVDWLRQHVWVLLQWHQVHTXȇHOOH dans la base de données mondiale Le Caire (Égypte) continuent de gros-
a brouillé les cartes, raconte Michel *«RSROLVGDQVODTXHOOHVHSURȴOHQW sir, tandis que Kinshasa (République
Lussault, géographe au laboratoire déjà les mégacités de demain. Car la démocratique du Congo) ou Onitsha
Environnement, ville, société1. On ne tendance au gigantisme urbain ne fait (Nigeria) pourraient vite passer la
VDLWSOXVR»FRPPHQFHQWHWR»ȴ TXHFRPPHQFHUɋ$XQRPEUHGȇXQH barre des 10 millions… mb&ȇHVWDXVVLOH
nissent des villes comme Mexico, trentaine aujourd’hui, les mégacités cas d’Addis-Abeba, en Éthiopie, qui
Tokyo ou Shanghai, qui aujourd’hui devraient être cinquante d’ici à 2050. H[SORVHOLWW«UDOHPHQWVRXVOȇHHWGHV
n’ont plus rien à voir avec la cité d’ori- C’est plutôt du côté de l’Asie et de LQYHVWLVVHPHQWVFKLQRLVb}, ajoute-t-il.
JLQHȐb} Sans compter que certains l’Afrique qu’il faut guetter leur émer-
pays surestiment ou sous-estiment gence. mb/D&KLQHHVWOHSD\VOHSOXV Des lieux d’innovation
volontairement la taille de ces cités, peuplé au monde, il faut s’attendre à Quant à savoir si cette explosion ur-
pour des raisons géopolitiques ou ce qu’elle ait des mégacités en pro- baine est une bonne nouvelle…
l’obtention d’aides internationales. En SRUWLRQGHVDSRSXODWLRQb}, prédit Synonymes pour le public de pollu-
théorie, c’est la continuité du bâti qui Denise Pumain, géographe au labo- tion ou d’insécurité, les mégacités
fait la ville – avec une distance géné- ratoire Géographie-cités3 . D’autant sont vues d’un œil moins sévère par
ralement admise de 200 mètres que, leur obligation de détenir un OHVJ«RJUDSKHVɋ mb$XMRXUGȇKXLOHV
mégapoles ne sont plus des man-
1. Unité CNRS/ENS Lyon/Univ. Jean-Moulin/Univ. Lumière/Univ. Jean-Monnet/ENTPE/Ensal/École des mines de Saint-Étienne/Insa
Lyon. 2. Études des structures, des processus d’adaptation et des changements de l’espace (CNRS/Univ. Sophia-Antipolis/
geuses d’hommes. Dans les pays les
Aix-Marseille Université/Univ. Avignon-Pays de Vaucluse). 3. Unité CNRS/Univ. Panthéon-Sorbonne/Univ. Paris-Diderot. plus pauvres, les conditions de vie y
CNRS LE JOURNAL
54
EN ACTION
national qui développe des bureaux leurs en train d’émerger, qui court-
attire parallèlement une quantité circuite les traditionnelles discussions
GȇHPSORLVSHXTXDOLȴ«VSRXUOȇHQWUH interétatiques. Sur la question clima-
tien, le ménage, etc. » Un phénomène tique et l’écologie, le réseau C40
(Cities Climate Leadership Group)
fédère les 90 plus grandes métro-
poles du monde. Plusieurs fois par
DQOHV«OXVGHFHU«VHDXU«ȵ«FKLVVHQW
ensemble sur les transports, l’alimen-
tation, la voirie, les migrations...
Après la COP 21, les villes du C40 se
sont même engagées à dépasser les
© F. MORICONI-EBRARD/GEOPOLIS DATABASE,2017
REMHFWLIVȴ[«VHQPDWLªUHGȇ«PLV
sions de CO2. mb/HVP«JDSROHVDV
surent qu’elles peuvent faire mieux
que leurs États, car elles sont moins
contraintes qu’eux au plan diploma-
WLTXHb}, commente Michel Lussault.
Avec les mégacités, un nouvel
ordre géopolitique est en train
d ’émerger. Ces villes-mondes
sont nettement meilleures que dans Carte des qui se traduit aussi spatialement, tendent à constituer de vrais pôles
les campagnes, note Denise Pumain. agglomérations avec une séparation toujours plus de stabilité, qui échappent en partie
Les installations sanitaires sont meil- urbaines de plus marquée entre quartiers riches et aux tensions diplomatiques entre
de 10 millions
leures, on compte moins de mortalité pauvres. La multiplication des « gated pays. mb&ȇHVWLQG«QLDEOHPHQWXQIDF
d’habitants
infantile. De la même manière, la qua- communities », ces quartiers aisés teur de paix. Mais le risque est grand
(2010).
OLȴFDWLRQGHVSRSXODWLRQVWHQG¢DXJ fermés au reste de la ville, en est qu’elles deviennent complètement
menter avec la taille des villes. » l’expression la plus forte – à l’image hors-sol et se coupent de leur terri-
« Lieux de l’innovation par excel- des tours d’Alphaville à São Paulo. WRLUHGHSUR[LPLW«b}, s’inquiète Michel
lence – économique, technologique, Par ailleurs, les transports et les Lussault. Et que Paris échange da-
culturelle, mais aussi sociale –, les pollutions engendrées par les em- vantage avec Londres ou New York
mégacités sont de véritables espaces bouteillages quotidiens – à Pékin, qu’avec Lille ou Tours... II
Depuis une dizaine d’années, la question des ressurgir… Sans pousser forcément dans le sens des
U«SDUDWLRQVREMHWGXSURMHWmb5HSDLUVb}TXHYRXV FRPSHQVDWLRQVȴQDQFLªUHVLOIDXWDOOHUSOXVORLQGDQVOH
L’esclavage,
coordonnez, est devenue centrale. du souvenir à travail de mémoire collective et sortir du seul aspect
Myriam Cottias1 :(QHHW4XHFHVRLWHQ$P«ULTXHGX la mémoire, par moralisateur et accusateur. Les lieux dédiés à cette his-
Nord et du Sud, aux Antilles, en Afrique ou dans l’océan Christine Chivallon, WRLUHHWTXLSHUPHWWHQWGȇ\U«ȵ«FKLUP«PRULDX[VDOOHV
éditions Karthala,
Indien, cette question est aujourd’hui au cœur des reven- FROOHFWLRQmb(VFODYDJHVb}
de musée…) sont trop peu nombreux. Pourquoi ne pas
dications des descendants des esclaves déportés depuis DR½WSbȜ imaginer un espace comme le Musée national afro-
l’Afrique. En France, en 2005, des associations fédérées américain, inauguré par Barack Obama à Washington
au sein du Mouvement international des réparations ont HQb"
DLQVLU«FODP«bPLOOLDUGVGȇHXURV¢OȇWDWIUDQ©DLVDX
titre de la compensation de la période de l’esclavage. Une Si les esclaves ou leurs descendants n’ont jamais
demande jugée alors irrecevable, les juges estimant qu’il été indemnisés pour les crimes subis, les
était impossible d’établir le montant des dommages propriétaires esclavagistes ont, eux, touché des
pour des faits aussi anciens. LQGHPQLW«VDSUªVOȇDEROLWLRQ&ȇHVWGLɝ FLOH¢
FRPSUHQGUHDXMRXUGȇKXLɋ
La loi Taubira de 2001 reconnaît l’esclavage comme M. C. : $SUªVOȇDEROLWLRQHQGHVLQGHPQLW«VRQW«W«
un crime contre l’humanité et demande que cette versées aux propriétaires d’esclaves des Antilles, de
période de l’histoire nationale soit enseignée de Maurice et de la Réunion, du Sénégal et de Nosy Be à
Oȇ«FROHSULPDLUHDXO\F«H9DWHOOHDVVH]ORLQɋ" «L’Abolition de 0DGDJDVFDUDȴQGHFRPSHQVHUOHVSHUWHV«FRQRPLTXHV
M. C. : Cette loi est une première dans le monde. Son l’esclavage dans TXHODȴQGHOȇHVFODYDJHHQWUD°QDLWSRXUHX[9LFWRU
les colonies
REMHFWLI«WDLWGHPHWWUHȴQ¢XQVLªFOHHWGHPLGȇRXEOL Schœlcher, le père de l’abolition, n’y était pas favorable
françaises en
durant lequel l’esclavage a été complètement passé sous 1848», peinture
HWDYDLWOXLLPDJLQ«XQV\VWªPHR»OHVmbHVFODYLV«Vb}VH
silence par les institutions. Le problème, c’est qu’au- de François- UDLHQWLQGHPQLV«VȐ0DLVLOVȇHVWUDQJ«DXSDUWLGHOȇHɝFD
jourd’hui encore, il reste des traces de cette période dans Auguste Biard FLW«ɋOHVSURSUL«WDLUHVHVFODYDJLVWHVDYDLHQWXQYUDLSRX
nos rapports sociaux et que le passé ne cesse de (1798-1882). voir de nuisance. Il a choisi de leur donner satisfaction,
SRXUTXHOȇDEROLWLRQVRLWHHFWLYHDXSOXVYLWH
Au Centre international de recherches sur les esclavages,
nous sommes d’ailleurs en train de constituer une base
de données des indemnités accordées aux propriétaires
GDQVWRXVOHVWHUULWRLUHVFRQFHUQ«VɋDFFHVVLEOH¢WRXVHOOH
comportera le nom des personnes indemnisées, leur
statut et le montant de l’indemnité reçue. On a tendance
à voir l’esclavage sous le seul prisme de l’opposition ra-
ciale blanc-noir, mais nous constatons déjà que les choses
QHVRQWSDVDXVVLELQDLUHVTXȇRQOȇLPDJLQHSDUIRLVɋDLQVL
RQUHWURXYHGHVmbOLEUHVGHFRXOHXUb}SDUPLOHVSHUVRQQHV
LQGHPQLV«HVȂFHVHVFODYHVDUDQFKLV«WDLHQW¢OHXUWRXU
devenus propriétaires d’esclaves. L’esclavage était aussi
XQV\VWªPH«FRQRPLTXHHWVRFLDObII
© F.-A. BIARD/DR
1. Directrice du Centre international de recherches sur les esclavages et les post-esclavages (Ciresc) – devenu en janvier 2017 Lire l’intégralité de l’interview
une unité de recherche et de service du CNRS (USR) – et chercheuse au LC2S (CNRS/Univ. des Antilles). sur lejournal.cnrs.fr
CNRS LE JOURNAL
56
LES IDÉES
Les nouveaux
chantiers du
Comité d’éthique
Entretien. 5«ȵ«FKLUDX[FRQV«TXHQFHV
«WKLTXHVGXG«YHORSSHPHQWGHVVFLHQFHVɋ
telle est la tâche assignée aux sages
déontologie des métiers de la recherche, et à celle du
GX&RPLW«Gȇ«WKLTXHGX&1564XHOOHV « guide » adopté en novembre 2016 par la Conférence
orientations son nouveau des présidents d’université. Il me semble aujourd’hui
président souhaite-t-il nécessaire, entre autres, de mieux préciser les frontières
de la notion de plagiat, tant celle-ci est multiforme. Dans
GRQQHU¢FHWWHLQVWDQFHɋ"
les disciplines littéraires ou les sciences humaines, par
/HVU«SRQVHVGXFKHUFKHXU exemple, la pratique du « copier-coller » est inadmis-
HQLQWHOOLJHQFHDUWLȴFLHOOH sible. En revanche, dans les sciences dures, qui accordent
k/$//25*(
9RXVDYH]«W«QRPP«HQ¢ODW¬WHGX&RPLW« /DOLEHUW«GHODUHFKHUFKHȴJXUHDXVVLSDUPLOHV
Gȇ«WKLTXHGX&156&RPHWV4XHOHVWOHU¶OHH[DFW JUDQGVVXMHWVTXHYRXVFRPSWH]H[SORUHUȐ
GHFHFRPLW«ɋ" -**ɋ(QHHWɋ/DOLEHUW«PRWLYHOHVFKHUFKHXUV(OOH
-HDQ*DEULHO*DQDVFLD1ɋ/DPLVVLRQGX&RPHWVGRQWOD fait l’attrait de ce métier et c’est aussi une condition de
FU«DWLRQUHPRQWH¢HVWGHFRQGXLUHGHVU«ȵH[LRQV sa fécondité. Imposer des cadres trop contraignants
sur les conséquences sociales et morales du développe- bride l’innovation, le « nouveau » étant, par nature, ce qui
ment des sciences et de leurs applications pratiques, «FKDSSH¢ODSU«YLVLRQ¢ODSODQLȴFDWLRQ7RXWHIRLVODSDUW
ainsi que sur les principes qui doivent régir le compor- GXȴQDQFHPHQWVXUSURMHWGHODUHFKHUFKHQȇDFHVV«
WHPHQWGHVSHUVRQQHOVGX&156HWOHIRQFWLRQQHPHQW d’augmenter au cours des dernières années. Cette évo-
des laboratoires. Ce comité, dont les avis sont publics et OXWLRQVRXOªYHXQHTXHVWLRQFDSLWDOHɋOHVFKHUFKHXUV
qui tire sa force des seuls arguments qu’il expose, est sont-ils toujours libres de choisir leurs sujets d’étude, de
purement consultatif. Il ne prend pas de décisions exé- défricher des pistes inédites, d’aller au bout de leurs
FXWRLUHVQȇDUELWUHSDVOHVFRQWURYHUVHVVFLHQWLȴTXHVQH idées quitte à ne rien trouver ou trouver autre chose…,
s’érige pas en tribunal pour les cas particuliers qui ou sont-ils exagérément tenus de répondre aux de-
SHXYHQWOXL¬WUHVRXPLVȐ/H&RPHWVSDUDLOOHXUVHVW PDQGHVIRUPXO«HVSDUOHVSRXYRLUVHQSODFHɋ"6HSHQFKHU
LQG«SHQGDQWɋLOSHXWVȇDXWRVDLVLUGHWRXWVXMHWGRQWLO sur l’autonomie à donner aux acteurs de la recherche
souhaite étudier les implications éthiques. amène également à questionner la légitimité de travaux
potentiellement néfastes pour l’humanité, comme la
&RPPHQWOXWWHUFRQWUHOHVLQFRQGXLWHV géo-ingénierie qui se propose de manipuler le climat.
VFLHQWLȴTXHVɋ" Autrement dit, certaines recherches sont-elles trop dan-
-**ɋ/H&RPHWVVȇHVWWRXMRXUVEHDXFRXSȂHWWUªVHɝ
JHUHXVHVSRXU¬WUHSRXUVXLYLHVɋ"(QȴQODVFLHQFHSDUWL
FDFHPHQWȂVRXFL«GHVTXHVWLRQVGȇLQW«JULW«VFLHQWLȴTXH FLSDWLYHHWOHVG«EDWVFLWR\HQVVXUODVWUDW«JLHVFLHQWLȴTXH
Au cours de la précédente mandature, il a notamment sont utiles et nécessaires dans une démocratie. Mais la
contribué à l’élaboration de la Charte nationale de démarche « bottom-up2 » ne risque-t-elle pas d’entraver
1. Professeur d’informatique à l’université Pierre-et-Marie-Curie et membre senior de l’Institut universitaire de France. 2. 8QHG«PDUFKHmbERWWRPXSb}
mbGHEDVHQKDXWb}RXDVFHQGDQWHFRQVLVWH¢SDUWLUGHODEDVHSXLV¢IDLUHUHPRQWHUOHVGRQQ«HVYHUVOȇRUJDQLVDWLRQFHQWUDOH
CNRS LE JOURNAL
58
LES IDÉES
kΖ.21Ζ0$*(60$67(5)Ζ/(
la liberté des chercheurs et de provoquer l’abandon de la circulation rapide et ouverte des données dans ces
recherches incompréhensibles au grand public et pour- domaines. En revanche, les informations relatives à la
WDQWSURPHWWHXVHVɋ"ΖOIDXWHQG«EDWWUH santé, comme en produisent beaucoup les sciences
médicales et parfois les sciences humaines, sont sen-
$XWUHVXMHW«SLQHX[ɋODVLWXDWLRQGHVFKHUFKHXUV VLEOHVSDUFHTXHVXVFHSWLEOHVGȇDERXWLU¢OȇLGHQWLȴFDWLRQ
TXLWUDYDLOOHQWGDQVGHVSD\VHQJXHUUHHWRX de personnes. C’est pourquoi il importe de dresser une
EDIRXDQWOHVGURLWVKXPDLQVȐ W\SRORJLHGHVGL«UHQWHVFDW«JRULHVGHGRQQ«HVGHUH
-**ɋIl est évidemment impossible à ces personnels FKHUFKHDȴQGȇHQSU«FLVHUOHVWDWXWHWGHJDUDQWLUXQ
d’ignorer la tragédie humaine qui frappe le pays où ils partage raisonné, équitable, de ces contenus.
VRQWHQSRVWH/DWHQVLRQ«WKLTXHGDQVFHFDVHVWWUªV
IRUWH4XHOOHHVWODERQQHDWWLWXGH¢DGRSWHUɋ"/HVFKHU (QI«YULHUOH3DUOHPHQWHXURS«HQDGHPDQG«¢OD
cheurs doivent-ils rester sur place, au risque de paraître &RPPLVVLRQHXURS«HQQHGHG«ȴQLUGHVQRUPHV
cautionner un régime autoritaire qui emprisonne ses MXULGLTXHVHW«WKLTXHVDSSOLFDEOHVDX[URERWV/HV
SURSUHVFKHUFKHXUVRXOHVREOLJH¢VȇH[LOHUɋ")DXWLODX GURQHVOHVURERWVLQGXVWULHOVOHVURERWVP«GLFDX[HW
contraire, qu’ils interrompent leur mission, sachant que DXWUHVYRLWXUHVVDQVFKDXHXUDSSHO«V¢UHPSODFHU
OHVDUFK«RORJXHVHXURS«HQVHQYR\«VHQ6\ULHRXHQΖUDN GHSOXVHQSOXVOHVKXPDLQVGDQVFHUWDLQHVW¤FKHV
par exemple, font un travail remarquable pour essayer GRLYHQWLOVGHYHQLUGHVVXMHWVGHGURLWɋ"
de prévenir, de limiter et de réparer les dégâts causés au -**ɋPour régler les problèmes de responsabilité civile
SDWULPRLQHFXOWXUHOGHODU«JLRQɋ"1RXVQȇDYRQVSDVOD ou pénale posés par les robots en cas d’accident ou de
réponse à ces questions. Elles retiennent toute l’atten- dysfonctionnement, les eurodéputés
“
WLRQGX&RPHWVPDLVLOQHQRXVDSSDUWLHQWSDVGHG«ȴQLU suggèrent d’imposer aux détenteurs
ODSROLWLTXHVFLHQWLȴTXHGX&156 de ces machines la souscription Certaines
d’une assurance spécifique et la
'HQRPEUHX[FKHUFKHXUVSXEOLFVVRQWIDYRUDEOHV création d’un fonds d’indemnisation recherches
DXSULQFLSHGȇRXYHUWXUHGHVGRQQ«HVDXQRP GHVYLFWLPHV6XUWRXW¢SOXVORQJ
GȇXQLG«DOGHSDUWDJHHWGȇ«FKDQJHHQWUHSDLUV terme, la résolution adoptée par le sont-elles trop
4XȇHQSHQVH]YRXVɋ" Parlement européen propose de
-**ɋ/HSDUWDJHGHVGRQQ«HVVFLHQWLȴTXHVU«SRQG faire des « robots autonomes les dangereuses pour
au besoin d’échanger le plus rapidement possible des plus sophistiqués » des personnes
résultats et de favoriser ainsi de nouvelles découvertes.
/DSOXSDUWGHVJUDQGVRUJDQLVPHVGHUHFKHUFKHGRQWOH
&156RQWVLJQ«OD'«FODUDWLRQGH%HUOLQGHVXUOH
libre accès à la connaissance, dans toutes les sciences.
électroniques « avec des droits et
des obligations ». Est-il opportun de
conférer une personnalité juridique
être poursuivies ?
DX[URERWVɋ"&HODGHPDQGH¢¬WUHGLVFXW«WRXWFRPPH
”
Cela dit, cette mise en commun généralisée des connais- OȇLG«HGȇXQLPS¶WVXUOHWUDYDLOGHVURERWVSRXUȴQDQFHU
VDQFHVSHXWDYRLUGHVHHWVG«O«WªUHV7RXWG«SHQGHQ ODSURWHFWLRQVRFLDOHGHVWUDYDLOOHXUV/H&RPHWVDGXSDLQ
réalité, des disciplines. Certaines matières ne sont pas sur la planche… II
au cœur d’enjeux industriels et/ou commerciaux ma-
jeurs, ne génèrent pas de contenus touchant la vie privée /LUHOȇLQW«JUDOLW«GHOȇHQWUHWLHQ
ou la sécurité nationale… Il n’y a aucune raison de limiter sur KWWSFQUVLQIRFQUVIU
CNRS LE JOURNAL
60
LES IDÉES
À lire
SOCIOLOGIE COMMUNICATION
&HWRXYUDJHFROOHFWLISURSRVHXQH Et si le désamour de l’Europe était avant
immersion inédite dans l’univers tout un problème de communication ?
du patronat français à travers La nouvelle livraison de la revue Hermès
bUHWUDQVFULSWLRQVGȇHQWUHWLHQV nous invite à explorer cette thèse, entre
avec des dirigeants de tous diagnostic et solutions, grâce aux
horizons, du bâtiment au contributions d’une quarantaine de
FRPPHUFH7«PRLJQDJHDSUªV VFLHQWLȴTXHV3RXUHX[SOXVLHXUVW\SHV
W«PRLJQDJHGXGLULJHDQWGH73(¢ GȇmbLQFRPPXQLFDWLRQVb}Ȃmb¢OȇLQW«ULHXU
celui d’un groupe industriel, se GHOȇ(XURSHGHVɋHQWUH2XHVWHW(VW
dessine le portrait nuancé, loin MATIÈRE DYHFODID©DGHVXGGHOD0«GLWHUUDQ«H
GHVVW«U«RW\SHVGȇXQHFDW«JRULH Les matériaux et à l’intérieur même des États membres
VRFLDOHȴQDOHPHQWDVVH]PDO composés de RXELHQDYHFOHXUYRLVLQDJHLPP«GLDWb}bȂ
FRQQXHmb&HTXLGLVWLQJXHOHV petits grains, tel le sable, « constituent se conjuguent pour faire obstacle au
patrons les uns des autres est avec l’eau la plus abondante espèce projet européen, mbODSOXVJUDQGHXWRSLH
DXVVLVLJQLȴFDWLITXHFHTXLOHV PDW«ULHOOHSU«VHQWHVXU7HUUH}, politique, économique, culturelle de
GLVWLQJXHGHVDXWUHVb}, concluent expliquent les auteurs dans leur OȇKLVWRLUHGXPRQGHb}selon les mots
les auteurs de cette enquête DYDQWSURSRV0DOJU«VRQRPQLSU«VHQFH de Dominique Wolton, directeur de la
GHQVHPDLVSDVVLRQQDQWH la forme granulaire a longtemps été SXEOLFDWLRQ
Patrons en France,0LFKHO2HUO«GLU Q«JOLJ«HDXSURȴWGHVmbIRUPHV Les incommunications européennes, Joanna
La Découverte, Hors collection sciences FDQRQLTXHVb} de la matière (gaz, solide, Nowicki, Luciana Radut-Gaghi et Gilles Rouet
humaines, (coord.) Hermès n° 77, CNRS Éditions, mai 2017,
OLTXLGH&KRVHU«YROXHGHSXLVXQH
mai 2017, 312 p., 25 €
vingtaine d’années puisque les
664 p., 25 €
recherches se multiplient pour mettre
au jour ou exploiter les étonnantes
SURSUL«W«VGHFHVPDW«ULDX[HQJUDLQV
Écrit par trois pointures du domaine,
FHWRXYUDJHFRQVWLWXHXQHV\QWKªVH
intéressante sur ce sujet émergent,
dont les applications s’étendent de
la médecine à l’agronomie en passant
SDUOHVPDW«ULDX[GHFRQVWUXFWLRQ
Matière en grains, Étienne Guyon, Jean-Yves
Delenne, Farhang Radjai, Odile Jacob sciences,
bSDYULOȜ
SOCIOLOGIE POLITIQUE
SDUWLUGXPLOLHXGHVDQQ«HVOD)UDQFHPHWHQSODFH
XQHmbSROLWLTXHU«VROXHb}FRQWUHOHVVHFWHV2EMHWGȇXQHUHODWLYH
XQDQLPLW«GDQVQRVIURQWLªUHVFHOOHFLUHVWHXQHH[FHSWLRQ
PHYSIQUE internationale et va même susciter la controverse à l’étranger,
Dix ans après la disparition de provoquant parfois des tensions diplomatiques, notamment avec
3LHUUH*LOOHVGH*HQQHVWURLV OHVWDWV8QLV&RPPHQWH[SOLTXHUFHWWHVLQJXODULW«IUDQ©DLVHɋ"
SK\VLFLHQVWHQWHQWGHmbIDLUHUHYLYUH /DWUDGLWLRQOD±TXHGXSD\VDVRXYHQW«W«DYDQF«HPDLVOȇDXWHXU
le goût du partage, l’énergie et SURSRVHLFLXQHDXWUHDQDO\VHbVLODU«DFWLRQGHOȇWDWHVWDXVVLIRUWH
OȇLQODVVDEOHFXULRVLW«b} de ce c’est que ces groupes remettent en cause mbGHVQRUPHVTXLRQW
VFLHQWLȴTXHGHJ«QLHHQQRXV de longue date, reçu la caution des pouvoirs
présentant une sélection de ses SXEOLFVb}, que ce soit dans le domaine médical,
WH[WHVbOH©RQVDX&ROOªJHGH)UDQFH GHOȇ«GXFDWLRQRXHQFRUHGHOȇDOLPHQWDWLRQ
entretiens avec des journalistes, L’enquête, menée entre 2007 et 2012, se
OHWWUHV¢VHVFRQIUªUHVVFLHQWLȴTXHVWHOOHFHOOHDXVVLFRXUWH QRXUULWGHbHQWUHWLHQVHWGȇXQWUDYDLOGH
TXHIDVFLQDQWHDGUHVV«H¢<YHV&RSSHQVDXVXMHWGHV terrain dans des associations antisectes,
ELIDFHVSU«KLVWRULTXHV(QWUHVFLHQFHVHWWUDMHFWRLUH mais aussi auprès d’une association qui, basée
personnelle, entre dessins et textes inédits du prix Nobel à Bruxelles, s’oppose à la politique française
FHOLYUHSHUPHWGHFRPSUHQGUH¢TXHOSRLQW3LHUUH DXQRPGHODG«IHQVHGHVOLEHUW«VUHOLJLHXVHV
*LOOHVGH*HQQHVmDXWDQWTXHSK\VLFLHQDSX¬WUHSHQVHXU Raison d’État. Histoire de la lutte contre les sectes en
GHODSK\VLTXH} France, Étienne Ollion, Éditions La Découverte, juin 2017,
L’extraordinaire Pierre-Gilles de Gennes, prix Nobel de physique, 272 p., 19 €
textes choisis et présentés par Françoise Brochard-Wyart, David Quéré
et Madeleine Veyssié, Odile Jacob sciences, mai 2017, 224 p., 23,90 €
À lire
COSMOS
CNRS LE JOURNAL
62
LES IDÉES
“Je me souviens…
PROPOS RECUEILLIS PAR LAURIANNE GEFFROY
…du séjour passé dans l’intimité de cette famille nomade sacré. Ils nous ont même dévoilé certaines de leurs
tchouktche du Grand Nord sibérien. Il y avait Gregori, cérémonies. Nous avions été « parachutés » là avec
le brigadier responsable du troupeau de rennes, sa un journaliste suisse, qui faisait la traduction du russe,
femme Dacha et leurs trois enfants Julia, Sacha et Givelik. et une femme médecin française, pour mener une
C’était en 1993. Ils n’avaient jamais vu d’étrangers car H[SHUWLVHDQWKURSRORJLTXHHWP©GLFDOHVXUOHVPLQRULW©V
leur yaranga1, qui se déplace au rythme du troupeau, isolées du Grand Nord sibérien2 &שWDLWXQHH[S©ULHQFH
se trouvait dans une région isolée de la Tchoukotka H[FHSWLRQQHOOHXQHFKDQFHXQLTXHGHSRXYRLUREVHUYHU
jusque-là interdite d’accès par les Russes. Après une de l’intérieur, la vie d’un peuple encore mal connu.”
FHUWDLQHP©ôDQFHODFRQôDQFHV×HVWLQVWDOO©HHWFHWWH
3+272ɋ)21'635Ζ9-2//(52%(57/$0%/Ζ1
IDPLOOHQRXVDPRQWU©DYHFôHUW©VRQPRGHG×H[LVWHQFH
1RXVDYRQVGRUPLDYHFHX[SDUWDJ©OHXUTXRWLGLHQ
découvert leurs coutumes et leur alimentation
Lire notre entretien avec Joëlle
RUJDQLV©HVDXWRXUGXUHQQHTXLHVWSRXUHX[XQDQLPDO 5REHUW/DPEOLQm/HVSHXSOHVGH
Oȇ$UFWLTXHWLHQQHQW¢OHXUK«ULWDJH}
1. Habitat nomade traditionnel. 2.([S«GLWLRQ7UDQVVLEHULQJ/RQJLQHV VXUlejournal.cnrs.fr
CNRS LE JOURNAL
64
CARNET DE BORD
7 N° 289
65
LA CHRONIQUE
de Denis Guthleben,
historien au CNRS
CNRS LE JOURNAL
66