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Trimestriel n° 276

PRINTEMPS 2014 LE JOURNAL

Les lauréat(e)s Comment Dans la pampa, Docteurs


2014 de la les cristaux la chasse aux en sciences
MÉDAILLE DE ont conquis rayons cherchent
L’INNOVATION la recherche cosmiques entreprises
ÉDITORIAL

LE JOURNAL
Rédaction :
3, rue Michel-Ange – 75794 Paris Cedex 16
Téléphone :b
E-mail : journal-du-cnrs@cnrs-dir.fr
M ême si l’égalité entre femmes et hommes est aujourd’hui un enga-
JHPHQWGHOD5«SXEOLTXHOHVFKL΍UHVU«YªOHQWXQHU«DOLW«WRXMRXUVDFFDEODQWH
/ȇRULJLQHGHFHVLQ«JDOLW«VFȇHVWOȇH[LVWHQFHWHQDFHGHVW«U«RW\SHVTXȇLOIDXWVȇH΍RUFHU
Gȇ«UDGLTXHU&ȇHVWO¢TXHVȇLQVFULYHQWOHVVFLHQFHVGXJHQUHDERUG«HVGDQVFHQXP«UR
Le site Internet : https://lejournal.cnrs.fr
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Directeur de la publication :
Alain Fuchs SRXUWDQWUHYLVLW«H-XVTXȇ¢LO\DSHXOHVH[HIHPHOOH«WDLWFRQVLG«U«FKH]OHVPDP-
Directrice de la rédaction : PLIªUHVFRPPHXQVH[HSDUG«IDXWIDXWHGHFKURPRVRPHb<OHVLQGLYLGXVVHUDLHQW
Brigitte Perucca
Directeur adjoint de la rédaction :
VSRQWDQ«PHQWIHPHOOHV0DLVLODU«FHPPHQWDFTXLVOHVWDWXWGHmYUDL}VH[HGHSXLV
Fabrice Impériali ODG«FRXYHUWHHQGȇXQHQVHPEOHGHJªQHVQ«FHVVDLUHV¢VDFRQVWLWXWLRQ&HWWH
Rédacteur en chef : QRWLRQQȇDK«ODVSDVHQFRUH«W«SULVHHQFRPSWHGDQVOHVPDQXHOVVFRODLUHV
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Chef de rubrique : /DFRQQDLVVDQFHELRORJLTXHGXPRQGHYLYDQWHVWSURSUH¢UHQYHUVHUOHVLG«HV
Charline Zeitoun SU«FRQ©XHVTXLWRXFKHQWDXVH[HWURSVRXYHQWHQYLVDJ«VRXVOHSULVPHUHVWUHLQW
Rédacteurs :
Claire Debôves, Yaroslav Pigenet GHOȇHVSªFHKXPDLQH/HYLYDQWR΍UHSRXUWDQWXQHJUDQGHGLYHUVLW«ɋ9DUL«W«
Assistante de la rédaction des déterminismes du sexe (non pas limi-
et fabrication :
W«V¢GHVP«FDQLVPHVJ«Q«WLTXHVPDLV


Laurence Winter

Il faut
Ont participé à ce numéro : G«SHQGDQWGHOȇHQYLURQQHPHQW 9DUL«W«GX
Stéphanie Arc, Julien Bourdet, VH[HGHVLQGLY LGXVSDVVDJHVGȇXQHS«ULRGH
Laure Cailloce, Marc Daniel,
Christian Debraisne, Denis Delbecq, P¤OH¢XQHS«ULRGHIHPHOOHRXOȇLQYHUVHDX

rompre avec
Christelle Gervasoni, Mathieu Grousson, FRXUVGHOHXUYLHɋLQGLYLGXVKHUPDSKUR-
Denis Guthleben, Fui Lee Luk,
Louise Lis, Louise Mussat,
GLWHVɋLQGLYLGXVDVH[X«V9DUL«W«GHVSUD-
Philippe Testard-Vaillant WLTXHVK«W«URKRPRRXELVH[XHOOHV1RXV

la vision
Secrétaire de rédaction : gagnerions en tolérance en intégrant cette
Isabelle Grandrieux
Conception graphique : GLYHUVLW«ELRORJLTXHGXVH[H
Céline Hein Les études biologiques ne prennent pas
Iconographes :

simplement
Anne-Emmanuelle Héry, WRXMRXUVHQFRPSWHOHVH[HFHTXLFRQGXLW¢
Marie Mabrouk, Audrey Diguet une certaine ignorance des mécanismes de
Impression :
VDQW«VS«FLȴTXHVGȇXQVH[HRXGHOȇDXWUH0DLV
Groupe Morault, Imprimerie de Compiègne

biologique de
– 2, avenue Berthelot – Zac de Mercières ces recherches prennent encore moins en
– BP 60524 – 60205 Compiègne Cedex FRPSWHOHJHQUH2UOȇHQYLURQQHPHQWVRFL«WDO
Ζ661$Ζ3
Dépôt légal : à parution peut être un facteur déterminant dans le fonc-

l’individu. ”
WLRQQHPHQWELRORJLTXHΖOIDXWURPSUHDYHFOD
Photos CNRS disponibles à :
phototheque@cnrs-bellevue.fr ;
YLVLRQVLPSOHPHQWELRORJLTXHGHOȇLQGLYLGXHW
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La reproduction intégrale ou partielle en tenant compte des interactions entre
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faire obligatoirement l’objet d’une demande le fonctionnement biologique, la psychologie
auprès de la rédaction. HWODVRFLRORJLHΖOQRXVIDXWDFFHSWHUTXHODYLVLRQDQGURFHQWULTXHGHODVRFL«W«DSX
LQȵXHQFHUOHVDSSURFKHVH[S«ULPHQWDOHVHWELDLVHUOHVLQWHUSU«WDWLRQVVFLHQWLȴTXHV
&HWWHUHPLVHHQTXHVWLRQUHSRVHVXUXQLQFRQWRXUQDEOHmG«FRQGLWLRQQHPHQW}GHV
KRPPHVHWGHVIHPPHVDSSHO«HQSDU<YHWWH5RXG\DORUVPLQLVWUHG«O«JX«H
DX['URLWVGHODIHPPH8QDSSHOK«ODVWRXMRXUVGȇDFWXDOLW«WUHQWHDQVSOXVWDUG

Par Catherine Jessus,


k'‹/‹*$7Ζ2130$

(QFRXYHUWXUHXQHGHV directrice de l’Institut des


ɋbFXYHVGHOȇREVHUYDWRLUH sciences biologiques du CNRS
3LHUUH$XJHUHQ$UJHQWLQH
3+272&$1$<$*$87+Ζ(5&1563+2727+Š48(

35Ζ17(036 N° 276
3
SOMMAIRE
© N. PINAUD/CNRS PHOTOTHÈQUE

GRAND FORMAT Les mille atouts de la cristallographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16


15
5D\RQVFRVPLTXHVbWUDTXHGDQVODSDPSD . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
Précieuses études de genre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30

EN PERSONNE 5
© S. RUAT/CNRS PHOTOTHEQUE

Mathias Fink, dompteur d’ondes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8


0«GDLOOHVGHOȇLQQRYDWLRQOHVODXU«DWVb . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
Laure Saint-Raymond, Caroline Lachowsky, la science à portée de voix . . . . . . . . . . . . . 12

la boss des maths 6 Les experts du climat dévoilent la suite de leur 5e rapport . . 13
Le point sur le virus du sida avec Monsef Benkirane . . . . . . . 14

 EN ACTION 37
Incubateur de complexité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
La pollution sous haute surveillance. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
Trois questions à Xavier Morise,
directeur du bureau du CNRS à Washington. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
Le CNRS prend place à Singapour . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
© ILL. D. DUCROS/CNES, 2008

Graftys, le génie des os . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47


Un accord entre le CNRS et Pôle emploi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
Picard, Dans le sillage des baleines à bosse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
sous le Soleil exactement… Le mystère des virus géants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50

LES IDÉES 51
Ils ont imaginé un autre monde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
Plaidoyer contre l’évaluation permanente . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
La médecine darwinienne, un autre regard sur la santé . . . 56
© HUAN TRAN/IKON IMAGES/CORBIS

René Gateaux, jeune mathématicien fauché


par la Première Guerre mondiale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
Aux frontières du vivant. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
Dans les arcanes de la médaille Fields . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
Jeunes docteurs
cherchent entreprises  Le malentendu démocratique européen . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62
4XHYDXWOHELWFRLQɋ". . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63

CARNET DE BORD LA CHRONIQUE DE DENIS GUTHLEBEN


Eric Guilbert nous raconte un souvenir de recherche . . . . . . . . . . 64 Germaine Tillion et Jean Zay au Panthéon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .66

CNRS LE JOURNAL

EN PERSONNE

Où l’on rencontre les médaillés de


l’innovation 2014, une mathématicienne
qui a le vent en poupe, un physicien
coté en Bourse, un spécialiste du sida…
ILLUSTRATION : S. MILLET, POUR CNRS LE JOURNAL

PRINTEMPS 2014 N° 276


5
EN PERSONNE

Mathématiques. Élue à
Laure Saint-Raymond
l’Académie des sciences
en décembre 2013,
cette chercheuse
de haut vol participera
La boss
au Congrès international
des mathématiques
à Séoul en août prochain.
des maths PAR LOUISE MUSSAT

/b
e tableau noir qui tapisse l’un des murs de son bureau Toutes ces cordes à son arc lui permettent de s’attaquer
de l’École normale supérieure (ENS) est blanchi par notamment à un épineux problème, soulevé en 1900 et
des nuées de mystérieux signes entremêlés. Des QRQHQFRUHU«VROXFRPPHQWVȇH΍HFWXHODWUDQVLWLRQGȇXQ
«TXDWLRQV1RUPDO/DXUH6DLQW5D\PRQGHVWPDWK«PD modèle physique à un autre, moins complexe et moins
ticienne. Une perle dans son domaine, les équations aux précis. Explications de la chercheuse : m/RUVTXHOȇRQHVW
G«ULY«HVSDUWLHOOHVDSSOLTX«HV¢ODSK\VLTXH/DXU«DWHGX HQSU«VHQFHGȇXQJD]UDU«ȴ«FRPPHGDQVODKDXWHDWPRV
prix de la Société européenne de mathématiques en 2008 phère terrestre, et que l’on veut simuler la rentrée d’une
HWGXSUL[ΖUªQH-ROLRW&XULHm-HXQHIHPPHVFLHQWLȴTXH} sonde spatiale par exemple, on utilise ce que l’on appelle
en 2011, elle vient d’être élue à l’Académie des sciences, ODWK«RULHFLQ«WLTXHGDQVODTXHOOHOȇ«WDWGXJD]HVWFDUDF
GRQWHOOHHVW¢bDQVODEHQMDPLQH(QDR½WSURFKDLQHOOH W«ULV«SDUXQHIRQFWLRQGHSOXVLHXUVSDUDPªWUHVFRPPH
LUD¢6«RXOHQ&RU«HGX6XGGRQQHUXQHFRQI«UHQFHDX OHWHPSVPDLVDXVVLODYLWHVVHHWODSRVLWLRQGHVDWRPHV}
&RQJUªVLQWHUQDWLRQDOGHVPDWK«PDWLTXHVUHQGH]YRXV 7DQGLVTXHSRXUG«FULUHOHFRPSRUWHPHQWGXJD]TXLHVW
incontournable qui attire des milliers de chercheurs tous DXWRXUGHQRXVLQȴQLPHQWSOXVGHQVHHQDWRPHVLOVXɝW
les quatre ans et durant lequel sont décernées les d’utiliser un modèle où l’ensemble de ces atomes est
IDPHXVHVP«GDLOOHV)LHOGV OLUHSS . considéré comme un milieu continu.
m&HTXLPȇLQW«UHVVHFȇHVWGHFRPSUHQGUHFRPPHQW
Des recherches stratosphériques RQSDVVHGHOȇXQ¢OȇDXWUHGHFHVPRGªOHVVȇDJLWLOGȇXQH
Ça ressemble à quoi, le quotidien d’une mathématicienne WUDQVLWLRQHQGRXFHXURXDXFRQWUDLUH\DWLOXQHLQFR
GHKDXWYROɋ"6HWULWXUHUOHVP«QLQJHVGHYDQWXQHIHXLOOH hérence entre les deux descriptions qui les rendent
blanche avant d’aligner des équations sur un tableau WRXWHV OHV GHX[ FDGXTXHV GDQV OHV U«JLPHV LQWHU
QRLUɋ" m3DVH[DFWHPHQWɋ s’amuse cette chercheuse P«GLDLUHVɋ"}  VȇLQWHUURJH /DXUH 6DLQW5D\PRQG
débordante d’énergie. -HSDVVHEHDXFRXSGHWHPSV )RQGDPHQWDOHVHWVWUDWRVSK«ULTXHVFHVPDWK«PDWLTXHV
à enseigner, à participer à des sémi ont néanmoins quelques applications
naires, à creuser la littérature pour physiques : elles permettent de com

“ Réfléchir devant un
PHWHQLUDXFRXUDQWGHFHTXLVHIDLW prendre l’enchevêtrement des phé
HW¢FRPPXQLTXHUOHIUXLWGHPHV QRPªQHVDX[GL΍«UHQWHV«FKHOOHVGH
UHFKHUFKHV0DLVHQH΍HWU«ȵ«FKLU
GHYDQWXQWDEOHDXQRLUIDLWSDUWLHGH tableau noir, c’est une phase temps et d’espace, et ainsi de mieux
rendre compte des observations sur
PHVDFWLYLW«VHWOHSOXVVRXYHQWMHOH
IDLVHQ«TXLSH&ȇHVWXQHSKDVHGH de création, de jeu même, l’écoulement de l’air autour d’un
avion en mouvement, par exemple,
FU«DWLRQGHMHXP¬PHGXUDQWODTXHOOH
RQQHWURXYHSDUIRLVULHQRXDORUVSDV durant laquelle on ne trouve RXVXUODIRUPDWLRQGHVWRXUELOORQV
persistants dans l’océan.
GXWRXWFHTXHOȇRQFKHUFKDLWɋ}
&HTXHFKHUFKHQW/DXUH6DLQW parfois rien, ou alors pas du /DXUH 6DLQW5D\PRQG OȇDGPHW
YRORQWLHUVHQIDQWDGROHVFHQWHHOOH

tout ce que l’on cherchait !



5D\PRQGHWVHVFROODERUDWHXUVFȇHVW n’avait pas d’attrait particulier pour
à capturer des phénomènes phy les maths. Son truc à elle, c’était plu
siques avec les mathématiques. m0D tôt le violoncelle. Et puis, au lycée, les
IRUPDWLRQHQSK\VLTXHPȇDLGH¢ELHQ «TXDWLRQVRQWȴQDOHPHQWHXUDLVRQ
comprendre le langage des physiciens et à échanger avec des gammes. m-ȇDYDLVGHVIDFLOLW«VHQPDWKVHWHQSK\VLTXH
HX[¢PHIRUJHUXQHLQWXLWLRQGHVSK«QRPªQHV¢G«FULUH} HWPHVSDUHQWVWRXVGHX[SURIHVVHXUVGHPDWK«PDWLTXHV
indique la mathématicienne. Ah oui, l’année où elle a passé RQWVDQVGRXWHLQȵXHQF«PRQFKDQJHPHQWGHSDUFRXUV}
VRQ'($GHPDWK«PDWLTXHVDSSOLTX«HV¢OȇXQLYHUVLW«3DULV &RPPH¢WRXWEDFKHOLHUEULOODQWHQPDWK«PDWLTXHVOȇLQJ«
VI ainsi que son agrégation de mathématiques, elle a éga QLHULHHWOȇLQGXVWULHOXLWHQGHQWOHVEUDV0DLVODPDWK«
lement obtenu un DEA de physique des plasmas… maticienne choisit la recherche, mLQWHOOHFWXHOOHPHQWSOXV

CNRS /(-2851$/
6
EN PERSONNE

Son parcours en 5 dates

1975 Naissance le 4 août à Paris


2000 Entrée au CNRS
2008 Lauréate du prix de la Société
européenne de mathématiques
2011 Lauréate du prix Irène-Joliot-Curie
mb-HXQHIHPPHVFLHQWLȴTXHb}
2013 Élue membre de l’Académie
des sciences

© S. RUAT/CNRS PHOTOTHEQUE
VWLPXODQWH} En 1994, elle intègre l’ENS, puis, après l’ob OHVMHXQHVQȇREWLHQQHQWJ«Q«UDOHPHQWXQSRVWHTXȇDSUªV
tention en 1996 de son double DEA, elle commence une SOXVLHXUV DQQ«HV GH SRVWGRFWRUDW FH TXL VLJQLILH
WKªVHVRXVODGLUHFWLRQGH)UDQ©RLV*ROVHHQmWK«RULH dans certaines disciplines plus expérimentales, attendre
FLQ«WLTXHGHVJD]}&RPSUHQH]HQPDWKVDSSOLTX«HV l’âge de 35 ans avant d’avoir une situation stable et
DX[PRXYHPHQWVGHVJD]ΖPP«GLDWHPHQWUHFUXW«HDX GHSRXYRLUIRQGHUXQHIDPLOOHȐ}
&156HQHOOH\SDVVHUDGHX[DQQ«HVHQWDQWTXH 3RXUWDQW¢HQFURLUH/DXUH6DLQW5D\PRQGVHV\HX[
FKDUJ«HGHUHFKHUFKHDYDQWGȇ¬WUHQRPP«HSURIHVVHXU¢ EULOODQWVOȇHQWKRXVLDVPHGDQVVDYRL[OHMHXHQYDXWOD
OȇXQLYHUVLW«3DULV9Ζ(QHOOHHVWPLVH¢GLVSRVLWLRQ chandelle : m-HSRXUUDLVVDQVGRXWHJDJQHUEHDXFRXSSOXV
de l’ENS, où elle prend la direction de l’équipe d’analyse. d’argent dans l’industrie, mais un travail ne se résume
(OOHHVWDFWXHOOHPHQWGLUHFWULFHDGMRLQWHGX'«SDUWHPHQW SDV¢XQVDODLUHSDVXQHGHPHVMRXUQ«HVGȇHQVHLJQDQWH
de mathématiques et applications1. FKHUFKHXVHQHUHVVHPEOH¢XQHDXWUHHW¢Oȇ(16MHMRXLV
GȇXQHLPPHQVHOLEHUW«SRXUPHQHUOHVUHFKHUFKHVTXHMH
Un enthousiasme sans faille YHX[MHPȇDPXVHEHDXFRXS7RXWFHODQȇDSDVGHSUL[}
6RQSDUFRXUVH[HPSODLUHHWUDSLGHFRPPHOȇ«FODLUIRUFH 4XDQGHOOHQHMRXHSDVDYHFOHV«TXDWLRQVDX[G«UL
d’autant plus le respect qu’elle gravite dans un univers vées partielles, qu’elle ne coache pas l’un de ses étudiants
largement masculin. mΖOQȇ\DSDVGHTXRLFRUULJHWHOOH RXTXȇHOOHQHGRQQHSDVGHOH©RQGHPXVLTXH¢OȇXQRX
0RQVWDWXWGHIHPPHQȇDMDPDLV«W«XQKDQGLFDSMHQȇDL OȇDXWUHGHVHVVL[HQIDQWV FLQTJDU©RQVHWXQHȴOOH¤J«V
MDPDLV «W« YLFWLPH GH GLVFULPLQDWLRQ (W IDLUH GH OD GH¢bDQVɋ /DXUH6DLQW5D\PRQGVȇ«FKDSSH¢ODPRQ
UHFKHUFKHDXMRXUGȇKXLFHQȇHVWSDVSOXVDLV«SRXUXQ tagne. Ski l’hiver ou randonnée l’été, qu’importe, l’essentiel
JDU©RQTXHSRXUXQHȴOOHFȇHVWGLɝFLOHSRXUOHVGHX[ HVWGȇ¬WUHWRXWOHWHPSVGHKRUVm-ȇHQDLYUDLPHQWEHVRLQ
pour me ressourcer, déconnecter totalement du travail,
UHYHQLUDXEXUHDXDYHFGHVLG«HVQRXYHOOHV}FRQȴHWHOOH
1. Unité CNRS/ENS. Et l’envie de blanchir à nouveau le tableau noir. II

35Ζ17(036 N° 276

EN PERSONNE

450
publications
VFLHQWLôTXHV

16
distinctions
VFLHQWLôTXHV
65
brevets
dont
la médaille
déposés
d’argent

1995 et
la médaille
de l’innovation
Chaire
2011
du CNRS
d’innovation
WHFKQRORJLTXH
du Collège
de France
Entrée en
à l’Académie
des sciences 2008
Mathias Fink, en

2003
dompteur d’ondes
Ce physicien a inventé la

4
technique du miroir à
retournement temporel, un
dispositif capable de faire revivre
à une onde toutes les étapes start-up
de sa vie passée. Membre
issues de ses
de l’Académie des sciences et
recherches
de l’Académie des technologies,
il a fondé le Laboratoire ondes
et acoustique de l’ESPCI, qui
50 270
est devenu en 2009 l’Institut millions d’euros collaborateurs
Langevin1. Ses recherches levés pour l’introduction employés
en Bourse de
sont à l’origine de la création Supersonic Imagine
de plusieurs start-up, dont
Supersonic Imagine, spécialisée
soit
en imagerie médicale et qui vient plus de
d’être introduite en Bourse.
4 millions
© C. FRÉSILLON/CNRS PHOTOTHEQUE

PAR YAROSLAV PIGENET d’actions


à 12 € l’action

1. Unité CNRS/ESPCI ParisTech/UPMC/


Univ. Paris-Diderot/Inserm.

CNRS LE JOURNAL
8
EN PERSONNE

NOMINATIONS AU MINISTÈRE
Lors du remaniement ministériel du 2 avril, et de la Consommation. Geneviève Fioraso
© É. BEGOUEN/INSERM

Benoît Hamon a été nommé ministre de a pour sa part été nommée, le 9 avril,
l’Éducation nationale, de l’Enseignement secrétaire d’État à l’Enseignement

© XR PICTURES
supérieur et de la Recherche. Il était supérieur et à la Recherche. Elle était
jusqu’ici ministre délégué chargé depuis 2012 ministre de plein exercice
de l’Économie sociale et solidaire pour les mêmes domaines.

7 ‹ / ( ; ɋ _ 7 ‹ / ( ; ɋ _ 7 ‹ / ( ; ɋ _ 7 ‹ / ( ; ɋ _ 7 ‹ / ( ; ɋ _ 7 ‹ / ( ; ɋ _

Olivier Cappé, directeur du Laboratoire traitement et communication de l’information, a reçu le


Grand Prix « sciences de l’information » de la Fondation Airbus Group _ Astrid Pinzano, de
l’unité Ingénierie moléculaire et physiopathologie articulaire, est la lauréate de la
5e Bourse Casden « jeune chercheur » pour ses travaux d’ingénierie tissulaire _
La Fondation pour la recherche sur la biodiversité a un nouveau président : Jean-François
Silvain, GX /DERUDWRLUH ©YROXWLRQ J©QRPHV HW VS©FLDWLRQ TXL VXFF¨GH   3DWULFN 'XQFDQ _
$OH[DQGUH'D]]L GX/DERUDWRLUHGHFKLPLHSK\VLTXHUHFHYUDHQQRYHPEUH
prochain le prestigieux prix de la Société de microscopie de New York pour son
invention baptisée Nano-IR _ /שTXLSH GH 5HQDXG %RXFKHW du Laboratoire
GשOHFWURFKLPLH HW GH SK\VLFRFKLPLH GHV PDW©ULDX[ HW GHV LQWHUIDFHV D UH§X OH SUL[ (') 3XOVH
« science et électricité » pour des travaux sur l’électrolyte des batteries du futur _ 'HX[FKHUFKHXUVGX
laboratoire Kastler-Brossel se sont vu attribuer des prix importants : François
Biraben,TXLDUH§XOHSUL[:LOOLDP)0HJJHUVGHO×2SWLFDO6RFLHW\HWJean-Michel
Raimond, ODXU©DWGXSUL[(GLVRQ9ROWDGHOD6RFL©W©HXURS©HQQHGHSK\VLTXH _

À OȇDɝFKH
© C. LEBEDINSKY/CNRS PHOTOTHEQUE
© N. TIGET/CNRS PHOTOTHEQUE
© M. BACHELET/INRIA
© J. DUFORT

Élue en 2013 à l’Académie Le président du Sénat a L’anthropologue et Jean Tirole, président


des sciences, %ULJLWWH.LH΍HU nommé François Pellegrini philosophe Frédéric Keck de la Toulouse School of
est la lauréate du prix comme personnalité a été nommé directeur du Economics et médaille
/ȇ2U«DO8QHVFRbSRXU TXDOLȴ«HSRXUVL«JHU¢ département de la recherche GȇRUbGX&156HQVȇHVW
ses travaux décisifs sur la Commission nationale et de l’enseignement du vu décerner le prix Erwin
la neurobiologie de la de l’informatique et des musée du quai Branly. Il a Plein Nemmers en économie
douleur. Cette distinction libertés (Cnil). Ce chercheur reçu la médaille de bronze « pour ses contributions
récompense chaque année au Laboratoire bordelais de du CNRS en 2011 pour ses à la théorie économique
cinq femmes représentant recherche en informatique, travaux ethnographiques et ses applications à la
les cinq régions du monde professeur à l’université sur les crises sanitaires ȴQDQFHDX[RUJDQLVDWLRQV
pour leur contribution de Bordeaux, est spécialiste causées par les maladies industrielles et à l’économie
au progrès de la science. du droit du numérique. animales. comportementale ».

PRINTEMPS 2014 N° 276


9
EN PERSONNE

Médaille de l’innovation :
les lauréats 2014
Événement. Le 18 juin, à Paris, la chimiste Claude Grison, le physico-chimiste Didier Roux,
l’ingénieur Valentina Lazarova et la biologiste Barbara Demeneix recevront la médaille
de l’innovation du CNRS. Créée il y a trois ans, cette récompense honore des chercheurs
dont les travaux sont remarquables sur le plan n technologique, économique ou sociétal.
économique
PAR LA RÉDACTION

Claude Grison
Elle est au cœur d’une incroyable success
VWRU\HQYLURQQHPHQWDOHɋ&ODXGH*ULVRQ
FKLPLVWHGHDQVHVW¢OȇRULJLQHGH
GRX]HEUHYHWV&156 qui permettent
non seulement d’utiliser des plantes
SRXUG«SROOXHUSURJUHVVLYHPHQWOHV
VLWHVPLQLHUVPDLVDXVVLGȇH[SORLWHU
OHVP«WDX[TXHFHVSODQWHVRQW
absorbés. m1RVSURF«G«VSHUPHWWHQW
GHSURGXLUHJU¤FH¢HOOHVGHV
PRO«FXOHVXWLOHVHWWUªVFRPSOH[HV
¢V\QWK«WLVHUDXWUHPHQW} se réjouit
FHWWHSURIHVVHXU¢OȇXQLYHUVLW«
0RQWSHOOLHUΖΖHQG«O«JDWLRQDX
&1561'ȇXQDQWLFDQF«UHX[G«ULY«
GXPRQDVWURODX[SURGXLWV
FRVP«WLTXHVOHVDSSOLFDWLRQVVRQW
nombreuses. Des collaborations
industrielles sont d’ailleurs
G«YHORSS«HVDYHF&KLPH[ȴOLDOH
GH/ȇ2U«DOHWODVRFL«W«MDSRQDLVH
7DNDVDJRWDQGLVTXH6WUDWR]MHXQH
HQWUHSULVHLQQRYDQWHG«YHORSSHUD
WRXWHODȴOLªUH$XG«EXWGHVD
FDUULªUH&ODXGH*ULVRQDYDLWSRXUWDQWRSW«
Didier Roux
SRXUXQHDXWUHYRLHODFKLPLHGXYLYDQWLQWHUIDFH m1RQVHXOHPHQWLOQȇ\DSDV LQGXVWULHOYLDODFU«DWLRQGHGHX[
HQWUHODFKLPLHHWODELRORJLH(QHOOHG«FRXYUH d’opposition entre recherche HQWUHSULVHV &DSVXOLVHW5KHRFRQWURO
© ILLUSTRATIONS : C. WILMET/KOT ILLUSTRATION, POUR CNRS LE JOURNAL

le fonctionnement d’une enzyme importante dans fondamentale et recherche HQ ΖODRFFXS«GHVIRQFWLRQV


ODU«VLVWDQFHGHVEDFW«ULHVDX[DQWLELRWLTXHV LQGXVWULHOOHPDLVHOOHVVHQRXUULVVHQW GHGLUHFWLRQVFLHQWLȴTXHDXSUªV
6RQYLUDJHYHUVOȇ«FRORJLHXQmSDULULVTX«} qu’elle WUªVODUJHPHQWOȇXQHGHOȇDXWUH} GHODVRFL«W«5K¶QH3RXOHQFSXLVGH
IDLWHQHVWLQVSLU«SDUTXDWUHGHVHV«WXGLDQWHV &HWWHFRQYLFWLRQ'LGLHU5RX[bDQV 5KRGLDDYDQWGHmEDVFXOHU¢ɋ
venues lui demander de l’aide pour préparer un sujet directeur de la recherche et de GDQVOȇLQGXVWULH}HQ0DUTX«HV
sur la dépollution par les plantes. La nature curieuse de OȇLQQRYDWLRQGXJURXSH6DLQW*REDLQ SDUOHG«S¶WGȇXQHTXLQ]DLQHGH
FHWWHVFLHQWLȴTXHKRUVSDLUVRXFLHXVHGȇHQYLURQQHPHQW VHOȇHVWIRUJ«HDXȴOGHVDFDUULªUH EUHYHWVVHVDQQ«HVSDVV«HV¢«WXGLHU
fera le reste… m*U¤FH¢FHVSODQWHVRQDLQYHQW«XQH ΖODGȇDERUGH[HUF«VRQH[SHUWLVH OHVȵXLGHVFRPSOH[HVOXLRQWSHUPLV
QRXYHOOHFKLPLHTXLWUDQVIRUPHGHVG«FKHWVHQP«WDX[ GHSK\VLFRFKLPLVWHDX&156 de mettre en évidence une transition
TXLVRQWMXVWHPHQWHQYRLHGȇ«SXLVHPHQW&ȇHVW en s’impliquant dans la recherche GHSKDVHFRQGXLVDQW¢OȇRUJDQLVDWLRQ
OHFDVGXSDOODGLXPLQGLVSHQVDEOHSRXUV\QWK«WLVHU IRQGDPHQWDOHWRXWHQDVVXUDQW« en spontanée de structures formées
GHQRPEUHX[P«GLFDPHQWV} se félicite-t-elle. SDUDOOªOH}l’interface avec le monde de multicouches de molécules.

1. Elle est directrice du laboratoire Chimie bio-inspirée et innovations écologiques (CNRS/UM2/Stratoz). 2. Ce département inclut le laboratoire Évolution
des régulations endocriniennes (CNRS/MNHN), dont elle est directrice adjointe.

CNRS LE JOURNAL
10
EN PERSONNE

Valentina Lazarova
$ERUGH]HQVDFRPSDJQLHODTXHVWLRQ GHFHVHɞXHQWVFRQVWLWXHXQHQMHX G«YHORSSHPHQWGHQRXYHDX[
du traitement et de la valorisation J«RSROLWLTXHVRFLR«FRQRPLTXH SURF«G«VYLVDQW¢Oȇ«OLPLQDWLRQGX
GHVHDX[XV«HVHW9DOHQWLQD/D]DURYD HW«FRORJLTXHPDMHXU¢Oȇ«FKHOOH FDUERQHGHOȇD]RWHHWGXSKRVSKRUH
bDQVH[SHUWHVHQLRUFKHIGHSURMHW GHODSODQªWH}VRXOLJQHWHOOH GHVHDX[XV«HVɋOȇRSWLPLVDWLRQ
FKH]6XH](QYLURQQHPHQW devient &RQVLG«U«HFRPPHOȇXQHGHV des performances de désinfection
intarissable. « La réutilisation spécialistes mondiales de cette SDUR]RQDWLRQ LQMHFWLRQGȇR]RQH 
WK«PDWLTXHVWUDW«JLTXHFHWWH HWUD\RQQHPHQWXOWUDYLROHWɋ
LQJ«QLHXUHQJ«QLHGHVSURF«G«V le perfectionnement des systèmes
a déposé sept brevets et publié une GHȴOWUDWLRQPHPEUDQDLUHFKDUJ«V
centaine d’articles dans des revues GHIDLUHEDUULªUHDX[SROOXDQWVHQ
¢FRPLW«GHOHFWXUH(OOHQȇDHXGH VXVSHQVLRQDX[PLFURRUJDQLVPHV
FHVVHGȇDP«OLRUHUHWGHȴDELOLVHUOHV SDWKRJªQHVDX[VHOVHWDX[
ȴOLªUHVGHWUDLWHPHQWGHVHDX[XV«HV PLFURSROOXDQWVRUJDQLTXHV'DQV
domestiques ou industrielles pour XQFRQWH[WHGHUDU«IDFWLRQGHV
PLHX[DVVXUHUODSURWHFWLRQGHOD UHVVRXUFHVHQHDXHWGHFKDQJHPHQW
santé publique et de l’environnement. FOLPDWLTXHJOREDOFHVDYDQF«HV
Les solutions innovantes qu’elle FRQFRXUHQW¢ODSU«VHUYDWLRQ
DLPDJLQ«HVVRQWPLVHVHQĕXYUH GHOȇmRUEOHX}¢ODVDXYHJDUGHGH
dans de nombreuses installations. ODELRGLYHUVLW«HW¢ODGLPLQXWLRQGH
‚VRQDFWLISDUH[HPSOHOH l’impact économique des sécheresses.

Barbara Demeneix
6S«FLDOLVWHGHVKRUPRQHVODELRORJLVWH%DUEDUD
'HPHQHL[DQVDG«YHORSS«GHVP«WKRGHV
LQQRYDQWHVSRXUG«WHFWHULQbYLYRODSU«VHQFHGH
SROOXDQWVHQYLURQQHPHQWDX[6DU«XVVLWHSKDUHɋ"
'HVW¬WDUGVWUDQVJ«QLTXHVTXLGHYLHQQHQW
ȵXRUHVFHQWVHQSU«VHQFHGHSROOXDQWV
perturbateurs endocriniens. m$ORUVTXH
l’analyse chimique classique ne permet de
PHVXUHUTXHTXHOTXHVVXEVWDQFHVSU«G«ȴQLHV
FHVELRPDUTXHXUVSUHQQHQWHQFRPSWHOȇH΍HW
FRFNWDLOGHODJOREDOLW«GHVSROOXDQWVSU«VHQWV
GDQVOȇHDX}VRXOLJQHWHOOH$FWXHOOHPHQW
GLUHFWULFHGXG«SDUWHPHQW5«JXODWLRQV
développement et diversité moléculaire au
01+1GH3DULVFHWWHFKHUFKHXVHDU«DOLV«
XQSDUFRXUVWUªVLQWHUQDWLRQDO$SUªVGHV«WXGHV
HQ*UDQGH%UHWDJQH R»HOOHHVWQ«H DX&DQDGD
HQ$OOHPDJQHHWHQ)UDQFHHOOHVȇLQW«UHVVH
DX[KRUPRQHVWK\UR±GLHQQHVTXLVRQWHVVHQWLHOOHV
&HVGHUQLªUHVVȇDYªUHQWXWLOHV¢OD pour le développement du cerveau
micro-encapsulation de composés des mammifères et la métamorphose des
DFWLIVSURF«G«TXLWURXYHGHV DPSKLELHQV4XHOTXHVDQQ«HVSOXVWDUGVHV
applications dans les secteurs WUDYDX[FRQGXLVHQW¢ODFU«DWLRQHQGHOD
cosmétique et vétérinaire. Œuvrant VRFL«W«:DWFKIURJTXLFRPPHUFLDOLVHOHVIDPHX[
¢ODFRQFHSWLRQGHVROXWLRQV W¬WDUGVȵXRUHVFHQWV&HWWHELRWHFKQRORJLHWUªV
WHFKQRORJLTXHVSRXU« des marchés RULJLQDOHYDSHUPHWWUHGHVSURJUªVLPSRUWDQWVHQ
HQ«YROXWLRQUDSLGH} YLWUDJH matière de protection de l’environnement et de
DXWRPRELOHPDW«ULDX[KDXWH VDQW«SXEOLTXHSOXVGHɋbSURGXLWVFKLPLTXHV
SHUIRUPDQFHGDQVOȇDYLDWLRQ sont actuellement sur le marché sans que leurs
nouvelles méthodes de fusion du H΍HWVVXUODVDQW«RXODELRGLYHUVLW«QȇDLHQW
YHUUHȐ FHWLFRQRFODVWHDFRQWULEX« MDPDLV«W«PHVXU«V7UªVVHQVLEOHDX[GLɝFXOW«V
¢KLVVHU6DLQW*REDLQSDUPLOHV que peuvent rencontrer les jeunes femmes
cent entreprises les plus innovantes VFLHQWLȴTXHVHOOH\SU¬WHXQHDWWHQWLRQ
DXPRQGH6RQVHFUHWMRXHUODFDUWH SDUWLFXOLªUH(QHOOHD«W«U«FRPSHQV«H
de l’ouverture vers le monde par la revue 1DWXUH pour son implication auprès
universitaire et celui des start-up. de jeunes chercheurs et de jeunes chercheuses.

PRINTEMPS 2014 N° 276


11
EN PERSONNE

© P. RENÉ-WORMS/RFI
Caroline Lachowsky,
la science à portée de voix
PAR LOUISE LIS

Médias. &156/HMRXUQDO part à la rencontre de ceux qui racontent


la science au grand public. Premier volet de notre série avec Caroline
/DFKRZVN\TXLDQLPHVXU5)ΖOȇ«PLVVLRQAutour de la question.

(b
lle est la preuve vivante que l’on peut réaliser une l’émission ne vise pas un panorama des dernières décou-
«PLVVLRQVFLHQWLȴTXHSDVVLRQQDQWHVDQVDYRLU«W« YHUWHV}H[SOLTXHODMRXUQDOLVWHTXLVȇDFFRUGHGRQFXQH
une brillante élève en maths, en physique ou en bio- très grande liberté dans le choix des questions qu’elle
ORJLHm-XVTXȇR»YDOȇLQȴQLɋ"}m/DFULVWDOORJUDSKLHXQ SRVHDXȴOGHVHV«PLVVLRQV
PRQGH¢PXOWLSOHVIDFHWWHV}m/D Attention : il ne faut pas en déduire que ce rendez-vous

Inscription V«UHQGLSLW«}Ȑ'HSXLVSOXVGHWURLV
DQV&DUROLQH/DFKRZVN\HQFKD°QHVD
se résume à un WDONimprovisé. Tout est écrit, « l’émission
HVWWUªVFDGU«H} insiste-t-elle. Une préparation en amont
conseillée… mTXRWLGLHQQH}VXUGHVVXMHWVYDUL«V
VRXYHQWGLɝFLOHVPDLVWRXMRXUVPLV¢
avec Caroline Filliette, l’autre Caroline de l’émission, une
petite mHQWU«HHQPDWLªUHVRQRUH} concoctée par Guillaume
Le 4eMHXGLGHFKDTXHPRLVGHɋKɋ la portée de tous avec une curiosité Ploquin, le réalisateur, et c’est parti pour une salve de ques-
¢KHXUHVOH&156HWOHPXV«HGHV MDPDLVUDVVDVL«H'XOXQGLDXMHXGLGH tions, toutes écrites et soigneusement élaborées.
$UWVHW0«WLHUVHQSDUWHQDULDWDYHF 16 heures à 17 heures, RFI lui laisse
ODUDGLR5)ΖRUJDQLVHQW¢3DULVOHF\FOH
le champ libre pour tourner Autour Les oreilles tournées vers l’Afrique
GHFRQI«UHQFHVm'LDORJXHV'HVFO«V
de la question, avec un ou deux invi- 5)ΖQȇHVWSDVOHSURWRW\SHGHODFKD°QHHQTX¬WHGȇDXGLPDW
SRXUFRPSUHQGUH}4XHOTXHVMRXUV
DYDQWOHVFRQI«UHQFHVODMRXUQDOLVWH tés au maximum. HW&DUROLQH/DFKRZVN\QHVȇLPSRVHTXȇXQHVHXOHREOLJD-
&DUROLQH/DFKRZVN\UH©RLWGDQV 3OXVSKLORTXHODERMRXUQDOLVWH WLRQTXLUHOªYHSOXW¶WGHOȇ«YLGHQFHVXU5)ΖTXHVHVVXMHWV
VRQ«PLVVLRQOHVFKHUFKHXUVLQYLW«V spécialisée dans la culture avant intéressent les Africains et l’Afrique, le territoire de prédi-
de s’attaquer aux sciences, Caroline lection de la station. Alors oui, c’est vrai, elle ne rate pas
/DFKRZVN\FKRLVLWVHVVXMHWVDXJU«GHVHVHQYLHVGHV une occasion de mIDLUH«PHUJHU} des chercheurs d’ori-
livres qui paraissent, de l’actualité au sens large, qu’elle JLQHDIULFDLQH/HVVXMHWVTXLVHUDSSRUWHQWDXFRQWLQHQW
traduit en questions simples avec sa petite équipe. QRLUVRQWWRXMRXUVOHVELHQYHQXVWHOm&RPPHQWUHWURXYHU
« Nous ne sommes pas guidés par l’actualité au sens où Oȇ¤JHGȇRUGHOȇ$IULTXHɋ"}HQSU«VHQFHGHOȇKLVWRULHQ

CNRS LE JOURNAL
12
EN PERSONNE

Retrouvez le programme de l’émission sur


ZZZUȴIUHPLVVLRQDXWRXUTXHVWLRQ

)UDQ©RLV;DYLHU )DXYHOOH $\PDU /ȇ$IULTXH &DUROLQH


/DFKRZVN\HWVRQ«TXLSHHQUHYLHQQHQWMXVWHPHQW
'XDXPDLLOVRQWSULVOHXUVTXDUWLHUV¢'DNDUDX
Sénégal, pour une semaine d’émissions exceptionnelles,
GRQWXQHDYHFOȇDQWKURSRORJXH*LOOHV%RHWVFKDXVXMHWGH
OD*UDQGHPXUDLOOHYHUWH3URFKDLQHGHVWLQDWLRQb/LEUHYLOOH
DX*DERQR»LOVHQUHJLVWUHURQWGXPDLDXMXLQ
‚OȇKHXUHR»ODSOXSDUWGHVUDGLRVQHMXUHQWTXHSDU
les questions des auditeurs, Autour de la question n’invite
pas non plus les auditeurs à donner leur avis ou à inter-
YHQLUSDVSOXVHQGLUHFWTXȇHQGL΍«U«m5)ΖFRPSWHG«M¢
SOXVLHXUV«PLVVLRQVLQWHUDFWLYHVMHQȇDYDLVSDVHQYLHGH Les experts du climat dévoilent
PȇLQVFULUHGDQVFHWWHYHLQHO¢0DLVMHVDLVTXHQRXV
VRPPHVWUªV«FRXW«V}SU«FLVH&DUROLQH/DFKRZVN\ la suite de leur 5e rapport
Autour de la question se veutmXQHSDXVHGHU«ȵH[LRQ
pour des auditeurs qui n’ont pas grand-chose à se mettre (QVHSWHPEUHOH*LHFFRQȴUPDLWODWHQGDQFHDXU«FKDX΍H-
GDQVOHVRUHLOOHV}plaisante-t-elle, un temps de recul plu- ment climatique sur Terre et l’impact de l’activité humaine sur
W¶WTXȇXQHU«DFWLRQ¢FKDXG0¬PHDEVHQFHGHYRORQW« le climat. Ces dernières semaines, il a dévoilé les deux autres
de coller à la mode et aux standards classiques média- volets de son 5 ebUDSSRUW
tiques dans le rapport assez distant qu’entretient l’émis- Le 31 mars, les experts du climat ont livré la partie consacrée aux
sion avec les mYHGHWWHV}1RQTXH&DUROLQH/DFKRZVN\ impacts sur les systèmes naturels et humains et aux adaptations envi-
VHSULYHGȇLQYLWHUOHVVWDUVGHODVFLHQFHTXDQGOHVXMHW sageables pour en réduire la vulnérabilité. Des zones polaires aux forêts
Vȇ\SU¬WHHWTXȇHOOHOHSHXW0DLVO¢QȇHVWSDVOȇREMHFWLI en passant par les espaces côtiers, tous les milieux seront touchés, et
ce sur tous les continents. Ces évolutions auront des conséquences
L’art de faire parler les chercheurs graves sur des secteurs clés de l’économie, de la santé, de la pauvreté
Après plusieurs années de fréquentation assidue des cher- ou de la sécurité des populations. « S’il ne contient pas de scoop, ce
FKHXUV&DUROLQH/DFKRZVN\DIRUF«PHQWXQHRSLQLRQGH rapport propose une vision de plus en plus approfondie des consé-
leurs qualités de communicants et de leur capacité à TXHQFHVGXU«FKDX΍HPHQWSDUH[HPSOHVXUOȇDFLGLȴFDWLRQGHVRF«DQV
s’adresser au grand public. « On dit beaucoup qu’ils ne et sur les forêts »,H[SOLTXH+HUY«/Hb7UHXWGLUHFWHXUGHOȇΖQVWLWXW3LHUUH
savent pas communiquer, mais cela dépend de ce qu’on Simon-Laplace. Les besoins d’adaptation sont également examinés en
OHXUGHPDQGH} répond-elle, laissant entendre que la qua- profondeur, en tenant compte des contraintes ou des opportunités
lité de la réponse dépend amplement de celle de la ques- associées, qu’elles soient économiques, sociales ou politiques.
WLRQ/HVVFLHQWLȴTXHVmQHMRXHQWSDVDX[DSSUHQWLVVRU- Le 13 avril est sorti le 3e volet consacré à l’atténuation du réchauf-
FLHUV}P¬PHVLODMRXUQDOLVWHOHVWURXYH« parfois un peu IHPHQWFȇHVW¢GLUH¢ODU«GXFWLRQGHV«PLVVLRQVGHJD]¢H΍HWGHVHUUH
IULOHX[VXUOHVTXHVWLRQVGȇ«WKLTXH}/ȇK\SHUVS«FLDOLVDWLRQ « Il s’agit d’évaluer les enjeux économiques associés, précise Jean-
lui pose problème. « Je rencontre pas mal de chercheurs Charles Hourcade, économiste au Centre international de recherche
«P«ULWHVTXLUHJUHWWHQWHX[P¬PHVFHWWHK\SHUVS«FLDOLVD- sur l’environnement et le développement. Et ce en tenant compte des
WLRQTXLIDLWFUDLQGUH¢OHXUVFROOªJXHVSOXVMHXQHVGȇDERUGHU marges de manœuvre technologiques et des aspects éthiques,
GHVTXHVWLRQVVFLHQWLȴTXHVODUJHVSDUSHXUGHVȇ«ORLJQHU comme la solidarité ou l’équité entre les pays selon leur niveau de
GȇXQGRPDLQHELHQFRQQX} constate-t-elle. développement, mais aussi entre les générations. » Le nouveau rap-
Quid, précisément, de la capacité des chercheurs à port fait une place importante à la problématique générale du déve-
YXOJDULVHUɋ"&RQVFLHQWHTXHOHVVFLHQWLȴTXHVVRQWVRXYHQW loppement. « La lutte contre le changement climatique n’est pas une
G«VLUHX[GHVȇH[SULPHU&DUROLQH/DFKRZVN\OHXUWURXYHGH punition, mais un levier pour repenser notre monde, poursuit le cher-
vrais talents de passeurs. Mais elle a aussi rencontré des cheur. Nous avons entre dix et vingt ans devant nous. Au-delà, trop
réfractaires qui s’incarnent dans ces chercheurs qui redou- d’investissements dans les infrastructures, en particulier dans les
tent que « des questions trop simples ne les dévalorisent pays en développement, nous auront éloignés d’une trajectoire
DX[\HX[GHOHXUVFROOªJXHV} avant de penser aux audi- qui tienne compte des enjeux climatiques. »
teurs. Impossible donc de révéler son pire souvenir de
MRXUQDOLVWHVFLHQWLȴTXHOȇLQYLW«SRXUUDLWVHUHFRQQD°WUH
kΖ3&&3+2726

Mais on peut signaler les meilleurs, comme les émissions Retrouvez notre dossier sur le climat
avec Françoise Héritier, Serge Haroche, Souleymane Bachir sur lejournal.cnrs.fr
'LDJQHRXHQFRUH$QQH0DULH%ULVEDQHII

35Ζ17(036 N° 276
13
EN PERSONNE

“Le sida reste


une épidémie majeure”
PDLQWLHQQHQWHQG«SLWGHVWUDLWHPHQWVDQWLYLUDX[HWTXL
UHSU«VHQWHQWXQREVWDFOHPDMHXU¢VRQ«UDGLFDWLRQSDU
Biologie./HSRLQWVXUOH9Ζ+ OHVWK«UDSLHVDFWXHOOHV

DYHF0RQVHI%HQNLUDQH 3HXWRQU«HOOHPHQWHQYLVDJHUXQHȴQ
GHOȇ«SLG«PLHɋ"
GLUHFWHXUGHUHFKHUFKH&156 M. B. :2QOHSRXUUDLWVLWRXWHVOHVSHUVRQQHVLQIHFW«HV
¢OȇΖQVWLWXWGHJ«Q«WLTXH «WDLHQWWUDLW«HVDYHFOHV$590DLVFȇHVWORLQGȇ¬WUHOHFDV
‚Oȇ«FKHOOHLQGLYLGXHOOHOHYDFFLQSU«YHQWLIHWRXWK«UDSHX-
KXPDLQHGH0RQWSHOOLHU WLTXHGRLWUHVWHUXQHSULRULW«GDQVODOXWWHFRQWUHOH9Ζ+
/HVFDQGLGDWVYDFFLQVLQGXLVHQWXQHU«SRQVHLPPXQLWDLUH
TXLYLHQWGHUHFHYRLUOHSUL[ PDLVQHSHUPHWWHQWSDVGHSURW«JHUFRQWUHOH9Ζ+/DGLI-
/LOLDQH%HWWHQFRXUWb ȴFXOW«U«VLGHGRQFGDQVOHIDLWTXHFHYDFFLQGHYUDIDLUH
PLHX[TXHQRWUHSURSUHLPPXQLW«FHTXLHVWXQFDVXQLTXH
PROPOS RECUEILLIS PAR STÉPHANIE ARC GDQVOHVPDODGLHVLQIHFWLHXVHV1RXVVDYRQVDXMRXUGȇKXL
IDEULTXHUHQODERUDWRLUHGHVDQWLFRUSVFDSDEOHVGHQHXWUD-
OLVHUODTXDVLWRWDOLW«GHVVRXFKHVYLUDOHVGX9Ζ+ΖOVHUDLW
LPSRUWDQWGHVDYRLUFRPPHQWIDLUHHQVRUWHTXHOHV
2»HQHVWRQGHOȇ«SLG«PLHHWGHVWUDLWHPHQWVɋ" SDWLHQWVSXLVVHQWSURGXLUHFHVDQWLFRUSVHX[P¬PHV
Monsef Benkirane :(QWUHɋHWɋSHUVRQQHV TXHFHVRLWHQ«GXTXDQWOHXUVO\PSKRF\WHVb% 2RXJU¤FH
YLYHQWHQ)UDQFHDYHFOHYLUXVGHOȇLPPXQRG«ȴFLHQFHKX- ¢GHVDSSURFKHVGHWK«UDSLHJ«QLTXHRXFHOOXODLUH
PDLQH 9Ζ+ ‚Oȇ«FKHOOHPRQGLDOHHOOHVVRQWHQYLURQ
PLOOLRQV&HFKL΍UHHVWHQDXJPHQWDWLRQFDUOHWDX[GH On parle beaucoup aussi d’un réservoir viral
PRUWDOLW«GHVSHUVRQQHVLQIHFW«HVG«FUR°WJU¤FHDX[WUDL- pratiquement indétectable…
WHPHQWVDQWLU«WURYLUDX[ $59 /HVLGDUHVWHGRQFXQH M. B. :2XLFHU«VHUYRLUHVWLQVHQVLEOHDX[WUDLWHPHQWVHW
«SLG«PLHPDMHXUH5DUH«FODLUFLHDXWDEOHDXOHQRPEUH LQYLVLEOHDXV\VWªPHLPPXQLWDLUHΖOIDXWGRQFG«YHORSSHU
© I. SACHS

GHVQRXYHOOHVLQIHFWLRQVDX9Ζ+GDQVOHPRQGHȂbPLO- GHVVWUDW«JLHVWK«UDSHXWLTXHVSRXUOȇ«OLPLQHURXOH
OLRQVHQbȂHVWHQUHFXOGHɋ UHQGUH FRQWU¶ODEOH SDU OH V\VWªPH LPPXQLWDLUH
SDUUDSSRUW¢>Ȑ@0DLVLOQHIDXW $XMRXUGȇKXLQRXVDYRQVOHVSUHXYHVTXHFHVGHX[SLVWHV

“réside
La difficulté SDVRXEOLHUTXHOHSRLGVGHVWUDLWH- VRQWSRVVLEOHV/DSUHPLªUHSURYLHQWGȇXQSDWLHQWGH
PHQWV GDQV OD YLH GHV SDWLHQWV %HUOLQ$\DQWUH©XXQHWUDQVSODQWDWLRQGHFHOOXOHVVRXFKHV

dans le fait FRPPHSRXUODVRFL«W«TXLOHVSUHQG


HQFKDUJHHVW«QRUPH
K«PDWRSR±«WLTXHVQȇH[SULPDQWSDVOHFRU«FHSWHXUGX9Ζ+
SRXUVRLJQHUVDOHXF«PLHP\«OR±GHDLJX­FHWKRPPHTXL

qu’un vaccin Pouvez-vous expliquer en


«WDLWSRUWHXUGX9Ζ+QHPRQWUHSOXVDXFXQHWUDFHGX
YLUXVVHSWDQVDSUªV/DVHFRQGHSLVWHHVWLVVXHGȇXQH

devra faire mieux deux mots les résultats pour


lesquels vous avez reçu le prix
U«FHQWH«WXGHIUDQ©DLVHGȇXQHFRKRUWHGHSDWLHQWVWUDLW«V
WUªVW¶WDSUªVODSULPRLQIHFWLRQ FRKRUWH9LVFRQWL TXLD

que notre propre


/LOLDQH%HWWHQFRXUWɋ" PRQWU«XQHU«PLVVLRQFKH]ɋGȇHQWUHHX[II
M. B. :ΖO\DGHX[W\SHVGHFHOOXOHV


FRQQXHVSRXUOHXUVU«VLVWDQFHV¢
immunité. OȇLQIHFWLRQSDU9Ζ+1OHVO\PSKR-
F\WHV7ɋ&'DXUHSRVHWOHVFHOOXOHV
GHODOLJQ«HP\«OR±GH1RWUHODERUD- Lire l’intégralité de cet article
WRLUHDLGHQWLȴ«6$0+'FRPPHOHJªQHGHU«VLVWDQFH sur lejournal.cnrs.fr
GDQVFHVFHOOXOHV&HJªQHHPS¬FKHODFRQYHUVLRQGHOȇ$51
YLUDOHQ$'1XQH«WDSHFO«GXF\FOHU«SOLFDWLIYLUDO6RQ
«WXGHSRXUUDLWQRXVUHQVHLJQHUVXUOȇ«WDEOLVVHPHQWGHV
U«VHUYRLUVGXYLUXVFHVmVDQFWXDLUHV}GXYLUXVTXLVH
1. Il existe deux types de VIH : le VIH-1 et le VIH-2. La majorité des personnes séropositives portent le type VIH-1. 2. Ces cellules du système
LPPXQLWDLUHTXLUHSU«VHQWHQWHQYLURQɋGHVO\PSKRF\WHVTXLFLUFXOHQWGDQVOHVDQJVRQWVS«FLDOLV«HVGDQVODSURGXFWLRQGȇDQWLFRUSV

CNRS /(-2851$/

GRAND FORMAT

Et l’on découvre la cristallographie,


un observatoire astronomique
dans la pampa et de précieuses
études de genre.
ILLUSTRATION : S. MILLET, POUR CNRS LE JOURNAL

PRINTEMPS 2014 N° 276


15
GRAND FORMAT

Les mille atouts de la


cristallographie UNE ENQUÊTE RÉALISÉE PAR MATHIEU GROUSSON,
PAROLES DE CHERCHEURS RECUEILLIES PAR DENIS DELBECQ

Un siècle après avoir pris son envol, la cristallographie est omniprésente dans
la vie quotidienne. Elle demeure pourtant largement méconnue. Les Nations
unies ont décidé de lui consacrer une Année internationale en 2014.
Mais en quoi consiste cette discipline considérée comme « l’instrument le plus
puissant pour l’étude de la structure de la matière »ɋ"8QHFKRVHHVWV½UH
la cristallographie, qui a déjà conduit à des applications dans de nombreux
domaines, est encore loin d’avoir révélé tout son potentiel.

CNRS LE JOURNAL
16
LA CRISTALLOGRAPHIE

Articles, vidéos, billets… Retrouvez notre


dossier complet sur la cristallographie
sur lejournal.cnrs.fr

/b DPDWLªUHR΍UHXQQRPEUHLQȴQLGHYLVD
ges. Dont un très prisé dans le monde entier : celui du
cristal. Dans ce dernier, les atomes ou molécules s’orga
nisent selon un motif élémentaire qui se répète à intervalles
U«JXOLHUVS«ULRGLTXHPHQWFRPPHGLVHQWOHVVFLHQWLȴTXHVFH
qui les dote de propriétés bien particulières. « Médicaments,
alliages pour l’aéronautique, composants électroniques,
matériaux géophysiques… Les cristaux sont partout »,
assure Sébastien Pillet, du laboratoire Cristallographie, réso
nance magnétique et modélisations1, à Nancy, et chargé
de mission à l’Institut de physique du CNRS.
La science qui leur est consacrée, la cristallographie,
permet donc d’élaborer de nouveaux matériaux à la struc
ture et aux propriétés toujours plus complexes. Mais elle
HVWVXUWRXWVDQV«JDOSRXUH[SORUHUODPDWLªUHɋ(QH΍HW
lorsqu’elle se présente dans un état ordonné comme celui
du cristal, la matière se laisse scruter grâce à un formidable
outil : ODGL΍UDFWLRQ. Il va sans dire que ce talent intéresse LA DIFFRACTION
GHVVFLHQWLȴTXHVGȇKRUL]RQVELHQGL΍«UHQWVHWTXHFHWWH Phénomène qui se
produit lorsque les
science connaît aujourd’hui des applications dans de nom
rayons lumineux
breuses disciplines allant de la biologie à la chimie. H΍HFWXHQW
une déviation
Elle a dévoilé la structure de l’ADN HQUHQFRQWUDQW
XQREVWDFOH
L’essor de la cristallographique remonte à 1912, lorsque
le physicien Max von Laue comprend que l’on peut déter
miner la distance entre les atomes d’un cristal, et donc sa
© N. PINAUD/CNRS PHOTOTHÈQUE

structure, en le bombardant de rayons X. Lorsqu’un tel


IDLVFHDXLUUDGLHXQFULVWDOFHOXLFLmUHERQGLW}VXUOHV
atomes dans toutes les directions. Or, selon la manière
Monocristal d’une molécule dont ces derniers sont disposés, ils vont faire …
organique étudiée pour le
stockage de CO2. 1. Unité CNRS/Univ. de Lorraine.

PRINTEMPS 2014 N° 276


17
GRAND FORMAT

© B. CLANTIN/CNRS PHOTOTHÈQUE
Observation de cristaux de
ODSURW«LQH)+$H΍HFWX«H
dans le cadre d’une recherche
sur les mécanismes de la
coqueluche.

([S«ULHQFHGHGL΍UDFWLRQGHV
UD\RQVb;VRXVLUUDGLDWLRQODVHU
permettant d’étudier la
transformation par la lumière
de la structure de la matière
à l’échelle atomique.
© KAKSONEN/CNRS PHOTOTHÈQUE

CNRS LE JOURNAL
18
LA CRISTALLOGRAPHIE

Ce que je dois à la cristallo…

© C. ANAYA-GAUTIER/CNRS PHOTOTHÈQUE
… apparaître, sur le détecteur, un motif de taches carac
Par Patrick Couvreur, professeur à
téristiques des positions relatives des atomes entre eux. l’université Paris-Sud, directeur de l’équipe
Autrement dit, de la structure du matériau considéré. Nouvelles stratégies de ciblage appliquées
(QbOHV%UDJJSªUHHWȴOVG«WHUPLQHQWODVWUXFWXUH au cancer au sein de l’Institut Galien2 ,
cristallographique du diamant et du chlorure de sodium, P«GDLOOHGHOȇLQQRYDWLRQGX&156HQb
et posent les bases de la discipline.
Mais ce n’est qu’un début, tant les développements m1RXV«ODERURQVGHVQDQRP«GLFDPHQWV
qui suivent permettront l’élucidation de structures tou &HVRQWGHVSDUWLFXOHVGȇXQHFHQWDLQHGH
jours plus complexes. Symbole de cette plongée au cœur QDQRPªWUHVTXLSLªJHQWOHSULQFLSHDFWLISRXU
GHODPDWLªUHODG«FRXYHUWHHQGHODVWUXFWXUHHQ OHFRQGXLUHMXVTXȇ¢VDFLEOHSDUH[HPSOH
double hélice de l’ADN par Francis Crick et James Watson. OHVFHOOXOHVGȇXQHWXPHXUU«VLVWDQWHGXIRLH
&ȇHVWSRXUFHWWHLQGLFDWLRQTXȇXQGHQRV
&RPPHQWɋ"(QDQDO\VDQWXQFOLFK«GHGL΍UDFWLRQGȇXQH
QDQRP«GLFDPHQWVYLHQWGȇHQWUHUHQHVVDL
ȴEUHGȇ$'1REWHQXHSDUODELRORJLVWH5RVDOLQG)UDQNOLQ
FOLQLTXHGHSKDVHbΖΖΖ&HWWHHQFDSVXODWLRQGHOD
Ou encore l’élucidation de la structure du ribosome, PRO«FXOHDFWLYHSHUPHWGHSURORQJHUVDGXU«H
gigantesque assemblage de protéines et d’ARN qui syn GHYLHGDQVOȇRUJDQLVPHHQ«YLWDQWTXȇHOOHQH
thétise les protéines au sein de la cellule, qui a valu à ses VRLW«OLPLQ«HWURSUDSLGHPHQWQRWDPPHQWSDU
DXWHXUV9HQNDWUDPDQ5DPDNULVKQDQ$GD(b<RQDWKHW OHVPDFURSKDJHVGXV\VWªPHLPPXQLWDLUH'H
7KRPDV$b6WHLW]OHSUL[1REHOGHFKLPLHb SOXVOHQDQRYHFWHXU
8QHFKRVHHVWV½UHOHVELRORJLVWHVVRQWSDUPLOHVSOXV SHXWMRXHUOHU¶OH

“viteProgresser plus GȇXQHFO«ELRFKLPLTXH


gros utilisateurs de la cristallographie. Certes, la matière
FDSDEOHGȇRXYULU
vivante ne se présente pas sous forme cristalline. Mais les OHVSRUWHVGHODFHOOXOH
techniques de biochimie permettent de synthétiser des
cristaux à partir de ses constituants élémentaires (ADN,
dans la mise SRXU\IDLUHS«Q«WUHU
ODPRO«FXOHDFWLYH
ARN, protéines…), dont on peut alors déterminer la struc
WXUHSDUGL΍UDFWLRQGHUD\RQVb;« Or la structure d’une
au point de nano- Nous avons
REVHUY«TXHFHV

médicaments.

molécule biologique est à l’origine de sa fonction, explique GHX[IRQFWLRQV
HWGRQFOȇHɝFDFLW«
-DFTXHOLQH&KHUȴOVGX/DERUDWRLUHGȇHQ]\PRORJLHHWELR
WK«UDSHXWLTXHVRQW
FKLPLHVWUXFWXUDOHVGX&156¢*LIVXU<YHWWHD’où le rôle
LQWLPHPHQWOL«HV¢OD
central de la cristallographie dans notre discipline. » Par VWUXFWXUHVXSUDPRO«FXODLUHGXQDQRYHFWHXU
H[HPSOHHQOHJURXSHGHFHWWHFKHUFKHXVHDG«WHU &ȇHVWSRXUFHODTXHQRXVDYRQVVRXYHQWUHFRXUV
miné la structure des protéines qui permettent à la bacté ¢ODFULVWDOORJUDSKLH*U¤FH¢ODFU\RPLFURVFRSLH
rie responsable de la légionellose de se jouer des défenses «OHFWURQLTXH 3HW¢ODGL΍UDFWLRQGHVUD\RQV;
immunitaires d’une cellule infectée. « En élucidant ces QRXVDYRQVSXPHWWUHHQ«YLGHQFHXQHUHODWLRQ
VWUXFWXUHVQRXVDYRQVU«Y«O«GHVDVSHFWVFO«VGHVSUR HQWUHODVWUXFWXUHRXODJ«RP«WULHGHQRV
SDUWLFXOHVHWOHXUHɝFDFLW«SKDUPDFRORJLTXH
cessus biochimiques en jeu qui peuvent inspirer des
Cela nous permet de progresser plus vite
approches thérapeutiques », précise la biologiste. GDQVQRVUHFKHUFKHVHQG«WHUPLQDQWVLWHOOH
RXWHOOHIRUPHP«ULWHRXSDVGȇ¬WUH«WXGL«H
À la base de nouveaux matériaux GHPDQLªUHSOXVDSSURIRQGLHDXQLYHDXGH
Autres adeptes de la cristallographie : les chimistes. « Je ODFHOOXOHRXGHOȇDQLPDO}
ne connais pas un laboratoire de chimie qui ne dispose
SDVGHPR\HQVGHGL΍UDFWLRQb;(WWRXWHSXEOLFDWLRQVXU
une espèce chimique se doit aujourd’hui de présenter la
structure de la molécule étudiée », résume simplement
-HDQ&ODXGH'DUDQGX/DERUDWRLUHGHFKLPLHGHFRRUGL matériaux, présentant des cavités ou des canaux plus
nation du CNRS, à Toulouse. À cet égard, la façon dont ou moins alignés, et leurs propriétés d’adsorption de
Gérard Férey, médaille d’or du CNRS en 2010, a mis au GL΍«UHQWHVPRO«FXOHVȂP«GLFDPHQWVJD]ȐȂD«W««WDEOL
point ses matériaux mésoporeux, caractérisés par la pré grâce à l’outil cristallographique ».
sence en leur sein de pores dans lesquels on peut loger Un outil qui, depuis les découvertes du début du
GL΍«UHQWHVHVSªFHVFKLPLTXHVHVWH[HPSODLUH OLUHSb . siècle dernier, a été métamorphosé. D’abord en raison de
Comme l’explique Sébastien Pillet, « c’est typique d’une Oȇ«YROXWLRQGHVPR\HQVH[S«ULPHQWDX[$LQVLDX[UD\RQVb;
démarche dans laquelle le lien entre la topologie de ces VHVRQWDGMRLQWVOHV«OHFWURQVGDQVOHVDQQ«HV …

2. Unité CNRS/Univ. Paris-Sud. 3. Technique de microscopie dans laquelle l’échantillon est refroidi à des températures cryogéniques (celles de l’azote liquide).

PRINTEMPS 2014 N° 276


19
GRAND FORMAT

© C. FRESILLON/CNRS PHOTOTHÈQUE
&HGL΍UDFWRPªWUH¢UD\RQVb;
utilisé notamment pour
caractériser des alliages, est
équipé d’un détecteur rapide
et d’un passeur d’échantillons
à neuf positions.

Réplique céramique
(« négatif ») de cristaux de
glace. Cette étude pourrait
aboutir à de nouveaux
composés antigel.

© S. DEVILLE/CNRS PHOTOTHÈQUE

CNRS LE JOURNAL
20
LA CRISTALLOGRAPHIE

… puis les neutrons dans les années 1940, comme sondes Quant aux dislocations, ce sont elles qui confèrent leur
de la matière. Sans oublier le développement des sources solidité aux alliages et sont de ce fait les meilleures
synchrotrons, instruments permettant d’obtenir des fais alliées des matériaux légers de l’automobile ou de l’aéro
FHDX[;XOWUD«QHUJ«WLTXHVHWWUªVLQWHQVHVGRQW6ROHLO nautique du futur. m%LHQVRXYHQWFȇHVWG«VRUPDLVOȇ«FDUW
LQDXJXU«HQ¢*LIVXU<YHWWHHVWXQUHSU«VHQWDQWGH à la perfection, au désordre et à la complexité qui …
la dernière génération. Mais aussi en raison d’une évolu
tion constante des méthodes d’analyse. Ainsi, Herbert
Hauptman et Jerome Karle ont, par exemple, partagé le
prix Nobel de chimie en 1985 pour la mise au point des
méthodes dites directes, grâce auxquelles on peut ex
Ce que je dois à la cristallo…
WUDLUHSOXVGȇLQIRUPDWLRQV¢SDUWLUGHVVLJQDX[GHGL΍UDF
Par Gérard Férey, chimiste

© F. PLAS/CNRS PHOTOTHÈQUE
WLRQ-HDQ&ODXGH'DUDQSU«FLVH« L’évolution est telle en
chimie que l’on obtient en moins d’une heure aujourd’hui spécialiste des matériaux poreux,
ce qui demandait plusieurs jours il y a trente ans. » académicien et professeur émérite
Une avancée obtenue à grand renfort de physique et à l’université de Versailles, médaille
de mathématiques, qui illustre à merveille le caractère GȇRUGX&156HQb
éminemment interdisciplinaire de la cristallographie. De
P¬PHTXHODG«FRXYHUWHGHVTXDVLFULVWDX[SDU'DQ m'«WHUPLQHUXQHVWUXFWXUHHVWXQFRPEDW
6KHFKWPDQHQORUVGȇH[S«ULHQFHVGHGL΍UDFWLRQ permanent entre la matière et notre
électronique sur des composés métalliques. Une mise en LQWHOOLJHQFHDLG«HHQFHOD¢ODIRLVSDUOHV
évidence à laquelle a également contribué Denis Gratias, H[S«ULHQFHVGHGL΍UDFWLRQGHVUD\RQVb;GHV
du Laboratoire d’étude des microstructures 4 , à Châtillon. QHXWURQVRXGHV«OHFWURQV6LOHVUD\RQVb;
HWOHVQHXWURQVQHGRQQHQWTXȇXQHVWUXFWXUH
4XDVLFULVWDX[ɋ"'HVPDW«ULDX[¢ODIRLVRUGRQQ«VFRPPH
PR\HQQHVHXOHODGL΍UDFWLRQGHV«OHFWURQV
un cristal et pourtant non périodiques comme le sont les
SHUPHWGȇDFF«GHUDX[G«IDXWVVWUXFWXUDX[
matériaux désordonnés… Découverte qui a obligé à GDQVOHVVROLGHVG«IDXWVTXLVRQWVRXYHQW
remet tre en cause la notion mathématique de symétrie ¢OȇRULJLQHGHVSURSUL«W«VSK\VLFRFKLPLTXHV
cristalline, et à inventer de nouveaux outils théoriques GȇXQPDW«ULDX‚FDXVHGHG«YHORSSHPHQWV
pour étudier leur structure et leurs propriétés. WHFKQRORJLTXHVSHUIRUPDQWVODFULVWDOORJUDSKLH
HVWVRXYHQWȂbHW¢
/HVG«IDXWVGHVFULVWDX[bXQHPLQHGȇRU WRUWɋbȂFRQVLG«U«H

“montre
La cristallographie DXMRXUGȇKXLFRPPH
Dans certains domaines, dont ceux des lasers et de l’op
XQHWHFKQLTXH
tique, c’est à travers le façonnage de cristaux toujours SUHVVHERXWRQ
plus purs que les spécialistes entrevoient les applications
futures. Comme le rappelle Sébastien Pillet, « le silicium,
que la DORUVTXȇHOOHUHVWH
XQHVFLHQFH
qui est à la base de toute l’industrie électronique et pho
WRYROWD±TXHUHSU«VHQWHɋGHODSURGXFWLRQGHFULVWDX[
nature privilégie ODVHXOHFDSDEOH
GȇH[SOLTXHU

souvent le beau.

dans le monde. Et c’est l’objectif de nombreux labora les origines
VWUXFWXUDOHVGH
toires de parvenir à des cristaux de silicium présentant
FHVSURSUL«W«V
des caractéristiques toujours meilleures ».
'HFHSRLQWGHYXH
Mais si la pureté cristalline reste recherchée, certains elle est absolument indispensable aux progrès
matériaux sont au contraire intéressants à cause de leur GHODFKLPLHGHODSK\VLTXHHWGHODELRORJLH
LPSXUHW«6RLWSDUFHTXȇRQ\DLQV«U«GHVG«IDXWVFȇHVW -ȇHQDLIDLWXQRXWLOSULYLO«JL«SRXUPHV
¢GLUHGHVHVSªFHVFKLPLTXHV«WUDQJªUHVHQIDLEOHTXDQ études sur les matériaux poreux qui piègent
tité qui s’intègrent tant bien que mal dans le réseau OHGLR[\GHGHFDUERQHRXGHVP«GLFDPHQWV
cristallin de base. Soit parce que ce réseau même pré GDQVGHVHQGURLWVSU«FLVGHODVWUXFWXUH
0¬PHVLPDWK«PDWLTXHPHQWRQSHXWWURXYHU
sente des dislocations, des joints de grains ou des
SOXVLHXUVVROXWLRQVSRVVLEOHVDXFDOFXOGH
macles, bien connus par exemple des métallurgistes. ODVWUXFWXUHLOHVWWURXEODQWGHFRQVWDWHUTXH
Ainsi, les défauts dans certains oxydes sont à l’origine FȇHVWOȇDUUDQJHPHQWOHSOXVHVWK«WLTXHTXL
GHOHXUSURSUL«W«GHVXSUDFRQGXFWLRQȂbFȇHVW¢GLUHGH FRUUHVSRQG¢ODVROXWLRQSK\VLTXHSDUFHTXH
conduction du courant électrique sans la moindre résis ODQDWXUHVHPEOHVRXYHQWSULYLO«JLHUOHEHDX}
WDQFHbȂ¢KDXWHWHPS«UDWXUH

4. Unité CNRS/Onera.

PRINTEMPS 2014 N° 276


21
GRAND FORMAT

© N. PINAUD/CNRS PHOTOTHÈQUE
Polycristallisation d’une
molécule organique étudiée
pour le stockage de CO2.

Vue aérienne du synchrotron 'LPDQFKHMXLOOHW


Soleil, à Gif-sur-Yvette. OH&156SU«VHQWH
/DMRXUQ«HFULVWDOO–ɋ
au musée des Arts et Métiers
GH3DULVGHVWLQ«H¢XQSXEOLF
IDPLOLDO$XSURJUDPPH
des ateliers et des animations
DXWRXUGHODFULVWDOORJUDSKLH
GHVFRQI«UHQFHVXQHIDEULTXH
GHFULVWDX[XQMHXGHSLVWHȐ

(QWU«HOLEUH¢SDUWLU
© L. PERSIN/CAVOK PRODUCTION

GHbKHXUHV

www.cnrs.fr/cristallo/

CNRS LE JOURNAL
22
LA CRISTALLOGRAPHIE

Ce que je dois à la cristallo…


… présente un intérêt pour la conception de nouveaux Par Philippe Walter, directeur
du Laboratoire d’archéologie

© CNRS IMAGES/CINAPS TV
matériaux »,FRQȴUPH0DUFGH%RLVVLHXGX/DERUDWRLUH
de science et ingénierie des matériaux et procédés 5 , à moléculaire et structurale7, à
Grenoble. Par exemple, pour la conception d’électrodes Ivry-sur-Seine, médaille d’argent
de batterie ou les têtes de lecture de nos joujoux élec GX&156HQb
WURQLTXHV/HVFLHQWLȴTXHDMRXWH « Le rêve ultime d’un
FULVWDOORJUDSKHVHUDLWGHSDUYHQLU¢LGHQWLȴHU¢OȇDYDQFH « Au I er VLªFOH3OLQHOȇ$QFLHQGLVDLWTXHWRXV
la composition et la structure que doit avoir un matériau OHVEODQFVGHSORPEODF«UXVHQHVHYDODLHQW
HQIRQFWLRQGȇXQHSURSUL«W«UHTXLVHɋ} SDVHWTXHOHPHLOOHXUSURYHQDLWGHOȇ°OHGH
Cette démarche s’apparente à celle des spécialistes 5KRGHV/«RQDUGGH9LQFLDYDLWFRQVFLHQFHGH
en sciences de la Terre, pour déterminer la structure FHWWHGLYHUVLW«SXLVTXȇLOXWLOLVDLWGL΍«UHQWHV
F«UXVHVVXUXQP¬PHWDEOHDXHQIRQFWLRQ
LQWHUQHGHVSODQªWHVSDUG«ȴQLWLRQLQDFFHVVLEOH3RXUOD
GHOȇH΍HWUHFKHUFK«SRXUXQFLHORXXQYLVDJH
Terre, ils disposent de certaines propriétés telles que
SDUH[HPSOH3RXUOHPDTXLOODJHOHV‹J\SWLHQV
la densité, la vitesse des ondes sismiques ou l’intensité EUR\DLHQWODJDOªQH
du champ magnétique. Leur travail consiste alors à syn XQVXOIXUHGHSORPEHQ

“indispensable
thétiser en laboratoire des composés ayant les mêmes
Un outil
IRQFWLRQGXUHQGXGHQRLU
SURSUL«W«VXQHIRLVSODF«VGDQVOHVFRQGLWLRQVGHWHP G«VLU«GHJURVFULVWDX[
S«UDWXUHHWGHSUHVVLRQFHQV«HVU«JQHUGDQVOHVSUR GRQQHQWGHVUHȵHWV
fondeurs planétaires. métalliques quand les petits
VRQWPDWV&ȇHVWODVWUXFWXUH
m$XPLOLHXGHVDQQ«HVbGHVVLVPRORJXHVRQW
montré qu’au sein du noyau ferreux de notre planète pour l’histoire FULVWDOOLQHGHFHVSLJPHQWV
HWOHXUIRUPH¢Oȇ«FKHOOH


les ondes sismiques se propageaient plus rapidement
OHORQJGHOȇD[HGHURWDWLRQTXHGDQVOHVDXWUHVGLUHF des arts. GXPLFURPªWUHTXLVRQW¢
OȇRULJLQHGHOHXUVFRXOHXUV
tions, raconte Guillaume Fiquet, de l’Institut de minéra FRQGLWLRQQDQWODPDQLªUHGRQW
logie, de physique des matériaux et de cosmochimie  , à LOVDEVRUEHQWRXU«ȵ«FKLVVHQW
Paris. (QFRUHIDOODLWLOFRQȴUPHUTXHOHVFULVWDX[GHIHU ODOXPLªUH/DFULVWDOORJUDSKLHHVWGRQF
LQGLVSHQVDEOHDX[UHFKHUFKHVKLVWRULTXHV
SU«VHQWVGDQVODJUDLQHWHUUHVWUHSRXYDLHQWH΍HFWL
VXUOHVWHFKQLTXHVHWOHVPDW«ULDX[XWLOLV«V
vement avoir une structure autorisant ce phénomène.
SDUOHVDUWLVDQVHWOHVDUWLVWHV$XODERUDWRLUH
Cette structure a été déterminée il y a quatre ans par une QRXVIDEULTXRQVGHSXLVVHSWDQVGHV
équipe japonaise qui a réussi à recréer et à maintenir GL΍UDFWRPªWUHVb;SRUWDEOHVHWFȇHVWXQHYUDLH
OHVFRQGLWLRQVGXQR\DXVRLWbJLJDSDVFDOV [environ révolution : nous pouvons étudier les tableaux
ɋb IRLV OD SUHVVLRQ DWPRVSK«ULTXH 1'/5@ et GDQVOHVPXV«HVRXGHVPDQXVFULWVGDQVXQH
ɋr&WRXWHQFRXSODQWOȇH[S«ULHQFH¢XQHVRXUFH ELEOLRWKªTXHVDQVOHVG«SODFHUHWVDQVIDLUHGH
de rayonnement synchrotron. » SU«OªYHPHQWVɋ/DFULVWDOORJUDSKLHQRXVSHUPHW
DXVVLGȇ«WXGLHUOHYLHLOOLVVHPHQWGHVPDW«ULDX[
SRXUUHPRQWHU¢OHXUFRXOHXUGȇRULJLQHRXSRXU
Les promesses du laser à électrons libres DSSUHQGUH¢PLHX[OHVSU«VHUYHUOHVIUHVTXHV
3RXULGHQWLȴHUODVWUXFWXUHLQWHUQHGHVSODQªWHVJ«DQWHV QRLUFLHVGH3RPS«L«WDLHQWGȇXQEHDXURXJH
ou de certaines planètes extrasolaires plus massives que HWOHVWRXUQHVROVGH9DQ*RJKGȇXQMDXQH
la Terre, il faudra faire encore mieux, ce dont seules sont EHDXFRXSSOXVYLIɋ}
capables des expériences où une impulsion brève d’un
laser surpuissant, type laser mégajoule, engendre une
onde de choc à travers un échantillon. « Et il faut qu’un
ȵDVKGHUD\RQV;WUDYHUVHOHPDW«ULDXDXP¬PHPRPHQW
pour avoir accès aux propriétés pertinentes que sont la à Hambourg, en Allemagne. « C’est la source de rayonne
VWUXFWXUHHWODGHQVLW«ɋ} ajoute Guillaume Fiquet. ments X du futur,G«WDLOOH0DUFGH%RLVVLHXDe quoi déli
Les autres disciplines concernées par les méthodes YUHUGHVLPSXOVLRQV;XOWUDEULOODQWHVHWXOWUDFRXUWHVTXL
cristallographiques ne seront pas non plus en reste de permettront d’accéder à la dynamique des protéines ou
QRXYHDX[PR\HQV$LQVLOȇXQGHVQRXYHDX[KRUL]RQVGH ¢FHOOHGHWUDQVLWLRQVHQWUHGL΍«UHQWHVVWUXFWXUHVDXVHLQ
la discipline est le laser à électrons libres, dont il n’existe d’un matériau. » Et observer la structure de la matière en
actuellement que deux exemplaires dans le monde, aux mouvement. D’un mot, parfaire l’image que nous nous
‹WDWV8QLVHWDX-DSRQSOXVXQWURLVLªPHHQFRQVWUXFWLRQ faisons de ses mille et un visages. II

5. Unité CNRS/INP/UJF. 6. Unité CNRS/UPMC/IRD/MNHN. 7. Unité CNRS/UPMC.

PRINTEMPS 2014 N° 276



GRAND FORMAT

k&$1$<$*$87Ζ(5&1563+2727+Š48(

Rayons cosmiques :
traque dans la pampa
Astrophysique.
L’observatoire Pierre-Auger,
situé en Argentine, traque
les rayons cosmiques,
GHVȵX[GHSDUWLFXOHVHQ
SURYHQDQFHGHOȇHVSDFH
5HSRUWDJHDX[F¶W«VGH
Oȇ«TXLSHIUDQ©DLVHGLULJ«H
SDU$QWRLQH/HWHVVLHU
Selvon, en mission sur
SODFHHQ
TEXTE AUDREY DIGUET/
PHOTOS CÉLINE ANAYA-GAUTIER/
CNRS PHOTOTHÈQUE ;
1$6$&;&&)$5ɋ.5$)7(7$/ɋ03Ζ)5
(62$3(;$ɋ:(Ζ66(7$/ɋ(62:)Ζ

1. $YHFɋbFXYHVWHOOH
FHOOHFLHWbW«OHVFRSHV
¢ȵXRUHVFHQFHU«SDUWLVVXU
ɋNPtGHSDPSDDUJHQWLQH
l’observatoire Pierre-Auger
HVWOHSOXVJUDQGG«WHFWHXUGH
UD\RQVFRVPLTXHVGXPRQGH

CNRS LE JOURNAL
24
PORTFOLIO

35Ζ17(036 N° 276

GRAND FORMAT

2. 2EMHFWLIGHVFKHUFKHXUV
déterminer l’origine des
SDUWLFXOHVOHVSOXV«QHUJ«WLTXHV
TXLERPEDUGHQWOȇDWPRVSKªUH
/HVQR\DX[DFWLIVGHVJDOD[LHV
LFLDXFHQWUHGH&HQWDXUXVb$ 
VRQWOHVREMHWVDVWURSK\VLTXHV
SDUPLOHVSOXVOXPLQHX[
FRQQXVΖOVSRXUUDLHQW¬WUH¢OD
VRXUFHGHFHVUD\RQQHPHQWV

CNRS LE JOURNAL

PORTFOLIO

23

3. Les grands miroirs de 4

k;5$<1$6$&;&&)$5ɋ.5$)7(7$/ɋ68%0Ζ//Ζ0(7(503Ζ)5(62$3(;$ɋ:(Ζ66(7$/ɋ
FHW«OHVFRSH¢ȵXRUHVFHQFH
FRQFHQWUHQWODOXPLªUH
«PLVHSDUOHVmJHUEHV
DWPRVSK«ULTXHV}FDVFDGHV
GHSDUWLFXOHVJ«Q«U«HVSDUOD
collision des rayons cosmiques

237Ζ&$/(62:)Ζ&$1$<$*$87Ζ(5&1563+2727+Š48(
DYHFOȇDWPRVSKªUHHWOD
renvoient sur une caméra
FRPSRV«HGHWXEHV
SKRWRPXOWLSOLFDWHXUVTXL
FRPSWHQWOHVSKRWRQV«PLV
4. Quatre bâtiments comme
FHOXLFLDEULWHQWFKDFXQ
VL[W«OHVFRSHV¢ȵXRUHVFHQFH
TXLREVHUYHQWFHVJHUEHV
Sur le toit de ces bâtiments
VRQWLQVWDOO«VSOXVLHXUV
instruments qui servent
¢FRQWU¶OHUOȇDWPRVSKªUH
HWOHVFRQGLWLRQVGHSULVH
GHGRQQ«HVGHVW«OHVFRSHV

35Ζ17(036 N° 276
27
GRAND FORMAT

9LVLRQQHUOȇLQW«JUDOLW«GXGLDSRUDPD
sur lejournal.cnrs.fr

56

5. Toutes les données FRXFKHVVXSHUSRV«HV


UHFXHLOOLHVSDUOHVFXYHV FKDFXQHG«WHFWDQWGL΍«UHQWV
HWOHVW«OHVFRSHVVRQW W\SHVGHSDUWLFXOHV
WUDQVPLVHVSDURQGHV FHTXLSHUPHWGȇREWHQLUGHV
radio à la salle d’acquisition PHVXUHVSOXVFRPSOªWHV
GXFHQWUHGH0DODUJ¾H
7 et 8. (QG«SODFHPHQWGDQV
6. &HFKHUFKHXUWUDYDLOOH ODSDPSDOHVFKHUFKHXUV
VXUXQSURWRW\SHGHFXYH installent sur une cuve
Actuellement, les cuves XQHDQWHQQHGLWHSDSLOORQ
FRQWLHQQHQWPuGȇHDX SRXUFDSWHUOHV«PLVVLRQV
SXUH/HVSDUWLFXOHV UDGLRGHVSDUWLFXOHV
GHVJHUEHVDWPRVSK«ULTXHV J«Q«U«HVSDUOHVJHUEHV
qui les traversent DWPRVSK«ULTXHV8QDXWUH
VRQWUHS«U«HVJU¤FH¢GHV SURWRW\SHGȇDQWHQQHHVWWHVW«
G«WHFWHXUVGHOXPLªUH HQSDUDOOªOHXQHDQWHQQH
'DQVFHSURWRW\SHOHYROXPH PLFURRQGHSRVVªGDQWXQSOXV
GȇHDXHVWGLYLV«HQGHX[ JUDQGUD\RQGHG«WHFWLRQ

CNRS LE JOURNAL
28
78

35Ζ17(036 N° 276
29
PORTFOLIO

k&$1$<$*$87Ζ(5&1563+2727+Š48(
GRAND FORMAT

Précieuses études de genre PAR STÉPHANIE ARC, LAURE CAILLOCE ET PHILIPPE TESTARD-VAILLANT
ILLUSTRATIONS : COLCANOPA

/RLQGHYRXORLUJRPPHUOHVGL΍«UHQFHVHQWUHOHVVH[HVRXLPSRVHUXQHSU«WHQGXH
WK«RULHOHV«WXGHVGHJHQUHPRQWUHQWTXHFHTXHOȇRQSHQVDLWUHOHYHUGHOD
QDWXUHQȇHVWSDUIRLVTXHSXUHFRQVWUXFWLRQVRFLDOH3U«FLHXVHVSRXUOHVVFLHQFHV
KXPDLQHVHOOHVVRQWDXVVLFDSLWDOHVGDQVGHQRPEUHXVHVDXWUHVGLVFLSOLQHV
3DUH[HPSOHXQHUHFKHUFKHHQELRORJLHHWHQP«GHFLQHTXLQHSUHQGUDLWSDV
HQFRPSWHOHJHQUHULVTXHWRXWERQQHPHQWGHSURGXLUHGHVU«VXOWDWVWURQTX«V
RXIDX[ɋ3DQRUDPDHWG«PRQVWUDWLRQGDQVFHGRVVLHU

CNRS LE JOURNAL
30
LE GENRE

$
b WWHQWLRQGDQJHUɋ/DSU«WHQGXH
mWK«RULHGXJHQUH}HQVHLJQ«HGªVOHFRXUV«O«PHQWDLUH
YLDOHVm$%&'GHOȇ«JDOLW«}WUDQVIRUPHUDLWOHVJDU©RQVHQ
ȴOOHVHWYLFHYHUVDȐ&ȇHVWGXPRLQVFHTXȇRQWFODP«OHV
UXPHXUVUHOD\«HVHQMDQYLHUHQWUHDXWUHVSDUGHVJURX-
SXVFXOHVDXWRXUGHOD0DQLISRXUWRXVDXSRLQWTXHGHV
SDUHQWV RQW UHWLU« OHXUV HQIDQWV GH Oȇ«FROH SHQGDQW
TXHOTXHVMRXUVȐ0DLVODmWK«RULHGXJHQUH}QȇH[LVWHSDV
6HXOHV OHV «WXGHV GH JHQUH HOOHV FRQVWLWXHQW ELHQ
DXMRXUGȇKXLXQFKDPSGHUHFKHUFKH'HTXRLVȇDJLWLOɋ"« On
SHXWG«ȴQLUOHJHQUHFRPPHXQRXWLOGHVUHJDUGVXQH
P«WKRGRORJLHTXLSUHQQHQWHQFRPSWHODFRQVWUXFWLRQ
VRFLDOHGXPDVFXOLQHWGXI«PLQLQHWOHVUDSSRUWVVRFLDX[
HQWUHKRPPHVHWIHPPHVHWFHGDQVWRXWHVOHVGLVFL-
SOLQHV}SU«FLVH/ROD*RQ]DOH]4XLMDQRFKHUFKHXVHDVVR- LQWHUURJH$QQH%HUJHUGLUHFWULFHGXQRXYHOΖQVWLWXWGX
FL«HDX&HQWUHGHUHFKHUFKHVKLVWRULTXHV1TXLWUDYDLOOHVXU genre4FU««¢OȇLQLWLDWLYHGHOȇΖQVWLWXWGHVVFLHQFHVKXPDLQHV
ODSURVWLWXWLRQDXXIXeVLªFOH(WFȇHVWSRXUERQQRPEUHGH HWVRFLDOHVGX&156 Ζ16+6 (QSKLORVRSKLHOHV«WXGHVGH
FKHUFKHXUVHWGHFKHUFKHXVHVXQH JHQUHUHYLVLWHQWOHVJUDQGHVTXHV-
DSSURFKHVFLHQWLȴTXHIRQGDPHQWDOH WLRQVODSODFHGXFRUSVVRQUDSSRUW

Un outil d’analyse indispensable


De quoi parle-t-on ? DYHFODSV\FK«OHU¶OHGXODQJDJHȐ
7DQGLVTXȇHQELRORJLHHOOHVSHUPHWWHQW
Le genre, c’est ce que la société dicte comme relevant
m3RXUOȇKLVWRULHQRXOȇDQWKURSRORJXH QRWDPPHQWGȇLQWHUURJHUODQRWLRQGH
du féminin (le rose, les robes…) ou du masculin
OȇRXWLOJHQUHSHUPHWGȇ«WXGLHUGL΍«- (le bleu, les revolvers en plastique…). Tandis que
ELQDULW«VH[XHOOH/DELRORJLVWH$QQH
UHQWHVVRFL«W«VVDQVTXHQHVRLHQW OHVVH[HVVRQWG«ȴQLVSDUODELRORJLH FKURPRVRPHV )DXVWR6WHUOLQJDDLQVLHVVD\«GHPRQ-
SODTX«HVOHVUHSU«VHQWDWLRQVDFWXHO KRUPRQHVȐ /HV«WXGHVGHJHQUHVRQWQ«HVDX[ WUHU¢SDUWLUGHVRQWUDYDLOVXUOHVLQWHU-
OHV$LQVLLOHVWLQXWLOHGHFKHUFKHUGHV États-Unis dans les années 1960. Elles consistent VH[HV TXȇLO Qȇ\ D SDV GHX[ VH[HV
ȊKRPRVH[XHOVȋRXGHVȊK«W«URVH[XHOVȋ notamment à décrypter les confusions entre sexe PDLVȐFLQT}(QP«GHFLQHLOHVWIRQ-
GDQVOHVVRFL«W«VDQWLTXHVJUHFTXHHW HWJHQUH$LQVLOHVȴOOHVQHVRQWSDVELRORJLTXHPHQW GDPHQWDOGHQHSOXVSUHQGUHSRXU
« prédestinées » à aimer le rose. Ce n’est qu’un
URPDLQHFDUHOOHVQHFRQQDLVVDLHQWSDV VHXOH U«I«UHQFH OH FRUSV PDVFXOLQ
stéréotype de genre, une construction sociale.
OHGLVSRVLWLIVRFLDOP«GLFDOSV\FKLD- FRQVLG«U«FRPPHXQLYHUVHO(WFHOD¢
WULTXHVFLHQWLȴTXHHWO«JLVODWLITXȇHVWOD ODIRLVGDQVODUHFKHUFKHP«GLFDOH GDQV
VH[XDOLW«GDQVQRVVRFL«W«VDFWXHOOHV}H[SOLTXH6DQGUD OȇH[S«ULPHQWDWLRQOHVH[HGXFKHUFKHXUHWFHOXLGHOȇDQLPDO
%RHKULQJHUTXLGLULJHOȇRS«UDWLRQm1RUPHVJHQUHHWVH[XD- FRPSWHQW HWGDQVOHVWUDLWHPHQWV P«GLFDPHQWVHWF 
OLW«}DXVHLQGXODERUDWRLUH$UFK«RORJLHHWKLVWRLUHDQFLHQQH OLUHS (QJ«RJUDSKLHHQȴQXQH«WXGHU«FHQWHSURSRVH
0«GLWHUUDQ«H(XURSH $UFKLPªGH 2  GHSUHQGUHHQFRPSWHOHJHQUH OLUHOȇHQFDGU«S 
$XWUHH[HPSOHOȇDQWKURSRORJLHTXLMXVTXȇDX[DQQ«HV /D0LVVLRQSRXUODSODFHGHVIHPPHVDX&156SXEOLHFH
HQ)UDQFH«WDLWDQGURFHQWU«HHWVRXYHQWDYHXJOH PRLVFLHQFROODERUDWLRQDYHFOȇΖ16+6XQUHFHQVHPHQWDȴQ
¢OȇREVHUYDWLRQGHVULWHVSURSUHVDX[IHPPHVHQWDQW GHPLHX[FRQQD°WUHHWUHQGUHYLVLEOHOHV«WXGHVGHJHQUHHQ
TXȇDFWHXUVVRFLDX[TXLFRPSWHQWFRPPHHQW«PRLJQHXQH )UDQFH5«DOLV«SDUODVRFLRORJXH6LE\OOH6FKZHLHULOPRQWUH
F«OªEUHFLWDWLRQGH&ODXGH/«YL6WUDXVV 3 m2UFRPPHQW TXHFHVWUDYDX[PRELOLVHQWɋbFKHUFKHXUVGRQWWURLV
FRQFHYRLUXQH«WXGHGHȊOȇKRPPHȋVDQV«WXGHGHVIHPPHVɋ" TXDUWVGHIHPPHVHWb«TXLSHV m8QTXDUWGHV …

1. Unité CNRS/EHESS. 2. Unité CNRS/Univ. de Strasbourg/Univ. de Haute-Alsace/MCC/Inrap. 3. mb/HYLOODJHHQWLHUSDUWLW>Ȑ@


QRXVODLVVDQWVHXOVDYHFOHVIHPPHVHWOHVHQIDQWVGDQVOHVPDLVRQVDEDQGRQQ«HVb}mb&RQWULEXWLRQ¢Oȇ«WXGHGHOȇRUJDQLVDWLRQ
VRFLDOHGHVΖQGLHQV%RURURb}Journal de la Société des américanistes,QrbSb4. CNRS/Universités.

35Ζ17(036 N° 276
31
GRAND FORMAT

Lire le billet de Sandra Laugier


mb/HJHQUHFȇHVWGHODVFLHQFHb}
sur lejournal.cnrs.fr

2 000
scientifiques et
© M. DANIAU/AFP

/HURVHFȇHVWSRXUOHVȴOOHVȐ4XLOȇDG«FLG«HQU«DOLW«ɋ"1RVVRFL«W«V/HFORX
HVWHQIRQF«¢JUDQGUHQIRUWGHPDUNHWLQJVWLJPDWLVDQWOHVHQIDQWVTXL
ne se reconnaîtraient pas dans cette dictature des goûts et des couleurs.

… U«SRQGDQWVVRQWGHVGRFWRUDQWV bWKªVHV FHTXL


180 équipes travaillent WUDGXLWODYLWDOLW«GHFHVUHFKHUFKHV}VRXOLJQHDLQVL/ROD

actuellement sur *RQ]DOH]4XLMDQR2QDYXSDUH[HPSOHOHG«YHORSSHPHQW


GHVWUDYDX[VXUOHVVH[XDOLW«V}6LHQOHSUHPLHUUHFHQ-

le genre en France. VHPHQWVXUFHV«WXGHV«YRTXDLWG«M¢bFRXUVOHJHQUH


ȴJXUHDXMRXUGȇKXLFRPPHHQVHLJQHPHQWRSWLRQQHOGDQV
GHQRPEUHX[FXUVXVGLVFLSOLQDLUHV¢Oȇ8QLYHUVLW«HWGDQVOHV

Pourquoi tant d’incompréhension  ?


Des discours et des actions anti-genre d’entendre que certains déterminismes
virulents ont, ces derniers mois, agité la apparents dépendent de facteurs
place publique. Pour comprendre cette culturels bien plus que de causes
étonnante réaction, « il faut d’abord biologiques ». Sans compter que les
la replacer dans le contexte politique études de genre contribuent de facto à
récent, notamment celui de la loi sur DFFUR°WUHOȇ«JDOLW«VRFLDOHHQWUHKRPPHV
OHPDULDJHKRPRVH[XHO explique Anne et femmes. Ainsi, « leur extension dans
Berger, directrice du nouvel Institut du le cadre universitaire et leur reprise par
genre. Comme c’est sur le terrain sociétal, la société civile ont engendré de profonds
et non économique, que le gouvernement FKDQJHPHQWVGDQVODVRFL«W«IUDQ©DLVH
a agi, c’est sur ces questions culturelles tels que, pour n’en prendre que deux
que se sont cristallisées les dissensions. » exemples, la mise en œuvre de politiques
Mais les études de genre sont aussi de prévention des violences envers les
perçues comme subversives. Car elles femmes ou la lutte contre les inégalités
remettent en question les modèles professionnelles », illustre la sociologue
traditionnels de masculinité et de 1DWDFKD&KHWFXWLDVVRFL«HDX&UHVSSD5,
I«PLQLW«TXLVRXVWHQGHQWODKL«UDUFKLH dans le Livre blanc que vient de
HQWUHOHVVH[HV3RXUODFKHUFKHXVH/ROD leur consacrer l’Association nationale
© B. TESSIER/REUTERS

)«YULHU¢3DULV&HVPDQLIHVWDQWVVHWURPSHQWLO *RQ]DOH]4XLMDQRSU«VLGHQWHGȇ(ȴJLHV des études féministes.


QȇH[LVWHSDVGHmWK«RULHGXJHQUH}XQLTXHPHQWGHV DVVRFLDWLRQGHMHXQHVFKHUFKHXUVHQ Le Genre dans l’enseignement supérieur
«WXGHVTXLWLHQQHQWFRPSWHGHODQRWLRQGHmJHQUH} études féministes, genre et sexualité, et la recherche. Livre blanc. La Dispute, coll.
« ces détracteurs n’ont pas envie mb/HJHQUHGXPRQGHb}MDQYLHUSɋȜ

5. Centre de recherches sociologiques et politiques de Paris (CNRS/Paris-VIII/Univ. Paris-Ouest). 6. http://petitionpublique.fr 7. Laboratoire


Aménagement, développement, environnement, santé et sociétés (Unité CNRS/Univ. Bordeaux-Montaigne/Univ. de Bordeaux).

CNRS /(-2851$/

LE GENRE

© PLAINPICTURE/APPLY PICTURES

Nos espaces urbains sont


souvent construits par
et pour des hommes.

JUDQGHV«FROHVɋVL[PDVWHUVHWGHX[GLSO¶PHVLQWHUXQLYHU- Une ville faite pour les garçons


VLWDLUHVOXLVRQWG«GL«V(QOȇΖQVWLWXWGHVFLHQFHVSROL-
EXTRAITS DU BILLET DU GÉOGRAPHE YVES RAIBAUD7
WLTXHVGH3DULVDLQDXJXU«XQHQVHLJQHPHQWmɋJHQUHɋ}REOL-
JDWRLUH 3UHVDJH  (Q WHUPHV GH UHFKHUFKH OȇΖQVWLWXW
‹PLOLHGX&K¤WHOHWI«G«UDWLRQGȇ«WDEOLVVHPHQWVVFLHQWL- >ß@8QHGHQRV©WXGHVPRQWUHTXHOHVôOOHVG©FURFKHQW SDUWLUGH
ȴTXHVGRQWOH&156ȴQDQF«SDUOHFRQVHLOU«JLRQDOGȇΙOHGH ODFODVVHGHeGHVDFWLYLW©VGHORLVLUVSRUWLIFXOWXUHORXJ©Q©UDOLVWH
SURSRV©HVSDUOHVPXQLFLSDOLW©VRXOHVDVVRFLDWLRQVPDQGDWDLUHV
)UDQFHGHSXLVSURPHXWFHVWUDYDX[YLDHQWUHDXWUHV
7DQGLVTXHVHPHWHQSODFHXQHRIIUHGHORLVLUVHGLVDQWQHXWUH
GHVDFWLRQVGHFRPPXQLFDWLRQ FROORTXHVHWF HWGHȴQDQ-
PDLVTXLHVWHQU©DOLW©GHVWLQ©HDX[JDU§RQV VNDWHSDUFVFLW\VWDGHV
FHPHQW DOORFDWLRQVGRFWRUDOHVHWSRVWGRFWRUDOHV (WDX
DFWLYLW©VOL©HVDX[lFXOWXUHVXUEDLQHV{HWF 7RXWVLPSOHPHQW
&156MXVWHPHQWOȇΖQVWLWXWGXJHQUHDYRFDWLRQ¢VRXWHQLUHW
SDUFHTXHPªPHVLOHIRRWHWOHVNDWHQHVRQWSDVU©VHUY©VDX[
¢YDORULVHUFHV«WXGHVVXUWRXWOHWHUULWRLUHQDWLRQDO
JDU§RQVLOIDXWUHFRQQD®WUHTXHOHVSUDWLTXHVVRQWFRQVDFU©HVSDU
O×XVDJH3RXUMXVWLôHUFHVLQ©JDOLW©VGDQVOHôQDQFHPHQWGHVORLVLUV
Des recherches à promouvoir
SXEOLFVOHV©OXVHWOHVUHVSRQVDEOHVPXQLFLSDX[UDSSHOOHQWVRXYHQW
3RXUWDQWOȇLQVWLWXWLRQQDOLVDWLRQGHV«WXGHVGHJHQUHUHVWH
TXHOHXUREMHFWLISULQFLSDOHVWGHFDQDOLVHUODYLROHQFHGHVMHXQHV
IUDJLOH(WFȇHVWSRXUTXRL mɋbSHUVRQQHVGRQWGH
GDQVGHVDFWLYLW©VSRVLWLYHVVDQVDYRLUEHVRLQGHSU©FLVHUTXH
QRPEUHX[FKHUFKHXUVHQVHLJQDQWVRX«WXGLDQWVRQWU«DJL FHX[TXLlSRVHQWSUREO¨PH{VRQWOHVJDU§RQV
¢FHVDWWDTXHVFRQWUHOȇ«FROHSXEOLTXHHWODPLVHHQFDXVH
GHODO«JLWLPLW«VFLHQWLȴTXHGHFHV«WXGHVHQVLJQDQWOD >ß@1RXVSU©FRQLVRQVGHPHWWUHHQSODFHGHVGLVSRVLWLIV
S«WLWLRQȊ/HJHQUHODUHFKHUFKHOȇ«GXFDWLRQODERQQH G×REVHUYDWLRQHWGשYDOXDWLRQGHVSROLWLTXHVSXEOLTXHVVRXVO×DQJOH
UHQFRQWUHȋ 6 }H[SOLTXH6DQGUD%RHKULQJHUOȇXQHGH GXJHQUH>ß@/HJHQGHUEXGJHWLQJSHUPHWDX[PXQLFLSDOLW©VGH
VHVLQLWLDWULFHVPD°WUHVVHGHFRQI«UHQFHV¢OȇXQLYHUVLW«GH SUHQGUHFRQVFLHQFHGHO×LQMXVWHUHGLVWULEXWLRQGHO×RIIUHSXEOLTXH
6WUDVERXUJ8QHLQVWLWXWLRQQDOLVDWLRQIUDJLOHFDUU«FHQWH GHORLVLUV>ß@1RXVLQYLWRQVOHVPXQLFLSDOLW©V U©õ©FKLUDX[
m&ȇHVWGȇDLOOHXUVXQSDUDGR[HFDUOD)UDQFHDIDLWSDUWLH OLHX[G×DFFXHLOFROOHFWLIVSRXUDGROHVFHQWVDôQTXHOHVôOOHVHQ
UHWURXYHQWO×XVDJHORUVTX×LOVVRQWDFFDSDU©VSDUGHVFROOHFWLIV
GHVSUHPLHUVSD\VDYHFOHV‹WDWV8QLVHWOȇ$QJOHWHUUH¢
GHMHXQHVJDU§RQVFHTXLSURGXLWGXYLULOLVPHGXVH[LVPHHWGH
IDLUHHQWUHUOHV«WXGHVGHJHQUH¢Oȇ8QLYHUVLW«ɋ/HSUHPLHU
O×KRPRSKRELH>ß@8QODEHOU©FRPSHQVDQWOHVDPELDQFHVXUEDLQHV
GRFWRUDWHQ«WXGHVI«PLQLQHVDDLQVL«W«FU««¢3DULV9ΖΖΖ
U©XVVLHVVRXVO×DQJOHGHVUDSSRUWVVRFLDX[GHVH[HSRXUUDLW
HQ}SU«FLVH$QQH%HUJHU
ªWUHVWLPXODQWSRXUXQHG©PDUFKHTXDOLW©UHPDUTXDQWOHVYLOOHV
0DLVHQVXLWHPDOJU«XQFHUWDLQQRPEUHGȇLQLWLDWLYHV
TXLRIIUHQWXQERQFRHIôFLHQWGHPL[LW©GDQVOHVHVSDFHVSXEOLFV
GRQWOH&HQWUHGȇHQVHLJQHPHQWGHGRFXPHQWDWLRQHWGH
GHMRXUFRPPHGHQXLWPDLVDXVVLXQIRUWGHJU©G×DSSURSULDWLRQ
UHFKHUFKHVSRXUOHV«WXGHVI«PLQLVWHV OHUHWDUGVȇHVW
GHVDIIDLUHVGHOD&LW©SDUOHVIHPPHV
FUHXV«mWDQGLVTXHOHVSURJUDPPHVGHZRPHQȇVVWXGLHV
RQWWUªVYLWHHVVDLP«DX[‹WDWV8QLVGDQVbXQLYHUVLW«V
SXLVVHVRQWQRUPDOLV«HVHQ$QJOHWHUUHHQ$XVWUDOLHHQ
ΖQGHȐ}/HVUDLVRQVɋ"m(Q)UDQFH¢FDXVHGHOȇLG«RORJLH /LUHOȇLQW«JUDOLW«GXELOOHW
U«SXEOLFDLQHRQFRQVLG«UDLWFHV«WXGHVFRPPHSDUWLFX sur lejournal.cnrs.fr
ODULVWHV$ORUVTXHOHVTXHVWLRQVGHFRQFHSWLRQGHV …

35Ζ17(036 N° 276
33
GRAND FORMAT

Les sciences
du vivant ont
… GL΍«UHQFHVGHVH[HVGHKL«UDUFKLHHQWUHOHVVH[HVGH
VH[XDOLW«FRQFHUQHQWWRXWOHPRQGH}SRXUVXLWHOOH6DQV
FRPSWHUTXHQRPEUHGHFHV«WXGHVVRQWPHQ«HVSDUOHV
aussi besoin
du genre
IHPPHVGRQWOHVFDUULªUHVSURIHVVLRQQHOOHVUHQFRQWUHQW
GHVU«VLVWDQFHVSURIRQGHV5«VXOWDWOHV«WXGHVGHJHQUH
VHVRQWGLVV«PLQ«HVGDQVFKDTXHGLVFLSOLQHFHTXLDFRQWUL-
EX«¢OHXUPDQTXHGHYLVLELOLW«'DQVOȇ+H[DJRQHGHVXU-
FUR°WOHVFKRVHVGRLYHQWYHQLUmGXKDXW}ȂbGHVLQVWDQFHV

$
GHOȇ‹WDWbȂSRXU¬WUHFRQVLG«U«HVFRPPHO«JLWLPHV(WFȇHVW
SRXUTXRLOȇHQJDJHPHQWGX&156HVWSULPRUGLDO

Un besoin de structures pérennes XWDQWVRXVQRVODWLWXGHVOHVVFLHQFHVKXPDLQHV


&DUVLOHV«WXGHVGHJHQUHVRQWDFWXHOOHPHQWSRUW«HVSDU HWVRFLDOHV 6+6 LQWªJUHQWGHSXLVGHVDQQ«HVODQRWLRQ
XQHYRORQW«VFLHQWLȴFRSROLWLTXHFHODSRXUUDLWFKDQJHU GH mJHQUH} DXWDQW OHV VFLHQFHV GX YLYDQW 6'9 
(OOHVRQWGRQFEHVRLQGHVWUXFWXUHVS«UHQQHVm1RXV FRQGDPQHQWHQFRUHFHFRQFHSW¢ODSRUWLRQFRQJUXH2U
HVVD\RQVHQFHPRPHQWGHFU«HUXQH8QLW«PL[WHGH mFRQVLG«UHUVH[HHWJHQUHGDQVODUHFKHUFKHQȇDSDV
UHFKHUFKHJHQUHDMRXWH$QQH%HUJHUΖOVHUDLWELHQ«JDOH- SRXUVHXOEXWGȇREWHQLUXQHVRFL«W«SOXV«JDOLWDLUHHQWUH
PHQWTXȇDX&RQVHLOGHVXQLYHUVLW«VVRLWFU««HXQHVHFWLRQ KRPPHVHWIHPPHVPDLVDXVVLGȇREWHQLUXQHPHLOOHXUH
JHQUH¢SDUWHQWLªUH}(WFHODQRWDPPHQWSRXUTXHOHV UHFKHUFKHVFLHQWLȴTXH}VRXOLJQH'RQQD0HUJOHUSUR-
MHXQHVFKHUFKHXUVSXLVVHQWDFF«GHU¢ IHVVHXU«P«ULWHGHELRORJLH¢OȇXQLYHUVLW«GX4X«EHF¢
GHVSRVWHVm8QGHVPR\HQVGȇLQVWL- 0RQWU«DO&HWWHVLWXDWLRQHVWGȇDXWDQWSOXVUHJUHWWDEOH
WXWLRQQDOLVHUFHV«WXGHVFRQVLVWH¢
IDLUHXQHSODFH¢FHOOHVHWFHX[TXLRQW
Les études de TXȇDX[‹WDWV8QLVHWHQ(XURSHGX1RUG mOHELQ¶PH
6'9JHQUHHVWPLV¢FRQWULEXWLRQGDQVGHPXOWLSOHV
FKRLVLGHVHIRUPHUVS«FLȴTXHPHQW
VXUOHJHQUH}FRQFOXW/ROD*RQ]DOH]
genre se sont GRPDLQHVFHTXLH[SOLTXHTXHOHVSXEOLFDWLRQVLQWHUQD-
WLRQDOHVVXUOHJHQUHHQFOLQLTXHHQVDQW«HWHQELRORJLH
4XLMDQR(OOHVRXOLJQHHQȴQOȇLQȵXHQFH
GHOȇ(XURSHm'DQVOHFDGUHGXSUR-
disséminées «PDQHQWSRXUOȇLQVWDQWGHSD\V«WUDQJHUV}UHQFK«ULW
$QQH0DULH'HYUHX[GX&UHVSSDFRUHVSRQVDEOHVFLHQ-
JUDPPH+RUL]RQbOȇ8QLRQHXUR-
S«HQQHSURSRVHGHVȴQDQFHPHQWV dans chaque WLȴTXHGX'«ȴ*HQUHODQF«SDUOD0LVVLRQSRXUOȇLQWHUGLV-
FLSOLQDULW«GX&156HQ
SRXUOȇLQW«JUDWLRQGHODGLPHQVLRQGX
JHQUHGDQVOHVSURMHWVGHUHFKHUFKH discipline, ce 0DLVGȇDERUGHQFRUHIDXWLOVȇHQWHQGUHVXUOHVPRWV
&ȇHVWTXHODSOXSDUWGHVELRORJLVWHVTXDQGRQOHXUGLW
GHPDQLªUHWUDQVYHUVDOH}RXSRXUGHV
U«IRUPHVTXLSURPHXYHQWOȇ«JDOLW« qui a contribué mJHQUH}FRPSUHQQHQWmVH[H}2U mVH[HHWJHQUHQH
VRQWSDVGHVWHUPHVLQWHUFKDQJHDEOHVLQVLVWHSRXUVD
HQWUHIHPPHVHWKRPPHV UHFUXWH-
PHQWSURPRWLRQHWF GDQVOHVLQVWL- à leur manque SDUW)UDQ©RLVH0RRVGHOȇΖQVWLWXWGHVQHXURVFLHQFHV
FHOOXODLUHVHWLQW«JUDWLYHVGX&156HWH[SHUWHVFLHQWLȴTXH
WXWLRQVGHUHFKHUFKHFRPPHFȇHVWOH
FDVGXSURJUDPPH(JHUDODQF«OH de visibilité. ¢OD0LVVLRQSRXUODSODFHGHVIHPPHVGHOȇRUJDQLVPHLe
VH[HHVWXQHTXDOLW«ELRORJLTXHOHJHQUHXQSURFHVVXV
PDUV¢OȇΖQVWLWXWGHVFLHQFHVSROL- VRFLRFXOWXUHO}TXLU«JLWOHVGLYLVLRQVGXSRXYRLUGXWUD-
WLTXHV 8 6XUOHP¬PHVXMHWFLWRQV YDLOȐDXVHLQGȇXQJURXSHKXPDLQ$XWUHPHQWGLWOHVH[H
DXVVLOHSURMHWΖQWHJHU 9 ODQF«LO\DWURLVDQVHWSRUW«SDUOH G«VLJQHOȇHQVHPEOHGHVFDUDFW«ULVWLTXHVTXLSHUPHWWHQW
&1566LOHVGLɝFXOW«VSHUGXUHQWGRQFFȇHVWXQEHOKRUL]RQ ODUHSURGXFWLRQHWOHJHQUHOHIDLWTXHOHVFRPSRUWH-
TXLVȇRXYUHSRXUFHVSU«FLHXVHV«WXGHVII S. A. PHQWVGHVKRPPHVHWGHVIHPPHVVRQWOHU«VXOWDWGH
SURFHVVXVVRFLDX[
8QHUHFKHUFKHmJHQU«H}HQVFLHQFHVELRORJLTXHV
GRLWSDUFRQV«TXHQWDbPLQLPDVȇLQWHUURJHUVXUOȇLQFL-
GHQFHGHVGL΍«UHQFHVGHVH[HELRORJLTXHHWOȇLQȵXHQFH
GXVH[HVRFLDOVXUOHVH[S«ULHQFHVHWOHVU«VXOWDWV3RXU
OHVELRORJLVWHVODWHQWDWLRQHVWIRUWHGHQHFKRLVLUTXȇXQ
 www.programme-presage.com 9. www.cnrs.fr/mission-femmes/integer 10. Les données statistiques indiquent le contraire : plus de femmes meurent de MCV entre
HWDQV 6RXUFHb0-6DXUHO&XEL]ROOHVet al.,mb6RFLDOLQHTXDOLWLHVLQPRUWDOLW\E\FDXVHDPRQJPHQDQGZRPHQLQ)UDQFHb}-(SLGHPLRO&RPPXQLW\+HDOWK mars 2009).

CNRS /(-2851$/

LE GENRE

VHXOVH[HFRPPHPRGªOHH[S«ULPHQWDOHQJ«Q«UDOOH
VH[HPDVFXOLQ(WFHSRXUXQHUDLVRQVLPSOHOHVH[H
P¤OHHVWFRQVLG«U«FRPPHSOXVVWDEOHFDUSHUPHWWDQW /LUHmb&HVUHFKHUFKHVTXL
GHVȇD΍UDQFKLUGHVSUREOªPHVOL«VDX[YDULDWLRQVF\FOL WLHQQHQWFRPSWHQWGXJHQUHb}
VXUOHVODXU«DWVGX'«ȴ*HQUH
TXHVGHVKRUPRQHVVH[XHOOHVGHODIHPHOOH3RXUTXRL sur lejournal.cnrs.fr
UHQRQFHU¢FHFKRL[VLSUDWLTXHɋ"3DUFHTXHOHVWUDYDX[
DLQVLH΍HFWX«VFRQGXLVHQW¢H[WUDSROHU¢OȇHQVHPEOHGH
ODSRSXODWLRQOHVFRQFOXVLRQVSURSUHV¢XQVHXOVH[H(W
¢SURGXLUHmXQHVFLHQFH«ERUJQ«H}VHORQOȇH[SUHVVLRQ
GH'RQQD0HUJOHU*«Q«UDOLVHUDX[GHX[VH[HVGHVP«-
FDQLVPHV«WXGL«VFKH]XQVHXOSODLGH)UDQ©RLVH0RRV
mIDXVVHOHVU«VXOWDWVGHQRPEUHX[WUDYDX[HWQHFRQWUL- En prison, le genre féminin
EXHSDV¢IDLUHXQHVFLHQFHSOXVH[DFWHHWSOXVLQQR-
YDQWH}FRPPHOHPRQWUHQWOHVH[S«ULHQFHVUHODWLYHV
nuit gravement à la santé
DX[PDODGLHVFDUGLRYDVFXODLUHV 09&  Et si l’organisation sociale de la prison, en particulier
OHIDLWTXHOHVKRPPHVUHSU«VHQWHQWɋGHV
Les femmes, grandes oubliées des essais cliniques détenus, avait des conséquences directes sur la santé
'HIDLWOHVIHPPHVVRQWH[FOXHVGHODSOXSDUWGHFHV GHVIHPPHVLQFDUF«U«HVɋ"&ȇHVWFHTXHSHQVH0DULH
HVVDLVDXSU«WH[WHTXHOHV0&9IUDSSHQWHQSULRULW« Pierre Moisan, du laboratoire Nutrition et neurobiologie
LQW«JU«HODXU«DWHGX'«ȴ*HQUH'HSXLVGHX[DQVHOOH
OHVKRPPHV10 5«VXOWDWmOHVGRQQ«HVREWHQXHVFKH]OHV
travaille avec un médecin et une sociologue sur le cas
KRPPHVVRQWWUDQVSRV«HVDX[IHPPHVDORUVTXHFHV
particulier de la maison d’arrêt de Seysses, au sud de
PDODGLHVFKH]FHOOHVFLVHSU«VHQWHQWGL΍«UHPPHQW 7RXORXVHR»GHVKRPPHVHWXQSHWLWJURXSHGHIHPPHV
DUJXPHQWH)UDQ©RLVH0RRV /HVV\PSW¶PHVQRWDP- VRQWLQFDUF«U«V/DFKHUFKHXVHGUHVVHXQ«WDWGHVOLHX[
PHQWVHPDQLIHVWHQWVRXVODIRUPHGHPDOGHGRVGH peu reluisant : la trentaine de femmes suivies dans le
IDWLJXHȐ'XFRXSFHODWURPSHVRXYHQWOHVP«GHFLQV cadre de cette étude accusent une forte prise de poids
J«Q«UDOLVWHVTXLDGUHVVHQWGHVIHPPHVSURFKHVGHOD accompagnée de troubles anxio-dépressifs sévères.
FULVHFDUGLDTXH¢XQNLQ«RXXQSV\SOXW¶WTXȇ¢XQFDU- « L’une des explications est qu’elles pratiquent très
SHXGȇDFWLYLW«VSK\VLTXHVFRQWUDLUHPHQWDX[KRPPHV
GLRORJXH(WFHWWHSULVHHQFKDUJHWK«UDSHXWLTXHPRLQV
Étant peu nombreuses, elles ne sont pas prioritaires
VDWLVIDLVDQWHH[SOLTXHSRXUTXRLOHVPDODGLHVFDUGLR SRXUXWLOLVHUOHVLQVWDOODWLRQVVSRUWLYHVȂbQȇRXEOLRQVSDV
YDVFXODLUHVFRQVWLWXHQWODSUHPLªUHFDXVHGHPRUWDOLW« TXHOHVKRPPHVHWOHVIHPPHVQHGRLYHQWMDPDLVVH
I«PLQLQHHQ)UDQFHDYDQWOHFDQFHU} P«ODQJHUHQSULVRQbȂHW\VRQWPRLQVLQFLW«HV'HSOXV
/DVHQVLELOLW«¢ODGRXOHXUVȇDYªUHXQDXWUHFKDPSGH OHVUHSDVGLVWULEX«VVRQWOHVP¬PHVSRXUOHVKRPPHV
UHFKHUFKHR»VFUXWHUOHVLQWHUDFWLRQVHQWUHVH[HHWJHQUH HWOHVIHPPHVHWQHWLHQQHQWSDVFRPSWHGHVVS«FLȴFLW«V
LQVXɞHXQmSOXV}LQG«QLDEOH'HIDLWGHVIDFWHXUVQRQ de ces dernières, notamment leurs plus faibles
besoins caloriques, indique la neurobiologiste, que
ELRORJLTXHVUHWHQWLVVHQWVXUODWRO«UDQFH¢ODGRXOHXU
FHVSUHPLªUHVUHFKHUFKHVVXUOHJHQUHRQWSDVVLRQQ«H
SDUH[HPSOHOHQLYHDXVRFLRFXOWXUHORXOȇDSSDUWHQDQFH
C’est une problématique dont je tiendrai compte plus
HWKQLTXH0DLVOHVGL΍«UHQFHVHQWUHKRPPHVHWIHPPHV systématiquement dans mes travaux sur le stress
HQODPDWLªUHRQWDXVVLXQIRQGHPHQWELRORJLTXHOL« HWVHVFRQV«TXHQFHVSDWKRORJLTXHVSDUH[HPSOH
HQWUHDXWUHVFKRVHVDX[KRUPRQHVVH[XHOOHV(WOȇRQ… dans l’obésité de l’enfant. » /ɋ&

35Ζ17(036 N° 276

GRAND FORMAT

8QHH[S«ULHQFHIDLWHOOHDSSHO¢GHVP¤OHVRX¢GHV
IHPHOOHVɋ" /HV DQLPDX[ VRQWLOV RS«U«V DXTXHO FDV
LOV«PHWWHQWGHVVLJQDX[FKLPLTXHVGHVRX΍UDQFHTXL
PRGLȴHQWOȇ«WDWEDVDO FȇHVW¢GLUHHQOȇDEVHQFHGHVWUHVV 
GHV DXWUHV DQLPDX[ɋ" 4XLG GHV RGHXUV GX QLYHDX
V RQRUHɋ"HWF m&HVSDUDPªWUHVQHȴJXUHQWMDPDLVGDQV
OHVSXEOLFDWLRQVELHQTXȇLOVDLHQWXQLPSDFWVXUOHVYDULD
EOHVELRORJLTXHVTXHOȇRQPHVXUH}G«SORUH)UDQ©RLVH
0RRVDYDQWGHUDSSHOHUTXHOHVH[HGHOȇH[S«ULPHQWD-
WHXUTXHSHU©RLYHQWOHVDQLPDX[LQWHUIªUH«JDOHPHQW
GDQVOHVU«VXOWDWVGHVWHVWVHWOHXUDQDO\VH 11(WTXHOHV
FHOOXOHVFXOWLY«HVLQbYLWURSRVVªGHQWHOOHVDXVVLXQVH[H
HWVHORQTXȇHOOHVRQW«W«SU«OHY«HVVXUGHVRUJDQLVPHV
P¤OHVRXIHPHOOHVU«DJLVVHQWGL΍«UHPPHQWDX[SURGXLWV
SKDUPDFRORJLTXHVTXȇRQOHXUDSSOLTXH
© UNDERWOOD & UNDERWOOD/CORBIS

/HVȴOOHVVXUH[SRV«HVDXWDEDJLVPHSDUHQWDO
&RPPHOHVELRORJLVWHVOHVFKHUFKHXUVHQVDQW«HQYLURQ-
Début du XXe siècle. Si les ouvrières américaines ont plus de QHPHQWVȇLQW«UHVVDQWQRWDPPHQW¢ODQHXURWR[LFLW«GHV
SORPEGDQVOHVDQJTXHOHVRXYULHUVFHQȇHVWSDV¢FDXVHGȇXQH SROOXDQWVJDJQHUDLHQW¢UHFRXULUSOXVVRXYHQWDX[FRQFHSWV
SOXVJUDQGHmɋVXVFHSWLELOLW«ɋ}PDLVGȇXQHSOXVJUDQGHH[SRVLWLRQ GHVH[HHWGHJHQUH'ªVOHG«EXWGXXXeVLªFOHFHW\SH
GȇRXWLOVDSHUPLVGHPLHX[FRPSUHQGUHHWSRXYRLUDJLUVXU
OHV UHODWLRQV FRPSOH[HV TXL JRX-
… FRQVWDWHGHVGL΍«UHQFHVVH[X«HVGDQVOHVW\SHVGH YHUQHQWOHVUDSSRUWVHQWUHOȇHQYLURQ-
SDWKRORJLHVGRXORXUHXVHVODPLJUDLQHWRXFKHSOXVOHV
IHPPHVODJRXWWHGDYDQWDJHOHVKRPPHV
Le sexe de QHPHQWHWODVDQW«KXPDLQH'DQVOHV
DQQ«HVbGHVUHFKHUFKHV

Le stress : une question d’hormones et d’éducation


l’expérimentateur RQWSDUH[HPSOHPRQWU«TXHGDQV
OȇLQGXVWULHDP«ULFDLQHOHVIHPPHV
0¬PHFKRVHDXVXMHWGHVPDODGLHVOL«HVDXVWUHVVGRQW
FHUWDLQHVRQWXQHSOXVIRUWHSU«YDOHQFHFKH]OHVIHPPHV
influe sur les SU«VHQWDLHQWXQWDX[GHSORPEGDQV
OHVDQJVXS«ULHXU¢FHOXLGHVKRPPHV
G«SUHVVLRQDQ[L«W«Ȑ WDQGLVTXHGȇDXWUHVVȇDYªUHQWSOXV
IU«TXHQWHVFKH]OHVKRPPHV D΍HFWLRQVFRURQDULHQQHV résultats des (WTXHFHWWHGL΍«UHQFHSURYHQDLWQRQ
SDVGȇXQHSOXVJUDQGHmɋVXVFHSWLELOL-
DGGLFWLRQVȐ /¢HQFRUH mGHVIDFWHXUVELRORJLTXHVHW
VRFLDX[LQWHUDJLVVHQWSRXUH[SOLTXHUFHVGL΍«UHQFHVLQWHU- études biologiques W«ɋ}GHVIHPPHV¢FHP«WDOFRPPH
OH SHQVDLHQW OHV P«GHFLQV GH
YLHQWODQHXURELRORJLVWH0DULH3LHUUH0RLVDQGXODERUD-
WRLUH1XWULWLRQHWQHXURELRORJLHLQW«JU«H¢%RUGHDX[&¶W« réalisées sur les Oȇ«SRTXHPDLVGXIDLWTXȇHOOHVRFFX-
SDLHQWGHVHPSORLVVRXVTXDOLȴ«VTXL
ELRORJLHODSULQFLSDOHKRUPRQHGXVWUHVV OHFRUWLVRO HVW
DXJPHQW«HSDUOHVĕVWURJªQHV SULQFLSDOHVKRUPRQHV animaux. OHVREOLJHDLHQW¢LQKDOHUGHJUDQGHV
TXDQWLW«VGHSRXVVLªUHVGHSORPEmΖO
VH[XHOOHVI«PLQLQHV HWGLPLQX«HSDUODWHVWRVW«URQH SULQ- HVWLQW«UHVVDQWGHIDLUHOHOLHQHQWUH
FLSDOHKRUPRQHVH[XHOOHPDVFXOLQH }0DLVOȇ«GXFDWLRQ FHV«WXGHVGȇLO\DSUHVTXHFHQWDQV
LQWHUYLHQWHOOHDXVVLGDQVODU«DFWLYLW«DXVWUHVV8QH«WXGH HWFHOOHVTXLDXMRXUGȇKXLSHUPHWWHQWGHPHWWUHHQOLHQ
PHQ«HSDU/DXUD6WURXGGHOȇXQLYHUVLW«%URZQDX[‹WDWV OȇH[SRVLWLRQGHVIHPPHVDX[VXEVWDQFHVFKLPLTXHVGDQV
8QLVPRQWUHDLQVLTXHOHVKRPPHVVRXYHQWFRQGLWLRQQ«V SOXVLHXUVLQGXVWULHVHWOHFDQFHUGXVHLQ}FRPPHQWH
¢U«XVVLUSURIHVVLRQQHOOHPHQWVRQWSOXVVHQVLEOHV¢XQ 'RQQD0HUJOHU'ȇDXWUHVHQTX¬WHVWHOOHVFHOOHVFRQGXLWHV
VWUHVVIDLVDQWLQWHUYHQLUODSHUIRUPDQFHDXWUDYDLODORUV HQSDU6DP3DWWHQGHQGHOD/RQGRQ6FKRRORI
TXHOHVIHPPHVGRQWODIRUPDWLRQLQVLVWHGDYDQWDJHVXUOD +\JLHQHDQG7URSLFDO0HGHFLQHPHWWHQWHQ«YLGHQFHTXH
YDOHXUGȇHQWUDLGHVRQWSOXVVHQVLEOHVDXUHMHWVRFLDO VLOHVȴOOHVVRQWSOXVVHQVLEOHVTXHOHVJDU©RQVDX[H΍HWV
3OXVVXUSUHQDQWOHVFKHUFKHXUVHQVFLHQFHVGXYLYDQW GXWDEDJLVPHSDUHQWDOFHQȇHVWSDVG½¢XQHSU«GLVSRVL-
DXUDLHQWWRXWLQW«U¬W¢IDLUHFDVGXVH[HELRORJLTXHHWGH WLRQELRORJLTXH0DLVSDUFHTXȇHOOHVUHVWHQWSOXVFRQȴQ«HV
OȇHQYLURQQHPHQWmVRFLDO}GHVDQLPDX[JDUG«VHQDQLPD- ¢ODPDLVRQR»ODSROOXWLRQGHOȇDLUHVWSOXVIRUWH8QH΍HW
OHULH&RPPHQWɋ"(QVȇDWWDUGDQWVXUTXHOTXHVSRLQWVFO«V FODLUHPHQWLPSXWDEOHDXJHQUHGRQFȐII P. T.-V.

11.mb2OIDFWRU\H[SRVXUHWRPDOHVLQFOXGLQJPHQFDXVHVVWUHVVDQGUHODWHGDQDOJHVLDLQURGHQWVb}Nature Methods,SXEOL«HQOLJQHOHDYULO

CNRS /(-2851$/

EN ACTION

Quand nos scientifiques planchent


sur la pollution, le Soleil,
les baleines à bosse, les virus géants,
les systèmes complexes…
ILLUSTRATION : S. MILLET, POUR CNRS LE JOURNAL

PRINTEMPS 2014 N° 276


37
EN ACTION
© ISC-PIF

Incubateur
de complexité
Innovation.'HSXLVOHPDUVOHVFKHUFKHXUVIUDQFLOLHQVGLVSRVHQWGȇXQ
nouveau lieu entièrement dédié à une science émergente mais en plein
HVVRUbOȇ«WXGHGHVV\VWªPHVFRPSOH[HV
PAR YAROSLAV PIGENET

+
b
ormis la plaque discrète apposée au rez-de-chaus- des connexions neuronales permet d’engendrer des
sée d’un bâtiment cubique perdu dans les grands phénomènes de synchronisation pouvant correspondre
ensembles du XIIIebDUURQGLVVHPHQWGH3DULVQXO ¢GHVWUDLWHPHQWVFRJQLWLIVGHKDXWQLYHDX}/ȇΖ6&3Ζ)
autre indice n’avertit le visiteur impromptu qu’il est catalyse ainsi de nombreuses recherches interdiscipli-
bien arrivé au pied d’un nouveau laboratoire de pointe : QDLUHVTXȇLOVȇDJLVVHGȇ«WXGLHUXQHORLPDWK«PDWLTXHOLDQW
OȇΖQVWLWXWGHVV\VWªPHVFRPSOH[HV3DULVΙOHGH)UDQFH DEVWHQWLRQ«OHFWRUDOHHWWDLOOHGHVFRPPXQHVGHYLVXD-
Ζ6&3Ζ) &HP¬PHYLVLWHXUGHYUDHQFRUHJUDYLUGHX[ OLVHUPRG«OLVHUHWVLPXOHUOHG«YHORSSHPHQWHPEU\RQ-
étages et traverser un open space rempli de jeunes cher- QDLUHGXSRLVVRQ]ªEUHRXHQFRUHGȇDQDO\VHUHQPDVVH
FKHXUVVȇD΍DLUDQWVXUOHXUFRQVROHGȇRUGLQDWHXUSRXUREWH- OHVU«I«UHQFHVELEOLRJUDSKLTXHVVFLHQWLȴTXHVSRXU«WD-
nir la réponse aux deux questions qu’il se posait en arri- EOLUGHVDUEUHVJ«Q«DORJLTXHVGHVWKªPHVGHUHFKHUFKH
YDQWTXȇHVWFHDXMXVWHTXHGHVV\VWªPHVFRPSOH[HVHW YRLUHGHVFDUWRJUDSKLHVGHFRQWURYHUVHV
www.iscpif.fr SRXUTXRLXQLQVWLWXWOHXUHVWLOFRQVDFU«ɋ" )RQG«HQPDLVU«FHPPHQWLQVWDOO«DXUXH
m8QV\VWªPHSHXW¬WUHTXDOLȴ«GHFRPSOH[HORUVTXH 1DWLRQDOHOȇΖ6&3Ζ)HVWHQ)UDQFHOȇXQGHVGHX[LQVWLWXWVSLRQ-
la multitude des interactions locales entre les éléments qui QLHUV DYHFOȇΖQVWLWXWUK¶QHDOSLQGHVV\VWªPHVFRPSOH[HV 
le composent fait émerger de nouvelles propriétés glo- autour desquels s’est constituée la communauté nationale
EDOHVFHOOHVFLSRXYDQWGDQVFHUWDLQVFDVU«WURDJLUVXUFHV HWHXURS«HQQHWUDYDLOODQWVXUOHVV\VWªPHVFRPSOH[HV
P¬PHV«O«PHQWVH[SOLTXH'DYLG&KDYDODULDVGLUHFWHXUGH 3RUWHXUGȇXQ*URXSHPHQWGȇLQW«U¬WVFLHQWLȴTXHGDQVOHTXHO
OȇΖQVWLWXW2QSHXWSDUH[HPSOH«WXGLHUOHFHUYHDXVRXV VHL]H(367 1HWXQLYHUVLW«VVRQWDFWXHOOHPHQWLPSOLTX«VLOHVW
OȇDQJOHGHODQHXURORJLHGHODSV\FKRORJLHYRLUHGHODSV\- GHYHQXHQXQH8QLW«SURSUHGHVHUYLFHGX&156
FKDQDO\VHPDLVORUVTXȇRQOȇ«WXGLHUDHQWHUPHVGHV\VWªPHV /ȇΖ6&3Ζ)DXQHGRXEOHPLVVLRQ'ȇXQHSDUWLODQLPHXQ
FRPSOH[HVRQYDVȇLQW«UHVVHUDX[OLHQVHQWUHVWUXFWXUHV réseau régional regroupant tous les acteurs académiques
ORFDOHVHWJOREDOHVFRPPHODPDQLªUHGRQWODVWUXFWXUH RXSULY«VFRQFHUQ«VΖOFRRUGRQQHQRWDPPHQWXQGHV

1. ‹WDEOLVVHPHQWVSXEOLFV¢FDUDFWªUHVFLHQWLȴTXHHWWHFKQRORJLTXH2. '«YHORSS«HQSDUWHQDULDWDYHFOȇ(5&*HR'LYHU&LW\

CNRS LE JOURNAL
38
EN ACTION

Deux projets menés à l’Institut des systèmes complexes


World Seastems
6RXWHQXHWȴQDQF«¢KDXWHXUGHPLOOLRQGȇHXURVSDU
le Conseil européen de la recherche, le projet World
6HDVWHPVYLVH¢TXDQWLȴHU¢DQDO\VHUHW¢FDUWRJUDSKLHU
Oȇ«YROXWLRQGHV«FKDQJHVFRPPHUFLDX[PDULWLPHV
depuis trois siècles. Il s’appuie sur les informations
publiées par le journal Loyd’s List, qui référence depuis
OHVHVFDOHVGHVQDYLUHVFRPPHUFLDX[
Une masse de données qui n’avait jusqu’ici jamais été
H[SORLW«HGHPDQLªUHH[KDXVWLYH/ȇREMHFWLIGXSURMHW
est d’abord d’établir une cartographie dynamique
GHVȵX[FRPPHUFLDX[PDULWLPHVɋHQVXLWHGȇDQDO\VHU
à l’aide d’outils mathématiques tels que la théorie
GHVJUDSKHVHWGHVU«VHDX[FRPSOH[HVOHVUHODWLRQV
ȂbORFDOHVFRPPHJOREDOHVbȂHQWUHOȇ«YROXWLRQGXU«VHDX
© C. DUCRUET, ERC WORLD SEASTEMS

interportuaire et les changements socio-économiques


qui ont marqué la période.
www.world-seastems.cnrs.fr

Carte du
réseau mondial
GHVõX[
commerciaux
maritimes /LUHOȇLQW«JUDOLW«GHOȇDUWLFOH
en 1890. sur lejournal.cnrs.fr

BioEmergences
Associée à l’ISC-PIF, BioEmergences est une plateforme
qui a pour but de reconstruire et de simuler, à toutes
VHL]H'RPDLQHVGȇLQW«U¬WPDMHXUG«ȴQLVSDUOD5«JLRQ les échelles (cellules, tissus, organes, organismes),
ΙOHGH)UDQFHSRXUODS«ULRGH'ȇDXWUHSDUW la dynamique des processus biologiques à partir de
mesures in vivo. Ce cadre général requiert la conception
il constitue un pôle visible à l’international sur les Vue d’artiste
et la mise au point de techniques, de méthodologies
V\VWªPHVFRPSOH[HVΖODFFRPSDJQHDLQVLSOXVLHXUVSUR- montrant
et d’outils inédits permettant d’acquérir et d’interpréter
jets européens et participe au développement de la l’évolution
GHVGRQQ«HVHQb'HQWHPSVU«HO¢WRXVOHVQLYHDX[
&RPSOH[6\VWHPV6RFLHW\SULQFLSDOHVRFL«W«VDYDQWH des lignages
du vivant. Cette démarche doit conduire à une
GDQVFHGRPDLQHDXQLYHDXPRQGLDO cellulaires de
compréhension approfondie des systèmes biologiques,
l’embryon de
« Ce tiers lieu mutualisé propose de multiples services de leur fonctionnement et de leur évolution
poisson zèbre.
et permet notamment à des chercheurs de développer leurs dynamique, notamment
SURMHWVGDQVXQHQYLURQQHPHQWG\QDPLTXHTXLOHXUR΍UH lors du développement
embryonnaire et de la
XQHJUDQGHYLVLELOLW«}SU«FLVH'DYLG&KDYDODULDVΖOK«EHUJH
formation des organes.
des projets résidents sur des périodes allant d’une à quatre Une connaissance
DQQ«HVHWR΍UHXQHQYLURQQHPHQWGHWUDYDLOFRPSUHQDQW LQGLVSHQVDEOHDX[SURJUªV
HVSDFHVGHFRZRUNLQJVDOOHVGHV«PLQDLUHVHWUHVVRXUFHV de la médecine qui était
SRXUOHFDOFXOLQWHQVLIHWOHWUDLWHPHQWGHGRQQ«HV MXVTXHO¢GLɝFLOH¢DFTX«ULU
Car l’étude des systèmes complexes requiert des à l’aide de la simple
PR\HQVVS«FLȴTXHVSRXUOHXUDQDO\VHHWOHXUPRG«OL observation ponctuelle
de capteurs isolés et
VDWLRQ/ȇΖ6&3Ζ)PHW¢GLVSRVLWLRQGHVUHVVRXUFHVSRXUOH
découplés dans le temps.
VWRFNDJHHWODIRXLOOHGHGRQQ«HVPDVVLYHVOHFDOFXOLQWHQ-
© E. FAURE/BIOEMERGENCES

VLIRXODYLVXDOLVDWLRQGHGRQQ«HVFRPSOH[HV3DUH[HPSOH http://bioemergences.iscpif.fr

grâce au logiciel OpenMole 2 OȇΖ6&3Ζ)SHUPHW¢GHVQRQ


experts de formuler des plans d’expériences sur des
UHVVRXUFHVGHFDOFXOGLVWULEX«HV JULOOHVHWFOXVWHUV WRXW
HQE«Q«ȴFLDQWGHIRUPDWLRQV¢VRQXWLOLVDWLRQbII

PRINTEMPS 2014 N° 276


39
EN ACTION

La pollution
sous haute surveillance

Environnement. Les récents pics de pollution l’ont rappelé de manière


frappante : il y a urgence à lutter contre ce phénomène. Un programme
de recherche vient d’être lancé à Paris pour cinq ans.
PAR LAURE CAILLOCE

quartiers : quelles sont les sources de


SROOXWLRQ YRLWXUHV¢HVVHQFHHWGLHVHO
FKDX΍DJHVHWF FRPPHQWOHVSRO-
OXDQWVVHGLVV«PLQHQWQRQVHXOHPHQW
GȇXQHUXH¢OȇDXWUHPDLVDXVVLHQKDX-
WHXUHQWUHOHVROHWOHVGHUQLHUV«WDJHV
GHVLPPHXEOHV} indique Laurence
(\PDUG3RXUFHIDLUHGHVPHVXUHV
VHURQWH΍HFWX«HVGDQVGHX[TXDUWLHUV
GH3DULVHQFRQWLQXHWORUVGHFDP-
pagnes de mesures ciblées.

Évaluer l’impact sur la santé


6HFRQGYROHWG«WHUPLQHUOȇLPSDFWGHV
polluants mesurés sur la santé des
habitants. Des suivis individuels vont
¬WUHPLVHQSODFHDȴQGȇ«YDOXHUSU«FL-
sément le niveau de pollution auquel
chaque individu est exposé. Près de
© T. COEX/AFP

YRORQWDLUHVHQIDQWVHWDGXOWHV
YRQW¬WUH«TXLS«VGHFDSWHXUVHWGHV
Un zeppelin, mesures seront réalisées en temps
tel celui-ci
survolant
le Sacré-Cœur,
0
b esurer avec précision la pollution
urbaine et évaluer son impact
direct sur la santé des habitants : tels
SXEOL«VSDUOHVFKHUFKHXUV} précise
GȇHPEO«H/DXUHQFH(\PDUGGLUHFWULFH
GHUHFKHUFKHDX&156FKDUJ«HGHOD
réel au domicile et dans les salles de
FODVVH'HVSHUVRQQHVVRX΍UDQWGȇDO-
lergies et de maladies respiratoires
doit effectuer sont les buts de la chaire de mécénat coordination des activités scienti- seront également suivies. Plus origi-
des mesures
inaugurée le 8 avril par l’université ȴTXHVGHODFKDLUH nal : la pollution sonore et son impact
de la pollution
dans le ciel 3LHUUHHW0DULH&XULH36$3HXJHRW seront évalués et modélisés dans les
parisien. &LWUR­QHW5HQDXOW&RQVDFU«HSOXV Recueillir des données inédites mêmes conditions expérimentales
SU«FLV«PHQW¢ODm0RELOLW«HWTXDOLW« /HSURJUDPPHGHUHFKHUFKHTXLLP- que pour la pollution atmosphérique.
GHYLHHQPLOLHXXUEDLQ}HOOHUHYHQ- plique cinq laboratoires et doit durer La toute première initiative de la
dique sa totale indépendance scienti- FLQTDQVVHYHXWSDUWLFXOLªUHPHQW chaire aura pourtant lieu… dans les
ȴTXHm6LOHVFRQVWUXFWHXUVDXWRPR- ambitieux. Premier volet : réunir un airs. Des capteurs de pollution vont
biles ont contribué à définir les jeu de données inédit sur la pollution embarquer à bord d’un ballon diri-
REMHFWLIVGHFHSURMHWTXȇLOVȴQDQFHQW GH3DULVODYLOOHmODERUDWRLUH}FKRLVLH geable qui sillonnera le ciel de Paris
¢KDXWHXUGHPLOOLRQGȇHXURVLOVQH pour mener ces travaux. m1RXVYRX- entre juin et octobre 2014 dans le
sont pas directement impliqués dans lons aller au-delà de ce que fait un cadre du projet Eurosentinelle. II
les travaux de recherche et n’auront RUJDQLVPHFRPPH$LUSDULIHQUHJDU-
pas de droit de regard sur les articles dant ce qui se passe à l’intérieur des

CNRS LE JOURNAL
40
EN ACTION

k'/21*Ζ(5$6/$%25$72Ζ5('(/ȇ$&&‹/‹5$7(85/Ζ1‹$Ζ5(
Gros succès pour la 10e édition
des Masterclasses internationales
Fin mars et début avril, plus de 10 000 lycéens d’une quarantaine
de pays, dont 1 500 lycéens français, ont participé à la 10e édition des
Masterclasses internationales. Organisé chaque année depuis 2005,
ce programme pédagogique a pour but de faire découvrir, l’espace
d’une journée, la vie d’un chercheur en physique des particules.
Cette année, les apprentis physiciens ont pu analyser, au sein de l’un
des onze laboratoires du CNRS participants et du CEA/Irfu, de vraies
données enregistrées sur le collisionneur LHC du Cern. l€ODôQGH
chaque session, une vidéoconférence est organisée depuis le Cern
DôQGHOHXUSHUPHWWUHGHFRPSDUHUOHXUVU©VXOWDWVHWG×HQGLVFXWHU Chaque année,
– en anglais – comme le font les chercheurs », explique Nicolas Arnaud, 10 000 lycéens
membre du Laboratoire de l’accélérateur linéaire, à Orsay, et coordinateur de 40 pays
du projet pour l’Institut de physique nucléaire et de physique des participent aux
particules. De quoi, sans aucun doute, inspirer des vocations… Masterclasses
internationales.
www.physicsmasterclasses.org

4XHOHVWOHU¶OHGXEXUHDXGX&156¢:DVKLQJWRQɋ"
Le bureau est la tête de pont du CNRS en Amérique du Nord, région cou-
vrant les États-Unis, le Canada et le Mexique. Il joue un rôle important dans
la promotion de l’expertise de l’organisme et dans le déploiement de sa
politique internationale. Nous contribuons, entre autres, au rapproche-
ment des acteurs, à l’émergence de partenariats et au suivi des coopéra-
WLRQVVWUXFWXU«HV1RXVH΍HFWXRQVDXVVLXQLPSRUWDQWWUDYDLOGHYHLOOH
VFLHQWLȴTXHHWWHFKQRORJLTXH

&RQFUªWHPHQWTXHOOHVVRQWOHVDFWLRQVPHQ«HVVXUSODFHSDUOH&156ɋ"
Dans cette région, le CNRS est le principal acteur français de la coopération
VFLHQWLȴTXH1RWUHGLVSRVLWLIUHSRVHHQWUHDXWUHVVXUGRX]H8QLW«VPL[WHV
internationales (UMI) et une Unité mixte des Instituts français de recher–
che à l’étranger (Umifre) au Mexique, ainsi que sur une vingtaine de
Laboratoires internationaux associés (LIA). Le nombre de missions
GHFKHUFKHXUVGX&156GDQVOD]RQHTXLVȇ«OHYDLW¢SOXVGHɋHQ
traduit également l’intensité de cette coopération qui embrasse la quasi-
totalité des thématiques couvertes par le CNRS.

Comment procédez-vous pour favoriser de nouvelles


FRRS«UDWLRQVVFLHQWLȴTXHVɋ"
3 questions à Avant tout, et au-delà de la promotion de l’expertise du CNRS, nous nous

Xavier Morise, mettons à l’écoute de partenaires potentiels. Les rencontres à haut niveau
permettent également de semer les graines de collaborations, comme ce
fut le cas cet automne lorsque le président du CNRS, Alain Fuchs, est venu
directeur du bureau du CNRS à San Diego et à Tucson. De même, lors du déplacement au Mexique du
directeur général délégué à la science, Joël Bertrand, nous avons repéré des
à Washington pôles d’excellence où plusieurs laboratoires sont demandeurs de nouvelles
© DÉLÉGATION PMA

coopérations. Le dispositif des UMI suscite notamment beaucoup d’intérêt.


PROPOS RECUEILLIS PAR CLAIRE DEBÔVES ‚FHW«JDUGOȇRXYHUWXUHHQGHOȇ80Ζ06(DX0DVVDFKXVHWWVΖQVWLWXWHRI
Technology (MIT) a eu un fort impact en termes d’image.

35Ζ17(036 N° 276
41
EN ACTION

Picard,
sous le Soleil exactement…
La mission du satellite Picard,
ainsi baptisée en l’honneur
de l’astronome français Jean
Picard, est arrivée à son terme
le 4 avril. Lancé en juin 2010,
ce satellite est le fruit d’une
collaboration entre le CNRS,
le Cnes, l’Institut royal
de météorologie (Belgique)
et l’Observatoire de Davos
(Suisse). L’un de ses objectifs
principaux était de comprendre
OȇLQȵXHQFHGHVYDULDWLRQV
de taille et d’activité du Soleil
sur le climat terrestre.
PAR YAROSLAV PIGENET

Lire notre article


sur lejournal.cnrs.fr

Le satellite Les
Rayon du Soleil
696  164 km
soit
109 fois
le rayon terrestre

150 kg 6
en orbite à instruments
1  300  000 embarqués +/– 0,005  %
730 km images de variation sur
© ILL. D. DUCROS/CNES, 2008

3 photomètres
de la Terre acquises 2 radiomètres un cycle solaire
1 télescope de onze ans

CNRS LE JOURNAL
42
EN ACTION

Vidéo

© CNRS IMAGES
Concert à l’âge de pierre
Pendant un siècle, les paléontologues ont pris ces pierres polies
pour des pilons, jusqu’à ce qu’ils s’aperçoivent qu’il s’agissait
en fait d’instruments de musique au timbre de cloche. Pour fêter
cela, ils ont organisé, le 22 mars, avec la complicité des musiciens
de l’Orchestre national de France, un concert au Muséum national
d’histoire naturelle, à Paris. Dans cette vidéo en ligne sur le site du
journal, le paléomusicologue Erik Gonthier nous parle de cette
découverte dont il est à l’origine.

Visionner la vidéo
sur lejournal.cnrs.fr

Trois nouvelles collaborations


internationales
Le CNRS et la National Science Foundation ont signé
en février un accord associant l’organisme français

premiers résultats
au programme Partnership in International Research
and Education (Pire). Celui-ci soutient des projets
internationaux interdisciplinaires visant à favoriser
l’adaptation aux changements environnementaux,
sociaux et culturels.

Énergie Par ailleurs, pour renforcer leur collaboration dans


radiative le domaine de l’écologie et de la biologie évolutive marine,
transmise le CNRS, l’UPMC et deux universités chiliennes ont signé
à la Terre en mars une convention créant une Unité mixte
1  362 W/m² internationale. Nommée Ebea, Evolutionary Biology and
Ecology of Algae, cette nouvelle structure est centrée sur
l’écologie, l’évolution et la génomique des algues marines.

Le CNRS a également signé en mars un protocole avec


+/– 0,1  % l’université de Melbourne, en Australie. Il s’accompagne
d’un appel incitatif à projets qui permettra aux chercheurs
de variation sur
un cycle solaire GHVGHX[©WDEOLVVHPHQWVG×LGHQWLôHUG×LQLWLHUHWGH
développer des activités de recherche en collaboration.
Ce nouveau programme soutiendra trois bourses par an
pour les candidats des unités du CNRS.

PRINTEMPS 2014 N° 276


43
EN ACTION

Le CNRS prend place


à Singapour PAR CHRISTELLE GERVASONI

International. $ORUVTXH6LQJDSRXUHVW
GHYHQXHHQTXHOTXHVDQQ«HVXQHSODTXH
WRXUQDQWHGHODVFLHQFHHQ$VLHOH&156
DG«FLG«GHUHQIRUFHUVDSU«VHQFHVXUSODFH

&
b
harlotte sur la tête et masque sur le visage, un scien-
WLȴTXHIUDQ©DLVSORQJHVHVPDLQVGDQVXQGLVSRVLWLI
GHSRLQWHSRXUFROOHFWHUGHSU«FLHX[QDQRȴOV/D
VFªQHVHG«URXOH¢6LQJDSRXUHWSOXVSU«FLV«PHQW¢&LQWUD1,
XQH8QLW«PL[WHLQWHUQDWLRQDOH 80Ζ GX&156'«M¢WUªV
SU«VHQWGDQVODFLW«‹WDWOȇRUJDQLVPHIUDQ©DLVSDVVHDFWXHO-
OHPHQW¢ODYLWHVVHVXS«ULHXUHm/H&156DSULVODG«FLVLRQ
Gȇ\WUDQVI«UHUVRQEXUHDXGHUHSU«VHQWDWLRQSRXUOD]RQH
Asean>$VVRFLDWLRQGHVQDWLRQVGHOȇ$VLHGX6XG(VW1'/5@
DȴQGHUHQIRUFHUVDYLVLELOLW«VXUODVFªQHLQWHUQDWLRQDOH
H[SOLTXH3DWULFN1«GHOOHF¢ODW¬WHGHOD'LUHFWLRQ(XURSH
GHODUHFKHUFKHHWFRRS«UDWLRQLQWHUQDWLRQDOHGHOȇRUJD-
QLVPH$XMRXUGȇKXL6LQJDSRXUHVWLQFRQWHVWDEOHPHQWOȇXQH
GHVJUDQGHVSODWHIRUPHVPRQGLDOHVR»LOIDXW¬WUH}

L’essor fulgurant de la recherche


0DLVFRPPHQWFHSHWLW‹WDWGHTXHOTXHPLOOLRQVGȇKDEL-
WDQWVFHUWHVLG«DOHPHQWVLWX«DXFĕXUGHOȇ$VLHGX6XG(VW
VȇHVWLOLPSRV«FRPPHXQKXELQWHUQDWLRQDODWWLUDQWOHV
PHLOOHXUHVLQVWLWXWLRQVGHODSODQªWH5HFKHUFKHɋ"&RPPHQW
HVWLOGHYHQXHQTXHOTXHVDQQ«HVVHXOHPHQWXQHVRUWH
GȇHOGRUDGRSRXUVFLHQWLȴTXHVɋ"
/DWUDQVIRUPDWLRQSUHQGUDFLQHGDQVOHVDQQ«HV
$SUªVDYRLUG«YHORSS«VRQVHFWHXUPDQXIDFWXULHUGDQVOHV
DQQ«HVOHJRXYHUQHPHQWVLQJDSRXULHQG«FLGHGH
IRQGHUVDFURLVVDQFH«FRQRPLTXHVXUODUHFKHUFKHOȇLQQR-
YDWLRQHWOȇHQWUHSUHQHXULDW/ȇLPSXOVLRQHVWGȇDERUGȴQDQ-
FLªUHHQTXHOTXHVDQQ«HV6LQJDSRXUGRXEOHVRQLQYHVWLV-
VHPHQWFRQVDFU«¢OD5 'SRXUDWWHLQGUHHQYLURQɋGX
3Ζ%(WFHQȇHVWSDVȴQLOȇREMHFWLIHVWGȇDWWHLQGUHɋGX3Ζ%
GȇLFL¢ɋ&HWH΍RUWPRQXPHQWDODERXWLWQRWDPPHQW¢OD
FU«DWLRQGȇLQIUDVWUXFWXUHVWHFKQRORJLTXHVGHSRLQWHFRQFHQ-
WU«HVHQFOXVWHUV'HOHXUF¶W«OHVGHX[SULQFLSDOHVXQLYHU- LQFXEDWHXUSRXUOHVVFLHQWLȴTXHVGHKDXWQLYHDXHWSRXU
VLW«VORFDOHVȴJXUHQWHQERQQHSODFHGDQVOHVFODVVHPHQWV OHVUHVSRQVDEOHV5 'GXPRQGHHQWLHUFȇHVWDXVVLJU¤FH
LQWHUQDWLRQDX[HWSURSRVHQWGHVFXUVXVHQSDUWHQDULDWDYHF ¢XQFKRL[MXGLFLHX[GHSULRULW«VVFLHQWLȴTXHVHWWHFKQR-
OHVXQLYHUVLW«VOHVSOXVUHQRPP«HVDXPRQGH ORJLTXHV} DQDO\VH 'DQLHO 5DFRFHDQX GLUHFWHXU GH
m6L6LQJDSRXUHVWGHYHQXHXQHSODTXHWRXUQDQWH Oȇ80ΖΖPDJH3HUYDVLYH$FFHVV/DE ΖSDO &U««VHQ
DXVVLVSHFWDFXODLUHHQPDWLªUHGHUHFKHUFKHDLQVLTXȇXQ OHVFLQT&HQWUHVGHUHFKHUFKHGȇH[FHOOHQFH 5&( HQVRQW
OȇLOOXVWUDWLRQ&HX[FLRQWSRXUYRFDWLRQGȇDWWLUHUHWGHUHWH-
1. CNRS International-NTU-Thales Research Alliance. QLUGHVFKHUFKHXUVGHUHQRPP«HLQWHUQDWLRQDOHDȴQGH

CNRS LE JOURNAL
44
EN ACTION

Expérience Les acteurs de la recherche


sur des micro-
ôEUHVGHVLOLFH à Singapour
réalisée à l’UMI
Cintra. Créée en 2006, la National Research Foundation, rattachée au bureau
du Premier ministre et impliquant des personnalités internationales,
DSRXUU¶OHSULQFLSDOGHG«ȴQLUODVWUDW«JLHGXSD\VHQPDWLªUH
GH5ɋ ɋ'GDQVGHVSODQVTXLQTXHQQDX[/HGHUQLHUHQGDWHFRXYUH
ODS«ULRGHHWHVWDVVRFL«¢XQEXGJHWGȇHQYLURQPLOOLDUGV
GȇHXURVDYHFXQHDXJPHQWDWLRQGHɋSDUUDSSRUWDXSU«F«GHQW
SODQ/ȇRUJDQLVPHFRRUGRQQHSDUDLOOHXUVOHVGL΍«UHQWHVDJHQFHV
JRXYHUQHPHQWDOHVHWRS«UDWHXUVGHODUHFKHUFKH

3DUPLFHX[FLOȇ$JHQF\IRU6FLHQFH7HFKQRORJ\DQG5HVHDUFKHVW
OHSULQFLSDORXWLOHQPDWLªUHGHUHFKHUFKHDSSOLTX«HDYHFTXDWRU]H
LQVWLWXWVRUJDQLV«VHQGHX[FOXVWHUV%LRSROLVSRXUOHVHFWHXU
ELRP«GLFDOHW)XVLRQRSROLVSRXUOHVVFLHQFHVGHOȇLQJ«QLHXU/HV
ODERUDWRLUHVGHVGHX[SULQFLSDOHVXQLYHUVLW«V1DWLRQDO8QLYHUVLW\
RI6LQJDSRUHHW1DQ\DQJ7HFKQRORJLFDO8QLYHUVLW\VRQWRULHQW«V
YHUVODUHFKHUFKHSOXW¶WIRQGDPHQWDOHHWFRXYUHQWXQJUDQG
QRPEUHGHGLVFLSOLQHV/D6LQJDSRUH0DQDJHPHQW8QLYHUVLW\
VHIRFDOLVHVXUODUHFKHUFKHHQVFLHQFHVKXPDLQHVHWOHVFLQT
LQVWLWXWVSRO\WHFKQLTXHVVXUGHODUHFKHUFKHDSSOLTX«H(QȴQ
OD6LQJDSRUH8QLYHUVLW\RI7HFKQRORJ\DQG'HVLJQHQSDUWHQDULDW
DYHFOH0DVVDFKXVHWWVΖQVWLWXWHRI7HFKQRORJ\DRXYHUWVHV
SRUWHVHQbDYHFGHVSURJUDPPHVPXOWLGLVFLSOLQDLUHVDXWRXU
GHOȇLQJ«QLHULHGHVV\VWªPHVHWODFRQFHSWLRQGHSURGXLWV

LQYHVWLVVHPHQWVSULY«VHWG«YHORSSHUOHVUHFKHUFKHV
HQWUHDFWHXUVSXEOLFVHWLQGXVWULHOVΖQDXJXU«HQOH
&DPSXV IRU 5HVHDUFK ([FHOOHQFH DQG 7HFKQRORJLFDO
(QWHUSULVH &UHDWH FRQVWLWX«GHGL[FHQWUHVR΍UHDLQVL
XQHVSDFHGHWUDYDLODX[PHLOOHXUHVXQLYHUVLW«VLQWHUQD-
WLRQDOHVHW¢GHVODERUDWRLUHVSULY«VWUDYDLOODQWHQFROOD-
ERUDWLRQ«WURLWHDYHFOHVSDUWHQDLUHVORFDX[/ȇDFFHQWD«W«
PLVVXUOHG«YHORSSHPHQWGHVROXWLRQVU«SRQGDQW¢GHV
HQMHX[VRFL«WDX[WHOVTXHOȇDXWRQRPLH«QHUJ«WLTXHOH
G«YHORSSHPHQWGXUDEOHHWODPD°WULVHGHOȇXUEDQLVDWLRQ
© PROF. SHUM PING PERRY/CINTRA

La Silicon Valley d’Asie


3RXUFRPSO«WHUOHWDEOHDX6LQJDSRXUDPLVHQSODFH
GHX[JUDQGHVLQLWLDWLYHVSRXUVRXWHQLUVDFURLVVDQFH
«FRQRPLTXH'ȇXQHSDUWXQHQVHPEOHGHVHFWHXUVRQW
«W«G«ȴQLVFRPPHSULRULWDLUHVOHVVFLHQFHVELRP«GL-
FDOHVOHVWHFKQRORJLHVGHOȇHQYLURQQHPHQWHWGHOȇHDX
OHVP«GLDVGLJLWDX[OHVVHFWHXUVPDULQVHWR΍VKRUHFHOXL
FRQGXLUHGHVUHFKHUFKHVIRQGDPHQWDOHVGHWUªVKDXW GHVVDWHOOLWHVHWGHOȇHVSDFHHWHQȴQODF\EHUV«FXULW«/D
QLYHDX(WFHVXUGHVWK«PDWLTXHVDOODQWGHOȇREVHUYDWLRQ FLW«‹WDWVHSRVLWLRQQHDXVVLVXUOȇ«OHFWURQLTXHHWOȇLQJ«-
GHOD7HUUH¢Oȇ«WXGHGXFDQFHUHQSDVVDQWSDUODSK\VLTXH QLHULHGHSU«FLVLRQHWGHVWUDQVSRUWV'ȇDXWUHSDUWOH
TXDQWLTXH2QWURXYHSOXVLHXUVFKHUFKHXUVGX&156SU«- &DGUHQDWLRQDOSRXUOȇLQQRYDWLRQHWOȇHQWUHSULVHDWWULEXH
VHQWVGDQVFHV«TXLSHV GHVPR\HQVLPSRUWDQWVDXWUDQVIHUWGHWHFKQRORJLHHW
6L XQH SDUWLH GHV SURJUDPPHV FLEOH OȇH[FHOOHQFH ¢GHVLQFXEDWHXUVGȇHQWUHSULVHVSRXUI DFLOLWHUQRWDP-
DFDG«PLTXHXQHDXWUHYLVHFODLUHPHQWGHVU«VXOWDWV PHQWODFU«DWLRQGHVWDUWXS/ȇDPELWLRQHVWFODLUHIDLUH
FRPPHUFLDOLVDEOHV¢FRXUWWHUPH/ȇREMHFWLIDWWLUHUGHV GH6LQJDSRXUOD6LOLFRQ9DOOH\Gȇ$VLH4XDWUHQRXYHDX[ …

PRINTEMPS 2014 N° 276



EN ACTION

… S¶OHVGȇLQQRYDWLRQYRQW¬WUHVRXWHQXVȴQDQFLªUHPHQW HQGȇXQSDUWHQDULDWHQWUHOH&156OȇXQLYHUVLW«-RVHSK
DXWRXUGXGLDJQRVWLFP«GLFDOGHVWHFKQRORJLHVGXODQ- )RXULHUOȇ$JHQF\IRU6FLHQFH7HFKQRORJ\DQG5HVHDUFK
JDJHHWGHODSDUROHGHVPHPEUDQHVHWHQȴQGXVHFWHXU $ 6WDU HWOD1DWLRQDO8QLYHUVLW\RI6LQJDSRUH 186 
PDQXIDFWXULHUGHVDGGLWLIV UHMRLQWVHQSDUOȇXQLYHUVLW«3LHUUHHW0DULH&XULHHW
&HWWHSROLWLTXHYRORQWDULVWHDIDLWGH6LQJDSRXUXQH OȇΖQVWLWXW0LQHV7«O«FRP<VRQWPHQ«HVGHVUHFKHUFKHV
SODWHIRUPHTXLLQW«UHVVHDFWXHOOHPHQWGHQRPEUHX[RUJD- VXUOȇH[SORUDWLRQHWODFRPSU«KHQVLRQGHVLPDJHVELRP«-
QLVPHVGHODSODQªWHm2QDVVLVWH¢XQHVRUWHGȇH΍HUYHV- GLFDOHVDLQVLTXHVXUOHG«YHORSSHPHQWGȇRXWLOVLQWHOOL-
FHQFHG«PRQWUDQWXQLQW«U¬WWUªVIRUWGHODFRPPXQDXW« JHQWVSRXUDVVLVWHUOHVSHUVRQQHVGLPLQX«HVPHQWDOH-
VFLHQWLȴTXHIUDQ©DLVHSRXU6LQJDSRXU H[SOLTXH /XF PHQWRXYLVXHOOHPHQW/DVHFRQGH80Ζ&LQWUDD«W«FU««H
/Hb&DOYH]GLUHFWHXUGXEXUHDXGX&156SRXUOȇ$VHDQ HQSDUOH&1567KDOHVHWOD1DQ\DQJ7HFKQRORJLFDO
1RXVYRXORQVGRQFG«YHORSSHUGHVSDUWHQDULDWVLQVWLWX- 8QLYHUVLW\ 178 HWVHIRFDOLVHVXUOHVQDQRWHFKQRORJLHV
WLRQQHOVGHPLHX[HQPLHX[VWUXFWXU«VSRXUR΍ULUXQ HWOHXUVDSSOLFDWLRQVHQQDQR«OHFWURQLTXHHWHQQDQR
FDGUHVWUDW«JLTXH¢FHVFROODERUDWLRQV} SKRWRQLTXH&KDTXH80ΖLPSOLTXHVHORQOHVSURMHWVHWOHV
ȴQDQFHPHQWVHQWUHHWbFKHUFKHXUVGRFWRUDQWV
SRVWGRFVRXVFLHQWLȴTXHVFRQȴUP«V

“lesLacollaborations
recherche de l’excellence a rendu (QQRYHPEUHODFRRS«UDWLRQHQWUHOH&156HW
6LQJDSRXUVȇHVWHQFRUHUHQIRUF«HDYHFODFU«DWLRQGH

avec Singapour GHX[/DERUDWRLUHVLQWHUQDWLRQDX[DVVRFL«V /Ζ$ 'ȇXQH


SDUWOH/Ζ$&HOO$GKHVLRQ)UDQFH6LQJDSRUHIUXLWGȇXQ

très exigeantes au niveau scientifique.



SDUWHQDULDWDYHFOH5&(0HFKDQRELRORJ\GH186(W
GȇDXWUHSDUWOH/Ζ$)UDQFH6LQJDSRUH4XDQWXP3K\VLFV
DQGΖQIRUPDWLRQ/DERUDWRU\TXLDVVRFLHQRWDPPHQW
OH&156HWOH5&(&HQWUHIRU4XDQWXP7HFKQRORJLHV
GH186m/DUHFKHUFKHGHOȇH[FHOOHQFHDUHQGXOHVFROOD-
ERUDWLRQVDYHF6LQJDSRXUWUªVH[LJHDQWHVDXQLYHDX
VFLHQWLȴTXHW«PRLJQH&KULVWLDQ0LQLDWXUDGLUHFWHXUGH
FH ODERUDWRLUH /HXUG«YHORSSHPHQWHWOHXUVXFFªV
FRQVWLWXHQWGRQFXQY«ULWDEOHFKDOOHQJH}&HOXLFLDYLVL-
EOHPHQW«W«UHOHY«SXLVTXHFHVGHX[ODERUDWRLUHVYRQW
DFTX«ULUFHWWHDQQ«HOHVWDWXWGȇ80Ζm(QQRPEUHGȇ80Ζ
6LQJDSRXUYDDLQVLGHYHQLUHQOHebS¶OHLQWHUQDWLR-
QDO GX &156 GHUULªUH OHV ‹WDWV8QLV DX[ F¶W«V GX
&DQDGDHWGX-DSRQ}SU«FLVH3DWULFN1«GHOOHF

Un nouveau bureau pour le CNRS


(QȴQOH&156YDRXYULUVXUSODFHXQEXUHDXGHUHSU«VHQ-
WDWLRQ6DYRFDWLRQDQLPHUHWFRRUGRQQHUOHU«VHDXGH
OȇRUJDQLVPHGDQVOD]RQH$VHDQHWDVVXUHUOȇDFFXHLOHWOH
FRQVHLOGHVHVFKHUFKHXUVΖOGRLWDXVVLSHUPHWWUHGHPLHX[
IDLUHFRQQD°WUHOȇRUJDQLVPHHWVHVDFWLYLW«VGHIDFLOLWHUOH
© IPAL

G«YHORSSHPHQWGHUHODWLRQVS«UHQQHVDYHFOHVDFWHXUV
ORFDX[HWGȇR΍ULUXQHSODWHIRUPHGHSRUWDJHSRXUOHVXQL-
L’UMI Ipal (QODPDWLªUHOȇRUJDQLVPHDSULVGHOȇDYDQFH&HODIDLWHQ YHUVLW«VIUDQ©DLVHVTXLVRXKDLWHQWG«YHORSSHUGHVFROODER-
développe H΍HWORQJWHPSVTXHOH&156LQYHVWLWGHPDQLªUHVLJQLȴFD- UDWLRQVVFLHQWLȴTXHVGDQVODU«JLRQm(Q6LQJDSRXU
des outils
WLYHGDQVOD]RQH$VHDQHWSDUWLFXOLªUHPHQW¢6LQJDSRXU UHSU«VHQWDLWG«M¢OHebSD\VHQPDWLªUHGȇLQYHVWLVVHPHQWV
d’assistance
tel ce « lapin », ΖPSOLTX«GDQVHQYLURQGHX[WLHUVGHVFRSXEOLFDWLRQVIUDQ- GX&156HWSRXUUDLWGHYHQLUOHebH[b¨TXRDYHFOH&DQDGD
utilisé comme FRVLQJDSRXULHQQHVOȇRUJDQLVPHFRPSWDELOLVHP¬PHSUªV SRXUOHVSURFKDLQHVDQQ«HVMXVWHGHUULªUHOHV‹WDWV8QLV
interface pour GHɋbPLVVLRQVGHVFLHQWLȴTXHVGDQVODFLW«‹WDWFHVFLQT HWOH-DSRQFRQFOXW3DWULFN1«GHOOHF-HPHU«MRXLVGHV
les personnes GHUQLªUHVDQQ«HV m1RWUHVWUDW«JLHGȇLQYHVWLVVHPHQW EHOOHVSHUVSHFWLYHVR΍HUWHV¢6LQJDSRXUDX&156SRXU
âgées. ¢OȇLQWHUQDWLRQDOFRPSRUWHXQȴQDQFHPHQWFRQV«TXHQW SURPRXYRLUOȇH[FHOOHQFHGHVHVDFWLYLW«VVHSRVLWLRQQHU
HQUHVVRXUFHVKXPDLQHVELHQVXS«ULHXU¢XQȴQDQFHPHQW FRPPHDFWHXULQFRQWRXUQDEOHGHODUHFKHUFKHHWUHQIRUFHU
SDUSURMHWSOXVFODVVLTXH}SU«FLVH/XF/H&DOYH] VRQUD\RQQHPHQW¢OȇLQWHUQDWLRQDOWRXWHQR΍UDQWXQVXS-
$LQVLOH&156DFU««GHX[80ΖDYHFOHVPHLOOHXUVLQVWL- SRUWLQVWLWXWLRQQHOHWRS«UDWLRQQHOGHKDXWQLYHDX¢VHV
WXWVGHUHFKHUFKHGH6LQJDSRXU/DSUHPLªUHΖSDOHVWQ«H FKHUFKHXUVHWSDUWHQDLUHV} II

CNRS LE JOURNAL
46
EN ACTION

Graftys, le génie des os PAR FUI LEE LUK

L ongtemps, les patients souffrant d’ostéoporose


RXD\DQWEHVRLQG×LPSODQWVGHQWDLUHVQ×RQWHX
d’alternative que de recourir à de lourdes opérations
GHJUHIIHRVVHXVH*U¢FHDX[ELRPDW©ULDX[PLV
au point par la société Graftys, des chirurgiens
proposent désormais à leurs patients
des interventions moins lourdes et permettant
une cicatrisation accélérée de l’os. « Les marchés
dentaires et orthopédiques connaissent une
FURLVVDQFHUDSLGHHQUDLVRQGXYLHLOOLVVHPHQWJOREDO
GHODSRSXODWLRQ1RWUHVRFL©W©HQWHQGELHQFUR®WUH
avec eux », indique Jean-Marc Ferrier, cofondateur
de Graftys. La société a été créée en 2005 quand
deux chercheurs spécialistes1 des matériaux
HWWURLVKRPPHVG×DIIDLUHVVHVRQWDVVRFL©VDôQ
GHG©YHORSSHUXQVXEVWLWXWDX[JUHIIHVRVVHXVHV
([SORLW©HVRXVOLFHQFH&156O×LQYHQWLRQDDERXWL

© GRAPHTYS
au développement de céramiques poreuses et de
FLPHQWVLQMHFWDEOHVTXLVHVROLGLôHQWLQVLWXXQHIRLV
appliqués dans les anfractuosités osseuses. Ces Injecté dans
matériaux sont ensuite progressivement remplacés notamment dans le développement de dispositifs l’os, le ciment
par l’os naturel une fois colonisés par les cellules médicaux permettant l’administration locale de conçu par Graftys
du patient. Les exportations vers l’Europe et l’Asie principes actifs grâce à l’incorporation de ces permet d’éviter
la greffe.
ont commencé en 2007, tandis qu’une succursale derniers dans des ciments. Ainsi, un ciment
RXYUDLWHQ &KLFDJRDôQG×LQYHVWLUOHPDUFK© FRPELQ© XQHPRO©FXOHDQWLRVW©RSRURVHTXHO×RQ
états-unien en pleine croissance. Aujourd’hui, Graftys SHXWLQMHFWHUGDQVODKDQFKHRXGDQVOHVYHUW¨EUHV
FRPSWHHPSOR\©VH[SORLWHEUHYHWVHWU©DOLVHSU¨V doit être testé cliniquement en 2014. En s’attaquant
GHGHVRQFKLIIUHG×DIIDLUHV O×H[SRUW$IôFKDQW à une pathologie dont les traitements coûtent
une croissance de ses ventes de 3 400 % sur cinq ans, FKDTXHDQQ©HSU¨VGHPLOOLDUGVG×HXURV
la société s’est vu décerner le prix Biotech & Health ODVROXWLRQSURSRV©HSDU*UDIW\VFRPEOHUDXQH
2012 du Deloitte Technology Fast 50, qui récompense lacune importante de l’arsenal thérapeutique « quand
OHVôUPHVKLJKWHFK FURLVVDQFHUDSLGH/×XQLW©5 ' une prévention systémique de l’ostéoporose ne peut
GH*UDIW\VFRQWLQXHGHFROODERUHUDYHFOH&156 ªWUHPLVHHQÄXYUHHIôFDFHPHQW{

1. Bruno Bujoli, du Ceisam (CNRS/Univ. de Nantes), et Jean-Michel Bouler, du Lioad (Inserm/Univ. de Nantes).

Vidéo

/H]RRGHVVFLHQWLôTXHV
$SUªVVL[DQVGHWUDYDX[OH3DUF]RRORJLTXHGH3DULVDURXYHUWVHVSRUWHVDXJUDQGSXEOLF
OHYHQGUHGLDYULO/HVSUHPLHUVPLOOLHUVGHYLVLWHXUVRQWSXG«FRXYULUOHVFLQTJUDQGHV
]RQHVJ«RJUDSKLTXHVHWOHVVHL]HPLOLHX[QDWXUHOVTXLVWUXFWXUHQW¢SU«VHQWOH]RR
© M. COHEN/MNHN

'HQRPEUHX[VFLHQWLȴTXHVRQW«W«LPSOLTX«VGDQVFHWLPPHQVHFKDQWLHU8QHWUHQWDLQH
GHFKHUFKHXUVGX0XV«XPQDWLRQDOGȇKLVWRLUHQDWXUHOOHHWGX&156RQWSDUH[HPSOH«W«
FRQVXOW«VHQDPRQWɋFHUWDLQVRQWWUDYDLOO«VXUOȇHQVHPEOHGHVSDQQHDX[S«GDJRJLTXHV
'DQVFHWWHYLG«R¢YRLUVXUOHVLWHGXMRXUQDOGHX[VFLHQWLȴTXHVDVVRFL«V¢FHWWH
UHVWDXUDWLRQ*XLOODXPH/HFRLQWUHHW3LHUUH0LFKHO)RUJHWQRXVH[SOLTXHQWOȇLQW«U¬W
GȇXQWHOOLHXQRWDPPHQWSRXUODFRQVHUYDWLRQGHFHUWDLQHVHVSªFHV

Visionner la vidéo
sur lejournal.cnrs.fr

PRINTEMPS 2014 N° 276


47
EN ACTION

Un accord entre le CNRS EAUX SOUTERRAINES


CARTOGRAPHIÉES

et Pôle emploi PAR LAURE CAILLOCE


À l’aide d’une nouvelle méthode de mesure
par satellite du niveau des nappes phréatiques,
une équipe franco-brésilienne de chercheurs
du CNRS et de l’Institut de recherche pour le
développement est parvenue à cartographier
pour la première fois les réservoirs d’eau
VRXWHUUDLQVGHOȇ$PD]RQLH&HVFDUWHVR΍UHQWXQ
suivi des variations de la nappe sur cinq années.
Elles constituent une source d’information
essentielle sur la structure spatiale et temporelle
de la nappe amazonienne. Elles permettent
également de mieux comprendre les processus
hydrologiques souterrains à grande échelle
impliqués dans le cycle de l’eau, le cycle du
k3+8*8(1$)33+272

carbone et le maintien de la biodiversité en


$PD]RQLH/ȇHDXVRXWHUUDLQHGHPHXUDLWHQH΍HW
jusqu’alors une inconnue majeure dans les bilans.

RECHERCHE ET ENTREPRISE
Le CNRS et Pôle emploi ont signé en avril un plan d’action
national partagé. Objectif : mieux accompagner les CDD en La délégation Île-de-France Est du CNRS et
ȴQGHFRQWUDW LO\DɋbSHUVRQQHVHQ&''GDQVOHVODERUD- la Chambre de commerce et d’industrie du
WRLUHVGX&156 OHVDLGHU¢WURXYHUUDSLGHPHQWGXWUDYDLOHW Val-de-Marne organisent sur le campus CNRS
DP«OLRUHUODGL΍XVLRQHWODYLVLELOLW«GHVR΍UHVGȇHPSORLHWFDP- de Villejuif, le 5 juin à partir de 18 heures, la
SDJQHVGHUHFUXWHPHQWGX&156VXUOHVLWHΖQWHUQHWGH3¶OH 5eb«GLWLRQGHV5HQFRQWUHV&156GHOȇLQQRYDWLRQ
en Val-de-Marne. La vocation de ces rencontres
HPSORL&HWDFFRUGVHG«FOLQHUDORFDOHPHQWSDUGHVSDUWHQD-
est de créer un lieu d’échange entre le monde de
ULDWVVXUPHVXUHHQWUHOHVG«O«JDWLRQVGX&156HWOHVDQWHQQHV
ODUHFKHUFKHHWFHOXLGHOȇHQWUHSULVHDȴQGHPLHX[
U«JLRQDOHVGH3¶OHHPSORL
cerner le potentiel d’innovation de la région
m/ȇDFFRUGDYHF3¶OHHPSORLFRPSRUWHWURLVYROHWVG«FULW
HWGHSHUPHWWUHGȇLGHQWLȴHUGHQRXYHDX[
(PPDQXHO0«WHUUHDXUHVSRQVDEOHGHVUHVVRXUFHVKXPDLQHVGH
SDUWHQDLUHVVFLHQWLȴTXHV&HWWHDQQ«H0LFNDHO
ODG«O«JDWLRQ1RUPDQGLHGX&156TXLDSDUWLFLS«¢Oȇ«ODERUDWLRQ
Tanter, directeur de recherche CNRS et
GXGRFXPHQWbXQYROHWDFFRPSDJQHPHQWGHV&''XQYROHW
cofondateur des sociétés Séisme et Supersonic
GL΍XVLRQGHQRVR΍UHVHWXQYROHWD[«VXUODFRQQDLVVDQFHU«FL-
Imagine (entrée en Bourse en avril 2014), donnera
SURTXHGHVU«VHDX[&156HW3¶OHHPSORLDȴQGHIDFLOLWHUOD
une conférence sur le thème « De la physique
coopération. »&RQFHUQDQWOȇDFFRPSDJQHPHQWGHV&''OȇREMHFWLI fondamentale à l’innovation en médecine ».
HVWGHGLPLQXHUODS«ULRGHGHUHFKHUFKHGȇHPSORL¢ODȴQGHOHXU
www.dr3.cnrs.fr/spv/rencontres_innovation_2014.php
contrat. m6XUFHSRLQWFKDTXHG«O«JDWLRQ&156VHUDLQYLW«H¢
FRQFOXUHXQSDUWHQDULDWDYHFOHVVHUYLFHVORFDX[GH3¶OHHPSORL
précise Emmanuel Méterreau. 0DLVOȇLG«HHVWTXHOHFRQWUDFWXHO QUAND LE CERVEAU
DFFªGHIDFLOHPHQWVLSRVVLEOHDYDQWODȴQGHVRQFRQWUDW¢XQ S’ACCOUTUME AU GRAS
DFFRPSDJQHPHQWSHUVRQQDOLV«SDUXQFRQVHLOOHU3¶OHHPSORL
L’équipe de Serge Luquet, de l’Unité de biologie
FRPPHFHODVHIDLWG«M¢¢*UHQREOHRXHQ1RUPDQGLH}
fonctionnelle et adaptative, a mis en évidence
$XWUHSURMHWODPLVHHQOLJQHVLPXOWDQ«HGHWRXWHVOHV
que, chez la souris, les lipides agissent à la
R΍UHVGȇHPSORLGX&156VXUVRQSRUWDLOHPSORLHWVXUOHVLWHGH manière des drogues dures en perturbant le
3¶OHHPSORL‚WHUPHOHVSRVWHVVXUFRQFRXUVGHYUDLHQWDXVVL système dit de la récompense. Ils ont observé
\¬WUHGL΍XV«Vm$YDQWGHEUDQFKHUOHVGHX[V\VWªPHVGȇLQIRU- qu’en temps normal une perfusion de triglycérides
PDWLRQ LO IDXW G«M¢ SDUOHU OH P¬PH ODQJDJH} souligne GDQVOHFHUYHDXDXJPHQWHODVDWL«W«ȂbOHVVRXULV
(PPDQXHO0«WHUUHDX8QYDVWHFKDQWLHUGȇKDUPRQLVDWLRQGHV VRQWPRLQVWHQW«HVGHPDQJHUJUDVHWVXFU«bȂ
U«I«UHQWLHOVP«WLHUVGX&156HWGH3¶OHHPSORLHVWGRQFHQ et diminue de moitié l’activité physique des
FRXUVHWGHYUDLWDERXWLU¢ODȴQGXSULQWHPSVb(QȴQOD rongeurs. En revanche, en cas d’exposition
SDUWLFLSDWLRQU«JXOLªUHGX&156DX[IRUXPVHPSORLRUJDQLV«V continue à ces mêmes triglycérides, le système
SDU3¶OHHPSORLHVW«JDOHPHQWHQYLVDJ«H II de la récompense s’adapte : ce qui se traduit par
une attirance prolongée pour les aliments gras,
même après un bon repas. Un phénomène
https://emploi.cnrs.fr/ similaire à l’accoutumance aux drogues telles
www.pole-emploi.fr que l’héroïne, l’alcool ou la cocaïne.

CNRS LE JOURNAL
48
EN ACTION

En juillet et en août, des centaines de


baleines à bosse migrent vers les eaux
de MadagascarSRXUVȇDFFRXSOHUHW
PHWWUHEDV'HSXLVOHVFKHUFKHXUV
Dans le sillage
GXSURMHW%DREDELQLWL«SDUOH
ELRDFRXVWLFLHQ2OLYLHU$GDP«WXGLHQWFHV
F«WDF«VYLDXQHPXOWLWXGHGȇREVHUYDWLRQV
HWGHPHVXUHVΖOVRQWSDUH[HPSOH
des baleines
LQVWDOO«XQU«VHDXGȇK\GURSKRQHV
DȴQGHVXLYUHOHVP¤OHVFRQQXVSRXU
OHXUVFKDQWVSURORQJ«V/HEXWPLHX[
à bosse
FRPSUHQGUHOHVFRPSRUWHPHQWVHW
OHVG«SODFHPHQWVGHFHVPDPPLIªUHV
HWFHUQHUTXHOHVWOȇLPSDFWVXUHX[GHV
DFWLYLW«VKXPDLQHVHWGXFKDQJHPHQW
FOLPDWLTXH(WLQȴQHSU«VHUYHUFHV
DQLPDX[HWOHXUKDELWDW

Lire notre article


sur lejournal.cnrs.fr
k&(7$0$'$

PRINTEMPS 2014 N° 276


49
EN ACTION

Le mystère Lire l’intégralité de l’article


sur lejournal.cnrs.fr

des virus géants


ɋɋ}H[SOLTXH&KDQWDO$EHUJHOGXODERUDWRLUHbΖ*6
codécouvreuse de ces deux spécimens géants et médaille
Biologie. En mars, des chercheurs ont GȇDUJHQWGX&156

annoncé avoir réveillé un nouveau type Une origine énigmatique


m/DSU«VHQFHFKH]OHVMegavirus de gènes qui sont nor-
GHYLUXVJ«DQWV'«FRXYHUWVLO\D malement l’apanage des cellules vivantes n’est pas le fruit
XQHGL]DLQHGȇDQQ«HVFHVmPRQVWUHV} du hasard,DYDQFH-HDQ0LFKHO&ODYHULHNous pensons que
ces virus sont d’anciennes cellules vivantes qui auraient
ELRORJLTXHVG«ȴHQWOHVWK«RULHV perdu peu à peu des morceaux de leur ADN, devenant ainsi
GHVSDUDVLWHV} Une théorie controversée et qui raconte
SDUOHXUWDLOOHHWOHXUFRPSOH[LW« une histoire qui se serait déroulée il y a plus de deux mil-
PAR JULIEN BOURDET liards d’années, avant l’apparition des cellules telles qu’on
OHVFRQQD°WDXMRXUGȇKXLORUVTXHODQDWXUHH[S«ULPHQWDLW
HQFRUHGL΍«UHQWHVIRUPHVGHYLHUXGLPHQWDLUHV

/b ’histoire des virus géants, ou Megavirus,G«EXWHHQb


L’équipe de Didier Raoult, de l’Unité de recherche sur les
maladies infectieuses et tropicales émergentes1, à Marseille,
Les virus sont généralement exclus du vivant car, à la
GL΍«UHQFHGHVRUJDQLVPHVFHOOXODLUHVLOVVRQWLQFDSDEOHV
GHVHUHSURGXLUHKRUVGHODFHOOXOHTXȇLOVLQIHFWHQW$YHFOHV
LGHQWLȴHMimivirus en collaboration avec l’équipe de Jean- YLUXVJ«DQWVFHWWHG«ȴQLWLRQDUELWUDLUHSRXUUDLW¬WUHUHYXH
Michel Claverie, directeur du laboratoire Information géno- et une nouvelle branche du vivant créée spécialement pour
mique et structurale (IGS) 2 ¢0DUVHLOOH3XLVFRXSVXUFRXS HX[HQSOXVGHVWURLVDXWUHVG«M¢H[LVWDQWHVTXHVRQWOHV
HQHWHQPDUV-HDQ0LFKHO&ODYHULHPHWDXMRXU EDFW«ULHVOHVDUFK«HVHWOHVHXFDU\RWHV
avec ses collègues deux nouvelles familles : les 3DQGRUDYLUXV
et, derniers en date, les 3LWKRYLUXV dont un seul représen- 'HVYLUXVGDQJHUHX[SRXUOȇKRPPHɋ"
WDQWHVWFRQQX¢FHMRXU« Le fait d’avoir trouvé trois familles Reste une interrogation : ces virus sont-ils dangereux pour
en dix ans seulement et dans des environnements variés OȇKRPPHɋ"0DOKHXUHXVHPHQWODU«SRQVHHVWRXLm3OXVLHXUV
ȂbPHUHDXGRXFHɋpermafrostɋȐbȂODLVVHSHQVHUTXHOHV PERMAFROST études montrent un lien entre des pneumonies et la pré-
YLUXVJ«DQWVVRQWH[WU¬PHPHQWGLYHUVLȴ«VHWDERQGDQWV Partie du sol sence de MimivirusFKH]GHVSDWLHQWVQRWH'LGLHU5DRXOW
ou du sous-sol
dans la nature »,VRXOLJQH-HDQ0LFKHO&ODYHULH Et il n’est pas impossible que d’autres virus géants se
qui reste gelée
en permanence U«YªOHQWHX[DXVVLSDWKRJªQHV}
Des gènes communs avec les animaux dans les régions &RQJHO«GXUDQWɋbDQVVRXVbPªWUHVGHSHUPD-
Outre les mensurations impressionnantes de ces virus, arctiques et frost, 3LWKRYLUXVvient d’être « réveillé » par l’équipe de
subarctiques.
FȇHVWODWDLOOHGHOHXUJ«QRPHTXLVWXS«IDLWOHVFKHUFKHXUV -HDQ0LFKHO&ODYHULH « Nous étudions maintenant des
$YHFɋbJªQHVSRXUOHV3DQGRUD échantillons de permafrost prélevés plus profondément
virus, le patrimoine génétique des encore, et donc plus anciens, dans l’espoir d’y découvrir
YLUXVJ«DQWVG«SDVVHHQH΍HWGHORLQ des virus géants qui pourraient être âgés de plusieurs
© J. BARTOLI, C. ABERGEL/IGS/AMU/CNRS PHOTOTHÈQUE

celui des virus traditionnels et rivalise millions d’années »,VȇHQWKRXVLDVPH&KDQWDO$EHUJHO(Q


DYHFFHOXLGHVEDFW«ULHV'ȇDXWDQW remontant le temps, les chercheurs pourraient dévoiler
qu’un grand nombre de ces gènes ELHQGHVP\VWªUHVVXUFHVYLUXVGȇXQQRXYHDXJHQUHII
sont totalement nouveaux pour la
VFLHQFH « Deux tiers des gènes de
3LWKRYLUXV ne correspondent à aucun
GHFHX[G«M¢U«SHUWRUL«VFKH]OHV
autres virus ou les organismes cellu- Image colorisée de Pithovirus
ODLUHV(WSRXUOHV3DQGRUDYLUXV cette sibericum, découvert en 2014 et
proportion est même supérieure à vu ici au microscope.

1. Unité CNRS/Inserm/IRD/Univ. Aix-Marseille. 2. Unité CNRS/Univ. Aix-Marseille.

CNRS LE JOURNAL
50
LES IDÉES

On mobilise nos neurones sur


la fabuleuse histoire de la médaille Fields,
les promesses de la médecine darwinienne,
les vertiges de l’évaluation…
ILLUSTRATION : S. MILLET, POUR CNRS LE JOURNAL

PRINTEMPS 2014 N° 276


51
LES IDÉES

Jeunes docteurs
cherchent entreprises
PAR MARC DANIEL

Emploi. L’insertion professionnelle des titulaires plus facilement à d’autres voies.


'ȇDXWDQWTXH « les universités ont
de doctorat dans le secteur privé ne va pas de soi entrepris de mieux les préparer à
en France. Mais les choses changent. Des pistes OHXU«YROXWLRQSURIHVVLRQQHOOH} ex-
SOLTXH9LQFHQW0LJQRWWHGLUHFWHXU
sont à l’étude pour accélérer le mouvement. GHOȇ$VVRFLDWLRQ%HUQDUG*UHJRU\
$%* TXLUDSSURFKHOHVGRFWHXUVHW
OHPRQGH«FRQRPLTXH8QHG\QD-
PLTXHHQFRXUDJ«HSDU*HQHYLªYH

'
b
ans une économie de la connais- DQQ«HOHVHQWUHSULVHV6LODPRLWL«GHV Fioraso, secrétaire d’État à l’Ensei-
sance, les docteurs devraient diplômés en 2010 travaillent dans la JQHPHQWVXS«ULHXUHW¢OD5HFKHUFKH
¬WUH URLV /DVɋ DORUV TXH OHV UHFKHUFKHSXEOLTXHHWDFDG«PLTXH TXLG«FODUDLWOHDYULOYRXORLU mbG«-
PRWVmbUHFKHUFKHb}mbLQQRYDWLRQb}HW ɋH[HUFHQWGDQVODUHFKHUFKHSUL- velopper la culture entrepreneu-
mbFRPS«WLWLYLW«b}ȵHXULVVHQW¢ORQJXHXU Y«HHWɋGDQVOHV HFWHXUSULY« ULDOHb}des doctorants.
de rapports, entreprises et docteurs KRUVUHFKHUFKHLQGLTXHQWOH&HQWUH
peinent encore à s’apprivoiser. « Dans d’études et de recherches sur les 30(RXJUDQGVJURXSHVɋ"
un contexte où l’innovation est privi- TXDOLI LF DWLRQV &«UHT  4XDQW DX « Les choses changent, les docteurs
légiée, les docteurs sont appelés à mJR½WSRXUOHSULY«} il existe chez les SUHQQHQWFRQVFLHQFHTXȇLOVSHXYHQW
prendre une place croissante dans ɋbGRFWRUDQWVIUDQ©DLVSOXVGȇXQ avoir d’autres opportunités de car-
OHV HQWUHSULVHV} H[SOLTXH -HDQ tiers envisagent de travailler en en- ULªUHHW¬WUHKHXUHX[DLOOHXUVTXHGDQV
François Pinton, directeur de l’Institut treprise au moment de leur soute- ODUHFKHUFKHDFDG«PLTXH} estime
GHSK\VLTXHGX&156 QDQFHVHORQOH&«UHT Barthélémy Durette, responsable
Pour autant, l’insertion dépend GHOD5 'GXFDELQHW$GRF7DOHQW
/HVSURȴOVGȇLQJ«QLHXUSULYLO«JL«V aussi des disciplines. Les doctorants Management. « De plus en plus d’en-
« La faible insertion en entreprise en en sciences de l’ingénieur se tournent treprises embauchent des docteurs,
France des titulaires de doctorat est GDYDQWDJHYHUVOȇHQWUHSULVHTXHFHX[ HQSDUWLFXOLHUGHV30(HWQRXVGL΍X-
due en partie à un sous-investissement en sciences humaines et sociales. Et VRQVGHWUªVEHOOHVR΍UHV} ajoute
HQUHFKHUFKHHWG«YHORSSHPHQW 5  tous ne sont pas encore convaincus Vincent Mignotte. Même s’il faut dis-
' SULY«H}SRLQWDLWOH&RPPLVVDULDW de vouloir exercer dans le privé. « En tinguer les PME innovantes des PME
général à la stratégie et à la prospective début de thèse, nos doctorants traditionnelles où embaucher un doc-
&*63 GDQVXQHQRWHSXEOL«HHQRF- veulent devenir enseignants-cher- teur ne va pas forcément de soi.
tobre 2013. Mais « il existe bien une cheurs et travailler dans la recherche 'DQVOHVJUDQGVJURXSHVTXLSRV-
réticence de nombreuses entreprises SXEOLTXH}FRQVWDWH9DO«ULH/Hb&DQQ VªGHQWGHVG«SDUWHPHQWVGH5 '
à recruter un docteur, même pour des chargée de mission au collège docto- les opportunités vont bien au-delà de
SRVWHVGHUHFKHUFKH}UHPDUTXHDXVVL ral international de l’Université euro- la seule recherche. m&KH]$LU/LTXLGH
OH&*63m0¬PHORUVTXȇLOVȇDJLWGHUH- péenne de Bretagne. Le public, c’est un nombre important de nos doc-
crutement pour la fonction recherche, KLVWRULTXHPHQWOHG«ERXFK«QDWXUHO teurs évoluent vers d’autres fonctions
OHVHQWUHSULVHVSULYLO«JLHQWOHVSURȴOV Mais la compétition étant de plus en au cours de leur carrière, en devenant
GȇLQJ«QLHXUV} ajoute l’auteur de SOXVUXGHOHVGRFWRUDQWVU«ȵ«FKLVVHQW managers ou en prenant, par exem-
Oȇ«WXGH'DQVOHVHQWUHSULVHVɋ ple, la responsabilité d’un centre de
des chercheurs ont un diplôme production. Mais ils peuvent ensuite
GȇLQJ«QLHXUɋXQPDVWHUHWVHXOV réintégrer la recherche et dévelop-
ɋXQGRFWRUDW Le site de l’Assocation Bernard-Gregory SHPHQW}H[SOLTXH5«JLV5«DXGLUHF-
Malgré ce constat, une part non  ZZZLQWHOOLDJHQFHIU WHXUVFLHQWLȴTXHVHQLRUGHOD5 'GX
Q«JOLJHDEOHGHVTXHOTXHɋbGRF- groupe et ancien directeur de l’Insti-
WHXUV GLSO¶P«V LQWªJUHQW FKDTXH WXWGHFKLPLHGX&156

CNRS LE JOURNAL
52
LES IDÉES
© HUAN TRAN/IKON IMAGES/CORBIS

m8Q MHXQH FKHUFKHXU TXL D IDLW Fridenson, chargé par le ministère de des docteurs dans l’entreprise, lors
de la recherche fondamentale se l’Enseignement supérieur et de la G H V  5 H Q F R Q W U H V  8 Q L Y H U V L W « V
GHPDQGHO«JLWLPHPHQWFHTXȇLOSHXW 5HFKHUFKHGHSU«VHQWHUGHVPHVXUHV Entreprises le 20 mars dernier. Une
apporter à une entreprise. L’atout concrètes pour favoriser les carrières autre conception de la recherche. II
du chercheur, ce sont les méthodes
HWOHVFRPS«WHQFHVWHFKQLTXHVHW
KXPDLQHVTXȇLODDFTXLVHVELHQSOXV
TXHVRQVXMHWGHWKªVH}H[SOLTXH
9LQFHQW0LJQRWWH/ȇ$%*FRQVWDWHOD Des mesures pour faciliter les embauches
présence croissante de fonctions Le doctorat constitue encore mXQGLSO¶PHDX[FRPS«WHQFHVPDOLGHQWLȴ«HVSDUOHV
WUDQVYHUVHVGDQVOHVR΍UHVGȇHPSORL employeurs »,VHORQOH&*633OXVLHXUVPHVXUHVVRQWHQYLVDJ«HVȂbQRWDPPHQWGDQVOH
et l’émergence de métiers du conseil, UDSSRUWVXUOHGRFWRUDWGXG«SXW«‹PHULF%U«KLHUSXEOL«HQRFWREUHbȂDȴQGHUHP«GLHU
de l’expertise, mais aussi de la veille à ce problème. La loi du 22 juillet 2013 relative à l’enseignement supérieur et à la recherche
WHFKQRORJLTXH « Les entreprises de prévoit la mise en place de négociations pour la reconnaissance du doctorat dans les
conseil considèrent le doctorat conventions collectives d’ici au 1er janvier 2016.
comme une très bonne expérience
3RXUH[SOLFLWHUOHVFRPS«WHQFHVGȇXQGRFWHXUOȇLG«HGHG«ȴQLUXQU«I«UHQWLHODXQLYHDXQDWLRQDO
professionnelle pour comprendre est largement partagée, même si nombre d’écoles doctorales ont déjà bâti leur propre outil.
rapidement un problème, formuler « L’important, c’est de communiquer sur les compétences transversales du doctorat, mais pas
des hypothèses, savoir remettre en GȇDMRXWHUXQODEHOXQHPHQWLRQRXXQHFHUWLȴFDWLRQSURIHVVLRQQHOOHSURSUH¢FKDTXHXQLYHUVLW«
TXHVWLRQGHVSUDWLTXHV} FRQȴUPH ou école doctorale »,PHWWRXWHIRLVHQJDUGH&DUROH&KDSLQSU«VLGHQWHGHOD&RQI«G«UDWLRQ
Barthélémy Durette. GHVMHXQHVFKHUFKHXUV'HVRQF¶W«Oȇ$%*SU«SDUHODPLVHHQSODFHGȇXQU«I«UHQWLHOGH
FRPS«WHQFHVGHVGRFWHXUVHQFROODERUDWLRQDYHFOH0HGHIHWOD&RQI«UHQFHGHVSU«VLGHQWV
d’université (CPU), qui sera utilisable d’ici quelques mois sur un site Internet dédié.
8QHDXWUHYLVLRQGXGRFWRUDW
Au-delà de la carrière d’un docteur en $XWUHSLVWHGȇDP«OLRUDWLRQOHȴQDQFHPHQWGHVWKªVHVDORUVTXȇXQGRFWRUDWVXUWURLVQȇHVWSDV
entreprise, c’est aussi une autre image ȴQDQF«/HVGRFWHXUVTXLRQWE«Q«ȴFL«GȇXQHWKªVHFRȴQDQF«HSDUXQHHQWUHSULVHSU«VHQWHQW
GXGRFWRUDWTXLVHGHVVLQH« Le doc- XQWDX[GHFK¶PDJHSOXVIDLEOHTXHODPR\HQQHHWWURXYHQWXQHPSORLSOXVUDSLGHPHQW
torat n’est pas fait pour produire des à cause des liens étroits noués entre le doctorant et l’entreprise. Plusieurs études proposent
enseignants-chercheurs, mais pour GRQFGȇDFFUR°WUHODSDUWGHVWKªVHVȴQDQF«HVHQVȇLQVSLUDQWQRWDPPHQWGXPRGªOHGHV
WKªVHV&LIUH &RQYHQWLRQVLQGXVWULHOOHVGHIRUPDWLRQSDUODUHFKHUFKH 
apporter des compétences multiples
HWSRXULUULJXHUWRXVOHVVHFWHXUVTXL (QȴQOH5«VHDXQDWLRQDOGHVFROOªJHVGRFWRUDX[HQYLVDJH«JDOHPHQWGHODQFHUXQHFDPSDJQH
ont besoin de professionnels de très QDWLRQDOHGȇDPSOHXUDȴQGHFKDQJHUOȇLPDJHGHVWLWXODLUHVGHGRFWRUDWGDQVODVRFL«W«&DUOD
KDXWQLYHDX} plaidait ainsi Patrick SODFHGHVGRFWHXUVHQHQWUHSULVHVHMRXHDXVVLGDQVOHVUHSU«VHQWDWLRQVTXHOȇRQVȇHQIDLW

PRINTEMPS 2014 N° 276


53
LES IDÉES

À lire

ESPACE LIBRE ARBITRE


C’est à un captivant voyage dans l’espace que nous convie l’animateur et Les avancées récentes de la psychologie et des
producteur de l’émission La Tête au carré sur France Inter. Le récit, émaillé neurosciences semblent remettre en question l’existence
de références cinématographiques et littéraires (dont l’œuvre de Jules Verne, du libre arbitre conçu comme capacité à choisir librement
pas étrangère au goût de l’auteur pour la science), ou à déterminer notre propre volonté. Réexaminant
débute par les premiers pas de Neil Armstrong sur la les questions philosophiques posées par ces résultats
Lune. Mathieu Vidard fait ensuite le tour des grandes empiriques, cet ouvrage en esquisse une solution
questions sur l’Univers, tout en nous entraînant sur les nouvelle : « Le libre arbitre au sens fort, s’il peut être
lieux clés de l’astronomie mondiale et en nous racontant exercé, nécessite que nous renoncions à l’illusion
ses rencontres avec des personnalités qui l’ont marqué, du contrôle absolu d’un soi conscient érigé en maître. »
de Claudie Haigneré à Hubert Reeves en passant par
Francis Rocard ou encore André Brahic. Un nouveau libre arbitre,
.U\VWªOH$SSRXUFKLDX[&156‹GLWLRQVDYULObbSɋȜ
Dans les secrets du ciel. Rencontre avec des savants remarquables,
0DWKLHX9LGDUG*UDVVHWFROOmb'RFXPHQWVb}DYULObbSɋȜ

Parution

Ils ont imaginé


un autre monde Exquise planète,
P. Bordage, J.-P. Demoule,
R. Lehoucq et J.-S. Steyer,
2GLOH-DFREFROOmb6FLHQFHVb}
PDUVbSɋȜ
3 questions au paléontologue
Jean-Sébastien Steyer1
PROPOS RECUEILLIS PAR FABRICE IMPÉRIALI

Dans l’ouvrage Exquise planète, que Quelle matrice Roland Lehoucq


vous avez coécrit avec deux autres YRXVDWLOO«JX«Hɋ"
chercheurs et un auteur de science- Pour construire son exoplanète, il s’est
ȴFWLRQYRXVLQYHQWH]XQHSODQªWHTXL basé sur la notion de zone d’habitabilité,
n’est pas la Terre mais qui aurait pu c’est-à-dire sur des paramètres
lui ressembler. Comment avez-vous astrophysiques qui permettraient ¢SDUWLUGHQRVFRQQDLVVDQFHVVFLHQWLȴTXHV
¢ WL G L L WLȴ
SURF«G«SRXUOȇLPDJLQHUɋ" l’apparition de la vie telle que nous actuelles, des planètes réalistes mais
Nous avons repris le concept du cadavre la connaissons sur Terre : par exemple, non réelles sur lesquelles des formes de vie
exquis, un jeu consistant à écrire à tour dans sa course, la planète en question pourraient se développer. Après tout,
de rôle un poème sur la base d’un seul passe ni trop près ni trop loin de son étoile les collègues exobiologistes qui imaginent
fragment de texte visible. L’astrophysicien DȴQGȇ«YLWHUOHVWHPS«UDWXUHVH[WU¬PHV à quoi pourraient bien ressembler les
Roland Lehoucq a commencé la rédaction Cette zone d’habitabilité dépend du type formes de vie que nous pourrions
en imaginant une planète tellurique d’étoile, de la trajectoire de la planète, etc. UHQFRQWUHUGDQVOȇ8QLYHUVIRQWODP¬PH
SODXVLEOHΖOPȇDHQVXLWHWUDQVPLVODȴQ 3HWLW¢SHWLWHQȴ[DQWOHVSDUDPªWUHVGRQW FKRVHɋLOVVS«FXOHQWFHSHQGDQWHQVHEDVDQW
de son texte pour que je prenne le relais certains sont liés par les lois de Kepler, sur des paramètres bien réels d’exoplanètes
en développant de la vie dessus. Et, parmi il a construit une belle exo-Terre. observées et non pas imaginées, comme
les formes de vies foisonnantes nous venons de le faire. C’est toute la
que j’ai pu inventer, il se trouve qu’une &ȇHVWGRQFXQH[HUFLFHGHVFLHQFHȴFWLRQ GL΍«UHQFHȐ'DQVQRWUHFDVHQIDLWOHV
espèce développe une sorte d’intelligence. mais très réaliste et avec des bases anglophones parlent de hard science-
L’archéologue Jean-Paul Demoule a donc VFLHQWLȴTXHVWUªVSODXVLEOHVɋ" ȴFWLRQȐΖOIDXGUDLWLQYHQWHUXQWHUPHHQ
pris le relais pour imaginer, sur la base 1RXVVRPPHVH΍HFWLYHPHQWGDQVFHJHQUH IUDQ©DLVȐ3RXUTXRLSDVmODȴFWLRQVFLHQFH}ɋ"
de cette espèce, une civilisation. OLWW«UDLUHTXȇHVWODVFLHQFHȴFWLRQSOXV
Nous avons ensuite donné l’ensemble précisément dans la planétologie et la
du manuscrit à l’auteur Pierre Bordage, biologie spéculatives : il s’agit d’imaginer,
qui en a fait un scénario.
Lire l’intégralité de l’interview
1. Centre de recherche sur la paléobiodiversité et les paléoenvironnements (CNRS/MNHN/UPMC). sur lejournal.cnrs.fr

CNRS LE JOURNAL
54
LES IDÉES

Plaidoyer contre Lire l’intégralité du billet


sur lejournal.cnrs.fr

l’évaluation
permanente
/HJUDQGDEVHQWGHWRXWFHGLVSRVLWLIFȇHVW
OȇLQYHQWLRQ)DFWHXUKLPSDFWIDFWRU le mal
HXURS«HQTXLQRXVYLHQWGX&DQDGDDYHF
sa dramatique inopérance en ce qui
Barbara Cassin
© J. FOLEY/OPALE

concerne la recherche pure (publish or


3KLORORJXHHWSKLORVRSKHGLUHFWULFHGH
SHULVKɋ publish short and dirty pour grim-
recherche émérite au Centre Léon-Robin
SHUSOXVYLWH ɋ/HVJULOOHVQHVDLVLVVHQWTXH
GXG«M¢FRQQXɋSDUG«ȴQLWLRQODQRXYHDX-
L’ouvrage collectif que nous avons SRXUTXRLɋ"+DQQDK$UHQGWDUDLVRQGH W«QHUHQWUHHQFRUHGDQVDXFXQHFDVHbRQ
publié est d’abord un cri d’alarme, et GLUHTXHOHMXJHPHQWJR½WLQFOXVHVWOD ne remarque pas l’absence d’un inconnu…
Derrière les grilles. même d’indignation, venu d’un ensem- IDFXOW«SROLWLTXHSDUH[FHOOHQFHQRXV &HTXȇRQPHVXUHFȇHVWODSHUIRUPDQFH
Sortons du
ble de professionnels de tous les sommes là en pleine politique. ȴFWLRQSURW«LIRUPHWUªVUHWRUVHSXLVTXȇHOOH
tout-évaluation,
%DUEDUD&DVVLQ GLU  métiers. Il s’élève contre le type d’évalua- 'ȇDERUGQRWUHY«FXGHFLWR\HQVGH permet de transformer du non-mesurable
0LOOHHWXQHQXLWV$SSHO tions auquel nous sommes tous soumis FKHUFKHXUVQRXV«WRX΍RQVGHUULªUHOHV HQPHVXUDEOH6RXYHQRQVQRXVm0RLMH
GHVDSSHOVI«YULHUb HQ)UDQFHHQ(XURSHGDQVOHPRQGH grilles. Nous ne nous reconnaissons plus vois dans l’évaluation la récompense de
bSɋȜ
DQJORVD[RQGDQVOHPRQGHPRQGLDOLV« dans la représentation du monde que ODSHUIRUPDQFH6ȇLOQȇ\DSDVGȇ«YDOXDWLRQ
/ȇ«YDOXDWLRQVȇ«WHQG¢WRXWGXULVTXHȴQDQ- QRXVVRPPHVFRQWUDLQWVGȇLQVWUXLUHRQ il n’y a pas de performance 1. »
FLHUHWDVVXUDQWLHODXULVTXHDWRPLTXHHW itemiseSRXUPHWWUHHQFDVHVDYHFGHV /HPRGªOHHQHVW*RRJOHFDUOȇDOJR-
du traitement de l’art au traitement fait éléments de langage préformatés consti- rithme qui fait la fortune du moteur de
DX[5RPVWRXVOHVGRPDLQHVWRXVOHV WXDQWXQHODQJXHGHERLVXQLYHUVHOOH recherche dépend du nombre de clics sur
P«WLHUVWRXVOHVLQVWDQWV&DUFȇHVWWRX- H[SULP«HHQJORELVK car c’est d’abord XQ LWHP SURPX SDU FHWWH VXS«ULRULW«
MRXUV¢SOXVGȇ«YDOXDWLRQTXHFRQGXLWOȇ«YD- la langue qui fait grillage. C’est la langue numérique en haut de la page comme
OXDWLRQ/ȇ«YDOXDWLRQLOQHVȇDJLWSDVGHVȇHQ des administratifs qui fabriquent les ȴUVWRQH/ȇH[FHOOHQFHHVWXQHW¬WHGHOLVWH
SDVVHUWRXWFRXUWΖOVȇDJLWGHFRPSUHQGUH WX\DX[WULEXWDLUHVGHOȇRSLQLRQUH©XHHW de la norme dans la coopétition mondiale
¢TXHOVH΍HWVSHUYHUVFRQGXLWFHOOHTXȇRQ HQUHWDUGGȇXQH«YROXWLRQLQWHOOHFWXHOOHɋ qui implique UDQNLQJ classement-déclas-
QRXVREOLJH¢SUDWLTXHUɋLOIDXWSUHQGUHGX ODODQJXHGHVH[SHUWVLQWHUQDWLRQDX[ VHPHQWSHUPHWWDQWDORUVGHQHSDVȴQDQ-
UHFXOHWGRQQHUXQHQRXYHOOHLQȵH[LRQDX[ DX[TXHOVRQDUHFRXUVSRXU«YLWHUWRXW FHUHQWRXWHREMHFWLYLW«4XȇXQPRWHXUGH
SROLWLTXHV¢ODSROLWLTXH FRQȵLWGȇLQW«U¬WVWRXMRXUVKRUVFRQWH[WHɋ recherche serve de modèle à la recherche
c’est bon gré mal gré la langue des éva- QȇHVWTXȇXQHPDXYDLVHKRPRQ\PLHGDQV
OX«VQRWUHnovlangue à tous. OHPRQGHGHODUHFKHUFKHODTXDOLW«QȇHVW
Les grilles ne saisissent SDVHWQHSHXWSDV¬WUHXQHSURSUL«W«
Quand la forme prime sur le fond émergente de la quantité.
que du déjà-connu ; par Le fond ne compte pas puisqu’il n’est pas
QRWDEOHDXSURSUHFRPPHDXȴJXU«VL '«WRXUQRQVOHVJULOOHVɋ
définition, la nouveauté ELHQTXȇXQFĕXUGHSURMHWGHUHFKHUFKHGH Faut-il vraiment rester prisonnier de clas-
FLQTIHXLOOHWVELHQIRUPDW«VVXɝWSRXU VHPHQWVDX[TXHOVRQQHFURLWSDVSDUFH
ne rentre encore dans REWHQLUTXHOTXHVPLOOLRQVGȇHXURV¢FRQGL- que ces classements déterminent les
tion que le dossier fasse une centaine de DLGHVTXHOȇRQUH©RLWɋ"4XLGȇDLOOHXUV\FURLW
aucune case. SDJHVHQODQJXHGHERLVFRSL«HFROO«H
DYHFSUROLI«UDWLRQGHVLJOHVGHVFK«PDV
VLQRXVQȇ\FUR\RQVSDVɋ"3DV6KDQJKDLHQ
WRXWFDVHWTXDQGQRXVHQSDUORQVDXWRXU
FDPHPEHUWGHGLDJUDPPHVHW cerise sur GHQRXVHQ(XURSHFRPPHDLOOHXUVQRXV
7RXWHSROLWLTXHGRQFWRXWȴQDQFHPHQW OHJ¤WHDXGȇ«O«PHQWVGHODQJDJHTXLWUDQV- rencontrons plus de sceptiques et de cyni-
passe par les grilles d’évaluation. Elles forment des réquisits intéressants en ques que de convaincus. Pourquoi alors
V\PEROLVHQWOȇREMHFWLYLW«HWODWUDQVSD- VLJQHVGHUHFRQQDLVVDQFHȴQDQFLDULVDEOHV QHSDVH[HUFHUQRWUHMXJHPHQWFRPPHQ-
UHQFHRXWLOVG«PRFUDWLTXHVSRXUWURXYHU HQWUHJHQUHU«VLOLHQFHHWGXUDELOLW«1RXV FHUODVRUWLHGXFHUFOHYLFLHX[LQLWLHUXQH
un commun dénominateur. L’ouvrage nous accoutumons à parler par clichés OLJQHYHUWXHXVHɋ")DLVRQVFRQQD°WUHOHV
montre que le modèle de toutes ces – c’est le symptôme de ce qu’Arendt repro- FULWªUHVOHVFDW«JRULHVGHMXJHPHQWVTXL
JULOOHVVRQWOHVJULOOHVGHQRWDWLRQȴQDQ- FKH¢(LFKPDQQODEDQDOLW«GXPDO3DVGH QRXVFRQYLHQQHQWIDEULTXRQVSRXU HW
FLªUHFHOOHVP¬PHVGHVDJHQFHVGHQRWD- PHLOOHXUHPDQLªUHGHODLVVHUOȇDUJHQWDX[ PLHX[ DYHFɋ  OHV DGPLQLVWUDWLRQV OD
tion qui dévaluent la note de la Tunisie au PDLQVGHFHX[SRXUTXLOȇDUJHQWVXɝW U«ȵH[LRQVXUOHVJULOOHV/DPRGLȴFDWLRQ
lendemain de la chute de Ben Ali. Qui ¢IDLUHVHQVOHVȴQDQFHPHQWVDX[SUR PLQLPHIHUDPDVVHFULWLTXHGHVVLQRQV
G«FLGHGHVFULWªUHVɋ"4XLMXJHFRPPHQW IHVVLRQQHOVGHODȴQDQFH le monde que nous voulons. II

1.'LVFRXUVGH1LFRODV6DUNR]\¢OȇRFFDVLRQGXODQFHPHQWGHODU«ȵH[LRQSRXUXQHVWUDW«JLHQDWLRQDOHGHODUHFKHUFKHHWGHOȇLQQRYDWLRQ‹O\V«HMDQYLHU

PRINTEMPS 2014 N° 276


55
LES IDÉES

La médecine
darwinienne,
un autre regard sur la santé

Biologie. Comme la plupart des espèces, Williams.m'XUDQWGHVPLOOLHUVGȇDQQ«HVOȇKRPPHDFR«YROX«


l’homme s’est adapté à son environnement DYHFTXDQWLW«GHSDUDVLWHVFRPPHODȵRUHEDFW«ULHQQH
intestinale, contre lesquels il a développé un certain nombre
pour maximiser sa reproduction.
de défenses. Dans le même temps, ces parasites ont connu
Un fait qui pousse à revoir les maladies OHXUVSURSUHVDGDSWDWLRQVDȴQGHPD[LPLVHUOHXUUHSURGXF-
à la lumière des lois de l’évolution. WLRQ¢QRVG«SHQV} indique Luc Perino, médecin et ensei-
gnant à la faculté de médecine de Lyon.
PAR LAURE CAILLOCE

Des maladies en recrudescence


/D ȴªYUH HVW OȇH[HPSOH OH SOXV FRQQX GȇDGDSWDWLRQ
en élevant sa température, le corps met le parasite en
]RQHGȇLQFRQIRUW6LRQVXSSULPHODȴªYUHHQSUHVFULYDQW
/HVDQWLELRWLTXHVFȇHVWSDVDXWRPDWLTXHɋ} La ren- XQP«GLFDPHQWRQHQOªYH¢OȇRUJDQLVPHVDFDSDFLW«¢
gaine serinée depuis plusieurs années par les auto- lutter contre l’infection. « Avant de supprimer un symp-
rités sanitaires est dans toutes les têtes. Destinés à éradi- tôme, il peut être judicieux de savoir de quelle catégorie
quer les infections d’origine microbienne, ces médicaments, LOUHOªYH}note Luc Perino.
largement prescrits contre des infections d’origine virale /HVFKDQJHPHQWVEUXWDX[GȇHQYLURQQHPHQWHQWUD°
QRWDPPHQWRQWHXSRXUH΍HWGHV«OHFWLRQQHUOHVVRXFKHV nent des conséquences. Un individu peut alors se retrou-
microbiennes les plus résistantes. Un cas d’école de la ver inadapté à son nouvel environnement. C’est l’une des
WK«RULHGDUZLQLHQQHGHOȇ«YROXWLRQDSSOLTX«H¢ODVDQW«ɋ H[SOLFDWLRQVDSSRUW«HVSDUODP«GHFLQHGDUZLQLHQQH¢OD
/ȇKRPPHFRPPHOHVDXWUHVHVSªFHVD«W«ID©RQQ«SDU recrudescence actuelle des maladies auto-immunes et
l’environnement dans lequel il a évolué. Mieux comprendre des allergies. « Ayant évolué dans des environnements
FHVDGDSWDWLRQVIRXUQLWXQ«FODLUDJHQRXYHDXDX[SUREOªPHV ULFKHVHQSDUDVLWHVQRXVDYRQVG«YHORSS«XQV\VWªPH
GHVDQW«DX[TXHOVQRXVVRPPHVFRQIURQW«VDXMRXUGȇKXL immunitaire puissant,H[SOLTXH)U«G«ULF7KRPDVFKHU-
&ȇHVWOHSRVWXODWGHODP«GHFLQHGDUZLQLHQQHWK«RULV«HGDQV FKHXUHQELRORJLH«YROXWLYHDX0LYHJHF1, à Montpellier,
les années 1990 par les biologistes américains Nesse et laboratoire spécialisé dans les maladies infectieuses.

1. Maladies infectieuses et vecteurs : écologie, génétique, évolution et contrôle (CNRS/IRD/UM1/UM2). 2. Unité CNRS/IRD/UM2.

CNRS LE JOURNAL
56
LES IDÉES

3RXUTXRLWRPERQVQRXVPDODGHɋ"
5DQGROSK1HVVHHW*HRUJH:LOOLDPV'Hb%RHFN
FROOm3ODLVLUGHVVFLHQFHV}bS

&UR0DJQRQWRLP¬PHɋ
3HWLWJXLGHGDUZLQLHQGHODYLHTXRWLGLHQQH
0LFKHO5D\PRQG6HXLOFROOm3RLQW6FLHQFHV}
2UDYHFODYDFFLQDWLRQOHVSURJUªVGHOȇK\JLªQHOHVDQWL- bS
ELRWLTXHVHWFFHOXLFLHVWEHDXFRXSPRLQVVROOLFLW«}
6RXVHPSOR\«OHV\VWªPHLPPXQLWDLUHDWHQGDQFH¢VRUWLU
OȇDUWLOOHULHORXUGHSRXUGHV«Y«QHPHQWVPLQHXUVbWHOV
quelques grains de pollen, voire à se retourner contre le
corps qu’il était censé protéger. Comprendre ce méca-
nisme a permis de mettre au point un traitement inédit
FRQWUHODPDODGLHGH&URKQPDODGLHLQȵDPPDWRLUHFKUR- La théorie darwinienne
QLTXHLQWHVWLQDOH/ȇLG«HHVWVLPSOHPDLVDFRQGXLWFKH]
de l’évolution
© I. HOOTON/SCIENCE PHOTO LIBRARY/COSMOS

les patients qui ont participé aux essais cliniques à une


U«PLVVLRQGHORQJXHGXU«HLOVȇDJLWGHGRQQHU¢LQJ«UHU (QUDLVRQGȇLQȴPHVPXWDWLRQVJ«Q«WLTXHVFKDTXHLQGLYLGXGȇXQH
aux patients des œufs de vers intestinaux de porc. Ces HVSªFHGL΍ªUHO«JªUHPHQWGHVDXWUHV/HVPXWDWLRQVTXLFRQIªUHQWXQ
ĕXIVQHVHG«YHORSSHQWSDVGDQVOȇLQWHVWLQKXPDLQPDLV DYDQWDJHGHVXUYLH¢XQLQGLYLGXHWGRQFXQHSOXVJUDQGHFKDQFHGH
IRFDOLVHQWWRXWHOȇDWWHQWLRQGXV\VWªPHLPPXQLWDLUHɋ VHUHSURGXLUHVRQWWUDQVPLVHVDX[J«Q«UDWLRQVVXLYDQWHVHWȴQLVVHQW
SDUVHU«SDQGUHDXVHLQGHOȇHVSªFH&HP«FDQLVPHGHV«OHFWLRQ
'HVDOLPHQWVWRO«U«VGL΍«UHPPHQWVHORQOHVSD\V QDWXUHOOHD«W«H[SRV«SDU&KDUOHV'DUZLQDXPLOLHXGXXIXeVLªFOH
Un certain nombre de désordres d’origine alimentaire
SHXYHQWVȇH[SOLTXHUDXVVLSDUGHVFKDQJHPHQWVGȇHQYLURQ-
nement. Le lait, face auquel nous ne sommes pas tous
«JDX[HVWXQH[HPSOHmb‚SHLQHɋGHV&KLQRLVDGXOWHV Lire l’intégralité de l’article
WROªUHQWOHODLWGHYDFKHFRQWUHɋGHV+ROODQGDLVb} indi- sur lejournal.cnrs.fr
TXH/XF3HULQR&HWWHGL΍«UHQFHVȇH[SOLTXHSDUODV«OHFWLRQ
d’une mutation génétique intervenue il y a plus de six mil-
lénaires, aux premiers temps de l’élevage. Grâce à celle-ci,
certains individus installés en Europe du
Nord ont pu continuer à produire la lac- (prostate, sein, colorectal) se déclen-
tase, l’enzyme qui dégrade le lactose FKHQWOHSOXVVRXYHQWHQSKDVHSRVW
“À peine

2 %
DSUªVOHVHYUDJH8QDYDQWDJHSRXUOD UHSURGXFWLYH}Certains mécanismes
survie lors des périodes de disette. Ce favorables à la reproduction peuvent
SK«QRPªQHQȇHVWSDVDQRGLQ¢OȇKHXUH DORUVVHUHWRXUQHUFRQWUHOȇLQGLYLGX
de la mondialisation. Le quinoa, plante DLQVLOHVKRPPHVTXLSURGXLVHQW«QRU-
de consommation courante en Amérique mément de testostérone ont un avan-
des Chinois adultes
du Sud, comporte ainsi des substances tage reproductif, mais risquent plus de
tolèrent le lait de
mal tolérées par certains estomacs occi- G«FOHQFKHUXQFDQFHUGHODSURVWDWHȐ
vache, contre 98 %
dentaux. m&ȇHVWWRXWOHSUREOªPHGHIDLUH
des Hollandais.”
consommer à des individus des plantes Un éclairage sur le cancer
DYHFOHVTXHOOHVLOVQȇRQWSDV«YROX«} La maladie elle-même, caractérisée par
G«SORUH0LFKHO5D\PRQGFKHUFKHXU¢ une croissance débridée des cellules
l’Institut des sciences de l’évolution de Montpellier 2. tumorales, présente un fonctionnement typiquement
$XWUHFKDPSR»OȇDSSURFKHGDUZLQLHQQHVHU«YªOHGȇXQ GDUZLQLHQ/DFHOOXOHFDQF«UHXVHIDLWSUHXYHGȇXQFRPSRU-
SU«FLHX[VHFRXUVOHVSUREOªPHVGHVDQW«OL«VDXYLHLOOLVVH- tement égoïste, se reproduisant au détriment de ses voi-
ment. « Au cours de l’évolution, les mécanismes ayant pour VLQHVȂbXQG\VIRQFWLRQQHPHQWTXLUHPRQWHUDLW¢OȇDSSDUL-
H΍HWGHPD[LPLVHUODUHSURGXFWLRQRQW«W«V\VW«PDWLTXH- tion de la multicellularité, il y a un demi-milliard d’années.
PHQWIDYRULV«VP¬PHVȇLOVRQWGHVH΍HWVG«O«WªUHV¢SOXV m$XG«EXWODYLH«WDLWXQLFHOOXODLUHFKDTXHFHOOXOH«WDQW
long terme, analyse Luc Perino. Ainsi, le calcium renforce les DORUVFKDUJ«HGHVDSURSUHUHSURGXFWLRQ précise Frédéric
os et produit des individus plus résistants, donc plus aptes 7KRPDVAvec l’apparition des êtres multicellulaires, les
¢VHUHSURGXLUHPDLVLOVHG«SRVHDXVVLGDQVOHVDUWªUHV FHOOXOHVRQWFRQȴ«OHVRLQGHODUHSURGXFWLRQ¢GHVFHOOXOHV
FHTXLGHYLHQWXQSUREOªPHTXDQGOȇKRPPHYLHLOOLW} VS«FLDOLV«HVOHVJDPªWHV(QWK«RULHHOOHVQȇDVVXUHQWSOXV
/DUHFKHUFKHVXUOHFDQFHUSRXUUDLWE«Q«ȴFLHUGHFHWWH TXHOHVHXOUHQRXYHOOHPHQWFHOOXODLUH0DLVHQFDVGHG«Uª-
DSSURFKH«YROXWLYH« Grâce à l’action de la sélection natu- glement, il arrive que les cellules retrouvent leurs vieux
relle, nos défenses contre le cancer sont globalement U«ȵH[HVGȇRUJDQLVPHVXQLFHOOXODLUHV} Un nouvel éclairage
bonnes tant que nous sommes reproducteurs, observe SURXYDQWOȇLQW«U¬WGHFRQVLG«UHUQRVSUREOªPHVGHVDQW«
)U«G«ULF7KRPDVC’est pourquoi les principaux cancers ¢ODOXPLªUHGHODSHQV«HGDUZLQLHQQHII

PRINTEMPS 2014 N° 276


57
LES IDÉES

René Gateaux,
Lire l’intégralité du billet
jeune mathématicien fauché sur lejournal.cnrs.fr

par la Première Guerre mondiale


'5

Laurent Mazliak (QMDQYLHU+DGDPDUGFRQȴHOHV


0DWK«PDWLFLHQPHPEUHGX/DERUDWRLUHGHSUREDELOLW«VHWPRGªOHVDO«DWRLUHV SDSLHUVGH*DWHDX[¢3DXO/«Y\DȴQGH
préparer une édition de ses travaux
La recherche a vu nombre de ses 9ROWHUUDHVWXQSURFKHGH%RUHOHWGȇ+DGD- TXLVHUDSXEOL«HHQGDQVOH
jeunes talents périr pendant la Grande PDUG5HQWU«HQ)UDQFHHQMXLQ %XOOHWLQGHVVFLHQFHVPDWK«PDWLTXHV
Des mathématiciens Guerre. Tel fut le cas de René Gateaux. 5HQ«*DWHDX[REWLHQWXQHERXUVHSRXU ‹WHQGDQWFRQVLG«UDEOHPHQWOHVU«VXOWDWV
et des guerres,
Le destin de ce mathématicien est à la retourner en Italie. Surpris par la mobili- GH*DWHDX[3DXO/«Y\U«GLJHVRQOLYUH
Antonin Durand,
Laurent Mazliak fois tristement banal et exceptionnel par VDWLRQ J«Q«UDOH LO HVW LQFRUSRU« DX /H©RQVGȇDQDO\VHIRQFWLRQQHOOH qui inau-
et Rossana Tazzioli la documentation que nous avons sur lui. ebU«JLPHQWGȇLQIDQWHULH/HRFWREUH gure ses travaux en théorie des proba-
(dir.), CNRS Éditions, 1«HQb5HQ«*DWHDX[DYLVLEOH- DXVRLULOUH©RLWOȇRUGUHGHVHSODFHUHQ ELOLW«V(QbTXDQG1RUEHUW:LHQHU
PDUVbSɋȜ
ment été un élève doué et précoce. Après G«IHQVHGHYDQWOHYLOODJHGH5RXYUR\ élabore sa théorie mathématique du
DYRLUREWHQXVRQEDF¢bDQVLOLQWªJUH SUªVGȇ$UUDVR»OHV$OOHPDQGVDUULYHQW mouvement brownien qui modélise l’agi-
HQbOȇ‹FROHQRUPDOHVXS«ULHXUHR»OHV ΖOHVWWX«¢bKHXUHGXPDWLQ tation microscopique de particules en
PDWK«PDWLTXHVVRQWDORUV¢OHXU]«QLWK '«EXWG«FHPEUH%RUHODYHUWLGH VXVSHQVLRQGDQVXQOLTXLGHFȇHVWDX[WUD-
notamment celles d’analystes comme ODPRUWGH*DWHDX[SU«YLHQW9ROWHUUD YDX[GH*DWHDX[HWGH/«Y\TXȇLOUHFRQ-
-DFTXHV+DGDPDUGHW‹PLOH%RUHO5H©X¢ /HSURYLVHXUGH%DUOH'XFVLJQDOHTXHOH naît la paternité de plusieurs idées.
OȇDJU«JDWLRQHQbLOSDUWIDLUHVRQVHU- mathématicien a probablement laissé 2QQHSHXW«YLGHPPHQWVDYRLUVL
YLFHPLOLWDLUHDYDQWGȇ¬WUHQRPP«DX des brouillons chez sa mère. Ils sont récu- VDQVODJXHUUH5HQ«*DWHDX[VHUDLWGHYH-
O\F«HGH%DUOH'XFHQVHSWHPEUH S«U«VSDU+DGDPDUGTXLLPSUHVVLRQQ« nu un des grands mathématiciens fran-
9RXODQWSU«SDUHUXQHWKªVHLOG«SRVH SDUOHVWUDYDX[GXMHXQHKRPPHSUR- ©DLVGX[[eVLªFOH0DLVRQSHXWDɝUPHU
une demande de congé et de bourse SRVHGªVbTXȇXQSUL[GHOȇ$FDG«PLH que le destin brisé de ce savant promet-
SRXUDOOHU«WXGLHU¢5RPHDXSUªVGH9LWR OXLVRLWDWWULEX«¢WLWUHSRVWKXPH(Qb WHXUHVWOHV\PEROHGHEHDXFRXSGȇDXWUHV
9ROWHUUD 0DWK«PDWLFLHQ SUROLILTXH OHSUL[)UDQFĕXUOXLHVWG«FHUQ« VDFULȴ«VVXUOȇDXWHOGHODJXHUUHII

À lire

MATIÈRE NOIRE BANDE DESSINÉE VRAI-FAUX


Plus de quatre-vingts ans après mb(Q$IULTXHOD%'HVWXQP«GLXPSRXU 'LULJ«VSDU
que les astronomes se sont rendus toutes les couches de la population, les sociologues
compte que seule l’existence y compris pour celles qui n’ont pas 0LFKHO0D΍HVROL
d’une invisible mais la culture de la lecture ou qui n’ont pas et Patrick Tacussel,
pesante substance ODW«O«b} apprend-on dans cet ouvrage /HV&DKLHUVGH
pouvait expliquer la signé par des chercheurs de toutes l’imaginaire sont
cohésion des galaxies, GLVFLSOLQHVHWGHVDXWHXUVGH%' GHUHWRXU&HWWH
le physicien Gianfranco On y trouvera notamment une analyse nouvelle livraison
Bertone invite les du roman graphique Persepolis nous entraîne dans
non-spécialistes à en de Marjane Satrapi et des chapitres une savoureuse
découvrir les secrets. plus généraux qui décryptent le rôle exploration de la
mb&HOLYUHSDUOHGH GHOD%'HQWDQWTXHOLHQVRFLDO3RXU réalité en dépassant mbOHVGLFKRWRPLHV
la quête de la matière les amoureux du neuvième art et ceux les plus rigides entre le vrai et le faux,
QRLUHbOHVUDLVRQV qui doutaient encore le matériel et l’immatériel, le fait et
qui poussent les de son importance ODȴFWLRQb}/HVSOXPHVGHVFLHQWLȴTXHV
VFLHQWLȴTXHV¢DGPHWWUH comme représentation GHUHQRP (GJDU0RULQ-HDQ3LHUUH
qu’elle existe, les théories qui du monde. /XPLQHW-HDQ'LGLHU9LQFHQWȐ VH
ont été avancées pour l’expliquer mêlent avec succès à celles de jeunes
et la course mondiale actuelle Bande dessinée et lien chercheurs, sur des thèmes allant
social, Éric Dacheux (dir.),
SRXUOȇLGHQWLȴHU} des thèses conspirationnistes
&156‹GLWLRQVFROOmb/HV
¢ODSUROLI«UDWLRQȐGHV]RPELHV
(VVHQWLHOVGȇ+HUPªVb}
Le Mystère de la matière noire. PDUVbbSɋȜ
Dans les coulisses de l’Univers Le Fake, Les Cahiers européens
Gianfranco Bertone, Dunod, coll. « Quai GHOȇLPDJLQDLUH n° 6, CNRS Éditions,
GHVVFLHQFHV}DYULObbSɋȜ PDUVbSɋȜ

CNRS LE JOURNAL
58
LES IDÉES

Aux frontières
du vivant
Biologie.-DPDLVOȇKRPPHQȇDYDLW
DWWHLQWXQHWHOOHFDSDFLW«GȇDJLU
VXUOHYLYDQW%LRORJLVWHVFKLPLVWHV
DQWKURSRORJXHVȐU«ȵ«FKLVVHQW
GHFRQFHUW¢FHVTXHVWLRQV
YHUWLJLQHXVHV
PAR /$85(&$Ζ//2&(

k-Ζ:$6$-6=267$.+$59$5'0('Ζ&$/6&+22/
/b HPDUVOȇLQIRUPDWLRQDIDLWOȇH΍HWGȇXQHSHWLWHERPEH
GHVFKHUFKHXUVRQWLQV«U«XQFKURPRVRPHDUWLȴFLHO
GDQVOHJ«QRPHGȇXQHOHYXUHGHERXODQJHUɋ8QHSUHPLªUH
FKH] OHV HXFDU\RWHV Ȃb OH JURXSH GHV DQLPDX[ GHV
SODQWHVȐbȂTXLUHODQFHOHG«EDWVXUODPDQLSXODWLRQGXYLYDQW
HWODELRORJLHGHV\QWKªVHMXVTXȇR»HVWLOSRVVLEOHGȇDOOHU
HWSRXUTXRLIDLUHɋ"(WVXUWRXWTXȇHVWFHDORUVTXHOHYLYDQWɋ"
&ȇHVWQRWDPPHQWSRXUWHQWHUGHU«SRQGUH¢FHVTXHVWLRQV
TXȇXQHS«SLQLªUHLQWHUGLVFLSOLQDLUHYLHQWGȇ¬WUHODQF«HSDU
En 2008, le
OH&156HWOȇXQLYHUVLW«GHUHFKHUFKH3DULV6FLHQFHV/HWWUHV OȇDFWLRQHWPHPEUHGX/DERUDWRLUHGȇDQWKURSRORJLHVRFLDOH4 ,
futur Prix Nobel
&HOOHFLVHFRPSRVHGHGHX[mɋDFWLRQVɋ}GRQWXQHLQWLWXO«H ¢3DULV‚FHWLWUHOHVVFLHQFHVVRFLDOHVSHXYHQWDSSRUWHUGHV
Jack Szostak a
mɋ'RPHVWLFDWLRQHWIDEULFDWLRQGXYLYDQWɋ}1GLULJ«HSDU présenté ce type FRQFHSWVHWXQ«FODLUDJHSU«FLHX[}
/XGRYLF-XOOLHQ¢ODW¬WHGXODERUDWRLUH3DVWHXU 2 6RQEXW de cellules qui $YHFVDFRQQDLVVDQFHGHVP\WKHVGHFU«DWLRQGDQVOHV
IDLUHGLDORJXHUFKLPLVWHVELRORJLVWHVSK\VLFLHQVPDLVDXVVL contiennent VRFL«W«VWUDGLWLRQQHOOHVOȇDQWKURSRORJLHSHXWVȇDY«UHUGȇXQ
VS«FLDOLVWHVGHVVFLHQFHVVRFLDOHV/HSUHPLHUFROORTXHVȇHVW des informations UHFRXUVLQDWWHQGXSRXUU«ȵ«FKLU¢ODPDQLªUHGRQWOHVSUR
WHQXOHVHWDYULODXPXV«HGXTXDL%UDQO\ 3  leur permettant WKªVHVPHPEUHVDUWLȴFLHOVURERWLV«VHWDXWUHVQRXYHDX[
/HVSURMHWVGHPDQLSXODWLRQGXYLYDQWVRQWQRPEUHX[ de se reproduire. P«FDQLVPHVLQȵXHQWVXUQRWUHKXPDQLW«7RXWFRPPHOD
*U¤FHDXJ«QLHJ«Q«WLTXHFHUWDLQVHVSªUHQWSDUH[HPSOH SKLORVRSKLHHWVHVFRQFHSWVGRQWFHOXLGHODSDUDEROHGX
WUDQVIRUPHUOHVEDFW«ULHVHQY«ULWDEOHVXVLQHVHQOHXU EDWHDXGH7K«V«HXWLOLV«HGHSXLVOȇ$QWLTXLW«SRXUSHQVHU
IDLVDQWSURGXLUHHQPDVVHGHVFRORUDQWVGHVPRO«FXOHV OȇLGHQWLW«m/ȇKLVWRLUHYHXWTXHOHV$WK«QLHQVDLHQWPDLQWHQX
WK«UDSHXWLTXHVRXGHVELRFDUEXUDQWVȐ/DJ«Q«WLTXH OHEDWHDXGH7K«V«HHQOȇ«WDWGXUDQWGHVVLªFOHVHQFKDQ
SRXUUDLWSHUPHWWUHXQMRXUGHVRLJQHUGHVPDODGLHVFRPPH JHDQWSODQFKHDSUªVSODQFKHUDFRQWH3HULJ3LWURX(WFH
ODPXFRYLVFLGRVHHQUHPSOD©DQWXQJªQHG«ȴFLHQWSDUXQ MXVTXȇ¢FHTXȇDXFXQHSLªFHGȇRULJLQHQHGHPHXUHȐ6ȇDJLWLO
JªQHVDLQ0DLVGDQVOHXUVSURMHFWLRQVOHVSOXVIROOHVGHV WRXMRXUVGXP¬PHEDWHDXɋ"}
Lire l’intégralité
FKHUFKHXUVLPDJLQHQWDXVVLXQKRPPHSKRWRV\QWK«WLTXH de l’article sur
6DQVUHPRQWHU¢Oȇ$QWLTXLW«ODFRQQDLVVDQFHGHVVRFL«W«V
FDSDEOHFRPPHOHVSODQWHVGHV\QWK«WLVHUOXLP¬PHGHV lejournal.cnrs.fr FRQWHPSRUDLQHVHVWLQFRQWRXUQDEOHVXUGHVTXHVWLRQVOL«HV
QXWULPHQWV¢SDUWLUGHOXPLªUH ¢OȇLGHQWLW«GDQVOHFDVGHVJUH΍HVGȇRUJDQHVSDUH[HPSOH
&HVSRVVLELOLW«VTXDVLLQȴQLHVEURXLOOHQWOHVIURQWLªUHVGX SHU©XHVELHQGL΍«UHPPHQWHQ)UDQFHHWDX-DSRQ'HVLQWHU
YLYDQWm6LOHVSUHVVLRQVH[HUF«HVSDUOȇKRPPHVXUVRQHQYL URJDWLRQVTXLWRXFKHQW«JDOHPHQW¢ODURERWLTXHDYHFOȇHVVRU
URQQHPHQWQȇRQWMDPDLV«W«DXVVLIRUWHVFHODIDLWGHVPLOO« GHVURERWVKXPDQR±GHV/DS«SLQLªUHWRXWMXVWHQ«HDGȇDLO
QDLUHVTXHOHVKRPPHVDJLVVHQWVXUODQDWXUHHWWHQWHQW OHXUVRUJDQLV«XQDWHOLHUVXUFHWKªPHDXPRLVGHI«YULHU
GHG«ȴQLUODYLHUDSSHOOH3HULJ3LWURXGLUHFWHXUDGMRLQWGH /HGLDORJXHSURPHWGȇ¬WUHULFKHGDQVOHVDQQ«HV¢YHQLUȐII

/DVHFRQGHDFWLRQVȇLQWLWXOHm‹FRORJLH«YROXWLRQG«YHORSSHPHQW}8QLW«&156830&(162UJDQLV«DYHFOHVRXWLHQGHODYLOOHGH3DULV8QLW«&156&ROOªJHGH)UDQFH(+(66

PRINTEMPS 2014 N° 276


59
LES IDÉES

INSTI
IN TU
STIT T MITTAG
TUT LEFFLER
AG-LE THE
Y OF THE

Ci-contre, la célèbre
TESY
COURTES

médaille Fields, Graal


© COUR

des mathématiciens.

À gauche, John Fields


(1863-1932), mathématicien
à l’initiative de ce prix.

Histoire. La célèbre médaille Fields


sera remise lors du prochain Congrès
international des mathématiciens
qui se tiendra à Séoul du 13 au 21 août.
Le chercheur Martin Andler1 nous
raconte l’histoire de la récompense
la plus prestigieuse en mathématiques.
PROPOS RECUEILLIS PAR JULIEN BOURDET

Dans les arcanes de


la médaille Fields
4XHOOHHVWOȇRULJLQHGHODP«GDLOOH)LHOGVɋ" l’occasion du Congrès international des mathématiciens,
Martin Andler : Cette médaille est née de la volonté d’un ¢GHX[WURLVRXTXDWUHODXU«DWV$XWUHGL΍«UHQFHODGRWD-
seul homme, John Fields. Ce mathématicien canadien WLRQɋHXURVSRXUFKDTXHODXU«DWGHODP«GDLOOH
proposa en 1924 de créer un prix pour récompenser des )LHOGVFRQWUHɋHXURV¢SDUWDJHUHQWUHOHVODX-
travaux majeurs en mathématiques. La première médaille U«DWVɋGȇXQ1REHOɋ6XUWRXWODP«GDLOOH)LHOGVGLVWLQJXHGHV
a été décernée en 1936, après sa mort. Ce prix devait PDWK«PDWLFLHQVHQSOHLQHDFWLYLW«TXLRQWbDQVRX
YHQLUFRPEOHUXQPDQTXH(QH΍HWLOQȇ\DYDLWSDV¢ moins au moment du Congrès. Cette limite d’âge, instau-
l’époque de récompense prestigieuse dans cette dis- U«HSRXUTXHODP«GDLOOHVRLWXQHQFRXUDJHPHQW¢SRXU-
cipline : les prix Nobel étaient attribués depuis 1901 en VXLYUHGHVUHFKHUFKHVDH[FOXGHJUDQGVVFLHQWLȴTXHVGX
SK\VLTXHFKLPLHELRORJLHOLWW«UDWXUHHWSRXUODSDL[PDLV SDOPDUªVFRPPHOHEULWDQQLTXH$QGUHZ:LOHV&HOXLFLD
SDVHQPDWK«PDWLTXHVɋ6HORQFHUWDLQVFȇHVWXQHKLVWRLUH démontré en 1994, l’année de son 40 ebDQQLYHUVDLUHOH
GHMDORXVLHTXLVHUDLW¢OȇRULJLQHGHFHWWHDEVHQFHOD dernier théorème de Fermat, qui résistait depuis trois
femme de Nobel aurait trompé celui-ci avec un mathéma- VLªFOHVDX[PDWK«PDWLFLHQVɋ
ticien. Mais cette explication tient plutôt de la légende,
Nobel n’était même pas marié… Comment se décide l’attribution
© MÉDAILLE FIELDS : S. ZACHOW/MATHUNION.ORG

GHFHWWHU«FRPSHQVHɋ"
Justement, on dit souvent que la médaille Fields M. A. :/HMXU\HVWFRPSRV«GHPDWK«PDWLFLHQVSDUPLOHV
HVWOȇ«TXLYDOHQWGXSUL[1REHO(VWFHMXVWLȴ«ɋ" SOXVEULOODQWVGHODSODQªWH6DFRPSRVLWLRQFKDQJH¢
M. A. : C’est clairement la récompense suprême pour les chaque Congrès. À sa tête, on trouve le président du
PDWK«PDWLFLHQV'ȇR»ODFRPSDUDLVRQ3RXUDXWDQWLO\D comité exécutif de l’Union mathématique internationale.
GHVGL΍«UHQFHVLPSRUWDQWHV7RXWGȇDERUGODP«GDLOOH /HQRPGHVDXWUHVPHPEUHVUHVWHVHFUHWMXVTXȇ¢ODF«U«-
)LHOGV HVW UHPLVH WRXV OHV TXDWUH DQV VHXOHPHQW ¢ monie d’ouverture du Congrès. Les lauréats sont préve-
QXVSOXVLHXUVPRLV¢OȇDYDQFH0DLVLOVRQWOȇREOLJDWLRQ
1. Laboratoire de mathématiques de Versailles (CNRS/UVSQ). DEVROXHGHQHULHQGLUH¢OȇH[FHSWLRQGHOHXUWUªVSURFKH

CNRS LE JOURNAL
60
LES IDÉES

Lire l’intégralité de l’article


sur lejournal.cnrs.fr

entourage. Du coup, les pronostics vont bon train. Pour Et que dire des pays émergents, la Chine
OHVODXU«DWVOHVHFUHWHVWWRXWGHP¬PHORXUG¢SRUWHU QRWDPPHQWɋ"
Dans les semaines qui précèdent la cérémonie, la tension M. A. :6LRQFRQVLGªUHOHWDEOHDXGHVP«GDLOOHVFHQȇHVW
HVWSDOSDEOHHQWUHOHVPDWK«PDWLFLHQVɋ pas très parlant : la Chine n’a obtenu qu’une seule récom-
pense. En revanche, si on passe en revue les quelque
Quand on regarde le palmarès des médailles Fields, bFRQI«UHQFLHUVLQYLW«VDX[&RQJUªVRQSHXWVHIDLUHXQH
TXHOOHVOH©RQVSHXWRQHQWLUHUɋ" LG«HSOXVȴGªOHGXQLYHDXGHODUHFKHUFKHGDQVFHSD\V(Q
M. A. : La première, c’est que les domaines des médaillés faire partie représente une forte marque d’estime de la
UHȵªWHQWVRXYHQWOHVWHQGDQFHVGHODUHFKHUFKHPDWK«- communauté mathématique. Or on constate depuis 2010
matique. Par exemple, de plus en plus de lauréats une présence plus importante des conférenciers chinois,
WUDYDLOOHQWVXUGHVVXMHWVHQOLHQDYHFODSK\VLTXH$XWUH FHTXLFRQȴUPHODPRQW«HHQSXLVVDQFHGHFHSD\V
LQGLFDWLRQODSU«GRPLQDQFHGHFHUWDLQVSD\V6XUOHV
bP«GDLOOHVDWWULEX«HVGHSXLVOȇRULJLQHTXDWUHSD\VVH Reste un gros point noir dans le palmarès :
G«WDFKHQWOHV‹WDWV8QLV bP«GDLOO«V OD)UDQFH   l’absence des femmes…
Oȇ8566HWOD5XVVLH  HWOH5R\DXPH8QL  'HSXLV M. A. :2XL7RXWGȇDERUGRQSHXWSHQVHUTXHOHVVW«U«R-
la France et la Russie font jeu égal avec 6 médailles, W\SHVVXUOHIDLWTXHOHVIHPPHVVHUDLHQWPRLQVGRX«HVHQ
OHV‹WDWV8QLVQȇHQD\DQWUH©XTXȇXQHVHXOH0DLVOD mathématiques que les hommes doivent avoir un impact,
moitié des 22 lauréats depuis 1990 travaillent actuel- même au plus haut niveau. Et puis, la limite de 40 ans joue
OHPHQWDX[‹WDWV8QLV$ORUVTXȇDXFXQGHVP«GDLOO«V sûrement en défaveur des femmes qui, lorsqu’elles ont
UXVVHVQȇHVWLQVWDOO«GDQVVRQSD\V choisi d’avoir des enfants, le font avant cet âge. Dans la
OLVWHGHVFDQGLGDWVSRVVLEOHV¢ODP«GDLOOH)LHOGVb
Comment expliquer ce succès des mathématiques plusieurs femmes sont évoquées. Ce serait vraiment une
IUDQ©DLVHVɋ" WUªVERQQHQRXYHOOHSRXUOHVPDWK«PDWLTXHVɋII
M. A. :/ȇ«FROHIUDQ©DLVHPDWK«PDWLTXHDWRXMRXUV«W«WUªV
ERQQHFHTXLDSRXUH΍HWGȇDWWLUHUOHVMHXQHVJ«Q«UDWLRQV
Ensuite, les mécanismes de sélection des élites dans
QRWUHSD\VDFFRUGHQWDX[PDWK«PDWLTXHVXQHSODFHSUL- Les lauréats sont prévenus plusieurs
YLO«JL«H(QȴQSOXVTXHGDQVGȇDXWUHVGLVFLSOLQHVLO\D
toujours un lien étroit entre recherche et enseignement : mois à l’avance, mais ils ont
OHV«WXGLDQWV\VRQWIRUP«VSDUGHVFKHUFKHXUVDFWLIV
souvent de premier plan, ce qui les encourage eux-mêmes l’obligation absolue de ne rien dire.
¢GHYHQLUGHVPDWK«PDWLFLHQV

Le Français
Cédric Villani
et sa précieuse
médaille, remise
lors du Congrès
international des
mathématiciens
de 2010.
© IMC 2010

PRINTEMPS 2014 N° 276


61
LES IDÉES

Le malentendu
démocratique
européen
rôle de gardien et garant du projet euro-
Antoine Vauchez
péen. Politique ensuite, puisque ces insti-
Historien et sociologue au Centre européen de sociologie
WXWLRQVmLQG«SHQGDQWHV}RQWDLQVLG«ȴQL
et de science politique de la Sorbonne
une forme européenne de légitimité poli-
DR

tique qui revendique son extériorité aux


L’Europe est-elle vraiment si incompré- supranationale, on n’a pas vu qu’il s’était « égoïsmes nationaux » de la politique
hensible et illisible que le veut la ren- formé sous nos yeux un centre de pouvoir diplo matique et aux « passions par-
Démocratiser JDLQHɋ"2XELHQQHVHUDLWFHSDVSOXW¶W européen aux formes irréductiblement tisanes » de la politique électorale.
l’Europe, Antoine
GXF¶W«GHQRVKDELWXGHVGHSHQV«H singulières. Celui-ci s’est construit non 3URIHVVLRQQHOOHHQȴQSXLVTXȇHOOHVRQW
Vauchez, Seuil, coll.
mb/D5«SXEOLTXHGHV TXȇLOIDXGUDLWFKHUFKHUODIDLOOHɋ" Car il y pas autour d’institutions soumises au donné à l’Europe son ersatz d’espace pu-
LG«HVb}I«YULHUb a assurément à propos de l’Europe un suffrage des citoyens, mais d’institu- blic construit d’abord et avant tout autour
bSɋȜ malentendu tenace. Les mots par lesquels tions « indépendantes » telles que la du cercle étroit des ressortissants des
on désigne communément ses institutions Commission, la Cour de justice ou encore politiques publiques européennes (lob-
(Parlement européen, Cour de justice, etc.) la Banque centrale européenne. byistes, experts, avocats, etc.).
et ses acteurs (société civile européenne, Pour en prendre pleinement mesure,
partis politiques européens, etc.) restent il faut revenir à cette matrice qu’a été pour 8QG«ȴSRV«¢ODG«PRFUDWLH
marqués par une profonde ambivalence. l’Europe naissante la construction du Telle est donc l’originalité politique de
)RUJ«VDXȴOGHVPXOWLSOHVWUDLW«VTXLRQW Marché commun. Première politique publi- Oȇ8QLRQHXURS«HQQHHWOHG«ȴSDUWLFXOLHU
tenté d’arracher l’Europe à ses origines que européenne, la mise en place du qu’elle pose à la démocratie : un pouvoir
technocratiques, ils sont à la fois instru- 0DUFK«FRPPXQDHQH΍HW«W«KLVWRULTXH- européen existe bien, mais il est né et a
ments de description de l’Europe telle ment le lieu où s’est inventée une première prospéré par l’action d’institutions qui, au
qu’elle se présente (un système d’institu- IRUPHGȇDXWRULW«SROLWLTXHVS«FLȴTXHPHQW niveau national, se tiennent à l’extérieur,
tions) et horizon programmatique de européenne. Alors que les États ont tou- voire en contrepoint, du circuit de la légiti-
l’Europe telle qu’on voudrait qu’elle soit jours dénié aux institutions européennes mité électorale. Une politique européenne
(une « authentique » démocratie). la possibilité d’une expression ouverte- existe bien également, mais elle prend la
ment politique, c’est sur le terrain de la forme d’une lutte feutrée, mais pas moins
construction juridique et bureaucrati- vive, sur le terrain du droit et de l’écono-

Un centre de pouvoir que du Marché, et sous les auspices de


la Commission et de la Cour de justice (et
mie, à coups de catégories juridiques, de
théories économiques et de Livres blancs,

européen s’est construit non ultérieurement de la Banque centrale), que


Oȇ(XURSHDSURJUHVVLYHPHQWDɝUP«XQH
verts ou bleus, etc. Du reste, en plaçant les
« indépendantes » au premier rang du gou-

pas autour d’institutions capacité politique autonome. vernement économique de la zone Euro
(Union bancaire, Mécanisme européen de

soumises au suffrage des Un triptyque incontournable


Dans ce domaine, l’Europe n’a pas peur de
stabilité, Pacte budgétaire, etc.) et en
G«SOD©DQWOHVFRQȵLWVSROLWLTXHVHWGLSOR-

citoyens, mais d’institutions son ombre. Dans une Union dont on dit si
souvent qu’elle piétine et patine, elle
matiques sur le terrain des indicateurs
VWDWLVWLTXHV G«ȴFLWVWUXFWXUHOFRPS«WLWL-

“indépendantes”. avance même à grands pas, sanctionnant


à coups de milliards d’euros les États et les
vité, etc.), la crise de l’euro a montré de
manière cruelle la prégnance et la persis-
grandes multinationales, soumettant tance de ce modèle politique européen.
l’ensemble de ces acteurs à des réglemen- En ce sens, l’enjeu démocratique euro-
Au terme de deux décennies de réformes WDWLRQVFRPPXQHVHWVȇDUURJHDQWDXȴOGHV péen tient sans doute moins aujourd’hui
qui ont importé à l’échelon européen tout crises européennes de nouvelles compé- dans l’ardente obligation de mettre en
l’arsenal des démocraties représentatives tences. En retour, ce gouvernement du branle une démocratie parlementaire
nationales, cette ambivalence a contribué Marché a marqué l’Europe de son em- majoritaire, qui risque d’être en perpétuel
à répandre un épais brouillard qui nous preinte. Institutionnelle tout d’abord, porte-à-faux, que dans l’invention de nou-
empêche de voir l’Europe telle qu’elle puisqu’en s’érigeant en « bâtisseur de mar- veaux liens démocratiques avec ces « indé-
est. Car à trop penser celle-ci en rapport ché » (de ses relances et de ses mesures pendantes » qui constituent le socle du
à un à-venir politique, à trop chercher d’accompagnement), le triptyque formé gouvernement de l’Europe et qui sont
dans le présent les prémisses et les pro- par la Commission, la Cour de justice et la pourtant restées si longtemps au ban du
messes d’une démocratie parlementaire Banque centrale européenne a acquis un débat public sur l’avenir de l’Union. II

CNRS LE JOURNAL
62
LES IDÉES

À lire

Au cœur du vivant
Il y a tout juste cinquante ans, l’Institut national d’hygiène, créé pendant
la Seconde Guerre mondiale, et l’Association Claude-Bernard, née
DSUªVOHFRQȵLWU«XQLVVDLHQWOHXUVH΍RUWVSRXUSURPRXYRLUODUHFKHUFKH
au sein des hôpitaux. L’Institut national de la santé et de la recherche
P«GLFDOH ΖQVHUP YHQDLWGHQD°WUH'DQVFHWRXYUDJHULFKHHQLPDJHV
GȇDUFKLYHV3DVFDO*ULVHWSURIHVVHXU¢OȇXQLYHUVLW«3DULV6RUERQQH
et directeur de l’Institut des sciences de la communication du CNRS, et
Jean-François 3LFDUGKLVWRULHQGHVVFLHQFHVDX&156UHYLHQQHQWVXUOHV 50 ans de l’Inserm,
grandes étapes qui ont jalonné les cinq décennies d’existence de l’Institut. 3DVFDO*ULVHWHW
8QYR\DJHGDQVOHWHPSVFDSWLYDQWTXLSHUPHWGHPHVXUHUOȇDSSRUW -HDQ)UDQ©RLV3LFDUG
&KHUFKHPLGL
VFLHQWLȴTXHLQVWLWXWLRQQHOHWVRFLDOGHOȇRUJDQLVPHHWGHUHYLYUHOHV
FROOmb%HDX[OLYUHVb}
JUDQGHVDYDQF«HVELRP«GLFDOHVGXGHPLVLªFOHGHUQLHUHQLPPXQRORJLHHQ MDQYLHUbS
génétique, en neurosciences, en cancérologie ou encore en épidémiologie. ɋȜ

Que vaut le bitcoin ? Lire l’intégralité du billet


sur lejournal.cnrs.fr
Nicolas Houy
Chercheur en économie au Groupe d’analyse
et de théorie économique Lyon-Saint-Étienne
DR

6LYRXVDYH]G«M¢HQWHQGXSDUOHUGHOD ainsi la pauvre adaptation des moyens de nombreux, plus Bitcoin prend de valeur.
monnaie électronique Bitcoin, c’était paiement actuels au commerce électro- Reste que, aujourd’hui, la volatilité considé-
probablement en mal. Pourtant, à l’ori- QLTXHPRQGLDOɋ¢SOXVIRUWHUDLVRQSRXUOHV rable du cours du bitcoin freine son adop-
gine, Bitcoin est la réponse à un problème 3,5 milliards d’individus qui n’ont pas tion. Et une faible adoption entretient une
informatique et économique : comment accès aux services bancaires de base. volatilité importante du prix. Bitcoin devra
garantir, sans autorité centrale, des droits D’autant que le réseau permet bien plus sortir de ce cercle vicieux s’il veut s’imposer
de propriété sur des objets produits en d’usages que les monnaies usuelles : au plus grand nombre.
quantité contrôlée dans un réseau d’ordi- mises en séquestre, preuves d’achat, actes %LWFRLQIDLWDXVVLIDFH¢GHVG«ȴVHQ
QDWHXUVɋ"8QSURWRFROHVDWLVIDLVDQWFHV notariés, émissions d’actions, etc. termes de sécurité. En cas de perte ou de
contraintes et décrit comme un electronic Bitcoin constitue également un moyen vol de la clé privée associée à un porte-
cash system fut proposé dans un article Gȇ«SDUJQHJDUDQWLVDQVLQȵDWLRQΖOLPSRVH feuille, les bitcoins du compte sont irré-
publié en 2008 par Satoshi Nakamoto HQH΍HWTXHMDPDLVSOXVGHbPLOOLRQVGH médiablement perdus : gare aux logiciels
(certainement un pseudonyme). bitcoins ne soient créés en tout. S’appuyer HVSLRQVɋ'HSOXVHQFDVGHWUDQVDFWLRQ
Précisons d’emblée que, quand nous sur la rigueur d’un programme informa- avec une personne peu scrupuleuse ou
évoquons le protocole ou le réseau, nous tique plutôt que sur la gestion monétaire n’ayant pas su sécuriser son service, il
«FULYRQV%LWFRLQDYHFXQ%bPDMXVFXOH(Q des États, soumise aux aléas politiques n’existe pour l’instant ni protection du
revanche, quand nous faisons référence à et économiques, constitue la principale consommateur ni recours possible.
l’unité de compte qui circule sur le réseau valeur du réseau pour certains. (QȴQ%LWFRLQ«YROXH¢OȇKHXUHDFWXHOOH
Bitcoin, nous écrivons bitcoin(s), avec un Actuellement, Bitcoin compte moins dans un environnement légal très incer-
EbPLQXVFXOH/DYDOHXUGH%LWFRLQUHSRVH d’un million d’utilisateurs. Le prix de la tain. Décentralisé et sans frontières, il
d’abord sur son utilité comme moyen de PRQQDLHUHȵªWHHQSDUWLHOHVDQWLFLSDWLRQV remet en cause le monopole des États ou
paiement : les bitcoins peuvent être trans- des acheteurs et vendeurs quant à son des banques centrales sur les monnaies.
férés en quelques secondes entre deux adoption future : un vendeur acceptera Cela pourrait les amener soit à accepter
points quelconques de la planète, sans d’autant plus facilement ce moyen de paie- Bitcoin et à repenser les politiques moné-
frais bancaires, sans commissions de ment s’il sait que ses fournisseurs l’accep- WDLUHVHWȴVFDOHVVRLW¢OȇLQWHUGLUHDYHFXQH
change, sans intermédiaires. Bitcoin pallie teront à leur tour. Plus les utilisateurs sont HɝFDFLW«WUªVLQFHUWDLQHII

PRINTEMPS 2014 N° 276


63
CARNET DE BORD

Eric Guilbert, entomologiste à l’Institut de systématique, évolution, biodiversité

“Je me
PROPOS RECUEILLIS PAR CHARLINE ZEITOUN

souviens...
… de mes chasses aux insectes dans le monde entier pour les missions
Cafotrop (Canopée des forêts tropicales). Sur cette photo de 2013, je suis
avec d’autres chercheurs-grimpeurs sur notre plateforme calée entre trois
eucalyptus, à 20 mètres du sol, dans une forêt du Sud-Ouest de l’Australie.
Nous restions là-haut quelques heures, pour récolter punaises, moucherons
et autres arthropodes. Le but est de mieux connaître la façon dont
ils ont évolué au cours de l’histoire de la Terre. Notamment à la suite du
morcellement, il y a 152 millions d’années, du supercontinent Gondwana,
qui regroupait l’Amérique du Sud, l’Afrique, l’Arabie, l’Inde, l’Antarctique,
l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Les arbres sur lesquels nous grimpions
peuvent atteindre 90 mètres de haut ! Et ailleurs dans les tropiques,
nous nous sommes déjà fait attaquer par des essaims d’abeilles qui nous
faisaient redescendre très très vite de la plateforme.”

Le site de la mission Cafotrop


www.cafotrop.org PHOTO : P. PSAÏLA

CNRS LE JOURNAL
64
CARNET DE BORD

PRINTEMPS 2014 N° 276


65
LA CHRONIQUE

de Denis Guthleben,
historien au
a CNRS

Germaine Tillion et Jean Zay


au Panthéon
/b e Panthéon s’apprête à accueillir quatre nou-
veaux « Grands hommes » : Jean Zay, Pierre
Brossolette et, ce qui est en soi déjà un symbole,
recherche, jusqu’à la création du CNRS, se réper-
FXWHVXUOHWHUUDLQ/HVPLVVLRQVHWKQRJUDSKLTXHV
VRQWHQFRXUDJ«HVHWVRXWHQXHV(W*HUPDLQH
G«SDVVDQWȂHWGHORLQɋȂXQHVLPSOHSU«RFFXSD- Tillion rejoint l’établissement dès sa création
tion paritaire, deux femmes : Germaine Tillion et HQb*DJHRQVP¬PHTXȇHOOHDXUDLWGRQQ«VD
*HQHYLªYHGHb*DXOOH$QWKRQLR]« J’ai voulu que YRL[DX)URQWSRSXODLUHVLHOOHDYDLWYRW«0DLVOHV
ce soit l’esprit de Résistance qui puisse être femmes ne le pouvaient pas encore…
salué », a précisé le président de la République,
François Hollande, au Mont-Valérien, haut lieu Résistance
GHQRWUHP«PRLUHQDWLRQDOH /ȇDQQ«HDXUDLWSX¬WUHFHOOHGHODUHQFRQWUH
Deux de ces personnalités ont marqué l’his- -HDQ=D\HW*HUPDLQH7LOOLRQVRQWHQP«WURSROH
WRLUHGX&156/ȇXQHDFRQWULEX«¢VDQDLVVDQFH /ȇXQDTXLWW«VRQPLQLVWªUHSRXUVȇHQJDJHUGDQV
en créant les conditions favorables à l’émergence OȇDUP«HOȇDXWUHȴQDOLVHVHVWUDYDX[¢3DULV/D
d’une politique nationale de la science : c’est Jean débâcle et la capitulation les guident vers la
=D\/ȇDXWUHDLQFDUQ«FHTXHODUHFKHUFKHDGH 5«VLVWDQFH*HUPDLQH7LOOLRQFRQWULEXH¢ODPLVH
meilleur lorsqu’elle est portée par des espoirs et en place de l’un de ses tout premiers réseaux,
des idéaux, lorsqu’elle devient combat et refuse DXPXV«HGHOȇ+RPPH-HDQ=D\WHQWHSRXU
OHVFRPSURPLVVLRQVFȇHVW*HUPDLQH7LOOLRQ'HX[ VDSDUWGHUDOOLHUOȇ$IULTXHGX1RUGȂ«WRQQDQW
destins intenses qui ne se sont pas croisés, mais FKDVV«FURLV«ɋȂR»LOHVWȴQDOHPHQWDUU¬W«
qui ont été étroitement liés… Ce n’est plus une mer qui les sépare alors,
mais des murs : ceux de la maison d’arrêt de
Éducation et recherche 5LRPSRXU-HDQ=D\GªVbɋFHX[GH)UHVQHV
/HSUHPLHUUHQGH]YRXVDXUDLWSXDYRLUOLHXHQ puis de Ravensbrück pour Germaine Tillion, deux
PDLDSUªVODYLFWRLUHGX)URQWSRSXODLUH DQVSOXVWDUG0DLVO¢HQFRUHXQOLHQVHPEOH
/«RQ%OXPIDLWDORUVOHSDULGHFRQȴHUOHPLQLV- VXEVLVWHU'XIRQGGHVDJH¶OH-HDQ=D\U«GLJH
tère clé de l’Éducation nationale à un avocat ses Souvenirs et solitude : « Malheur à celui sur
EULOODQW«OXGX/RLUHWTXLQȇDSDVHQFRUHI¬W« lequel se referme la porte d’une prison et qui n’a
son 32ebDQQLYHUVDLUH(WFHFKRL[DXGDFLHX[D SRLQWGHYLHLQW«ULHXUH} Germaine Tillion, elle,
porté ses fruits : Jean Zay a marqué d’une em- analyse de l’intérieur le système concentration-
SUHLQWHSURIRQGHOȇK¶WHOGH5RFKHFKRXDUW< QDLUH&HVHUDVDSODQFKHGHVDOXW« Pour mieux
compris dans des domaines où on l’attendait condamner le système, je l’ai étudié comme une
peut-être moins, celui de la recherche scienti- VRFL«W«GHVDXYDJHVXQHIDPLOOHGHFKDFDOV}
ȴTXHHQSDUWLFXOLHUR»LODSURȴW«GHVFRQVHLOV
«FODLU«VGH-HDQ3HUULQ L’hommage de la nation
/HMXLQb-HDQ=D\HVWDVVDVVLQ«SDUOD
0LOLFH'L[PRLVSOXVWDUG*HUPDLQH7LOOLRQHVWOL-
Deux destins intenses qui E«U«H$ORUVTXȇXQHYLHHVWIDXFK«HOȇDXWUHYD
s’employer à entretenir une mémoire indispen-
ne se sont pas croisés, mais sable : avec le soutien du CNRS, Germaine Tillion
entreprend une vaste étude sur les femmes
qui ont été étroitement liés… G«SRUW«HVm-ȇDYDLVGLWDGLHX¢Oȇ$OJ«ULH} pense-
WHOOHDORUV0DLVFHQȇ«WDLWTXȇXQDXUHYRLUOȇHWKQR
© ILLUS. S. MANEL POUR CNRS LE JOURNAL

logue traversera encore à de très nombreuses


C’est la recherche, précisément, qui a mis une mer reprises la Méditerranée, construisant une œuvre
entre Jean Zay et Germaine Tillion lorsque sur- VFLHQWLȴTXHFRQVLG«UDEOHHWVXUWRXWQHUHIXVDQW
YLHQWOHmMROLPRLVGHPDL}'LSO¶P«HGHOȇΖQVWLWXW aucun combat, contre la guerre, contre la misère,
d’ethnologie, la jeune femme parcourt le massif pour l’éducation, aux côtés des exclus de tous
DOJ«ULHQGHV$XUªVSDUPLXQHWULEXVHPLQRPDGH ERUGVȐ(QOHVIDLVDQWHQWUHUGDQVVRQWHPSOHOD
TXȇHOOH«WXGLH'«M¢OHVGHX[YLHVSDUDLVVHQW nation s’apprête à croiser une nouvelle fois deux
imbriquées : l’action de Jean Zay en faveur de la destins dont le CNRS peut s’honorer… II

CNRS LE JOURNAL
66

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