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Recension de "Helmuth Plessner, Les Degrés de l’organique et l’Homme.


Introduction à l’anthropologie philosophique, traduction par Pierre Osmo,
présentation de Didier Guimbail, Par...

Article · January 2019

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1 author:

Alexis Dirakis
Humboldt-Universität zu Berlin
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Péguy, Plessner 117

permet de décliner les points de vue sous lesquels tout événement se donne :
chaque ordre ayant sa grandeur et sa misère (comme chez Pascal, la frontière
entre les « charnels » et les « spirituels » passe à l’intérieur de chaque religion,
Laf. 286), c’est la première qu’il faudra à chaque fois sauver : l’héroïsme pour
l’ordre de la chair, le génie pour l’ordre de l’esprit, la sainteté pour l’ordre de
la charité. Le monde moderne a trahi les trois – l’Affaire Dreyfus le marque –
et il faut remonter à Jeanne d’Arc pour les voir unis.

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3/ Cette trahison du monde moderne, il fallait la peindre complètement et
en exhiber la métaphysique sous-jacente (les trois « postulats », p. 336 sq.).
S’il fallait s’y arrêter, il ne convenait pourtant point d’en faire une fin de partie.
En effet, que Péguy soit un critique du monde moderne, d’autres l’ont déjà fait
voir ; mais il n’eût pas été chrétien s’il n’eût entrevu la possibilité du salut.
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Cet ouvrage, dont le plan est quasi eschatologique (« I. L’innocence », « II. La


chute », « III. Le salut »), nous rappelle que le désespoir ne fut pas le dernier
mot de Péguy : nous ne manquons pas de ressources devant l’avenir, et ce
serait « laudettisme » que d’en désespérer (p. 519 sq.).
Alors philosophe, Péguy ? Assurément, non seulement parce qu’il crée
force concepts (la misère, par distinction d’avec la pauvreté, p. 45 ; le sot, par
distinction d’avec l’imbécile, p. 365 sq. ; le vieillissement, inaperçu par Bergson,
p. 394 sq.) et thèses (« le kantisme a les mains pures… », « Tout commence
en mystique… », formules pour lesquelles on renverra aux fermes mises au
point, p. 215, 226 sq. et 393), analysés avec un esprit de finesse et une érudi-
tion jamais prise en défaut, montrant toujours que les positions péguystes sont
irréductibles aux pensées sur lesquelles on les a souvent par facilité rabattues
(Bergson, Descartes, etc.) ; mais surtout parce qu’il fut un « imbécile » : non
point un sot – homme sans racine –, mais un homme intègre et sincère entre
tous, se refusant à faire le malin (p. 450 sq.). Ses mémoires, qui se fussent
appelés Mémoires d’un imbécile et dont la guerre a compromis la rédaction,
Riquier nous propose d’y suppléer, voire presque de nous les offrir (voir l’aveu
final, p. 546). Nous ne pouvons que nous en réjouir. Et nous réjouir aussi d’y
reconnaître la fine pointe d’une nouvelle génération de péguystes dynamiques
(Alexandre de Vitry, etc.) qui, dans la foulée de ceux que Péguy inspire depuis
longtemps, retiennent l’écho d’une voix dont nous avons tant besoin.
Dan ARBIB

Helmuth Plessner, Les Degrés de l’organique et l’Homme. Introduction à


l’anthropologie philosophique, traduction par Pierre Osmo, présentation de
Didier Guimbail, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de philosophie »,
544 p., 35 €.

Quatre-vingt-dix ans après sa première parution, l’œuvre maîtresse de


Helmuth Plessner (1892-1985) est enfin publiée en français. C’est la réparation
de ce qu’il faut bien appeler une injustice pour une étude majeure trop longue-
ment ignorée de la recherche francophone.
Son ambition n’est rien moins que de refonder la philosophie en tant qu’an-
thropologie philosophique (chap. I). Cette primauté de la question de l’Homme
n’induit ni réification conceptuelle de la condition humaine, ni appauvrisse-
ment de la philosophie. La différence anthropologique, telle qu’elle est ici
théorisée, rend justice à la dimension éminemment historique de l’Homme.
C’est l’un des grands mérites de cette étude que d’offrir une anthropologie de
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118 Analyses et comptes rendus

l’immanence humaine, tandis que l’entreprise anthropologique est classique-


ment discréditée au nom même de ce principe. Plessner démontre qu’une
définition substantielle de l’Homme est possible sans faire violence à la luxu-
riance infinie de ses formes et à la liberté de son devenir.
Ce projet pluridisciplinaire prend la forme d’une architectonique au
premier abord déconcertante de complexité. Il s’agit, par le biais de la méthode
phénoménologique, de fonder une philosophie de la nature, dont un premier

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pan consiste en une biophilosophie (ou biologie philosophique) (chap. III et
IV), à partir de laquelle seront définis et dissociés les divers degrés de l’orga-
nique (du point de vue de leur mode d’organisation) : degré végétal, animal
(chap. V et VI), puis humain. L’anthropologie philosophique (chap. VII),
second pan de cette philosophie de la nature, n’apparaît donc qu’en conclusion
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d’un imposant travail théorique préliminaire, et est conçue comme une hermé-
neutique de l’expressivité humaine (une herméneutique de l’Homme comme
unité vivante, c’est-à-dire non dualiste, chap. II), œuvrant en dernière instance,
et par là même, à la fondation des sciences de l’esprit (par fidélité au projet
formulé par Wilhelm Dilthey). La complexité de cette entreprise ambitieuse se
dissipe cependant si l’on saisit que l’anthropologie, l’herméneutique et les
sciences de l’esprit, telles que les conçoit Plessner, ne sont que les déclinai-
sons méthodologiques et conceptuelles d’une même science de l’Homme dont
il revendique la paternité : l’anthropologie philosophique. C’est parce qu’elle
est l’étude de l’Homme à partir de la singularité de sa forme de vie qu’elle
peut en dévoiler les « lois universelles de l’expression », en autoriser la com-
préhension, et se faire elle-même herméneutique.
Clé de voûte de cette architectonique, le concept d’« excentricité » comme
structure vitale proprement humaine, concept dont se déduisent les principaux
monopoles de l’humain (le sens du négatif, l’ob-jectivité, la conscience de
soi, la réflexivité totale, la tripartition du monde, etc.) mais surtout les lois
anthropologiques fondamentales, ou lois de l’expressivité humaine, au nombre
de trois : la « loi de l’artificialité naturelle », relative à l’homo faber, à son
façonnement du monde, à l’expression réifiée, matérialisée de l’Esprit ; la « loi
de l’immédiateté médiatisée », relative à l’insatiabilité créatrice de l’homme
face à l’inadéquation structurelle entre intention et expression ; et, enfin, la
« loi du lieu d’implantation utopique » relative à la volonté proprement
humaine de triompher de la contingence du monde, volonté au cœur de toute
religiosité.
Les trois lois qui concluent cette étude imposante pourront surprendre par
leur manque d’originalité. Elles renvoient en effet à des lieux communs de la
philosophie allemande. Il n’en est pas autrement des concepts-clés de Plessner.
Pourtant, ce serait là faire un mauvais procès à un penseur dont l’innovation
intellectuelle ne réside pas tant dans une créativité conceptuelle que dans
l’articulation inédite de notions classiques au sein d’une théorie cohérente et
heuristique, d’une systématique originale. Là se situe la véritable découverte
de Plessner.
Outre la lourdeur d’un style sans respiration ni constance, et dont le laco-
nisme se révèle souvent contreproductif, on pourra reprocher à cette étude
certaines omissions. D’une part, parce qu’elle demeure prisonnière du prisme
individualiste qui est traditionnellement celui de la philosophie, et malgré
l’importance qu’elle accorde au « monde commun », cette anthropologie
demeure aveugle aux lois et mécanismes holistiques structurant les interactions
humaines et, par là même, toute expressivité. D’autre part, elle ne questionne
pas les profondeurs de la psyché humaine bien qu’elle compte « l’âme » parmi
les deux aspects fondamentaux du « monde intérieur ». Sur la question cruciale
Revue philosophique, no 1/2019, p. 67 à p. 132
Plessner, Rawls 119

des « lois de la psyché » et de leur articulation au concept de corps-vécu, nous


n’en saurons pas plus. Mais d’un seul livre, même du plus savant, on ne peut
tout attendre.
Alexis DIRAKIS

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Alain Boyer, Apologie de John Rawls, Paris, Puf, 2018, 338 p., 29 €.

Alain Boyer, spécialiste de Popper et de Hayek et fin connaisseur de la


pensée de Rawls et des débats qui l’entourent, livre une somme passionnante
et érudite sur la théorie rawlsienne de la justice et ses présupposés philoso-
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phiques. Le style enlevé et le ton personnel ainsi que la force des convictions
exprimées séduiront le lecteur, souvent rebuté par l’aridité du style de Rawls
et la complexité de ses argumentations. Bien que l’auteur n’ait pas le projet de
proposer une introduction, le dialogue personnel qu’il engage avec Rawls et la
passion qu’il met à combattre les arguments de ses critiques, en particulier
Robert Nozick et Michael Sandel, encourageront chez le lecteur le désir de se
confronter directement avec la pensée rawlsienne plutôt que de la catégoriser
trop rapidement à partir de commentaires souvent biaisés.
Les commentaires de la pensée de Rawls dans les premiers chapitres sont
souvent très fins et stimulants, tout comme ceux de la critique de Nozick, mais
ils auraient gagné à être étayés par une meilleure connaissance du Libéralisme
politique. Les passages les plus originaux concernent la discussion du principe
de différence, dans le chapitre VI, et la nécessité de le traiter comme autorisant
seulement des progressions parétiennes « faibles », ainsi que le rejet de la
théorie du « ruissellement » de la richesse des plus riches vers les plus
pauvres. Cela est important pour réfuter définitivement tous ceux qui, comme
Cohen, accusent Rawls d’accepter la croissance illimitée des inégalités au nom
de l’efficacité économique. De plus, cela reviendrait à ignorer l’encastrement
du principe de différence et des inégalités justifiées dans les deux premiers
principes qui, eux, exigent déjà d’égaliser les droits réels et les chances de
tous.
Étant donné le caractère détaillé de l’analyse, qui se transforme souvent
en exégèse du texte, lacunes, longueurs et répétitions abondent, ce qui est
inévitable. Mais on regrettera tout de même que, dans le chapitre II, l’argument
utilitariste en faveur de l’égalité ne soit pas pris en considération. Or, si l’utili-
tarisme vise à la plus grande satisfaction générale ou moyenne des préférences,
la satisfaction de l’utilité marginale des plus pauvres pesant d’un poids infini-
ment plus lourd que celle des plus riches dans le calcul, il œuvrera pour
réduire les inégalités au nom de motifs non pas moraux, mais d’efficacité. Le
raisonnement utilitariste est égalitaire, il ne faut pas l’oublier, d’où ses succès.
Mais l’ouvrage souffre, avant tout, d’un manque de clarté dans la délimita-
tion de son propos principal : la conception de la personne et son rôle dans la
théorie. Parfois la conception de la personne est dite servir de « fondement »
à la théorie, ou « l’envelopper », parfois il est question d’un « sujet rawlsien »,
d’une « théorie rawlsienne du soi » ou même de « la nature humaine ». En
réalité, il n’y a pas de « conception philosophique de la personne » chez Rawls.
Il y a seulement une « modélisation » – Rawls parle d’un « outil de représenta-
tion » – au sens de la modélisation en économie ou encore d’un type idéal
wébérien. Surtout, la théorie n’a pas besoin de fondement, ce serait une néga-
tion du projet rawlsien qui se veut « doctrinalement autonome » (Libéralisme
Revue philosophique, no 1/2019, p. 67 à p. 132

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