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L’ARCHÉOLOGIE FRANÇAISE EXTRA  

- EUROPÉENNE:
UN DOMAINE MENACE DE DISPARITION ?

En 2007, le ministère des Affaires a, sur proposition de la commission


consultative des fouilles françaises à l’étranger, financé 162 projets
archéologiques dans le monde, dont 125 hors Europe et Maghreb. Cet effort de
la France dans ce domaine offre à la recherche française une visibilité
internationale enviable et enviée. Les programmes de fouilles à l’étranger sont
le fait, pour une part, d’universitaires, mais, pour une autre également
importante, de chercheurs du CNRS. Or la pyramide des âges des chercheurs
CNRS concernés et le niveau de recrutement par cet organisme de jeunes
archéologues spécialistes des mondes extra - européens au cours des années
récentes permet d’annoncer que, si aucune politique volontariste n’est définie et
adoptée prochainement, l’ensemble du domaine aura, sinon disparu dans
12 ans, du moins perdu plus de la moitié de ses acteurs. L'urgence de la situation
apparaît clairement dans le tableau ci-dessous où la projection à 6 ans indique qu’en 2014 les
effectifs des spécialistes auront déjà drastiquement diminué, ce qui entraînera des fermetures
de chantiers, sinon de domaines entiers.

Les archéologues CNRS intervenant dans les mondes extra - européens sont rattachés à deux
sections différentes :
31. Hommes et milieux : évolution, interactions
32. Mondes antiques et médiévaux.
Aux contingents relevant de ces sections, il conviendrait d’ajouter quelques archéologues
travaillant sur l’Islam médiéval et inscrits dans la section 33.

La situation actuelle et future peut être présentée de la façon suivante :

Section 31
En 2007, 41 chercheurs CNRS rattachés à cette section travaillent dans le domaine
de l’archéologie à l’étranger. Ils se répartissent ainsi par sous - domaines : « de l’Orient à
l’Asie » : 23 ; Amériques (y compris l’Arctique) : 12 ; Afrique : 4 ; Océanie : 2.
Plus de la moitié des chercheurs de ce groupe (25/41) atteindra l’âge de la retraite
dans les 12 années à venir (2007 compris). Sans recrutement, il ne resterait plus alors que
10 spécialistes sur 24 du premier sous - domaine, 5 sur 12 du secteur Amériques et 1 seul
Africaniste.
À date récente (trois dernières années), seul un chercheur archéologue
extra - européen a été recruté par le CNRS au titre de la section 31, grâce, d’ailleurs, à un
fléchage. En extrapolant ce taux aux douze années à venir, l’effectif actuel de 41 chercheurs
tomberait malgré tout à 20, soit une réduction de plus de 50%.
Section 32
En 2007, 29 archéologues relevant de cette section interviennent sur des
chantiers archéologiques à l’étranger. Ils se répartissent ainsi : « Proche-Orient Ancien »
(Jordanie, Syrie, Mésopotamie, Turquie, Iran et Asie centrale) : 8 ; « Proche-Orient
hellénistique et romain » : 12 ; « Méditerranée orientale », principalement monde égéen : 5 ;
« Levant-sud et Arabie »: 4.
Dans les 12 années à venir, 16 des 29 chercheurs actuels atteindront l’âge de la
retraite. Ces départs à la retraite affecteraient surtout les sous - domaines « Proche-Orient
Ancien » et « Proche-Orient hellénistique et romain ».
Au cours des dernières années, le taux de recrutement d’archéologues
extra - européens au titre la section 32 a été d’environ un chaque deux ans. À ce rythme,
seulement 6 chercheurs seraient recrutés sur 12 ans et l’effectif global passerait donc de 29 à
19, soit une réduction de 35% (mais d’environ 55% sur le « Proche »-Orient).

Voir le premier tableau ci-dessous.

Le deuxième tableau ci-dessous est celui des chefs de mission MAEE, avec une
projection aux mêmes horizons (2014 et 2019) :
La présence variable des enseignants-chercheurs universitaires selon les domaines, ainsi que
le manque de données et les incertitudes des recrutements dans les universités dans le cadre
de la LRU pour le domaine extra-européen ne permettent pas de projection tenant compte
d’un taux de recrutement.
Il est clair que la situation est préoccupante.

Ces projections confirment le bien-fondé d’un plan d’urgence pluriannuel de


recrutement d’archéologues spécialistes des mondes extra - européens, si du
moins la France tient à conserver son rayonnement international, et
spécifiquement celui de sa recherche dans le domaine.
LES ARCHEOLOGUES SPECIALISTES
DES DOMAINES EXTRA-EUROPEENS
AU CNRS
PROJECTION A DOUZE ANS (2007-2019)
SECTION 32 SECTION 31
Aires culturelles Aires culturelles

P.- Or.
Proche- Ancien
Levant Amériques
Médit. Orient (avec Orient- Afriqu
Sud (avec Océanie
Or. Hell.- Iran et Asie e
Arabie Arctique)
Rom. As.
Centr.)

Effectif 2007 4 5 12 8 23 12 4 2

Effectifs 2007
29 41
par sections

Effectifs 2019 3 4 4 2 10 5 1 0

Effectifs 2019
13 (16 départs en retraite dont 14
par section 16 (25 départs en retraite)
« Proche »-Orient)
32/31

Effectifs
19 (10 départs en retraite dont 8
2014 par 19 (22 départs en retraite)
« Proche »-Orient)
section 32/31
Effectifs
2014 au taux
22 (réduction 25%) ;(NB env. 45%
de 22 (réduction 46%)
sur « Proche »-Orient
recrutement
actuel CNRS

Effectifs 2019
au taux de 19 (réduction 35%) ; (NB env. 55%
20 (réduction 52%)
recrutement sur « Proche »-Orient)
actuel CNRS

 En ombré : les effectifs actuels ;


 En gras : les aires culturelles qui perdent plus de 50% de leurs spécialistes
archéologues à l’horizon 12 ans APRÈS application des taux de recrutement
actuels ;
 En gras surligné : les pertes à six ans APRÈS application des taux de recrutement
actuels ;
NB janvier 2012 : les taux de recrutement « actuels » ci-dessus sont ceux du CNRS de
2007-2008 ; ils sont restés approximativement stables de 2008 à 2012, confirmant la
valeur toujours actuelle de cette projection.

Chefs de mission MAE (2008) : rattachements, répartition par aires culturelles


et projection pour 2014 et 2019, sans tenir compte des recrutements possibles
au CNRS (voir pour cela le tableau précédent), ni dans les universités
(inconnus) :

DIRECTEURS
Afrique Arabie Amériques
MISSIONS MAE
Rattachement CNRS//UNIV CNRS//UNIV CNRS//UNIV

n directeurs 8//5 13//7 8//7


TOTAL sous
13 20 15
commission
partis en 2014 3//3 4//1 6//3
TOTAL partis en
6 5 9
2014
% partis en 2014 37,5//60 30,7//14 75//43
TOTAL % partis
46% 25% 60%
en 2014 (perte)
TOTAL % partis
54% 30% 60%
en 2019 (perte)

recrutement
départs
Remarques de jeunes
d’universitaires
CNRS

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