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Demande de contribution financière

Titre du projet :
MADAME SAIDI!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!........
Genre documentaire de création, essai

Durée du film envisagée (en mn) :!!50!!!!!

Examen par le comité « premiers films » NON


(NB : comité réservé aux réalisateurs débutants et sans expérience professionnelle significative)

Support de tournage (ex : HD, 16, 35, 2k, 4k, DVCAM, Super 8!) : !HD!!!!!!!!!!

Langue(s) de tournage : !persan!!!!!!!!!!

Lieux de tournage prévus : !Iran!!!!!!!!

Comédiens souhaités (information facultative) :


!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!........!!!!!!!!!!!!!!

Auteur(s) du projet
Réalisation

Nom – Prénom : !Anquetil Bijan

Nationalité : française Date et lieu de naissance : 1978 à Neuilly / Seine

Co-auteur(s) du projet (le cas échéant) :

Nom – Prénom : Costes Paul

Nationalité : française Date et lieu de naissance : 1977 à Tarbes

Bref résumé du film (3 lignes maximum - destiné à être diffusé sur le site internet du CNC pour
les projets bénéficiaires) :

A Ali Abad,, tout le monde connaît Madame Saidi, l'une des nombreuses mère de martyr de ce
quartier populaire du sud de Téhéran. Il y a peu, à 70 ans passé et à la surprise générale,
Madame Saidi est devenu une actrice de cinéma. Ce film est son portrait.

- Le scénario est-il tiré d’une œuvre préexistante ? NON


Si oui, indiquer le titre de l’œuvre initiale et son auteur :
!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
- Ce projet a-t-il déjà été présenté devant la Commission ? !! Si oui, au cours de quelle
session a-t-il été examiné et refusé : comité de lecture / plénière : !!!!!!!!!!!!!!
Le cas échéant, quel était son précédent titre ? !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

- Ce projet a-t-il déjà bénéficié d’autres aides (à l’écriture, au pilote ou à la production) ou


soutiens (si oui : préciser lesquels)!Bourse Louis Lumière de l’institut Français!!!!!!
- du CNC ?
Fonds d’aide à l’innovation audiovisuelle (fiction / animation / documentaire) X non oui
Dispositif pour la CRéation Artistique Multimédia et numérique (DICRéAM) X non oui
Aide aux projets Nouveaux Médias X non oui
Aide pour les œuvres cinématographiques d’Outre-Mer X non oui
- du Groupe de Recherches et d’Essais Cinématographiques ? X non oui
- d’un atelier d’écriture ? X non oui :
- d’une collectivité locale ? X non oui :
- d’une chaîne de télévision ? X non oui :
- d’un partenaire étranger ? X non oui :

Qualité du (des) demandeur(s) : Auteur Producteur : !!!!!!!!!!!

Nom – Prénom : !Bijan Anquetil et Paul Costes !!!!!!!!!!!!!!

Adresse – téléphone – e-mail :


bijanquetil@gmail.com 06 03 45 80 69
paulcostes@hotmail.com

Signature de l’(des) auteur(s) Signature du producteur

Déclare(nt) avoir pris connaissance des dispositions du décret du 24 février 1999 relatif au soutien financier
de l’industrie cinématographique et de l’arrêté du 22 mars 1999.
LIENS

Vous pouvez indiquer sur cette page des liens (youtube / viméo / dailymotion / etc.) vers
tout élément aidant à préciser l’expression visuelle choisie pour le projet (essais, film précédent, photos,
éléments graphiques, volumes, maquettes!)

- !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

- !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
l’atelier documentaire

l'atelier documentaire
75 rue Camille Sauvageau!
33 800 Bordeaux!
09 51 35 28 08 / 06 12 50 18 00!

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SYNOPSIS

À Téhéran, dans le quartier d’Ali Abad, tout le monde connaît Madame Saïdi.
C'est l'une des nombreuses mères de martyr de ce quartier populaire du Sud
de la ville, ces mères qui ont perdu leurs enfants sur le front de la guerre
Iran-Irak.
Il y a quelques années, à 70 ans passé, bravant l'incrédulité générale et le
qu'en dira-t-on des bigots, Madame Saïdi a réalisé son rêve inavoué : elle est
devenue une star de cinéma. Elle, l'analphabète qui n'était jamais allée au
cinéma. Elle qui, depuis son enfance villageoise, a toujours cru en sa bonne
étoile.

Aujourd'hui, du Nord au Sud de la ville, on connaît le visage malicieux et


rieur de la vieille dame, ses répliques à l'humour « pop » et décalé. Pourtant
malgré le succès, Madame Saïdi n'a pas quitté son quartier. Elle habite
toujours cette maison construite il y a 50 ans avec son mari alors que le
quartier n'était que fraîchement sorti du désert. Madame Saïdi continue
d'arpenter ses ruelles étroites à la rencontre de ceux, amis et voisins, qui
furent ses « spectateurs » de la première heure.

Madame Saïdi sera le portrait de cette femme atypique, personnage à la vie


tragique qui voulait jouer la comédie, « mère de martyr devenue star de
cinéma » comme le titrait un quotidien national. Dans son sillage
bouillonnant, nous découvrions le monde des quartiers populaires,
traditionnels et religieux… Et celui des plateaux de télé, de la comédie à
l'iranienne. Passant d'un monde à l'autre, nous la verrons se rendre à la
mosquée, aller au grand cimetière de Téhéran où les parents de martyrs vont
chaque jeudi pleurer leurs enfants. Elle nous racontera le martyre de son fils,
le rêve prémonitoire qu’elle a fait la veille de sa mort. Dans ses paroles, nous
entendrons des échos de prières, de chants de lamentation entendus au
grand cimetière. Nous suivrons la comédienne « au travail », où le plus
souvent elle incarne ce personnage de « tata qazi », grande tante à la langue

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bien pendue qui lui ressemble comme deux gouttes d'eau. Nous
l’entendrons affirmer, et répéter, qu’elle peut « tout jouer » parce qu’elle a
déjà été, au cours de sa vie, « épouse, mère de martyr, couturière,
infirmière, sage-femme, conseillère de quartier ».

Le portrait de Madame Saïdi s'ébauchera au jour le jour à partir d'une


conversion de salon entre elle, la comédienne, et nous, les réalisateurs. Il se
poursuivra avec les autres protagonistes du film, les seconds rôles qui
peuplent son quotidien : son mari, son fils, ses voisines, le mollah du
quartier, un peintre d'affiches de cinéma, les réalisateurs qui la font
tourner... Les yeux rivés sur elle, ils complèteront, par touche, le portrait de
cette femme paradoxale, à l’image de la société qui la regarde jouer.

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BIOGRAPHIE

Enfance
Née au début des années 40, à Ziaabad, un village de la région turcophone
de Ghazvin, Halimé Saïdi est la troisième fille et le sixième enfant d’une
famille de petits agriculteurs. Les femmes de son milieu ne vont pas à l’école,
c’est donc sa mère qui s’occupe de son éducation : couture, cuisine, piété.
Dans son village, il n’y a ni télévision, ni cinéma. On vit à la lumière des
lampes à pétrole. On se couche tôt. Halimé Saïdi nourrit très vite un rêve :
devenir actrice. À cette époque le Shah d’Iran, inspiré par Atta Turk, se lance
dans sa grande « politique de modernisation » de la société. Dans les
grandes villes, il essaie d’imposer l’occidentalisation des mœurs, tente
d’interdire le port du voile. Les provinces restent à l’écart. En 1953 le
gouvernement nationaliste de Mossadegh est renversé par un coup d’Etat
soutenu par la CIA.

Adolescence
A 14 ans, Halimé Saïdi est « prête à marier ». Elle est déjà connue au-delà de
son village. Dans la maison de famille, c’est la valse de prétendants. Elle
impose son choix : Ali Lashgari, un jeune homme qui a déjà immigré en ville.
Après la fête de mariage, ils vont s’installer ensemble dans un faubourg de
Téhéran, Ali Abad. Là encore, très vite, elle devient connue de tous. Elle
exerce successivement les métiers de couturière, de sage-femme,
d’infirmière, dans ce quartier lointain qui ne possède ni eau courante ni
électricité. Elle devient aussi mère au foyer, donnant le jour à sept enfants
dont trois meurent en bas âge. Avec son mari, ils mènent une vie humble et
nourrissent le rêve de faire le pèlerinage à la Mecque ensemble.

Mère de martyr
Madame Saïdi a 40 ans lorsque la Révolution Islamique éclate. Engagée corps
et âme dans l’événement, à l’image de son quartier, elle parcourt 50
kilomètres à pied pour accueillir le retour de l’Ayatollah Khomeiny en 1979

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au grand cimetière de Téhéran, Behecht Zara. En 1980, dès les premiers jours
de la guerre Iran-Irak, ses fils se portent volontaires. Deux d’entre eux
reviendront mutilés. Son fils Résa meurt en martyr. C’est l’époque des
bombardements, des tickets de rationnement, l’époque où le quartier pleure
régulièrement la mort de ses enfants au cours de cérémonies de propagande
spectaculaires. Madame Saïdi reçoit son diplôme officiel de mère de martyr.

La comédienne.
Le métier auquel elle rêve depuis si longtemps est, dans cette nouvelle
société, dans son milieu en particulier, mis à l’index, jugé de « mœurs
légères ». Mais Madame Saïdi, avec la complicité de son mari, tente sa chance
en participant à des tournages comme figurante. Après de longues années
passées dans l’ombre, un jour, il y a deux ans, on lui donne un rôle dans une
série télé très populaire. Un grand quotidien national vient lui rendre visite et
titre son article : Madame Saïdi, superstar d’Ali Abad.

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DIALOGUE
Chez Madame Saïdi. Dans son salon. En 2007.

Madame Saïdi, en train de nous montrer des photos de son fils Résa, mort
au front : …Qu’il était jeune… Mon Dieu qu’il était jeune… Elle referme
l’album pour aller préparer le thé dans la cuisine. Après quelques allers et
venues : Le problème dans ce métier, c’est l'irrégularité. Un jour on t’appelle,
un autre jour on t’appelle plus… Pourtant je suis une grande comédienne.
Dieu m’est témoin. Vos soi-disant ingénieurs, spécialistes, en vérité je joue
mieux qu’eux ! Seulement voilà les gens ne savent pas ce qu’ils veulent…
Nous : Vous étiez à l’enterrement de Mohamed Dastvaré ? (un autre martyr
du quartier, mort au 1984)
Madame Saïdi : Oui.
Nous : Vous pourriez nous rejouer ce moment ?
Madame Saïdi : Oui… Elle sort du salon. Revient vêtue du tchador noir de
circonstances. Commence à se lamenter. « Oh Dieu, Dieu tout puissant !
Pourquoi nos enfants tombent-ils au sol comme des pétales… Oh Dieu, Dieu
tout puissant… Quels péchés avons-nous commis pour que nos enfants
quittent cette terre ainsi… Oh Dieu, Dieu tout puissant… » Elle s’arrête,
relève la tête vers nous. Après un temps : « Ce jour-là, les gens sont venus
me voir. Ils me demandaient pourquoi je n’avais pas pleuré le jour de
l’enterrement de mon fils, alors que je pleurais pour l’enterrement de ce
jeune. Je leur ai dit : « Pour ne pas montrer de signe de faiblesse à l’ennemi.
Pour lui briser la nuque ! » Voilà… Ça c'est passé comme ça.

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ORIGINES
Mère de martyr et comédienne ?

Nous avons rencontré Madame Saïdi en 2007. Nous étions à Téhéran en train
de tourner un documentaire autour d'une fresque de propagande dédiée à
trois frères martyrs de la guerre Iran-Irak1. A Ali Abad, quartier aux 72
martyrs, où le régime est censé avoir ses plus fidèles soutiens, nous avions
rencontré de nombreux parents de martyrs. Avec toujours l'impression d'une
prise de parole stéréotypée, impersonnelle. Les parents s’en tenaient le plus
souvent à un discours sur la fierté et le sacrifice, celui qu’on entendait dans
les cérémonies officielles et dans les reportages de propagande diffusés à la
télévision. Un matin, alors que nous filmions à la sortie de la mosquée, une
femme s'est détachée d'un groupe de mère de martyrs. Elle s'est
discrètement approchée de nous et nous a glissé dans un mélange de malice
et de réserve : « Vous savez, je suis comédienne. Je suis disponible si vous
avez besoin de moi. Je suis Madame Saïdi... ».

D’abord incrédules, nous sommes allés lui rendre visite quelques jours plus
tard. Elle nous a reçu dans l'intimité de son modeste salon. Nous découvrons
une femme drôle et vive. Nous comprenons que sa carrière de comédienne
se limitait à quelques figurations. Et tout en nous servant le thé elle s'est
mise à nous convaincre de l'engager dans notre film. N'est-elle pas
comédienne ? N'est-elle pas de mère martyr aussi ? Piqués par son audace,
nous avons décidé de jouer le jeu. Nous lui avons demandé de rejouer ce
qu'elle avait fait lors de l'enterrement des trois frères représentés sur la
fresque du quartier.

Impossible de démêler ce qui était vrai et ce qui tenait de la performance. Ce


moment a été la fêlure que nous cherchions dans notre film. En (re)jouant
son propre rôle, elle avait paradoxalement été plus « juste » que les autres

1
il s'agit du film Les murs ont des visages. vous pouvez voir la scène décrite avec Madame Saidi au lien suivant :
http://www.youtube.com/watch?v=0_UT5PRt7Jk
la bande annonce du film :
http://www.youtube.com/watch?v=0XBz2uJeEMQ

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parents de martyrs rencontrés jusqu’alors. Non seulement l'artifice du jeu
avait permis le jaillissement de l'émotion, à la fois feinte et sincère. Mais il
avait aussi révélé la part de jeu, le mélange inextricable de sincérité et de
convention imposé aux parents de martyrs.

Madame Saïdi venait de donner corps à une phrase que nous avions souvent
entendue en Iran: « Pour vivre, ici, il faut savoir jouer la comédie ». Cette
phrase, nous l'avons comprise comme une manière de pointer une société de
faux-semblants, où le contrôle social est très fort et l'idéologie à tous les
coins de rue. Société où il faut savoir prétendre, tenir un rôle. Et ce n'est pas
par hasard si de nombreux films iraniens prennent le motif du cinéma, de
l'acteur, comme prisme pour regarder la société. C’est l’exemple d’Abbas
Kiarostami qui dans Close-up reconstitue l’histoire vraie de l’imposteur qui
s’était fait passer pour le réalisateur Mohsen Makhmalbaf. Ou encore le
Salam Sinama, du même Makhmalbaf, qui organisait un casting géant pour
convoquer les Téhéranais et les questionner sur le cinéma : art de l’illusion
ou possibilité de fuir la réalité ?

À regarder Made Saïdi vivre, jouer, passer de la légèreté aux larmes, nous
avons senti qu'il y avait une dimension transgressive chez elle. Son désir de
jouer était plus important que celui de témoigner. Pour exister dans notre
film, elle était prête à jouer avec son propre rôle.

Nous sommes tombés sous le charme de cette vieille dame, de sa fraîcheur


enfantine à vouloir jouer. Il nous a aussi semblé qu'elle nous permettait de
mettre en lumière un certain état des choses en Iran. Nous sommes repartis
convaincus qu’il nous faudrait, un jour, continuer l’aventure initiée avec
Madame Saïdi.

« Une mère de martyr devenue comédienne »

En 2010, un ami nous rapporte le dvd d’une comédie populaire acheté à


l’aéroport de Téhéran : Madame Saïdi était sur la jaquette ! Suite à un rôle

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conséquent dans une série télé à grande audience, celui de « Tata Gazi »,
figure burlesque de la matrone des quartiers sud, elle enchaînait les séries et
les seconds rôles dans les longs-métrages. Elle avait maintenant sa page
facebook et ses milliers de fans. Sa conviction, sa gouaille, son personnage
l’avait emportée : elle était devenue star de cinéma.

Nous sommes revenus à Téhéran en janvier 2013 pour la voir. Chez elle,
Madame Saïdi nous a montré ses nombreux prix et coupures de presse ;
pendant que son fils Djalal, devenu l’agent de sa mère, nous parlait des
terrains qu’ils avaient récemment achetés dans le nord du pays, près de la
mer Caspienne. Le mari, force tranquille du foyer, était assis à sa place, à
côté du poêle. Il ponctuait la conversation de quelques soupirs et de
questions sur le cours de l’euro. Nous avons félicité Madame Saïdi, avant
d’engager la conversation sur notre projet de film. Djalal essayant de faire
comprendre à sa mère la notion de « portait » - Biographie lui disait-il - le
mari nous demandant s’il nous serait possible de payer en euros, tout ou
partie. Madame Saïdi, elle, surenchérissait d’anecdotes de tournage, nous
montrait la pile de scenarii qu'elle ne pouvait pas lire.

Mais la success story de Madame Saïdi cache une autre histoire, plus
mouvementée : l'exode rurale, la révolution, la guerre... Elle nous l'a racontée
par bribes, à chacune de nos visites : l'enfance villageoise en province,
l'arrivée à Téhéran avec son jeune mari, la longue marche pour accueillir le
retour de Khomeiny, la mort en martyr de son fils Résa... Comme de
nombreuses femmes de son quartier Madame Saïdi avait été une figurante
dans la grande histoire.

Le cœur de notre film commençait à battre : le portrait d’une comédienne


singulière qui s’ébaucherait dans ce salon, par ce dialogue familial, drôle et
désordonné. Entre business familial, culture religieuse et cinéma populaire.
Sincérité et faux-semblants. Un film sur l'Iran d'aujourd'hui. Un pays où une
mère de martyr peut devenir une star de cinéma.

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INTENTIONS

Avec ce film se prolonge une collaboration débutée en 2007 avec Les murs
ont des visages. Nous nous étions rencontrés quelques années plus tôt aux
Langues Orientales, en cours de Persan, langue que nous parlons tous les
deux. Nous avons ensuite régulièrement séjourné en Iran, nouant des liens
d’amitié avec des gens de notre génération impliqués dans le milieu du
cinéma, et renouant avec des liens familiaux. Ce premier film à quatre mains
avait pour sujet trois frères soldats, morts au front, puis portés au rang de
figures héroïques. Ce film portait déjà en son cœur la question de la
représentation, de la mise en scène, de l'étrange jeu de miroir entre politique
et cinéma... En réalisant cette fois un film autour d'une figure féminine du
Téhéran populaire, nous désirons approfondir ce travail commencé il y a une
dizaine d'année.

Au départ, il y a donc notre désir de donner un rôle titre à cette comédienne


singulière. Un rôle qui vient concrétiser un sentiment de respect, de curiosité
et de tendresse que nous éprouvons pour elle. Notre relation est aussi faite
d'incertitudes. Pour elle, nous sommes les réalisateurs venus de
« l’étranger » dans un registre de cinéma qu'elle ne connait pas ce qui, entre
les lignes, lui donne une liberté inédite. Quant à nous, bien des choses nous
échappent chez Madame Saïdi. La nature des ses convictions religieuses par
exemple. Mais au fond, c'est parce qu'il y a cette incertitude qu'il y a une
curiosité mutuelle. Une forme de complicité aussi. L'envie de faire ce film.

Il y a également notre désir de filmer les quartiers populaires de Téhéran. De


les regarder autrement. Souvent ramenés à leur mauvaise réputation
(quartier voyou et islamiste), ces quartiers sont à nos yeux des territoires
d'une grande richesse humaine. Quartiers où circulent histoires, légendes,
superstitions et où l'on croise encore des figures telle Madame Saïdi. Dans un
Téhéran en plein bouleversement, ils sont les derniers lieux d'un certain vivre
ensemble. Pour nous Ali Abad est une terre de cinéma. C'est de là que nous
voulons regarder l'Iran d'aujourd'hui, dans toute sa complexité.

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Ce qui nous interroge chez Madame Saïdi, c'est l'improbable mélange des
genres qu'elle incarne : la figure pieuse et la figure de « Tata Gazi ». À
l’image de ces deux cadres accrochés sur le mur du salon de Madame Saïdi :
son diplôme officiel de « mère de martyr », et juste à côté, son prix
d'interprétation pour son second rôle dans le film « l'Or et le cuivre ».
A bien des égards nous avons rencontré avec Madame Saïdi un archétype
féminin : celui de la femme des quartiers populaires, traditionnels et
conservateurs. Mère courage éprise de sacrifice, exemple de pudeur et de
ferveur religieuse. À sa façon, Madame Saïdi fait tout pour être une mère de
martyr exemplaire.
Avec Madame Saïdi nous avons aussi rencontré une femme « hors norme ».
Une femme qui a un âge avancé s'est inventée un destin improbable pour
une femme de son milieu, celui de comédienne au profil comique quand la
société voulait la confiner au rôle de pleureuse. Jouer la comédie, sans
remettre en cause directement l'ordre des choses, c'est sa manière à elle de
faire bouger les lignes.

MADAME SAÏDI, nous donnera l'occasion de filmer dans un même


mouvement deux mondes qui se côtoient rarement. Le monde de son
quartier, traditionnel et religieux, centré sur la culture du deuil propre à
l'Iran. Le monde des plateaux, plus progressistes, affairés à fabriquer du rire,
du divertissement. Elle nous fera rentrer dans les coulisses d'un univers
cinématographique méconnu : celui de la comédie à l'iranienne qui, si elle ne
s'exporte pas, est florissante et jouit d'un grand succès populaire à l'intérieur
du pays.

Le film sera un portrait à la fois intime et publique. Dans l'intimité de son


salon, où nous serons ses invités et interlocuteurs. Dans sa vie de tous les
jours, à l'extérieur, où nous essayerons de dépeindre les choses de manière
plus distancié.
Chez elle, nous souhaitons donner à Madame Saïdi l'espace et le temps de
raconter son histoire, de se raconter. Un temps pour sa parole, un espace
pour la vitalité de son corps.

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A l'extérieur, dans le quartier et sur les plateaux, c'est la manière qu'elle à de
se mouvoir avec les autres que nous regarderons. Par expérience, nous
savons que Madame Saïdi, parce qu'elle est filmée, parce qu'il s'agit de son
film, n’oubliera pas complètement la présence de la caméra. Elle saura
l'utiliser à son avantage. Elle fera tout pour être une bonne comédienne, pour
bien incarner son rôle. Quitte à faire de l'ombre aux autres et à en faire plus
que d'habitude. Ce que nous voudrions saisir, c'est jusqu'où Madame Saïdi
est prête à aller, par ce désir de cinéma, par ce désir de tenir son rôle.
Comment elle creuse, avec liberté, un écart entre la personne et le
personnage.

Notre relation metteurs en scène/comédienne sera mise en avant. Dès le


début, apparaîtra l'enjeu du film : faire le portrait d'une comédienne. Le film
s'ouvrira sur cet engagement : elle sera notre comédienne, nous serons ses
metteurs en scène.
En général, dans un documentaire, le « contrat » est de ne pas rémunérer les
protagonistes. Pour ne pas altérer le « réel ». Pour ne pas semer le doute
dans l'esprit du spectateur. Mais dans le cas de MADAME SAÏDI, notre
comédienne ne peut pas concevoir, avec sa culture du cinéma, qu'elle ne soit
pas payée quand elle devant une caméra, quelque soit la nature du film.
Nous avons décidé de rémunérer sa participation. Et de le dire d'entrée au
spectateur, afin d'exposer les règles du jeu que notre film propose. C'est une
manière de lui laisser sa place dans le film. A partir de là, beaucoup de
choses sont possibles.

Dans MADAME SAÏDI, Madame Saïdi jouera à être Madame Saïdi. Et d'une
certaine manière nous jouerons à être ses metteurs en scène. Pas tant pour
approcher l'idée théâtrale que dans la vie tout est jeu, mais plutôt pour
mettre en scène le paradoxe du comédien, qui est aussi celui du cinéma :
l'art de faire du vrai avec du faux, de masquer pour mieux montrer. De la
même manière que la propagande est l'art de faire du faux avec du vrai. Ce
motif de la mise en scène trouvera des échos dans les différentes situations
que Madame Saïdi traverse : à la mosquée sous la direction du mollah, sur

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les plateaux sous la direction du réalisateur... A chaque situation ses codes,
ses textes, ses répétitions, sa manière de se mettre en scène.

En Iran, on a l'habitude de dire que la vérité ne se révèle jamais directement,


mais qu'elle apparaît toujours voilée. Il ne s'agira pas tant de chercher à
dévoiler la « vraie » Saïdi, celle qui se cacherait sous la mère de martyr, sous
le masque de la comédienne... Mais plutôt de la faire jouer, la laisser se
révéler à travers le jeu. Nous laisserons à Madame Saïdi la maîtrise de ce
qu'elle veut montrer ou cacher. Dans ce film le jeu ne sera pas l'opposé du
vrai. Mais l'une de ses modalités.

Comme dans tout portrait sensible, l'image obtenue en dira autant sur celle
qui est regardée, que sur ceux qui la regardent. Qu'est ce qui anime le désir
de cinéma de Madame Saïdi ? Jusqu'où notre désir commun peut nous
emmener ?

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TRAITEMENT

L'équipe
Nous travaillerons en équipe réduite, dans la même configuration que pour
notre film précédent. À l’image, nous serons tous deux au cadre, en
alternance. La caméra sera le plus souvent sur pied, en plan fixe. Cela
permettra une homogénéité de style mais également de faire ressortir les
choix de cadrage. Nous chercherons un cadrage sobre et précis soutenu par
un regard patient et attentif. Au son, nous serons accompagnés par le même
ingénieur du son iranien Farokh Fadai. Outre la finesse de son travail, il
possède une connaissance intime du milieu dans lequel se tourne le film
pour avoir lui-même grandi dans cette culture religieuse des quartiers
populaires. Il saura être à l'écoute.

Un portrait
Le motif du portrait sera un élément central du film. Le film aura pour axe
narratif principal la réalisation d'un film-portrait. Il s'ouvrira sur
l' « engagement » de Madame Saïdi.
Dans la progression du film, nous verrons le portrait de Madame Saïdi
apparaître par touches, sous le pinceau d’un peintre du quartier, Mansour
Elahi. Rencontré lors de nos voyages précédents, cet ancien peintre de
propagande s’est aujourd’hui reconverti dans les affiches de cinéma. Âgé
d’une cinquantaine d’années, cet ancien combattant de la guerre Iran Irak a
grandi à Ali Abad. À l’époque, il avait réalisé des portraits de ses camarades
morts en « martyr » à l’attention des familles du quartier, qui les
accrochaient dans leur salon.
Nous lui proposerons de réaliser l’affiche de notre film avec, en son centre, le
portrait de Madame Saïdi. Nous lui rendrons visite avec Madame Saïdi qui
viendra poser dans son atelier. Il la questionnera sur le sujet du film, le ton,
le genre, le rôle principal et les personnages secondaires, tout en esquissant,
au crayon gris d’abord, les grandes lignes du visage de Madame Saïdi.
Les murs du quartier sont recouverts des portraits des héros de la
Révolution, les murs de l'appartement possèdent également les leurs. Par le

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cadrage, nous déclinerons les différentes valeurs du portrait : portraits
intimes, officiels, individuel ou de groupe. Par le montage, c’est autant de
visages qui seront mis en regard dans le film.

Au jour le jour
Le portrait de Madame Saïdi se fera au fil des visites que nous lui rendrons
plusieurs fois par semaine. Venir prendre des nouvelles et continuer le film
se feront dans un même geste. Ce rythme sera notre méthode de travail, il
donnera au film son caractère intime. Le tournage s'étalera sur plus de deux
mois. Le temps de trouver nos marques avec Madame Saïdi mais aussi le
temps de se fondre dans la vie du quartier. De manière générale, il s'agira de
ne pas imposer un dispositif trop rigide, mais de savoir travailler dans la
complicité, s'ajuster à notre personnage.

Le quartier d'Ali Abad


Le quartier est bordé par une imposante et bruyante deux fois deux voies. A
son entrée, se trouve la fresque murale représentant les trois « martyrs »
Dastvaré. On y pénètre par une rue principale qui nous mène jusqu'à la
petite mosquée et les quelques commerces de la rue. Le reste du quartier est
composé d'un réseau de ruelles étroites où les maisons dépassent rarement
les deux étages. Aujourd’hui cerné par la grande ville, Ali Abad garde ses
allures villageoises. On traine sur le pas de la porte. On se salue. On discute.
La vie du quartier s'organise autours des nombreuses fêtes religieuses. Pour
l'occasion, on sort décorations, guirlandes lumineuses, hauts-parleurs...
L'histoire du quartier, son engagement révolutionnaire, se lira sur ses murs :
rue portant le nom d'un martyr du quartier, portrait officiel des dirigeants
chez les commerçants... C'est dans les pas de notre personnage, dans ses
déplacements quotidiens, que nous découvrions le quartier.

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La Maison de Madame Saïdi
La maison est à l'image des autres maisons du quartier : modeste et
familiale. Un rez-de-chaussée et un étage donnant sur une cour pavée.
Madame Saïdi habite au premier étage avec son mari. Le rez-de-chaussée a
été laissé à leur fille cadette et sa famille.
On y pénètre par seuil : de la rue à la cour (après avoir soulevé un
traditionnel rideau qui « protège » des regards extérieur), du vestibule où
l'on dépose les tenues d'extérieur au salon, passant ainsi progressivement,
selon un rituel établi, du public à l'intime.
En Iran, et d'autant plus dans un quartier traditionnel, l'attitude publique et
domestique diffèrent. Madame Saïdi se recouvre de son tchador noir dès
quelle quitte le pas de la porte de la cour. À l'intérieur, elle ne porte qu'un
foulard coloré. Avec ses changements de costume, les passages de ces
différents seuils seront ressentis dans le film.

Le salon
C’est la pièce principale. Au sol, trois grands tapis. Un poêle à gaz et une
cheminée. Le seul meuble de la pèce est une petite commode sur laquelle est
posée une télévision.
Tout le monde s'assoit à même le sol. Sur le rebord de la cheminée sont
posés les seuls éléments de ce modeste décor : une pendule, un vieux
transistor, le portrait de leur fils martyr, le diplôme de « mère de martyr »
délivrée par la « Fondation des martyrs ». Une photo officielle de l’ayatollah
Khomeiny. À ce petit décor, sont venus s'ajouter les prix d'interprétation
gagnés par Madame Saïdi dans divers festivals de cinéma en Iran. Ces
quelques objets et images racontent à leur manière le personnage qu'est
Madame Saïdi, le mélange des genres qui l'anime. Nous filmerons ces objets.
Ils serviront à notre portrait. Ils seront également utilisés par Madame Saïdi
comme des accessoires de jeu. C'est elle qui ira les prendre lorsqu'elle
voudra nous expliquer quelque chose où illustrer un moment de sa vie.

.18
Un récit en actes
En notre présence, Madame Saïdi transforme son salon en un petit théâtre.
Elle fait des allers retours dans la chambre d'à côté et en revient par la porte
à la manière dont on passe des coulisses à la scène. Ce dispositif scène /
coulisse, avec ses entrées et ses sorties, c'est elle qui nous l'a proposé –
« imposé » - dés la première visite que nous lui avons faite. Nous occupons
la place des invités et celle du public. La caméra est placée sur pied à notre
niveau, dans l'axe de notre regard. À chaque fois que Madame Saïdi fait une
sortie, la caméra reste sur le cadre de la porte, attendant sa prochaine
apparition sur la scène restée vide.
Madame Saïdi ne se contente pas de répondre à nos questions. Elle déploie
tous ses talents de comédienne. Elle passe, dans un même mouvement, du
récit oral au style direct, se lève et se met à rejouer une scène, disparaît et
revient vêtue d'un « costume », fait les questions et les réponses...
Dans son salon, elle nous racontera des épisodes de son histoire : l'enfance
villageoise, la valse des prétendants lorsqu'elle était une belle jeune fille
courtisée et le choix qu'elle a fait de son mari. Elle nous racontera son
engagement dans la Révolution, son rôle dans les comités de quartier, le

.19
martyre de son fils... Nous la questionnerons sur sa carrière de comédienne.
Depuis quand rêve-telle de devenir comédienne ? Comment a-t-elle débuté ?
Qu'est-ce que cette célébrité tardive a changé dans sa vie ? Ses rôles les plus
marquants ? Elle évoquera des épisodes de sa carrière, rejouera certaines
scènes, répétera les phrases « cultes » qui l'ont rendu célèbre.
Son mari, sera toujours là en notre présence – un homme pouvant
difficilement laisser sa femme seule avec deux personnes étrangères à la
famille. Le mari apportera vraisemblablement un contrepoint flegmatique, le
fils Djalal, lui, à sa façon coachera sa mère. Ils compléteront certains
souvenirs concernant la vie de Madame Saïdi. Et la vie des plateaux, puisqu’il
leur arrive régulièrement de l’accompagner, et parfois même d’avoir des
rôles de silhouettes ou de figuration sur les films dans lesquels elle joue.

Le petit écran
Comme chez de nombreuses familles, la télévision tient une place centrale
dans le salon. Elle y est allumée une grande partie de la journée. Qu'on la
regarde ou pas, elle agit comme un bruit de fond. Pour le film, elle sera une
ouverture sur le hors champs. On saisira par bribes les événements tels qu'ils
sont évoqués par les chaines nationales.
La télévision du salon va progressivement devenir un accessoire jouant. Dans
le cadre de celle-ci, nous montrerons des extraits de la télévision
d’aujourd’hui : la série « Les biens assis » dans laquelle Madame Saïdi joue
son rôle de Tata qazi, des reportages de propagande consacré aux parents
de martyr, des images de la Révolution...

.20
Madame Saïdi se racontera avec ces images. Elles pourront servir de point de
départ pour une de ses histoires. Elles permettront de creuser les situations,
en nous faisant apprécier les similitudes et les différences entre la personne
de Madame Saïdi, et le personnage porté à l’écran. De voir comment un
drame intime se raconte en tête-à-tête, et comment il est mis en scène pour
une chaîne de télévision nationale.

Rituels et répétitions.
Le quotidien de Madame Saïdi s'organise autour de ses obligations
religieuses de mère de martyrs et de ses relations de voisinage. Elle se rend
plusieurs fois par jour à la mosquée. Dans ce quartier où tout le monde se
connaît, surtout parmi les anciens, c'est à ce moment que s'échangent les
salamaleks de circonstance, que l'on commente les nouvelles du jour. À ce
petit rituel social Madame Saïdi est en général assez active.
Chaque semaine, les jeudis, « jour des morts », les familles de martyrs sont
emmenées en bus jusqu'au grand cimetière de Behecht Zahra. L'ambiance est
spectaculaire, entre la musique lancinante diffusée par des haut-parleurs, les
drapeaux volant au vent, les nombreuses vitrines où sont exposés les
portraits des jeunes martyrs. Une fois par semaine, Madame Saïdi se rend au
Hosseinié du quartier pour y suivre avec un groupe d'autres femmes des
cours d'alphabétisation, basé sur l'apprentissage et la répétition de leçons de
morale.
Ce quotidien sera filmer de manière plus distancié. Contrairement à ce qui se
passe dans l'intimité du salon, nous nous effacerons, nous serons dans une
posture d'observation. En filmant ces scènes, nous chercherons à saisir une
interaction, pointer les codes du cérémonial.

.21
Sur les plateaux
Madame Saïdi se rend régulièrement sur le tournage de la série Les bien assis
réalisé par Reza Attaran. Toujours en position d'observateur, nous filmerons
les équipes au travail. Nous verrons comment ce monde « professionnel »
compose avec le côté autodidacte de la comédienne. Nous serons attentifs à
l’interaction entre Madame Saïdi et les autres acteurs. Nous verrons comment
son réalisateur contourne les refus de Madame Saïdi, de dire telle chose ou
de faire telle autre pour rester « digne » ; comment il façonne ce personnage
populaire qu’elle incarne. Mais au-delà de la description des turpitudes de la
vie de tournage, nous chercherons à présenter le cinéma dans ce qu'il a
d'artisanale et factice : comédiens, décors, mouvements de caméra, lumière,
prise, répétition. C'est finalement notre propre démarche dont nous ferons le
portrait.

En voiture
Nous découvrirons la ville de Téhéran lors des déplacements de Madame
Saïdi. Vers le sud et ses paysage désolés lorsqu'elle se rend au grand
cimetière de Behesht Zara. Vers le nord et ses grattes ciels lorsqu'elle se rend
sur les plateaux. Les paysages urbains défileront au travers de la fenêtre de
la voiture. Ces moments seront une manière de dessiner un portrait d'une
ville pleine de contraste. Cela sera aussi l'occasion de moments
d'introspection ou de discussion imprévue avec les autres passagers.

.22
Un jeu de regard
Le film se construit dans un jeu de regard. Le regard que nous portons sur
Madame Saïdi, le regard qu'elle porte sur elle-même et le regard que les
autres (peintre, réalisateurs, proches...) portent sur elle. Le montage viendra
bousculer la linéarité. Il faudra veiller à rendre au personnage toute sa
complexité. Ne pas la ramener à un archétype mais la laisser déborder du
cadre. Faire s'entrechoquer les différentes facettes, mettre en résonance les
situations, les idées.
À l'image de Madame Saïdi, il faudra naviguer entre le cinéma documentaire
et son désir de fiction afin de tenir le spectateur en alerte en le faisant
s'interroger constamment sur ce qu'il voit et ce qu'il entend.

.23
.24
SEQUENCES

Les séquences qui suivent ne constituent pas le scénario définitif du film.


Elles sont là pour donner une idée de la façon dont nous pourrions agencer
les différents facettes de Madame Saïdi. La façon également dont l’imprévu
pourrait arriver dans le film. Ces séquences sont écrites à partir
d’expériences vécues, ou inspirées de moments de vie partagés avec
Madame Saïdi et les personnages du quartier. Pendant le tournage du film, il
s’agira bien sûr d’en accueillir d’autres.

Un engagement – Appartement de Madame Saïdi-fin de journée.

Le salon de Madame Saïdi est vide. Au mur, on aperçoit une série d'images
encadrées : le portrait du « martyr » Reza, un portrait officiel de Khomeiny,
des photos de famille... On entend des bruits de vaisselle venant d'à côté.
Après un moment Madame Saïdi apparaît dans le cadre de la porte. Elle porte
un foulard coloré. Après nous avoir servi joyeusement le thé, elle finit par
s'asseoir, face à la caméra.

MADAME SAÏDI
Et voilà. Prenez une sucrerie !
On en était où déjà ?

NOUS
On disait que vous avez fait une belle carrière depuis notre
dernière visite, il y a sept ans. Vous êtes célèbre maintenant.
Les amis chez qui nous logeons dans le nord de la ville vous
connaissent, le chauffeur de taxi avec qui nous sommes venu
aussi...

MADAME SAÏDI
Attendez. Il faut que je vous montre quelque chose. Des
journalistes sont venus me voir. Attendez...

.25
Madame Saïdi se lève et tire une pochette plastique de derrière le poste de
télévision. Elle est bourrée à craquer. Elle en sort, un par un, les prix
d’interprétation qu’elle a reçu, en énumérant les séries télé et les films. Les
prix, disposés au sol, recouvrent une bonne partie des tapis. Pour finir, elle
prend le trophée, sur la télé, passe un coup de chiffon dessus et le pose à
côté des autres.

MADAME SAÏDI
Vous pouvez lire ce qui est écrit là ? En nous désignant une
coupure de presse.

NOUS
« Madame Saïdi... Superstar d'Ali Abad »

MADAME SAÏDI
Regardez ce que j'ai reçu. Des scénarios. Mais
malheureusement je ne peux même pas les lire. Je ne sais
pas.

NOUS
Madame Saïdi, On est revenu vous voir parce qu’on voudrait
vous engager dans un film.

MADAME SAÏDI
Je suis à votre disposition.

NOUS
C’est un film où vous tenez le premier rôle. Votre portrait en
quelque sorte.

MADAME SAÏDI
Je dirai ce que vous voudrez. S’il faut pleurer, je pleure. S’il
faut rire, je ris.

.26
NOUS
Cette fois-ci, c’est un peu différent. C’est un film
documentaire, il n’y a pas de scénario. L’histoire, c’est la
vôtre. Elle se passe ici, chez vous, et dans le quartier.

MADAME SAÏDI
C'est plus facile à la maison. Se rendre dans les studios, c'est
fatiguant. Et puis il faut toujours attendre des heures. En
plus, tous mes costumes sont ici.
Avant, il faut que vous parliez avec mon fils Djalal, c'est lui
qui s'occupe de tout. Il ne va pas tardez. Attendez, je
l'appelle...

Elle prend, le téléphone posé par terre et compose un numéro.

Allo ?! Écoute, les étrangers sont là. Ils me veulent... Oui un


film. Il faut que tu viennes leur expliquer... Je leur ai dit.
Viens...

NOUS
Madame Saïdi, comment êtes-vous devenue comédienne ?

MADAME SAÏDI
Voilà l'histoire : Il y a quelques années, une voisine est arrivée
et m'a dit « Tu veux jouer pour Séda o Sima ? ». J'ai dit :
« C'est quoi Séda o Sima ? ». Elle m'a dit : « C'est notre
télévision nationale ». J'ai dit « oui ». Je suis allée sur le film Le
jour de l'exil de Kianoush Ayari. Là-bas, j'ai refusé de porter
les habits qu’on me donnait. Ils voulaient nous habiller en
aristocrates à la mode du Shah ! Le foulard noué dans la
nuque ! J'ai fait tellement de bruit que le réalisateur m'a
remarqué. Il a pris mon nom. Quelques mois plus tard, le

.27
téléphone sonne. C'était Reza Atarran, un autre réalisateur. Il
m'a dit : « Vous voulez être comédienne ? ». J'ai gardé le
silence et pendant ce temps je me disais en moi-même : « j'y
vais ? J'y vais pas ? J'y vais ? » Finalement j'ai dit : « Je viens ».
Mon mari était resté à me regarder. Il m’a demandé : « C'était
qui ? ». Je lui ai répondu : « Un réalisateur de cinéma. On me
veut comme comédienne ». Je lui ai demandé l’autorisation. Il
a eu la gentillesse de me la donner… C'est Dieu qui m'a
donné la force et le courage de devenir comédienne. C'était
écrit...

Des bruits de pas se font entendre dans l'escalier. Djalal pénètre dans le
salon, nous salue et viens s'asseoir aux côtés de sa mère. Il nous raconte
qu’il a fermé sa boutique de téléphones mobiles pour se consacrer
entièrement à la carrière de sa mère.

DJALAL
Je suis directeur artistique maintenant. Voilà ma carte.
ll m'arrive de jouer des petits rôles. L'autre fois j'étais un
policier. C'est ma mère qui me trouve les rôles… Alors vous
voulez Madame Saïdi pour un film ?
Vous entendez Mère ! (Avec une pointe de malice dans le
regard)
Cette fois-ci, vous allez recevoir des euros !

Nous lui expliquons qu'il ne s'agit pas d'une production de fiction et qu'en
conséquent la question du salaire ne se pose pas dans les mêmes termes.
Nous lui expliquons la démarche. « Un portrait ? Très bien». Il expose l'idée à
sa mère. Le détail du portrait, ou de la biographie, ne semble pas intéresser
Madame Saïdi outre mesure. Djalal, lui, parait content de faire sa première
« production étrangère ».

.28
DJALAL
Une fois Dubaï nous a contacté pour un film, mais ils n'ont pas
voulu verser l'argent à l'avance. J'ai refusé.

Nous lui demandons à combien il estime le salaire pour la participation de sa


mère au film. Après hésitation, il nous annonce un prix élevé. Nous finissons
par nous mettre d'accord sur une somme. La moitié payée au début du film.
L'autre moitié à la fin. Madame Saïdi, restée à l'écart des négociations, se
réjouit de notre décision.

MADAME SAÏDI
Par quoi commence-t-on ? Je suis prête.

NOUS
Alors on dirait que le film a déjà commencé.

Chez le peintre – appartement – jour.

Nous sommes chez le peintre Mansour Elahi. Il nous raconte que depuis
notre dernière visite il a été contraint de vendre sa maison pour s'installer au
quatrième étage de cette nouvelle construction. L'ancienne maison lui
manque mais avec la crise économique il s'estime encore chanceux. Nous lui
demandons s'il peint toujours.

LE PEINTRE
Les commandes sont rares. Je peins surtout pour moi
maintenant. Des natures mortes, des paysages. Quelque
chose qui exprime la recherche d'une certaine sérénité. Si je
pouvais, je partirais vivre hors de la ville.

NOUS
Nous voudrions que vous réalisiez l'affiche du film. Pourriez-
vous nous montrer des images de votre travail ?

.29
Il ramène un album dans lequel il garde une photographie de chacune des
ses œuvres. Se côtoient portraits des leaders de la révolution, visages de
martyrs et visages grimés des stars de cinéma. Il feuillette l'album. Les
visages défilent.

LE PEINTRE
Celui-ci, c'était à l'époque de la guerre, des martyrs... Là,
c’est un portrait de l'Imam, une commande du ministère de la
défense… Là, c'est l'actrice Niki Karimi pour le film « Je me
meurs ! ». J'aime le travail des couleurs...

Dans son salon, le peintre finit d'installer une toile blanche sur un vieux
chevalet en bois. La toile fait environ un mètre cinquante sur deux mètres.
Madame Saïdi est assise en face de lui, sur le tapis. Le peintre lui demande
de bouger un peu sur la droite et de regarder derrière lui. Madame Saïdi
s'exécute. Une discussion s'engage à propos du film. Un portrait ? Mais
quelle histoire ? Quels sont les autres personnages ? Qu'est-ce que doit
mettre en avant l'affiche ? Madame Saïd lui explique le film à sa façon. Puis la
conversation change de sujet.

LE PEINTRE
Je me souviens de votre fils Résa, que Dieu ait son âme. Il
était quelques classes au-dessus de moi. J'ai peint beaucoup
de portraits pour les mères de martyr du quartier. À chaque
fois je leur ai demandé la permission. Dans mon sommeil,
leurs visages m'apparaissaient. J'ai parlé avec eux. Faire un
portrait, c'est peindre ce qu'il y a à l'intérieur. Ces garçons
avaient le cœur pur. C'est ce que j'ai voulu montrer.

.30
MADAME SAÏDI
Il n'y a pas de mots pour exprimer la douleur de nos cœurs.

La discussion se poursuit, entrecoupée de silences prolongés. Le peintre


observe. Exécute un trait. Regarde son modèle. La caméra s'attarde sur les
visages des deux personnages.

Le grand cimetière de Téhéran. Behest Zara. Jeudi, « jour des morts ».

Les places de parking se remplissent rapidement, avec la valse des autobus


venus de tous les quartiers de la ville. Des files d’hommes et de femmes
descendent et s’avancent dans les allées du cimetière. Madame Saïdi se tient
face une pierre tombale. Elle porte son tchador noir. Son visage est solennel.
Elle va chercher un arrosoir posé un peu plus loin et va le remplir d'eau. Elle
revient et verse de l'eau sur la pierre tombale. D'un geste de la main elle
commence à la nettoyer. On aperçoit les décorations de la tombe : « Martyr
Résa Lashgari.... ». Après quelques instants, Madame Saïdi s’accroupit à côté
et, une main sur la pierre, commence à murmurer des paroles inaudibles. Elle
« parle » à son martyr. La caméra s'attarde quelques instants sur le visage de
Madame Saïdi. En plan large, on découvre le « carré des martyrs ». Devant les
nombreuses tombes se dressent des petits pupitres à l'intérieur desquels
sont posés des portraits photographiques des disparus. Souvent de jeunes
garçons. Madame Saïdi s'est levée. Elle distribue les dattes traditionnelles à
d'autres femmes en tchador, elles aussi réunies autours d'une tombe. On
entend des murmures et une musique lancinante diffusée par les hauts
parleurs.

Un tournage-intérieur jour

Aux studios de Séda o Sima, une équipe est réunie pour le tournage d'un
épisode de la série Les biens assis. Dans un décor de salon, Madame Saïdi
fait face à une jeune femme. La conversation est animée.

.31
MADAME SAÏDI
Ecoute-moi bien ma fille. Je te l'ai déjà dit des centaines
de fois. Ce garçon n'est pas pour toi. Il n'a pas de métier.
Pas de maison. Pas de voiture. Si je le revois par ici, je le
mets dehors et lui fais une manchette !
Tu m'as entendu ?!...

LA FILLE
Mère ! J'aime ce garçon... Il n'est pas celui que vous
pensez. Si seulement vous la connaissiez vraiment. (...)

MADAME SAÏDI
C'est lui qui va apprendre à me connaître s'il remet les pieds ici !

REZA ATTARAN
Cut !

Le réalisateur Reza Attaran rentre dans le champ, suivi de ses deux


assistants.

REZA ATTARAN
C'était bien. Mais vous avez encore changé une phrase !

Des sourires s’affichent sur les visages des membres de l’équipe.

MADAME SAÏDI
Le dialogue n’est pas naturel, c’est ça le problème ! Tous vos
grands acteurs suent à grosses gouttes pour apprendre leurs
dialogues. Moi, non. Il faut que ce soit naturel. Que ça vienne
de moi. Je sais comment il faut parler aux jeunes femmes.
Faites moi confiance. Sans moi, votre film perdrait de sa
saveur !

.32
REZA ATTARAN
Très bien. A l'équipe. On fait une pause et l'on reprend
dans quelques minutes. Tout le monde reste sur le
plateau. En direction de la maquilleuse
Vois si tu peux faire quelque chose pour Madame.

La maquilleuse s'approche et fait signe à Madame Saïdi de la suivre.


Dans sa loge Madame Saïdi fait face à son miroir, silencieuse. La maquilleuse,
lui passe un peu de fond de teint. Puis après un instant d'introspection :

MADAME SAÏDI
Ma fille, tu me rappelles ma sœur quand elle avait ton âge.
Sauf qu'à mon époque, on aurait jamais osé ce maquiller
comme vous autres ! Sauf pour notre mariage. J'avais 14 ans,
ma belle.

Intérieur d'un taxi – Autoroute - Nuit


Madame Saïdi est assise à l'arrière d'un taxi qui roule sur l'autoroute qui joint
le Nord et le Sud de la ville. Le décor défile par les fenêtres : grandes tours
de verre illuminées, publicités Samsung, serpent lumineux rouge et jaune de
la circulation. La lumière vient balayer le visage de la comédienne.
L'autoradio diffuse une chanson pop qui se mêle à la rumeur de la ville.
Madame Saïdi et le chauffeur gardent le silence. Puis ce dernier lance la
discussion.

LE CHAUFFEUR
Excusez-moi Madame, vous me permettez moi de vous
poser une question ?

MADAME SAÏDI
Je vous en prie, vous êtes comme mon fils.

.33
LE CHAUFFEUR
Qu'est ce que cela fait à une femme respectable comme vous
de devenir célèbre ?

MADAME SAÏDI
Vous croyez que je me laisse avoir par les flatteries des
courtisans ?
C'est mal me connaître.

LE CHAUFFEUR
Mais l'argent ?

MADAME SAÏDI
L'argent ne change rien, croyez-moi…Enfin, j'ai pu faire
mon pèlerinage à la Mecque deux fois. Ça coute cher, c’est
vrai…

LE CHAUFFEUR
Que Dieu vous garde sainte femme…
Vous savez Madame, comme vous me voyez là, j'ai l'air de
rien. Un simple chauffeur de taxi qui use sa vie du soir au
matin dans cette ville. Mais, j'ai beaucoup voyagé. Malaisie,
Japon, Russie... J'ai un diplôme d'ingénieur civil. J'opérais sur
les grands chantiers. A l'époque du Shah... Personne n'est
plus à sa place de nos jours...

MADAME SAÏDI
On dit : « Prince et mendiant ne sont-ils pas égaux devant la
mort ?».

LE CHAUFFEUR
(...)

.34
Appartement Madame Saïdi – fin de journée.

Madame Saïdi est en train de mettre de l'ordre sur la cheminée du salon et


passe en revue les images posées dessus : le portrait de son fils, son diplôme
de mère de martyr, une image peinte de madone, un prix d'interprétation,
une photo de famille... Elle semble pensive. Elle se retourne vers nous et
commence à nous parler :

MADAME SAÏDI
Vous savez parfois je me dis que le monde est comme un
plateau de cinéma. Nous sommes tous comme des acteurs.
Hommes et femmes. Nous faisons nos entrées et nos sorties.
Et durant notre vie nous jouons plusieurs rôles. Moi j'ai tenu
tant de rôles : jeune fille, épouse, sage femme, mère de
martyr, comédienne... Certains trouvent que leur rôle leur
convient. D'autres non. Et dans ce grand film qu'est notre vie
nul ne connaît le scénario. Pour certains elle est une comédie,
pour d'autres une tragédie. Moi j'improvise... L'important
c'est de jouer...

Après un silence, elle se retourne vers la caméra.

C'est ça non ?

NOUS
Oui, c'était pas mal. On en fait une autre ?

La sonnette se fait entendre. Madame Saïdi sort du salon et après quelques


instants revient accompagnée de Zahra, sa petite fille. Elle porte des sacs de
courses. Une jeune fille de 17 ans environ rentre dans le salon. Elle porte la
tunique scolaire, un pardessus bleu marine et un foulard qui lui cerne
rigoureusement le visage.

.35
MADAME SAÏDI
Vous m'excuserez mais je dois préparer le diner. A la jeune fille
Zahra, fais la conversation à nos invités pendant ce temps.

La jeune fille nous salue et vient s'asseoir en face de nous, pause son
cartable à côté d’elle. Elle semble gênée. Nous laissons quelques instants la
télévisions occuper le silence. A la télévision, un speaker annonce que « la
marine nationale se prépare à exécuter des manœuvres dans le sud du pays
pour faire face à la menace ennemie ». Nous engageons la conversation.

NOUS
Nous faisons un documentaire sur ta grand-mère. Cela
t'arrive d'en regarder.

ZAHRA
Oui. Sur le satellite. Mais chez des camarades. Je préfère les
films étrangers.

NOUS
Le métier de comédienne t’intéresse autant que ta grand-
mère ?

ZAHRA
Le problème en Iran, c'est qu'au cinéma, les femmes n'ont
jamais de rôles intéressants. C'est toujours la même chose.
Soit c'est la gentille femme au foyer soit la maîtresse
perverse. Elles ne sont jamais de vraies héroïnes de cinéma
qui prennent leur vie en main.

Après un silence :

Je voudrais m'inscrire en médecine. Mais il faut que


j'obtienne une bourse pour cela. Les inscriptions coûtent

.36
une fortune maintenant.

Madame Saïdi fait son apparition. Un album photo à la main. Elle le tend à sa
petite fille.

MADAME SAÏDI
Tiens Zahra chérie. Tu peux leur montrer les photos de Résa
et du village. Fais bien attention de ne pas leur montrer les
photos « privées ».

Madame Saïdi disparaît dans la cuisine.

ZAHRA
Ma grand-mère ne veut pas vous montrer les photographies
où elle ne porte pas le voile… Elle est de culture
traditionnelle, vous comprenez ?

Appartement Madame Saïdi – matin

Dans le salon, la télévision est restée allumée. Sur l'écran, on aperçoit un


avion sur le point d'atterrir sur la piste. Il touche enfin le sol. Madame Saïdi
fait son entrée dans le salon. Elle s'adresse à son mari hors champs.

MADAME
Mon cher ! Réveille-toi ! L'avion vient d'atterrir. Il est
revenu !

LE MARI (mal réveillé)


Qui ?! Qui est revenu ?

MADAME SAÏDI
L'Imam ! Mon Dieu, de qui veux tu que je parle ?

.37
Elle se dirige avec précipitation vers la fenêtre pour regarder ce qu'il se
passe.

MADAME SAÏDI
Les voisins sont dehors. Viens voir. Il faut que nous allions
l'accueillir. L'Imam est revenu.

Sur le poste de télévision, l'avion Air France vient de s'arrêter sur le tarmac.
La porte s'ouvre. Khomeiny sort doucement et salue la foule d'un geste lent.

MADAME SAÏDI s'adressant à la caméra


Ce matin là, le 1 février 1979, nous sommes sortis avec
mon mari. Tout le quartier était là. Hommes, femmes,
enfants... Nous avons pris la direction du cimetière de
Behest Zahra. On disait que l'Imam allait y rendre hommage
aux premiers martyrs de la Révolution. Nous sommes partis
à pieds. Mon mari et moi étions jeunes à l'époque. Nous
avons marché, marché. Sans connaître la fatigue.

Elle marche de long en large dans le salon.

Une fois sur place. Il y avait une foule énorme. Sur une
estrade l'Imam était là. Il a parlé.

Elle s’assoit et regarde la photographie de l'Imam posée sur la cheminée.

NOUS
Qu'a-t-il dit ?

MADAME SAÏDI
On ne pouvait pas entendre. Il y avait trop de monde.

.38
LE MARI
On a entendu le discours plus tard en regardant la
télévision.

Sur le poste de télévision Khomeiny est assis face à la foule. On lui installe un
micro. L'ambiance est chaotique. Il ne bouge presque pas. Et commence son
discours d'une voix lente :
« Nous avons connu de nombreux malheurs, le malheur des femmes qui ont
perdu leur mari, le malheur des hommes qui ont perdu leurs enfants et le
malheur des enfants qui ont perdu leur père. Quand je regarde ces enfants
qui ont perdu leur père, j’ai le cœur lourd. Je présente mes condoléances à la
famille et au peuple. Nous avons fait tant de sacrifices. À quoi ont-ils servi ?
Qu'a fait le peuple iranien pour mériter ça ?... »

MADAME SAÏDI
C'est l'histoire. Revenez, je vous en raconterai encore
d'autres. J'ai tant vécu...

.39
Bijan Anquetil
Né le 26 juillet 1978
77 rue de Vitry 93100 Montreuil
06 03 45 80 69 - bijanquetil@gmail.com

Né à Paris d’un père français et d’une mère iranienne. Après des études de Philosophie et
d’Anthropologie visuelle, il réalise une série de films documentaires en Iran. Il prépare
actuellement un projet de film, suite du film La nuit remue.

Filmographie

2014

La Ballade d'Hamid Jan et de Sohban Sardari. Documentaire.


l’atelier documentaire. En préparation.

2013

Le terrain. Documentaire 45 minutes. HD. l’atelier documentaire.


Festival Cinéma du Réel (Paris), Festival Côté Court (Pantin), Filmer à tout prix
(Bruxelles) Festival de Douarnenez, Festival de Vendôme, Festival Images de a
diversité et de l’Egalité (Paris – Cité de l’immigration), Festival échos d’ici et
d’ailleurs (Labastide), Rencontres cinématographique de Cerbère, Les écrans
documentaires (Arcueil), Mois du film documentaire…

Catalogue du Forum des images. Catalogue Images de la Culture du CNC.

Prix à la Qualité du CNC 2013

2012

La nuit remue. Documentaire. 45 minutes. HD. Le Grec / film en


résidence à Périphérie.

FID Marseille – Grand Prix compétition française, Dok Leipzig - Best


short film – mention spéciale, Festival dei popoli – Compétition
internationale, Entrevues de Belfort - Compétition internationale, Jihlava
(République tchèque),

Catalogue Images de la Culture du CNC.

2011

Este Mundo Documentaire, dv / super 8. prod. Bijan Anquetil

.40
2007

Les murs ont des visages. ( co-réalisé avec Paul Costes)


Documentaire, 65 minutes. Coproduction France-Iran : Play film et
Documentary and experimental film center.

-Bourse « Déclic Jeune » de la Fondation de France.


-Festivals 2007-2008 : Lussas Etats généraux du film documentaire/ Doc
Point Helsinki / Doclisboa / Portugal - Tiburon IFF / U.S.A - Les écrans du réel
/ Beyrouth.

-Diffusion télé : BBC-farsi / Souria TV / France 0.

2004

Iran, en attendant demain. Documentaire 52minutes, dv. Les films du saut


du tigre.

-Festival : Roma Doc Fest / Art en exil.

-Diffusion : La chaîne parlementaire (LCP).

.41
Paul Costes
Né le 28 octobre 1977, à Tarbes
134 rue de Rosny
93100 Montreuil
paulcostes@hotmail.com
06 03 34 87 06

Réalisations

2014 LA CHAMBRE BLEUE. 59’. Documentaire.


l’atelier documentaire. Lyon tv. Collection Primavera. Aide à l’écriture et au développement du CNC.
Brouillon d’un rêve (Scam)

2009 CENDRES. 23’, 35mm. Fiction.


http://www.cendres-paul-costes.tumblr.com
Le G.R.E.C. Cinémas 93.
Adaptation de la nouvelle d’Olivier Adam « Cendres ». Goncourt de la nouvelle 2004.
Festivals : Festival International de Clermont Ferrand - Côté court /Pantin - Festival Visions sociales
/ Cannes 2009 - Rencontres de Montpellier - Cinéma nouvelle génération / Lyon – Ciné banlieues /
St Denis - Short shorts / Japon / Hors compétition - Varsovie / Centre Culturel Français.
Projections spéciales :
Soirée Bref MK2 Quai de Seine « Par-delà les frontières ». 01/2010.
Soirée découverte ciné 104 « De Paris à Téhéran, deux films de Paul Costes ». 02/2009.
Prix à la qualité du CNC.

2007 LES MURS ONT DES VISAGES. 65’, vidéo. Documentaire.

Co réalisation avec Bijan Anquetil. Play film - Documentary and experimental film center / Iran

Bourse « Déclic Jeune » de la Fondation de France.

Festivals : Lussas / France - Doc Point Helsinki / Finlande – Doclisboa / Portugal - Tiburon IFF /
U.S.A - Les écrans du réel / Beyrouth.

Diffusion télé : France Ô, 15/01/2010. BBC Farsi , 01/2009.

Presse : Télérama n° 3131. Les cahiers du cinéma / Décembre 2008.

2006 MATIÈRES PREMIÈRES. 30 mn, vidéo. Documentaire.

Les Films de la goutte d’eau - Rectorat de Paris.

Festivals : FID Marseille 2006 / Ecran parallèle Les Sentiers. - Les écrans du réel / Beyrouth.

2002 LE VENT PAR RAFALES. 22 mn, 16 mm, noir et blanc. Fiction.


Simulisphére - Les Films de la goutte d’eau.
Festivals : Les nuits du court métrage / Gers - Cinéma le République / Paris.

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Projets en cours

2013 LES LIGNES DE LA MAIN. Moyen-métrage de fiction.


Bathysphère production. En développement.

2013 MADAME SAÏDI. Documentaire.


l’atelier documentaire. Co réalisation avec Bijan Anquetil. En développement.
Bourse Louis et Lumière / « Madame Saïdi ».

2012 DANA. Long-métrage de Fiction.


Co écriture avec Gabriel Costes.

Films d’atelier

2012 – 2013 Coordination et création d’ateliers d’initiation à la réalisation documentaire.


Association Relief. Programme « Maison des fougères », Paris 20e.
2010 Formateur à la réalisation. LES TALENTS DU CONGO BRAZZAVILLE.
Brazzaville. 10 x 26’. Portraits d’artistes Congolais. Play film - Inzo ia bizibi – DRTV - Programme
MEDIA de l’Union Européenne.
2010 ATELIER CAMÉRA CITOYENNE, « Un Objet une histoire ». Maison des
Métallos- Festival Paris quartier d’été.
2008-2009 LE RÊVE A BESOIN D’EAU. 26 mn, vidéo. ALLER SIMPLE. 20mn, vidéo. Courts
métrages documentaires réalisés avec des collégiens. Projets du Rectorat de Paris - Fond social
européen.

Chef opérateur

2011 LA NUIT REMUE. Bijan Anquetil. 40’. Documentaire.


Grand prix compétition française/FID Marseille 2012.
2014 LA BALLADE D’HAMID ET SOBHAN. Bijan Anquetil. En préparation
2014 MON VOYAGE DE FLAUBERT AU LIBAN. Nadim Tabet. En préparation

Formation

2012 Résidence de Lussas. Formation à l’écriture documentaire.


2002/2004 Diplômé de l’E.S.E.C / Ecole Supérieure d’Etudes Cinématographiques.
Section : Métiers du plateau de cinéma et Écriture documentaire.
2001/2003 Conservatoire du 17 éme arrondissement . Professeur Michèle
Garray. Atelier « Le corps du mot », Martine Venturelli.
2002 : admissibilité au concours d’entrée du « TNS ».
2000/2003 DULCO ( Master 1) de Persan aux Langues Orientales ( INALCO ).
1999/2000 Prépa HEC lycée Pierre de Fermat. Toulouse.

.43
l'atelier documentaire privilégie l'expression d'auteurs animés par un fort

engagement cinématographique, social ou politique.

La Sarl/Scic l’atelier docum entaire a été créée en 2007.


Nous produisons des films documentaires d’auteur pour la télévision et pour le
cinéma. Nous attachons une grande importance à la visibilité de nos films en
multipliant les partenariats avec des structures de diffusion.

EN COURS

Behind the yellow door de Lucas Vernier


Aide à l’écriture et au développement du CNC, aide au développement et à la production de la Région
Aquitaine. Co-production TV7 / Bip TV.
La rencontre post mortem entre un photographe oublié et un réalisateur.
Rima se marie de Leïla Ben Arbi
Deux jeunes femmes questionnent le mariage dans un pays en révolution.
La plage des Shadoks de Pierre Andrieux et Fabrice Marache
Essai documentaire à tendance burlesque sur l’avenir du Cap-Ferret.

La chambre bleue de Paul Costes


Résidence d’écriture de Lussas. Aide à l’écriture et au développement du CNC (Cosip), de la Procirep
(développement), de la Région Midi-Pyrénées. Collection Primavera.
Dix ans après la mort de son père, le réalisateur interroge cette absence.
La parole retrouvée, militantes algériennes de Raphaël Pillosio
Aide au développement renforcé du CNC, Aide au développement de la Région Aquitaine. Bourse
Louis Lumière de l’Institut Français, Brouillon d’un rêve, Procirep.
Enquêtes à partir d’images de militantes algériennes filmées en France en 1962.
A l’encre rouge de Magali Novion et Pascal Babin
Aide à l’écriture de la Région Aquitaine.
Fille et petite fille d'ouvriers, Magali arpente sa ville communiste en quête d'avenir.
Dawini de Sarah Srage
Collection Primavera. Aide au développement de la région Aquitaine, soutien de la direction générale
des patrimoines.
L’histoire de la reconstruction de Beyrouth raconté par un de ses architectes.

La ballade de Hamid Jan et de Sohban Sardari de Bijan Anquetil


Aide à l’écriture et au développement du CNC.
Le destin de deux immigrés afghans arrivés clandestinement en Europe en 2009.

Vert désert de François-Xavier Drouet


Symbole d'une nature authentique, la forêt vit une violente phase d'industrialisation!

Mirages un film anonyme


Iran, pendant les élections, la télévision devient l’objet de toutes les discussions.

Tribunal du fleuve d'Alassane Diago


Retour sur l'histoire du conflit violent qui opposa le Sénégal et la Mauritanie en 1989.

l ' a t e l i e r d o c u m e n t a i r e
CATALOGUE

IRANIEN de Mehran Tamadon


Aide à l’écriture et au développement du CNC. Soutien de la région
Aquitaine, du Fonds Sud. Coproduit avec Box Production (Suisse).
2014. 105 mn. Ventes internationales Doc and Film International. Distribution ZED.

Iranien athée, le réalisateur Mehran Tamadon a réussi à convaincre


quatre mollahs, partisans du régime iranien, de vivre avec lui pendant
deux jours. Dans ce huis clos, les débats se mêlent à la vie
quotidienne pour faire émerger sans cesse cette question : comment
vivre ensemble lorsque l’appréhension du monde des uns et des
autres est si opposée ?

Grand Prix de la Compétition internationale au Festival Cinéma du Réel (Paris/Beaubourg), Festival de


Berlin (forum), Prix Buyens-Chagoll à Visions du Réel (Nyon), Prix spécial du jury à Documenta Madrid
(Espagne), BAFICI Compétition Internationale (Buenos Aires-Argentine), Indie Lisboa (Portugal), EDOC Festival
(Quito-Equateur), Hambourg documentary film festival (Allemagne), Ismailiya Documentary Film Festival
(Egypte), Sydney International Film Festival (Australie), Edinburgh International Film Festival, Melbourne
International Film Festival, Les Etats Généraux du documentaire de Lussas, Festival Signes de Nuit (Berlin)
Vancouver International Film Festival, Taiwan International Documentary Festival, CPH:DOX (Copenhague),
RIDM (Montréal).
.

Eugène Gabana, le pétrolier de Jeanne Delafosse et Camille


Plagnet
Soutien de la région Aquitaine, de la région Haute-Normandie et du CNC
(contribution financière). 2014. 59 mn.

Eugène Gabana Le Pétrolier raconte une certaine jeunesse pauvre


aujourd'hui à Ouagadougou, Burkina-Faso à travers le quotidien
d'Eugène, petit "affaire man" de quartier, qui tente de se faire une vie
entre petites embrouilles et grande débrouille.

Festival Cinéma du Réel (Paris/Beaubourg), Visions du Réel (Nyon), Open City Docs Festival (Londres)
Mediteran Film Festival ("iroki Brijeg – Bosnie-Herzégovine)

Cosmonautes de Bojina Panayotova


25 mn. 2014

Dans un vieil appartement de Sofia, Toshi et Darcho s'appuient l'un sur


l'autre. Ils se mettent en route pour une dimension plus lointaine.
Portrait intime d’un vieux couple, chaque jour, chaque petit geste du
quotidien est une victoire sur la fin qui rôde!

Sofia International film festival (Bulgarie), Festival Goat Milk (Bulgarie)

l ' a t e l i e r d o c u m e n t a i r e
Et que ça saute ! de Jeanne Delafosse
Fiction. Achat France 3 court-métrage. 12 minutes. 2013.

Trois jeunes femmes révoltées par le scandale de la crise financière


décident de passer à l'action. Pamphlet burlesque et politique Et que
ça saute ! est un très court film loufoque et irrévérencieux qui met le
plaisir et la poésie au cœur de la lutte.

Festival Côté court (Pantin), Festival Off-Courts Trouville, Résistances (Foix), Flying Broom International
Women’s Film Festival (Ankara-Turquie)!

Nous sommes vivants de Pascale Hannoyer


Avec le soutien de la Scam et de la Bourse Louis Lumière. 2013. 55mn.

Ils ont de 10 à 17 ans et vivent dans les rues de Rio. Pixote et ses
amis n’attendent rien de la minute suivante, mais s’aiment, se
disputent, dessinent des cœurs et des maisons, mendient, volent,
s’embrassent, dorment sous la même couverture, chantent, crient,
crachent et se jettent dans la mer.

Festival Côté Court (Pantin), Festival Corsica Doc (Ajaccio).

Le terrain de Bijan Anquetil


Avec le soutien de la Seine-Saint-Denis. 41 mn. 2013

Un « terrain » à Saint-Denis. Pendant un an, entre deux expulsions, le


film suit la vie quotidienne de quelques familles roms.
Peu à peu un monde se recrée, un chez-soi, une intimité, la vie
reprend son cours.

Prix à la Qualité du CNC. Festival Cinéma du Réel (Paris), Festival Côté Court (Pantin), Festival de
Douarnenez, Festival de Vendôme, Festival International du Film de l’Environnement (Paris), Festival Images de
a diversité et de l’Egalité (Paris – Cité de l’immigration), Festival échos d’ici et d’ailleurs (Labastide), Rencontres
cinématographique de Cerbère, Les écrans documentaires (Arcueil), Filmer à tout prix (Bruxelles). Mois du film
documentaire, Institut Français (Turquie). Catalogue du Forum des images.
Catalogue Images de la Culture du CNC.

Bonhomme de vent de Sima Khatami


Co-production avec le Musée de la Danse de Rennes. 45 mn. 2012

Le chorégraphe Boris Charmatz et la comédienne Jeanne Balibar


créent une pièce à partir de textes de Hijikata, fondateur du Butô et
figure de la chorégraphie contemporaine.
Ce film suit pas à pas, le travail des deux artistes qui se confrontent
à l’univers âpre, chaotique et bouleversant d’Hijikata.

Festival International du Documentaire de Marseille, Film d’ouverture du Festival Vidéodanse (Paris-Beaubourg).


Festival Ciné-Réseaux (Bordeaux). Catalogue Images de la Culture du CNC

l ' a t e l i e r d o c u m e n t a i r e
Le Printemps d’Hana de Sophie Zarifian et Simon Desjobert.
Co-production TVM Est parisien. Avec le soutien de la Haute-Normandie,
du CNC. 55 mn. 2013

Hana, 18 ans, vit au Caire et participe activement à la révolution. Ce


bouleversement provoque chez elle un questionnement sur son
identité. Elle déambule dans les rues de la ville, devenues le théâtre
de discussions de fond d’un pays en plein changement. Au fil des
confrontations, se révèle la complexité de la société égyptienne de
l’après Moubarak!

Festival Cinéma du Réel (Paris), FIDADOC (Agadir), Alcances (Cadiz), Festival Millenium (Bruxelles), Festival Films
femmes de méditerranée (Marseille), Panorama des cinémas du Maghreb et du Moyen Orient (Saint-Denis), Films de
femmes de Salé (Maroc), Festival intergalactique de Brest, Festival Le réel en vue (Thionville), Mois du film
documentaire. Label Images en Bibliothèque.

Histoires du Carnet Anthropométrique de Raphaël Pillosio.


Co-production TV Tours. Avec le soutien de l’Aquitaine, du CNC, de la
région Centre, de l’Acsé, de la commission Ethnologie et de la Procirep-
Angoa. 69 mn. 2012

1912, la France impose le port du Carnet Anthropométrique à une


catégorie administrative : les « Nomades ». A travers la restitution aux
familles des photographies anthropométriques, le film dresse le
portrait de l’intérieur des Gens du voyage. En interrogeant la
permanence d’une exception juridique au cœur de la République, ce
film questionne l’Histoire passée et actuelle des « Gens du Voyage ».

Festival dei Popoli (Florence), Festival International du Film d’Amiens, Festival de Douarnenez, Festival
Résistances (Foix), Bobines Rebelles (Creuse), Festival Ecollywood (Lille), Biennale du film d’action sociale
(Montrouge), Festival du Film Engagé (Clermont-Ferrand), Fifi (Saint-Germain-de-Salles), Festival Itinérances
Tsiganes (Lyon), Festival Avril Tzigane de Chinon, Festival Nomades (Bordeaux), Festival des Libertés de
Bruxelles (vidéothèque), Exposition Gabi Jimenez, Auditorium de l’Hôtel de la Ville de Paris, École Nationale
Supérieure de la Photographie d’Arles, Conseil Général de Moselle, Goethe Institut (Nancy), Mois du film
documentaire! Catalogue Vu d’Aquitaine.

Naissance d’une mosquée de Fabrice Marache


Co-production TV Tours avec France 3 LPC et le soutien du CNC, des
régions Centre et Poitou-Charentes, et de l’Acsé. 59 mn. 2011

Les enjeux politiques et sociaux de la construction d’une grande


mosquée dans la ville de Charles Martel, Poitiers. Le film propose de
suivre pas à pas la sortie de terre de cette «mosquée visible» tout en
visitant les fondations mentales qui soutiennent ou font vaciller le
monument.

Cinédivercité (Poitiers), La ville dans tous ses états (La Rochelle), Fipatel (Biarritz), Dirtmor (Trévise, Italie), Mois
du film documentaire, Utopia.

l ' a t e l i e r d o c u m e n t a i r e
Bakoroman de Simplice Ganou
Collection Lumière d’Afrique. Co-production avec Diam prod / Africalia
Tv Rennes. 62 mn. 2011. Avec le soutien de la Région Aquitaine, de
l’OIF, du CNC, de la Procirep – Angoa, du IFF de Goteborg.

Quitter sa famille à sept, douze, seize ans. Apprendre à se


droguer, à mendier, à voler, à fuir, se battre, ne plus avoir peur.
Se faire des amis et des ennemis. Intégrer un nouveau monde.
Ce film fait, de l’intérieur, le portrait de quelques « Bakoroman »
de Gounghin, un quartier central de Ouagadougou, la capitale
du Burkina Faso.
er
Prix du meilleur 1 documentaire au Festival Lumières d’Afrique de Besançon, Mention spéciale du jury à
Corsicadoc, Prix du meilleur documentaire au Festival de Ouidah (Bénin), Mention spéciale du jury
international et du jury jeune Festival Anûû-rû âboro (Nouvelle-Calédonie), Etats Généraux du Documentaire
Lussas, Festival international du film des droits de l’homme de Paris, Entrevues (Belfort), Traces de vies
(Clermont-Ferrand), Doc Lisboa (compétition internationale), Vues d’Afrique (Montréal), Goteborg IFF,
Rencontres documentaires de Mellionnec, Festival Cinémas d’Afrique de Lausanne (Suisse), Africa in the Picture
(Amsterdam), La classe ouvrière, c’est pas du cinéma (Bordeaux), Festival Ciné-réseaux (Bordeaux) Arts des
Suds (Mont-de-Marsan). Mois du film documentaire. Catalogue Vu d’Aquitaine. Label Images en Bibliothèque.

Fragments d’une Révolution


L’équipe du film a souhaité rester anonyme. Co-production avec Mille
et une films / LCP / TVM. 55 mn. 2011. Avec le soutien du CNC et de
la Procirep - Angoa.

Les Iraniens de l'étranger ont suivi la "révolution verte" à


travers Internet. Entre les images anonymes amateurs et les
images du pouvoir, les réflexions échangées par mails et les
discours officiels, ils ont essayé de constituer, à distance, leur
propre récit des événements.
Festival cinéma du Réel : Prix Marcorelles et mention spéciale du jury jeune, Leipzig doc festival : Prix de la
démocratie, MiradasDoc (Canaries, Espagne) : Prix du meilleur long-métrage documentaire. Prix du
meilleur film international à Forumdoc.bh 2011 de Belo Horizonte, Prix du jury étudiants et mention du
jury documentaire au Festival International du Film des Droits de l'Homme de Paris 2012, Etonnants
voyageurs de Saint-Malo, RIDM 2011, Festival de Douarnenez, EGD Lussas, Traces de vies (Clermont-Ferrand),
Doc Lisboa. Mois du film documentaire. Rencontres documentaires de Mellionnec 2011, Festival Cinéma et droits
humains 2011, Festival dei Popoli 2011, A nous de voir - Science et cinéma 2011, Festival International du Film
d'Amiens 2011, Festival This Human World 2011, Les inattendus Lyon 2012, Festival Est-ce ainsi que les
hommes vivent 2012, One World Romania Human Rights Documentary Film Festival. Étoile de la Scam

Renault-Seguin, la fin de Cécile Decugis


Avec le soutien de la Seine-Saint-Denis. 33 mn, 2010.

Pendant 70 ans, l’usine Renault construite sur l’île Seguin, a été


à la fois le fleuron de l’industrie française et l’un des bastions du
syndicalisme ouvrier. Cécile Decugis nous offre un regard
singulier sur la disparition d’un édifice dont il ne subsiste
dorénavant que des images.
Coté court à Pantin, Est-ce ainsi que les hommes vivent (Saint-Denis), Mille occhi à Trieste. Mois du film
documentaire. Catalogue du Forum des images.

l ' a t e l i e r d o c u m e n t a i r e
des Français sans Histoire de Raphaël Pillosio
Co-production avec 24 Images / Le Mans Télévision.
Avec le soutien du CNC, de la Région des Pays de la Loire, de la
Région Poitou-Charentes et du Département de la Charente, de la
Fondation pour la mémoire de la Shoah. 84 mn. 2009

Des « Nomades » ont été internés en France de 1940 à 1946.


Ce film recueille les dernières traces de cette histoire : la parole
des rares témoins encore vivants et le silence des lieux alors
que le mépris de la République française ne faiblit pas!
Film soutenu par le collectif 2010 une année consacrée à l’internement des Nomades de 1939 à 1946 qui
accompagne la diffusion du film dans toute la France à travers son réseau associatif.
Festival Itinérances (Ales), Festival Bobines Sociales (Paris), Festival de Douarnenez, FIPATEL (Biarritz),
Festival Résistances (Foix), FID Marseille (vidéothèque), Festival des Libertés de Bruxelles (vidéothèque), Traces
de Vies (vidéothèque), Festival de cinéma d’Attac (Bruxelles), Nuits atypiques de Langon, Festival Latcho Divano
(Marseille) Festival Dedans/Dehors (Mantes La Jolie) Festival du documentaire engagé (Lot)
Projections réseaux Utopia et CLAP (salles Art et d’Essai du Poitou-Charentes), Mémorial de la Shoah (Paris),
Mois du film documentaire, Mémorial de Rivesaltes (Journées Européennes du Patrimoine), Colloque
international l’art, l’éducation et le politique (Université de Poitiers), Goethe Institut (Nancy), Forum Irts (Nancy),
Exposition de Gabi Jimenez (Cergy), Les Champs libres (Rennes), Ecole Normale Supérieure (Paris), Musée
d’Aquitaine (Bordeaux), Peuple et Culture, CCAS, universités! Environ 150 projections (détail sur atelier-
documentaire.fr)
Label Images en Bibliothèque.

La Cité des Castors de Fabrice Marache,


Avec le soutien de la Région Poitou-Charentes et du département de
la Charente, de la mairie de Gond-Pontouvre. 53 mn. 2007

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, 5 millions de


logements manquent en France. Des familles sans toit et sans
capital décident ensemble de prendre en main la construction
de leur cité. A mesure que les vieux ouvriers se souviennent de
leur épopée, se pose la question de l’héritage qu’ils laissent
aujourd’hui.
Festival Territoires en Images (Paris), Filmer le Travail (Poitiers), Festival du documentaire solidaire
(Angoulême), Festival du film indépendant (Saint-Germain en Salles), Festival du Film Engagé (Romagant)
Projections : salles d'art et essai (réseau Clap, Utopia), Ligue de l'enseignement (CRPC), Maisons de la Culture
(FRMJC), Ecoles d'architecture!

l ' a t e l i e r d o c u m e n t a i r e

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