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Sommaire
I Intégrale des fonctions en escaliers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
I.1 Fonctions en escaliers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
I.2 Intégrale des fonctions en escaliers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
II Intégrale des fonctions continues par morceaux . . . . . . . . . . . 5
II.1 Fonctions continues par morceaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
II.2 Intégrale des fonctions continues par morceaux . . . . . . . . . . . . . 5
II.3 Propriétés de l’intégrale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
II.4 Extension de la définition et nouvelle notation . . . . . . . . . . . . . 9
III Calcul approché des intégrales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
III.1 Convergence des sommes de Riemann . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
III.2 Méthode des trapèzes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
IV Primitives et intégrale d’une fonction continue . . . . . . . . . . . . 14
IV.1 Le théorème fondamental et ses conséquences . . . . . . . . . . . . . . 14
IV.2 Méthodes de calcul des intégrales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
IV.3 Tableau de primitives usuelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
V Compléments sur le calcul des primitives . . . . . . . . . . . . . . . 18
VI Fonctions à valeurs complexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
VI.1 Limites et continuité des fonctions à valeurs complexes . . . . . . . . . 23
VI.2 Dérivabilité des fonctions à valeurs complexes . . . . . . . . . . . . . . 24
VI.3 Intégration des fonctions à valeurs complexes . . . . . . . . . . . . . . 25
VII Intégration sur un intervalle quelconque . . . . . . . . . . . . . . . 26
VII.1 Intégrabilité des fonctions continues à valeurs positives . . . . . . . . . 26
VII.2 Propriétés de l’intégrale des fonctions positives . . . . . . . . . . . . . 27
VII.3 Opérations sur les fonctions intégrables positives . . . . . . . . . . . . 29
VII.4 Intégrabilité des fonctions continues à valeurs complexes . . . . . . . . 29
VII.5 Utilisation des intégrales de Riemann . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
VII.6 Intégrale des fonctions à valeurs réelles ou complexes . . . . . . . . . . 31
Interprétation graphique
Comme le montre la figure .2, l’intégrale de ϕ est égale à la somme des “aires” algébriques
(comptées positivement ou négativement selon le signe des λk ) des zones rectangulaires
définies par le graphe de ϕ :
Remarques et propriétés
– L’intégrale de ϕ ne dépend pas de la subdivision adaptée à ϕ choisie.
Z
– Si ϕ est constante égale à λ sur [a, b], alors ϕ = (b − a)λ.
[a,b]
– Soit ϕ un élément de E([a, b], IR). Soit c est un élément de ]a, b[.
Z Z Z
Alors les restrictions de ϕ à [a, c] et [c, b] sont en escaliers et : ϕ= ϕ+ ϕ.
[a,b] [a,c] [c,b]
Linéarité de l’intégrale
Soient ϕ, ψ deux applications en escaliers sur [a, b], et soient α, β deux réels.
Z Z Z
Alors on a l’égalité (αϕ + βψ) = α ϕ+β ψ.
[a,b] [a,b] [a,b]
Z
L’application qui à ϕ associe ϕ est donc linéaire de E([a, b], IR) dans IR.
[a,b]
Positivité et croissance Z Z Z
– Soient ϕ, ψ dans E([a, b], IR). Si ϕ ≥ 0 alors ϕ ≥ 0. Si ϕ ≤ ψ alors : ϕ≤ ψ.
[a,b] [a,b] [a,b]
Z Z
– Si ϕ ∈ E([a, b], IR), alors |ϕ| : t 7→ |ϕ(t)| ∈ E([a, b], IR) et ϕ ≤ |ϕ|.
[a,b] [a,b]
Z
– Si ϕ est en escaliers de [a, b] dans IR, alors ϕ ≤ (b − a) sup |ϕ(t)|.
[a,b] t∈[a,b]
Définition
On dit qu’une application f : [a, b] → IR est continue par morceaux sur [a, b] s’il existe une
subdivision σ = {x0 = a, x1 , . . . , xn = b} de [a, b] (dite adaptée à f , ou encore subordonnée
à f ) telle que, pour tout k de {0, . . . , n − 1} :
– La restriction fk de f à ]xk , xk+1 [ est continue.
– Cette restriction est prolongeable par continuité aux points xk et xk+1 .
On note Cm ([a, b], IR) l’ensemble des applications continues par morceaux sur [a, b].
Remarques et propriétés
– Si σ est une subdivision adaptée à f , toute subdivision plus fine que σ est adaptée à f .
– Dire que f est continue par morceaux sur [a, b], c’est dire que f n’a au plus qu’un nombre
fini de discontinuités sur [a, b], et que toutes sont de première espèce : en chaque point de
discontinuité, il y a une limite à gauche et une limite à droite, et ces limites sont finies.
– Toute application continue par morceaux sur [a, b] est bornée sur [a, b].
Toute application continue sur [a, b] est continue par morceaux.
Toute application en escaliers sur [a, b] est continue par morceaux.
– Soient f, g deux applications continues par morceaux sur [a, b].
Pour tous scalaires α et β, l’application αf + βg est continue par morceaux sur [a, b].
De même, l’application f g est continue par morceaux sur [a, b].
– Soit I un intervalle quelconque de IR, d’intérieur non vide.
Soit f une application définie sur I, à valeurs réelles.
On dit que f est continue par morceaux sur I si elle l’est sur tout segment de I.
Par exemple, l’application “partie entière” est continue par morceaux sur IR.
– Si f est continue par morceaux il en est de même de l’application |f | : x 7→ |f (x)|.
Proposition
Soit f : [a, b] → IR une application continue par morceaux.
Il existe une suite (ϕn )n≥0 de fonctions en escaliers telles que lim sup |f − ϕn | = 0.
n→∞ [a,b]
On dit que la suite (ϕn ) converge uniformément vers f sur [a, b].
D’après la proposition précédente, on peut choisir la suite (ϕn ) telle que pour tout n de IN
on ait ϕn ≤ f (ou au contraire telle que pour tout n de IN on ait f ≤ ϕn .)
Remarques Z
– La valeur de f ne dépend pas de la suite (ϕn ) de E([a, b], IR) utilisée pour approcher f .
[a,b]
– Si l’application f est en escaliers sur [a, b] elle est continue par morceaux.
L’intégrale de f est évidemment la même selon les deux points de vue.
– Si f est à valeurs positives, la suite (ϕn ) peut être choisie telle que ϕn ≥ 0 pour tout n.
Ainsi l’application qui à f associe f est linéaire de Cm ([a, b], IR) dans IR.
[a,b]
Proposition
Soit f : [a, b] → IR une application continue par morceaux.
Z
On suppose que l’application f garde un signe constant sur [a, b] et que f = 0.
[a,b]
Si f est continue en un point x0 de [a, b], alors f (x0 ) = 0.
En particulier, si f est continue sur [a, b], alors f est identiquement nulle.
Remarques
Z
– Si f ≥ 0 est continue en un point x0 de [a, b] et si f (x0 ) > 0, alors f > 0.
Z [a,b]
Donc si f est continue ≥ 0 mais non identiquement nulle sur [a, b], alors f > 0.
Z Z [a,b]
– Si f et g sont continues, si f ≤ g sur [a, b] et si f 6= g, alors f< g.
[a,b] [a,b]
Remarques
Z Z
1
– On a inf f ≤ b−a f ≤ sup f . Si f est continue, ∃ c ∈ [a, b] tel que f = (b − a)f (c).
[a,b] [a,b] [a,b] [a,b]
Z Z
– La valeur moyenne λ de f vérifie l’égalité f = λ : c’est le réel par lequel on peut
[a,b] [a,b]
remplacer f sans changer l’intégrale de f .
Sur la figure .4 les deux aires hachurées sont donc égales.
Remarques diverses
– Extension aux applications définies “presque partout”
Si f est continue par morceaux sur [a, b] et si g ne diffère
Z de f qu’en
Z un nombre fini de points,
alors g est encore continue par morceaux sur [a, b], et f= g.
[a,b] [a,b]
Si f est définie sur [a, b] sauf peut-être en un nombre fini de points x0 = a < x1 < . . . < xn = b,
et si la restriction de f à chaque ]xk , xk+1 [ est prolongeable par continuité à [xk , xk+1 ], on
peut donc encore définir l’intégrale de f , en donnant à f une valeur quelconque en chacun
des xk .
– Invariance de l’intégrale par translation
Soit f : [a, b] → IR, continue par morceaux. Soit α un nombre réel.
On définit l’application g de J = [a + α, b + α] dans IR par g(t) = f (t − α).
Z Z
Alors g est continue par morceaux sur J et g= f.
J I
Définition
Soit f : I → IR, continue par morceaux. Pour tous points a, b de I, on note :
Z b Z Z b Z Z b
Si a < b, f= f; Si a > b, f =− f; Si a = b, f = 0.
a [a,b] a [b,a] a
Remarques Z b
– La notation f est donc valable pour deux points quelconques Z ba, b d’un
Z aintervalle I sur
a
lequel f est continue par morceaux. On vérifie que ∀ (a, b) ∈ I 2 , f =− f.
a b
– Les propriétés relatives à la linéarité restent valables, mais celles qui sont relatives à la
positivité et à la croissance dépendent de la position respective des bornes de l’intégrale (le
mieux est de vérifier que ces bornes sont “dans le bon sens”.)R
b
Par exemple, l’inégalité de la moyenne devient : ∀ (a, b) ∈ I 2 , a f ≤ |b − a| sup |f |.
[a,b]
Notation
Z b Z b
On note souvent f (t) dt plutôt que f . Dans cette notation t est une variable muette.
a a
Cette notation s’avère pratique dans le calcul des intégrales par changement de variable.
On a également l’égalité f= f.
a b
Remarque
Un cas particulier classique est celui où la subdivision S est régulière, c’est-à-dire formée en
divisant [a, b] en n sous-segments de même longueur h = b−a n .
Pour tout k de {0, . . . , n}, on a alors xk = a + kh.
On choisit souvent ξk = xk , où ξk = xk+1 , ou encore ξk = 12 (xk + xk+1 ).
n−1
Les sommes de Riemann ainsi construites s’écrivent RS = b−a
P
n f (ξk )
k=0
Interprétation géométrique
RS (f ) est la somme des aires algébriques des zones rectangulaires de base [xk , xk+1 ] et de
hauteur f (ξk ). Sur la figure .5, toutes ces aires sont comptées positivement.
On imagine que lorsque le pas de S tend vers 0, la somme RS (f ) tend vers l’aire algébrique
comprise entre Ox et la courbe y = f (x), c’est-à-dire vers l’intégrale de f sur [a, b].
Remarques
n−1
P n
P n
P
– Dans ce résultat, on peut remplacer par ou par : cela ne change rien.
k=0 k=0 k=1
– La proposition précédente permet de calculer des limites de suites dont le terme général peut
être interprété comme une somme de Riemann.
Il est recommandé de comparer un avec la forme générale d’une somme de Rimeann, pour
éviter toute erreur sur le segment [a, b] et sur l’application f .
1 1 1
Posons par exemple : un = n+1 + n+2 + · · · + 2n .
n
On constate que un = n1 f a + k b−a 1
P
n , avec a = 0, b = 1 et f (x) = 1+x .
k=1
Z b Z 1
1 dx
On en déduit lim un = b−a f (x) dx = 1+x = ln 2.
n→∞ a 0
Proposition
Soit f : [α, β] → IR une application de classe C 2 . Soit M2 (f ) = sup |f 00 |.
[α,β]
Soit ϕ : [α, β] → IR l’application affine telle que ϕ(α) = f (α) et ϕ(β) = f (β).
(t − α)(β − t)
∀ t ∈ [α, β], f (t) − ϕ(t) ≤ M2 (f ).
2
Z β Z β
f (α) + f (β) (β − α)3
On a ϕ(t) dt = (β − α) et (t − α)(β − t) dt = .
α 2 α 6
Z β f (α) + f (β) (β − α)3
On en déduit f (t) dt − (β − α) ≤ M2 (f ).
α 2 12
b n−1 n−2
b−aX b − a f (a) + f (b) X
Z
f (t) dt ≈ In (f ) avec In (f ) = (f (xk ) + f (xk+1 )) = + f (xk )
a 2n k=0 n 2 k=1
(xk+1 − xk )3 (b − a)3
Un majorant de l’erreur commise sur [xk , xk+1 ] est M2 (f ) = M2 (f ).
12 12n3
Z b (b − a)3
Une majoration de l’erreur globale sur [a, b] est donc f (t) dt − In (f ) ≤ M2 (f ).
a 12n2
Remarques
Si f ne change pas de concavité, alors on connait le sens de l’erreur dans cette méthode :
Z b
Si f est concave sur [a, b], alors In (f ) ≤ f (t) dt (cf. figure ci-dessus)
Z b a
Remarque Z b
1 2
Si f est de classe C sur I, on a : ∀ (a, b) ∈ I , f 0 (t) dt = f (b) − f (a).
a
Proposition (intégrale fonction de sa borne supérieure)
Soit f : I → IR une application continue par morceaux. Soit a un point de I.
Z x
L’application F : x 7→ f (t) dt est appelée intégrale fonction de sa borne supérieure.
a
L’application F est continue sur l’intervalle I.
Soit x0 un point de I (distinct de l’extrémité droite de I).
Alors F est dérivable à droite en x0 et Fd0 (x0 ) = lim f (x).
x→x0 +
Exemples
f (x) = 0 si 0 ≤ x ≤ 1
– Soit f l’application définie sur [0, 2] par
f (x) = 1 si 1 < x ≤ 2
Z x
Soit F l’application définie sur [0, 2] par F (x) = f (t) dt.
0
On constate que F (x) = 0 sur [0, 1] et que F (x) = x − 1 sur [1, 2].
L’application F est donc continue sur [0, 1].
Elle n’est pas dérivable en x = 1 car f n’est pas continue en ce point.
On constate cependant que Fg0 (1) = 0 = lim f (x) et que Fd0 (1) = 1 = lim f (x).
x→1− x→1+
– L’application “partie entière” f : x 7→ E(x) est continue par morceaux sur IR.
Z x
E(x)+1
Pour tout x de IR, on a F (x) = f (t) dt = E(x) x − 2 .
0
L’application F est continue sur IR, mais n’est pas dérivable aux points k de ZZ.
On a cependant Fg0 (k) = k − 1 = lim f (x) et Fd0 (k) = k = lim f (x).
x→k− x→k+
Voici trois situations classiques (le changement de variable est donc à peine visible) :
Z b Z b 0 Z b h ϕr+1 (t) ib
0 ϕ(t)
h
ϕ(t)
ib ϕ (t) h ib
0 r
ϕ (t) e dt = e ; dt = ln |ϕ(t)| ; ϕ (t) ϕ (t) dt =
a a a ϕ(t) a a r+1 a
Z d Z b
Dans le sens f (x) dx ⇒ ϕ0 (t)f (ϕ(t)) dt.
c Z a
d
On part donc de f (x) dx et on pose (indication, intuition, expérience, etc.) x = ϕ(t).
c
Dans ce cas, il faut trouver a et b tels que ϕ(a) = c et ϕ(b) = d.
Il est préférable de choisir ϕ et l’intervalle sur lequel cette application est définie de manière
à ce que ϕ soit bijective : on a alors a = ϕ−1 (c) et b = ϕ−1 (d).
Z 1√ h i
Par exemple, pour calculer 1 − x2 dx, on pose x = ϕ(t) = sin t, avec t ∈ 0, π2 .
√ 0
On a donc 1 − x2 = |cos t| = cos t, et dx = cos t dt.
D’autre part, quand x = 0 alors t = 0 et quand x = 1 alors t = π2 .
Z 1√ Z π/2
1 π/2
Z
2 2 π
On en déduit : 1 − x dx = cos t dt = (1 + cos(2t)) dt = .
0 0 2 0 Z 1√ 4
Remarque : il y a un moyen encore plus simple de calculer 1 − x2 dx (lequel ?)
0
– Un changement de variable affine permet de transformer une intégrale sur un segment [a, b]
en une intégrale sur le segment [0, 1] ou sur [−1, 1].
Il suffit pour cela de poser x = a + t(b − a) : quand t parcourt [0, 1], x parcourt [a, b].
Z b Z 1
On obtient alors : f (x) dx = (b − a) g(t) dt, avec g(t) = f (a + t(b − a)).
a 0
De même, en posant x = a+b + t b−a
2 : quand t parcourt [−1, 1], x parcourt [a, b].
Z 2 Zb 1
On en déduit l’égalité : f (x) dx = b−a
2 h(t) dt, avec h(t) = f a+b b−a
2 +t 2 .
a −1
1 1
xα , (α 6= −1) xα+1 IR+∗ arctan x IR
α+1 1 + x2
1 1 1 1 + x
ln |x| IR−∗ , IR+∗ ln x 6= ±1
x 1 − x2 2 1−x
1 √
ex ex IR √ ln(x + 1 + x2 ) IR
1 + x2
x ax 1
a (a 6= 1) IR √ arcsin x ] − 1, 1[
ln a 1 − x2
1 √
sin x − cos x IR √ 2
lnx + x − 1 |x| > 1
x2 − 1
π
cos x sin x IR tan x − ln |cos x| x 6= + kπ
2
1 x
sh x ch x IR lntan x 6= kπ
sin x 2
1 x π π
ch x sh x IR lntan + x 6= + kπ
cos x 2 4 2
1 π 1
tan x x 6= + kπ th x IR
cos2 x 2 ch 2 x
1 1
2 −cotan x x 6= kπ 2 −coth x IR+∗ , IR−∗
sin x sh x
On peut généraliser quelques-uns des résultats ci-dessus, notamment :
1 x − a
Z Z
dx 1 x dx
= arctan + λ ; = ln +λ
x 2 + a2 a a x 2 − a2 2a x+a
1) Par linéarité.
Z Z
P P
On a bien sûr λk fk (x) dx = λk fk (x) dx.
√ x2
Z Z
1 2 1
Par exemple : x− √ dx = x−2+ dx = − 2x + ln |x| + λ.
x x 2
2) Primitives de sinZp x cosq x.
Si on veut calculer sinp x cosq x dx, avec p, q ∈ IN, tout dépend de la parité de p et q.
Si p est impair, on peut poser t = cos x (donc dt = − sin x dx).
t7 t5 cos7 x cos5 x
Z Z
3 4 2 4
Exemple : sin x cos x dx = (t − 1) t dt = − + λ = − + λ.
7 5 7 5
Si q est impair, on peut poser t = sin x (donc dt = cos x dx).
2t3 t5 2 sin3 x sin5 x
Z Z
Exemple : cos x dx = (1 − t2 )2 dt = t −
5
+ + λ = sin x − + + λ.
3 5 3 5
Si p et q sont pairs, on linéarise.
Z
4 1 sin 4x sin 2x 3x
Exemple : cos x dx = (cos 4x + 4 cos 2x + 3) dx = + + + λ.
8 32 4 8
3) Primitives de P (x) eax , où P est un polynôme.
On peut effectuer des intégrations par parties successives (autant que le degré de P ), mais
on doit réserver cette méthode au cas où deg P est “petit”.
Il est souvent préférable d’utiliser une méthode de coefficients indéterminés, et de chercher
une primitive de P (x) eax sous la forme Q(x) eax , avec deg Q = deg P .
Z
Exemple : On veut calculer (x3 − 2x + 1) e−x dx.
Z
On pose (x3 − 2x + 1) e−x dx = Q(x) e−x + λ, avec Q(x) = αx3 + βx2 + γx + δ.
4) Primitives de P (x) sin ax, ou P (x) cos ax, ou P (x) sh ax ou P (x) ch ax.
On est ramené au cas précédent en utilisant les formules d’Euler (dans les deux premiers cas,
on obtient des intégrales de fonctions à valeurs complexes : ce sujet est traité un peu plus
loin dans ce chapitre.)
ex + e−x
Z
Exemple : On veut calculer I = (x3 − 2x + 1) ch x dx. On remplace ch x par .
2
Z Z
J +K
On a donc I = , avec J = (x − 2x + 1) e dx et K = (x3 − 2x + 1) e−x dx.
3 x
2
On sait déjà que J = −(x3 + 3x2 + 4x + 5) e−x + λ (voir exemple précédent).
Une méthode analogue donne K = (x3 − 3x2 + 4x − 3)ex + λ.
On en déduit : I = 21 ex (x3 − 3x2 + 4x − 3) − 12 e−x (x3 + 3x2 + 4x + 5) + λ.
Dans le résultat, on peut remplacer ex par ch x + sh x et e−x par ch x − sh x.
Tout calcul fait, on trouve : I = −(3x2 + 4) ch x + (x3 + 4x + 1) sh x.
5) Utilisation de récurrences.
Z
Dans le calcul de In = fn (x) dx, il est parfois possible de trouver une relation de récurrence
entre In et In−1 et/ou In−2 (en général par une intégration par partie.)
Z Z
Exemple : calcul de In = sin x dx ou Jn = cosn x dx (intégrales de Wallis)
n
Z
dx
Exemple : calcul de In =
(a2 + x2 )n
1
On intègre par parties, en intégrant 1 et en dérivant 2 :
(a + x2 )n
x2 (a2 + x2 ) − a2
Z Z
x x
In = 2 + 2n dx = + 2n dx
(a + x2 )n (a2 + x2 )n+1 (a2 + x2 )n (a2 + x2 )n+1
x 2 1 h x i
= 2 + 2n(In − a In+1 ) ⇒ In+1 = + (2n − 1)In
(a + x2 )n 2na2 (a2 + x2 )n
2x + b u0 (x)
La fonction g(x) = s’intègre facilement car elle est du type .
2(x2 + bx + c)n u(x)
1 b 2 1√
2 2 2
Il reste à intégrer h(x) = 2
(x + bx + c)n
. Or x + bx + c = x + 2 + a , avec a = 2 4c − b .
Z Z
b dx dt
Le changement de variable x = t − 2 donne : = .
(x2 + bx + c)n (t2 + a2 )n
On est ainsi ramené à une intégrale qu’on sait calculer (exemple précédent).
Remarque : si on ajoute à ce calcul le temps de la décomposition en éléments simples, il est
clair que tout cela peut prendre beaucoup de temps.
Z
dx
Exemple (très simple) : calcul de I = 2
x(x + 2x + 5)
1 1 x+2 1 2x + 2 1
= − = − −
x(x2 + 2x + 5) 5x 5(x2 + 2x + 5) 5x 10(x2 + 2x + 5) 5(x2 + 2x + 5)
1 2x + 2 1
= − −
5x 10(x + 2x + 5) 5((x + 1)2 + 22 )
2
Z
dx 1 1 2 1 x+1
Conclusion : = ln |x| − ln(x + 2x + 5) − arctan + λ.
x(x2 + 2x + 5) 5 10 10 2
7) “Règles de Bioche”.
On considère ici des expressions rationnelles R(sin x, cos x, tan x), c’est-à-dire formées par des
sommes, des produits et des puissances entières.
Les règles de Bioche consistent à proposer un changement de variable quand l’expression
R(sin x, cos x, tan x) dx est invariante dans une certaine transformation.
Ces changements de variable conduisent à une fraction rationnelle.
On a “l’invariant du cosinus” si R(sin x, cos x, tan x) dx est inchangé dans x 7→ −x.
Dans ce cas, on peut faire le changement de variable t = cos x.
1 1 − t 1 1 − cos x
Z Z
dx dt x
Exemple : = = ln + λ = ln + λ = ln tan + λ
sin x t2 − 1 2 1+t 2 1 + cos x 2
Définition
Soit f : I → Cl une application.
f (x) − f (a)
On dit que f est dérivable en un point a de I si lim existe dans C.
l
x→a x−a
df
Cette limite est appelée nombre dérivé de f en a et est notée f 0 (a), ou D(f )(a), ou (a).
dx
Il revient au même de dire qu’il existe ` dans Cl et une application x 7→ ε(x) de I dans C, l
vérifiant lim ε(x) = 0 et ε(a) = 0, et tels que :
x→a
∀ x ∈ I, f (x) = f (a) + (x − a)` + (x − a)ε(x)
Le nombre complexe ` est alors égal à f 0 (a).
Proposition
Soient f : I → C,l g = Re (f) : I → IR et h = Im (f ) : I → IR. Soit a un point de I.
f est dérivable en a ⇔ g, h sont dérivables en a, et alors f 0 (a) = g 0 (a) + ih0 (a).
De nombreuses propriétés établies pour des fonctions à valeurs réelles s’étendent sans difficulté
au cas des fonctions à valeurs complexes.
Citons notamment :
– Notion d’application dérivable sur un intervalle, fonctions dérivées successives.
Notion d’application de classe C k .
Opérations (sommes, produits, quotients) sur les applications dérivables.
– Pour la composition des applications dérivables, la propriété subsiste à condition de considérer
g ◦ f , où f : I → IR et g : J → C,
l avec f (I) ⊂ J.
– La formule de Leibniz est toujours valable. Il y a toujours une formule de Taylor-Young, qui
permet de généraliser la notion de développement limité.
– Dans la pratique la partie réelle et la partie imaginaire du développement limité de f : I → Cl
sont les développements limités de Re (f) et de Im (f ).
Voici des propriétés qui ne se généralisent pas aux fonctions à valeurs complexes.
– Il n’y a plus de dérivation de la “bijection réciproque”.
– La notion d’extrémum local est liée à la relation d’ordre dans l’ensemble d’arrivée et ne
s’applique donc pas aux fonctions à valeurs dans C.l
– Important : le théorème de Rolle et celui des accroissements finis ne sont plus valables !
Exemple : on considère l’application f : [0, 2π] → Cl définie par f (t) = eit .
On a f (0) = f (2π) mais la dérivée f 0 (t) = ieit ne s’annule jamais.
– En revanche, on a toujours l’inégalité des accroissements finis |f (a) − f (b)| ≤ |b − a| sup |f 0 |.
En particulier la caractérisation des applications constantes par leur dérivée nulle, et celle
des applications lipschitziennes par leur dérivée bornée sont toujours valables.
– De la même manière deux applications dérivables f, g : I → Cl ont la même dérivée sur I si
et seulement si elles diffèrent d’une constante sur I.
– Bien sûr, parler de signe de la dérivée et de monotonie n’a pas de sens pour f : I → C.
l
– De même, tout ce qui concerne la convexité ne s’applique qu’aux fonctions à valeurs réelles.
Définition
Soit f : I → Cl une application continue par morceaux.
Z Z Z
Pour tous points a, b de I, avec a ≤ b on pose f= Re (f) + i Im (f).
[a,b] [a,b] [a,b]
Z b Z b Z b
Pour a, b quelconques dans I, on a donc f (t) dt = Re (f)(t) dt + i Im (f)(t) dt
a a a
Voici un certain nombre de propriétés qui s’étendent au cas des fonctions à valeurs dans C.
l
– On a toujours la linéarité de l’intégrale
– On a toujours les inégalités de la moyenne (avec ici a ≤ b) :
Z Z Z Z
f g ≤ sup |f | |g| et f ≤ |f | ≤ (b − a) sup |f (x)|
[a,b] [a,b] [a,b] [a,b] [a,b] x∈[a,b]
En revanche voici des propriétés qui ne se généralisent pas aux fonctions à valeurs dans C.
l
– Il n’est plus question de positivité et de croissance de l’intégrale.
– L’inégalité de Cauchy-Schwarz doit être modifiée.
Z b 2 Z b Z b
2
On montre que cette inégalité devient fg ≤ |f | |g|2 .
a a a
Définition
Soit f un élément de C(I, IR+ ). On dit que f est intégrable ou encoreZ sommable sur I s’il
existe un réel M ≥ 0 tel que pour tout sous-segment J de I, on ait : f ≤ M.
Z Z J
Notation
On note L1 (I, IR+ ) l’ensemble des fonctions intégrables de I dans IR+ .
Exemples
Z
−x +
– L’application x 7→ f (x) = e est intégrable sur IR et
f = 1.
IR+
Z
1
– L’application x 7→ f (x) = √ est intégrable sur I =]0, 1] et f = 2.
x ]0,1]
Z
1
– L’application x 7→ f (x) = est intégrable sur IR et f = π.
1 + x2 IR
1 1
– L’application x 7→ f (x) = 2 est intégrable sur IR+∗ , mais pas x 7→ f (x) = .
x x
Remarques
– Supposons que l’intervalle I soit réduit à un point a.
Alors toute application f définie en a est intégrable sur I = {a} et d’intégrale nulle...
Z
– Si I est un segment [a, b], on connait déjà le sens de f.
[a,b]
L’application f est
Z bien sûr intégrable sur [a, b] au sens de la définition ci-dessus, et la valeur
de son intégrale f ne change pas !
[a,b]
Remarques Z Z
– Réciproquement, si f est intégrable sur I, alors on a l’égalité f = sup f pour toute
I n∈IN Kn
suite (Kn )n≥0 (croissante et exhaustive) de sous-segments de I.
– Notons a et b les extrémités gauche et droite de I avec −∞ ≤ a < b ≤ +∞.
f est intégrable sur I ⇔ il existe une suite
Z (an ) décroissante de limite
Z a, et une suite
Z (bn )
croissante de limite b, telles que la suite f converge. On a alors : f = lim f.
[an ,bn ] I n→+∞ [an ,bn ]
Conséquences
– Supposons par exemple que l’application f soit continue sur IR+∗ .
Alors f est intégrable sur IR+∗ ⇔ elle l’est sur ]0, 1] et sur [1, +∞[.
Z Z Z
Dans ce cas on a : f= f+ f.
IR+∗ ]0,1] [1,+∞[
– Soit f un élément de C([a, b[, IR+ ), avec a < b ≤ +∞ (le “problème” est donc en b).
Soit c un élément de [a, b[. L’application f est donc continue sur [a, c].
Dans ces conditions, f est intégrable sur [a, b[ ⇔ elle l’est sur [c, b[.
Z Z Z
On a alors l’égalité f= f+ f.
[a,b[ [a,c] [c,b[
– De même, supposons que f soit continue sur ]a, b] (le “problème” est en a.)
Soit c un élément de ]a, b] : f est intégrable sur ]a, b] ⇔ elle l’est sur ]a, c].
Z Z Z
On a alors l’égalité f= f+ f.
]a,b] ]a,c] [c,b]
Exemple Z Z
1 1
– L’application g : x 7→ √ est intégrable sur ]1, 2] et g= √ = 2.
x−1 ]1,2] ]0,1] x
Le changement de variable x → x + 1 a permis ici de se ramener “à l’origine”.
Proposition (Intégrabilité par utilisation d’une primitive)
Soit f un élément de C([a, b[, IR+ ), avec a < b ≤ ∞.
Z x
Soit F la primitive de f qui s’annule en a : ∀x ∈ [a, b[, F (x) = f (t) dt.
a
Alors f est intégrable sur I = [a, b[ ⇔ F (qui est croissante) est majorée.
Z
On a alors : f = sup F (x) = lim F (x).
I x∈I x→b
Remarques
– On a un résultat analogue si f appartient à C(]a, b], IR+ ), avec −∞ ≤ a < b.
Z b
En effet, soit G : x → f (t) dt. On a G0 (x) = −f (x) ≤ 0 sur I =]a, b] et G(b) = 0.
x
L’application G est donc décroissante sur I =]a, b].
Z
Alors f est intégrable ⇔ G est majorée, et on a : f = sup G(x) = lim G(x).
I x∈I x→a
– Une conséquence des deux résultats précédents est que si l’application f est continue sur
[a, b] (donc intégrable sur ce segment) alors elle est intégrable sur chacun des intervalles [a, b[,
]a, b] et ]a, b[, l’intégrale de f restant la même.
Définition
Soit f une application de I dans C, l continue par morceaux.
On dit que f est intégrable sur I si l’application |f | est intégrable.
On note L1 (I, C)
l l’ensemble des applications intégrables sur I et à valeurs dans C.
l
Proposition
Si f, g sont intégrables sur I, et si α, β ∈ C,
l alors αf + βg est intégrable sur I.
1
Autrement dit l’ensemble L (I, C) l est stable par combinaisons linéaires.
Conséquences
Soient f et g deux applications continues de I = [a, b[ dans C.
l
– Si g est intégrable sur [a, b[, et si f = Ob (g), alors f est intégrable sur [a, b[.
– On suppose que les applications f et g sont équivalentes au voisinage de b.
Alors f est intégrable sur [a, b[ ⇔ g est intégrable sur [a, b[.
– Si |(x − a)f (x)| ≥ M > 0 au voisinage de a, alors f n’est pas intégrable sur ]a, b].
C’est le cas en particulier si lim+ (x − a)f (x) = λ 6= 0.
x→a
ln x
Exemple : l’application f : x 7→ n’est pas intégrable sur ]0, 1] car lim+ xf (x) = ∞.
x x→0
– Si |xf (x)| ≥ M > 0 au voisinage de +∞, alors f n’est pas intégrable sur [a, +∞[.
C’est le cas en particulier si lim xf (x) = λ 6= 0.
x→+∞
Exemple : l’application x 7→ sin x1 n’est pas intégrable sur [1, +∞[ car lim xf (x) = 1.
x→+∞
Intégrales de Bertrand
1
Soient α et β deux réels, et soit f l’application définie sur IR+∗ − {1} par f (x) = β .
xα ln x
– f est intégrable sur ]0, 12 ] ⇔ (α < 1) ou (α = 1, β > 1).
– f est intégrable sur [2, +∞[ ⇔ (α > 1) ou (α = 1, β > 1).
Remarques
– Si I = {a}, toute application définie en a est intégrable sur I = {a} et d’intégrale nulle...
– Si f : [a, b] → Cl est continue elle est intégrable et son intégrale a la valeur déjà connue.
Proposition (Linéarité de l’intégrale)
Soient f et g deux applications continues intégrables de I dans C. l
Soient α et β deux scalaires. On sait déjà que αf + βg est intégrable sur I.
Z Z Z
De plus on a l’égalité : (αf + βg) = α f + β g.
I I J
Exemple
ln x
On définit f : x 7→ f (x) = sur IR+∗ . L’application f est continue sur IR+∗ .
1 + x2
√
Elle est intégrable sur ]0, 1] car lim+ xf (x) = 0, et sur [1, +∞[ car lim x3/2 f (x) = 0.
x→0 x→+∞
Z
On vérifie que pour tout n de IN∗ , on a f = 0 (changement de variable t = x1 .)
[1/n,n]
Propriétés diverses
– Intégrale de la conjuguée d’une application
Soit f : I → Cl une application continue et intégrable.
Soit f¯ : I → Cl définie par f¯(x) = f (x). Z Z
¯ ¯
Alors f est intégrable sur I et on a l’égalité : f = f .
I I
– Intégrale sur un sous-intervalle
Soit f une application continue et intégrable de I dans C, l et J un sous-intervalle de I.
χJ (x) = 1 si x ∈ J .
n
On note χJ la fonction caractéristique de J, définie par :
Z Z 0 si x ∈/J
Alors f est intégrable sur J et f = (χJ f ).
J I
Notation
Soit f une application intégrable de I =]a, b[ dans IK, avec −∞ ≤ a < b ≤ ∞.
Z b Z Z a Z
On note f= f . De même on pose f =− f.
a ]a,b[ b ]a,b[
Remarques Z c
– Pour tout c où f est définie, on convient que f = 0.
Z b c Z b
– On note fréquemment f (x) dx (x ou toute variable “muette”) plutôt que f.
a Z b Z c Z b a