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Matière : Approche interculturelle pour une exploitation du texte francophone

MASTER II
Spécialité : DIDACTIQUE DU FLE

Marguerite Duras _ Hiroshima mon amour (1960)

ELLE

A la fois poème d’amour et de mort, évocation de la première bombe atomique lancée sur la ville
et appel à la réconciliation entre les peuples. Le texte dans la réflexion obsessionnelle menée par
l’auteur sur la mémoire tant collective qu’individuelle. L’œuvre de Marguerite Duras (1914-1996)
se distingue par sa diversité et sa modernité qui renouvelle le genre romanesque et bouscule les
conventions cinématographiques et théâtrales, ce qui fait d’elle une créatrice importante parfois
contestée de la seconde moitié du XXème siècle. Associée, dans un premier temps, au Nouveau
Roman, elle publie par la suite des romans qui font connaitre sa voix particulière avec la
destruction des phrases, des personnages, de l’action et du temps, et ses thèmes comme l’attente,
l’amour, la sensualité ou l’alcool

Texte :

Pourquoi nier l’évidente nécessité de la mémoire ?...

Phrase scandée sur les plans du squelette du Palais de l’Industrie.

-Ecoute-moi. Je sais encore. Ca recommencera.

Deux cents mille morts.

Quatre vingt mille blessés.

En neuf secondes. Ces chiffres sont artificiels. Ca recommencera.

Arbres. Eglise. Manège. Hiroshima reconstruit. Banalité.

Il y aura dix mille degrés sur la terre. Dix mille soleils, dira-t-on. L’asphalte brulera.
Eglise. Réclame japonaise.

Un désordre profond règnera. Une ville entière sera soulevée de terre et retombera en
cendres…

Du sable. Un paquet de cigarettes « Peace ». une plante grasse étalée comme une
araignée sur du sable…

Des végétations nouvelles surgissent des sables…

Quatre étudiants « morts » bavardent au bord du fleuve.

Le fleuve.

Les marées.

Les quais quotidiens de Hiroshima reconstruite.

_ Quatre étudiants attendent ensemble une mort fraternelle et légendaire.


Matière : Approche interculturelle pour une exploitation du texte francophone
MASTER II
Spécialité : DIDACTIQUE DU FLE

Les sept branches de l’estuaire en delta de la rivière Ota se vident et se remplissent à


l’heure habituelle, précisément aux heures habituelles d’une eau fraiche et
poissonneuse, grise ou bleue suivant l’heure et les saisons. Des gens ne regardent plus
le long des berges boueuses la lente montée de la marée dans les sept branches de
l’estuaire en delta de la rivière Ota.

Le ton récitatif cesse.

Les rues de Hiroshima, les rues encore. Des ponts.

Passages couverts.

Rues.

Banlieue. Rails. Banlieue. Banalité universelle.

_ Je te rencontre.

Je me souviens de toi. Qui es-tu ? Tu me tues. Tu me fais du bien.

Comment me serais-je doutée que cette histoire était faite à la taille de l’amour ?

Comment me serais-je doutée que tu étais fait à la taille de mon corps même ?

Tu me plais. Quel événement. Tu me plais.

Quelle lenteur tout à coup.

Quelle douceur. Tu ne peux pas savoir.

Tu me tues. Tu me fais du bien.

Tu me tues. Tu me fais du bien.

J’ai le temps. Je t’en prie.

Dévore-moi. Déforme-moi jusqu’à la laideur.

Pourquoi pas toi ?

Pourquoi pas toi dans cette ville et dans cette nuit pareille aux autres au point de s’y
méprendre ?

Je t’en prie…

Hiroshima mon amour (1960)


Matière : Approche interculturelle pour une exploitation du texte francophone
MASTER II
Spécialité : DIDACTIQUE DU FLE

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