La silice en agriculture

Gauthier Baudoin

La « silice de corne» est une préparation essentielle pour l'agriculture bio-

dynamique. Le biodynamiste, selon les indications de R. Steiner, en attend
une meilleure structuration et une amélioration de la qualité alimentaire des
plantes. Mais que dit la recherche agronomique de l'effet de la silice sur les
plantes cultivées? Existe-t-il des liens entre l'approche matérialiste et la vision
anthroposophique de la silice ?

LA SILICE DANS LA NATURE transparence, ce lien à la lumière si

Le silicium en tant qu'élément directement perceptible.
chimique (Si) n'existe pas à l'état na- Dans les tissus des plantes, le sili-
tif dans la nature. La silice (Si02), cium est l'un des éléments miné-
forme oxydée du silicium, et les sili- raux les plus abondants, au même
cates qu'elle constitue en s'associant titre que le phosphore, le soufre, le
à d'autres oxydes métalliques (AI, Fe, calcium ou le magnésium. Le sili-
Mg, Ca ... ), représentent cependant cium (Si) est absorbé par les racines
97 % de la croûte terrestre. Le sili- sous forme d'acide silicique (Si(OH\)
cium est donc le deuxième élément puis déposé principalement dans
le plus présent après l'oxygène dans les zones périphériques (parois cel-
les roches terrestres ... Les grains de lulaires, épidermes, gaines des fais-
quartz composant les roches grani- ceaux conducteurs ... ) dans tous les
tiques, qui se retrouvent également organes de la plante (racine, tige,
dans le sable, sont une forme très feuille, organes reproducteurs). Ces
courante de silice. L'argile, compo- dépôts sous forme de phytolithe
sant essentiel des sols de nos jardins d'opale sont irréversibles, la plante
Un beau crists! de quartz.
JI Hetisot: common est également un silicate d'alumine ne pourra plus mobiliser cette forme
Wlkimedia hydratée. Nous pouvons finale- de silice. Un exemple bien visible
ment rencontrer la silice sous son de dépôt siliceux par un végétal est
aspect le plus re- donné par la fine poudre blanche
présentatif: les souvent présente sur l'épiderme des
grands cristaux concombres.
de quartz ou cris- Dans le règne animal, l'épiderme
tal de roche (voir (couche supérieure de la peau), les
photo) composé poils, les plumes et les tissus conjonc-
presque exclusi- tifs en général sont riches en silice.
vement de si-
lice s'organisant SILICE ET AGRICULTURE
en une struc- Les anciennes traditions semblent
ture cristalline avoir eu conscience de l'importance
hexagonale qui de la silice pour les plantes cultivées.
lui confère ses Ainsi, il a été rapporté que les pay-
propriétés de sans chinois portaient dans leurs
champs des cailloux siliceux ex-
traits de fleuves ou que les Celtes
bordaient leurs carrés de culture
de pierres siliceuses. Malgré ces
pratiques ancestrales et la grande
présence de la silice dans la na-
ture, la recherche agronomique
moderne a longtemps oublié cet
élément. La forme assimilable
par les plantes (acide silicique)
étant très peu présente dans les
5015 et les 5015 sableux n'étant en
général pas porteur de haut ren-
dement, les agronomes ne consi-
déraient pas la silice comme un grande taille sans pour autant être
élément essentiel à la plante. Cette Ce tableau de Brueghel,
particulièrement sensible à la verse,
approche est aujourd'hui remise en peintre du Moyen-Âge,
la structuration de la plante était bien
,)lustre bien la hauteur des
cause par de nombreuses études supérieure à celle des blés modernes
blés de l'époque.
qui replacent la silice au centre de
cultivés à grand renfort d'engrais so-
l'équilibre biologique des plantes et lubles. De plus les céréales cultivées

1
lui attribue de nombreux bénéfices
sans apport de fongicide restaient
comme: en général saines, ce qui semble ini-
- le maintien d'un port érigé (renfor-
maginable dans les itinéraires cultu-
cement des structures cellulaires) et raux modernes ... Parallèlement une
d'une disposition foliaire propice à la
baisse importante de la teneur en si-
captation de la lumière lice dans les cendres des céréales est Z
- une atténuation des déséquilibres el
observée au cours du siècle passé. En 0::
nutritionnels
- l'atténuation de la toxicité des mé-
effet, la silice très présente dans tous
les 5015 est rendue disponible pour
--::J
CC

el
taux lourds les plantes, c'est-à-dire solubilisée en 1-
- une réduction des dommages liés à 0::
acide silicique, principalement sous
la salinité des 5015 CC
l'action des acides organiques libérés
- une meilleure tolérance à la séche- par l'activité biologique des 5015. Une
resse baisse de l'activité biologique est
- une meilleure résistance aux para-
donc directement synonyme d'une
sites et maladies
moindre disponibilité en acide si!i-
- une meilleure conservation post-ré-
cique. De plus, l'approche biodyna-
colte par le maintien de l'eau dans la
mique nous enseigne que les plantes
plante nourries par les engrais solubles
- une croissance racinaire accrue ...
sont beaucoup moins aptes à préle-
Ces bénéfices semblent bien illustrés ver ce qui leur est réellement néces-
par l'évolution des céréales à paille
saire que les plantes maintenant un
au cours du siècle passé. Les varié- contact étroit avec le 501 et son « hu-
tés cultivées traditionnellement pré- mus vivant ». Donnons finalement
sentaient en effet des pailles de très une autre illustration de la baisse de
 la teneur en silice des pailles de cé- et l'emploi de cette préparation sont
réales: autrefois, la paille de seigle données de façon assez succincte à la
pouvait servir de couverture de toit fin de la 4ème conférence. Ses indica-
et avait une durée de vie de 30 ans. tions pratiques semblent assez som-
Aujourd'hui il est à peine possible de maires mais la grande thématique
se servir de cette paille dans ce but ... de la polarité entre silice et calcaire
traverse tout le Cours aux agricul-
LA SILICE DANS LE COURS AUX teurs. Notons ici que Steiner décrit la
AGRICUL TEURS silice comme le médiateur sur terre
Les bénéfices de la silice sur les des forces venant de la lointaine pé-
plantes cultivées cités précédem- riphérie cosmique, des planètes su-
ment ont bien sûr été démontrés pra-solaires. Ces forces activent dans
par une approche scientifique clas- la plante les processus formateurs de
sique en enrichissant les milieux de la qualité alimentaire: « Mais lorsque
culture avec une quantité pondé- des plantes deviennent au plein sens
rable d'acide silicique (ou plus rare- du terme des aliments, lorsqu'elles se
ment par un apport foliaire). Rudolf développent de telle façon qu'en elles
Steiner, dans son {( Cours aux agri- se forment les substances pour fournir
culteurs» de 1924, a pour sa part un aliment à l'animal et à l'homme,
annoncé avec plus d'un demi-siècle alors les planètes participantes sont
d'avance, un intérêt tout à fait com- Mars, Jupiter et Saturne, par le détour
parable de la silice pour la quali- du siliceux» (lère conférence). Steiner
té alimentaire, la structuration des évoque aussi la participation de la si-
La qualité de5 paille5 plantes et leur résistance aux mala- lice à la structuration de la plante en
rend aujourd'hui dies. Il propose cependant un apport imaginant les formes végétales en
difficile r entretien {( homéopathique» en pulvérisation l'absence de silice: {( Supposons que
des toits de foliaire d'une forme de silice particu- dans notre environnement terrestre
cbsumes. lière: la silice de corne. L'élaboration nous n'ayons que la moitié de la si-
lice existante i nous aurions alors des
plantes présentant toutes une forme
plus ou moins pyramidale. Les fleurs
seraient toutes rabougries et dans
presque toutes les plantes nous au-
rions à peu près ces formes de cac-
tées que nous trouvons si anormales.
Les formes des céréales seraient très
drôles à voir: les tiges s'épaissiraient
vers le bas, deviendraient même char-
nues, les épis rabougris, nous n'au-
rions pas d'épis pleins ». Soulignons
pour finir que Steiner fait plusieurs
fois mention de la silice présente
dans la prêle des champs et qu'il
montre par là son effet bénéfique
contre les maladies cryptogamiques.
LA SILICE DE CORNE AU JAR-
DIN
Le rythme de vie des plantes de-
vrait guider l'utilisation de la silice
de corne. Le premier moment fa-
vorable est celui où la plante, une
fois bien enracinée et rencontrant
une météo propice, présente une
forte croissance végétative. La si-
lice vient alors équilibrer ces forces
de croissance et apporte structura-
tion et santé aux plantes apportées
par leur élan de reproduction. Le se-
cond stade propice est celui du début
de la formation des fruits, la prépa-
ration apportera alors un effet très
bénéfique sur le mûrissement et la
qualité alimentaire. En fin, une der-
nière pulvérisation peut être appor-
tée quelques jours avant la récolte,
surtout pour améliorer la conserva-
tion des légumes et fruits destinés à
la consommation durant tout l'hiver.
Évidemment, un jardinier cultivant
une grande diversité de légumes qui
ne présentent pas tous les mêmes
stades de développement au même
moment ne pourra sans doute pas
multiplier les applications, il s'agit
alors de faire au mieux, en évitant
de pulvériser les plantes trop petites,
encore faibles. La dynamisation
d'une heure doit avoir lieu au plus
près du lever du soleil, il faut en tout
cas éviter de pulvériser la silice de
corne si le soleil brille déjà trop haut
dans le ciel, certains ayant déjà fait la
mauvaise expérience de brûlures sur
des plantes dans ces conditions.
POUR ALLER PLUS LOIN
BIBLIOGRAPHIE
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