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DU TEXTE À L'IMAGE: ÉVOLUTION DU TROLL

Author(s): Virginie Amilien


Source: Merveilles & contes , December 1989, Vol. 3, No. 2 (December 1989), pp. 195-211
Published by: Wayne State University Press

Stable URL: https://www.jstor.org/stable/41390251

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DU TEXTE À L'IMAGE:
ÉVOLUTION DU TROLL
Virginie Amilien

Promenade solitaire dans un des innombrables bois de


Norvège; le silence profond, le calme souverain et la majesté
des sapins représentent la puissance de la nature.
La forêt forme un tout, ineffablement immobile.
Après un instant d'observation on perçoit un mouvement.
Les ombres se déplacent, les arbres remuent, le bois s'ouvre
et évoque ... le troll.
Créature surnaturelle des contes norvégiens . . . être
non-humain aux pouvoirs magiques ... roi bestial au peuple
inconnu . . . éternel adversaire ... le troll est un personnage
fondamental des contes norvégiens. Il possède, ou constitue,
l'objet de la quête du héros. Il est opposant - par opposition
à adjuvant, selon la terminologie proposée par Greimas.
Souvent opposant principal, il est un des maîtres du
rebondissement du récit et de l'évolution du héros. Mais ce
rôle d'opposant, bien déterminé dans les contes merveilleux
du monde entier, ne constitue pas en lui-même l'originalité du
troll; la spécificité norvégienne repose essentiellement sur les
attributs du personnage.
Il parait donc intéressant de présenter le personnage en
proposant une description sommaire du troll (aux niveaux
physique, social et moral). Ensuite il sera alors possible
d'introduire l'image et d'observer le rapport du troll avec les
illustrations.
L'aspect général du troll est relativement humain; c'est
un bipède (pas assurément de l'ordre des primates), à station
verticale et aux mains préhensiles mais à l'intelligence assez
limitée. De là son éternel échec dans les combats contre le
héros humain.
Le troll est caractérisé par une taille immense, une force
impressionnante, un aspect repoussant, un grand nez, un
nombre de têtes variables (de 1 à 1 2 en passant - presque -
nécéssairement par 3,6,9 ou 3,5,7), un oeil ou plusieurs, un

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appétit vorace, une voix puissante, une queue plus ou moins
longue . . . l'allure est effrayante et bestiale. Voici comment
les petits garçons dans le bois de Heddal perçoivent les trolls:

Ils ont entendu quelqu'un qui ronflait et flairait forte-


ment. Les garçons tendaient l'oreOle, écoutaient bien si
c'était un animal ou un troll de la forêt qu'ils entendaient.
Mais ça se mettait à flairer encore plus fort, et dit: «Ça sent
le sang chrétien ici». [. . .] En même temps ils virent les trolls
qui approchaient, et Hs étaient si gros et si grands que leurs
têtes étalent aussi hautes que les sommets des sapins.
Mais ils avaient seulement un oeil pour trois, qu'ils
échangeaient: ils avaient un trou dans le front dans lequel
ils le mettaient, et ils le dirigeaient avec la main. Celui qui
marchait devant devait l'avoir, et les autres suivaient en se
tenant au premier.1

Le modèle social du troll a aussi l'apparence du nôtre. Il


s'agit d'un monde difficile d'accès, mais qui une fois atteint
découvre une société humanoïde, riche - donc idéale-, aux
châteaux fastueux, aux terres fertiles, au bétail gras . . . Ainsi
par exemple, la sensation du soldat qui va délivrer les trois
filles du roi:

Alors le soldat est descendu; il est allé jusqu'au fond,


lui, à travers l'eau et le feu. Là en bas, c'était silencieuse-
ment sombre, tel qu'il ne voyait pas le bout de son nez.
[. . .] Si, I aperçut une petite lueur bien, bien loin là-bas,
comme à l'aurore; il y va. Quand H a eu avancé un peu, H a
commencé à faire plus clair et il n'a plus fallu longtemps
avant qu'il ne voit un soleil d'or dans le ciel là-bas, et tout
est devenu lumineux et beau, comme dans le vrai monde.
Il est d'abord arrivé jusqu'à un grand troupeau, avec un
bétail si gras qu'il reluisait, puis il a vu un grand, superbe
château.

Situé au delà des 3000, 6000 ou 9000 lieues à parcourir


cet univers fonctionne en dehors de notre temps, et le troll vit
des centaines d'années.
Cependant la limite entre nos deux mondes est non
seulement marquée par la difficulté d'y parvenir ou par la
distance à franchir, mais encore par sa situation topographi-
que particulière (telle que dans la forêt profonde ou à
l'intérieur de la montagne).
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Moralement parlant, le troll rappelle beaucoup l'ogre des
autres pays européens. Caractère borné, naïf et böte, impli-
quant une simplicité d'esprit sur laquelle repose le conte.
Cependant son aspect le plus représentatif dans la croyance
populaire n'est pas ce manque de subtilité, mais sa
méchanceté légendaire (considération très discutable- voir
par exemple l'appendice).
Si les différents contes s'accordent plus ou moins sur
cette rapide description, il reste néanmoins des points
énigmatiques. Par exemple, l'attitude du troll face à la religion
se présente sous deux angles différents: la plupart ne sup-
portent pas l'odeur du sang chrétien4 tandis que d'autres se
rendent à l'église pour prier . Une semblable ambiguité règne
aussi à l'égard de la lumière - de notre monde. Notre soleil
leur est souvent fatal. Les trolls «crèvent» au sens propre du
terme. Par exemple: «'Regarde et tu pourras voir la jolie,
superbe fille derrière toi', dit le chat au troll. Alors le troll se
retourna, vit le soleil et creva»6 mais parfois ils combattent,
sans aucun gêne, le héros en plein jour7.
Divers autres facteurs permettent d'ailleurs de constater
que l'image du troll repose sur un dualisme totalement intégré
à la structure bilatérale des contes norvégiens8. Dualisme
expliquant peut-être l'étrange évolution du troll, alors fondée
sur l'ambiguité, l'incertitude et le caractère double du person-
nage.
Cette image textuelle du troll, telle que nous l'avons
présentée ici, est certainement à l'origine de la représentation
iconique. Cependant l'illustration concentre la description, et
par là même souligne les caractéristiques originales du sujet.
A cette déformation s'ajoute la vision personnelle du des-
sinateur, qui par son tempérament appuie sur l'un ou l'autre
aspect du personnage. (La souplesse d'un texte permet au
lecteur d'estimer chaque qualificatif et de ressentir personnel-
lement la description, tandis que l'image offre un aspect fini
que le lecteur accepte tel quel, puisqu'il correspond à une
interprétation possible du texte.) Présentant les choses de
manière plus représentative et plus simple - puisque
supprimé l'effort d'imagination - l'image touche et influence
fortement le public.
La vision personnelle devient rapidement vision collec-
tive.

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Une des premières illustrations des contes d'Asbjernsen
et Мое date de 1850. J.F Eckersberg9 y présente des trolls
démoniaques et musclés, à la fois humanisés et diaboliques
par leurs oreilles, nez et barbes pointus (Fig. 1): Il s'agit du
conte de L'oiseau d'or, dont voici l'extrait concerné (Le fils
cadet du roi et le renard sont poursuivis par les trolls à qui ils
ont volé divers objets magiques):
-Tu vas continuer seul. Moi je vais rester ici un
moment, dit le renard. Et I se fit un vêtement de paille de
seigle, et se donna l'air de quelqu'un qui était là et prêchait.
A ce moment arrivaient les trois trolls à toute allure en
espérant les rattraper.
- Est-ce que tu as vu passer quelqu'un avec une belle
demoiselle, un cheval et son mors en or, un oiseau d'or et
un tilleul aux feulles d'or?, crièrent-lis à celui qui avait l'air
de quelqu'un qui était là et prêchait.
-Oui, cela je l'ai entendu de la grand-mère de ma
grand-mère, qu'l était passé quelqu'un comme ça; mais
c'était dans le bon vieux temps, quand la grand-mère de
ma grand-mère faisait des gâteaux d'un sou, qu'elle don-
nait deux pour un sou et rendait le sou avec.
Alors tous les trolls éclatent de rire: Hahahaha! di-
saient-ils en se tenant l'un contre l'autre.
- Si nous avons dormi si longtemps, nous pouvons
bien retourner à la maison et nous coucherl dirent-ils en
faisant demi-tour10.

Une trentaine d'années plus tard Th. Kittelsen illustre la


même scène pour une nouvelle édition. Les trois trolls sont
immenses, les nez grands, les corps peu définis et l'air bête.
Alors que le renard, quatrième personnage du passage, est
pratiquement identique à son prédécesseur, les trolls sont
marqués par un aspect bestial et idiot. Kittelsen sera un des
plus célèbres illustrateurs de contes populaires norvégiens.
Son dessin de troll évolue avec le temps et la connaissance
de plus en plus intime du personnage. Il associe les créatures
surnaturelles au milieu naturel et propose souvent des trolls,
géants solitaires à la fois naifs et effrayants (Fig. 2, 3, 4).
A la même époque, Erik Th. Werenskiold présente les
trolls comme de redoutables géants poilus à barbes longues,
à l'air d'hommes immenses et idiots malgré leur grand
nombre de têtes. Il semble s'intéresser plus aux situations
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qu'aux personnages mêmes, et les scènes imagées devien-
nent très caractéristiques (Fig. 5).
Per Krogh, qui appartient à une nouvelle génération
d'illustrateurs, ne dessine dans Lillekort 11 que les cinq tôtes
du troll énergiquement coupées par le héros; les énormes
visages ont successivement et respectivement l'air surpris,
douloureux, haineux, vaincu puis stupide. Une image qui
condense à elle seule le caractère du personnage (Fig. 6).
A quelques années d'intervalle, le peintre suédois John
Bauer présente des créatures surnaturelles très sympathi-
ques, marquées par un dessin travaillé et stylisé (Fig. 7). Les
trolls, issus de leur texte d'origine, sont alors intégrés dans
un nouveau récit imaginaire. A partir de là, il paraît possible
de constater une transformation régulière de l'image du troll.
Dès le début du siècle une artiste suédoise, Eisa Be-
skow12, illustre puis écrit des contes pour enfants partielle-
ment inspirés des contes populaires. Les trolls y apparaissent
de temps à autre, généralement sous la forme d'êtres
sauvages aux oreilles pointues; grands ou petits, bons ou
méchants, mais surtout peu intelligents (Fig. 8).
Dans les années cinquante, un livre de contes littéraires
norvégiens13 présente un troll sympathique et amical alors
que ses congénères gardent leurs allures ancestrales (Fig. 9).
Seuls les traits physiques caractéristiques mais pas trop
effrayants (le grand nez, la queue, l'aspect hirsute) sont
conservés.
Chez Rolf Udberg14, dessinateur contemporain, le troll
constitue à lui seul un personnage central; il a pris un essor
particulier en dehors du conte. Illustrations et textes le
décrivent tranquille, écologiste, bon père de famille, effrayé
par la transformation que les humains imposent au monde;
homme naturel- et non plus surnaturel - des bois, le troll
exprime la sagesse et le calme, à travers une découverte de
la nature. Les pouvoirs surnaturels ont momentanément fait
place à la raison, mais le troll a conservé son rapport primor-
dial à la nature, et donc sa présence susceptible dans le
quotidien (Fig. 10, 11, 12).
Parallèlement ou conséquemment, mais d'une manière
identique, on observe donc, dans les récits modernes, une
évolution du personnage au sein du texte.

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Un des premiers facteurs du changement concerne le
rôle du personnage surnaturel principal; une fois sorti de la
structure des contes populaires, le troll, contrairement à son
agressivité d'origine, devient généralement ou adjuvant, ou
héros.
Sa qualité d'adjuvant se manifeste de manière très
concrète, soit par contact direct avec le héros, soit par
intervention auprès d'opposant. Mais il existe aussi de nom-
breux textes modernes, n'ayant souvent du conte que les
personnages, où le troll devient sujet d'intérêt principal ou
même héros15.
Telle une scène imaginée par Lidberg (Fig. 1 1): On peut
noter ici l'inversion totale des paramètres selon deux versions
possibles: 1 ) le renne est le héros, protégé par les trolls contre
les humains chasseurs, 2) les trolls sont les héros et
protègent le renne des humains chasseurs. Le renversement
est d'autant moins frappant, a priori, qu'il existe dans les
contes populaires des situations où les humains (chasseurs)
interviennent comme opposants - secondaires - (dans
«Blanche-Neige», par exemple.)
L'évolution suit donc une ligne progressive et proche du
conte d'origine. Seule la structure du texte folklorique est
remise en question de par la valeur des différents person-
nages16.
L'image des créatures surnaturelles a donc beaucoup
évolué, sans doute influencée par d'autres récits et par les
transformations historiques, géographiques, économiques et
sociales. Mais au delà du mal ou de la bêtise qu'il symbolise,
des forces de la nature ou du simple actant d'un conte, le troll
a atteint un nouveau statut: représentant de la Norvège.
Le troll est un symbole norvégien. Il concurrence les pulls
et les objets en bois traditionnels dans les magasins touristi-
ques, il est l'emblème de clubs, il représente différentes
marques de marchandises les plus diverses (souvenirs de
toutes formes, de toutes matières, objets de toutes sortes et
de toutes utilités ou inutilités . . .). Le troll est devenu lui-même
un produit commercial.
Le troll appartient au quotidien norvégien, au niveau
social, littéraire et économique, ce qui explique son évolution
dûe à différentes récupérations. Avec le temps il a progres-

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sfvement quitté sa place symbolique et imaginaire pour entrer
dans la réalité d'un univers socio-économique.
Mais il ne s'agit là que de son image . . .

NOTES

1. Asbjomsen et Мое, «Smèguttene som traft trollen* pâ Hedalsskogen», Sam-


lede eventyr (Gyldendal, 1978), tom« I, p. 66.
2. Le monde naturel des trolls Incarne Id un Idéal norvégien. La richesse du sol,
l'abondance de soleil, «l'herbe verte et grasse . . .» contrastent évidemment avec
les 3% de terres cultivables et les 60% de montagnes du territoire norvégien.
3. Asbjomsen et Мое, «De tre kongsdotre i berget det blâ», tome II, p. 7.
4. Asbjomsen et Мое, «Smâguttene som traft troilene pâ Hedalsskogen», tome I,
p. 66.
5. Asbjomsen et Мое, «Smorbukk», tome II, p. 99.
6. Asbjomsen et Мое, «Merreper», tome II, p. 162.
7. Asbjomsen et Мое, «Rodrev og Askeladden», tome II, p. 262. Voir aussi
«Ullekort», tome III, p. 323.
8. Le personnage du troll apparaît susceptible d'une étude plus approfondie,
mais il s'agit Ici de présenter une vision premiére et générale du troll, Issue des textes
mêmes. Dans un travail précédent nous avons constaté l'Importance du dualisme
de base des créatures surnaturelles dans les contes norvégiens. (Il s'agit d'un
mémoire de D.E.A. sur "Les créatures surnaturelles dans les contes norvégiens" Quin
1988, Sorbonne-Paris IV], à l'origine de mon travail de thèse de doctorat actuel sur
le même sujet.)
9. Voir à cet effet «Remarques et situation» après les notes bibliographiques.
10. Asbjomsen et Мое, «Gullfuglen», tome II, p. 29.
11. Asbjomsen et Мое, «Ullekort», tome III, p. 323.
12. Eisa Beskow, Tll eventyriand (Grondahl & S-n, 1975).
13. Gunnar Freishagen, Eventyr skog (Fòrlagt av Arthur Roeén, 1944).
14. Rolf Udberg, Skrukke tuli og smàtroll I skogen (Ed. Utor, 1984).
15. Gudrun Helgadóttir et Brian Rlkington, Ruska (Cappelen, 1982); Tor Age
Bring svasrd et Ulf Aas, T-Bane-trollet (Gyldendal, 1969); Turki Farbrodt, Huldra og
andre eventyr (Oslo: H. Aschehoug, 1941); Rudolf Oiseth, Tnollhistorier (fra
Ostmarka, [?]).
16. Notons alors qu'un tel développement est tout de même surprenant si l'on
considère que les recueils d'Asbjomsen et Мое, illustrés par Kittelsen et Werenskiold
en partie, ornent toutes les bibliothèques et sont lus dans presque chaque famille.
Car alors l'opposition entre les deux représentations d'un même personnage est
flagrante. И semble encore s'agir d'un dualisme accepté des créatures surnaturelles
des contes norvégiens.

NOTES BIBLIOGRAPHIQUES

Asbjomsen, P. Chr. Norské hukfrs eventyr og folkesagn. 2 tomes. Ed. H. As-


chechoug, 1984 (illustrations de Kittelsen, Werenskiold, Krogh . . .).
Asbjomsen, P. Chr. et Мое J. Samlede eventyr. 3 tomes. Gyldendal, 1978.
Bauer, J. Troflskogen. Gyldendal Norsk Forlag, 1978.
Bo, Olav. Trollmakter og godvette. Det norské samlaget, 1987.
Uestol, K. P. Chr. Asbjemsen. T. Grundt Tanum, 1947.
Greimas, A.J. Sémantique structurale. Larousse, 1972.

Traductions françaises et anglaises des contes de Asbjomsen et Мое -plus ou


moins -disponibles à l'heure actuelle:
Pineau, Léon. Contes norvégiens . Paris: Librairie Defagrave, 1930.

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Faure Aarhoug, Martha. Contes et légendes de Norvège. Oslo: Tanum, 1962.
Gada, Halen et John. Norwegian Fairytales. London: H. Mi If ord, 1924.
Shaw, Pat et Carl Norman. Norwegian Folk Tales . Oslo: Dreyen Fortag, 1960.
Reidar Christiansen, Th. Folktales of Norway. Trans. Pat Shaw tversen. London:
Routledge & Kegan Paul, 1964.

REMARQUES ET SITUATION

Bauer, John Albert (1673-1951). Peintre et dessinateur suédois. Auteur de livres sur
les trolls.
Beskow, Eisa (1674-1953). Dessinatrice et auteur suédoise.
Kittelsen, Th. (1657-1914). Peintre et dessinateur norvégien. Illustrateur de contes
dés 1683.
Krogh, Per Lasson (1669-1965). Peintre norvégien, Шуе de son pére et de Matisse.
Illustre quelques contes en 1935.
Werenskiold, Erik Th. (1655-1936). Peintre et dessinateur norvégien, tngage par
Asbjornsen en 1877.

APPENDICE

Présentant deux extraits de contes norvégiens recueillis par Asbjornsen et Мое


et traduits du norvégien en français par Christiane de Rauly-Froen.

1. Redrev og Asketadden [Askeladden et Renard Rouge]


[Un troll doit venir chercher la fille du roi. Renard-Rouge a été choisi pour la
défendre, mais l'abandonne et se cache dans un arbre par peur du troll. Askeladden
décide de protéger la princesse . . .]
В le troll arrivai soufflant, pestant comme un damné. Il était si lourd, si gros que
la terre tremblait, les arbres se cassaient à son approche. Quand il vit Renard Rouge,
là haut sur son arbre, il lui envoya une pichenette qui envoya promener au loin l'arbre
et le bonhomme; Renard Rouge se trouva bientôt s'agitant sur l'herbe comme une
truite hors de l'eau!
«Hu, hu!» dit le troll, «es-tu là à épouiller les bons chrétiens? Arrive donc que Je
te mangel** dit-il à la princesse.
«Peuh!» dit Askeladden en se réveillant et se dépêchant de regarder le troll à
travers l'anneau de sa clé.
«Hu, hul» dit le troll, «qu'est-ce-que tu as à me regarder comme ça, hu, hul»* et
il jeta vers Askeladden l'énorme pieu de fer qu'il avait en guise de canne. Mais vif
comme la poudre, Askeladden évita le pieu qui alla s'enfoncer de quinze pieds dans
le rocher.
«Ah la, la, quelle mauviette!»* s'écria Askeladden, «donne-moi donc ton curedent
que je te montre comment on jette un pieu».
Le troll alla arracher le pieu qui était grand comme trois bons pieux. Pendant ce
temps Askeladden auscultait le ciel, regardant de droite à gauche.
«Hu, hu!» cria le troll, «qu'est-ce que tu regardes encore?"»
«Je cherche une étoile qui puisse servir de cible pour jeter ton curedent», dit
Askeladden. «Tu vois celle qui est accrochée au nord? c'est celle-là que je vais
prendre». «Non, non! laisse-la donc où elle est!» dit le troll, «je ne veux pas perdre
mon pieu». «Bon, alors, reprends-le donc; tu préférés peut-être que je t'envoie
promener dans la lune?» Non, le troll ne voulait pas de cela non plus!!
«Alors on joue à colin-maillard! tu aimes bien jouer à colin-maillard, n'est-ce
pas?» Oui, ça c'était amusant, dit le troll, mais Askeladden devait commencer le
premier.
«Bien sûr», dit celui-ci, «mais le plus juste serait qu'on tire au sort» et on tira au
sort; mais vous pensez bien qu 'Askeladden s'arrangea pour que le sort tomba sur
le troll qui eut bientôt les yeux bandés et le jeu commença, et quel jeu!

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Le troll se tapait dans les rochers, trébuchait dans les torrents, tombant à plat
ventre dans les bois, les arbres et la poussière volant de tous les côtés.
«Aie, aie! criait le troll furieux, «ce n'est pas un jeu pour les trolls».

2. Ullekort [Petitcourt]
(Scénario identique au précédent.)
Quand le Jeudi soir arriva, le Chevalier Rouge accompagna la princesse Jusqu'à
la plage -car c'était là qu'elle devait attendre le troll. Il avait pour mission de rester
près d'elle et de la surveiller. Mais Je crois bien qu'il ne gêna guère le troll dans son
entreprise, car à peine fut-il sur la plage avec la princesse, et que celle-ci se fut assise
sur le sable, qu'il grimpa dans un grand arbre qui se trouvait là, et s'y cacha du mieux
qu'il pût. La princesse pleurait et le suppliait de ne pas l'abandonner, mais le
Chevalier Rouge se moquait pas mal de la princesse: «c'est bien assez d'un qui y
perde la vie, sans qu'il y en ait un deuxième!» dit-il.
Pendant ce temps-là, Petitcourt supplia la souillon de la cuisine de le laisser
descendre à la plage [. . .], et courut Jusqu'à la plage. Il était à peine arrivé à l'endroit
où la princesse était assise que le troll arriva lui aussi, courant, pestant, faisant
trembler la terre sous ses pas. C'était un troll énorme, et avec en plus cinq têtes!
«Feu!» cria le troll dès qu'il aperçut Petitcourt.
«Feu de même!» cria celui-ci.
«Peux-tu te battre à l'épée?» cria à nouveau le troll.
«Si Je ne sais, Je peux toujours apprendre», dit Petitcourt.
Alors le troll Jeta après lui un terrible pieu de fer qu'il avait au poing. Le pieu alla
se ficher dans le sol en faisant Jaillir la terre à au moins cinq aunes de hauteur.
«Oh la la!» s'écria Petitcourt, «voilà qui est bien fait! mais regarde un peu ce que
Je peux faire!» Alors H agrippa à deux mains l'épée qu'il avait eue de la vieille bossue,
la fit tournoyer au dessus de sa tête et coupa d'un coup les cinq têtes du troll qui
allèrent rouler sur le sable de la plage.

NOTE BIOGRAPHIQUE

Virginie Amllien prépare une thèse de doctorat sur les créatures surnaturelles
dans les contes norvégiens sous la direction de Régis Boyer ò la Sorbonne-
Paris IV. Elle travaille actuellement sur le sujet à l'institut de folklore d'Oslo,
avec Ronald Grambo, grâce à une bourse de recherche NAVF (Conseil
Norvégien de Recherche Scientifique).
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1. Illustration de L'oiseau d'or. J.F. Eckersberg.

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2. Illustration de
L'oiseau ďor.
Th. Kittelson.

3. Troll aquatique.
Kittelsen.

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4. Illustration d'une légende.
Kittelsen.

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5. Le troll du château de Soria-Moria.
Werenskiold.

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6. Lillekort. Per Krogh.

7. Bauer.

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8. Beskow.

9. Illustration d'un conte pour enfant.

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10. Udberg.

1 1 . Udberg. Chasse au renne.

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12. Oiset.

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