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Cartographie de la Chaine de Valeur du Coton du Burkina Faso Auteurs

Research · January 2019

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5 authors, including:

Denis Akouwerabou Antoine Yerbanga

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PROMOUVOIR LA RESILIENCE DES ECONOMIES EN ZONES SEMI-ARIDES

Cartographie de la Chaine de Valeur du Coton du


Burkina Faso

Auteurs :
Akouwerabou Denis
Yerbanga Antoine
Sombié Issiaka
Bako Parfait
Korahiré Joël

i
Préambule

Ce document de recherche est un output d’un des projets du consortium dénommé


Promouvoir la Résilience dans les Economies en zones Semi-Arides (PRESA). PRESA est un
consortium mis en place dans le cadre de l'Initiative de Recherche Collaborative sur
l’Adaptation en Afrique et en Asie (IRCAAA). PRESA compte plusieurs groupes de
recherche internationaux qui réfléchissent sur différentes thématiques. On peut retenir entre
autres les migrations climatiques, les changements climatiques et l’accès à l’eau potable,
tourisme et changements climatiques, etc. Le présent document de recherche a été produit par
l’équipe de recherche qui traite des opportunités économiques liées aux changements
climatiques. Ce projet analytique, tout comme les autres projets du consortium, est une
recherche comparative. Nous nous intéressons aux impacts des changements climatiques sur
les acteurs privés de la chaine de valeurs du coton au Burkina Faso et au Pakistan.

L’agenda de recherche est constitué de trois étapes. La première étape a consisté à regrouper
autour d’une même table les chercheurs et toutes les parties prenantes pour discuter des
thématiques qui vont aboutir à des recommandations de politiques économiques pertinentes et
faisables. Parmi les parties prenantes, on y comptait les acteurs privés clefs de la filière coton
et les structures publiques. La fin de la première phase coïncide avec la réalisation de la
cartographie des chaines de valeurs du coton au Burkina et au Pakistan.

La deuxième phase va consister à collecter des données primaires pour analyser les impacts
des changements climatiques sur les activités des acteurs privés identifiés dans la chaine de
valeurs du coton (confère page 23 du présent document). Il s’agira pour nous de voir
comment les changements climatiques impactent les activités des acteurs individuellement et
ensuite de voir comment les chocs individuels se transmettent aux autres acteurs de la chaine
de valeurs. Le questionnaire comporte également des questions qui vont nous permettre
d’identifier les acteurs qui ont développé des techniques pour réduire les impacts des
changements climatiques sur leurs activités. Notre stratégie consiste à faire l’état des lieux sur
les initiatives individuelles en matière d’adaptation. Ensuite, nous ferons la promotion des
stratégies d’adaptation réussies ou d’en proposer de nouvelles au cas échéant.

Cette initiative de recherche a été rendue possible grâce au soutien financier du Department
for International Development (DFiD) du Royaume Uni et le Centre de Recherche en
Développement International (CRDI), Ottawa, Canada. Les opinions exprimées dans cet
ouvrage sont celles de leurs auteurs et ne représentent pas nécessairement celles du
Department for International Development (DFiD) du Royaume Uni et le Centre de
Recherche en Développement International (CRDI) du Canada ou, de son Conseil de
gouverneurs.

ii
Remerciements

L’innovation majeure du projet PRESA réside dans l’implication de toutes les parties
prenantes dans la conduite de la recherche. Comme nous l’avons souligné précédemment, les
parties prenantes (Structures publiques, les sociétés cotonnières, les cotonculteurs, les
transformateurs industriels et artisanaux) ont participé de façon active à l’élaboration et
l’opérationnalisation des questions de recherche. Nous tenons ici à saluer l’esprit de travail, la
collaboration et le partage d’expériences qui ont perms d’aboutir à un document potable et
équilibré. Nous remercions tous ceux qui se sont investis de façon active afin de faciliter la
conception des différentes chaines de valeurs qui constituent la contribution majeure du
présent document de recherche.

Nos remerciements vont particulièrement aux membres du comité de suivi évaluation. Vous
avez été d’un apport très important dans l’aboutissement des travaux qui ont permis de
réaliser les chaines de valeurs du coton du Burkina Faso. Vous nous avez été utiles dans la
collecte des données. Nous vous sommes reconnaissants. Nos remerciements vont
particulièrement à l’endroit du Secrétaire permanent du suivi de la filière coton libéralisé
(SP/FCL), Monsieur Wilfried Yameogo et ses collègues du SP/SFCL (Faho Sanibé, Guinko
Jean Pierre). Nous n’aurions pas pu accéder aux informations auprès des différents acteurs de
la filière sans votre intervention. Vous nous avez aidés à réorienter certaines questions du
guide d’entretien. Vous avez envoyé des correspondances aux acteurs de la filière pour les
demander d’être attentifs à nos doléances. Vous avez toujours été à nos cotés pour résoudre
tel ou tel autre problème qui bloque ou freine la collecte des informations. Vous avez utilisé
vos relations pour nous faciliter des rencontres.

Nos remerciements vont à tous les groupements de producteurs de coton (GPC) qui nous ont
reçus malgré leurs multiples occupations. Nous remercions particulièrement les bureaux des
GPC Dizandani, Nankounou, Toudikiga, Dakola et de Konnipo qui nous ont reçus plusieurs
fois lorsque nous avons eu besoin d’informations complémentaires. Nous remercions
également tous les chauffeurs qui ont parcouru les zones rurales avec nous. Merci pour avoir
braver les difficultés (routes en mauvais état) afin de nous aider à atteindre les villages des
producteurs de coton.

Nous remercions également la coordination internationale scientifique du projet 3 de PRESA.


Nous pensons particulièrement à Catherine Simonet et Elizabeth Carabine pour les
commentaires faits sur les versions précédentes de ce document. Nous remercions aussi tous
les membres de IED Afrique qui ont coordonné les activités de recherche à l’échelle du
continent africain.

A tous ceux qui nous ont aidés et dont nous n’avons pas cité les noms ici, nous vous disons
merci.

i
Sommaire
Remerciements ........................................................................................................................................ i
Liste des Tableaux ...................................................................................................................................iii
Liste des Figures...................................................................................................................................... iv
Liste des Graphiques ............................................................................................................................... iv
Sigles et Abréviations ...............................................................................................................................v
1. Introduction ..................................................................................................................................... 1
2. Historique sur l’évolution de la culture du coton au Burkina Faso ................................................. 2
3. La production................................................................................................................................... 4
3.1. Brève présentation du climat et de la végétation ........................................................................ 4
3.2. Les zones de production cotonnière ............................................................................................ 5
3.3. Les systèmes de production ......................................................................................................... 7
3.4. Modes d’acquisition des terres .................................................................................................... 8
3.5. Volume de production.................................................................................................................. 8
4. Accès aux intrants et encadrement des producteurs ................................................................... 10
5. Assurance et accès au financement dans le secteur cotonnier .................................................... 11
6. Les échanges.................................................................................................................................. 13
6.1 Le Coton transformé.................................................................................................................... 13
6.2. Coton non transformé ........................................................................................................... 14
7. Les prix........................................................................................................................................... 17
7.1. Evolution des prix aux producteurs locaux ................................................................................ 17
7.2. Evolution des cours mondiaux ................................................................................................... 18
8. Impact économique du Coton sur l’économie du Burkina Faso ....................................................... 19
8.1. Au niveau macroéconomique .................................................................................................... 20
8.2. Au niveau microéconomique ..................................................................................................... 22
9. Cartographie de la chaine de valeur et organisation de la filière ..................................................... 24
9.1. Cartographie des activités de la chaine de valeur du coton ................................................. 24
9.2. Cartographie des parties prenantes de la chaîne des valeurs coton au Burkina Faso ............... 22
9.3. Commentaires sur la cartographie (activités et Acteurs) ...................................................... 23
9.3.1. Les Producteurs/Paysans............................................................................................... 23
9.3.2. Les Sociétés Cotonnières ............................................................................................... 27
9.3.3. Les transformateurs ...................................................................................................... 30
9.3.4. Les couturiers/stylistes .................................................................................................. 32
9.3.5. Les Huileries................................................................................................................... 33
9.3.6. Les autres acteurs privés ............................................................................................... 33
10. Politiques et programmes publics dans le secteur du coton au Burkina Faso .......................... 35
10.1. Programmes et projets publics dans le secteur ....................................................................... 35
10.2. Politiques protectionnistes................................................................................................ 39
11. Avenir de la filière Coton du Burkina Faso ................................................................................ 40
12. Conclusion ................................................................................................................................. 42
Bibliographie.......................................................................................................................................... 45
Annexes ................................................................................................................................................. 49
Annexe A: Droite de régression entre la production et la superficie.................................................. 49
Annexe B : Prix au producteur pour le coton 1er et 2ème choix (en FCFA/Kg) ................................... 49
Annexe C: Evolution des superficies, des productions et des rendements de 1995 à 2014 ............... 50
Annexe D : Guide d’entretien avec les acteurs de la chaine de valeur coton ..................................... 51

ii
Liste des Tableaux
Tableau 1 : Répartition du Fonds Intrants Coton (en milliards de FCFA) .............................................. 12

Tableau 2 : Données sur le Fonds de lissage ......................................................................................... 12

Tableau 3 : Evolution des exportations et des importations du coton transformé en volume et en


valeur au Burkina Faso de 2010 à 2013................................................................................................. 14

Tableau 4 : Evolution des exportations de la fibre de coton en volume et en valeur au Burkina Faso 15

Tableau 5 : Evolution des exportations de déchets de coton au Burkina Faso de 2009 à 2013 ........... 15

Tableau 6 : Evolution des importations et des exportations des graines de coton .............................. 16

Tableau 7 : Comparaison des quantités (tonnes) de fibres de coton produites et exportées au Burkina
Faso entre 1995 à 2002. ........................................................................................................................ 16

Tableau 8 : Exportation et transformation du coton fibre au Burkina Faso en 2001 .......................... 16

Tableau 9 : Types de transport et assureur du service.......................................................................... 34

iii
Liste des Figures
Figure 1 : Zones climatiques du Burkina Faso ......................................................................................... 5

Figure 2 : Les zones cotonnières du Burkina Faso ................................................................................... 7

Liste des Graphiques


Graphique 1 : Evolution des superficies, des productions et des rendements du coton de 1995 à 2014
au Burkina Faso ..................................................................................................................................... 10

Graphique 2 : Evolution des prix selon la qualité du coton (en FCFA/kg) ............................................ 18

Graphique 3 : Evolution de l’incidence de la pauvreté (en %) .............................................................. 24

iv
Sigles et Abréviations
ACC : Association cotonnière coloniale
AICB : Association Interprofessionnel Cotonnière du Burkina
AOC : Afrique Occidentale et Centrale
CCCE : Caisse Centrale de Coopération Economique
CEDEAO : Communauté Economique Des Etats de l’Afrique de l’Ouest
CEFCOD : Centre d’Etude, de Formation et de Conseil en Développement
CITEC : Comptoir des Industries Textiles et Cotonnier
CNCA : Caisse Nationale de Crédit Agricole
DGPER Direction Générale de la Promotion de l’Economie Rurale
DDC : Data Device Corporation
FAC : Fonds d’Aide et de Coopération
FAO : Fonds des Nations Unies pour l’Agriculture
ICCO : Inter Church Corporation for the development Organization
IFDC : International Fertilizer Development Center
INERA : Institut National d’Etude et de Recherches Agricoles
INVATEX : Initiatives de Valorisation du Textile
MARHASA : Ministère de l’Agriculture, des Ressources Hydrauliques, de
l’Assainissement et de la Sécurité Alimentaire
MASA : Ministère de l’agriculture et de la sécurité alimentaire
MEF : Ministère de l’Economie et des Finances
MICA : Ministère de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat
PAFICOT : Programme d’Appui à la Filière Coton-Textile
PA-OPA : Plan d’Actions pour l’émergence des Organisations Professionnelles Agricoles
PAP-OPC : Projet d’Appui à la Professionnalisation des Organisations de Producteur de Coton
PCOV : Projet Coton Ouest-Volta
PDAOV : Programme Développement Agricole de l’Ouest-Volta
PRFCB : Projet de Renforcement de la Filière Cotonnière du Burkina
SOFITEX : Société des Fibres Textiles
SP/CPSA : Secrétariat Permanent de la Coordination des Politiques Sectorielles Agricoles
SP/SFCL : Secrétariat Permanent de Suivi de la Filière Coton Libéralisée
UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest Africaine
UNPCB : Union Nationale des Producteurs de Coton au Burkina
US : United States
USA : United States of America
USAID : United States Agency for International Development
VOTEX : Société Voltaïque de Textiles

v
1. Introduction
Les performances économiques du Burkina Faso reposent fortement sur les activités
informelles. Sur la période de 1992-1996, le secteur privé a contribué à plus de 79% à la
croissance économique du Burkina Faso. Au total, 32% de cette contribution provenait des
entreprises informelles (Chambas et al., 1999). Aussi, le secteur informel non agricole occupe
environ 80% des actifs urbains et sa contribution au PIB est estimée à plus de 32 % en 2013.
Quand à la population rurale, elle tire exclusivement ses revenus des activités agricoles.
L’agriculture, même si elle tarde à se moderniser, demeure importante pour l’économie
burkinabé.

En effet, une part importante des recettes d’exportation des pays en développement africains
provient des produits agricoles. Le coton fait partie des produits agricoles les plus exportés au
Burkina Faso. Les rendements enregistrés dans la culture du coton ont varié en dents de scie
depuis l’initiative engagée par l’administration coloniale consistant à étendre la production du
coton sur tout le territoire burkinabé en 1921 (Schwartz, 1993). L’expansion de la culture de
coton a été freinée par plusieurs problèmes. Au départ, les populations étaient un peu
réticentes vis-à-vis de l’adoption de la culture de coton. Les agriculteurs ont fini par adopté la
culture du coton lorsqu’ils se sont rendu compte qu’elle était un moyen pour obtenir des
ressources financières. Mais, dans les années 1980, les problèmes de sécurité alimentaire,
surtout lorsque les besoins locaux en céréales ne sont pas satisfaits par le marché
international, ont contraint les ménages à réduire les superficies allouées à la production du
coton au profit des cultures vivrières.

Malgré ces problèmes, le coton s’est imposé comme premier produit pourvoyeur de devises
étrangères dans les années 2000. La contribution de la filière coton à l’amélioration des
conditions de vie des paysans au Burkina Faso est trop importante. Le coton permet de créer
des emplois dans les zones rurales. Les activités de production occupaient directement
454 109 ménages en 2007 (Ministère de l‘environnement et du cadre de vie [MECV], 2011).
Les activités liées à la production (transport, stockage, égrenage, etc.) permettent également
de créer des emplois saisonniers. Au plan macroéconomique, le coton a contribué en moyenne
pour environ 55,6% des recettes totales à l’exportation entre 1995 et 2006 (Sebego, 2010). En
2006, le coton a contribué pour 4% à la formation du Produit intérieur brut (PIB) du Burkina
Faso [Ministère de l‘environnement et du cadre de vie (MECV), 2011].

1
L’essor de la culture du coton au Burkina Faso est surtout dû aux appuis publics dont elle
bénéficie. Les producteurs du coton bénéficient d’appuis techniques, de facilités d’accès aux
intrants et au crédit bancaire. Les producteurs du coton sont également les plus organisés
lorsqu’on considère les producteurs agricoles des zones rurales. Mais, les changements
climatiques constituent une nouvelle menace pour le développement du coton dans les zones
rurales du Burkina Faso. Ces dernières années, le coton a perdu son rang de premier
contributeur aux recettes d’exportation. Cela est dû principalement à deux facteurs.
Premièrement, le boum aurifère a fait de l’exportation de l’or la première source de revenu
extérieur du pays. Depuis 2013, la part du coton dans les exportations n’excède plus 18%,
alors que celle de l’or est estimée à 80% depuis 2010. Le second facteur qui explique le recul
du coton dans la contribution aux recettes d’exportation est l’avènement des changements
climatiques.

Le présent document de recherche a pour ambition de cartographier la chaine de valeurs du


coton au Burkina Faso. Ce travail est effectué avec l’objectif de faciliter l’analyse de l’impact
des changements climatiques sur les différents acteurs de la chaine de valeur du coton. Pour
ce faire, nous présentons premièrement le système de production. La présentation du système
de production est faite de sorte à ce que chaque acteur ainsi que les activités réalisées par cet
acteur dans la chaine de valeurs soient connues. Dans l’objectif de montrer l’importance de
cette culture dans l’économie du Burkina Faso, nous discutons également de la contribution
du coton à la croissance économique du pays, aussi bien du point de vue microéconomique
que macroéconomique. Les projets et programmes publics mis en œuvre pour soutenir les
acteurs de la filière sont également recensés. Pour chaque projet ou programme identifié, nous
exposons ses objectifs, ses actions ainsi que les résultats obtenus par la mise en œuvre des
stratégies développées. Nous discutons également des facteurs qui vont impacter fortement les
performances de la filière dans un futur proche. La conclusion rappelle l’objectif du présent
document de travail et annonce les étapes futures de notre agenda de recherche.

2. Historique sur l’évolution de la culture du coton au Burkina Faso


Beaucoup sont ceux qui pensent que le coton à été imposé aux agriculteurs burkinabé sous
l’ère coloniale. Dans sa revue de littérature, Schwartz (1993) montre que l’administration
coloniale n’avait pas pu imposer la culture du coton sur toute l’étendue du territoire
burkinabé. L’émergence de la culture du coton s’est réalisée dans les années 1980. Les
paysans burkinabè se sont massivement lancés dans la production du coton lorsqu’ils se sont

2
rendu compte que cette activité pouvait leur procurer un revenu substantiel. On peut
distinguer grosso modo quatre phases dans l’évolution ou l’expansion de la culture du coton
au Burkina Faso :

(i) Avant la période coloniale : Le coton était produit et transformé en pagnes pour
satisfaire les besoins domestiques. La quantité de pagnes produite est faible et une partie était
utilisée pour satisfaire les besoins d’habillement. Une autre partie de cette production servait
de linceuls funéraires et dans d’autres évènements comme les rituels. Le reste était utilisé sur
les marchés locaux comme monnaie d’échange contre le cola et le sel (Kohler, 1971). Pendant
cette période, le coton était associé aux cultures vivrières. Très peu de facteurs (main-d’œuvre
et superficie) étaient directement alloués à cette culture (Bélem, 1985). Les rendements
étaient faibles (environ 150 kilogrammes/hectare). La production était égrenée, filée et tissée
localement. L’égrenage et le filage étaient des activités féminines alors que le tissage était une
activité masculine (Schwartz, 1993)
(ii) La première période coloniale (1885-1919) : L’administration coloniale a commencé à
s’intéresser à la culture du coton à travers la mise en place de champs d’essai. Afin de mieux
organiser la filière et accroitre d’avantage les quantités produites, l’administration coloniale a
créé l’Association Cotonnière Coloniale (ACC). Le rôle principal de cette association était de
coordonner les activités de production et de commercialisation et de faciliter le partage des
expériences entre les producteurs africains.
(iii) La seconde période coloniale (1947-1960) : La France a introduit en 1921 une loi
portant fixation du programme général de mise en valeur de ses colonies. C’est à partir de
cette date que l’administration coloniale française allait faire de la culture du coton la base du
développement économique de la Haute-volta (Le Burkina Faso était connu sous ce nom
jusque dans les années 1980). La contribution de l’administration coloniale dans l’émergence
de la culture du coton au Burkina Faso a consisté à trouver des moyens pour inciter les
paysans à adopter cette culture. Les stratégies mises en œuvre sont entre autres les champs
collectifs de production du coton, l’encadrement technique des producteurs et la création
d’entreprises chargées de transformer localement la production réalisée.

(iv) Des années d’indépendance à nos jours : Les nouvelles autorités du pays avaient besoin
de devises extérieures pour financer leurs stratégies de développement. Pour ce faire, elles ont
décidé d’étendre les superficies cultivées qui sont passées de 20 065 ha en 1960 à 80 557 ha
en 1970 (SOFITEX, 1989). Par la suite, le gouvernement burkinabé a développé des stratégies
pour intensifier la production du coton. Pour accroitre les rendements, plusieurs mesures ont

3
été initiées. Premièrement, on a assisté à la création de la SOFITEX dont le rôle était d’offrir
aux paysans des semences de bonne qualité, des crédits en début de la campagne agricole et
ensuite d’acheter la production de ces paysans. La SOFITEX se chargeait enfin de
l’exportation des balles de coton conçues après égrenage du coton brut. Deuxièmement,
d’autres initiatives comme (1) l’avènement de l’Autorité d’aménagement des vallées de la
Volta dont la mission était la mise en valeur des vallées ainsi que (2) le Projet Coton Ouest-
Volta (PCOV) financé par la Banque Mondiale, le Fonds d’Aide et de Coopération et le
budget voltaïque ; (3) la Caisse Nationale de Crédit Agricole (CNCA) dont le rôle était
d’accorder le crédit agricole aux paysans et (4) le programme « coton » de recherche qui fut
mis en place au sein de l’Institut National d’Etude et de Recherches Agricoles (INERA) en
vue d’apporter à la culture du coton un appui scientifique, ont permis d’enregistrer des
rendements d’environ 800 kg à l’hectare à superficie quasi constante.

3. La production
Le coton constitue un élément moteur, voire un socle pour le développement socio-
économique de nombreux pays d’Afrique comme le Burkina Faso. Il est cultivé dans
plusieurs régions du pays au climat différent. Dans cette section, nous présentons d’abord les
conditions agro écologiques des zones de production du coton. Ensuite, nous discutons des
modes d’acquisition des terres ainsi que de l’évolution des quantités produites.

3.1. Brève présentation du climat et de la végétation


Le climat du Burkina Faso est de type tropical avec deux saisons très contrastées : une saison
des pluies avec des précipitations comprises entre 300 mm et 1200 mm et une saison sèche
durant laquelle souffle l'harmattan, un vent chaud et sec, originaire du Sahara. La saison des
pluies dure environ 4 mois, et s’étend du mois de mai à celui de septembre. Toutefois, la
durée de la saison des pluies est plus raccourcie au Nord du pays.

Suivant le volume des précipitations, on peut distinguer trois grandes zones climatiques
(Ménager et Nikiema, 2005) :
• la zone sahélienne au Nord du pays : Cette zone reçoit en moyenne moins de 600 mm de
pluviométrie par an et présente des amplitudes thermiques élevées (15 à 45 degrés).
• la zone soudano sahélienne : elle est une zone intermédiaire pour les températures et les
précipitations. La pluviométrie est comprise entre 600 mm et 900 mm de pluie par an.

4
• la zone soudanienne au sud du pays : elle reçoit en moyenne plus de 900 mm de pluie par an
et présente des températures moyennes relativement basses. La figure 1 ci-dessous permet de
distinguer ces différentes zones climatiques du pays.

Figure 1 : Zones climatiques du Burkina Faso


Longitude (°)
-6 -5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3

ZONES CLIMATIQUES DU BURKINA FASO ( 1961 - 1990 )


15 15

DORI
14 MALI 14
600 NIGER
OUAHIGOUYA

600
BOGANDE
13 13

DEDOUGOU
Latitude (°)

Latitude (°)
900 OUAGADOUGOU
FADA NGOURMA
12 12
BOROMO

BOBO-DIOULASSO PO
11 900 11
BENIN
GHANA TOGO
GAOUA LEGENDE :
Climat Sahélien
10 10
Climat Soudano-sahélien
Climat Soudanien
COTE D' IVOIRE BURKINA FASO
DIRECTION DE LA METEOROLOGIE
9 9
-6 -5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3
Longitude (°)

Source : Direction de la Métérologie du Burkina Faso

La végétation est fortement tributaire du climat. Elle est caractérisée par la prédominance de
formations mixtes ligneuses et herbacées (steppes, savanes, forêts claires). Le pays appartient
à la vaste région phytogéographique soudano zambienne s’étalant du Sénégal à la Namibie en
passant par la Somalie. Ainsi, dans la zone sahélienne, on a une steppe arborée et/ou
arbustive, ensuite en zone soudano sahélienne, une végétation dense et enfin dans la zone
soudanienne, on a une savane boisée et une forêt claire (Ménager et Nikiema, 2005).

3.2. Les zones de production cotonnière


Le coton est produit dans trois zones dites zones cotonnières définies à partir des zones
d’intervention de trois sociétés cotonnières (SOFITEX, FASO COTON et SOCOMA). Les
zones d’intervention de chaque société sont présentées sur la figure 2.
 La zone SOFITEX : elle se trouve dans la partie Ouest et Sud-Ouest du pays et s’étend
sur six régions et vingt provinces. C’est la principale zone de production cotonnière qui
couvre une superficie de 558 611 ha (SOFITEX, 2007) et fournit 80% de la production
(Direction générale de la promotion de l’économie rurale [DGPER], 2014). En outre, cette
zone est relativement bien arrosée avec une pluviométrie variant de 600 mm au Nord à 1100
mm au Sud. Le potentiel du Nord est limité par la dégradation des sols et l’irrégularité de la

5
pluviométrie. Néanmoins, des différences existent entre les régions de cette zone en termes de
production et de qualité des sols (Inter Church Corporation for the development Organization
[ICCO], 2004). Ainsi, le bassin cotonnier traditionnel (Banwa, Mouhoun, Balé, Tuy et Nord
du Houet), ancienne zone de culture, voit son potentiel se dégrader notamment dans le Nord
du fait de problèmes de fertilité du sol et de réduction de la pluviométrie (ICCO, 2004). Cette
zone est également une zone qui reçoit beaucoup d’immigrants chaque année, ce qui se traduit
par une forte pression foncière. Les exploitations ont tendance à se morceler. Les sols sont
sableux1 à sablo-argileux2 ou hydromorphes 3dans les vallées. Les systèmes de production
dominants sont les systèmes coton-maïs. Contrairement à cette zone, la zone sénoufo (une
partie du Kénédougou et de la Léraba) est plus homogène tant au niveau humain (peu de
migrants) que physique. Cette zone se caractérise par la présence de grandes exploitations
familiales, des sols sablo-argileux à argilo-sableux et le système de production dominant est
l’association coton-maïs. Enfin, la zone comprenant le sud-est du Kénédougou, l’Est de la
Léraba, la Comoé, le Ioba, le Bougouriba et dans une moindre mesure, le Poni, le Noumbiel,
la Sissili et le Ziro est une zone hétérogène avec des ethnies nombreuses. Les exploitations
familiales dans cette partie sont moins équipées que dans le reste de la zone SOFITEX. Les
sols sont plutôt sableux avec des sols hydromorphes dans les bas-fonds. Les systèmes de
production sont beaucoup plus diversifiés qu’ailleurs avec le riz, les arbres fruitiers, les
tubercules, le maraîchage et le tabac.
 La zone SOCOMA : cette zone se trouve à l’Est du pays et comprend 2 régions et 6
provinces. La pluviométrie varie énormément entre les provinces de cette zone. La production
de coton se cantonne dans la partie de cette zone qui est la plus arrosée à savoir le sud
(Gourma, Tapoa, Kompienga et Koulpélogo) avec plus de 900 mm de pluies en moyenne par
an. Les exploitations dans cette zone sont de taille modeste et moins équipées que celles du
Sud-Ouest. La production de cette zone représente 12% de la production nationale de coton
(DGPER, 2014).
 La zone Faso Coton : elle se trouve dans la partie centrale du pays et couvre 5 régions
et 11 provinces et a un potentiel très limité du fait d’une forte dégradation des sols et d’une
pluviométrie réduite de 400 à 900 mm. C’est la plus petite zone en termes de production du
coton. Au total, la zone Faso Coton produit environ 7% de la production nationale de coton

1
Les sols sableux sont souvent secs, pauvres en substances nutritives et très drainants.
2
Les sols argileux contiennent plus de 25% d'argile. Ce sont généralement des sols riches qui retiennent bien
l'eau et les éléments nutritifs.
3
Un sol est dit hydromorphe lorsqu'il montre des marques physiques d'une saturation régulière en eau.

6
(DGPER, 2014). La zone est également soumise à une forte pression foncière et à une
pluviométrie irrégulière ; ce qui requiert une mécanisation importante et adéquate (Diallo,
2008).

Figure 2 : Les zones cotonnières du Burkina Faso

Zone SOCOMA

Zone SOFITEX Zone FASO Coton

Source : AICB, SP-SFCL


Légende : Partie violette (Ouest) : SOFITEX ; Partie jaune (Centre) : FASO COTON ;
Partie verte (Est) : SOCOMA ; Partie blanche (Nord) : Pas de production du coton

3.3. Les systèmes de production


La production cotonnière au Burkina Faso est pluviale et est pratiquée dans plus de 250 000
exploitations agricoles, regroupant plus de 350 000 producteurs de coton. Ce sont en général
des exploitations agricoles de petites tailles et de type familial : en moyenne 1 à 3 hectares par
exploitation (AICB, 2012). Les exploitants consacrent une partie de leurs surfaces à la culture
du coton et l’autre à la culture céréalière, des légumineuses et tubercules, etc. Les assolements
pratiqués dans une exploitation cotonnière sont en moyenne de 45% pour le coton ; 46% pour
les céréales (maïs principalement) et 9% pour les autres spéculations.

7
Le niveau d’équipement des exploitations en matériel agricole est en général faible. Ainsi,
suivant le niveau d’équipement, on peut distinguer trois systèmes de production (INERA,
2005) :
 le système manuel : sans équipement, utilisant une grande quantité d’intrants et une
superficie de 0,5 ha à 1 ha pour le coton ;
 le système de production attelé, avec 1 à 2 attelages à traction animale avec une
superficie de 7 ha en moyenne pour le coton ;
 la motorisation : possession d’au moins un tracteur, un système relativement plus
intensif avec des pratiques plus proches des recommandations techniques, une superficie de
12 ha pour le coton en moyenne.

3.4. Modes d’acquisition des terres


Le niveau d’équipement des exploitations est souvent lié au régime foncier qui peut
encourager ou décourager les investissements en matériel agricole. Plusieurs modes
d’acquisition des terres peuvent être distingués dans les zones cotonnières (SP/CPSA, 2009) :
 L’acquisition de la terre par héritage est le régime foncier le plus courant ;
 D’autres cotonculteurs (les migrants et certains autochtones sans terre) sont attributaires
de droit d’exploitation des terres agricoles (droit d’usage uniquement) ;
 Certains producteurs ont acheté de grandes superficies de terre et y produisent leur coton.
Ces grandes exploitations dont le fonctionnement est proche de celle des entreprises
agricoles formelles sont gérées par les fonctionnaires et les grands opérateurs
économiques du pays.

3.5. Volume de production


Le secteur cotonnier du Burkina Faso est marqué par une production en progrès continu entre
1960 et 2015, passant de 2 772 tonnes en 1960 à plus de 600 000 tonnes de nos jours. La
production du coton au Burkina Faso a présenté trois grandes tendances entre 1995 et 2014 au
regard de l’allure des courbes du graphique 1. La période 1995-2000 a été caractérisée par un
pic en 1997, avec une production de 338 141 tonnes. La période 2001-2006 a été caractérisée
par une croissance accélérée de la production. Cette dernière a ensuite chutée et connue
d’importantes fluctuations interannuelles sur la période 2007-2014. Cette dernière phase
coïncide avec la libéralisation effective de la filière coton.

8
Au cours de la période 2003-2006, la production du coton a connu une croissance régulière en
passant de 483 390 tonnes en 2003 à 730 000 tonnes en 2006, soit une hausse de 51.01% en
l’espace de 4 ans et une croissance annuelle moyenne de la production du coton de 14.76%.
Au cours de la période 2006 et 2007, la production a baissé de moitié. Cette baisse s’explique
notamment par les conditions climatiques défavorables et la crise financière. La crise
financière a affecté la filière coton du Burkina Faso en ce sens qu’elle s’est traduite dans un
premier temps par le retard dans les achats et le paiement du coton graine de la campagne
2006 puis, dans un second temps, par la difficulté à mobiliser les financements pour
l’acquisition des intrants de la campagne 2007 (stratégie de développement durable de la
filière coton, 2007 ; PAM, 2014). La crise économique de 2008, conjuguée avec la mauvaise
pluviométrie en 2009, a également pesé sur le niveau de production des campagnes 2009 et
2010. Après 2010, la production a de nouveau connu une hausse régulière jusqu’en 2014, en
passant de 417 127 tonnes en 2011 à 540 000 tonnes en 2014, soit une hausse de l’ordre de
29.45%. Cette nouvelle hausse de la production du coton pourrait s’expliquer par la bonne
pluviométrie qu’a enregistrée le pays mais aussi et surtout grâce à l’augmentation du prix du
coton et à l’arrivée de nouveaux producteurs de coton (Graphique 1).

On a aussi constaté une forte fluctuation des rendements dans la production du coton. De
façon général, la forte variabilité voire même la baisse des rendements s’explique par : (a) la
baisse de la fertilité des sols, (b) les dérives techniques paysannes, (c) les variations de la
pluviométrie (mauvaises pluviométries, installations tardives de la campagne agricole,
mauvaise répartition de la pluviométrie et son arrêt précoce) et (d) les pressions parasitaires
(Vognan et al., 2002). Il faut noter que les augmentations observées de la production du coton
sont principalement dues à une augmentation des superficies dans la mesure où les
rendements sont restés presque constants d’une année à une autre. Le coefficient de
corrélation entre la croissance de la production du coton et celle de la superficie est de 0.69
(Annexe A). La droite de régression montre qu’une augmentation (respectivement une baisse)
des superficies de 1% s’accompagne d’une augmentation (respectivement d’une baisse) de la
production du coton de 0,05%.

Au niveau régional, deux régions demeurent, durant toute la décennie (2003-2013), les
principaux bassins de production du coton avec à elles seules en moyenne près de 3/4 (72%)
de la production nationale : Hauts Bassins (40%) et la Boucle du Mouhoun (31%) [PAM,
2014]. Ces deux régions détiennent également 76.26% de la superficie nationale de coton.

9
Graphique 1 : Evolution des superficies, des productions et des rendements du coton de 1995
à 2014 au Burkina Faso

Source : Construit par les auteurs à partir des données des sociétés cotonnières

4. Accès aux intrants et encadrement des producteurs


Le processus d’approvisionnement des producteurs de coton en intrants comprend deux
volets : (i) l’acquisition et la distribution des intrants ; (ii) et le crédit. L’activité d’acquisition
des intrants est à la charge des sociétés cotonnières (Association interprofessionnel cotonniers
du Burkina [AICB], 2008). Les producteurs expriment leurs besoins auprès des groupements
villageois qui communiquent ensuite ces informations aux sociétés cotonnières4. Ces
dernières après avoir consolidés tous les besoins exprimés, procèdent par appel à candidature
international pour la fourniture des différents intrants sollicités par les producteurs. Pour
financer cette activité, les sociétés cotonnières mobilisent les fonds auprès des banques locales
et/ou étrangères. Le remboursement des dettes (crédit intrant et recouvrement du crédit
financier) est fait sur les recettes des producteurs lors de la vente de leur production.

4
Dépuis quelques années, l’Union nationale des producteurs de coton du Burkina (UNPCB) ainsi que d’autres
acteurs privés se sont lancés dans les activités d’approvisionnement de certains intrants spécifiques comme les
engrais et les herbicides céréales.

10
5. Assurance et accès au financement dans le secteur
cotonnier
Parmi tous les agriculteurs burkinabé, les cotonculteurs sont ceux qui ont accès au crédit
auprès des institutions de crédit formelles. Cela s’explique par le fait que le risque lié à leur
crédit est négligeable. Toutefois comme les autres agriculteurs, ils courent le risque de
mauvaise campagne agricole liée aux aléas climatiques. L’instabilité des cours internationaux
de la tonne de coton ainsi que ceux des intrants (les cours du carburant qui renchérissent le
coût de transport et ceux des engrais qui influencent le coût direct de la production)
représentent aussi d’autres formes de risque qui entourent l’activité des cotonculteurs. Tous
ces risques sont atténués par diverses mesures. Le risque d’insolvabilité d’un producteur est
couvert par la caution solidaire du groupe auquel il appartient. Par exemple, lorsqu’un
producteur est défaillant, le groupement villageois de producteurs auquel il appartient est
obligé de payer sa dette. Toutefois, s’il se trouve que le GPC de ce producteur est également
défaillant à son tour, c’est au groupement communal, ou provincial de rembourser cette dette
en attendant la saison suivante pour des remboursements internes.

Pour couvrir le risque de baisse des cours du coton, un fonds de lissage et un fonds intrants
coton ont aussi été mis en place (FMI, 2014). En début de campagne agricole, un prix au
producteur est décidé en commun accord avec tous les acteurs de la chaine. Pendant les
périodes de ventes du coton sur le marché international, plusieurs cas de figure peuvent se
produire : (i) le prix international est supérieur au prix fixé en début de campagne agricole ;
dans ce cas, le supplément de prix est versé dans le fonds de lissage. Si par contre (ii) le prix
international est inférieur au prix fixé, des montants sont défalqués du fonds de lissage au
profit des producteurs.

Le Fonds Intrants Coton (FIC) a été créé en 2012 (et formalisé pendant l'été de 2013). Ce
Fonds est un mécanisme de garantie qui permet aux sociétés d'égrenage de bénéficier de
crédits intrants à un coût moins élevé, ainsi qu’à des conditions plus souples et des échéances
plus longues éventuellement mieux synchronisées avec les aléas des récoltes. Il vise à
permettre aux sociétés cotonnières d’acquérir des intrants à des prix compétitifs sur le marché
international et de libérer ainsi leurs trésoreries pour un paiement plus rapide du coton graine
aux producteurs.

À l'heure actuelle, le Fonds dispose d'un capital d’un peu plus de 10 milliards de FCFA versé
par l'État. Chaque société bénéficie d'une part de la garantie (calculée à partir du volume

11
d'intrants qu'elle a commandé pour la campagne en cours par l'intermédiaire de sa banque),
grâce à laquelle elle peut acheter au moins cinq fois la valeur de cette part sans dépasser
toutefois celle des intrants vendus aux planteurs. Le tableau 1 est un exemple illustratif des
appuis dont ont bénéficié les sociétés cotonnières en 2012. L’institution financière Ecobank a
été choisie pour être la principale responsable de la gestion de ce fonds.
Tableau 1 : Répartition du Fonds Intrants Coton (en milliards de FCFA)
Valeur de la garantie allouée Part (en %)
SOFITEX 8 78
SOCOMA 1,6 16
FASO COTON 0,6 6
Total 10,2 100
Source : MARH (2012)

Quant au mécanisme de fonds de lissage, il a été instauré à partir de 2006 pour soutenir la
filière coton qui venait d’être libéralisée afin d’atténuer la volatilité des prix (Guissou et
Ilboudo, 2012). Ce fonds a été mis en œuvre par l’Agence française du développement (AFD)
et en 2006, la dotation initiale était d’environ 12 milliards de FCFA. Lors de la campagne
suivante en 2007, le prix de référence a été inférieur au prix plancher ce qui a amené les
sociétés cotonnières à puiser 9 milliards de FCFA pour compenser leurs pertes parce qu’elles
avaient annoncé un prix plancher supérieur au prix de référence. La même situation s’est
répétée en 2009 (4 milliards de FCFA ont été puisés dans le fonds de lissage). Cependant, les
années 2008, 2011 et 2012 ont présenté des prix de référence supérieurs au prix plafond ; ce
qui a permis de renflouer le fonds de lissage. L’année 2010 a présenté une situation équilibrée
(voir tableau 2 ci-dessous).
Tableau 2 : Données sur le Fonds de lissage

2006-07 2007-08 2008-09 2009-10 2010-11 2011-12 2012-13 2013-14

Retrait 8.9 - 3.8 0 - - 9.3 -


Dépôt - 2.8 - 0 7.2 5.8 - 0
Montant
cumulé (109
2.8 5.6 1.8 1.8 7.8 13.6 4.3 4.3
FCFA)
Prix
international
(en cents la
livre, selon 58 63 71 63 104 155 89 90
indice cotton
Outlook A)

Source : AFD citée par FMI (2014)

12
Par ailleurs, pour le financement de ses activités, la Société burkinabè des Fibres Textiles
(SOFITEX), la principale société cotonnière, à l’instar des autres sociétés cotonnières,
sollicite des concours financiers auprès du système financier local et international. A titre
d’exemple, pour la campagne 2014-2015, le besoin de financement de la SOFITEX était de
l’ordre de 155 milliards de F CFA à raison de 73 milliards de F CFA mobilisés auprès du
secteur bancaire local et de 81,8 milliards de F CFA auprès du secteur offshore dans lequel
interviendra la Société Financière Internationale (SFI).

Au titre de la campagne cotonnière 2015-2016, la Société burkinabè des fibres textiles


(SOFITEX) et le secteur bancaire national ont encore procédé à une signature de convention
de financement. Cette convention a permis à cette société d’obtenir une enveloppe de 80
milliards de francs CFA de la part du secteur bancaire national (Banque Atlantique, BCB,
BICIA-B, BOA, BSIC, Coris Bank international, CBAO, Orabank, SGBF, UBA et Ecobank
Burkina) pour assurer le transport du coton jusqu’aux usines et évacuer la fibre vers les
différents ports d’embarquement. En plus de cela, le secteur bancaire national a permis à la
SOFITEX de distribuer directement près de 100 milliards de francs CFA aux producteurs à
travers l’achat de leur coton.

6. Les échanges
Les échanges commerciaux du coton peuvent être analysés en prenant en compte plusieurs
aspects. La base de données de la FAO fournit des informations diversifiées et intéressantes
dans ce domaine. Dans cette section, l’évolution des échanges du coton est analysée en
distinguant le coton transformé de celui qui ne l’a pas été.

6.1 Le Coton transformé


Les quantités exportées de coton transformé sont très négligeables. Les données du tableau 3
montrent que l’exportation annuelle du coton transformé n’a guère dépassée 700 tonnes entre
2010 et 2013. Cela dénote la faible capacité de transformation du pays. De ce fait, les recettes
issues de l’exportation du coton transformé demeurent très faibles. Le Burkina Faso gagnerait
à développer où disposer de tous les maillons de la chaîne de valeurs coton pour espérer tirer
le maximum de profit de la filière coton. Cela est d’autant plus nécessaire dans la mesure où
le développement des autres maillons de la chaine de valeurs coton crée également des
emplois pour les groupes vulnérables et plus particulièrement les jeunes et les femmes
(Schwartz, 1993).

13
Tableau 3 : Evolution des exportations et des importations du coton transformé en volume et
en valeur au Burkina Faso de 2010 à 2013
Année 2010 2011 2012 2013

Exportation du coton transformé en tonne 672 194 36 435


Importation du coton transformé en tonne 577 72 15 613
Importation du coton transformé en valeur 2 8 0 41
(milliers de dollar US)

Source : Construit à partir de la base de données du FAO 20155

6.2. Coton non transformé


Dans cette section, nous exposons l’évolution des exportations de la fibre de coton et des
graines de coton (coton graine) au Burkina Faso entre 2009 à 2013. Les fibres du coton sont
du coton qui n’a pas été transformé. Les graines du coton n’ont également pas subi de
transformation. Les graines du coton auraient pu subir une transformation pour donner lieu à
de l’huile du coton et d’autres produits dérivés pour bétails.

 Evolution de la production du coton fibre au Burkina Faso. Le coton produit au


Burkina Faso est pour l’essentiel destiné au marché mondial sans aucune transformation au
niveau local (tableau 4). Cela ne permet pas à ce pays d’extraire toute les valeurs ajoutées
liées à la production du coton. En effet, il y a un manque de création de valeurs dû au fait que
la chaine de valeurs du coton au niveau du Burkina Faso reste courte. Cette situation traduit
une quasi dépendance vis-à-vis des prix mondiaux et, à contrario, une faible capacité de
transformation locale. Les pays de destination de la fibre de coton du Burkina Faso sont entre
autres le Bangladesh, la Belgique, le Bénin, le Canada, la Chine continentale, la Chine Taiwan
et la Côte d’Ivoire.

Les exportations sont plus tournées vers les pays non membre de l’UEMOA et de la
CEDEAO. Construit à partir des informations collectées dans la base de données officielle de
la FAO, le tableau 4 résume l’évolution des exportations de la fibre du coton en volume et en
valeur. Hormis la campagne agricole qui a été médiocre, ces informations montrent que les
volumes de fibre exportée ne font qu’augmenter.

5
Les données ont été compilées à partir des données détaillées récoltées sur la base de données de FAO le 14
Décembre 2015

14
Tableau 4 : Evolution des exportations de la fibre de coton en volume et en valeur au Burkina
Faso

Année 2009 2010 2011 2012 2013

Exportation du coton Fibre en tonne 22910 11200 22573 33255 78217

Exportation de la fibre de coton en valeur 29015 14511 47031 61363 134962


(milliers de Dollars US)
Source : Construit à partir de la base de données du FAO 2015

 Evolution des exportations des déchets de coton. On entend par déchets de coton les
résidus obtenus après la transformation des graines de coton. Les exportations des déchets de
coton se sont accrues au cours du temps même si leurs contributions en termes de recettes à
l’exportation est négligeable. Le tableau 5 montre que les volumes exportés de déchets de
coton sont très peu élevés. Ceci constitue même une raison suffisante de mettre en place des
usines de transformation locale de ces déchets. La demande locale des produits dérivés de ces
déchets existe. Par exemple, ces déchets peuvent être transformés en aliments pour bétail ou
en engrais. Les besoins en ces deux produits dérivés sont réels car, l’élevage souffre de
manque de pâturages et les cotonculteurs sont confrontés à des coûts très élevés des engrais.

Tableau 5 : Evolution des exportations de déchets de coton au Burkina Faso de 2009 à 2013

Année 2009 2010 2011 2012 2013

Exportation des déchets de coton en tonne 0 88 243 29 1999

Source : Base de données FAO 2015

 Evolution des exportations et des importations de coton graine. Les exportations du


coton graine demeurent très peu importantes. Par contre, les importations de coton graine sont
énormes (tableau 6). Ces deux effets s’expliquent par le fait que le pays dispose d’unités
industrielles de transformation des graines de coton en huile. Cela montre que certains
maillons de transformation sont tout de même disponibles au Burkina Faso. C’est plutôt le
maillon lié à la fibre qui demeure très problématique. Le rapport d’étude de Centre d’Etude,
de Formation et de Conseil en Développement (CEFCOD) indique d’ailleurs que la
disponibilité du coton graine pour la transformation locale est une opportunité (CEFCOD,
2015. p58)

15
Tableau 6 : Evolution des importations et des exportations des graines de coton

Année 2009 2010 2011 2012 2013

Importation des graines du coton en tonne 663 708 1946 4075 1418

Exportation des graines du coton en tonne 0 0 0 5000 8

Source : construit à partir de la base de Données du FAO 2015

 Analyse comparée de la production et des exportations de fibres de coton entre 1995


et 2002. Le tableau 7 montre clairement que sur cette période, une partie importante du coton
produit au Burkina Faso est exportée sans avoir suivi une transformation.

Tableau 7 : Comparaison des quantités (tonnes) de fibres de coton produites et exportées au


Burkina Faso entre 1995 à 2002.

Année Production Exportation

1995 64 000 -

2000 109 000 73600

2001 114000 66 000

2002 160 000 82278

Source : Extrait de Wetta et al. 2007, p 24

 Comparaison des quantités de fibres de coton exportées et transformées localement


au Burkina Faso. Il aurait été intéressant d’analyser la dynamique des exportations et des
quantités de fibre transformée localement. Le manque d’informations nous pousse à nous
contenter uniquement des informations de 2001. Au regard de l’information disponible, le
tableau 8 a été retenu pour comparer les quantités de fibre de coton exportées et transformées
localement. Les données de ce tableau montrent qu’en 2001, plus de 58% de la fibre du coton
produit au Burkina Faso ont été envoyées sur le marché international.
Tableau 8 : Exportation et transformation du coton fibre au Burkina Faso en 2001
Production de fibres de Fibre exportée Fibre transformée sur place
coton

En tonne En tonne En % En tonne En %

114 000 66 000 58% 48 000 42%

Source : Extrait de Wetta et al. 2007, p 25

16
7. Les prix
L’analyse des prix prend en compte deux dimensions : les prix aux producteurs qui permettent
d’apprécier les revenus des producteurs du coton et les cours mondiaux qui permettent
également d’appréhender les difficultés rencontrées par la filière au niveau mondial. Cette
dernière permet de comprendre le degré de facilité dans la constitution du fonds de garantie
par les sociétés cotonnières.

7.1. Evolution des prix aux producteurs locaux


Le prix au producteur est le prix de cession du coton aux sociétés cotonnières, auquel
s’ajoutent les ristournes après la vente de la fibre. Il faut noter que l’on distingue pour le
même producteur le coton 1er choix du coton 2ème choix, avec le prix du 1er choix toujours
supérieur à celui du 2ème choix. En effet, le coton 1er choix est de qualité supérieure et donne
un meilleur rendement de fibre.

Sur la période 2005-2015, le prix au producteur a eu tendance à stagner jusqu’en 2009 avant
de commencer à augmenter pour atteindre son pic en 2011 (Graphique 2). En 2010, le prix
FOB du coton a connu une hausse sans précédent (+111%) alors que le prix domestique a
légèrement augmenté (+25%). Ceci peut s’expliquer par l’augmentation des coûts de transport
cette année-là (+24%), le coton étant exporté par les ports de Téma et de Lomé au lieu
d’Abidjan à cause de la crise ivoirienne – mais surtout par la faiblesse du prix plancher fixé
par le fonds de lissage. On constate que le prix du coton premier choix qui est payé au
producteur au Burkina Faso, premier fournisseur africain de coton a baissé de 10 FCFA par
kilogramme, pour la campagne 2014/2015 par rapport à la campagne passée, passant de 235
FCFA à 225 FCFA. Selon le Comité consultatif international du coton, le commerce mondial
du coton devrait encore ralentir en 2014-2015 (MARHASA/DGESS, 2015). Le prix au
producteur connait toutefois une légère hausse de 10 FCFA pour le coton de premier choix
pour la campagne 2015-2016 (AICB, 7 mai 2015). Concernant le coton deuxième choix, le
prix est demeuré constant après 2012. L’évolution du prix au producteur au Burkina Faso a
reflété la tendance du marché mondial.

17
Graphique 2 : Evolution des prix selon la qualité du coton (en FCFA/kg)

300

250

200

150

100

50

0
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
Source : Construit par les auteurs à partir du rapport de la SOFITEX, (2014b)

7.2. Evolution des cours mondiaux


L’expérience a démontré que le cours mondial de la tonne de coton augmente toujours en
début d’année. En 2014, il est enregistré une hausse de 3,4% dans le mois de février et 4,4%
en mars. Ainsi au cours du mois de mars 2014, la tonne de coton était vendue à 2991$US
contre 2865$US en février. Mais, au total, en glissement annuel, il ressort que le cours
international du coton a enregistré une baisse de 9,3% par rapport à son niveau de 2013
(MARHASA/DGESS, 2015). Ceci implique que pour tirer le meilleur gain, il faut savoir
vendre lorsque le prix international est très élevé. Comme certains pays comme le Burkina
Faso ne produisent pas de coton de contre saison (coton irrigué), il est normal que le
déséquilibre entre l’offre et la demande internationales du coton entraine des fluctuations du
prix. Mais, ce qui ressort de l’analyse des fluctuations du cours international du coton est que
ces sont les subventions accordées aux producteurs américains et européens qui expliquent la
baisse du cours du coton. Comme les Etats-Unis d’Amérique sont un grand6 pays sur le
marché international du coton, ils contribuent à la fixation des prix internationaux (Seck,
2005). Lorsque leurs producteurs sous la garantie de la subvention inondent le marché
international, les petits pays producteurs du coton comme le Burkina Faso sont pénalisés. De
façon générale, la Direction générale des études et des statistiques sectorielles du MARHASA
(2015) et Goreux (2003a) retiennent comme principales causes de la baisse tendancielle du
cours international du coton :

6
Leur part de marché est comprise entre 36 et 49%

18
 l’essor des fibres synthétiques issues du pétrole : elles concurrencent le marché du coton
fibre et par conséquent, entraînent une diminution de la part de marché du coton dans les
fibres textiles utilisées.
 les subventions : la production américaine se trouve artificiellement dopée par
l’intervention du gouvernement fédéral, sous forme d’aides directes aux producteurs (3,5
milliards de dollars) et de subventions aux exportations (1,5 milliards de dollars) en 2005,
qui représentent près de 50 % des subventions mondiales au coton. Ces aides américaines,
en sus de celles de l’Union Européenne et de la Chine réduisent artificiellement les couts
de production du coton de leurs paysans, et alimentent ainsi une chute d’année en année
des cours mondiaux du coton (Seck, 2005 ; Lambert, 2006).
 la tendance à la dépréciation du dollar par rapport à l’euro, constatée depuis 2002 est aussi
un facteur pénalisant le prix payé pour la fibre de coton exportée surtout depuis la zone
franc. La raison est l’arrimage du franc CFA à l’euro. Aussi, il faut noter que la Chine, de
part le fait qu’elle soit le premier consommateur et producteur, exerce aussi une influence
majeure et grandissante sur l’évolution des prix (Berti et al., 2006). A titre d’exemple, si le
gouvernement chinois n’avait pas accumulé d’importantes réserves nationales de coton en
2012-2013, les stocks auraient pu croître plus rapidement dans le reste du monde et le
cours international du coton aurait pu diminuer de façon plus marquée (Comité consultatif
international du coton, 2013).
 la production mondiale ne cesse de croître ces 4 dernières années dépassant ainsi la
consommation mondiale.
 l’Inde qui était il y a peu de temps un pays importateur de fibre a vu sa production
explosée au point de devenir premier producteur mondial devant la Chine. Elle n’importe
presque plus de la fibre de coton.

8. Impact économique du Coton sur l’économie du Burkina Faso


Dans l’objectif d’être exhaustif, nous discutons de l’impact économique du coton aussi bien
du point de vue macroéconomique que sur le plan microéconomique. L’avantage d’une telle
approche permet d’être plus exhaustif dans l’analyse. Cette approche permet de proposer des
politiques publiques qui tiennent compte à la fois de ces deux dimensions.

19
8.1. Au niveau macroéconomique
Malgré une faible contribution au PIB et une part des exportations en diminution, le coton
reste une source majeure de revenus pour la population rurale et l’économie nationale. En
effet, le coton a joué et continue de jouer un rôle crucial dans les récentes performances
économiques car il occupe environ 250 000 ménages. Plus de 3 millions de burkinabé doivent
directement ou indirectement leur existence à la production du coton et une personne sur six
tire son revenu de la culture du coton (Banque Mondiale, 2009).

La consommation de coton par l’industrie textile nationale restant faible (moins de 3% de la


production nationale), l’impact macroéconomique du coton est très fortement dépendant de
l’évolution des cours mondiaux des matières premières. De façon générale, l’instabilité des
cours du coton sur le marché mondial et du dollar par rapport au F CFA (avec des chutes
régulières des prix en-dessous des coûts de production des pays les plus compétitifs d’Afrique
de l’Ouest), le renchérissement du coût des intrants (consécutifs à l’augmentation du prix du
pétrole) et la problématique de la rentabilité du coton transgénique pour les producteurs à
faible niveau d’équipement et de technicité, constituent des paramètres importants à prendre
en compte lorsqu’il s’agit d’analyser l’impact économique du coton sur l’économie nationale
burkinabè.

 Contribution aux recettes d’exportation

Au cours de la dernière décennie, la production de coton a augmenté de 10% en moyenne


annuelle, positionnant ainsi le Burkina Faso au premier rang des producteurs de coton en
Afrique subsaharienne. La filière cotonnière reste la seule filière agricole qui a pu favoriser
véritablement l’insertion du pays dans le commerce international même si on estime à
seulement 5%, la proportion de coton transformé sur place et les 95% sont exportées sans
aucune transformation. Les recettes issues des exportations du coton ont représenté en
moyenne 55,6% des recettes totales d’exportation sur la période 1995-2006 et de 46,5% sur la
période 2006-2009. La contribution la plus élevée a été enregistrée en 2006 et représentait
65,2% des recettes à l’exportation. De façon absolue, le coton avait apporté cette année-là
200,6 milliards de F CFA à l’économie burkinabé (Sebego, 2010). A partir des années 2010,
l’or a commencé à contribuer à l’accroissement du niveau global des recettes. L’augmentation
des quantités exportées d’or et de coton ont permis au Burkina Faso de dégager un solde
global positif de la balance des paiements de 30,0 milliards de francs CFA en 2013 contre -3,3
milliards de francs CFA en 2012. L’année 2013 semble avoir été une année où le pays a

20
enregistré d’excellents progrès dans les échanges internationaux. Les exportations du coton
ont augmenté de 22,5% ce qui a permis aux exportations globales d’augmentées de 6,3%.

Cependant, force est de constater que la contribution du coton aux recettes d’exportation a
relativement chuté depuis l’avènement de l’or en 2010. Alors que le coton représentait 80%
des exportations et que la production d'or était inexistante il y a une dizaine d'années, l'or
compte désormais pour près de 80% des exportations. Le coton représentait 18% des
exportations de marchandises en 2013 (contre un ratio qui avoisinait les 60 % avant le boum
aurifère.

 Contribution aux recettes budgétaires


Cette partie de l’analyse reste difficile à aborder en raison du manque de données actualisées
disponibles. En effet, il aurait fallu disposer de données sur tous les acteurs de la chaîne de
valeurs coton (producteurs, sociétés cotonnières, transformateurs, commerçants, prestataires
de service). A défaut d’une analyse structurelle rigoureuse, l’on ne peut que se contenter
d’apprécier les facteurs relatifs au secteur coton, pouvant influer les recettes budgétaires de
l’Etat.

Les producteurs de coton auraient pu contribuer directement aux recettes budgétaires à travers
s’il existait une fiscalité agricole. Cela s’explique par le fait que la production est réalisée
dans son entièreté par des unités de production informelles. Pour l’instant, les contonculteurs
paient la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) comme tous les autres agents économiques
lorsqu’ils veulent acquérir de nouveaux équipements, intrants, etc. Les cultures de rente sont
très importantes pour l’économie du Burkina Faso. Au niveau microéconomique, ces cultures
contribuent à plus de 30% au revenu agricole des producteurs dans les zones rurales. Puisque
la filière cotonnière contribue énormément aux recettes à l’exportation, le gouvernement
burkinabè ne taxe pas non plus aveuglement le secteur cotonnier. Lorsque les résultats d’une
campagne sont excellents, l’Etat récupère le surplus de la filière coton sous forme de taxe
qu’il met dans un compte qui est considéré comme un fond de stabilisation ou de lissage. Ce
fond sera utilisé pendant les périodes difficiles pour assurer aux producteurs un prix
acceptable. Par contre, lorsque les sociétés cotonnières réalisent des résultats nets négatifs,
l’Etat puise dans ce fond de stabilisation pour apporter un appui financier à la filière.

21
 Contribution au PIB

En 2014, le taux de croissance du PIB réel s’est établi à 4,0% contre 6,6% en 2013. Cela
s’expliquerait par la baisse du cours de l’or, la baisse du prix du coton sur le plan
international, les effets du virus Ebola au plan régional et sur le plan national, la baisse de la
production de céréales et la crise socio-politique suite à l’insurrection population intervenue
les 30 et 31 octobre 2014. En 2015, ce taux est estimé à 4,4% (IAP, août 2015) et cela
coïncide avec une augmentation du prix du coton au producteur. Ceci montre l’importance du
coton dans la création des richesses au Burkina Faso.

Par exemple, la contribution du coton à la croissance du PIB est passée de 0,36 point en
moyenne sur la période 2000-2005 à moins de 0,07 point sur 2006-2008. Bien qu’il ne compte
que pour environ 3,5 % du PIB en termes réels, le secteur du coton subvient aux besoins de la
majorité de la population active rurale au Burkina Faso. Selon les estimations de la Banque
mondiale, entre 15 et 20 % de la population active tire ses revenus directement du coton
(Banque Mondiale, 2014).

8.2. Au niveau microéconomique


La production du coton a des effets mitigés sur la pauvreté selon que l’analyse est menée au
niveau microéconomique (producteurs de coton) ou au niveau mésoéconomique (zones
cotonnières)

 Les zones cotonnières et pauvreté


La culture du coton a constitué et continue d’être la locomotive du développement rural,
surtout au niveau des zones cotonnières du Burkina Faso. Le coton fait ainsi vivre près de 3
millions de Burkinabé (AICB, 2008).

Cependant, la quasi-totalité des travaux empiriques sur le lien entre la production du coton et
la réduction de la pauvreté a abouti à des résultats assez mitigés. La production du coton
génère sans doute un certain nombre d’externalités positives, notamment l’augmentation de la
production céréalière (les champs du maïs bénéficient des intrants initialement destinés au
coton), l’appui conseil aux producteurs, le développement de la micro finance en milieu rural,
l’accès aux crédits pour les intrants vivriers, le développement d’associations de
professionnalisation et de structuration des acteurs agricoles ruraux, etc. Le coton entraîne
dans son sillage le développement des infrastructures routières (notamment les pistes rurales)
et donc contribue au désenclavement du monde rural (MEF, 2007). Tout ceci peut contribuer

22
à améliorer le niveau de vie de la population des zones cotonnières et par ricochet réduire la
pauvreté. Mais, l’analyse des zones de production ne montre pas une baisse nette de la
proportion de pauvres dans les zones cotonnières. En effet, le graphique 3 montre que
l’incidence de la pauvreté dans les zones cotonnières est plus élevée que celle des autres zones
rurales en 2003. D’ailleurs, Wetta et al. (2005) arrivaient à la conclusion que le coton a plus
des effets positifs macroéconomiques que microéconomiques.

 Les producteurs de coton et pauvreté


L’analyse des données portant strictement sur les conditions de vie des cotonculteurs montre
une baisse de la proportion de pauvres (62.1% en 1994, 58.2% en 1998 et 46.8% en 2003). De
plus, les ménages cotonculteurs, par rapport aux autres agriculteurs, présentent une incidence
de pauvreté de près de 11 points en moins en 2003 (INSD, 2010a ; Graphique 4). En effet, au
Burkina Faso, les producteurs de coton bénéficient depuis longtemps d’intrants agricoles
subventionnés. Les cotonculteurs détournent souvent ces intrants au profit des autres cultures.
En général, les grands producteurs de coton sont en même temps de grands producteurs de
céréales, le coton ayant un effet d’entraînement élevé sur les autres cultures. Par exemple, la
mécanisation de la culture de céréales a pris naissance au niveau des zones cotonnières. La
culture du coton a également contribué au développement des infrastructures de connexion au
marché dans de nombreuses zones du pays. L’analyse par l’approche simulation de chocs
révèle qu’une augmentation de 25% du prix du coton aurait pour conséquence une diminution
du taux de pauvreté des cotonculteurs de l’ordre de 9% à court terme et de l2.6% à long
terme. Au niveau national, l’effet est moindre : l.5% à court terme et de 2.l% à long terme
(Mesplé-Somps et al., 2008).

La baisse de l’incidence de pauvreté est également perceptible chez les producteurs de coton
entre 2003-2007 lorsque l’analyse est faite selon l’approche monétaire, mais mitigée selon
l’approche subjective, c'est-à-dire selon la précarité alimentaire (MEF, 2010).

23
Graphique 3 : Evolution de l’incidence de la pauvreté (en %)

Source : auteurs à partir des données extraites de l’étude : « Coton et pauvreté en Afrique de
l’Ouest : Analyse comparée des conditions de vie des ménages au Mali et au Burkina Faso »,
juin 2008.

9. Cartographie de la chaine de valeurs et organisation de la filière

La réalisation de la cartographie de la chaine de valeurs des activités des acteurs de la filière


coton ainsi que celle des parties prenantes a été rendue possible grâce à des données qui ont
été collectées auprès des acteurs de ladite filière. Ces données ont été collectées entre février
et mai 2016. Le guide d’entretien qui a été utilisé à cet effet est présenté dans l’annexe D du
présent document. Pour chaque acteur identifié, nous avons essayé d’énumérer tous les
acteurs avec lesquels il entretient des relations aussi bien en amont qu’en aval. Les relations
qu’ils entretiennent entre eux ainsi que les difficultés qu’ils rencontrent dans la conduite de
leurs activités de même que dans la coordination de leurs interrelations sont également
discutées. Les stratégies développées (soit par l’acteur lui-même ou par les structures
publiques de suivi de la filière) pour faciliter les activités des acteurs sont énumérées. Nous
avons rencontré d’énormes difficultés pour obtenir les informations auprès de certains acteurs
de la filière mais, d’autres ont très bien collaboré pour nous faciliter l’accès aux informations.
Les informations que nous avons obtenues ont permis de construire les deux chaines de
valeurs présentées ci-dessous.

9.1. Cartographie des activités de la chaine de valeur du coton

24
CARTOGRAPHIE DES ACTIVITES DE LA CHAINE DE VALEUR DE LA FILIERE COTON AU BURKINA FASO

INPUTS PRODUCTION PROCESSU LOCAL TRANSFORMATION MARCHE DOMESTIC EXPORTATION


DANS LE PAYS

Ressources naturelles : Marché extérieur :


 Terre Egrenage/raffinage :
 Eau Trituration moderne:  Coton raffiné
 Coton raffiné
 Huile, savon
Sociétés cotonnières :  Huile, savon  Tourteaux
 Fertilisant  Tourteaux  Pagne tissé
 Pesticide Nourriture pour animaux :
 Tenue en pagne tissé
 Semences
 Services d’appui-conseil  Tourteaux
Trituration artisanale :
Paysans : Production/récolte : Commerce en gros :
 Main d’œuvre  Huile, savon
 Equipement  Coton brut  Tourteaux  Huile, savon
 Pagne tissé
 Files de coton
 Objet d’art en coton
Légende Filature:

: Coton brut  Filature


Commerce en détail :
 Autres objet
: coton raffiné et fil
 Huile, savon
: graine de coton, déchet, huile, savon  Pagne tissé
 Files de coton
: Pagne, tissus, tenue et autres objets
 Objet d’art en coton
: Activité connaissant la participation des hommes
Teinture/Tissage :

: Activité dominées par les hommes  Pagnes teintés et tissés


 Objets d’art en coton Consommation finale
: Activité connaissant la participation des femmes 
 Savon, huile
: Activité dominée par les femmes Couture :  Pagne tissé
 Tenue en pagne tissé
 Tenue en pagne tissé  Objets d’art en coton

Source : Construit par les auteurs à partir des données collectées auprès des acteurs de la filière coton du Burkina Faso en 2016.
21
9.2. Cartographie des parties prenantes de la chaîne des valeurs coton au Burkina Faso

CARTOGRAPHIE DES PARTIES PRENANTES DE LA CHAINE DE VALEUR COTON AU BURKINA FASO

INPUTS PRODUCTION PROCESS LOCAL TRANSFORMATION MARCHE DOMESTIC EXPORTATION


DANS LE PAYS

Banques (Pool bancaire)


Sociétés cotonnières : Marché extérieur :
Sociétés cotonnières  SOFITEX
Familles de producteurs : Huilerie moderne :  Société de transport
 UNPCB (Union nationale)  SOCOMA  SN CITEC  Banques
Paysans  URPC (Unions régionales)  FASO COTON
 Société de transit
 UPPC (Unions provinciales) Huileries informelles :
Gouvernement  GTPOB Eleveurs :
 UDPC (Uni. départements)
 GPC (Unions villages)
Centre de recherche
 Paysans (Ménages)

Transporteurs
Société filature: Commerçant en gros :
Gouvernement
 FILSAH
Commerçants en détail

Légende
Acteurs institutionnels de l’artisanat :
: Groupes d’acteurs comprenant des hommes
 CMABF
 FNABF Consommateurs finaux
: Groupe d’acteurs dominé par des hommes  FAARF
 FASI  Savon, huile
 ONG & Associations  Pagne tissé
: Groupe d’acteurs comprenant des femmes
 Tenue en pagne tissé
Artisans  Objets d’art en coton
 Teinturiers
: Groupe d’acteurs dominé par des femmes  Tisserands
 Couturiers/stylistes

Source : Equipe de projet PRESA au Burkina Faso, 2016


22
CARTOGRAPHIE INTEGREE DE LA CHAINE DE VALEUR COTON AU BURKINA FASO

23
9.3. Commentaires sur la cartographie (activités et Acteurs)
Dans les paragraphes ci-dessous, nous commentons la chaîne en présentant les acteurs privés
de la chaine de valeurs coton du Burkina Faso, ainsi que leurs activités et les interactions
(horizontales et verticales) entre eux.

9.3.1. Les Producteurs/Paysans

9.3.1.1. Organisation des producteurs

Les producteurs sont regroupés en diverses associations selon une structure pyramidale :
Groupements de Producteurs de Coton (GPC) au niveau des villages ; Union Départementale
des Producteurs de Coton (UDPC) au niveau de la commune ; Union Provinciale de
Producteurs de Coton (UPPC), Union Régionale des Producteurs de Coton (seulement au
Centre et au Centre Sud) et Union Nationale des Producteurs de Coton du Burkina (UNPCB).

9.3.1.2. Activités des producteurs


Les activités d’un producteur de coton (cotonculteur) peuvent se résumer aux activités
suivantes :
- A. La production
Cette activité couvre le sarclage, le labour, le semis et toutes les activités menées depuis les
semis jusqu’aux récoltes. Pour cela, la contribution des sociétés cotonnières est déterminante.
En effet, elles interviennent à trois niveaux. D’abord, en début de saison, elles apportent des
semences et intrants agricoles nécessaires à la production. Ensuite, au niveau de
l’encadrement, elles envoient sur le terrain des conseillers agricoles et conseillers en gestion.
Enfin, elles assurent le transport et le paiement de la production.
- B. Les récoltes,
Il s’agit de toutes les activités qui sont menées pour déplacer les outputs du champ de
production jusqu’au lieu de stockage.
- C. le stockage,
Cette activité comprend toutes les actions et stratégies qui sont mises en œuvre par le paysan
pour s’assurer que ses outputs (coton et ses graines) conserveront leur qualité jusqu’à
l’écoulement. A la fin de cette phase, le producteur emballe sa production dans des toiles pour
la pesée.

23
- D. l’écoulement et/ou la vente
Le paysan écoule son coton lorsqu’il transfère les droits de propriété aux sociétés cotonnières
ou lorsqu’il les transfère à des transformateurs artisanaux (part très négligeable de la
production du coton). En pratique, la vente intervient après la pesée sur la bascule dans les
locaux de la société cotonnière. La société stocke le coton brut en attendant la phase
d’égrenage dans des unités industrielles spécialisées.

9.3.1.3. Difficultés rencontrées par les producteurs


Les difficultés sont de plusieurs ordres :

Les difficultés liées à l’activité de transport sont nombreuses. Les routes que les camions
empruntent pour se rendre dans les villages sont généralement de très mauvaise qualité. Cela
entraine des pertes (renversement des camions suite à des accidents de route) ou des retards de
livraison du coton à l’usine. Comme le produit transporté est la propriété du Groupement de
producteurs de coton (GPC), le renversement du produit en cours de route leur occasionne des
coûts supplémentaires. Lorsque ce risque se réalise, le GPC est obligé de se rendre sur le lieu
de l’accident pour transférer le coton brut du camion accidenté vers le nouveau camion qui
sera affrété pour transporter le produit jusqu’à l’usine. Les retards de livraison occasionnent
également des coûts aux GPC. En général, la société cotonnière ne paie les producteurs que
lorsque le coton brut devient sa propriété. Ainsi, tant que la société cotonnière n’a pas pesé et
entreposé le coton brut, tous les coûts ou risques supplémentaires sont à la charge du GPC.
Cette clause du contrat entre les sociétés cotonnières et les GPC pénalise énormément les
producteurs. En effet, même si le retard de livraison est occasionné par la société cotonnière,
ce sont les GPC qui supportent les charges. Par exemple, par manque de capacité de stockage,
un camion transportant le coton d’un GPC peut rester bloquer pendant plus d’une semaine
devant les portes des unités de stockage de la société cotonnière. Même dans ce cas de figure,
ce sont les GPC qui endossent la responsabilité au cas où un risque quelconque survenait.

Ensuite, les sociétés cotonnières n’ont généralement pas à leur disposition un nombre
important de camions pour l’enlèvement du coton brut auprès des producteurs. Cela oblige les
producteurs à stocker leur production sur une très longue période. Comme les producteurs ont
une très faible capacité de stockage, certains d’entre eux perdent une partie de leur production
à cause des incendies ou des pluies tardives. La production étant stockée chez eux, les feux
entrainent souvent des pertes en vie humaine particulièrement parmi les enfants des
producteurs. Or, la production des paysans n’est pas assurée. L’assurance couvre seulement

24
les activités des sociétés cotonnières. Le fait que les camions mettent trop de temps pour se
rendre dans les zones des GPC pour collecter le coton entraine également des tensions entre
les producteurs ou les GPC et les membres du bureau du Groupement Départemental de
Producteurs de Coton (GDPC). Lorsque les camions mettent trop de temps avant de venir
transférer le coton dans un GPC donné, les membres de ce groupement accusent généralement
le bureau départemental. L’augmentation du nombre de camions permettra d’améliorer la
gouvernance entre les GPC et les GDPC.

Les producteurs rencontrent plusieurs autres types de problèmes. Par exemple, ils se plaignent
du fait d’avoir un faible niveau d’accès aux conseillers agricoles (CA) envoyés par les
sociétés cotonnières. Pour les producteurs, ces derniers ne travaillent pas assez. Pour
bénéficier de leurs appuis conseils, certains sont souvent obligés de les corrompre avec des
poules, des œufs, etc. Des difficultés d’ordre technique, administratif et organisationnel sont
aussi relevées. En effet, il ressort que le paysan perd environ 2 kilogrammes à la pesée au
niveau du GPC. Il s’agit d’un arrangement sous la forme d’un système de taxation qui est
instauré au sein des GPC. A la différence des taxes classiques, c’est que celle-ci s’exprime en
nature. Les recettes issues de cette taxe financent le fonctionnent du GPC. De ce fait, lorsque
les membres d’un GPC sont peu dynamiques, leur coopérative a très peu de moyens pour
fonctionner. Lorsque le bureau du GPC ne dispose pas d’assez de ressources financières pour
fonctionner, ses membres seront d’office très peu informés.

L’accès à l’information demeure un véritable problème pour les producteurs. Les producteurs
doivent avoir permanemment accès à l’information pour anticiper les problèmes techniques,
environnementaux et institutionnels qui toucheront soit à la qualité du produit ou au bon
fonctionnement de toute la filière. L’information devrait circuler de façon fluide entre l’amont
(le producteur) et l’aval (la société cotonnière), mais la chaine de communication (voir la
chaine des acteurs pour comprendre la complexité du circuit de l’information) est tellement
longue qu’il existe toujours des pertes d’informations et/ou l’information n’arrive jamais à
destination. A cela, il faut noter des difficultés en matière d’organisation et de conservation
des documents comptables des GPC. Le producteur qui est souvent chargé de la gestion des
pièces comptables du GPC est souvent très peu outillé en technique de conservation des
archives ou manque même de lieu propice à leur archivage.

Ensuite, un autre problème qui limite les capacités d’action des producteurs est le délai des
paiements. Le paiement des paysans par les sociétés cotonnières se réalise plusieurs mois

25
après l’enlèvement du coton. La vente se fait donc à crédit pour une durée pouvant atteindre 3
à 4 mois. Cela n’est pas de nature à faciliter les choses. Certes, le financement du coton par
les sociétés cotonnières est une réalité. Mais, il faut noter le fait que le financement ne couvre
pas tous les aspects de l’activité de production. Il n’y a pas de financement pour l’acquisition
du facteur travail. Le prix du coton même s’il est fixé par les sociétés sans tenir compte du
prix sur le marché mondial, n’est souvent pas assez élevé pour permettre aux producteurs
d’améliorer leurs conditions de vie. L’enlèvement du coton s’effectue le plus souvent avec de
grands retards. Les véhicules de transport ne sont pas suffisants et les voies et/ou les pistes
sont souvent dans de mauvais états, ce qui rend difficile l’accès des camions dans les zones
productrices. Le coton (tant qu’il n’est pas dans les entrepôts des usines d’égrenage) ne
bénéficie pas d’un système d’assurance en cas de feux ou de pluies dévastatrices. Le dernier
aspect à mentionner est le superpouvoir des sociétés cotonnières. Elles dictent leur volonté
aux producteurs. Souvent, un coton dit de second choix (seconde qualité) lorsqu’elles le
paient auprès des producteurs devient un coton de premier choix dans les usines d’égrenage.
Elles répercutent souvent certains de leurs problèmes sur les producteurs du coton. Il arrive
que pour des problèmes de stockage au sein des sociétés cotonnières, elles retardent
l’enlèvement du coton auprès des GPC. Ce comportement engendre d’énormes coûts
supplémentaires aux producteurs.

Comme solutions, plusieurs axes peuvent être préconisés. Il serait important de travailler à
réduire le monopole des sociétés cotonnières. En effet, l’introduction d’une concurrence au
sein des sociétés cotonnières les amènera à développer ou proposer des stratégies de réduction
de la vulnérabilité des paysans. La formation des agents de suivi au sein des GPC reste
importante et pourrait résoudre le problème lié à l’utilisation des personnes des CA qui le plus
souvent n’ont pas les connaissances requises pour les tâches qui leur ont été demandées. Le
prix au producteur doit dans la mesure du possible tendre vers le véritable prix (prix du
marché) car l’écart positif entre le prix du coton sur le marché international et celui que les
sociétés cotonnières paient au producteur est pour la plupart du temps très élevé.

La mise en place d’un système qui permet d’améliorer la vérification de la qualité des
semences et d’un système qui facilite l’accès à des crédits pour financer les aspects non pris
en compte par les sociétés cotonnières seraient un effort louable. Dans un domaine où le
risque est élevé, surtout avec les changements climatiques, les producteurs du coton ont aussi
le droit d’avoir un accès à des contrats d’assurance qui couvrent leurs activités.

26
Enfin, l’information demeure capitale pour des choix stratégiques du producteur. Un système
fluide et transparent d’informations, éventuellement par la télévision, la radio ou par les
téléphones mobiles sera très bien apprécié.

9.3.2. Les Sociétés Cotonnières

9.3.2.1. Organisation des Sociétés Cotonnières


Les sociétés cotonnières sont organisées en Association Professionnelle des Sociétés
Cotonnières du Burkina (APROCOB). Elle interagit avec les organisations des producteurs
dans le cadre de l’Association Interprofessionnelle du Coton du Burkina (AICB).

9.3.2.2. Activités des Sociétés Cotonnières


La discussion qui sera menée dans ce paragraphe porte sur les activités des sociétés
cotonnières qui peuvent être influencées par les changements climatiques. Sans être exhaustif,
les activités suivantes peuvent être citées.

 Soutien à la production et encadrement des producteurs. Les sociétés cotonnières


préfinancent l’acquisition d’intrants et des semences, puis aident les producteurs, à travers
l’encadrement par les conseillers agricoles et les conseillers en gestion. Lorsque par suite de
chocs climatiques, les paysans viennent à perdre toute ou une partie importante de leur
production, ils risquent d’être défaillants vis-à-vis des engagements qu’ils ont pris au début de
la campagne agricole. Or, leurs principaux créanciers sont les sociétés cotonnières. Aussi, en
cas d’inondations pendant la période des semis, les sociétés cotonnières sont obligées de
trouver des semences de bonne qualité dans un bref délai pour les producteurs.
 L’enlèvement : Les sociétés cotonnières envoient des camions dans les zones rurales
pour aller collecter et ramener le coton dans les usines d’égrenage. Lorsque les zones de
production sont inaccessibles (inondations abimant la production ou la cassure de ponts), cela
peut entrainer des coûts directs et indirectes aux sociétés cotonnières. Les coûts directs sont
ressentis dans la dégradation de la qualité de leur matière première (le coton) ou l’incapacité
de respecter les délais de livraison. Les coûts indirects sont ceux liés au fait que les retards
accusés dans les délais d’enlèvement de la production peuvent les empêcher de saisir les
meilleures opportunités temporaires offertes par la conjoncture internationale.
 Transport : Les camions sont dans leur majorité, des véhicules appartenant à d’autres
acteurs privés. Certaines sociétés cotonnières possèdent leurs propres camions, mais font

27
également appel aux transporteurs privés pour pouvoir transporter toute la production des
zones rurales vers les usines. Les inondations entrainent une dégradation des routes rurales
qui n’étaient déjà pas dans de très bons états. La dégradation des routes accélère
l’amortissement des camions. Cela peut entrainer deux conséquences immédiates. Pour les
sociétés cotonnières qui utilisent leurs propres camions, la durée de vie de ces engins va se
trouver écourter. Pour les sociétés qui louent les camions des prestataires privés, soit le coût
de la location va augmenter, ou soit il va devenir de plus en plus impossible de trouver des
camions pour transporter le coton des zones rurales vers les usines.
 Achat : Lorsque les camions qui transportent le coton brut (coton non égrainé)
arrivent aux portes de la société, chaque camion passe sur un pont à bascule servant à peser le
poids du produit. Une fois que le camion descend de la bascule, le poids est connu et le coton
devient la propriété de la société cotonnière. En général, la société cotonnière ne paie les
producteurs que lorsque le coton brut devient sa propriété. Ainsi, tant que la société
cotonnière n’a pas pesé et entreposé le coton brut, les producteurs ne sont généralement pas
payés. Il arrive que le contenu des camions stationnés devant les usines d’égrenage attendant
leur tour pour passer sur la bascule prenne feu. Ces cas entrainent des tensions vives entre le
GPC et la société cotonnière.
 Le stockage : Dès que les camions descendent de la bascule, ils acheminent et
entreposent le coton qu’ils transportent dans les usines d’égrenage. Il arrive que des incendies
se déclenchent dans les entrepôts des usines et détruisent une partie importante de la matière
première.
 L’égrenage : L’égrainage consiste à séparer la fibre de coton des graines de coton. En
fait, à la récolte, le produit livré par les paysans est un produit composite constitué par la fibre
de coton et les graines. Après l’égrenage, ces deux produits dérivés du produit brut suivent
deux chemins différents. Les graines obtenues sont analysées par des spécialistes appelés
« analystes » pour distinguer les graines de très bonne qualité de celles qui ont une qualité
moyenne. Cette distinction porte sur la capacité de ces graines à être utilisées comme
semences ou pas la saison prochaine. Les graines de très bonne qualité sont alors celles qui
sont jugées résistantes par les analystes. Les graines performantes sont mises à sacs, traitées et
entreposées par la société cotonnière en attendant de les transmettre aux semenciers ou
directement aux producteurs. Les graines jugées moins performantes sont vendues notamment
aux sociétés d’huilerie et/ou de savonnerie pour produire de l’huile de consommation, ou du
savon ou des tourteaux destinés à l’alimentation pour bétail.

28
 Le conditionnement : Une fois la fibre du coton séparée des graines, elle est pressée
et conditionnée en balles de coton qui pèsent au moins chacune 200 kilogrammes. La fibre de
coton emballée est ensuite stockée dans les entrepôts de la société cotonnière attendant qu’elle
soit transportée sur le marché international.
 La Vente : La quasi-totalité du coton emballé est exportée vers les pays importateurs.
Cependant, pendant le processus de production des balles, il arrive souvent qu’il ait des balles
accidentées. Les balles accidentées sont des balles mal réalisées (rupture du ruban
d’emballage, reste d’une balle qui a pris feu, etc.). Ces balles sont vendues à des entreprises
locales de filature comme FILSAH. Ces entreprises utilisent le contenu des balles accidentées
pour produire du fil de coton qu’elles revendent localement aux tisseuses. La source
principale des balles accidentées reste cependant la qualité du ruban de fer utilisé. Les sociétés
cotonnières importent des rouleaux de fil de fer pour produire des rubans en fer qui seront
utilisés dans l’emballage de la fibre de coton. Les rubans de fer sont fabriqués par une unité
industrielle appartenant à la société cotonnière. Seulement, lorsque le rouleau de fil de fer
importé est de mauvaise qualité, le ruban qui en découle sera de très mauvaise qualité.

9.3.2.3. Difficultés des Sociétés Cotonnières


Les usines des sociétés cotonnières ont généralement une très faible capacité de stockage du
coton brut. De ce fait, les camions chargés de coton brut sont souvent obligés de stationner
pendant longtemps devant les portes des usines. Le fait de garder le coton pendant plusieurs
semaines dans les camions hors des usines augmente les risques de feux. Ensuite, les
équipements (machines et outils de travail utilisés dans les usines) ne sont pas forcément les
plus sophistiqués. Pour réduire les risques liés au fait de garder le coton dans les camions, les
ouvriers des entreprises cotonnières sont souvent amenés à travailler de façon plus intensive.

Les capacités de stockage des balles de coton sont également faibles au niveau des sociétés
cotonnières. Les stocks de balles de coton sont permanemment sous la menace de feux. Le feu
n’est pas le seul risque que court le coton dans les entrepôts des usines. Souvent, les sociétés
cotonnières sont obligées d’égrener le coton rapidement, exporter les balles de coton dans un
bref délai afin d’éviter que la saison des pluies n’arrive. Les sociétés cotonnières sont par
conséquent incapables de stocker leur production à l’abri de l’eau des pluies.

29
9.3.3. Les transformateurs

9.3.3.1. Organisation des transformateurs


Les transformateurs artisanaux sont essentiellement constitués de femmes qui sont organisées
en associations notamment dans la province du Kadiogo. Dans les autres provinces,
l’organisation n’est pas aussi évidente. Ces associations de tisseuses, lorsqu’elles existent,
sont prises en compte au niveau de la Fédération Nationale des Artisanats du Burkina Faso
(FNABF) et de la Chambre des métiers de l’Artisanat du Burkina Faso.

9.3.3.2. Sociétés de textile/filature


Il n’existe en ce moment qu’une seule entreprise, la Filature du Sahel (FILSAH) basée à
Bobo-Dioulasso.

Les activités de cette entreprise sont les suivantes :


 l’acquisition de matière première : FILSAH achète sa matière première, coton brut,
chez les sociétés cotonnières. La matière première de FILSAH est essentiellement constituée
par les balles accidentées. Ce coton n’est disponible que lorsqu’il y a des balles de coton
destinées à l’exportation, en mauvais état ;
 la filature : FILSAH produit des fils de coton, des tapis, serpillère, etc.
 le stockage FILSAH a une capacité de stockage acceptable au regard du volume
actuel de sa production. Très peu d’accident lui arrive dans ses entrepôts de stockage de ses
outputs.
 la vente : Les fils sont vendus aux tisseuses et tisserands via des commerçants. Les
autres produits sont vendus aux clients via également les commerçants.

9.3.3.3. Transformateurs artisanaux : tisseuses/Tisserands


Les activités des transformateurs artisanaux qui sont susceptibles d’être touchées par les
changements climatiques sont les suivantes :
 la filature : le fil est acheté chez des commerçants venus de Ouagadougou. C’est la
société FILSAH qui produit le fil en coton mais une part très infime est produite par les
artisanes locales qui achètent directement leur coton auprès des producteurs ;
 la teinture : les produits de la teinture sont achetés sur le marché, avec des
commerçants. Les tisseuses se chargent de faire le mélange et teinter les fils selon les couleurs
souhaitées.

30
 le tissage : cette activité consiste à produire des morceaux de pagnes traditionnels, des
foulards, des couvertures, des tapis, des chaussures, etc.
 le stockage : Malgré leurs faibles capacités de production, les femmes qui
s’investissent dans cette activité rencontrent d’énormes problèmes de stockage. Elles peuvent
se faire voler leurs productions, la qualité de leurs productions peut se dégrader par suite de
mauvaises conditions de stockage.
 la vente : elle se fait soit directement aux clients individuels, soit à des commerçants
ou couturiers/stylistes. Quelquefois, elles ont recours aux services de tailleurs qui se chargent
de raccorder les morceaux pour en faire des pagnes avec les bonnes dimensions. Le plus
souvent, les salons et foires internationaux organisés au Burkina Faso sont des espaces
favorables à la vente. Les exportations se font directement soit par des commandes qu’elles
ont reçues de l’extérieur, soit en participant à des salons ou foires internationaux à l’étranger.
La mévente peut obliger certaines femmes à stocker leurs productions. Lorsque cela arrive,
celles qui ont de faibles capacités financières ferment leurs petites entreprises artisanales.
D’autres perdent même une bonne partie de leurs productions lorsque la période de stockage
s’allonge.

9.3.3.4. Difficultés rencontrées par les transformateurs


En plus des problèmes évoqués ci-dessus, les transformateurs artisanaux du coton rencontrent
d’autres difficultés. Parmi ces difficultés, l’accès au marché reste la plus importante. Les
femmes qui exercent dans ce domaine, surtout connaissant leurs difficultés en matière de
stockage du produit fini ne se lancent dans la conception que lorsqu’un client leur adresse une
commande. Cela les amène à travailler intensivement sur une période de trois jours et à
chômer durant une très longue période en attendant une autre commande. La production de
ces dames se réalise aussi à ciel ouvert. Un petit vent, ou une petite pluie qui les surprend
cause des dégâts énormes. Les outils de travail utilisés par ces femmes pour transformer le fil
en morceaux de pagnes sont aussi de la vieille génération. Leurs rendements sont faibles et le
travail est trop pénible. De ce fait, les jeunes filles évitent de se lancer dans cette activité. La
main d’œuvre se fait alors très rare et dans ce domaine, on ne rencontre que des vieilles
femmes très peu productives (manque de force physique pour travailler pendant longtemps).
Au regard des conditions dans lesquelles ces femmes travaillent, leur activité est condamnée à
être saisonnière. Elles ne produisent que pendant la saison sèche, période au cours de laquelle
il y a moins de vents et de précipitations.

31
En plus, les transformateurs n’ont pas un accès facile au crédit malgré la mise en place du
Fonds d’Appui aux Activités Rémunératrices des Femmes (FAARF). A cela, il faut ajouter le
manque de centres pour le perfectionnement des tisseuses ainsi que le prix très élevé du fil dû
au fait qu’il est produit par l’unique société de filature (FILSAH) qui se trouve ainsi être en
situation de monopole dans le pays. Le fil est très rare sur le marché, ce qui crée parfois un
problème de satisfaction des commandes. Toutefois, la rareté du fil et le fait que son prix soit
élevé peuvent aussi trouver leur justification dans les problèmes que FILSAH aussi rencontre
dans l‘accès à sa matière première.

Pour résorber ces problèmes, il est préconisé de promouvoir la mise en place formelle des
groupements de productrices qui auront un pouvoir de négociation avec les institutions
financières pour l’accès au crédit de leurs membres. Concernant l’activité de tissage, la
création d’une structure qualifiée dans le domaine de la teinture est fortement souhaitée. Il est
également préconisé d’accroitre l’offre des fils en libéralisant le marché. Enfin, il faut aussi
améliorer les conditions d’accès à l’information sur les structures d’aide et d’appui aux
acteurs de cette activité. Comme la majorité des acteurs sont des femmes un peu âgées et le
plus souvent analphabètes, elles n’arrivent pas à accéder à l’information. Il faut trouver des
moyens idoines pour les encadrer, leur donner beaucoup d’informations en matière de
technique de vente, de stockage ainsi que des techniques d’accès au crédit formel.

9.3.4. Les couturiers/stylistes


Les activités de ces acteurs sont les suivantes :
 l’acquisition de matière première : leur principale matière première est constituée
des tissus ou pagnes tissés par les tisseuses ;
 la couture : le pagne est ensuite transformé suivant différentes formes de coupes.
 le stockage : les couturiers stockent aussi bien leur matière première et leur produit
fini. Lorsque le couturier est dynamique ou a beaucoup de commandes, ses stocks de matières
premières sont négligeables. Lorsque les clients paient et récupèrent dans les délais leurs
commandes, les stocks de produits finis sont également faibles.
 la vente : Les produits sont directement vendus aux clients ou aux
commerçants/acheteurs. Quelquefois, les ventes sont faites aux acheteurs professionnels
présents à l’occasion de salons, foires et manifestations internationaux organisés au Burkina
Faso.

32
9.3.5. Les Huileries
Les acteurs qu’on retrouve à ce niveau peuvent être regroupés en deux grands groupes. On
distingue les acteurs formels représentés par les grandes sociétés d’huilerie comme la Société
nouvelle Huilerie et Savonnerie (SN- CITEC SA).

Les autres acteurs sont constitués par des particuliers qui achètent les graines dans l’objectif
de produire des huiles de consommation. Ils sont organisés au sein du Groupement des
Transformateurs des Produits oléagineux du Burkina (GTPOB). La majeure partie de ces
acteurs manque de matériels sophistiqués pour raffiner à la perfection leur huile. Les
conséquences se matérialisent par des maladies chez les consommateurs. C’est la raison qui a
conduit les autorités à fermer certaines de ces huileries.

L’utilisation de la graine du coton pour fabriquer l’huile ou le savon produit des déchets qui
ne sont rien d’autre que les restes de la graine. Ces déchets couramment appelés tourteaux
sont vendus aux éleveurs pour l’alimentation du bétail. Le tourteau vendu par les huileries
modernes est traité avant d’être vendu aux éleveurs, alors que les huileries informelles
vendent directement leurs déchets aux éleveurs sans aucun traitement.

9.3.6. Les autres acteurs privés


En ce qui concerne les autres acteurs, on dénombre : les fournisseurs d’intrants, les
transporteurs, les transitaires, les institutions financières (banques et assurances) et les
consultants.

9.3.6.1. Les fournisseurs de semences et d’intrants


En plus des semences, les cotonculteurs utilisent beaucoup d’autres intrants. Les autres types
d’intrants qu’on rencontre sont entre autres les pesticides, les engrais, les appareils de
traitement, etc. Beaucoup d’intervenants se trouvent sur la chaine d’approvisionnement de ces
différents intrants.

9.3.6.2. Le transport et le transit


Les différents intervenants dans le transport et le transit du coton sont donnés dans le tableau
9 ci-dessous.

33
Tableau 9 : Types de transport et assureur du service

Types de services Assureurs de services


Transport de coton SOCOMA et FASO COTON disposent de 6 camions vétustes
graine qui assurent une infime partie. Le reste du transport est sous
traité avec des privés constitués en pool, soit 100 camions pour
FASO COTON et 150 camions pour SOCOMA
Transport de fibre Pour les trois sociétés, ce service est assuré à 100% par une sous
traitance avec des transporteurs privés.
Transit de la fibre Assuré à 100% par le groupe BOLLORE
Transit des intrants Reparti entre SATCI (40%) et SOTRACI (60%)
Source : Construit à partir des données du SOFITEX, FASO COTON et SOCOMA, (2007)

9.3.6.3. Les banques et autres institutions financières


Le financement des sociétés cotonnières se fait à travers un mécanisme qui fait intervenir
différents acteurs comme le Fonds Intrants Coton (FIC) ; le Fond de Lissage ; et le secteur
bancaire national et international (pool offshore).
Le financement des autres transformateurs autres que les sociétés cotonnières est assuré
essentiellement par des fonds nationaux parmi lesquels on note le Fonds d’Appui aux
Activités Rémunératrices des femmes (FAARF) ; et le Fonds d’Appui au Secteur Informel
(FASI).

9.3.6.4. Les acteurs étatiques


L’État joue un rôle transversal dans le secteur. Il intervient surtout dans la mise en place d’un
cadre légal et réglementaire adapté au développement du secteur ainsi qu’à la création
d’infrastructures. Directement ou indirectement, il participe au développement du secteur
coton par le biais du Ministère du commerce, de la Promotion de l’Entreprise et de l’Artisanat
(MCPEA) qui abrite la structure interministérielle du Secrétariat Permanent de Suivi de la
Filière Coton Libéralisée (SP/SFCL), le Ministère de l’Agriculture et de l’Hydraulique
(MAH) et l’INERA en sa qualité de maître d’ouvrage de la plupart des programmes et projets
de développement du secteur coton. L’INERA assure le volet recherche dans la filière.

34
10. Politiques et programmes publics dans le secteur du coton au Burkina Faso

Le secteur du coton bénéficie des politiques publiques et des programmes privés et publics.
L’étude s’intéresse uniquement aux politiques publiques et aux programmes et projets
publics. D’une part, il s’agit de passer en revue les politiques publiques développées pour
soutenir ou encadrer la filière coton. Dans ce paragraphe, nous apprécions les objectifs, les
stratégies ainsi que les forces et les limites des différentes initiatives publiques de soutien à la
filière coton. Nous ne discutons pas des initiatives privées parce qu’elles sont quasi
inexistantes. Les seules initiatives privées qui existent sont les sociétés cotonnières ainsi que
les associations qui facilitent la coopération horizontale entre ces dernières.

10.1. Programmes et projets publics dans le secteur

 Le Programme d’Appui à la Filière Coton-Textile (PAFICOT)7. Le PAFICOT, est un


projet de l'Agenda Coton-textile qui couvre quatre pays dont le Burkina Faso (C’est un
programme qui a duré cinq ans allant de 2008 à 2013). L’accord de financement a été signé en
2007 et il était constitué essentiellement par un prêt. Ce prêt a été contracté auprès de la
Banque Africaine de Développement.

Le programme était articulé autour de deux axes majeurs à savoir : (i) l’amélioration de la
production cotonnière et (ii) la transformation du coton-fibre. Il a été conçu dans le cadre de
l’agenda pour la compétitivité de la filière coton-textile de l’UEMOA et a été préparé selon
une approche participative dans un cadre de concertation gouvernements, parties prenantes et
partenaires au développement dont la Banque Africaine de Développement.

La mise en œuvre du programme a permis au Burkina Faso : (i) d’améliorer d’avantage ses
rendements au champ et à l’égrenage ; (ii) d’accroître la qualité de sa fibre de coton, et
d’augmenter la transformation locale du coton; (iii) de créer plus d’emplois et d’améliorer les
conditions de vie des populations intervenant dans les maillons de la chaine de valeurs ; (iv)
de mettre en place un cadre de coopération scientifique et de partage des résultats de
recherche cotonnière avec les autres pays qui ont bénéficiés de ce projet ; (v) de renforcer les
capacités et la structuration des organisations paysannes, et de professionnaliser davantage la
filière coton.

7
Voir p1, Burkina Faso (2010) , « Appui d’appel d’offre de la filière coton au Burkina »

35
Cette initiative sous régionale, est encourageant et donne un signal fort à des partenaires
internationaux d’apporter un appui à la filière. D’autres initiatives de ce genre doivent être
encouragées et financées par des institutions sous régionales pour permettre de booster la
filière.

 Projet de Renforcement des Capacités de la Filière Cotonnière (PRCFC)8. A la suite


de l’exécution des projets PA/OPA et PAP/OPC, l’Etat burkinabè a signé avec ses
partenaires, l’Agence Française de Développement et la Banque Mondiale, à travers le
Programme d’Appui aux Filières Agro-Sylvo-Pastorales, une nouvelle convention de
financement pour la mise en œuvre du Projet de Renforcement de la Filière Cotonnière du
Burkina Faso (PRFCB). D’une durée prévisionnelle de 5 ans (2007/2011), le PRFCB se
propose : (i) d’élargir le spectre géographique d’intervention, pour prendre en compte
davantage les récentes zones de production (Centre et Est), (ii) de consolider et d’étendre les
réseaux de conseillers au bénéfice des producteurs et des organisations de producteurs et (iii)
de poursuivre la structuration professionnelle et interprofessionnelle des acteurs de la filière,
dans un contexte de libéralisation récente. Le point positif de ce projet est que les récentes
zones de production qui ne sont pas encadrées par les grandes sociétés de production
cotonnière profiteront des interventions de ce projet, ce qui permet de réduire les inégalités en
matière d’accès au renforcement de capacités dans les nouvelles zones.

 Programme de Promotion du Coton Biologique (PPCB)9. C’est l’UNPCB qui pilote


depuis 2004 le Programme de Promotion du Coton Biologique. Par ce projet, la faîtière
participe à la promotion de pratiques agricoles respectant les valeurs d’équités et de durabilité.
Au-delà de la promotion d’innovations techniques salvatrices pour l’agriculture, l’UNPCB
vise, à travers le programme, à donner l’opportunité aux femmes, aux producteurs peu nantis
de participer à la culture du coton. Ce programme est exécuté dans cinq localités du Burkina à
savoir : Pô, Tiéfora, Dano, Fada et Tenkodogo. Outre la production de coton bio-équitable, ce
programme soutient la production et la commercialisation d’autres produits agricoles certifiés
biologiques (sésame et amandes de karité biologiques).

Un renforcement des capacités des producteurs et des techniciens est continuellement mené à
travers l’initiation de séries de formations sur les itinéraires techniques de production en
agriculture biologique et sur les standards du commerce équitable. Le coton biologique et ou

8
Voir page 70, MEF (2007), « Diagnostic de la filière coton et identification des axes stratégiques »
9
Voir page 72, MEF (2007), « Diagnostic de la filière coton et identification des axes stratégiques »

36
équitable est l’un des atouts au niveau de la production (CEFCOD, 2015. p58). Les
Partenaires du programme sont : Helvetas, DDC, Seco, ICCO, Hess Natur, INERA, Sopradex,
les Sociétés cotonnières, Ecocert International, Fair-Trade Labelling Organization.

Ce programme est important dans la mesure où les changements climatiques sont devenus un
phénomène important dans les pays en développement. Il faut noter le fait que le Burkina
Faso a décidé en 2016 de mettre fin à la production de la culture du coton OGM. En
retournant à la pratique du coton biologique, le pays encourage ou salue les programmes de
promotion du coton biologique qui a existé. Le pays souligne là un aspect positif de ce
programme.

 Programme d’appui à la valorisation artisanale du coton biologique (PAVACB). Le


programme intervient dans le secteur de la valorisation locale du textile artisanal du coton
biologique en appui aux initiatives de transformation locale du coton. D’une durée de 3 ans
(2010-2012), il a été financé par la Fondation Argidius (CH) et la Commission de l’UEMOA.
Les objectifs visés sont de développer des produits de l’artisanat du textile coton biologique et
éthiques, d’augmenter les ventes sur le marché national et international, d’accroître les
revenus des artisans du secteur textile et de préserver/créer des emplois. Les artisans de la
filière textile coton biologique et équitable se sont constitués en coopérative de production et
de commercialisation appelée IVATEX, et le programme renforce les capacités de ses
membres et le niveau d’équipement des ateliers. La pratique du coton biologique de façon
artisanale est de nature à permettre de réduire ou à mettre fin à la culture du coton OGM qui a
des conséquences néfastes sur l’environnement et sur le bien-être des populations.

 Programme de renforcement du secteur coton en Afrique de l’Ouest et du Centre, the


West Africa Cotton Improvement Programme10. Ce programme est financé par l’USAID à
hauteur de 27 millions de Dollars US. Il a démarré en 2006. Il est mis en œuvre en grande
partie par l’IFDC, un Centre International pour la Fertilité des Sols et le Développement
Agricole en partenariat avec des partenaires ouest africains locaux, nationaux et régionaux du
secteur cotonnier, ainsi que des donateurs et des gouvernements nationaux.
Plusieurs objectifs sont poursuivis par le programme. Il vise l’accroissement de la
productivité du coton, de la qualité du coton fibre et du revenu tiré du coton et celui issu

10
Voir page 75 MEF (2007), « Diagnostic de la filière coton et identification des axes stratégiques »

37
d’autres produits dérivés du coton. Un élan est créé pour impulser les changements politiques
et institutionnels à plus long terme qui sont susceptibles de promouvoir les investissements et
d’augmenter la valeur ajoutée des produits. En exploitant les niches d’opportunités de
transformation et de marketing pour les produits à base de coton, on parvient à l’augmentation
de la valeur ajoutée dans le secteur.

Le programme a une durée de vie de trois ans et intervient dans neuf domaines. En
s’intéressant à la question de fertilisation des sols, le programme permet de trouver des
stratégies d’adaptation face aux changements climatiques.

 Programme de Développement de l’Agriculture (PDA)11. Le PDA est un programme


de la coopération germano-burkinabé. La durée totale est de douze ans découpée en quatre
phases de trois ans chacune. Il intervient dans les régions de l’Est, du Sud-Ouest et du Centre
Ouest notamment dans la province de la Sissili pour un montant total de 16,650 milliards de
FCFA. Il tend à promouvoir les filières Agro-sylvo-pastorales porteuses. Le coton à travers le
Secrétariat Permanent du Suivi de la Filière Coton Libéralisée, a bénéficié de la part du PDA
d’un appui pour la concertation, la réalisation d’études et l’organisation de rencontres entrant
dans le cadre de l’élaboration du plan d’action sectoriel coton, le suivi de la filière,
l’organisation de formations au profit des acteurs de la filière. La filière coton a également
profité d’un appui pour la préparation de la négociation du partenariat Public privé. Ce
programme d’une durée longue a vu le jour à l’aide d’une coopération bilatérale. En
s’investissant dans l’élaboration d’un plan d’action pour la filière, il permet la recherche de
financement auprès d’organismes structurés.

 Projet de Partenariat Public Privé (PPPP)12. Le projet a eu une durée de quatre ans à
compter de juin 2006. Il s’agit d’un cofinancement des producteurs, de la SOCOMA et du
PDA comme nous l’avons déjà indiqué plus haut. Il visait l’amélioration de l’accès au conseil,
à la formation agricole, à l’information ; l’amélioration de la valorisation des conseils, et de la
formation agricole dans l’accroissement des revenus. Cinq domaines d’intervention étaient
privilégiés qui sont entre autres le développement des compétences paysannes ; le
renforcement du système de communication de masse, etc.

11
Voir page 75 MEF (2007), « Diagnostic de la filière coton et identification des axes stratégiques »
12
Voir page 73 MEF (2007), « Diagnostic de la filière coton et identification des axes stratégiques »

38
Au terme de cette présentation, on peut indiquer que l’Etat a montré une volonté politique
soutenue pour la filière coton bien qu’elle ne soit pratiquée que dans les trois zones
cotonnières. Ces projets interviennent dans le renforcement des capacités organisationnelles et
techniques des parties prenantes de la filière. Ils ne sont concentrés, en revanche, que sur
quelques maillons de la chaine de valeurs. C’est une limite que le gouvernement actuel doit
surpasser. Le développement du secteur coton nécessite une concertation entre le public et le
privé. Par exemple, les banques privées peuvent être un moyen pour améliorer l’accès des
producteurs aux intrants.

10.2. Politiques protectionnistes

Le gouvernement burkinabè n’a adopté aucune stratégie pour protéger directement les
cotonculteurs. Puisque le pays manque de moyens financiers, le gouvernement met
uniquement en œuvre des stratégies pour inciter les paysans à augmenter leur production. Ses
stratégies sont entre autres la subvention des intrants et la facilitation de l’accès au crédit de
campagne13. Ces stratégies sont les seules dont dispose le gouvernement du Burkina Faso qui
compte sur le coton pour obtenir des devises étrangères. On dit souvent que le gouvernement
burkinabé ne protège pas son secteur cotonnier, car l’activité de subvention des intrants est
trop insignifiante. L’intervention du gouvernement dans le circuit d’octroi de crédit (entre le
système bancaire et les cotonculteurs) consiste à se porter garant du crédit afin d’éviter que les
problèmes d’asymétrie d’information n’évincent ce marché. Or, les grandes puissances (USA
et l’Union Européenne) subventionnent activement leurs agriculteurs. Par exemple, Simporé
(2007) a démontré que le Burkina Faso a perdu en moyenne 25,8 millions de dollars sur les
recettes à l’exportation sur un total de 195,2 millions de dollars perdu par la zone Afrique de
l’Ouest et du centre entre les campagnes agricoles de 1997-98 et 2001-02. Ces pertes de
revenus des paysans africains sont attribuées aux subventions accordées par les
gouvernements des pays du Nord à leurs producteurs de coton.

La production du coton du Burkina Faso subit par conséquent les effets néfastes des
subventions des pays du Nord sur le marché international. Certaines politiques appliquées par
le gouvernement burkinabé et ensuite par les sociétés cotonnières ressemblent aussi à des
taxes sur les producteurs du coton. La caisse de stabilisation des prix au producteur en est un
exemple. Simporé (2007) fait remarqué par exemple que les prix au producteur appliqués au

13
Le gouvernement intervient dans la négociation du crédit pour permettre aux paysans d’obtenir des crédits
bancaires par l’intermédiaire de leur groupement en début de la campagne agricole.

39
Burkina Faso ont été en moyenne inférieurs à ceux appliqués dans d’autres pays d’Afrique de
l’Ouest. Guissou et Ilboudo (2012) montrent que le taux nominal de protection ajusté a même
été négatif entre 2007 et 2008 démontrant que les producteurs du coton ne sont pas soutenus
par des politiques publiques.

11. Avenir de la filière Coton du Burkina Faso


Du fait de sa contribution à la croissance économique, la filière bénéficie d’une attention
particulière de la part de l’Etat et de ses partenaires au développement. L’aide de l’Etat
consiste principalement à la recherche de financement pour la filière. L’Etat fournit également
un effort en termes d’appui scientifique à travers l’intervention de l’INERA (Yameogo,
2005). L’Etat s’investit dans la protection de la filière parce qu’elle est la principale culture
d’exportation.

La filière coton est la mieux organisée parmi toutes les filières de l’économie du Burkina
Faso. Les zones cotonnières sont également des zones de forte production céréalière et
contribuent à assurer la sécurité alimentaire du pays grâce aux excédents dégagés. Les
productions vivrières profitent des équipements et investissements et de l’encadrement
technique dont bénéficient les producteurs du coton. La culture du coton crée des emplois
supplémentaires dans les zones rurales (Zagbaï, Berti et Lebailly, 2006). La collecte du coton
dans les villages organisés par les groupements villageois au profit des sociétés cotonnières
permet aux coopératives villageoises de générer des revenus supplémentaires. Pour assurer le
transport du coton, les sociétés cotonnières sollicitent souvent des transporteurs privés. Tout
ceci montre que la filière est un véritable moteur de croissance pour l’économie entière du
Burkina Faso surtout quand on sait que la pauvreté est surtout rurale dans ce pays.

La transformation est en pleine croissance également. Par exemple, la branche textile a réalisé
à elle seule 50,8% du chiffre d’affaire des industries manufacturières en 2004 et emploie
35,52% des effectifs industriels. La graine du coton alimente les usines de production d’huile
et de fabrication de tourteau pour l’alimentation du bétail (Yameogo, 2005).

Les forces de la filière coton du Burkina Faso résident également dans la consolidation des
liens verticaux et horizontaux. Dans le souci d’obtenir une fibre de coton de très bonne
qualité, les sociétés cotonnières offrent plusieurs types d’appuis aux cotonculteurs. Elles les
offrent les intrants en début de saison (des semences, des fertilisants et des pesticides de
meilleure qualité). Elles mettent à la disposition des producteurs de coton, des conseillers

40
agricoles et facilitent le démarrage de leurs activités en début de campagne agricole à travers
l’octroi de crédit de campagne. Les relations verticales qui existent entre les différentes
structures institutionnelles (groupements villageois de producteurs, groupements communaux,
départementaux, provinciaux et national) permettent des interventions efficaces soit pour
résoudre des problèmes entres des acteurs situés à différents niveaux de la chaine de valeurs
ou pour coordonner les activités de ramassage de la production à l’échelle nationale,
provinciale ou communale. Les rencontres d’échange entre les producteurs du coton, les
sociétés cotonnières et les structures publiques chargées du suivi de la filière permettent
également de faire de bonnes prévisions et de s’assurer que chaque acteur de la filière est
informé de la dynamique, ou des nouveaux défis.

Les liens horizontaux sont également très bien développés. Au niveau des producteurs, la
constitution des groupements villageois constitue une originalité dans l’organisation qui
assure le succès de la filière. Afin de bénéficier des appuis financiers et techniques des
sociétés cotonnières, les producteurs villageois doivent se réunir pour créer une association de
producteurs solidaires. La solidarité consiste pour ces producteurs à s’engager à payer les
dettes de l’un d’entre eux qui venait à être défaillant. Cet engagement incite les producteurs à
partager leur expérience et à aider les nouveaux producteurs à réussir leurs productions. Les
sociétés cotonnières n’achètent pas le coton auprès des producteurs individuellement. Elles
achètent auprès du groupement villageois. Comme le prix reçu par chaque groupement
villageois dépend de la qualité du coton offert, les producteurs du même groupement s’entre
aident pour améliorer la qualité du coton produit par chacun des membres. Au plan
institutionnel, il existe des cadres de concertation entre les groupements villageois de la même
commune, entre groupements communaux de la même province et entre groupements
provinciaux de la même région et ainsi de suite. L’essor de la filière coton du Burkina Faso
est par conséquent issu aussi bien de terres agricoles propices à la culture du coton, mais aussi
et surtout par la consolidation des liens verticaux et horizontaux entre les acteurs de la chaine
de valeurs.

Les changements climatiques représentent une contrainte majeure au développement de la


filière coton du Burkina Faso. Les paysans de ce pays adoptent moins les techniques agricoles
susceptibles de réduire l’impact des changements climatiques sur leurs sols et sur la qualité de
leurs produits (Feder, Just er Zilberman, 1985). Selon Ouédraogo, Somé et Dembélé (2006)
l’élévation de la température d’un degré Celsius de plus entrainera une perte de revenu
d’environ 19,9 $US par hectare aux agriculteurs burkinabé. Selon les estimations de ces

41
mêmes auteurs, une augmentation du niveau moyen de la pluviométrie d’un millimètre de
plus par mois va entrainer une augmentation du revenu des paysans de 2,7 $US par hectare.
Or, les changements climatiques vont entrainer grosso modo, une augmentation de la
température et une irrégularité de la pluviométrie. On sait que les grandes entreprises mettent
souvent en œuvre des stratégies pour soit tirer profit des changements climatiques ou soit
réduire leurs impacts sur leurs activités économiques. Les cotonculteurs peuvent représenter
le maillon faible en termes d’adaptation aux changements climatiques. Or, ils représentent le
maillon fort de la filière en termes de production. C’est pourquoi, nous allons réaliser une
étude empirique pour voir comment les changements climatiques affectent les différents
maillons de la chaine de valeurs du coton du Burkina Faso (chocs climatiques
idiosyncratiques). Ensuite, nous analyserons également les effets de contamination entre les
différents maillons de la chaine de valeurs du coton. On parle d’effet de contagion lorsque le
choc exogène reçu par un maillon de la chaine de valeurs impacte les autres maillons en ce
sens que le produit final du premier acteur touché constitue la matière première des autres
acteurs (Contamination verticale). Il se peut également qu’il ait des chocs exogènes covariés.
Pour mener à bien cette analyse, nous réaliserons une enquête terrain auprès des acteurs
majeurs de la chaine de valeurs. Cette enquête nous permettra d’analyser les effets des
changements climatiques en termes de chocs idiosyncratiques et aussi en termes d’effets de
contagion.

12. Conclusion

Le coton occupe une place importante dans l’économie du Burkina Faso. Il fait parti des
premiers produits qui procurent le plus de devises étrangères et les recettes générées par son
exportation permettent de réduire la pauvreté dans les zones rurales. L’expansion des
superficies du coton pose certains problèmes notamment des tensions avec les produits
agricoles vivriers, et les problèmes de pollutions environnementales. Mais, au delà de la
culture du coton, toute l’agriculture burkinabè est aujourd’hui menacée par les changements
climatiques.

Dans ce document de recherche, nous avons rappelé l’histoire de l’évolution de la culture du


coton au Burkina Faso. Le système de production ainsi que l’influence que la culture du coton
exerce sur l’environnement sont également discutés. Des statistiques sur l’évolution des prix

42
au producteur, la contribution du coton dans la croissance économique et dans la réduction de
la pauvreté sont présentées et analysées. Dans l’objectif de pouvoir cartographier la filière
coton du Burkina Faso, nous avons recensé tous les acteurs qui interviennent dans les
différents maillons de la chaine de valeur du coton dans ce pays.

Les études empiriques montrent que, contrairement à l’idée reçue selon laquelle on doit la
culture du coton à la colonisation, les populations qui occupaient cet espace géographique
produisaient déjà le coton avant cette période. Les superficies emblavées à cette époque
étaient trop petites et les ménages consacraient également peu de leur temps de travail à la
culture du coton. Par conséquent, les rendements étaient trop faibles et la production était
réalisée pour satisfaire prioritairement les besoins locaux (habillement, rites coutumiers, etc.).
La production du coton n’a intéressé le colonisateur que lorsqu’il cherchait des moyens pour
financer le développement de la colonie mais aussi et surtout pour alimenter les usines
européennes qui n’arrivaient plus à s’approvisionner auprès des producteurs américains et
anglais.

Sous la période coloniale, les rendements de la culture du coton ont été multipliés par cent.
Ces résultats extraordinaires ont été obtenu à la fois par l’extension des superficies,
l’utilisation des engrais et par l’encadrement technique des paysans. Lorsque le pays a pris
son indépendance, le coton a continué à être utilisé comme source de revenus aussi bien par
les populations que par le nouveau gouvernement qui avait besoin de devises étrangères. Les
capacités du coton à procurer des devises étrangères vont être limitées par les subventions que
les pays du nord accordent à leurs producteurs. Le Burkina Faso fait parti des grands pays
producteurs de coton mais les paysans subissent les effets des subventions accordées à leurs
homologues du nord étant donné que le gouvernement burkinabè manque de moyens pour les
subventionner. Jusqu’à ce jour, les efforts que le gouvernement burkinabè fait pour protéger
la filière du coton se matérialisent par l’appui technique à travers les sociétés cotonnières, la
facilitation de l’accès des paysans au crédit bancaire et la mise en place de structure pour
l’organisation de la filière.

La culture du coton a permis d’améliorer le bien être des ménages producteurs de coton dans
les différentes régions productrices. Dans les faits, le coton fait vivre plusieurs milliers de
producteurs sur lesquels repose la survie de millions de personnes au Burkina Faso. En plus

43
de cela, les politiques mises en œuvre pour assister les producteurs de coton ont profité
quasiment à tout le système de production agricole dans les zones cotonnières.

La production du coton au Burkina Faso a connu beaucoup de fluctuations d’une année à une
autre. Ces fluctuations sont liées aux conditions climatiques et aux niveaux de la
pluviométrie. Les périodes de productions élevées sont tributaires de celles de bonnes pluies.
En plus de la pluviométrie, l’augmentation de la production du coton est également expliquée
par celle des superficies cultivées.

Les revenus des producteurs de coton burkinabé subissent les assauts de la fluctuation des
prix mondiaux. Ces derniers déterminent les prix au producteur au Burkina Faso. Les
subventions américaines et européennes à leurs producteurs, les fluctuations du dollar par
rapport à l’euro et la forte augmentation de la production mondiale due à l’augmentation de la
production de la Chine14 en sont les raisons majeures de la volatilité des prix mondiaux et
locaux.

Les quantités exportées de coton transformé, à l’inverse du coton non transformé, demeurent
très marginales, dénotant ainsi une faible capacité de transformation du Burkina Faso. La
chaîne de valeurs de la filière coton est très courte. Bien qu’elle procure des revenus pour les
producteurs et des devises pour l’Etat, le pays subit un manque à gagner dû à cette situation.

La filière coton semble être le sous-secteur de l’agriculture ayant bénéficié le plus de


programmes et projets publics. Ces projets ou programmes sont dans les domaines diversifiés.
L’examen de ces projets montre qu’ils portent aussi bien sur les domaines de renforcement
des capacités des acteurs, de l’amélioration de la production, de l’augmentation de la
transformation, de la recherche de nouvelle variété, et de la création d’emplois.

14
La Chine est présentement à la fois un grand producteur et un grand demandeur mondial de coton.

44
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ISSN : 1780-4507, vol.10 numero 4.

48
Annexes

Annexe A: Droite de régression entre la production et la superficie

Source : Construit par les auteurs


NB : lnpro : logarithme népérien de la production ; lnsup : logarithme népérien de la
superficie

Annexe B : Prix au producteur pour le coton 1er et 2ème choix (en FCFA/Kg)
Années 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015
Prix coton 1er 175 165 155 165 168 210 274 253 235 225 235
choix (F/Kg)
Prix coton 2ème 140 140 130 140 143 185 249 228 210 210 210
choix (F/kg)

Source : Extrait du rapport de la SOFITEX, (2014b)

49
Annexe C: Evolution des superficies, des productions et des rendements de 1995 à 2014
Années Production de coton Superficies (ha) Rendements Rendements
graine (t) (t/ha) (g/ha)
1995-1996 147 000 170 000 0.865 865 000
1996-1997 214 352 195 670 1.095 1 095 000
1997-1998 338 141 295 200 1.145 1 145 000
1998-1999 284 388 355 436 0.800 800 000
1999-2000 254 189 245 000 1.038 1 038 000
2000-2001 275 800 260 000 1.061 1 061 000
2001-2002 378 522 358 887 1.055 1 055 000
2002-2003 494 419 407 933 0.991 991 000
2003-2004 483 390 459 379 1.052 1 052 000
2004-2005 570 000 552 000 1.033 1 033 000
2005-2006 600 378 558 611 1.075 1 075 000
2006-2007 730 000 694 444 1.080 1 080 000
2007-2008 360 000 378 536 0.951 951 000
2008-2009 446 628 472 943 0.944 944 000
2009-2010 361 102 418 170 0.864 864 000
2010-2011 337 556 373 566 0.904 904 000
2011-2012 417 127 429 380 0.971 971 000
2012-2013 503 462 500 000 1.007 1 007 000
2013-2014 508 168 500 300 1.016 1 016 000
2014-2015 540 000 570 000 0.947 947 000
2015-2016 800 000* nd nd
Source : données sociétés cotonnières (SOFITEX, Faso Coton, SOCOMA, rapports 2005-
2007) ; Rapport MICA, 2012 ; AICB. Burkina Faso
*Prévision

50
Annexe D : Guide d’entretien avec les acteurs de la chaine de valeur coton

A. Identification de l’acteur
A.1. Dénomination :

A.2. Activités dans la chaine de valeurs

A.3. Identification des acteurs avec lesquels il a des relations fonctionnelles

A.3.1. En Amont

A.3.2. En Aval

B. Opérationnalisation des relations entre les différents acteurs


B.1. Décrire les activités qui lient l’acteur avec les autres acteurs qui sont situés en :

B1.1. Amont

B.1.2. Aval

B.2. Quelles sont les principales difficultés que le présent acteur rencontre dans l’exécution de
ses activités ?

B.3. Comment ces difficultés impactent-ils l’activité de l’acteur

B.4. Qu’est ce que peut être fait pour réduire l’impact de ces difficultés sur son activité

B.5. Ces mesures doivent être mises en œuvre par qui15 ?

C. Autres acteurs intervenant dans la chaîne de valeur


C.1. En dehors des acteurs cités dans les sections A et B, existent-ils d’autres acteurs (ONG,
institutions publiques, etc.) qui interviennent dans la chaîne de valeur du coton ?

C.2. Si Oui quels sont les actions posées par ces acteurs et qui influencent directement vos
activités ?

C.3. Si non quels acteurs (en plus de ceux que vous avez énuméré au point B.5.) et quelles
actions vous aurez souhaitez pour faciliter davantage vos activités ?

15
Pour chaque personne morale ou institution identifiée ici, il faut après demander si elle peut effectivement
agir pour réduire les difficultés énumérées au point B.2.

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