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net/publication/330142037
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Université Thomas Sankara
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All content following this page was uploaded by Denis Akouwerabou on 04 January 2019.
Auteurs :
Akouwerabou Denis
Yerbanga Antoine
Sombié Issiaka
Bako Parfait
Korahiré Joël
i
Préambule
L’agenda de recherche est constitué de trois étapes. La première étape a consisté à regrouper
autour d’une même table les chercheurs et toutes les parties prenantes pour discuter des
thématiques qui vont aboutir à des recommandations de politiques économiques pertinentes et
faisables. Parmi les parties prenantes, on y comptait les acteurs privés clefs de la filière coton
et les structures publiques. La fin de la première phase coïncide avec la réalisation de la
cartographie des chaines de valeurs du coton au Burkina et au Pakistan.
La deuxième phase va consister à collecter des données primaires pour analyser les impacts
des changements climatiques sur les activités des acteurs privés identifiés dans la chaine de
valeurs du coton (confère page 23 du présent document). Il s’agira pour nous de voir
comment les changements climatiques impactent les activités des acteurs individuellement et
ensuite de voir comment les chocs individuels se transmettent aux autres acteurs de la chaine
de valeurs. Le questionnaire comporte également des questions qui vont nous permettre
d’identifier les acteurs qui ont développé des techniques pour réduire les impacts des
changements climatiques sur leurs activités. Notre stratégie consiste à faire l’état des lieux sur
les initiatives individuelles en matière d’adaptation. Ensuite, nous ferons la promotion des
stratégies d’adaptation réussies ou d’en proposer de nouvelles au cas échéant.
Cette initiative de recherche a été rendue possible grâce au soutien financier du Department
for International Development (DFiD) du Royaume Uni et le Centre de Recherche en
Développement International (CRDI), Ottawa, Canada. Les opinions exprimées dans cet
ouvrage sont celles de leurs auteurs et ne représentent pas nécessairement celles du
Department for International Development (DFiD) du Royaume Uni et le Centre de
Recherche en Développement International (CRDI) du Canada ou, de son Conseil de
gouverneurs.
ii
Remerciements
L’innovation majeure du projet PRESA réside dans l’implication de toutes les parties
prenantes dans la conduite de la recherche. Comme nous l’avons souligné précédemment, les
parties prenantes (Structures publiques, les sociétés cotonnières, les cotonculteurs, les
transformateurs industriels et artisanaux) ont participé de façon active à l’élaboration et
l’opérationnalisation des questions de recherche. Nous tenons ici à saluer l’esprit de travail, la
collaboration et le partage d’expériences qui ont perms d’aboutir à un document potable et
équilibré. Nous remercions tous ceux qui se sont investis de façon active afin de faciliter la
conception des différentes chaines de valeurs qui constituent la contribution majeure du
présent document de recherche.
Nos remerciements vont particulièrement aux membres du comité de suivi évaluation. Vous
avez été d’un apport très important dans l’aboutissement des travaux qui ont permis de
réaliser les chaines de valeurs du coton du Burkina Faso. Vous nous avez été utiles dans la
collecte des données. Nous vous sommes reconnaissants. Nos remerciements vont
particulièrement à l’endroit du Secrétaire permanent du suivi de la filière coton libéralisé
(SP/FCL), Monsieur Wilfried Yameogo et ses collègues du SP/SFCL (Faho Sanibé, Guinko
Jean Pierre). Nous n’aurions pas pu accéder aux informations auprès des différents acteurs de
la filière sans votre intervention. Vous nous avez aidés à réorienter certaines questions du
guide d’entretien. Vous avez envoyé des correspondances aux acteurs de la filière pour les
demander d’être attentifs à nos doléances. Vous avez toujours été à nos cotés pour résoudre
tel ou tel autre problème qui bloque ou freine la collecte des informations. Vous avez utilisé
vos relations pour nous faciliter des rencontres.
Nos remerciements vont à tous les groupements de producteurs de coton (GPC) qui nous ont
reçus malgré leurs multiples occupations. Nous remercions particulièrement les bureaux des
GPC Dizandani, Nankounou, Toudikiga, Dakola et de Konnipo qui nous ont reçus plusieurs
fois lorsque nous avons eu besoin d’informations complémentaires. Nous remercions
également tous les chauffeurs qui ont parcouru les zones rurales avec nous. Merci pour avoir
braver les difficultés (routes en mauvais état) afin de nous aider à atteindre les villages des
producteurs de coton.
A tous ceux qui nous ont aidés et dont nous n’avons pas cité les noms ici, nous vous disons
merci.
i
Sommaire
Remerciements ........................................................................................................................................ i
Liste des Tableaux ...................................................................................................................................iii
Liste des Figures...................................................................................................................................... iv
Liste des Graphiques ............................................................................................................................... iv
Sigles et Abréviations ...............................................................................................................................v
1. Introduction ..................................................................................................................................... 1
2. Historique sur l’évolution de la culture du coton au Burkina Faso ................................................. 2
3. La production................................................................................................................................... 4
3.1. Brève présentation du climat et de la végétation ........................................................................ 4
3.2. Les zones de production cotonnière ............................................................................................ 5
3.3. Les systèmes de production ......................................................................................................... 7
3.4. Modes d’acquisition des terres .................................................................................................... 8
3.5. Volume de production.................................................................................................................. 8
4. Accès aux intrants et encadrement des producteurs ................................................................... 10
5. Assurance et accès au financement dans le secteur cotonnier .................................................... 11
6. Les échanges.................................................................................................................................. 13
6.1 Le Coton transformé.................................................................................................................... 13
6.2. Coton non transformé ........................................................................................................... 14
7. Les prix........................................................................................................................................... 17
7.1. Evolution des prix aux producteurs locaux ................................................................................ 17
7.2. Evolution des cours mondiaux ................................................................................................... 18
8. Impact économique du Coton sur l’économie du Burkina Faso ....................................................... 19
8.1. Au niveau macroéconomique .................................................................................................... 20
8.2. Au niveau microéconomique ..................................................................................................... 22
9. Cartographie de la chaine de valeur et organisation de la filière ..................................................... 24
9.1. Cartographie des activités de la chaine de valeur du coton ................................................. 24
9.2. Cartographie des parties prenantes de la chaîne des valeurs coton au Burkina Faso ............... 22
9.3. Commentaires sur la cartographie (activités et Acteurs) ...................................................... 23
9.3.1. Les Producteurs/Paysans............................................................................................... 23
9.3.2. Les Sociétés Cotonnières ............................................................................................... 27
9.3.3. Les transformateurs ...................................................................................................... 30
9.3.4. Les couturiers/stylistes .................................................................................................. 32
9.3.5. Les Huileries................................................................................................................... 33
9.3.6. Les autres acteurs privés ............................................................................................... 33
10. Politiques et programmes publics dans le secteur du coton au Burkina Faso .......................... 35
10.1. Programmes et projets publics dans le secteur ....................................................................... 35
10.2. Politiques protectionnistes................................................................................................ 39
11. Avenir de la filière Coton du Burkina Faso ................................................................................ 40
12. Conclusion ................................................................................................................................. 42
Bibliographie.......................................................................................................................................... 45
Annexes ................................................................................................................................................. 49
Annexe A: Droite de régression entre la production et la superficie.................................................. 49
Annexe B : Prix au producteur pour le coton 1er et 2ème choix (en FCFA/Kg) ................................... 49
Annexe C: Evolution des superficies, des productions et des rendements de 1995 à 2014 ............... 50
Annexe D : Guide d’entretien avec les acteurs de la chaine de valeur coton ..................................... 51
ii
Liste des Tableaux
Tableau 1 : Répartition du Fonds Intrants Coton (en milliards de FCFA) .............................................. 12
Tableau 4 : Evolution des exportations de la fibre de coton en volume et en valeur au Burkina Faso 15
Tableau 5 : Evolution des exportations de déchets de coton au Burkina Faso de 2009 à 2013 ........... 15
Tableau 6 : Evolution des importations et des exportations des graines de coton .............................. 16
Tableau 7 : Comparaison des quantités (tonnes) de fibres de coton produites et exportées au Burkina
Faso entre 1995 à 2002. ........................................................................................................................ 16
iii
Liste des Figures
Figure 1 : Zones climatiques du Burkina Faso ......................................................................................... 5
Graphique 2 : Evolution des prix selon la qualité du coton (en FCFA/kg) ............................................ 18
iv
Sigles et Abréviations
ACC : Association cotonnière coloniale
AICB : Association Interprofessionnel Cotonnière du Burkina
AOC : Afrique Occidentale et Centrale
CCCE : Caisse Centrale de Coopération Economique
CEDEAO : Communauté Economique Des Etats de l’Afrique de l’Ouest
CEFCOD : Centre d’Etude, de Formation et de Conseil en Développement
CITEC : Comptoir des Industries Textiles et Cotonnier
CNCA : Caisse Nationale de Crédit Agricole
DGPER Direction Générale de la Promotion de l’Economie Rurale
DDC : Data Device Corporation
FAC : Fonds d’Aide et de Coopération
FAO : Fonds des Nations Unies pour l’Agriculture
ICCO : Inter Church Corporation for the development Organization
IFDC : International Fertilizer Development Center
INERA : Institut National d’Etude et de Recherches Agricoles
INVATEX : Initiatives de Valorisation du Textile
MARHASA : Ministère de l’Agriculture, des Ressources Hydrauliques, de
l’Assainissement et de la Sécurité Alimentaire
MASA : Ministère de l’agriculture et de la sécurité alimentaire
MEF : Ministère de l’Economie et des Finances
MICA : Ministère de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat
PAFICOT : Programme d’Appui à la Filière Coton-Textile
PA-OPA : Plan d’Actions pour l’émergence des Organisations Professionnelles Agricoles
PAP-OPC : Projet d’Appui à la Professionnalisation des Organisations de Producteur de Coton
PCOV : Projet Coton Ouest-Volta
PDAOV : Programme Développement Agricole de l’Ouest-Volta
PRFCB : Projet de Renforcement de la Filière Cotonnière du Burkina
SOFITEX : Société des Fibres Textiles
SP/CPSA : Secrétariat Permanent de la Coordination des Politiques Sectorielles Agricoles
SP/SFCL : Secrétariat Permanent de Suivi de la Filière Coton Libéralisée
UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest Africaine
UNPCB : Union Nationale des Producteurs de Coton au Burkina
US : United States
USA : United States of America
USAID : United States Agency for International Development
VOTEX : Société Voltaïque de Textiles
v
1. Introduction
Les performances économiques du Burkina Faso reposent fortement sur les activités
informelles. Sur la période de 1992-1996, le secteur privé a contribué à plus de 79% à la
croissance économique du Burkina Faso. Au total, 32% de cette contribution provenait des
entreprises informelles (Chambas et al., 1999). Aussi, le secteur informel non agricole occupe
environ 80% des actifs urbains et sa contribution au PIB est estimée à plus de 32 % en 2013.
Quand à la population rurale, elle tire exclusivement ses revenus des activités agricoles.
L’agriculture, même si elle tarde à se moderniser, demeure importante pour l’économie
burkinabé.
En effet, une part importante des recettes d’exportation des pays en développement africains
provient des produits agricoles. Le coton fait partie des produits agricoles les plus exportés au
Burkina Faso. Les rendements enregistrés dans la culture du coton ont varié en dents de scie
depuis l’initiative engagée par l’administration coloniale consistant à étendre la production du
coton sur tout le territoire burkinabé en 1921 (Schwartz, 1993). L’expansion de la culture de
coton a été freinée par plusieurs problèmes. Au départ, les populations étaient un peu
réticentes vis-à-vis de l’adoption de la culture de coton. Les agriculteurs ont fini par adopté la
culture du coton lorsqu’ils se sont rendu compte qu’elle était un moyen pour obtenir des
ressources financières. Mais, dans les années 1980, les problèmes de sécurité alimentaire,
surtout lorsque les besoins locaux en céréales ne sont pas satisfaits par le marché
international, ont contraint les ménages à réduire les superficies allouées à la production du
coton au profit des cultures vivrières.
Malgré ces problèmes, le coton s’est imposé comme premier produit pourvoyeur de devises
étrangères dans les années 2000. La contribution de la filière coton à l’amélioration des
conditions de vie des paysans au Burkina Faso est trop importante. Le coton permet de créer
des emplois dans les zones rurales. Les activités de production occupaient directement
454 109 ménages en 2007 (Ministère de l‘environnement et du cadre de vie [MECV], 2011).
Les activités liées à la production (transport, stockage, égrenage, etc.) permettent également
de créer des emplois saisonniers. Au plan macroéconomique, le coton a contribué en moyenne
pour environ 55,6% des recettes totales à l’exportation entre 1995 et 2006 (Sebego, 2010). En
2006, le coton a contribué pour 4% à la formation du Produit intérieur brut (PIB) du Burkina
Faso [Ministère de l‘environnement et du cadre de vie (MECV), 2011].
1
L’essor de la culture du coton au Burkina Faso est surtout dû aux appuis publics dont elle
bénéficie. Les producteurs du coton bénéficient d’appuis techniques, de facilités d’accès aux
intrants et au crédit bancaire. Les producteurs du coton sont également les plus organisés
lorsqu’on considère les producteurs agricoles des zones rurales. Mais, les changements
climatiques constituent une nouvelle menace pour le développement du coton dans les zones
rurales du Burkina Faso. Ces dernières années, le coton a perdu son rang de premier
contributeur aux recettes d’exportation. Cela est dû principalement à deux facteurs.
Premièrement, le boum aurifère a fait de l’exportation de l’or la première source de revenu
extérieur du pays. Depuis 2013, la part du coton dans les exportations n’excède plus 18%,
alors que celle de l’or est estimée à 80% depuis 2010. Le second facteur qui explique le recul
du coton dans la contribution aux recettes d’exportation est l’avènement des changements
climatiques.
2
rendu compte que cette activité pouvait leur procurer un revenu substantiel. On peut
distinguer grosso modo quatre phases dans l’évolution ou l’expansion de la culture du coton
au Burkina Faso :
(i) Avant la période coloniale : Le coton était produit et transformé en pagnes pour
satisfaire les besoins domestiques. La quantité de pagnes produite est faible et une partie était
utilisée pour satisfaire les besoins d’habillement. Une autre partie de cette production servait
de linceuls funéraires et dans d’autres évènements comme les rituels. Le reste était utilisé sur
les marchés locaux comme monnaie d’échange contre le cola et le sel (Kohler, 1971). Pendant
cette période, le coton était associé aux cultures vivrières. Très peu de facteurs (main-d’œuvre
et superficie) étaient directement alloués à cette culture (Bélem, 1985). Les rendements
étaient faibles (environ 150 kilogrammes/hectare). La production était égrenée, filée et tissée
localement. L’égrenage et le filage étaient des activités féminines alors que le tissage était une
activité masculine (Schwartz, 1993)
(ii) La première période coloniale (1885-1919) : L’administration coloniale a commencé à
s’intéresser à la culture du coton à travers la mise en place de champs d’essai. Afin de mieux
organiser la filière et accroitre d’avantage les quantités produites, l’administration coloniale a
créé l’Association Cotonnière Coloniale (ACC). Le rôle principal de cette association était de
coordonner les activités de production et de commercialisation et de faciliter le partage des
expériences entre les producteurs africains.
(iii) La seconde période coloniale (1947-1960) : La France a introduit en 1921 une loi
portant fixation du programme général de mise en valeur de ses colonies. C’est à partir de
cette date que l’administration coloniale française allait faire de la culture du coton la base du
développement économique de la Haute-volta (Le Burkina Faso était connu sous ce nom
jusque dans les années 1980). La contribution de l’administration coloniale dans l’émergence
de la culture du coton au Burkina Faso a consisté à trouver des moyens pour inciter les
paysans à adopter cette culture. Les stratégies mises en œuvre sont entre autres les champs
collectifs de production du coton, l’encadrement technique des producteurs et la création
d’entreprises chargées de transformer localement la production réalisée.
(iv) Des années d’indépendance à nos jours : Les nouvelles autorités du pays avaient besoin
de devises extérieures pour financer leurs stratégies de développement. Pour ce faire, elles ont
décidé d’étendre les superficies cultivées qui sont passées de 20 065 ha en 1960 à 80 557 ha
en 1970 (SOFITEX, 1989). Par la suite, le gouvernement burkinabé a développé des stratégies
pour intensifier la production du coton. Pour accroitre les rendements, plusieurs mesures ont
3
été initiées. Premièrement, on a assisté à la création de la SOFITEX dont le rôle était d’offrir
aux paysans des semences de bonne qualité, des crédits en début de la campagne agricole et
ensuite d’acheter la production de ces paysans. La SOFITEX se chargeait enfin de
l’exportation des balles de coton conçues après égrenage du coton brut. Deuxièmement,
d’autres initiatives comme (1) l’avènement de l’Autorité d’aménagement des vallées de la
Volta dont la mission était la mise en valeur des vallées ainsi que (2) le Projet Coton Ouest-
Volta (PCOV) financé par la Banque Mondiale, le Fonds d’Aide et de Coopération et le
budget voltaïque ; (3) la Caisse Nationale de Crédit Agricole (CNCA) dont le rôle était
d’accorder le crédit agricole aux paysans et (4) le programme « coton » de recherche qui fut
mis en place au sein de l’Institut National d’Etude et de Recherches Agricoles (INERA) en
vue d’apporter à la culture du coton un appui scientifique, ont permis d’enregistrer des
rendements d’environ 800 kg à l’hectare à superficie quasi constante.
3. La production
Le coton constitue un élément moteur, voire un socle pour le développement socio-
économique de nombreux pays d’Afrique comme le Burkina Faso. Il est cultivé dans
plusieurs régions du pays au climat différent. Dans cette section, nous présentons d’abord les
conditions agro écologiques des zones de production du coton. Ensuite, nous discutons des
modes d’acquisition des terres ainsi que de l’évolution des quantités produites.
Suivant le volume des précipitations, on peut distinguer trois grandes zones climatiques
(Ménager et Nikiema, 2005) :
• la zone sahélienne au Nord du pays : Cette zone reçoit en moyenne moins de 600 mm de
pluviométrie par an et présente des amplitudes thermiques élevées (15 à 45 degrés).
• la zone soudano sahélienne : elle est une zone intermédiaire pour les températures et les
précipitations. La pluviométrie est comprise entre 600 mm et 900 mm de pluie par an.
4
• la zone soudanienne au sud du pays : elle reçoit en moyenne plus de 900 mm de pluie par an
et présente des températures moyennes relativement basses. La figure 1 ci-dessous permet de
distinguer ces différentes zones climatiques du pays.
DORI
14 MALI 14
600 NIGER
OUAHIGOUYA
600
BOGANDE
13 13
DEDOUGOU
Latitude (°)
Latitude (°)
900 OUAGADOUGOU
FADA NGOURMA
12 12
BOROMO
BOBO-DIOULASSO PO
11 900 11
BENIN
GHANA TOGO
GAOUA LEGENDE :
Climat Sahélien
10 10
Climat Soudano-sahélien
Climat Soudanien
COTE D' IVOIRE BURKINA FASO
DIRECTION DE LA METEOROLOGIE
9 9
-6 -5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3
Longitude (°)
La végétation est fortement tributaire du climat. Elle est caractérisée par la prédominance de
formations mixtes ligneuses et herbacées (steppes, savanes, forêts claires). Le pays appartient
à la vaste région phytogéographique soudano zambienne s’étalant du Sénégal à la Namibie en
passant par la Somalie. Ainsi, dans la zone sahélienne, on a une steppe arborée et/ou
arbustive, ensuite en zone soudano sahélienne, une végétation dense et enfin dans la zone
soudanienne, on a une savane boisée et une forêt claire (Ménager et Nikiema, 2005).
5
pluviométrie. Néanmoins, des différences existent entre les régions de cette zone en termes de
production et de qualité des sols (Inter Church Corporation for the development Organization
[ICCO], 2004). Ainsi, le bassin cotonnier traditionnel (Banwa, Mouhoun, Balé, Tuy et Nord
du Houet), ancienne zone de culture, voit son potentiel se dégrader notamment dans le Nord
du fait de problèmes de fertilité du sol et de réduction de la pluviométrie (ICCO, 2004). Cette
zone est également une zone qui reçoit beaucoup d’immigrants chaque année, ce qui se traduit
par une forte pression foncière. Les exploitations ont tendance à se morceler. Les sols sont
sableux1 à sablo-argileux2 ou hydromorphes 3dans les vallées. Les systèmes de production
dominants sont les systèmes coton-maïs. Contrairement à cette zone, la zone sénoufo (une
partie du Kénédougou et de la Léraba) est plus homogène tant au niveau humain (peu de
migrants) que physique. Cette zone se caractérise par la présence de grandes exploitations
familiales, des sols sablo-argileux à argilo-sableux et le système de production dominant est
l’association coton-maïs. Enfin, la zone comprenant le sud-est du Kénédougou, l’Est de la
Léraba, la Comoé, le Ioba, le Bougouriba et dans une moindre mesure, le Poni, le Noumbiel,
la Sissili et le Ziro est une zone hétérogène avec des ethnies nombreuses. Les exploitations
familiales dans cette partie sont moins équipées que dans le reste de la zone SOFITEX. Les
sols sont plutôt sableux avec des sols hydromorphes dans les bas-fonds. Les systèmes de
production sont beaucoup plus diversifiés qu’ailleurs avec le riz, les arbres fruitiers, les
tubercules, le maraîchage et le tabac.
La zone SOCOMA : cette zone se trouve à l’Est du pays et comprend 2 régions et 6
provinces. La pluviométrie varie énormément entre les provinces de cette zone. La production
de coton se cantonne dans la partie de cette zone qui est la plus arrosée à savoir le sud
(Gourma, Tapoa, Kompienga et Koulpélogo) avec plus de 900 mm de pluies en moyenne par
an. Les exploitations dans cette zone sont de taille modeste et moins équipées que celles du
Sud-Ouest. La production de cette zone représente 12% de la production nationale de coton
(DGPER, 2014).
La zone Faso Coton : elle se trouve dans la partie centrale du pays et couvre 5 régions
et 11 provinces et a un potentiel très limité du fait d’une forte dégradation des sols et d’une
pluviométrie réduite de 400 à 900 mm. C’est la plus petite zone en termes de production du
coton. Au total, la zone Faso Coton produit environ 7% de la production nationale de coton
1
Les sols sableux sont souvent secs, pauvres en substances nutritives et très drainants.
2
Les sols argileux contiennent plus de 25% d'argile. Ce sont généralement des sols riches qui retiennent bien
l'eau et les éléments nutritifs.
3
Un sol est dit hydromorphe lorsqu'il montre des marques physiques d'une saturation régulière en eau.
6
(DGPER, 2014). La zone est également soumise à une forte pression foncière et à une
pluviométrie irrégulière ; ce qui requiert une mécanisation importante et adéquate (Diallo,
2008).
Zone SOCOMA
7
Le niveau d’équipement des exploitations en matériel agricole est en général faible. Ainsi,
suivant le niveau d’équipement, on peut distinguer trois systèmes de production (INERA,
2005) :
le système manuel : sans équipement, utilisant une grande quantité d’intrants et une
superficie de 0,5 ha à 1 ha pour le coton ;
le système de production attelé, avec 1 à 2 attelages à traction animale avec une
superficie de 7 ha en moyenne pour le coton ;
la motorisation : possession d’au moins un tracteur, un système relativement plus
intensif avec des pratiques plus proches des recommandations techniques, une superficie de
12 ha pour le coton en moyenne.
8
Au cours de la période 2003-2006, la production du coton a connu une croissance régulière en
passant de 483 390 tonnes en 2003 à 730 000 tonnes en 2006, soit une hausse de 51.01% en
l’espace de 4 ans et une croissance annuelle moyenne de la production du coton de 14.76%.
Au cours de la période 2006 et 2007, la production a baissé de moitié. Cette baisse s’explique
notamment par les conditions climatiques défavorables et la crise financière. La crise
financière a affecté la filière coton du Burkina Faso en ce sens qu’elle s’est traduite dans un
premier temps par le retard dans les achats et le paiement du coton graine de la campagne
2006 puis, dans un second temps, par la difficulté à mobiliser les financements pour
l’acquisition des intrants de la campagne 2007 (stratégie de développement durable de la
filière coton, 2007 ; PAM, 2014). La crise économique de 2008, conjuguée avec la mauvaise
pluviométrie en 2009, a également pesé sur le niveau de production des campagnes 2009 et
2010. Après 2010, la production a de nouveau connu une hausse régulière jusqu’en 2014, en
passant de 417 127 tonnes en 2011 à 540 000 tonnes en 2014, soit une hausse de l’ordre de
29.45%. Cette nouvelle hausse de la production du coton pourrait s’expliquer par la bonne
pluviométrie qu’a enregistrée le pays mais aussi et surtout grâce à l’augmentation du prix du
coton et à l’arrivée de nouveaux producteurs de coton (Graphique 1).
On a aussi constaté une forte fluctuation des rendements dans la production du coton. De
façon général, la forte variabilité voire même la baisse des rendements s’explique par : (a) la
baisse de la fertilité des sols, (b) les dérives techniques paysannes, (c) les variations de la
pluviométrie (mauvaises pluviométries, installations tardives de la campagne agricole,
mauvaise répartition de la pluviométrie et son arrêt précoce) et (d) les pressions parasitaires
(Vognan et al., 2002). Il faut noter que les augmentations observées de la production du coton
sont principalement dues à une augmentation des superficies dans la mesure où les
rendements sont restés presque constants d’une année à une autre. Le coefficient de
corrélation entre la croissance de la production du coton et celle de la superficie est de 0.69
(Annexe A). La droite de régression montre qu’une augmentation (respectivement une baisse)
des superficies de 1% s’accompagne d’une augmentation (respectivement d’une baisse) de la
production du coton de 0,05%.
Au niveau régional, deux régions demeurent, durant toute la décennie (2003-2013), les
principaux bassins de production du coton avec à elles seules en moyenne près de 3/4 (72%)
de la production nationale : Hauts Bassins (40%) et la Boucle du Mouhoun (31%) [PAM,
2014]. Ces deux régions détiennent également 76.26% de la superficie nationale de coton.
9
Graphique 1 : Evolution des superficies, des productions et des rendements du coton de 1995
à 2014 au Burkina Faso
Source : Construit par les auteurs à partir des données des sociétés cotonnières
4
Dépuis quelques années, l’Union nationale des producteurs de coton du Burkina (UNPCB) ainsi que d’autres
acteurs privés se sont lancés dans les activités d’approvisionnement de certains intrants spécifiques comme les
engrais et les herbicides céréales.
10
5. Assurance et accès au financement dans le secteur
cotonnier
Parmi tous les agriculteurs burkinabé, les cotonculteurs sont ceux qui ont accès au crédit
auprès des institutions de crédit formelles. Cela s’explique par le fait que le risque lié à leur
crédit est négligeable. Toutefois comme les autres agriculteurs, ils courent le risque de
mauvaise campagne agricole liée aux aléas climatiques. L’instabilité des cours internationaux
de la tonne de coton ainsi que ceux des intrants (les cours du carburant qui renchérissent le
coût de transport et ceux des engrais qui influencent le coût direct de la production)
représentent aussi d’autres formes de risque qui entourent l’activité des cotonculteurs. Tous
ces risques sont atténués par diverses mesures. Le risque d’insolvabilité d’un producteur est
couvert par la caution solidaire du groupe auquel il appartient. Par exemple, lorsqu’un
producteur est défaillant, le groupement villageois de producteurs auquel il appartient est
obligé de payer sa dette. Toutefois, s’il se trouve que le GPC de ce producteur est également
défaillant à son tour, c’est au groupement communal, ou provincial de rembourser cette dette
en attendant la saison suivante pour des remboursements internes.
Pour couvrir le risque de baisse des cours du coton, un fonds de lissage et un fonds intrants
coton ont aussi été mis en place (FMI, 2014). En début de campagne agricole, un prix au
producteur est décidé en commun accord avec tous les acteurs de la chaine. Pendant les
périodes de ventes du coton sur le marché international, plusieurs cas de figure peuvent se
produire : (i) le prix international est supérieur au prix fixé en début de campagne agricole ;
dans ce cas, le supplément de prix est versé dans le fonds de lissage. Si par contre (ii) le prix
international est inférieur au prix fixé, des montants sont défalqués du fonds de lissage au
profit des producteurs.
Le Fonds Intrants Coton (FIC) a été créé en 2012 (et formalisé pendant l'été de 2013). Ce
Fonds est un mécanisme de garantie qui permet aux sociétés d'égrenage de bénéficier de
crédits intrants à un coût moins élevé, ainsi qu’à des conditions plus souples et des échéances
plus longues éventuellement mieux synchronisées avec les aléas des récoltes. Il vise à
permettre aux sociétés cotonnières d’acquérir des intrants à des prix compétitifs sur le marché
international et de libérer ainsi leurs trésoreries pour un paiement plus rapide du coton graine
aux producteurs.
À l'heure actuelle, le Fonds dispose d'un capital d’un peu plus de 10 milliards de FCFA versé
par l'État. Chaque société bénéficie d'une part de la garantie (calculée à partir du volume
11
d'intrants qu'elle a commandé pour la campagne en cours par l'intermédiaire de sa banque),
grâce à laquelle elle peut acheter au moins cinq fois la valeur de cette part sans dépasser
toutefois celle des intrants vendus aux planteurs. Le tableau 1 est un exemple illustratif des
appuis dont ont bénéficié les sociétés cotonnières en 2012. L’institution financière Ecobank a
été choisie pour être la principale responsable de la gestion de ce fonds.
Tableau 1 : Répartition du Fonds Intrants Coton (en milliards de FCFA)
Valeur de la garantie allouée Part (en %)
SOFITEX 8 78
SOCOMA 1,6 16
FASO COTON 0,6 6
Total 10,2 100
Source : MARH (2012)
Quant au mécanisme de fonds de lissage, il a été instauré à partir de 2006 pour soutenir la
filière coton qui venait d’être libéralisée afin d’atténuer la volatilité des prix (Guissou et
Ilboudo, 2012). Ce fonds a été mis en œuvre par l’Agence française du développement (AFD)
et en 2006, la dotation initiale était d’environ 12 milliards de FCFA. Lors de la campagne
suivante en 2007, le prix de référence a été inférieur au prix plancher ce qui a amené les
sociétés cotonnières à puiser 9 milliards de FCFA pour compenser leurs pertes parce qu’elles
avaient annoncé un prix plancher supérieur au prix de référence. La même situation s’est
répétée en 2009 (4 milliards de FCFA ont été puisés dans le fonds de lissage). Cependant, les
années 2008, 2011 et 2012 ont présenté des prix de référence supérieurs au prix plafond ; ce
qui a permis de renflouer le fonds de lissage. L’année 2010 a présenté une situation équilibrée
(voir tableau 2 ci-dessous).
Tableau 2 : Données sur le Fonds de lissage
12
Par ailleurs, pour le financement de ses activités, la Société burkinabè des Fibres Textiles
(SOFITEX), la principale société cotonnière, à l’instar des autres sociétés cotonnières,
sollicite des concours financiers auprès du système financier local et international. A titre
d’exemple, pour la campagne 2014-2015, le besoin de financement de la SOFITEX était de
l’ordre de 155 milliards de F CFA à raison de 73 milliards de F CFA mobilisés auprès du
secteur bancaire local et de 81,8 milliards de F CFA auprès du secteur offshore dans lequel
interviendra la Société Financière Internationale (SFI).
6. Les échanges
Les échanges commerciaux du coton peuvent être analysés en prenant en compte plusieurs
aspects. La base de données de la FAO fournit des informations diversifiées et intéressantes
dans ce domaine. Dans cette section, l’évolution des échanges du coton est analysée en
distinguant le coton transformé de celui qui ne l’a pas été.
13
Tableau 3 : Evolution des exportations et des importations du coton transformé en volume et
en valeur au Burkina Faso de 2010 à 2013
Année 2010 2011 2012 2013
Les exportations sont plus tournées vers les pays non membre de l’UEMOA et de la
CEDEAO. Construit à partir des informations collectées dans la base de données officielle de
la FAO, le tableau 4 résume l’évolution des exportations de la fibre du coton en volume et en
valeur. Hormis la campagne agricole qui a été médiocre, ces informations montrent que les
volumes de fibre exportée ne font qu’augmenter.
5
Les données ont été compilées à partir des données détaillées récoltées sur la base de données de FAO le 14
Décembre 2015
14
Tableau 4 : Evolution des exportations de la fibre de coton en volume et en valeur au Burkina
Faso
Evolution des exportations des déchets de coton. On entend par déchets de coton les
résidus obtenus après la transformation des graines de coton. Les exportations des déchets de
coton se sont accrues au cours du temps même si leurs contributions en termes de recettes à
l’exportation est négligeable. Le tableau 5 montre que les volumes exportés de déchets de
coton sont très peu élevés. Ceci constitue même une raison suffisante de mettre en place des
usines de transformation locale de ces déchets. La demande locale des produits dérivés de ces
déchets existe. Par exemple, ces déchets peuvent être transformés en aliments pour bétail ou
en engrais. Les besoins en ces deux produits dérivés sont réels car, l’élevage souffre de
manque de pâturages et les cotonculteurs sont confrontés à des coûts très élevés des engrais.
Tableau 5 : Evolution des exportations de déchets de coton au Burkina Faso de 2009 à 2013
15
Tableau 6 : Evolution des importations et des exportations des graines de coton
Importation des graines du coton en tonne 663 708 1946 4075 1418
1995 64 000 -
16
7. Les prix
L’analyse des prix prend en compte deux dimensions : les prix aux producteurs qui permettent
d’apprécier les revenus des producteurs du coton et les cours mondiaux qui permettent
également d’appréhender les difficultés rencontrées par la filière au niveau mondial. Cette
dernière permet de comprendre le degré de facilité dans la constitution du fonds de garantie
par les sociétés cotonnières.
Sur la période 2005-2015, le prix au producteur a eu tendance à stagner jusqu’en 2009 avant
de commencer à augmenter pour atteindre son pic en 2011 (Graphique 2). En 2010, le prix
FOB du coton a connu une hausse sans précédent (+111%) alors que le prix domestique a
légèrement augmenté (+25%). Ceci peut s’expliquer par l’augmentation des coûts de transport
cette année-là (+24%), le coton étant exporté par les ports de Téma et de Lomé au lieu
d’Abidjan à cause de la crise ivoirienne – mais surtout par la faiblesse du prix plancher fixé
par le fonds de lissage. On constate que le prix du coton premier choix qui est payé au
producteur au Burkina Faso, premier fournisseur africain de coton a baissé de 10 FCFA par
kilogramme, pour la campagne 2014/2015 par rapport à la campagne passée, passant de 235
FCFA à 225 FCFA. Selon le Comité consultatif international du coton, le commerce mondial
du coton devrait encore ralentir en 2014-2015 (MARHASA/DGESS, 2015). Le prix au
producteur connait toutefois une légère hausse de 10 FCFA pour le coton de premier choix
pour la campagne 2015-2016 (AICB, 7 mai 2015). Concernant le coton deuxième choix, le
prix est demeuré constant après 2012. L’évolution du prix au producteur au Burkina Faso a
reflété la tendance du marché mondial.
17
Graphique 2 : Evolution des prix selon la qualité du coton (en FCFA/kg)
300
250
200
150
100
50
0
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
Source : Construit par les auteurs à partir du rapport de la SOFITEX, (2014b)
6
Leur part de marché est comprise entre 36 et 49%
18
l’essor des fibres synthétiques issues du pétrole : elles concurrencent le marché du coton
fibre et par conséquent, entraînent une diminution de la part de marché du coton dans les
fibres textiles utilisées.
les subventions : la production américaine se trouve artificiellement dopée par
l’intervention du gouvernement fédéral, sous forme d’aides directes aux producteurs (3,5
milliards de dollars) et de subventions aux exportations (1,5 milliards de dollars) en 2005,
qui représentent près de 50 % des subventions mondiales au coton. Ces aides américaines,
en sus de celles de l’Union Européenne et de la Chine réduisent artificiellement les couts
de production du coton de leurs paysans, et alimentent ainsi une chute d’année en année
des cours mondiaux du coton (Seck, 2005 ; Lambert, 2006).
la tendance à la dépréciation du dollar par rapport à l’euro, constatée depuis 2002 est aussi
un facteur pénalisant le prix payé pour la fibre de coton exportée surtout depuis la zone
franc. La raison est l’arrimage du franc CFA à l’euro. Aussi, il faut noter que la Chine, de
part le fait qu’elle soit le premier consommateur et producteur, exerce aussi une influence
majeure et grandissante sur l’évolution des prix (Berti et al., 2006). A titre d’exemple, si le
gouvernement chinois n’avait pas accumulé d’importantes réserves nationales de coton en
2012-2013, les stocks auraient pu croître plus rapidement dans le reste du monde et le
cours international du coton aurait pu diminuer de façon plus marquée (Comité consultatif
international du coton, 2013).
la production mondiale ne cesse de croître ces 4 dernières années dépassant ainsi la
consommation mondiale.
l’Inde qui était il y a peu de temps un pays importateur de fibre a vu sa production
explosée au point de devenir premier producteur mondial devant la Chine. Elle n’importe
presque plus de la fibre de coton.
19
8.1. Au niveau macroéconomique
Malgré une faible contribution au PIB et une part des exportations en diminution, le coton
reste une source majeure de revenus pour la population rurale et l’économie nationale. En
effet, le coton a joué et continue de jouer un rôle crucial dans les récentes performances
économiques car il occupe environ 250 000 ménages. Plus de 3 millions de burkinabé doivent
directement ou indirectement leur existence à la production du coton et une personne sur six
tire son revenu de la culture du coton (Banque Mondiale, 2009).
20
enregistré d’excellents progrès dans les échanges internationaux. Les exportations du coton
ont augmenté de 22,5% ce qui a permis aux exportations globales d’augmentées de 6,3%.
Cependant, force est de constater que la contribution du coton aux recettes d’exportation a
relativement chuté depuis l’avènement de l’or en 2010. Alors que le coton représentait 80%
des exportations et que la production d'or était inexistante il y a une dizaine d'années, l'or
compte désormais pour près de 80% des exportations. Le coton représentait 18% des
exportations de marchandises en 2013 (contre un ratio qui avoisinait les 60 % avant le boum
aurifère.
Les producteurs de coton auraient pu contribuer directement aux recettes budgétaires à travers
s’il existait une fiscalité agricole. Cela s’explique par le fait que la production est réalisée
dans son entièreté par des unités de production informelles. Pour l’instant, les contonculteurs
paient la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) comme tous les autres agents économiques
lorsqu’ils veulent acquérir de nouveaux équipements, intrants, etc. Les cultures de rente sont
très importantes pour l’économie du Burkina Faso. Au niveau microéconomique, ces cultures
contribuent à plus de 30% au revenu agricole des producteurs dans les zones rurales. Puisque
la filière cotonnière contribue énormément aux recettes à l’exportation, le gouvernement
burkinabè ne taxe pas non plus aveuglement le secteur cotonnier. Lorsque les résultats d’une
campagne sont excellents, l’Etat récupère le surplus de la filière coton sous forme de taxe
qu’il met dans un compte qui est considéré comme un fond de stabilisation ou de lissage. Ce
fond sera utilisé pendant les périodes difficiles pour assurer aux producteurs un prix
acceptable. Par contre, lorsque les sociétés cotonnières réalisent des résultats nets négatifs,
l’Etat puise dans ce fond de stabilisation pour apporter un appui financier à la filière.
21
Contribution au PIB
En 2014, le taux de croissance du PIB réel s’est établi à 4,0% contre 6,6% en 2013. Cela
s’expliquerait par la baisse du cours de l’or, la baisse du prix du coton sur le plan
international, les effets du virus Ebola au plan régional et sur le plan national, la baisse de la
production de céréales et la crise socio-politique suite à l’insurrection population intervenue
les 30 et 31 octobre 2014. En 2015, ce taux est estimé à 4,4% (IAP, août 2015) et cela
coïncide avec une augmentation du prix du coton au producteur. Ceci montre l’importance du
coton dans la création des richesses au Burkina Faso.
Par exemple, la contribution du coton à la croissance du PIB est passée de 0,36 point en
moyenne sur la période 2000-2005 à moins de 0,07 point sur 2006-2008. Bien qu’il ne compte
que pour environ 3,5 % du PIB en termes réels, le secteur du coton subvient aux besoins de la
majorité de la population active rurale au Burkina Faso. Selon les estimations de la Banque
mondiale, entre 15 et 20 % de la population active tire ses revenus directement du coton
(Banque Mondiale, 2014).
Cependant, la quasi-totalité des travaux empiriques sur le lien entre la production du coton et
la réduction de la pauvreté a abouti à des résultats assez mitigés. La production du coton
génère sans doute un certain nombre d’externalités positives, notamment l’augmentation de la
production céréalière (les champs du maïs bénéficient des intrants initialement destinés au
coton), l’appui conseil aux producteurs, le développement de la micro finance en milieu rural,
l’accès aux crédits pour les intrants vivriers, le développement d’associations de
professionnalisation et de structuration des acteurs agricoles ruraux, etc. Le coton entraîne
dans son sillage le développement des infrastructures routières (notamment les pistes rurales)
et donc contribue au désenclavement du monde rural (MEF, 2007). Tout ceci peut contribuer
22
à améliorer le niveau de vie de la population des zones cotonnières et par ricochet réduire la
pauvreté. Mais, l’analyse des zones de production ne montre pas une baisse nette de la
proportion de pauvres dans les zones cotonnières. En effet, le graphique 3 montre que
l’incidence de la pauvreté dans les zones cotonnières est plus élevée que celle des autres zones
rurales en 2003. D’ailleurs, Wetta et al. (2005) arrivaient à la conclusion que le coton a plus
des effets positifs macroéconomiques que microéconomiques.
La baisse de l’incidence de pauvreté est également perceptible chez les producteurs de coton
entre 2003-2007 lorsque l’analyse est faite selon l’approche monétaire, mais mitigée selon
l’approche subjective, c'est-à-dire selon la précarité alimentaire (MEF, 2010).
23
Graphique 3 : Evolution de l’incidence de la pauvreté (en %)
Source : auteurs à partir des données extraites de l’étude : « Coton et pauvreté en Afrique de
l’Ouest : Analyse comparée des conditions de vie des ménages au Mali et au Burkina Faso »,
juin 2008.
24
CARTOGRAPHIE DES ACTIVITES DE LA CHAINE DE VALEUR DE LA FILIERE COTON AU BURKINA FASO
Source : Construit par les auteurs à partir des données collectées auprès des acteurs de la filière coton du Burkina Faso en 2016.
21
9.2. Cartographie des parties prenantes de la chaîne des valeurs coton au Burkina Faso
Transporteurs
Société filature: Commerçant en gros :
Gouvernement
FILSAH
Commerçants en détail
Légende
Acteurs institutionnels de l’artisanat :
: Groupes d’acteurs comprenant des hommes
CMABF
FNABF Consommateurs finaux
: Groupe d’acteurs dominé par des hommes FAARF
FASI Savon, huile
ONG & Associations Pagne tissé
: Groupe d’acteurs comprenant des femmes
Tenue en pagne tissé
Artisans Objets d’art en coton
Teinturiers
: Groupe d’acteurs dominé par des femmes Tisserands
Couturiers/stylistes
23
9.3. Commentaires sur la cartographie (activités et Acteurs)
Dans les paragraphes ci-dessous, nous commentons la chaîne en présentant les acteurs privés
de la chaine de valeurs coton du Burkina Faso, ainsi que leurs activités et les interactions
(horizontales et verticales) entre eux.
Les producteurs sont regroupés en diverses associations selon une structure pyramidale :
Groupements de Producteurs de Coton (GPC) au niveau des villages ; Union Départementale
des Producteurs de Coton (UDPC) au niveau de la commune ; Union Provinciale de
Producteurs de Coton (UPPC), Union Régionale des Producteurs de Coton (seulement au
Centre et au Centre Sud) et Union Nationale des Producteurs de Coton du Burkina (UNPCB).
23
- D. l’écoulement et/ou la vente
Le paysan écoule son coton lorsqu’il transfère les droits de propriété aux sociétés cotonnières
ou lorsqu’il les transfère à des transformateurs artisanaux (part très négligeable de la
production du coton). En pratique, la vente intervient après la pesée sur la bascule dans les
locaux de la société cotonnière. La société stocke le coton brut en attendant la phase
d’égrenage dans des unités industrielles spécialisées.
Les difficultés liées à l’activité de transport sont nombreuses. Les routes que les camions
empruntent pour se rendre dans les villages sont généralement de très mauvaise qualité. Cela
entraine des pertes (renversement des camions suite à des accidents de route) ou des retards de
livraison du coton à l’usine. Comme le produit transporté est la propriété du Groupement de
producteurs de coton (GPC), le renversement du produit en cours de route leur occasionne des
coûts supplémentaires. Lorsque ce risque se réalise, le GPC est obligé de se rendre sur le lieu
de l’accident pour transférer le coton brut du camion accidenté vers le nouveau camion qui
sera affrété pour transporter le produit jusqu’à l’usine. Les retards de livraison occasionnent
également des coûts aux GPC. En général, la société cotonnière ne paie les producteurs que
lorsque le coton brut devient sa propriété. Ainsi, tant que la société cotonnière n’a pas pesé et
entreposé le coton brut, tous les coûts ou risques supplémentaires sont à la charge du GPC.
Cette clause du contrat entre les sociétés cotonnières et les GPC pénalise énormément les
producteurs. En effet, même si le retard de livraison est occasionné par la société cotonnière,
ce sont les GPC qui supportent les charges. Par exemple, par manque de capacité de stockage,
un camion transportant le coton d’un GPC peut rester bloquer pendant plus d’une semaine
devant les portes des unités de stockage de la société cotonnière. Même dans ce cas de figure,
ce sont les GPC qui endossent la responsabilité au cas où un risque quelconque survenait.
Ensuite, les sociétés cotonnières n’ont généralement pas à leur disposition un nombre
important de camions pour l’enlèvement du coton brut auprès des producteurs. Cela oblige les
producteurs à stocker leur production sur une très longue période. Comme les producteurs ont
une très faible capacité de stockage, certains d’entre eux perdent une partie de leur production
à cause des incendies ou des pluies tardives. La production étant stockée chez eux, les feux
entrainent souvent des pertes en vie humaine particulièrement parmi les enfants des
producteurs. Or, la production des paysans n’est pas assurée. L’assurance couvre seulement
24
les activités des sociétés cotonnières. Le fait que les camions mettent trop de temps pour se
rendre dans les zones des GPC pour collecter le coton entraine également des tensions entre
les producteurs ou les GPC et les membres du bureau du Groupement Départemental de
Producteurs de Coton (GDPC). Lorsque les camions mettent trop de temps avant de venir
transférer le coton dans un GPC donné, les membres de ce groupement accusent généralement
le bureau départemental. L’augmentation du nombre de camions permettra d’améliorer la
gouvernance entre les GPC et les GDPC.
Les producteurs rencontrent plusieurs autres types de problèmes. Par exemple, ils se plaignent
du fait d’avoir un faible niveau d’accès aux conseillers agricoles (CA) envoyés par les
sociétés cotonnières. Pour les producteurs, ces derniers ne travaillent pas assez. Pour
bénéficier de leurs appuis conseils, certains sont souvent obligés de les corrompre avec des
poules, des œufs, etc. Des difficultés d’ordre technique, administratif et organisationnel sont
aussi relevées. En effet, il ressort que le paysan perd environ 2 kilogrammes à la pesée au
niveau du GPC. Il s’agit d’un arrangement sous la forme d’un système de taxation qui est
instauré au sein des GPC. A la différence des taxes classiques, c’est que celle-ci s’exprime en
nature. Les recettes issues de cette taxe financent le fonctionnent du GPC. De ce fait, lorsque
les membres d’un GPC sont peu dynamiques, leur coopérative a très peu de moyens pour
fonctionner. Lorsque le bureau du GPC ne dispose pas d’assez de ressources financières pour
fonctionner, ses membres seront d’office très peu informés.
L’accès à l’information demeure un véritable problème pour les producteurs. Les producteurs
doivent avoir permanemment accès à l’information pour anticiper les problèmes techniques,
environnementaux et institutionnels qui toucheront soit à la qualité du produit ou au bon
fonctionnement de toute la filière. L’information devrait circuler de façon fluide entre l’amont
(le producteur) et l’aval (la société cotonnière), mais la chaine de communication (voir la
chaine des acteurs pour comprendre la complexité du circuit de l’information) est tellement
longue qu’il existe toujours des pertes d’informations et/ou l’information n’arrive jamais à
destination. A cela, il faut noter des difficultés en matière d’organisation et de conservation
des documents comptables des GPC. Le producteur qui est souvent chargé de la gestion des
pièces comptables du GPC est souvent très peu outillé en technique de conservation des
archives ou manque même de lieu propice à leur archivage.
Ensuite, un autre problème qui limite les capacités d’action des producteurs est le délai des
paiements. Le paiement des paysans par les sociétés cotonnières se réalise plusieurs mois
25
après l’enlèvement du coton. La vente se fait donc à crédit pour une durée pouvant atteindre 3
à 4 mois. Cela n’est pas de nature à faciliter les choses. Certes, le financement du coton par
les sociétés cotonnières est une réalité. Mais, il faut noter le fait que le financement ne couvre
pas tous les aspects de l’activité de production. Il n’y a pas de financement pour l’acquisition
du facteur travail. Le prix du coton même s’il est fixé par les sociétés sans tenir compte du
prix sur le marché mondial, n’est souvent pas assez élevé pour permettre aux producteurs
d’améliorer leurs conditions de vie. L’enlèvement du coton s’effectue le plus souvent avec de
grands retards. Les véhicules de transport ne sont pas suffisants et les voies et/ou les pistes
sont souvent dans de mauvais états, ce qui rend difficile l’accès des camions dans les zones
productrices. Le coton (tant qu’il n’est pas dans les entrepôts des usines d’égrenage) ne
bénéficie pas d’un système d’assurance en cas de feux ou de pluies dévastatrices. Le dernier
aspect à mentionner est le superpouvoir des sociétés cotonnières. Elles dictent leur volonté
aux producteurs. Souvent, un coton dit de second choix (seconde qualité) lorsqu’elles le
paient auprès des producteurs devient un coton de premier choix dans les usines d’égrenage.
Elles répercutent souvent certains de leurs problèmes sur les producteurs du coton. Il arrive
que pour des problèmes de stockage au sein des sociétés cotonnières, elles retardent
l’enlèvement du coton auprès des GPC. Ce comportement engendre d’énormes coûts
supplémentaires aux producteurs.
Comme solutions, plusieurs axes peuvent être préconisés. Il serait important de travailler à
réduire le monopole des sociétés cotonnières. En effet, l’introduction d’une concurrence au
sein des sociétés cotonnières les amènera à développer ou proposer des stratégies de réduction
de la vulnérabilité des paysans. La formation des agents de suivi au sein des GPC reste
importante et pourrait résoudre le problème lié à l’utilisation des personnes des CA qui le plus
souvent n’ont pas les connaissances requises pour les tâches qui leur ont été demandées. Le
prix au producteur doit dans la mesure du possible tendre vers le véritable prix (prix du
marché) car l’écart positif entre le prix du coton sur le marché international et celui que les
sociétés cotonnières paient au producteur est pour la plupart du temps très élevé.
La mise en place d’un système qui permet d’améliorer la vérification de la qualité des
semences et d’un système qui facilite l’accès à des crédits pour financer les aspects non pris
en compte par les sociétés cotonnières seraient un effort louable. Dans un domaine où le
risque est élevé, surtout avec les changements climatiques, les producteurs du coton ont aussi
le droit d’avoir un accès à des contrats d’assurance qui couvrent leurs activités.
26
Enfin, l’information demeure capitale pour des choix stratégiques du producteur. Un système
fluide et transparent d’informations, éventuellement par la télévision, la radio ou par les
téléphones mobiles sera très bien apprécié.
27
également appel aux transporteurs privés pour pouvoir transporter toute la production des
zones rurales vers les usines. Les inondations entrainent une dégradation des routes rurales
qui n’étaient déjà pas dans de très bons états. La dégradation des routes accélère
l’amortissement des camions. Cela peut entrainer deux conséquences immédiates. Pour les
sociétés cotonnières qui utilisent leurs propres camions, la durée de vie de ces engins va se
trouver écourter. Pour les sociétés qui louent les camions des prestataires privés, soit le coût
de la location va augmenter, ou soit il va devenir de plus en plus impossible de trouver des
camions pour transporter le coton des zones rurales vers les usines.
Achat : Lorsque les camions qui transportent le coton brut (coton non égrainé)
arrivent aux portes de la société, chaque camion passe sur un pont à bascule servant à peser le
poids du produit. Une fois que le camion descend de la bascule, le poids est connu et le coton
devient la propriété de la société cotonnière. En général, la société cotonnière ne paie les
producteurs que lorsque le coton brut devient sa propriété. Ainsi, tant que la société
cotonnière n’a pas pesé et entreposé le coton brut, les producteurs ne sont généralement pas
payés. Il arrive que le contenu des camions stationnés devant les usines d’égrenage attendant
leur tour pour passer sur la bascule prenne feu. Ces cas entrainent des tensions vives entre le
GPC et la société cotonnière.
Le stockage : Dès que les camions descendent de la bascule, ils acheminent et
entreposent le coton qu’ils transportent dans les usines d’égrenage. Il arrive que des incendies
se déclenchent dans les entrepôts des usines et détruisent une partie importante de la matière
première.
L’égrenage : L’égrainage consiste à séparer la fibre de coton des graines de coton. En
fait, à la récolte, le produit livré par les paysans est un produit composite constitué par la fibre
de coton et les graines. Après l’égrenage, ces deux produits dérivés du produit brut suivent
deux chemins différents. Les graines obtenues sont analysées par des spécialistes appelés
« analystes » pour distinguer les graines de très bonne qualité de celles qui ont une qualité
moyenne. Cette distinction porte sur la capacité de ces graines à être utilisées comme
semences ou pas la saison prochaine. Les graines de très bonne qualité sont alors celles qui
sont jugées résistantes par les analystes. Les graines performantes sont mises à sacs, traitées et
entreposées par la société cotonnière en attendant de les transmettre aux semenciers ou
directement aux producteurs. Les graines jugées moins performantes sont vendues notamment
aux sociétés d’huilerie et/ou de savonnerie pour produire de l’huile de consommation, ou du
savon ou des tourteaux destinés à l’alimentation pour bétail.
28
Le conditionnement : Une fois la fibre du coton séparée des graines, elle est pressée
et conditionnée en balles de coton qui pèsent au moins chacune 200 kilogrammes. La fibre de
coton emballée est ensuite stockée dans les entrepôts de la société cotonnière attendant qu’elle
soit transportée sur le marché international.
La Vente : La quasi-totalité du coton emballé est exportée vers les pays importateurs.
Cependant, pendant le processus de production des balles, il arrive souvent qu’il ait des balles
accidentées. Les balles accidentées sont des balles mal réalisées (rupture du ruban
d’emballage, reste d’une balle qui a pris feu, etc.). Ces balles sont vendues à des entreprises
locales de filature comme FILSAH. Ces entreprises utilisent le contenu des balles accidentées
pour produire du fil de coton qu’elles revendent localement aux tisseuses. La source
principale des balles accidentées reste cependant la qualité du ruban de fer utilisé. Les sociétés
cotonnières importent des rouleaux de fil de fer pour produire des rubans en fer qui seront
utilisés dans l’emballage de la fibre de coton. Les rubans de fer sont fabriqués par une unité
industrielle appartenant à la société cotonnière. Seulement, lorsque le rouleau de fil de fer
importé est de mauvaise qualité, le ruban qui en découle sera de très mauvaise qualité.
Les capacités de stockage des balles de coton sont également faibles au niveau des sociétés
cotonnières. Les stocks de balles de coton sont permanemment sous la menace de feux. Le feu
n’est pas le seul risque que court le coton dans les entrepôts des usines. Souvent, les sociétés
cotonnières sont obligées d’égrener le coton rapidement, exporter les balles de coton dans un
bref délai afin d’éviter que la saison des pluies n’arrive. Les sociétés cotonnières sont par
conséquent incapables de stocker leur production à l’abri de l’eau des pluies.
29
9.3.3. Les transformateurs
30
le tissage : cette activité consiste à produire des morceaux de pagnes traditionnels, des
foulards, des couvertures, des tapis, des chaussures, etc.
le stockage : Malgré leurs faibles capacités de production, les femmes qui
s’investissent dans cette activité rencontrent d’énormes problèmes de stockage. Elles peuvent
se faire voler leurs productions, la qualité de leurs productions peut se dégrader par suite de
mauvaises conditions de stockage.
la vente : elle se fait soit directement aux clients individuels, soit à des commerçants
ou couturiers/stylistes. Quelquefois, elles ont recours aux services de tailleurs qui se chargent
de raccorder les morceaux pour en faire des pagnes avec les bonnes dimensions. Le plus
souvent, les salons et foires internationaux organisés au Burkina Faso sont des espaces
favorables à la vente. Les exportations se font directement soit par des commandes qu’elles
ont reçues de l’extérieur, soit en participant à des salons ou foires internationaux à l’étranger.
La mévente peut obliger certaines femmes à stocker leurs productions. Lorsque cela arrive,
celles qui ont de faibles capacités financières ferment leurs petites entreprises artisanales.
D’autres perdent même une bonne partie de leurs productions lorsque la période de stockage
s’allonge.
31
En plus, les transformateurs n’ont pas un accès facile au crédit malgré la mise en place du
Fonds d’Appui aux Activités Rémunératrices des Femmes (FAARF). A cela, il faut ajouter le
manque de centres pour le perfectionnement des tisseuses ainsi que le prix très élevé du fil dû
au fait qu’il est produit par l’unique société de filature (FILSAH) qui se trouve ainsi être en
situation de monopole dans le pays. Le fil est très rare sur le marché, ce qui crée parfois un
problème de satisfaction des commandes. Toutefois, la rareté du fil et le fait que son prix soit
élevé peuvent aussi trouver leur justification dans les problèmes que FILSAH aussi rencontre
dans l‘accès à sa matière première.
Pour résorber ces problèmes, il est préconisé de promouvoir la mise en place formelle des
groupements de productrices qui auront un pouvoir de négociation avec les institutions
financières pour l’accès au crédit de leurs membres. Concernant l’activité de tissage, la
création d’une structure qualifiée dans le domaine de la teinture est fortement souhaitée. Il est
également préconisé d’accroitre l’offre des fils en libéralisant le marché. Enfin, il faut aussi
améliorer les conditions d’accès à l’information sur les structures d’aide et d’appui aux
acteurs de cette activité. Comme la majorité des acteurs sont des femmes un peu âgées et le
plus souvent analphabètes, elles n’arrivent pas à accéder à l’information. Il faut trouver des
moyens idoines pour les encadrer, leur donner beaucoup d’informations en matière de
technique de vente, de stockage ainsi que des techniques d’accès au crédit formel.
32
9.3.5. Les Huileries
Les acteurs qu’on retrouve à ce niveau peuvent être regroupés en deux grands groupes. On
distingue les acteurs formels représentés par les grandes sociétés d’huilerie comme la Société
nouvelle Huilerie et Savonnerie (SN- CITEC SA).
Les autres acteurs sont constitués par des particuliers qui achètent les graines dans l’objectif
de produire des huiles de consommation. Ils sont organisés au sein du Groupement des
Transformateurs des Produits oléagineux du Burkina (GTPOB). La majeure partie de ces
acteurs manque de matériels sophistiqués pour raffiner à la perfection leur huile. Les
conséquences se matérialisent par des maladies chez les consommateurs. C’est la raison qui a
conduit les autorités à fermer certaines de ces huileries.
L’utilisation de la graine du coton pour fabriquer l’huile ou le savon produit des déchets qui
ne sont rien d’autre que les restes de la graine. Ces déchets couramment appelés tourteaux
sont vendus aux éleveurs pour l’alimentation du bétail. Le tourteau vendu par les huileries
modernes est traité avant d’être vendu aux éleveurs, alors que les huileries informelles
vendent directement leurs déchets aux éleveurs sans aucun traitement.
33
Tableau 9 : Types de transport et assureur du service
34
10. Politiques et programmes publics dans le secteur du coton au Burkina Faso
Le secteur du coton bénéficie des politiques publiques et des programmes privés et publics.
L’étude s’intéresse uniquement aux politiques publiques et aux programmes et projets
publics. D’une part, il s’agit de passer en revue les politiques publiques développées pour
soutenir ou encadrer la filière coton. Dans ce paragraphe, nous apprécions les objectifs, les
stratégies ainsi que les forces et les limites des différentes initiatives publiques de soutien à la
filière coton. Nous ne discutons pas des initiatives privées parce qu’elles sont quasi
inexistantes. Les seules initiatives privées qui existent sont les sociétés cotonnières ainsi que
les associations qui facilitent la coopération horizontale entre ces dernières.
Le programme était articulé autour de deux axes majeurs à savoir : (i) l’amélioration de la
production cotonnière et (ii) la transformation du coton-fibre. Il a été conçu dans le cadre de
l’agenda pour la compétitivité de la filière coton-textile de l’UEMOA et a été préparé selon
une approche participative dans un cadre de concertation gouvernements, parties prenantes et
partenaires au développement dont la Banque Africaine de Développement.
La mise en œuvre du programme a permis au Burkina Faso : (i) d’améliorer d’avantage ses
rendements au champ et à l’égrenage ; (ii) d’accroître la qualité de sa fibre de coton, et
d’augmenter la transformation locale du coton; (iii) de créer plus d’emplois et d’améliorer les
conditions de vie des populations intervenant dans les maillons de la chaine de valeurs ; (iv)
de mettre en place un cadre de coopération scientifique et de partage des résultats de
recherche cotonnière avec les autres pays qui ont bénéficiés de ce projet ; (v) de renforcer les
capacités et la structuration des organisations paysannes, et de professionnaliser davantage la
filière coton.
7
Voir p1, Burkina Faso (2010) , « Appui d’appel d’offre de la filière coton au Burkina »
35
Cette initiative sous régionale, est encourageant et donne un signal fort à des partenaires
internationaux d’apporter un appui à la filière. D’autres initiatives de ce genre doivent être
encouragées et financées par des institutions sous régionales pour permettre de booster la
filière.
Un renforcement des capacités des producteurs et des techniciens est continuellement mené à
travers l’initiation de séries de formations sur les itinéraires techniques de production en
agriculture biologique et sur les standards du commerce équitable. Le coton biologique et ou
8
Voir page 70, MEF (2007), « Diagnostic de la filière coton et identification des axes stratégiques »
9
Voir page 72, MEF (2007), « Diagnostic de la filière coton et identification des axes stratégiques »
36
équitable est l’un des atouts au niveau de la production (CEFCOD, 2015. p58). Les
Partenaires du programme sont : Helvetas, DDC, Seco, ICCO, Hess Natur, INERA, Sopradex,
les Sociétés cotonnières, Ecocert International, Fair-Trade Labelling Organization.
Ce programme est important dans la mesure où les changements climatiques sont devenus un
phénomène important dans les pays en développement. Il faut noter le fait que le Burkina
Faso a décidé en 2016 de mettre fin à la production de la culture du coton OGM. En
retournant à la pratique du coton biologique, le pays encourage ou salue les programmes de
promotion du coton biologique qui a existé. Le pays souligne là un aspect positif de ce
programme.
10
Voir page 75 MEF (2007), « Diagnostic de la filière coton et identification des axes stratégiques »
37
d’autres produits dérivés du coton. Un élan est créé pour impulser les changements politiques
et institutionnels à plus long terme qui sont susceptibles de promouvoir les investissements et
d’augmenter la valeur ajoutée des produits. En exploitant les niches d’opportunités de
transformation et de marketing pour les produits à base de coton, on parvient à l’augmentation
de la valeur ajoutée dans le secteur.
Le programme a une durée de vie de trois ans et intervient dans neuf domaines. En
s’intéressant à la question de fertilisation des sols, le programme permet de trouver des
stratégies d’adaptation face aux changements climatiques.
Projet de Partenariat Public Privé (PPPP)12. Le projet a eu une durée de quatre ans à
compter de juin 2006. Il s’agit d’un cofinancement des producteurs, de la SOCOMA et du
PDA comme nous l’avons déjà indiqué plus haut. Il visait l’amélioration de l’accès au conseil,
à la formation agricole, à l’information ; l’amélioration de la valorisation des conseils, et de la
formation agricole dans l’accroissement des revenus. Cinq domaines d’intervention étaient
privilégiés qui sont entre autres le développement des compétences paysannes ; le
renforcement du système de communication de masse, etc.
11
Voir page 75 MEF (2007), « Diagnostic de la filière coton et identification des axes stratégiques »
12
Voir page 73 MEF (2007), « Diagnostic de la filière coton et identification des axes stratégiques »
38
Au terme de cette présentation, on peut indiquer que l’Etat a montré une volonté politique
soutenue pour la filière coton bien qu’elle ne soit pratiquée que dans les trois zones
cotonnières. Ces projets interviennent dans le renforcement des capacités organisationnelles et
techniques des parties prenantes de la filière. Ils ne sont concentrés, en revanche, que sur
quelques maillons de la chaine de valeurs. C’est une limite que le gouvernement actuel doit
surpasser. Le développement du secteur coton nécessite une concertation entre le public et le
privé. Par exemple, les banques privées peuvent être un moyen pour améliorer l’accès des
producteurs aux intrants.
Le gouvernement burkinabè n’a adopté aucune stratégie pour protéger directement les
cotonculteurs. Puisque le pays manque de moyens financiers, le gouvernement met
uniquement en œuvre des stratégies pour inciter les paysans à augmenter leur production. Ses
stratégies sont entre autres la subvention des intrants et la facilitation de l’accès au crédit de
campagne13. Ces stratégies sont les seules dont dispose le gouvernement du Burkina Faso qui
compte sur le coton pour obtenir des devises étrangères. On dit souvent que le gouvernement
burkinabé ne protège pas son secteur cotonnier, car l’activité de subvention des intrants est
trop insignifiante. L’intervention du gouvernement dans le circuit d’octroi de crédit (entre le
système bancaire et les cotonculteurs) consiste à se porter garant du crédit afin d’éviter que les
problèmes d’asymétrie d’information n’évincent ce marché. Or, les grandes puissances (USA
et l’Union Européenne) subventionnent activement leurs agriculteurs. Par exemple, Simporé
(2007) a démontré que le Burkina Faso a perdu en moyenne 25,8 millions de dollars sur les
recettes à l’exportation sur un total de 195,2 millions de dollars perdu par la zone Afrique de
l’Ouest et du centre entre les campagnes agricoles de 1997-98 et 2001-02. Ces pertes de
revenus des paysans africains sont attribuées aux subventions accordées par les
gouvernements des pays du Nord à leurs producteurs de coton.
La production du coton du Burkina Faso subit par conséquent les effets néfastes des
subventions des pays du Nord sur le marché international. Certaines politiques appliquées par
le gouvernement burkinabé et ensuite par les sociétés cotonnières ressemblent aussi à des
taxes sur les producteurs du coton. La caisse de stabilisation des prix au producteur en est un
exemple. Simporé (2007) fait remarqué par exemple que les prix au producteur appliqués au
13
Le gouvernement intervient dans la négociation du crédit pour permettre aux paysans d’obtenir des crédits
bancaires par l’intermédiaire de leur groupement en début de la campagne agricole.
39
Burkina Faso ont été en moyenne inférieurs à ceux appliqués dans d’autres pays d’Afrique de
l’Ouest. Guissou et Ilboudo (2012) montrent que le taux nominal de protection ajusté a même
été négatif entre 2007 et 2008 démontrant que les producteurs du coton ne sont pas soutenus
par des politiques publiques.
La filière coton est la mieux organisée parmi toutes les filières de l’économie du Burkina
Faso. Les zones cotonnières sont également des zones de forte production céréalière et
contribuent à assurer la sécurité alimentaire du pays grâce aux excédents dégagés. Les
productions vivrières profitent des équipements et investissements et de l’encadrement
technique dont bénéficient les producteurs du coton. La culture du coton crée des emplois
supplémentaires dans les zones rurales (Zagbaï, Berti et Lebailly, 2006). La collecte du coton
dans les villages organisés par les groupements villageois au profit des sociétés cotonnières
permet aux coopératives villageoises de générer des revenus supplémentaires. Pour assurer le
transport du coton, les sociétés cotonnières sollicitent souvent des transporteurs privés. Tout
ceci montre que la filière est un véritable moteur de croissance pour l’économie entière du
Burkina Faso surtout quand on sait que la pauvreté est surtout rurale dans ce pays.
La transformation est en pleine croissance également. Par exemple, la branche textile a réalisé
à elle seule 50,8% du chiffre d’affaire des industries manufacturières en 2004 et emploie
35,52% des effectifs industriels. La graine du coton alimente les usines de production d’huile
et de fabrication de tourteau pour l’alimentation du bétail (Yameogo, 2005).
Les forces de la filière coton du Burkina Faso résident également dans la consolidation des
liens verticaux et horizontaux. Dans le souci d’obtenir une fibre de coton de très bonne
qualité, les sociétés cotonnières offrent plusieurs types d’appuis aux cotonculteurs. Elles les
offrent les intrants en début de saison (des semences, des fertilisants et des pesticides de
meilleure qualité). Elles mettent à la disposition des producteurs de coton, des conseillers
40
agricoles et facilitent le démarrage de leurs activités en début de campagne agricole à travers
l’octroi de crédit de campagne. Les relations verticales qui existent entre les différentes
structures institutionnelles (groupements villageois de producteurs, groupements communaux,
départementaux, provinciaux et national) permettent des interventions efficaces soit pour
résoudre des problèmes entres des acteurs situés à différents niveaux de la chaine de valeurs
ou pour coordonner les activités de ramassage de la production à l’échelle nationale,
provinciale ou communale. Les rencontres d’échange entre les producteurs du coton, les
sociétés cotonnières et les structures publiques chargées du suivi de la filière permettent
également de faire de bonnes prévisions et de s’assurer que chaque acteur de la filière est
informé de la dynamique, ou des nouveaux défis.
Les liens horizontaux sont également très bien développés. Au niveau des producteurs, la
constitution des groupements villageois constitue une originalité dans l’organisation qui
assure le succès de la filière. Afin de bénéficier des appuis financiers et techniques des
sociétés cotonnières, les producteurs villageois doivent se réunir pour créer une association de
producteurs solidaires. La solidarité consiste pour ces producteurs à s’engager à payer les
dettes de l’un d’entre eux qui venait à être défaillant. Cet engagement incite les producteurs à
partager leur expérience et à aider les nouveaux producteurs à réussir leurs productions. Les
sociétés cotonnières n’achètent pas le coton auprès des producteurs individuellement. Elles
achètent auprès du groupement villageois. Comme le prix reçu par chaque groupement
villageois dépend de la qualité du coton offert, les producteurs du même groupement s’entre
aident pour améliorer la qualité du coton produit par chacun des membres. Au plan
institutionnel, il existe des cadres de concertation entre les groupements villageois de la même
commune, entre groupements communaux de la même province et entre groupements
provinciaux de la même région et ainsi de suite. L’essor de la filière coton du Burkina Faso
est par conséquent issu aussi bien de terres agricoles propices à la culture du coton, mais aussi
et surtout par la consolidation des liens verticaux et horizontaux entre les acteurs de la chaine
de valeurs.
41
mêmes auteurs, une augmentation du niveau moyen de la pluviométrie d’un millimètre de
plus par mois va entrainer une augmentation du revenu des paysans de 2,7 $US par hectare.
Or, les changements climatiques vont entrainer grosso modo, une augmentation de la
température et une irrégularité de la pluviométrie. On sait que les grandes entreprises mettent
souvent en œuvre des stratégies pour soit tirer profit des changements climatiques ou soit
réduire leurs impacts sur leurs activités économiques. Les cotonculteurs peuvent représenter
le maillon faible en termes d’adaptation aux changements climatiques. Or, ils représentent le
maillon fort de la filière en termes de production. C’est pourquoi, nous allons réaliser une
étude empirique pour voir comment les changements climatiques affectent les différents
maillons de la chaine de valeurs du coton du Burkina Faso (chocs climatiques
idiosyncratiques). Ensuite, nous analyserons également les effets de contamination entre les
différents maillons de la chaine de valeurs du coton. On parle d’effet de contagion lorsque le
choc exogène reçu par un maillon de la chaine de valeurs impacte les autres maillons en ce
sens que le produit final du premier acteur touché constitue la matière première des autres
acteurs (Contamination verticale). Il se peut également qu’il ait des chocs exogènes covariés.
Pour mener à bien cette analyse, nous réaliserons une enquête terrain auprès des acteurs
majeurs de la chaine de valeurs. Cette enquête nous permettra d’analyser les effets des
changements climatiques en termes de chocs idiosyncratiques et aussi en termes d’effets de
contagion.
12. Conclusion
Le coton occupe une place importante dans l’économie du Burkina Faso. Il fait parti des
premiers produits qui procurent le plus de devises étrangères et les recettes générées par son
exportation permettent de réduire la pauvreté dans les zones rurales. L’expansion des
superficies du coton pose certains problèmes notamment des tensions avec les produits
agricoles vivriers, et les problèmes de pollutions environnementales. Mais, au delà de la
culture du coton, toute l’agriculture burkinabè est aujourd’hui menacée par les changements
climatiques.
42
au producteur, la contribution du coton dans la croissance économique et dans la réduction de
la pauvreté sont présentées et analysées. Dans l’objectif de pouvoir cartographier la filière
coton du Burkina Faso, nous avons recensé tous les acteurs qui interviennent dans les
différents maillons de la chaine de valeur du coton dans ce pays.
Les études empiriques montrent que, contrairement à l’idée reçue selon laquelle on doit la
culture du coton à la colonisation, les populations qui occupaient cet espace géographique
produisaient déjà le coton avant cette période. Les superficies emblavées à cette époque
étaient trop petites et les ménages consacraient également peu de leur temps de travail à la
culture du coton. Par conséquent, les rendements étaient trop faibles et la production était
réalisée pour satisfaire prioritairement les besoins locaux (habillement, rites coutumiers, etc.).
La production du coton n’a intéressé le colonisateur que lorsqu’il cherchait des moyens pour
financer le développement de la colonie mais aussi et surtout pour alimenter les usines
européennes qui n’arrivaient plus à s’approvisionner auprès des producteurs américains et
anglais.
Sous la période coloniale, les rendements de la culture du coton ont été multipliés par cent.
Ces résultats extraordinaires ont été obtenu à la fois par l’extension des superficies,
l’utilisation des engrais et par l’encadrement technique des paysans. Lorsque le pays a pris
son indépendance, le coton a continué à être utilisé comme source de revenus aussi bien par
les populations que par le nouveau gouvernement qui avait besoin de devises étrangères. Les
capacités du coton à procurer des devises étrangères vont être limitées par les subventions que
les pays du nord accordent à leurs producteurs. Le Burkina Faso fait parti des grands pays
producteurs de coton mais les paysans subissent les effets des subventions accordées à leurs
homologues du nord étant donné que le gouvernement burkinabè manque de moyens pour les
subventionner. Jusqu’à ce jour, les efforts que le gouvernement burkinabè fait pour protéger
la filière du coton se matérialisent par l’appui technique à travers les sociétés cotonnières, la
facilitation de l’accès des paysans au crédit bancaire et la mise en place de structure pour
l’organisation de la filière.
La culture du coton a permis d’améliorer le bien être des ménages producteurs de coton dans
les différentes régions productrices. Dans les faits, le coton fait vivre plusieurs milliers de
producteurs sur lesquels repose la survie de millions de personnes au Burkina Faso. En plus
43
de cela, les politiques mises en œuvre pour assister les producteurs de coton ont profité
quasiment à tout le système de production agricole dans les zones cotonnières.
La production du coton au Burkina Faso a connu beaucoup de fluctuations d’une année à une
autre. Ces fluctuations sont liées aux conditions climatiques et aux niveaux de la
pluviométrie. Les périodes de productions élevées sont tributaires de celles de bonnes pluies.
En plus de la pluviométrie, l’augmentation de la production du coton est également expliquée
par celle des superficies cultivées.
Les revenus des producteurs de coton burkinabé subissent les assauts de la fluctuation des
prix mondiaux. Ces derniers déterminent les prix au producteur au Burkina Faso. Les
subventions américaines et européennes à leurs producteurs, les fluctuations du dollar par
rapport à l’euro et la forte augmentation de la production mondiale due à l’augmentation de la
production de la Chine14 en sont les raisons majeures de la volatilité des prix mondiaux et
locaux.
Les quantités exportées de coton transformé, à l’inverse du coton non transformé, demeurent
très marginales, dénotant ainsi une faible capacité de transformation du Burkina Faso. La
chaîne de valeurs de la filière coton est très courte. Bien qu’elle procure des revenus pour les
producteurs et des devises pour l’Etat, le pays subit un manque à gagner dû à cette situation.
14
La Chine est présentement à la fois un grand producteur et un grand demandeur mondial de coton.
44
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ISSN : 1780-4507, vol.10 numero 4.
48
Annexes
Annexe B : Prix au producteur pour le coton 1er et 2ème choix (en FCFA/Kg)
Années 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015
Prix coton 1er 175 165 155 165 168 210 274 253 235 225 235
choix (F/Kg)
Prix coton 2ème 140 140 130 140 143 185 249 228 210 210 210
choix (F/kg)
49
Annexe C: Evolution des superficies, des productions et des rendements de 1995 à 2014
Années Production de coton Superficies (ha) Rendements Rendements
graine (t) (t/ha) (g/ha)
1995-1996 147 000 170 000 0.865 865 000
1996-1997 214 352 195 670 1.095 1 095 000
1997-1998 338 141 295 200 1.145 1 145 000
1998-1999 284 388 355 436 0.800 800 000
1999-2000 254 189 245 000 1.038 1 038 000
2000-2001 275 800 260 000 1.061 1 061 000
2001-2002 378 522 358 887 1.055 1 055 000
2002-2003 494 419 407 933 0.991 991 000
2003-2004 483 390 459 379 1.052 1 052 000
2004-2005 570 000 552 000 1.033 1 033 000
2005-2006 600 378 558 611 1.075 1 075 000
2006-2007 730 000 694 444 1.080 1 080 000
2007-2008 360 000 378 536 0.951 951 000
2008-2009 446 628 472 943 0.944 944 000
2009-2010 361 102 418 170 0.864 864 000
2010-2011 337 556 373 566 0.904 904 000
2011-2012 417 127 429 380 0.971 971 000
2012-2013 503 462 500 000 1.007 1 007 000
2013-2014 508 168 500 300 1.016 1 016 000
2014-2015 540 000 570 000 0.947 947 000
2015-2016 800 000* nd nd
Source : données sociétés cotonnières (SOFITEX, Faso Coton, SOCOMA, rapports 2005-
2007) ; Rapport MICA, 2012 ; AICB. Burkina Faso
*Prévision
50
Annexe D : Guide d’entretien avec les acteurs de la chaine de valeur coton
A. Identification de l’acteur
A.1. Dénomination :
A.3.1. En Amont
A.3.2. En Aval
B1.1. Amont
B.1.2. Aval
B.2. Quelles sont les principales difficultés que le présent acteur rencontre dans l’exécution de
ses activités ?
B.4. Qu’est ce que peut être fait pour réduire l’impact de ces difficultés sur son activité
C.2. Si Oui quels sont les actions posées par ces acteurs et qui influencent directement vos
activités ?
C.3. Si non quels acteurs (en plus de ceux que vous avez énuméré au point B.5.) et quelles
actions vous aurez souhaitez pour faciliter davantage vos activités ?
15
Pour chaque personne morale ou institution identifiée ici, il faut après demander si elle peut effectivement
agir pour réduire les difficultés énumérées au point B.2.
51