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DIMENSIONNEMENT
DES STRUCTURES EN
BOIS 3e PARTIE : REPRISE DES
POUSSEES LATERALES
EXERCEES PAR LES CHAR-
Dans un premier volet de l’article, nous avons abordé le PENTES DE TOITURE
dimensionnement des structures de planchers en bois. Dans Laurent Lassoie, ing., conseiller
le second volet consacré aux structures de toitures en bois, principal, division des Avis techniques,
nous nous sommes attachés à expliciter la théorie permet- CSTC
tant de dimensionner les éléments en bois travaillant es-
sentiellement en flexion simple. Nous avons également proposé des tableaux dont
l’objectif principal était de fournir une aide au dimensionnement de ces structu-
res. Ce troisième et dernier volet est, quant à lui, exclusivement consacré à la
problématique de la reprise des poussées latérales au pied des structures portantes
de toitures inclinées. Nous avons en effet constaté que, dans de nombreux cas, la
reprise des poussées au vide n’avait pas été envisagée et qu’elle donnait parfois
lieu à l’apparition de défauts lorsque les pieds de charpente prennent appui sur des
maçonneries. Ces défauts se manifestent le plus souvent par l’apparition de fissu-
res d’allure horizontale dans les joints des maçonneries (fig. 1), par un déverse-
ment vers l’extérieur de ces dernières, par la présence de fissures verticales au
droit des liaisons avec les murs de refend (fig. 2) ou par des fissures inclinées dans
ces derniers.

Fig.1 Fissures Fig. 2 Fissures


horizontales verticales
engendrées par engendrées par
des poussées de des poussées de
charpente. charpente.

1 PRINCIPES THEORIQUES

1.1 LES DIFFÉRENTS TYPES DE STRUCTURE


DE TOITURE

D’une manière générale, les structures en bois


des toitures à versants peuvent être constituées positionnées verticalement ou posées de tel-
par : le sorte que leur axe d’inertie principal soit
◆ des assemblages de chevrons et de pannes, parallèle au plan du versant (voir fig. 3,
ces dernières prenant appui dans des ma- p. 34). Dans certains cas, les chevrons pren-
çonneries et éventuellement sur des fermes nent appui sur les seules pannes sablière et
intermédiaires. Les pannes peuvent être faîtière

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1. Arbalétrier
2. Panne posée perpendiculaire-
ment au plan du versant
3. Panne faîtière
4. Sablière
5. Chevrons

5 2

4
Fig. 3 Charpen-
te traditionnelle //
n ne
avec ferme pa
e
intermédiaire. ax nt
rsa
ve

panne placée
verticalement

Fig. 4 Exemples FERME À POINÇON FERME "W"


de fermettes.

FERMETTE EN FORME DE A

FERME "WW"

◆ des fermettes préfabriquées ou assemblées poussées s’exerçant entre les fermes et entre
sur chantier (voir fig. 4). ces dernières et les murs pignons (déformation
des pannes) ainsi que les poussées se dévelop-
Quel que soit leur principe constructif, les pant au droit des fermes si ces dernières ne
structures de toitures inclinées transmettent des sont pas entièrement triangulées (absence d’un
efforts horizontaux au droit de leurs appuis entrait au pied des fermes). Dans ce cas, nous
fixes. Ces efforts horizontaux peuvent être re- renvoyons aux commentaires ci-après concer-
pris par différents systèmes, notamment par nant les fermettes.
des tirants positionnés à la base des fermettes,
par une structure en béton armé sur laquelle Ci-après, nous considérerons essentiellement
sont fixées les sablières, etc. les cas les plus défavorables où, pour des rai-
sons pratiques (gain de place) et économiques,
Lorsque les pannes prennent appui sur une ou les sablières ont été positionnées sur une ma-
plusieurs fermes, il y a lieu de reprendre les çonnerie érigée sur un plancher (voir fig. 5).

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Fig. 5 Sablière positionnée sur une maçonnerie nale totale Ra s’exerçant sur les chevrons.
érigée sur un plancher.
Cette incertitude relative aux liaisons (mouve-
ments dans les assemblages) entre les diffé-
rents éléments remet donc en question le fait
Chevron Panne que les composantes horizontales des forces
longitudinales s’annulent de part et d’autre de
la panne faîtière, et ce d’autant plus que les
versants peuvent être de pente et/ou de lon-
gueur différentes et que leur charge n’est pas
Sablière toujours simultanée et symétrique. La réaction
totale Ra peut être calculée à l’aide de la for-
mule suivante :
Maçonnerie portante
Ra = (1,35 x Gk x sin α + 1,50 x Sn x sin α x
Structure de plancher cos α) x lv
où α = l’angle de la pente du versant par
rapport à l’horizontale
lv = la longueur du versant (m)
Gk = les charges permanentes (N/m2)
Sn = la charge de neige (N/m2).

La contribution du vent n’a pas été prise en


1.2 ESTIMATION DES EFFORTS S’EXERÇANT compte étant donné qu’elle engendre des ef-
DANS LE PLAN DES VERSANTS forts parfaitement perpendiculaires aux ver-
sants. Lorsque l’axe d’inertie principal des
La figure 6 présente les réactions totales s’exer- pannes est parallèle au versant, il reprend en-
çant dans le plan des versants en l’absence de tièrement la composante du vent.
déformation au droit de la panne faîtière.
Si l’on applique cette formule à un versant
Sn, charge de neige couvert de tuiles en terre cuite ou en béton,
d’une longueur de 8 mètres et d’une pente de
Fig. 6 Réactions 45°, on trouve que les charges linéaires totales
totales s’exerçant Ra s’exerçant au droit des appuis fixes avoisi-
dans le plan des nent en règle générale les 10 kN/m.
versants.
Il faut également tenir compte du fait que des
α lv
déformations dans le plan vertical de la panne
Ra Gk, poids propre de la faîtière sont inévitables. Celles-ci peuvent être
couverture, de la modélisées par un phénomène de tassement
structure et des finitions d’appui, ce qui engendrera des poussées sup-
plémentaires au droit des pannes sablières.
Les chevrons ou les arbalétriers doivent être
fixés tant à la panne sablière qu’à la panne Les maçonneries des pieds de versant sont dès
faîtière; on pourrait en principe dimensionner lors généralement soumises à des sollicitations
ces éléments de telle manière qu’ils offrent une de flexion horizontale et verticale (voir fig. 8).
résistance à la moitié des efforts Ra qui s’exer- Or, en l’absence d’un appui stable et rigide au
cent, dans le plan du versant, sur les chevrons. sommet des maçonneries non armées, celles-ci
D’autres préféreront dimensionner ces élé- n’offrent pratiquement aucune résistance au
ments en tenant compte du fait que c’est la déversement, surtout quand il s’agit de ma-
panne faîtière ou que ce sont les pannes sabliè- çonneries d’un seul tenant et de grande lon-
res qui reprennent l’ensemble de ces forces. gueur ou de trumeaux en maçonnerie sans aucu-
ne liaison à des parois de refend. La pratique
Compte tenu des incertitudes quant aux liaisons qui consiste à établir les pannes sablières sur
des chevrons entre eux (chevrons en plusieurs des maçonneries non armées (voir fig. 5) de-
parties), à la panne faîtière et à la panne sabliè- vrait donc être évitée dans tous les cas. Il
re, il est préférable de dimensionner ces deux conviendra donc d’envisager des dispositions
derniers éléments de telle façon qu’ils puissent pour reprendre ces forces réactives et limiter le
résister individuellement à la force longitudi- déplacement horizontal des murs.

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Dans ce contexte, la norme NBN B 03-003 [2] vent éventuellement s’accompagner d’un
préconise de limiter la déformation horizonta- désaffleurement prononcé.
le des éléments verticaux à h/500, avec un
maximum de 6 mm, h correspondant à la hau- ❒ Une seconde possibilité est la reprise de la
teur de la maçonnerie. Il faut toutefois tenir composante horizontale s’exerçant au droit des
compte du fait que de telles valeurs de défor- pieds de versant par une poutre de ceinture en
mation ne permettent pas d’éviter l’apparition béton armé spécialement dimensionnée à cet
de fissures dans une maçonnerie ou entre cette effet. Etant donné que la largeur de cette pou-
dernière et la structure de plancher. tre est généralement assez réduite (14 ou
19 cm), il y a lieu de prévoir des retours à des
Nous examinerons ci-après les dispositions pré- intervalles réguliers dans les maçonneries de
ventives envisageables lorsque la structure de refend qui constitueront les appuis de la pou-
toiture (traditionnelle ou constituée de fermet- tre. Les longueurs d’ancrage de ces retours doi-
tes) est établie sur des parois érigées sur le vent permettre de reprendre les réactions d’ap-
plancher du grenier (fig. 5). Nous aborderons pui R de la poutre de ceinture (fig. 7).
également les éventuels remèdes lorsque les
poussées ont engendré des fissurations et/ou Les longueurs d’ancrage peuvent être détermi-
un déversement des maçonneries. nées en fonction de la réaction d’appui qui doit
être reprise par la résistance au cisaillement de
la liaison entre le béton et la maçonnerie. Une

2 DISPOSITIONS
PREVENTIVES
Au préalable, il faut préci-
ser qu’il existe un grand
première approximation permet de considérer
que cette résistance au cisaillement avoisine
celle de la maçonnerie ou du mortier. Dans ce
nombre de possibilités pour cas, la longueur d’ancrage peut être détermi-
reprendre les poussées horizontales qui se née par la formule suivante :
manifestent au pied des versants. Il est donc
γM ×R
impossible de les citer toutes dans le présent l≥
article. Nous examinerons ci-après les solu- b × fvk
tions le plus fréquemment préconisées. où γM = le coefficient de sécurité sur la ma-
çonnerie (2,5)
❒ L’idéal est évidemment de concevoir et de R = la réaction d’appui (N)
réaliser une paroi en béton armé encastrée à sa b = la largeur du retour de la poutre de
base ou, tout au moins, appuyée (retenue) au ceinture (mm)
niveau de la structure du plancher. En effet, fvk = la résistance caractéristique au ci-
comme explicité ci-avant, les parois situées au saillement de la maçonnerie (N/mm2).
pied des versants sont soumises à des sollicita-
tions de flexion horizontale et verticale. Si l’on fvk peut être déterminée par la formule sui-
dimensionne l’élément de sorte qu’il résiste vante :
uniquement à une flexion verticale, on ne fvk = fvk 0 + 0, 4 × σ d ( N mm 2 )
pourra exclure l’apparition de fissures dans la où fvk0 = la résistance caractéristique au ci-
paroi (paroi en maçonnerie armée, p. ex.) ou saillement de la maçonnerie pour une con-
au droit du plancher porteur, fissures qui peu- trainte de compression nulle (voir NBN
ENV 1996-1-1 [3]) (N/mm2)

Fig. 7 Poutre de ceinture en béton.

armature
continue

R
b

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σd = la contrainte de compression verti- ries armées dans les deux directions. En effet,
cale permanente s’exerçant sur le retour les poussées engendrées au pied du versant in-
de la poutre de ceinture (N/mm2). duisent des sollicitations en traction par flexion
perpendiculaire et parallèle aux joints horizon-
En guise d’exemple, on peut considérer une taux. Or, en cas de flexion perpendiculaire aux
poutre de 4 mètres de portée et une contrainte lits de pose, les armatures disposées horizon-
de compression nulle sur la maçonnerie de re- talement sont inopérantes (voir fig. 8).
fend. La résistance au cisaillement fvk0 est fonc-
tion des caractéristiques des matériaux (mor-
tier de pose et type de briques ou de blocs). Si LA RÉSISTANCE (fxk1) EST DÉPASSÉE : Fig. 8 Résistance
l’on considère que fvk0 est égale à 0,30 N/mm2 L’ARMATURE EST INOPÉRANTE en traction par
et que σd est négligeable, on constate que la flexion perpendi-
longueur minimum d’ancrage l sera de l’ordre fxk1 ≈ 0, 25 N / mm 2 culaire et parallèle
aux joints horizon-
de 1,20 mètre. Il est évident qu’une charge
taux.
permanente (poids propre des maçonneries) sur
le mur renfermant le retour en béton armé cons-
titue un élément susceptible de diminuer sen-
siblement la longueur d’ancrage, étant donné
qu’il influence directement la résistance au ci-
saillement de la maçonnerie (σd). FLEXION
PERPENDICULAIRE
En l’absence de murs de refend, on peut envisa- AUX JOINTS
ger la réalisation de “colonnettes” munies d’un HORIZONTAUX
retour vers l’intérieur du bâtiment et ancrées
dans la structure du plancher. Si cette dernière
disposition n’est pas possible, il y a lieu de
reporter les charges vers le plancher inférieur
de l’étage ou même jusqu’aux fondations.

Etant donné l’incidence esthétique et le coût


de ces dispositions, il y a lieu de les prévoir
dès le stade de la conception.

❒ Une troisième possibilité serait d’augmen-


ter la résistance à la flexion des maçonneries. LA RÉSISTANCE (fxk2) EST DÉPASSÉE :
Dans ce cas, il y a lieu de faire en sorte que les L’ARMATURE EST ACTIVE
maçonneries s’appuient au minimum sur trois
de leurs côtés. Si cette pratique peut être envi- fxk 2 ≈ 0, 50 N / mm 2
sagée, il n’existe, à notre connaissance, aucun
document officiel précisant une méthode de FLEXION
dimensionnement applicable à une maçonne- PARALLÈLE AUX
rie appuyée sur trois côtés et soumise à un JOINTS
HORIZONTAUX
effort latéral linéaire exercé au droit de son
sommet, qui constitue en outre son bord “li-
bre”. La prénorme européenne ENV 1996-1-
3 [1] n’envisage en effet que les charges répar-
ties par m2 de surface de maçonnerie (charge
due au vent, p. ex.).
Toutefois, en pratique et pour des raisons éco-
Il faut de plus considérer que, d’une manière nomiques, la mise en œuvre d’armatures verti-
générale, les maçonneries traditionnelles ne cales ne s’envisage que pour des cas particu-
sont pas aptes à reprendre des sollicitations liers et rarement pour la réalisation des ma-
aussi importantes que celles qui sont engen- çonneries d’une maison d’habitation. Par con-
drées par les poussées horizontales au pied des tre, on réalise parfois des poutres de ceinture
versants. en incorporant des armatures horizontales pré-
fabriquées dans les derniers joints de maçon-
❒ La situation peut être améliorée en prévoyant nerie. On considère dès lors que la maçonnerie
la réalisation de maçonneries armées. L’idéal ne travaillera qu’en flexion parallèle aux joints.
serait de concevoir et de réaliser des maçonne- On ne pourra cependant pas exclure une fissu-

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ration au droit de la liaison avec le plancher, Msd = le moment de flexion résultant des
voire dans un joint de la maçonnerie. Tout charges latérales (Nmm)
comme les poutres de ceinture en béton armé, γs = le coefficient de sécurité applicable à
les éléments de retour doivent être prolongés l’acier (1,15)
dans des murs de refend à intervalle régulier fyk = la résistance caractéristique en trac-
(voir fig. 9). En l’absence de murs de refend, tion de l’acier (N/mm2)
la réalisation de colonnettes en béton armé tel- z = le bras de levier (voir [3]) (mm).
le que proposée ci-avant pourrait technique-
ment être envisagée. Les cas où cette façon de procéder est possible
sont toutefois relativement limités, étant don-
né que les calculs mènent à des pourcentages
Fig. 9 Poutre de ceinture avec armatures
horizontales préfabriquées. d’armature assez élevés. A titre d’exemple,
pour des efforts horizontaux de 10 kN/m et
une distance entre appuis de 4 mètres, il y aurait
lieu de prévoir, en zone tendue, une section
d’armature d’approximativement 300 mm2 par
mètre courant de hauteur de maçonnerie. Si
l’on considère cinq lits de blocs sur cette hau-
teur de 1 mètre, on pourrait utiliser théorique-
ment des armatures de plus de 9 mm de diamè-
tre. Or, les armatures préfabriquées dites “ar-
matures à treillis” ont habituellement des dia-
mètres de 4 ou 5 mm.

Pour de plus amples renseignements au sujet


du dimensionnement et de la réalisation des
maçonneries armées, nous renvoyons à la nor-
me NBN ENV 1996-1-1 et aux commentaires
angles et des articles La maçonnerie armée, publiés pré-
jonctions en T cédemment dans CSTC-Magazine [6, 7].

❒ Dans le cas d’une structure de toiture cons-


tituée de pannes et de chevrons, il est égale-
ment possible de dimensionner les pannes en
flexion biaxiale et de limiter leur déformation
suivant leur axe d’inertie perpendiculaire au
POUTRE DE CEINTURE AVEC ARMATURES versant. Cette pratique conduit toutefois à des
HORIZONTALES PRÉFABRIQUÉES sections de panne souvent très massives et
nécessite la réalisation de liaisons sûres et suf-
Le dimensionnement de ces éléments se fait fisamment rigides avec les chevrons.
conformément aux recommandations de la nor-
me NBN ENV 1996-1-1 [3] et de son document ❒ Une autre possibilité réside dans la mise en
d’application national, en considérant que les œuvre d’une ou de plusieurs pannes dont l’axe
armatures reprennent l’ensemble des efforts d’inertie principal serait parallèle au versant
internes. La section minimale d’armature peut (voir aussi § 3) .
alors être déterminée de la manière suivante :
Dans le cas de structures de toiture consti-
Fig. 10 Dimen- tuées de fermettes préfabriquées ou non, il y a
sionnement de la M lieu de faire une distinction entre les fermet-
Msdsd
section minimale Nsd Nsd tes complètement triangulées et les autres.
d’armature. Nous entendons par “fermettes complètement
triangulées” celles disposant d’un entrait re-
liant les extrémités inférieures des arbalétriers
(voir fig. 11).
γ s × N sd γ s × M sd
A min = + ( mm 2 )
fyk fyk × z Ce type de fermette est adapté à tous les sup-
ports, car il n’engendre théoriquement pas de
où Nsd = la force de traction dans la poutre poussées au droit de la panne sablière. Son
de ceinture (N) emploi est toutefois limité en raison de l’espa-

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Fig. 11 Fermette Faux-entrait long terme de la structure du plancher (plan-
complètement cher en bois, p. ex.).
triangulée.
❒ Une pratique de plus en plus courante con-
Entrait
siste à “suspendre” les fermettes en forme de
Arbalétrier A à une poutre faîtière de grande inertie, ce
Arbalétrier
qui, théoriquement, empêche dans une large
mesure les poussées de se manifester au pied
du versant. En effet, en l’absence de déforma-
ce habitable réduit. Les fermettes sans entrait tion de la poutre faîtière et en présence d’un
(fermette en forme de A, p. ex.) ne devraient assemblage rigide des arbalétriers à cette der-
être prévues que lorsque le support est suscep- nière, les composantes horizontales des forces
tible de reprendre des poussées latérales (struc- agissant dans le plan des versants s’annulent
ture en béton armé, p. ex.). La présence d’un théoriquement (fig. 13).
faux-entrait, bien que bénéfique, ne permet pas
de supprimer entièrement les poussées hori- Fig. 13 Assemblage de demi-
zontales au pied du versant. Une pratique cou- Composantes horizonta-
fermettes de part et d’autre les des forces qui
rante consiste à transmettre une partie des for- d’une poutre en treillis. s’annulent
ces s’exerçant au pied des charpentes directe-
ment à la structure de plancher via des jambes
de force (voir fig. 12).

Fig. 12 Transmission des


forces s’exerçant au pied α α
des charpentes à la structure
de plancher via des jambes
de force. Composantes verticales des forces qui se cumulent

Dans ce cas, des demi-fermettes préfabriquées


sont assemblées sur chantier, le plus souvent
par clouage, de part et d’autre d’une poutre en
treillis de grande hauteur (voir fig. 14). L’in-
Plancher
Jambe Jambe certitude quant aux liaisons réalisées in situ et
porteur
de force de force les mouvements qui se manifestent inévitable-
ment dans les assemblages cloués ne permet-
FERMETTE EN FORME DE A tent pas d’éviter à coup sûr le développement
de poussées horizontales susceptibles d’entraî-
ner la formation de fissures dans les maçonne-
ries. Il faut en outre tenir compte du fait qu’un
Toutefois, dans les assemblages cloués ou chargement dissymétrique des versants sup-
boulonnés, des mouvements relativement im- primerait l’annulation des composantes hori-
portants peuvent se manifester, qui réduisent zontales.
sensiblement l’efficacité de ces jambes de for-
ce. On optera donc de préférence pour des
assemblages par connecteurs métalliques mis Fig. 14 Demi-fermettes préfabriquées.
en œuvre par le biais d’une presse. Il faut égale-
ment tenir compte du fait que ces jambes de
force doivent être parfaitement calées et pren-
dre appui sur un support stable et rigide, afin
d’éviter tout fléchissement qui entraînerait une
déformation supplémentaire des arbalétriers. En
effet, cette situation augmenterait considérable-
ment les poussées horizontales. Cette pratique,
bien que théoriquement plus favorable, nécessi-
te donc un soin particulier au niveau des as-
semblages, du calage sur la panne sablière et
sur la structure du plancher. Il convient égale-
ment de prendre en compte la déformation à

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REMEDES Il est toujours très délicat pas destiné à des locaux d’habitation ou que
de préconiser l’un ou l'autre les éléments métalliques puissent être dissi-
remède envisageable. Chaque situation est par- mulés dans l’épaisseur du plancher. Le posi-
ticulière et nécessite donc une étude spécifi- tionnement d’un câble tous les 2 mètres suffit
que. D’une manière générale, il convient dans à éviter d’éventuels désagréments. Il convient
un premier temps d’étudier la stabilité de la toutefois de prévoir l’utilisation de tendeurs
charpente et de contrôler l’évolution de ses dé- qui seront, si nécessaire, ajustés régulièrement
placements. Si ces derniers sont stables et que et qui devront dès lors rester accessibles. Cette
le déplacement des maçonneries reste limité solution peut également s’envisager (éventuel-
(≤ 6 mm), on peut éventuellement envisager lement à titre provisoire) pour reprendre les
de laisser la situation telle quelle et de mas- poussées s’exerçant au pied des fermes.
quer les fissures et les déformations.
Une troisième possibilité consiste à réduire la
Nous examinerons ci-après deux cas particu- portée des pannes en plaçant au droit de leur
liers fréquemment rencontrés en pratique, en fibre neutre un câble suspendu de part et
précisant les remèdes généraux envisageables d’autre de la panne faîtière (voir fig. 16).
afin de réduire l’ampleur des déplacements ho- Toutefois, cette pratique ne devrait s’envisa-
rizontaux et ce, en considérant que la stabilité ger que quand les versants opposés sont de
des structures aux efforts verticaux est assu- pente et de longueur similaires et que la panne
rée. Toutes les solutions proposées devraient faîtière peut reprendre les efforts verticaux
faire l’objet d’un calcul de dimensionnement supplémentaires (voir fig. 13).
par une personne compétente en la matière.
Les deux cas envisagés sont :
Fig. 16 Pose d'un
◆ une charpente traditionnelle composée de câble tendu de part
pannes et de chevrons Câble tendu et d'autre de la
◆ des fermettes ou fermes en forme de A. panne faîtière.

3.1 CHARPENTE TRADITIONNELLE

La solution la plus simple consiste souvent à


positionner plusieurs pannes (deux pannes suffi-
sent généralement) dont l’axe d’inertie princi-
pal est perpendiculaire au versant (fig. 15). Il Une autre possibilité prévoit un câble reliant la
conviendra dans ce cas de veiller à ce que les mi-portée de la panne aux extrémités encas-
liaisons entre les pannes et les chevrons soient trées d’une panne d’amont. Si cette pratique
le plus rigide possible, de sorte que les forces présente l’avantage de ne pas solliciter davan-
s’exerçant dans le plan des versants soient tage la panne faîtière, elle engendre, dans les
transmises aux pannes positionnées “à plat”. pannes, des efforts de compression supplémen-
taires pouvant donner lieu à un phénomène de
Fig. 15 Positionnement de pannes dont l’axe déversement et/ou de flambement. Aussi est-il
d’inertie principal est perpendiculaire au versant. préférable de relier les pannes situées au voisi-
nage des pieds de versant aux extrémités de la
panne faîtière.

Panne Si les pannes prennent appui sur des fermes


intermédiaires, il convient de reprendre les
poussées engendrées par ces dernières; nous
renvoyons à ce sujet aux commentaires du § 3.2.
Sablière Pannes posées “à plat”
Quant à la solution qui consiste à “libérer” la
Maçonnerie réaction horizontale, en créant un appui à rou-
leau au droit de la panne sablière, il faut tenir
compte du fait que, dans ce cas, les chevrons
La mise en œuvre de câbles ou de tirants en et/ou les arbalétriers (voir § 3.2) doivent être
acier reliant les pannes sablières opposées et reliés de manière rigide en tête. En outre, on ne
jouant ainsi le rôle d’entrait peut également peut exclure un déplacement des ouvrages
s’envisager et constitue une bonne solution (évacuation des eaux pluviales, p. ex.) reliés aux
pour autant que l’espace sous toiture ne soit chevrons ou aux arbalétriers.

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3.2 FERMETTES ET/OU FERMES EN
FORME DE A C ONCLUSION Pour des rai-
sons économi-
ques, la reprise
Dans ce cas, il est possible de stabiliser le phé- des poussées au vide est rarement envisagée au
nomène de déplacement du pied de la charpente moment de la conception. Or, lorsque la structu-
en munissant ces éléments de jambes de force re de toiture s’appuie au pied des versants sur
d’une manière similaire à ce qui est envisagé au des maçonneries, ces dernières sont sollicitées
§ 2. Toutefois, la mise en œuvre in situ de ces en flexion horizontale et verticale, ce qui peut
jambes de force n’autorise pas la pose de con- donner lieu à une fissuration d’allure horizon-
necteurs métalliques au moyen d’une presse. Un tale dans un joint de la maçonnerie, d’allure
certain mouvement risque donc d’apparaître dans verticale au droit des liaisons avec des murs de
ces assemblages, ce qui limitera, dans un pre- refend, voire d’allure inclinée dans ces derniers.
mier temps du moins, la reprise des poussées
horizontales. La reprise de ces poussées par une poutre de
ceinture en béton armé ou une maçonnerie
Lorsqu’il s’agit de fermettes et qu’une possi- renforcée par des armatures “treillis” disposées
bilité d’appuis intermédiaires existe, on peut dans les joints horizontaux est une solution
envisager de réduire la déformation des arbalé- envisageable, mais n’exclut pas la formation de
triers en plaçant une ou plusieurs pannes in- fissures horizontales entre les appuis. Il faut de
termédiaires. plus tenir compte du fait que le domaine d’ap-
plication des maçonneries armées reste limité
Lorsque les fermettes sont suspendues à une pan- aux faibles portées.
ne faîtière, il est possible d’atténuer le phénomè-
ne en réduisant la déformation de celle-ci. La L’idéal consiste toujours à concevoir une struc-
pratique la plus courante consiste à réduire sa ture complètement triangulée où les poussées
portée. En effet, la déformation d’une poutre repo- au vide sont reprises à la base des versants.
sant simplement sur deux appuis et soumise à Ceci conduit toutefois souvent à une exploita-
une charge uniformément répartie est propor- tion moindre des combles. Les remèdes con-
tionnelle à la quatrième puissance de sa portée. sistent en général à stabiliser le phénomène et
En la réduisant de moitié, on réduit donc les à masquer par la suite les fissurations qui pour-
déformations potentielles d’un facteur 16. Il faut raient se manifester. ■
toutefois veiller à ce que les arbalétriers soient
très solidement fixés à la panne faîtière. Si aucu-
ne possibilité de placer un appui intermédiaire
n’existe et qu’il s’agit d’une poutre en treillis, on
peut envisager de positionner un câble (voir Poulie fixée au centre de la poutre Fig. 17 Position-
fig. 17). Toutefois, dans ce cas, la membrure su- nement d’un câble
périeure sera soumise à un effort de compression dans une poutre
supplémentaire, ce qui augmentera le risque de en treillis.
déversement de cet élément. Câble tendu

BIBLIOGRAPHIE
4 Dimensionnement des structures en bois.
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