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Résumé
Des travaux de dévasement gigantesques ont été entrenus dans plusieurs barrages algériens en
l’occurrence le barrage de Fergoug (ouest algérien) mais se sont avérés destructeurs de l’environnement
puisque des quantités considérables de vase sont déversées dans la nature portant un préjudice écologique
incontournable.
C’est pour cette raison qu’il faut tirer la sonnette d’alarme et sensibiliser les chercheurs à étudier tous les
aspects chimiques, physiques, minéralogiques et mécaniques de la vase draguée des barrages afin d’en
tirer profit dans le domaine des matériaux de construction par souci d’économie et contribuer ainsi à la
préservation de l’environnement.
Compte tenu des énormes volumes dragués des barrages algériens, plusieurs chercheurs se sont penchés
sur la gestion et le devenir des boues de dragage. Cette gestion qui commence toujours par une phase de
caractérisation a pour objet de déterminer les propriétés qui permettent de préciser les vocations
ultérieures du produit.
Dans un esprit de développement durable et pour une bonne gestion de l’environnement, plusieurs
domaines pour l’utilisation de la vase en tant que matière première et non plus comme déchet ont été
ciblés notamment le génie civil
Le but de cette étude est d’utiliser cette même vase comme substitution d’une partie de ciment en vue
d’obtenir un ciment composé et de faire des essais pour déterminer quelques caractéristiques (physiques
et mécaniques) du béton dont il est composé. Des essais à l’état frais et durci ont été menés sur des
bétons contenant 10, 15 et 20 % de vase par rapport au dosage en masse du ciment. Les premiers résultats
sont encourageants et promettent un avenir meilleur pour la vase.
Mots clés : Valorisation - Vase – Béton à base de vase–– Résistances mécaniques - Retrait
1. INTRODUCTION
Les aménagements hydrauliques en Algérie constitués de digues de barrages sont fragiles et soumis à des
envasements importants qui, dans des délais très courts peuvent les rendre inutilisables. C’est pourquoi il
est d’une extrême urgence de procéder aux travaux de dragage afin de sauver nos ressources en eau qui ne
cessent de s’appauvrir.
L’envasement des barrages constitue malheureusement une arme à double tranchant puisqu’il est
responsable de la diminution du niveau d’eau potable et d’irrigation d’une part et il est la cause de la
détérioration de l’environnement d’autre part.
L’objectif de ce travail est triple : économique, écologique et technique. Il consiste à valoriser la vase issue du
barrage de Fergoug en tant que matériau de construction entrant dans la composition des bétons en l’utilisant, après
calcination pour la rendre active, en dosages définis substituables au ciment (10,15 et 20% de vase par rapport au
dosage en masse du ciment). Les bétons ainsi confectionnés sont testés vis-à-vis du comportement mécanique en
compression et du retrait. Les résultats obtenus montrent de belles perspectives pour les bétons à base de vase qui
affichent des performances mécaniques et un comportement au retrait satisfaisants.
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belaribi2001@yahoo.fr
3. PROGRAMME EXPERIMENTAL
La figure 1 représente l’analyse EDS effectuée sur des échantillons de vase calcinée.
Les analyses chimiques et minéralogiques de la vase étudiée ont révélé la présence des minéraux
essentiels composants les liants hydrauliques courants tels que la silice et l’alumine.
Il suffirait d’activer thermiquement les minéraux argileux pour qu’ils réagissent à l’eau si la teneur en
calcaire est suffisante, pour former des composés qui font prise et durcissement à température ordinaire.
La vase activée joue un rôle analogue à celui de la pouzzolane naturelle de Béni Saf (ouest algérien) ce
qui a amené les chercheurs à lui attribuer le nom de pouzzolane artificielle [1].
3.1.2. Le ciment :
Le ciment utilisé pour la confection des bétons est un CPA CEM I 42.5 ES. Il a une surface spécifique
Blaine de 3585 cm2/g et une densité de 3.2.
Les essais ont été réalisés sur des pâtes et bétons contenant différents pourcentages de vase en substitution
par rapport au dosage en masse du ciment (10%, 15% et 20%) avec une même maniabilité, une
composition témoin sans la vase sera réalisée avec les mêmes constituants en vue de comparaison.
Durant notre étude nous nous sommes surtout intéressés au comportement à l’état frais (mesure de temps
de prise sur pâtes) et à l’état durci (mesure des résistances mécanique en compression à 1, 7, 14, 28 et 90
jours sur des bétons et suivi des déformations dues au retrait) et ce en fonction des pourcentages de la
vase substituée.
Les dosages des constituants (kg/m3) entrant dans les formulations des bétons sont donnés par le tableau
2.
4. RESULTATS ET ANALYSES
Début de prise
4:48 Fin de prise
Temps de prise
3:36
ps(h:mn)
2:24
Tem
1:12
0:00
PT P 10% P 15% P 20%
Dé s ignation de s pâte s
Figure 2 : Les temps de début de prise, de fin de prise et le temps de prise des pâtes
PV 0 : pâte témoin sans vase, PV10 : pâte avec 10% de vase, PV15 : pâte avec 15% de vase, PV20 :
pâte avec 20% de vase
120 F ra c t io n d e la ré s is t a n c e d u t é m o in ( % )
100
80 B V0
60 B V10
40 B V15
20 B V20
0
1 7 14 28 60 90
A g e e n ( jo u r s )
Figure 3. Evolution de la fraction des résistances en compression des bétons à base de vase par rapport au
béton témoin (sans vase).
Cette cinétique de développement des résistances s’explique par l’activité de la vase et par le fait que
l’action pouzzolanique ne devient sensible qu’à partir des âges plus avancés pour se déclancher et fixer la
chaux libérée par le ciment au cours de son hydratation pour former de nouveaux silicates de calcium
hydratés qui participent à la résistance.
L’indice d’activité noté i a été calculé en faisant le rapport entre les résistances à la compression à 28
jours mesurée sur un mortier sans vase (MT) et celle du mortier contenant 25% de vase en substitution
(MV25) par le biais de la formule suivante [3]:
La norme indique qu’une addition réactive possède un indice d’activité compris entre 0.67 et 1 [4] ce qui
est le cas de la vase calcinée puisque son indice d’activité est de 0.73. A titre de comparaison l’indice de
la pouzzolane de Béni- Saf est de 0.82 [4].
900 R e t r a it t o t a l ( µ m / m )
800
700
B V0
600
B V10
500
400 B V15
300 B V20
200
100
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
T e m p s ( jo u r s )
Ces déformations qui dépendent en partie de la dessiccation des éprouvettes trouveraient également leurs origines
dans les processus physico-chimiques liés aux réactions d’hydratation du ciment et aux réactions de la vase avec les
hydrates du ciment.
La figure 4 montre qu’une part importante du retrait a été obtenue durant la période allant jusqu’ à l’âge de 30 jours,
au-delà duquel les retraits commencent à se stabiliser
Les bétons contenant entre 0, 10 et 15% de vase développent des retraits évoluant dans un fuseau très serré ce qui
prouve qu’un dosage allant jusqu’à 15% de vase calcinée n’affecte pratiquement pas le retrait des bétons. Seul le
béton à 20% de vase se caractérise par un retrait plus fort. Ceci serait dû à l’augmentation du rapport E/L qui est
proportionnel au taux de substitution de ciment par la vase.
5. CONCLUSIONS
Notre étude a permis de confirmer la possibilité de la valorisation de la vase issue du barrage de Fergoug
en tant que matériau substituable en partie au ciment ce qui pourrait en partie résoudre le problème de son
stockage et participer au développement écologique et économique de notre pays.
L’intérêt majeur qui a été à l’origine de cette étude est la possibilité de remplacer partiellement un
matériau industriel (le ciment) par un matériau naturel ; la vase de Fergoug.
La présence de la vase contribue au déclanchement rapide du début de prise ce qui peut être utile en
cas de bétonnage par temps froid.
L’indice d’activité étant de 0.73 donc compris entre 0.67 et 1[5], indique que la vase calcinée n’est
pas un matériau inerte mais plutôt un matériau réactif qui réagit avec le ciment pendant son
hydratation afin de développer certaines performances mécaniques.
Les résistances mécaniques des bétons à base de 0, 10 et 15% de vase restent très proches. Quant au
béton contenant 20% de vase, ses résistances évoluent de manière ascendante à moyen terme, et
probablement il continuera son ascension à long terme. Ce qui nous encourage à utiliser jusqu’à
20% de vase en remplacement du ciment.
Les déformations libres des bétons à base de vase augmentent à court et à moyen terme puis se stabilisent
mais restent plus proches de celles du béton témoin sauf pour le béton à 20% de vase substituée et ceci est dû
à l’augmentation du rapport E/L qui est proportionnel au taux de substitution de ciment par la vase.
Nous jugeons utile d’entreprendre des travaux de recherche qui permettront d’exploiter sérieusement la
vase du barrage de Fergoug et pourquoi pas des autres barrages. Cette exploitation ne sera rentable que si
elle l’est à vaste échelle, ce qui permettrait d’obtenir des bétons très bon marché et qui résoudrait
définitivement le problème de la cherté du ciment et du stockage de la vase.
6. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
[1] Semcha A., 2006. Propriétés physiques et chimiques de la vase, Thèse de doctorat soutenue à l’USTO d’Oran,
Algérie et à l’université de Reims, France.
[2] Mebrouki A., Cyr M., Bouhamou N., Belas Belaribi N., 2006. Valorisation de matériaux locaux. Etude du
comportement mécanique des mortiers incorporant une pouzzolane naturelle algérienne, Annales du bâtiment et des
travaux publics.
[3] Baron J. et Olivier J.P., 1996. Les bétons, base et données pour leur formulation, Editions EYROLLES.
[4] Laoufi L., 2002. Contribution à l’étude des caractéristiques physico mécanique des bétons à base de ciment
pouzzolanique, Thèse de magister soutenue à l’ENSET d’Oran, Algérie.