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UNIVERSITE CADI AYYAD

FACULTE DES SCIENCES-SEMLALIA


MARRAKECH

FILIERE LICENCE - PARCOURS D’EXCELLENCE

"Technologies de Traitement et Valorisation des Déchets

Liquides et Solides (VALDEC)"

COURS DE PRETRAITEMENT ET

TRAITEMENT PRIMAIRE DES EAUX USEES

Prof. Khalid OUFDOU

Année universitaire
2023-2024
PRETRAITEMENT ET TRAITEMENT PRIMAIRE DES EAUX USEES

INTRODUCTION ET GENERALITES :
L’assainissement des eaux usées est devenu un impératif pour nos sociétés modernes.
En effet, le développement des activités humaines s'accompagne inévitablement d'une
production croissante de rejets polluants.

Les ressources en eau ne sont pas inépuisables. Leur dégradation, sous l'effet des rejets d'eaux
polluées, peut :
- non seulement détériorer gravement l'environnement,
- mais aussi entraîner des risques de pénurie.

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Les villes marocaines déversent environ 550 millions m par an d’eaux usées :
* 45% sont traités grâce à 117 stations d’épuration.
* Seuls 20% du volume de ces eaux sont réutilisés.

* Conditions climatiques : climat aride, mauvaise répartition des précipitations, sécheresse


* Développement socio-économique et accroissement démographique
* Classement du Maroc parmi les pays en situation de Stress hydrique chronique
(< 1000m3/hab./ an),
* Rareté des ressources et déficit croissant en eau

Réutilisation des eaux usées brutes


Maladies Hydriques (risques sanitaires)
Pollution des Eaux superficielles
Pollution des nappes souterraines
Coût d’amélioration des ressources en eau (1,4 Milliards d’Euro en 1992)
« Besoin en investissement : 4.3 Milliard d’Euro (d’ici 2015) »

Stations d’épuration des eaux usées au Maroc


STEP Nombre En fonction Hors service Non Pourcentage
raccordée en fonction
Boues 20 12 5 3 60%
activées
Lits 11 5 6 0 45,5%
bactériens
Décanteurs- 17 2 13 2 11,8%
Digesteurs
Lagunage 13 7 5 1 53,8%
Infiltration- 2 2 0 0 100%
percolation
Chenal algal 3 1 1 1 33,3%
Total 66 29 33 7 44%

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Le processus d'assainissement :
De l’entrée de la station jusqu’au rejet dans le milieu naturel, les différentes étapes du
traitement des eaux usées et les principales tâches effectuées sont les suivantes :
- Relevage
- Prétraitement
- Traitement primaire

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- Traitement secondaire :
Elimination des matières polluantes solubles (carbone, azote, phosphore)
Procédés utilisables : biologique, membranaire, physico-chimique
Bassin d'aération : Traitement biologique par micro-organismes des matières organiques
Clarification : L'eau est une nouvelle fois décantée pour se débarrasser des boues organiques
avant de pouvoir être rejetée.

- Traitements tertiaires :
Dans certains cas spécifiques : Elimination très poussée des matières polluantes azotées et
phosphorées.
Exemple : pour les eaux de baignade.
Désinfection : Neutralisation des virus et bactéries pathogènes. Utilisation d'agents chlorés
(très économiques), d'ozone, d'ultraviolets, de filtration sur membranes.
Désodorisation.

- Traitements des boues :


Une station d’épuration est installée généralement à l’extrémité d’un réseau de collecte, sur
l’émissaire principal, juste en amont de la sortie des eaux vers le milieu naturel.

Elle rassemble une succession de dispositifs, empruntés tour à tour par les eaux usées.
Chaque dispositif est conçu pour extraire au fur et à mesure les différents polluants contenus
dans les eaux.
La succession des dispositifs est bien entendue calculée en fonction :
- de la nature des eaux usées recueillies sur le réseau
- et des types de pollutions à traiter.

 Les prétraitements et les traitements primaires visent essentiellement à l’élimination


des matières flottantes ou en suspension.
 Les traitements primaires sont utilisés pour l’épuration des eaux usées
- avant rejet direct dans le milieu naturel lorsque cela est toléré (cours de catégorie
inférieure)
- ou avant un traitement secondaire

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I- LE RELEVAGE

Le transport des eaux usées dans les collecteurs se fait généralement par gravité, sous l'effet
de leur poids.
Cependant, si les eaux usées arrivent à un niveau plus bas que les installations de dépollution,
on se sert de pompe de relevage pour le transport des eaux usées vers la station d'épuration.
On peut également utiliser des vis d'Archimède.

II- LE PRETRAITEMENT

A l'arrivée dans la station d'épuration, ces eaux brutes doivent subir des traitements préalables
appelés prétraitements.
Ces dispositifs de prétraitement sont présents dans toutes les stations d’épuration, quels que
soient les procédés mis en œuvre à l’aval.
Ils ne constituent pas une opération de traitement complète des effluents urbains.
L'objectif de ces prétraitements est d'éliminer les éléments solides ou particulaires les plus
grossiers de la phase liquide.
Il s'agit des déchets volumineux (dégrillage), des sables et graviers (dessablage), et des
graisses et huiles (dégraissage et déshuilage). Ce sont de simples étapes de séparation
physique.

Ces éléments solides sont susceptibles de :


- gêner les traitements ultérieurs
- ou d'endommager les équipements.
Les collecteurs urbains d'eaux usées transportent des matières très hétérogènes et souvent
volumineuses, spécialement dans les réseaux unitaires.
Les étapes de prétraitement retiennent les matières solides et les déchets flottants.
Attention, les eaux prétraitées contiennent plus de 70% de la pollution initiale.

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II-1. Dégrillage et tamisage

- Le dégrillage est le premier poste indispensable de prétraitement.


Le dégrillage consiste à faire passer les eaux usées à travers une grille dont les barreaux
métalliques, plus ou moins espacées, retiennent les éléments les plus grossiers (papiers,
feuilles, matières plastiques, objets divers, …).
Le dégrillage permet de :
- de protéger les ouvrages en aval de l’arrivée de gros objets susceptibles de provoquer
des bouchages dans les unités de station de traitement.
- de séparer des matières volumineuses qui pourraient nuire à l’efficacité des
traitements comme par exemple l’arrivée brutale de feuilles mortes en automne.
Les dégrilleurs simples sont généralement constitués de grilles métalliques, avec des
écartements de barreaux de 4 à 7 cm, qui peuvent être nettoyés mécaniquement ou
manuellement.

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II-2. Le dessablage
Le dessablage consiste à faire passer l'eau usée dans des bassins appelés "dessableurs" où la
réduction de la vitesse d’écoulement entraîne le dépôt des sables au fond de l’ouvrage.

Ce dessablage débarrasse ainsi les eaux usées des éléments grossiers, des particules minérales
plus ou moins fines et des sables de dimension supérieure à 200 microns.
Ces éléments sont susceptibles d’endommager les installations en aval :
- ensablement de conduits, des bassins,
- usure des pompes et autres organes métalliques,
- colmatage des tuyauteries,
- accumulation dans les réservoirs à boues et les digesteurs
Les sables sont récupérés de différentes façons :
- raclage vers une fosse de collecte,
- aspiration par une pompe suceuse…
Les sables récupérés sont essorés, puis lavés avant d'être soit envoyés en décharge, soit réutilisés
selon la qualité du lavage.

II-3. Le déshuilage – Dégraissage

Le déshuilage-dégraissage consiste à éliminer les huiles et les graisses présentes dans les eaux
usées, qui peuvent gêner l'efficacité des traitements biologiques qui interviennent ensuite.
Le dégraissage s'effectue par flottation. L'injection de microbulles d'air au fond de l'ouvrage
permet l’accélération de la remontée en surface des corps gras (flottaison).
Les graisses sont raclées à la surface, puis stockées avant d'être éliminées (mise en décharge ou
incinération).
Elles peuvent aussi faire l'objet d'un traitement biologique spécifique au sein de la station
d'épuration.

80 à 90 % des graisses et matières flottantes (soit 30 à 40 % des graisses totales) sont éliminées
par le déshuilage-dégraissage.

L'effluent est débarrassé des sables et graisses Les sables et les graisses sont récupérés dans
des bacs séparés.

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Eléments à prendre en compte dans le choix d'une technique de prétraitement
Toute la chaîne complète de prétraitement n'est pas indispensable.
Certains critères comme :
- la nature des effluents,
- le type de traitement prévu en aval
- ou la taille de la station

peuvent permettre de faire l'économie de l'un ou l'autre de ces prétraitements ou plutôt opter pour
une chaîne complète de prétraitement.

La nature des effluents :

- S'ils contiennent des matières flottantes,


- S'ils contiennent des sables,
- S'ils contiennent des huiles ou des graisses.

Considérations économiques du prétraitement :

Au plan de l’investissement :
Les prix de mise en œuvre des différents équipements pour les prétraitements des effluents
urbains varient en fonction de :
- De la qualité et de la robustesse du matériel
- De la concentration des eaux brutes à traiter
- De l'efficacité recherchée.

Au plan de l’exploitation :
- Les coûts relatifs à l'énergie et à la main d'œuvre sont moindres par rapport aux autres stades du
traitement,
- Nécessitent peu de surveillance mais il faut prévoir le remplacement des pièces mécaniques au
bout d’un certain moment,
- Tenir compte des frais d'évacuation des déchets prélevés.

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III- TRAITEMENT PRIMAIRE
Après les prétraitements, il reste dans l’eau une charge polluante dissoute et des matières en
suspension.

Les traitements primaires ne portent que sur les matières particulaires décantables.
Le traitement primaire se fait par une décantation ou un traitement physico-chimique :
- Il est habituellement utilisé comme première étape avant le traitement secondaire.

- Lors du traitement primaire, les contaminants les plus faciles à séparer sont éliminés : il s’agit
des solides qui se séparent aisément, les couches d'huile et autres composés légers.

Le traitement primaire peut éliminer jusqu’à :


* 40 à 60 % des solides totaux en suspension
* près de 35 % de la DBO
* et environ 50 % des agents pathogènes
N.B. :
- Les impuretés dissoutes ne sont pas éliminées.
- Il n’y a pas de turbines au cours du traitement primaire.

III-1. Décantation

La décantation primaire classique consiste en une séparation des éléments liquides et des
éléments solides sous l'effet de la pesanteur.
La décantation est la méthode de séparation la plus fréquente des MES et des colloïdes.
Les matières solides se déposent au fond d'un ouvrage appelé décanteur pour former les boues
primaires.

- La décantation "primaire" s’effectue dans des bassins, le plus souvent de forme


cylindroconique, mais il existe bien d’autres types de décanteurs.
- La décantation primaire permet d’éliminer 40 à 60% environ des matières minérales et
organiques en suspension qui se déposent au fond du bassin où elles constituent les boues dites
"primaires".
- Celles-ci sont récupérées au fond du bassin et envoyées dans des épaississeurs ou des lits de
séchage pour y être traitées.

- La décantation primaire permet d’alléger les traitements biologiques ou chimiques ultérieurs,


en éliminant une partie des solides en suspension.

- L’efficacité du traitement dépend :


* du temps de séjour
* et de la vitesse ascensionnelle (qui s’oppose à la décantation).
La décantation primaire permet d’éliminer, pour une vitesse ascensionnelle de 1,2 m/h :
* 40 à 60 % des MES,
* soit 10 à 30 % des virus,
* 50 à 90 % des helminthes
* et moins de 50 % des kystes de protozoaires (Faby, 1997).
- La décantation des MES entraîne également avec elle des micro-polluants.

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- L'utilisation d'un décanteur lamellaire permet d'accroître le rendement de la décantation :
La décantation lamellaire consiste à multiplier dans un même ouvrage les surfaces de séparation
eau-boue.
Ainsi, le positionnement de faisceaux lamellaires (tubes ou plaques parallèles) dans la zone de
décantation crée un grand nombre de cellules élémentaires de séparation.
Afin d’assurer l’évacuation des boues, il est nécessaire d’incliner les lamelles par rapport à
l’horizontale.
Ce type d'ouvrage comporte des lamelles parallèles inclinées, ce qui multiplie la surface de
décantation et accélère donc le processus de dépôt des particules.
Une décantation lamellaire peut :
- éliminer plus de 70 % des matières en suspension
- et diminue de plus de 40 % la DCO et la DBO.

III-2. Traitement physico-chimique


Le traitement physico-chimique par coagulation-floculation comporte :
- une phase de coagulation : adjonction d'un réactif chimique, qui provoque l'agglomération des
particules en suspension (agglomération des colloïdes ; particules en suspension),
- une phase de floculation (formation de floc par l’union de solides élémentaires) : accélération
de leur chute au fond de l’ouvrage. Les amas de solides ainsi obtenus sont appelés " flocs ".
- et une phase de décantation pour assurer la séparation entre solide et liquide.

Les composantes de l'eau sont habituellement classées en trois catégories :


* Matières en suspension : peuvent être d’origine minérale ou organique + microorganismes

* particules colloïdales (moins de 1 micron) : Ce sont des MES de même origine que les
précédents mais de plus petite taille, dont la décantation est excessivement lente.
* et des substances dissoutes (moins de quelques nanomètres):

Le processus de coagulation-floculation facilite l’élimination des matières en suspension et des


particules colloïdales.

A- La coagulation

C’est la déstabilisation des particules colloïdales par addition d'un réactif chimique appelé
coagulant.
Les coagulants :
* Les cations trivalents :
La neutralisation des charges négatives à la surface des colloïdes est réalisée par addition de
cations dans l'hypothèse où l'on utilise un coagulant inorganique.
La coagulation est d’autant plus efficace que la valence du cation est élevée.

Théorie de Schulze Hardy :


Les ions trivalents sont 10 fois plus efficaces que les ions divalents.
Les ions trivalents de sels de fer et d'aluminium sont très largement utilisés dans les traitements
par coagulation.

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Influence du pH : les coagulants inorganiques (minéraux) changent les propriétés physico-
chimiques (pH, conductivité,…) de l'eau à traiter en raison de leur hydrolyse.

M 3+ + 3 H2O  M(OH)3 + 3 H+

Le pH nécessaire pour la coagulation peut être ajusté en ajoutant une base ou un acide.
Le pH optimal constitue un compromis entre le pH nécessaire pour la coagulation (lié à la nature
des colloïdes) et le pH nécessaire à la floculation (lié à la croissance du floc d’hydroxyde de fer
ou d’aluminium).
Ce pH et la solubilité minimale sont fortement influencés par la force ionique et la présence de
composés organiques tels que les acides humiques.

Production de boues : La formation d'hydroxyde métallique entraîne la production d’un volume


plus élevé de boues.
- Ces boues peuvent être enlevées au cours du processus final de séparation solide-liquide.

* Les coagulants organiques :


Ils peuvent être utilisés en tant que coagulants.
L'avantage de ces cations polyélectroniques provient du fait qu'ils neutralisent directement les
charges négatives des colloïdes ; ce qui a pour conséquence de fortement réduire la production
de boues.

B- La Floculation

La Floculation est l’agglomération de particules déstabilisées en microflocs et ensuite en flocons


plus volumineux que l'on appelle flocs.
On peut rajouter un autre réactif appelé floculant ou adjuvant de floculation pour faciliter la
formation de flocs.

Les facteurs qui peuvent améliorer la coagulation-floculation sont :


- le gradient de vitesse,
- le temps
- et le pH.

Le temps et le gradient de vitesse sont importants pour augmenter la probabilité de chocs entre
les particules.
Le pH est un facteur très important pour l'élimination des colloïdes.

Les adjuvants de floculation :

Polymères minéraux (silice activée) et polymères naturels (amidon, algues) sont les premiers à
avoir été utilisés.

Mais l'utilisation d'adjuvants de floculation de synthèse très diversifiés a fait évoluer


considérablement les performances de la floculation. Ce qui permet de minimiser la production
de boues.

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Si l'on combine ces adjuvants de floculation avec des techniques de séparations modernes, on
peut produire des boues très épaissies qui seront directement traitées dans des unités de
déshydratation.

Remarques sur les traitements physico-chimiques


- Les traitements physico-chimiques peuvent être utilisés pour les eaux usées biodégradables ou
non biodégradables.

- Les traitements physico-chimiques permettent d'éliminer certains toxiques contenus dans les
effluents industriels :
* par exemple le phosphore qui est à l'origine de l'eutrophisation des cours d'eau,
* de même que l‘azote, les détergents, les matières grasses.
Ils conviennent de ce fait aux rejets industriels.

- Le traitement physico-chimique présente les avantages suivants :

* Accepte les variations brutales de charges polluantes.


* Présente une faible emprise au sol.

- S’adapte à des extensions successives notamment lorsqu'on vise une épuration ultérieure par
voie biologique.

Coûts d'exploitation

- La main d'œuvre : représente 25 à 40% du coût global de fonctionnement.

- Le poste réactif pèse le plus lourd : 30 à 50% des charges d'exploitation.

- Entretien et maintenance, évacuation des boues : 5 à 20 % du coût global.

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UNIVERSITE CADI AYYAD
FACULTE DES SCIENCES-SEMLALIA
MARRAKECH

FILIERE LICENCE - PARCOURS D’EXCELLENCE

"Technologies de Traitement et Valorisation des Déchets

Liquides et Solides (VALDEC)"

SYSTEMES INTENSIFS DE TRAITEMENT

DES EAUX USEES

Pr. Khalid OUFDOU

Année universitaire
2023-2024
Systèmes intensifs de traitement des eaux usées

Critères de choix d’une technique d’épuration :


* Critères techniques :
- Adaptabilité vis-à-vis des rejets urbains actuels (domestiques et industriels, en qualité et
quantité)
- Adaptabilité vis-à-vis du développement démographique et industriel de la ville
- Facilité de l’exploitation de la STEP
- Possibilité d’atteindre le degré de traitement répondant aux normes.
* Critères économiques :
- Coût d’investissement
- Coût d’énergie électrique
- Possibilité de réutilisation de l’eau pour l’irrigation
- Possibilité de valorisation des boues pour l’agriculture
* Critères liés à l’impact sur l’environnement :
- Nuisances sur le voisinage (mauvaises odeurs, moustiques…)
- Intégration de la station à son environnement.

* Normes à atteindre pour un rejet d’eau usée épurée :


MES < 30 mg/l
DBO5 < 30 mg/l
DCO < 90 mg/l
5.5 < pH < 8.5

* Le choix du système épurateur se fait aussi selon :


- L'origine de l'eau usée à épurer (industrielle ou domestique) ;
- Le volume à épurer ;
- Les caractéristiques de l'eau à épurer (charge organique et caractéristiques physico-
chimiques, etc...) ;
- Les normes de rejet à atteindre qui sont fonction du type de réutilisation ;
- Les caractéristiques du milieu récepteur ;
- Les moyens financiers pour épurer chaque type d'eau.

BOUES ACTIVEES
Le procédé biologique de traitement des eaux résiduaires par boues activées est le plus
répandu à l’échelle internationale.
Lieu de naissance : Angleterre par Edward Ardern et William Lockett en 1914.
Jusqu’à la fin de la 2ème guerre mondiale, le dimensionnement des stations d’épuration reste
très prudent.
Ce n’est qu’après que se développent les systèmes à forte charge avec l’utilisation de bassins
combinés.
Le principe des boues activées réside dans une intensification des processus d'auto-épuration
que l'on rencontre dans les milieux naturels.
Le procédé “boues activées” consiste à mélanger et à agiter des eaux usées brutes avec des
boues activées liquides, bactériologiquement très actives.
Une station de boues activées comprend :
- des systèmes de prétraitement généralement automatisés (dégrillage, dessablage,
déshuilage) ;
- un traitement primaire composé de décanteurs ;

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- un traitement secondaire biologique où les eaux boueuses sont agitées par des turbines
qui fournissent l’oxygène nécessaire à la minéralisation de la matière organique ;
- un décanteur secondaire pour séparer l’eau des boues en suspension ;
- un stabilisateur de boues ;
- Un traitement tertiaire.

Schéma général d’une STEP

La boue activée est composée essentiellement :


- de micro-organismes floculants,
- mélangés avec de l’oxygène dissous
- et de l’eau usée.

C’est ainsi que les micro-organismes de la boue activée entrent constamment en contact avec
les polluants organiques des eaux usées, ainsi qu’avec l’oxygène, et sont maintenus en
suspension.

La dégradation aérobie de la pollution s'effectue par mélange intime des microorganismes


épurateurs et de l'affluent à traiter.

L’aération des eaux résiduaires a lieu dans des bassins en béton qui ont une forme appropriée
en fonction :
- du système d’aération,
- du mode d’introduction des eaux et de la boue activée.

Ensuite, les phases “eaux épurées” et “boues épuratrices” sont séparées.

Afin de maintenir une biomasse suffisante, la boue est recyclée par pompage dans

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le bassin de décantation
secondaire.

Un procédé de boue activée comprend dans tous les cas :


- un bassin d’aération : dans lequel l’eau à épurer est mise en contact avec la masse
bactérienne épuratrice.
- un clarificateur : dans lequel s’effectue la séparation de l’eau à épurer et de la culture
bactérienne.
- un dispositif de recirculation assurant le retour vers le bassin d’aération des boues
biologiques récupérées dans le clarificateur.
Cela permet de maintenir dans ce bassin la quantité (ou concentration) de micro-organismes
nécessaire pour assurer le niveau d’épuration recherchée.
- un dispositif d’extraction et d’évacuation des boues en excès, c’est-à-dire du surplus de
culture bactérienne synthétique en permanence à partir du substrat.
- un dispositif de fourniture d’oxygène à la masse bactérienne présente dans le bassin
d’aération.
- un dispositif de brassage de ce même bassin, afin :
* d’assurer au mieux le contact entre les cellules bactériennes et les nutriments,
* d’éviter les dépôts,
* de favoriser la diffusion de l’oxygène partout où il en est besoin.
Très fréquemment, le même dispositif est utilisé pour l’aération et le brassage.
La suspension boueuse contenant la flore bactérienne épuratrice contenue dans le bassin
d’aération s’appelle : boues activées.

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Paramètres de fonctionnement d'un réacteur biologique :
En traitement d'eau, un réacteur biologique pourra se caractériser suivant trois paramètres
essentiels :
- la charge (massique et volumique),
- l'aptitude des boues à la décantation,
- et l'âge de ces boues.
Charge massique et volumique :
On appelle charge massique Cm (ou facteur de charge) le rapport entre la masse de nourriture
(exprimée généralement en terme de DBO5) entrant journellement dans le réacteur et la masse
de boue contenue dans ce réacteur :
Q. So Q : le débit journalier
Cm = ------- So : la concentration en substrat
Xt. V Xt : la concentration en matières en suspension de la boue
V : le volume du réacteur

Cette notion de charge massique est importante, car elle conditionne pour une boue activée :
- son rendement épuratoire :
Les faibles charges massiques correspondant à des rendements épuratoires élevés,
Les fortes charges massiques, correspondant à des rendements plus faibles.
- la production de boues biologiques :
- le degré de stabilisation des boues produites :
Les procédés à faible charge se caractérisent par des boues en excès moins
fermentescibles; dans ce cas la respiration endogène poussée conduit à une biomasse
minéralisée,
- les besoins en oxygène ramenés à la pollution éliminée :
L'importance de la respiration endogène à faible charge conduit à des consommations
d'oxygène rapportées à la pollution éliminée, supérieures à celles obtenues en forte
charge.

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On classe les différents procédés par boues activées suivant la valeur de la charge massique à
laquelle ils fonctionnent

Charge massique Classe du procédé


kg DBO5/kg MES.j.
Cm < 0.15 Faible charge (ou aération prolongée si Cm < 0.07)

0.15 < Cm < 0.4 Moyenne charge

0.4 < Cm Forte charge

Il est fréquent d'utiliser une autre notion de charge: la charge volumique.


On appelle charge volumique Cv, la masse de nourriture (exprimée habituellement en termes
de DBO5) entrant journellement par unité de volume de réacteur :
Q So Q : le débit journalier
Cv = ------ So : la concentration en substrat
V V : le volume du réacteur
exprimée le plus souvent en kg DBO5/m3.j.

Mixed Liquor Suspended Solids "MLSS" : c’est la quantité totale des matières en suspension
solide organique et minérale incluant les microorganismes.
Elle est déterminée par filtration d’un échantillon de la liqueur. On met le filtre à sec à une
température de 105°C et on détermine le poids des solides dans l’échantillon.

Mixed Liquor Volatile Suspended Solids "MLVSS" : c’est la partie organique des MLSS qui
comprend :
- la matière organique non microbienne
- les microorganismes morts et vivants
- et les débris cellulaires (Nelson & Lawrence, 1980)

Food-to-Microorganism Ratio "F/M" : c’est la charge organique dans le système à boues


activées, exprimée en Kg DBO / Kg MLSS/jour :

Q x DBO5
F/M = -----------------
MLSS x V

Q : Débit des eaux usées


DBO5 : Demande biochimique en Oxygène
V : Volume du bassin d’aération

Pour des bassins d’aération conventionnels, le rapport F/M est 0.2 à 0.5.

Un faible rapport F/M montre que les microorganismes dans le bassin d’aération sont
dépourvus de nourriture.

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Le bon fonctionnement d'une station de boues activées repose sur :
- celui du bassin d'aération,
- mais également sur celui du clarificateur.
L’âge des boues varie entre 5 et 15 jours dans les boues activées conventionnelles (U.S. EPA,
1987)

* Besoins en oxygène et production de boues en excès :


Lorsque la matière organique biodégradable est consommée par une masse de micro-
organismes, en milieu aérobie, il y a :
- d'une part, consommation d'oxygène par ces micro-organismes pour :
° leurs besoins énergétiques,
° leur reproduction par division cellulaire (synthèse de la matière vivante)
° et leur respiration endogène (auto-oxydation de leur masse cellulaire),

- d'autre part, production d'un excédent de matière vivante et de matière inerte appelé boues
en excès.

Relations de base pour l’élimination de la pollution carbonée :


Les eaux usées domestiques devraient avoir un rapport C:N:P de 100:5:1 pour satisfaire les
besoins des microorganismes en C, N et P.
La quantité de l’oxygène dans les boues activées doit être entre 0.5 et 0.7 mg/l.
La nitrification s’arrête quand la quantité de l’oxygène est < 0.2 mg/l (Dart & Stretton, 1980).
Les relations de base pour l’élimination de la pollution carbonée conduisent à l'utilisation de
coefficients caractéristiques qui dépendent de :
- la nature du substrat
- et de l'état physiologique de la biomasse

Pour illustrer ces différents phénomènes, la dégradation d'une molécule totalement


biodégradable, le glucose, peut être prise comme exemple.
Le glucose est dans un premier stade transformé grâce à un apport complémentaire d'azote
assimilable en protéine cellulaire, dont la formule globale sera assimilée à C5H7NO2.
Dans un second stade, cette protéine est dégradée dans la cellule même pour fournir l'énergie
d'entretien.
On peut écrire schématiquement ces deux réactions :
- Synthèse :
6 C6H1206 + 4 NH3 + 16 O2 -----> 4 C5H7NO2 + 16 CO2 + 28 H2O
- Auto-oxydation ou respiration endogène :
4 C5H7NO2 + 20 O2 ------> 20 CO2 + 4 NH3 + 8 H2O

Bien évidemment, sur une station d'épuration, il y a coexistence de ces deux réactions.
La seconde réaction n'étant jamais complète, car elle correspondrait à des temps de séjour des
boues très élevés, conduisant à des volumes d'ouvrages beaucoup trop importants.
Si la seconde réaction n'est pas complètement réalisée, elle est plus ou moins déplacée vers la
droite suivant les procédés utilisés.
Plus elle est déplacée vers la droite, moins la production de boues en excès est élevée, mais
plus la consommation d'oxygène est importante.
Dans l'exemple précédent, l'oxydation complète des 6 molécules de glucose a donc demandé
36 molécules d'oxygène.
Ces 36 molécules correspondent à la DCO des 6 molécules de glucose, ou encore à la
DBOultime.

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Sur les 36 molécules d'oxygène :
- 16 ont été utilisées pour la synthèse
- et 20 pour la respiration endogène.

Décantation secondaire : Clarificateur


La séparation du floc bactérien et de la liqueur interstitielle, ou clarification, est normalement
assurée par décantation.
Dans un procédé continu d'épuration, ce décanteur, séparé du réacteur proprement dit, est
appelé décanteur secondaire.

Principe de fonctionnement d’un décanteur

Un décanteur doit être en mesure d’assurer simultanément trois fonctions complémentaires :


- Retenir un maximum de particules en suspension (clarification)
- Concentrer les boues avant leur réintroduction dans le bassin d’aération (recirculation)
- Stocker provisoirement des boues en cas de surcharge hydraulique temporaire
(protection hydraulique).
Satisfaire ces objectifs exige une profondeur optimale de l’ouvrage.

Pour les décanteurs cylindriques ou cylindro-coniques, il y a 2 cas :


- En réseau séparatif : la hauteur d’eau totale ne doit pas être inférieure à 2m à
la périphérie (diamètre optimal de l’ouvrage : 10 à 12 m)
- En réseau unitaire : une profondeur de 2,5 m à 3 m à la périphérie est conseillée.

La décantabilité dépend d'un certain nombre de facteurs qui influent sur les caractéristiques
du floc bactérien :
- présence de rejets industriels,
- teneur en oxygène dissous,
- variation des conditions de charge des micro-organismes tout au long du cycle de
traitement,
- mode d'aération,
- température, etc.
Ces facteurs causent une défloculation partielle des flocs des boues activées (Chudoba, 1989).
Chaque ouvrage de décantation est caractérisé par un paramètre technique fondamental :
Vitesse ascensionnelle (ou charge hydraulique superficielle).
Cette vitesse est calculée en divisant le débit admis dans l’ouvrage par sa surface libre (ou
surface utile intéressée par la remontée de l’eau épurée) :
Q Va: vitesse ascensionnelle exprimée en
Va = ---------- m3/m2.h ou m/h
S Q : débit en m3/h
S : surface de l’ouvrage en m2

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Pour un décanteur normalement dimensionné et bien exploité, la vitesse ascensionnelle
admissible est d’autant plus faible que l’aptitude des boues à la décantation est mauvaise.

Photo d’un clarificateur

Protocole expérimental de l’indice de boues (Indice de Mohlman):


Cet indice définit (en mL) le volume de boue activée décanté en 1/2 heure par rapport à la
masse de résidu sec de cette boue (en g de matières).
L'essai est exécuté dans une éprouvette de 1 litre à paroi transparente que l'on rempli d'une
liqueur mixte prélevée dans le bassin de traitement biologique, puis on note le volume occupé
de boue après 30 minutes.
Il est calculé à partir de l’expression :

VD30
IB = -------- avec IB : Indice de Boues (en ml/g)
Cep
VD30 : Volume de boue Décanté après 30 minutes (en ml/l)
Cep : Concentration en matière en suspension de l’échantillon homogénéisé introduit
dans l’éprouvette (en g/L).
* Si IB inférieur à 50 mL·g-1 : mauvaise décantabilité (les flocs ne sont pas assez concentrés)
* Si IB est compris entre 80 mL·g-1 et 150 ml·g-1 : bonne décantabilité
* Si IB supérieur à 150 ml·g-1 : boues filamenteuses à faible décantabilité.
Une bonne décantation intervient quand les microorganismes des boues sont en phase
endogène c-à-d quand les sources de C et d’énergie sont faibles et le taux de croissance est
réduit.
Une bonne décantation intervient quand le rapport F/M est faible.
Inversement, un rapport élevée F/M entraîne une faible production de boue.

Une faible décantation peut être causée par des variations brusques de :
- La température
- le pH
- absence de nutriments (N, P, micronutriments)
- présence de produits toxiques

8
Pour que le clarificateur puisse séparer efficacement la biomasse de l'eau traitée, cette
biomasse doit être correctement floculée.

Les micro-organismes présentent la propriété dans certaines conditions de s'agglomérer en


flocs. On parle encore de biofloculation.
La floculation et l’agrégation des cellules est généralement une réponse des microorganismes
à la déficience en nutriments dans leur environnement.

Dans les flocs, l’utilisation des nutriments est plus utilisée à cause de la proximité des
bactéries entre elles.
Les produits libérés dans un floc par un groupe de ces microorganismes peuvent servir de
substrat pour un autre groupe (Mc Loughlin, 1994).
Durant la phase de croissance exponentielle, les bactéries restent dispersées dans le milieu de
culture.
Au moment du passage en phase ralentie, elles s'agglomèrent en flocons de couleur brunâtre
d'aspect déchiqueté pouvant atteindre couramment quelques millimètres.

La production d’exopolymères par les microorganismes des boues activées a été étudiée dans
des cultures en batch et en continue.
Les polymères ont un poids moléculaire élevé (> 10.000) et constituent 36 à 62% de la DCO
totale des cultures.

Ils sont composés de :


- sucres (glucose, galactose)
- aminoglucides
- acides uroniques (acide glucuronique et acide galacturonique)
- acides aminés
La production excessive des polysaccharides extracellulaires peut être responsable du
gonflement du floc qui se décante mal.
La floculation peut être favorisée par l’ajout de produits tels que les sels de fer ou
d’aluminium.

Vus au microscope, les micro-organismes ont fréquemment un aspect ramifié en doigts


« doigts de gant ».
Les bactéries y apparaissent englobées dans des substances d’aspect gélatineux.
Le floc subsiste en phase de métabolisme endogène, mais si on suit l’évolution d’organismes
libres, non associés au floc, en fonction de l’âge de la boue, on peut établir que le minimum se
situe dans une fourchette comprise entre 4 et 9 jours.

9
Au-delà de 9 jours, bien que la décantabilité reste bonne dans l’ensemble, on constate
un début de défloculation qui se traduit par une diminution
de la taille du floc et une augmentation du nombre de petites particules échappées à ce
floc (floc en tête d’épingle).
Inversement, en dessous de 4 jours, le floc très hydrophile décante plus mal et le
nombre de microorganismes libres augmente très rapidement.

La biofloculation est un phénomène complexe :


- Elle est contrôlée par l’état physiologique des cellules
- Elle n’et pas le privilège d’une seule espèce, mais correspond à un
comportement assez répandu de la microflore.
- L’effet essentiel est lié à l’excrétion de polymères parmi lesquels les
polysaccharides jouent un rôle particulier.

Classement des procédés de boues activées


Appellation Charge Charge Age des boues Rendement 
massique Cm volumique CV en j. d’élimination
kg DBO5/kg kg DBO5/m3.j de la DBO5
MES.j sur ERU
Faible charge Cm < 0.15 Cv < 0.40 10 à 30  ≥ 90%
Nitrification
possible
Cm < 0.07
(aération
prolongée)
Moyenne 0.15 < Cm < 0.4 0.5 < Cv < 1.5 4 à 10   80 à 90%
charge Nitrification
possible aux
températures
élevées
Forte charge 1.2 > Cm > 0.4 1.5 < Cv < 3 1.5 à 4  < 80%

10
Les systèmes d’aération
Les systèmes d'aération équipant un bassin à boues activées ont un double
but :
- apporter aux micro-organismes aérobies l'oxygène, généralement emprunté à l'air,
dont ils ont besoin,
- provoquer une homogénéisation et un brassage suffisants de façon à assurer un
contact intime entre le milieu vivant, les éléments polluants et l'eau ainsi oxygénée.

Disposition en ligne et en plancher

Bassin d’aération avec disques poreux

11
12
Biologie des boues activées :
Les flocs des boues activées contiennent :
- des cellules bactériennes
- particules organiques et minérales
- le tout emprisonné dans un réseau de composés polymériques extracellulaires
- associés à leurs prédateurs (microfaune)
- débris végétaux et minéraux
L’ensemble floc-eau instertitielle constitue la boue activée.

Le diamètre du floc varie entre 1 µm (taille de certaines bactéries) et ≥ 1000µm (Parker et al.,
1971; U.S. EPA, 1987).
Le nombre de cellules viables à l’intérieur constitue 5 à 20% de l’ensemble des cellules dans
un floc (Weddle & Jenkins, 1971).
Cependant, d’autres études plus récentes ont montré un grand pourcentage de biomasse
microbienne active dans le floc (Head et al., 1998)
Les flocs de boues activées contiennent des microorganismes procaryotes et eucaryotes.

Bactéries :
Les bactéries des boues activées sont généralement des bactéries à Gram négatif.
Une centaine de souches bactériennes se développent dans les boues activées.
Les genres bactériens les plus fréquents qui se développent dans un floc bactérien sont :
- Zooglea
- Pseudomonas
- Flavobacterium
- Alcaligenes
- Achromobacter
- Corynebacterium
- Comomonas
- Brevibacterium
- Acinetobacter
- Bacillus sp.
ainsi que d’autres bactéries filamenteuses responsables du gonflement de la boue activée :
Sphaerotilus, Beggiatoa, Vitreoscilla.
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Une bactérie : coque en tétrade appelée "G" a été trouvée dans des boues activées avec
réacteur en batch avec le glucose et l’acétate comme nutriment.
2 souches de cette bactérie "G" ont été identifiées et appartiennent à l’espèce Tetracoccus
cechii (Blackall et al., 1997).
La quantité de bactéries aérobies actives diminue au fur et à mesure que la taille du floc est
élevée.
La partie interne du floc relativement large favorise le développement de bactéries strictement
anaérobies comme les bactéries méthanogènes et sulfatoréductrices (Zone d’anoxie).
Les abondances totales des bactéries dans un floc de boues activées sont de l’ordre de 108
UFC/ml.

Distribution des bactéries hétérotrophes aérobies dans les boues activées :


___________________________________________________________
Genre ou groupe Pourcentage total des isolats
___________________________________________________________
Commomonas-Pseudomonas 50.0
Alcaligenes 5.8
Pseudomonas (fluorescent group) 1.9
Paracoccus 11.5
Non identifiés (bacilles à Gram-négatif) 1.9
Aeromonas 1.9
Flavobacterium-Cytophaga 13.5
Bacillus 1.9
Micrococcus 1.9
Coryneform 5.8
Arthrobacter 1.9
Aureobacterium-Microbacterium 1.9
___________________________________________________________

Le genre Zooglea comporte plusieurs souches qui produisent des exopolysaccharides


intervenant dans la floculation.
Des études ont montré que Zooglea représente 0.1 à 1% du nombre total de bactéries
(Williams & Unz, 1983).
Cependant, d’autres travaux ultérieurs ont montré que Zooglea peut représenter jusqu’à 10%
des bactéries (Rossello-Mora et al., 1995).
Les flocs bactériens contiennent également d’autres bactéries : Nitrosomonas, Nitrobacter
Bactéries phototrophes (Rhodospirillaceae) : jusqu’à 105 cellules/ml

Champignons :
Les boues activées ne favorisent pas la développement des champignons.
Cependant, quelques champignons filamenteux sont occasionnellement observés dans les
flocs.

Les champignons se développent dans des conditions spécifiques :


- pH faible
- Eléments toxiques
- Déficience en azote

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Les genres les plus dominants sont :
Geotrichum
Penicillium
Cephalosporium
Cladosporium
Alternaria
Le gonflement des boues peut résulter du développement de Geotrichum candidum qui est
favorisé à pH acide.

Protozoaires :
Ce sont des prédateurs des bactéries dans les boues activées comme dans les autres
écosystèmes aquatiques.
Les Ciliées apparaissent les plus abondants des protozoaires dans les stations de boues
activées (Sudo & Adiba, 1984).
Les genres les plus importants : Chilodonella, Colpidium, Blepharisma, Euplotes,
Paramecium, Lionotus, Trachelophyllum, Dpirotomum, Vorticella.
Les flagellées : ces protozoaires se déplacent par un ou plusieurs flagelles.
les flagellées les plus importants sont : Bodo sp., Pleuromona sp., Monosiga sp., Hexamitus
sp. et Poteridendron sp.
Les Amibes : se déplacent doucement avec des pseudopodes (projections de la cellule).
La prédation des bactéries par les protozoaires a lieu quand le nombre de bactéries est
supérieure généralement à 108 cellules /ml.

Les protozoaires contribuent de manière significative à la réduction de :


- la DBO
- Solides en suspension
- des bactéries y compris des bactéries pathogènes.

Les Rotifères :
La taille de ces organismes multicellulaires varie de 100 à 500 µm.
Les rotifères se développant dans les systèmes de traitement des eaux usées appartiennent aux
ordres suivants :
- Bdelloidea (exemples : Philodina sp., Harbrotrocha sp.)
- Monogononta (exemples : Lecane sp., Notommata sp.)
Ces espèces sont les plus communes dans les stations de boues activées et dans les lits
bactériens.
- Le rôle des rotifères consiste à :
* éliminer les bactéries libres en suspension non floculées
* et contribuer à la formation des flocs par production de mucus.
La ciliature des rotifères est importante que celle des protozoaires. Les rotifères se déplacent
donc plus et réduisent le nombre des bactéries en suspension.

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Elimination de l’azote :
L’élimination biologique de l’azote fait intervenir quatre réactions principales :
a- L’ammonification
b- L’assimilation
c- La nitrification
d- La dénitrification

L'élimination complète de l'azote peut être conduite dans un système multi-étages.


Le taux de croissance des bactéries nitrifiantes doit être supérieur à celui des bactéries
hétérotrophes dans le système :
En réalité, le taux de croissance des bactéries nitrifiantes est faible à celui des bactéries
hétérotrophes dans les eaux usées et par conséquent, un âge important des boues est
nécessaire pour permettre la conversation de l’ammonium en nitrate.
La nitrification devrait intervenir dans une boue activée âgée de 4 jours (Hawkes, 1983).

Dans les eaux usées urbaines, ainsi que dans de nombreuses eaux usées industrielles, l'azote
est essentiellement présent sous forme organique et ammoniacale.
NH4+ + 2 O2 --------- N03- + 2H+ + H2O
La vitesse de transformation de l'ammonium en nitrate dans un procédé par boues activées est
voisine de 3 mg de N - NH4+ oxydé en N03- par g. de M.V. et par h.
Il s'agit donc d'une valeur relativement élevée
- Nitrosomonas : µmax = 0,08 h-1 : oxydation de NH4+ en N02-
- Nitrobacter : µmax = 0,03 h-1 : oxydation de N02- en N03-

16
- Dénitrification :
La nitrification doit être suivie de la dénitrification pour éliminer l’azote.
Globalement, en épuration d'eaux résiduaires, on admet la réaction suivante:
N03- + 6 H++ 5e- 0,5 N2 + 3 H2O
On peut rajouter une source de carbone pour réaliser la dénitrification, ou dans un système
unique avec utilisation de carbone endogène pour la dénitrification.
Le taux de dénitrification dans les eaux usées dépend de :
- la concentration des nitrates : souvent plus élevée que 1 mg/l
- la concentration de biomasse
- le donneur d’électrons : exemple : méthanol (Barnes & Bliss, 1983).
- l’oxygène dissous : concentrations en O2 > à 0,5 mg.l-1 sont largement inhibitrices de
la dénitrification).
- pH : le pH optimal se situe entre 7 et 8,2.

- Elimination de phosphore :
L’élimination du phosphore peut se faire par :
- des produits chimiques par précipitation (exemples : par le fer ou l’aluminium)
- déphosphatation microbiologique
La déphosphatation microbiologique intervient une étape anaérobie et une étape aérobie.
Durant la période aérobie, les microorganismes consomment et accumulent le phosphore.

17
Avantages des boues activées :
- adaptées pour toute taille de collectivité (sauf les très petites) ;
- La station de boue activées n’exige pas une grande superficie ;
- bonne élimination de l'ensemble des paramètres de pollution ;
(MES, DCO, DBO5, N par nitrification et dénitrification) ;
- adaptées pour la protection de milieux récepteurs sensibles ;
- boues légèrement stabilisées ;
- facilité de mise en œuvre d'une déphosphatation simultanée.

Inconvénients des boues activées :


- coûts d'investissement assez importants ;
- consommation énergétique importante ;
- nécessité de personnel qualifié ;
- nécessité d'une surveillance régulière ;
- sensibilité aux surcharges hydrauliques ;
- décantabilité des boues pas toujours aisée à maîtriser ;
- forte production de boues qu'il faut concentrer.

18
Bassin à flux piston :
L’effluent à traiter et les boues recirculées sont admis sensiblement au même point en tête du
bassin qui est aménagé de façon à constituer un canal de grande longueur.
EB : Eau brute
BR : Boues de retour
C : clarificateur

Dans le bassin à flux de piston, les concentrations en substrat, les besoins en oxygène de la
liqueur des boues activées, varient tout au long de son parcours.
C’est pourquoi la puissance d’oxygène installée est normalement dégressive d’amont en aval
(tapered aeration).
Ce type de bassin est le plus ancien. Il est utilisé en particulier en cas de nitrification et
s’adapte aux grandes installations.
Normalement dimensionné pour d’importants temps de séjour (5 à 6h au débit moyen), il est
parfois utilisé à forte charge avec des temps de séjour de 1 à 2h, et des concentrations de
liqueur en MES de 1 à 2 g/l (procédé appelé modified aeration).
Pour toute réaction qui n’est pas d’ordre nul, le réacteur à flux piston permet d’atteindre le
meilleur rendement d’épuration.
Toutefois, une réalisation hydrauliquement parfaite est impossible et conduirait à des
constructions trop coûteuses.
Un facteur de dispersion longitudinale est inévitable

Bassin à mélange intégral :


Le but recherché est d’obtenir un réacteur totalement homogène présentant, en tout point, des
concentrations identiques en micro-organismes, oxygène dissous et substrat résiduel.
L’effluent brut est immédiatement dispersé dans le réacteur, et le liquide interstitiel représente
l’effluent traité.
Cependant, les dispositions théoriques du mélange intégral sont rarement totalement
respectées dans la pratique, en particulier les grandes unités.
L’avantage du mélange intégral est de bien limiter les surcharges dues aux pointes de
pollution (journaliers, par exemple).

Bassin à boucle fermée :


Cette technique se rapproche de celle du mélange intégral.

19
Cependant, la grande longueur relative de la boucle, et la disposition très ponctuelle des
aérateurs, conduisent à des variations assez sensibles de la teneur en oxygène dissous tout au
long du bassin.
Lorsque les aérateurs sont de type horizontal, le réacteur est dénommé "chenal d’oxydation".
S’ils sont de type vertical, l’appellation "caroussel" est fréquente.
Il est toujours possible d’associer plusieurs bassins à boucle en série "s’engrenant" les uns aux
autres.

Exemple de station de boues activées par chenal d’oxydation

Bassin à cascade :
Ce type de réacteur est constitué d’une série de bassins à mélange intégral que la liqueur des
boues activées traverse successivement.
Il permet de se rapprocher de la cinétique des bassins à flux piston, tout en mettant des
réacteurs compacts de construction simple.
Il s’adapte très bien aux traitements associant l’élimination de l’ammonium et du phosphore à
celle de la pollution carbonée.

Bassin à alimentation étagée : appelé improprement "step aeration"


On organise l’arrivée de l’effluent de façon étagée dans le bassin d’aération comportant une
série de cellules traversées successivement par la liqueur qui avance en zig-zag.
La boue recirculée est introduite en tête du bassin.

20
Les besoins en oxygène sont ainsi beaucoup mieux répartis que dans un bassin à flux piston
et, pour une même concentration en MES à l’entrée du clarificateur, la masse de BA dans le
réacteur est aussi supérieure.

Age des boues : C’est le temps moyen de résidence des microorganismes dans le système.
MLSS x V
Age des boues = ---------------------------
SSe x Qe + SSw x Qw
MLSS : Mixed Liquor Suspended Solids (mg/L)
V : Volume du bassin d’aération (L)
SSe : Suspended Solids dans l’effluent (mg/L)
Qe : Quantité d’eau usée dans l’effluent (m3/jour)
SSw : Suspended Solids dans la boue (mg/L)
Qw : Quantité de boues (m3/jour)

L’âge des boues est inversement proportionnel à la charge massique.


Cette notion d'âge de boues est particulièrement importante car elle traduit l'état
physiologique des micro-organismes:
En outre, l'âge de boues conditionne la présence ou l'absence de germes nitrificateurs

21
DISQUES BIOLOGIQUES
Disques biologiques = Biodisques
En anglais: Rotating biological reactor ou Rotating Biological Contractor (RBC)
Cette technique remonterait au 19ème siècle avec les travaux de Weigrand sur le
pouvoir épurateur des roues des moulins à eaux.
La commercialisation des disques biologiques a débuté en Allemagne de l’Ouest dans
les années 1960.
Cette technologie s’est largement répandue en Europe puis aux États-Unis dans les
années 1970.
On compte maintenant plusieurs milliers d’installations dans le monde (Mba et al.,
1999).
La biomasse est fixée sur des disques tournant autour d'un axe horizontal et baignant
en partie dans l'eau à traiter
De par la rotation, la biomasse se trouve donc alternativement en contact avec l'eau à
traiter et l'oxygène de l'air.
La mise en rotation des disques est généralement assurée par un moteur électrique.

22
Traitement préalable :
Les disques biologiques utilisés pour le traitement des eaux usées domestiques sont
généralement précédés :
- d’un dégrillage,
- d’un système de traitement primaire
- et, si requis, d’un bassin d’égalisation.
Un dégrillage moyen (12 à 25 mm d’ouverture) est recommandé pour éliminer les
matières fibreuses et autres déchets susceptibles de s’accrocher dans les biodisques.
Le traitement primaire est le plus souvent constitué :
- soit d’un décanteur primaire conventionnel pour les plus grandes installations,
- soit d’une fosse septique,
- ou décanteur primaire avec accumulation des boues pour les installations plus
petites.
Dans le cas d’un décanteur primaire conventionnel, le taux de charge hydraulique au
débit de pointe ne doit pas dépasser 60 m3/m2.d et le décanteur doit être muni d’un
système d’extraction de boues.

L’étape du traitement primaire doit également permettre de retenir les graisses et


écumes.

23
Il est recommandé d’ajouter un bassin d’égalisation.
Lorsque l’affluent des biodisques (ou effluent du traitement primaire) risque d’être
septique :
- ce qui se produit lorsqu’une fosse septique est utilisée (ou décanteur primaire avec
accumulation des boues),
- une préaération de l’affluent est recommandée à moins qu’un système d’aération
supplémentaire soit prévu dans la cuve des biodisques.
Un bassin d’égalisation aéré peut remplir ces deux fonctions.

Les réalisations comprennent souvent plusieurs étages de disques, les premiers servant
à l'élimination du carbone organique, les derniers pouvant servir à la nitrification.
Les charges sont exprimées en g de DBO5 par m2 de surface de disque et par jour :
en général, elles ne dépassent guère 25 à 30 g/m2.j.
Avec des charges nettement inférieures, une nitrification est envisageable mais la
sensibilité à la température est grande.
Cette technique a l'avantage d'une faible consommation d'énergie électrique (2 à 4
W.m-2 de disque), mais sa diffusion est très handicapée par :
- la nécessité de stabiliser les boues (primaires et biologiques),
- la grande difficulté d'obtenir à partir d’une eau usée domestique un effluent
traité à moins de 40-45 mg.l-1 de DBO5, sans surcoût d'investissement important,
- la nécessité de couvrir les disques pour les protéger des mauvaises conditions
climatiques.

Le film biologique :
Plusieurs micro-organismes sont capables de coloniser la surface des disques et s’y
fixer naturellement et forment un biofilm d’une épaisseur d’environ 1 à 4 mm.
La fixation se fait par l'intermédiaire d'une matière gélatineuse à base d'exopolymères
produite par les bactéries et à l'intérieur de laquelle ces dernières ont une certaine
mobilité.
24
La colonisation initiale d'un solide s'effectue sur un certain nombre de sites privilégiés
et à partir de ces sites, il y a développement continu du biofilm, jusqu'à ce que la
surface totale du support soit couverte par une couche monocellulaire.
A partir de ce moment-là, la croissance continue par production de nouvelles cellules
qui viennent recouvrir la couche initiale.
L'oxygène et les nutriments véhiculés par l'eau à traiter, diffusent à travers l'épaisseur
du biofilm, jusqu'à ce que cette épaisseur soit telle que les amas cellulaires les plus
profonds ne soient plus exposés à l’oxygène.

Réacteur à biodisques :
Le réacteur est constitué de disques en matière plastique, de diamètre élevé et montés
sur un axe horizontal. Le tambour, à-demi immergé (environ 40 %) tourne autour de
cet axe.
Les disques sont réalisés en polystyrène, PVC ou feuilles de polyéthylène ondulées et
ont un diamètre de 2 à 3 m.

25
Ils sont espacés de 2 à 3 cm, leur vitesse de rotation est de 1 à 2 tours par minute, et
présentant une surface spécifique de 121 m2/m3.
Pour une unité, l'arbre peut atteindre 7,5 m et supporter des disques de 3,7 m de
diamètre, développant ainsi une surface de 10 000 m2.
Un clarificateur, dimensionné sur des vitesses ascensionnelles pouvant atteindre 2m.h-1
en pointe, doit retenir les boues en excès.
L'absence de brassage dans la cuve d'aération :
- impose la présence d'un décanteur primaire,
- interdit la recirculation de boues depuis le clarificateur.

Le mouvement rotatif des disques autour de l’axe assure à la fois :


- l'oxygénation
- le contact
- et le mélange des eaux usées
Les forces de cisaillement créées par le mouvement de rotation limitent l’épaisseur du
biofilm et entraînent un détachement de la biomasse excédentaire, qui est ensuite
séparée de l’effluent au moyen d’un décanteur secondaire.

26
L'efficacité du procédé dépend essentiellement :
a) de la vitesse de rotation des disques;
b) du temps de séjour;
c) du nombre d'étages;
d) de la température.

a) Pour l'épuration des eaux résiduaires urbaines, on a observé que la vitesse de


rotation des disques est optimale à 18 m/minute ; il n'y a pas intérêt à travailler à
vitesse plus élevée.
Mais, on peut augmenter la vitesse de rotation pour les eaux fortement chargées, afin
de favoriser davantage le contact, l'aération et le brassage, et ainsi augmenter
l'efficacité du procédé.
Cependant, la consommation en énergie électrique augmente très rapidement en
fonction de la vitesse de rotation.
Un choix économique entre une augmentation des coûts d'exploitation et une
augmentation de la surface installée (investissement) devra être fait.

b) Pour le traitement des eaux usées domestiques, les performances augmentent en


fonction du rapport volume du liquide/surface et ce, jusqu'à 0,005 m3/m2.
Aucune amélioration n'est observée au-delà de cette valeur.

c) Pour les eaux usées urbaines également, l'expérience a montré qu'il y avait intérêt à
porter le nombre d'étages de 2 à 4.
On ne gagne rien en augmentant davantage le nombre d'étages.
Plusieurs explications peuvent être avancées :
- d'un point de vue purement cinétique, il y a toujours intérêt à envisager un réacteur
à flux piston ou une série de réacteurs à mélange intégral.

27
- dans les différents étages, il peut y avoir sélection d'une biomasse bien adaptée au
substrat particulier de chaque étage.
La flore nitrifiante se développe par exemple dans les derniers étages où la DBO
carbonée est faible.
Pour les eaux très chargées et à faible vitesse de dégradation, on peut être conduit à
utiliser plus de quatre étages.

Pour les eaux très chargées, le premier étage peut être plus important de manière à y
maintenir des conditions aérobies.
On peut aussi envisager de prévoir un clarificateur intermédiaire pour empêcher
l'établissement de conditions anaérobies dans les auges.
d) Pour les eaux usées domestiques, la température n'affecte pas le procédé entre 13 et
29°C. En dessous de 13°C, les performances diminuent.
Ceci est lié d'une part à la nature des eaux domestiques et à la relation entre la couche
aérobie du biofilm et la vitesse de diffusion de l'oxygène.

28
Charge maximale sur le premier stade :
Un taux de charge excessif sur le premier stade provoque :
- un épaississement du biofilm,
- un dépassement des capacités de transfert d’oxygène,
- et l’apparition de micro-organismes indésirables de type Beggiatoa, formant une
biomasse blanchâtre.
Il en résulte :
- des problèmes de septicité,
- une détérioration des rendements,
- une surcharge structurale
- et des risques de bris d’équipements.
Pour prévenir de tels problèmes, le taux de charge organique sur le premier stade ne
doit pas dépasser 30 g DBO5 totale/m2.d ou 12 g DBO5 soluble/m2.d.
Il peut être souhaitable d’ajouter de la flexibilité à l’installation en prévoyant une
alimentation étagée des deux premiers stades en cas de surcharge.

Aération supplémentaire :
Quelques réalisations prévoient une aide à la rotation et à l'oxygénation par une
insufflation d'air complémentaire sous des godets solidaires de certains disques.

Aération supplémentaire :
L’ajout d’un système d’injection d’air dans les eaux usées contenues dans le bassin des
disques est optionnel.

29
Il s’agit d’une flexibilité additionnelle qui peut s’avérer particulièrement intéressante
lorsque les charges à l’affluent sont élevées et qu’il n’y a pas de bassin d’égalisation
aéré en amont.
L’apport d’air aide à :
- limiter l’épaisseur du biofilm en décrochant la biomasse excédentaire,
- élimine la septicité,
- et assure des conditions aérobies.
Le débit d’air généralement recommandé est de l’ordre de 2,8 m3/min avec une
capacité installée allant jusqu’à 4,2 m3/min pour un arbre typique de 8,2 m de longueur
et 3,7 m de diamètre.

Recirculation :
La recirculation d’une partie de l’effluent en tête des biodisques favorise un meilleur
étalement de la charge sur le milieu de support, surtout lorsque le débit est faible et la
concentration élevée.
Elle permet aussi un apport additionnel d’oxygène dissous au premier stade.
Bien qu’il soit optionnel, un système de recirculation est recommandé dans tous les cas
où l’on anticipe des périodes de débits très faibles par rapport au débit de conception.
Le taux de recirculation recommandé est d’environ 25 % du débit moyen de
conception.

Recouvrement :
Dans les conditions climatiques froides, les disques biologiques doivent être protégés
par un abri.
En plus de prévenir les problèmes de gel à basse température, l’abri protège le milieu
de support des rayons UV et aide à prévenir la prolifération d’algues sur le milieu.
Là où les disques biologiques sont utilisés dans des stations de taille relativement
petite, le décanteur secondaire est généralement situé à l’intérieur de l’abri.
L’abri doit être muni d’un système de chauffage et d’une ventilation adéquate.
L’abri doit être conçu de façon que le milieu et les équipements demeurent accessibles
et que l’on puisse effectuer le remplacement complet d’une unité de biodisques en cas
de bris.

Rendement :
Le rendement en MES permet d’atteindre une concentration à l’effluent de l’ordre de
15 à 30 mg/L.
Les exigences de rejet fixées en DBO5 et MES pour la technologie des disques
biologiques appliquée au traitement des effluents domestiques d’assainissement des
eaux sont les suivantes :
• moyenne annuelle 25 mg/L ou 75 % d’enlèvement ;
• moyenne trimestrielle 35 mg/L ou 65 % d’enlèvement.

Ces valeurs sont facilement atteintes dans la majorité des stations à biodisques.
On peut atteindre des valeurs de l’ordre de 15 à 20 mg/L en DBO5 et en MES avec un
enlèvement de plus de 80 %.

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LITS BACTERIENS
En anglais : Trickling filters ou biofilter
Le procédé biologique de traitement des eaux résiduaires par lits bactériens a été
introduit à la fin du 19ème siècle.
Un lit bactérien est constitué d'une couche de matériau, dit de garnissage, recouvert
d'un biofilm sur lequel ruisselle l'eau usée.
Au cours de la percolation de l'eau au travers du lit, les matières organiques sont
éliminées par le biofilm :
Le substrat et l'oxygène diffusent au travers du biofilm où se produit la métabolisation,
les métabolites et le CO2 diffusent en direction du liquide.
Au cours de sa pénétration dans le biofilm, l'oxygène est consommé du fait de la
respiration microbienne, définissant ainsi une zone à activité aérobie; au-delà, l'activité
bactérienne est anaérobie.

La figure suivante représente de façon schématique le mécanisme épuratoire au sein


d'un lit bactérien.

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Le principe de fonctionnement d'un lit bactérien, quelquefois appelé filtre bactérien ou
filtre percolateur consiste à faire ruisseler l'eau à traiter sur une masse de matériau, de
surface spécifique comprise entre 50 et 200 m2.m-3, servant de support aux micro-
organismes épurateurs qui y forment un film plus ou moins épais.

Les matériaux de remplissage utilisés doivent être propres et non friables.


Leur granulométrie doit être régulière et comprise entre 40 et 80 mm.
Quel que soit le matériau traditionnel retenu, les risques de colmatage par les matières
en suspension grossières des eaux brutes, imposent la construction d'un décanteur
primaire en amont du lit.

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Les matériaux de support :

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Fonctionnement du lit bactérien :
Quand le substrat ne diffuse plus jusqu'à eux, les micro-organismes présents dans la
couche anaérobie finissent par mourir puis par s'autolyser.
Leur contenu cellulaire devient alors disponible pour d'autres micro-organismes aérobies
facultatifs ou anaérobies.
Quand toutes les réserves de substrat sont vraiment épuisées, la lyse des cellules restantes
induit un détachement local du biofilm de la surface.
Cette surface devient disponible pour une nouvelle colonisation.
Le détachement du biofilm peut être créé ou favorisé par le courant d'eau passant à sa
surface.
Quel que soit le matériau, tous les lits bactériens à ruissellement fonctionnent selon les
mêmes principes.
Une aération est pratiquée, le plus souvent par tirage naturel, plus rarement par ventilation
forcée à contre-courant.

Suivant la charge volumique appliquée, on distingue les lits à faible charge et les lits à
forte charge, dont les caractéristiques de fonctionnement pour les eaux résiduaires urbaines
sont les suivantes :

Charges Faible Forte

DBO Kg/m3.j 0.08 à 0.15 0.7 à 0.8

Charge hydraulique m3/m2.h < 0.4 > 0.7

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Dans les lits à forte charge, qui nécessitent généralement une recirculation, la charge
hydraulique est telle qu'elle permet l'homogénéisation de la flore bactérienne aux différents
niveaux.
L'autocurage du matériau sur lequel ne subsiste qu'une mince pellicule active permet des
échanges rapides et enlève au lit bactérien la tâche de dégrader lui-même la matière
cellulaire formée.

Ce travail de minéralisation (stabilisation) est réservé à d'autres parties de l'installation,


comme par exemple le digesteur anaérobie, ce qui implique nécessairement l'emploi d'un
clarificateur à la sortie du lit, pour recueillir les matières décantées afin de les envoyer vers
le traitement de boues.
Dans un lit à forte charge, l'action des éléments prédateurs est faible.
Dans un lit à faible charge, au contraire, il n'y a pas de lavage permanent de la boue qui
tend à s'accumuler au sein de la masse de contact.
L'action des prédateurs est essentielle et c'est elle qui, avec la respiration endogène des
bactéries, limite la prolifération excessive du film.

Malgré leur bon rendement (95% d’élimination de la DBO5), les lits à faible charge sont
peu employés à cause des risques fréquents de colmatage et le développement important de
mouches.
Les lits à forte charge, avec recirculation, sont plus fréquemment rencontrés pour
l'élimination de la pollution carbonée.

Recirculation :
La recirculation a plusieurs avantages :
- l'autocurage du lit bactérien,
- l'ensemencement des eaux décantées,
- la dilution des eaux résiduaires à forte DBO.

1- Lits bactériens à remplissage traditionnel :


On utilise comme remplissage des pouzzolanes, du coke métallurgique ou des cailloux
siliceux concassés présentant un taux de vide de l'ordre de 50 %. L'indice de vide est
voisin de 0.5, ce qui limite à environ 0,15 le vide libre pour l'aération, compte tenu de la
présence du film biologique
Ce type de lit bactérien a été surtout utilisé sur les eaux usées urbaines.
Les lits bactériens traditionnels sont de 1,0 à 2,2 m de hauteur.
Une charge hydraulique maximale de 1,2 m3/m2.h permet d'atteindre des rendements
supérieurs à 85 % lors du traitement d'eaux usées domestiques.
Avec des matériaux de remplissage traditionnel et pour une hauteur de couche de 2 m, le
rendement d'épuration est relativement faible (66 %) lorsque la charge volumique
(exprimée en kg de DBO5 par m3 de matériau et par jour) est forte.
Dans ce cas, le rendement peut être augmenté par recirculation de l'effluent du lit
bactérien, sur le lit, ce qui a pour effet de diluer l'eau d'alimentation.

Les lits bactériens à remplissage traditionnel présentent un certain nombre d'avantages par
rapport aux procédés à boues activées :

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- surveillance plus réduite,
- économie notable d'énergie, l'air étant fourni la plupart du temps par tirage naturel à
travers le lit,
- "récupération", souvent assez rapide après un choc toxique.

Mais les inconvénients sont nombreux :


- rendement d'épuration inférieur à charge volumique identique,
- risques de colmatage,
- plus grande sensibilité à la température,
- non maîtrise du tirage d'air (défaut d'oxygénation et odeurs),
- hauteur limitée,
- approvisionnement ou réapprovisionnement parfois difficile du matériau adéquat,
- coût de construction plus élevé,
- boues en excès généralement non stabilisées.

2- Lits bactériens à remplissage plastique :


Ces matériaux plastiques mis en œuvre en vrac ou ordonnés présentent des taux de vide
supérieurs à 90 %.
Ce type de lit bactérien est destiné souvent pour les eaux usées industrielles.
On utilise de plus en plus des supports plastiques sur des tours pouvant atteindre 12 mètres
de haut.
Les charges hydrauliques appliquées sont alors plus élevées, jusqu'à 10 m3/m2.h.
Selon la hauteur de la tour et la charge hydraulique, on peut atteindre, pour certaines eaux
usées industrielles, des rendements de 90 %.
Une installation de ce type est présentée à la figure suivante :

Pour traiter des eaux usées industrielles présentant une forte DBO, telles que celles des
industries agro-alimentaires, les lits bactériens à remplissage traditionnel sont peu
employés en raison des risques de colmatage et de prolifération excessive de films
biologiques filamenteux.
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Les remplissages plastiques permettent de réduire considérablement ces risques et
présentent un coefficient de transfert d'oxygène plus élevé.
Leur domaine d'utilisation est ainsi très différent de celui des lits bactériens à remplissage
traditionnel, car :
- ils peuvent travailler sous des charges volumiques élevées, comprises entre 1 et 5 kg/m .j.
de DBO5, voire plus,
- le prix élevé de ces matériaux incite également à utiliser les lits bactériens plastiques sous
forte charge.
Dans ces conditions, le rendement d'élimination de la DBO5 n'est pas suffisant pour
produire un effluent conforme aux normes habituellement en vigueur, car il oscille entre
50 et 80 %, suivant le type d'eau traitée et de la charge volumique adoptée.

Les lits bactériens à remplissage plastique permettent de s'affranchir d'une partie de ces
inconvénients.
En particulier, le fort indice de vide des matériaux utilisés réduit considérablement les
risques de colmatage.
En outre, le poids du remplissage plastique étant bien inférieur à celui des remplissages
minéraux, il est possible de concevoir des installations plus hautes, réduisant ainsi la
surface occupée.
Un autre intérêt réside dans les surfaces développées plus importantes et le meilleur tirage
naturel d'air, qui permettent, par conséquent, de travailler à des charges volumiques
supérieures.
Les lits bactériens plastiques sont particulièrement adaptés au traitement des eaux usées
industrielles :
- prétraitement d'eaux résiduaires concentrées d'industries agro-alimentaires
(laiteries...),
- traitement d'eaux de raffineries, etc.

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Il est déconseillé d'attendre d'un lit bactérien à remplissage plastique une efficacité trop
élevée (supérieure à environ 80 % sur la DBO5).

Elle serait difficile à obtenir et entraînerait des coûts d'investissement et d'exploitation


prohibitifs.

Ce système d’épuration présente certains avantages :

- faible consommation d'énergie ;


- fonctionnement simple demandant peu d'entretien et de contrôle ;
- peut être installé en amont d'une station à boue activée afin de déconcentrer les effluents
du type agroalimentaire ;
- bonne décantabilité des boues ;
- plus faible sensibilité aux variations de charges et aux toxiques que les boues activées.

Mais les lits bactériens présentent aussi des inconvénients :

- performances généralement plus faibles qu'une technique par boues activées ;


Un dimensionnement plus réaliste doit par conséquent permettre d'atteindre des qualités
d'eau traitée satisfaisantes ;
- coûts d'investissement assez élevés ;
- nécessité de pré-traitements efficaces ;
- sensibilité au colmatage et au froid ;
- source de développement d'insectes (en cas de conception et/ou d'exploitation
défectueuse) ;
- boues fermentescibles ;
- ouvrages de taille importante si des objectifs d'élimination de l'azote sont imposés.

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