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Chapitre II

Description d’une chaîne de


traitement d’eau potable

1
1. Définition: Une eau potable est une eau qui ne doit pas
porter atteinte à la santé de celui qui la consomme.

La législation a défini les caractéristiques d’une eau


potable. Les paramètres retenus sont les paramètres
organoleptiques, physico-chimiques, chimiques,
microbiologiques et les micro-polluants.
2. Les ressources utilisées

L’eau potable est produite à partir d’eaux brutes,


superficielles ou souterraines. Les eaux souterraines sont
généralement de meilleure qualité que les eaux superficielles.

Pour le choix de la ressource s’effectue en prenant en


compte de:

• la disponibilité des ressources (y a-t- il une nappe ou un


cours d’eau capable de fournir les débits nécessaires à la
satisfaction des besoins ?) Quantité
• la qualité des ressources; il est évident qu’on utilise en
premier lieu les ressources les moins polluées et les moins
vulnérables pour la production d’eau potable. Qualité
3. Les points de prélèvement de
l’eau
Il y a 3 types de prélèvement d’eau :
• Les eaux des sources. Ces sont des
eaux d’origines souterraines que la
constitution des sols remet en
surface.

•Les eaux de surfaces. Ce sont les


cours d’eau, les lacs alimentés par les
eaux de pluie qui sont pompés.

• Les eaux souterraines. Elles sont


captées par des forages plus ou moins
profond.
4. Pourquoi traiter l'eau ?

Parce qu’il faut respecter les normes de qualité de l’eau


avant sa mise en distribution et que la qualité de la ressource
ne répond pas toujours à ces normes.

- Dans le cas des eaux souterraines, certains paramètres liés


à la qualité naturelle de l’eau peuvent ne pas répondre aux
normes ou la ressource peut être dégradée par l'activité
humaine.

- Pour les eaux superficielles, le traitement est dans tous les


cas obligatoire.
5. Les étapes du traitement de l’eau potable

Les eaux prélevées contiennent des matières en


suspension, des produits organiques ou minéraux, des
micro-polluants qu’il faut éliminer.
5. 1 Le Prétraitement physique: Le dégrillage, le
dessablage et le tamisage

Les gros déchets sont retenus par une simple grille, les plus
fins dans des tamis à mailles fines.

Le prétraitement physique consiste à:

-séparer les particules en suspension,

-protéger les différents éléments de la filière de traitement


(pompes, canalisations, conduites, etc.).
a. Dégrillage: Tout d’abord, l’eau prélevée dans les fleuves ou
les rivières passe à travers des grilles qui retiennent les déchets
les plus gros afin de protéger les installations (5 à 10 cm).

b. Tamisage: L’eau passe ensuite dans des tamis de maille de


plus en plus fines retenant les déchets plus petits comme des
feuilles, de l’herbe ou des cailloux (0,3 à 3 mm)
c. Dessablage: débarrasse les eaux des sables et des graviers par
sédimentation. protection contre les particules de 0,05 à 2 mm.
d. Le dégraissage vise à éliminer la présence de graisses dans
les eaux. Le dégraissage s'effectue par flottation. L'injection des
bulles d'air permet la remontée en surface des corps gras. Les
graisses sont raclées à la surface, puis éliminées.
5. 2. La Clarification

La clarification consiste à favoriser la séparation


eau/particules et permet l'élimination partielle des matières
organiques (60 à 80 %).

Les grandes étapes de la clarification :

Coagulation: Agglomération des particules sous forme


de floc
Floculation: Augmentation de la taille du floc
Décantation ou Flottation: Séparation floc / eau
décantée
Filtration: Séparation floc résiduel / eau filtrée
a. Coagulation- Floculation

- Les particules colloïdales sont des particules très petites qui


ne peuvent pas s'agglomérer naturellement (taille comprise
entre 10 nm et 1 µm).
Les particules colloïdales sont chargées négativement, c'est
pourquoi elles se repoussent et ne peuvent pas s'agglomérer.
on injecte des réactifs appelés « coagulants » (des sels de
fer et d'aluminium (sulfate d‘aluminium, aluminate de
sodium, etc.) , qui conduisent à la formation de précipités
insolubles appelés "flocs" capables de décanter.

 L'injection du réactif se
fait dans un compartiment
sous forte agitation.
 La floculation a pour but d'augmenter le contact entre les
particules en agitant l'eau. Cela permet aux particules de
s'agglomérer et de former des amas de plus en plus gros.
Leur masse élevée leur permet ensuite de se déposer plus
rapidement dans le fond du bassin sous l'effet de la gravité
(Décantation).

Les conditions optimales de coagulation - floculation


(dose et pH) sont définies par des tests en laboratoire :

 Le pH optimal pour les colloïdes


Sels d'aluminium : 6 < pH < 7,5
Sels de fer : 5,5 < pH < 7,5
b. Décantation ou Flottation

Séparer de l’eau les flocs formés lors de l’étape de


coagulation-floculation

La majorité des MES est ainsi éliminée, le reste étant ensuite


retenu par la filtration.

Le principe de décantation: La décantation est un procédé


physique, elle consiste à laisser déposer les particules dont la
densité est supérieure à l'eau dans le fond du bassin.
 Au fond du décanteur, la boue est pompée en continu et
envoyée vers l'unité de traitement des boues.
Il permet d’éliminer environ 80% des matières en
suspension.
On peut aussi, à l’inverse, favoriser la clarification par
entraînement des particules en surface, c’est la flottation.
Grâce à l’injection des bulles d’air, qui s’accroche aux
matières en suspension, les flottants sont récupérés en surface
par un bras racleur.

La flottation est utilisée pour les eaux difficilement


décantables comme les eaux riches en algues.
c. La Filtration

 C’est un procédé qui permet de retenir les matières en


suspension qui n’ont pas été piégées lors de l’étape de
clarification.
 L’eau traverse un filtre, lit de sable fin et/ou un filtre à
charbon actif. La filtration sur sable élimine les matières
encore visibles à l'oeil nu. Les filtres à charbon actif
retiennent en plus les micro-polluants, comme les pesticides
et leurs sousproduits , les composés à l’origine des goûts et
des odeurs

Il existe des procédés de filtration encore plus poussés


comme la filtration sur membranes.
1. Les filtres à sable
Le type de filtration mise en œuvre est le plus souvent une
filtration sur lit filtrant. Le matériau utilisé est le sable.
L'efficacité de la filtration dépend de la taille des grains de
sable, de la hauteur de la couche de sable et de la vitesse de
filtration.
•Au fur et à mesure du passage de l'eau au travers du lit
filtrant, les matières retenues s'accumulent dans les interstices
entre les grains de sable et le filtre se colmate.
Il faut laver régulièrement le filtre en envoyant (de bas en
haut) un courant d'eau et d'air qui permet de détacher et
d’entraîner les particules fixées sur les grains.

Lavage du filtre à sable à contre courant


Remarque:

Le filtre peut jouer un double rôle suivant les conditions


d’exploitation : d’une part, il retient les matières en
suspension par filtration et d’autre part, il constitue un
support bactérien permettant un traitement biologique,
c’est-à-dire une consommation des matières organiques et de
l’ammoniaque par les bactéries qui se sont développées sur le
sable.
2. La filtration au moyen de charbon actif

Permet:

• Elimination des micropolluants organiques (pesticides,


hydrocarbures, solvants chlorés)

• Elimination de l’azote ammoniacal.


Principe:
 Adsorption des molécules organiques sur les pores du
charbon actif .

La filtration au moyen de charbon actif en grain (CAG)


est une étape très répandue dans les filières de production
d’eau potable à partir des eaux souterraines ou de surface.
 L’affinage de l’eau au moyen de CAG améliore la qualité
en éliminant par exemple:

- Les composés à l’origine des goûts et des odeurs


- Les pesticides et sous-produits de pesticides
- La couleur
-Les perturbateurs endocriniens
- Les résidus médicamenteux ….
5. 3. La désinfection

Avec le développement de l'urbanisation, les


problèmes d'hygiène et de santé publique liés
à la contamination bactérienne de l'eau sont
devenus de plus en plus critiques.

La désinfection de l’eau est considérée


comme une étape primordiale qui a pour
but de minimiser tout risque d’infection par
les microorganismes pathogènes et
d’empêcher la diffusion de maladies
flottantes.
L’objectif de ce traitement est d’éliminer les
microorganismes présents dans les eaux, susceptibles d’être
pathogènes.

on utilise l’oxydation chimique, avec des oxydants comme


le chlore, le bioxyde de chlore, l’ozone ou bien encore les
rayonnements ultra-violets.
5. 3. 1. Exemple d’un processus de traitement de l’eau
physique: La désinfection par les radiations UV
C’est une technique prometteuse qui offre plusieurs
avantages par rapport aux autres techniques surtout les
procédés chimiques. L’importance de ce traitement résulte de
l’effet bactéricide des radiation UV à une longueur d’onde
germicide sans production des sous-produits toxiques.

La désinfection par les radiations UV est un processus


physique plutôt qu'un désinfectant chimique, donc il élimine
le besoin de Produire, Manipuler, Transporter les produits
chimiques.
Présentation du spectre électromagnétique
a. Action germicide des UV

Le processus de désinfection par les UV-C correspond à


l'inactivation des microorganismes suite à une
modification de leurs informations génétiques.

En effet, les radiations UV agissent directement sur


l'ADN des cellules, générant ainsi des photoproduits tels
que les dimères de thymines rendant inefficace voire
impossible la réplication des microorganismes; il en
résulte la mort cellulaire ou l'apparition d'une génération
de mutants non viables ou incapables de se reproduire.
Suivant la quantité d'énergie UV reçue, la cellule vivante
sera soit stérilisée (effet bactériostatique) et soit détruite
(effet bactéricide).

Dose UVc=temps (s) * intensité Uvc (en Watt par unité


de surface)
b. La reviviscence bactérienne

 Toutefois, cette technologie présente aussi des


inconvénients qui la rendent moins efficace, en raison de
l’échappement de certains types de bactéries et des virus à
cette étape de désinfection selon différents mécanismes
qui les rendent résistants et même tolérants aux
rayonnements UV (notions de réparation).

 Les mécanismes de réparation microbienne sont (i) la


photoréactivation (ii) le système SOS; (iii) la réparation
par excision-resynthèse; (iv) la réparation post-
réplicative…
5.3.2 . Exemple d’un processus de traitement de l’eau
chimique: La chloration
1. Généralités sur l'action biocide du chlore

Le chlore destiné à la désinfection se retrouve normalement


sous l’une des trois formes suivantes :

- Gazeux (Cl2),

- hypochlorite de sodium (NaOCl)

- hypochlorite de calcium (Ca(OCl) ).

Désinfectant idéal :
• Soluble;
• Résidu persistant;
• Facilement mesurable (facilité de contrôle);
• Peu onéreux.
Dans l'eau, le chlore libre se trouve sous trois formes
d'états en équilibre : l'acide hypochloreux (HOCl), l'ion
hypochlorite (ClO-) et l'ion chlorure (Cl-).

Réactions d'équilibres de base (le Chlore dans


l’eau)

Cl2 + H2O HOCl +HCl

HOCl H+ + OCl-
2. Action du chlore sur les microorganismes

 C'est essentiellement l'acide hypochloreux qui est le


composé le plus actif dans les mécanismes de la désinfection (
l'ion hypochlorite est peu oxydant et peu bactéricide), c'est
pourquoi il est aussi appelé "chlore actif"; il est majoritaire en
milieu acide. (La proportion des deux composés dépend
essentiellement de la valeur du pH de l'eau)

La désinfection au chlore se produit principalement par


l’oxydation des parois cellulaires qui conduit à la lyse des
cellules bactériennes ou à l’inactivation des sites fonctionnels
sur la surface de ces cellules
L'acide hypochloreux possède l'action biocide la plus
efficace. En effet il ne porte pas de charge électrique et sa
forme ressemble à celle de l'eau. La membrane cytoplasmique
le laisse donc passer en même temps que l'eau, contrairement
au ClO- qui ne pénètre pas du fait de sa charge négative. A
l'intérieur de la cellule, l'HOCl bloque toute activité
enzymatique, entraînant ainsi la mort de la cellule.
3. Effet du pH et la tempétrature sur la chloration

Pour un effet rapide du chlore et une économie en produits, il


convient de traiter l'eau à des valeurs de pH proches de la
neutralité.

La diminution de la température de l'eau entraîne une


diminution de l'efficacité du désinfectant, bien qu'elle
augmente légèrement la proportion d'HOCl par rapport à ClO-,
ce qui nécessite d'ajuster les dosages en fonction des variations
de la température.
La rapidité de l'effet bactéricide du chlore est
proportionnelle à la température de l'eau; par conséquent
cette stérilisation est plus efficace dans des eaux de
température élevée. En revanche, le chlore est plus stable
dans l'eau froide, donc subsiste plus longtemps, ce qui
compense dans une certaine mesure la lenteur de la réaction.
4. La formation de chlore combiné (eau avec
ammoniaque)

En traitement des eaux, le "chlore total" est distingué


entre le "chlore libre" et le "chlore combiné"
Avec:
- le "chlore libre" que constituent l’acide hypochloreux
HOCl ( chlore actif) et l’ion hypochlorite (OCl−).
- le "chlore combiné" (eau avec ammoniaque) sous la
forme monochloramine (NH2Cl), dichloramine (NHCl2),
trichloramine (NCl3).
Ce chlore est très réactif chimiquement et va oxyder un certain
nombre de matières minérales ou organiques contenues dans
l’eau avec des vitesses différentes:

-Le chlore permet d'éliminer l'ammoniaque et les matières


organiques en excès dans l'eau destinée à la production d'eau
potable.

- Au cours de ces réactions, on a formation de chlore combiné


comprenant les organohalogénés et les chloramines
a. Les chloramines: sont des composés organiques azotés
possédant un groupe -NCl qui après hydrolyse libèrent l'acide
hypochloreux selon :

NH3 + HOCl NH2 + H2O monochloramine

NH2Cl + HOCl NH2Cl2 + H2O dichloramine

NH2Cl2 + HOCl NCl3 + H2O trichloramine

…. et ainsi de suite.
En final on obtient : du NO3¯ (nitrate qui reste dan l’eau), du
N2 (azote) et du NCl3 (trichlorure d'azote), ces deux derniers
éléments sont volatiles et se concentrent dans l’air ambiant.
Réactions simplifiées pour la formation des
chloramines :

Ainsi la présence de chloramines dans l'eau potable est


liée à une insuffisance de la chloration lors de la
fabrication d'eau potable.
Demande
en chlore
En conclusion, pour ajuster la quantité de chlore
nécessaire et éviter la formation de chloramines, il faut
déterminer le point d'inversion (= point critique ou Break
point) marquant la fin de la formation des chloramines
(odorantes et peu désinfectantes) et leur destruction; à partir
de ce point, le chlore que l'on ajoute se retrouve sous forme
libre, on a alors une action désinfectante.

Afin d'éviter de se trouver en deçà de ce point, il est


indispensable de mesurer le pH, le chlore libre et le chlore
combiné.
b. Les organohalogénés (trihalométhanes): sont formés par
action du chlore sur les matières organiques. Les plus
couramment recherchés parce que les plus faciles à identifier par
les moyens analytiques disponibles sont :
- le chloroforme,
- le dichloromonobromométhane,
- le dibromomonochlorométhane,
Pour limiter les effets nocifs du chlore sur la vie aquatique,
une déchloration peut être appliquée après la désinfection des
eaux par le chlore.

Cette technique permet d’éliminer les effets indésirables du


chlore résiduel et de certains composés toxiques associés à la
chloration.

Le dioxyde de soufre (SO2) est couramment utilisé. Le


charbon actif peut également être utilisé pour la déchloration.
Quelques constatations
➢ la formation des sous-produits de la chloration dépend de la
concentration en chlore.
➢ Lorsque celui-ci est utilisé en complément d’un autre moyen
de désinfection, la gamme de concentration peut être réduite et
dès lors, la formation des sous-produits est moindre.
➢ Une élimination efficace des matières organiques par le
principe de floculation/filtration limite la formation de chlore
combiné première étape de production des sous-produits de
chloration.
➢ Le chlore reste dès lors essentiellement sous forme de chlore
libre : effet rémanent.
-Bien que la désinfection par chloration soit aisée à mettre en
œuvre, ce procédé nécessite néanmoins la maîtrise de
nombreux paramètres (pH, température, turbidité, temps de
contact, chlore libre résiduel) qui influent sur son efficacité
vis-à-vis des microorganismes.

-Lorsqu’il est utilisé d'autres procédés de désinfection


(ozonation, rayonnement UV) il sera toujours fait appel à la
chloration finale du fait du caractère rémanent du chlore, et
ceci afin de protéger l'eau contre toute pollution ultérieure,
lors de son transport et de son stockage.
6. Le stockage de l'eau Une fois rendue potable, l'eau est
transportée à travers un réseau de conduites fermées vers des
réservoirs situés généralement en hauteur : bassins enterrés
au sommet des collines ou châteaux d'eau.

7. La distribution de l'eau L'eau est distribuée au


consommateur au travers un système complexe de conduites
dotées de vannes et d'appareils de régulation. Le niveau des
réservoirs, le débit, la pression et la qualité de l'eau sont
contrôlés en permanence, en de nombreux points du réseau.

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