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Les Bonnes, Jean Genet

Les Bonnes, Jean Genet

FICHE DE LECTURE

Jean Genet

1947

Les Bonnes

Genre

Théâtre

Contexte
Les Bonnes est une pièce de théâtre écrite après
la fin de la Seconde Guerre mondiale par Jean
Genet. À la fois poète, écrivain et dramaturge
(auteur de pièces de théâtre), Jean Genet est
principalement connu pour avoir écrit sur des
sujets délicats, comme l’érotisme ou
l’homosexualité.
La pièce appartient au théâtre de l’absurde. Il
s’agit d’un courant littéraire datant du

XXe siècle. Il est révélateur de nombreux


bouleversements engendrant ainsi des histoires
décousues, des conversations absurdes entre les
personnages et une continuité du discours
hachée.
La pièce représente en quelque sorte une
parodie de la tragédie classique. À travers cette
œuvre, l’auteur critique la bourgeoisie du

XXe siècle.
Une adaptation cinématographique réalisée par
Nikos Papatakis a vu le jour en 1963. Le titre
choisi pour cette adaptation est Les abysses.
Cette pièce de théâtre a suscité la réalisation de
deux films qui s’en sont plus ou moins inspiré.
C’est le cas du film La cérémonie (réalisé par
Claude Chabrol en 1995) et Les blessures
assassines (réalisé par Jean-Pierre Denis
en 2000). Ce dernier film s’inspire également du
fait-divers des sœurs Papin, dont Les Bonnes
conserverait quelques similitudes au niveau des
personnages et des circonstances du drame.
Toutefois, Jean Genet persiste à affirmer que
l’affaire Papin n’est pas la source de son
inspiration (l’affaire Papin relate un fait-divers
survenu en 1933 au Mans, où deux employées de
maison ont froidement tué leurs patronnes).

Personnages
Claire Lemercier : Elle est la sœur cadette de
Solange Lemercier. Elle possède un fort
caractère et se montre souvent révoltée.

Madame : C’est la patronne de Claire et Solange.


Elle a failli être empoisonnée par les deux
sœurs, mais elle n’a pas bu l’infusion au tilleul
contenant le fameux poison et c’est ainsi qu’elle
a pu échapper de justesse à la mort.

Monsieur : C’est le mari de Madame.

Solange Lemercier : C’est la sœur aînée de Claire


Lemercier. Au contraire de sa sœur, elle est
timide et se comporte avec une grande douceur.
Solange et sa sœur Claire travaillent toutes deux
pour Madame.

Thèmes
Le malaise : L’auteur a mis en place plusieurs
stratégies afin de faire passer une sensation de
malaise. Qu’il s’agisse du texte lui-même ou de
la pièce jouée, le lecteur et le spectateur se
sentent a priori gênés, perturbés, notamment par
cet échange constant d’identités. Nous pouvons
supposer que Jean Genet fait référence à la
bourgeoisie lorsque les personnages échangent
leur place : quoi de plus provocateur que de
faire jouer à une employée de maison le rôle
d’une patronne, bourgeoise qui plus est ?

L’identité personnelle : La question de l’identité


propre à chaque individu est essentielle dans
cette pièce de théâtre. En effet, le lecteur
constate très rapidement que Claire et Solange
se mettent à la place de leur patronne Madame.
Voici un extrait qui illustre cet échange de rôles :

« CLAIRE :
Disposez mes toilettes. La robe blanche
pailletée. L’éventail, les émeraudes. »

« SOLANGE :
Tous les bijoux de Madame ? »

« CLAIRE :
Sortez-les. Je veux choisir. (Avec beaucoup
d’hypocrisie). Et naturellement les souliers
vernis. Ceux que vous convoitez depuis des
années. »

La bourgeoisie : La bourgeoisie est une classe


sociale reconnue comme « privilégiée » en
raison d’une situation financière et sociale aisée.
Jean Genet se sert de sa pièce comme d’un
instrument de critique de la bourgeoisie du

XXe siècle.

Résumé
Deux sœurs (Claire et Solange) travaillent pour
une femme du nom de Madame. Claire est
résolument révoltée et dynamique, tandis que
Solange est plutôt calme et timide. Malgré les
années qui unissent ce trio particulier, les deux
sœurs essaient de tuer leur patronne. Pour ce
faire, elles introduisent du poison dans une
infusion au tilleul. Madame ne boit pas le futur
mélange mortel et déjoue ainsi sans le savoir le
plan macabre de ses employées de maison.
Le mari de Madame, nommé Monsieur, est en
prison. En prévision de sa sortie prochaine,
Madame s’offre une nouvelle garde-robe, parmi
laquelle de nombreux chapeaux et robes.
Les personnages de la pièce échangent leur
place au fur et à mesure du déroulement de
l’histoire. La fin tourne au tragique : Claire joue
le rôle de Madame et boit l’infusion au tilleul
contenant le poison. Elle meurt donc à la place
de Madame.

Citation
« Je vous ai dit, Claire, d’éviter les crachats.
Qu’ils dorment en vous, ma fille, qu’ils y
croupissent. Ah ! ah ! vous êtes hideuse, ma
belle. Penchez-vous davantage et vous regardez
dans mes souliers. (Elle tend son pied que
Solange examine). Pensez-vous qu’il me soit
agréable de me savoir le pied enveloppé par les
voiles de votre salive ? Par la brume de vos
marécages ? »

« CLAIRE :
Je dis frôleuse. Si vous tenez à pleurnicher, que
ce soit dans votre mansarde. Je n’accepte ici,
dans ma chambre, que des larmes nobles. Le bas
de ma robe, certain jour, en sera constellé, mais
de larmes précieuses. Disposez la traîne,
traînée ! »

« SOLANGE :
Je vous hais ! Je vous méprise. Vous ne
m’intimidez plus. Réveillez le souvenir de votre
amant, qu’il vous protège. Je vous hais ! Je hais
votre poitrine pleine de souffles embaumés.
Votre poitrine… d’ivoire ! Vos cuisses… d’or ! Vos
pieds… d’ambre ! (Elle crache sur la robe rouge).
Je vous hais ! »

« SOLANGE, dure :
Surveille la fenêtre. Grâce à ta maladresse, rien
ne serait à sa place. Et il faut que je nettoie la
robe de Madame. (Elle regarde sa sœur). Qu’est-
ce que tu as ? Tu peux te ressembler,
maintenant. Reprends ton visage. Allons, Claire,
redeviens ma sœur… »

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