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Un Belge, de l’uranium et le 11 septembre

Un infatigable baroudeur

BRUXELLES Révélations sur l’assassinat en France de deux Congolais exécutés chacun


d’une balle dans la nuque et dont les cadavres calcinés ont été trouvés le 29 décembre 2000
dans une Renault Scenic incendiée a chasse sur-Rhône, à 20 km de Lyon.

Aimé Atembina et Philémon Nahluwindja Mukuba, qu’on appelait le Mwami (Petit Roi)
résidaient régulièrement à Paris et Bruxelles.

Un Belge de 46 ans, Benoit Chatel, est toujours inculpé en France du double assassinat.
Chatel qui connait l’Afrique et le Congo, vit en Espagne. Nous lui avons parlé.

Benoit Chatel nie dans nos entretiens, il raconte comment il était « en contact depuis des
semaines » avec les deux Congolais surtout Atembina, dans le cadre d’un projet de coup
d’Etat contre Kabila financé par la vente de barres d’uranium à Mohamed Atta.

Benoit Chatel s’implique dans une réunion organisée le mois précédent (novembre 2000) à
Paris  « dans une brasserie de la porte Maillot » avec Atembina, le Mwami et deux arabes,
dont Atta.

Impliqué 9 mois plus tard dans les attentats du 11 septembre, Mohamed Atta As-Sayed est en
fait le coordinateur des détournements et le pilote du premier avion à s’écraser sur le WTC.

Interrogé par la DH, Chatel de dit « certain à 99,9% d’avoir passé deux heures avec Atta, et de
lui avoir même payé le café ».

Son témoignage donne a pensé qu’Al-Qaïda avait envisagé un attentat nucléaire.

Pour Chatel, la réunion de Lyon du 26 au 27 décembre 2000 à laquelle Atembina et le Mwami


se rendaient après celle de la porte Maillot, en novembre, devait finaliser la vente d’uranium
enrichi. Elle fut fatale aux Congolais.

Chatel aurait du y participer. « Ils m’ont téléphoné depuis le TGV en insistant pour que je les
rejoigne en me disant qu’après, on ferait la fête. J’ai compris qu’un troisième les
accompagnait. Je savais que le coup d’Etat à Kinshasa était imminent. Ils avaient parlé de la
nuit du 31 décembre. J’ai refusé de les rejoindre. Je passais les fêtes à Crans-Montana. »

Chatel dit qu’il était informé des préparatifs depuis 18 mois. « J’informais Kabila en
sous-main. Et je communiquais à la DGSE. Les français voulaient le maintien de Kabila. »

Le coup d’Etat devait amener au pouvoir Jean-Pierre Bemba qui massait « des troupes, 4000
hommes » à Brazzaville, de l’autre coté du fleuve. Le Belge cite aussi le nom de
« Kamitatu », d’un « général Nzimbi » et d’un sous officier français, un « adjudant Bernard
Nouvion ». Le Belge ne manque pas d’ajouter celui d’un général qu’il appelle le « boucher de
Kisangani », Baramoto, un beau-frère d’Aimé Atembina.
« Baramoto qui participait avec Atta à la réunion de la porte de Maillot, je l’avait déjà
rencontré fin 1999 près de Bruxelles, avec notamment deux industriels belges de Drogembos
actifs à Kinshasa, deux frères disposés à l’époque à allonger les dollars. Je me souviens aussi
de deux civils qui s’étaient présentés comme des services belges. »

Atembina récoltait. Directeur de mines au Katanga (la Sodemci), le Mwami garantissait la


fourniture des barres d’uranium. Leur exécution fin décembre 2000 à Lyon aurait désamorcé
le coup d’Etat deux jours plus tard à Kinshasa et empêché un trafic de matière nucléaire
possible vers Al-Qaïda.

Laurent-Désiré Kabila, que Benoit Chatel, rentré des sports d’hiver, dit avoir revu à Kinshasa
le 10 janvier (« Il faisait une crise de malaria ») a quand même été tué (le 16 janvier).

Baramoto contacté à Bruxelles, se refuse à tout commentaire. Jean-Pierre Bemba attend d’être
jugé à la Haye.

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