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CHANGER
MARIE BÉRUBÉ ET MARC VACHON
© IDEO 2019, un département de City Éditions
Marc-Olivier et Marie-Noëlle,
petits-enfants
Le seul fait de rêver est déjà très important.
Je vous souhaite des rêves à n’en plus finir
Et l’envie furieuse d’en réaliser quelques-uns.
Je vous souhaite d’aimer ce qu’il faut aimer
Et d’oublier ce qu’il faut oublier.
Je vous souhaite des passions.
Je vous souhaite des silences
Je vous souhaite des chants d’oiseaux au réveil
Et des rires d’enfants.
Je vous souhaite de résister à l’enlisement,
À l’indifférence, aux vertus négatives de notre époque.
Je vous souhaite surtout d’être vous…
Jacques Brel
Avant-propos
Quand j’étais adolescent, je rêvais d’être un écrivain. J’aimais la littérature
à laquelle m’avaient initié plusieurs professeurs passionnés. Vers la fin de
mon lycée, alors que je devais choisir mes études universitaires, mon cœur
balançait entre deux orientations : Lettres et Psychologie. J’ai finalement
choisi cette dernière, ce que je n’ai jamais regretté, bien au contraire.
Malgré tout, mon rêve d’écrire est resté intact. J’ai d’ailleurs beaucoup
écrit tout au long de ma vie. Pour moi surtout, pour réfléchir et me
comprendre, posant des mots sur papier afin de mettre de l’ordre dans mes
sentiments et mes pensées. Pour les autres aussi, les mêmes mots me
permettant cette fois, je le souhaitais en tout cas, d’aider en proposant des
idées et des moyens de mieux vivre sa vie.
Aujourd’hui, je réalise ce vieux rêve de publier un livre. Il ne met pas en
scène des personnages sortis de mon imaginaire ni des péripéties inventées,
comme dans le roman que je rêvais d’écrire plus jeune, mais il signifie
encore plus pour moi. Dans les prochaines pages se trouvent en effet
assemblés plusieurs des outils qui m’ont aidé à vivre, à progresser et à
réaliser bien d’autres rêves. Il n’y a rien ici que je n’aie pas pratiqué, jour
après jour, jusqu’à ce que cela fasse partie de mon identité. Ces moyens ont
fonctionné pour moi, ils m’ont permis de me connaître et de m’épanouir, et
je souhaite qu’il en soit ainsi pour vous, lecteur.
Je crois, au plus profond de moi, que nous sommes tous beaucoup plus
que ce que nous croyons être. Rêver permet justement d’entrevoir à
l’avance qui nous sommes au mieux de ce que nous sommes. Et quand on
s’investit, semaine après semaine, année après année, dans cette direction,
ce n’est qu’une question de temps avant que le rêve ne se concrétise. Sa
réalisation ne sera peut-être pas tout à fait à l’image de ce que nous
imaginions au départ, mais notre rêve existera à sa manière à lui, et c’est ce
qui importe.
Ce livre a maintenant lui aussi sa propre existence. Qui que vous soyez,
lecteur, je rêve maintenant qu’il vous aide à avancer d’un pas, qu’il vous
donne l’impulsion nécessaire pour changer et qu’il déclenche en vous la
même étincelle qu’ont provoquée en moi certaines personnes et certains
livres à des moments importants de ma vie.
Devenir tout ce que nous pouvons être, voilà, je crois, ce que l’on doit à
ceux et celles qui en sont empêchés en raison d’une carence intellectuelle
ou physique, ou de l’oppression qui les tient dans l’ignorance, ou de la
famine qui les oblige à lutter à chaque instant juste pour survivre… Alors,
osez changer et mettez résolument le cap sur vos rêves.
Marc Vachon,
1
Changer de cap
Avez-vous déjà rêvé de changer de cap à 180 degrés ou, à tout le moins,
de changer un aspect important de votre vie ? Avez-vous déjà souhaité
changer de carrière, lancer votre entreprise ou retourner aux études ? Vous
arrive-t-il d’avoir envie d’aller vivre à la campagne, dans une autre ville,
une autre région, un autre pays peut-être ? Si vous étiez certain de réussir,
seriez-vous prêt à entreprendre un changement majeur dans votre vie ?
Il nous arrive souvent, dans nos conférences, de poser des questions de ce
genre à notre auditoire. À chaque fois, après quelques instants de réflexion,
plus de la moitié des personnes qui le compose répond qu’elle rêve de
changer de vie, ce que confirment d’ailleurs deux sondages plus
scientifiques, l’un effectué à l’échelle du Canada1, et l’autre en France2.
Vous pensez sans doute qu’il est bien facile de rêver, mais que c’est une
tout autre affaire de réaliser ses rêves. Combien posent les gestes qu’il faut
pour y arriver, selon vous ? 5 % ? 10 peut-être ?
Croyez-le ou non, selon le sondage canadien, une personne sur quatre
brave la peur, la résistance, l’inconnu pour entreprendre une démarche
importante de changement qui va la conduire, selon ses dires, à être plus
heureuse, plus à l’aise financièrement ou en meilleure santé.
Résultats étonnants, et qui surprennent d’autant plus que nous baignons
quotidiennement dans un climat d’inquiétude et de défaitisme qui n’a rien
pour inspirer une démarche de changement.
Pourtant, si vous ressentez au plus profond de vous-même ce désir de
renouvellement, si vous êtes capable d’imagination et si vous avez le goût
de reprendre contact avec vos rêves, ce livre est pour vous. Vous pourrez y
puiser une démarche concrète et des outils utiles qui vont alimenter votre
élan et vous stimuler dans la mise en œuvre des changements que vous
souhaitez.
Voici d’abord un bref tour d’horizon de ce qui vous attend dans les
prochaines pages.
Et le temps ?
La vie est une maladie mortelle sexuellement transmissible, dit avec
humour Woody Allen. Nous sommes des êtres mortels et personne ne
connaît la durée de sa vie. Nous mourrons peut-être demain, dans dix ans,
dans soixante ans… Ce qui est sûr, c’est que le temps nous est compté.
Une fois que nous avons décidé de l’orientation à donner à notre vie, tout
ce qui nous sépare de notre objectif, c’est le temps. Ce qui nous en
rapproche, ce sont les gestes que nous posons. Le chapitre 7 devrait
stimuler encore plus votre goût de passer à l’action. En apprenant comment
fixer des étapes intermédiaires, accessibles et réalistes, vous pourrez mieux
ancrer vos rêves dans la réalité. Et comme le temps nous manque souvent
pour ce qui compte vraiment, nous prendrons une partie de ce chapitre pour
vous exposer une méthode qui vous permettra d’utiliser au mieux cette
denrée précieuse qu’est le temps.
Que vous travailliez au bureau ou à l’usine, dans un centre hospitalier ou
dans une maison d’enseignement, à la maison ou ailleurs, il vous arrive
certainement de vous retrouver, le soir, complètement épuisé, avec
l’impression de n’avoir rien fait de valable et d’avoir plutôt passé votre
journée à éteindre des feux. Tiraillé entre les téléphones, les rendez-vous, le
travail qui s’accumule, les impératifs familiaux, les courses, le ménage, il
vous reste peut-être juste assez d’énergie pour vous étendre devant le
téléviseur et vous promener d’une chaîne à l’autre jusqu’au moment d’aller
au lit.
Il nous arrive à tous de ne pas distinguer les tâches qui comptent de celles
qui comptent moins et de mettre tout ce qui se présente à nous sur le même
plan. Nous manquons alors de temps et nous remettons à plus tard un tête-à-
tête, une lecture, un voyage, un projet de livre, une soirée entre amis, un
spectacle, un hobby, ou ce simple geste qui nous aurait fait avancer dans la
réalisation d’un rêve. Le stress augmente, les insatisfactions s’accumulent,
la mauvaise humeur s’installe, les problèmes digestifs et les troubles du
sommeil apparaissent. Et pendant ce temps-là, la vie passe…
Les personnes les plus stressées sont celles qui sont perpétuellement
habitées par un sentiment d’urgence, occupées qu’elles sont à répondre aux
demandes des autres. Elles ne parviennent pas à se réserver du temps pour
des activités qui les réalisent, qui leur redonnent de l’énergie, qui les
actualisent. Pourtant, il s’agit bien souvent d’une simple question d’emploi
du temps. Non pas parce qu’un bon emploi du temps élimine les demandes,
mais parce qu’il permet d’intégrer, dans ses priorités, des activités de
l’ordre de l’épanouissement, sans attendre que ne survienne la maladie,
l’épuisement, la crise existentielle… ou la retraite.
Au chapitre 7, vous pourrez donc évaluer l’usage que vous faites de votre
temps dans votre vie. Vous y apprendrez surtout comment l’utiliser en
fonction de vos valeurs, comment programmer judicieusement vos activités
et ne pas vous laisser paralyser par une tâche.
de changement
Tout changement, même souhaité, charrie avec lui son lot d’émotions, et
certaines sont plutôt destructrices. Telles peuvent être la peur, l’inquiétude,
l’insécurité, la colère, la frustration ou la démotivation, autant d’états
d’esprit qui peuvent nous paralyser et mettre en péril nos efforts.
Or, ceux qui parviennent à changer se caractérisent non seulement par leur
capacité à ne pas se laisser arrêter par ces émotions, mais aussi par leur
habileté à provoquer en eux des états d’esprit positifs, tels l’enthousiasme,
l’entrain, la curiosité, la gratitude, l’assurance, l’humour, la passion, la
détermination, la confiance en soi, la compassion.
Pourquoi est-ce si vital ? Tout simplement parce que nos comportements
dépendent directement de ces états d’esprit. Qu’il nous suffise de penser à
ces journées où nous nous levons du mauvais pied et pendant lesquelles
nous avons l’impression que rien ne fonctionne, que tout va de travers, que
tout ce que nous entreprenons n’aboutit à rien. Certains vont y voir le signe
du destin qui s’acharne sur eux, d’autres diront que les personnes qui les
entourent font vraiment tout pour les contrarier, d’autres encore se
plaindront de la température, du manque de sommeil ou de la mauvaise
qualité de l’air. Toutes ces explications ne sont peut-être pas sans
fondement. Mais elles laissent aussi supposer que l’individu est une victime
passive des événements extérieurs et de ses émotions. Or il est possible, et
même probable, que notre état d’esprit de départ ait lui-même conditionné
nos comportements, pavant ainsi la voie à la lamentable journée que nous
avons vécue.
Toute personne qui désire entreprendre une démarche de changement doit
prendre la responsabilité de ses états d’esprit et cesser de croire qu’ils
dépendent des événements extérieurs. Si vous ne parvenez pas à maîtriser
vos états d’esprit, vous êtes condamné à être contrôlé par eux, victime
impuissante du temps qu’il fait, du résultat d’une partie de hockey ou de
football, ou de l’humeur des gens qui vous entourent. Voilà, sans aucun
doute, une habileté fondamentale à développer pour réaliser ses rêves.
Bien sûr, modifier des états d’esprit paralysants pour en provoquer
d’autres plus dynamisants demande plus qu’un simple acte de volonté. Mais
nous croyons qu’il est possible d’y arriver. Nous allons donc vous proposer,
aux chapitres 8 à 11, des stratégies qui vous aideront dans cette démarche.
Que vous soyez en train de mettre en œuvre les changements dont vous
avez rêvé, ou d’en subir d’autres que vous n’avez pas souhaités, ces moyens
concrets vont faire toute la différence. Leur connaissance et leur application
nous ont d’ailleurs beaucoup aidés nous-mêmes à réaliser nos propres rêves
et à passer à travers des moments difficiles.
La maîtrise de nos états d’esprit ne se réalise toutefois pas en vase clos.
Nous vivons en effet dans un environnement qui nous sollicite sans cesse. À
chaque seconde, des millions d’informations bombardent nos sens. Ne
pouvant accorder son attention à tout en même temps, notre cerveau opère
donc un choix, sélectionnant certaines informations et en éliminant d’autres.
Or, et il faut en prendre conscience, nous devenons ce sur quoi nous
concentrons notre attention. Pour mieux comprendre, voici un exemple.
Vous êtes en vacances, dans votre jardin, avec quelques invités. Votre
attention se promène librement et passe des gouttelettes d’eau qui perlent
sur votre verre au papillon qui vole au-dessus des fleurs, pour revenir
ensuite à la conversation enjouée de deux de vos amis. Bref, vous êtes
détendu. À brûle-pourpoint, l’un d’eux vous demande si vous avez hâte de
retourner travailler la semaine prochaine. Tout de suite, avant même de
répondre, votre attention se déplace vers le lundi qui vient et votre cinéma
intérieur vous présente, plus vraie que vraie, l’image de votre bureau qui
déborde de dossiers tous plus urgents les uns que les autres. Voilà que vous
ressentez un malaise au creux de l’estomac. En un instant, votre état
d’esprit s’est modifié parce que vous avez centré votre attention sur une
autre partie de la réalité qui, c’est le moins qu’on puisse dire, ne semble pas
vous enthousiasmer vraiment. Peut-être même allez-vous perdre votre
bonne humeur, blâmant plus tard ces malotrus d’avoir gâché votre journée
de vacances.
Ce genre de situation, qui nous arrive à tous, illustre bien l’importance
qu’il faut accorder à ce sur quoi nous portons notre attention. Il témoigne
aussi de la nécessité de protéger notre état d’esprit contre les « poisons »
extérieurs qui le menacent.
Les personnes qui réussissent à introduire des changements dans leur vie,
ou à progresser à travers des moments difficiles, semblent décider
consciemment à qui et à quoi elles veulent faire cadeau de leur attention.
Leur état d’esprit en dépend et, par conséquent, leurs comportements. Ce
savoir-faire, qui est au cœur même de toute démarche de changement,
s’apprend. Nous vous montrerons donc comment faire le meilleur usage de
votre cinéma intérieur et comment modifier vos façons de voir pour
maintenir ces états d’esprit essentiels qui vont soutenir votre démarche et
accélérer le processus du changement. Vous aurez, entre autres, l’occasion
d’expérimenter un exercice qui, pratiqué régulièrement, modifie
durablement notre humeur pour le mieux, diminuant ainsi le stress et
l’anxiété.
Les autres
L’être humain étant un être social, nul changement important n’est
possible sans la collaboration des autres. En fait, les personnes qui nous
entourent constituent une des richesses les plus importantes dont nous
disposons pour introduire un changement et cheminer dans la réalisation de
nos rêves. Rien ne s’accomplit sans l’aide des personnes qui peuplent notre
intimité ou que nous rencontrons à divers moments sur notre route.
Si vous vous intéressez aux autres et savez écouter, si vous êtes doué de
cette intelligence relationnelle qui permet de communiquer avec respect,
vous disposez d’atouts majeurs dans la démarche que vous entreprenez. Ces
avantages vous permettront même d’aider les autres à progresser avec vous.
Au chapitre 11, nous nous arrêterons donc à une importante clé de la
réussite : l’art de susciter un climat de confiance dans vos rapports avec les
autres. Vous y apprendrez comment créer des ponts avec ceux qui vous
entourent, comment aussi les recréer quand ils sont rompus, dans le respect
des objectifs et des valeurs de chacun. Et surtout, vous y apprendrez une
voie royale vers la réalisation de ses rêves.
Nous tenons enfin à vous présenter une dernière clé sans laquelle aucun
accomplissement n’est possible : la flexibilité et la capacité de lâcher prise.
Plutôt que d’abandonner ou de se décourager, celui qui veut aller de l’avant
doit posséder cette habileté à faire le deuil de manières de faire habituelles,
quand elles ne donnent pas les résultats voulus, pour explorer de nouvelles
avenues. Dans le chapitre 12, vous comprendrez pourquoi il est normal
d’éprouver des difficultés à lâcher prise. Plus encore, vous apprendrez
comment vous pouvez y arriver sans devoir sacrifier votre objectif.
De rêveur à acteur
Voilà donc un aperçu de ce voyage que vous vous apprêtez à entreprendre
avec nous. Si vous êtes prêt à introduire des changements dans votre vie et à
découvrir de nouvelles facettes de votre personnalité, vous vous apprêtez à
vivre une magnifique aventure qui fait que la vie vaut la peine d’être vécue.
C’est un grand privilège que vous nous accordez de nous laisser vous
accompagner tout au long de ce périple, sur cette route où vous allez
découvrir, c’est notre conviction la plus profonde, que vous êtes tellement
plus que ce que vous croyez être. Passer de rêveur à acteur dans sa propre
histoire est, sans aucun doute, un grand plaisir de cette existence et un des
fondements d’une vie épanouie et heureuse.
Laissez donc monter en vous l’excitation que l’on ressent avant de partir
pour un long voyage de découvertes : vous ne serez plus jamais le même,
c’est promis.
1. Isabelle Pauzé, « Changer de cap », in Sélection du Reader’s Digest, Canada, novembre 2005.
2. Ghislain de Montalembert, « 79 % des Français en rêvent : changer de vie ! », Le Figaro magazine, 17 avril 2009.
3. Marguerite Lescop, Le Tour de ma vie en 80 ans, autobiographie, Éditions Lescop, 1996.
4. Id., En effeuillant la Marguerite, autobiographie, Éditions Lescop, 1998.
2
La santé physique
C’est le fondement de tout. C’est l’énergie vitale, fondamentale, celle qui
nous permet de passer activement à travers nos journées, de travailler et de
réaliser nos projets. Pour la préserver et l’entretenir, nous nous efforçons de
bien nous alimenter, de rester en forme, de perdre du poids peut-être. Il
suffit d’ailleurs d’en être privé pour en mesurer toute l’importance.
La santé émotionnelle
C’est le carburant émotionnel qui alimente notre vie et lui donne toute sa
saveur. C’est la passion qui nous anime, le feu intérieur qui nous aide à faire
reculer nos barrières, c’est le courage, l’assurance, la confiance en soi, la
motivation. Pour la protéger, nous essayons d’éviter les trop grands stress,
d’entretenir des émotions dynamisantes et de canaliser le mieux possible
celles qui menacent de nous paralyser.
La famille
C’est une grande source de bonheur pour la plupart d’entre nous et
probablement une des valeurs dominantes chez un grand nombre de
personnes. C’est à elle que nous faisons spontanément appel dans les coups
durs, comme c’est vers elle que la majorité d’entre nous se tourne dans les
grands moments de célébration. Elle inclut, bien sûr, le couple, les enfants,
les parents, les frères et sœurs et la famille élargie.
Les amis
C’est la famille du cœur, celle que nous choisissons et qui nous accepte
tels que nous sommes. Ce sont ces personnes élues qui nous accompagnent
à certaines périodes de notre existence, et parfois même tout au long de
notre vie. Ce sont ces gens que nous retrouvons avec plaisir et qui nous
accueillent avec chaleur, ceux avec qui nous aimons rire et échanger autour
d’un bon repas ou en partageant une activité de loisir.
La santé financière
C’est une importante récompense de notre travail. Grâce à elle, nous
pouvons satisfaire nos besoins fondamentaux et ceux des personnes qui
dépendent de nous. Elle nous permet également d’accéder à un confort
certain, de voyager, de nous procurer des biens de consommation et de
contribuer aux œuvres qui nous tiennent à cœur.
La spiritualité
C’est tout ce qui nous met en contact avec plus grand que nous, avec la
nature, la création, l’infini, Dieu. C’est l’essence même de notre être, la
pulsion vitale qui nous met en communion avec l’ensemble de l’univers.
C’est cet immense réservoir d’énergie auquel il nous arrive de nous
abreuver à l’occasion, par exemple devant un paysage exceptionnel, un
magnifique coucher de soleil, ou lors d’une expérience mystique.
Voilà donc six domaines de la vie personnelle qui font à peu près
l’unanimité. Plusieurs personnes trouveront cependant plus pratique de
distinguer la famille et le couple et d’en faire deux catégories différentes.
D’autres vont créer un domaine spécifique qui regroupera tout ce qui touche
à l’apprentissage, à la création, à la culture, à ce qui permet de se
développer et de grandir. D’autres encore accorderont une place spéciale à
leur engagement dans la communauté, au bénévolat, ou encore identifieront
expressément une de leurs passions. Le nombre de catégories retenues peut
donc varier sensiblement d’une personne à une autre.
Prenez donc quelques minutes de réflexion pour répondre à votre tour à
cette question : quels sont les grands domaines de votre vie personnelle,
ceux que vous trouvez important d’enrichir et de développer pour être
heureux ? Consignez-les ensuite par écrit dans votre cahier avant de
poursuivre votre lecture. Ne vous contentez pas de ne faire l’exercice qu’en
pensée, sans rien écrire, en vous réfugiant derrière des excuses comme : Je
n’ai pas le temps ! Je ne suis pas au bon endroit ! Je suis trop fatigué ! Je
n’ai pas de cahier ! Je n’ai pas de crayon ! Partir à la recherche de ce qui
vous manque est déjà un premier geste concret dans votre démarche…
Figure 1
Pour compléter le graphique, vous n’avez plus qu’à transposer, dans
chacune des pointes de votre cercle, les valeurs chiffrées que vous avez
définies dans votre inventaire. Convenons que la valeur zéro (0) est en plein
centre du cercle, là où les lignes se croisent, et que la valeur cent (100) se
trouve à la périphérie. Tracez maintenant dans chaque pointe une ligne
transversale qui correspond à votre évaluation, comme l’illustre l’exemple
de la figure 2.
Figure 2
Vous venez de dessiner la première roue sur laquelle roule votre vie.
La deuxième roue, c’est celle de votre vie professionnelle, que vous
pouvez maintenant dessiner en procédant de la même manière. Tracez donc
un deuxième cercle et, comme vous l’avez fait précédemment pour votre
vie personnelle, séparez-le en autant de sections que nécessaire en y
transposant chacune des catégories professionnelles retenues, puis en
traçant une ligne transversale qui correspond à la valeur que vous lui avez
attribuée.
L’équilibre
On entend souvent parler de « l’équilibre travail-famille ». Mais cette
notion demeure trop souvent restrictive et abstraite.
Elle est restrictive, parce qu’elle ne prend en compte que deux des
nombreuses composantes de notre vie, et encore en termes très généraux.
C’est également une notion abstraite, dans la mesure où elle n’offre aucun
moyen concret pour mesurer l’équilibre dont elle se réclame.
Il en va tout autrement pour l’inventaire que vous venez de dresser. Ce
double graphique constitue, en effet, une représentation imagée de
l’équilibre qui règne dans votre vie, avec ses forces et ses faiblesses. Pareil
à une radiographie prise à un moment précis, il fournit une image complète
et nuancée de l’équilibre qui règne dans votre vie et suggère même déjà des
pistes à emprunter pour l’enrichir.
Comme nous menons bien souvent nos vies à cent kilomètres à l’heure, il
est essentiel que notre véhicule s’appuie sur deux roues bien équilibrées,
sous peine de tensions qui nous forceront, tôt ou tard, à ralentir, sinon à
nous arrêter pour réparer les dommages. Ces tensions, ce sont les stress
exagérés que nous nous imposons et qui s’accompagnent d’états d’esprit
qui usent prématurément, comme l’irritabilité, le découragement,
l’insatisfaction, la démotivation, l’anxiété, la peur, la nervosité, la
frustration, le doute et la culpabilité. Quant aux dommages résultant des
mauvais traitements répétés imposés à notre « véhicule », ils peuvent se
présenter sous diverses formes, telles l’insomnie, les maux de tête ou de
dos, l’hypertension artérielle, les troubles de l’appareil digestif, la baisse de
la libido ou l’impuissance, les malaises cardiaques et la dépression.
Alors ! Ça roule ?
Vous trouverez certainement plus aisé maintenant de répondre aux
questions que nous avons posées en début de chapitre. D’un seul coup
d’œil, vous pouvez embrasser le bilan de votre vie. Prenez donc un peu de
temps pour examiner de plus près les deux roues dont dépend votre
équilibre.
Autant dans votre vie personnelle que dans votre vie au travail, il y a
certains domaines où votre niveau de satisfaction est plus élevé qu’ailleurs.
S’il en est ainsi, c’est probablement que vous y mettez beaucoup de votre
énergie et de votre temps, peut-être parce que c’est plus facile pour vous ou
que vous privilégiez particulièrement ces domaines dans votre échelle de
valeurs. Si votre couple se porte bien, en effet, c’est sans doute que vous
prenez le temps de l’alimenter. Ce n’est pas un hasard non plus si votre
santé physique est au mieux ; il y a fort à parier que vous y mettiez les
efforts nécessaires. Si votre réseau de contacts est particulièrement étendu,
c’est que vous avez pris soin de le créer et de l’entretenir. Si le service à la
clientèle de votre entreprise est si performant, c’est que vous en avez fait
une priorité et que vous consacrez les ressources nécessaires pour former
votre personnel en ce sens.
Est-ce à dire que les domaines les moins développés souffrent forcément
d’un manque d’implication de votre part ? C’est vous qui pouvez le mieux
répondre à cette question. Bien sûr, personne n’est à l’abri d’un accident de
parcours qui diminue le niveau de son énergie physique, d’un coup dur qui
mine sa santé psychologique, ou d’un imprévu qui perturbe ponctuellement
l’un ou l’autre domaine de sa vie. Mais bien souvent, les domaines les
moins développés souffrent d’une carence d’engagement de notre part, soit
par négligence, soit par manque d’intérêt, d’habileté ou de moyens, soit tout
simplement en raison de croyances qui paralysent notre action.
Il se peut enfin que votre degré de satisfaction soit à peu près le même
dans chacune des composantes de votre vie, mais sans toutefois atteindre un
niveau très élevé. Est-il possible alors que votre vie se déroule relativement
bien, mais qu’elle ne soit pas à la hauteur de vos aspirations et de vos
attentes ? Peut-être même, à la limite, fonctionnez-vous en mode survie.
Vous seriez alors, pour reprendre l’analogie utilisée plus haut, un peu
comme une bicyclette équipée de deux petites roues : même si elle roule
relativement bien, elle requiert cependant beaucoup plus d’énergie pour
parcourir la distance qu’un vélo mieux équipé couvrirait en quelques tours
de pédalier.
Quelles que soient les carences que vous signale votre inventaire, il ne
s’agit pas pour l’heure de chercher des excuses ou de distribuer les blâmes.
Il s’agit tout simplement de prendre acte des forces et des faiblesses que
vous avez détectées. Faire le point sur ses réussites et ses insatisfactions est
déjà un pas important sur la voie du changement.
Avant d’aller plus loin, permettez-nous d’insister encore une fois, auprès
de ceux qui ne l’auraient pas encore fait, sur l’importance de dresser dès
maintenant leur bilan et d’en consigner les résultats par écrit. En vous
permettant de vous centrer sur ce qui compte le plus pour vous, il vous
donnera peut-être le signal que vous attendiez pour passer concrètement à
l’action. Mais surtout, il sera la pierre d’assise sur laquelle, dans les
chapitres suivants, nous nous appuierons pour donner une forme plus
concrète à votre désir de changement.
L’importance du rêve
« Ayez des rêves et travaillez très fort pour les réaliser ! Mais surtout,
faites des choses que vous aimez parce qu’alors, les efforts pour les
atteindre paraîtront moins exigeants. » Cette recommandation sort tout droit
de la bouche de Julie Payette, première astronaute canadienne, qui
s’exprimait ainsi en 1999, juste avant son premier voyage dans l’espace à
bord de la navette spatiale Discovery.
Nous retrouvons dans cette phrase trois éléments fondamentaux et
indissociables pour réussir à introduire des changements dans notre vie. Le
premier, c’est le rêve. Bien avant de répondre à l’annonce de la Nasa qui
recherchait des astronautes, Julie Payette avait dit : « Un jour, je partirai
dans une fusée et je ferai le tour de la Terre pour contempler le monde6. »
D’où la nécessité de voir loin, de laisser notre imaginaire créer ce qui
n’existe pas encore et que nous désirons voir apparaître dans notre vie. Le
second élément, c’est la découverte de nos intérêts. Apprendre à nous
connaître, donc, afin que nos désirs et nos choix correspondent
profondément à ce que nous sommes et qu’ils ne résultent pas bêtement
d’un caprice, d’une mode ou, pire, des besoins des autres. Le troisième
élément, c’est l’effort et son corollaire, la persévérance, qui permettent de
faire les choix qui s’imposent, de travailler jour après jour, patiemment,
pour maîtriser les habiletés qui rendront possible le changement. Voilà ce
qui a permis à la petite fille de dix ans, qui regardait avec envie les
reportages télévisés sur les missions spatiales américaines, de faire partie du
vingt-sixième vol de la navette spatiale.
Vous objecterez peut-être qu’il est question ici d’une femme brillante,
exceptionnellement douée, et surtout pas d’une personne ordinaire. Sans
doute. Mais contrairement à ce que l’on croit souvent, ce ne sont pas
nécessairement les gens les plus talentueux qui persévèrent jusqu’à la
réussite. Ce sont ceux qui sont animés, au départ, par un rêve, par un vif
désir de réussir, et qui sont prêts à investir le temps et l’énergie nécessaires
pour poser les gestes qu’il faut, même si ce n’est pas toujours palpitant.
Quand il avait cinq ans, Alexandre Despatie, comme bien des enfants qui
s’amusent dans la piscine familiale, démontrait un intérêt pour le plongeon.
Mais ce sont les efforts qu’il a déployés, jour après jour, pour se
conditionner physiquement et mentalement, pour répéter les mêmes gestes
et pour supporter la monotonie des entraînements, qui lui ont permis d’être
le champion qu’il est devenu7.
Vous n’ambitionnez sans doute pas de gagner une médaille olympique ou
d’effectuer un voyage dans l’espace. Votre rêve à vous, c’est peut-être
d’abandonner une habitude que vous jugez nuisible, d’avoir une relation de
couple plus satisfaisante, de maîtriser un instrument de musique,
d’apprendre une nouvelle langue ou de lancer votre propre entreprise. Ou
encore, vous souhaiteriez orienter autrement votre vie professionnelle et
vous investir dans un travail où vous auriez l’occasion de rencontrer
d’autres personnes, dans un environnement plus stimulant, en ayant le
sentiment d’être plus utile, plus créatif, mieux payé. Peut-être même êtes-
vous depuis longtemps attiré par l’idée d’aller à l’étranger pour œuvrer en
coopération internationale.
Quels que soient les changements auxquels nous aspirons, ils prennent
tous d’abord racine dans notre imaginaire et dans le formidable potentiel
d’énergie qu’il recèle. Pour chacun d’entre nous, comme pour ceux et celles
dont les exploits font parfois la une des journaux, la pierre angulaire d’un
changement réussi, c’est notre capacité à lever un coin du rideau qui
masque nos rêves.
À quoi rêvez-vous ?
Il est souvent difficile de savoir par où commencer lorsque vient le temps
de formuler des projets et d’expliciter nos rêves. Cela peut même nous
sembler compliqué, voire décourageant. Tel n’est cependant pas le cas avec
la démarche que nous allons maintenant vous proposer. Simple, concrète,
elle vous facilitera grandement la tâche et vous permettra d’amorcer les
changements auxquels vous aspirez.
Notre démarche s’appuiera largement sur le bilan de votre vie personnelle
et professionnelle que vous avez dressé au chapitre précédent. Détaillé et
chiffré, cet inventaire vous a déjà permis de prendre la mesure de vos
propres réussites et insatisfactions. Il est donc la pierre d’assise idéale sur
laquelle édifier votre vision d’avenir et lui donner une première forme
concrète.
Pour les fins de l’exercice, nous allons nous concentrer essentiellement sur
l’univers de votre vie personnelle, étant bien entendu que vous pourrez
ensuite appliquer la même procédure à la sphère de votre vie
professionnelle. En vous appuyant, donc, sur ce que vous avez déjà noté
dans votre bilan personnel, que rêvez-vous de changer, de vivre ou de
réaliser dans cette importante sphère de votre vie ?
N’ayez crainte, nous vous donnerons ci-dessous quelques repères pour
vous guider dans la formulation de vos réponses. Pour l’instant, permettez-
nous d’insister sur un point capital. Une des clés pour réussir cet exercice,
c’est de mettre de côté votre sens critique, d’imaginer qu’il suffit
d’exprimer vos rêves pour qu’ils prennent forme, un peu comme si vous
aviez en main la lampe d’Aladin. C’est de cette façon que vous vous
engagerez sur la voie de vos aspirations profondes et que vous formulerez
des objectifs que vous serez ensuite motivé à atteindre.
L’autre clé du succès, c’est de ne pas hésiter à hausser vos standards
habituels. Qu’est-ce qu’un standard ? C’est une norme de fonctionnement
ou de développement fixée par la société, par l’entourage ou par soi-même.
C’est ce que nous considérons comme notre niveau normal de performance
ou de développement. Il y a, en effet, trois choses à modifier quand nous
voulons arriver à un changement qualitatif intéressant : tout d’abord, nos
standards, ensuite, les croyances qui nous limitent et, enfin, les stratégies
inefficaces. Nous reviendrons plus en profondeur sur les croyances et les
stratégies dans les prochains chapitres. Mais pour que vous compreniez
mieux ce qu’est un standard, nous allons à nouveau vous faire part d’une
expérience.
Avant d’entamer leur périple vers Saint-Jacques-de-Compostelle, plusieurs
pèlerins en puissance sont déjà des amateurs de marche, cela ne fait pas de
doute. Mais, contrairement à ce que l’on pourrait croire, la majorité d’entre
eux ne sont pas des habitués des longues randonnées. Tout au plus se
livrent-ils, à l’occasion, à des balades de cinq ou dix kilomètres, et encore
avec un bagage très léger. Voilà leur standard. Or, quand ils partiront à pied
sur les routes de France et d’Espagne et qu’ils emprunteront le Camino
francés, chemin le plus fréquenté par les pèlerins, ils s’engageront dans un
périple de plusieurs centaines de kilomètres, pendant lequel il leur faudra
parcourir tous les jours, bien souvent, vingt et parfois trente kilomètres,
avec un bagage d’une dizaine de kilos sur le dos. Inutile de dire que l’esprit
se rebelle à la perspective d’entreprendre et de mener à terme une telle
expédition. Pour y arriver, le marcheur devra donc hausser ses standards
habituels, développer progressivement la croyance qu’il est possible de
venir à bout d’une telle distance, et poser quotidiennement les gestes qui lui
permettront, un pas à la fois, c’est le cas de le dire, de se renforcer et de
dépasser ses limites actuelles.
C’est la même chose quand nous voulons modifier l’un ou l’autre aspect
de notre vie. Chacun de nous possède des normes de fonctionnement et de
performance qui lui sont coutumières, sa zone de confort qui lui procure
sécurité et tranquillité d’esprit, même si elle ne lui offre pas toujours la joie
et la satisfaction qu’il peut espérer. Or, l’exercice que nous vous proposons
maintenant vous fournit une occasion en or pour fixer, dans certains
domaines de votre vie, de nouveaux standards. Ils vous apparaîtront peut-
être inaccessibles au départ, mais ils feront, demain, partie de votre vie
parce que vous y aurez cru et que vous aurez posé les gestes requis pour les
atteindre. Rappelez-vous : vous êtes beaucoup plus que ce que vous croyez
être.
Revenons donc maintenant à la sphère de votre vie personnelle et aux
changements que, sur la base de l’inventaire que vous en avez dressé, vous
souhaiteriez y apporter. Arrêtons-nous d’abord à la catégorie Santé
physique. À quoi rêvez-vous dans ce domaine particulier de votre vie ?
Quelle sorte de personne désirez-vous être physiquement ? Que voudriez-
vous améliorer ? Si vous étiez sûr de réussir, qu’est-ce que vous
souhaiteriez pour vous-même à cet égard ?
Suspendez un instant la question, bien naturelle, de savoir comment vous
allez vous y prendre et reprenez contact avec l’enfant en vous qui croit qu’il
lui suffit de demander pour obtenir ce qu’il veut. Fermez les yeux et prenez
le temps d’imaginer, dans votre cinéma intérieur, la personne que vous
souhaitez devenir. Comment vous voyez-vous physiquement au mieux de
votre forme ? Même si vous êtes encore loin de cette réalité, écrivez dans
votre cahier la vision qui va donner une direction à vos efforts
d’amélioration et de changement dans le domaine de votre santé physique.
Il ne s’agit pas ici d’écrire des choses comme : Je veux faire de l’exercice
ou : Je veux manger plus de légumes ou Je veux m’inscrire dans un centre
d’entraînement. Ce sont là des moyens – que vous allez peut-être d’ailleurs
choisir de mettre en action un peu plus tard. Pour le moment, décrivez
plutôt ce à quoi vous rêvez pour vous dans ce domaine, quelque chose qui
vous mobilise et qui vous attire. Et n’hésitez pas à voir grand.
Voici comment des participants à nos ateliers ont formulé leur propre
vision dans ce domaine. Un premier écrit : Je vois un corps sain, qui
dégage une grande énergie et dans lequel je me sens bien, confortable. Je
me vois en possession d’un véhicule physique qui me permet d’accomplir
facilement mes journées et qui me porte dans l’atteinte de mes désirs les
plus chers.
Un autre écrit : Mon corps est un exemple de beauté, de force, de vitalité,
de puissance, d’endurance et il m’aide dans ces activités qui me permettent
de rendre ce monde encore meilleur.
La sphère professionnelle
En procédant à l’inventaire de votre vie professionnelle, vous avez
probablement choisi de privilégier certains domaines bien spécifiques. Pour
chacun d’entre eux, et en utilisant la technique que vous venez d’appliquer
aux domaines de votre vie personnelle, vous pouvez maintenant formuler
votre propre vision d’avenir. En guise d’illustration, voici notre vision
personnelle, formulée à la première personne, dans cinq des catégories
spécifiques à notre entreprise Oserchanger.com, soit la performance, la
recherche et le développement, le marketing, les traces de lumière et le
dépassement de nos limites.
Goethe
Virgile
L’image de soi
Les croyances, nous l’avons déjà dit, ont un impact majeur sur la manière
de se percevoir et, conséquemment, sur l’estime de soi. Voici d’ailleurs une
recherche étonnante10 qui démontre comment le simple fait de se percevoir
comme ayant ou non du pouvoir et du contrôle sur sa vie peut affecter le
processus du vieillissement.
En 1979, la psychologue Ellen J. Langer, entourée d’une équipe de
l’université de Harvard, eut l’idée de placer deux groupes d’hommes, âgés
de soixante-quinze ans et plus et en bonne santé, dans deux situations
expérimentales différentes. On invita le premier groupe à passer une
semaine à la campagne, dans un endroit où tout avait été aménagé pour
recréer la vie comme elle était vingt ans auparavant. Les exemplaires de
magazines disponibles (Life et Saturday Evening Post) dataient de 1959 et
la musique était de la même époque. On demanda aux participants de se
comporter comme s’ils avaient vingt ans de moins. Ils devaient s’entretenir
au présent d’événements et de personnalités se rapportant à ces années
passées, parler de leurs proches comme s’ils avaient eux aussi vingt ans de
moins et faire comme s’ils travaillaient encore, même s’ils étaient
maintenant tous retraités. Pour ce qui est de l’autre groupe, il fut lui aussi
invité à passer une semaine à la campagne dans un endroit où rien n’avait
été modifié en ce qui a trait au temps et à l’époque. L’hypothèse de départ
des expérimentateurs était la suivante : le processus du vieillissement est
directement influencé par le fait de se voir jeune ou vieux.
Après seulement une semaine, les résultats obtenus dans le premier
groupe, comparativement au deuxième, se sont avérés étonnants. Une
batterie de tests physiques et mentaux, passés avant et après l’expérience,
révéla que « les participants du groupe expérimental qui avait remonté le
temps montraient une amélioration de la mémoire et de l’habileté manuelle.
Ils étaient plus actifs et plus autonomes pour des choses telles que se servir
eux-mêmes au moment des repas ou nettoyer leur chambre, et se
comportaient davantage comme s’ils avaient 55 ans plutôt que 75 ans11. »
Les résultats révélèrent également des modifications dans certains aspects
du vieillissement habituellement considérés comme irréversibles. Par
exemple, les doigts des voyageurs dans le temps s’étaient allongés, alors
qu’ils ont plutôt tendance à diminuer avec le vieillissement. Leurs jointures
étaient devenues plus flexibles, leur posture était plus droite, leur force
musculaire avait augmenté, l’ouïe et la vue s’étaient améliorées. En
comparant les photographies prises avant et après l’expérience, des juges
estimèrent que les visages étaient plus jeunes de trois ans en moyenne. Une
mesure de l’intelligence montra même un accroissement du rendement
intellectuel chez la moitié des membres du premier groupe.
Les responsables de cette expérience expliquent ces phénomènes de la
façon suivante. Si les participants du groupe expérimental finissaient par
croire qu’ils avaient vingt ans de moins, c’est non seulement parce qu’ils
s’étaient comportés comme tels, mais aussi parce qu’on les avait traités
comme s’ils avaient l’intelligence et l’autonomie de gens plus jeunes. À la
lumière de ces conclusions, on peut facilement imaginer quel impact négatif
peuvent avoir les attitudes et les comportements plutôt infantilisants dont
certains entourent parfois les personnes âgées.
C’est la façon dont nous nous définissons et dont nous sommes définis par
les autres – notre apparence, notre condition physique, nos capacités
intellectuelles, nos qualités et nos défauts, nos talents, nos aptitudes, notre
confiance en nous-même – qui forme l’image que nous nous faisons de
nous-même. Or cette image aura, sur nos comportements, une influence
déterminante. Elle jouera en effet un rôle capital dans la réussite, ou non, de
nos entreprises, et même dans notre décision de nous lancer, ou non, dans
tel ou tel projet.
Si quelqu’un se voit comme incapable d’arrêter de fumer, de perdre du
poids, de trouver l’amour, de passer à travers une épreuve ou d’entreprendre
un changement de carrière, il ne mobilisera assurément pas l’énergie
requise pour y arriver. À moins qu’il ne prenne conscience des croyances
qui le paralysent et qu’il croit immuables, puis qu’il se mette au travail pour
les modifier. Sinon, il cherchera inconsciemment à justifier ces croyances
limitatives en pratiquant « l’autosabotage », c’est-à-dire en minant à la base
ce qu’il est en train d’accomplir, comme pour se prouver qu’il a raison. Et
l’échec qu’il aura ainsi provoqué viendra, à son tour, le confirmer encore
plus solidement dans sa croyance. Ainsi, s’il est retombé dans ses
mauvaises habitudes après avoir réussi pour un temps à perdre du poids,
c’est qu’il n’avait, au départ, aucune chance de réussir (Je savais que je suis
fait pour être gros !). S’il a recommencé à fumer après un arrêt de plusieurs
mois, c’est que la mission était en soi impossible (Dans le fond, je n’ai pas
de volonté !). S’il a malheureusement gâché la relation amoureuse qu’il
avait sincèrement travaillé à établir, c’est qu’il n’a pas les qualités requises
pour vivre en couple (Je suis tout simplement incapable d’avoir une
relation amoureuse avec une autre personne !). Et si, au moment même où
son entreprise connaissait un certain succès, il a posé des gestes
inconsidérés ou pris des décisions qui l’ont finalement acculé à l’échec,
c’est qu’il avait surestimé ses capacités (Je suis comme mes parents, je n’ai
pas le sens des affaires !). Dans tous ces exemples, et dans bien d’autres qui
vous viennent sans doute à l’esprit, il suffirait probablement de gratter un
peu la surface pour trouver une image de soi négative et des croyances
paralysantes.
L’exercice que nous vous proposons maintenant devrait vous permettre
d’évaluer l’image que vous vous faites de vous-même.
Exercice
Première étape
Prendre conscience de vos croyances paralysantes
Choisissez un des rêves que vous avez déjà formulés, dans l’un ou l’autre
domaine de votre vie, et répondez par écrit à cette question. Quelles sont les
raisons qui font que je n’arriverai jamais à réaliser mes aspirations dans ce
domaine ? Écrivez toutes les réponses qui vous viennent à l’esprit. Nous
vous suggérons de formuler vos phrases comme si une autre personne
s’adressait à vous, en commençant par le pronom Tu, comme dans Tu n’y
arriveras jamais, parce que… Utilisez aussi quelques règles limitatives en
vous servant de la formulation Si… alors… Faites cet exercice avant de
poursuivre votre lecture, même si votre esprit vous envoie des messages
comme : C’est inutile de faire cet exercice ! Je n’ai pas le temps, pas de
crayon, pas mon cahier ! C’est trop fatigant ! Si tu réalises l’exercice, alors
tu vas ouvrir la porte à un tas de choses négatives. Vous voulez réaliser vos
rêves ? Alors commencez par écrire pourquoi vous n’arriverez jamais à le
faire dans ce domaine particulier.
Voici quelques phrases types qui ressortent bien souvent dans ce genre
d’exercice :
— Tu n’es pas assez… intelligent, travailleur, entreprenant, talentueux,
persévérant…
— Tu es trop… habitué, paresseux, lâche, fatigué…
— Tu n’as pas ce qu’il faut, tu n’as pas l’étoffe d’un gagnant !
— Tu as passé l’âge… Tu es trop jeune, pas assez mature.
— Tu n’as pas le choix.
— Tu vas tout détruire.
— Tu n’y es jamais arrivé avant, alors ce sera la même chose cette fois-ci.
— Tu ne réussiras jamais à gagner ta vie dans ce secteur d’activité.
— Si tu réussis, alors tu seras rejeté, tu vas te faire critiquer, tu vas te
retrouver seul.
— Si tu retournes aux études, tu vas tout perdre et tu ne trouveras pas de
travail.
— Si tu vas chercher de l’aide, tu es un faible.
D’autres croyances, plus globales, peuvent aussi émerger, comme :
— C’est impossible.
— Ce n’est pas le moment d’entreprendre un changement ; les débouchés
sont nuls.
— Le pire est à venir, tout va sauter, c’est une question de temps.
— On ne fait pas toujours ce que l’on veut dans la vie.
— Il faut être parfait.
— Il faut savoir se contenter dans la vie !
S’il est vrai que pour réaliser nos rêves, il faut « développer l’allié en
nous », on conviendra aisément que les phrases ci-dessus ne sont pas des
partenaires exemplaires ! Elles témoignent cependant de perceptions qu’il
serait illusoire de vouloir nier et qu’il faut bien débusquer si l’on souhaite
avancer.
Deuxième étape
Faites appel à votre avocat de la défense
L’être humain est ainsi fait qu’il recherche naturellement ce qui lui procure
du plaisir et fuit ce qui le fait souffrir. Pour réussir à modifier durablement
une croyance paralysante, on peut donc la neutraliser en y associant
suffisamment de douleur pour vouloir en changer. Un bon moyen d’y
arriver est d’appeler à la barre le passé, le présent et l’avenir, puis de les
interroger sur le prix à payer pour entretenir cette croyance. Que nous a-t-
elle coûté dans le passé ? Quelle charge représente-t-elle pour nous dans le
présent ? Quels sacrifices risque-t-elle de nous imposer dans l’avenir
prévisible ?
En fait, il s’agit d’entrer en contact avec son propre avocat de la défense,
son sens critique en somme, qui va poser quelques questions habiles pour
ébranler la force de ces croyances. En voici quelques-unes :
1. Qu’est-ce qu’il y a de ridicule dans cette croyance ? Par exemple, n’y
a-il pas quelque chose d’absurde à vous dire : Tu es trop vieux pour
apprendre ? Y a-t-il vraiment un âge pour apprendre et un autre pour cesser
de le faire ? N’apprenons-nous pas toute notre vie ? Tu ne termines jamais
ce que tu entreprends. Est-ce bien vrai que vous ne terminez jamais ce que
vous entreprenez ? Rappelez-vous telle fois ou telle autre où vous avez
terminé ceci, puis encore cela.
2. D’où vient cette croyance, qui vous l’a apprise ? Qui vous a fait croire,
par exemple, que vous n’avez pas de volonté ? Cette personne en avait-elle
vraiment plus que vous ? Est-elle vraiment un modèle que vous voulez
suivre ? A-t-elle réussi à atteindre ce à quoi vous aspirez ?
3. Que vous en a-t-il coûté dans le passé d’agir suivant cette croyance ?
Quelles occasions avez-vous manquées, quelles opportunités avez-vous
refusées, quelles chances avez-vous perdues, de quelles expériences
enrichissantes cette croyance vous a-t-elle privé ? Ici, nous vous suggérons
de retrouver vos regrets les plus profonds et de revivre le plus possible la
souffrance qui leur est associée.
4. Quel prix devez-vous payer présentement en continuant d’entretenir
cette croyance ? Comment cela affecte-t-il votre vie affective, sociale, votre
santé physique, vos finances ?
5. Quel sera le prix à payer plus tard physiquement, émotionnellement,
socialement et financièrement si vous maintenez cette croyance ? Que va-t-
elle vous coûter à long terme ? Quel prix votre famille et les gens que vous
aimez devront-ils payer si vous ne modifiez pas cette croyance ?
À vous maintenant de devenir votre allié. Choisissez les deux croyances
les plus limitatives que vous avez notées plus haut et appelez à la barre
votre avocat de la défense. Qu’il commence par mettre en doute les mots
qui expriment une généralisation comme personne, tout le monde, toujours,
jamais, tous, rien. Par exemple, si vous vous dites : Tu ne sais pas tout,
donc tu n’es pas prêt, votre défenseur objectera : Faut-il vraiment tout
savoir pour être prêt et pour agir ? N’y a-t-il pas plein de gens qui passent à
l’action sans attendre de tout savoir ? Tu ne peux rien faire. Est-il vrai que
vous ne pouvez absolument rien faire ? Quand on rêve, on est toujours
déçu. Est-on réellement toujours déçu ? Peut-être avez-vous connu la
déception à une occasion en particulier, mais avez-vous toujours été déçu ?
Servez-vous aussi de votre avocat de la défense pour vous aider à casser
les généralisations contenues dans certaines de vos règles. Prenons par
exemple la règle : Il faut être raisonnable. Qui a dit qu’il fallait être
raisonnable ? Est-ce qu’il faut toujours être raisonnable ? Les gens qui
soutiennent cette affirmation font-ils partie de ceux qui ont réalisé leurs
rêves, ou de ceux qui se sont résignés avant même d’avoir essayé ? Ne
connaissez-vous pas nombre de gens déraisonnables qui sont très heureux ?
Il faut penser aux autres en premier. Mais que va-t-il arriver de si effroyable
si vous pensez à vous en premier ? Si je réussis, je vais être rejeté. Qui vous
a dit que lorsqu’on réussit, on est nécessairement rejeté ? Cette personne
est-elle crédible ? Est-on toujours rejeté quand on réussit ?
Troisième étape
Remplacer la croyance limitative
Vous est-il déjà arrivé de réussir à vous défaire d’un comportement, d’une
façon de penser, d’une habitude nuisible pendant un certain temps, puis de
revenir au point de départ, encore plus convaincu qu’il n’y a rien à faire ou
que vous êtes un incapable ?
Tous les spécialistes du comportement l’affirment : on ne peut se
débarrasser d’une façon d’agir, d’une manière de penser ou d’une habitude
nuisible sans lui en substituer une autre, sous peine de la voir ressurgir, ou
encore remplacée inconsciemment par quelque chose de tout aussi nuisible.
Pensons au cas classique de l’ex-fumeur qui se met inconsciemment à
manger. La nature a horreur du vide, disait le philosophe grec Aristote, il y
a plusieurs siècles.
La même chose s’applique quand vous voulez changer, modifier ou
éliminer une croyance négative. Vous devez lui trouver un antidote, la
remplacer par une autre qui a sur vous un effet contraire. Par exemple, à la
croyance limitative : C’est trop long, je n’ai pas le temps, vous pourriez
substituer cette nouvelle croyance : Si je le veux vraiment, je sais que je vais
trouver le temps. Ou encore remplacer Tu n’es pas capable de terminer les
choses par : Je termine les choses qui me tiennent vraiment à cœur.
Nous vous suggérons de formuler une nouvelle croyance de façon
positive, comme un processus en devenir. Par exemple, il est plus réaliste de
se dire : Je deviens de plus en plus confiant en moi que d’affirmer : Je suis
parfait. De plus, faites en sorte que cette nouvelle croyance soit sous votre
contrôle, c’est-à-dire que sa réalisation dépende de vous seul, et non d’un
changement que vous attendez des autres. Par exemple : Je suis heureux
quand les gens m’aiment ne dépend pas complètement de vous. Par contre :
Je crois que j’agis de manière aimable est davantage sous votre contrôle.
Quatrième étape
Appuyer la nouvelle croyance sur des références
Une fois formulée la croyance de remplacement, il faut vous mettre au
travail pour la consolider, comme si vous placiez plusieurs pieds sous une
table pour l’aider à tenir debout solidement. Sinon, cette croyance
demeurera une idée vague et n’aura pas d’effet sur vous. Vous pouvez
trouver ces références en vous basant sur des situations vécues, ou en
prenant modèle sur des gens que vous connaissez et qui partagent cette
croyance. L’imitation est la voie royale de la réussite. Si vous ne connaissez
pas personnellement de gens qui pourraient vous servir de modèle, les livres
et les médias peuvent vous en fournir de très nombreux.
Cinquième étape
Associer du plaisir à cette nouvelle croyance
Nous vous avons indiqué comment associer de la souffrance à une
croyance que vous voulez modifier. Vous pouvez compléter la démarche en
associant le plus de plaisir possible à la croyance antidote que vous avez
formulée, créant ainsi un levier pour vous motiver à la développer. Ici
encore, quelques bonnes questions vous seront utiles. Demandez-vous :
Sixième étape
La pratique
À vous maintenant d’oser agir, jour après jour, conformément à cette
nouvelle croyance, de façon à l’appuyer sur des expériences bien réelles.
Un pas à la fois, un succès après l’autre, ce qui n’est encore qu’une idée
deviendra progressivement une certitude bien ancrée.
Septième étape
L’inventaire de vos croyances aidantes
Si, jusqu’à maintenant, nous nous sommes surtout intéressés aux
croyances plus limitatives, il ne faut pas pour autant oublier les autres,
c’est-à-dire celles qui vous soutiennent déjà et qui vous ont permis de vous
rendre là où vous êtes aujourd’hui. Démasquer les premières est capital si
l’on veut en contrer les effets négatifs. Mais il est tout aussi important de
prendre conscience des secondes, car elles sont vos alliées dans cette
démarche pour réaliser vos rêves.
Reprenez donc les aspirations que vous avez formulées précédemment et
faites une liste exhaustive des croyances positives qui vous habitent, ces
affirmations qui font déjà de vous un allié pour aller de l’avant. Quelles sont
ces croyances qui vous donnent du pouvoir et du contrôle et qui vous aident
à mobiliser votre potentiel ?
Apprendre
à se motiver
Je conçois qu’il faille éviter les plaisirs
Vous avez, jusqu’à maintenant, décidé des changements que vous voulez
apporter à votre existence et qui vous permettront d’être plus heureux, plus
épanoui, et de vous rapprocher de la vie dont vous rêvez dans différents
domaines.
Vous avez également fait l’inventaire de ces croyances paralysantes que
vous traînez avec vous, depuis toujours peut-être, et qui viennent
compromettre votre démarche avant même que vous ne preniez la route.
Vous avez aussi appris comment affaiblir ces automatismes et leur enlever
progressivement du pouvoir sur vous.
Par ailleurs, vous avez aussi identifié les croyances qui vous aident déjà et,
sans doute avez-vous choisi de nouvelles croyances pour développer
davantage votre propre allié.
Dans ce chapitre, nous allons vous présenter les moyens de faire en sorte
que vos rêves ne restent pas simplement à l’état de vœux pieux. Si vous
appliquez les outils présentés ici, vous considérerez les changements à venir
comme des nécessités et ressentirez l’urgence d’agir.
La motivation
Vous est-il déjà arrivé de savoir exactement ce que vous deviez faire,
d’être animé par un objectif précis et même passionnant, de détenir toutes
les connaissances requises pour y parvenir et, malgré tout cela, de ne pas
agir ? En résumé, vous est-il déjà arrivé de manquer de motivation ?
Souvent, sans doute, comme tout le monde.
Or, si vous voulez introduire des changements dans votre vie, vous devez
développer au moins deux qualités que partagent les personnes qui réalisent
leurs rêves. D’abord, apprendre à vous affranchir de cette zone de confort
qui vous retient captif et inhibe votre aptitude à aller de l’avant. Ensuite,
apprendre à passer à l’action même lorsque les conditions ne sont pas
idéales. Pour y arriver, il est très éclairant de connaître votre façon
habituelle de vous motiver. Pour illustrer notre propos, voici deux courts
épisodes de la vie quotidienne.
L’orientation de la motivation
De ces deux exemples amusants, nous pouvons retenir au moins deux
choses. La première, c’est qu’il est bien plus agréable de se lever pour partir
en voyage que pour aller travailler. La deuxième, c’est que l’on peut être
très motivé à agir quand on veut éviter un désagrément ou une menace, ou
quand on anticipe une récompense, un plaisir. Et cela ne s’applique pas
seulement au lever matinal ! Il en va également de même quand il s’agit
d’entreprendre un travail, de préparer une réunion, de rencontrer un client,
d’effectuer une réparation qui s’impose, de s’occuper des enfants, ou…
d’amorcer un changement important dans sa vie. C’est ce qu’illustre bien
l’image populaire de la carotte ou du bâton, par allusion à l’âne qu’on ne
réussit à faire avancer qu’en lui faisant miroiter une récompense ou en le
menaçant d’une punition.
Tous les êtres humains partagent cette tendance profonde à rechercher le
plaisir et à éviter la souffrance, de sorte que ces deux orientations de la
motivation coexistent en chacun de nous, à des degrés différents. La plupart
du temps cependant, l’une prend le pas sur l’autre et agit comme une
programmation mentale qui vient influencer nos actions et nos décisions.
L’exercice qui suit devrait vous permettre d’identifier laquelle prime chez-
vous.
Pour certains, c’est la tendance à l’évitement qui est la plus forte. Quand
ils passent à l’action, c’est pour s’éviter un malaise, un inconfort, pour
échapper à un sentiment désagréable, pour se prémunir contre le jugement
des autres, pour éviter d’être blessé, pour fuir un conflit, pour ne pas perdre
un avantage, un statut, un être aimé. Par exemple, ils seront plus enclins à
chercher un emploi tranquille qui leur offre la sécurité, de bonnes
conditions de travail, dans lequel il n’y a pas trop de changements, de
compétition, de conflits. En bref, un emploi dans lequel ils ont la paix.
Ils choisiront une maison exigeant le moins d’entretien possible, préférant
même rester en appartement pour éviter la responsabilité des réparations.
S’ils font de l’exercice ou modifient leurs habitudes alimentaires, c’est que
leur condition physique est telle qu’ils s’y sentent forcés, sous peine de voir
leur santé se détériorer davantage. S’ils abandonnent la cigarette, c’est
qu’ils s’essoufflent au moindre effort, ou qu’ils ne veulent pas que leurs
enfants respirent leur fumée, ou encore parce qu’un examen a révélé une
anomalie pulmonaire qui leur fait craindre le pire.
Pour d’autres, par contre, la stratégie d’évitement ne suffit pas. Pour
stimuler leur motivation, parlez-leur de la possibilité d’atteindre un objectif
attrayant, de relever un défi, d’obtenir un avantage tangible, ou même
intangible comme la reconnaissance, l’épanouissement, la réalisation de soi,
l’avancement, le statut social, le pouvoir ou le simple plaisir d’être bien
dans sa peau. Ainsi, ils voudront d’un emploi dans lequel ils se sentiront
utiles, qui leur permettra d’aider les autres, de contribuer à faire avancer les
choses. Ils rechercheront un travail qui mettra à profit leurs aptitudes
personnelles, leur créativité par exemple, ou dans lequel ils pourront faire
de nouvelles rencontres et éprouver du plaisir avec leurs collègues. Certains
choisiront même leur profession en fonction des idéaux auxquels ils
souscrivent. Plusieurs employeurs recherchent ce type de personne qui aime
se fixer des objectifs et qui se motive par elle-même à les atteindre.
Ils achèteront peut-être une vieille maison pour le plaisir de la rénover
avec des amis, de la décorer, de la transformer. S’ils font de l’exercice ou
s’ils s’alimentent correctement, c’est qu’ils apprécient de bien se sentir,
qu’ils savourent l’énergie que procurent de bonnes habitudes et qu’ils
veulent tirer le meilleur parti de ce que la vie a à leur offrir.
Les réponses que vous avez données plus haut vous permettent sans doute
de voir un peu plus clairement votre stratégie habituelle de motivation et,
probablement, d’entrevoir déjà les conditions qu’il vous faut mettre en
place pour passer à l’action.
Exercice
Quelle stratégie de motivation privilégiez-
vous ?
Prenez quelques instants pour identifier votre stratégie de
motivation en répondant par écrit aux questions suivantes.
Donnez le plus de réponses possible.
Différents seuils
Que l’on soit davantage motivé par l’évitement du malaise ou par la
recherche du plaisir, il est intéressant aussi d’apprendre à reconnaître où se
situe ce point critique qui, une fois atteint, déclenche en soi la motivation et
amorce l’action. Ce seuil peut être bas pour certains, et beaucoup plus élevé
pour d’autres.
Parmi les personnes qui fonctionnent par évitement, certaines ne tolèrent
pas longtemps l’inconfort, de sorte qu’elles sont souvent en action. En fait,
il serait plus approprié de dire qu’elles sont en réaction. D’autres ont un
seuil du malaise très élevé et tolèrent longuement l’inconfort avant de
réagir, attendant même parfois que le désastre soit imminent. Pensons à ce
couple qui bat de l’aile, dont seul un des partenaires ressent le malaise et est
motivé à agir pour éviter que la situation se dégrade davantage, alors que
l’autre ne prend conscience du problème que le jour où le premier lui fait
part de sa décision de rompre. D’un seul coup, motivé par cette menace, il
mettra tout en œuvre pour corriger la situation, parfois trop tard
malheureusement.
Pensons aussi à l’étudiant qui, la veille ou le matin même de l’examen, se
jette corps et âme dans l’étude, alors qu’un autre s’est préparé plusieurs
jours à l’avance. Les deux peuvent être motivés par l’évitement de l’échec,
mais le seuil du malaise du second, beaucoup plus bas, l’a motivé à passer à
l’action plus rapidement. C’est la même chose pour ces personnes qui
attendent presque d’être à l’article de la mort avant de consulter un
médecin, ignorant les signes avant-coureurs de la maladie, alors que
d’autres iront se faire rassurer dès l’apparition d’un symptôme anormal.
Dans le domaine du travail, nous observons que certains sont allergiques
aux problèmes et réagissent rapidement pour les résoudre, ou même pour
les prévenir, alors que d’autres ne s’y mettent que lorsque la situation est
devenue invivable ou que la perspective de perdre leur emploi pointe à
l’horizon.
Il y a également des seuils chez ceux qui sont plus motivés par la
perspective d’une récompense, d’un gain, d’un plaisir. Pour certains, la
simple perspective d’être récompensé d’un merci ou d’un sourire les
motivera à poser un geste, alors que d’autres auront besoin de gratifications
beaucoup plus grandes et plus tangibles. Pour s’accomplir, certains vont se
satisfaire d’activités simples, alors qu’à l’autre bout du continuum, d’autres
auront besoin d’entreprendre de grandes choses, de réaliser de grands
projets, de changer le monde, même. Certains trouveront tout leur plaisir
dans des loisirs aisément accessibles, alors que d’autres auront besoin de
s’adonner à des sports extrêmes. Dans l’une de ses conférences,
l’explorateur et alpiniste québécois Bernard Voyer racontait que, au moment
même d’atteindre le sommet de l’Everest, il pensait déjà à son prochain
défi. Voilà certainement quelqu’un qui a un seuil de motivation très élevé.
Conclusion
Vous savez maintenant comment mettre votre imagination au service de
votre motivation et créer suffisamment d’inconfort et d’excitation pour vous
donner le goût d’avancer, tout de suite, un pas après l’autre, sur le chemin
de vos rêves. Votre réflexion n’a cependant porté jusqu’ici que sur une seule
de vos aspirations, celle que vous aviez décidé de privilégier au début de
l’exercice. Vous pouvez maintenant appliquer la même démarche à chacun
des domaines de votre vie où vous avez exprimé un désir de changement.
La motivation, nous l’avons dit, c’est la capacité d’agir, non seulement
lorsque la situation est propice et que les astres sont bien alignés, mais aussi
lorsque les conditions sont défavorables. Voilà pourquoi il est important
d’identifier d’abord la stratégie de motivation qui nous anime
habituellement : l’évitement de la souffrance ou la recherche du plaisir. Puis
il faut savoir comment en tirer profit et, plus encore, comment combiner
cette énergie avec celle de la stratégie opposée. Notre élan vers l’action en
sera alors accru d’autant.
Se décider à changer est un geste de foi en l’avenir et en soi-même, de
fidélité à ses aspirations les plus profondes. Voilà pourquoi, pour mener à
terme nos projets, il est essentiel de nous respecter nous-même, de prendre
en compte les idéaux auxquelles nous adhérons. Vivre en harmonie avec
nos valeurs profondes est, en effet, une des plus importantes sources de
gratification qu’on puisse trouver. D’où la nécessité de bien connaître nos
valeurs personnelles pour mieux y harmoniser nos rêves. C’est ce à quoi
nous nous intéresserons dans le prochain chapitre.
15. M. Pelletier, A. Bouthillier, S. Carrier, C. Breault, J. Lévesque, P. Bourgouin, M. Beauregard, Brain Activity During Self-
Induced Sadness and Happiness in Professional Actors, 31e colloque annuel de la Society for Neuroscience, 2001.
6
Exercice 1
Mes critères de vérification
1. Sélectionnez une de vos valeurs fondamentales en vous
inspirant, au besoin, de la liste proposée à la toute fin du
chapitre. Pour les besoins de l’exercice, nous illustrerons
nos propos en nous référant à la valeur reconnaissance.
Mais vous pourrez facilement les transposer à la valeur que
vous avez personnellement choisie.
2. Installez-vous confortablement, puis revenez dans le
temps, en esprit, à une occasion où vous ressentiez
vraiment que cette valeur était respectée. Retrouvez une
expérience passée dans laquelle vous aviez vraiment le
sentiment d’être reconnu, apprécié à votre juste valeur.
Revivez ensuite ce souvenir en prenant bien le temps
d’identifier ce qui se passait, les gens qui étaient là, ce
qu’ils disaient, ce que vous vous disiez intérieurement, ce
que vous ressentiez. Puis posez-vous cette question :
qu’est-ce qui faisait que je me sentais reconnu à ce
moment-là ?
3. Si vous voulez aller encore plus loin, retrouvez une
deuxième et une troisième occasion du même type et
revivez-les, comme si vous y étiez vraiment, en vous
posant la même question.
4. Prenez le temps, ensuite, d’écrire quelques mots sur ces
expériences dans votre cahier. Pour dégager vos critères
de reconnaissance, demandez-vous : de quoi dépend mon
sentiment d’être reconnu ? du regard et des commentaires
des autres sur moi, ou de mon propre jugement interne ?
des responsabilités que j’ai ? du fait de posséder quelque
chose (un diplôme, une gratification) ? de mon savoir ?
Qu’est-ce qui me donne le plus le sentiment d’être
reconnu ?
5. Si vous le désirez, vous pouvez effectuer le même exercice
avec votre conjoint ou, au travail, avec les collègues de
votre équipe. C’est là une bonne façon de mesurer les
similitudes et les différences de vos critères de vérification
pour une même valeur.
Exercice 2
La hiérarchie de mes valeurs
Si vous voulez opérer le bon aiguillage et prendre les bonnes
décisions, il est capital de bien connaître votre échelle des
valeurs. Hésiter parce que deux valeurs importantes s’opposent
constitue toujours un problème déchirant. Par contre, comme
nous le disions plus haut, connaître l’importance relative d’une
valeur par rapport aux autres peut vous éviter le sentiment
d’incohérence et vous permettre de justifier vos choix, ne serait-
ce qu’à vos propres yeux.
Voici une liste non exhaustive de valeurs parmi lesquelles vous
pourrez choisir celles qui ont le plus d’importance pour vous dans
un cadre donné, que ce soit votre vie personnelle ou
professionnelle. Il va sans dire qu’il en existe d’autres. À vous de
les ajouter ou de mettre de côté celles qui ne vous concernent
pas. Assurez-vous d’avoir un peu de temps devant vous pour
faire cet exercice qui demande quand même réflexion.
accomplissement
aide
ambition
amitié
amour
apprentissage
attirance
aventure
beauté
camaraderie
commisération
communication
compétence
compétition
congruence (vivre en accord avec soi)
contribution
courage
courtoisie
créativité
curiosité
défi
discipline
don de soi
économie
efficacité
égalité
épanouissement
esthétique
famille
fidélité
générosité
honnêteté
imagination
indépendance
indulgence
intelligence
intimité
joie de vivre
justice
liberté
logique
obéissance
paix
passion
plaisir
politesse
productivité
propreté
prospérité
reconnaissance
respect
sagesse
salut de l’âme
santé
sécurité
séduction
sentiment d’exaltation
sérénité
serviabilité
soutien
spiritualité
stimulation intellectuelle
stimulation sociale
temps
tolérance
16. Les mots en italiques dans le texte réfèrent à des valeurs qui font partie de la liste de l’exercice 2.
17. Au début de janvier 1998, trois tempêtes successives de pluie verglaçante, de grésil et de neige ont frappé certaines parties de
l’est de l’Ontario et de l’ouest du Québec. En plein hiver, des millions de personnes se sont retrouvées sans électricité, parfois
pendant plus d’un mois. On a qualifié cet événement de pire désastre naturel de l’histoire du Canada.
18. Christopher Reeve, Still Me, Ballantine Books, New York,1999 (parue en français sous le titre Vivre).
7
Ces gestes peuvent paraître de bien petits pas, mais il vaut mieux se
donner des objectifs intermédiaires accessibles, réalistes et qui offrent plus
de chances de succès. Par exemple, si cette personne se fixe comme étape
intermédiaire de courir le kilomètre en moins de cinq minutes alors qu’elle
n’est aucunement entraînée et souffre d’un excès de poids, elle s’expose à
vivre du désappointement et même de la culpabilité, émotions qu’elle
voudra probablement éviter en abandonnant son projet et même son rêve,
convaincue qu’il est irréalisable et qu’elle n’a pas les capacités pour le
mener à terme.
De plus, il est important de se donner des objectifs mesurables qui, non
seulement indiqueront plus sûrement les moyens à prendre, mais vont aussi
permettre d’évaluer le chemin parcouru dans quelques mois.
Prenons un autre exemple pour mieux comprendre cette démarche. À
propos de sa Santé émotionnelle, une personne formulait ainsi sa vision : Je
me vois comme un être positif, irradiant la confiance, l’humour, la
détermination, les qualités humaines. Je me vois comme un combattant qui
relève ses manches et qui continue à faire reculer les barrières de la peur,
capable d’affirmer positivement ce qu’il est, sans violence verbale, sans
colère.
Elle choisit trois secteurs et y formule les objectifs à court terme suivants :
Exercice 1
Mes objectifs à court terme
Après avoir dressé l’inventaire des principales composantes de
votre vie personnelle et de votre vie professionnelle, vous avez,
au chapitre trois, formulé votre propre vision d’avenir pour chacun
d’entre eux. Il s’agit maintenant de fixer les étapes intermédiaires
qui vous mettront sur la route de leur réalisation.
Prendre conscience
Vivez-vous fréquemment de la frustration avec vos proches ou vos
collègues de travail ? Éprouvez-vous souvent de l’impatience, de la tension,
ou vous mettez-vous en colère pour des riens ? Avez-vous souvent le
sentiment d’être débordé, fatigué, surchargé, stressé ? Avez-vous parfois
l’impression désagréable de passer à côté de quelque chose d’important ? Si
vous ressentez ce genre d’émotions, c’est que votre psychisme vous signale
que quelque chose ne va pas et qu’il y a un déséquilibre dans votre emploi
du temps. Répartir votre temps de façon plus équilibrée commencera donc
par une prise de conscience de ces états d’esprit négatifs et de ce qui les
provoque.
Il ne s’agit pas seulement de prendre connaissance de ces avertissements,
mais de vraiment prendre conscience de ce que vous vivez et des
conséquences qui en découlent pour vous et votre entourage. Une
métaphore vous permettra de faire la distinction entre ces deux notions.
Certaines personnes donnent parfois l’impression de se promener avec un
serpent venimeux enroulé autour du cou. Vous leur faites remarquer sa
présence, et elles vous disent qu’elles sont au courant, qu’elles sont
informées et bien documentées sur les dangers mortels d’une morsure. Mais
elles ne font rien, parce qu’elles n’ont fait que prendre connaissance de la
situation. Seule la prise de conscience entraîne une action et,
malheureusement, plusieurs attendent la morsure du serpent pour réagir.
Où va votre temps ?
On arrivera plus aisément à une telle prise de conscience si l’on procède à
un examen minutieux de son emploi du temps. À cet effet, convenons de
classer nos activités suivant leur urgence et selon leur importance. En
combinant ces deux critères, nous arrivons ainsi aux quatre catégories
suivantes20 :
a. les activités urgentes et importantes ;
b. les activités urgentes, mais pas importantes ;
c. les activités importantes, mais pas urgentes ;
d. les activités ni importantes, ni urgentes.
a. Urgent et important
C’est la catégorie des demandes pressantes, celles qui viennent de notre
environnement comme de nous-mêmes, au travail et dans notre vie privée.
Dans l’anecdote du génie racontée plus haut, l’emploi du temps de la jeune
femme débordait de demandes de ce type. Si vous n’avez plus le contrôle
de votre agenda, c’est que vous passez la majorité de votre temps dans des
activités de cette catégorie.
Il faut dire que certains individus carburent à l’urgence. C’est le cas
notamment des tempéraments dits de type A21 qui sont plus ambitieux, plus
agressifs et qui fonctionnent habituellement à pleine vapeur. Préoccupés par
le temps qui fuit, ils ont fréquemment le sentiment de devoir lutter ou se
battre et réagissent aux pressions intérieures qu’ils se créent eux-mêmes.
Par comparaison, les tempéraments de type B se soucient davantage de la
qualité de vie et, paradoxalement, ils maîtrisent leur existence mieux que les
premiers. Ils en contrôlent le rythme, arrivent à se détendre et à jouir du
moment présent beaucoup plus rapidement.
Nous ne pouvons certes pas échapper aux multiples sollicitations qui nous
sont adressées, d’autant plus qu’y répondre nous aide à nous sentir utiles.
Mais quand réagir aux demandes des autres occupe la majeure partie de
notre vie, le stress s’accroît et nos capacités d’adaptation et de récupération
peuvent être menacées. Et il devient alors beaucoup plus difficile de
s’occuper de nous-mêmes et de nos propres aspirations.
Exercice 2
Où va votre temps ?
1. Trouvez un peu de temps personnel pendant lequel vous
ne serez pas dérangé et écrivez en vrac dans votre cahier
tout ce que vous faites pendant une semaine normale, en
partant du lundi matin jusqu’au dimanche suivant. Allez-y à
grands traits, au fur et à mesure que les choses vous
viennent à l’esprit, sans chercher à être exhaustif.
2. Reprenez chaque élément de votre liste et classez-le
rapidement dans une des quatre catégories suivantes :
a) urgent et important ;
b) urgent, mais pas important ;
c) important, mais pas urgent ;
d) ni important ni urgent ;
3. Calculez le pourcentage approximatif de temps que vous
avez passé dans chacune des catégories, la somme des
quatre catégories étant 100 %.
Régle N°2
Comme nous l’avons souligné plus haut, il nous arrive à tous de nous
sentir débordés, écrasés par une tâche à accomplir, surtout quand nous la
considérons dans son ensemble. Nous pouvons nous sentir paralysés par le
nombre de détails à retenir, par la quantité de choses à faire, par toutes les
étapes et les ramifications d’un projet. La deuxième règle consiste donc à
regrouper les tâches à faire en fonction des composantes majeures de notre
vie personnelle ou professionnelle. L’exemple qui suit illustre comment
procéder.
Supposons qu’une personne établisse, pour la journée qui vient, une liste
comprenant les items suivants :
Apparemment sans lien entre eux, les éléments de cette liste peuvent
toutefois être regroupés en fonction des grandes composantes de la vie de
cette personne. Par exemple, elle rangera dans la catégorie Santé physique
les éléments suivants : faire mon jogging, appeler le masseur pour un
rendez-vous, acheter des chaussures de jogging, prendre rendez-vous avec
le coiffeur. Dans la catégorie Engagement dans la communauté, elle
placera : rédiger le procès-verbal de la dernière réunion du comité de
parents, préparer la prochaine réunion, envoyer le procès-verbal par
courriel à Jean. Dans la catégorie Famille se retrouveront : aider mon fils à
faire ses devoirs, rencontrer l’enseignante de ma fille, passer des coups de
téléphone pour l’équipe de foot, appeler ma mère. Dans la catégorie Santé
financière : passer au guichet bancaire pour payer les factures, conduire la
voiture au garage pour sa vérification. Finalement, la catégorie Amis
comprendra : confirmer le dîner au restaurant avec mon amie Jeannine,
acheter un cadeau pour l’anniversaire d’un collègue de bureau, réserver le
restaurant. Elle est donc passée de dix-sept éléments disparates (nos listes
en comptent évidemment toujours plus que cela) à cinq regroupements.
Régle N°3
La troisième règle, c’est d’établir des priorités à l’intérieur de chaque
regroupement, en accordant une valeur relative à chacun de ses éléments.
Deux principes doivent vous guider ici. D’une part, la logique pure et
simple. Par exemple, en ce qui concerne sa Santé physique, la personne de
notre exemple devrait logiquement prioriser l’achat de chaussures de sport
par rapport au jogging lui-même. D’autre part, il faut bien comprendre qu’il
n’est pas nécessaire d’effectuer toute une liste d’actions pour progresser
dans un domaine particulier. Il convient d’appliquer à cette liste la loi de
Pareto22, aussi appelée loi des 80-20, qui affirme que 20 % des causes
produisent 80 % des effets. À vous de trouver les actions de votre liste
actuelle qui vous feront le plus sûrement avancer, les plus profitables en
somme, et donc celles dans lesquelles vous devriez vous engager en
premier.
Dans l’exemple qui nous occupe, la personne accorde donc une valeur à
chacune des actions regroupées sous le titre de Santé physique. Après
réflexion, elle les classe dans l’ordre suivant : a) acheter des chaussures de
jogging ; b) prendre rendez-vous chez le coiffeur ; c) faire mon jogging ;
d) appeler le masseur pour un rendez-vous. La liste correspondant à l’item
Famille devient pour elle : a) aider mon fils à faire ses devoirs ;
b) rencontrer l’enseignante de ma fille ; c) appeler ma mère ; d) passer des
coups de téléphone pour l’équipe de foot.
Régle N°4
La quatrième règle consiste à accomplir d’abord les actions classées en
tête de liste. Même si vous n’avez pas le temps d’épuiser votre liste, vous
aurez au moins la certitude d’avoir accompli les activités les plus rentables,
celles qui vous rapprochent le plus sûrement de vos objectifs à ce moment
précis.
Régle N°5
La cinquième règle, c’est de prendre du temps pour planifier la semaine
qui vient. Au moment qui vous convient, prenez le temps de relire la vision
que vous avez formulée pour chacune des composantes de votre vie. Puis
revoyez vos objectifs à court terme et les moyens d’action qui s’y
rattachent.
Commencez ensuite votre planification en écrivant sur une liste ce qui doit
absolument être fait au cours de la prochaine semaine (urgent et important).
Choisissez ensuite trois composantes professionnelles et trois composantes
personnelles dans lesquelles vous voulez absolument progresser dans les
prochains jours. Puis écrivez ce que vous devez faire dans les sept jours qui
viennent pour vous rapprocher des objectifs que vous poursuivez dans
chacun de ces domaines. Ce qui reste, reportez-le sur une autre liste que
vous reprendrez la semaine suivante et sur laquelle vous écrirez aussi, à
mesure qu’elles se présenteront, les choses qui vous viendront à l’esprit
d’ici là. C’est une bonne façon de ne pas les oublier et, surtout, de vous en
libérer l’esprit jusqu’à la prochaine fois.
Une fois vos priorités établies, bloquez immédiatement dans votre agenda,
si c’est possible, des périodes, puis inscrivez-y les activités que vous avez
planifiées. Si vous ne le faites pas, soyez assuré que quelqu’un d’autre se
chargera de combler cet espace vacant et, encore une fois, vous serez au
service de votre agenda au lieu d’en être le maître. Si, dans votre catégorie
Famille, vous avez décidé de déjeuner avec un de vos enfants, fixez-en tout
de suite le moment et notez-le dans votre agenda. Si vous avez placé, dans
votre catégorie Santé physique, un rendez-vous chez votre masseur,
appelez-le aussitôt que possible pour décider avec lui d’un créneau horaire.
Régle N°6
Au moment de commencer votre planification de la semaine, sixième
règle, dressez un bilan de la semaine écoulée. Reprenez votre planification
de la dernière semaine, puis évaluez si vous avez bien occupé votre temps
ou si, plutôt, vous l’avez perdu dans des occupations moins importantes.
Bien sûr, des imprévus peuvent et vont survenir, qui vous obligeront à
réévaluer votre planification. C’est à vous de juger s’il vaut la peine de
reporter une activité qui vous aide à avancer vers ce que vous voulez
vraiment dans la vie pour la remplacer par une autre. Si vos valeurs et vos
objectifs sont clairs, vous avez là deux bons critères pour faire un choix et
dire non, le cas échéant, à d’autres sollicitations qui ne manqueront pas de
se présenter.
Régle N°7
Quand c’est possible, apprenez à déléguer ce que vous ne pouvez
accomplir. Quand vous avez complété votre planification, avant même,
donc, de passer à l’action, voyez ce que vous pouvez confier à vos
employés, à vos enfants, à votre conjoint, à la gardienne, à vos collègues.
Ils peuvent peut-être accomplir ces tâches mieux que vous et, parfois, plus
rapidement. Bien sûr, il n’est jamais facile de demander, et la majorité
d’entre nous a désappris très tôt à le faire, sans doute en raison des
innombrables refus essuyés dans notre jeunesse, peut-être également par
crainte de déranger. Mais il est certain que l’on ne progresse jamais vers la
réalisation de ses rêves sans l’aide des autres. Encore faut-il, bien sûr, savoir
comment formuler ses requêtes, ce sur quoi nous reviendrons dans le
chapitre sur la communication.
Les personnes perfectionnistes éprouvent aussi beaucoup de difficulté à
déléguer, convaincues que personne ne peut vraiment les aider, ou croyant à
tort que les choses doivent absolument être faites d’une certaine manière, la
leur évidemment. Mais elles ont trop souvent tendance à oublier que la
perfection est un idéal, très rarement atteint, et qu’en faire le premier critère
d’évaluation de leurs actions ne peut qu’engendrer déception et amertume.
D’où l’utilité d’évaluer les secteurs de sa vie où il est important de tendre
vers la perfection, et ceux où ça l’est moins. Plier un drap ou faire le
ménage devrait, par exemple, exiger moins d’énergie qu’écrire un
curriculum vitae pour un emploi.
Régle N°8
Reconnaissez que vous ne pouvez pas tout faire. Vous aurez fait un grand
pas lorsque vous aurez accepté cette évidence. La journée d’aujourd’hui ne
suffira pas pour réaliser tout ce que vous voulez, et il en sera encore de
même demain. Reportez alors, sur la liste du lendemain ou sur celle de la
semaine prochaine, les activités importantes dont vous n’avez pu vous
acquitter, tout en tenant compte, encore une fois, de vos objectifs
personnels. Peut-être déciderez-vous alors d’en éliminer certaines qui
auront perdu beaucoup de leur importance ou qui ne seront tout simplement
plus nécessaires.
Régle N°9
« Est bien fou du cerveau qui prétend contenter tout le monde et son
Père », comme le dit si bien le meunier de la fable23. Cessez donc de vouloir
faire plaisir à tous. Bien sûr, nous vivons en société et nous devons
nécessairement renoncer à une certaine liberté pour des gens qui nous sont
chers. Il faut donc dès le départ accepter de leur consacrer du temps, mais
pas tout son temps.
Même si votre marge de manœuvre vous semble bien mince, et elle l’est
parfois, la décision finale vous revient. Vous aurez déjà fait un grand pas
quand vous aurez décidé d’avoir un peu plus de contrôle sur votre vie et de
réserver du temps pour vous. Attendez-vous cependant à ce que les autres
réagissent, surtout si vous les avez habitués à être servis en premier. Par
exemple, si vous voulez, comme parents, exiger plus d’aide des enfants
dans les tâches ménagères, prévoyez qu’ils vont réagir et, surtout, acceptez
qu’il en soit ainsi. On ne peut pas demander à un roi d’être content de
descendre de son trône…
Régle N°10
La dixième règle pourrait se formuler ainsi : ne vous sentez pas coupable
si vous n’arrivez pas à gérer parfaitement votre temps. D’abord, parce que
la culpabilité est inutile. Vous avez fait un choix, et il n’y a plus maintenant
qu’à l’assumer. Rappelez-vous aussi que la gestion du temps n’est qu’un
moyen, pas un but. L’objectif n’est pas de gérer parfaitement votre temps,
mais de tendre à faire ce qui va vous rendre plus heureux. N’oubliez pas
enfin que l’oisiveté est parfois le meilleur usage qu’on peut faire de son
temps. C’est souvent dans ces moments de temps perdu qu’on se retrouve et
qu’on retrouve les autres, que la créativité se manifeste et que de nouvelles
idées viennent. C’est aussi dans ces moments qu’on savoure la vie qui
passe, qu’on apprécie à sa juste valeur la richesse d’avoir du temps libre et
qu’on réalise pleinement que le temps est bien plus important que l’argent.
Le bonheur, c’est parfois juste d’avoir une bonne heure à soi.
Engagez-vous
Johann Wolfgang Von Goethe, poète, romancier et dramaturge allemand,
écrivait : « Quelle que soit la chose que vous pouvez faire ou que vous
rêvez de faire, faites-la. L’audace a du génie, de la puissance et de la
magie. » Vous avez décidé d’actions concrètes pour vous rapprocher de
l’objectif que vous vous êtes fixé ? Passez à l’action ! Cessez de chercher
des excuses ou des raisons expliquant pourquoi vous ne bougez pas. Vous
créez votre propre réalité, alors mettez-vous aux commandes.
Nous vous avons parlé précédemment d’un sondage24 effectué à l’échelle
du Canada, qui révélait qu’une personne sur deux rêve de changer de vie.
Dans ce même sondage, on demandait à ceux qui ont accompli ce
changement ce qui l’a rendu possible. 25 % d’entre eux ont répondu : « On
l’a fait, c’est tout ! » Un peu comme George Mallory, l’alpiniste
britannique, à qui les journalistes demandaient sans relâche pourquoi il
voulait escalader le mont Everest et qui répondait : « Parce qu’il est là. »
Ceux qui réalisent leurs rêves font ce qui doit être fait avec les moyens
dont ils disposent, sans attendre le moment idéal. Vous savez maintenant
quelles actions spécifiques vous devez accomplir pour avancer
progressivement vers vos propres rêves. Prenez donc maintenant
l’engagement, avec vous-même, de les exécuter sans faute et ne laissez pas
passer une seule journée sans faire un pas dans la bonne direction. Si
minime soit-il, il vous conduira à un autre, puis à un autre encore. Un jour,
vous regarderez derrière vous et réaliserez tout le chemin parcouru. C’est
l’action soutenue qui mène à la réalisation d’un changement que l’on
souhaite.
19. C. Northcote Parkinson, Les Lois de Parkinson, trad. par Jérôme de Villehouverte, Paris, Robert Laffont, 1983.
20. Adapté de Stephen R. Covey (First Things First) et de Anthony Robbins (The Time of Your Life).
21. La classification des tempéraments en types A et B a été élaborée à partir des travaux de Friedman et Rosenman et de
Matthews et ses collègues (in Spencer Rathus, Psychologie générale, Montréal, HRW, 1985). Un outil de mesure (voir l’annexe 2)
permet de distinguer les tempéraments de types A et B.
22. La loi de Pareto est une loi empirique inspirée par les observations de l’économiste et sociologue italien Vilfredo Pareto.
23. Jean de La Fontaine, Le Meunier, son Fils et l’Âne.
24. Voir n. 1 (chap. 1).
8
L’exercice de la gratitude
Nous connaissons tous des personnes qui semblent tout avoir : une vie
professionnelle riche, une vie personnelle en apparence comblée, des
ressources financières suffisantes… Et pourtant, elles sont tendues,
angoissées, parfois même malheureuses. À l’opposé, nous en connaissons
d’autres qui ont si peu et qui, malgré tout, sont épanouies et heureuses.
Souvent, les premières sont préoccupées par ce qui leur fait défaut, ou par
la peur de manquer de quelque chose, que ce soit de temps, de ressources,
d’argent, de santé, de relations, d’habiletés, d’énergie. Elles peuvent avoir
l’impression de manquer de contrôle, de compétence, de motivation, de
plaisir, de préparation, de support, de maîtrise, de succès, de valorisation, de
confiance, de certitude, de direction, d’amour, de sens, de reconnaissance…
Autant de carences qui meublent une grande partie de leurs pensées et
émaillent leurs conversations.
Se concentrer ainsi sur ses carences peut, il est vrai, déclencher la
motivation à agir. Mais lorsque quelqu’un se sent, à tort ou à raison,
impuissant à remédier à la situation, son organisme réagit par de la tension,
de l’anxiété et du stress.
Dans l’exercice qui suit, qui veut aussi illustrer comment une bonne
question peut provoquer un état d’esprit positif, nous vous proposons plutôt
d’entrer en contact avec les bienfaits et les bénédictions qui parsèment déjà
votre vie. Nous vous invitons à penser à toutes les raisons que vous pouvez
avoir d’éprouver de la gratitude, à vous rappeler toutes ces choses et tous
ces gens que vous appréciez et qui font que vous vous sentez riche à
l’intérieur. La question à laquelle nous vous demandons de répondre est la
suivante : De quoi suis-je reconnaissant dans ma vie ?
Sur la route vers l’atteinte d’un objectif qui nous tient à cœur, il arrive
qu’on soit tellement préoccupé à regarder vers l’avant, concentré sur le but
qu’on s’est fixé, qu’on en oublie de jeter un œil derrière soi pour apprécier
tout le chemin parcouru et tout ce dont on bénéficie déjà. Si vous vous
donnez la peine de regarder les différentes composantes de votre vie, vous
allez dénicher, dans plusieurs d’entre elles, des raisons d’éprouver de la
gratitude. Et ce faisant, vous allez modifier votre état d’esprit pour le mieux
et réduire votre stress et votre anxiété, car il est pratiquement impossible de
penser à l’abondance et d’être en même temps tendu et oppressé.
D’ailleurs, les recherches les plus récentes de nombreux psychologues
appartenant au courant de psychologie positive, dont celles de Robert A.
Emmons (2004), tendent à démontrer que ces exercices de gratitude ont des
effets bénéfiques sur la santé physique et qu’ils peuvent diminuer la douleur
et la fatigue. Sonja Lyubomirsky (2005) a démontré qu’après seulement six
semaines, des sujets à qui l’on demandait de tenir un journal dans lequel ils
notaient, une fois par semaine, des choses pour lesquelles ils éprouvaient de
la reconnaissance, voyaient augmenter significativement leur taux de
satisfaction par rapport à la vie, comparativement à un groupe test.
Ce simple exercice, qui ne prend que quelques minutes, peut se faire
pratiquement n’importe où, que ce soit au lit juste avant de se lever ou avant
de s’endormir, sous la douche, en faisant sa marche quotidienne ou son
entraînement, dans l’autobus, dans le métro ou en voiture, en se rendant au
boulot ou au retour en fin de la journée… L’important, c’est de s’imprégner
de tout ce que l’on apprécie dans sa vie en pensant à tout ce pour quoi l’on
pourrait éprouver de la gratitude et en s’associant aux images qui y sont
reliées. Il y a, bien sûr, des choses qui vont moins bien, et peut-être est-ce
celles qui viendront plus facilement à l’esprit. Mais pendant les quelques
minutes que durera cet exercice, concentrez-vous plutôt sur ce qui comble
votre existence, et non sur ce qui vous manque.
Un peu plus tôt dans ce livre, vous avez dressé la liste des principales
composantes de votre vie. Vous pouvez, si vous voulez, repasser rapidement
chacune d’elles en vous posant la même question. Par exemple, de quoi
êtes-vous reconnaissant quand vous pensez à votre vie familiale, à votre
relation avec votre conjoint, à vos enfants, à vos amis ? De quoi êtes-vous
reconnaissant quand vous pensez à votre santé physique, à vos finances, à
votre engagement personnel, à votre engagement professionnel ?
Pour stimuler votre imagination, voici quelques suggestions.
Réel et imaginaire
Essayons maintenant de comprendre comment le fait de visualiser ce que
l’on apprécie profondément et de s’y associer peut avoir un tel effet sur soi.
En fait, nous en avons déjà parlé, notre cerveau ne fait pas toujours la
différence entre ce qui est réel et ce qui est clairement imaginé. Pour mieux
comprendre cette affirmation, voici un exemple qui montre comment nos
pensées se forment et influencent directement nos états d’esprit et notre
comportement.
Un de nos amis, souffrant de maux d’estomac, a dû passer une
gastroscopie, un examen plutôt désagréable pendant lequel on introduit un
tube dans l’œsophage pour prélever un peu du tissu de l’estomac et en faire
l’analyse. Installé sur la table d’examen, il regardait le personnel s’affairer
autour de lui, écoutant les explications qu’on lui donnait tout en jetant un
œil sur le tube en question. Au moment où le gastro-entérologue se
préparait à introduire ce dernier dans sa bouche, il perdit conscience pour ne
se réveiller qu’à la fin de l’examen. Interrogé à son réveil, il dit qu’au
moment de s’évanouir, il avait imaginé une très grosse pince qui descendait
dans son œsophage pour aller creuser un trou et arracher un morceau de son
estomac. Cette image avait provoqué en lui une telle peur qu’il en avait
perdu connaissance.
Que s’est-il passé exactement ? Le point de départ de cette situation, c’est
un examen médical. Avant de trouver sa représentation dans le cerveau de
notre ami sous forme d’images, de sons et de sensations, il a été interprété
par de nombreux filtres de la perception : ses sens, ses croyances, ses
expériences antérieures, pour ne citer que ceux-là. Son cerveau a alors reçu
cette information interprétée et l’a traitée sous forme de représentations
visuelles, auditives, tactiles, gustatives et olfactives. Dans le cas qui nous
intéresse, notre ami rapporte avoir imaginé, plus grande que nature, une
pince énorme qui allait creuser son estomac. Ne faisant pas la différence
entre cette pince imaginée et une pince réelle, son cerveau a déclenché le
mécanisme de la peur, de la panique même, émotions auxquelles
correspondent des manifestations physiologiques comme l’accélération du
rythme cardiaque, l’augmentation de la pression artérielle et la
transpiration. Pour fuir ce stress, le patient a perdu conscience. Voilà
brièvement comment une pensée se forme et se reflète ensuite dans un
comportement.
Le plus curieux dans l’exemple que nous venons de présenter, c’est
qu’encore aujourd’hui, lorsque notre ami se remémore la situation et revoit
en pensée les images de l’examen, le même malaise s’empare de lui et
pourrait à nouveau le conduire à l’évanouissement s’il n’interrompait pas
volontairement le cours de ses pensées. En d’autres termes, il ne réagit
même plus à l’événement en soi, mais au souvenir de celui-ci. C’est le
même phénomène que nous observons tous quand, par exemple, après une
discussion mouvementée pendant laquelle quelqu’un nous a blessé, nous
repensons à cette situation beaucoup plus tard et revivons la scène,
réentendant constamment les mêmes paroles et revoyant sans cesse le
même visage sur notre écran mental, provoquant ainsi un nouvel accès de
colère ou de chagrin. Certains vont même entretenir inlassablement des
souvenirs désagréables et se repasser sans cesse le même film, spectateurs
passifs devant des reprises vidéo qui suscitent immanquablement le même
état d’esprit. D’autres, plutôt amateurs de films d’anticipation, seront
anxieux avant l’heure, stressés ou même démotivés, et souvent sans motif
valable.
Vous comprenez probablement un peu mieux comment le fait de revivre
en souvenir des moments heureux peut déclencher des émotions
bienfaisantes. Lorsque nous repensons aux situations, aux choses et aux
personnes que nous apprécions le plus, il est difficile de ne pas éprouver le
sentiment d’être des personnes choyées, ce que nous sommes finalement si
nous prenons le temps d’y réfléchir un peu. Se remettre régulièrement en
contact avec ce que l’on apprécie dans son existence n’est qu’une façon,
finalement, de se réapproprier les plus belles couleurs de la vie.
Apprendre à se protéger
Nous mettons beaucoup d’efforts pour nous protéger des microbes, des
bactéries et des micro-organismes de toutes sortes qui pourraient nous
rendre malades. Cependant, les poisons ne sont pas tous dans les aliments
que nous ingérons ou dans l’air que nous respirons. Il en existe d’autres,
tout aussi subtils et invisibles, dont l’effet sur notre moral peut être
dévastateur. Ne sous-estimons pas l’impact, sur notre état émotif, de ce que
nous laissons pénétrer dans notre esprit. Si nous voulons faire les
changements nécessaires pour avancer activement vers la réalisation de nos
rêves, nous devons impérativement apprendre à protéger nos états d’esprit
positifs quand nous les éprouvons.
Prendre une distance, se couper volontairement de certaines expériences,
de certaines lectures ou de certaines personnes ne signifie pas être
inconscient de ce qui se passe autour de soi. En fait, se protéger implique
d’agir sciemment, chaque fois que c’est possible, pour préserver son
environnement psychique quand on le sait menacé, pour prendre soin de
soi, en somme. C’est un art qui s’apprend, surtout quand on se sait
vulnérable.
Cela peut vouloir dire, par exemple, couper court volontairement à une
conversation qui n’aboutit qu’à miner notre motivation, refuser la
compagnie de certaines personnes particulièrement enclines à ne voir que
des problèmes et fréquenter davantage les natures heureuses et positives.
Cela peut aussi signifier éviter les gens qui minent notre estime de soi et
rechercher ceux qui partagent nos valeurs, qui nous écoutent avec intérêt et
nous apprécient inconditionnellement. Cela veut dire aussi, sans doute,
éviter les médias qui distillent la peur et le défaitisme pour consacrer nos
temps libres à des activités plus inspirantes.
Il est certain qu’il y aura toujours des choses que nous ne pourrons ni ne
devrons écarter. Il s’agit plutôt ici de faire la différence entre ce qui relève
de notre zone de pouvoir et d’influence et ce qui lui échappe. Si nous
réalisons que l’écoute des bulletins d’information nous épuise en nous
mettant régulièrement en contact avec notre sentiment d’impuissance, peut-
être est-il préférable de les éliminer de notre quotidien. Une bonne diète des
médias n’a jamais fait de mal à personne et est même parfois souhaitable. Si
ce sont des personnes bien précises qui empoisonnent notre existence avec
leurs conversations ou leurs plaintes répétitives, nous pouvons leur
exprimer ce que nous ressentons et même leur dire clairement que nous
souhaitons parler d’autre chose, ce qui a le grand mérite de leur montrer où
se situent nos limites. Nous pouvons aussi trouver des moyens de changer le
cours de la conversation.
Être capable de dire non est aussi une façon de se protéger et de prendre
soin de soi. Cela n’est pas toujours facile, car on peut craindre d’être jugé
ou critiqué pour avoir exprimé ce que l’on veut vraiment ou ce que l’on ne
veut pas. Il faut alors surmonter la peur d’être rejeté ou désapprouvé, ce
vieux conditionnement qui nous suggère presque que notre survie dépend
du fait de ne pas déplaire.
Certaines personnes semblent aussi avoir le don de nous faire éprouver de
la culpabilité et le sentiment de ne jamais être à la hauteur, alors que
d’autres, au contraire, nous font nous sentir si bien, en nous valorisant, en
nous écoutant avec intérêt et en nous appréciant pour ce que nous sommes.
Alors que les premières nous font douter de nous-mêmes, les secondes nous
procurent du plaisir et nous donnent de l’énergie. Pourquoi ne pas nous
permettre de choisir avec qui nous nous tenons ? Couper les ponts avec les
personnes négatives afin de s’en protéger, surtout quand il s’agit de proches,
demande toutefois un certain courage.
En résumé, apprendre à se protéger est une stratégie qui peut se pratiquer
de multiples façons. Mais cela demande d’abord de prendre conscience de
ses émotions, de ce que les choses, les gens et les situations provoquent en
soi. La question suivante aide grandement à faire l’inventaire de ses propres
sources de « pollution psychique » : Qu’est-ce qui m’enlève de l’énergie ou
mine mon moral autour de moi ? Par la suite, quand c’est possible
évidemment, il importe de dire les choses, d’exprimer ce que l’on ressent
aux personnes concernées. Sinon, il convient de développer ce que nous
appelons l’art de zapper, comme on le fait avec une télécommande pour
changer de chaîne de télévision. Il faut se demander : Qu’est-ce que je
pourrais éliminer si je le voulais vraiment ? Qu’est-ce que je pourrais
zapper volontairement pour préserver mon moral et garder mon énergie ? Il
existe plusieurs moyens de zapper, et l’humour en est, sans conteste, un
excellent. Non seulement il favorise la communication, mais il peut
diminuer l’agressivité, aider à dédramatiser les erreurs et favoriser
l’imagination et la créativité, surtout quand on le centre sur soi et non sur
l’autre, plutôt que de verser dans le sarcasme et l’ironie. Apprendre à bien
s’entourer est également une façon idéale de se protéger et d’entretenir des
états d’esprit positifs. Essayons de fréquenter des gens qui partagent nos
objectifs et nos valeurs, ou encore des gens de plaisir, ceux qui nous font
rire à tous les coups, non pas en se moquant des autres, de leurs travers et
malheurs, mais en faisant ressortir les absurdités de la vie. Cherchons ceux
qui nous permettent de voir l’irrationnel dans ce qui semble rationnel, le
futile dans ce qui semble important. Apprendre à bien s’entourer, c’est aussi
choisir des lectures, des émissions télé et des films qui nous inspirent, nous
animent et suscitent en nous les états d’esprit qui nous permettent de
persévérer dans nos projets.
Connaître ses limites et apprendre à les respecter contribuent grandement
à nous garder en santé et à prévenir la dépression et le burn-out. Et si notre
système de croyances et de valeurs nous invite à aider les autres, à leur faire
plaisir, à les protéger, cela ne devrait jamais être au détriment de notre
intégrité personnelle et de l’estime que nous avons de nous-mêmes. Car ce
n’est pas de l’égoïsme que de s’imposer des limites afin de préserver ses
réserves d’énergie. Bien au contraire. Il faut en effet être sain de corps et
d’esprit pour être en mesure de contribuer correctement au bien-être
d’autrui.
Nous pourrions métaphoriquement comparer notre moi physique, mental,
spirituel et émotionnel à un compte bancaire. Avant de débiter une somme,
il convient de vérifier notre solde. Comme il est avisé également de faire
des dépôts de temps à autre si nous voulons être capables de retirer
certaines sommes d’énergie, que ce soit pour rendre service à autrui ou pour
nous consacrer à nos objectifs. Pour cela, il faut croire aussi en la nécessité
de se ressourcer, d’établir des priorités et de réserver de l’énergie pour soi-
même.
25. Ce courant, dont on retrace les origines modernes avec les psychologues humanistes Abraham Maslow, Erich Fromm et Carl
Rogers, s’intéresse particulièrement aux forces positives qui permettent d’avancer et de passer activement à travers les épreuves et
l’adversité. Parmi ses représentants actuels, mentionnons Albert Bandura, Martin Seligman, Mihaly Csikszentmihalyi.
9
Martin Winckler
Imaginez que vous êtes au cinéma, bien calé dans votre fauteuil, dégustant
votre pop-corn en attendant le début du film. Puis les lumières s’éteignent,
le silence s’installe, l’écran s’illumine et la projection commence. Pendant
les deux prochaines heures, vous allez passer par toute une gamme
d’émotions. Vous allez rire, pleurer, avoir peur, sursauter et oublier pour un
moment vos soucis, votre propre vie et jusqu’au fait qu’il ne s’agit que
d’images sur un écran géant. La couleur, alternant parfois avec le noir et
blanc, les expressions des visages en gros plan et les paysages en plan
éloigné, la musique douce, précipitée, violente, les bruits ambiants… tout
cela va contribuer à créer une atmosphère bien particulière et à vous faire
vivre au rythme de personnages plus grands que nature.
Dans ce chapitre, vous découvrirez que vous pouvez, si vous y travaillez,
devenir un Spielberg ou un Buñuel, mais cette fois avec votre propre
cinéma intérieur. Tout comme le fait un réalisateur, vous apprendrez l’art de
modifier la manière de voir les choses et de se représenter les situations.
Progressivement, vous pourrez ainsi prendre en charge vos propres
représentations mentales et cesser d’en être la victime passive. Avec un peu
de temps et de pratique, cette habileté vous permettra de contrôler vos états
d’esprit pour diminuer, par exemple, votre anxiété face à une situation à
venir, pour augmenter votre motivation et votre confiance en vous-même ou
pour atténuer les effets d’un souvenir déplaisant. Mais avant toute chose,
apprenons à mieux connaître ce cinéma unique.
Notre carte du monde et ses limites
Au sens propre comme au sens figuré, chacun de nous a une vision de la
réalité différente de celle des autres, un peu comme si nous avions en nous
une carte du monde unique qui nous permet de percevoir et de comprendre
la réalité. On s’entend tous pour dire que la carte de Montréal n’est pas la
ville dans laquelle on marche, avec ses trottoirs, ses arbres, ses couleurs, ses
parfums et son ambiance. Ou que le menu au restaurant n’est pas le repas
que l’on aura dans son assiette. Il en est de même de notre carte du monde :
elle n’est pas la réalité, mais une représentation partielle de celle-ci.
Notre carte du monde est limitée par nos cinq sens qui, non seulement ne
captent pas toute l’étendue du champ perceptuel (pensons aux infrarouges
ou aux ultrasons), mais qui peuvent même le déformer. Pensons à ces deux
rails parallèles qui se rejoignent à l’horizon pour n’en former qu’un, ou au
navire qui diminue de volume en s’éloignant au large. En outre, la quantité
d’expériences humaines et de contacts personnels qu’il nous est possible
d’avoir est très restreinte, de sorte que notre connaissance du monde se fait
souvent de manière indirecte et intellectuelle, plutôt que directe et affective.
Par exemple, c’est par les médias que nous avons appris que l’homme a
marché sur la lune, par les récits des historiens que nous savons ce qui s’est
passé il y a trois siècles ou par les reportages des journalistes que nous
avons connaissance de ce qui se passe à l’autre bout de la planète. Cette
appréhension indirecte du monde n’implique pas nécessairement que nos
connaissances soient inexactes, mais elle peut ouvrir la porte à de
nombreuses interprétations, parfois même contradictoires.
Notre carte du monde est aussi limitée par le fait que, pour bien
fonctionner, notre cerveau doit constamment faire des choix, sélectionnant
certains aspects de notre expérience et en éliminant d’autres. Ainsi, en
laissant vos yeux courir sur les mots de ce chapitre et en vous concentrant
sur leur sens, vous éliminez forcément une grande quantité d’informations
moins pertinentes pour l’instant. Par exemple, vous n’avez pas remarqué la
couleur de la robe de votre collègue qui vient de passer près de vous, ou le
trajet qui défile par la fenêtre de l’autobus, ou les gestes d’impatience de
l’homme assis devant vous dans la salle d’attente.
Ajoutons à cela notre subjectivité et notre affectivité qui nous font réagir
de manière différente à ce qui nous arrive. Notre vécu, notre éducation,
notre histoire personnelle et notre héritage culturel font que nous accordons
une importance différente aux choses, aux situations et aux gens. À cause
de cela, nous valorisons certains aspects de la réalité, certaines qualités,
certaines attitudes, certains comportements, et nous organisons le tout dans
une hiérarchie de valeurs personnelles qui n’est jamais tout à fait la même
que celle de notre voisin, de notre collègue ou de notre conjoint. C’est tout
cela qui nous fait dire que la carte n’est pas le territoire et que l’idée que
nous nous faisons d’une chose ou d’une personne n’est pas vraiment cette
chose ou cette personne. Cela étant entendu, voyons comment s’organisent
nos représentations de la réalité.
Exercice 1
Comparaison des sous-modalités d’une
expérience pénible avec celles d’une
expérience agréable
Si possible, nous vous suggérons de faire cet exercice avec une
autre personne. Pendant que vous aurez les yeux clos, elle
pourra diriger l’expérience et vous permettre ainsi de garder le
contact avec vous-même sans interruption. Cette personne
pourra ainsi vous poser tranquillement les quelques questions qui
suivent et vous laisser répondre à votre rythme en prenant note
de vos réponses.
d’un souvenir
Avec le temps, va, tout s’en va
On oublie le visage et l’on oublie la voix
Léo Ferré
Vous avez peut-être noté qu’en vous remémorant une expérience pénible
dans le dernier exercice, vous avez éprouvé à nouveau les émotions qui s’y
rattachaient. Le simple fait de vous représenter cette situation pourtant
passée a conduit votre cerveau à réagir comme si vous la reviviez. Vous ne
réagissiez plus à l’événement comme tel, mais à son évocation.
Certaines personnes ont d’ailleurs le don d’évoquer encore et encore des
souvenirs malheureux, un peu comme si elles assistaient passivement à de
mauvaises reprises télévisées. D’autres ont celui de construire dans leur
imagination des films d’anticipation qui les rendent anxieuses, tendues, ou
qui les démotivent. Ces souvenirs et ces anticipations renferment sans doute
des enseignements et des avertissements dont il faut tirer parti. Mais quand
la leçon est tirée, il est inutile de revivre continuellement ces émotions
négatives.
Il est sûr que le passé ne peut être changé et que personne ne peut reculer
dans le temps pour le modifier. On peut toujours attendre que le temps fasse
son œuvre et qu’un souvenir s’efface, comme le chante Léo Ferré. Mais on
peut aussi apprendre comment en modifier le code, altérant du même coup
les émotions qui lui sont associées. Voilà où la connaissance des sous-
modalités va s’avérer très utile.
Pour mieux comprendre ce processus, imaginez que vous regardez un film
d’épouvante sur un grand écran et que, pendant une scène particulièrement
effrayante, vous coupez le son et la musique qui montait en crescendo. En
agissant directement sur une sous-modalité cruciale du film, votre peur va
diminuer et même disparaître complètement. Cette même technique va
maintenant vous permettre de modifier la qualité affective d’une
représentation mentale.
Prenons l’exemple d’une personne qui ressasse sans arrêt une critique
acerbe d’un collègue de travail. Elle observe que son souvenir se présente
dans son esprit avec les sous-modalités suivantes : la scène est près d’elle,
elle vit la situation en position subjective et les images sont colorées et
claires. Le ton de voix de son collègue est ironique, sévère, son rythme est
rapide et le son vient d’en haut.
Supposons maintenant qu’elle modifie volontairement certaines de ces
sous-modalités. Au niveau visuel, elle commence par prendre une distance
en imaginant qu’elle assiste au déroulement de la scène bien assise à
l’arrière d’un cinéma. Ce simple recul va probablement déjà diminuer son
sentiment déplaisant. Ensuite, elle transforme son film couleur en film noir
et blanc. Elle fait aussi passer la même scène plusieurs fois à vitesse rapide,
d’abord à l’endroit puis à l’envers. Ne reculant devant rien, notre réalisateur
en herbe imagine son collègue affublé d’une perruque orange et verte et
portant un gros nez de clown…
Au niveau auditif, elle repasse la scène en l’accompagnant d’une trame
sonore amusante, par exemple avec la chanson Acuna Matata du Roi lion.
Puis elle fait descendre progressivement la voix intérieure critique pour
qu’elle provienne de son épaule, puis de son bras, de son pied, et finalement
de son gros orteil. Elle modifie enfin le ton sévère de son collègue en lui
prêtant la voix de la souris Mickey Mouse ou celle d’une vieille sorcière…
Comme au cinéma, les possibilités sont multiples. En modifiant une sous-
modalité à la fois et en vérifiant l’effet de ce changement sur son ressenti,
cette personne pourra trouver celles qui influencent le plus son état émotif.
La clé de la réussite, c’est l’expérimentation répétée. Après tout, Spielberg
n’est pas devenu le réalisateur que l’on connaît du jour au lendemain ! Mais
si vous trouvez trop compliquée cette technique de brouillage, voici un
autre moyen efficace et plus simple pour diminuer l’impact affectif d’une
représentation mentale.
La dissociation
Que se passe-t-il quand vous lisez le mot citron ? Pas grand-chose,
évidemment. Maintenant, fermez les yeux, détendez-vous et imaginez le
scénario suivant. Vous êtes attablé au restaurant avec, à votre gauche, une
grande fenêtre par laquelle vous apercevez une rue et des piétons sur le
trottoir. Devant vous, sur la nappe blanche, une petite assiette contient des
quartiers de citron. Vous en prenez un dans votre main droite et examinez
attentivement son écorce et sa chair jaune pâle. Vous le pressez
délicatement entre vos doigts et faites couler un peu de jus dans l’assiette.
Puis vous portez le quartier de fruit à votre bouche et, sans hésiter, vous le
mordez énergiquement et sucez sa sève acide…
Il y a fort à parier qu’en évoquant cette scène, vous n’avez pu réprimer
une grimace. Maintenant, imaginez que vous vous dédoublez et que vous
vous retrouvez sur le trottoir de l’autre côté de la rue, face au restaurant. Par
la fenêtre, vous apercevez votre silhouette en train de prendre un quartier de
citron, de le regarder un instant puis de le porter à sa bouche. Ce n’est plus
la même chose, n’est-ce pas ? La portée affective n’est plus du tout la même
parce que vous êtes dissocié de l’expérience.
Plusieurs personnes sont naturellement associées dans leur vie. Elles
ressentent davantage les émotions, vivent intensément leurs joies comme
leurs peines. Quand elles anticipent le futur ou qu’elles repensent à un
événement marquant, elles vivent la situation comme si elles y étaient
vraiment. On dira parfois d’elles qu’elles sont théâtrales, passionnées,
impulsives aussi. Nous connaissons tous des personnes qui racontent vingt
fois la même histoire amusante et qui nous font encore rire parce qu’elles y
mettent tellement de cœur…
D’autres personnes vivent leur quotidien comme si elles se voyaient agir
de l’extérieur, en position d’observatrices. On les dira plus dissociées,
objectives, distantes, voire froides. Cette capacité à se dissocier est
particulièrement utile quand il ne faut pas laisser les émotions affecter son
jugement et son travail. Pensons à des métiers comme chirurgien, policier,
ambulancier…
Retenez qu’en étant associé à une expérience agréable ou pénible, on a
tendance à ressentir les émotions, alors qu’en s’en dissociant, l’intensité
affective diminue. Comme nous l’avons vu dans l’exercice de la gratitude
au chapitre précédent, il est très utile et bienfaisant de s’associer à des
souvenirs agréables dont l’énergie positive continue à nous habiter au
quotidien. Par contre, il est important d’apprendre à se dissocier des
souvenirs plus négatifs qui continuent à nous hanter, même quand on en a
tiré un enseignement.
Imaginons qu’une personne a fait une présentation devant un groupe et
qu’elle a bafouillé à quelques reprises, provoquant le rire de certains
spectateurs. Il est fort probable que cette expérience viendra la hanter lors
d’une prochaine présentation. Elle revivra l’événement passé, imaginera la
répétition du scénario et sa nervosité sera à son paroxysme. Supposons
qu’elle a compris de cette mauvaise expérience qu’elle devrait se préparer
et s’exercer davantage et qu’elle l’a fait. En se dissociant de ce mauvais
souvenir et de la tension importante qu’il provoque en elle, elle accédera
plus aisément à ses ressources et libérera son énergie créatrice pour cette
prochaine occasion.
Voici donc un exercice (voir l’encadré Exercice 2. La dissociation) qui
vous permettra de vérifier par vous-même les effets de la dissociation sur un
souvenir désagréable.
Exercice 2
La dissociation 28
Exercice 3
Imprégner une situation donnée d’un état-
ressource
Commencez par lire la démarche au complet pour bien la
comprendre. Si vous connaissez une personne de confiance,
vous pouvez lui demander de vous guider pour traverser les
étapes et prendre quelques notes.
1. Identification du code d’une expérience pour laquelle vous
voulez éprouver un état-ressource
Conclusion
Nous sommes jusqu’à un certain point condamnés à contrôler nos états
d’esprit, sous peine d’être contrôlés par eux. La motivation, l’enthousiasme,
la confiance en soi, l’optimisme ou la détermination sont des dispositions
d’esprit qu’il faut entretenir sans cesse en créant délibérément les
conditions qui les favorisent. Les outils plus avancés que nous vous avons
proposés dans ce chapitre peuvent s’employer de plusieurs manières, qu’il
s’agisse d’en finir avec des souvenirs qui vous hantent ou de créer des états
d’esprit propices à la réalisation des objectifs qui vous tiennent à cœur.
Comme tous les nouveaux outils, ils requièrent de la pratique pour se
familiariser avec eux.
Dans le prochain chapitre, nous aborderons un autre aspect de la
motivation et nous vous proposerons un moyen pratique et puissant pour se
placer rapidement dans un état d’esprit favorable lorsque la situation
l’exige.
26. Ce sont Richard Wayne Bandler (1991) et John Grinder, cofondateurs de la programmation neuro-linguistique, qui ont
développé les premiers ces systèmes de représentation.
27. Nous référons le lecteur à Richard Bandler, Un cerveau pour changer (2000), dans lequel l’auteur présente plusieurs autres
façons d’utiliser ces connaissances pour modifier nos réactions et nos comportements.
28. Adapté de Steve Andreas et al., NLP: The New Technology of Achievement, New York, William Morrow & Company, 1994.
29. Le trac et la nervosité sont des états d’esprit fréquents et constituent probablement un des pires ennemis à l’établissement d’un
rapport efficace avec un groupe. Nous renvoyons donc les personnes susceptibles de faire des exposés en public, des séminaires de
formation ou de l’enseignement à l’exercice « Le cercle d’excellence » dans Marc Vachon, Réussir ses communications publiques,
2008, http://oserchanger.com/a_articles/ comm_publique.php
10
Julien Green
La magie du contact
L’écoute reste la grande oubliée de notre société
Jean Dion
Exercice 1
Mon détecteur du rapport
1. Fermez les yeux et revenez en pensée à une occasion
récente où, à l’évidence, vous étiez en confiance avec une
personne ou avec un groupe. Observez ce souvenir en
tentant d’identifier les éléments visuels, auditifs et
kinesthésiques qui vous font dire que le rapport était bien
présent. Que voyez-vous qui vous fait dire que vous étiez
en rapport ? Qu’entendez-vous ? Que ressentez-vous ?
Notez ensuite ces réponses dans votre cahier sous le titre :
Rapport présent.
2. Pensez maintenant à une autre occasion où la
communication était faible ou inexistante. Encore une fois,
identifiez les éléments visuels, auditifs et kinesthésiques.
Que voyez-vous, qu’entendez-vous et que ressentez-vous
quand le rapport est coupé ? Notez ensuite vos réponses
dans votre cahier sous le titre : Rapport absent.
3. À partir de ces notes, déterminez la composition de votre
propre détecteur du rapport. Plus il comporte d’éléments
d’observation différents (V-A-K), plus il est raffiné.
Exercice 2
Entraînement à la synchronisation
1. Position de l’observateur
Pour vérifier l’existence de la synchronisation et vous introduire à
sa pratique, commencez par observer autour de vous des
personnes qui échangent dans des situations de vie courante,
dans la rue, à la cafétéria, au restaurant ou dans un groupe de
travail. Selon vous, sont-elles synchrones ?
Remarquez-vous un certain mimétisme comportemental au
niveau de la posture, des gestes ? Remarquez les éléments non
verbaux et, si possible, verbaux qui vous indiquent si ces
personnes sont synchrones ou asynchrones.
3. Essai de désynchronisation
Si vous le voulez, tentez l’expérience de vous désaccorder d’une
personne qui vous déplaît ou avec qui vous ne voulez pas
entamer de relation. Ne tentez surtout pas cette expérience avec
des personnes que vous aimez et qui vous aiment sous peine de
les blesser. Par contre, il peut être intéressant d’apprendre à
couper les ponts avec les personnes négatives pour s’en
protéger. Rapportez les résultats de cette désynchronisation et,
s’il y a lieu, les sentiments qui l’ont accompagnée.
Albert Einstein
Dans les chapitres précédents, nous vous avons présenté une démarche et
des outils pour découvrir vos rêves et vous engager sur le chemin de leur
réalisation. Si vous êtes déjà passé à l’action, vous avez sans doute réalisé
que certains gestes, même si vous les accomplissiez avec constance, n’ont
pas donné les résultats escomptés. Or, quand les choses ne fonctionnent pas
comme on le voudrait, il y a deux pièges à éviter : abandonner et s’acharner.
Les personnes qui abandonnent et se découragent vont souvent retourner
leur énergie contre elles-mêmes. Elles se blâment et éprouvent un sentiment
de culpabilité et d’incompétence. Ou encore elles la dirigent vers
l’extérieur, cherchent un coupable et condamnent les autres, la société ou le
destin. Les personnes qui s’acharnent répètent les mêmes stratégies, encore
et encore, même si la réalité leur renvoie clairement le message que ces
méthodes sont inefficaces dans cette situation donnée.
Comme le dit si bien le médecin et psychologue britannique Havelock
Ellis : « Tout l’art de vivre repose sur la fine démarcation entre lâcher prise
et s’accrocher. » C’est là qu’on retrouve une troisième voie beaucoup plus
sûre qui sera l’objet de ce dernier chapitre : la flexibilité.
La résistance au changement
Lâcher prise peut sembler simple à première vue, mais ce n’est pas
toujours le cas. Voici d’ailleurs une petite histoire qui illustre bien la
difficulté que cela peut représenter.
On raconte que, dans la forêt équatoriale, un homme chassait le singe.
Comme il connaissait bien un de ses travers, il pouvait l’attraper vivant et
sans la moindre blessure. Après avoir vidé une courge qu’il remplissait
ensuite de riz, il la fixait solidement à un arbre. Le singe, attiré par la
nourriture, s’approchait et insérait ses doigts par l’ouverture. S’emparant
d’une poignée de riz, il ne pouvait plus retirer sa main pleine maintenant
trop grosse pour passer par l’orifice. Pendant qu’il s’acharnait, le chasseur
s’approchait et attrapait le singe ainsi retenu. Vous pensez sans doute que
l’animal n’avait qu’à abandonner le riz pour retrouver aisément sa liberté.
Bien sûr, mais pour y arriver, il aurait dû renoncer à quelque chose
d’important et même de vital pour lui : sa nourriture.
Cet exemple illustre bien la résistance que nous avons tous à changer. Le
changement oblige à des renoncements et lâcher prise implique parfois de
faire le deuil du confort de nos habitudes et de stratégies inappropriées et
obsolètes. Lâcher prise implique à d’autres moments de renoncer à des
idées ou des désirs irréalistes, comme souhaiter que son conjoint ou son
collègue de travail ait un caractère différent et qu’il change. Ou se défaire
de croyances stériles comme : Il faut que tout soit parfait. Tout doit toujours
fonctionner comme je le veux. Je dois tout faire moi-même. Ou encore
devoir abandonner un objectif parce que son atteinte n’est pas sous notre
contrôle. Certaines personnes, par exemple, auraient tout intérêt à laisser
aller leur passé et les épreuves qu’elles ressassent sans pouvoir rien y
changer, s’empêchant ainsi de profiter du moment présent et de la
possibilité de recréer leur vie, pas comme elle était avant, mais comme elle
pourrait être après. Même les changements que l’on souhaite impliquent des
détachements en obligeant par exemple à laisser derrière soi un
environnement familier, des collègues de travail, une sécurité financière ou
affective. Donc, qu’un changement soit choisi ou subi, positif ou négatif, il
entraîne toujours à sa suite un réajustement et, à des degrés divers, une
forme de résistance.
Le processus du changement
L’auteur William Bridges32 soutient qu’un changement est intégré lorsque
la personne qui le vit est passée par un processus d’ajustement
psychologique en trois étapes. Ce cheminement, plus ou moins lent et
difficile selon les personnes et l’importance du changement, ne s’opère pas
de façon linéaire et il comporte son lot de retours en arrière occasionnels, de
sacrifices et de défis.
1. La rupture
C’est l’étape où l’on doit accepter que ce que l’on a connu dans le passé
ne sera plus là. Le défi à relever, c’est de laisser partir le passé et d’admettre
la perte inévitable qui accompagne cette réalité. Si vous rêvez de changer
d’emploi, de monter votre propre entreprise, de déménager à la campagne
ou de partir autour du monde avec votre famille pendant toute une année,
vous devrez abandonner des comportements, une routine, laisser derrière
vous des proches, oublier votre sécurité financière peut-être, et même
quitter vos repères culturels. Quand le changement est imposé, que ce soit
en raison d’une maladie, du départ d’un être cher, de la retraite, d’un
déménagement ou d’une réaffectation professionnelle, on doit aussi quitter
sa zone de confort et changer des façons de faire que l’on connaît bien. On
devra par exemple renoncer pour un temps à se sentir compétent, reconnu,
accepter peut-être de perdre une partie de son identité, sacrifier son
organisation du temps… Plus le renoncement est important, plus il risque
d’engendrer de la résistance et des émotions paralysantes qu’il faudra
apprendre à canaliser pour traverser activement cette période de
déséquilibre.
Le passage à la retraite est un bon exemple d’un changement qui peut être
à la fois imposé et désiré, et qui oblige la personne concernée et son
entourage immédiat à trouver des moyens nouveaux pour rétablir un
équilibre rompu momentanément. Dans notre société, le travail satisfait, à
des degrés variables, plusieurs besoins d’une personne : le besoin de
sécurité, bien sûr, mais aussi de contribuer, de se sentir utile aux autres,
d’être significatif et reconnu, de relever des défis, de communiquer, d’avoir
de l’influence et du pouvoir. Ces besoins sont encore présents au moment
de prendre sa retraite, mais il faut alors laisser aller des façons de satisfaire
ces besoins qui étaient liées au travail pour en développer de nouvelles.
Pour mieux comprendre les émotions parfois contradictoires qui vous
habitent sans doute alors que vous en êtes à introduire des changements
dans votre vie, il est bon de répondre à cette question : À quoi ce
changement m’oblige-t-il à renoncer, qu’est-ce qu’il me force à laisser
aller ?
3. La réorientation
C’est l’étape de l’acquisition de nouvelles connaissances et du
développement de nouvelles habitudes qui vont s’intégrer à notre identité.
Par exemple, la personne retraitée a réussi à réorienter sa vie. Elle peut
maintenant faire une évaluation plus réaliste des choix qui s’offrent à elle et
explorer de nouvelles activités qui répondent à ses besoins. Elle voit les
avantages d’avoir du temps pour elle-même, pour poursuivre d’autres rêves,
pour se consacrer aux gens qu’elle aime. Elle peut même avoir réorganisé la
hiérarchie de ses valeurs : alors qu’elle valorisait auparavant la productivité,
l’efficacité, l’accomplissement et le statut, ce sont dorénavant le temps, le
développement de la personne et de ses potentialités et le bénévolat qui
occupent la première place chez elle.
De la même manière, dans le cas d’une personne qui a volontairement
laissé un emploi pour aller vers un autre plus épanouissant, le processus de
la transition n’est complété que lorsqu’elle a intégré et consolidé ses
nouvelles compétences, ses nouveaux automatismes et qu’elle a retrouvé
son efficacité et un certain confort.
1. Face à une situation qui vient contrecarrer vos plans ou quand un
moyen d’action ne donne pas les résultats escomptés, commencez par vous
demander : Qu’est-ce qui fonctionne à mon goût ? De quoi suis-je content ?
De quoi puis-je être satisfait ? Tout ne va pas mal, alors faites l’effort de
donner le plus de réponses possible. L’objectif, c’est de casser tout de suite
l’état d’esprit paralysant qui est le vôtre à ce moment-ci. Vos réponses
devraient suffire à provoquer un état d’esprit positif plus propice à la
créativité et à la recherche de moyens différents pour progresser vers votre
objectif. Par exemple, dans le cas de la caméra photo qui s’est brisée au tout
début de ses vacances, la personne pourrait répondre à la première question
qu’elle est contente malgré tout d’être en vacances, de pouvoir se reposer
dans un endroit magnifique à une température idéale, qu’elle est heureuse
d’être accompagnée de la personne qu’elle aime…
Revenons en arrière35, à cette personne qui, dans la sphère de sa santé
physique, s’est fixé comme objectif intermédiaire : D’ici quatre mois, je
veux apprendre comment cuisiner des repas équilibrés et apporter des
goûters santé au bureau. Elle réalise, après cette période, qu’elle ne cuisine
pas encore. Par contre, elle est satisfaite d’avoir consulté une nutritionniste,
d’avoir diminué de façon marquée sa consommation de café, et elle apporte
maintenant des goûters plus sains au bureau. Peut-être n’a-t-elle pas réussi à
marcher activement trois fois par semaine pendant au moins trente minutes,
comme elle le projetait, mais elle est contente d’emprunter les escaliers au
lieu de l’ascenseur.
Dans un autre domaine, imaginons une personne qui désirait convaincre
ses collègues de modifier une procédure. La réunion s’est terminée et elle a
manqué de temps pour bien expliquer son point de vue. En répondant à la
première question de flexibilité, elle réalise qu’elle est tout de même
contente d’avoir réussi à faire en sorte que la question soit étudiée plus en
profondeur lors de la prochaine rencontre.
2. Maintenant que votre état d’esprit est plus positif, vous êtes prêt à bien
cerner le problème en répondant à ces deux questions : Qu’est-ce qui n’est
pas à mon goût ? Qu’est-ce qui ne fonctionne pas ? Peut-être la situation
exige-t-elle que vous développiez une approche et des moyens différents.
La personne qui n’a pu marcher trente minutes par semaine comme elle le
souhaitait réalisera par exemple qu’elle comptait trop sur un ami qui devait
l’accompagner et qui n’était pas disponible. Une autre prendra peut-être
conscience qu’avant sa réunion, elle n’a pas pris le temps de créer un
rapport de confiance entre elle et ses collègues et qu’elle ne connaît pas
suffisamment les procédures d’une réunion. Cette seconde question est
essentielle pour comprendre ce qui s’est passé et éviter de répéter les
mêmes erreurs. Quand on refait ce qui ne fonctionne pas, on obtient les
mêmes résultats ; d’où l’importance de comprendre ce qui s’est passé avant
de penser tout de suite aux solutions.
Persévérance et maîtrise
Un souhait ne vous est jamais donné sans que vous
Richard Bach
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