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N° 61 - mai / juin 2008

COMMUNIQUER
OUTRE-MER Les télécoms
en outre-mer,
Edouard Bridoux,
Membre
de l’Autorité
si loin, si proches…
Les territoires ultra marins représentent une réalité géographique et
La Réunion, Mayotte, la Guyane, économique différente de la métropole, notamment en raison de leur
la Martinique, la Guadeloupe, éloignement et de leur dimension réduite. Il n’en demeure pas moins que les
Saint-Martin, Saint-Barthélemy, habitants des départements, régions et collectivités d’outre-mer veulent pouvoir
Saint-Pierre et Miquelon : bénéficier des meilleures technologies de l’information. On parle de continuité
pour chacun de ces départements
ou collectivités territoriales
numérique… Pour la régulation, c’est à la fois prendre en compte les
d’outre-mer, il appartient à l’ARCEP spécificités de l’outre-mer tout en lui appliquant un cadre juridique et des
de réguler le secteur des objectifs uniques. Comment résoudre un tel paradoxe ? Avantages,
communications électroniques et inconvénients ? Le dossier de ce numéro spécial nous livre quelques pistes.
des postes. Mais si les règles
i loin, si proches ». Cet aphorisme demande inextinguible couplée à une volonté

S
juridiques et les technologies sont
les mêmes, les enjeux sont appliqué au paysage des télécommu- de maitriser sa dépense de communication,
incomparablement plus forts qu’en nications en outre-mer résume bien même engouement pour les nouvelles techno-
métropole. Dans un monde de plus le paradoxe de la situation. Quelles logies. Une différence notable cependant.
en plus globalisé, le besoin de différences y-a-t-il entre la métropole et L’accès aux technologies de l’information a
disposer de systèmes de l’outre-mer ? On y retrouve les mêmes mots potentiellement un rôle encore plus straté-
communication performants au clés : service universel, dégroupage, haut-débit gique qu’en métropole par la capacité de ces
meilleur prix est d’autant plus mobile, opérateurs historique et alternatifs, services à permettre une meilleure intégration,
grand que les territoires sont concurrence loyale au bénéfice du consommateur, tant régionale qu’avec la métropole et les
géographiquement isolés de leurs régulation… Néanmoins, très vite, de autres pays de l’Union Européenne. Cette
voisins régionaux et éloignés de la nouveaux mots apparaissent : câbles transocéa- différence se traduit dans les usages des
métropole. niques, équipements tropicalisés, absence de consommateurs, qui diffèrent à produit équi-
rareté des fréquences, usages distincts… La régu- valent, et a des conséquences sur le prix des
Heureusement, le cadre lation navigue entre ces deux balises : unicité offres parfois peu connues.
réglementaire européen a été du cadre juridique et des objectifs assignés à la Un exemple : en matière de téléphonie fixe,
conçu pour s’appliquer dans régulation, d’une part, prise en compte des si le volume moyen d’appels locaux ou interur-
l’ensemble de l’Union européenne
spécificités de l’outre-mer, d’autre part. bains diffère peu, l’utilisateur d’outre-mer
et notamment dans les nouveaux
appelle beaucoup plus la métropole et
Etats membres comme Malte ou
Des usages différents du fait l’étranger que son alter-ego métropo-
Chypre, qui présentent des
de l’ouverture économique litain, conséquence
caractéristiques comparables à
l’outre-mer français : insularité
et sociale plus forte de l’outre-mer ••• suite p.2
Commençons par le nerf de la guerre
Interviews
et marché intérieur réduit. L’Autorité O
dispose de la capacité à reconnaître dans tout secteur économique
M ÉR
Guadeloupe Guyane
et prendre en compte les qui se respecte : le client N U Bill Victorin Antoine
final. Globalement, il
CE
spécificités des territoires distants and keep
ne se différencie Lurel Karam
et à y mettre en œuvre une S Le retour ?
politique de régulation adaptée. pas de son A N Martinique
cousin métro- D Dividende numérique La Réunion
Alfred
S’agissant des fréquences, celles-ci politain : 8 chaines HD en plus ou bien les Marie-Jeanne Guy Jarnac
sont gérées territoire par territoire. même derniers 25 % de la population
La rareté n’y étant pas encore couverts en très haut débit
d’actualité, l’Autorité a pu attribuer sans fil ?
les fréquences « au fil de l’eau », en

••• suite page 2


Dossier - Les télécoms en outre-mer
logique de l’ouverture plus forte des économies initiale rapide à la concurrence côté mobile.
••• suite de l’éditorial en outre-mer. Cette différence devient particu- Ainsi, lorsque l’Autorité définit les marchés
réponse aux demandes des acteurs. lièrement visible avec l’introduction des offres sur lesquels vont s’exercer sa régulation concur-
De nouveaux opérateurs ont pu se d’abondance ou « illimitées » sur le marché. rentielle(1), elle retient un périmètre national
déployer dans les trois dernières Toutes choses égales par ailleurs, le tarif de cespour les marchés de la téléphonie fixe ou du
années : on en compte maintenant offres reflète le coût, pour l’opérateur, de haut débit, incluant tant la métropole que
trois à La Réunion et Mayotte, répondre à l’usage moyen de ses clients et non à l’outre-mer. En effet, le jeu concurrentiel y est
quatre en Guyane, Guadeloupe et l’usage spécifique d’un client donné. Aussi, une toujours défini en référence à l’opérateur histo-
Martinique, et cinq à Saint-Martin et même offre incluant les appels illimités entre la rique qui décline son offre tant en métropole
Saint-Barthélemy ! En début métropole et l’outre-mer sera vendue à un prix qu’en outre-mer et dont le contrôle de l’infra-
d’année 2008, l’Autorité a lancé plus élevé outre-mer qu’en métropole. Cette structure essentielle que constitue son réseau
le processus d’attribution des différence peut atteindre 20 euros par mois. Et d’accès en cuivre (et des infrastructures de génie
fréquences UMTS à 2,1 GHz et les cette caractéristique ne traduira pas une quel- civil sous-jacentes), est tout aussi fort dans
premiers acteurs ont d’ores et déjà conque différence dans les structures de coût ou chacun de ces territoires. La capacité des opéra-
reçu leurs autorisations. Le secteur
de jeu concurrentiel, mais avant tout un usage teurs alternatifs à participer au jeu concurrentiel
de la téléphonie mobile brille par
plus marqué d’un service vendu sur une base nécessite donc qu’ils accèdent à cette infrastruc-
son dynamisme outre-mer, comme
forfaitaire, c’est à dire indépendamment du ture via la formulation d’offres de gros sur l’en-
en attestent les taux de pénétration,
nombre et de la durée des appels. semble des territoires où France Télécom est
excédant largement ceux de la
présente. Au cas d’espèce, il n’est donc
métropole.
« L’utilisateur d’outre-mer appelle pas nécessaire de distinguer la régula-
Côté réseaux fixes, les offres beaucoup plus la métropole et l’étranger tion entre l’outre-mer et la métropole.
d’accès à Internet à haut débit se Ce raisonnement s’applique à l’en-
développent à un rythme soutenu
que son alter-ego métropolitain, semble des marchés de la téléphonie
et le dégroupage connaît finalement conséquence logique de l’ouverture fixe, de l’accès Internet haut débit et
le même succès qu’en métropole. plus forte des économies en outre-mer » des services de capacités et des
Les offres de voix sur large bande marchés de gros sous-jacent.
se sont imposées et intègrent des Ces variations dans la demande des différents Dissemblances car si, initialement, les opéra-
appels illimités, y compris vers la services de téléphonie fixe sont prises en compte teurs alternatifs étaient souvent des filiales ou
métropole. par l’Autorité dans sa régulation de l’offre de divisions d’acteurs déclinant une stratégie
Le coût de la connectivité service universel. Les tarifs des communications nationale, le paysage a maintenant bien évolué
internationale, c’est-à-dire de de cette offre sont soumis à un encadrement pour faire la place à des acteurs et des investis-
l’accès aux grands câbles sous- tarifaire pluriannuel (article L. 35-2 du Code seurs ancrés dans les marchés locaux, qui ont
marins, continue toutefois à peser des postes et communications électroniques). intégré au cœur de leur stratégie les spécificités
lourd dans l’équation économique L’évolution du prix d’un panier de communica- géographiques et pour plusieurs d’entre eux ont
des opérateurs et, in fine, des tion ne doit pas évoluer plus vite que l’inflation construit une stratégie régionale (sur l’arc
consommateurs au bénéfice
diminué de 3% et des variations des charges caraïbe ou sur l’ensemble de l’outre-mer).
desquels œuvre la régulation.
d’interconnexion. L’Autorité a retenu deux La première spécificité géographique est liée à
A cet égard, l’engagement paniers distincts auxquels s’applique la même la fragmentation et à la taille relativement faible
des collectivités territoriales auprès contrainte, l’un représentatif des usages en des marchés outre-mer. Facteur souvent redou-
des acteurs privés a permis de métropole et l’autre en outre-mer. L’unicité du table dans un secteur ou les « coûts fixes », et les
réaliser de grands progrès à travers cadre juridique, et notamment des obligations « rendements d’échelle » correspondants, ont
le cofinancement de nouvelles de service universel, ne font pas obstacle à la tant d’importance. Cette difficulté est
infrastructures sous-marines et leur prise en compte des spécificités de ces terri- contournée relativement aisément au prix d’un
mise à disposition des opérateurs. toires. L’Autorité a pu ainsi veiller à ce que les décalage temporel. Il faudra attendre qu’une
Ces projets sont tarifs de communications restent « abordables », technologie ou un produit ait rencontré un
bien engagés, voire même achevés tant pour un client ayant une consommation succès sur des marchés de taille plus importante
pour certains dans la de type métropolitaine qu’un client représen- – en métropole et plus généralement au niveau
zone des Caraïbes ou en tatif des usages en outre-mer. mondial d’un point de vue technologique –
développement avancé pour pour que son déploiement outre-mer soit
d’autres comme dans la zone de Une géographie qui détermine possible économiquement. Ce décalage
l’océan indien. L’entreprise, la fragmentation et la taille temporel permet aux opérateurs d’outre-mer
particulièrement complexe et de relativement faible des marchés d’éviter le coûteux processus de « tâtonne-
longue haleine, réclame une forte Du côté de l’offre, on retrouve les mêmes ment » durant lequel une nouvelle technologie,
détermination politique. Cette ressemblances et dissemblances entre métropole ou une nouvelle offre, est optimisée et voit ses
détermination est essentielle, afin et outre-mer. Ressemblances, car l’opérateur coûts unitaires réduits de façon significative.
de permettre à nos territoires historique est bien évidemment le même. Son Amortir ses surcoûts initiaux sur des marchés
d’outre-mer d’accéder pleinement
réseau y a la même architecture. L’ouverture à la de petites tailles rendrait impossible la résolu-
à toutes les opportunités de
concurrence a suivi le même processus dans tion de l’équation économique entre coûts de
l’économie numérique.
chaque zone géographique : sélection appel par développement et d’exploitation d’un service,
Edouard Bridoux appel, puis présélection et enfin dégroupage et et disponibilité à payer des utilisateurs finals.
« bitstream » pour les réseaux fixes ; ouverture Réciproquement, une fois que les conditions

2 LA LETTRE DE L’AUTORITÉ DE RÉGULATION DES COMMUNICATIONS ÉLECTRONIQUES ET DES POSTES  MAI/JUIN 2008
Dossier - Les télécoms en outre-mer
sont réunies, le déploiement des nouveaux tables d’un opérateur à l’autre dans chacune de les réseaux fixes de métropole et souvent vers
services peut être rapide outre-mer. Ainsi, en ces zones. La modernisation de la portabilité des l’ensemble des pays de l’Union Européenne.
téléphonie mobile, les derniers entrants numéros mobiles initiée en 2004 a intégré l’ou- Sur le plan de la régulation, l’Autorité peut
(Outremer Telecom par exemple) ont pu tre-mer en y prescrivant les mêmes avancées : un intervenir sur les services de capacités, c’est à dire
déployer des réseaux mobiles avec une couver- processus dit de « simple guichet » où le nouvel les services qui sont offerts à partir des infrastruc-
ture comparable aux premiers entrants en un opérateur du client prend en charge intégrale- tures physiques de transport (câbles, FH, liaison
temps record de quelques trimestres. En ment son client en moins de dix jours.
matière de réseaux fixes, le long travail d’opti- Néanmoins, sur la portabilité, l’AR- « Le développement rapide de l’Internet
misation des processus techniques et économi- CEP a organisé trois groupes de travail
ques de dégroupage effectué par les opérateurs autonomes avec les opérateurs : l’un pour
haut débit au niveau mondial a décuplé la
métropolitains a permis une adaptation beau- la métropole, l’autre pour la zone Antilles- demande d’infrastructures de
coup plus rapide et moins onéreuse pour les Guyane et le dernier pour l’océan indien. transport de données. »
opérateurs en outre-mer. Ces groupes de travail ont défini les
modalités pratiques de mise en œuvre des pro- satellitaire…), plus que sur l’infrastructure elle-
Sur le marché des mobiles, cessus de portabilité et ont pu prendre en même. L’Autorité a donc été amenée à trancher
c’est en outre-mer que compte les spécificités de l’outre-mer. Au final, des différends entre les opérateurs économiques
la concurrence est la plus développée les nouveaux systèmes de portabilité ont réunionnais et France Télécom portant sur les
Cette petite taille des marchés n’engendrent démarré en premier sur la zone Antilles offres de services de capacité et de transit IP entre
pas que des inconvénients. Ainsi, les ressources – Guyane en avril 2006, soit plus d’un an avant l’île de La Réunion et la métropole. Les tarifs de
rares… y sont moins rares qu’en métropole. La la métropole qui les a ouverts, après quelques ces offres ont été diminués de façon importante
demande pour le spectre hertzien est moins mois de retard, en mai 2007, suivie par La Réu- à cette occasion. Par ailleurs, dans son analyse
forte en outre-mer qu’en métropole, même si ce nion et Mayotte en juillet 2007. des marchés des services de capacité, l’Autorité a
spectre est parfois disponible plus tardivement identifié des marchés de gros spécifiques aux
et plus difficile à exploiter (lire page 19 l’article L’accès aux réseaux mondiaux relations entre l’outre-mer et la métropole.
sur l’impact des hydrométéores). L’Autorité a de communication constitue France Télécom y a été désigné comme exerçant
donc pu attribuer les fréquences pour les un goulot d’étranglement spécifique une influence significative et soumise à des obli-
réseaux mobiles – GSM 900/1800 MHz puis, aux marchés ultra-marins gations de faire droit à des demandes raisonna-
depuis début 2008, UMTS 2,1 GHz – « au fil La deuxième spécificité géographique tient à bles d’accès, de non discrimination et de
de l’eau » et ne pas avoir recours aux procédures l’éloignement de la métropole qui engendre un contrôle tarifaire (cf .pages 22 et 23).
d’appel à candidatures. goulot d’étranglement spécifique à ces mar-
Par ailleurs, la géographie de l’outre-mer a per- chés : l’accès aux réseaux mondiaux de commu- Les collectivités sont très actives
mis une gestion autonome des fréquences dans nication. Ce goulot d’étranglement se rajoute à pour accélérer le déploiement
chacun de ces territoires. Conséquence de cette ceux sur les réseaux d’accès – c’est à dire la paire de câbles sous marins
grande granularité dans l’allocation des fréquen- de cuivre qui dessert l’abonné – et des terminai- Les régions et collectivités territoriales s’im-
ces : il n’y a pas eu de barrière à l’entrée sur le sons d’appel mobile, mais il est spécifique à pliquent tout particulièrement dans la résorp-
marché de la téléphonie mobile du fait du man- l’outre-mer. Dans certains cas, il existe déjà un tion de ce goulot d’étranglement propre à l’ou-
que de fréquences. Si l’on mesure l’intensité ou plusieurs câbles optiques sous-marins qui tre-mer, en plus de l’action plus classique visant
concurrentielle et/ou le développement du mar- assurent le raccordement aux grandes dorsales à développer des réseaux de collecte les plus
ché par le nombre d’opérateurs mobiles présents, transcontinentales. A défaut, il faut avoir capillaires possibles sur leur territoire. Elles
c’est donc en outre-mer que la concurrence est la recours aux liaisons satellitaires comme à encouragent les projets en partenariat publics-
plus développée puisqu’à l’exception de Saint- Mayotte ou aux faisceaux hertziens comme à privés et cherchent à mobiliser des finance-
Pierre et Miquelon, on y compte toujours au Saint-Pierre et Miquelon. Dès lors qu’ils sont ments publics, et notamment européens.
minimum trois opérateurs comme à La Réunion d’une envergure qui dépasse le seul territoire Cette action a permis de raccorder les îles de
et Mayotte, quatre en Guadeloupe, Guyane et d’une collectivité, tous les services de télécom- la Martinique et la Guadeloupe à un deuxième
Martinique, voire cinq sur la partie française de munications doivent intégrer ce poste de coût câble sous-marin international. La concurrence
l’île de Saint-Martin et à Saint-Barthélemy ! qui explique beaucoup des différences de prix accrue sur les offres de connectivité internatio-
sur le marché de détail entre la nale a permis de faire baisser les coûts des four-
« Cette petite taille des marchés n’engendrent métropole et l’outre-mer. nisseurs d’accès Internet. Les clients ont pu
Le développement rapide de l’In- bénéficier en conséquence de meilleurs débits
pas que des inconvénients. Ainsi, les ternet haut débit au niveau mondial Internet à prix constant.
ressources rares… y sont moins a décuplé la demande d’infrastructu- Au final, le cadre juridique européen et sa
rares qu’en métropole. » res de transport de données. Les pro- transposition en droit français, se révèle relative-
jets de câbles se sont donc multipliés ment adapté à la prise en compte des spécifici-
En matière de numérotation, l’outre-mer est dans les dernières années pour permettre de tés de l’outre-mer. Conçu pour s’appliquer en
totalement intégrée dans le plan national de mieux raccorder l’outre-mer aux autoroutes de France, à Chypre, en Lithuanie ou au Luxem-
numérotation et ses quatre grandes catégories de l’information. Si la situation n’est pas encore bourg, ce cadre a été pensé comme une vérita-
numéros : géographiques et non géographiques satisfaisante en matière d’Internet haut-débit, où ble boîte à outils… charge au régulateur de
fixes, non-géographiques mobiles et services à la demande reste insatiable, elle l’est quasiment trouver le tournevis adapté aux réalités de l’ou-
valeur ajoutée. Des tranches de numéros sont en matière de voix, peu consommatrice de tre-mer français. 
dédiées à chacune des zones géographiques de bande passante. Plusieurs opérateurs offrent
(1)
métropole et d’outre-mer. Les numéros sont por- maintenant des offres de voix illimitées de et vers Article L 37-1 et suivant du CPCE.

MAI/JUIN 2008  LA LETTRE DE L’AUTORITÉ DE RÉGULATION DES COMMUNICATIONS ÉLECTRONIQUES ET DES POSTES 3
Dossier - Les télécoms en outre-mer

Les technologies de l’information


et de la communication,
outils de la continuité territoriale
et de la compétitivité
outre-mer, qui sera mobile arrive dans des départements
par prochainement pré- d’outre-mer.
Yves Jégo senté au Parlement, Je suis aussi très attentif à l’arrivée de la
visera notamment à télévision numérique terrestre outre-mer, et
secrétaire pouvoir combler je souhaite que des décisions puissent être
d'Etat chargé cette fracture numé- prises le plus rapidement possible après la
de l'Outre-mer rique et à faire béné- parution du rapport du CSA. Le projet de
ficier l’outre-mer de loi programme comprendra donc aussi des
lus d’un l’ensemble des nouvelles technologies. mesures facilitant sa mise en œuvre.

P milliard
d’inter-
nautes
communiquent sur
la planète entière.
Priorité au développement
des infrastructures
et à la sécurisation des liaisons
Une de mes priorités va au développe-
Les prix des liaisons demeurent
encore un réel obstacle
J’attache aussi une importance particu-
lière à la question du coût ou du surcoût des
L’économie mon- ment des infrastructures. Du fait de l’insu- communications électroniques ultrama-
diale est désormais interdépendante. L’évi- larité, le déploiement de câbles sous-marin rines. Si de nombreux territoires ont fait
dence des liens numériques s’impose est très souvent un des moyens les plus effi- progresser leurs réseaux internes, voire les
d’autant plus que la carte de l’outre-mer caces pour apporter l’Internet haut débit. Il sorties de territoire, les prix des liaisons
français couvre l’ensemble de la planète. rejoint une autre préoccupation : sécuriser demeurent encore un réel obstacle. Que ce
Avec des liens plus accessibles et plus les liaisons existantes pour que ces terri- soit pour les coûts des communications
fiables, c’est toute la richesse de l’outre-mer, toires, plus fragiles et isolés, soumis à des fixes et mobiles, ou des accès Internet, des
tant culturelle qu’économique, qui s’en risques climatologiques et sismiques parti- conditions attractives sont indispensables.
trouverait renforcée et valorisée. culiers, soient assurés de disposer de voies A cet égard, les actions menées par
de communications fiables. De nombreux l’ARCEP ont largement contribué à
La continuité territoriale passe progrès ont déjà été faits et je souhaite permettre davantage de concurrence.
par la continuité numérique amplifier cet effort pour soutenir le finance- Enfin, les nouvelles technologies sont
Les communications électroniques ment de ces projets. J’ai donc veillé à ce que une chance formidable car elles constituent
constituent un outil indispensable pour la prochaine loi-programme pour l'outre- un atout essentiel pour le développement et
assurer la continuité territoriale de l’outre- mer comporte des mesures incitatives pour l’attractivité des territoires. Les technologies
mer. Le mot « télécommunications » prend les projets de câbles sous-marins. de l’information favorisent le travail en
tout son sens outre-mer : il s’agit de De nombreux nouveaux services sont réseau, l'ouverture vers les marchés
rapprocher les ultramarins éloignés de la disponibles en métropole et l’outre-mer internationaux, conditions essentielles à la
métropole, et dans certains cas, de rompre doit aussi en bénéficier. Je pense tout parti- survie et au développement des sociétés de
l’isolement, et aussi de rattraper le retard là culièrement à la troisième génération de nos territoires. Leurs usages peuvent
où il existe. La continuité territoriale passe téléphonie mobile, qui arrive désormais améliorer la compétitivité de l'économie
aujourd’hui par la continuité numérique, dans certains de nos territoires, et à la télé- ultramarine, et constituent une source de
qui permet de renforcer la cohésion entre vision numérique terrestre. Contrairement création d'emplois que nous devons mieux
nos différents territoires. à une idée reçue, les ultramarins sont très exploiter.
Dans ce contexte, mes objectifs sont friands de communications électroniques Je compte donc donner un nouvel élan
d’assurer l'accès de tous les ultramarins à la sous toutes leurs formes. Les taux de péné- au chantier des technologies de
société de l'information, en raccordant les tration de la téléphonie mobile sont plus l’information outre-mer. Leur déploiement
territoires les moins accessibles, en mettant élevés dans les départements d’outre-mer et leur utilisation est une priorité,
en place les conditions propices au dévelop- qu’en métropole, et certains marchés sont constituant un véritable outil de la
pement des services les plus avancés et en proches de la saturation, par exemple à la continuité territoriale et une des conditions
donnant à ces territoires un instrument Guadeloupe et à la Réunion. Toutefois, essentielles de la dynamique de
incontournable pour leur développement cette réalité d’ensemble cache des développement économique durable, que je
économique. contrastes importants. A Wallis et Futuna, veux promouvoir dans nos outre-mer.
Le projet de loi pour le développement la téléphonie mobile n’existe pas, alors que Soyez convaincus de ma détermination à
économique et la promotion de l’excellence la troisième génération de téléphone conduire ces actions. 

4 LA LETTRE DE L’AUTORITÉ DE RÉGULATION DES COMMUNICATIONS ÉLECTRONIQUES ET DES POSTES  MAI/JUIN 2008
Dossier - Les télécoms en outre-mer

L'Union européenne soutient


les télécommunications
dans les régions ultrapériphériques
par Danuta réalité géographique et économique différente d'un réseau hertzien sur le littoral, de stations
des autres régions européennes notamment en satellites pour l'intérieur de la région, et de fibre
HÜBNER raison de leur isolement, de leur éloignement et optique pour les zones d'activités de Cayenne et
Commissaire de leur dimension réduite qui constitue un de Kourou.
européen pour handicap pour leur développement durable et En Guadeloupe, la politique de cohésion a
la politique harmonieux. En matière de TIC, ces territoires cofinancé le déploiement d'un câble sous-
régionale souffrent notamment de la faible capacité de marin de télécommunications à haut débit –
leur raccordement aux réseaux mondiaux de dont le projet m'a été présenté lors de ma visite
a dissémination des technologies de télécommunication et de la situation monopo- en 2006 – afin d'augmenter le transit Internet

L l'information et de la communica-
tion (TIC) au sein de l'Union euro-
péenne constitue un enjeu majeur en
vue d'atteindre les objectifs de la stratégie de
Lisbonne renouvelée : la croissance et l'emploi,
listique des opérateurs historiques qui ont
conduit à une offre d'accès au haut débit qui
peut être structurellement qualifiée d'insuffi-
sante et non compétitive.
Toutefois, la reconnaissance de la spécificité
arrivant en Guadeloupe et de diminuer de
manière significative le coût de ce service. Cet
investissement a modifié très sensiblement les
conditions d'achat du transit IP en Guadeloupe
sur le marché de gros puisque le prix est passé
le renforcement de l'innovation, la compétiti- de ces régions par tous les Etats membres de de 2000€/Mb/mois à 375€/Mb/mois depuis
vité des entreprises et des industries euro- l'Union - reflétée à l'article 299§2 du Traité septembre 2006.
péennes et l’amélioration du bien être de tous CE- a permis de moduler l'action communau- En outre, en vue de renforcer les compé-
les citoyens. taire et d'adopter des mesures spécifiques en tences de sa population en matière de TIC, la
En juin 2005, la Commission européenne a leur faveur. L'enjeu de l'accès aux réseaux et aux région Réunion a mené dans le cadre des
publié une stratégie « i2010 - Une société de services des TIC a été placé, dès 2004, au cœur Actions Innovatrices 2000-2006, une étude de
l'information pour la croissance et l'emploi ». de la stratégie communautaire pour les régions préfiguration d'une école d'ingénieurs TIC
Ce cadre stratégique couvre les actions en ultrapériphériques au sein de trois axes : la pour la zone de l'Océan Indien (Réunion,
matière de TIC et de politiques audiovisuelles. réduction de leur déficit d'accessibilité, l'amé- Maurice, Madagascar).
Plus récemment, en mars 2006, une nouvelle lioration de leur compétitivité et le renforce- Par ailleurs, la politique de cohésion a mis en
communication intitulée «Combler le fossé ment de leur insertion régionale dans leur zone place une nouvelle allocation spécifique de
existant en ce qui concerne la large bande», met géographique proche. compensation des surcoûts financée par le
l'accent sur la fracture territoriale en matière La politique de cohésion joue un rôle crucial FEDER applicable aux seules régions ultrapéri-
d'accès à la large bande pour les régions rurales dans la déclinaison opérationnelle de ces trois phériques, à concurrence de 35€ par habitant.
et isolées et recommande la mobilisation de axes et notamment dans le soutien qu'elle Les régions ultrapériphériques ont choisi d'af-
l'ensemble des instruments communautaires apporte au secteur des télécommunications. fecter cette allocation à la modernisation des
existants (législation en matière de télécommu- Selon des estimations récentes, les fonds struc- infrastructures de transport aéroportuaires et de
nications, politique de cohésion et politique de turels européens ont soutenu en 2000-2006 des télécommunications (Réunion, Madère,
développement rural) afin de permettre à ces projets liés à la société de l'information pour un Canaries). La région Réunion envisage par
régions de bénéficier d'un accès Internet à haut montant de prés de 7 milliards d'euros, dont exemple, dans l'optique de compenser les
débit . 1,2 milliard ont été utilisés en vue de cofinancer surcoûts liés à l'éloignement, la possibilité
Ce dernier point souligne le rôle que les TIC des infrastructures de télécommunications dans d'achat d'IRU afin de diminuer le tarif de mise
peuvent jouer pour renforcer la cohésion terri- les zones desservies. Cet effort sera poursuivi et à disposition des capacités du réseau "SAFE"
toriale de l'UE et traduit l'intérêt fondamental même renforcé durant la période 2007-2013, aux opérateurs.
de ces technologies pour les régions ultrapéri- pour atteindre près de 15 milliards d'euros soit Cette politique constitue un effort considé-
phériques. En effet, par le biais de ces technolo- 4,4% du budget total de la politique de cohé- rable de la part de l'Union dans le domaine des
gies, le simple facteur distance représenterait un sion. TIC pour les régions ultra-périphériques.
élément moins important dans les divers Parallèlement au développement des infrastruc-
aspects de la vie économique et sociale de ces Une nouvelle allocation tures de télécommunications, je continue égale-
régions. de compensation des surcoûts ment à appuyer l'implication des régions
En Guyane par exemple, le Fonds Européen ultrapériphériques au sein des différents
2007-2013 : de Développement Régional (FEDER) a programme-cadre communautaires qui finan-
près de 15 milliards d'euros d’aide accompagné la mise en place d'une délégation cent le développement des usages et des services
Les sept régions ultrapériphériques - les îles de service public afin d'assurer une couverture basés sur les TIC. Il me semble, en effet, impor-
portugaises des Açores et Madère, les îles territoriale performante des infrastructures de tant que ces régions puissent bénéficier de la
Canaries espagnoles et les départements fran- télécommunications. Cette intervention sera totalité du spectre des opportunités offertes dans
çais d'outremer : la Guyane, la Guadeloupe, la complétée durant la période de programmation les instruments d'intervention et les
Martinique et la Réunion - représentent une actuelle par l'achat d'IRU, par la mise en place programmes d'investissements européens. 

MAI/JUIN 2008  LA LETTRE DE L’AUTORITÉ DE RÉGULATION DES COMMUNICATIONS ÉLECTRONIQUES ET DES POSTES 5
Dossier - Les télécoms en outre-mer

Le code des postes et com


s’applique-t-il
Départements, régions, collectivités d’outre-mer : un nouveau régime législatif applicable en outre-mer est
code des postes et des communications électroniques (CPCE) en outre-mer, même si les institutions vont
En résumé, le CPCE est applicable de plein droit dans les DOM-ROM (Guadeloupe, Guyane, Martinique,
tandis que dans d’autres COM (Polynésie, Wallis-et-Futuna) et dans les collectivités sui generis (Nouvelle-
a révision constitutionnelle du 28 mars … et possède un statut particulier articles L. 37-1 et s. du CPCE, l’Autorité a adopté,

L 2003 et la loi de programme pour


l’outre-mer du 21 juillet 2003 ont
réorganisé l’outre-mer. Les lois orga-
nique et ordinaire du 21 février 2007 ont respec-
tivement complété et modifié ces lois. Elles ont
en droit communautaire
En outre, l’outre-mer a un statut particulier en
droit communautaire, qui s’applique dans les
« régions ultra-périphériques » (RUP) de l’Union
européenne, mais ne concerne pas les « pays et
dans certaines circonstances, des décisions spécifi-
ques pour l’outre-mer (12), etc.
Il convient de noter que les lois et règlements
nationaux peuvent faire l'objet d'adaptations
tenant aux caractéristiques et contraintes particu-
défini les conditions d’adaptation des lois et règle- territoires d’outre-mer » (PTOM) (5), sauf référence lières des DOM-ROM. Ces adaptations peuvent
Juridique

ments dans les départements et régions d’outre- expresse contraire. Pour la France, les DOM- être le fait de l'Etat, qui doit alors consulter au préa-
mer, et modifié les statuts et les régimes législatifs ROM sont considérés comme des RUP, où les lable ces collectivités. Elles peuvent également être
de plusieurs collectivités situées outre-mer. La dispositions du traité CE et par conséquent le le fait de ces collectivités lorsqu'elles y ont été préa-
Constitution distingue : cadre européen sur les communications électro- lablement habilitées par le Parlement national.
- les « départements et régions d'outre-mer » (DOM- niques s’appliquent conformément à l’article En outre, les assemblées locales, à l'exception de
ROM) régis par son article 73 (Guadeloupe, 299 § 2 de ce traité, tandis que les COM et les La Réunion, peuvent, pour tenir compte de leur
Guyane, Martinique, La Réunion) ; collectivités sui generis (Nouvelle-Calédonie, spécificité, être habilitées par la loi à fixer elles-
- les « collectivités d'outre-mer » (COM) régies par TAAF) sont en droit communautaire des mêmes les règles applicables dans les DOM-ROM
son article 74 (3) (Mayotte, Polynésie française, PTOM (6), auxquels seules les dispositions de la dans un nombre limité de matières pouvant relever
Saint-Pierre-et-Miquelon, Wallis-et-Futuna, quatrième partie du traité CE sont applicables, à du domaine de la loi (13), à l’exclusion des matières
Saint-Barthélemy et Saint-Martin) ; savoir le régime d’association (7). Par exemple, le où sont en cause les conditions essentielles d'exer-
- les Terres australes et antarctiques françaises règlement « roaming » est applicable aux RUP (8), cice d'une liberté publique, d'un droit constitution-
(TAAF), soumises à un régime particulier (4) ; mais ne l’est pas dans les PTOM, ni dans les rela- nellement garanti ou des matières mentionnées au
- la Nouvelle-Calédonie, qui relève des articles 76 tions entre les RUP et la métropole. Le législa- quatrième alinéa de l'article 73 de la Constitu-
et 77 du titre XIII de la Constitution. teur a toutefois choisi, à l’article L 34-10 du tion (14). Les dispositions de nature législative ou
Dans la mesure où le nouveau régime législatif CPCE, d’étendre explicitement son application réglementaire d'une délibération prise sur le fonde-
applicable en outre-mer est entré en vigueur le aux relations entre la métropole et les RUP (ainsi ment de l'habilitation législative ne peuvent être
1er janvier 2008, il convient de faire le point sur qu’à deux PTOM : Mayotte et Saint Pierre et modifiées par une loi nationale ou un règlement
l’applicabilité et l’application du code des postes et Miquelon). national que si ceux-ci le prévoient expressément.
des communications électroniques (CPCE),
même si les institutions vont sans doute encore Dans les DOM et les ROM s’applique … alors que les COM sont soumises
évoluer car une nouvelle loi-programme pour le régime de l’identité législative… au principe de spécialité législative…
l’outre-mer est actuellement en discussion. Le régime législatif et réglementaire applicable En principe, les COM sont soumises au principe
dans les DOM-ROM est en principe celui de de spécialité législative, en vertu duquel les lois et
L’outre-mer connaît l'identité législative. Les dispositions du CPCE sont règlements nationaux n’y sont applicables que sur
deux régimes législatifs … alors applicables de plein droit en Guadeloupe, mention expresse de leur part ou s’ils y ont été
Aujourd’hui, l’outre-mer connaît deux régimes Guyane, Martinique et La Réunion. Ainsi, les pres- rendus applicables par un texte spécial. L’article 74
législatifs: tations du service universel postal sont offertes à de la Constitution prévoit que le statut des COM
- le « régime de l’identité législative » (article 73 de l’ensemble des usagers de manière permanente sur qu’il régit détermine les conditions dans lesquelles
la Constitution) : les lois et règlements natio- tout le territoire métropolitain et dans les DOM- les lois et règlements nationaux y sont applicables.
naux sont applicables de plein droit ; ROM (9). Le tarif appliqué aux lettres en provenance Ainsi, certaines COM sont dotées de l’autono-
- le « régime de spécialité législative et d’autonomie » et à destination des DOM-ROM est celui en mie, comme la Polynésie où les autorités locales
(article 74 de la Constitution) : une loi orga- vigueur sur le territoire métropolitain lorsque ces peuvent, en vertu de l'article 31 de la loi organique
nique définit le statut particulier de chaque lettres relèvent de la première tranche de poids (10). du 27 février 2004, être habilitées à participer, sous
collectivité soumise à ce régime. Elle détermine Certaines contraintes propres à la géographie de le contrôle de l'Etat, à l'exercice des compétences
également les lois qui s’y appliquent. Les assem- l’outre-mer ont néanmoins été prises en compte par que celui-ci conserve dans le domaine législatif et
blées locales peuvent élaborer des règlements le législateur ou le pouvoir règlementaire. Ainsi, la réglementaire dans certaines matières comme la
relevant du domaine de la loi, à l’exclusion des portabilité d’un numéro non géographique, fixe ou communication audiovisuelle et les services finan-
matières régaliennes. Il convient de signaler mobile, ne peut être mise en œuvre que dans un ciers des établissements postaux. Les autorités de
qu'un texte instituant une autorité administra- même DOM (11) ; les autorisations d’utilisation des l'Etat demeurent toutefois seules compétentes dans
tive indépendante ou fixant les modalités de fréquences de téléphonie mobile ont été attribuées les matières relatives aux liaisons et communications
mise en œuvre de ses compétences ne constitue par l’Autorité par zone géographique distincte ; à gouvernementales de défense ou de sécurité en
pas une loi de souveraineté. l’issue d’analyses de marché menées en vertu des matière de postes et télécommunications, et relatives

6 LA LETTRE DE L’AUTORITÉ DE RÉGULATION DES COMMUNICATIONS ÉLECTRONIQUES ET DES POSTES  MAI/JUIN 2008
Dossier - Les télécoms en outre-mer

munications électroniques
outre-mer ?
entré en vigueur le 1er janvier 2008. Il convient donc de faire le point sur l’applicabilité et l’application du
sans doute encore évoluer car une nouvelle loi-programme pour l’outre-mer est actuellement en discussion.
La Réunion) et dans certaines COM (Mayotte, Saint-Pierre-et-Miquelon, Saint-Barthélemy, Saint-Martin),
Calédonie, TAAF (1)) ses dispositions ne le sont que sur mention expresse d’un texte (2).
à la réglementation des fréquences radioélectriques. En résumé, le CPCE est applicable de plein l’itinérance sur les réseaux publics de téléphonie mobile à l’inté-
De même Wallis-et-Futuna est soumis au prin- droit dans les DOM-ROM (Guadeloupe, Guyane, rieur de la Communauté et modifiant la directive 2002/21/CE.
(9)
cipe de spécialité législative (15). Ainsi, l'assemblée Martinique, La Réunion) et dans certaines COM Article R. 1-1-1 du CPCE.
(10)
Article R. 1-1-4 du CPCE.
locale est obligatoirement consultée sur l'homolo- (Mayotte, Saint-Pierre-et-Miquelon, Saint- (11)
Articles L. 44 et D. 406-18 du CPCE.
gation des tarifs postaux et des taxes téléphoniques Barthélemy, Saint-Martin), tandis que dans d’au- (12)
Par exemple, la décision n° 2007-0811 du 16 octobre 2007
et télégraphiques du régime intérieur, ainsi que tres COM (Polynésie, Wallis-et-Futuna) et dans les portant sur la définition des marchés pertinents de gros de la
terminaison d’appel vocal sur les réseaux mobiles français outre-
sur tous programmes concernant l'établissement, collectivités sui generis (Nouvelle-Calédonie, mer, la désignation des opérateurs disposant d’influence signifi-
l'aménagement, l'équipement et l'entretien des TAAF (22)) ses dispositions ne le sont que sur cative sur ces marchés et les obligations imposées à ce titre.
réseaux téléphoniques et télégraphiques et du mention expresse d’un texte (23). Ainsi, par exemple, (13)
Articles LO 3445-9 à LO 3445-12 et LO 4435-9 à LO 4435-
service radioélectrique intérieurs (16). c’est par une mention expressément prévue à l’ar- 12 du code général des collectivités territoriales (CGCT).
(14)
« Ces règles ne peuvent porter sur la nationalité, les droits
En revanche, les statuts de Mayotte (17), Saint- ticle L 39-3-1 du CPCE que les dispositions de l'ar- civiques, les garanties des libertés publiques, l’état et la capa-
Pierre-et-Miquelon (18), Saint-Barthélemy (19) et ticle L. 39-3 (24) relatives aux peines encourues par cité des personnes, l’organisation de la justice, le droit pénal,
Saint-Martin (20) prévoient que la plupart des lois des opérateurs ne respectant pas certaines des obli- la procédure pénale, la politique étrangère, la défense, la
sécurité et l’ordre publics, la monnaie, le crédit et les
et règlements y sont applicables de plein droit (21). gations prévues par le code sont applicables en changes, ainsi que le droit électoral ».
Il n’y a alors pas lieu, pour les textes concernés, de Nouvelle-Calédonie, en Polynésie française et dans (15)
Article 4 de la loi n° 61-814 du 29 juillet 1961.
(16)
prévoir une mention particulière d’applicabilité. les îles Wallis-et-Futuna. De même, l’article L. 141 Article 49 du décret n° 57-811 du 22 juillet 1957. L'assemblée
Ainsi, les dispositions du CPCE s’appliquent de du code prévoit explicitement : « Le présent code est territoriale doit émettre un avis dans un délai raisonnable, que
les formations administratives du Conseil d'État estiment en
plein droit à Mayotte, Saint-Pierre-et-Miquelon, applicable à Mayotte ».  général à un mois (CE avis du 30 janvier 2003).
Saint-Barthélemy, Saint-Martin. Mais, comme (17)
Article LO 6113-1 du CGCT.
(18)
dans les DOM-ROM, l’applicabilité de plein
(1)
Les TAAF sont soumises au principe de spécialité législative, selon Article LO 6413-1 du CGCT.
(19)
l’article 1-1 de la loi n° 55-1052 du 6 août 1955. Les lois et Article LO 6213-1 du CGCT.
droit des lois et règlements nationaux ne fait pas règlements, y compris les dispositions du CPCE, n’y sont alors (20)
Article LO 6313-1 du CGCT.
obstacle à leur adaptation à l'organisation parti- applicables en principe que sur mention expresse. (21)
A l'exception des dispositions intervenant dans les matières qui
culière aux COM. (2)
Sauf sur l’île de Clipperton, qui certes ne relève d’aucune des relèvent d'une loi organique en application de l'article 74 de la
catégories constitutionnelles susvisées et appartient à l’outre-mer, Constitution ou de la compétence des collectivités en application
mais dispose d’un statut proche de l’administration directe. des articles du CGCT, à savoir : impôts, droits et taxes, cadastre ;
… de même que L’article 9 de la loi n° 55-1052 du 6 août 1955 prévoit que « les propriété immobilière, droits réels immobiliers et expropriation
les collectivités sui generis lois et règlements sont applicables de plein droit dans l’île de (Mayotte) ; circulation routière et transports routiers ; desserte
La Nouvelle-Calédonie est régie par l’article 77 Clipperton ». maritime d'intérêt territorial, immatriculation des navires ;
(3)
Les territoires d’outre-mer n’existent plus depuis la révision création, aménagement et exploitation des ports maritimes, à
de la Constitution et par la loi organique n° 99-209 constitutionnelle du 28 mars 2003 l'exception du régime du travail ; voirie, droit domanial et des
du 19 mars 1999 modifiée par la loi organique (4)
Les TAAF comportent, outre l’île Saint-Paul, l’île Amsterdam, biens de la collectivité ; accès au travail des étrangers ; tourisme ;
n° 2007-223 du 21 février 2007 portant disposi- l’archipel Crozet, l’archipel Kerguelen, la terre Adélie et les îles création et organisation des services et des établissements publics
éparses (îles Bassas da India, Europa, Glorieuses, Juan da Nova de la collectivité ; protection et action sociales, droit syndical,
tions statutaires et institutionnelles relatives à droit du travail, de l'emploi et de la formation professionnelle
et Tromelin).
l’outre-mer. Elle demeure régie par le principe de (5)
L’Union européenne classe en trois catégories les territoires spéci- (Mayotte) ; environnement et énergie (Saint-Barthélemy).
spécialité législative. Ainsi, les lois et règlements n’y fiques des Etats membres : (22)
Les TAAF sont soumises au principe de spécialité législative,
sont applicables que sur mention expresse. Cette - « régions ultrapériphériques » : Guyane, Guadeloupe, selon l’article 1-1 de la loi n° 55-1052 du 6 août 1955. Les lois
Martinique et La Réunion (France) ; Açores, Madère et règlements, y compris les dispositions du CPCE, n’y sont alors
mention n’est toutefois pas requise pour les lois de
Juridique

(Portugal), Canaries (Espagne) ; applicables en principe que sur mention expresse.


souveraineté. En vertu de l’article 22 de la loi de - « pays et territoires d'outre-mer » : Mayotte, Nouvelle (23)
Sauf sur l’île de Clipperton, qui certes ne relève d’aucune des
1999, la Nouvelle-Calédonie est compétente dans Calédonie, Polynésie française, Saint Pierre et Miquelon, Terres catégories constitutionnelles susvisées et appartient à l’outre-mer,
australes et antarctiques françaises, Wallis et Futuna (France) ; mais dispose d’un statut proche de l’administration directe.
les matières relatives aux postes et télécommunica- Groenland (Danemark) ; Anguilla, Iles Cayman, Iles L’article 9 de la loi n° 55-1052 du 6 août 1955 prévoit que
tions, sous réserve des dispositions du 6° du I de Falkland, Géorgie du sud et Iles Sandwich du sud, Montserrat, « les lois et règlements sont applicables de plein droit dans
l’article 21 qui prévoient que l’Etat est compétent Pitcairn, Sainte Hélène et dépendances, Territoire de l’île de Clipperton ».
(24)
en matière de liaisons et communications gouver- l'Antarctique britannique, Territoires britanniques de l'Océan « I. - Est puni d'un an d'emprisonnement et de 75 000 euros
Indien, Iles Turks et Caicos, Iles Vierges britanniques d'amende le fait pour un opérateur de communications élec-
nementales, de défense et de sécurité en matière de (Royaume-Uni) ; Antilles néerlandaises, Aruba (Pays-Bas) ; troniques ou ses agents :
postes et télécommunications, ainsi que de régle- - « territoires spécifiques » : Jersey, Guernesey, Ile de Man 1° De ne pas procéder aux opérations tendant à effacer ou à
mentation des fréquences radioélectriques. L’Office (Royaume-Uni) ; Féroé (Danemark). rendre anonymes les données relatives aux communications
(6)
Sauf Saint-Martin et Saint-Barthélemy, qui sont certes des COM dans les cas où ces opérations sont prescrites par la loi ;
des Postes et Télécommunications de Nouvelle- au sens de l’article 74 de la Constitution, mais restent soumis au 2° De ne pas procéder à la conservation des données techniques
Calédonie (OPT-NC), établissement public à l'ori- statut de région ultrapériphérique de l’Union européenne. dans les conditions où cette conservation est exigée par la loi.
gine sous tutelle de l'Etat français et passé sous la (7)
Les articles 182 et suivants du traité CE indiquent que les autres Les personnes physiques coupables de ces infractions encourent
tutelle de la Nouvelle-Calédonie le 1er janvier 2002, territoires attachés à la France (listés dans l’annexe II de ce traité) également l'interdiction, pour une durée de cinq ans au plus,
sont soumis au régime spécial d’association. d'exercer l'activité professionnelle à
gère les télécommunications (fixe, mobile et (8)
Considérants 34 et 35 du règlement (CE) n° 717/2007 du l'occasion de laquelle l'infraction a été
Internet), la poste et les services financiers. Parlement européen et du Conseil du 27 juin 2007 concernant commise. »

MAI/JUIN 2008  LA LETTRE DE L’AUTORITÉ DE RÉGULATION DES COMMUNICATIONS ÉLECTRONIQUES ET DES POSTES 7
Dossier - Les télécoms en outre-mer
Guadeloupe
« Le mouvement de baisse des tarifs de l'opérateur
historique s'est incontestablement accéléré avec
l'arrivée de concurrents privés »
Numérique » qui relie concurrents privés, stimulés par le câble, qui
Porto-Rico à la propose des coûts de transit 4 à 5 fois inférieurs
Carte d’identité des territoires

Guadeloupe et qui est à ceux pratiqués jusque là. Aujourd’hui, tous les
opérationnel depuis opérateurs – hormis France Télécom – utilisent
2006. Ce câble, qui a notre infrastructure de sorte qu’une bonne
représenté un inves- partie de notre territoire bénéficie de services
tissement total de 22 « double play » et « triple play » à des conditions
millions d’euros cofi- tarifaires assez attractives. Mais, ce n’est à
nancés par l’Union l’évidence pas suffisant pour nous permettre
européenne, est aujourd’hui à l’origine de toute d’obtenir pour 30 euros des débits équivalents à
Victorin Lurel la politique de désenclavement numérique à ceux de l’Hexagone. Pour cela, nous comptons
président du Conseil l’œuvre dans la Caraïbe, car les infrastructures sur une action plus vigoureuse de l’Etat à nos
régional construites vers la Dominique, vers la côtés, car pour notre part, nous avons
Martinique et bientôt plus au sud vers le plateau clairement orienté la programmation 2007-2013
de Guadeloupe des fonds européens vers le développement
des Guyanes, en sont le prolongement direct.
Outre l’Internet, nous avons également ciblé des usages et des services liés au haut-débit.
nos efforts en sensibilisant les pouvoirs publics
Vous avez lancé un programme sur les tarifs de téléphonie mobile et en particu- Qu’attendez-vous du régulateur ?
« Désenclavement numérique » pour inciter lier ceux du roaming auquel, de façon aber- Le régulateur doit mieux encore accompagner
au développement de réseaux haut débit. rante, nous sommes soumis bien que faisant dans leurs démarches les collectivités comme
En quoi consiste ce programme ? partie du territoire national. Enfin, j’ai souhaité la nôtre. Il doit aussi contraindre l’opérateur
Ce programme est l’un des premiers que j’ai que la télévision numérique terrestre soit mise historique à respecter la loi qui lui impose des
mis en œuvre à mon arrivée à la tête de la en œuvre très rapidement en Guadeloupe, alors conditions techniques et tarifaires en matière de
Région Guadeloupe en 2004. L’importance qu’à l’évidence l’outre-mer avait été « oublié » partage d’infrastructures avec les autres
des TIC dans le développement d’un territoire du plan de déploiement. opérateurs. Les TIC sont un important vecteur
insulaire nous imposait de faire du désenclave- de création d’emplois qu’il faut dynamiser en
ment numérique une priorité, tant pour les Quels ont été les effets concrets de la mise levant les verrous qui empêchent l’exercice
entreprises que pour les particuliers. Nous en œuvre opérationnelle du câble ? d’une concurrence saine sur ces marchés.
avions pas moins de 10 ans de retard en la Les effets de cette concurrence introduite sur le L’ARCEP doit aussi inciter, avec nous, les
matière ! La première des ambitions était de marché du transit IP ont été immédiats, dès opérateurs à mutualiser les nombreux pylônes
garantir en Guadeloupe « le haut débit pour avant même l’ouverture du service par notre présents sur notre territoire qui doit rester un
tous », à des prix abordables, pour des délégataire Global Caribean Network (GCN). joyau touristique. Enfin, en matière de roaming,
services d’une qualité comparable à ceux L’opérateur historique, en situation de monopole il faut que l’ARCEP aille plus loin que la
proposés dans l’Hexagone. Dans cette quasi absolu en Guadeloupe, a engagé un réglementation européenne pour qu’enfin existe
optique, nous avons donc lancé dès 2004 la mouvement de baisse de ses tarifs qui s’est une véritable continuité des tarifs sur le territoire
construction du câble « Guadeloupe incontestablement accéléré avec l’arrivée de national. 

Guadeloupe - 447 000 habitants sur 1 628 km . 2

Internet Téléphonie mobile Téléphonie fixe


Port-Louis Nombre d’abonnés ADSL : 67 000 Nombre d’abonnés mobiles : 453 000 Nombre de lignes : 200 000
% lignes ADSL par rapport au total Opérateurs : Digicel, Outremer Telecom, Opérateurs présents : Orange,
de lignes : 34 % Orange Caraïbe. Outremer Telecom, Dauphin
% population éligible au Développement de l’UMTS prévu en Télécom.
Pointe-à-Pitre dégroupage : 66 % 2008-2009.
Opérateurs présents : Orange,
Outremer Telecom,
NetPlus / Mediaserv, AriasNet
Basse-Terre Offres et tarifs de détail
observés : 1Mbit/s avec téléphonie
illimitée : 44,9 € / mois ;
2Mbit/s avec téléphonie illimitée :
49,9 € / mois

8 LA LETTRE DE L’AUTORITÉ DE RÉGULATION DES COMMUNICATIONS ÉLECTRONIQUES ET DES POSTES  MAI/JUIN 2008
Dossier - Les télécoms en outre-mer
Martinique
« Une stratégie de long terme
intégrant systématiquement la donne numérique »
prise, de communiquer avec le monde entier. sur tout le territoire à des tarifs convenables
Le câble sous-marin MCN répond de cette pour tout martiniquais, entreprise ou
volonté. Ce projet d’infrastructure a pour but particulier. Le Conseil Régional a lancé à cet
d’améliorer le raccordement de la Martinique effet une délégation de service public (DSP)
aux réseaux mondiaux à haut-débit. La pour réaliser un réseau de collecte haut
société MCN, Middle Caribbean Network ou débit : le Réseau Haut-Débit Martiniquais.
Martinique Numérique Cable, a été soutenue Née du groupement Mediaserv/LD
pour la réalisation d’un câble sous-marin Collectivités/Sogetrel, Martinique Numérique
d’une capacité est en charge de la réalisation et de
Alfred initiale de 2,5 l’exploitation de ce réseau pendant une durée
Gigabits/s. Ce câble, de 20 ans. D’un montant global de 24 millions
Marie-Jeanne de dernière généra- cofinancés par les Conseils régionaux et
Président tion et évolutif, généraux de Martinique ainsi que par la
du Conseil régional pourra atteindre une Commission Européenne, cette DSP est un
capacité finale de investissement structurant pour la Martinique.
de Martinique Ce réseau de plus de 220 kilomètres de fibre
plus d’un Térabit/s.
Il sera donc le troi- optique couvrira l’ensemble de l’île, toutes les
Le Conseil régional appuie la construction sième câble sous-marin permettant de communes, toutes les zones d’activité
d’un nouveau câble sous-marin. Pourquoi ? connecter la Martinique au reste du monde, économique, tous les câbles sous-marins en
Les TIC jouent aujourd’hui et joueront encore après ECFS (Eastern Caribbean Fibre sortie de territoire, offrant ainsi un magnifique
plus demain un rôle fondamental dans notre System) et AMERICAS 2. Il connectera la outil aux acteurs économiques martiniquais
société martiniquaise par leur importance Martinique ainsi que la Dominique et Sainte- pour investir le monde numérique. C’est
dans les secteurs économique, culturel, Lucie aux points de présence Internet à également pour chaque martiniquais une
éducatif et de la santé ; elles représentent un Porto Rico et Sainte-Croix. D’un coût total possibilité d’être couvert en haut débit, à
facteur structurant d’aménagement du terri- de 7,6 millions d’€, MCN est en service 512 Kbits/s au minimum.
toire. C’est pourquoi, dès 1998 et aujourd’hui depuis novembre 2007 ; ses effets sont déjà
encore à travers le Schéma Martiniquais de visibles : les coûts des communications Qu’attendez-vous du régulateur ?
Développement Economique, la Région a n’ont cessé de baisser et le potentiel de Nous en attendons un soutien dans nos
défini une stratégie à long terme intégrant concurrence a été réactivé. D’ailleurs, le efforts pour relancer le potentiel de
systématiquement la donne numérique et succès de cette initiative a également béné- concurrence dans le domaine des
offrant une infrastructure numérique perfor- ficié à nos voisins de la Caraïbe : le câble infrastructures en Martinique, en particulier au
mante partout et pour tous. Il s’agit de doter sous-marin est prolongé et opérationnel niveau du dégroupage, de la connaissance

Carte d’identité des territoires


la Martinique d’infrastructures numériques jusqu’à Trinidad et une extension vers les des réseaux et de la régulation des fourreaux
performantes, de favoriser l’émergence de Guyanes est à prévoir. de fibre optique.
services innovants, et développer l’usage au Le conseil régional souhaite donc que
quotidien des services et améliorer les Vous avez également lancé un projet de l’ARCEP soit toujours à l’écoute des
compétences. collecte haut débit… particularités de la Martinique afin de favoriser
L’objectif, ambitieux, est de permettre à Le deuxième volet de notre stratégie consiste ensemble le passage vers le haut et le très
chaque Martiniquais, particulier ou entre- à favoriser l’émergence d’offres numériques haut débit pour tous. 

Martinique - 401 000 habitants sur 1 128 km . 2

Internet Téléphonie mobile Téléphonie fixe


Nombre d’abonnés ADSL : 65 000 Nombre d’abonnés mobiles : 414 000 Nombre de lignes : 187 000
% lignes ADSL par rapport Opérateurs : Orange Caraïbe (60% Opérateurs présents : Orange, Outremer
au total de lignes : 35 % de parts de marché), Outremer Telecom, Mediaserv. L’apparition des
Le François Telecom (12%) et Digicel (28%). packages via les Onlybox et Mediabox
% population éligible au dégroupage : 64 %
MVNO : Leader Price Mobile a relancé la pénétration de la
Fort-de-France Opérateurs présents : Orange, Outremer
Développement de l’UMTS prévu en téléphonie fixe (sur IP)
Telecom, NetPlus / Mediaserv, AriasNet. Source : Préfecture de Région
2008-2009.
Offres et tarifs de détail observés : accès à
l’internet seul (sans TV, sans VoIP) entre
27 et 30 € pour un débit de 521 kbps,
entre 46 et 50 € pour un débit de 1 Gbit/s,
et de 60 à 65 € pour un débit supérieur à
2 Gbit/s.

MAI/JUIN 2008  LA LETTRE DE L’AUTORITÉ DE RÉGULATION DES COMMUNICATIONS ÉLECTRONIQUES ET DES POSTES 9
Dossier - Les télécoms en outre-mer
Guyane
« Permettre le désenclavement numérique
de la Guyane et des pays voisins »
marin de transit IP Américas II) et permettant coopération entre la Guyane et les pays de
le raccordement au réseau de France son environnement géographique, les
Télécom a été livré en décembre 2007. moyens nécessaires permettant notre
Antoine Karam Aujourd’hui, nous attendons la livraison du désenclavement numérique afin de créer les
Carte d’identité des territoires

président du Conseil hub régional satellite constituant le point conditions propices à notre croissance et
régional de Guyane central de desserte des communes isolées notre développement.
pour le réseau de collecte. Le réseau du
délégataire, qui a permis de dégrouper Qu’attendez-vous du régulateur ?
16 centraux d’abonnés, devrait être Nous attendons de l’ARCEP, en premier
opérationnel dans le courant du premier lieu, des conseils d’expertise pour valider
semestre 2008. ces études et les soutenir dans le cadre de
financements européens et nationaux. Dans
La question de la « sortie » des flux vers un second temps, qu’elle favorise la
l’Internet mondial est une source de concurrence dans le domaine des
préoccupation pour la Guyane, ainsi que communications électroniques en
pour les territoires voisins, par exemple permettant aux opérateurs de s’installer en
le Surinam. Avez-vous entrepris une Guyane grâce à la diminution des coûts des
En 2006, le Conseil démarche à ce sujet ? licences qu’il leur accorde, notamment sur
régional lançait une En effet, tant pour la Guyane que ses pays la BLR et le WIMAX.
délégation de voisins (Surinam, Guyana et Brésil), le Enfin, en Guyane, France Télécom a installé
service public pour développement des infrastructures de depuis des années de la fibre optique pour
la réalisation d’un télécommunications constitue un enjeu ses besoins propres sur l’axe routier du
réseau haut débit. majeur pour renforcer encore l’attractivité de littoral Cayenne-Saint-Laurent du Maroni
Cette action a-t-elle notre territoire, la compétitivité des qu’il ne met pas à la disposition des
déjà porté ses entreprises, l’amélioration du service public opérateurs ou des opérateurs d’opérateurs.
fruits ? et l’ancrage d’activités à forte valeur Nous attendons de l’Autorité de régulation
Les travaux de ajoutée. qu’elle permette le dégroupage de cette
Guyane Numérique Aussi, des études sont en cours, portées infrastructure. Car, il y a encore en Guyane
SAS ont démarré en par des opérateurs de télécommunications, trop de zones d’ombres où le mobile ne
juillet 2007 (études pour la construction d’un second câble fonctionne pas, ce qui ralentit, de façon
techniques liaisons sous-marin, afin d’assurer une diversité parfois préjudiciable, l’intervention des
optiques, faisceaux complète de routes, condition de toute secours à la population guyanaise. I
hertziens et satellite), sécurisation, et d’accompagner la
la notification étant remise au croissance du trafic IP haut débit
concessionnaire en mars de la même vers la Guyane.
année. Les études d’avant projet sont en Dans cette perspective, la
cours de finalisation. réalisation d’infrastructures de
Le bâtiment abritant le point de départ du communications supplémentaires
réseau (point d’atterrage du câble sous- apporte à l’espace de

Guyane - 198 000 habitants sur 84 000 km . 2

Saint-Laurent-
Internet Téléphonie mobile Téléphonie fixe
du-Maroni Nombre d’abonnés ADSL : 22 000 Nombre d’abonnés mobiles : 190 000 Taux d’équipement : 30 % de la
Kourou
% lignes ADSL par rapport au total de Opérateurs : Digicel, Outremer population.
Cayenne
lignes : 40 % Télécom, Orange Caraibe. Nombre de lignes : 55 000
% population éligible au dégroupage : Développement de l’UMTS prévu en Opérateurs présents : Orange, Outremer
60 % 2008-2009. Telecom, Mediaserv.
Opérateurs présents : Orange, Outremer
Source : Préfecture de Région
Télécom, Mediaserv
Offres et tarifs de détail observés :
2 Mbit/s non dégroupé : 64,9 €/mois
2 Mbit/s dégroupé, téléphonie illimitée,
12 chaînes de la TNT : 64,9 €/mois

10 LA LETTRE DE L’AUTORITÉ DE RÉGULATION DES COMMUNICATIONS ÉLECTRONIQUES ET DES POSTES G MAI/JUIN 2008
Dossier - Les télécoms en outre-mer
La Réunion
« Nous avons obtenu une division par 38 du prix
des liaisons louées et du transit IP »
gagné : le réseau proposés aux opérateurs mais aussi des
Gazelle est encore problèmes de sécurisation ou des
Guy Jarnac en construction mais perspectives de saturation à terme.
la boucle principale Concernant la question tarifaire, nous
vice Président du
est opérationnelle venons de loin… Sous l’impulsion de la
Conseil Régional depuis 2005. Dès Région Réunion soutenue par des
de la Réunion cette date, elle a opérateurs alternatifs, l’ARCEP a régulé les
permis l’arrivée d’un tarifs des liaisons louées et du transit IP.
opérateur régional Nous avons obtenu entre 2004 et 2007 une
Avez-vous réussi alternatif à France division par 38 (de 17 500 à 460 € /Mbits/mois)
à dynamiser Télécom sur les du coût de ces liaisons. Cette situation est
le marché du haut services ADSL. En très positive pour La Réunion dans l’Océan
débit à La Réunion ? 2007, la délégation Indien mais le coût du Mégabit
Comment ? de service public intercontinental reste un facteur de surcoût.
Dès 1998, peu de d’exploitation des Tant qu’il ne sera pas ramené à 50 ou
temps après la services a été 100 €, nous aurons du mal à avoir, dans
déréglementation des attribuée à « La notre île, les mêmes offres qu’en métropole.
télécommunications en Europe, la Région Réunion Numérique » dont les actionnaires
Réunion s’est préoccupée des conditions sont Sogetrel, Mediaserv et LD collectivités. Qu’attendez-vous du régulateur ?
d’accès à ces services sur son territoire : Deux autres opérateurs ont lancé de L'ARCEP ne doit jamais oublier les DOM dans
démarche légitime pour une île de 2500 km2 nouvelles offres, bien positionnées sur le les obligations qu'elle impose aux opérateurs
située à 10 000 km de l’Europe et dont la marché. Elles vont se développer avec la puissants en métropole car l'objectif doit être
démographie et les besoins en services croissance progressive de la couverture de l'égalité de traitement et que les DOM
« télécoms » ne cessent de croître. Gazelle. La Réunion compte désormais 3 rattrapent la métropole en termes de taux de
Après plusieurs études portant sur l’analyse opérateurs mobiles très actifs et au moins 5 pénétration et d'offres de service.
de la pertinence d’une action publique et les opérateurs sur les services internet, ce qui La seule particularité des DOM pour le
modalités d’action possibles, nous avons permet d’envisager une saine concurrence et régulateur doit être ce qui résulte de leur
décidé d’agir sur deux maillons essentiels : le développement des services. insularité et éloignement géographique. La
- La construction d’un réseau régional nécessité d'être reliée à la métropole par
mutualisé, Gazelle, réseau d’opérateur L’accès à l’internet mondial via le câble des câbles sous-marins constitue un goulot
d’opérateurs assurant une couverture de sous-marin reste-t-il toujours un goulot d'étranglement, frein dans le
100% de la population réunionnaise en d’étranglement ? développement des services à haut débit. Il

Carte d’identité des territoires


haut, voire très haut débit. Même si la situation s’améliore, l’écart avec est désormais indispensable que l'ARCEP
- des actions, essentiellement juridiques dans la métropole subsiste, aussi bien dans les organise une réflexion sur les évolutions
un premier temps, pour obtenir une baisse retards relatifs à l’arrivée des offres législatives, réglementaires, … par exemple,
des tarifs sur nos liaisons intercontinentales, nouvelles (triple play…) que dans les prix sur l’achat d’IRU sur les câbles sous-
c'est-à-dire les prix du câble sous-marin pratiqués localement. L’accès à l’internet marins, qui permettraient d'organiser enfin
SAFE. mondial via le seul câble sous marin SAFE une continuité territoriale numérique entre la
Aujourd’hui, le pari est en passe d’être reste un problème en raison des tarifs métropole et les DOM. 

La Réunion - 784 000 habitants sur 2 512 km . 2

Saint-Denis
de la Réunion Internet Téléphonie mobile Téléphonie fixe
Nombre d’abonnés ADSL : 91 000 Nombre d’abonnés mobiles : 877 000 Nombre de lignes : 243 000
% lignes ADSL par rapport au total de Opérateurs : Orange Réunion, SRR, Opérateurs présents : Orange, Outremer
lignes : 37 % Outremer Telecom. Telecom, Mediaserv
% population éligible au dégroupage : 70 % Développement de l’UMTS prévu en
Opérateurs présents : Orange, Outremer 2008-2009.
Telecom, Mobius, Mediaserv, Runnet
Saint-Pierre

MAI/JUIN 2008  LA LETTRE DE L’AUTORITÉ DE RÉGULATION DES COMMUNICATIONS ÉLECTRONIQUES ET DES POSTES 11
Dossier - Les télécoms en outre-mer
Mayotte
Le nouveau plan de numérotation dope les mobiles
Le nouveau plan de numérotation mis en place en mars 2007 dans cette petite île proche de La Réunion a dopé la
Carte d’identité des territoires

concurrence dans les mobiles. La preuve par les chiffres.


e plan de numérotation de Mayotte a

L
Les parts de marché des opérateurs mobiles à la Réunion et Mayotte, au 31/12/2007
été modifié par l’ARCEP le 30 mars Marché global Parc prépayé Parc post payé
2007. Il s’agissait principalement de Total clients Parts de marché Clients Parts de marché Clients Parts de marché
changer le « code pays » à travers lequel SRR 677 618 66 % 397 937 68 % 279 681 64 %
Orange Réunion 283 954 28 % 156 302 27 % 127 652 29 %
Mayotte pouvait être appelée depuis l’interna- Outremer Telecom 65 503 6% 32 860 6% 32 643 7%
tional, en remplaçant l’ancien code pays partagé Total 1 027 075 100 % 597 099 100 % 439 976 100 %
avec l’Union des Comores par le code pays «France
de l’Océan Indien», le 262. Ce changement de a en effet permis à de nouveaux opérateurs de se juillet 2007, la portabilité mobile en 10 jours et en
numérotation a également permis d’ouvrir la déployer : Outremer Telecom fin 2006 et Orange « simple guichet ». Cette mise en œuvre a eu, elle
tranche 0639 pour les numéros mobiles de cette Réunion mi avril 2007. Désormais, trois opéra- aussi, un impact positif sur la concurrence. En
collectivité d’outre-mer. Le 28 décembre 2007, le teurs mobiles sont en concurrence sur cette zone effet, sur un million de clients actifs, alors que seuls
fonctionnement en parallèle des anciens numéros de l’océan indien (voir tableau) et le taux de péné- 10.000 numéros ont été portés en deux ans et
mobiles (0269, remplacés par les nouveaux tration mobile sur La Réunion et Mayotte est passé demi (entre le 31 mars 2005 – date de l’ouverture
numéros en 0639) a été arrêté. de 94 à 105 % en un an. de la portabilité « double guichet » – et fin
Ce nouveau plan de numérotation a entrainé La zone Réunion-Mayotte est aussi la deuxième, décembre 2007), 3.500 numéros étaient portés
une mini révolution dans les mobiles à Mayotte. Il après la zone Antilles-Guyane, à avoir lancé, en durant le seul quatrième trimestre 2007. 

Mayotte
170 000 habitants sur 376 km . 2

Mamoudzou
Internet
Opérateurs présents : Orange, Outremer Telecom,
Guetaly.

Téléphonie mobile Saint-Martin


Nombre d’abonnés mobiles : 150 000
Trois opérateurs : SRR, Orange Réunion, Outremer
Telecom. Le Traité
Téléphonie fixe
Nombre de lignes : 15 000.
du mont des Accords
En 1648, le Traité franco-hollandais signé sur le lieu-
Opérateurs présents : Orange, Outremer dit du Mont des Accords partageait l'île entre les
Telecom. deux pays. 360 ans plus tard, en 2006, c'était au
tour des fréquences... Récit.
e 23 mars 1648, les de coopération qu’a été signé près

St-Pierre et Miquelon

Internet
6 125 habitants sur 242 km2. L Français et les Hollan-
dais habitant l’île de
Saint Martin réglèrent le
problème de leur «souveraineté
nationale» par la signature du Traité
de 360 ans plus tard - en février
2006 - un accord de partage des fré-
quences aux frontières. Il per-
met aux nombreux opéra- Territoire
teurs mobiles Marigot Français
Miquelon
Nombre d’abonnés ADSL : 1 723 du mont des Accords. Ils se parta- présents sur
Opérateurs présents : SPM Telecom (groupe France gèrent l’île en deux parties : les l’île - sur l’une Territoire
des Pays-Bas
Télécom). Français occuperaient la partie nord ou l’autre partie, par-
(environ 50 km2), les Hollandais la fois les deux - d’utiliser au mieux la
Téléphonie mobile partie sud (environ 30 km2). Ce ressource spectrale qui leur a été
Nombre d’abonnés mobiles : 3 000 traité assure depuis lors la libre cir- assignée par leur administration de
Opérateurs : SPM Telecom (groupe France Télécom). culation des habitants sur toute tutelle, sans trop de brouillages et
Petit-Barachois
l’île ; il stipule que ses habitants y sans trop « baver » sur le voisin. Un
Saint-Pierre Téléphonie fixe vivent comme des amis et des alliés, défi technique compte tenu de la
Nombre de lignes : 4 157
et que les commodités de l'île sont situation unique au monde de l'île,
communes pour subvenir à leurs à la fois minuscule et partagée entre
Opérateurs présents : SPM Telecom (groupe
France Télécom)
besoins. de nombreux opérateurs mobiles,
C’est dans cet esprit d’entente et actuellement au nombre de huit.

12 LA LETTRE DE L’AUTORITÉ DE RÉGULATION DES COMMUNICATIONS ÉLECTRONIQUES ET DES POSTES  MAI/JUIN 2008
Dossier - Les télécoms en outre-mer

L’Etat fait levier sur le terrain…


La Préfecture est l’interlocuteur des collectivités locales et des acteurs de la filière numérique pour tout ce qui
concerne les nouvelles technologies et les grands projets télécoms. L’exemple de La Réunion, avec Pierre-Henry
Maccioni, préfet de l’île.
La Réunion, les tarifs du haut-débit la construction d’un autre câble sous-marin trois en 5 ans, la filière

A sont plus élevés qu’en métropole pour


un niveau de performance inférieur.
Quant aux offres « grand public » en
très haut-débit (plus de 20 Mbps), elles sont
susceptible d’être utilisé dans des conditions non
discriminatoires et transparentes.

Les TIC, 2ème ressource


TIC est la deuxième
ressource économique
de la Réunion. La crois-
sance soutenue de 4 à

L‘exemple de La Réunion
inexistantes. En effet, l'économie réunionnaise économique de La Réunion 5 % par an depuis dix
reste encore dépendante, pour ses liaisons haut L’Etat s’est engagé à « libérer » le haut et le très ans (1,2% pour la
débit avec l'extérieur, d'un seul câble sous-marin, haut débit à la Réunion au titre de la continuité métropole) témoigne
le câble SAFE, dont l’unique fournisseur est de numérique et il accompagne les entreprises TIC d'un dynamisme
fait en situation d’exclusivité. et les opérateurs télécoms dans leur développe- économique exemplaire.
Après la régulation imposée par l’ARCEP en ment par le biais de la défiscalisation. Après le Depuis 2003, les entreprises TIC de
2004 qui a permis de diviser les tarifs de gros par réseau régional Gazelle, mis en place par le l’outre-mer bénéficient de plein droit
20, la Préfecture et la Région ont appliqué en Conseil Régional, qui permet aux entreprises des dispositions de la défiscalisation pour les
2007, une subvention de compensation des d’accéder au haut-débit, un nouvel opérateur soutenir dans leur programme d’investissements
surcoûts appuyée par les crédits européens qui a proposera dés la fin de l’année une offre de en matériels productifs et de l’exonération d’une
permis de les faire baisser à 460 € avec une obli- FTTH aux entreprises et aux résidents. Avec part des charges sociales de leurs salariés.
gation de répercussion sur les usagers. l’ARTIC (Association des entreprises TIC de la Le secteur des TIC bénéficiera bientôt des avan-
Aujourd’hui ce tarif est le moins élevé dans la Réunion), nous souhaitons favoriser le dévelop- tages de la Zone Franche Globale d’Activités qui
zone Océan Indien. pement de mini technopoles reliées à ce réseau, sont de formidables leviers pour développer la
A l’avenir, grâce à la volonté des opérateurs et accessibles aux PME moyennant des tarifs de filière et j’ai fait des propositions au
l’action conjuguée des acteurs locaux et de location équivalents à ceux de la technopole de Gouvernement pour adapter ces nouvelles
l’ARCEP, nous espérons nous approcher d’un Saint-Denis. mesures d’aides à l’évolution du territoire
tarif à 300 €. Il nous faudra donc continuer à agir Sous l’impulsion du ministère de l’Outre-mer, réunionnais. Nous pourrions ainsi engendrer un
pour obtenir les meilleurs tarifs sur les câbles mais la Préfecture a également bâti avec les acteurs de taux de progression de la filière de 17% pendant
également envisager des solutions alternatives. la filière TIC un plan spécifique en faveur de les 5 premières années, un chiffre d’affaires de 3
C’est pourquoi, avec l’Europe et la Région, nous l’économie numérique. Avec 1,065 milliards de milliards d’euros et permettre l’embauche de
avons programmé 44 millions d’€ de crédits pour chiffre d’affaires en 2005, un chiffre multiplié par 2.500 personnes en cinq ans. 

… pour que les offres


et les usages se développent
L’équipement en mobiles et en accès Internet à La Réunion atteint respectivement 84% et 56% en 2007.
Comparaison entre l’île et la métropole.
’équipement en micro-ordinateur Par contre, les Réunionnais sont davantage 25% des clients réunionnais étaient

L
Usages

s’est fortement développé à La équipés en téléphone mobile que les métro- connectés en bas débit au deuxième trimestre
Réunion : 70% des personnes politains : 72% des personnes disposant à 2007, contre seulement 9% en métropole. La
possédant une ligne fixe sont leur domicile d’une ligne fixe sont équipées part du bas débit reste donc relativement
équipées en micro-ordinateur (+9 points par en mobile en juin 2007 en métropole; ils sont importante, bien qu’elle ait reculé de 18
rapport à 2006), un taux comparable à celui 83% sur l’île de La Réunion à la même date. points en un an.
de la métropole. Concernant le haut débit, les offres en
Internet : des dépenses similaires mais métropole et dans les DOM sont très diffé-
La Réunion : plus mobile et moins une offre haut débit « limitée » rentes. Alors que la totalité des fournisseurs
connectée que la métropole Les ménages réunionnais équipés d’accès métropolitains proposent des offres
Il n’en est pas de même pour Internet : d’Internet dépensent, en moyenne, un peu illimitées, celles des DOM peuvent être limi-
56% des personnes équipées d’une ligne fixe plus de 30 euros TTC par mois pour leur tées en données téléchargées. Ainsi, à La
à leur domicile disposent aussi d’une connexion, une dépense équivalente à celle Réunion, au quatrième trimestre 2007, près
connexion à Internet en 2007, contre 64% des métropolitains. En revanche, si la dépense de la moitié des individus connectés en haut
en juin 2007 en métropole. est similaire, le service offert ne l’est pas : débit possédaient une connexion limitée. 

MAI/JUIN 2008  LA LETTRE DE L’AUTORITÉ DE RÉGULATION DES COMMUNICATIONS ÉLECTRONIQUES ET DES POSTES 13
Dossier - Les télécoms en outre-mer

BENOÎT EYMARD - DIRECTEUR DE L’OUTRE MER - groupe FRANCE TÉLÉCOM/ORANGE

France Télécom : des marchés dynamiques


et sensibles à la diversité des usages
Le marché des télécoms est- l’ensemble de l’écosystème des DOM conduit proches de l’ADSL. Le déploiement se
il spécifique dans les DOM ? à une augmentation substantielle de la poursuivra sur plusieurs années compte tenu
C’est un marché fortement demande de capacité. des enjeux financiers.
influencé par les particularités
Quels sont vos chantiers ? France Télécom a aussi développé les
géographiques et climatiques
L’activité concurrentielle est intense ; dans le ressources humaines de l’entreprise puisque
de ces territoires et par les
mobile, on trouve de deux à cinq opérateurs plus de 1000 personnes contribuent au
besoins des utilisateurs.
selon les zones, et deux à trois pour l’Internet. déploiement et à la maintenance des
L’insularité et la distance avec la
infrastructures, sans compter les experts ou
métropole engendrent en effet France Télécom a mis en place des moyens les renforts qui peuvent être mobilisés lors de
une demande spécifique des spécifiques et a mobilisé des ressources crise : 60 techniciens mobilisés pendant 6
clients prises sur ses fonds propres afin d’apporter semaines lors du cyclone « Gamède » à La
locaux ; elle les solutions les plus innovantes aux Réunion et 300 personnes pendant 12
présente exigences locales : le plan d'investissement semaines après le cyclone DEAN en
tout à la fois des caractéristiques très locales, pluriannuel (2005-2009) dans le haut débit Martinique.
ce que traduit un taux de pénétration du est estimé à près de 100 M€. Ces investisse-
mobile supérieur à celui de la métropole , et ments permettent d'assurer une couverture Quelles sont vos attentes vis à vis du
aussi très « longue distance », lié au besoin de haut débit de 95% de régulateur ?
connexion avec la métropole pour maintenir la la population à La L’infrastructure construite L’infrastructure construite par France
Portrait des acteurs

liaison avec la famille et l’entourage ou pour les Réunion, de 97% en par France Télécom est Télécom est utilisée par nos
relations économiques. Martinique, 94,5% en utilisée par nos concurrents dans le cadre défini par
Le climat tropical et le relief imposent Guadeloupe, 95,6% concurrents dans le cadre l’ARCEP. De nombreux FAI présents
également des conditions d’ingénierie et des en Guyane. défini par l’ARCEP. De dans les DOM utilisent les offres de
méthodes d’exploitation de réseau adaptées : Pour préparer le nombreux FAI présents gros de France Télécom ; ainsi le
protection contre la corrosion, les glissements développement du dans les DOM utilisent dégroupage est mis en œuvre depuis
de terrain, les cyclones mais aussi prise en haut débit dans les les offres de gros de France plus de quattre ans dans l’ensemble
compte du brouillage des ondes par les pluies DOM, France Télécom. des DOM, avec plus de 34% des
diluviennes. Globalement, les coûts Télécom a réalisé répartiteurs dégroupés (soit 80% des
d’exploitation sont supérieurs à la moyenne entre 1999 et 2002 plus de 150 M€ d'inves- lignes dégroupables en moyenne). Les tarifs
nationale : ils proviennent aux 2/3 des réseaux tissement dans les infrastructures interconti- de dégroupage sont au même niveau qu’au
structurants et de la boucle locale et pour 1/3 nentales. Des câbles sous marins optiques plan national malgré les spécificités
des coûts de transport intercontinentaux. relient désormais la Guyane, la Martinique, et d’exploitation dans ces zones.
Toutes ces caractéristiques ont un impact très la Guadeloupe au reste du monde. Pour Pour maintenir et accélérer encore l’accès de
sensible sur l'architecture des réseaux et les augmenter les capacités à venir, France tous à des services de communications
investissements qui en découlent. Télécom a décidé la construction d’un performants, il est important que les
L'interconnexion de ces territoires s'effectue nouveau câble sous-marin dans l’Océan paramètres clés de la règlementation restent
essentiellement par des câbles sous marins. A Indien, reliant Madagascar, la Réunion et l’île économiquement équilibrés comme par
titre d’exemple, en 2007, l’endommagement Maurice. Ce câble LION permettra de diversi- exemple le coût de connectivité
du câble America’s II par un bateau de pêche, fier la connectivité dans la zone, d’optimiser intercontinental de façon à créer les conditions
a provoqué une interruption du service internet les réseaux et grâce à d’importantes capa- d’une concurrence saine et durable. En ce qui
du 6 au 24 mai ; France Télécom a du rerouter cités, de faire face au développement des concerne les terminaisons d’appel mobile,
les appels téléphoniques par le secours usages. Il constitue aussi une opportunité de comme en métropole, il serait nécessaire
satellite et faire intervenir un navire câblier. Les développement économique et un outil de d’envisager une convergence rapide de leur
investissements liés à des destructions coopération régionale. niveau entre les opérateurs dans la mesure où
consécutives à des désordres naturels se sont les réseaux sont maintenant matures.
Pour les mobiles, les usages vont connaître Dans un contexte concurrentiel sain, équilibré
élevés à 20 M€ pour la seule année 2007.
une évolution majeure grâce à la et dynamique, France Télécom continuera à
La jeunesse de la population dans les DOM se commercialisation de la 3G+. L’ARCEP a investir dans les réseaux et services pour
traduit par des marchés dynamiques et accordé en mars dernier aux filiales Orange de mettre ses capacités d’innovation, ses
sensibles à la diversité des usages. Dans ces France Telecom une licence 3G. L’ouverture compétences humaines et techniques au
zones les communications internationales sont des réseaux est prévue pour la fin 2008 service du développement de l’économie et
plus importantes qu’ailleurs. La croissance des directement en 3G+, technologie des populations des DOM. 
volumes d’échanges d’information dans HSDPA/HSUPA, qui permet des débits www.francetelecom.com

14 LA LETTRE DE L’AUTORITÉ DE RÉGULATION DES COMMUNICATIONS ÉLECTRONIQUES ET DES POSTES  MAI/JUIN 2008
Dossier - Les télécoms en outre-mer

BERTRAND GUILLOT - PRÉSIDENT DE SRR

SRR : le mobile dans l’océan indien


Quelles sont les spécificités du Mayotte. Dans ce contexte, il est particulière- continuer afin de pallier le retard
marché des télécoms dans les DOM ? ment complexe d’apporter à nos clients, toujours au niveau de l’accès Internet haut
Toute la particularité d’être un opérateur domien au fait des nouveautés métropolitaines, les débit ; nous sommes néanmoins
repose sur la chance de pouvoir aborder la mêmes services dans des délais similaires. freinés par le coût important de la
richesse d’un marché global des télécoms, Néanmoins, c’est un défi que nous relevons en bande passante satellite.
rendu complexe du fait de notre insularité, mais permanence et nos clients bénéficient
sur une échelle réduite et avec des moyens aujourd’hui d’une qualité de service remarquable Quelles sont vos attentes vis à
nécessairement différents. De cette particularité à des tarifs très avantageux. vis du régulateur ?
découle néanmoins toute la diffi- La régulation doit
Notre projet majeur sur
culté qui y est associée : tout Quels sont vos projets ? décloisonner sa vision des
les deux prochaines
projet, qu’il soit commercial, Notre projet majeur sur les deux différents secteurs des
années concerne le
télécoms afin d’avoir une REUNION
technique ou règlementaire,
déploiement d’un réseau prochaines années concerne le
mobilise des énergies dispropor- déploiement d’un réseau 3G+ sur approche globale et
3G+ sur La Réunion et
convergente des marchés domiens, facilitant
tionnées compte tenu de notre
Mayotte afin d’offrir de La Réunion et Mayotte afin d’offrir

Portrait des acteurs


taille, d’autant que les synergies de nouveaux services de transfert ainsi leur développement. Le rôle du régulateur
nouveaux services de
va être de permettre à tous les acteurs
avec les autres technologies ou
transfert de données haut de données haut débit, pour les
les autres secteurs d’activités entreprises et les particuliers. Ce d’accéder à ces technologies dans des
débit.
sont balbutiantes ou restent à réseau de nouvelle génération conditions concurrentielles satisfaisantes sur
inventer. Notre insularité impose des contraintes nécessite une refonte en profondeur du cœur de des marchés qui accusent de très nets retards
supplémentaires avec un câble de sortie unique réseau et des systèmes de transmission. Sur en termes de capacité haut débit. 
pour La Réunion et des solutions en propre sur Mayotte, le déploiement du réseau Wimax va www.srr.fr

JEAN-MICHEL HEGESIPPE - PRÉSIDENT DIRECTEUR GÉNÉRAL D’OUTREMER TELECOM

Outremer Telecom :
un challenger en forte croissance
Le marché des télécoms dans les DOM est-il détient 15% des parts de marché mobile aux actuelles. Nous venons de lancer
spécifique ? Antilles/Guyane, où il se développe depuis trois la Only Box avec des services de
Le marché des DOM est éclaté entre quatre ans, et 6% des parts de marché mobile sur La contenu associés : la VOD et la
territoires répartis en deux zones Réunion et Mayotte où nous sommes présents TV sur IP, assortie d’un bouquet
géographiques : la zone Caraïbe, avec la depuis un an. Sur le marché de l’ADSL, le de chaines de la TNT. Nous
Martinique, la Guadeloupe et la Guyane, et la groupe détient au global sur ces régions 37% sommes là aussi les premiers
zone Océan Indien, avec La Réunion et des parts de marché. dans les DOM à proposer ces
Mayotte. Ces zones sont distantes de près de Notre réussite s’explique par notre modèle services innovants.
20 000 km avec un décalage horaire de huit économique adapté, avec la maitrise des coûts Nous avons acquis les licences
heures ; elles comptent environ fixes, notre positionnement de Wimax et
un million d'habitants chacune et challenger offrant des offres venons
ont un PIB bien inférieur à celui L’année 2008 est l’année extrêmement compétitives, un d’obtenir les
licences 3G nous permettant de prendre position
de la métropole. Nous évoluons
de consolidation de nos marketing de proximité, tout en
donc sur des micro marchés assurant un service de qualité. de façon décisive sur le marché du haut débit.
éclatés. Mais l'appétence pour
activités, avec Nous illustrons ainsi notre positionnement de
les télécommunications est très
l’enrichissement de nos Quels sont vos chantiers challenger innovant qui apporte en permanence
forte, ce qui se traduit par un offres actuelles. et/ou projets ? la nouveauté sur ses territoires.
taux de pénétration du mobile Notre déploiement a été
plus élevé qu'en métropole. soutenu depuis 2004, année qui Quelles sont vos attentes vis à vis du
En dépit de ces spécificités, ces marchés ont marque le début de l’ouverture de nos services régulateur ?
déjà séduit les grands acteurs des en téléphonie mobile en Guyane, suivie, en Nous en attendons que les règles de la
télécommunications français, puisque le groupe 2005, de la Guadeloupe et la Martinique, en concurrence soient respectées, et que nous
France Télécom/Orange et SFR y sont 2006, de Mayotte, et en 2007, de La Réunion. puissions nous développer en toute équité face
présents. Aujourd’hui, le groupe Outremer L’année 2008 est l’année de consolidation de aux grands acteurs nationaux. 
Telecom a su faire sa place sur ces territoires et nos activités, avec l’enrichissement de nos offres www.outremer-telecom.fr/

MAI/JUIN 2008  LA LETTRE DE L’AUTORITÉ DE RÉGULATION DES COMMUNICATIONS ÉLECTRONIQUES ET DES POSTES 15
Dossier - Les télécoms en outre-mer

EHSAN EMAMI - PRÉSIDENT de MEDIASERV

Mediaserv : le petit « Free » des DOM


Quelles sont les spécificités dans les habitudes de consommation. A notre Pour les professionnels, nous envisageons de
du marché des télécoms niveau, nous sommes dépendants de leur lancer très prochainement du SDSL.
dans les DOM ? réseau et de leurs techniciens pour un certain Notre ambition est de devenir l’équivalent de
C’est un marché complexe. Par nombre d’interventions. Free, soit le deuxième opérateur télécom des
exemple, nous n’amenons pas DOM, en termes d’abonnés, de qualité, de
du haut débit à Saint Denis de Quels sont vos chantiers et/ou projets ? sérieux et d’engagement clients. Avec le
La Réunion de la même manière Le mobile n’est pas à l’ordre du jour. On lancement de la Box Mediaserv, nous affichons
qu’à Saint Laurent du Maroni en constate que les deux premiers opérateurs de un objectif de 100.000 clients domiens d’ici
Guyane. L’insularité, la forêt mobile dominent déjà un marché saturé. En 2010.
dense, les haut débit, nous avons lancé la Box Mediaserv
risques natu- (avec cette Box, l’abonnement téléphonique est Quelles sont vos attentes vis à vis du
rels (cyclones, inclus et le téléchargement illimité, ndrl) en régulateur ?
tremblements de terre), l’éloignement entre Guadeloupe, à La Réunion, en Martinique et, Il est important que les DOM soient traités sur
chacune de ces régions sont autant de spécifi- depuis le 22 mai, en Guyane avec un objectif : un pied d’égalité avec la métropole. Pour cela, il
cités géographiques que nous dégrouper tous les NRA. est indispensable de comprendre la taille du
Portrait des acteurs

devons prendre en compte au Dans la continuité de notre marché, sa complexité et son éparpillement.
quotidien. Les collaborateurs de Notre ambition est de politique de désenclavement Chaque lancement de nouveau chantier sur un
Mediaserv doivent aussi devenir l’équivalent de numérique des DOM, nous département entraîne systématiquement de
s’adapter au décalage horaire avons obtenu en 2007 trois lourds investissements. Une des attentes d’un
Free, soit le deuxième
pour travailler ensemble. D’un délégations de service public : opérateur alternatif comme Mediaserv vis-à-vis
point de vue économique, la taille
opérateur télécom des à La Réunion, en Martinique et de l’ARCEP est la prise en compte de toutes les
du marché et le coût de la vie
DOM. en Guyane. Avec le câble de spécificités des DOM pour les différentes
sont des notions essentielles GCN, société sœur de redevances. Toutefois, nous constatons que
dans la gestion d’une entreprise. Mediaserv, les îles de la l’ARCEP est de plus en plus attentive à nos
Les mentalités évoluent lentement, l’opérateur Caraïbe, de Puerto Rico à Trinidad, peuvent problématiques. 
historique est encore profondément ancré aujourd’hui être desservies par du haut débit. www.nplus.gf

YANN DE PRINCE - PRÉSIDENT DIRECTEUR GÉNÉRAL de MOBIUS

Mobius : David contre Goliath


Le marché des télécoms est-il rables à celles de la métropole. Le tarif Quels sont vos chantiers ?
spécifique dans les DOM ? moyen de l’accès à Internet est très large- Sous la marque professionnelle Mobius
Non, chaque DOM est particu- ment supérieur aux tarifs des FAI métropoli- Technology, nous continuons de développer
lier. Certains sont insulaires, tains tandis que les débits sont largement nos services d’accès à internet sécurisés pour
d’autres pas ; certains sont inférieurs. les entreprises de l’île et nous venons de lancer
situés dans l’hémisphère nord, C’est l’attitude de l’opérateur historique, la téléphonie fixe IP Centrex avec succès. Sous
d’autres distants de plus de combinée à un contexte réglementaire ne la marque iZi, nous continuons de développer
10.000 km... La seule particula- tenant pas suffisamment compte nos services d’accès à
rité commune est peut être des particularités locales, qui la principale spécificité internet et de téléphonie
qu’ils sont physiquement conduisent à cette situation. En auprès du grand public et
du marché de La
détachés de la métropole… effet, la principale spécificité du avons dépassé le cap des
Et encore, car il faudrait alors marché de La Réunion est que
Réunion est que l’île n’est 7000 abonnés. Enfin, nous
inclure la Corse… Je ne l’île n’est numériquement reliée au
numériquement reliée au sommes en train de nous
parlerai donc que du marché de La Réunion reste du monde qu’au moyen reste du monde qu’au installer à Madagascar.
qui est unique. d’un seul et unique câble sous- moyen d’un seul et
Tout d’abord, force est de constater qu’à La marin dont la commercialisation unique câble sous-marin. Avez-vous des attentes
Réunion, l’opérateur historique connait est assurée par l’opérateur histo- particulières vis à vis du
encore une situation archi-dominante tant rique à des tarifs très élevés. L’Autorité a régulateur ?
dans le domaine de la téléphonie fixe que de d’ailleurs été conduite à fixer ces tarifs en Imposer à l’opérateur historique de proposer, à
l’Internet, preuve, s’il en était besoin, que le 2004 après que Mobius l’ait saisie sur le La Réunion, et à l’identique, toutes les offres
marché est spécifique et que la concurrence sujet. Le tarif est alors passé de qu’il propose en métropole. Par exemple, ce
ne s’exerce pas dans des conditions compa- 17.000 € / Mb par mois à 1.550 € ! n’est toujours pas le cas pour l’offre CE2O alors

16 LA LETTRE DE L’AUTORITÉ DE RÉGULATION DES COMMUNICATIONS ÉLECTRONIQUES ET DES POSTES  MAI/JUIN 2008
Dossier - Les télécoms en outre-mer

qu’aucune raison valable ne le justifie, si ce proportionnels à l’usage : c’est ainsi que les DOM. Ceci constitue un frein considérable à la
n’est celle pour France Télécom de s’octroyer tarifs d’accès aux serveurs d’éligibilité (Setiar progression du dégroupage. Enfin, maintenir
un avantage concurrentiel supplémentaire. notamment) ont été fixés à l’échelle nationale et une régulation forte sur les tarifs d’achat de
Imposer à France Télécom de fixer des tarifs que leur tarif est totalement prohibitif quand il capacité sur le câble SAFE. 
d’utilisation des services opérateurs est rapporté à l’utilisateur à l’échelle d’un seul www.mobius.fr

GHADA GEBARA - NOUVELLE DIRECTRICE GÉNÉRALE


de DIGICEL pour LES PAYS FRANCOPHONES de la CARAÏBE

Digicel : la continuité caribéenne


Le marché des télécoms dans les DOM est-il nouveaux produits à des prix compétitifs. Cette trop la faute chez les opérateurs
spécifique ? année, nous allons investir environ 20 millions alors qu’elle devrait les aider à
C'est un challenge beaucoup plus important d'euros pour agrandir encore notre réseau. En développer leur activité. On nous
qu'en métropole, car nous n’avons pas les 2007, nous avons investi 22 millions dans notre dit par exemple de baisser nos
mêmes facilités - les ressources, les partenaires. réseau en Guyane, qui est désormais le meilleur coûts d'interconnexion mais rien
De plus, ici, la vie est 30% plus chère et le taux de de ceux des trois opérateurs présents. n’est fait pour nous aider à avoir
chômage atteint 40%. Du coup, nos accès à de la fibre optique à des
investissements et nos coûts sont plus élevés, Quels sont vos projets ? coûts intéressants. Cela nous
sans que nos revenus le soient. Toute la Caraïbe investit dans le Wimax, qui nous force à couper dans notre marge,
Le système, lui aussi, est un peu aberrant : nous intéresse beaucoup pour les Antilles françaises. et donc dans nos
sommes situés près des Etats-Unis mais nous Cette technologie peut vraiment nous donner plus investissements futurs. Cette
devons appliquer les normes européennes et de flexibilité et nous permettre de jouer la mobilité situation ne gêne pas Orange
importer nos terminaux d’Europe. C'est un coût totale à des coûts moindres qu’avec l'UMTS qui, qui possède son propre
supplémentaire. Autre exemple : les territoires font pour moi, est un peu dépassé et trop cher. Si l'on réseau. Cette année, je voulais investir 40 millions

Portrait des acteurs


partie de la France, et nous avons décidé d’offrir le veut que la Guadeloupe, la Martinique et la d'euros pour améliorer le réseau en Guadeloupe et
tarif local à tous nos clients quand ils appellent la Guyane Française, où le niveau de vie est très en Martinique mais j'ai dû couper mon budget en
métropole. En revanche, nous ne payons pas le bas, aient l'Internet, il faut offrir un service bon deux ; je ne pourrais donc pas le faire en un an,
tarif local pour faire parvenir l'appel en métropole ! marché. Je pense que le Wimax mais en deux ou trois ans. Nous
On passe par des fibres optiques, des liens est la réponse. avons beaucoup investi pour être
satellites qui coûtent très chers. Notre concurrent Par ailleurs, Digicel Group a acheté concurrentiel face à Orange qui
principal quant à lui, passe par des liens qui lui des parts du câble sous-marin, Toute la Caraïbe investit peut faire des promotions et
appartiennent, termine la majorité des appels sur financé par l'Union européenne, dans le Wimax, qui nous casser tous les prix, puisqu’il a
son propre réseau et pourtant facture ses clients qui a déjà atterri à Saint-Barth et intéresse beaucoup pour plus de 60 % du marché. Il faut
plus cher que nous vers la Métropole… Saint-Martin et va gagner la les Antilles françaises. aider les nouveaux opérateurs à
Guadeloupe et la Martinique. On grandir et à être concurrentiels,
Quelques avantages tout de même ? essaie d'encourager une extension sinon l'opérateur historique aura
Digicel est une entreprise jeune présente dans vers la Guyane française puisqu'il toujours la même force et nous
toute la Caraïbe avec 6 millions d'abonnés. Cette arrive à Trinidad. resterons des satellites vivotant autour de lui en
présence sur tout l’arc caribéen facilite la ramassant ses miettes. Nous comptons sur
concurrence et nous aide à offrir le téléphone à Qu'attendez-vous de l'ARCEP ? l’ARCEP pour nous aider à rééquilibrer le marché.
bon prix, ainsi que des offres à la carte et des Mon sentiment est que l’Autorité cherche parfois www.digicelgroup.com

BRÈVES téléphonique en faveur des bénéficiaires


des minima sociaux est financée par le
avril 2006 que la nouvelle PNM y a été
mise en œuvre. Les bons résultats
imposant une baisse importante du prix
des tarifs de détail des appels mobiles
Le service universel outre-mer service universel. Environ 45.000 observés dans cette zone ont justifié vocaux émis ou reçus sur un mobile
Les DOM et deux collectivités d’outre- personnes en ont bénéficié en 2005. l’extension de ce processus aux autres français dans un pays de l’Union
mer, Mayotte et Saint-Pierre-et-Miquelon, L’opérateur en charge du service universel régions françaises : en métropole le 21 Européenne autre que la France. La loi
bénéficient du service universel au même met également à disposition de ses mai 2007, et à la Réunion et Mayotte, en n°2007-1774 du 17 décembre 2007 a
titre que la métropole. Ce dispositif abonnés une offre de communication en juillet 2007. En effet, moins de deux ans mis fin au paradoxe qui faisait que ce
garantit sur l’ensemble des territoires provenance et à destination des DOM après son lancement dans la zone règlement ne s’appliquait pas aux DOM.
couverts l’accès au service téléphonique à avec des tarifs réduits aux heures de Antilles-Guyane, environ 25 000 numéros Désormais, les clients des opérateurs
un prix abordable, aux cabines publiques, faible demande. Cette obligation mobiles avaient été portés, soit environ mobiles autorisés en France
aux annuaires et aux services de s’applique aussi à l’acheminement des 2,3 % du parc actif total de clients métropolitaine, dans un département
renseignement. Il permet de prendre en communications à partir et vers les mobiles de la zone (contre seulement d’outre-mer, à Mayotte, Saint-
charge le surcoût de lignes non-rentables cabines publiques. 2 % des clients en métropole plus de Barthélemy, Saint-Martin ou Saint-Pierre-
se trouvant dans des zones de faible La portabilité mobile dans les DOM trois ans après l’ouverture du système de et-Miquelon bénéficient des tarifs
densité de population. En 2005, un peu La zone Antilles-Guyane a été la première portabilité « double guichet »). prévus par le règlement européen dans
moins de 10 000 lignes répondaient à ce région à bénéficier de la portabilité des Le roaming dans les DOM. leurs déplacements dans les pays
critère dans les DOM. De plus, une numéros mobiles en 10 jours et en Le 27 juin 2007, la Commission européens, ainsi qu'entre la Métropole
réduction sur le prix de l’abonnement « simple guichet ». C’est en effet le 1er européenne adoptait un règlement et leur territoire.

MAI/JUIN 2008  LA LETTRE DE L’AUTORITÉ DE RÉGULATION DES COMMUNICATIONS ÉLECTRONIQUES ET DES POSTES 17
Dossier - Les télécoms en outre-mer

Téléphonie mobile en outre-mer :


Baisse des prix de la terminaison d'appel mobile, nouveaux services en vue avec l'arrivée de la 3G, nouveaux

La 3G arrive dans les DOM


Suite aux marques d’intérêt exprimées par les acteurs, l’Autorité a ouvert le 30 janvier 2008 la procédure de délivrance
d’autorisations 3G dans les départements et collectivités d’outre-mer. Quatre opérateurs ont déjà été autorisés. 70 %
de la population ultra marine devrait ainsi être couverte par les réseaux 3G dans les cinq prochaines années.
’introduction de la 3G permettra

L aux ultramarins d’accéder à des


services haut débit mobiles plus
performants qu’avec la 2G comme
Problématique mobile

la visiophonie, le téléchargement et l’envoi de


données à des débits plus élevés, la télé Cette
mobile. En permettant l’accès à des technolo- disponibles par rapport au meil- quantité sera complétée dans un deuxième
gies de communications évoluées, la 3G favo- leur de la 2G. temps en fonction des besoins. Les opéra-
risera le développement économique des teurs sont autorisés pour plus de 15 ans et
départements et collectivités d’outre-mer. Des fréquences doivent lancer leurs services au bout de deux
Enfin, alors qu’en métropole, près de 60% attribuées au fil de l’eau ans avec une couverture d’au moins 30% de la
des foyers sont connectés en haut débit fixe, Il y a assez de fréquences pour répondre aux population, puis couvrir au minimum 70% de
seuls 20% des foyers ultra marins le sont. demandes des opérateurs. L’ARCEP a donc la population au bout de cinq ans.
Avec l’entrée possible de nouveaux entrants, lancé une procédure d’attribution des Depuis le lancement de la procédure fin
la 3G permettra de stimuler la concurrence fréquences au fil de l’eau tenant compte des janvier dernier, quatre opérateurs ont déjà été
au bénéfice du consommateur.. spécificités du marché ultramarin. autorisés en 3G : Orange Réunion à la
L’expérience de la métropole montre que L’attribution des fréquences est encadrée et Réunion ; Orange Caraïbes à la Martinique, la
le calendrier est le bon pour l’introduction de réalisée progressivement, en rapport avec l’évo- Guadeloupe, la Guyane, à Saint-Martin et à
la 3G en outre-mer : l’internet mobile lution des besoins de chaque acteur. Les auto- Saint-Barthélemy ; SRR à la Réunion ; et
commence à se populariser, les terminaux risations sont délivrées dans la bande 2,1 GHz, Outremer Télécom à la Martinique, la
sont aujourd’hui moins coûteux et la techno- départements par départements, et les acteurs Guadeloupe, la Guyane et la Réunion. Les
logie HSPA (plus communément appelée ont accès, dans un premier temps, à 5 MHz premières ouvertures commerciales pourraient
3G+), offre une véritable rupture en débits duplex, c’est-à-dire une porteuse UMTS. avoir lieu d’ici à fin 2008. 

Les opérateurs GSM et 3G autorisés en outre-mer au 3 juin 2008


Départements Autorisations GSM Autorisations 3G
Collectivités Opérateurs Obligations de couverture (minimum) Opérateurs Obligations de couverture (minimum)
Orange Caraïbes Orange Caraïbes 30% de la population en 2010
Digicel AFG 90% de la population Outremer Télécom 70% de la population en 2013
Martinique
Outremer Télécom
Guadeloupe
Guadeloupe Téléphone Mobile 50% de la population en 2010
Martinique Téléphone Mobile 90% de la population en 2013
Orange Caraïbes Orange Caraïbes 30% de la population en 2010
Digicel AFG 80% de la population Outremer Télécom 70% de la population en 2013
Guyane Outremer Télécom
50% de la population en 2010
Guyane Téléphone Mobile
90% de la population en 2013
Orange Caraïbes 30% de la population en 2010
Orange Caraïbes
Digicel AFG 70% de la population en 2013
Saint-Martin
Outremer Télécom 90% de la population
Saint-Barthélemy
Dauphin Télécom
UTS Caraïbes
Orange Réunion 95% de la population Orange Réunion
30% de la population en 2010
Réunion SRR SRR
90% de la population 70% de la population en 2013
Outremer Télécom Outremer Télécom
SRR
Mayotte Outremer Télécom 90% de la population
Orange Réunion

Saint-Pierre et Miquelon SAS SPM Télécom 99% de la population

18 LA LETTRE DE L’AUTORITÉ DE RÉGULATION DES COMMUNICATIONS ÉLECTRONIQUES ET DES POSTES  MAI/JUIN 2008
Dossier - Les télécoms en outre-mer

une concurrence plus dynamique


opérateurs : il n'y a guère que la pluie pour pertuber les ondes et le développement des opérateurs mobiles.

Terminaison d’appel mobile


dans les DOM : la facture s’allège
Afin que les consommateurs ultramarins bénéficient d’une concurrence plus dynamique, l’ARCEP fera baisser
de 30% à 50% les prix de gros de la terminaison d’appel vocal mobile d’ici fin 2009.
fin de permettre à leurs clients de ce titre, ces opérateurs sont soumis à des obliga- gros entre 10,5 c € à 27,2 c € la minute suivant

A joindre l’ensemble des abonnés mobi-


les, les opérateurs fixes ou mobiles
doivent acheter une prestation de ter-
minaison d’appel à chaque opérateur mobile des
DOM appelés, dans des conditions qui seraient,
tions réglementaires sur la période 2008-2010,
qui sont proportionnées à leur taille respective.
Aussi, Orange Caraïbe et SRR, qui possèdent
chacun une très large part de marché sur leur
zone, doivent orienter vers les coûts leurs tarifs
l’opérateur. De telles baisses devraient être favo-
rables au consommateur final si elles se répercu-
tent effectivement sur les tarifs de détail,
notamment sur le prix des appels fixe vers
mobile, et permettre aux clients de téléphonie
en l’absence de régulation, décidées unilatérale- de terminaison d’appel. Les autres opérateurs ne d’outre-mer de bénéficier d’une concurrence
ment par cet opérateur mobile. La terminaison doivent pas pratiquer de tarifs excessifs. plus dynamique.
d’appel vocal mobile constitue donc un goulot La fixation de ces plafonds tarifaires s’appuie
d’étranglement et revêt un caractère de facilité Des baisses qui doivent notamment sur la connaissance des structures de
essentielle. L’action de l’Autorité s’attache à pré- se répercuter sur les tarifs de détail coûts des opérateurs mobiles des DOM, que
venir les problèmes concurrentiels dus à un Ainsi, l’Autorité continue à imposer des l’Autorité cherche actuellement à affiner. C’est
niveau trop élevé de cette terminaison d’appel. baisses des tarifs de terminaison d’appel, qui pourquoi l’ARCEP développe, en collaboration
Lors de l’analyse de marché menée en 2007 demeuraient élevés en outre-mer selon les stan- avec les opérateurs, un modèle technico-écono-
sur les DOM par l’Autorité, les opérateurs dards européens, sans que cela puisse s’expliquer mique évaluant les coûts supportés par un opéra-
mobiles actifs sur ces zones ont été déclarés puis- par les structures de coûts des opérateurs. Il s’agit teur mobile générique implanté dans les DOM.
sants sur le marché de gros de la terminaison d’une baisse de 30% à 50% entre 2007 et 2009, Ce modèle permettra d’apprécier in fine les
d’appel vocal mobile sur leur réseau respectif. A par palier, qui aboutit pour 2008 à des tarifs de spécificités de ces zones géographiques. 

De l'impact des hydrométéores


sur la téléphonie mobile
La France fait partie des rares pays au monde dont le territoire, grâce aux régions ultra-marines, couvre
l’ensemble des régions du monde au sens de l’UIT.
es ondes radioélectriques ne respec- spectre, auquel les 189 pays membres de l'UIT bande 3400-3600 MHz au service mobile à

L tent pas les frontières et constituent


une ressource planétaire. Pour
éviter les brouillages préjudiciables
entre les pays, il faut parvenir à un consensus
au niveau mondial sur leur partage : il faut
sont tenus de se conformer.

Trois régions de répartition


Pour la répartition des fréquences et l'appli-
cation du RR, le monde est divisé en trois
titre primaire avec identification pour l’IMT
(la 4G). Par contre, en région 2, pour les
départements d’outre-mer, cette attribution est
limitée à la bande 3400-3500 MHz, sans réfé-
rence à l’IMT.
Problématique mobile

donc coordonner leur utilisation dans le cadre grandes régions géographiques distinctes : la
d'organismes internationaux. région 1 (Europe / Afrique), la région 2 Des ondes perturbées par la pluie
C’est l’Union Internationale des (Amérique) et la région 3 (Asie / Pacifique). Les différences entre les régions ne sont pas
Télécommunications (UIT) qui effectue, au Ainsi, la France fait partie des quelques états toujours réglementaires, mais parfois scientifi-
niveau mondial, ce travail vital d’attribution dont le territoire, grâce aux régions ultra- ques. Par exemple, pour les bandes de
des bandes de fréquences du spectre radioélec- marines, couvre l’ensemble des régions du fréquences très élevées, les utilisations du
trique pour des services tels que la téléphonie monde définies par l’UIT. Les dispositions spectre radioélectrique ne permettent pas d’of-
mobile, l'imagerie par satellite, la radiodiffu- réglementaires du RR en vigueur sur le terri- frir, dans les départements d’outre mer à forte
sion télévisuelle, ou les communications mari- toire métropolitain en matière de ressource pluviométrie, des services équivalents en terme
times ou aéronautiques.. Les dispositions spectrale peuvent donc être, dans certains cas, de fiabilité et de couverture en raison de condi-
techniques et réglementaires que prend cette différentes de celles des territoires ultra-marins. tions de propagation des ondes moins favora-
organisation internationale installée à Genève A titre d’exemple, la dernière Conférence bles dues, notamment, à leur absorption par
sont inscrites dans le Règlement des mondiale des radiocommunications, qui révise les hydrométéores… un terme un peu barbare
Radiocommunications, le "RR", qui forme le le RR tous les 3 ou 4 ans, a attribué pour la pour désigner un phénomène atmosphérique
cadre réglementaire mondial d'utilisation du plupart des pays européens, en région 1, la que tout le monde connaît bien : la pluie. 

MAI/JUIN 2008  LA LETTRE DE L’AUTORITÉ DE RÉGULATION DES COMMUNICATIONS ÉLECTRONIQUES ET DES POSTES 19
Dossier - Les télécoms en outre-mer

Sur les marchés de détail du haut débit,


Les consommateurs ultra-marins n’ont pas toujours eu accès au même niveau d’offres haut débit
pénétration inférieur. Ce décalage provient des surcoûts structurels liés à la remontée du trafic des
e surcoût lié à l’éloignement des

L
NRA équipé
DOM avec la Métropole, réper-
par France
cuté par les opérateurs sur leurs
Télécom
tarifs de détail, positionnent les
offres haut débit ultra marines à un niveau Guadeloupe
tarifaire substantiellement plus élevé que
Martinique NRA équipé
celui de la Métropole.
par France
Problématique haut débit

En effet, si en Métropole, les offres triple


Télécom et au
play disponibles en zones dégroupées sont
moins un
commercialisées autour de 30 €, un accès
La Réunion opérateur de
simple à Internet illimité peut être proposé
dégroupage
dans les DOM à 55 €. Le même forfait,
au 1er janvier
avec appels locaux et vers la Métropole en
2007
illimité, est vendu autour de 65 €. C’est la
raison pour laquelle, afin de réduire leur
facture mensuelle, les consommateurs
NRA équipé
optent souvent pour des offres plus limi-
par France
tées, tant sur le volume de téléchargement,
Télécom et au
que sur les services offerts.
moins un
Les offres haut débit commercialisées
opérateur de
dans les DOM se sont enrichies au cours de
dégroupage
l’année passée, avec l’arrivée des premières
au cours de
offres triple play en zones dégroupées (accès
l’année 2007
illimité à Internet, téléphonie illimitée en
voix sur large bande et une offre de télévi- Guyane
sion), et double play en zones non dégrou-
pées. Ces offres ne sont pas encore Depuis, cette dernière a beaucoup baissé, 19 décembre 2007 au 7 février 2008. La
généralisées sur l’ensemble des DOM. pour se stabiliser à l’été 2004 à une valeur synthèse de cette consultation publique et les
légèrement inférieure à 50 %. Dans le versions amendées des analyses de marché du
Une concurrence encore peu même temps, la part de marché de France haut débit et du très haut débit ont été
développée, mais une Télécom est restée stable dans les DOM. publiées le 24 avril 2008.
intensification Ce retard dans le développement de la Au terme des deux décisions de 2005,
du tissu concurrentiel concurrence pourrait se réduire avec l’ac- l’Autorité a délimité un marché pertinent
Le taux de pénétration du haut débit par croissement de l’intensité concurrentielle national sur lequel France Télécom exerce
foyer (nombre d’accès DSL ramené au sur les marchés de détail du haut débit dans une influence significative. La régulation de
nombre de lignes principales) a significati- les DOM observé récemment. En effet, l’Autorité en matière de haut débit s’applique
vement augmenté en un peu plus de deux désormais, outre France Télécom et aux DOM de la même manière qu’en
ans, passant de 12 % en juillet 2005 à 36 % Outremer Télécom, un troisième acteur se Métropole. Les offres de gros disponibles sont
en octobre 2007. Pendant la même période, positionne sur l’ensemble des quatre donc les mêmes, notamment :
la pénétration du haut débit sur l’ensemble DOM. Il s’agit de Mediaserv (cf. page 16), - le dégroupage total ;
du territoire national est passée de 24 % à filiale du groupe Loret qui construit, via ses - le dégroupage partiel ;
45 %. filiales MCN et Global Caribbean Network - l’offre « DSL Access » (offre de gros d’accès
Le décalage existant entre la métropole et notamment, des câbles sous-marins activé nécessitant un accès disposant d’un
les DOM dans le domaine des TIC, même permettant de desservir les DOM. service téléphonique commuté classique) ;
s’il subsiste à ce stade, s’est sensiblement - l’offre « DSL Access only » (offre de gros
réduit au cours de ces dernières années. La régulation d’accès activé pour les accès sans service télé-
Au 30 septembre 2007, France Télécom du haut débit phonique commuté classique).
détient en moyenne 80 % des accès haut La régulation de l’Autorité sur le haut débit
débit vendus sur les marchés de détail rési- se concentre sur les marchés de gros du Cap sur
dentiel et professionnel, avec quelques dégroupage et des offres de gros d’accès la qualité de service
disparités selon les DOM. activés livrés à un niveau infranational et s’ap- Par ailleurs, dans le cadre de travaux multi-
La part de marché de l’opérateur histo- puie sur les décisions nº 05-275 et n° 05-278. latéraux et de ses activités de régulation
rique dans les DOM est globalement la La révision de ces deux analyses de marché opérationnelle, l’Autorité a obtenu de France
même que celle qu’il détenait au printemps par l’Autorité est en cours, une première Télécom que l’ensemble des offres de garantie
2002 sur l’ensemble du territoire français. consultation publique s’est tenue à ce sujet du de temps de rétablissement soit disponible à

20 LA LETTRE DE L’AUTORITÉ DE RÉGULATION DES COMMUNICATIONS ÉLECTRONIQUES ET DES POSTES  MAI/JUIN 2008
Dossier - Les télécoms en outre-mer

la situation se rapproche de la métropole


que les consommateurs métropolitains : des offres plus chères et moins diversifiées conduisant à un taux de
DOM vers la Métropole ainsi que du contexte concurrentiel local.
compter du premier trimestre 2008 pour offre de Location de Fibre Optique a été prin- semble du territoire, ainsi que l’Autorité l’a
permettre aux opérateurs alternatifs de cipalement utilisée en Guadeloupe en raison rappelé dans son second cycle d’analyse de
proposer aux clients professionnels des offres de l’absence de réseau de collecte public ou de marché du haut et du très haut débit.
sur DSL. projets de collectivités. L’Autorité sera particulièrement attentive aux
Au 31 décembre 2007, le nombre de À cette même date, le parc des accès améliorations des processus dans les DOM,
répartiteurs dégroupés dans les DOM dégroupés et des accès livrés au niveau qui feront l’objet d’un traitement et d’un
permet de couvrir 66 % de la population en régional représente respectivement 54 % et suivi spécifique.
dégroupage. 46 % des accès commercialisés par les opéra- France Télécom s’est ainsi engagée à
teurs alternatifs. résorber d’ici l’automne les problèmes de
Couverture de la population éligible au
dégroupage dans les DOM au 31/12/2007 Dégroupage et bitstream dans les DOM au 31/12/2007 qualité de service pour converger
vers le niveau actuel de la
Guadeloupe Martinique Guyane La Réunion Total DOM Guadeloupe Martinique Guyane La Réunion Métropole. Des expérimenta-
Parc d’accès de gros tions seront lancées en
66 % 64 % 60 % 70 % 66 % 7 425 8 589 979 10 203
dégroupage Guadeloupe sur le SAV des
Parc d’accès de gros offres de gros.
6 861 6 039 758 9 487
Conformément au dispositif d’analyse de bitstream S’agissant particulièrement
marchés adoptés en 2005, France Télécom de la clientèle professionnelle,
propose, pour permettre l’extension du En termes de qualité de service des offres la prestation de garantie de temps de
dégroupage, l’offre de raccordement des de gros, notamment pour le dégroupage, la rétablissement est désormais disponible pour
répartiteurs distant en fibre noire LFO. Cette qualité de service doit être la même sur l’en- toutes les offres de gros. 

La boucle locale radio


et le Wimax outre-mer
L'Autorité a attribué des fréquences dans la bande des 3,5 GHz pour le développement de réseaux
de boucle locale radio dans les DOM. Un bilan des déploiements sera réalisé cette année.
ce jour, huit acteurs sont attribu- lectriques dans les bandes 3,5 GHz, 26 GHz, En août 2005, des procédures de sélection

A taires de fréquences de boucle locale


radio dans la bande 3,5 GHz dans
les départements et collectivités
d’outre-mer. Ces autorisations de fréquences
ont été délivrées en différentes étapes depuis
28 GHz et 32 GHz, l'Autorité établissait que
le degré de rareté dans la bande 3,5 GHz ne
justifiait pas d’appel à candidatures pour la
ré-attribution de fréquences dans cette bande,
Ainsi, fin 2003, la société Mediaserv s’est
d’opérateurs de boucle locale radio sur la
collectivité territoriale de Mayotte, de Saint-
Pierre-et-Miquelon et le département de la
Guyane étaient donc lancées.
Au cours de ces procédures, une absence de
Problématique haut débit
l’an 2000. donc vue attribuer trois autorisations d'utili- rareté était constatée à Saint-Pierre et
Fin 1999, l’Autorité lançait un appel à sation de fréquences dans la bande 3,5 GHz Miquelon, ce qui a conduit à la délivrance en
candidatures sur les départements de pour la Guadeloupe, la Martinique et la février 2006 de trois autorisations de
Guadeloupe, Guyane, Martinique et La Guyane. 56 MHz chacune dans la bande 3,5 GHZ
Réunion pour l’attribution de fréquences de aux sociétés France Télécom, Mediaserv et
boucle locale radio dans la bande 3,4- Regain d’intérêt Omtel SPM sur ce territoire.
3,6 GHz. grâce au Wimax En juillet 2006, à l’issue des procédures de
A l’issue de cet appel à candidature et suite Au cours de l’année 2004, suite au regain sélection des autorisations d’utilisations,
aux restitutions par certains acteurs de leurs d’intérêt de la boucle locale radio lié au déve- l’Autorité délivrait des fréquences de 56
fréquences, les trois opérateurs WLL Antilles loppement de technologies Wimax, MHz, sur la collectivité territoriale de
Guyane, WLL Réunion et Guet@li Haut l’Autorité lançait une nouvelle consultation Mayotte à Guet@li Haut Débit , France
Débit ont chacun obtenu 42 MHz duplex publique. Par ailleurs, WLL Antilles Guyane Télécom et STOI Internet ; sur le départe-
dans la bande 3,5 GHz en Guadeloupe, restituait ses fréquences en Guyane. Cette ment de Guyane à Guyacom et France
Martinique et à La Réunion. consultation publique mettait en évidence un Télécom.
En mars 2003, suite à une consultation besoin en fréquences dans la bande 3,4-3,6 L’année 2008 sera marquée par un bilan des
publique sur les conditions d’utilisation et GHz dans les départements et collectivités déploiements dans les départements et collec-
modalités d’attribution de fréquences radioé- d’outre-mer. tivités d’outre-mer. 

MAI/JUIN 2008  LA LETTRE DE L’AUTORITÉ DE RÉGULATION DES COMMUNICATIONS ÉLECTRONIQUES ET DES POSTES 21
Dossier - Les télécoms en outre-mer

Les câbles sous-marins :


Les câbles sous-marins sont déterminants pour la desserte des territoires éloignés. Ils ont été
du consortium. L’Autorité s’assure que l’ensemble des

La régulation du marché des services de capacité et


Pour relier un DOM à la métropole ou des DOM entre eux, deux types d’offres de gros sont possibles : des services de
our proposer des offres de détail haut présence (POP) de l’opérateur client : dans ce ritoriaux pertinents pour les services de capa-

P débit aux consommateurs, les opéra-


teurs alternatifs ont recours aux
offres de gros de France Télécom
cas, l’offreur dispose de ses propres équipe-
ments dans la station d’atterrissement.
cité transitant sur les routes :
- Métropole-Martinique ;
Les câbles sous-marins

qu’ils collectent à un niveau départemental ou


régional pour acheminer le trafic vers un point
d’interconnexion avec les grands réseaux
mondiaux et l’Internet situé à Paris.
Dans les départements d’outre-mer, les
opérateurs doivent donc acheminer le trafic
provenant de l’ensemble de leurs accès jusqu’à
Paris, au moyen de câbles sous-marins. Le L’offre de liaison louée de transport métro- - Métropole-Guadeloupe ;
surcoût correspondant explique en grande pole-La Réunion déroge à cette architecture ; il - Métropole-Guyane ;
partie l’écart entre les tarifs des offres haut débit s’agit d’une prestation de bout-en-bout qui - Métropole-Réunion ;
dans les DOM et en métropole. Pour relier un comprend à la fois le segment sous-marin et le - Martinique-Guyane ;
DOM à la métropole ou des DOM entre eux, complément terrestre. - Martinique-Guadeloupe.
deux types d’offres de gros sont alors possibles : Elle a considéré que France Télécom exerçait
des services de capacité ou de transport IP. Baisse des tarifs une influence significative sur ces marchés,
de gros à La Réunion caractérisés par l’existence d’infrastructures
Les services L’Autorité qui est intervenue à plusieurs difficilement réplicables et d’importantes
de capacité reprises pour améliorer la situation du marché économies d’échelle et de gamme de l’opéra-
Concrètement, l’offre de service de capacité des offres de gros Métropole-DOM ou inter- teur historique.
se décompose généralement comme suit : DOM. Elle a adopté, en mai 2004, deux déci- En conséquence, France Télécom s’est vu
- une prestation de transport sur un câble sous- sions de règlement de différends (2)au terme imposer la publication d’une offre de référence
marin (offre de liaison louée de transport – LLT) desquelles les offres de liaisons louées de à un tarif régulé, avec notamment une orienta-
achetée entre deux stations d’atterrissement à un transport et de transport IP ont été créées à La tion vers les coûts des tarifs de colocalisation
opérateur qui détient des droits dans le consor- Réunion. L’Autorité a ensuite adopté, en des équipements dans les CFTSA (stations
tium qui gère le câble ou qui dispose de l’accès septembre 2006, une décision (3) d’analyse des d’atterrissement ouvertes aux services d’abou-
physique à la tête de câble ; marchés de services de capacité qui vise l’en- tissement), des tarifs de complément terrestre,
- une prestation de complément terrestre (1), semble des DOM. ainsi que des obligations de comptabilisation
entre la station d’atterrissement et le point de L’ARCEP a ainsi défini six marchés interter- des coûts et de séparation comptable.

La plupart des câbles sous- participation au consortium. pour satisfaire leurs besoins Les accords qui régissent
marins existants sont régis Ils associent non seulement propres à court et moyen les câbles existants ont été
par des contrats de droit les opérateurs situés à termes et, d'autre part, la conçus avec le souci d'inciter
privé - dits accords de chaque extrémité de la capacité dite de réserve les investisseurs potentiels à
construction et maintenance liaison, mais également tout commune. Chacun des apporter une participation
- associant plusieurs exploitant international dont membres du consortium financière avant la date de
exploitants de télécom- les besoins en capacité détient un certain nombre mise en service du câble.
munications. justifient la participation. d'unités d'investissement, A cette fin, ils peuvent
Structure Ces accords Dans la quasi-totalité des qui déterminent ses droits contenir des dispositions
précisent cas, cette participation n'est de vote. Il peut accroître sa opérant une différenciation
juridique des notamment plus ouverte au-delà de la participation en souscrivant nette entre copropriétaires et
câbles sous l'axe suivant date de mise en service du de nouvelles unités opérateurs extérieurs au
marins et enjeux lequel le câble. d'investissement provenant consortium, notamment en
de la capacité de réserve. matière d'accès à la capacité.
concurrentiels câble est
construit, La capacité totale du Les opérateurs extérieurs La structure juridique des
la techno- système appartient souvent au consortium peuvent câbles sous-marins est donc
logie utilisée, la capacité en indivision aux membres accéder au câble par susceptible d'agir comme
totale du système, la date du consortium. Elle se l’achat de capacité ou barrière à l'entrée en créant
de mise en service du câble répartit entre, d'une part, la éventuellement de une dissymétrie entre les
et les modalités capacité à laquelle ont droits irrévocables d'usage entreprises déjà installées
contractuelles de souscrit les copropriétaires (IRU). et les entrants potentiels.

22 LA LETTRE DE L’AUTORITÉ DE RÉGULATION DES COMMUNICATIONS ÉLECTRONIQUES ET DES POSTES  MAI/JUIN 2008
Dossier - Les télécoms en outre-mer

le maillon indispensable
conçus dans un environnement pré-concurrentiel et historiquement dominés par la structure juridique
opérateurs peut y accéder dans des conditions satisfaisantes.

des câbles sous marins


capacité ou de transport IP. Ces offres sont régulées par l’ARCEP.
(1)
Au cours des quatre dernières années, les tarifs plus de 30. Compte tenu des surcoûts liés à l’éloi- On entend par « complément terrestre » le tronçon de liaison louée
compris entre la station d’atterrissement d’un câble sous-marin et le bras-
de gros de services de capacité, initialement fixés gnement géographique et au trafic plus limité, le seur où viennent s’interconnecter les opérateurs acheteurs.
autour de 16 000 euros par Mbit/s et par mois niveau atteint reste cependant structurellement (2)
Décisions n° 04-375 et n° 04-376
pour la desserte de La Réunion, ont été divisés par supérieur aux tarifs de collecte de métropole.  (3)
Décision n° 06-0592

Des câbles, tout autour du monde…


Quels sont les câbles sous marins qui desservent les territoires ultra-marins ? Qui les financent ? De nouveaux projets
sont-ils lancés ? Tour d’horizon.
 OCEAN INDIEN la Guadeloupe et les Iles du Nord (via Saint Global Caribbean Network, filiale du groupe
 Le câble SAFE Martin) et les connecter à Porto-Rico et Loret, pour la pose et l'exploitation de ce câble.
La Réunion est des- Miami. Le périmètre de la DSP a été élargi pour
servie depuis juin 2002 Ce câble pourrait bientôt être permettre la desserte de l’île de Sainte-Croix et
par le câble SAT3/WASC/ proche de la saturation. On observe ainsi créer un raccordement supplémentaire à
SAFE, long de 27 850 km. un certain degré de concurrence pour l’Internet mondial. Le câble est désormais long
Il comprend deux segments : la commercialisation de la bande passante sur de 890 km.
le segment SAT3/WASC qui ECFS. Toutefois, France Télécom, membre du Mis en service en octobre 2006, ce câble,
relie l’Espagne à l’Afrique du Sud, consortium, possèderait un monopole d’entrée dont l’investissement initial s’élève à 25,3
et le segment SAFE qui relie l’Afrique du Sud à dans les stations d’atterrissement sur le territoire millions d’euros, a été financé à hauteur de
l’Inde, respectivement mis en service en 2000 et français. 66 % par les fonds FEDER et la Région

Les câbles sous-marins


1999. Le financement de ce câble a été assuré  Le câble Americas II Guadeloupe. Il a permis une baisse des tarifs de
via un investissement initial de 600 millions de Le câble Americas II, qui relie le Brésil à la transport IP à 375 €/Mbit/s par mois, et un
dollars consenti par un consortium regroupant Floride en passant par la Guyane et la accroissement de la concurrence en matière de
36 membres. À l’heure actuelle, seule France Martinique (8 330 km), a été mis en service en fourniture d’offres de gros de transport de
Télécom commercialise des liaisons desservant 2000. Au données.
la Réunion. vu des  Le câble MCN

 Le projet de câble EASSY informa- Un troisième câble desservant la


Mayotte sera prochainement desservie par un tions dont Martinique, long de 240 km,
nouveau câble sous-marin, le câble EASSY dispose l’Autorité, construit par une autre filiale du groupe Loret,
(Eastern African Submarine Cable System) qui rien ne semble la société Middle Caribbean Network (MCN),
desservira les pays d’Afrique de l’Est. Ce câble empêcher les opéra- a été mis en service en novembre 2007. Il vient
long de 10 500 km nécessite un investissement teurs alternatifs de faire prolonger le câble GCN. Le projet, d’un
de 248 millions de dollars. Géré par un consor- jouer la concurrence montant de 7,6 millions d’euros,
tium d’opérateurs privés en partenariat avec la entre les différents a bénéficié d’aides publiques,
Banque mondiale, sa mise en service est prévue opérateurs action- grâce au fonds FEDER (à
pour le premier semestre de 2010. naires du consortium. hauteur de 2,8 millions d’euros) et
Néanmoins, France Télécom, membre du aux Régions Guadeloupe et
 OCEAN ATLANTIQUE consortium, possèderait un monopole d’en- Martinique (à hauteur de 460 000
(région caribéenne) trée dans les stations d’atterrissement sur le euros chacune). Il a permis une
 Le câble ECFS territoire français. baisse des tarifs de transport IP à
Long de 1 730 km, le câble ECFS (East  Le câble GCN 450 €/Mbit/s par mois.
Caribbean Fiber System), qui relie les Îles Vierges La Région Guadeloupe a décidé de promou-  Le projet de câble SCF
britanniques à Trinidad, a été mis en service en voir la construction d’un câble sous-marin Une troisième filiale du groupe Loret,
1995. Il est le premier câble fibre optique à alternatif à ECFS pour raccorder la région à Southern Caribbean Fiber (SCF), projette de
atterrir en Guadeloupe. Détenu notamment l’Internet mondial au niveau de Porto Rico, en construire une extension du câble MCN entre
par Cable & Wireless, France Télécom et passant par Saint-Martin et Saint-Barthélemy. autres vers le Sud, jusqu’en Guyane. Ce projet
AT&T, il est utilisé pour assurer la liaison entre En novembre 2004, une délégation de service s’inscrirait dans le cadre d’un partenariat avec le
la Martinique et la Guadeloupe, ainsi qu’entre public (DSP) a ainsi été conclue avec la société conseil régional de Guyane notamment. 

MAI/JUIN 2008  LA LETTRE DE L’AUTORITÉ DE RÉGULATION DES COMMUNICATIONS ÉLECTRONIQUES ET DES POSTES 23
Dossier - Les télécoms en outre-mer

Les câbles sous-marins vive


Pour répondre à la croissance de la demande en débit et relier des zones géographiques éloignées à
au fond des océans par Alcatel Lucent qui les fabrique

« Suivre la croissance
de l’Internet haut débit, du P2P et de l’IPTV »
Interview d’ Etienne LAFOUGÈRE président de l’activité des réseaux sous-marins d’ Alcatel-Lucent
et de Georges KREBS directeur général.
représente une part relativement faible du marché Comment fabriquez-vous les câbles ?
Les câbles sous-marins

mondial des infrastructures de On part de la matière première, la fibre, qu’il faut


télécommunications. A titre d’exemple, le protéger contre les pressions des grands fonds
système de câble du Groënland a été vendu 90 (quand on descend à 9.500 mètres – plus que
millions d’€.Ce marché se caractérise par un l’Everest ! – la pression est de 900 bars) et contre
nombre de contrat peu élevé mais d’envergure et les agressions extérieures : dans les zones à
dont l’achèvement requiert souvent plus d’une risques (proximité des côtes, zones de
année. Alcatel-Lucent maitrise ce savoir-faire d’un chalutage), le câble est protégé des ancres
bout à l’autre de la chaine de valeur, c’est à dire marines ou des chaluts de pêche par différentes
de la conception du système, à sa fabrication, sa armatures d'acier. Plus le câble est posé en
pose ainsi que sa maintenance. profondeur, plus il est fin et uniquement recouvert

Etienne Lafougère
et Georges Krebs

Alcatel-Lucent fabrique et pose des câbles L’autre dentel


sous-marins : est-ce une activité importante Produire et poser des câbles sous marins au fond des océans : seules
pour l’économie mondiale ? L’une d’elles est l’usine Alcate
C’est vital. Aujourd’hui, la quasi-totalité du trafic
Internet entre continents passe par les réseaux  Saint-Tropez ou bien Calais ? Tel peut être embarquée dans les cuves tise qualité : tous les câbles sont
sous-marins (il ne faut pas oublier que l’océan était le choix qui se posait en 1891 lors des navires câbliers. Les répéteurs testés plusieurs fois pendant leur
couvre plus de 70% de la planète), le satellite étant de la création de l’usine. Aujourd’hui, sont nécessaires, tous les 70 km envi- fabrication. Une fois posés, on ne
essentiellement utilisé pour la diffusion des chaînes ron, pour ré-amplifier le signal qui a doit normalement plus entendre par-
de télévision. tendance à s’affaiblir avec la distance. ler d’eux pendant 25 ans, leur durée
Quand un pays subit une coupure de câble, par Ces répéteurs sont assemblés aux de vie sous l’eau.
exemple lors d’un tremblement de terre qui câbles sur place.
entraine des avalanches de sédiments, il peut ne Le premier câble transocéanique en  Au commencement était la fibre
plus être momentanément relié à l’Internet fibre optique, TAT 8, a été construit en optique… Ces fibres sont reçues
mondial, ce qui perturbe sa vie économique. Sans 1988. Aujourd’hui, les informations de d’un fabricant extérieur sur bobines
ces artères sous-marines, la vie économique est supervision nécessaires à la gestion individuelles de 15 km de longueur.
sérieusement affectée et ralentie, surtout en Asie. l’usine d’Alcatel-Lucent, installée à d’un seul câble sous-marin consom- Chaque fibre fait la taille d’un che-
C’est moins le cas pour les Etats-Unis ou l'Europe Calais sur 16 hectares, est la principale ment plus de capacités que le veu, soit 250 microns, la partie utile
de l'Ouest car le maillage y est plus serré. unité de fabrication de systèmes de câble TAT 8 à lui tout seul ! de la fibre n’est que de 7 à 8
câbles sous-marins en Europe. Elle est microns, le reste étant consacré à
Tous les océans sont-ils couverts ? aussi le premier employeur du Calaisis,  Le câble, ici, c’est un peu l’au- sa protection.
Il y a un grand ring mondial trans-Atlantique / après Eurotunnel. La R&D se fait sur tre dentelle de Calais ; la fabrica-
Méditerranée/Mer Rouge/Océan Indien/ trans- place et l’usine dispose en son sein tion se fait en effet sur  Première opération de fabrica-
Pacifique. Cette artère clé est couplée avec des d’une école de jointage pour former mesure, à la demande des tion du câble : l’appairage. Elle
artères nord-sud (Amérique du sud / remontées ses clients. Le jointage permet de rac- clients. Tous les contrats LW consiste à assembler les longueurs
Australie-Japon et Australie-Etats Unis / tour corder les câbles. débutent par une reconnais-
d’Afrique). Enfin, il y a des artères secondaires qui sance océanographique qui
vont de plus en plus loin pour désenclaver des  Une vingtaine de lignes de produc- mesure et évalue les fonds sous-
territoires. Nous avons récemment signé un câble tion gèrent chacune la fabrication marins afin d’identifier la meilleure
de 4.600 km pour relier le Groënland à l’Islande et de longueurs de câbles mesurant en route de pose, éviter les zones à
LWP
au Canada, le Groënland ne comptant que moyenne 70 km. Ces longueurs sont risques (fosses sous-marines) et
50.000 habitants ! étudier l’activité humaine
dans la zone de passage des
Cette activité pèse-t-elle lourd dans le chiffre câbles. Les câbles seront de fibre unitaires entre chaque
d’affaires d’Alcatel-Lucent ? fabriqués en fonction répéteur (70 km environ) et à colo-
Alcatel-Lucent est n°1 en transmission optique de ces paramètres. rer les fibres pour les identifier
(terrestre et sous-marine) avec Parce qu'il ne faut avant de les introduire dans un
24% de parts de marché en pas se tromper et que tube soudé par procédé laser. On
2007 . L’activité des la maintenance coûte Simple peut mettre jusqu’à 16 fibres opti-
réseaux sous-marins ensuite jointées entre elles par l’inter- très chère (environ
armure
ques dans un tube, la moyenne
médiaire de répéteurs pour former des 45 000 euros par journée de étant de 4 à 6 fibres sur les systè-
blocs pouvant atteindre 3000 km, soit Double mer), l’usine d’Alcatel-Lucent mes dotés de répéteurs. Une paire
la longueur de câble maximum qui armure s’est dotée d’une forte exper- de fibres équivaut à une capacité

24 LA LETTRE DE L’AUTORITÉ DE RÉGULATION DES COMMUNICATIONS ÉLECTRONIQUES ET DES POSTES  MAI/JUIN 2008
Dossier - Les télécoms en outre-mer

ent une nouvelle jeunesse


la toile mondiale, plus de 30 000 km de câbles sous marins en fibre optique sont posés chaque année
dans son usine de Calais. Interview et reportage.
d’un polyéthylène extrudé. Notre usine de Calais – posons plusieurs « systèmes » par an, pour des Avez-vous beaucoup de concurrents ?
qui a fêté son centenaire en 1991 – fabrique sur clients différents. Notre base installée représente Nous ne sommes que quelques équipementiers
mesure ces différents types de câbles. Puis, tous 11 fois le tour de la Terre, soit 480.000 km. dans le monde à maitriser la technologie des
les 70 à 130 kilomètres environ, on leur ajoute des réseaux sous-marins. La technologie du câble
répéteurs qui servent à régénérer le signal optique Qui sont vos clients ? sous-marin n'a rien à voir avec les câbles terrestres.
qui a tendance à s'affaiblir avec la distance. Le tout Ce sont essentiellement des opérateurs télécom : C'est un processus industriel nettement plus
est enfin chargé dans un ou plusieurs navires- soit des clients uniques qui veulent relier un pays à compliqué qu'il n'y paraît. En effet, le câble est posé
câbliers chargés de la pose. Un navire peut un autre (comme par exemple la Nouvelle- dans un environnement hostile, sa durée de vie est
contenir jusqu’à 5500 tonnes de câbles, soit 3 à Calédonie à l'Australie), soit des consortiums de 25 ans et sa fiabilité doit être totale ; en cas de
5,000 de kilomètres de câble selon son diamètre. d'opérateurs pour des systèmes qui connectent panne, il faut qu’il puisse être récupéré par un navire
plusieurs pays. Un des derniers contrats que nous de maintenance sans se rompre et sans que l'eau
Combien de kilomètres de câbles fabriquez- avons signé est IMEWE (India Middle East- ne rentre à l'intérieur. Il faut aussi qu'il soit assez
vous par an ? Western Europe) qui relie la France à l'Inde en résistant pour ne pas s'abîmer quand on le
Nous avons une capacité de production passant par un certain nombre de pays d'Europe manipule.
supérieure à 30,000 et du Moyen-Orient. Dans ce cas, le consortium La fiabilité exigée est équivalente à celle des
kilomètres par an. Nous est composé de neuf opérateurs qui se sont mis satellites ou de certains équipements militaires :
ensemble pour nous acheter le câble. Plus il faut donc avoir des composants extrêmement
rarement, des opérateurs de câbles sous-marins fiables, qu’il faut acheter, sélectionner et qualifier
vendent de la capacité à des opérateurs télécom. bien en amont de la pose du câble. Là est la valeur
ajoutée. Sauf agression externe, une fois qu'il est
posé, on ne doit plus entendre parler d’un câble.
L'entrée de nouveaux venus sur ce marché de

lle de Calais … haute technologie est donc complexe. Alcatel-


Lucent est un leader mondial avec environ 40%
du marché des réseaux sous-marins.
deux entreprises au monde maitrisent de bout en bout ce savoir faire.
el-Lucent de Calais. Reportage. Vous disposez également d’une flotte de
d’un Tbit/s (mille Gbit/s) et la capa- type de câble. Indonésie, à cause de la pêche inten- navires câbliers …
cité maximale d’un câble est de 10 sive, ils sont ainsi enfouis grâce à une La flotte est un élément clé du système. Après avoir
Tbits/s, soit plus de 120 millions de  Quatrième opération : selon le degré charrue sous-marine jusqu’à 3 mètres longtemps travaillé en sous-traitant l’activité pose
communications simultanées. de protection nécessaire, les câbles de profondeur. de câbles, nous avons décidé de créer notre propre
seront recouverts d’une simple ou flotte. Nous avons fondé une filiale commune,

Les câbles sous-marins


 Deuxième opération : la partie d’une double armure métallique de  L’usine de Calais peut produire plus ALDA, avec Louis Dreyfus Armateurs, qui nous
purement mécanique. Des fils protection. Puis vient le raccordement de 30 000 km de câbles sous-marins apporte sa compétence d’armateur. Nous
d’acier sont placés en voute autour par an, ce qui en fait la plus grosse disposons aujourd’hui de 6 bateaux. En adoptant
du tube de façon à ce qu’ils pren- usine de production de câbles au les technologies de l’off shore - bonne tenue à la
nent appui les uns sur les autres monde. Avec l’explosion de la mer quelque soit la météo, positionnement à
demande en bande passante, les quelques mètres près, très grosse puissance -,
câbles sous-marins vivent en effet une nous avons pris quelques années d’avance sur nos
nouvelle jeunesse. Mais toutes les concurrents. Un navire peut poser jusqu’à 200 km
époques ne se ressemblent pas : à de câble par jour et peut le faire à des vents
l’éclatement de la bulle Internet, l’acti- atteignant force 9 ! Pour les câbles posés dans les
aux répéteurs et le test final, avant vité de l’usine de Calais avait temporai- zones de chalutage (jusqu’à une profondeur de
embarquement dans les cuves des rement chuté de 90%! Ses dirigeants 1.000 à 1.500 m) ou à proximité des ports, nous
navires câbliers. ont alors lancé une activité de relève utilisons des charrues qui peuvent, avec leur soc,
sans peser sur le tube optique. des anciens câbles coaxiaux obsolètes enterrer le câble jusqu’à une profondeur de trois
Cette voute d’acier est ensuite  La flotte d’Alcatel-Lucent se com- pour en récupérer les matières pre- mètres. Dans ce cas, la pose est plus lente, et elle
recouverte d’un ruban de cuivre pose de six navires câbliers qui cou- mières, les revendre et contribuer ainsi nécessite de gros navires.
pour transporter l’énergie et alimen- vrent soit l’installation des câbles, soit à maintenir le site et l’emploi, en atten-
ter les répéteurs. En 2007, l’usine de la maintenance. Actuellement, l’essen- dant des jours meilleurs. Quelle est la capacité des câbles ?
Calais a consommé en acier trois tiel des contrats est réalisé dans le Historiquement, cette activité est en Aujourd’hui, avec la technologie la plus récente (*),
fois le poids de la Tour Eiffel ! Pacifique et ce sont des cargos qui tous cas cyclique en fonction des la capacité maximale d’un câble est de l’ordre de
ravitaillent les navires câbliers qui res- investissements des grands opéra- 10 Tbit/s (soit plus de 120 millions d’appels simul-
 Troisième opération : l’isolation tent sur place. teurs. Aujourd’hui, Alcatel-Lucent est tanés). Ces débits sont nécessaires pour suivre la
dans un polyéthylène extrudé. Le Un navire câblier peut contenir jusqu’à n°1 en transmission optique (terrestre
croissance d’Internet, qui a littéralement explosé
avec le développement du P2P et de l’IPTV,
raccordement aux répéteurs peut 5500 tonnes de câbles, soit entre 3000 et sous-marine) avec 24% de parts de
augmentant considérablement sur les cinq
se faire après cette étape selon le et 5000 km de câbles selon le diamètre marché en 2007.
dernières années. Aujourd’hui, le câble sous-marin
engendré par sa protection. Un câble
vit vraiment une nouvelle jeunesse, liée à la crois-
peut être posé jusqu’à 9500 mètres de
sance du haut débit et à la volonté de nombreux
profondeur, un record détenu par
pays de réduire la fracture numérique en se
Alcatel Lucent. Plus il est posé en pro-
connectant à la toile. Mais aussi parce que certains
fondeur, plus il est fin. Vers la surface,
opérateurs veulent avoir leur propre réseau pour ne
dans les zones de chalutage, il est pro-
pas dépendre des capacités de leurs concurrents,
tégé par une double armature d’acier
notamment dans les pays émergents. 
et parfois même « ensouillé ». En
(*)
DWDM (Dense Wavelengh-Division Multiplexing)

MAI/JUIN 2008  LA LETTRE DE L’AUTORITÉ DE RÉGULATION DES COMMUNICATIONS ÉLECTRONIQUES ET DES POSTES 25
Dossier - Les télécoms en outre-mer

Les câbles sous-marins :


150 ans de rebondissements
par Pascal GRISET, professeur à la Sorbonne, Centre de Recherche en Histoire de l’Innovation (IRICE), Paris IV.
es câbles sous marins constituent depuis affirmée dans le contexte des empires coloniaux fut nologie qui peut non seulement écouler des com-

L la seconde moitié du XIXe siècle l’arma-


ture principale des télécommunications
intercontinentales. Leur histoire est
marquée par une succession de phases de fort déve-
loppement et de périodes de moindre dynamisme
confirmée lors de la Première Guerre mondiale. Les
câbles, simplement complétés par la jeune télégra-
phie sans fil, relièrent ainsi le corps expéditionnaire
américain à la mère patrie.
Pourtant, à partir des années 1920, les câbles sous
munications téléphoniques mais également
relayer des émissions de télévision. Les deux tech-
nologies seront cependant utilisées en parallèle,
câbles et satellites Intelsat se partageant le trafic.

dont la logique réside dans la succession de systèmes marins entrent dans une longue éclipse. De nouvel- 1980 : triomphe
techniques différents et dans l’évolution d’une les compagnies utilisant les liaisons radioélectriques de la fibre optique
demande sociale étroitement articulée aux grands offrent un service de qualité à des tarifs sensiblement Le dernier épisode de cette saga séculaire s’est
enjeux politiques et stratégiques. inférieurs à ceux pratiqués par les compagnies câbliè- ouvert dans les années 1980 avec le développe-
res. Avec l’adoption des ondes courtes, elles propo- ment des fibres optiques. En 1988, le premier
1850 : première liaison sous-marine sent même à leur clientèle les premières liaisons télé- câble transatlantique utilisant cette technologie
entre la France et l’Angleterre phoniques intercontinentales alors que les câbles ne (TAT 8) permet d’emblée de disposer de 40 000
Histoire

La collaboration entre la Grande-Bretagne et la peuvent toujours acheminer que de simples télé- voies téléphoniques… Il ouvre une nouvelle épo-
France permit d'établir, en 1850, la première liai- grammes. Les compagnies câblières seront sauvées que, celle des très hauts débits, où les câbles
son sous-marine internationale entre le cap Sou- de la faillite par des fusions destinées principalement seront progressivement préférés aux satellites
therland en Angleterre et le cap Gris-Nez en à préserver leur réseau que l’on considère comme pour structurer les grandes artères du réseau
France. Constitué d'un conducteur en cuivre indispensable en cas de conflit. mondial d’information et de communication.
enrobé uniquement d'une enveloppe de gutta- En plus d’un siècle et demi d’histoire, les
percha, il fut coupé par un pêcheur qui l'accrocha 1956 : premier câble câbles sous marins ont donc évolué par bonds
avec son chalut. Un nouveau câble, doté cette fois téléphonique transatlantique successifs utilisant pour chacune de ces muta-
d'une protection suffisante, fut posé en septem- Le bond technologique représenté par la réalisa- tions les technologies les plus avancées du
bre 1851. La liaison entrait en service un mois tion du premier câble téléphonique transatlanti- moment. Leur « duel » avec les liaisons par ondes
plus tard, les Anglais, financiers et maîtres d'œu- que en 1956 sembla ouvrir une nouvelle ère d’hé- s’est déroulé dans un souci de gestion sans à-
vre du dispositif en assurant l'exploitation. gémonie pour les câbles sous-marins. La coups du réseau, partagé par les Etats nationaux
L'étape suivante, le franchissement de l'Atlan- technologie coaxiale associée à l’utilisation de et par les entreprises privées. Les impératifs stra-
tique, s'avéra bien plus difficile. Une première tubes à vides extrêmement robustes et miniaturi- tégiques des premiers rencontraient en effet les
tentative, menée en 1858, de façon hâtive et dés- sés permet d’obtenir une capacité de 36 voies, contraintes financières des secondes pour privilé-
organisée fut un échec total. Les données théori- rapidement portée à 48. Les câbles télégraphiques gier une gestion concertée des dispositifs
ques développées notamment par Faraday étaient deviennent du jour au lendemain obsolètes et les jusqu’aux années 1980. La déréglementation a
erronées, et l'enveloppe d'isolation s’avéra défec- liaisons radio ondes courtes sont surclassées. Cette depuis cette époque favorisé une rapide moder-
tueuse. Plusieurs millions furent ainsi perdus au embellie s’avèrera passagère. L’ère spatiale qui nisation des équipements et une augmentation
fond de l’océan. s’ouvre avec Spoutnik l’année suivante change à extrêmement forte des trafics, portée par le déve-
Alors que les investisseurs de la City étaient très nouveau la donne. La première liaison loppement d’internet. 
engagés dans le projet, le gouvernement britanni- transatlantique par satellite, réalisée en En
que exigea une commission d'enquête qui permit 1962 entre les Etats-Unis (AT&T) et la Les Amis des câbles sous-marins :
savoir www.cablesm.fr
aux travaux de W. Thomson, futur Lord Kelvin, France (CNET à Pleumeur-Bodou),
d'introduire une approche réellement scientifique démontre tous les avantages d’une tech- plus
de la question et d'adopter des
normes de travail rigoureuses.
Le succès récompensa cette
démarche et, en 1866, la liai-
son transatlantique était réali-
sée. Dès lors, le développement
du réseau intercontinental
devint très rapide. Dès les
années 1890, les gigantesques
artères de cuivre reliaient par La carte
télégraphie les points les plus mondiale
éloignés de la planète grâce à des artères
un réseau où les compagnies sous-marines
britanniques s’arrogeaient une Source : Alcatel-
Lucent 2007
place dominante. La dimen-
sion stratégique des câbles,

26 LA LETTRE DE L’AUTORITÉ DE RÉGULATION DES COMMUNICATIONS ÉLECTRONIQUES ET DES POSTES  MAI/JUIN 2008
Dossier - Les télécoms en outre-mer

Les projets des


collectivités territoriales
Les quatre Conseils régionaux d’outre-mer mènent des initiatives pour favoriser le
développement des TIC sur leurs territoires respectifs. Il s’agit de projets de collecte régionale
et de pose et d’exploitation de câbles sous-marins pour améliorer la desserte de leur territoire.
e Conseil régional de La Réunion

L (cf. p. 11) a lancé en délégation de


service public un projet de construc-
tion et d’exploitation d’un réseau
haut débit dénommé Gazelle pour dynamiser
l’offre haut débit et la rendre concurrentielle.
L’infrastructure de collecte couvrant tout le
territoire devrait être complètement opération-
nelle en mai 2009. Le réseau représente plus de
400 km de fibre optique, des faisceaux hertziens
et 12 stations WiMax. Les 64 répartiteurs de
l’île seront raccordés, dont 35 en fibre optique.
Sept zones d’activité économique sont desser-
vies, ainsi que 11 sites d’intérêt régional. Les
points de présence des opérateurs seront
raccordés en fibre optique. Le catalogue d’offre La Réunion
du délégataire comprend des services d‘infra- Couverture du bâti en
structures (fibre optique en IRU ou en loca- technologies DSL et
Wimax (2Mb/s)
tion), des services de bande passante et d’accès
(location de lignes d’abonnés), ainsi que des
services de transport IP.
deuxième volet réside dans le réseau de collecte de location de lignes d’abonnés pour le grand
En Guadeloupe, les efforts du Conseil en fibre optique sur le territoire régional public et les entreprises.
régional se sont portés sur un projet de déléga- construit et exploité sous le régime d’une déléga-
tion de service public portant sur un câble sous- tion de service public. Basé sur une architecture En Guyane (cf. p. 10), le Conseil régional s’est
marin, afin de faire baisser le coût du transport composée de 42 km de fibre optique, 10 km de engagé dans la réalisation d’un réseau haut débit
IP en sortie de territoire. Ce câble (cf page 22), faisceaux hertziens et 25 km de fibre optique sur sur l’ensemble du territoire, pour mettre à la
représente un intérêt au-delà de la Guadeloupe le réseau EDF, prévu pour être achevé en 2009, disposition de tous des accès à Internet à des tarifs
elle-même, puisque des pays membres de le réseau comportera des offres de location de plus bas. Confiées en délégation de service public
l’Organisation des Etats de la Caraïbe orientale fibres, de services de capacité (bande passante) et à la société Guyane Numérique SAS, constituée
(OECS) ont fait part de du groupe Loret (via sa filiale Mediaserv) et
leur intérêt pour qu’il de la société Sogetrel, la réalisation et l’ex-
desserve également leur ploitation du réseau vise à permettre, à
territoire. Martinique terme, le raccordement de 84 % de la
Le réseau haut débit population à l’Internet haut débit et à la
Le Conseil régional téléphonie illimitée sur IP ; les 16 %
de Martinique a mis en restants bénéficieront d’un accès à Internet
œuvre une stratégie en par des solutions de type WiFi. Un budget
deux volets (cf page 9). de 18,2 millions d’€ est prévu, avec 75 %
Le premier volet de financement public dont une forte
consiste à soutenir l’ini- participation de l’Europe au titre des fonds
tiative de la société FEDER (cf. p. 5). Le réseau s’appuie sur
Middle Caribbean plusieurs technologies : des réseaux de fibre
Network qui construit optique pour les deux principales zones
un nouveau câble sous- d’activité (Kourou et Cayenne), des
marin qui connectera la stations satellites pour les autres sites et une
Martinique, Sainte- liaison hertzienne à 155 Mbit/s entre
Lucie et la Dominique Kourou et Saint Laurent et entre Cayenne
à l’Internet mondial au et Saint Georges. Les principaux NRA de
niveau de Porto Rico et France Télécom seront desservis pour en
de Sainte-Croix. Le permettre le dégroupage. 

MAI/JUIN 2008  LA LETTRE DE L’AUTORITÉ DE RÉGULATION DES COMMUNICATIONS ÉLECTRONIQUES ET DES POSTES 27
Dividende numérique

Dividende numérique : huit chaînes


ou bien les derniers 25 % de la populati
Dans trois ans, la télévision analogique devra avoir entièrement basculé au numérique. Quel est le meilleur usage à
calculer l’optimisation du bénéfice social, culturel et économique de ce « dividende numérique ». Au final, il s’avère que
la part de la bande UHF allouée aux services audiovisuels (11%), et conduit à gain collectif de plus de 26 milliards
territoire, donc à l’ensemble des citoyens. L'étude conclut également que le calendrier est un élément critique ; la dé
ans le contexte du basculement de texte prévoit à la fois la définition d’un schéma Après une analyse fine, l’étude réglemen-

D la diffusion audiovisuelle analo-


gique vers le numérique, qui va
entraîner la libération de
fréquences hertziennes « en or », l’ARCEP a
mandaté les cabinets de conseil Analysys et
national de réutilisation des fréquences libé-
rées par l’arrêt de la diffusion analogique (2)
(c’est à dire un schéma cible de leur utilisa-
tion) et la définition d’un schéma national
d’arrêt de l’analogique et de basculement vers
taire conclut qu’une réaffectation partagée du
dividende numérique est mieux à même de
répondre aux arbitrages impliqués par le texte
de loi, notamment au regard des objectifs
d’amélioration de l’égalité d’accès aux réseaux
juridique Hogan & Hartson, pour réaliser une le numérique (3) (qui correspond au chemin à de communications électroniques ainsi que de
étude globale portant sur les aspects réglemen- suivre pour atteindre cette cible). couverture numérique du territoire, sous-
taires et économiques liés aux attributions jacents à une politique plus globale de réduc-
potentielles de ce « dividende numérique ». Une réallocation encadrée tion de la fracture numérique.
Les fréquences du dividende permettront le par des objectifs ambitieux
lancement de nouveaux services, audiovisuels Sans qualifier ni quantifier précisément les La taille du dividende numérique
et/ou de communication électroniques. fréquences libérées, la loi pose un cadre à leur Afin de vérifier que la réaffectation partagée
Situées dans la partie basse du spectre (en deçà utilisation future. Elle dispose que le schéma du dividende numérique est compatible avec
de 1 GHz), elles disposent de qualités de cible doit être élaboré en fonction de cinq le test quantitatif imposé par la loi (« la majo-
couverture du territoire et de pénétration dans objectifs (cf. tableau) et d’un test quantitatif. rité des fréquences ainsi libérées reste affectée aux
les bâtiments qui leur confèrent une forte Ces différents objectifs, qui ne sont pas services audiovisuels »), l’étude mandatée par
valeur. hiérarchisés, renvoient clairement à des l’Autorité propose un éclairage sur la quantifi-
L’étude s’efforce de répondre à la question : services tant de communications électroniques cation des fréquences libérées. En effet, il
« Quelle est l’utilisation la plus pertinente et qu’audiovisuels. existe une imprécision sur leur périmètre (4).
efficace du dividende pour la France ? ». Elle Les 5 objectifs définis par la loi L’étude analyse trois définitions possibles du
analyse les principes de réaffectation posés par Accroître le choix du dividende numérique, selon que sont prises en
le législateur français, examine les enseigne- Favoriser consommateur final en compte la transposition en numérique des
la diversification matière de nouveaux ser-
ments des expériences étrangères, puis seules chaînes analogiques existantes, ou bien
de l’offre vices de communications
conduit, sur la base de données pour la France, de services électroniques et audiovi- après mise en œuvre de toutes les chaînes de la
un travail d’évaluation de la valeur écono- suels. TNT, ou enfin après mise en œuvre de ces
mique du dividende numérique en fonction - Atteindre les objectifs de chaînes mais aussi des services audiovisuels de
de son utilisation. Cette évaluation est couverture en télévision TMP et en haute définition déjà planifiés.
complétée par une analyse qualitative de l’en- numérique (95% de la L’étude rejette en revanche, pour non-confor-
Améliorer la couverture
population tel que prévu
semble des bénéfices sociaux, culturels et numérique du territoire mité à l’intention du législateur, une quatrième
par la loi).
économiques générés par les différents choix (à concilier notamment définition selon laquelle le dividende numérique
avec les objectifs de
possibles d’affectation du dividende. - Garantir la couverture du se composerait des fréquences résiduelles une
diversification de l’offre
L’éclairage apporté par l’étude dans le territoire en très haut fois l’ensemble des nouveaux projets de services
de services et de gestion
contexte français, ainsi que les expériences débit sans fil (par une audiovisuels jugés pertinents par le secteur mis
optimale du spectre)
attribution de fréquences
d’autres pays d’Europe et de l’OCDE (Japon au secteur des communi- en place (c’est-à-dire les projets allant au-delà de
et Etats-Unis), permet de conclure qu’un cations électroniques). la mise en œuvre des services de Télévision
partage des fréquences du dividende numé- Réduire la fracture numé- Mobile Personnelle et de haute définition déjà
rique entre services de communications élec- Améliorer l’égalité planifiés).
rique en favorisant l’accès
d’accès aux réseaux de
troniques et services audiovisuels est plus communications
aux réseaux très haut D’un point de vue méthodologique, ces
conforme aux objectifs inscrits dans la loi sur débit sans fil en zones définitions définissent d’abord le périmètre
électroniques
rurales.
la « modernisation de la diffusion audiovi- des « fréquences non libérées » pour en
suelle et à la télévision du futur », qu’une allo- Permettre des services déduire logiquement celui des « fréquences
Développer l'efficacité d’Etat efficaces en termes
cation aux seuls services audiovisuels. des liaisons hertziennes de sécurité, d’urgence et libérées ». •••
des services publics d’e-administration notam-
(1)
Le contexte ment. Loi n°2007-309 du 5 mars 2007 (JO n°56 du 7 mars
2007, page 4347 texte n° 13)
réglementaire français Optimiser l’utilisation des (2)
Article 2 de la loi du 5 mars 2007.
Le passage au numérique de la diffusion Développer une gestion fréquences hertziennes, (3)
Article 6 de la loi du 5 mars 2007.
audiovisuelle et l’extinction corrélative de optimale du domaine notamment du point de (4)
Dans le cadre réglementaire français mais également à
public hertzien vue spectral et économi-
l’analogique, au plus tard le 30 novembre que. l’échelle européenne et internationale où différentes inter-
2011, sont prévus par la loi précitée (1). Ce prétations ont été mises en avant.

28 LA LETTRE DE L’AUTORITÉ DE RÉGULATION DES COMMUNICATIONS ÉLECTRONIQUES ET DES POSTES  MAI/JUIN 2008
Dividende numérique

haute définition supplémentaires


on couverte en très haut débit sans fil ?
faire pour la France des fréquences ainsi libérées ? L’ARCEP a fait réaliser une étude juridique et économique pour
le partage du dividende entre services audiovisuels et de communications électroniques ne réduit que marginalement
d’€, en permettant la mise à disposition de fréquences pour les services de très haut débit sans fil sur l’ensemble du
cision doit en effet être prise cette année, faute de quoi on raterait la fenêtre permettant de réussir le basculement.
La majorité des fréquences libérées reste affectée à l’audiovisuel Comment est géré le dividende
dans les autres pays ?
… après mise en œuvre
… après mise en œuvre de toutes les chaînes gra- Parce que les modalités du passage de la
Composition du dividende … après transposition des
numérique : fréquences chaînes analogiques exis-
de toutes les chaînes gra- tuites et payantes de la diffusion audiovisuelle au numérique et les
tuites et payantes de la TNT et mise en œuvre de décisions d’affectation des fréquences ainsi
résiduelles … tantes en numérique services audiovisuels de
TNT
TMP et HD déjà planifiés libérées soulèvent des problématiques
communes à tous les pays, une analyse compa-
Capacité totale de la bande rative des choix opérés dans un ensemble de
14 MUX * ou 360 MHz 14 MUX ou 360 MHz 14 MUX ou 360 MHz
UHF (470-830 MHz)
pays significatifs apporte un éclairage utile
Périmètre des fréquences pour le cas français. Six pays ont fait l’objet de
utilisées pour les services monographies : l’Allemagne, l’Italie, le
audiovisuels numériques
avant choix d’affectation du
1 MUX 5 MUX 5 + 1 + 1 = 7 MUX Royaume Uni et la Suède en Europe, les Etats-
dividende (fréquences non Unis et le Japon.
libérées) La pertinence d’un partage du dividende
Dividende numérique 13 MUX ou 334 MHz ** 9 MUX ou 231 MHz 7 MUX ou 180 MHz entre services audiovisuels et de communica-
tions électroniques ressort comme le premier
Part du dividende néces-
40 MHz résultat de ce comparatif : quatre pays, sur les
saire à la création de la six étudiés, affectent (Suède, Japon) ou permet-
(soit 40/360 = 11% de la 40 MHz 40 MHz
sous-bande identifiée par
la CMR-07…
bande UHF) tent l’affectation, via des mécanismes d’en-
chères (Royaume Uni, Etats-Unis), d’une
… rapportée au dividende
numérique
40/334 = 12% 40/231 = 17% 40/180 = 22% partie du dividende numérique à des services
de communications électroniques. Des spécifi-
* MUX : multiplexe, notion attachée à la planification technique de la diffusion hertzienne terrestre de la télévision.
** En considérant que 1 MUX équivaut à (360/14) MHz. La correspondance entre un nombre de multiplexes et une quantité
cités nationales expliquent l’absence de déci-
de fréquences (nombre de MHz) dépend de la planification retenue, qui peut utiliser plus ou moins efficacement les fréquences. sion en ce sens de l’Allemagne, du moins à ce
stade, et de l’Italie. Si l’Allemagne a opté,
••• A ce stade, l’étude conclut que, quelle niques (5) composée de 40 MHz inclus dans comme la France, pour une identification
que soit la définition retenue et la taille du le dividende numérique et de 32 MHz actuel- immédiate de la sous-bande 790-862 MHz
dividende numérique correspondante, une lement à disposition du Ministère de la comme susceptible d’accueillir des services de
attribution partagée sur la base de la sous- Défense (6), respecte largement la règle quanti- communications électroniques, les conflits de
bande de 72 MHz identifiée par la CMR-07 tative imposée, celle-ci représentant au plus compétence entre le gouvernement fédéral et
pour des services de communications électro- 22% du dividende. les Länder concourent à ce qu’aucune décision
n’ait encore été prise concernant la réservation
Le contexte réglementaire définitive de cette sous bande. En Italie, la
international et européen : la CMR-07 prolifération non maîtrisée de télévisions
La Conférence Mondiale des certaines parties du Moyen-Orient), production des équipements par la locales en diffusion analogique crée une situa-
Radiocommunications (CMR), dont la fait partie du dividende numérique. création économies d’échelle). tion extrêmement complexe à l’heure du
fonction est d’organiser et Elle sera effective pour toute cette Au niveau européen, le Radio basculement en numérique, laissant peu de
d’actualiser les décisions Région à partir de juin 2015. Spectrum Policy Group (RSPG), qui place, dans le débat, à la recherche de dégage-
d'attribution de fréquences et les La planification au niveau national de assiste et conseille la Commission ment d’une sous bande.
autres conditions d'utilisation du cette sous-bande pour la mise en européenne sur les questions
spectre au niveau mondial de façon Le second apport de cette comparaison est
œuvre de services de relatives à la gestion du spectre,
à éviter les brouillages préjudiciables communications électroniques ne
de montrer que l’affectation d’une partie du
ainsi que la Conférence des Postes
entre les nombreux services sans fil peut se faire sans accords de et des Télécommunications (CEPT) dividende aux services de communications
de tous les pays du monde, a coordination avec les pays voisins ; ont œuvré dans le sens de la électroniques s’accompagne aussi de l’enrichis-
identifié lors de sa tenue à Genève en effet, l’optimisation de cette faisabilité et de la nécessité de sement de l’offre de services audiovisuels.
en novembre 2007, une sous-bande utilisation au niveau régional (au l’identification d’une telle sous-bande ••• suite p.30
de fréquences pour les services de sens de la CMR) n’est assurée que si pour les services de communications
communications électroniques à très l’ensemble des pays y contribuent électroniques. Au niveau français, (5)
Voir encadré.
haut débit sans fil. Cette sous-bande, (pour notamment faciliter l’Agence Nationale des Fréquences a
(6)
Les 32 MHz attribués à des usages militaires pour le
située entre 790 et 862 MHz pour la l’interopérabilité des réseaux, limiter confirmé cette possibilité. moment présents dans la bande 790 et 862 MHz identifiée
Région 1 (Europe, Afrique et les interférences ou encore inciter la par la CMR-07 pourraient faire l’objet d’une migration sur
le spectre.

MAI/JUIN 2008  LA LETTRE DE L’AUTORITÉ DE RÉGULATION DES COMMUNICATIONS ÉLECTRONIQUES ET DES POSTES 29
Dividende numérique
••• suite de la p.29 choix d’une logique de marché pour l’affecta- Une démarche relative
De manière générale, les pays tendent à tion du dividende à laquelle ont souscrit deux et incrémentale
installer de nouveaux multiplexes permettant des six pays étudiés, les Etats-Unis et le L’approche vise à évaluer les bénéfices écono-
une augmentation significative du nombre de Royaume Uni. miques d’une allocation partagée des fréquences
chaînes. Le sort réservé à la haute définition libérées entre les deux secteurs, en comparaison
est variable selon les pays. Le Japon, par L’évaluation économique des bénéfices économiques liés à une allocation
exemple, a adopté une politique très volonta- du dividende numérique en France exclusive en faveur du secteur audiovisuel. Les
riste en la matière, prévoyant pour chaque Qu’il existe des enjeux économiques forts gains liés à une utilisation d’une partie du divi-
diffuseur l’obligation de diffuser la majorité de sous-jacents à la libération et à la redistribu- dende numérique par des services de communi-
ses programmes en haute définition. En tion des fréquences du dividende numérique cations électroniques peuvent être comparés aux
revanche les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la est un fait unanimement reconnu par l’en- pertes engendrées au niveau des services audio-
Suède laissent le marché dicter le rythme de semble des acteurs concernés (pouvoirs visuels qui ne seraient pas développés.
migration de la simple définition vers la haute publics, acteurs institutionnels et industriels), A cette fin, deux scénarios cibles réalistes ont
définition. L’étude relève qu’aucun pays étudié qui mentionnent régulièrement « l’opportu- été identifiés dans la large gamme des scénarios
n’a prévu à la fois l’augmentation du nombre nité historique » que représente le dividende (7). cibles possibles, notamment à partir d’éléments
de chaînes, le passage de toutes les nouvelles L’étude propose une évaluation de ces enjeux concrets recensés auprès des acteurs.
chaînes en HD et l’émergence de multiplexes de façon à mettre en évidence l’utilisation Ces scénarios se distinguent par ailleurs de la
TMP. optimale du dividende numérique selon le situation d’allocation initiale des fréquences,
La définition du plan d’affectation définitif critère de l’efficacité économique, qui relève correspondant à l’usage actuel ou déjà prévu des
des fréquences libérées précède quasi systéma- du cinquième objectif énoncé par la loi. fréquences libérées (NB : ce scénario initial a été
tiquement l’extinction du signal analogique : choisi comme le plus favorable aux services
tel est le troisième enseignement tout-à-fait La méthodologie audiovisuels). Les scénarios cibles sont élaborés
instructif de l’étude. Dans les pays étudiés, la adoptée en prenant en compte un critère d’optimisation
décision de réaffectation des fréquences a été L’évaluation conduite repose sur une appro- du spectre. Naturellement, dans le cas d’une
prise très en amont de la mise en service de che prospective classique de calcul des bénéfi- allocation « tout audiovisuel », les services de
nouvelles applications. L’étude analyse ce délai ces qu’un choix d’allocation du dividende apporte TMP et TNT supplémentaires bénéficient de
comme absolument nécessaire. Plusieurs à la société sur une période donnée. Parce que davantage de spectre que dans le cas d’une allo-
facteurs expliquent un délai important : les ces bénéfices concernent en particulier deux sec- cation partagée entre les deux types de services.
besoins de préparation de la population, des teurs, l’audiovisuel et les communications élec- Par définition, à l’inverse, seule l’allocation
diffuseurs et des équipementiers, la négocia- troniques, les outils microéconomiques de cal- partagée permet de développement de services
tion avec les pays transfrontaliers pour gérer cul de bien-être social (voir encadré) sont les de communications électroniques.
les interférences et les migrations techniques mieux adaptés pour les mesurer, d’autant plus Les 2 scénarios :“tout audiovisuel” ou “parta
qui s’imposent au niveau des émetteurs. Aux que les caractéristiques de leurs acteurs et de leurs
Etats-Unis, le Congrès a été jusqu’à inscrire marchés sont relativement bien connues (8). Ces Scénario optimisé
Situation initiale
« tout audiovisuel »
dans le préambule de la loi un principe, éléments ont en effet contribué directement à
suivant lequel la mise aux enchères des la définition du cadre d’analyse et du jeu d’hy- Usage actuel ou déjà prévu Utilisation exclusive par le
des fréquences : secteur de l’audiovisuel
fréquences devait avoir lieu suffisamment en pothèses retenus dans la modélisation nécessaire 6 multiplexes de TNT pour créer de nouveaux
amont pour permettre aux opérateurs de déve- pour effectuer le calcul des bénéfices. 1 multiplexe de TMP multiplexes de TNT et TMP.
lopper leur plan d’affaires et les équipements. (multiplexes existants ou Au total, 14 multiplexes,
Les outils microéconomiques identifiés) dont 2 pour la TMP.
L’étude relève aussi qu’une approche unifiée de calcul du bien être social
de la gestion des fréquences est un atout d’ef- Les nouveaux services de très Les nouveaux services de
Le bien-être social se mesure comme la somme des
ficacité, permettant des décisions suffisam- profits des entreprises et du surplus des haut débit sans fil (fixe et/ou très haut débit sans fil (fixe
ment anticipées. Au Japon par exemple, le consommateurs. mobile) sont fournis et/ou mobile) sont fournis
Ministère des affaires intérieures et des uniquement dans la bande 2,6 uniquement dans la bande
Le profit économique mesure la différence entre les GHz (potentiel d’une bande de 2,6 GHz (potentiel d’une
communications, régulateur unique en recettes perçues et les coûts encourus par une 190 MHz)*. bande de 190 MHz).
matière de gestion du spectre, a décidé dès entreprise.
* L’étude a effectué le choix d’un recours aux fréquences hautes de la
2005 de la réaffectation d’une partie des Le surplus des consommateurs est une mesure de
aux fréquences déjà acquises par les opérateurs de téléphonie mobile, arguant
fréquences libérées aux services de communi- « satisfaction » de ces derniers, et reflète la différence services de très haut débit mobile ne pourrait être assumée par les réseaux
entre ce qu’ils sont prêts à payer pour obtenir un bien développement de services de très haut débit mobile dans la bande 900 MHz,
cations électroniques à compter du 25 juillet dans un délai trop long.
et le prix qu’ils paient effectivement.
2012.
Le surplus des consommateurs augmente lorsque le prix
Cinquième point soulevé par l’étude, la d’un bien existant diminue (pour une demande
(7)
…comme le témoignent notamment, pour les services de
flexibilité que certains pays octroient aux communication électronique, le rapport de la Commission
constante) et/ou lorsque la demande en bien augmente
Consultative des Radiocommunications sur les enjeux et pers-
diffuseurs dans la gestion des fréquences. (pour un prix constant), mais également lorsqu’un
pectives d’accès aux fréquences basses pour les services de
L’idée, aux Etats-Unis comme en Suède, est de nouveau bien est mis sur le marché et/ou la zone communications électroniques, publié en octobre 2007, et les
permettre au diffuseur d’optimiser l’espace en géographique desservie est plus grande. réponses des à la consultation publique menée par l’ARCEP
internalisant certaines considérations d’oppor- Surplus et profits ainsi mesurés sont les « effets sur les enjeux liés aux nouvelles fréquences pour les réseaux
tunité économique. directs », le périmètre de leur calcul s’arrêtant aux d’accès aux services de communications électroniques, menée
marchés directement considérés. Il convient par ailleurs de juillet à septembre 2007.
Enfin, l’étude fait le constat que le divi- (8)
de mesurer les « effets indirects » que ne reflètent pas L’OFCOM a également recouru aux outils microéconomiques
dende numérique est, systématiquement, les transactions observables sur les marchés considérés, dans l’évaluation économique du dividende numérique au
perçu comme une opportunité de gains de également appelées « externalités » (positives). Royaume-Uni (dans le cadre du projet « Digital Dividend
compétitivité pour le pays et elle relève le Review » : http://www.ofcom.org.uk/radiocomms/ddr/ ).

30 LA LETTRE DE L’AUTORITÉ DE RÉGULATION DES COMMUNICATIONS ÉLECTRONIQUES ET DES POSTES  MAI/JUIN 2008
Dividende numérique
Des valeurs économiques faibles liés à l’efficacité au niveau des coûts. Au final, il s’avère que le partage du divi-
profondément déséquilibrées Par comparaison, seule 75% de la population dende numérique, qui ne réduit que marginale-
L’étude établit qu’une allocation optimisée au maximum pourrait être couverte en ment le spectre alloué aux services audiovisuels
et partagée du dividende numérique produit, services de très haut débit mobile à partir de (11%) et qui implique dans le cadre d’hypo-
sur la période 2012-2024 une importante fréquences hautes seulement (2,6 GHz) (9). De thèses retenues la mise en œuvre de 40 chaînes
création de valeur économique, et en particu- surcroît, en l’absence des économies de coûts de TNT en Haute Définition à partir de 2016
lier une augmentation additionnelle de 25,7 de déploiement liées aux fréquences UHF, plutôt que 48, conduirait à une diminution de
milliards d’euros de bien-être social par l’impact sur les prix demeure incertain. seulement 517 millions d’€ du bien-être social
rapport à une allocation exclusive. Ce travail quantitatif fait ainsi ressortir généré par les services audiovisuels.
qu’une allocation partagée du dividende Cette réduction est très faible, tant au regard
+ 25 700 millions d’€ de bien-être social numérique contribuerait à la réduction de la de la valeur des services audiovisuels sur lesquels
fracture numérique en France, au regard des un partage du dividende n’empiète pas (à peine
bénéfices sociétaux générés par une couverture 5% de réduction), qu’au regard du gain corré-
nationale des services de très haut débit. A l’in- latif lié à la mise à disposition de spectre pour
+ 26 216 verse, une allocation exclusive du dividende à les services de très haut débit sans fil (- 517
millions d’€
l’audiovisuel contribuerait à creuser la fracture millions d’€ contre + 26.216 millions).
entre les personnes qui auront accès au très
haut débit et les autres. L’impact primordial
du calendrier
+ 1 919 millions - 517 millions d’€ Au-delà d’un certain nombre Le calendrier de l’extinction de la diffusion
d’€ de
bien-être social
de chaînes de TV, la création analogique et de réallocation des fréquences
de valeur s’essouffle libérées joue un rôle primordial pour que
Situation Scénario Scénario “ partage A ces gains élevés liés au déploiement des ser- soient atteints les objectifs fixés par le législa-
initiale “ tout du dividende vices de très haut débit sans fil, il faut opposer teur.
audiovisuel ” numérique ”
les faibles pertes générées pour le secteur audio- L’exercice d’évaluation montre que les
Une allocation exclusive du dividende à visuel par le partage du dividende numérique. bénéfices économiques liés au partage du
l’audiovisuel contribuerait à creuser la fracture L’étude montre qu’au-delà de la diffusion en dividende sont fortement dépendants de la
numérique à venir entre les citoyens disposant numérique des chaînes actuelles et d’un certain date de mise à disposition des fréquences aux
du très haut débit et les autres seuil d’enrichissement de l’offre de TNT, aug- acteurs. Ainsi, une mise à disposition début
Sans surprise, le très fort accroissement de menter encore cette offre contribue à une créa- 2013 plutôt que début 2012 conduirait à une
bien-être social qui apparait dans le cas d’une tion de valeur marginale assez faible. diminution du bien-être social créé de 9%.
ge avec les télécoms” allocation partagée s’ex- Pourquoi ? Tout d’abord, plus les consomma- Une mise à disposition en 2015 conduirait à
plique par les teurs disposent de chaînes de télévision, moins une diminution du bien-être social créé de
Scénario optimisé propriétés physiques ils attachent d’importance à disposer de chaînes 29%.
« allocation partagée »
des fréquences basses supplémentaires, même en haute définition.
Utilisation partielle par le sec- UHF et donc leurs Ensuite, dans le contexte français qui offre aux Les bénéfices culturels et sociétaux
teur de l’audiovisuel pour
créer de nouveaux multi-
bonnes potentialités consommateurs plusieurs plateformes techno- du partage du dividende sont eux
plexes de TNT et TMP pour développer des logiques pour accéder à la télévision (ADSL, aussi positifs
Au total, 12 multiplexes, dont services de très haut câble, satellite), l’impact de davantage de chaî- Parce qu’elles sont difficilement quantifia-
2 pour la TMP. débit sans fil, y compris nes ne se révèle pas significatif sur l’économie bles, les « externalités » positives (qui représen-
Utilisation partielle (72 MHz) dans les zones non des opérateurs audiovisuels, notamment en ter- tent les bénéfices culturels et sociétaux
pour fournir de nouveaux ser- denses du territoire. mes de perspectives de revenus d’abonnement escomptés de la manière d’allouer le dividende
vices de très haut débit sans En effet, ces fréquen- et publicitaires. numérique) sont évaluées qualitativement
fil (fixe et/ou mobile), complé- ces permettent aux opé- dans l’étude.
tée par l’utilisation de la Les différents accès aux services
bande 2,6 GHz rateurs de déployer des Il en ressort que ces externalités (qui font
services de très haut de télévision Source Analysys aussi partie des objectifs à atteindre imposés par
bande 2,6 GHz comme complément
que la demande croissante de débit sans fil (fixe et/ou DSL la loi) sont globalement plus importantes dans
Câble
existants, même en misant sur le mobile) de façon ren- analogique le cas d’une allocation partagée du dividende
possibilité qui de surcroît arriverait Satellite
table pour une couver- numérique, et en particulier du développement
numérique
ture quasi-totale de la 14 % 4% Terrestre des services de très haut débit sans fil dans la
population (99%), en raison des coûts de analogique bande UHF. En effet, les effets positifs que
déploiement plus faibles des réseaux, qui génèrerait une couverture quasi-totale du terri-
découlent du nombre moindre de stations de 17 % toire en très haut débit sans fil, sur le dévelop-
base nécessaires dans ces bandes de fréquences 35 % pement de l’éducation, l’accès à l’information,
ainsi qu’à la mutualisation possible avec les l’insertion sociale ou encore sur la participation
stations existantes des réseaux GSM déve- 8% au développement durable sont significatifs. 
loppés en 900 MHz. Tel ne serait pas le cas si
(9)
ces fréquences ne sont pas disponibles. Câble 18 % Les 75% de couverture de la population correspondent au
numérique 4% seuil de rentabilité des opérateurs, ou encore à l’annulation
Davantage de consommateurs peuvent ainsi
Satellite de la « Valeur Nette Actualisée » de leur projet de dévelop-
être satisfaits, du fait de l’ubiquité des services pement des services de très haut débit sans fil sur la période
Terrestre numérique analogique
offerts. Ils bénéficient également de prix plus 2008-2024.

MAI/JUIN 2008  LA LETTRE DE L’AUTORITÉ DE RÉGULATION DES COMMUNICATIONS ÉLECTRONIQUES ET DES POSTES 31
Actualités

Dividende numérique aux USA : un record


historique pour des enchères complexes
Depuis 1993, la FCC a recours aux enchères pour attribuer les fréquences. Retour sur le
mécanisme utilisé lors des récentes enchères du dividende numérique qui ont duré deux mois
et battu des records en rapportant plus de 19 milliards de dollars au gouvernement américain.
’est en 1993, lors du vote de l’« Omni- ces fréquences entrent dans le cadre imposé par le sant ou non le cumul de licences « géographi-

C bus Budget Reconciliation Act (1) » que le


Congrès américain a autorisé la Fede-
ral Communications Commission
(FCC) à recourir à des procédures d’enchères
pour attribuer les droits d’utilisation des ressour-
« Balanced Budget Act » et devront suivre les prin-
cipes spécifiés dans la « déclaration de politique ».
Il a ainsi été décidé que 24 des 108 MHz
seraient attribués à des services d’urgence et de
sécurité publique (764 à 776 MHz et 794 à 806
ques » par un unique acteur).
Cette enchère numéro 73 démontre la forte
valeur du dividende numérique. Bien que la
FCC ait imposé des règles dites « open platform »
qui consistent à ne pas limiter le type de terminal
ces spectrales (les « licences »). Très vite, la FCC a MHz) et que les 84 MHz restants seraient attri- ou d’application utilisés par le consommateur
utilisé ce nouvel instrument au détriment des bués par enchères. Compétente pour déterminer final (7), ainsi que des règles de déploiement de
plus traditionnels « concours de beauté » ou « le type d’enchères, la FCC a décidé de recourir à réseau agressives, ces dernières n’ont pas freiné
soumissions comparatives », dont le mode de des « enchères simultanées à tours multiples », l’intérêt pour ces fréquences, comme en témoi-
sélection repose sur un appel à candidatures et assorties le cas échéant de règles spécifiques à cha- gnent le nombre élevé de participants et le mon-
l’établissement d’un cahier des charges spécifiant que enchère organisée, comme par exemple des tant de leurs offres. Bien que le prix de réserve
les conditions qualitatives (vitesse de déploie- conditions en faveur des petites entreprises ou fixé par la FCC n’ait pas été atteint sur le bloc D,
ment, couverture…) et quantitatives (disposition l’interdiction d’intention spéculative. le montant total d’adjudication n’a jamais été
à payer…) d’attribution des licences. aussi élevé de toute l’histoire des enchères de
Les enchères simultanées spectre américaine : il a atteint 19,592 milliards
Le recours aux procédures d’enchères à tours multiples de $ (8). Au bilan, 1090 licences, sur un total de
Cette pratique a été définitivement adoptée Les enchères simultanées à tours multiples 1099, ont été attribuées à 101 acteurs sur 214
lorsque le Congrès a voté en 1997 le « Balanced sont dites « simultanées » parce que plusieurs candidats qualifiés comme tels par la FCC.
Budget Act (2) ». Par ce dispositif législatif, la FCC licences d’utilisation du spectre sont mises à dis- BLOC Prix de réserve agrégé Prix d’adjudication
est explicitement obligée de résoudre, par l’inter- position en même temps, tout offreur pouvant A 1,8 Md$ 3,96 Md$
médiaire d’enchères, les cas de conflits entre ser- dès lors enchérir sur toutes les licences ; à « tours B 1,37 Md$ 9,14 Md$
vices ou applications pouvant être développés sur multiples » parce que, contrairement à la plupart C 4,6 Md$ 4,75 Md$
une partie du spectre. Cette obligation ne s’appli- des enchères, qui s’effectuent en une seule fois, D 1,3 Md$ Pas d’attribution
que cependant pas pour des usages jugés néces- celles-ci comportent un nombre indéfini de
E 0,9 Md$ 1,27 Md$
saires, comme par exemple les services d’urgence tours, à durée déterminée et annoncée.
et de sécurité publique. A la fin de chaque tour, les résultats sont ren- Dans chaque zone géographique, un nouvel
A la suite de l’adoption de cette loi, en 1999, dus publics, ce qui informe les participants des entrant a remporté une licence, avec l’intention
la FCC a précisé dans une « déclaration de politi- dispositions à payer de leurs concurrents pour de développer un réseau haut débit sans fil.
que sur les principes de réallocation du spectre (3) » l’obtention des licences et par suite de la valeur Enfin, 75 acteurs locaux ont remporté 305 licen-
sa politique de gestion du spectre où elle s’engage qu’ils leur attribuent. Entre chaque tour, les par- ces correspondant à des zones rurales (sur 428).
notamment à garantir une utilisation efficace des ticipants peuvent ajuster leurs stratégies, en ren- Est ainsi créée l’opportunité d’une couverture
fréquences grâce à la flexibilité, qui impose des chérissant là où ils ont déjà exprimé une offre ou quasi-nationale avec des services haut débit dits «
choix d’utilisation des fréquences cohérents avec en visant d’autres licences. L’objectif est claire- third-pipe », c’est-à-dire de « troisième nature »
la demande des utilisateurs finaux, et la fluidifi- ment d’identifier pour chaque licence offerte le concurrençant les services fournis par les réseaux
cation du recours aux fréquences, en organisant participant qui la valorise le plus. Un nouveau traditionnels de téléphonie fixe et les réseaux
des marchés secondaires. Dans cette déclaration, tour est relancé tant que des participants souhai- câblés. 
la FCC met l’accent sur l’articulation positive tent continuer d’enchérir. Le dernier tour, qui (1)
Egalement appelé “Deficit Reduction Act of 1993”, Pub. L.
entre ces objectifs et le recours aux procédures clôt l’enchère, est ainsi celui qui présente une 103-66, 107 Stat. 312.
d’enchères. absence totale d’activité. (2)
Pub.L. 105-33, 111 Stat. 251.
(3)
« Principles for reallocation of spectrum to encourage the
development of telecommunications technologies for the
La problématique L’enchère « numéro 73 » new millennium » Policy Statement, FCC 99-354, Novembre
du dividende numérique Par la récente enchère numéro 73, qui a com- 1999.
Parallèlement, le Congrès a acté le passage de la mencé le 24 janvier pour s’achever le 18 mars (4)
L’arrêt de la diffusion audiovisuelle analogique est prévu pour
le 17 février 2009.
diffusion audiovisuelle hertzienne analogique à la 2008, la FCC a réaffecté une grande partie des 84 (5)
Soit les canaux 52 à 69, de 6 MHz chacun.
diffusion numérique (4), et exprimé le souhait MHz du dividende numérique « sans usage » pré- (6)
Pour davantage de précisions sur les zones géographiques utili-
d’une attribution à de nouveaux usages et services défini. Ont ainsi été mis aux enchères cinq blocs sées par la FCC :
des fréquences libérées par ce basculement. La de fréquences, qui se distinguent par leur largeur http://wireless.fcc.gov/auctions/default.htm?job=maps#Geogra-
phic%20Licensing%20Schemes.
FCC, en charge du dossier, a identifié un divi- de bande, le fait d’être appariés ou non, leur (7)
Sauf pour des raisons de sécurité et de protection des réseaux.
dende numérique de 108 MHz, dans la bande des découpe géographique (6) et éventuellement les (8)
Le Congrès avait budgété l’année précédente une recette totale
698 à 806 MHz (5). Les choix de réaffectation de conditions d’utilisation (par exemple, en autori- de 10,2 milliards de $ seulement.

32 LA LETTRE DE L’AUTORITÉ DE RÉGULATION DES COMMUNICATIONS ÉLECTRONIQUES ET DES POSTES  MAI/JUIN 2008
Secteur postal

La Poste joue la carte de la transparence


La publication d’informations sur la qualité du service universel postal est une démarche récente. Ce n’est
en effet que depuis 2006 que La Poste joue la carte de la transparence en publiant ses résultats. Zoom sur
les chiffres de 2007, qui viennent de paraître.

L
a Poste vient de publier le tableau de 2007 une consultation pu-
bord de la qualité de son service avant 13 nombre 120 837 blique en 2007 sur les
universel pour 2007. L’Autorité Boîtes à lettres heures Taux 82,01 % éventuels besoins
attache une grande importance à dont l’heure limite complémentaires
de dépôt est : avant 16 nombre 143 635
cette publication. En effet, une information heures Taux 97,48 % des utilisateurs afin
correcte permet aux utilisateurs de sélectionner de déterminer si
les produits à leur disposition en consomma- taires déposées dans les boites jaunes arrivent le de nouveaux indi-
teurs avertis. En outre, une telle publication lendemain, il vaut mieux les poster avant le cateurs étaient utiles.
incite La Poste à fournir des prestations de déjeuner. En effet, 82,01 % des boîtes aux lettes C’est ainsi que les délais
qualité. sont relevées avant 13 heures. En 2008, des d’acheminement de la presse
Avant 2005, il y avait peu d’informations informations sur les heures limites de dépôt, qui urgente ou les heures limites de dépôt ont été pris
disponibles sur la qualité du service universel ont un impact direct sur le délai d’achemine- en compte dans le tableau de bord 2007.
postal. Seuls quelques chiffres étaient communi- ment, ont été ajoutées au Tableau de bord. Elles L’Autorité s’assure enfin que les informations
qués par La Poste sans régularité de publication. permettent à l’Autorité de mettre en perspective rendues publiques par La Poste sont fiables. Les
Suite à des travaux menés avec l’Autorité, des les évolutions de la qualité. Si les délais d’ache- chiffres de qualité de service doivent être
informations sont publiées chaque année depuis minement s’améliorent et que les heures limites mesurés de façon appropriée. L’Autorité veille
2006 dans le « Tableau de bord du service de dépôt restent stables, il sera possible d’en donc à ce que les méthodologies de mesure
universel ». La Poste a ainsi récemment publié conclure que le mérite en revient à La Poste. utilisées soient fiables et qu’elles reposent sur les
les résultats de l'année 2007 (1). Dans le cas contraire, le consommateur se sera normes européennes ou nationales, lorsqu’elles
adapté et l’amélioration ne pourra pas être existent. Dans ce cadre, l’Autorité a fait réaliser
Délais d’acheminement, heures imputable à La Poste. en 2006 un audit du système de mesure de la
limites de dépôt et réclamations Colissimo guichet 2005 2006 2007
qualité de service de la Lettre prioritaire. Des
axes d’amélioration ont été identifiés et sont
2005 2006 2007 Nombre de réclamations 385 567 468 819 479 757
progressivement mis en œuvre. L’Autorité va
Lettre prioritaire J+1 79,1 % 81,2 % 82,5 %
Réclamations par rapport au également lancer une étude sur l’analyse de la
égrenée 1,38 % 1,18 % 1,08 %
>J+2 4,6 % 3,8 % 3,7 % flux total
mesure de la qualité de service des Colissimo
La qualité de la Lettre prioritaire en J+1 est en 1,08 % des Colissimo guichet traités par La guichet et des réclamations.
amélioration, avec 82,5 % de distribution en Poste a occasionné le dépôt d’une réclamation.
J+1 en 2007 contre 81,2 % en 2006. Ce résultat Ce résultat est peut être lié à un traitement des Quelles informations
encourageant se situe néanmoins à un niveau réclamations jugé efficace par les utilisateurs. pour les prochains tableaux de bord ?
inférieur à celui des autres grandes postes euro- Les réclamations permettent en effet au presta- Pour 2009, il est prévu que des informations
péennes qui affichent le plus souvent un taux taire d’identifier les dysfonctionnements et d’y sur la qualité de service des envois recommandés
supérieur à 90 %. Certaines particularités, remédier. soient publiées (délais d’acheminement, taux de
notamment géographiques, peuvent expliquer distribution dans des délais aberrants). La
cette différence. En revanche, en J+2, les utilisa- Le rôle de l’Autorité consultation publique lancée par l’Autorité a
teurs peuvent, à 96,3 %, être quasi certains que L’ARCEP s’assure que La Poste, le prestataire montré qu’il existe une demande d’information
leurs envois sont distribués le surlendemain du du service universel désigné par la loi, procède à ce sujet du fait de l’importance des envois
jour de dépôt. périodiquement à des mesures de qualité de concernés (valeur intrinsèque, aspects juridiques
2005 2006 2007
service qu’elle porte à la connaissance du régula- etc.). Un indicateur de délai d’acheminement
J+2 83,8 % 84,1 % 85,84 %
teur et du public. L’Autorité exerce trois rôles des avis de réception, souvent jugé trop long au
Colissimo guichet J+3 92,2 % 95,5 % 95,99 % principaux. Elle s’assure d’abord que l’informa- regard du prix du service, est également à
J+4 98,5 % 98,69 %
tion est publiée et qu’elle ne soulève pas de diffi- l’étude.
culté d’interprétation. Du fait du développement du commerce
La qualité des Colissimo guichet s’améliore Elle vérifie ensuite que les informations entre particuliers par le biais d’Internet, les
également avec 85.84 % de distribution en J+2 rendues publiques sont conformes aux besoins consommateurs s’interrogent également sur la
en 2007 contre 84,1 % en des utilisateurs. Le fiabilité des Colissimo guichet (délai d’achemi-
2006. Mais comme pour contenu du tableau de nement et risque de perte). Il est ainsi prévu que
la Lettre prioritaire, mieux bord du service le tableau de bord 2008 du service universel
vaut prévoir un jour de universel est ainsi indique le pourcentage de Colissimo guichet
sécurité supplémentaire : amené à évoluer en fonc- distribués dans des délais aberrants. 
en effet, 95,99 % de la tion de leurs attentes et (1)
L’intégralité des résultats de la qualité du service universel
distribution des Colissimo des possibilités des postal pour l’année 2007 sont disponibles à l’adresse suivante :
guichet est assurée en J+3. systèmes d'information de www.laposte.fr/IMG/pdf/Les_resultats_de_la_qualite_du_serv
Pour que les lettres priori- La Poste. L’Autorité a lancé ice_universel_postal-2.pdf

MAI/JUIN 2008  LA LETTRE DE L’AUTORITÉ DE RÉGULATION DES COMMUNICATIONS ÉLECTRONIQUES ET DES POSTES 33
Géographie

Les télécoms en Italie :


un marché atypique
Seulement 17% de lignes haut débit, mais le taux de pénétration mobile le
plus élevé d'Europe. Pourquoi, comment ? L'éclairage du régulateur italien.

ROBERTO VIOLA - SECRÉTAIRE GÉNÉRAL de l’AGCOM


Le projet Open Access de Telecom Italia est-il réfléchir à la possibilité de dégager et de réassigner Sur la base des premières
conforme aux attentes de l'Agcom en termes de de façon utile les fréquences 900 MHz actuellement expériences, il est possible de
séparation fonctionnelle ? utilisées par les services GSM. recueillir certaines
L’AGCOM envisage depuis longtemps une tendances. La
intervention sur la séparation fonctionnelle du réseau Comment expliquez-vous l'arrivée, en 2007, de réduction
de Telecom Italia comme instrument permettant de nouveaux MVNO sur un marché mobile aussi constante des prix des
garantir une effective parité de traitement à l’accès développé que celui de l'Italie ? Comment services de téléphonie
aux infrastructures de réseau fixe. Concrètement, organisez-vous la fluidité de ce marché ? au détail et la disponibilité
après approfondissements internes, l’AGCOM a L’entrée des premiers opérateurs mobiles virtuels d’une vaste gamme de formules de
lancé en mai 2007 une consultation publique sur les (MVNO) sur le marché italien a commencé au prix sont des traits caractéristiques du marché
perspectives règlementaires du réseau d’accès, y deuxième semestre 2007 (avec trois opérateurs national ; les premières offres commerciales des
compris pour le développement des réseaux de actifs) et continue en ce moment avec le MVNO - beaucoup d’entre elles sont spécialisées
nouvelle génération. La consultation démarrage des activités de trois dans certains types de clientèles - promettent de
a montré un fort intérêt des opérateurs différents. Nous soutenir les tendances vertueuses du marché.
opérateurs pour les hypothèses de attendons sous peu l’arrivée sur ce Du point de vue réglementaire, je voudrais rappeler
séparation fonctionnelle ainsi que marché des principaux opérateurs que la conclusion des accords de MVNO a eu lieu
pour d’éventuels instruments à de réseau fixe. sur la base de la libre négociation entre les parties ;
mettre en œuvre ultérieurement pour Aujourd’hui, on peut relever deux mais l’AGCOM joue un rôle fondamental quant aux
renforcer les conditions de non principales catégories d’opérateurs résultats positifs de ces accords, à travers la
discrimination. Parallèlement, le cas actifs en tant que MVNO ; la définition de solutions réglementaires qui
de Telecom Italia qui a récement première, où l’on trouve les encouragent l’activité des MVNO. En particulier,
défini une organisation stable et créé entreprises actives dans la grande dans le cadre des mesures générales sur la
un nouveau management distribution (comme Auchan, portabilité mobile, l’AGCOM a reconnu la parité des
d’entreprise, est bien connu. Parmi Carrefour, Coop) et dans la fourniture conditions d’accès des MVNO aux services de
les premiers sujets affrontés par la de services d’intérêts généraux portabilité mobile. De plus, l’AGCOM est sur le point
nouvelle direction de Telecom Italia, figure celui de la (comme Poste italiane, Autostrade), cherche à de constituer une table technique, afin d’aligner le
réorganisation des activités internes de gestion du développer l’activité MVNO dans une logique cadre réglementaire des services mobiles au
réseau d’accès et l’idée de les reconfigurer dans le d’extension de marque ainsi que les systèmes nouveau contexte de marché. Dans ce cadre, une
domaine de la nouvelle unité organisationnelle Open innovateurs de gestion des transactions (e-banking, attention particulière sera donnée à la discipline des
Access. L’AGCOM a accueilli avec intérêt cette e-payment). Dans l’autre catégorie de MVNO, il y a coûts de terminaisons mobiles. Enfin, l’AGCOM a un
initiative comme un témoignage de l’engagement de les opérateurs de téléphonie fixe (Fastweb, Tiscali) pouvoir général de gestion des conflits entre
la nouvelle direction de Telecom Italia à fournir une qui cherchent à développer des offres opérateurs sur les questions d’ordre réglementaire. 
réponse à l’exigence manifestée à plusieurs reprises convergentes fixe-mobile. www.agcom.it
par l’AGCOM, d’une ouverture plus incisive des
infrastructures d’accès, pour le développement et Le marché
l’amélioration des services offerts. L’AGCOM a donc des communications électroniques en Italie
demandé à Telecom Italia de compléter la définition
Le marché des communications débit s’est développé à un rythme la PNM a permis à presque 14 millions
de son projet afin d’en réaliser une évaluation
électroniques italien représente 35 relativement moins rapide, et les offres de clients de migrer d’un opérateur à un
globale.
milliards d’€ en 2007 (contre 38 milliards de type triple play sont encore récentes. autre, ce qui est un grand succès, et ce
L'Agcom envisage-t-elle un partage des pour le marché français). Si son chiffre La part de marché de l’opérateur malgré des délais qui apparaissent longs
fréquences libérées lors de l’extinction de d’affaires a connu une baisse en 2006, historique Telecom Italia sur ce marché comparés à d’autres pays. Cette fluidité
l'hertzien analogique entre les diffuseurs et les celui-ci semble désormais stabilisé. Ainsi, demeure supérieure à 60% alors que le a notamment permis au quatrième
opérateurs de télécommunications ? de même qu’en France, on observe que taux de pénétration reste en-dessous de opérateur mobile (opérateur 3G pur actif
L’extinction des services audiovisuels est fixée pour le développement du marché mobile vient la moyenne européenne avec 10,12 depuis mi 2003) de conquérir une part de
l’année 2012 en Italie ; il prévoit un processus de compenser celui du marché fixe. millions de lignes haut débit à fin janvier marché d’environ 10%. Le marché
transition graduelle vers la transmission numérique En 2006, le revenu des services de 2008, soit 17% de pénétration. mobile italien affiche par ailleurs le plus
qui se base sur la couverture progressive des téléphonie fixe s’élevait à 10,8 milliards Côté marché mobile, l’Italie affiche le grand nombre d’abonnés UMTS d’Europe.
« digital islands » (les zones géographiques qui sont d’€, en baisse de 6% par rapport à 2005. taux de pénétration le plus élevé A fin octobre 2007, il comptait plus de 21
numérisées). Au sein du cadre italien, on ne relève Comme dans d’autres pays européens, la d’Europe avec 148 cartes SIM pour 100 millions de clients UMTS, en hausse de
pas de disponibilité de ressources en fréquences VoIP s’est fortement développée, ce qui a habitants à fin octobre 2007 mais 39% par rapport à octobre 2006. La
pour les services de télécommunications ; entrainé une baisse des lignes en également le plus grand pourcentage pénétration de l’UMTS au sein de la base
aujourd'hui, sur la base des progrès dans le sélection du transporteur. Malgré un d’abonnés prépayés en Europe (89%). mobile des opérateurs a pour effet de
processus de numérisation, il a déjà été possible de contexte réglementaire qui semble Dans un marché qui apparaît si proche dynamiser considérablement le trafic
délivrer deux multiplexes numériques destinés aux favorable (ainsi par exemple le tarif du de la saturation, la portabilité des données des opérateurs transalpins, et
services de technologie DVB-H. dégroupage en Italie est un des plus bas numéros mobiles est sans conteste un leur permet de compenser la baisse des
Toujours au sujet de l’optimisation de l’usage du d’Europe), le marché de l’internet haut enjeu majeur : depuis sa mise en œuvre, revenus voix.
spectre, l’AGCOM a également commencé à

34 LA LETTRE DE L’AUTORITÉ DE RÉGULATION DES COMMUNICATIONS ÉLECTRONIQUES ET DES POSTES  MAI/JUIN 2008
Consommateurs

Téléphonie mobile, santé


et réglementation : ce qu’il faut savoir
L’exposition aux ondes est un sujet d’inquiétude récurrent dans les médias. L’ARCEP juge utile de faire
ici le point sur la prise en compte de cette question dans la réglementation de la téléphonie mobile.
a question de la protection de la mise en œuvre, destinées essentiellement à Des informations

L santé vis à vis de l’exposition aux


champs électromagnétiques est
importante pour l’ARCEP. Elle fait
déjà l’objet d’un dossier sur le site Internet de
l’Autorité, qui décrit la mise en oeuvre
limiter toute exposition évitable. Elle préconise
principalement l'utilisation de « kits piétons »
ou « kits oreillettes », ainsi qu'un usage privi-
légié du téléphone portable dans des condi-
tions optimales de réception (au moins 3
aisément accessibles
Il est facile de s’informer de la proximité
d'une antenne relais de téléphonie mobile. En
accord avec le principe d’attention retenu par
l’AFSSET, des informations sur la localisation
concrète de la réglementation applicable aux barrettes sur l'écran du téléphone). En effet, des antennes et l’évaluation des niveaux des
antennes et rappelle les conseils de l'Agence plus le niveau en réception est faible, plus le champs électromagnétiques rayonnés par ces
Française de Sécurité Sanitaire de téléphone portable augmente sa puissance dernières sont accessibles à tous en consultant
l'Environnement et du Travail (AFSSET) sur d'émission pour atteindre une antenne relais la base Cartoradio tenue à jour par l'ANFR sur
l'utilisation des téléphones portables. Une présumée éloignée. son site Internet. Une telle information est
foire aux questions (FAQ) complète ce Dans ses recommandations, on trouve égale- aussi disponible auprès de la mairie qui est
dossier et signale les autres sources d'informa- ment d’autres prescriptions comme éviter de devenue compétente pour informer le public.
tion – DGS, Fondation Santé et Radio- téléphoner à l’intérieur d’un véhicule (la récep- Pour une antenne relais dont les mesures de
fréquences et ANFR – traitant des aspects tion et l’émission sont moins bonnes dans un champ n’apparaissent pas sur la base
scientifiques et sociétaux de l'exposition aux lieu confiné comme une voiture, obligeant le Cartoradio, il est possible de s’adresser directe-
ondes, qui sont hors de la compétence de téléphone à émettre plus de puissance) ou lors ment aux opérateurs mobiles qui proposent,
l'ARCEP. d’un déplacement à grande vitesse (train, auto- dans une démarche volontaire, le financement
route) car le changement fréquent de cellule de certaines mesures de champs électromagné-
Téléphones mobiles (antenne relais) provoque la répétition de pics tiques (voir le site de l'AFOM pour plus d'in-
et antennes relais de puissance. formation).
En premier lieu, il convient de rappeler que En pratique, indique l’AFSSET, on peut
la mise en œuvre d’une protection de la santé aussi attendre de voir sur l’écran de son Le cas du WiFi
vis à vis de l’exposition aux champs électroma- terminal que la communication est établie Bien que ne relevant pas de la téléphonie
gnétiques est distincte selon qu’il s’agit des pour coller le téléphone à son oreille. mobile, les réseaux locaux radioélectriques
terminaux de téléphonie mobile et des (RLAN), et notamment le WiFi, sont égale-
antennes relais, les deux cas étant très diffé- La réglementation ment soumis à la réglementation générale
rents en termes d’exposition. des antennes relais applicable à la protection de la santé vis à vis de
Paradoxalement, les téléphones portables Les antennes ne sont pas installées, ni mises l’exposition aux champs électromagnétiques.
suscitent, de façon générale, peu de craintes en service, librement. Chaque projet d'implan- Une étude réalisée par Supélec pour
chez les utilisateurs qui ont le sentiment de tation est soumis à plusieurs réglementations l’ARCEP a montré que « pour des conditions
maîtriser un objet qui leur est personnel. Les comprenant le droit des sols, l’urbanisme, la d’utilisation conformes à la réglementation
terminaux mobiles génèrent pourtant une protection des sites, la mise en œuvre des radioélectrique des RLAN, les valeurs limites
exposition plus forte des personnes aux ondes stations radioélectriques et enfin l’exposition d’exposition du public aux champs électroma-
que les antennes relais. Dans la mesure où le du public aux champs électromagnétiques. gnétiques définies dans le décret n° 2002-775
recul sur d’éventuels effets sanitaires reste L'exposition du public aux rayonnements sont respectées pour tous les cas d’utilisation de
encore insuffisant, l’utilisation des téléphones électromagnétiques est encadrée principale- matériels RLAN mesurés ou simulés
mobiles nécessite, selon l’AFSSET, l’applica- ment par le décret n° 2002-775 qui fixe des dans le cadre de l’étude. » 
tion d’un « principe de précaution ». valeurs limites d'exposition à ne pas dépasser.
A l’inverse, du fait des faibles niveaux Le cahier des charges annexé aux autorisations
Le dossier, la FAQ, ainsi que tous les liens vers
générés par les antennes relais, aucun risque délivrées par l’Autorité aux opérateurs mobiles les sites utiles sont disponibles sur le site
avéré lié à ces dernières n’a été, à ce jour, mis inclut le respect des dispositions de ce décret. de l’Autorité : www.arcep.fr (rubrique
en évidence et le principe de précaution n’a Le décret prévoit la surveillance de la confor- GRAND DOSSIERS L/ Les mobiles /
Mobiles et santé et rubrique FAQ ET
pas été retenu par l’AFSSET. Cependant, dans mité des antennes relais à la réglementation « CHAT » / FAQ consommateurs /
la mesure où la présence des antennes relais applicable à la protection de la santé, les Mobiles / Mobiles, environnement et
dans le paysage national préoccupe le public et contrôles correspondants étant de la compé- santé
principalement les riverains, un « principe tence de l'ANFR. Le préfet peut également
d’attention » s’est imposé. prescrire la réalisation de contrôles du respect
des valeurs limites.
Comment utiliser
son téléphone mobile ?
L'AFSSET recommande aux utilisateurs
quelques préconisations, simples dans leur

MAI/JUIN 2008  LA LETTRE DE L’AUTORITÉ DE RÉGULATION DES COMMUNICATIONS ÉLECTRONIQUES ET DES POSTES 35
Actualités

Le bill and keep : une question en débat


Certains y sont favorables, d’autres farouchement opposés. Si le bill and keep suscite actuellement de
l’intérêt, la question de son efficacité dans la facturation des terminaisons d’appel est encore discutée.
Explications.
ctuellement, en Europe, un place d’une régulation sectorielle à ce jour. Cette pratique avait favorisé l’émergence

A appel téléphonique vers un


réseau tiers induit le paiement
d’une charge de terminaison
d’appel vocal de l’opérateur de l’appelant à
l’opérateur de l’appelé. Ce régime d’inter-
D’où la question : peut-on appliquer ce
régime à l’interconnexion des réseaux télé-
phoniques et réduire par voie de consé-
quence le champ de la régulation ?
Si la FCC a lancé ce débat, elle ne l’a pas
de mécanismes de contournement par
certains opérateurs fixes désireux d’éviter le
paiement de la charge de terminaison
d’appel des opérateurs mobiles. Ils trans-
formaient, par l’utilisation de « hérissons »
connexion, qui régit les relations économi- conclu. Les opérateurs téléphoniques (boitiers de cartes SIM d’opérateurs
ques entre l’opérateur de l’appelant et de américains sont toujours soumis à une mobiles), leurs appels fixes vers mobiles en
l’appelé est dit « Calling Party Network régulation de leur terminaison d’appel appels mobiles vers mobiles.
Pay » (CPNP) ; en clair,, « le réseau de l’ap- vocal par la FCC ou par les régulateurs de Si certains clients, principalement les
pelant paye [… le réseau de l’appelé pour chacun des états américains suivant les entreprises, ont pu bénéficier, via les
terminer la communication]» circonstances. L’industrie américaine a « hérissons », de tarifs d’appel fixe vers
essayé, sans succès jusqu’alors, de mettre en mobile moins chers, les conséquences
Qu’est-ce que place un accord volontaire généralisé de négatives ont été multiples : dégradation
le bill and keep ? bill and keep. Néanmoins, certains opéra- de la qualité des appels, non-affichage du
Le « bill and keep » est un régime d’inter- teurs ont conclu de tels accords sur une numéro de l’appelant et distorsions dans le
connexion alternatif selon lequel un base volontaire et bilatérale. jeu concurrentiel entre opérateurs fixes.
ensemble d’opérateurs s’échangent Le même débat est en train de naître en Cette situation s’est révélée instable et les
mutuellement du trafic téléphonique en Europe. Certains opérateurs sont favora- opérateurs mobiles ont mis fin à leur
terminaison sans se facturer entre eux ce bles à un tel changement, d’autres y sont accord de bill and keep fin 2004.
service de terminaison d’appel. Ces opéra- farouchement opposés. Afin d’éviter autant que possible ces
teurs peuvent cependant continuer à possibilités d’arbitrage et leurs consé-
facturer leur service de terminaison d’appel Doit-on changer le régime quences, un bill and keep ne devrait donc
aux opérateurs tiers qui ne participent pas d’interconnexion être envisagé que s’il était généralisé a priori
au bill and keep. et sur quelles bases ? entre opérateurs de téléphonie fixes et
Ce régime est proche de celui en vigueur La dérégulation tarifaire des terminai- mobiles, et si possible à un niveau européen.
chez certains fournisseurs d’accès à sons d’appel n’est pas une fin en soi ; le
Internet pour l’interconnexion de réseaux développement d’une industrie concurren- Quelle efficacité économique
de données employant le protocole IP tielle au bénéfice des utilisateurs finals l’est. du bill and keep ?
(sous des conditions relatives notamment Toute décision d’imposer un nouveau La question de l’efficacité relative du bill
aux niveaux des points d’interconnexion et régime doit donc résulter d’une analyse and keep par rapport à une facturation des
aux déséquilibres éventuels de trafic), qui approfondie et répondre à plusieurs ques- terminaisons d’appel est encore discutée.
terminent le trafic IP des opérateurs inter- tions : s’agit-il d’une dérégulation, c’est à L’économiste Littlechild (1) juge que ce
connectés jusqu’à leurs clients sans leur dire d’un accord volontaire de l’industrie, système est souhaitable, et permettrait la
demander de paiement pour cette presta- ou d’un nouveau mode de régulation ? disparition des distorsions de concurrence
tion. On parle dans ce cas d’accord de Quel serait l’impact d’un tel changement du système actuel, notamment entre
« peering ». sur le jeu concurrentiel ? Sur la formation opérateurs fixes et mobiles. Au contraire,
des prix de détail, et donc sur les consom- des économistes tels que Gans et King (2)
Pourquoi un tel intérêt mateurs ? Sur les incitations des opérateurs estiment que cela pourrait réduire l’inten-
pour le « bill and keep » à investir dans leur réseau ? Devra-t-on sité concurrentielle entre opérateurs, en
Le débat sur l’instauration d’un bill and maintenir une régulation non-tarifaire / réduisant l’incitation à faire croître sa part
keep pour l’interconnexion des réseaux quelle technique pour l’interconnexion ? de marché pour bénéficier des effets club.
téléphoniques s’est principalement déve- Comment gérer la transition d’un système En conclusion, une position affirmée sur
loppé aux Etats-Unis dans les années 2000 à l’autre ? ... la pertinence d’un passage à un régime de
du fait de la Federal Communication bill and keep serait pour l’heure préma-
Commission (FCC), le régulateur améri- L’expérience française turée, car nécessitant un examen bien plus
cain. Il procède de deux grandes idées. du bill and keep ? approfondi. 
Premièrement, la régulation du tarif des Jusqu’au 1er janvier 2005, les opérateurs (1)
Mobile Termination Charges: Calling Party Pays
terminaisons d’appel vocal est complexe et mobiles métropolitains avaient institué versus Receiving Party Pays" in Telecommunications
a généré un important contentieux devant entre eux un régime volontaire de bill and Policy, Vol 30/5-6 pp 242-277, 2006.
les juridictions. Deuxièmement, l’inter- keep pour l’interconnexion de leurs réseaux www.econ.cam.ac.uk/dae/repec/cam/pdf/cwpe0426.p
df
connexion des réseaux de données Internet téléphoniques, alors que la facturation (2)
Gans, J.S. and King, S.P. (2001), “ Using “bill and
fonctionne suivant un modèle proche du d’une terminaison d’appel élevée était keep” interconnect arrangements to soften price
bill and keep et n’a pas nécessité la mise en maintenue vis-à-vis des opérateurs fixes. competition ”, Economic Letters, 71:3, 413–20.

36 LA LETTRE DE L’AUTORITÉ DE RÉGULATION DES COMMUNICATIONS ÉLECTRONIQUES ET DES POSTES  MAI/JUIN 2008
Actualités

FTTH : le top départ sera donné cet été


Après plusieurs mois de discussions avec les acteurs, l’Autorité lance une consultation pour définir d’ici la fin
juillet les modalités de déploiement et de mutualisation de la partie terminale de la fibre (la plus proche des
abonnés). L’objectif ? Anticiper sur l’adoption de la loi « modernisation de l’économie », qui donnera au
régulateur le pouvoir d’imposer ces modalités techniques aux opérateurs.
En novembre dernier, l’Autorité avait meuble. Il s’agit de définir les responsabilités qui monopoles locaux tout en favorisant à moyen

E présenté le dispositif qui lui paraissait


nécessaire pour permettre le dévelop-
pement du très haut débit (FTTH)
dans des conditions concurrentielles.
Il comporte tout d’abord une obligation s’im-
lui incombent en ce qui concerne l’installation
de la fibre optique et la mise en œuvre de la
mutualisation. Doivent être précisées dans ce
cadre les informations qu’il doit concrètement
mettre à disposition de ses concurrents pour
terme la concurrence par les infrastructures.
Mais les travaux menés depuis lors montrent
que cette mutualisation transitoire au NRO n’est
pas adaptée en pratique. Ce constat amène
l’Autorité à faire évoluer sa proposition initiale :
posant à France Télécom de fournir un accès garantir l’exercice d’une concurrence loyale au Dans certains cas, comme à Paris intra-muros
non discriminatoire à son génie civil à tout bénéfice du consommateur. et dans les grands ensembles, il semble que la
opérateur souhaitant déployer de la fibre mutualisation en pied d’immeuble puisse être
optique. Pour mettre en œuvre cette obligation, Favoriser un climat de confiance entre suffisante ; à Paris, la présence d’égouts visitables
l’Autorité a réalisé une analyse de marché du opérateurs et acteurs de l’immobilier et la densité de population rendent crédibles le
haut et du très haut débit qui sera notifiée à la Jusqu’à présent, les opérateurs souhaitant déploiement de plusieurs boucles locales opti-
Commission européenne d’ici l’été. équiper les immeubles en fibre n’ont pas pu ques en parallèle jusqu’au pied de la plupart des
Le deuxième volet concerne la mutualisation apporter aux copropriétés et aux gestionnaires immeubles.
de la partie terminale des réseaux fibre. Il s’agit de d’immeubles les garanties nécessaires pour Par contre, la seule mutualisation en pied
poser un principe selon lequel le premier opéra- permettre aux habitants de choisir le fournisseur d’immeuble ne suffira pas partout. En effet,
teur ayant équipé un immeuble en fibre doit de service très haut débit de leur choix. lorsque la densité de population décroît, il
donner accès à son réseau aux autres opérateurs. En soumettant à consultation publique une devient économiquement difficile d’envisager un
En effet, il ne paraît pas viable que plusieurs convention type, l’Autorité souhaite favoriser un deuxième déploiement sur une zone (ou un
opérateurs installent chacun de la fibre dans un climat de confiance entre les opérateurs et les déploiement complémentaire si le premier opéra-
même immeuble. L’équipement par un seul acteurs de l’immobilier. Dans l’attente de l’adop- teur n’a équipé que les habitations les plus renta-
opérateur ne doit pas pour autant se traduire par tion de la loi, la convention type prévoit notam- bles). Le risque serait alors grand de voir persister
une situation de monopole local sur le très haut ment un engagement de mutualisation de des situations de monopoles locaux et des trous
débit, qui empêcherait les habitants de choisir un l’opérateur renvoyant aux recommandations de de couverture, y compris en zones denses.
autre opérateur que celui qui a fibré leur l’ARCEP. L’objectif est de permettre aux opéra-
immeuble, s’ils le souhaitent. teurs respectant ces recommandations de … le point de mutualisation pourra se
Le projet de loi « modernisation de l’éco- déployer la fibre dans les meilleurs délais. situer à un niveau intermédiaire entre le
nomie » actuellement en discussion au Parlement La convention a vocation à être signée par pied d’immeuble et le NRO
prévoit l’instauration d’un tel principe. Il prévoit tout opérateur installant de la fibre optique dans Dans ce cas, il est envisageable de mutualiser la
de confier à l’ARCEP le soin de préciser les les immeubles et à qui une copropriété ou un fibre sur une partie plus importante de la boucle
conditions dans lesquelles l’opérateur qui pose la gestionnaire d’immeuble souhaite confier la locale que celle située dans le domaine privé, par
fibre dans un immeuble doit « faire droit aux responsabilité d’opérateur d’immeuble. exemple à l’échelle d’un pâté de maisons ou de
demandes raisonnables d’accès » des autres opéra- quelques rues, sans pour autant remonter
teurs. Le texte prévoit également l’encadrement Pour éviter les monopoles locaux jusqu’au NRO. Cela suppose l’installation de
des conventions signées entre opérateurs et et les trous de couverture … points de mutualisation intermédiaires rassem-
copropriétés ou gestionnaires d’immeubles. La troisième partie de la consultation porte blant quelques dizaines ou centaines de foyers, où
L’Autorité souhaite anticiper sur le cadre légis- sur le degré de mutualisation de la boucle locale les opérateurs pourraient raccorder leurs réseaux
latif en précisant aussi tôt que possible les moda- fibre entre les opérateurs, qui se traduit concrè- dans des conditions économiques et opération-
lités de mutualisation et la pratique tement par la question de la localisation du nelles plus favorables qu’en pied d’immeuble.
conventionnelle. Il s’agit de permettre que les point de mutualisation. En pratique, cette hypothèse suppose de
déploiements en cours ou à venir se fassent dans Si la mutualisation se faisait uniquement au définir un minimum de règles communes de
les meilleurs conditions concurrentielles. niveau du pied d’immeuble, elle impliquerait en déploiement. Il s’agit d’éviter que les opérateurs
L’Autorité a ainsi mis en consultation publique pratique que tous les opérateurs déploient leurs ne créent durablement, par leurs choix techno-
les résultats de ses travaux avec les opérateurs et propres réseaux jusqu’à chaque immeuble ce qui, logiques, des situations de monopoles locaux ou
les professionnels de l’immobilier, ainsi que les (si tant est que ce soit économiquement envisa- des trous de couverture.
questions encore en débat à ce stade. geable) ne saurait se faire de façon concomitante. L’objectif de la consultation est de
C’est dans cette optique que l’Autorité a définir les cas dans lesquels la mutua-
Dans chaque immeuble, proposé en novembre dernier la mise en place, lisation en pied d’immeuble pourrait
un seul opérateur responsable en complément de la mutualisation en pied être suffisante, de valider l’option
des interventions d’immeuble, d’une mutualisation transitoire d’une mutualisation plus impor-
La consultation porte tout d’abord sur le rôle jusqu'au nœud de raccordement optique tante de la boucle locale dans les
de l’opérateur autorisé à installer et exploiter la (NRO), qui regroupe plusieurs milliers de lignes. autres cas et de définir les conditions
fibre dans la propriété privée : l’opérateur d’im- Il s’agissait d’éviter à court terme les situations de de mise en œuvre de ces principes. 

MAI/JUIN 2008  LA LETTRE DE L’AUTORITÉ DE RÉGULATION DES COMMUNICATIONS ÉLECTRONIQUES ET DES POSTES 37
Analyse économique

Asymétrique, symétrique :
l’alpha et l’oméga de la régulation
Régulation asymétrique, régulation symétrique : zoom sur deux concepts de base de la régulation sectorielle.
ans sa présentation du dernier opérateurs, et par conséquent reflète un gros du départ d’appel, qui lui a permis

D rapport d’activité de l’ARCEP, Paul


Champsaur, président de l’Autorité,
annonçait que « la régulation asymé-
trique devait se poursuivre, mais de façon plus
circonscrite », et que « davantage de régulation
caractère symétrique, elle résulte bien des
objectifs de la régulation concurrentielle et
donc asymétrique.

Garantir la connectivité
d’adapter les obligations asymétriques qui lui
avaient été imposées antérieurement au titre
de l’analyse concurrentielle des marchés de la
téléphonie fixe (5).

symétrique devait être envisagée, notamment dans de bout-en-bout De l’asymétrie à la symétrie de la


l’intérêt du consommateur final ». Les obligations relatives à l’accès et l’inter- régulation concurrentielle
connexion, imposées dans le cadre des procé- L’évolution du secteur des communica-
La régulation concurrentielle dures d’analyse de marché, et par conséquent tions électroniques vers davantage de concur-
est de prime abord asymétrique d’une régulation concurrentielle, peuvent rence conduit le régulateur à centrer son
On peut qualifier d’asymétrique toute également être prescrites indépendamment intervention uniquement sur les marchés à
mesure qui ne vise que certains acteurs au de ces procédures et donc de la puissance de goulots d’étranglement et à se retirer progres-
sein d’une même catégorie, en raison de marché des opérateurs auxquels elles s’adres- sivement des autres segments de marché. Cet
Les outils du régulateur

caractéristiques, parfois évolutives, qui les sent. En effet, le cadre réglementaire prévoit allègement de la régulation asymétrique peut
distinguent des autres. Ainsi, en application que, dans l’objectif d’assurer le bon fonction- être considérablement favorisé par l’existence
des principes du cadre réglementaire des nement de leurs réseaux ainsi que l’accès aux ou le développement d’outils symétriques,
communications électroniques (1), relève services fournis sur d’autres réseaux, les tels que la portabilité des numéros, qui
d’une régulation asymétrique toute interven- opérateurs contrôlant l’accès aux utilisateurs contribue notamment à améliorer la fluidité
tion du régulateur envers le (ou les) opéra- finals peuvent être contraints par le régula- des marchés, ou bien encore les obligations
teur(s) désigné(s) comme exerçant une teur à des obligations réglementaires (2). relatives à l’interopérabilité des services.
influence significative au terme d’une procé- Dans ce cas, l’intervention semble a priori Le glissement d’une action asymétrique
dure d’analyse de marché. En effet, dans ce asymétrique, ne concernant qu’un sous- vers une action symétrique semble naturel
cas, le régulateur a le devoir de lui (leur) ensemble d’opérateurs, mais pas au sens de la pour assurer la transition entre une régula-
imposer au moins une obligation, justifiée et régulation concurrentielle, puisqu’elle s’inscrit tion concurrentielle intrusive et l’autonomie
proportionnée aux problèmes concurrentiels d’abord dans l’objectif de garantir une connec- totale des marchés. Or, si les dispositions du
constatés. tivité de bout en bout, avant de rechercher le cadre réglementaire actuel prévoient bien
Il se peut aussi que, dans une approche développement d’une concurrence effective. que, au fur et à mesure de l’oligopolisation
asymétrique, le régulateur envisage des Au demeurant, ce type d’intervention des marchés, le régulateur perde ses compé-
modalités d’intervention symétriques. Par engendré par l’identification d’un problème tences d’intervention au titre de la régulation
exemple, dans le cadre de la désignation de connectivité relève manifestement davan- concurrentielle, il convient de s’assurer qu’il
d’une position dominante conjointe, le régu- tage de l’arsenal réglementaire symétrique (3) dispose effectivement d’instruments symétri-
lateur pourrait être amené à imposer des du régulateur, en ce qu’il fait partie des règles ques adéquats, qui lui permettent notam-
remèdes symétriques ou asymétriques, au relatives à l’interconnexion et à l’accès carac- ment de garantir la durabilité à moyen terme
sens différenciés, en fonction des caractéristi- téristiques et essentielles au secteur des d’un état de concurrence établi par des
ques des protagonistes de la position domi- communications électroniques, au même mesures de régulation (6). 
nante conjointe. titre par exemple que les droits et obligations
(1)
En outre, sur certains marchés comme attachés aux activités d’opérateur. Directive « Cadre » (directive 2002/21/CE du Parlement
ceux de la terminaison d’appel sur les réseaux C’est en partie cette approche symétrique européen et du Conseil relative à un cadre réglementaire
commun pour les réseaux et services de communications
individuels, où chaque opérateur est désigné que l’Autorité a retenue dans sa démarche électroniques) ; articles L. 37-1 et suivants du CPCE.
au titre de son monopole comme exerçant d’amélioration du fonctionnement du marché (2)
Article 5 de la directive « accès » (directive 2002/19/CE
une position dominante (simple), le régula- des services à valeur ajoutée (SVA). La déci- du Parlement européen et du Conseil relative à l’accès
teur peut mettre en œuvre des obligations sion correspondante, « portant sur les obliga- aux réseaux de communications électroniques et aux
dont les modalités diffèrent. Ainsi, par tions imposées aux opérateurs qui contrôlent ressources associées, ainsi qu’à leur interconnexion) ;
exemple, France Télécom est soumise à une l’accès à l’utilisateur final pour l’acheminement article L. 34-8 du CPCE.
obligation d’orientation vers les coûts des des communications à destination des services à (3)
Peut être qualifiée de symétrique toute mesure
tarifs de sa terminaison d’appel alors que les valeur ajoutée » (4), prévoit ainsi un cadre juri- concernant indistinctement les acteurs d’une même
catégorie, indépendamment du caractère de puissance
opérateurs fixes alternatifs sont contraints à dique précis pour l’accessibilité de bout en
de marché.
une obligation de non excessivité de leurs bout, ou encore l’interopérabilité, des SVA et
(4)
prix. De même, l’encadrement des tarifs de les relations entre opérateurs et fournisseurs Décision n°07-0213 en date du 16 avril 2007.
terminaison d’appel sur les réseaux mobiles de services qui en découlent. Par ailleurs, dans (5)
Décision n°05-0571 en date du 14 octobre 2005.
peut différer en niveau d’un opérateur mobile l’analyse de la chaîne de valeur des SVA et de (6)
Voir notamment l’article « Structures de marché
à l’autre. Sur ces marchés particuliers, bien ses acteurs, l’Autorité a souligné à nouveau la oligopolistiques et concurrence effective » publié dans
que l’intervention soit généralisée à tous les puissance de France Télécom sur le marché de La Lettre n°57 de septembre-octobre 2007.

38 LA LETTRE DE L’AUTORITÉ DE RÉGULATION DES COMMUNICATIONS ÉLECTRONIQUES ET DES POSTES  MAI/JUIN 2008
Vie de l’ARCEP Qui
fait
quoi ?
L’organigramme de l’Autorité au 21 mai 2008
Le Collège
Président Communication Économie et prospective Analyses économiques
et concurrentielles .................. Nicolas DEFFIEUX
Isabelle KABLA-LANGLOIS
Économie des réseaux
Coordination des analyses économiques.
et services ........................................ Gaëlle NGUYEN
Service et annuaire universels.
Observatoires et études externes. Prospective. Observatoire des marchés
et études externes .................. Sylvie DUMARTIN
Jean-François
HERNANDEZ
Adjointe :
Régulation des marchés
Paul CHAMPSAUR Ingrid
fixe et mobile
Marché fixe .............................. Christophe COUSIN
Benoît LOUTREL
APPENZELLER
Membres Régulation des marchés Marché mobile .................. Stéphane LHERMITTE
des services fixes et mobiles.
Régulation tarifaire et portabilité.

Collectivités et régulation
FTTx et Dégroupage .... Bertrand VANDEPUTTE
des marchés haut débit
Sébastien SORIANO Bitstream et Diffusion
Régulation des marchés de gros et de détail des audiovisuelle .................................. Igor PRIMAULT
Edouard BRIDOUX
Directeur réseaux et services haut débit, services de capacité et de la Collectivités
Général radiodiffusion. Suivi des relations avec les collectivités terri- Territoriales .............................. Renaud CHAPELLE
toriales au titre de l’aménagement numérique du territoire.

Opérateurs et régulation
des ressources rares
Jérôme ROUSSEAU Opérateurs et planification
Philippe Adjoint : Sandrine CARDINAL des ressources ................................ Anne HUGUET
Nicolas CURIEN DISTLER Point d’entrée pour les opérateurs (déclaration, cadre Opérateurs mobiles .................. Rémi STEFANINI
pour les nouvelles technologies).
Fréquences .......................... Sandrine CARDINAL
DG adjoints Planification et régulation des ressources rares
(numéros et fréquences). Numérotation ........................ Jacques LOUESDON
Suivi des obligations associées aux autorisations
(notamment qualité de service et couverture).

Régulation postale
Service universel postal
Gabrielle GAUTHEY Guillaume LACROIX et autorisation .......... Catherine GALLET-RYBAK
François Régulation des activités postales relatives
au courrier : délivrance d’autorisations Contrôle tarifaire
LIONS
aux opérateurs, contrôle du service universel, et comptable ..................................................................
contrôle comptable et tarifaire de l'opérateur
en charge du service universel.

International Affaires européennes ........ Françoise LAFORGE

Anne LENFANT Relations


Denis RAPONE internationales .................. Joël VOISIN-RATELLE
Benoît Adjoint : Joël VOISIN-RATELLE
LOUTREL Coordonne et met en œuvre l’action Coordination UIT
internationale de l’ARCEP. et normalisation .. Marie-Thèrèse ALAJOUANINE

Juridique Procédures, fréquences,


audiovisuel, interconnexion
Joëlle ADDA
et consommateurs .................. Loïc TAILLANTER
Adjoint : Loïc TAILLANTER
Nouvelles régulations, nouveaux réseaux,
Chargé de tous les aspects juridiques de l’activité
Patrick RAUDE de l’ARCEP, veille à la sécurité juridique des décisions.
collectivités et Europe ............ Matthieu ALLARD

Relation
avec les Systèmes d’information et affaires
consommateurs
Administration générales .......................... Pierre-Jean DARMANIN
et ressources humaines Programmation, budget et contrôle
Claire BERNARD de gestion .......................... Bernard THOUVIGNON
Adjointe : Elisabeth CHEHU-BEIS Documentation.................. Elisabeth CHEHU-BEIS
Gère les ressources et les moyens de l’ARCEP
Stéphane KUNA ainsi que la documentation et l’intranet. Ressources humaines
Joëlle TOLEDANO et relations sociales ................ Catherine AUTIER

MAI/JUIN 2008  LA LETTRE DE L’AUTORITÉ DE RÉGULATION DES COMMUNICATIONS ÉLECTRONIQUES ET DES POSTES 39
Actualités
SUR L’AGENDA DU COLLÈGE
La sélection Mai
I 16 mai : Joëlle Toledano intervient à la Journée d'étude

du transporteur évolue consacrée à « L'économie et le Droit des moteurs de Recherche »


organisée à la Sorbonne.
I 19 mai : Gabrielle Gauthey intervient à la « 19th Annual
Moins utilisée sur le marché résidentiel mais toujours en vogue sur celui Communications and Competition Law Conference » organisée par
des entreprises, la sélection du transporteur doit évoluer pour renforcer la l’International Bar Association, pour présenter les grands axes de la
régulation en France, à Munich.
concurrence sur le marché des communications fixes. I 20 mai : Gabrielle Gauthey est invitée d’honneur du septième dîner
a sélection du transporteur (appel 08 ne sont, par exemple, pas inclus dans la du club des partenaires de l’économie numérique, à Paris.

L
I 21 mai : Gabrielle Gauthey participe à la table ronde «Modernisation
par appel ou par présélection) est sélection du transporteur car leur régime d’in- de l’action publique : quelle vision stratégique», aux 8e assises
un mécanisme qui permet à un terconnexion diffère de celui des autres types nationales des TIC du secteur public, à Nice.
client raccordé au réseau de France de communication. En revanche, l’inclusion I 22-23 mai : Nicolas Curien parle de la séparation comptable au 5e
Télécom de choisir un autre opérateur pour des appels à destination des numéros en 09 séminaire annuel du réseau francophone de la régulation des
télécommunications (FRATEL) organisé à Libreville, au Gabon, sur le
l’acheminement de ses communications télé- pourrait permettre d’introduire une pression thème « La régulation tarifaire et les méthodes de comptabilisation des
phoniques. La sélection du transporteur concurrentielle sur les prestations d’achemi- coûts ».
concernait encore près de sept millions nement de ces appels. Enfin, un opérateur I 27 mai : Gabrielle Gauthey s’exprime sur le cadre réglementaire du
FTTH aux 2èmes assises du très haut débit, au Sénat.
d’abonnés fin 2006. Depuis 2005, elle subit alternatif a la possibilité de laisser France I 28 mai : Gabrielle Gauthey décrypte les enjeux du très haut débit au
un net recul chez les clients résidentiels du fait Télécom responsable de l’acheminement séminaire Nortel « Plus de débit et plus de services dans un monde de
de l’essor de la voix sur IP incluse dans les des appels locaux mais cette possibilité n’est communications unifiées », à Paris.
offres des fournisseurs d’accès à Internet, mais aujourd’hui quasiment plus utilisée. I 28-31 mai : Joëlle Toledano expose la situation du marché postal
français trois ans après la mise en œuvre de la régulation, à la 16ème édition
se maintient chez les entreprises, qui sont des C’est pourquoi, dans une consultation de la « Conference on Postal and Delivery Economics », à Albufeira, au
clientes particulièrement soucieuses du niveau publique disponible sur son site web, Portugal.
de qualité de service de la voix. l’Autorité propose d’inclure les appels à I 28-30 mai : Paul Champsaur se rend à Vilnius, en Lituanie, pour
participer aux réunions plénières du GRI/GRE.
destination des numéros en 09 dans la I 29 mai : Gabrielle Gauthey présente les enjeux du très haut débit à
Vous avez dit sélection du transporteur, et de supprimer l’occasion de la première édition des Assises du numérique, organisées par
toutes les communications ? la possibilité laissée à un opérateur de ne Eric Besson, secrétaire d’Etat chargé du développement de l’Economie
numérique, à Paris.
En réalité, la sélection du transporteur ne pas inclure les appels locaux.
I 30 mai : Gabrielle Gauthey intervient au Colloque «Convergence 2008»
permet pas à un opérateur alternatif d’ache- La mise en place de ces changements sur le thème « régulation et convergence », en présence de Viviane
miner la totalité de ses communications télé- devra se faire dans un calendrier qui Reding, commissaire européen chargée de la société de l’information, à
phoniques, France Télécom restant encore permette aux opérateurs de réaliser les Paris.
responsable de l’acheminement du trafic d’une modifications techniques nécessaires, et
Juin
partie d’entre elles. Les appels à destination des dans le respect des contrats actuellement
I 4 juin : Gabrielle Gauthey participe à la table ronde «intégration verticale
numéros de services à valeur ajoutée (SVA) en en vigueur. I
ou concurrence par les services ? » du 4 colloque «Territoires et Réseaux
e

d’Initiative Publique » organisé par l’Avicca, à Paris.


NOMINATIONS I 4 juin : Paul Champsaur s’exprime au colloque « Média numérique
2008 : transition ou big bang ? » organisé par NPA Conseil, à la Maison
Nadia Trainar - Diplômée de Telecom Julien Renard - Diplômé de la Chimie, à Paris.
Bretagne et de Sciences-Po Paris, Nadia I 6-8 juin : Nicolas Curien fait une communication sur les réseaux de
de l’Ecole Supérieure
nouvelle génération à la « 3rd International Conference on Broadband
Trainar a rejoint le service international de d’Ingénieurs en Informatique Internet », à Athènes.
l’Autorité en mai en qualité de chargée de et Génie des Télécom- I 9 juin : Paul Champsaur intervient à la séance plénière du comité des
mission affaires européennes. Elle a travaillé munications, ingénieur consommateurs qui réunit, sous l’égide de l’Autorité, les associations de
au sein de plusieurs groupes internationaux spécialisé dans les consommateurs ainsi que des institutions publiques (INC, DGCCRF,
(9 Telecom, France Telecom Canada, Schlumberger) dans radiocommunications mobiles, Julien Renard a DGE, le médiateur des communications électroniques).
des fonctions marketing produit et marché. Après avoir I 10 juin : Gabrielle Gauthey intervient à la « 4th Annual French
débuté sa carrière en prestation chez SFR
complété un Master en Affaires Européennes, elle a Telecoms Day Conference », organisée par Goldman Sachs, à Paris.
pour déployer le réseau GSM en Ile-de- I 18 juin : Gabrielle Gauthey intervient au colloque organisé par l’EBG
assumé en 2007 une mission de relations institutionnelles France. Après diverses expériences, sur le thème «Territoires et concurrence : où en sont les collectivités?»,
public/privé au Forum pour la gestion des villes notamment dans le déploiement de la à Paris.
et des collectivités première BLR en France, il rejoint les équipes I 20 juin : Joëlle Teledano s'exprime sur « le futur de l'Internet et
locales. l'Internet du futur » à la 7e édition du colloque Egeni, organisé par Isoc
AUTORITÉ DE RÉGULATION d’optimisation des réseaux 2G et 3G d’Orange,
DES COMMUNICATIONS ÉLECTRONIQUES France, à Paris.
à Nancy, puis à Paris. Depuis février, il est I 23 juin : Paul Champsaur prend la parole à l’occasion de la
ET DES POSTES Elisabeth chargé, au sein de l’unité opérateurs célébration du 10 ème anniversaire de l’ANRT (régulateur marocain), au
7, square Max Hymans - 75730 Paris Cedex 15 Marescaux, mobiles de l’Autorité, des aspects Maroc.
Web:www.arcep.fr - Mél: courrier@arcep.fr Francesco Materia, André I 24 juin : Gabrielle Gauthey présente les perspectives de la
Ricord, Sabrina Saudai, Pascal
couverture mobile et
Tél.: 0140477000 - Fax: 0140477198 régulation dans l’éventualité d’un réaménagement de l’utilisation des
Soulé, Romain Valenty prospective sur le spectre
Responsable de la publication : Paul Champsaur fréquences, à la «3rd Annual European Spectrum Management
mobile.
Directeur de la rédaction: Philippe Distler. Crédit photo : © CNES/ESA/ Conference 2008 », à Bruxelles.
Rédaction:Ingrid Appenzeller, Jean-François Hernandez, Arianespace/CSG Service Optique, 2005 (p.10) I 25 juin : Gabrielle Gauthey intervient au colloque
Gwenaël Regnier (mission communication). «Aménagement numérique : les nouvelles stratégies des
Maquette: E. Chastel territoires» organisé par la Revue Parlementaire et Eric Besson,
Ont contribué à ce numéro : Joëlle Adda, Matthieu Impression: Corlet Imprimeur, Condé-sur-Noireau. secrétaire d’Etat chargé du développement de l’Economie
Agogué, Hélène Boisson, Laurent Bonnet, Julien Coulier, numérique, au Sénat, à Paris.
Anne-Laure Durand, Anne Huguet, Guillaume Gibert, Abonnement : com@arcep.fr.
I 30 juin : Paul Champsaur, président, et les membres du
Edouard Lemoalle, Benoit Loutrel, Cécile Malinaud, ISSN : 1290-290X Collège de l’Autorité présentent aux acteurs des secteurs des
télécommunications et des postes le rapport d’activité 2007
de l’ARCEP, au musée Bourdelle, à Paris.

40 LA LETTRE DE L’AUTORITÉ DE RÉGULATION DES COMMUNICATIONS ÉLECTRONIQUES ET DES POSTES G MAI/JUIN 2008

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