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CHAPITRE 2

ACTEURS ET TEXTES FONDAMENTAUX REGISSANT LE SECTEUR


DES TIC EN UNION DES COMORES

SECTION 1 : Un secteur aux acteurs indépendants


Depuis 2009, le secteur des télécommunications est principalement piloté par trois acteurs
publics dont, le Ministère en charge des télécommunications, l’ANRTIC et l’opérateur
historique – Comores Télécom. Ce n’est qu’en juillet 2013 que le secteur a vu l’arrivée d’un
nouvel acteur « Comores Câbles », crée par décret N° 13/086/PR pour assurer la gestion, la
maintenance et la commercialisation de l’infrastructure câble. Toutefois, cette structure n’a
été mise en place que 2 ans plus tard, après la promulgation de ce décret, soit en août 2015

1 - Le Ministère des Télécommunications et de la promotion des TIC.


Au plus haut niveau, le Ministère en charge des télécommunications et de la promotion des
TIC, pièce centrale qui représente l’Etat dans le secteur. Il définit les axes de la politique du
secteur à travers les orientations inscrites dans la déclaration de politique sectorielle,
introduit et conduit les grandes réformes. Le périmètre d’action et les attributs politiques du
ministère conduisent, la plupart du temps, à des nominations discutables, en raison de la
méconnaissance et de la maitrise insuffisante du secteur par les autorités successives. Cette
insuffisance est accentuée par un manque de ressources humaines adéquates disponibles,
pour appuyer et accompagner les pouvoirs publics dans la mise en œuvre des orientations
politiques.

La primauté du consensus politique est le principal frein à l’épanouissement d’un ministère,


censé jouer un rôle prépondérant dans la conduite de la destinée d’un secteur en mutation.
En raison de la fréquence de renouvellement des Ministres en charge des TIC, aucune
stratégie de développement de long terme n’a été soigneusement esquissée et inscrite sur
une feuille de route. L’élaboration des feuilles de route annuelles, est souvent le cumul d’une
suite d’activités souvent dépourvue de vision stratégique globale.

Une des raisons de ce dysfonctionnement du secteur, pourrait s’expliquer par la


concentration dans un même et seul Ministère, de plusieurs activités de secteurs différents.
En effet, en marge des Télécommunications et la promotion des TIC, la ou le Ministre, se
voit souvent attribuer des portefeuilles du transport et du tourisme. Cumuler trois des
secteurs le plus dynamiques de l’archipel, ne donne pas suffisamment de marge de réflexion
pour pondre une vision de long terme sur un secteur précis.

2 - L’ANRTIC, un Régulateur en quête d’autorité.


Au niveau intermédiaire, l’Autorité de régulation des TIC – ANRTIC – un organe étatique et
bras technique du ministère, qui joue un rôle essentiel en termes de conseils et d’orientation.
Elle est l’interface entre la mise en œuvre de la politique sectorielle et le contrôle des
opérateurs et fournisseurs de service TIC. En effet, jusqu'à une époque récente, dans un
bon nombre de pays, un seul ministère, ou une autre administration gouvernementale,
cumulait les rôles d'instance décisionnaire pour les télécommunications et de propriétaire et
exploitant du réseau national de télécommunication. On jugeait inutile d'avoir une instance
de régulation dans cet environnement. La privatisation et la libéralisation des marchés ont
conduit à une réorganisation des institutions gouvernementales du secteur des
télécommunications. Les autorités de régulation séparées sont en mesure de mettre en
œuvre la politique des pouvoirs publics de façon objective et impartiale.
C’est ainsi qu’en Union des Comores, la loi N° 08 – 007/AU du 15 janvier 2008, a introduit la
création d’un organe de régulation – l’ANRTIC, garante de la mise en œuvre de la
règlementation du secteur, participe activement à l’élaboration des textes et au processus de
prise de décisions du secteur des télécommunications. Il est donc plus facile, pour un
régulateur indépendant, d’agir de façon impartial vis-à-vis de toutes les parties du marché,
notamment en matière de contrôle, de concurrence et d’interconnexion. Toutefois, il arrive
parfois que les pouvoirs publics prennent des engagements, sans que le régulateur soit
sollicité au préalable. Un tel comportement de mise à l’écart, met le régulateur en porte à
faux au regard de ses missions et prérogatives inscrites dans la loi.

Malgré la modification de la loi en 2014, les pratiques sont restées toujours les mêmes. Et
parmi les inconvénients, on peut citer la notion de tutelle. En effet, l’opérateur historique et
l’organe censé le contrôlé, soient tous les deux soumis à la même tutelle et donc, le
ministère des télécommunications.

Aussi, des évolutions notables chez le régulateur se remarquent tous les jours. il existe des
marges manœuvre, notamment sur les décisions prises par le régulateur envers les deux
opérateurs en situation de concurrence.

3 – Opérateurs : Comores Télécom & TELCO


Au niveau opérationnel, se trouve l’opérateur historique – Comores Télécom – l’acteur visible
du secteur. Comores Télécom est une société à capitaux publics dont le périmètre d’action
va au-delà des missions classiques d’un simple opérateur de télécommunications.

Depuis 2004, année à laquelle fut opéré la scission de la SNPT – Société Nationale des
Postes et Télécommunications, créant ainsi Comores Télécom et la SNPSF, Comores
Télécom a développé un comportement d’indépendance par rapport aux pouvoirs publics
avec des pratiques de Gouvernance contraires au développement du secteur. Ce
comportement d’indépendance est caractérisé, entre autres, par le non-respect de la
règlementation, une large autonomie de gestion, en décidant des orientations politiques,
commerciales et des investissements, parfois sans aviser le Gouvernement. Ce pouvoir
d’initiative s’explique par la confiance que les Gouvernements successifs, ont toujours
placée aux dirigeants de la société et les rapports privilégiés entre les chefs d’Etat et les
Directeurs Généraux de Comores Télécom.

Depuis décembre 2016, avec l’introduction de concurrence, Comores Télécom face à


TELCO a infléchit ses positions en essayant de se conformer à la règlementation. C’est un
combat quotidien puisque, dès que les décisions du régulateur lui sont défavorables, c’est le
gouvernement qui s’érige en arbitre entre ANRTIC et Comores Télécom.

Pour tenter de réduire ce pouvoir, les pouvoirs publics ont tenté des initiatives volontaristes,
visant l’ouverture du marché à d’autres acteurs. Seulement, ces initiatives ont parfois été
engagées sans qu’il y ait des objectifs stratégiques clairement définis au point que, certaines
de ces décisions des autorités publiques, se sont soldées par des échecs.

4 – Comores Câbles

De son article 1er relatif au décret de création de Comores Câbles, on peut lire « il est créé
en Union des Comores une Société Nationale sous la forme d'une société anonyme
dénommée "Comores Câbles", ci-après la "Société", qui sera régie par l'Acte Uniforme
OHADA sur les sociétés commerciales et le groupement d'intérêt économique, les lois en
vigueur sur les sociétés à capitaux publics et par les présents statuts. Cette dénomination
pourra être modifiée par décision des actionnaires.

Quels sont les objectifs poursuivis par Comores Câbles :

De financer, détenir, établir, le cas échéant louer, exploiter et maintenir des réseaux de
communications électroniques. A ce titre, la Société pourra notamment :

 Financer, détenir, mettre en œuvre et exploiter la participation de l'Union des


Comores au câble Eassy et à tout autre consortium de câble sous-marin
international qui viendrait à raccorder l'Union des Comores. Conclure et exécuter les
Contrats de Construction et Maintenance définissant les conditions de cette
participation
 Financer, détenir, mettre en œuvre et exploiter les câbles sous-marins reliant les îles
autonomes de l'Union des Comores,
 Financer, détenir, construire, le cas échéant louer, exploiter et maintenir les stations
d'atterrissement des dispositifs de câbles sous-marins précités ainsi que tous les
locaux et équipements nécessaires requis pour leur fonctionnement et fourniture
d'accès et de capacités large bande à des opérateurs tiers
 De garantir l'accès ouvert aux réseaux qu'elle exploite et/ou aux capacités larges
bande disponibles sur ces réseaux à tout opérateur dûment autorisé aux Comores
conformément aux lois et règlements en vigueur.
 Toute entité qui satisfait les conditions énoncées ci-avant pourra, à sa demande, être
raccordée aux réseaux de la Société dans les conditions établies dans une Offre de
Référence de manière transparente et non discriminatoires par la Société
 Les actionnaires de la Société, ne sauraient selon le principe de non-discrimination
et d'accès ouvert, bénéficier d'avantages particuliers par rapport à tout acheteur
externe détenteur d'une licence ou d'une autorisation
 De commercialiser l'accès et les capacités large bande disponibles sur ses réseaux
ainsi que des prestations de raccordement, de colocation, d'hébergement à des prix
compétitifs et raisonnables eu égard aux coûts réels et conformément à la
réglementation en vigueur, à l'exclusion de la fourniture de réseaux ou de services
de télécommunications aux utilisateurs finals de ces services
 La Société pourra être chargée du déploiement, de l'exploitation et de la
commercialisation de réseaux de transport terrestres de télécommunications haut
débit, à l'exclusion de la fourniture de services de télécommunications aux
utilisateurs finals de ces services.
 Compte tenu de son objet, la Société devra se voir attribuer l'autorisation nécessaire
à l'exercice de son activité sur le marché des communications électroniques
conformément à la législation et à la réglementation en vigueur au sein de l'Union
des Comores.

5 – ANADEN - L’Agence Nationale de Développement du Numérique

L’Agence Nationale de Développement du Numérique (ANADEN) a comme mission


principale d’assurer le pilotage de la révolution numérique en s’appuyant sur la stratégie
nationale du numérique élaborée par un comité consultatif comorien en décembre 2018.
Le numérique est aujourd’hui incontournable pour transformer notre société et notre
économie nationale. L’ANADEN a ainsi la lourde responsabilité de matérialiser la
vision stratégique et de faire des Comores « une société de l’information à l’horizon
2028 ». Cette vision conduit à deux principaux objectifs.
Le premier est de dégager des gains de productivité et le deuxième est d’obtenir des
transformations sociales. Pour atteindre ses objectifs, l’agence s’appuie sur la force de trois
systèmes de valeurs : la conviction, la bienveillance et la confiance.

 Mettre en œuvre la stratégie "Comores Numérique 2028"


 Opérer la transformation numérique sur l'ensemble des secteurs 
 Mobiliser les ressources et établir des partenariats stratégiques
 Assurer la représentation du pays aux événements nationaux, régionaux et
internationaux 
 Assurer la gestion de l'informatique de l'Etat

6 - ACTIC – Association Comorienne des TIC

L’ACTIC est née d’un principe général qui voudrait que toute activité de caractère
régalienne ait également un contre-pouvoir émanant de la société civile. L’ACTIC est
avant tout une association régie par les dispositions de la loi LOI N° 86-006/AF DU
30 MAI 1986 relative au contrat d'association.

Parmi ces dispositions, on peut noter d’une part, l’impératif de déclarer précisément
l’objet de l’association, la structuration, les moyens de fonctionnement. D’autre part,
on définit les conditions d’adhésion et qualité de membre.

L’ACTIC est créé depuis plus de 10 ans et a su imposer sa marque de fabrique en


ayant en son sein, des membres très actifs et en organisant des activités à caractère
promotionnel et social du secteur.

L’ACTIC s’est toujours illustrée dans sa capacité à discerner et à analyser les


activités portant des enjeux pour le secteur notamment, les projets comme le
GATEWAY ou l’attribution de la licence de TWAMATELECOM. L’ACTIC agit de
façon permanente sur les décisions de l’ANRTIC notamment en ce qui concerne la
régulation des tarifs ou la qualité de service en vue de défendre les consommateurs.

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