Vous êtes sur la page 1sur 21

Droit des communications numériques –

Cours préparé par M. Bruno M. KEM CHEKEM, Dr. Ph.D. en droit privé, Chargé de Cours, FSJP-UDs

Introduction

I. L’intérêt du droit pour les professionnels des réseaux et télécoms


Le professionnel de l’internet des services et objets connectés a-t-il besoin de
connaitre le droit ? Le droit lui est-il d’une quelconque utilité dans l’exercice de sa
profession ? Il suffit pour répondre à ces interrogations de commencer par rappeler ce qu’est
le droit : c’est l’ensemble des règles qui régissent la vie des hommes en société. Il se dégage
de cette définition que le droit a vocation à régir presque toutes les activités de l’homme : il
commence d’abord par déterminer ce qui est permis et interdit, avant de prévoir ensuite les
sanctions applicables en cas de violation de ses prescriptions. L’activité numérique n’échappe
pas cette emprise du droit. En effet, la création, le traitement, la diffusion et le partage des
données numériques obéissent à des règles assorties de sanctions que tout professionnel doit
connaitre et respecter dans le cadre de l’exercice de son activité. D’où l’intérêt qu’il y a pour
lui d’en être informé afin de les maitriser, dans un contexte où le recours aux communications
numériques n’a de cesse de s’intensifier, tout en faisant naître de nouveaux types de risques.

II. La définition du droit des communications numériques


Le droit des communications numériques peut-être défini comme l’ensemble des
règles qui régissant et organisent les communications numériques. Mais qu’entend-on par
communication numérique ? Cette notion renvoie à toute forme d’échange communicatif
dont les messages sont véhiculés par des réseaux télématiques, c’est-à-dire basés sur la
combinaison de l’informatique et des télécommunications, du minitel à la téléphonie mobile,
en passant par l’internet. La communication numérique est donc le terme générique englobant
divers types de situations de communication interpersonnelle (privée ou publique, à but
commercial ou non) par courrier électronique, messagerie instantanée, forums, tchats,
plateformes de réseaux sociaux, blogs, sites web, etc….

III. Les caractères et les sources du droit des communications numériques


Le droit des communications numériques est une discipline dont l’un des principaux
caractères est d’emprunter tantôt au droit privé (droit civil, droit commercial, droit de la
propriété intellectuelle), tantôt au droit public (droit administratif, finances publiques…), et
même au droit pénal (répression des infractions relevant de la cybercriminalité).
Les règles juridiques qui forment le droit des communications numériques
proviennent de diverses sources à caractère international, régional et national.
Au niveau international, il existe l’Union Internationale des Télécommunications
(UIT) dont le Cameroun est membre. Cette organisation intergouvernementale technique de
coordination est chargée de la réglementation et de la planification des télécommunications
dans le monde. A cet effet, elle établit des normes à travers des règlements qu’elle adopte et
qui obligent tous les Etats-membres. Parmi ces règlements, l’on peut citer :
- le règlement des télécommunications internationales (RTI) adopté en 1988 et entré
en vigueur en 1990, qui organise la façon dont les pays relient entre eux toutes sortes de
réseaux d’information et de communication ;
1
Droit des communications numériques –
Cours préparé par M. Bruno M. KEM CHEKEM, Dr. Ph.D. en droit privé, Chargé de Cours, FSJP-UDs

- le règlement des radiocommunications.


Au niveau régional, le Cameroun fait partie de la CEMAC. Cette institution a le
pouvoir de prendre des textes appelés règlements dont toutes les dispositions sont
obligatoires et directement applicables dans chaque état-membre, avec une valeur supérieure
à celle de la loi. Parmi ces règlements, il y en a plusieurs qui ont un lien avec les
communications numériques. Il s’agit :
- du règlement no 03/16-CEMAC-UMAC-CM du 21 décembre 2016 relatif aux
systèmes, moyens et incidents de paiement, qui consacre certaines de ses dispositions à la
question de la protection des données personnelles.
- du règlement no 01/11-CEMAC-UMAC-CM du 18 septembre 2011 relatif à
l’exercice de l’activité d’émission de la monnaie électronique.
La CEMAC a également le pouvoir de prendre des actes appelés directives qui fixent
aux Etats-membres des objectifs à atteindre, tout en leur laissant la compétence quant au
choix de la forme et des moyens pour y parvenir. Il existe à ce jour plusieurs directives ayant
trait aux communications numériques, notamment :
- la directive no 09/08-UEAC-133-CM-18 du 19 décembre 2008 harmonisant les
régimes juridiques des activités de communications électroniques dans les Etats membres de
la CEMAC ;
- la directive no 07/08-UEAC-133-CM-18 du 19 décembre 2008 fixant le cadre
juridique de la protection des utilisateurs de réseaux et services de communications
électroniques au sein de la CEMAC ;
- la directive no 10/08-UEAC-133-CM-18 du 19 décembre 2008 harmonisant les
modalités d’établissement et de contrôle des tarifs de services de communications
électroniques au sein de la CEMAC.
Au niveau national, les règles qui régissent cette matière sont tirées non seulement
des lois et règlements, mais aussi de la jurisprudence, la doctrine et des usages. Il reste
cependant que les lois et les règlements constituent les sources principales du droit des
communications numériques au Cameroun. Ils sont élaborés en tenant compte des objectifs à
atteindre fixés par les directives de la CEMAC. Parmi les plus importants, on peut citer :
- la loi no 2010/013 du 21 décembre 2010 régissant les communications électroniques
au Cameroun, modifiée et complétée par la loi no 2015/006 du 20 avril 2015 ; ensemble ses
textes d’application notamment le décret no 2012/1638 du 14 juin 2012 fixant les modalités
d’établissement et/ou d’exploitation des réseaux et de fourniture de services de
communications électroniques soumis au régime de l’autorisation, le décret no 2012/1639 du
14 juin 2012 fixant les modalités de déclaration, ainsi que les conditions d’exploitation des
réseaux et installations soumis au régime de la déclaration, le décret no 2012/1640 du 14 juin
2012 fixant les conditions d’interconnexion, d’accès aux réseaux de communications
électroniques ouverts au public et de partage des infrastructures, l’arrêté no 05/Minpostel du
24 avril 2017 fixant les modalités d’obtention de l’agrément dans le domaine des
communications électroniques ;
- la loi no 2010/012 du 21 décembre 2010 relative à la cyber-sécurité et la
cybercriminalité au Cameroun ;
2
Droit des communications numériques –
Cours préparé par M. Bruno M. KEM CHEKEM, Dr. Ph.D. en droit privé, Chargé de Cours, FSJP-UDs

- la loi no 2010/021 du 21 décembre 2010 régissant le commerce électronique au


Cameroun ; ensemble son décret d’application no 2011/1521/PM du 15 juin 2011 ;
- la loi no 2015/012 du 16 juillet 2015 fixant le régime des jeux de divertissement,
d’argent et de hasard, ensemble son décret d’application no 2019/2300/PM du 18 juillet
2019 ;
- les décisions de l’ART.
Mais il faut dire que le droit camerounais des communications numériques reste
encore peu développé, certaines questions n’ayant pas jusqu’ici été réglementées. Il en est
ainsi des conditions de création d’un site internet, de certains aspects de la responsabilité en
la matière, etc.. Face à cette absence de réglementation, l’on est parfois obligé d’emprunter
aux règles en vigueur ailleurs pour résoudre les difficultés qui se présentent chez nous.

3
Droit des communications numériques –
Cours préparé par M. Bruno M. KEM CHEKEM, Dr. Ph.D. en droit privé, Chargé de Cours, FSJP-UDs

TITRE 1 : QUELQUES ASPECTS JURIDIQUES DE


L’ORGANISATION DE L’EXERCICE DES ACTIVITÉS DE
COMMUNICATION ÉLECTRONIQUE AU CAMEROUN

La charge de l’organisation du système des télécommunications incombe à l’Etat, qui


habituellement bénéficie de la collaboration des institutions internationales (UIT,
CEMAC…). Au Cameroun, le système des télécommunications repose sur certaines
institutions (Chapitre 1), chargées essentiellement de veiller à ce que l’exercice des activités
de communication électronique se fasse dans les conditions définies par les textes (Chapitre
2).

CHAPITRE 1 : LES INSTITUTIONS EN CHARGE DE L’ORGANISATION DES


ACTIVITÉS DE COMMUNICATION ÉLECTRONIQUE
Il s’agit pour l’essentiel du Ministère des postes et télécommunications (Section 1) et
des organes de régulation (Section 2).

Section 1. Le Ministère des postes et télécommunications (Minpostel)


Le Minpostel est le principal bras séculier de l’Etat en matière d’organisation du
système des télécommunications au Cameroun. Il est chargé de l’élaboration et de la mise en
œuvre de la politique du gouvernement en matière des postes, des télécommunications et des
technologies de l’information et de la communication. À ce titre, il :
- étudie, réalise ou fait réaliser les équipements et infrastructures correspondants à ces
secteurs ;
- assure le développement des TIC ainsi que des communications électroniques sous toutes
leurs formes, en liaison avec les administrations concernées ;
- assure la promotion des investissements dans le secteur en liaison avec le Minepat et les
organismes concernés ;
- assure ou fait assurer la formation du personnel de son secteur ;
- suit les activités des sociétés de télécommunications mobiles ou par satellites ;
- suit les activités liées au commerce électronique et les questions de cybersécurité et de
cybercriminalité, en liaison avec les administrations concernées ;
- élabore, analyse et tient les statistiques relatives aux domaines relevant de son secteur ;
- suit les activités des organismes de régulation intervenant dans son secteur de compétence ;
- assure la liaison entre le gouvernement et l’Union Postale Universelle (UPU), ainsi que
l’Union Internationale des Télécommunications (UIT), en liaison avec le Minrex ;
- exerce la tutelle sur l’Agence de Régulation des Télécommunications (ART), l’Agence
Nationale des Technologies de l’Information et de la Communication (ANTIC), la Cameroon
Postal Services (CAMPOST), et la Cameroon Telecommunications (Camtel) ;

4
Droit des communications numériques –
Cours préparé par M. Bruno M. KEM CHEKEM, Dr. Ph.D. en droit privé, Chargé de Cours, FSJP-UDs

- exerce en outre la tutelle technique sur l’Ecole Nationale des Postes et télécommunications
(ENSPT).

Section 2. Les organes de régulation


Les télécommunications font partie de ces secteurs économiques desquels l’Etat s’est
désengagé pour favoriser la libre concurrence. Mais la complexité et l’importance de ce
secteur sont telles que l’Etat ne pouvait pas aller jusqu’à l’abandonner à lui-même. Il se
devait au moins d’y garantir le libre jeu du marché, tout en veillant à ce qu’il existe toujours
un certain équilibre entre la concurrence et d’autres objectifs d’intérêt général déterminés par
le législateur. C’est en cela que consiste la régulation dont la charge a été confiée à des
organismes qualifiés « d’autorités de régulation », à savoir l’Agence de Régulation des
Télécommunications (§1) et l’Agence Nationale des Technologies de l’Information et de la
Communication (§2).

§1. L’Agence de Régulation des Télécommunications (ART)


Instituée par la loi no 2010/13 du 21 décembre 2010 régissant les communications
électroniques au Cameroun modifiée et complétée par la loi de 2015, et organisée par le
décret no 2012/203 du 20 avril 2012, l’ART est chargée de :
- veiller à l’application des textes législatifs et réglementaires en matière de
télécommunications et des TIC ;
- s’assurer que l’accès aux réseaux ouverts au public s’effectue dans des conditions
objectives, transparentes et non-discriminatoires ;
- garantir une concurrence saine et loyale dans le secteur des télécommunications et des TIC ;
- sanctionner les manquements des opérateurs à leurs obligations ainsi que les pratiques anti-
concurrentielles ;
- définir les principes devant régir la tarification des services fournis ;
- préparer les dossiers d’appels d’offres pour les concessions et les licences ;
- instruire les demandes de licence et préparer les décisions y afférentes ;
- instruire les dossiers d’homologation des équipements terminaux et de préparer les
décisions y afférentes ;
- délivrer les agréments ;
- délivrer formellement les récépissés de déclaration ;
- définir les conditions et les obligations d’interconnexion et de partage des infrastructures ;
- assurer l’assignation et le contrôle du spectre des fréquences ;
- établir et gérer le plan de numérotation ;
- assigner les ressources en adressage ;
- émettre un avis sur tout projet de texte à caractère législatif ou réglementaire en matière de
communications électroniques ;

5
Droit des communications numériques –
Cours préparé par M. Bruno M. KEM CHEKEM, Dr. Ph.D. en droit privé, Chargé de Cours, FSJP-UDs

- soumettre au gouvernement toute proposition ou recommandation, tendant à développer ou


à moderniser le secteur des télécommunications et des TIC ;
- exercer toute autre mission d’intérêt général que pourrait lui confier le gouvernement dans
son secteur de compétence ;
- garantir la protection des consommateurs.

§2. L’Agence Nationale des Technologies de l’Information et de la


Communication (ANTIC)
Créée par le décret no 2002/92 du 8 avril 2002 modifié et complété par le décret
no 2012/180 du 10 avril 2012, l’ANTIC est entre autres chargée de :
- la promotion et le suivi de l’action des pouvoirs publics en matière de TIC ;
- la régulation des activités de communications électroniques et des systèmes d’information,
ainsi que des ressources de nommage (noms de domaine en .cm) et d’adressage (les adresses
IP) ;
- la veille sécuritaire ;
- l’audit de sécurité ;
- la certification électronique.

CHAPITRE II : LES CONDITIONS D’EXERCICE DES ACTIVITÉS DE


COMMUNICATION ÉLECTRONIQUE

En fonction de leur nature, les activités de communication électronique sont soumises


à des régimes différents (Section 1). Mais indépendamment de leur nature, leur exercice est
soumis au respect de certaines exigences essentielles (Section 2).

Section 1. Les régimes des activités de communications électroniques


Suivant la directive CEMAC no 09/08-UEAC-133-CM-18 du 19 décembre 2008
harmonisant les régimes juridiques des activités de communications électroniques dans les
Etats membres de la CEMAC, la loi camerounaise de 2010 régissant les communications
électroniques telle que modifiée et complétée par celles de 2015 soumet les activités relevant
de ce secteur tantôt au régime de l’autorisation (§1), tantôt au régime de la déclaration (§2), et
tantôt au régime de la liberté (§3).

§1. Les activités soumises au régime de l’autorisation


Parler du régime de l’autorisation signifie que les activités concernées ne peuvent être
exercées qu’après avoir obtenu de l’autorité administrative un acte (un titre) habilitant à le
faire. L’autorisation peut prendre plusieurs variantes, et la loi camerounaise de 2015 distingue
à cet égard les activités relevant de la concession (A), de celles relevant la licence (B) et de
l’agrément (C). Les conditions détaillées d’octroi de ces diverses autorisations sont fixées par
le décret no 2012/1638 du 14 juin 2012 fixant les modalités d’établissement et/ou

6
Droit des communications numériques –
Cours préparé par M. Bruno M. KEM CHEKEM, Dr. Ph.D. en droit privé, Chargé de Cours, FSJP-UDs

d’exploitation des réseaux et de fourniture de services de communications électroniques


soumis au régime de l’autorisation.

A. Les activités relevant du régime de la concession


Aux termes de l’article 9 nouveau de la loi de 2015 en son premier alinéa, peuvent
faire l'objet d'une concession, en tout ou partie, à une ou plusieurs personnes morales de droit
public ou privé par des conventions fixant notamment les droits et obligations du bénéficiaire
de cette concession, les domaines de l'Etat ci-après :
- l'établissement et l'exploitation des réseaux de communications électroniques à couverture
nationale ouverts au public ;
- l'établissement et l'exploitation de réseaux de transport de communications électroniques.
La concession est attribuée à la suite d’un appel à concurrence à l’entreprise
adjudicataire, qui est celle ayant offert les meilleures garanties en termes de capacité de
financement et de réalisation du projet, des perspectives d’exploitation du service, de la
clientèle potentielle, et de l’intérêt du projet pour le public (art. 28 décret no 2012/1638). Elle
est subordonnée au respect du cahier des charges annexé à la convention. La convention de
concession et le cahier des charges une fois négociés, sont signés entre l’Etat représenté par
les ministres en charge des télécommunications et des finances d’une part, et le
concessionnaire d’autre part. Ils doivent ensuite être approuvés par le Président de la
République. Le titulaire de la concession est assujetti au paiement d’une contrepartie
financière, de redevances et contributions dont les modalités sont précisées dans ladite
convention. La concession ne confère aucun droit d’exclusivité à son titulaire. Elle lui est
attribuée à titre personnel et toujours pour une durée déterminée, susceptible de
renouvellement à la demande de son titulaire adressée à l’ART, au plus tard deux ans avant sa
date d’expiration.

B. Les activités relevant du régime de la licence


D’après l’article 10 alinéa 1 nouveau de la loi de 2015, La licence est délivrée à toute
personne physique ou morale pour établir et exploiter notamment :
- tout service support ;
- les réseaux radioélectriques ouverts au public dans une ou plusieurs localités, à l'exception
de ceux visés à l'article 9 ci-dessus ;
- les réseaux privés indépendants à l'exclusion de ceux visés à l'article 16 ci- dessous ;
- les réseaux temporaires ;
- les réseaux expérimentaux ;
- les réseaux de collecte et/ou de distribution, en vue de la fourniture au public de service de
communications électroniques ;
- les réseaux de communications électroniques ouverts au public dans les zones rurales ;
- les réseaux virtuels ouverts au public ;
- les infrastructures passives en support aux réseaux de communications électroniques.

7
Droit des communications numériques –
Cours préparé par M. Bruno M. KEM CHEKEM, Dr. Ph.D. en droit privé, Chargé de Cours, FSJP-UDs

Certaines de ces activités relèvent de la licence de 1re catégorie, tandis que d’autres
ressortissent de la licence de 2e catégorie (v. art. 36 et 37 du décret no 2012/1638 du 14 juin
2012 susvisé).
L’article 13 de la loi de 2010 place également dans le régime de la licence, les
activités de communications électroniques menées sur le territoire national par les institutions
étrangères et les organismes jouissant de la personnalité de droit international, sauf
stipulation contraire des accords signés et ratifiés par le Cameroun.
Dans tous les cas, les dossiers de demande de licence dont le décret no 2012/1638 du
14 juin 2012 fixe la composition (v. art. 38 et 39) doivent être adressées à l’ART qui doit
procéder à leur instruction dans les délais requis. Si ses conclusions sont favorables, l’Agence
invite le demandeur à payer les droits (d’entrée ou de renouvellement). Le justificatif de ce
paiement est joint au dossier assorti d’un cahier des charges et transmis au Minpostel pour
délivrance formelle de la licence. Les licences sont accordées pour une durée maximum de 05
ans renouvelables. Elles peuvent faire l’objet de modifications par décision de l’Agence, une
licence n’étant délivrée que pour des services, un réseau, des appareils, des stations et des
lieux bien déterminés. La licence délivrée est subordonnée au respect d’un cahier de charges,
et le titulaire de la licence peut fournir au public les services à valeur ajoutée liés à sa licence.

C. Les activités relevant du régime de l’agrément


Aux termes de l’article 14 alinéa 1 nouveau de la loi de 2015, sont soumis à
l'obtention d'un agrément (Pour les conditions de son obtention, v. l’arrêté no 05/Minpostel du
24 avril 2017 fixant les modalités d’obtention de l’agrément dans le domaine des
communications électroniques):
- l'activité d'installateur des équipements et infrastructures des communications électroniques
;
- les laboratoires d'essai et mesures des équipements des communications électroniques ;
- la vente des équipements de communications électroniques.
En faisant une comparaison avec l’article 14 ancien de la loi de 2010, l’on peut
observer que n’entre plus dans ce régime, l’homologation des équipements terminaux qui
sont destinés à être raccordés à un réseau public de communications électroniques. Dans son
nouvel article 56, la loi de 2015 prévoit désormais que « les équipements de communications
électroniques et les installations radioélectriques, qu'elles soient destinées ou non à être
connectées aux réseaux de communications électroniques ouverts au public, sont soumis à
homologation, dans les conditions prévues par la présente loi ». L’homologation apparait
ainsi comme une 4e variante du régime de l’autorisation.
L’octroi de l’agrément relève des prérogatives de l’ART. Le dossier de demande
d’agrément (v. art. 4 arrêté précité pour les pièces) doit y être déposé contre récépissé et la
décision de l’Agence doit en principe intervenir dans un délai maximum de 60 jours à
compter de la date de dépôt. L’agrément est accordé pour une durée de 03 ans renouvelable.

8
Droit des communications numériques –
Cours préparé par M. Bruno M. KEM CHEKEM, Dr. Ph.D. en droit privé, Chargé de Cours, FSJP-UDs

§2. Les activités soumises au régime de la déclaration


Le régime de la déclaration est plus souple que celui de l’autorisation, dans la mesure
où il est simplement attendu du professionnel souhaitant exercer l’une des activités visées
qu’il porte simplement certaines informations à la connaissance de l’autorité de régulation,
qui doit accuser réception de son dossier de déclaration contre délivrance d’un récépissé.
C’est dire que l’obtention du récépissé suffit en principe pour exercer ces activités déclarées.
Toutefois, l’autorité de régulation peut s’opposer à leur exercice si elle est convaincue que
l’entreprise n’a pas la capacité technique ou financière pour faire face durablement aux
exigences essentielles, ou à d’autres exigences d’intérêt public précisées dans la
réglementation nationale. Cette opposition doit être dûment motivée et notifiée par écrit à
l’entreprise concernée.
Les activités soumises au régime de la déclaration préalable contre récépissé sont
énumérées à l’article 15 alinéa 1 de la loi de 2010. Il s’agit de :
- la fourniture au public des services à valeur ajoutée ;
- la fourniture au public du service internet ;
- la revente du trafic téléphonique ;
- tout service de communications électroniques à partir des terminaux de systèmes globaux de
communication par satellite (GMPCS) ;
- l’utilisation d’une liaison louée de capacité supérieure à 10 mégabits par seconde.
À ces activités, l’article 16 de la même loi ajoute l’établissement :
- des réseaux privés internes ;
- des réseaux privés indépendants autres que radioélectriques dont les points de terminaison
sont distants de moins de 300 mètres et dont les liaisons ont une capacité inférieure à 10
mégabits par seconde ;
- des installations radioélectriques exclusivement composées d’appareils de faible puissance
et de faible portée, dont les catégories sont déterminées par l’administration chargée des
télécommunications.
Pourtant, la directive CEMAC de 2008 harmonisant les régimes juridiques des
activités de communications électroniques, dans son article 14, invite les Etats-membres à
veiller à ce que ne puissent être soumises à déclaration que deux activités à savoir, la
fourniture de service internet et la fourniture de services à valeur ajoutée. L’on voit bien que
la liste des activités relevant de la déclaration telle définie par le législateur camerounais est
plus large que celle prescrite par ce texte communautaire.
Du décret no 2012/1639 du 14 juin 2012 fixant les modalités de déclaration, ainsi que
les conditions d’exploitation des réseaux et installations soumis au régime de la déclaration, il
ressort que le récépissé de déclaration est délivré dans un délai de 30 jours à compter du
dépôt du dossier, et ce, pour une durée de 05 ans renouvelable.

9
Droit des communications numériques –
Cours préparé par M. Bruno M. KEM CHEKEM, Dr. Ph.D. en droit privé, Chargé de Cours, FSJP-UDs

§3. Les activités soumises au régime de liberté


D’après l’article 18 de la loi de 2010, suivant en cela l’article 17 de la directive
CEMAC, toutes les activités de communications électroniques qui ne sont pas expressément
soumises aux régimes de l’autorisation ou de la déclaration sont libres, sous réserve du
respect de certaines exigences essentielles communes à toutes.

Section 2. Les exigences essentielles en matière de communications


électroniques
Il ressort de l’article 3 al. 1 de la loi de 2010 que l’établissement et l’exploitation des
réseaux ainsi la fourniture des services de communications électroniques sont soumis au
respect de certaines exigences essentielles. L’al. 2 du même article ajoute que ces dernières
sont des exigences nécessaires pour garantir dans l’intérêt général : la sécurité des usagers et
du personnel exploitant les réseaux de communications électroniques, la protection des
réseaux et notamment des échanges d’informations de commande et de gestion qui y sont
associés, la bonne utilisation du spectre radioélectrique, l’interopérabilité des réseaux et celle
des équipements terminaux, ainsi que la protection des données personnelles, le respect des
limites d’exposition au rayonnement électromagnétique….Il convient de s’attarder ici sur
l’utilisation du spectre des fréquences (§1) et l’interopérabilité qui s’inscrit plus largement
dans le cadre de la collaboration entre opérateurs (§2).

§1. La bonne utilisation du spectre de fréquences


Les services de communications numériques utilisent un ensemble d’ondes
radioélectriques porteuses des signaux appelé spectre de fréquences, ces dernières faisant
partie des ressources dites « rares ». En raison de cette rareté, leur gestion rationnelle et
optimale suppose une coordination visant à éviter des brouillages préjudiciables aux
différents utilisateurs. À l’échelle mondiale, l’UIT procède à une répartition des spectres de
fréquences par région. Le spectre de fréquences attribué à une région fait à son tour l’objet
d’une répartition par pays : En Afrique, cette répartition régionale est opérée par les soins de
l’UAT. La gestion du spectre de fréquences octroyé à chaque pays relève en principe de la
compétence de l’Etat. Il ressort ainsi de l’article 6 al. 1 nouveau de la loi de 2015 que la
gestion du spectre des fréquences et des positions orbitales nationales relève du domaine
exclusif de l’Etat et ne peut faire l’objet de concession. L’article 37 al. 2 de la loi de 2010
précise que l’Administration chargée des Télécommunications assure pour le compte de
l’Etat, la gestion du spectre des fréquences (…), et qu’à ce titre, elle a pour mission générale
de coordonner, de planifier, de contrôler et d’optimiser l’utilisation dudit spectre des
fréquences suivant les besoins nationaux et conformément aux dispositions de la convention,
de la constitution et du règlement des radiocommunications de l’UIT, ainsi que des autres
traités internationaux pertinents. Schématiquement, il ressort de cette loi et du décret
no 2013/0396 du 27 février 2013 fixant les modalités d’exploitation et de contrôle de
l’utilisation des fréquences radioélectriques, que la gestion nationale du spectre des
fréquences se fait à deux niveaux :

10
Droit des communications numériques –
Cours préparé par M. Bruno M. KEM CHEKEM, Dr. Ph.D. en droit privé, Chargé de Cours, FSJP-UDs

Le premier niveau de gestion désigné attribution des bandes de fréquences, est assuré
par l’Etat lui-même : il consiste dans la répartition des bandes de fréquences disponibles en
fonction des services de radiocommunication qui les utilisent (terrestre, aéronautique,
maritime, fixe, mobile, etc…). Cette répartition qui incombe au Comité Interministériel
d’Attribution des Bandes des Fréquences (CIABAF), placé sous l’autorité du ministère des
télécommunications, figure dans le tableau d’attribution des bandes de fréquences.
Le second niveau de gestion désigné assignation des bandes de fréquences est confié
à l’ART : il consiste à accorder, conformément au tableau d’attribution des bandes de
fréquences, le droit d’utiliser une ou plusieurs fréquences déterminées aux personnes qui en
font la demande. En d’autres termes, assigner des fréquences revient à réserver, à affecter
leur utilisation à une personne déterminée. Il en résulte que celui qui utilise une fréquence
sans posséder une autorisation nécessaire enfreint la loi et s’expose à des sanctions diverses
(not. pénales, v. art. 86 loi 2010). Les demandes de fréquences ou de bandes de fréquences
doivent être adressées à l’ART. Une fois les fréquences accordées, leur utilisation est soumise
au paiement d’une redevance déterminée par voie réglementaire. L’ART dispose en plus du
pouvoir de contrôle de l’utilisation des fréquences, en vue de s’assurer notamment du respect
des conditions de leur utilisation et de l’exploitation des stations de radiocommunication, de
la qualité des émissions radioélectriques, de l’utilisation rationnelle du spectre et de la
conformité administrative et technique des installations (art. 60 décret 2013 précité).

§2. La coopération entre opérateurs


La loi exige des opérateurs du secteur des communications électroniques une certaine
coopération en vue de la satisfaction des besoins des utilisateurs. Cette coopération découle
essentiellement de deux obligations prévues par la loi de 2010 et dont les modalités sont
détaillées dans le décret no 2012/1640 du 14 juin 2012 fixant les conditions d’interconnexion,
d’accès aux réseaux de communications électroniques ouverts au public et de partage des
infrastructures : il s’agit de l’obligation d’interconnexion (A) et de l’obligation de partage des
infrastructures (B).

A. L’obligation d’interconnexion
L’interconnexion désigne « le raccordement des différents réseaux de
télécommunications entre eux, afin de permettre à l’ensemble des utilisateurs de
communiquer librement », ou bien d’accéder aux services fournis par un autre opérateur. Elle
fait l’objet d’une obligation prévue par les art. 42 (1) de la loi de 2010 et 12 du décret
no 2012/1640 suscité en ces termes : « Les opérateurs des réseaux de communications
électroniques ouverts au public, titulaires d’une concession, sont tenus de faire droit, dans
des conditions objectives, transparentes et non-discriminatoires, aux demandes
d’interconnexion et d’accès au réseau de tout opérateur de services de communication
électronique ouvert au public, titulaire d’une concession, d’une licence ou d’un récépissé de
déclaration ». L’opérateur destinataire d’une demande d’interconnexion ou d’accès au réseau
dispose d’un délai de 60 jours pour y donner suite : il ne peut s’agir en principe que d’une
réponse favorable, ouvrant la voie à des négociations entre les parties, qui doivent aboutir à la

11
Droit des communications numériques –
Cours préparé par M. Bruno M. KEM CHEKEM, Dr. Ph.D. en droit privé, Chargé de Cours, FSJP-UDs

conclusion d’une convention de droit privé entre elles, précisant les conditions techniques,
financières et administratives de l’opération. Une demande d’interconnexion ou d’accès au
réseau ne peut être refusée que si elle est justifiée au regard d’une part des besoins du
demandeur, et d’autre part, les capacités de l’opérateur destinataire à les satisfaire. En cas de
silence de l’opérateur destinataire au-delà du délai imparti pour donner suite à la demande, ou
de refus d’interconnexion ou d’accès au réseau, l’ART peut être saisie. Celle-ci peut
demander, au besoin, sous peine de pénalités par jour de retard, que l’interconnexion ou
l’accès soit réalisé immédiatement en attendant la conclusion d’une convention
d’interconnexion ou d’accès, si elle estime urgent d’agir afin de préserver la concurrence et
de protéger les intérêts des utilisateurs.

B. L’obligation de partage des infrastructures


Pour l’installation de son réseau, un opérateur peut utiliser l’infrastructure appartenant
à un autre opérateur de réseau de communications électroniques ou à un concessionnaire de
service public. À cet effet, il doit adresser une demande écrite de partage des infrastructures à
l’opérateur propriétaire de l’infrastructure. Ce dernier est tenu de lui répondre dans un délai
maximum de 60 jours à compter de la date de dépôt, sauf prorogation pour une durée
identique lorsque le site dont le partage est sollicité est occupé par d’autres utilisateurs et que
le propriétaire doit les consulter pour éviter des difficultés techniques ultérieures dans
l’exécution du contrat. La demande de partage d’infrastructures ne peut être refusée, si elle ne
crée aucune perturbation ou autre difficulté technique, au regard du bon fonctionnement du
réseau et de la bonne exploitation du service. L’ART peut être saisi en cas de refus, ou si
l’opérateur propriétaire de l’infrastructure ne répond pas à la demande dans les délais prévus.
L’accord sur le partage d’infrastructures fait l’objet d’un contrat de droit privé entre les
parties à soumettre au visa de l’ART qui peut exiger sa révision afin de garantir l’accès
équitable et la concurrence loyale.

12
Droit des communications numériques –
Cours préparé par M. Bruno M. KEM CHEKEM, Dr. Ph.D. en droit privé, Chargé de Cours, FSJP-UDs

TITRE 2 : QUELQUES ASPECTS JURIDIQUES DU


COMMERCE ÉLECTRONIQUE

Le commerce électronique est défini comme « une activité économique par laquelle
une personne effectue ou assure par voie électronique la fourniture des biens et services ».
Les services visés dans cette définition incluent « la fourniture des informations en ligne, des
communications sociales, des outils de recherche, d’accès et de récupération des données,
d’accès à un réseau de communication ou d’hébergement d’informations, même s’ils ne sont
pas rémunérés par ceux qui les reçoivent ». La loi donne ainsi au commerce électronique une
définition large en y intégrant même des prestations gratuites. Quoiqu’il en soit, le commerce
électronique est principalement et avant tout une activité commerciale : en tant que tel, il est
soumis à de nombreuses règles régissant l’activité commerciale en général (concernant par
exemple les choses pouvant faire l’objet du commerce, la protection de la concurrence, la
protection du consommateur) et les contrats (relatives notamment aux conditions générales de
validité du contrat, à son exécution). Mais il s’agit d’un commerce particulier, dans la mesure
où il se fait à distance à travers l’utilisation des technologies de la communication qui
modèlent les étapes de la conclusion et de l’exécution des contrats. Ainsi, l’échange des
consentements des parties, la livraison, le paiement demeurent des opérations classiques du
commerce, mais ont lieu à distance. Du fait de ces particularités, le besoin s’est fait sentir
d’élaborer un droit spécifique au commerce électronique afin de renforcer la protection du
consommateur. Au Cameroun, le principal texte en la matière est la loi n o 2010/021 du 21
décembre 2010 régissant le commerce électronique ; ensemble son décret d’application no
2011/1521/PM du 15 juin 2011. Il faut dire que le commerce électronique met en œuvre non
seulement les relations entre professionnels et consommateurs (B to C), mais aussi entre
professionnels (B to B) ou entre consommateurs (C to C).
Si les textes susvisés organisent le régime général du commerce électronique
(Chapitre 1), l’activité des jeux en ligne, elle, est en plus soumise à quelques règles
particulières (Chapitre 2).

CHAPITRE I : LE RÉGIME GÉNÉRAL DU COMMERCE


ÉLECTRONIQUE

Qui dit e-commerce, dit boutique virtuelle et donc un site internet qu’il faut créer
(Section 1) et exploiter (Section 2) en respectant les exigences légales.

Section 1. Le cadre juridique de la création d’un site de commerce


électronique
Il ressort de l’art. 3 (1) de la loi de 2010 régissant le commerce électronique que
l’exercice de cette activité est en principe libre 1. Il en découle qu’en principe, la création d’un

1
Certaines activités sont cependant interdites du commerce électronique : c’est le cas par exemple des activités
liées à la diffusion des contenus se rapportant à la pornographie infantile.
13
Droit des communications numériques –
Cours préparé par M. Bruno M. KEM CHEKEM, Dr. Ph.D. en droit privé, Chargé de Cours, FSJP-UDs

site de commerce électronique est libre 2. Pour autant, celui qui souhaite créer un site de e-
commerce doit faire face à quelques contraintes liées notamment à l’obtention du nom de
domaine (§1) et à la conclusion de certains contrats (§2).
§1. L’obtention d’un nom de domaine
Un site internet est déterminée par deux adresses : une adresse numérique unique
(Ex. : 192.51.3.20) et un nom de domaine. Ce dernier est l’adresse internet permettant de
trouver un site sur le web. Précédé d’un préfixe (www.), le nom de domaine est constitué
d’une chaine de caractères (ex. jumia) et d’une extension (ex. .cm ; .fr ; .org). Le « .cm » est
le code d’identification du Cameroun sur internet et le registre des noms de domaine en
« .cm » est tenu par l’ANTIC. Pour enregistrer un nom de domaine en « .cm », que l’on soit
un national ou un étranger, une personne physique ou morale, il convient de faire une
demande à l’un des 14 bureaux d’enregistrement agrées par l’ANTIC, en y joignant les
éléments exigés à savoir le justificatif de paiement des frais. L’enregistrement d’un nom de
domaine obéit au principe « premier demandeur-premier servi » prescrit par la Charte de
nommage de l’ANTIC. Ce principe signifie que « c’est le premier à solliciter
l’enregistrement d’un nom de domaine lambda qui doit l’obtenir ». Il en résulte que
préalablement à l’enregistrement, le rôle du bureau d’enregistrement se limite à vérifier qu’il
n’existe pas déjà un nom de domaine identique à celui dont l’attribution est sollicitée. Si c’est
le cas et surtout lorsque le demandeur envisage d’exercer une activité identique à celle de la
précédente entreprise, il devient nécessaire pour lui de modifier le nom de domaine qu’il
souhaitait se voir attribuer. Le contrôle vise également à s’assurer que le nom de domaine
dont l’enregistrement est demandé n’a pas de connotation malveillante ou illicite, y compris
dans leur transcription dans les langues nationales (v. art.13 charte de nommage de l’ANTIC
qui interdit notamment les noms manifestement contraires à l’ordre public et aux bonnes
mœurs, les noms qui expriment la haine raciale et ethnique).

§2. La conclusion de certains contrats


Une fois le nom de domaine obtenu, l’on peut envisager la mise en place du site. Il
s’agit d’une opération complexe qui nécessite les interventions successives de plusieurs
personnes avec qui le porteur de projet doit conclure divers contrats. Suivant l’ordre des
choses, on peut distinguer les contrats d’opérationnalisation du site (A) de ceux ayant pour
objet d’assurer sa promotion (B).

A. Les contrats d’opérationnalisation du site


L’opérationnalisation d’un site passe par sa réalisation et son hébergement, un contrat
devant être conclu pour chacun de ces services. On examinera donc le contrat de conception
(1) et le contrat d’hébergement du site (2).

2
Il faut préciser qu’il existe deux types de sites commerciaux : le site de vente directe créé par une entreprise
qui propose l’achat des produits et services, et les sites qui regroupent les fournisseurs de produits dans un
espace électronique appelé galerie marchande virtuelle.
14
Droit des communications numériques –
Cours préparé par M. Bruno M. KEM CHEKEM, Dr. Ph.D. en droit privé, Chargé de Cours, FSJP-UDs

1. Le contrat de réalisation du site


C’est un contrat conclu entre le porteur de projet (le client) et un professionnel qui a
les compétences techniques et artistiques pour élaborer et mettre en place un site internet. Le
client définit ses besoins, collabore à la réalisation de l’ouvrage. Il fournit également
l’essentiel des informations et des données qui vont figurer sur le site, en veillant au respect
des droits d’auteur conformément au droit de la propriété intellectuelle (not. en cas
d’utilisation de photos, logos, logiciels, base de données…). Le professionnel procède à
l’analyse des besoins du client et à la description de toutes les fonctionnalités. Il arrive très
souvent que le site contienne des créations graphiques ou sonores qui sont le fruit de son
propre génie artistique. Dans ce cas, pour que le client qui va exploiter le site puisse les
utiliser valablement, il faut prévoir dans le contrat qu’il y’a cession du droit de représentation
dans leur exploitation.
Le professionnel qui réalise un site pour une personne dont l’activité consistera à
éditer un service de communications électroniques, ne doit pas oublier de faire figurer sur sa
page d’accueil, comme l’exige la loi, certaines informations obligatoires. Il s’agit d’après
l’art. 37 de la loi de 2010 relative à la cyber-sécurité et à la cybercriminalité :
- du nom de celle-ci, son prénom, domicile et numéro de téléphone et, si elle est
assujettie aux formalités d’inscription au RCCM, le numéro d’inscription, s’il s’agit d’une
personne physique ; de sa dénomination ou raison sociale, son siège social, numéro de
téléphone, et si elle est assujettie aux formalités d’inscription au RCCM, le numéro
d’inscription, son capital social, l’adresse de son siège social, s’il s’agit d’une personne
morale ;
- du nom du directeur ou du codirecteur de publication et, le cas échéant, celui du
responsable de la rédaction ;
- du nom, de la dénomination ou raison sociale, l’adresse et le numéro de téléphone du
prestataire mentionné aux articles 33 et 34 (il s’agit de l’hébergeur).
Il ne doit non plus oublier s’agissant de certains sites, notamment ceux destinés à
diffuser des contenus à caractère pornographique, de mettre en place des dispositifs de
contrôle d’accès, visant à empêcher aux mineurs d’entrer en contact avec de tels contenus.

Une fois le site créé, il faut passer un contrat concernant son hébergement.

2. Le contrat d’hébergement du site


C’est un contrat par lequel une entreprise s’engage à stocker les données d’un site sur
des serveurs informatiques sécurisés, afin d’en faciliter l’accès aux internautes sur le réseau.
Il peut arriver que l’entreprise qui a réalisé le site, se voit également confier le rôle
d’hébergeur. En aucune façon, les deux rôles ne doivent être confondus. Ainsi, l’hébergeur se
charge de l’accueil du site sur ses machines et son accès au réseau par le public. Il assume
aussi des obligations d’ordre technique telles la maintenance et la mise à jour du site. Il peut
aussi être chargé d’assurer des prestations à caractère commercial comme le suivi statistique
ou le suivi promotionnel du site. Il importe dès lors que l’étendue des obligations de

15
Droit des communications numériques –
Cours préparé par M. Bruno M. KEM CHEKEM, Dr. Ph.D. en droit privé, Chargé de Cours, FSJP-UDs

l’hébergeur soit définie avec précision dans le contrat, ce d’autant plus que le prix à payer en
contrepartie en dépend. Le contrat d’hébergement est assimilé au contrat de bail.

B. Les contrats de promotion du site


Dès qu’un site existe, il faut le faire connaitre du public, afin d’inciter le plus grand
nombre possible de personnes à le visiter. En plus de la publicité traditionnelle, divers
contrats spécifiques au monde électronique permettent de favoriser la fréquentation du site : il
s’agit notamment du contrat de référencement (1) et du contrat d’affiliation (2).

1. Le contrat de référencement
C’est un contrat passé avec un moteur de recherche et visant à inscrire le site sur une
base de données qui reprend, comme dans une sorte d’annuaire, les coordonnées du site en
les indexant avec des mots clés. Ainsi, le site référencé est proposé à la consultation de
manière préférentielle chaque fois que dans le moteur de recherche, un usager saisit un mot
qui est sélectionné par le client comme un mot devant conduire vers son site. Ce site est alors
signalé de manière différente (sur le côté ou en tête des réponses). Le contrat de
référencement est assimilé au contrat de courtage.

2. Le contrat d’affiliation
C’est un contrat de partenariat commercial qui a pour objet de placer sur un site
internet (partenaire affilié) un lien hypertexte permettant d’accéder à un site marchand
(partenaire affilieur). Ce type de relation repose sur l’existence d’un rapport entre le thème du
site affilié et la nature des produits ou services offerts par le site affilieur. En contrepartie du
service de promotion qu’il rend, l’entreprise affiliée reçoit une rémunération calculée en
fonction soit du nombre de visites qu’il génère sur le site de l’affilieur, soit du nombre de
formulaires (demande d’information, inscription à une newsletter) complétés par les
internautes dirigés vers l’affilieur par l’affilié, soit encore du nombre ou du montant des
transactions commerciales effectivement conclus avec des internautes dirigés vers l’affilieur
par l’affilié. Les parties doivent s’entendre sur l’outil qui enregistrera ces données, afin
d’éviter toute contestation. Le mode de calcul ainsi que les modalités de paiement de cette
rémunération sont évidemment à préciser dans le contrat. Ce dernier doit également prévoir
les obligations de l’affilié.

Section 2. Le cadre juridique de l’exploitation d’un site de commerce


électronique
L’exploitation d’un site de commerce électronique soulève des préoccupations liées
notamment à la réglementation de la publicité par voie électronique (§1), au contrat entre le
commerçant et le consommateur internaute (§2), à la sécurité des transactions électroniques
(§3) et à la protection des données personnelles (§4).

§1. La publicité par voie électronique


Deux questions retiendront particulièrement notre attention ici : il s’agit de savoir en
premier lieu si la publicité est libre sur internet (A) ; et en second lieu, s’il est permis de faire
des offres commerciales par courrier électronique (B).
16
Droit des communications numériques –
Cours préparé par M. Bruno M. KEM CHEKEM, Dr. Ph.D. en droit privé, Chargé de Cours, FSJP-UDs

A. La publicité en ligne
Il faut d’emblée préciser que la publicité des certains produits et services est interdite :
il s’agit notamment de produits illégaux ou interdits de commerce, et même de certains
produits et services qui ne le sont pas3. Pour le reste, la publicité est en principe libre, et
exceptionnellement encadrée lorsqu’elle porte sur certains produits. Dans tous les cas où elle
est possible, la loi exige de toute publicité accessible par un service en ligne l’identification
de la personne physique ou morale pour le compte de laquelle elle est faite. La loi interdit en
plus toute publicité trompeuse.
Les produits dont la publicité est soumise à un certain encadrement sont ceux dont
l’abus est dangereux pour la santé : il s’agit essentiellement des boissons alcoolisées, du tabac
et des médicaments (Cf. loi no 2006/018 du 29 déc. 2006 régissant la publicité au Cameroun).
La publicité trompeuse est interdite par les articles 81(d) de la loi no 2015/018 du 21
déc. 2015 régissant l’activité commerciale au Cameroun. Elle y est définie comme celle qui
notamment :
- comporte sous quelque forme que ce soit, des affirmations, indications ou représentations
fausses ou susceptibles d’induire en erreur sur l’identité, la quantité, le prix, la disponibilité
ou les caractéristiques d’un service ou d’un produit portant notamment sur sa composition, sa
fabrication, son utilité, son origine commerciale ou géographique, le service après-vente,
l’étendue ou la durée de la garantie attachée audit produit ;
- comporte des éléments susceptibles de créer la confusion avec un autre vendeur, ses
produits, ses services ou son activité ;
- porte sur une offre déterminée de produits ou de services alors que le commerçant ne
dispose pas de stocks suffisants de produits ou ne peut assurer les services qui doivent
normalement être prévus par référence à l'ampleur de la publicité ;
- refuse au consommateur le droit de résilier le contrat si une ou plusieurs obligations mises à
sa charge ne sont pas remplies ;
- modifie unilatéralement le délai de livraison d’un produit ou le délai d’exécution d’un
service;
- menace le consommateur de rupture de la relation contractuelle au seul motif qu’il refuse de
se soumettre à des conditions commerciales nouvelles ou inéquitables.
Il faut noter que le caractère trompeur de la publicité peut aussi résulter d’une
omission. En effet, l’art. 37 de la directive CEMAC du 22 mars 2019 harmonisant la
protection du consommateur au sein de la zone, interdit tout message publicitaire qui omet
une information portant sur un ou plusieurs éléments mentionnés à l’article 35 4 et qui, de ce
fait, induit ou est susceptible d’induire le consommateur en erreur.

3
C’est le cas des armes à feu et des explosifs de toute nature, ou de tout autre instrument ou produit susceptible
de causer la mort ou de porter atteinte à l’intégrité physique des personnes humaines, des services fournis par les
établissements funéraires et les pompes funèbres, etc……
4
Les éléments mentionnés concernent notamment l’existence, l’identité ou la nature du bien ou du service, leurs
caractéristiques principales, l’étendue des engagements de l’opérateur économique et des droits du
consommateur, le prix et le mode de son calcul, les modalités de son paiement, de livraison, etc…..
17
Droit des communications numériques –
Cours préparé par M. Bruno M. KEM CHEKEM, Dr. Ph.D. en droit privé, Chargé de Cours, FSJP-UDs

L’art. 98 al. 1 (d) 3e tiret de cette loi régissant l’activité commerciale punit ces
comportements constitutifs de publicité mensongère des peines de l’art. 314 CP, alors qu’en
même temps, l’art. 56 de la loi de 2006 régissant la publicité les punit plutôt des peines de
l’art. 240 CP.

B. L’offre commerciale par courrier électronique


La loi de 2010 régissant le commerce électronique interdit la prospection directe au
moyen d’un automate d’appel, d’un télécopieur ou d’un courrier électronique utilisant, sous
quelque forme que ce soit, les coordonnées d’une personne physique ou morale qui n’a pas
exprimé son consentement préalable à recevoir des prospections directes par ce moyen. Dans
le même sens, l’art. 85 de la loi de 2015 régissant l’activité commerciale classe parmi les
pratiques commerciales interdites jugées « agressives », le fait de se livrer à des sollicitations
non souhaitées par téléphone, télécopieur, courrier électronique ou tout autre outil de
communication à distance. En lisant ces dispositions, l’on pense à la pratique du
« spamming » qui consiste à envoyer en masse des courriers vers des milliers de boites aux
lettres électroniques. D’ailleurs, le fait d’envoyer directement une offre commerciale dans la
boite aux lettres d’un internaute est assimilé au démarchage à domicile, qui est une pratique
également interdite.
En outre, est interdite la pratique de l’offre qui propose par e-mail l’acquisition d’un
bien en indiquant que faute pour le consommateur de répondre dans un certain délai, son
silence équivaudra à une acceptation conduisant à la livraison. En l’absence de commande, le
consommateur n’est pas tenu d’accepter. Face à cette pratique qualifiée d’« envoi forcé », il
ne doit rien payer : il peut conserver l’objet envoyé, mais doit le tenir à la disposition de
l’expéditeur qui peut venir le chercher.
§2. Le contrat entre le e-commerçant et le consommateur
Le contrat électronique est un contrat conclu à distance. S’applique alors la
réglementation propre à ce type de contrat : il s’agit des art. 9 à 29 de la loi de 2010 régissant
le commerce électronique et 64 à 73 de la directive CEMAC du 22 mars 2019. Ces textes
imposent d’une part des obligations spécifiques au fournisseur en ligne (A) et reconnait
d’autre part des droits tout aussi particuliers au consommateur internaute (B).

A. Les obligations du fournisseur en ligne


Selon la réglementation (art. 15 de la loi de 2010), le vendeur doit, avant la conclusion
du contrat, fournir au consommateur de manière claire et compréhensible certaines
informations à savoir : l’identité, l’adresse et le téléphone du vendeur ou du prestataire des
services ; une description complète des différentes étapes d’exécution de la transaction ; la
nature, les caractéristiques et le prix du produit ; le coût de livraison et, le cas échéant, les
tarifs d’assurance du produit et les taxes exigées ; la durée de validation de l’offre du produit
aux prix fixés ; les conditions de garantie commerciales et du service après-vente ; les
modalités et les procédures de paiement et, le cas échéant, les conditions de crédit proposées
; les modalités et les délais de livraison, l’exécution du contrat et les résultats de
l’inexécution des engagements ; la possibilité de rétractation et son délai ; le mode de
18
Droit des communications numériques –
Cours préparé par M. Bruno M. KEM CHEKEM, Dr. Ph.D. en droit privé, Chargé de Cours, FSJP-UDs

confirmation de la com mande ;le mode de retour du produit, d’échange ou de


remboursement ; le coût d’utilisation des moyens de télécommunication lorsqu’ils sont
calculés sur une autre base que les tarifs en vigueur ;les conditions de résiliation du contrat
lorsque celui-ci est conclu à durée indéterminée ou à une durée supérieure à un (1) an ; la
durée minimale du contrat pour les contrats portant sur la fourniture, à long terme ou
périodiquement, d’un produit ou d’un service. Les informations ci-dessus doivent être
fournies par voie électronique et mises à la disposition du consommateur pour consultation à
tous les stades de la transaction.
Le vendeur doit aussi, avant la conclusion du contrat, permettre au consommateur de
vérifier le détail de sa commande et son prix total, et de corriger d’éventuelles erreurs avant
de confirmer celle-ci pour exprimer son acceptation. Il doit accuser réception sans délai et
par voie électronique de la commande qui lui est ainsi adressée. Lorsque le contrat est ainsi
conclu, le vendeur doit transmettre un exemplaire du contrat au consommateur, dans un
délai de 15 jours ouvrables suivant la date de sa conclusion, de façon à garantir que le
consommateur puisse aisément le conserver ou l’imprimer sur support papier. La loi
reconnait à l’écrit électronique une valeur égale à celle de l’écrit papier. Lorsque le contrat
conclu par voie électronique porte sur une somme égale ou supérieure à 20.000 F, le
vendeur doit conserver l’écrit qui le constate pendant un délai de 10 ans, tout en garantissant
à tout moment, l’accès au cocontractant si celui-ci en fait la demande.
En outre, il est interdit au vendeur de délivrer un produit non commandé par le
consommateur, en l’assortissant d’une demande de paiement. Dans ce cas, le consommateur
n’est tenu ni de payer le prix du produit livré, ni de le restituer.

B. Les droits du consommateur internaute


Le consommateur internaute dispose de nombreux droits, notamment :
- le droit à l’information : l’on vient de voir que fournir certaines informations est une
obligation pour le fournisseur en ligne. Du côté du consommateur, il s’agit d’un droit.
- le droit de rétractation : c’est le droit reconnu au consommateur de renoncer au contrat. En
effet, le consommateur internaute dispose d’un délai de 15 jours ouvrables à compter de la
date de leur réception pour les marchandises, et de conclusion du contrat pour les services,
pour se rétracter sans indication de motif et sans pénalité. Ce délai passe à trois (03) mois si
le fournisseur électronique n’a pas satisfait à ses obligations d’information. La rétractation
peut lui être notifiée par voie électronique ou par tout autre support durable. En cas de
rétractation, le produit livré doit être retourné au fournisseur et les frais y afférant sont à la
charge de l’acheteur. À l’inverse, le fournisseur doit rembourser à ce dernier les sommes
perçus dans les 15 jours à compter de la date de retour des marchandises ou de la
renonciation au service5. Il convient toutefois de préciser que le droit de rétractation ne
s’applique pas à certains produits : il s’agit notamment les produits confectionnés selon des
caractéristiques personnalisées, des produits qui ne peuvent être réexpédiés ou susceptibles

5
Le refus du vendeur de rembourser lesdites sommes est sanctionné pénalement : emprisonnement de 6 mois à
1 an et une amende de 300.000 à 3.000.000 F ou de l’une de ces deux peines seulement, v. art. 21 al 3 décret du
15 juin 2011.
19
Droit des communications numériques –
Cours préparé par M. Bruno M. KEM CHEKEM, Dr. Ph.D. en droit privé, Chargé de Cours, FSJP-UDs

d’être détériorés ou périmés à cause l’expiration des délais de validité, des enregistrements
audio, vidéo ou des logiciels débarrassés de leur emballage, des journaux et magazines.

- la protection à la livraison : le produit livré au consommateur doit être conforme à sa


commande et la livraison doit être faite au plus tard dans un délai de 15 jours à compter de la
date de conclusion du contrat, sauf clause contraire. À défaut, dans l’un comme dans l’autre
cas, le consommateur peut, dans un délai de 15 jours à compter de la livraison restitué le
produit en l’état, contre remboursement des sommes versées dans un délai de 15 jours à
compter de la date de restitution. Le vendeur doit en outre réparer le préjudice que sa
défaillance a causé au consommateur.

Si le vendeur ne peut exécuter la livraison du fait de l’indisponibilité du produit ou du


service commandé, il doit informer le client au moins 24 h avant la date de livraison prévue
dans le contrat et lui offrir la possibilité d’être remboursé des sommes éventuellement
versées. Ce remboursement doit se faire dans les meilleurs délais. Le vendeur peut aussi
proposer un produit identique à un prix équivalent si cette possibilité a été envisagée dans le
contrat lors de sa conclusion.

§3. La sécurité des transactions du commerce électronique


La sécurité des transactions est l’un des principaux défis du commerce électronique.
L’enjeu est d’offrir aux acteurs de ce secteur des moyens leur permettant de s’assurer de
l’identité des émetteurs des messages qu’ils reçoivent et d’en vérifier l’intégrité. Dans cette
perspective, la loi autorise le recours au certificat et à la signature électronique. Ce sont des
moyens électroniques permettent de créer et de se sécuriser une signature, conçus à partir soit
de la technique du chiffrement ou de cryptographie asymétrique, soit des procédés
biométriques (empreinte digitale ou données de balayage de la rétine). Ils sont délivrés par
une autorité de certification qui tient un registre à cet effet.
Les transactions électroniques riment en général avec le paiement en ligne,
notamment au moyen d’une carte bancaire. Or ce mode de paiement n’est pas sans danger, au
moins si l’on admet que le numéro de la carte peut être intercepté sur internet et utilisé par
une personne autre que le titulaire du compte. Mais ce risque a pu être maitrisé dans la
mesure où les banques ont développé de très efficaces moyens de contrôle qui permettent de
garantir la sécurisation des paiements.

§4. La protection des données personnelles


Les relations commerciales amènent généralement les clients à communiquer aux
vendeurs certaines informations personnelles parfois confidentielles. L’essor du numérique a
donné une envergure particulière à la collecte, au stockage et à l’utilisation de ce genre
d’informations qualifiées de « données personnelles » ou « données à caractère personnel ».
Il s’agit de « toute information relative à une personne physique identifiée ou identifiable,
directement ou indirectement, notamment par référence à un numéro d’identification ou à un
ou plusieurs éléments, propre à son état civil et à son identité physique ou biométrique ».
Sont habituellement considérées comme telles : les nom et prénoms, date et lieu de naissance,
numéro de sécurité sociale, numéro de CNI, numéro de passeport, numéro de compte, adresse
20
Droit des communications numériques –
Cours préparé par M. Bruno M. KEM CHEKEM, Dr. Ph.D. en droit privé, Chargé de Cours, FSJP-UDs

physique et courriel, numéro de téléphone, numéro de carte bancaire, données biométriques


comme les empreintes digitales et ADN, etc…Les sites Web, les entreprises commerciales,
les structures de santé et autres détiennent très souvent ces informations sous forme
numérique. Parce qu’elles relèvent de la vie privée et que toute personne a droit au respect de
sa vie privée, la question de la protection des données personnelles s’est très vite posée : il
s’agit non seulement de préserver leur confidentialité, mais aussi d’éviter leur usage à des
fins non-désirées par le client. Pour ce faire, la loi interdit au professionnel de collecter les
données à caractère personnel sans le consentement de la personne concernée. Elle lui impose
aussi de prendre des mesures garantissant leur confidentialité et la sécurité de leurs
traitements. La loi exige en outre du professionnel faire figurer sur son site web certaines
mentions légales y relatives, accessibles à partir de la page d’accueil. Ces mentions visent à
informer l’internaute de manière claire et précise notamment sur :
 l’identité du responsable de traitement ou le cas échéant de son représentant ;
 la nature des informations susceptibles d’être collectées et à quelles fins elles seront
utilisées ;
 la durée de leur conservation ;
 la possibilité d’exercer ses droits relativement à ses données personnelles : en vertu
de l’art. 76 et 77 de la directive CEMAC fixant le cadre juridique de la protection des droits
des utilisateurs des réseaux et services de communications électroniques, le consommateur
doit être informé qu’il a le droit :
- de s’opposer au traitement ou à la communication à un tiers des données à caractère
personnel le concernant (droit d’opposition);
- de demander des informations sur le traitement de ses données à caractère personnel
(droit à l’information) ;
- d’obtenir l’accès aux données à caractère personnel détenus à son sujet (droit
d’accès);
- de demander que les données à caractère personnel inexactes, incorrectes ou
incomplètes soient corrigées (droit de rectification) ;
- de demander que les données à caractère personnel soient effacées ou détruites
lorsqu’elles ne sont plus nécessaires ou si leur traitement est illicite (droit d’effacement) ;
- d’exercer les recours en cas de dommage lié au traitement illicite des données à
caractère personnel le concernant (droit de recours).

21

Vous aimerez peut-être aussi