J A N V I E R 2 0 2 3 I N U M E R O 0 2

La société
civile Partenaire
des droits humains

Salim Soulaimana Page 37-40

La bonne manière de marquer mon existence est de
militer dans le syndicalisme

Histoire La CNDHL en action

Convention relative aux droits Les activités de la Commission
des personnes handicapées : en promotion et protection des
Une histoire du « handicap » droits humains
Page 22-23 Page 24-31
 Editorial
4 Pour une société civile partenaire
des droits humains

7 Présentation de nos
commissaires
Madame Justine Emma Razafiarisoa
Commissaire représentant les
associations de défense des droits de
l’enfant et de la femme
Vice-présidente de la Commission 24-31
Nationale des Droits de l’Homme et
des Libertés
Revue de presse
8-13 Les dernières actualités de l’Union 32-33
des Comores en droits humains et en
genre 34-36
•Société : Infanticide à Anjouan
•Société : Abandon de nouveaux-nés
•Justice : Deux anciens détenus graciés
par le président
•Justice : Procès sur la citoyenneté
économique
14-21 Dossier thématique :
La société civile 37-40
• Quelques notions préalables sur la
société civile
• La société civile comorienne.
Des structures traditionnelles en éveil
face à des OSC en perte de repères
• La société civile comorienne.
Ces associations modèles à succès
La CNDHL en action
Les activités de la Commission en
promotion et protection des droits
humains
Agenda
Partenaires
Un regard sur les acteurs en droits
humains et en genre en Union des
Comores
Les activités de la direction en charge
de la Jeunesse
« Faire de le jeunesse le fer de lance de
l’Emergence »
Personnalité inspirante :
L’entretien du magazine
Monsieur Salim Soulaimana « La bonne
manière de marquer mon existence est
de militer dans le syndicalisme »

22-23 Histoire
Convention relative aux droits des
personnes handicapées : Une histoire
du « handicap »
 Editorial
Pour une société civile
partenaire des droits
humains
J
econsidère,avectoute
la sincérité qui a tou-
jours été mienne, qu’il
convient de poser la
question urgente et nécessaire
du rôle, des droits, des devoirs,
de la société civile, convaincue
que le débat qui en résulterait,
s’il pouvait avoir la franchise qu’il
mérite, serait une contribution
importante à la cohésion sociale
que toute la Nation appelle de ses
vœux. Car il ne fait aucun doute
que le sujet suscite des passions.
Beaucoup conviendraient qu’il
aurait été commode de l’éviter,
mais l’évitement n’a jamais été
une de mes valeurs. J’ouvrirai
donc, dans ce numéro, cette
boîte de Pandore, persuadée de
nous conduire vers une meilleure
construction commune, participa-
tive, inclusive, d’une société plus
4 égalitaire, et plus respectueuse
des droits humains, gage de paix
et de cohésion sociale.
Mais tout d’abord, qu’est-ce
que la société civile ? Je ne me
hasarderais pas à en donner une
définition personnelle, et propos-
erais plutôt de prendre connais-
sance de celle du Haut-Commis-
sariat aux Droits de l’Homme qui
décrit « les acteurs de la société
civile comme les individus et les
groupes qui s’investissent volon-
tairement – sous forme d’actions
et de participations publiques –
dans des intérêts, des objectifs
ou des valeurs partagés qui sont
compatibles avec les buts des
Nations Unies : le maintien de la
paix et de la sécurité, la réalisation
du développement, et la promo-
tion et le respect des droits de
l’homme ».
Investissement volontaire,
donc. Actions ; participations
publiques. Pour quels buts ? Main-
tenir la paix et la sécurité ; réaliser
le développement ; promouvoir
et faire respecter les droits de l’
omme. A cette définition, s’ajoute
une autre qu’il nous faut présent-
er, sans l’éviter, afin que le débat
trouve tout son sens. C’est celle
d’ordre public que nous traiterons
plus en détail dans la prochaine
édition de ce magazine. J’évoque-
rai ici, pour inviter à la réflexion,
le vingt-neuvième article de la
Déclaration Universelle des Droits
de l’Homme qui dit, en son alinéa
2 que « Dans l’exercice de ses
droits et dans la jouissance de
ses libertés, chacun n’est soumis
qu’aux limitations établies par la loi
exclusivement en vue d’assurer la
reconnaissance et le respect des
droits et libertés d’autrui et afin
de satisfaire aux justes exigences
de la morale, de l’ordre public et
du bien-être général dans une
société démocratique ».
Éduquer
Notre rôle est d’éduquer, de
conscientiser, de promouvoir une
culture des droits humains. Je ne
parlerai donc pas de légitimité.
J’appellerais simplement toutes
les parties prenantes à davan-
tage de retenue, à davantage
de dialogue, et je confirme la
disponibilité de notre institution
pour faciliter ces échanges utiles.
Je crois avec modestie qu’il est
important que les forces vives de
notre Nation, dans leurs préroga-
tives respectives, s’accordent sur
les champs d’action de la société
civile et les notions d’ordre public.
Mais de façon non arbitraire. Je
fais donc le plaidoyer pour que
les acteurs concernés soutien-
nent nos efforts dans ce sens.
Ainsi ce magazine traitera plus
en profondeur dans son dossier
thématique de la société civile,
dans deux numéros : celui-ci, et
le prochain, compte tenu de la
complexité du sujet et de tout ce
que nous aimerions présenter. La
rubrique « Partenaires » a mené
une enquête au sein du Ministère
de la jeunesse, et plus précisément
de la Direction de la jeunesse,
sur la vision que le Ministère a
sur la société civile. La Politique
Nationale de la Jeunesse est par
ailleurs présentée synthétique-
ment dans cette rubrique.
La personnalité inspirante
proposée pour ce magazine est
Salim Soulaimana, syndicaliste
connu pour son militantisme, qui
partagera avec nous son par-
cours et ses valeurs. La revue
de presse traite de l’actualité de
ces deux derniers mois, et s’arrête
plus longuement sur la crise de 5
Mbéni et le procès sur la citoy-
enneté économique, et dont le
traitement a par ailleurs entraîné
un retard dans la publication de
cette édition – nous nous en ex-
cusons.
Je vous souhaite une très
bonne lecture et vous donne
rendez-vous pour la prochaine
Décembre 2022 I Numéro 02
édition que nous consacrerons
à d’autres aspects de cette so-
ciété civile, véritable partenaire
des droits humains de notre pays.
Et clôturant cette édition dans
les derniers jours de l’année 2022,
je saisis cette occasion pour vous
adresser à toutes et à tous mes
meilleurs vœux pour la nouvelle
année 2023, souhaitant qu’elle
nous rapproche davantage de cet
objectif qui est le nôtre : renforcer
une culture des droits humains,
ainsi que la cohésion sociale, en
Union des Comores.
 Nous présenterons dans cette rubrique les Commissaires qui composent la Commission Nationale des Droits de l’Homme et des
Libertés. Pour cette édition consacrée à la société civile, il nous est apparu pertinent de dresser le portrait de madame Justine Emma
Ce magazine est le résultat de la collaboration entre la Commission Nationale des Droits de Razafiarisoa, Commissaire représentant la société civile au sein de l’institution.
l’Homme et des Libertés de l’Union des Comores et EarthEcho Communications, organisation
à but non lucratif de coopération internationale qui fait de la communication pour le dévelop-
pement et la transformation sociale son principal domaine d’intervention et d’expertise.
Madame

Directrice de la publication
Sittou Raghadat Mohamed
Présidente de la Commission
Justine Emma
Razafiarisoa
Commissaire représentant les associations
Assistance et conseil
de rédaction de défense des droits de l’enfant et de la
Natidja Adabi Soilihi
femme. Vice-présidente de la Commission
Journaliste à Al-Watwan Nationale des Droits de l’Homme et des
Libertés
Nilda Ali M’foungoulie

Nationale des Droits de l’Homme
et des Libertés
Comité de rédaction
Rédacteur en chef
Kader Irchad Barry
Chargé de projet Gouvernance,
Genre et Développement à
EarthEcho Communications
Rédactrice en chef adjointe
Hana Haidar
Chargée de communication de la
6 Commission Nationale des Droits
de l’Homme et des Libertés
Anis Ibrahim
Chef du service des plaintes à la
Commission Nationale des Droits
de l’Homme et des Libertés
E
Présidente de ViaDuQ
nseignante de for-
Correction mation, Madame
Justine Emma
Said Abdulhalim Mohamed Razafiarisoa a
Elamine quitté sa fonction en 2004, dans
Enseignant l’objectif de défendre les droits
Emma Deschamps, de l’enfant et de la femme, au
Officier de projet à EarthEcho poste de Directrice Générale
Communications Adjointe des Affaires Sociales
chargée de la promotion de la
Collaborations spéciales femme et de la protection de
l’enfant. Après 3 ans d’exercice
Kamaleddine Saindou dans l’ile autonome de Ngazidja,
pour le dossier thématique « le Mdjidjengo », elle fut nom- 7
Ancien journaliste et leader mée en 2007, au sein de l’Union
de la société civile des Comores, notamment au
Ministère de la Justice, comme
Natidja Adabi Soilihi Responsable chargée des Droits
pour le dossier thématique de l’enfant et de la femme à la
Journaliste à Al-Watwan Délégation Générale des Droits
de l’Homme, où elle assura l’in-
Gorka Gamarra térim du Délégué Général aux
pour le dossier histoire Droits de l’Homme et au Droit
Directeur International Humanitaire de

Janvier 2023 I Numéro 02

(EarthEchoCommunications) 2008 à 2011.

Rapporteur
général
En 2012, suite à sa nomina-
Contacts tion en tant que membre de
Commission Nationale la Commission Nationale des
des Droits de l’Homme et Droits de l’Homme et des Lib-
des Libertés de l’Union des ertés, elle a été élue Rapporteur
Comores Général par ses pairs pour un
Quartier Coulée-Maahad mandat de cinq ans.
Tél : (+269) 779 97 31 Même si le mandat de la
773 97 32 / 773 97 33
CNDHL a pris fin, elle a assuré
Email : hakika@cndhl.km
bénévolement la mission de
point focal de la CNDHL, auprès
du Réseau des Institutions Na-
tionales Africaines des droits
de l’Homme pour que l’Union
des Comores soit au fait des
actualités relatives aux droits
de l’Homme dans la région.
En 2018, le deuxième man-
dat a été mis en place et cette
fois-ci, elle représente les asso-
ciations de défense des droits
de l’enfant et de la femme. Elle
a été choisie pour ses com-
pétences, son expérience et
son dynamisme en matière de
défense des droits de l’enfant
et de la femme, mais surtout
pour son militantisme en tant
que Secrétaire Générale de
l’ONG HIFADHU.
La prénommée « Madame
Emma », plébiscitée par ses
pairs, est aujourd’hui Vice-prés-
idente de la CNDHL.

Revue de presse
L’actualité du dernier bimestre a été marquée par des faits d’abandons de nouveaux nés et d’infanticides, ainsi que par les
altercations à Mbéni. Au moment où nous clôturions l’édition, démarrait le procès sur la citoyenneté économique que la revue de
presse a souhaité couvrir. Nous vous présentons cette revue de presse tirée principalement des articles publiés dans les journaux Al-
Watwan et La Gazette des Comores.
Infanticide à Anjouan
D
ans son article
du 26 septem-
bre paru dans
Al-watwan,
Sardou Moussa dénonce un
acte d’infanticide. « C’est la
8 deuxième fois en trois mois
dans l’île de Ndzuani qu’une
mère assassine son enfant et
la jette ». Le 9 juin dernier, le
cadavre d’un nouveau-né avait
Abandon de nouveaux-nés
C’est finalement devenu
un « fléau en croissance à
Ndzuani », dénonce toujours
Sardou Moussa sur les lignes du
quotidien Al-watwan dans son
article du 13 octobre dernier. «
Les actes d’abandon de nou-
veau-nés et d’infanticides ont
progressé de façon inquiétante
dans l’île de Ndzuani. L’on se
rappelle que le 23 septembre
dernier, le cadavre d’un bébé
a été retrouvé emballé dans un
sachet en plastique, dans une
déchèterie à Domoni, par un
Les dernières actualités de l’Union des
Comores en droits humains et en genre
Société
été trouvé sur la grève, au bord
de la mer, à Mromuhuli, une
localité de la région de Sima,
voisine de Chitsangachel, «
le village qui avait vu naitre
le bébé », a-t-il expliqué en
chapeau de son article. Dans sa
dénonciation des faits, le jour-
naliste a rapporté les propos
de la directrice de la solidarité
et de la promotion du genre à
groupe d’enfants qui jouaient
à côté », se devait-il d’indiquer
dans son article. L’auteur fait
savoir que « la semaine dernière,
à Mromaji, une localité de la
région de Domoni sur l’île de
Ndzuani, une nouveau-née a
été retrouvée dans une fosse,
déposée-là par sa propre
mère ». Il invite à se réjouir du
fait qu’« elle en a heureusement
été sortie vivante, et a depuis
été adoptée par un couple du
même village qui a du mal à
avoir des enfants ».
Ndzuani Sittina-Echat Salim,
selon qui « alors qu’un groupe
d’enfants s’amusaient autour
du dépotoir, l’un remarque un
sachet noir gonflé. Sa curiosité
infantile l’emmène à le prendre
et à l’ouvrir. Il y découvrira le
corps inerte d’un nourrisson
de sexe féminin. Jusqu’à main-
tenant, l’on ne sait pas qui est
la mère, ni qui l’a jeté ».
L’auteur explique claire-
ment que la « mère a quant à
elle été arrêtée ; elle se trouve
depuis en détention préven-
tive au pénitencier de Koki »,
avant de relayer les propos d’un
villageois qui a témoigné qu’«
après avoir déposé le nourrisson
dans le fossé, la mère aurait
éprouvé des remords et dès
que les passants ont entendu
les pleurs, et remonté l’enfant
du trou, elle se serait aussitôt
dénoncée ».
Altercations à Mbeni
L
a presse du mois
d’octobre a été
secouée par les
événements à
Mbeni du 12 octobre dernier.
Dans son article du 18 octobre
dernier paru dans Al-watwan,
Abdou Moustoifa a titré sur «
plusieurs habitants toujours
maintenus en détention ». L’au-
teur explique que « le docteur
Ben Djabir Mbaé Hamidou et un
autre infirmier du centre hos-
pitalier de Mbeni se trouvaient
encore entre les mains de la
gendarmerie. La divulgation
de l’état de santé des patients
blessés lors des affrontements
du mercredi serait la cause de
l’interpellation de ce jeune mé-
decin très actif sur les réseaux.
La violation présumée du se-
cret médical serait l’enjeu de
ces auditions, selon d’autres
sources ». Abdou Moustoifa a
relayé les propos des habitants
qui dénoncent “la destruction
de leurs biens par certains élé-
ments des forces de l’ordre
déployés dans la ville ».
Intervention critiquée
L’intervention des forces de
l’ordre est cependant critiquée.
L’arrêté ministériel à l’origine de
ces altercations est donc quali-
fié d’« arrêté de la discorde », par
Faiza Soule Youssouf dans son
article paru sur Al-watwan le 18
octobre dernier. Cette dernière
relaye l’argumentation du juriste
Mohamed Rafsandjani pour qui,
« cet arrêté n’a pas de fonde-
ment légal. On parle de liberté
religieuse. C’est la liberté de
pratiquer son culte. Pour régle-
menter une telle liberté, il faut
la loi ou des exigences d’ordre
public. L’arrêté ne vise aucune
loi et ne mentionne pas l’ordre
public ». Sur le même sujet, And-
jouza Abouheir dans son article
paru dans La Gazette des Co-
Justice
mores le 18 octobre, a indiqué
que « pour les juristes, l’arrêté
est contestable ». Selon l’autrice,
« les avis des juristes divergent
concernant l’arrêté ministériel
interdisant les célébrations du
Maoulid dans la journée. Cer-
tains fustigent un arrêté qui
n’est fondé sur aucune base
légale et exécuté en dehors des
procédures. D’autres estiment
que l’administration a parfaite-
ment le droit de réglementer,
par arrêté ou note circulaire
les activités publiques mais la
sanction n’est visée nulle part ».
Le juriste Mohamed Raf-
sandjani a tenu sur La Gazette
des Comores les mêmes propos
que ceux relayés par la journal-
iste Faiza Soulé Youssouf sur
Al-watwan ajoutant comme l’a
rapporté Andjouza Abouheir
que « quand bien même, on
devait faire comme si cet arrêté
était légal, ceux qui l’auraient
violé ne sont que des contrev-
enants. On les sanctionne par
une amende s’il le faut, ou on
engage des procédures mais
on n’utilise pas la force armée.
Légal
Ainsi, notre armée viole
comme d’habitude la loi relative
à l’AND même celle qui prévoit
comme mission la sauvegarde
de la population ».
Et de relayer l’argumenta-
tion de Me Fahami Said Ibrahim
pour qui, «il s’agit d’un arrêté
qui relève du domaine régle-
mentaire. L’administration a
parfaitement le droit de régle-
menter par un arrêté qui n’est
pas prévu par un texte. L’arrêté
se réfère de manière vague aux
règlements en vigueur en Union
des Comores. Mais de quelle
loi il s’agit ? La sanction n’est
visée nulle part. Les mesures
qui ont été prises à l’encontre
des contrevenants ont été sans
contestation possible, plutôt
disproportionnées par rapport à 9
la violation d’un acte purement
administratif ».
Réaction
Ces actes ont suscité la
réaction de l’opposition et de la
société civile qui « condamnent
l’usage disproportionné de la
force », selon l’édition du lundi
Janvier 2023 I Numéro 02
17 octobre de La Gazette des
Comores. La journaliste rap-
porte l’indignation du parti Ulezi
à travers son secrétaire général
Natuk Mouzaoir qui déclare ne
pas comprendre qu’à chaque
intervention dans une localité,
elle utilise automatiquement des
« balles réelles » pour tuer. « Qui
donne l’ordre de tirer ? N’y a-t-
il pas une graduation dans les
interventions ou elle a changé
de doctrine ? Notre institution
n’est-elle pas dotée d’armes de
dispersion et dissuasion des
 Revue de presse
foules ? », s’est-il interrogé. De
son côté, le président de la CNT
Mouigni Baraka Said Soilihi s’in-
terroge sur le mobile recherché.
à lui, parle d’une agression di-
rigée non seulement contre
la ville de Mbeni, mais aussi et
surtout contre les comoriens
savoir que « nous sommes en Justice
Deux anciens détenus
train de rassembler les éléments
qui ont causé ces violences ex-
trêmes. Dans les deux camps,

graciés par le président

Et d’avancer : « cela fait plus
de 20 ans que la ville de Mbeni
célèbre le Maoulid à 16 heures.
Le fait de prendre un arrêté spé-
cialement pour viser la ville de
Mbeni, je pense que c’est un
acte vraiment irresponsable.
Cela démontre que ces gens
ne se soucient ni du pays, ni
de ses habitants. Un dialogue
inter-comorien et transparent
entre les comoriens est notre
seule solution. Tous ces actes
laissent place à la haine ».
Toujours selon l’article
d’Andjouza Abouheir, « le front
commun des forces vives quant
10
». Elle rapporte que selon eux,
« tous ces dérapages, toutes
ces bavures, tous ces crimes
et cette manière de gouverner
sont inacceptables, nous les
condamnons sans réserve. Que
les auteurs de ces actes, ces
crimes odieux sachent qu’ils
auront un jour à rendre des
comptes devant la justice ».
La présidente de la Com-
mission Nationale des Droits
de l’Homme et des Libertés,
Madame Sittou Raghadat Mo-
hamed, a été interrogée par la
journaliste de La Gazette des
Comores. Cette dernière a fait
il y a de la responsabilité mais
nous en parlerons dans les pro-
chains jours ».
Dérapages
Dans un autre article paru
dans Al-watwan le 26 octobre
dernier, soit près de deux se-
maines après les altercations
dans la localité de Mbeni chef-
lieu de la région de Hamahamet,
Abdou Moustoifa a indiqué que
« seize personnes (étaient)
poursuivies pour rébellion pré-
sumée ». « Selon leur avocat, Me
Fahardine Mohamed, seuls trois
prévenus se trouvent dehors
bien qu’ils soient placés sous
contrôle judiciaire.
Parmi eux, deux médecins
poursuivis pour diffusion de
fausses informations. Pour l’heu-
re, aucune information judiciaire
concernant les dégâts causés
par les forces armées n’a en
revanche été ouverte », a-t-il
annoncé dans son article indi-
quant que selon Me Fahardine
«la sanction prévue par la loi, 11

notamment le code pénal est
une amende qui ne dépasse pas
30.000 fc », indique toujours
Abdou Moustoifa alors qu’il
La Commission Nationale des Droits de l’Homme et des transcrivait les propos avancés
Libertés conformément à la loi de sa mise en place est
habilitée à : « Entreprendre des enquêtes, notamment
par l’avocat des victimes Me
Fahardine Mohamed lors d’un
sur des questions systémiques et adresser aux autorités
concernées des recommandations sur des mesures visant à
point de presse tenu le lundi
24 octobre ».
renforcer la protection et la culture des droits de l’homme. »
C’est dans cet esprit que la CNDHL a suivi l’affaire de Mbéni Dans la même affaire, And-
«
Deux anciens déte-
nus graciés par le
président », a ainsi
titré Al-watwan dans
son édition du lundi 24 octobre
dernier. Selon l’auteur, les décrets
présidentiels N 22-088/PR et N
22-087/PR en date du samedi
22 octobre, « statuent la mise
damnées pour des faits d’at-
teinte à la sûreté de l’Etat ou
à des actes de déstabilisation,
ont déjà bénéficié, depuis mai Etre satisfait
2019, de la grâce présidentielle.
De son côté, Andjouza de la grâce qui
Abouheir du quotidien privé La
gazette des Comores, a titré sur
vient d’être
« Abdallah Agwa “gracié”. La accordée à

Janvier 2023 I Numéro 02

afin de porter un regard sur la situation et se renseigner
davantage sur les faits avérés. La CNDHL a ainsi pris
jouza Abouheir raconte que « 12
personnes placées en détention
en liberté d’Abdallah Abdou
Hassane alias Agwa et Salim
journaliste a indiqué en chapeau
de son article que « condamné son client se
l’initiative d’aller vers le Corps médical du Centre Hospitalier
National El Marouf en premier lieu et vers celui de Mbeni
provisoire […] sont poursuivies
pour cinq chefs d’accusations,
Said Ali alias Merna ». L’auteur,
a rapporté les déclarations faites
à 5 ans de prison dont 4 fermes
pour atteinte à la sécurité pub-
réjouissant
où la délégation a été reçue par les Directeurs Généraux
qui ont livré leurs versions des faits. Très préoccupée par
à savoir incendie volontaire de par l’avocat d’Abdallah Abdou lique, l’ancien responsable de la qu’il aura
l’intervention des forces de l’ordre dans la ville de Mbeni,
la Présidente de la CNDHL a saisi le Commandant de la
maisons d’habitation et d’autres
édifices, destruction de biens,
Hassane, Me Ibrahim Mzimba,
qui estime « être satisfait de la
radio La Baraka FM a été gracié
de la totalité de la peine par le maintenant
Gendarmerie Nationale pour avoir plus d’explications sur association de malfaiteurs, op-
position à l’autorité du régime
grâce qui vient d’être accordée à
son client se réjouissant qu’il ait
président de la République ». Et
de souligner que « Salim Said
la possibilité
leur intervention et les accusations perpétrées par la masse
populaire sur l’utilisation des balles réelles. et rébellion ». Elle précise par maintenant la possibilité d’aller Ali Merna était condamné à une d’aller se
La CNDHL rappelle que l’affrontement est improductif,
et recommande aux acteurs étatiques et non étatiques le
ailleurs que «90 personnes ont
été libérées après leur garde à
se faire soigner librement ».
Le journaliste a rapporté que
peine d’emprisonnement de 7ans
ferme par la cour de sûreté de
faire soigner
dialogue, gage de cohésion sociale, tout en demandant à
chaque partie de respecter ses droits et ses obligations. vue au camp militaire de M’dé ». l’ancien détenu n’a pas souhaité
s’exprimer, avant de rappeler
l’Etat, à l’issue de ses audiences
de mars 2022 tenues au tribunal
librement
que plus de 17 personnes, con- de Mutsamudu à Anjouan ».
 Revue de presse
Procès sur
la citoyenneté économique
L
e procès de l’affaire
sur la citoyenneté
économique a été
ouvert le lundi
21 novembre dernier faisant
12 depuis, la Une des maisons de
presse locale. Après une longue
semaine d’audiences, de plaid-
oiries, d’interrogatoires, et de
réquisitoire sur le programme
de la citoyenneté économique,
la Cour de sureté de l’Etat a fini
par rendre le verdict final le lun-
di 28 novembre dernier. Dans
son compte-rendu du délibéré
paru le mardi 29 novembre,
Mariata Moussa du quotidien
national Al-watwan a rapporté
que «la cour a déclaré la cul-
pabilité de l’ancien président
Ahmed Abdallah Mohamed
Sambi et a prononcé la prison
à perpétuité à son encontre.
Quant aux accusés issus du
club des cinq, à savoir Bashar
Kiwan, Ali Kazma, Mohamed
Djaroud, Majd Suleiman et
Mohamed Said Abdoulkader
Alkadimin, la Cour de sureté de
l’Etat les a déclarés coupables
des faits de détournement des
Justice
fonds publics, faux et usage
de faux, abus de fonction,
forfaiture, concussion, cor-
ruption recel et complicité et
les a condamnés à une peine
de 10 ans d’emprisonnement.
Au sujet d’Anbdou Sattar Mo-
hamed Sambi, Zoubert Ahmed
Soufiane, Ibrahim Mhoumadi
Sidi, la Cour de sureté de l’Etat
les a tous condamnés à 9 ans
d’emprisonnement fermes, a
émis un mandat d’arrêt inter-
national à leur encontre et a or-
donné la confiscation de leurs
biens immobiliers respectifs
et avoirs au profit du trésor
public. Mohamed Ali Soilihi
alias Mamadou a été déclaré
coupable et condamné à 20
ans d’emprisonnement et la
confiscation de ses biens et
avoirs au profit du trésor public.
L’ancien directeur de cab-
inet Mohamed Bacar Dossiar
et l’ancien vice-président de
l’assemblée nationale Nour-
dine Bourhane ont quant à eux
été condamnés à 24 mois avec
sursis ». Un verdict qui laisse
les avocats de Bacar Dossar et
Nourdine Bourhane « satisfaits
», lit-on sur Al-watwan.
Condamnés
Dans cet article signé AMA,
l’auteur a relayé les propos
de l’avocat en charge de la
défense de Nourdine Bourhane
Me Djamalidine Soiliha pour
qui « dire que la justice était
équitable ou pas, je ne peux
pas me prononcer là –dessus
pour le moment. Pour le cas de
mon client, vu les infractions
qui avaient été retenues, je ne
vous mens pas, nous sommes
satisfaits du verdict parce qu’on
a échappé au pire devant cette
juridiction ». Selon toujours
l’auteur, l’avocat de Bacar
Dossar, Me Aicham Itibar a
tenu les mêmes propos que
son confrère ajoutant que «
lorsqu’une Cour statuant en
dernier ressort se prononce,
on dit que la vérité judiciaire a
été faite. Sur ce point de vue en
tant qu’avocat respectueux des
institutions, on ne peut revenir
dessus ».
Al-watwan rapporte que
«la partie civile juge les peines
conformes à la gravité des
faits ». En chapeau de son ar-
ticle, Nazir Nazi, explique que
« par rapport à l’appréciation
finale à l’encontre de l’accusé
principal, l’ex-président, l’avo-
cat togolais Me Éric Emanuel
Sossah estime par ailleurs qu’il
endosse la responsabilité poli-
tique de ses actes et que la
décision qui a été rendue, était
inévitable dans la mesure où il
n’a pas donné une seule chance
à la vérité d’éclater en plein
jour ». La gazette des Comores
nous rapporte quant à elle
que « quelques heures après
le verdict sur l’affaire dite de
citoyenneté économique, le
ministre de la Justice s’est félic-
ité pour la tenue de ce procès
saluant la « maturité du peuple
comorien », qui a compris selon
lui qu’un soulèvement n’est pas
une solution ».
Verdict
Cependant, ce verdict n’a
pas fait que des heureux. Dans
l’article signé AMA du canard
de l’état, le journaliste a indiqué
que « Me Mahamoud Ahamada,
avocat de l’ex-président à qui
on a ordonné la saisie de tous
ses biens, dit “ne pas être sur-
pris”. Il s’étonne en revanche du
retrait de ses droits civiques,
une sentence qui n’avait pas
été sollicitée par le commissaire
de l’Etat », précisant que « Me
Ibrahim Ali Mzimba le qualifie
lui aussi « d’excessif ».
Notons que depuis l’an-
nonce de la tenue dudit procès
sur la citoyenneté économique,
l’affaire n’a cessé d’éclabousser
la presse la plaçant au cœur de
l’actualité. Lundi 21 novembre,
date du début dudit procès, les
audiences ont été marquées
par le départ de l’ancien rais
Sambi. La journaliste du quo-
tidien privé local Andjouza
Abouheir a dans son article du
mardi 22 novembre relayé les
propos de l’ancien rais Sambi
qui déclare : « Je refuse d’être
jugé par une Cour illégale. Je
ne peux pas cautionner cette
forfaiture. Libre à vous de faire
ce que vous avez déjà l’inten-
tion de me faire subir ». Une
décision qui n’a pas abouti à
l’ajournement du procès et
ayant fait réagir l’avocat de
la partie civile Me Abdallah
Mohamed Hassani, pour qui, «
nous nous opposons au report
de ce procès. Les Comoriens
ont soif de savoir la vérité sur
la dilapidation des milliards
de francs dans le cadre de
ce programme de citoyenneté
économique. Les Comoriens
ont besoin d’entendre Sambi
s’expliquer ».
Al-watwan rapporte que «la
défense conteste la légalité et
la composition de la cour ».
L’article signé AMA indique
que « les avocats de l’ancien
président Ahmed Abdallah
Mohamed Sambi ainsi que
ceux de l’ex-vice-président de
l’assemblée Ibrahim Mhoumadi
Sidi, poursuivis dans l’affaire
de citoyenneté économique
jugent “incompétente la Cour
de sûreté et se disent prêts à
se retirer ».
Déclarations
Andjouza Abouheir a dans
son numéro du mercredi 23
novembre dernier évoqué « un
procès jugé d’avance », comme
l’ont dénoncé les avocats à la
défense de l’ancien rais Sam-
bi au cours d’une conférence
de presse tenue mardi 22. «
Nous comparaissons devant
une Cour d’exception issue de
la période noire des Comores, à
l’époque des mercenariats. Elle
ne permet pas de faire appel
contrairement aux principes
des conventions internationales
», a-t-elle ainsi repris l’argumen-
tation de Jan Fermon, l’avocat
belge de l’ancien président, qui
a renchérit que « votre Loi sur
l’organisation judiciaire pose un
principe essentiel : un tribunal
doit être instauré par la Loi ».
Ces déclarations n’ont pas
manqué de faire réagir certains
avocats qui, selon le quotidi-
en Al-watwan « apportent des
clarifications sur la Cour de
sûreté de l’Etat ». En chapeau
de son article, Maoulida Mbaé
a relayé les explications de Me
Mohamed Baco qui « soutient
que cette juridiction d’excep-
tion ne doit souffrir d’aucune
contestation étant donné que
son existence remonte à 1981.
Elle continue à connaître les
affaires relatives aux infrac-
tions ayant trait à l’atteinte à la
sûreté de l’Etat. Et aujourd’hui,
nous avons eu la désagréable
surprise de nous dire que cette
Cour n’existe pas alors qu’elle
existe depuis, et n’a jamais fait
l’objet d’aucune contestation ».
Audiences
En progressant dans le
déroulement de ce grand
procès « les avocats de Dossar
décident d’assister aux audi-
ences ». Adabi Soilihi Natidja a
indiqué dans Al-watwan que «
la défense de Mohamed Bacar
Dossar soutient de continuer à
le défendre pour laver son nom 13
», et a annoncé que « la défense
de l’ancien vice-président Mo-
hamed Ali Soilihi alias Mama-
dou, Me Fahardine Mohamed
Abdoulwahid a fait savoir que
son client souhaitait se retirer
du procès ne jugeant pas lé-
gale la juridiction saisie pour
le juger ».
Notons que ce procès sur
Janvier 2023 I Numéro 02
l’affaire de la citoyenneté
économique concernait une
quinzaine de personnes. Toute-
fois, à son ouverture, seuls Mo-
hamed Bacar Dossar, Nourdine
Bourhane, Abdillah Said Soilih
(ancien conseiller de Mamadou)
et l’ancien président Sambi,
ont répondu présents. L’an-
cien vice-président Mohamed
Ali Soilihi, et Ibrahim Mhou-
madi Sidi ont quant à eux été
représentés par leurs avocats
avant de se retirer.
 Dossier thématique
La société
civile
L
e choix a été fait
de traiter le sujet
sur la société civi-
le dans deux édi-
tions : celle-ci et la prochaine.
En effet, nous nous sommes
rendus compte que le sujet,
dans son ampleur, ne peut être
traité dans une seule édition.
La société civile, que la Com-
mission Nationale des Droits
de l’Homme et des Libertés
Quelques notions préalables
sur la société civile
Nous donnerons dans un
premier temps quelques no-
tions sur la société civile, et la
définirons en nous servant du
14 cadre employé par le Haut-Com-
missariat aux Droits de l’Homme.
Ce cadre sera cité pour préciser
les critères qui garantissent la
liberté et l’indépendance de la
société civile, à savoir : l’envi-
ronnement politique et public,
le cadre réglementaire, l’accès
aux information, l’appui des in-
stitutions étatiques, la partici-
pation aux espaces de dialogue
nationaux. Nous introduirons
ensuite la question délicate des
droits et devoirs de la société
civile, et des limitations souvent
méconnues, plus souvent incom-
prises et sujettes à un abus lor-
squ’elles ne sont pas encadrées.
Ces notions nous permettront
de développer plus en profon-
deur, dans la prochaine édition,
la question des enjeux et défis
de cette société civile.
Mais d’abord : qu’est-ce que la
société civile et que fait-elle ?
considère comme un parte-
naire des droits humains, est
souvent citée dans l’actualité de
notre pays, et fait l’objet d’une
attention particulière du point
de vue du respect de ses droits
et libertés.
Ce dossier donnera dans un
premier temps quelques no-
tions préalables sur ce qu’est
la société civile, présentera
l’histoire et les enjeux actuels
Il était important dans un
premier temps de s’arrêter sur
la définition de la société civi-
le. La locution latine « societas
civilis » est vue pour la première
fois au 16ème siècle dans un
texte de Philippe Mélanchthon,
humaniste allemand et bras droit
de Luther. Elle avait le sens d’in-
stance politique générale, dans
l’acception donnée déjà par Aris-
tote qui, dans sa Politique, proc-
lamait l’existence d’une « société
» (ou « association ») supérieure
et plus large que les autres, qui
était la cité, autrement dit la «
société politique ». Il convient ici
de rappeler que les philosophes
grecs considéraient la politique
comme étant la gestion de la
cité, et que de ce fait la notion de
société civile pouvait englober
tous les éléments constitutifs
de cette société.
Il faudra attendre le pro-
fesseur John Keane, au début
du 19ème siècle, pour avoir la
première définition qu’on pour-
rait qualifier de moderne de la
société civile. Il la définit com-
de la société civile comorienne,
avant de dresser un portrait de
modèles associatifs comoriens
qui donneront une vision plus
concrète et actuelle de cette
société civile.
La prochaine édition traitera
plus amplement de ses enjeux
et défis, en faisant un arrêt sur
la notion d’ordre public, objet
de controverses, que nous nous
emploierons à clarifier.
me « un ensemble complexe et
dynamique d’institutions non
gouvernementales, protégées
par la loi, qui tendent à être
non-violentes, auto-organisées,
autocontrôlées et qui sont en
tension permanente chacune
avec les autres et avec les insti-
tutions gouvernementales qui
encadrent, restreignent et ren-
dent capables leurs activités ».
Cette définition du professeur en
politique, certainement inspirée
par l’observation des forces en
présence dans la société, établis-
sait déjà un lien quasi-structurel
entre l’existence de la société ci-
vile et l’apparition d’une tension,
qualifiée par lui de permanente,
avec les institutions gouver-
nementales qui ont le pouvoir
d’encadrer, de restreindre ou
de rendre capables les activités
de cet ensemble complexe et
dynamique d’institutions non
gouvernementales. Pressentait-il
déjà les motifs d’ordre public
qui, dans la Déclaration Univer-
selle des Droits de l’Homme,
au même titre que la morale,
le bien-être général, constituait
une exigence qui pouvait limiter,
dans un cadre légal, les libertés
fondamentales ? Nous aurons
l’occasion d’y revenir dans la
prochaine édition.
Arrêtons-nous plutôt ici sur
le sens donné dans le sixième
guide pratique pour la société
civile réalisé par le Haut-Com-
missariat aux Droits de l’Homme
(HCDH) qui estime que ce sont
« les individus et les groupes
qui s’investissent volontaire-
ment – sous forme d’actions
et de participations publiques
– dans des intérêts, des objec-
tifs ou des valeurs partagés qui
sont compatibles avec les buts
des Nations Unies : le maintien
de la paix et de la sécurité, la
réalisation du développement,
et la promotion et le respect
des droits de l’homme. »
Le HCDH complète cette
définition en soulignant que ces
acteurs « promeuvent la prise de
conscience des droits, aident les
communautés à faire entendre
leurs préoccupations, façon-
nent des stratégies, exercent
une influence sur les politiques
et les lois, et œuvrent pour la
responsabilisation » et qu’ils «
collectent et canalisent les points
de vue des communautés de
façon à ce que les décisions sur
les politiques publiques soient
prises en toute connaissance
de cause ».
Cette définition est
accompagnée d’une liste
indicative d’acteurs de la
société civile, à savoir :
• Les défenseurs des
droits de l’homme, y com-
pris les militants en ligne ;
• Les organisations de
défense des droits de
l’homme (ONG, associ-
ations, groupes de vic-
times) ;
• Les alliances et réseaux
(droits des femmes, droits
des enfants, droits de
l’environnement, droits
fonciers, LGBTI, etc.) ;
• Les personnes handi-
capées et les associations
qui les représentent ;
• Les groupes commu-
nautaires (populations
autochtones, minorités,
communautés rurales) ;
• Les groupes d’inspira-
tion religieuse (églises,
mosquées, groupes reli-
gieux) ;
• Les fédérations (aussi
bien syndicats qu’asso-
ciations professionnelles
telles que les associations
de journalistes, les ordres
des avocats, les associ-
ations de magistrats, les
fédérations étudiantes) ;
• Les mouvements soci-
aux (mouvements pour
la paix, mouvements
étudiants, mouvements en
faveur de la démocratie) ;
• Les professionnels qui
contribuent directement
à l’exercice des droits
de l’homme (travailleurs
humanitaires, avocats,
médecins et travailleurs
médicaux) ;
• Les familles et les asso-
ciations de victimes de
violations des droits de
l’homme ; et
• Les institutions publiques
qui exécutent des activités
visant à promouvoir les
droits de l’homme (écoles,
universités, organismes de
recherche).
Un vaste inventaire des
domaines d’intervention
de la société civile, aux
niveaux local, national, ré-
gional et international, est
par la suite donné :
• Lutte contre la pauvreté,
la corruption et l’inégalité
économique
• Réponse aux crises
humanitaires, notamment
aux conflits armés
• Promotion de l’État de
droit et de la responsabil-
ité
• Promotion des réformes
publiques
• Préconisation de la
transparence des budgets
publics
• Protection de l’envi-
ronnement
• Exercice du droit au
développement
• Renforcement du pou-
voir d’action des per-
sonnes appartenant à des
minorités et aux autres
groupes en danger
• Lutte contre toutes les
formes de discrimination
• Soutien de la prévention
de la criminalité
• Promotion de la respons-
abilité sociale des entre-
prises et de leur obligation
de rendre des comptes
• Lutte contre la traite
d’êtres humains
• Autonomisation des
femmes
• Combat contre l’incita-
tion à la haine
• Renforcement du pou-
voir d’action de la jeunesse
• Promotion de la justice
sociale et de la protection
des consommateurs
• Fourniture de services
sociaux
Les conditions d’une
société civile libre et in-
dépendante 15
Le Haut-Commissariat aux
Droits de l’Homme évoque cinq
éléments qui garantissent la
liberté et l’indépendance de
la société civile. Il s’agit de :
1. L’environnement politique
et public qui doit être porteur
C’est à dire qui apprécie
Janvier 2023 I Numéro 02
et encourage l’engagement
civique. Dans la pratique, les
institutions et les agents pub-
lics réagissent aux acteurs de la
société civile dans le cadre de
leurs interactions habituelles.
2. Le cadre réglementaire qui
doit être incitatif
Il faut en effet que la législa-
tion, les règles administratives
et la pratique soient conformes
aux normes internationales et
protègent les activités de la so-
ciété civile. L’accès des acteurs
 Dossier thématique
de la société civile à la justice,
à des institutions nationales de
défense des droits de l’hom-
me indépendantes et effica-
ces, ainsi que leur accès aux
mécanismes internationaux
relatifs aux droits de l’hom-
me font partie intégrante de
ce cadre. Adopter de bonnes
lois et de bonnes politiques
est certes fondamental, mais
demeure inefficace si elles ne
sont pas mises en œuvre de
façon appropriée.
3. La libre circulation des in-
formations
Le HCDH explique ici que
l’accès libre aux idées, données,
rapports, initiatives et décisions
afin de permettre aux acteurs
de la société civile d’être sen-
sibilisés aux problèmes et de
s’informer, d’exprimer leurs
préoccupations, de faire preuve
d’un esprit constructif et de
contribuer aux solutions.
4. Un soutien et des ressources
à long terme
Il s’agit des mesures visant
à renforcer les capacités des
membres marginalisés de la
16 société, et à assurer l’accès de
l’ensemble des acteurs de la
société civile aux ressources,
lieux de réunion et technolo-
gies.
5. Le partage des espaces de
dialogue et de collaboration
Cela consiste à veiller à ce
que la société civile participe
à tous les processus de prise
de décision.
Les acteurs de la société ci-
vile ont des droits mais aussi
des devoirs
Il est certain que les lib-
ertés d’expression, de réunion
pacifique et d’association ainsi
que le droit de participer aux af-
faires publiques, sont des droits
qui permettent aux personnes
de se mobiliser et d’agir dans
l’intérêt de la société et qu’ils
ne doivent pas être remis en
cause.
Toutefois, le vieil adage
selon lequel la liberté des uns
s’arrête où commence celle
des autres, aucune liberté ne
saurait exister sans balises, au
risque d’entrainer un désor-
dre. C’est là que la législa-
tion intervient, pour fixer les
libertés et limites de tout un
chacun. Limites nécessaires
pour permettre justement la
jouissance effective de ces
libertés fondamentales par
tous les individus de la société.
C’est ainsi que l’article 29 de
la Déclaration Universelle des
Droits de l’Homme, souligne,
en son premier alinéa, que
« l’ individu a des devoirs envers
la communauté dans laquelle
seul le libre et plein dévelop-
pement de sa personnalité est
possible. » Le second alinéa,
rappelle que « dans l’exercice
de ses droits et dans la jouis-
sance de ses libertés, chacun
n’est soumis qu’aux limitations
établies par la loi exclusivement
en vue d’assurer la reconnais-
sance et le respect des droits
et libertés d’autrui et afin de
satisfaire aux justes exigences
de la morale, de l’ordre public
et du bien-être général dans
une société démocratique ».
La question de la limitation
des libertés fondamentales est
souvent incomprise, et à cause
de la subjectivité des exigences
de la morale, de l’ordre public
et du bien-être général, elles
peuvent être sujettes à des
interprétations abusives, ou-
vrant la voie à l’arbitraire et à
l’injustice. Pourtant, elles sont
nécessaires. La récente pan-
démie de la Covid-19 a montré
que, pour des raisons de santé
publique (le bien-être général
en somme), il a été possible
de restreindre les libertés d’al-
ler et venir des individus en
les obligeant à se confiner, et
d’imposer une vaccination à
toute la population, à l’échelle
mondiale. Nous ne citerons pas
des exemples de ces limitations
dans des pays traditionnelle-
ment connus pour leur respect
des droits humains, voire des
reculs comme cela a pu être
dénoncé par la société civile
dans ces pays. Le lecteur les
retrouvera aisément. Il importe
surtout ici de préciser que ces
limitations existent, qu’elles
sont nécessaires, même si,
compte tenu de leur subjec-
tivité, il importe de reconnaître
qu’elles ouvrent la porte à des
restrictions arbitraires.
La Commission Nationale
des Droits de l’Homme et
des Libertés a pour vocation
d’éduquer toutes les com-
posantes de la population en
vue de créer une culture de
droits humains, gage de cohé-
sion sociale au sein de notre
pays. C’est en ce sens qu’elle
recommande à la société civile,
et aux acteurs étatiques, une
concertation qui permette d’en-
cadrer les activités de la société
civile. Cela ne peut passer que
par la concertation qui n’est ni
complaisance ni irresponsabil-
ité, mais l’un des fondements
de la paix et de la justice.
L’ individu a des
devoirs envers
la communauté
dans laquelle seul
le libre et plein
développement de
sa personnalité
est possible
La société civile comorienne
Des structures traditionnelles en éveil face
à des OSC en perte de repères
Par Kamaleddine Saindou
H
istoriquement, à l’intérieur du quartier ou du des naissances était tout sim-
la société co- village, avant de s’étendre à plement inacceptable dans le
morienne est l’échelle du pays, suivant l’in- contexte d’une société de tradi-
structurée en fluence et l’aura du groupe tion musulmane et matrilinéaire.
groupes sociaux organisant les concerné. Face à l’enjeu sociétal d’une telle
individus et ordonnant leur im- À la fin de la décennie 80, problématique touchant à la
plication dans la vie sociale. Le le premier programme de maternité, le cercle des religieux
champ politique étant l’affaire planning familial de l’histoire, joua de toute son influence et
d’une petite élite, le modèle de lancé par le gouvernement de son pouvoir dans la société
fonctionnement communau- en partenariat avec le FNUAP, et parvient à infléchir le gou-
taire (le shama), constitue le doit son succès à ce mode de vernement en faveur d’un «
cercle de l’expression citoyenne, fonctionnement. espacement » des naissanc-
offrant à l’individu un espace La stratégie du gouver- es qui obtient l’adhésion de la
d’engagement. Local d’abord nement d’une « limitation » population.
Par son caractère non discriminatoire (les les intérêts corporatistes des étudiants, l’Asso-
femmes, les hommes, les groupes d’âge, trou- ciation des Stagiaires et Etudiants des Comores
vant chacun un espace de promotion et d’épa- (ASEC), deviendra le vivier des futurs cadres
nouissement), le pays doit à cette dynamique politiques.
du « shama », la réalisation d’infrastructures Ces organisations seront reconnues pour la
d’intérêt public financées par les communautés première fois comme les représentantes officielles
à leur profit. d’une société civile comorienne en gestation,
Cette société civile avant le terme, inspirée en prenant aux côtés des partis politiques, lors
de l’organisation sociale traditionnelle, suppléait de la Conférence de réconciliation nationale
l’Etat dans bien des domaines y compris dans de 1990, qui jette les bases de la démocratisa- 17
certaines de ses missions régaliennes à l’exemple tion politique des Comores, après les années
de la construction des écoles ou des centres tumultueuses qui ont suivi l’accession du pays
de santé. La puissance d’action et la capacité à l’indépendance.
de mobilisation de ses propres ressources en Une étude sur la société civile comorienne
dehors de celles des instances étatiques, ont menée en 2020 par l’Union européenne, dans la
fait des organisations communautaires, des perspective de l’élaboration d’une « Feuille de
acteurs incontournables de l’action publique. route de l’engagement de l’UE avec la société
Adossées à cet héritage, les premières as- civile de l’Union des Comores pour la période
sociations qui ont émergé à la fin des années 2021-2025 », décrit un environnement associatif
60, ont commencé à diversifier leurs champs varié : « La très grande majorité du tissu associ-
Janvier 2023 I Numéro 02
d’intervention vers les domaines culturels et atif est constituée d’associations villageoises, à
artistiques. Sous l’impulsion d’une jeunesse vocation ciblée incluant associations féminines,
scolarisée, en quête d’épanouissement intellec- sportives et culturelles ou de développement
tuel, ces organisations, s’ouvraient aux idées en local. À côté de ces associations figurent égale-
vogue dans le monde ainsi qu’aux probléma- ment des Organisations de la Société Civile, mais
tiques sociétales et politiques. aussi les organisations militantes, syndicats,
Le mouvement « Msomo wa nyumeni » qui associations professionnelles et économiques.
fut dans la décennie 70 à 80, l’incarnation de Le champ d’intervention des OSC dépend de
cette évolution, jette les bases d’une société leurs statuts et peut porter sur l’échelon national,
civile consciente de son devoir d’engagement insulaire, régional ou villageois ».
dans les transformations politiques et sociales du Cette description fait ressortir une société
pays. Cette génération de militants, commence civile comorienne diverse dans sa composition,
à formuler des revendications et à se structurer ancrée dans les réalités locales et formant un
en syndicats dans différentes catégories pro- maillage représentatif de toutes les catégories
fessionnelles. Créée en France pour défendre sociales et des préoccupations des populations.
 Dossier thématique
Malgré cette position de
relais de l’action publique et
d’acteurs du développement,
les politiques perçoivent cette
société civile comme un hand-
icap. L’étude de l’U.E. souligne
que ces « organisations de la
Société Civile (OSC) sont da-
vantage perçues par le pouvoir
comme un élément perturba-
teur voire dangereux, que com-
me un acteur essentiel au bon
fonctionnement de la société ».
Débat public
Cette appréhension du
politique explique en partie
les difficultés de la société
civile comorienne à exercer
son influence pour alimenter
le débat public. Elle « peine à
s’exprimer sur les questions de
droits humains (i.e. défaillances
de l’appareil judicaire marquées
par l’impunité et le non-respect
des droits humains, incarcéra-
tion des hommes politiques et
journalistes sans jugement), et
interviennent très peu dans les
questions de transparence
(transparence budgétaire) et
de la redevabilité » révèle le
18 diagnostic mené par l’U.E.
Cette marginalisation par
la sphère politique est aussi
un frein à l’épanouissement
d’une société civile agissante
et responsable. « L’Etat sout-
ient peu le développement de
la société civile et hésite à lui
donner plus d’espace. Au niveau
local, le manque de compétenc-
es techniques, la faiblesse des
financements, l’absence d’une
autonomie de fonctionnement
font que les OSC ne peuvent
pas jouer efficacement leur
rôle ».
Ce désengagement de l’Etat,
contribue à affaiblir les capac-
ités des OSC à développer des
actions sur leur terrain de prédi-
lection. Le Comité Mahorais,
seule organisation de la société
civile qui n’a pas varié sa vo-
cation de départ, semble une
exception. Mais sa difficulté à
faire bouger les lignes sur une
revendication de souveraineté
qui a l’adhésion des acteurs
politiques et de la population,
est révélatrice des handicaps
de la société civile à élaborer
des stratégies et des moyens
d’action efficients.
Filet de survie
La plupart des autres OSC se
sont ainsi résignées à s’adapter
à l’offre qui leur est proposée
par les agendas des instanc-
es internationales, souvent au
risque de perdre leur propre
identité. Une perte d’initiative,
qui participe à l’affaissement
des valeurs et des principes
démocratiques au cœur de la
vie associative. La baisse ob-
servée de la qualité des médi-
as, les dérives constatées dans
l’usage des réseaux sociaux,
le développement de formes
de défiance poussant certains
acteurs à vouloir se soustrai-
re à la loi, la multiplication des
La présence de
certaines ONG
internationales
et les projets de
développement
des organisations
internationales
offrent encore un
filet de survie à des
organisations de la
société civile qui ne
se projettent plus
dans le long terme.
lignes de fracture sociale, sont à
mettre au compte du recul év-
ident de l’engagement citoyen.
La présence de certaines ONG
internationales et les projets
de développement des organ-
isations internationales offrent
encore un filet de survie à des
organisations de la société civile
qui ne se projettent plus dans
le long terme. Face à la crise
de l’eau et de l’électricité qui a
frappé le pays il y a quelques
années, des femmes de la
capitale se sont constituées
en un collectif pour combler
le silence des syndicats et des
organisations de défense des
consommateurs. Mais cette ac-
tion ciblée du collectif « Mwend-
jé na Madji » ne pouvait tenir
longtemps, ni présenter une
véritable alternative.
Mission de médiation
Ce mouvement n’en fut pas
moins précurseur des formes
possibles d’expression de la
société civile. La formidable
mobilisation d’acteurs div-
ers (associations, artistes…)
au cours des deux dernières
années contre les viols des
mineurs et les violences fait-
es aux femmes, marque une
évolution des formes classiques
d’actions de la société civile.
Dans un monde en mutation
où l’imbrication des situations,
les connexions rendues pos-
sibles par les technologies de
la communication, les acteurs
sociaux sont amenés eux aussi
à adapter leurs modes opéra-
toires et organisationnels et tirer
profit de ces évolutions.
Mais pendant que ces struc-
tures associatives de la Société
civile traversent une phase de
réadaptation, la mission de
médiation et de préservation
de la paix que s’est appropriée
la notabilité dans le conflit social
qui secoue la ville de Mbéni,
affirme l’influence et le pouvoir
dont jouissent les structures
communautaires traditionnelles
dans la société comorienne.
La société civile comorienne
Ces associations modèles à succès
L
es organisations
de la société ci-
vile comorienne
jouent un rôle
très important dans le dével-
oppement de la société. Ceci
s’explique par leur diversité et
leurs différents centres d’inter-
vention. Nous vous proposons
de découvrir ces quatre asso-
ciations, modèles de succès de
la société civile comorienne. Il
s’agit de Ngo’Shawo, Jeunes
leaders pour la paix, fédéra-
tion des clubs anti-sida et le
Rotary club de Moroni. Avec
des critères bien particuliers,
chacune d’entre elle a su s’im-
poser, et arriver jusque-là où
nombreuses ont failli.
Créée en 2006, Ngo’Shawo
demeure la première associa-
tion de la jeunesse comorienne
nationale disposant de plusieurs
cellules (Fomboni, Mutsamudu,
Moroni, Mkazi, Koimbani, Mbeni,
Ngo’shawo
Dans un entretien qui nous
a été accordé, le président de
Ngo’Shawo, Said Mohamed
Moudjib, a fait un aperçu de
leurs différentes interventions
au profit des citoyens co-
moriens. Selon lui, ils intervien-
nent dans l’éducation, l’enfance,
l’engagement citoyen, la mobil-
isation sociale, l’environnement
et le développement durable.
Il met l’accent sur leur contri-
bution en matière de renforce-
ment des droits humains dans
le monde en général et dans le
pays en particulier ; expliquant
que sur le plan international,
c’est à travers leurs canaux de
communication et que dans
le pays, c’est par les activités
surtout à forte mobilisation, les
rencontres nationales et interna-
tionales, les débats d’échanges.
Ngo’Shawo mène depuis sa
Par Adabi Soilihi Natidja
Mitsamihuli, M’vuni et Chindini,
et internationale (après ASEC...).
De par son ancienneté, elle se
distingue des autres par l’en-
gagement qui émane de tout
un chacun, son engagement
collectif, ses objectifs, ses luttes
et son dynamisme.
Le Réseau National des
Jeunes Leaders pour la Paix
(RNJLP) se différencie de son
côté des autres par la struc-
turation des instances.
Il se compose d’un bureau
national, trois bureaux insulaires
dont un bureau par ile et 16
coordinations régionales dont
8 à Ngazidja, 5 à Anjouan et
3 à Mohéli ; sans oublier les
cellules locales.
Le Réseau national tient des
séances de formations sur le
plan national et compte au-
jourd’hui 1300 jeunes formés.
Ses engagements et visions se
concentrent sur la préservation
création plusieurs actions dans
le pays à savoir la tenue du 1er
festival à Anjouan réunissant
toute la jeunesse comorienne
des 4 îles en 2006, le collo-
que “Inspired Generation” en
2011, le mouvement Madji na
Mwendje (île morte), la création
du mouvement 11 août dont
résultèrent les assises nationales
malgré leur réalisation avec la
tournure du contexte, les débats
présidentiels en 2016, la mobil-
isation sociale pour l’enfance
en 2012, la journée des anges à
de la paix, la cohésion sociale
et le développement.
La fédération des clubs an-
ti-sida (FCAS) créée en 2009
se concentre quant à elle sur la
santé reproductive notamment
en ce qui est des infections
sexuellement transmissibles, le
VIH Sida dans le but de sensi-
biliser le maximum possible des
jeunes comoriens sur la santé
sexuellement reproductive.
En revanche, le Rotary club
est le premier « club service
» créé au monde. Il a été im-
planté à Moroni en 1905. Ladite
association internationale se
présente comme une organ-
isation apolitique, ouverte qui
encourage une haute éthique
civique et professionnelle et
œuvre pour faire progress-
er l’entente et la paix dans le
monde. Il porte comme devise
« Servir d’abord » car « Qui
sert le mieux profite le plus »
19
Janvier 2023 I Numéro 02
El-Maarouf en 2006, 1er à venir
en aide aux sinistrés de Maheli
(séismes à Anjouan), etc… Said
Mohamed Moudjib appelle les
organisations de la société civile
à militer, coopérer et collaborer
ensemble afin de reprendre des
forces. Si au lieu d’avoir deux ou
trois associations qui œuvrent
sur la même cause, on fusion-
nait les idées dans une seule,
cela nous permettrait de régler
plusieurs contraintes qu’on af-
fronte en tant qu’OSC et avoir
la voie de s’imposer.
 Dossier thématique
Le Rotary club Le Réseau national
des Jeunes leaders pour la Paix
Dans un entretien avec le
président du Réseau nation-
al des Jeunes leaders pour la
Paix, Chamsoudine Said Mhadji
a fait savoir que selon le statut
de l’Ong nationale, ils ont Cinq
axes d’intervention. Le RNJLP
milite pour la promotion du
leadership de la jeunesse et
des organisations de la jeu-
nesse, le maintien de la paix
et la cohésion aux Comores,
la médiation sociale, la gestion
des conflits, la participation de
la jeunesse au processus de
réconciliation nationale et aux
instances de décision, intervient
dans la lutte contre les violenc-
es basées sur le genre (VBG),
l’égalité des chances et la pro-
motion de l’éducation civique et
citoyenne mais aussi la défense
des droits de l’homme. Créé en
2014, le RNJLP organise chaque
année plusieurs activités suiv-
ant leur plan d’action. Un plan
d’action qui inclue la formation
de plus de 1300 jeunes leaders
en médiation sociale et gestion
des conflits qui constitue une de
leurs actions phares. Le réseau
intervient également comme
porte-voix des revendications
de la jeunesse comorienne au
niveau national et internation-
al. Il est également chargé de
l’organisation de la célébration
de journées internationales de
la jeunesse, de la paix et de
lutte contre les VBG sous le
patronage de leur partenaire
principal l’UNFPA-Comores
depuis la création de ladite
organisation qui promeut le
renforcement de la cohésion
entre les jeunes des trois îles.

Le président du Rotary club

de Moroni Ben Karoo a de son
côté présenté les différentes
20 interventions du Rotary club
de Moroni. Selon lui, le Rotary
club de Moroni contribue dans
plusieurs domaines à savoir : la
promotion de la paix, la lutte
contre les maladies, l’approvi-
sionnement en eau potable, la
santé des mères et des enfants,
l’Éducation, le développement
des économies locales, et la pro-
tection de l’environnement. Créé
contre les maladies comme le
diabète, le corona, le cancer du
sein, et fait de l’éradication de
la Polio son cheval de bataille.
L’organisation fait des dons de
matériels aux handicapés, aux
hôpitaux et aux cliniques sous
le patronage de la fondation So-
prano. Elle propose aussi des
formations, des vaccinations,
des kits d’accouchement pour
promouvoir la Santé des mères
et des enfants. Le Rotary Club
organise des forums pour pro-
La Fédération des Clubs Anti-Sida
De son côté, l’assistant général 21
de la fédération des clubs anti-sida
Mohamed Abdillah alias Salim a
fait savoir que la force de ladite
association repose sur le fait que
Les dirigeants du de par son dynamisme, il s’inves-
Rotary et leurs tit dans la recherche des parte-
naires financiers et techniques.
invités explorent La FCAS compte fortement sur
plusieurs thèmes l’appui de l’UNFPA, la direction
lors de ces forums, nationale de lutte contre le Sida, la

Janvier 2023 I Numéro 02

avant la première guerre mondi-
ale, le Rotary club International
appelle au « maintien de la paix
». Ici en Union des Comores, il
sensibilise sur les problèmes à
l’origine des conflits et sur les
activités qui favorisent la paix,
crée des forums sur la paix tous
les ans. Les dirigeants du Ro-
tary et leurs invités explorent
plusieurs thèmes lors de ces
forums, notamment « les organ-
isations non gouvernementales
et la construction de la paix ». Le
Rotary intervient dans la lutte
mouvoir l’éducation pour tous,
comme des dictées en Shiko-
mori, des dons de kits scolaires
et offre de bourses aux jeunes
Rotaractiens. Mais aussi, dans le
développement des économies
locales à travers leurs journées
des métiers, des visites des en-
treprises pour les étudiants, des
portes ouvertes, des formations
en leadership et la promotion
de la protection de l’environne-
ment à travers leurs actions de
nettoyage des rues, des plages,
du site du Karthala etc.
direction générale de la Santé, le
notamment « les programme national de lutte con-
organisations non tre le paludisme. Elle participe aux
diverses activités de ses différents
gouvernementales partenaires et organise au profit de
et la construction ses membres diverses formations
de la paix ». dont une sur le secourisme et tant
d’autres. De ses actions phares,
on cite les descentes sur terrain à
travers ses cellules pour des activ-
ités communautaires et scolaires,
des semaines thématiques visant
particulièrement à promouvoir la
lutte contre les infections sexuel-
lement transmissibles.
 Histoire Par Gorka Gamarra
gorka.gamarra@earthechocenter.org
Convention relative aux droits
des personnes handicapées
Une histoire du « handicap
L
a Convention relative
aux droits des per-
sonnes handicapées
des Nations Unies a
été adoptée le 13 décembre 2006
à New York, siège de l’Organisation.
Premier grand traité du XXIème
siècle en matière de droits humains,
il s’agit de la Convention des Nations
Unies avec le plus grand nombre
de signataires au premier jour.
Cependant et à la différence
d’autres Conventions des droits
humains des Nations Unies, il est
important de se demander pour-
quoi cette Convention n’a pas été
adoptée avant le XXIème siècle
comme ce fut le cas de la Con-
vention sur l’élimination de toutes
les formes de discrimination raciale
en 1965, de celle sur l’élimination
de toutes les formes de discrim-
ination à l’égard des femmes en
22 1979, de celle contre la torture et
autres peines ou traitements cruels,
inhumains ou dégradants en 1984
ou encore celle relative aux droits
de l’enfant en 1989.
Jusqu’à l’adoption de cette con-
vention en 2006, les personnes
en situation de handicap ne fais-
aient pas partie des groupes de
personnes considérées comme
vulnérables au regard de la clause
anti-discrimination de l’article 2 de
la Déclaration Universelle des Droits
Humains de 1948 qui précise que
« chacun peut se prévaloir de tous
les droits et de toutes les libertés
proclamés dans la présente Déc-
laration, sans distinction aucune,
notamment de race, de couleur, de
sexe, de langue, de religion, d’opin-
ion publique, d’origine nationale ou
sociale, de fortune, de naissance
ou de toute autre situation ».
Le mot handicap trouve son
origine dans un terme anglais «
hand in cap » qui signifie littérale-
ment « main dans le chapeau ». Il
faisait référence à un jeu de troc,
mettant en lien trois personnes : un
arbitre et deux personnes souhai-
tant échanger un objet. Les deux
personnes déposaient une certaine
somme dans un chapeau, le média-
teur estimait la valeur des objets et
indiquait la somme supplémentaire
qu’un des troqueurs devait payer
pour que le troc soit équitable. Par
la suite, le mot « handicap » a été
assimilé à un désavantage au départ
d’une course et le terme fut utilisé
dans certains sports, notamment
lors de courses hippiques où des
handicaps étaient attribués aux
chevaux. Pour rétablir l’équité entre
les chevaux, certains d’entre eux
étaient lestés.
Sens médiacal
Ce n’est qu’à partir des années
50 que le mot « handicap » prend le
sens médical que nous connaissons
aujourd’hui. Ces derniers siècles, la
compréhension du handicap et la
place des personnes en situation
de handicap au sein de la société
a considérablement progressée.
Même si certaines sociétés ont
donné aux infirmes et aux malades
une signification positive à travers
leurs mythes, comme par exemple
les six dieux Ojibwa, des aveugles
volontaires, ou le cas d’Héphaïstos,
forgeron boiteux mais inventeur
divin qui féconde la terre pour don-
ner naissance au premier athénien
« Érichthonios » ou Tyr qui a la main
coupée dans les divinités nordiques,
l’approche religieuse avec la Bible,
dont principalement le Lévitique, «
le handicapé » était une personne
à exclure. Il n’a pas été le cas dans
toutes les religions, dont par ex-
emple la religion musulmane où
la vision de l’infirme est différente,
cependant la version commencée
par le Lévitique est celle qui a été
prédominante dans la vision ju-
ridique internationale et sociale
des infirmes.
Parias
C’est cette dernière vision de l’in-
firme qui sera retenue pendant des
siècles, tout au long du moyen-âge.
Les « personnes handicapées »
étaient alors considérées comme
des « parias » de la société, qu’il
fallait exclure de la vie ordinaire de
la Cité. Une nouvelle appréciation
du handicap se profile lors du siècle
des Lumières, notamment à travers
l’œuvre de Diderot intitulée Lettre
sur les aveugles à l’usage de ceux
qui voient où il montre que tous les
esprits se valent « si on les éduque ».
Ces deux visions, religieuse et
rationaliste, se partageront la vi-
sion des sociétés tout au long du
XIXème siècle. Même si certains
avancements sont à noter, com-
me la naissance du braille, ce n’est
qu’à partir du XXème siècle que les
sociétés commencent à adopter
une vision différente des personnes
en situation de handicap. En effet,
une solidarité collective s’installe et
les premières lois et associations se
créent afin d’appuyer et soutenir
les infirmes à (re) trouver une place
dans la société.
Une des questions les plus ar-
dues réside dans la définition du
mot « handicap ». L’Organisation
Mondiale de la Santé (OMS) asso-
cie par exemple le mot handicap
au mot « incapacités » et le définit
comme « un problème dans une
fonction ou une structure de l’or-
ganisme ; une limitation de l’activités
est une difficulté rencontrée par
un sujet pour exécuter une tâche
ou une action ; une restriction à
la participation est un problème
empêchant le sujet de s’engager
pleinement dans les situations de
la vie courante ».
Classification
internationale
En 1980, l’OMS a adopté une
classification internationale des Dé-
ficiences, Incapacités et Handicaps,
Classification internationale des
handicaps (CIH) et a donné une
définition internationale précise. La
CIH s’appuie sur les conséquences
dues à une incapacité provoquée
par un accident de la vie ou une
maladie. Elle fait apparaître les ter-
mes déficiences « une anomalie
structurelle ou fonctionnelle du
corps » ; incapacités « restriction
des activités due aux déficiences »
ou handicap « limitations en termes
de réalisation d’un rôle social ». La
CIH définit le handicap comme
la conséquence globale des dé-
ficiences et/ou des incapacités.
En 2002, l’OMS réforme la CIH
par la Classification internationale
du fonctionnement, du handicap
et de la santé (CIF). Pour apport-
er une dimension plus sociale au
handicap, elle retient 3 éléments
: le corps, les activités et la partic-
ipation. Pendant très longtemps,
la définition du handicap reposait
uniquement sur la notion de défi-
ciences sans prendre en compte
le contexte social, ce qui renforçait
la stigmatisation des personnes en
situation de handicap.
La Convention adoptée en
2006 énonce principalement
que les personnes handicapées
ont droit à un plein accès et à une
égale jouissance, effective, de tous
les droits humains. L’élimination des
obstacles est explicitement men-
tionnée comme une condition à
l’accès et à l’exercice effectif de
l’égalité.
Dans le rapport soumis par le
Secrétaire général à la 63ème ses-
sion de l’Assemblée générale, il est
dit qu’« en tant qu’instrument relatif
aux droits humains, qui comprend
un aspect explicite de développe-
ment social, la Convention relative
aux droits des personnes handi-
capées est à la fois un traité relatif
aux droits humains et un outil de
développement. Elle considère la
condition des personnes handi-
capées comme une question à
prendre en compte dans l’ensemble
de la programmation, plutôt que
comme une question thématique
isolée et exige de tous les États
parties qu’ils prennent toutes les
mesures nécessaires pour veiller à
la participation pleine et égale des
personnes handicapées à la société.
Il faut néanmoins des actions et
des activités programmatiques
axées plus spécialement sur les
personneshandicapées,enfonction
de la situation de chaque pays ».
Le handicap
ne peut
pas être un
handicap
Stephen Hawking (1942-2018),
physicien théoricien et cosmologiste
affecté de sclérose latérale
amyotrophique (SLA)
Quelques
dates clés
1620 : Premier livre sur
l’éducation des sourds, publié
par Juan Pablo Bonet.
1749 : Diderot Lettre sur les
aveugles à l’usage de ceux qui
voient.
1756 : Création de la première
école pour sourds.
1829 : Naissance du braille,
“Procédé pour écrire les
paroles, la musique et le plain-
chant au moyen de points, à
l’usage des aveugles et disposés
pour eux”, par Louis Braille.
1920 : Les lois prévoient des
dispositions pour les infirmes de
guerre.
1948 : Premiers « jeux de
Stoke Mandeville ». Ludwig
Guttmann, neurologue, a eu
l’idée d’organiser dans son
établissement les premiers
“Jeux mondiaux des chaises-
roulantes et des amputés”
(World Wheelchair and
Amputee Games) qui aident à
réhabiliter les soldats et victimes
de la Seconde Guerre mondiale
par la pratique du sport.
1951 : Création de l’International
« Stoke Mandeville Federation
» : Une institution chargée 23
de gérer le sport en fauteuil
roulant.
1960 : Premiers jeux
paralympiques. Les 9e Jeux de
Stoke Mandeville (Rome) ont
lieu une semaine après les Jeux
Olympiques de 1960 et sont
considérés comme les premiers
jeux paralympiques.
1980 : L’OMS adopte une
Janvier 2023 I Numéro 02
classification internationale
des Déficiences, Incapacités
et Handicaps, Classification
internationale des handicaps
(CIH).
1982 : Fondation d’Handicap
international.
1988 : Le Comité Olympique
intègre les Jeux Handisports
Paralympiques. Ils se déroulent
à présent sur le même site que
les Jeux Olympiques.
2006 : Adoption de la
Convention relative aux droits
des personnes handicapées.
 La CNDHL en action
Les activités de la
Commission en promotion et
protection des droits humains
L
a Commission
Nationale des
Droits de l’Hom-
me et des Libertés
(CNDHL) a été mise en place
en 2011 en vertu de la Loi N°11-
028/AU du 23 décembre 2011,
promulguée par le Chef de
l’Etat le 18 février 2012. Elle est
indépendante, neutre et jouit
d’une autonomie administrative
et financière.
Conformément à la loi qui
l’institue, la CNDHL est habil-
itée à mener des actions de
sensibilisation, d’information
La CNDHL dans ses missions de promotion
Participation à l’atelier d’échanges sur les
24
« Compétences Interculturelles, Diversité,
Equité et Inclusion »
Dans le cadre de ses missions
de promotion la CNDHL continue
à mettre l’accent sur la sensibil-
isation. C’est dans cette vision
que sur invitation du Corps de la
paix, la Présidente de la CNDHL
a pris part à un atelier d’échang-
es sur les « Compétences Inter-
culturelles, Diversité, Equité et
Inclusion »
Cet atelier s’est tenu le Mer-
credi 26 Octobre 2022 à l’Aquar-
ium sis à Voidjou et avait comme
objectif de renforcer les efforts
visant à promouvoir la diversité,
l’équité et l’inclusion au sein de
l’agence Corps de la Paix.
En tant que pénaliste, la Prés-
idente a saisi cette opportunité
et de communication sociale
en vue d’instaurer une cul-
ture des Droits de l’Homme,
de promouvoir la recherche,
l’éducation et l’enseignement
des Droits de l’Homme dans
tous les cycles de formation
et, organiser des séminaires
et des colloques en matière
des Droits de l’Homme et des
Libertés. Elle est également
chargée de faire le plaidoyer
auprès du Gouvernement et du
Parlement pour la ratification
et la publication de tous les
instruments internationaux et
pour présenter dans le détail les
activités de la CNDHL à travers
ses missions de promotion et
de protection. Elle a égale-
ment insisté sur l’importance
de la défense et la protection
des Droits des minorités et des
personnes vulnérables.
Pour bien cerner son inter-
vention, elle a souligné les actions
menées par la CNDHL au niveau
des prisons sur les trois îles et
surtout le rôle majeur que joue
la CNDHL sur les Droits des dé-
tenus en particulier les mineurs,
et ceci se traduit par l’accès des
détenus aux examens nationaux,
l’un des principaux majeurs de
l’Institution.
régionaux relatifs aux Droits
de l’Homme. Elle examine et
formule des avis, le cas échéant,
sur la législation nationale en
vue de son amélioration dans le
domaine des Droits de l’Hom-
me. Elle développe la coopéra-
tion dans le domaine des Droits
de l’Homme avec les institu-
tions de l’Union et des Iles, les
organes des Nations Unies, les
institutions régionales, les in-
stitutions nationales des autres
pays ainsi qu’avec les organi-
sations non gouvernementales
nationales et internationales.
Quant aux participants, ils ont
appris en termes d’intégrité et
d’engagement partagé pour
l’équité et la compréhension
interculturelle aux Comores et
c’était un grand moment d’ap-
prentissage et d’échanges sur
les missions de la CNDHL.
Pour terminer, Madame Sittou
Raghadat Mohamed a remercié
le Directeur et le personnel du
Corps de la Paix et tous les par-
ticipants, nationaux et étrangers.
Elle a tenu également a ré-
conforté ainsi qu’à rassurer les
participants. Ils pourront toujours
compter sur la CNDHL, car elle
sera toujours très honorée de
contribuer à la bonne cause.
Les formations à la CNDHL
Renforcement des capacités des auditeurs
de justice et des élèves Greffiers qui s’est
déroulé le 18 Octobre 2022
Dans le cadre de la formation
de renforcement des capacités
des auditeurs de Justice et des
élèves Greffiers qui s’est déroulé
le 18 Octobre 2022, la CNDHL
en qualité d’organe chargé de
promotion et de protection en
matière des Droits de l’Homme a
présenté un module sur les rôles
et les missions de la CNDHL. Les
échanges furent fructueux et les
participants ont appréciés que la
Présidente présente le rôle majeur
de la CNDHL afin de sensibiliser
Formation sur la saisine, l’alerte et le reporting
Une Formation sur la saisine,
l’alerte et le reporting auprès
des organes de traités et des
procédures spéciales des Nations
unies s’est déroulée du 26 au 27
Octobre à l’hôtel le Retaj grâce à
l’appui de l’Ambassade de France
en Union des Comores en parte-
nariat avec l’association Planète
Réfugiés-Droits de l’Homme.
L’objectif de la formation est
d’offrir aux participants les atouts
pour construire une stratégie de
saisine, d’alerte et de reporting
en direction des mécanismes
onusiens de protection et de pro-
motion des droits fondamentaux et
des procédures spéciales, adaptée
à sa thématique et au contexte
d’intervention.
Durant les deux jours de
formation et d’échanges, il était
ces auxiliaires de Justice.
Rappelons qu’au-delà de son
plaidoyer pour que l’appareil judi-
question d’acquérir les bases et les
outils nécessaires pour améliorer
la conduite de nos missions de
protection ainsi que de bien mai-
triser les mécanismes onusiens. Les
Commissaires et le personnel de la
CNDHL ont pris part à cette forma-
tion, tout comme le personnel de
la Délégation Générale aux Droits
de l’Homme et l’Administration
pénitentiaire.
Cet atelier de formation dis-
pensé par Nordine Drici, Prési-
dent de Planète Réfugiés-Droits
de l’Homme permettra aux par-
ticipants de :
-Définir le rôle général et les
fonctions des différents comités
onusiens de protection et de pro-
motion des droits de l’Homme ;
-Comprendre le rôle et les mo-
dalités générales d’alerte et de
saisine (rapports alternatifs, com-
munication, réponse à un appel à
contribution) des différents comi-
tés onusiens de protection et de
promotion des droits de l’Homme
(EPU, CDH, Comité DESC, Comité
CEDEF, CAT, CIDE, CPDH) ;
-Comprendre le rôle et les modal-
ités générales d’alerte et de saisine
des différentes procédures spé-
ciaire soit perfectionné humaine-
ment et logistiquement, elle a joué
un rôle crucial lors du concours
des auditeurs de justice organisé
en Avril 2021 car elle faisait par-
tie des membres du Jury afin
d’assurer le bon déroulement du
concours.
Une quarantaine de jeunes
sont formés pour intégrer le mi-
lieu judiciaire, c’est un projet du
ministère de la Justice avec l’appui
de partenaires au développement.
ciales (rapports alternatifs, com-
munication, réponse à un appel
à contribution)
-Savoir développer un reporting
efficace auprès des organes de
traités et des procédures spéciales
(rapports alternatifs, communica-
tion, réponse à un appel à contribu- 25
tion). Questions des calendriers des
saisines et des communications ;
-Construire une stratégie d’alerte
et de saisine des différents comi-
tés onusiens et des procédures
spéciales.
Durant les deux jours de for-
mations théorique et pratique
concrétisées par des jeux de
Janvier 2023 I Numéro 02
rôles et d’exercices de groupes,
les participants à l’unanimité ont
apprécié la méthodologie adoptée
et ont témoigné leur satisfaction.
De passage à la formation la
Présidente de la CNDHL a tenu à
remercier le formateur et les parte-
naires qui ne ménagent aucun ef-
fort pour accompagner la CNDHL
dans ses missions respectives.
La CNDHL en action
Première édition du Prix Droits de l’Homme et des Libertés,

« Saminya Bounou »
Mme Sittou Raghadat Mohamed,
a salué l’initiative qui contribuait
à promouvoir la représentation
et l’image des femmes dans les
médias du pays. Le représentant
d’EarthEcho Communications, M.

du journalisme sensible au genre Kader Irchad Barry, a quant à lui

indiqué que cette première édition
marquait le premier pas, et, avec
tous les partenaires souhaitant
accompagner cette démarche,
ouvrait la voie à la construction
d’un cadre médiatique plus fa-
vorable à la promotion du genre,
à la promotion d’un journalisme
plus sensible au genre en Union
des Comores, en accord avec la
vision de l’organisation EarthEcho
Communications qui en fait un
axe majeur de ses interventions.
Créée en 2013, l’AFCP appuie
les femmes journalistes pour pro-
mouvoir la place et l’image de la
femme dans les médias, son rôle
positif dans la société et l’écono-
mie et la défense de ses droits en
Union des Comores.

« Si nous avons souhaité lui donner le nom de cette

femme de courage et de conviction qui était Saminya 27

À
l’occasion des 16
jours d’activisme
contre les violences
basées sur le genre,
l’Association des Femmes Comori-
ennes de la Presse (AFCP) a lancé
au cours du mois de novembre
2022, la première édition du Prix «
Saminya Bounou » du journalisme
sensible au genre. Ce Prix vise à
récompenser chaque année des
auteurs/autrices et des rédactions
contribuant par leurs reportag-
es à une meilleure présence des
femmes dans les médias et à une
meilleure couverture des enjeux
et défis associés au genre.
Pour cette première édition, le
Prix a récompensé Chamsoudine
Said Mhadji, dans la catégorie «
Meilleur article de presse », pour le
portrait de Armel Azihar Sly-Vania
intitulé « Itinéraire d’une activiste
Bounou, c’est parce que ce Prix a vocation à récom-
penser et à soutenir celles qui poursuivent aujourd’hui,
dans notre Pays son combat pour l’image de la femme
dans les médias. Grâce à votre courage, grâce à votre
persévérance, ce combat progresse. Et par ce Prix, nous
voulons témoigner l’admiration et notre soutien. Comme
nous sommes à vos côtés, nous voulons être aux côtés
de toutes celles qui, partout dans notre Pays, défendent
l’égalité des droits entre les femmes et les hommes. Ce
Prix pour moi, constitue un jalon à important dans le

Janvier 2023 I Numéro 02

en herbe », ainsi que Ahamada
Mze Ayyam dans la catégorie «
Meilleur programme radio » pour
son reportage sur le recyclage
des couches. La cérémonie de
remise du Prix a eu lieu le mardi
20 décembre 2022 à l’Alliance
Franco-Comorienne de Moroni.
M. Pierre Beziz, Chef du Bu-
reau de l’Union européenne en
Union des Comores, a salué l’en-
gagement de tous les lauréats
de ce concours, et la pertinence
des gagnants. La Présidente de
la Commission Nationale des
combat visant à vaincre les inégalités qui entravent le
développement, le plein épanouissement des femmes,
compte tenu du rôle que les médias ont dans ce défi ;
réussir à associer les médias en amont du combat contre
ces inégalités aura un effet évident, et multiplicateur, sur
la réduction des autres formes d’inégalité ».
Extrait du discours de Madame Sittou Raghadat
Mohamed, Présidente de la Commission Nationale
des Droits de l’Homme et des Libertés de l’Union des
Comores, prononcé lors de la cérémonie de remise du
Prix « Saminya Bounou » du journalisme sensible au
genre.
 La CNDHL en action
Le Prix « Saminya Bounou »
est lancé en collaboration avec
EarthEcho Communications – une
organisation de coopération in-
ternationale faisant de la commu-
nication pour le développement
et la transformation sociale son
principal domaine d’expertise –
et la Commission Nationale des
Droits de l’Homme et des Libertés
de l’Union des Comores.
Saminya Bounou était une
consœur comorienne, journaliste
depuis 1999. Elle a été la première
femme à occuper le poste de
rédactrice en chef, de grand re-
porter et de cheffe de la rubrique
politique du journal national Al
Watwan. Elle a été également co-
fondatrice et première présidente
de l’Association des Femmes Co-
moriennes de la Presse de 2013 à
2015. Disparue prématurément en
2017, elle a laissé dans la mémoire
de ses pairs et des lecteurs le
souvenir d’une femme engagée
pour la promotion des droits des
femmes et de leur image dans les
médias. Le Prix « Saminya Bounou
» du journalisme sensible au genre
est donc dédié à sa mémoire, en
hommageàcettefemmeengagée
dans les médias et la promotion
28 des droits des femmes.
L’Union européenne est le partenaire
financier de cette première édition
du Prix « Saminya Bounou » du
journalisme sensible au genre.
Engagée au niveau international
dans la promotion des droits des
femmes à travers son Plan d’Action
Genre III, l’Union européenne fait
de la protection des femmes et
de la promotion de leurs droits un
domaine d’intervention prioritaire.
Son Plan de mise en œuvre en Union
des Comores vise la lutte contre les
Violences Basées sur le Genre, la
promotion des droits des femmes,
de leur autonomisation économique
et de leur pleine participation à la
vie sociale, publique et politique.
Extrait du discours de Mon-
sieur Pierre Beziz, Chef du Bu-
reau de l’Union européenne en
Union des Comores, prononcé
lors de la cérémonie de remise
du Prix « Saminya Bounou » du
journalisme sensible au genre.
29
Janvier 2023 I Numéro 02
 La CNDHL, une institution
La CNDHL en action humaine au service des droits
humains
Mission du Sous-Comité d’Accréditation Nous vous présentons deux visages de la Commission

de l’Alliance mondiale des Institutions Nationale des Droits de l’Homme et des Libertés. Jeunes
et engagé.e.s au service des droits humains, elles et ils
nous présentent leurs parcours et leurs vécus au sein de
Nationales des Droits de l’Homme l’institution.

(GANHRI) Abdou Amina Cela me permet d’accompagner

Une mission du Sous-Comité d’Accréditation de l’Alliance mondiale des Institutions
Nationales des Droits de l’Homme (GANHRI) aux Comores pour un exercice
d’évaluation des besoins de renforcement de capacités de la Commission Nationale
des Droits de l’Homme de l’Union des Comores du 10 au 17 septembre 2022.
• En matière de promotion
des droits de l’homme, la CNDHL
a conduit des programmes de
sensibilisation à travers des con-
férences de presse, des rencon-
tres avec les autorités publiques,
la publication d’articles, de com-
muniqués de presse, et de son
premier magazine avec l’appui
d’EarthEcho Communications
ainsi que l’ouverture d’une page
Facebook
Chargée des plaintes
Pouvez- vous vous présenter ?
Je m’appelle Abdou Amina, je
suis titulaire d’une licence en
Droit, je travaille à la CNDHL en
tant que chargée des plaintes
depuis 2020
Quelles sont vos missions au
sein de la CNDHL ?
Ma mission consiste à recevoir
des plaintes individuelles et col-
lectives pour toutes personnes
victimes de violation des Droits
de l’Homme. Je réceptionne les
plaintes, j’assiste aux entretiens
et je mène des investigations.
les plaignants pour leur offrir l’as-
sistance nécessaire et demander
une réparation pour les préjudices
subis.
Qu’est-ce qui vous a le plus mar-
qué au cours de vos missions ?
Être au service de la population
me donne la force de continu-
er à œuvrer pour mieux servir Dotée de la vision de faire
pour la bonne cause, notamment de l’Union des Comores une
faire de l’Union des Comores une référence en matière de respect
référence en matière de respect des Droits Humains, je suis armée
des Droits de l’Homme. Mon méti- de courage pour m’investir à fond
er sert de tremplin pour instaurer pour être à la hauteur des attentes
cette culture des Droits Humains. de la population.
Que signifie pour vous être mem-
bre de la CNDHL

L
’objectif principal
de cette mission
est d’accompag-
ner la CNDHL dans
l’identification des besoins et la
formulation des stratégies pour
30 adresser les besoins de renforce-
ment.
Cet exercice d’auto-évalu-
ation s’est penché sur le texte
législatif établissant la CNDHL et
comprenait des entretiens avec
les commissaires et le personnel
de la Commission, des entretiens
avec les principaux partenaires
techniques et financière notam-
ment l’Ambassade de France et
de la société civile.
À cela s’ajoute la publication
du rapport annuel d’activités ainsi
que du rapport sur la situation
des droits de l’homme que rela-
tent les informations sur les dif-
férentes activités menées depuis
la prise de fonction de la cohorte
actuelle de commissaires :
• Visites inopinées de lieux
de détention en coopération
avec le ministère de la Justice
et l’administration pénitentiaire
qui ont amené plusieurs résultats
positifs comme la nomination
d’un gardien-chef, l’obtention
de nouveaux matelas (grâce à
Il est à noter également que
certes, la CNDHL enregistre des
acquis mais l’Institution doit rele-
ver certains défis si elle veut être
en mesure d’exercer son mandat
de promotion et de protection
des droits de l’Homme d’une
manière très indépendante. Pour
ce faire, la CNDHL doit s’efforc-
er d’atteindre une autonomie
financière réelle et l’institution
doit renforcer son partenariat
avec les parties prenantes nota-
mment le Parlement, d’où la né-
cessité d’établir un Mémorandum
d’entente avec le Parlement. La
CNDHL peut encourager la mise
en place de plateforme sur les
Anis Ibrahim mon équipe. C’est un service af-
Youssouf fecté à la population qui nous
permet de recevoir des plaintes
Chef du service des plaintes
pour toutes personnes qui se sent
victime de violation des droits
humains. Notre objectif c’est de
les accompagner, les orienter et
les assister pour demander une
réparation. J’exerce également
la fonction de Chef personnel,
me conférant la lourde tâche de
superviser toutes les activités de
la CNDHL sur la mise en œuvre.
Enfin j’assure le relais entre la
CNDHL et ses partenaires tech-
niques ainsi que de mise en œu-
pour voir notre Pays un jour être
parmi les Pays qui respectent
mieux les Droits humains.
Que signifie pour vous être
membre du personnel de la 31
CNDHL ?
La vision de la CNDHL est de
faire de l’Union des Comores
une référence en matière de
respect des Droits Humains.
C’est dans cette perspective que
moi et mon équipe nous nous
investissons sans réserve pour
apporter notre pierre à l’édifice.
Mon plus grand souhait, c’est

Janvier 2023 I Numéro 02

l’Union Européenne ainsi que
les parties prenantes au niveau
national, à savoir le ministère de
la Justice, l’Assemblée de l’Union
et les organisations de la société
civile.
Rapport d’activités
Après l’évaluation, la
Secrétaire du Sous-Comité a
relevé certains acquis notam-
ment la composition des mem-
bres qui est pluraliste avec des
membres issus particulièrement
l’appui financier du SCAC), la
permission de l’accès des dé-
tenus candidats aux examens
nationaux pour la session 2021-
2022.
• Plaidoyer pour l’amélioration
des conditions de vie en prison
ayant conduit à une réhabilita-
tion des toilettes dans la prison
de Moroni. L’engagement de la
CNDHL en matière d’amélioration
de la qualité de vie dans les lieux
de détentions a été renforcée
aussi par une formation donnée
par Expertise France.
droits de l’homme et coopérer
avec la société civile dans les îles
pour élargir ses missions.
Une feuille de route présen-
tant les actions prioritaires pour
la mise en œuvre des recom-
mandations de cet exercice
d’évaluation des besoins en
renforcement de capacités de
la CNDHL est établie.
La mission a pu être réalisée
grâce à la collaboration et à la
grande disponibilité de la CNDHL
dans son ensemble, du Bureau
du Coordinateur Résident.
Je m’appelle Anis Ibrahim
Youssouf, juriste de formation.
Recruté depuis l’année 2020
au sein de la CNDHL, j’occupe
le poste de Chef de service
des Plaintes jusqu’à nos jours.
Quelles sont vos missions ou
sein de la CNDHL ?
Ma mission principale consiste
à gérer le service des plaintes
en étroite collaboration avec
vre notamment les acteurs de
la société civile.
Qu’est-ce qui vous a le plus mar-
qué au cours de votre mission ?
Instaurer une culture des Droits
de l’Homme, c’est un vaste chan-
tier, auquel chacun de nous doit
contribuer. Aujourd’hui, cette cul-
ture commence à s’installer petit
à petit grâce à nos missions de
protection et de sensibilisation.
Je me bats chaque jour à travers
mes interventions de protection
de pouvoir améliorer mon ser-
vice des plaintes pour offrir une
meilleure assistance à toutes les
personnes vulnérables.
Pour cela, je préconise le
renforcement des capacités
d’écoute, d’orientation et d’ac-
compagnement juridique et
psychosocial pour l’extension
de notre service d’orientation
juridique.
Ceci nous permettra de bien me-
ner nos missions de protection en
matière des Droits de l’Homme.
 Agenda
Journées internationales
16 novembre 2022
Journée
Le 16 Novembre 1995 une nos modes d’expression et de
Internationale décision a fait suite à l’adoption
d’une Déclaration de principes
nos manières. La tolérance est
la reconnaissance des droits
de la Tolérance sur la tolérance par les États universels de la personne
membres de l’UNESCO. humaine et des libertés
Affirmant notamment que la fondamentales d’autrui. Les
tolérance n’est ni complaisance peuples se caractérisent
ni indifférence. Notre qualité naturellement par leur diversité
d’êtres humains s’exprime par ; seule la tolérance peut assurer
le respect, l’appréciation de la la survie de communautés
richesse et de la diversité des mixtes dans chaque région du
cultures de notre monde, de globe.
25 Novembre 2022
–10 décembre 2022
Campagne
25 Novembre 2022 annuelle
internationale
Journée Internationale pour « 16 jours
l’élimination de la violence à l’égard d’activisme
des femmes contre la
32 violence basée
sur le genre
à l’égard des
femmes et des
filles »
Cette campagne a été lancée
en 1991 par des activistes lors
de l’inauguration de l’Institut
international pour le leadership
des femmes. La coordination
de cette campagne est assurée
chaque année par le Centre
pour le leadership mondial des
femmes.
Comme les années précédentes, la Journée internationale pour
l’élimination de la violence à l’égard des femmes donne le coup
d’envoi de 16 jours d’activisme du 25 novembre au 10 décembre
2022, jour de la commémoration de la Journée internationale des
droits de l’homme. Plusieurs événements publics sont en cours de
coordination et des bâtiments et points de repère emblématiques
seront « orangés » à travers le monde pour rappeler la nécessité
de non-violence dans l’avenir.
03 Décembre 2022
Journée Internationale des personnes
handicapées
Chaque année depuis 1992,
la Journée internationale
des personnes handicapées
est célébrée le 3 décembre
09 Décembre 2022
Journée Journée Internationale des
internationale de Droits de l’Homme
commémoration
des victimes
du crime de
génocide,
d’affirmation de
leur dignité et de
prévention de
crime
Le 09 Décembre a été
déclaré Journée Internationale
de la Commémoration
des victimes du crime de
génocide par l’assemblée
générale des Nations Unies
depuis septembre 2015 avec
un objectif de mieux faire
connaitre la convention sur
le génocide et la prévention
de ce crime, tel que défini
dans la Convention, et de
commémorer et honorer les
victimes.
les sphères de la société
et du développement. La
convention relative aux droits
des personnes handicapées
adoptée en 2006 au fil des
décennies de travail des
Nations Unies dans le domaine
du handicap, a fait progresser
les droits et le bien-être des
personnes handicapées. La
mise en œuvre du Programme
de développement durable
à l’horizon 2030 et d’autres
cadres de développement
à travers le monde. Elle vise internationaux ont tous pour
à promouvoir les droits et objectif ultime la transformation
le bien-être des personnes de la société vers une société
handicapées dans toutes durable et résiliente pour tous.
10 Décembre 2022
33
Janvier 2023 I Numéro 02
La Journée Internationale des Droits de l’Homme est
célébrée le 10 décembre de chaque année, adoptée en
1948 par l’Assemblée générale des Nations Unies de la
Déclaration universelle des Droits de l’Homme, proclamant
les droits de chaque individu. Cette déclaration est la
première reconnaissance universelle montrant que nous
sommes tous nés libres et égaux en dignité et en droits. Un
document fondateur qui est une source d’inspiration pour
promouvoir l’exercice universel des droits de l’Homme.
 Partenaires
Un regard sur les acteurs en droits
humains et en genre en Union des
Comores
Les activités de la direction en charge de la Jeunesse
« Faire de le jeunesse le fer
de lance de l’Emergence »
D
epuis sa création,
la direction s’est
fixée comme prin-
cipales missions
d’encadrer, de former et d’aid-
er à l’insertion des jeunes sur le
plan économique. Il eut toutefois
fallu attendre jusqu’au mois de
décembre 2017, que la politique
nationale devant accompagner
cette jeunesse-là et aussi la société
civile soient élaborées. Notons
que le seul texte
réglementaire
qui évoque les
fondements de
34 la société civile
date de 1986
et portait sur
le “contrat de
création d’une
association”.
Un texte jugé
« obsolète »
par une source
de la direction
générale en charge de la jeunesse
qui souligne que « malgré l’élabora-
tion de la politique nationale pour
la jeunesse en 2017, qui a d’ailleurs
été inclue dans le plan Comores
émergents, aucun document cad-
re n’a été fait pour régir l’organi-
sation, l’encadrement, et encore
moins la vision du développement
de la jeunesse. Il manque à son
appui un plan d’action et la mise
en place d’une feuille de route ».
Interrogée sur les missions de
la direction en charge de la Jeu-
nesse en matière de promotion
de la société civile, notre source
a énuméré l’éducation, l’encadre-
ment, la formation et leur insertion
au niveau économique à travers
plusieurs programmes de forma-
tion en leadership. Elle notera aussi
l’éducation populaire qui porte
normalement sur les loisirs.
Se référant à la politique natio-
nale de la jeunesse, lit-on que des
chantiers sont mis en place afin
d’accompagner la société civile
comorienne ; il faut citer la mise
en place du conseil national de
la Jeunesse, la mise en place des
institutions de la jeunesse ; tout en
indiquant qu’il faut aussi revoir les
textes déjà existants afin de les
adapter à la réalité d’aujourd’hui
pour répondre aux besoins de la
jeunesse, comme créer les lois,
faire les décrets, arrêtés et autres.
Une feuille de route serait déjà
tracée depuis 2020, mais serait
toujours en attente de validation,
comme d’ailleurs, plusieurs autres
projets élaborés au bénéfice de la
jeunesse nationale. En poursuivant
sur les chantiers, notre source a in-
sisté sur la mise en place du conseil
national de la jeunesse indiquant
que ce seront les sociétés civiles
qui y siégeront et que cela aidera
à la restructuration de toutes les
associations de la jeunesse, citant
entre autres le projet de construc-
tion des bureaux du conseil, au sein
de l’administration de la Jeunesse.
Notre source indiquera qu’à
travers la mise en place du con-
seil nationale, et les différents
programmes de
formation visant à
renforcer les capac-
ités de la jeunesse
et des membres
des différentes or-
ganisations de la
société civile, cela
construira le pont
entre la société civile
comorienne et les
institutions gouver-
nementales.
Plusieurs parte-
naires au développement appuient
la direction en charge de la Jeu-
nesse à savoir les Nations-unies à
travers l’UNFPA qui milite pour le
développement et l’encadrement
de la jeunesse, la commission de
l’océan Indien, l’organisation inter-
nationale de la Francophonie et
la conférence des ministres des
paysmembresdelaFrancophonie.
Pour ce qui est des défis, le plus
important est d’assurer le bien-être
de la jeunesse et de la société civile
en faisant de cette jeunesse, le fer
de lance de l’Emergence.
Nous avons résumé pour vous
La Politique Nationale
de la Jeunesse
L
e document
de Politique
Nationale de la
Jeunesse (PNJ),
élaboré en 2017 pour répon-
dre aux défis portés par la
jeunesse de l’Union des Co-
mores, est le document cad-
re sur lequel doivent prendre
appui tous les acteurs publics
et privés ainsi que les parte-
naires techniques et financiers
évoluant dans le secteur de
la jeunesse et du développe-
ment. Ce document est le fruit
d’un processus de concerta-
tion et d’échanges avec les
parties prenantes et fait partie
intégrante des missions du
Ministère chargé de la Jeu-
nesse, et a été réalisé avec
l’appui technique et financier
de l’UNICEF, de l’UNFPA, du
PNUD et du Gouvernement
Comorien.
Nous l’avons résumé pour
vous.
1. Une population jeune
L’Union des Comores a une
population estimée à 828
147 habitants (source RGPH
2003 projection 2017), avec
un taux d’accroissement an-
nuel d’environ 2,1%, avec des
différences d’une île à l’autre.
La structure démographique
reste marquée par le poids
des jeunes : 53% de la pop-
ulation pour les moins de 20
ans et 42% pour les moins de
15 ans. Les femmes en général
représentent 50,4 % et celles
en âge de procréer 23,6. La
structure par âge et par sexe
présente les caractéristiques
classiques des pays en dével-
oppement avec une base
large et un sommet rétréci,
confirmant le rajeunissement
de la population du pays.
2. Les problèmes
majeurs de la jeunesse
comorienne
Les problèmes majeurs ren-
contrés par la jeunesse co-
morienne, relevés dans la
PNJ, sont :
- Un cadre légal et réglemen-
taire insuffisant pour prendre
en main les aspirations de la
jeunesse ;
- Une faible accessibilité à
une éducation formelle et
non formelle de qualité ;
- L’insuffisance voire l’absence
de structures d’éducation
populaire comme des cen-
tres de jeunes, des centres
récréatifs et de loisirs pour
jeunes ;
- La faiblesse des capacités
institutionnelles, techniques
et opérationnelles des struc-
tures étatiques chargées de
la jeunesse ;
- L’insertion difficile dans la
vie professionnelle et l’insuffi-
sance d’opportunités d’emploi
pour les jeunes accentuée par
le chômage généralisé ;
- Le manque de subventions
pour les mouvements, asso-
ciations et organisations de
la jeunesse ;
- La faible implication des
jeunes dans les actions de
développement du pays ;
- L’insuffisance des prestations
sanitaires spécifiques pour
les adolescents et les jeunes ;
- La prévalence élevée des
grossesses à risque, des avor-
tements provoqués dans des
conditions dangereuses, de
l’infection à VIH et des vio-
lences, y compris les violences
sexuelles chez les jeunes ;
- Une insuffisance de l’encad-
rement de la jeunesse.
3. La vision de la Politique
Nationale de la Jeunesse
La Politique Nationale de
la Jeunesse de l’Union des
Comores se donne comme
vision « l’émergence d’une jeu-
nesse Comorienne éduquée,
formée, compétente, citoy-
enne, jouissant de tous ses
droits, et assumant ses devoirs
de citoyen pour la construc-
tion nationale et le dévelop-
pement durable de l’Union
des Comores ».
Cette politique se fonde sur
les valeurs suivantes :
- La protection et la promotion
des droits des jeunes : l’équité
en genre, la lutte contre toutes
les formes de discrimination 35
et de stigmatisation, la liberté
d’expression ;
- L’épanouissement des jeunes
: fondé sur la conscience et le
développement de soi, le pa-
triotisme, la paix et le civisme,
l’engagement pour la protec-
tion de l’environnement et le
développement durable ;
- L’autonomisation des jeunes
Janvier 2023 I Numéro 02
: à travers le volontariat, le
bénévolat, l’esprit de créativi-
té et d’innovation, L’entrepre-
nariat, la responsabilisation,
l’amour du travail et l’accès
à un travail décent ;
- La participation citoyenne
de la jeunesse à la prise de
décision et à l’exercice de
responsabilités civiques au
national, continental et inter-
national de la gouvernance
La Politique Nationale de la
Jeunesse, dans son élabo-
 Partenaires
ration comme dans sa mise
en œuvre, prendra appui sur
les principes directeurs suiva-
nts : Droits humains, Egalité,
Intégration de la dimension
genre, Droits et devoirs, In-
clusion des jeunes, Intersec-
torialité, Décentralisation,
Développement durable.
Le but est la promotion de la
jeunesse Comorienne pour
en faire un acteur clé et un
bénéficiaire du développe-
ment national.
4. Les axes stratégiques
La présente Politique Natio-
nale de la Jeunesse est une
politique impliquant la par-
ticipation de l’ensemble des
parties prenantes en matière
de jeunesse. Elle est multisec-
torielle et s’appuie sur les 4
axes stratégiques suivants et
objectifs associés :
Axe 1 : L’Education et
développement des
compétences
Cet axe vise à mettre en place
un environnement favorable à
l’acquisition des savoirs et des
36 compétences utiles ainsi que
des possibilités d’accéder à des
formations techniques et pro-
fessionnelles devant permettre
aux jeunes d’augmenter les
opportunités de travail et de
faciliter leur insertion dans la
vie économique. Pour réponde
à ces exigences, les stratégies
à mettre en œuvre devront
viser à :
Objectif 1.1. : Améliorer la
qualité de l’enseignement à
tous les niveaux ;
Objectif 1.2. : Valoriser l’éduca-
tion non formelle et l’éducation
formelle ;
Objectif 1.3. : Développer la
culture numérique.
Axe 2 : La Santé
et le bien-être
Cet axe vise à l’amélioration de
la disponibilité et de la qualité
des services de soins et de
prévention contre la maladie
pour mieux servir les beso-
ins des jeunes en matière de
santé sexuelle et reproductive
y compris la planification fa-
miliale. Cette promotion de la
santé de jeunes et des adoles-
cents passe par la réalisation
des trois objectifs suivants :
Objectif 2.1. : Accroitre la qual-
ité et l’accès aux services de
santé offrant des prestations
aux jeunes et aux adolescents
Objectif 2.2. : Développer des
structures spécifiques de prise
en charge des problèmes de
santé des jeunes et adoles-
cents ;
Objectif 2.3. : Développer
la Communication pour le
Changement de Comporte-
ment et l’offre de services en
Santé de la Reproduction des
Adolescents et Jeunes ainsi
que la sensibilisation au niveau
communautaire.
Axe 3 : L’Emploi et
entrepreneuriat
Cet axe vise à réduire le taux
de chômage, en augmentant
les opportunités économiques
pour les jeunes et en créant les
meilleures conditions au plein
déploiement de leur potentiel
créatif et innovant dans tous
ces domaines. Les objectifs
suivants sont associés à cet
axe stratégique :
Objectif 3.1. : Mettre en place
des centres d’orientation pro-
fessionnelle au sein des étab-
lissements scolaires afin de
mieux orienter les jeunes et
les appuyer à la conception
d’un projet professionnel dès
l’âge précoce ;
Objectif 3.2. : Promouvoir
l’entreprenariat des jeunes et
contribuer à la mise en place
de dispositifs devant faciliter
l’embauche des jeunes.
Axe 4 : : Droits,
gouvernance et
autonomisation de la
jeunesse
Afin de parvenir à un dével-
oppement harmonieux par la
participation des jeunes dans la
promotion citoyenne, la bonne
gouvernance, la protection de
l’environnement, les stratégies
s’appuient sur les objectifs
suivants :
Objectifs 4.1. : Promouvoir
la culture de la paix et de la
non-violence chez les jeunes ;
Objectifs 4.2 : Promouvoir
le civisme, la citoyenneté et
la sauvegarde de l’environne-
ment et le développement
durable.
• Le Ministère de la Jeunesse,
des sports, de l’Emploi, de l’In-
sertion Professionnelle, des
Arts et de la Culture est l’or-
gane d’appui et d’orientation
chargé de la mise en œuvre
de la présente Politique Natio-
nale de la Jeunesse. Un Comité
Insulaire de la Jeunesse sera
institué au niveau de chaque
île pour coordonner la mise en
œuvre au niveau insulaire du
plan opérationnel de la PNJ.
La création par une loi d’un
Fonds National de la Jeunesse
est recommandée, afin de
permettre de renforcer les
capacités nationales à faire
face aux besoins de finance-
ment de la PNJ.
Ce document
est le fruit d’un
processus de
concertation
et d’échanges
Personnalité inspirante
L’entretien du magazine
Monsieur Salim Soulaimana
« La bonne manière de
marquer mon existence est de
militer dans le syndicalisme »
P
our cette deux-
ième édition du
magazine Hakika,
la rubrique Per-
sonnalité inspirante a choisi de
présenter une des figures em-
blématiques de la société civile
comorienne. Il s’agit de Salim
Soulaimana, un des pionniers du
militantisme syndical comorien.
Instituteur de formation après
avoir passé un concours national
en novembre 1984, Salim Sou-
laimana était alors déjà engagé
au profit de la jeunesse de sa
ville natale. En 1983, il avait
déjà tenu le premier chantier
des jeunes des Comores, or-
ganisé par le scout Ngomé de
Ntsudjini. Ce père de famille a
par la suite saisi les occasions de
se perfectionner afin de militer
au profit du syndicalisme, en
suivant notamment une forma-
tion d’encadrement pour une
durée de 4 ans sur le comment
être au service de la masse
populaire. Actuellement in-
stituteur à l’école primaire
publique de Moroni Djoma-
ni, ce natif de Ouani a tout
d’abord enseigné à Sima, à
Kavani à l’Ouest d’Anjouan,
à Ouani puis a travaillé à
l’inspection générale de
Ouani jusqu’en 1997
avant d’être chargé de
l’administration à la
CIPR de Moroni, faisant
fonction de conseiller
pédagogique.
1. Qu’est ce qui a
principalement marqué
votre enfance et votre
jeunesse ?
Enfant, j’ai été toujours intéressé
par des animations folkloriques,
la boxe traditionnelle. L’esprit de
vouloir servir ma famille m’habitait.
Toutefois, durant ma jeunesse, j’ai
constamment été au service des
autres, étant toujours à la première
ligne. J’étais vite repéré par le mou-
vement de la jeunesse du Front
démocratique (FD) qui m’a enrôlé
dans la culture de la jeunesse.
Puis j’ai reçu
une forma-
tion d’en-
cadrement
de quatre
ans pour
être au ser-
vice
de la masse populaire. Pendant
cette période, avec d’autres amis,
nous avions déjà pris la décision de
renforcer l’association dite Union
Fraternelle des Elèves d’Ouani et
d’organiser les semaines de la jeu-
nesse de notre localité.
Dans ce cadre, j’ai mené plu-
sieurs activités de solidarité à
travers les cours de soutien et
le parachèvement du foyer des
jeunes d’Ouani en 1983 avec l’ap-
pui de l’Ambassade de France à
Moroni. Puis nous avons mis un
réseau des jeunes d’Anjouan et
vite le réseau s’est étendu vers les 37
jeunes de Ngazidja. Là encore nous
avons bénéficié des formations
d’encadrement de trois ans.
En 1983 date à laquelle nous
avons tenu le premier chantier des
jeunes des Comores, organisé par
le scout Ngomé de Ntsudjini du
18 juillet au 18 Aout dont
j’étais élu président. Ce
chantier regroupait
Janvier 2023 I Numéro 02
150 jeunes venant
de toutes les îles de
l’Archipel et aussi, 7
membres de scout
de France. Là aussi,
nous avons reçu un
encadrement axé
sur le patriotisme
et comment être
au service de la
nation, et être
solidaire.
 Personnalité inspirante
2. Comment expliquez-vous
votre engagement dans
la société civile ? Et quel a
été l’élément déclencheur
38 de votre militantisme
associatif ?
Depuis le regroupement des
jeunes de 1983, l’ambition poli-
tique pour laquelle je fus recruté,
a commencé à prendre corps de
militant social. D’ailleurs j’étais
très apprécié par mes amis de
classe et tous ceux avec qui j’ai
travaillé en particulier les sages de
la ville de Ouani. Ils m’ont beau-
coup aidé à devenir qui je suis
aujourd’hui. J’en profite pour leur
rendre à tous un hommage ap-
puyé à Dr Abdallah Allaoui, Maitre
Soidridine ben Abdallah, Bour-
hane Said Omar, Ahmed Cheik,
Mohamed Bacar Combo (Guy),
Bacar Ousseine Mari et Abdallah
Bacar Combo et d’autres que je
ne peux citer. Ils m’ont toujours
apporté leur soutien, corrigeaient
mes écrits et avaient confiance
en moi. Ils m’encourageaient et
me rassuraient que je serais un
grand dirigeant de ce pays et je
ne dois pas me fatiguer. Pendant
le régime d’Ahmed Abdallah, j’ai
été parmi les premiers jeunes
formés sur le syndicalisme par
l’équipe du Front démocratique
avec comme mission d’organ-
iser les travailleurs du port de
Mutsamudu, les enseignants et
les agents de la santé. Ces for-
mations se faisaient en cachette
dans des lieux secrets et surtout
les nuits.
3. Qu’est-ce qui vous a
poussé à défendre les droits
des travailleurs en tant que
syndicaliste ?
C’est surtout avec l’esprit
de garder le leadership de ma
promotion. Je me suis dit que la
bonne manière de marquer mon
existence est de militer dans le
syndicalisme. A cette époque-là,
peu de personne connaissaient
les valeurs et les fondements du
syndicalisme. D’ailleurs, certains
pensaient que c’est le meilleur
instrument pour combattre les
injustices de tout venant. Ce qui
n’est pas totalement faux. Avec
les évènements liés aux mutations
de la géopolitique internationale,
il va sans dire que le mouvement
syndical a aussi ses raisons de s’y
adapter pour mieux répondre
aux besoins des travailleurs et
au mouvement syndical à tous
les niveaux.
4. Quelles ont été vos
grandes réalisations dans la
société civile ?
D’abord, dans ma ville natale
je me réjouis d’avoir participé
à garder la solidarité de la jeu-
nesse de Ouani entre elle et celle
des différentes localités de l’ile
d’Anjouan, afin qu’ils puissent
continuer l’ouvrage que nos
ainés nous ont légué avec no-
tamment, la construction du foyer
des jeunes de Ouani aujourd’hui
« Espace chababi ». Après les
évènements de 1989, j’ai été un
des fondateurs du mouvement
syndical comorien, étant parmi
les fondateurs du Syndicat Na-
tional des Instituteurs Comoriens
(SNIC).
Je n’oublierai jamais les efforts
consentis par la société civile quand
l’unité du pays était mise en cause
par la période de la crise séparat-
iste. Une période durant laquelle
personne ne connaissait réellement
son issue. A travers la collabora-
tion de plusieurs organisations de
la société civile, nous avons mis
ensemble une stratégie sociale
pour défendre l’unité nationale en
participant activement à la recher-
che de solution. On prenait part à
différentes conférences à Addis,
à Antananarivo, et à Fomboni. Je
me réjouis d’avoir été parmi ceux
qui ont travaillé pour la réussite de
l’accord de Fomboni du 17 février
2001. Et d’être aussi, de ceux qui
ont participé à la création de la
Fédération Comorienne de la So-
ciété Civile (FECOSC) regroupant
plusieurs organisations. J’ai aussi
participé et conduit l’organisa-
tion de l’Observation Nationale
des Elections de 2001 à 2016. Ce
qui m’a permis de renforcer mes
compétences et de participer à
l’enracinement de la démocratie
électorale du pays avec l’appui de
la communauté internationale en
général et du PNUD, de l’OIF et
l’UE en particulier.
5. Quel est le combat le plus
significatif que vous avez
mené pour la défense des
droits des travailleuses et
travailleurs ?
Le combat le plus import-
ant qui a marqué la défense des
travailleurs date de 1992 à 1994
périodes où nous luttions con-
tre le Programme d’Ajustement
Structurel (PAS) instrumentalisé
par le FMI et la Banque Mondiale.
Cette période a été caractérisée
par une vague de protestation des
Travailleuses et travailleurs suite à
la mise en cause des acquis socio-
professionnels des fonctionnaires
comoriens. Ce même combat a
continué de 2006 à 2015, période
à laquelle le mouvement syndical a
été reconnu dans les faits et associé
à donner ses avis dans plusieurs
dossiers socioéconomiques tels
que : l’élaboration de la politique
nationale de l’Emploi, de la protec-
tion sociale, la révision du code du
travail des Comores, de la révision
du statut général des fonction-
naires en 2004.
Mais aussi, d’avoir su maintenir
des relations syndicales cordiales
avec le mouvement syndical inter-
national comme la Confédération
Syndicale Internationale (CSI) dont
la CTC est membre depuis 2008
sous la responsabilité d’Ibouroi Ali
Tabibou. Aussi, avec le mouvement
syndical Africain notamment la
CSI-Afrique dont j’ai eu à exercer la
fonction de Conseiller général ainsi
que de l’Organisation de l’Unité
Syndicale Africaine (OUSA). Je suis
très satisfait du fait que la CTTC
est depuis quatre ans membre du
Conseil Economique et social de
l’Union Africaine représentée par
unefemmeen la personnedeMme
Zaharia Said Allaoui. Et également
Membre du conseil général mon-
dial de la CSI représentée encore
par Mme Assoumani Koulthoume.
Ce que je qualifie de fierté.
6. Quels obstacles avez-
vous rencontrés dans la
défense de ces droits et
comment les avez-vous
surmontés ?
Il n’y pas que des bons mo-
ments dans la bataille syndicale.
J’ai connu des moments difficiles
qui pouvaient aller jusqu’au dése-
spoir total. Parfois, des accusations
à tort et des sacrifices de tout
genre. Perdre parfois des gens
chers pour la défense des autres.
J’ai surmonté un certain nombre
d’obstacles en ayant confiance en
moi avec l’intime conviction de ce
que je faisais et fais toujours. Cela
Ce dialogue social a des
principes et des valeurs
auxquels toutes les
parties prenantes doivent
impérativement adhérer.
a été possible avec les conseils de
plusieurs personnes que je ne peux
citer et plus particulièrement le
soutien de ma famille. J’ai égale-
ment bénéficié des conseils de mes
amis africains et internationaux et
ceux du Bureau International du
Travail en général et d’ACTRAV
(Activité pour les Travailleurs) en
particulier.
7. Quel serait selon vous, le
moyen de rapprocher les
institutions de l’Etat et la
société civile, notamment
en ce qui concerne les
impératifs d’ordre public ?
J’allais vous mentir si je ne note
pas que des progrès ont été réal-
isés en ce sens depuis 2007 et ces
deux composantes travaillaient en
bonne intelligence. Il est regrettable
qu’aujourd’hui on ait le sentiment
de partir de la case départ. La so-
ciété civile dont je parle est celle
qui est indépendante, qui exerce
son rôle de contrepouvoir dans
le respect de la dignité des indi-
vidus et des structures. Déjà il y a
beaucoup d’instruments juridiques
qui la protègent. Mais il faut aussi
reconnaitre qu’elle subit aussi de
fortes pressions. Le plus souvent
par les représentants de l’état ou 39
du monde patronal pour diverses
raisons.
Malgré les intérêts divergents, il y a
plusieurs possibilités d’établir de bonnes
relations sous formes de partenariat entre
les institutions étatiques et les organi-
sations de la société civile. Nous avons
connu dans ce pays des manifestions
de protestation pacifique qui ont été
toujours une expression populaire et l’or-
Janvier 2023 I Numéro 02
dre public n’a jamais été remis en cause.
 Au contraire cela permet- servir la société civile. Quant à n’est pas aussi simple que ça. Il
tait aux différents respons- moi, je suis convaincu que le com- faut de la persévérance, de la
ables d’ajuster leurs visions en bat social est toujours récupéré sobriété et avoir le courage de
tenant compte de l’expression par les politiques sans le vouloir bien faire. Il faut toujours croire
de la population. Il y avait aussi des acteurs sociaux. à ce qu’on fait. La courtoisie et la
des cadres formels et informels En cas de succès le pouvoir fermeté font bon ménage.
pour consulter la société civile en politique en place se félicite et Pour les acteurs étatiques,
conservant son indépendance en cas d’échec, l’opposition poli- ils doivent se dire qu’ils sont là
tels que le conseil économique tique trouve un argument pour et leurs responsabilités les obli-
et social et d’autres structures montrer l’incapacité du gouver- gent à travailler avec les respons-
équivalentes. Le dialogue social nement à trouver des solutions ables sociaux dans un cadre de
est un atout pour un pays à re- aux revendications sociales. C’est partenariat tout en respectant
nouer avec la paix. Ce dialogue pourquoi de tels arguments ne l’autonomie de chacun.
social a des principes et des val- me font pas peur du tout, d’où Ensemble, ils peuvent faire la
eurs auxquels toutes les parties qu’ils viennent. promotion des droits humains
prenantes doivent impérative- en droit et dans les faits. La vio-
ment adhérer. Cela n’est du tout 9. Quels sont vos conseils lence n’est autre que l’expression
un dialogue dirigé car chacun aux acteurs de la société des faibles, puisque les acteurs
reconnait l’autre et sa diversité civile et aux acteurs sociaux et étatiques doivent tou-
et le compromis l’emporte. étatiques pour une jours cohabiter afin de trouver
meilleure contribution à des solutions négociées, en re-
8. Comment comprenez- la cohésion sociale et au spectant les textes légaux. Ce,
vous les soupçons de renforcement des droits même quand ça ne les arrange
collusion des organisations humains aux Comores ? pas car, c’est ça la démocratie.
de la société civile avec les D’abord pour les acteurs de Faire en sorte que la justice soit
partis politiques et avez- la société civile, être un leader ça un dénominateur commun.
vous le sentiment que ces se construit avec le temps et ce
soupçons sont fondés ?
Fondamentalement,toutpou-
voir politique aimerait diriger un
pays avec moins de contestation.
Le plus souvent toute contes-
tation à la suite d’une décision
40 diversement appréciable, la pop-
ulation ou les organisations de la
société civile, les responsables
politiques ont toujours accusé de
manipulations politique depuis
les années 1990. C’est une façon
de faire taire les responsables
de la société civile face à des
décisions gouvernementales in-
soutenables. Personnellement, je
l’ai subi à maintes reprises. Le pire
c’est que les mêmes personnes
cherchent à avoir les respons-
ables de la société civile à leur
solde. Jamais vous n’entendrez
le gouvernement quel que soit sa
nature, indexer ceux qui obéis-
sent à leurs injonctions. Jamais.
Personnellement j’en ai connu
beaucoup et je connais main-
tenant beaucoup malheureuse-
ment. La preuve. Certains de ces
dirigeants politiques après leur
service, m’ont confié que tout ce
qu’ils faisaient, c’était d’obéir et
m’exprimaient le désir de venir
 Rubrique

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 Contacts
Commission Nationale des Droits de l’Homme
et des Libertés de l’Union des Comores
Quartier Coulée-Maahad
Tél : (+269) 779 97 31 / 773 97 32 / 773 97 33
Email : hakika@cndhl.km