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Expressions niçoises ou provençales

A Nice, nous parlons le nissart, parler roman issu du latin qui a évolué avec le temps.
Les langues romanes ont été classées selon la façon dont on disait « oui » dans ces parlers, la langue
d’oil dans le nord de la France, la langue d’oc dans le sud.
Le nissart a évolué parallèlement au dialecte provençal autant pour des raisons historiques (Nice est
détachée du comté de Provence en 1388) que géographiques (les variantes dialectales d’une même
langue sont plus prononcées au fur et à mesure que l’on s’éloigne du centre et que l’on se rapproche de
la périphérie de l’aire linguistique).
Le comté de Nice est la région entrée le plus tardivement dans l’espace culturel et politique français
(1860). Donc, la langue a eu plus de temps pour évoluer et se différencier du provençal (la Provence
est devenue française en 1481). Notons aussi qu’elle a subi l’influence des langues officielles, l’italien
des Etats de la maison de Savoie de 1563 à 1860 et le français depuis cette date. De même, à
l’intérieur du comté de Nice, on peut s’apercevoir des évolutions du parler. En effet, il faut distinguer
le niçois côtier, du gavot « provençal alpin » langue parlée dans le haut pays très proche de la langue
d’oc médiévale.
Depuis le Moyen-âge jusqu’à nos jours, des auteurs, poètes, dramaturges, journalistes, compositeurs,
ont écrit en niçois. Leurs textes, nombreux et divers, nous permettent de suivre l’évolution du nissart
et d’apprécier la forte présence de notre langue dans la littérature et la vie quotidienne. Notons
cependant qu’elle n’eut jamais le statut de langue administrative ou officielle. De ce fait, la culture
savante est en retrait par rapport à la formidable vitalité de la culture populaire.
Je vais donc vous parler d’expressions niçoises plutôt que provençales, bien que celles-ci soient tout
de même très proches :
Adiéou baraca : c’est fichu (littéralement adieu maison).
A ouf : beaucoup, à profusion.
D’aqui d’aïa : de ci de là.
Arapède : patelle, chapeau chinois, bernique en Bretagne (coquillage qui s’accroche aux rochers). Par
extension personne collante.
Aves pas de maïoun (vous n’avez pas de maison) : pour dire à ses invités que la soirée s’éternise,
qu’il est temps de rentrer.
Bagna-cauda (mouillé-chaud), bagna caudo en provençal, sauce chaude à base d’anchois et d’ail
fondus dans de l’huile d’olive. Chaque convive trempe des crudités de saison à la façon d’une fondue.
Badole : une bosse (plutôt sur le front).
Baïeta : bisou, bise.
Balin-balan : (mouvement de va et vient) signifiant comme ci comme ça, cahin caha, tant bien que
mal.
Balourt : sourd, différent du français balourd (maladroit, lourdaud).
Barbalucou : ahuri.
Brailles : pantalon (probablement issu des braies des Gaulois).
Broumeger : (à la pêche) appâter, amorcer avec le broumuge, une préparation malodorante (bouillie
de poissons, fromage, pain rassis) que l’on jette à l’eau pour attirer le poisson.
Faire la bugade : faire la lessive (bugadière : lavandière).
Faire le bulou : craner, frimer.
Cabechs : toilettes, WC. « Nine tu danses ? Non je peux pas, je garde le sac de ma copine qui est aux
cabechs »
Cagade : bêtise, raté monumental (également en provençal et occitan, du latin cacare …déféquer).
Camaler : transporter sur le porte bagage d’un vélo, d’une mobylette. En Provence, on dit chaler.
Daïda : interjection signifiant « attention ! » Provient du niçois « aïga » qui veut dire « eau », c’est ce
que l’on criait sur la plage ou sur les rochers pour ne pas se faire tremper. On aurait pu aussi dire
« méfi !» ou « pessou !» L’expression faire la daïda signifie faire le guet.
Dégun : personne (dans toutes les langues d’oc). « A Marseille on craint dégun » ninguno en
espagnol, nessuno en italien.
Diau : Bien sûr (littéralement diable)
Ensuqué : endormi, dans la lune. « Oh l’ensuqué ! T’es déjà mort ou tu t’entraines ? »
Estoufa-garri : étouffe chrétien, bourratif (littéralement étouffe rat).
Fada : fou, un peu bête (dans toutes les langues d’oc).
Faï tira : laisse aller.
Falabraque : bon à rien.
Ficanas : curieux (qui fiche son nez partout).
Gisclet : chétif. « Oh Hercule, t’es tout là ? »
Issa : Interjection signifiant « en avant ! », allez ! » (Au stade : Issa Nissa : Allez Nice).
Jan et Dgina : expression employée pour désigner un couple inséparable (où va l’un, va l’autre).
Magagne : ecchymose, bobo.
Malon : carreau d’argile, tomette (de l’occitan maloun, Mistral le rapproche de l’italien mattone
(brique).
Mancou : même pas.
Manda la poumpa : « envoie la pompe ! » se dit dans un bar pour « remets ta tournée ! »
Mandjuca : repas copieux.
Mérenda : casse-croûte.
Mitan : milieu. « Leva-ti daù mitan » Pousse-toi, enlève toi du milieu.
Moulon : un grand nombre.
Mourré de tola : expression désignant quelqu’un d’antipathique (littéralement visage de tôle),
Mourré brute : visage sale, est une insulte pas trop méchante.
Niocou : niais.
Oaï : Pagaille, désordre. « Mettre le oaï » Expression provençale.
L’as pagaté lou capèou ? : Expression utilisée pour demander à quelqu’un qui a un grand chapeau de
l’ôter, parce qu’il gène (au cinéma, au théâtre). Littéralement « L’as-tu payé le chapeau ? ».
Paillassou : nom signifiant pantin, mais désigne aussi une personne pas très futée. Pendant le carnaval,
on fait sauter le « paillassou », mannequin en chiffon (rempli de paille) qu’on jette dans la foule à
l’aide d’une toile tendue par les officiants.
Pan-bagnat : (pain mouillé), spécialité culinaire, bien de chez nous. C’est un pain rond mouillé
d’huile d’olive, garni de tomates et d’autres légumes crus, olives noires, anchois ou thon ou les deux,
œuf dur. Sa recette pour les défenseurs de son authenticité, avec son historique de plat du travailleur
niçois, fait aujourd'hui partie du patrimoine de la culture populaire niçoise et divers groupes essaient de
faire reconnaitre une recette dite authentique en l’inscrivant au patrimoine mondial de l’Unesco.

Pantaï : rêve, rêveur « Coma Pierrot cerqui fortuna, Cu saup se la trovéraï, Domandi pas d’aver la luna, Ma
laïssatz-mi lo pantaï.» (Comme Pierrot je cherche fortune, Qui sait si je la trouverai, Je ne demande pas la
lune, mais laissez-moi le rêve). Jules Enaudy (Armanac nissart)

Patin coufin : expression signifiant « Et patati et patata », soit des bavardages sans fin.

Péguer : coller, poisser « tu as renversé de la confiture, ça pégue » un péga-soulét est un autocollant.

Pénèc : petite sieste.

Pilou : jeu niçois. Les joueurs utilisent une pièce ancienne trouée de 25 centimes qu’ils transforment en
volant en passant du papier dans le trou et jonglent à la manière d’un footballeur, pour essayer de
l’envoyer dans le cercle, tracé à la craie, de l’adversaire. Ce jeu est très répandu dans le monde sous
diverses formes : le dang dao au Viêt-Nam, le prona en Inde, le chien-tze en Chine, le jaygee en Corée, le
dagau à Marseille, la rizza en Corse, le pitchac à Oran. Il existe un championnat du monde de pilou qui se
déroule tous les ans, à Coaraze. Alfred Hitchcock l’a immortalisé dans une scène de son film, La main au
collet (1955), dont l’action se passe sur la Côte d’Azur. Il existe un stade sur la Prom.

Pissaladière : spécialité niçoise à base d’oignons, dont l’origine est « peis salats », qui a donné « pissalat »,
purée d’anchois. (Les touristes appellent ça la tarte à l’oignon).

Poutine : alevins d’anchois ou de sardines que l’on pêche depuis des siècles, de Cagnes à San Remo entre
le 15 janvier et le 15 mars. Ces alevins encore transparents et glaireux sont délicieux en omelette .  Ne pas
confondre avec la spécialité québécoise faite de frites mélangées à du fromage en grains et nappées d'une sauce
brune.

Quauqua ren : quelque chose. Quaucarèn en provençal

Qu’es aquo ? : Qu’est-ce-que c’est ? (également en occitan)

Ratapignata : petite chauve-souris (pipistrelle). Elle symbolise dans le pays niçois la résistance face à
l’aigle impériale.

Ratchou : radin.

Saqué de souon : sac de sommeil, se dit d’une personne ayant besoin de beaucoup dormir.

Sauta-mi davant : personne qui se la joue, qui fait le beau.

Socca : spécialité niçoise qui se présente sous la forme d’une large crêpe cuite sur une plaque de cuivre
étamé d’un mètre de diamètre. Elle est composée d’eau, de sel et d’huile d’olive mélangés à de la farine de
pois chiches.
Soupe de fêves (Aller se faire une): aller voir ailleurs. Se dit à quelqu’un qui gêne. « Vas te faire une
soupe de fêves »

Stocafique : stockfish (néerlandais), spécialité niçoise à base de poisson séché en provenance du nord de
l’Europe. Le poisson ressemble à un bout de bois et doit être ramolli par trempage et longuement cuisiné.
Les vieilles niçoises le laissaient tremper dans la chasse d’eau des toilettes. Par extension personne très
maigre.

Tafanari : gros postérieur.

Tan-tout-un m’en calavi : expression utilisée pour sauver la face. Cette expression devenue populaire à
Nice été rendue célèbre par Doun Soulina (chanoine niçois), tombé de son mulet après un repas bien arrosé.
Il eut cette réplique admirable « Tan-tout-un m’en calavi » (de toute manière je descendais). Lou vin dei
padres, Francis Gag, mais aussi Doun Soulina, chanson de Louis Genari

Tavan : Tout ce qui vole et bourdonne, du frelon à la cétoine dorée (en réalité vient du latin tabanus devenu
tabo, tabonis en bas latin, soit taon en français). Par extension, se dit d’une personne qui tourne en rond et
énerve.

Tchapacan : (attrape chiens), le tchapacan attrapait les chiens et les chats errants et les menait à la
fourrière. Il faisait peur et était la menace suprême pour les enfants. (Une espèce de père fouettard) « Sois
sage ou j’appelle le tchapacan, qui va t’emporter ». Par extension mauvais ouvrier. En provençal
chiapacan.

Tcharafi : chose de peu de valeur. « Dans ce vide-grenier, il n’y a que des tcharafis, rien d’intéressant »

Tchoucatoun, Embriagoun : soulard.

Trafiquant de peignes : chauve.

Vira-souléou : tournesol, se dit d’une gifle aller-retour.

Zou : « courage ! », « en avant ! », « c’est parti ! ». Allez zou, c’est la FIN.

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