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« Pour les Nuls » est une marque déposée de John Wiley & Sons, Inc.
« For Dummies » est une marque déposée de John Wiley & Sons, Inc.
L esOnBasques aiment bien dire que leur peuple est très ancien.
raconte qu’un jour un noble s’adressa à un Basque en lui
disant : « Moi, monsieur, mes ancêtres directs remontent au XIIIe
siècle. » Le Basque lui aurait répondu : « Moi, monsieur, je ne
remonte pas. » Bien sûr cette anecdote mérite d’être étayée et
nous nous y emploierons. Ce qui est sûr, c’est que l’un et l’autre
partageaient l’importance de la transmission du patrimoine
familial puisque jusqu’à il y a peu au Pays basque, la maison,
etxea, et ses dépendances étaient remises à l’aîné(e) de la fratrie,
fille ou garçon, afin que le patrimoine familial ne soit pas
dispersé. C’est ainsi que l’on a encore à l’heure actuelle de
nombreuses maisons à la campagne dont le nom était mentionné
déjà à la fin du Moyen Âge.
Une autre caractéristique très importante à noter concernant les
Basques, c’est leur langue. Elle est très ancienne, on en est sûr,
même si on a du mal à dater son apparition, nous en reparlerons.
Et leur attachement à celle-ci. Victor Hugo, suite à sa visite
en 1843 du Pays basque, écrivit dans En voyage, Alpes et
Pyrénées : « On naît basque, on parle basque, on vit basque et on
meurt basque. »
Le territoire, entre Pyrénées et Océan, a de tout temps été un lieu
de passage et certains ont pu y laisser leurs traces. Mais ceci n’a
pas altéré l’attachement des habitants à leur pays. Roland en sait
quelque chose si l’on peut dire. En effet, c’est au col d’Ibañeta,
sur la voie romaine qui allait de Roncevaux à Bordeaux que
l’arrière-garde de l’armée de Charlemagne, qui venait
d’incendier Pampelune la capitale du royaume de Navarre
(Iruñea), tomba dans une embuscade tendue par les Vascons et
non les Maures. Elle était commandée par le comte Roland.
Le Pays basque, c’est aussi une terre, une nature superbe, encore
plutôt bien préservée, très variée, où mer et montagne se
rencontrent pour se confondre. Victor Hugo, toujours lui,
observait : « Je ne sache pas d’endroit plus charmant et plus
magnifique que Biarritz. » C’est à cette époque que démarre
d’une certaine façon ce que l’on appellera plus tard le tourisme
international, avec des visiteurs prestigieux venus goûter aux
bains de mer et aux charmes de la nature.
Si la montagne porte les traces d’une habitation très ancienne et
si la pratique de la transhumance est un vestige bien vivant, la
mer a aussi été et est toujours un domaine où les Basques
excellent. Savez-vous que c’est Juan Sebastián Elcano, natif de
Getaria en Guipúzcoa, qui ramena à Séville les derniers
survivants de l’expédition de Magellan, bouclant ainsi le premier
tour du monde ?
À cheval sur les Pyrénées, partagé entre deux États mais aussi
les rapprochant, comme lors du mariage de Louis XIV avec
l’infante Marie-Thérèse d’Espagne en 1660 à Saint-Jean-de-Luz,
ce territoire a toujours su garder une forme d’indépendance,
mariant tradition, audace parfois et le goût du travail.
Notre souhait, au-delà des clichés, des stéréotypes du béret, du
jambon, de la partie de pelote et des bombes d’ETA qui se sont
peut-être d’ailleurs définitivement tues, c’est de vous faire
découvrir ou apprécier encore plus si vous y vivez, le pays des
Euskaldun, « ceux qui parlent le basque », qu’ils appellent
Euskal Herria.
C’est à la découverte de ces Basques et de leur pays que nous
vous invitons.
À propos de ce livre
Cette découverte, nous pourrions la faire sous la forme d’une
publication universitaire, très argumentée au plan scientifique,
mais qui risquerait de vous lasser au bout de quelques pages. Ou
alors nous pourrions vous proposer un ouvrage plus léger, à la
manière des guides touristiques comme il en existe
suffisamment. Mais Le Pays basque pour les Nuls n’est ni l’un
ni l’autre. Il s’agit ici de faire la découverte, tout en se
distrayant, d’une région et d’une population particulièrement
originales.
Nous vous emmènerons sur les pas des pèlerins de Saint-
Jacques-de-Compostelle dont les chemins confluaient vers le
Pays basque et dont nous avons certains témoignages datant du
Moyen Âge. Nous vous ferons assister à une course de traînières
dans la baie de Saint-Sébastien avant d’aller déguster quelques
pintxos, tapas dans le reste de l’Espagne, accompagnés d’un
verre de txakolin (blanc sec légèrement pétillant produit autour
de Getaria) ou d’un verre de rioja qui risque de vous faire
oublier le bordeaux ou le bourgogne que vous connaissez. Oui,
chez les Basques, la gastronomie c’est quelque chose de très
important et plusieurs chefs cuisiniers figurent parmi les
meilleurs au monde.
Ensuite, soit nous irons admirer les falaises plongeant dans
l’Océan le long de la corniche en partant de Ciboure, la patrie de
Maurice Ravel, soit nous irons tout simplement visiter le musée
Guggenheim à Bilbao, la capitale économique et financière.
Et finalement, sans trop savoir comment, nous nous retrouverons
sur une petite place entre le fronton et l’église à essayer de
fredonner un chant inconnu, repris par le public, que des voix
puissantes font retentir dans le calme de la nuit tombante. Mais
ne serions-nous pas en pleine image d’Épinal comme dans le
célèbre roman Ramuntcho que Pierre Loti publia en 1892 ? C’est
justement ce que nous allons vous aider à dépasser grâce à ce
Pays basque pour les Nuls.
Comment ce livre est organisé
Le livre est construit pour permettre à chacun d’aller au-delà de
ses premières impressions, de comprendre pourquoi ce territoire,
cette population a su au cours d’une histoire de plusieurs milliers
d’années se forger une identité si remarquable. Nous avons
distribué de chapitre en chapitre – vingt-trois au total répartis en
six grandes parties – les nombreuses clés qui vous permettront
de pénétrer dans les différents aspects de la réalité basque.
L’ouvrage peut se lire dans l’ordre des parties et des chapitres.
On peut aussi s’y promener et faire son choix d’articles, comme
on fait ses emplettes dans un marché entre légumes frais du
jardin, fromage de brebis manech tête noire, piment d’Espelette,
vin d’Irouléguy, chocolat de Bayonne et dorade royale ramenée
à Saint-Jean-de-Luz.
Par où commencer ?
Le Pays basque pour les Nuls est donc organisé en six grandes
parties et vingt-trois chapitres. Il est donc bien sûr possible de le
parcourir en suivant le découpage proposé, en partant de son
histoire, son identité, sa culture et son art de vivre, son économie
et son organisation sociale, sa géographie jusqu’à la partie des
Dix.
On peut aussi se laisser aller au gré du hasard, comme vous le
ferez peut-être un jour au volant de votre voiture partant un peu
à l’aventure au gré des routes qui serpentent entre les collines
verdoyantes parsemées de taches blanches, les fameuses brebis
manech. Les panneaux de signalisation bilingues indiqueront
Donibane Garazi, Sohüta, Iruñea ou Etxarri-Aranatz et vous
saurez que vous êtes au pays des Basques.
Première partie
Une longue, longue histoire !
Dans cette partie…
L esmoins
Basques restent une énigme pour les historiens, du
leurs origines, puisqu’à partir de l’arrivée des
Romains on connaît beaucoup plus de choses à leur
propos.
Alors bien sûr cette énigme a donné lieu à une quantité
incroyable d’écrits, d’hypothèses, d’élucubrations de
toutes sortes.
Il en a été de même avec leur langue, l’euskara, qu’on a
voulu apparenter à des langues très diverses, souvent sur
la base de la ressemblance de quelques mots.
Vous comprendrez que puisque nous voulons vous
informer tout en vous distrayant, nous allons nous appuyer
sur les travaux scientifiques reconnus les plus récents et
vous en restituer le plus intéressant et le moins discutable.
Chapitre 1
Des origines au Moyen Âge
Dans ce chapitre :
La grotte d’Isturitz divisée en deux salles mesure 115 mètres de long pour 2 500 m2 de
surface. Progressivement, en 8 000 ans tout de même, elle a été abandonnée avec le
refroidissement glaciaire.
Et les généticiens ?
Un troisième groupe de chercheurs va nous permettre de
remonter plus loin dans le temps, d’en savoir un peu plus sur les
populations qui vivaient autrefois sur le territoire actuel du Pays
basque. Ce sont les généticiens.
Les sources arabes permettent de connaître les mariages qui eurent lieu
entre califes omeyyades et princesses navarraises. Une grande partie de
l’Espagne constituait ainsi la partie la plus occidentale de l’immense
empire islamique régi par les Omeyyades à partir de Damas en Syrie. La
domination musulmane en Espagne dura de trois à huit siècles, selon les
régions, soit du VIIIe au XVe siècle. Le tournant dans la reconquista par
les chrétiens fut la bataille de Las Navas de Tolosa (1212) contre les
musulmans almohades en Andalousie. Remportée par les rois chrétiens
espagnols conduits par Sanche VII de Navarre, Pierre II d’Aragon et
Alphonse VIII de Castille, elle signe le déclin de cette domination en
Espagne.
L aOùmerquea l’on
toujours eu une grande importance au Pays basque.
soit, elle n’est pas très loin. De marins-pêcheurs
de plus en plus audacieux, ils deviennent explorateurs ou
conquistadors.
Sur terre, ils mettent en œuvre une organisation collective locale
très démocratique par certains aspects. La Révolution française
au nord la fera quasiment disparaître, au sud ce sera plus lent.
Auparavant nous évoquerons l’épisode très douloureux de la
chasse aux sorcières sous la houlette d’un Basque d’origine,
Pierre de Lancre. Voilà ce que nous allons vous raconter dans ce
chapitre.
À partir du XIIe siècle jusqu’au XXe siècle, on peut distinguer quatre grandes périodes
de pêche au Pays basque : le temps de la pêche côtière (XIIe-XVe siècle), celui de la
pêche lointaine (XVe-XVIIe siècle) avec la baleine et la morue, un deuxième temps de
pêche côtière (XVIIIe-XXe siècle) avec la sardine, et enfin le temps de la pêche au thon
à partir du milieu du XXe siècle.
Morceaux choisis
La cible principale de Pierre de Lancre, ce sont les femmes. Le
titre du troisième chapitre du livre Premier de Tableau de
l’inconstance des mauvais anges et démons… est : « Pourquoi il
y a plus de femmes sorcières que d’hommes ». S’appuyant sur
sa vision des coutumes et du mode de vie des Basques de la
côte, il va s’acharner à le démontrer. Rappelez-vous que le
Labourd est la région côtière du Pays basque de France.
La diversité de langues est un avantage pour les sabbats. Ce pays
de montagne est à la lisière de trois royaumes, France, Navarre
et Espagne. Trois langues s’y mélangent, français, basque et
espagnol. Cela donne à Satan de merveilleuses commodités pour
faire en ce lieu ses assemblées sabbatiques, écrit-il.
Sans les hommes, le diable s’installe. Quand les hommes sont en
mer, il ne reste que des faibles dans les maisons. Les enfants et
les vieillards qui gardent le logis, des personnes « sans conduite
ni jugement, que le Diable manipule comme il lui plaît ».
Les Basques essaient leurs femmes avant de les épouser. Cette
vie fait des hommes des marins sauvages et de leurs femmes des
sorcières. Les jeunes « essayent leurs femmes » pendant
quelques années avant de les épouser. Rarement avec elles à la
maison, ils sont donc perpétuellement dans le doute et au fond,
ils ne les aiment pas. La plupart des marins trouvent à leur retour
leur femme avec un autre homme dont elle a finalement fait le
père de ses enfants… En faisant en même temps un cadeau à
Satan.
La danse et les veilles sont une claire inclination au sortilège.
Les personnes sont qualifiées de « légères et mouvantes de corps
et d’esprit », agiles et rapides, « toujours un pied en l’air et la
tête près du bonnet ». Plus la danse est violente et tourmentée,
plus elle leur plaît et plus ils [les Basques] s’y adonnent… Ils
dansent avec le tambourin qui leur sert à rythmer les danses du
sabbat.
De Lancre insiste sur le fait que le Pays basque est un pays de
pommes. Les femmes y mangent des pommes, boivent du jus de
pomme. Elles sont naturellement portées à « croquer la
pomme ». Ce sont des Ève qui séduisent continuellement les fils
d’Adam, vivant toutes nues en toute liberté et naïveté dans les
montagnes du Pays basque.
Il observe qu’en Labourd les villageois et villageoises les plus
pauvres se font appeler « sieur » et « dame » de telle ou telle
maison, même si elle n’est souvent à peine plus qu’une
porcherie.
Et voilà comment un homme cultivé, un intellectuel ayant des
responsabilités publiques, peut arriver à démontrer
l’invraisemblable. En ce début de XXIe siècle, il serait condamné
pour crime contre l’humanité ou déclaré irresponsable et mis en
maison de repos ! De Lancre est décédé paisiblement à
Bordeaux en 1631, il avait 78 ans. Un bel âge pour l’époque.
Mais ces libertés forales sont balayées au Pays basque nord par
la Révolution française dans la nuit du 4 août 1789. En Espagne,
dans les faits, ces libertés perdent presque tout leur sens quand la
loi de 1839 établit que les fors des provinces basques sont
conservés pour autant qu’ils ne portent pas atteinte à la
Constitution espagnole. Les fors disparaissent (1876) et les
députations se créent. Elles négocient avec le gouvernement
espagnol pour élargir leurs fonctions. De celles-ci naîtront les
provinces autonomes et leurs gouvernements actuels : d’une part
Biscaye, Guipúzcoa et Álava réunies et Navarre d’autre part.
Rendez-vous au chapitre 4 pour découvrir ce dernier épisode.
Voyons un petit peu comment fonctionnaient ces assemblées
dans chacune des provinces du Pays basque côté français.
Le Biltzar du Labourd
Le Labourd, c’est la province côtière côté français. Bayonne
(Baiona) était à part et c’est Ustaritz (Uztaritze) qui est la
capitale du Labourd. Le Biltzar du Labourd était un parlement
qui avait des pouvoirs étendus sur tout ce qui concernait
l’administration du territoire. Biltzar signifie assemblée en
basque. Aucun représentant du roi n’assistait aux séances. Le
syndic général est chargé de l’exécution des décisions prises par
le Biltzar. Il doit défendre l’autonomie locale face aux
fonctionnaires royaux et au bailli, représentant du roi. Le
pouvoir de décision appartenait, encore à la veille de la
Révolution, aux maîtres de maison avec exclusion des maîtres
de maisons nobles et du clergé.
La Basse-Navarre, de royaume à
province
Nous l’avons vu au chapitre 1, Ferdinand le Catholique
s’empare de la Navarre en 1512. Les souverains légitimes se
réfugient dans l’actuelle Basse-Navarre, côté français. Henri II
d’Albret institue dans son petit royaume des États généraux
calqués sur les antiques Cortes du royaume de Navarre. Intégré
au royaume de France en 1620, c’était un pays d’États comme il
en existait encore de nombreux en France avant la Révolution.
Henri IV, roi de France, est pragmatique. Il déclare qu’il fait de
tous les officiers de l’ancien domaine de Navarre des officiers
royaux. Il prévient ainsi les éventuels mécontentements que
l’union de la Navarre à la France pouvait susciter.
Dans les paroisses par contre, comme en Labourd et en Soule, le
régime traditionnel basque est conservé. Une démocratie directe
à base familiale et une grande autonomie administrative. Les
États généraux (États de Navarre) continuèrent de légiférer
jusqu’en 1748. Et en 1789 encore, les États de Navarre
protestent contre l’usage du mot « province » utilisé dans une
lettre de convocation de Louis XVI.
Le Silviet de Soule
En Soule, province la plus à l’est, c’était le Silviet, assemblée
générale des maîtres de maison de tout le pays, qui gérait les
terres communes appartenant à tous les habitants du pays. Mais
à une époque mal définie, le Grand Corps, groupant la noblesse
et le clergé, s’est superposé à l’assemblée des maîtres de maison.
Puis en 1730, la Soule perd ses institutions et son autonomie.
Seul le Labourd conserve une très grande autonomie
administrative au sein du royaume de France jusqu’à la
Révolution.
Le capitaine des mousquetaires immortalisés par Dumas, Arnaud
Jean de Peyré avec ses trois écuyers Aramis, Athos et Portos, a
été un personnage en chair et en os. Ce Béarnais appartient à la
garde royale de Louis XIII. Il s’y distingue par son audace et par
sa bravoure. Son amitié avec le roi lui permit de recevoir une
bonne partie du territoire de la Soule en patrimoine. Durant
trente ans, les États de la Soule plaident sans succès contre
Arnaud de Peyré qui gouverne de façon tyrannique, lève l’impôt
à sa guise. En 1661, pour protester, un curé, Bernard
Goyenetche, dit Matalas, mène une insurrection générale qui
sera durement réprimée.
L’époque napoléonienne
F aisons appel encore une fois à Victor Hugo qui, lors de son
voyage en 1843, a bien compris le Pays basque : « J’ajoute
qu’ici un lien secret et profond, et que rien n’a pu rompre, unit,
même en dépit des traités, ces frontières diplomatiques, même
en dépit des Pyrénées, ces frontières naturelles, tous les
membres de la famille, tous les membres de la mystérieuse
famille basque… La France a pris un revers des Pyrénées,
l’Espagne a pris l’autre ; ni la France ni l’Espagne n’ont pu
désagréger le groupe basque. Sous l’histoire nouvelle qui s’y
superpose depuis quatre siècles, il est encore parfaitement
visible comme un cratère sous un lac… » (En voyage, Alpes et
Pyrénées, 1843). Malgré leur partage entre deux États puissants,
les Basques sont toujours là. Le XIXe siècle va nous montrer
comment ils résistent, surtout au sud d’ailleurs.
L’époque napoléonienne
Après la conquête de l’Espagne en 1807, Napoléon fait abdiquer
le roi d’Espagne Fernando et son fils pour placer sur le trône son
frère Joseph. Il séjourne à Bayonne où, entouré d’une assemblée
de notables espagnols, il rédige la première Constitution
espagnole largement influencée par les constitutions françaises.
Ce sera la transition vers le monde contemporain en Espagne.
En 1808, l’armée française de Napoléon occupe le Pays basque
sud en commettant des exactions qui lèvent les Basques contre
elle. La Diputación Foral de Navarra (Députation Foral de
Navarre) entre ouvertement en guerre contre les troupes
napoléoniennes, avec l’aide de Wellington et de ses troupes. Les
troupes napoléoniennes seront défaites et devront se retirer. Au
total néanmoins, le centralisme napoléonien fera des émules en
Espagne.
La tamborrada de Saint-Sébastien
Un roi élu !
Larramendi conçoit une république avec un roi, ce qui est
normal à cette époque, mais un roi élu : « Nous créerons entre
tous les Basques une république. Si cela nous convient nous
choisirons un roi et pour notre profit ce roi sera élu. Nous le
choisirons à tour de rôle dans toutes nos provinces. Ce roi
devrait avant tout recevoir une formation militaire, être d’un
grand courage, d’une énergie farouche pour mener à bien et faire
durer notre action héroïque. Le roi devra prêter serment en plus
des Fueros à une Constitution ou Pacta Conventa. Cette
république ne sera viable que si au Guipúzcoa s’ajoutent les six
autres provinces basques. »
Un réformateur de la langue
Sabino Arana écrit : « La langue est l’élément de notre
nationalité, voix de notre indépendance ininterrompue des âges
passés et empreinte de notre race. » À cette époque « race »
signifie ethnie, peuple. Il souligne la nécessité de redonner une
utilité à la langue basque afin de freiner sa disparition
progressive : « Le remède est donc de fonder des industries,
soutenir des compagnies maritimes, organiser des sociétés d’arts
et métiers, des confréries de bienfaisance et mutualité, […] de
façon à ce que l’euskara serve à quelque chose, en étant
obligatoire pour prendre part à ces activités […] » C’est ainsi
qu’il développe des recherches sur la langue basque et que des
cours de basque sont organisés.
Dans son travail intitulé Lecciones de Ortografía del Euzkera
Bizkaíno (Leçons d’orthographe du basque biscayen), il propose
un modèle d’orthographe. Son but est de différencier le basque
de l’espagnol et de rechercher une sorte de purisme linguistique.
En créant des mots nouveaux, il essaie de faire disparaître du
lexique basque tous les emprunts, nouveaux mais aussi anciens,
venant du latin. Si la plupart des mots qu’il crée ont disparu avec
le temps, certains sont encore utilisés aujourd’hui dans la vie de
tous les jours : aberri (patrie), abertzale (patriote), lehendakari
(président), abizen (nom), idatzi (écrire), urtaro (saison), suziri
(pétard)…
Sabino Arana donne une importante impulsion aux prénoms
basques. Il se lance dans la basquisation des noms du calendrier
chrétien. Son travail aura un grand succès. Voici des prénoms
aujourd’hui très répandus : Edurne, Iker, Iñaki (Ignace), Gorka
(Georges), Jasone, Jone, Kepa, Miren, Nekane…
Il n’était pas favorable à l’imposition d’une langue basque
unifiée. Selon lui, chaque dialecte, chacun gardant ses
caractéristiques, devait avoir un statut de langue dans l’État
fédéral d’Euzkadi. Les bascophiles Resurreccion Maria Azkue et
Arturo Campion, académiciens de la toute jeune Académie de la
langue basque créée en 1919, n’étaient pas d’accord avec cette
idée. C’était un point de polémique très important à cette
époque. L’avis officiel du Parti nationaliste basque fut pendant
longtemps celui d’Arana, mais à la mort de celui-ci beaucoup
accepteront l’idée d’un basque unifié.
La renaissance de la culture
basque : les jeux floraux
Les jeux floraux sont des concours de littérature et poésie qui
ont leur origine au Moyen Âge en Occitanie à Toulouse. Ils sont
organisés en Catalogne du XIVe au XVIe siècle. Ils vont renaître
au XIXe et se répandre dans toute la péninsule Ibérique.
Au Pays basque, d’abord au nord des Pyrénées et au sud après,
alors qu’au XIXe siècle la basquitude est en train de s’éteindre,
les jeux floraux lui donnent un grand coup de pouce. Grâce à
eux, le bertsolarisme (improvisation chantée) ouvre les portes à
la poésie, et grâce à la littérature les relations entre les Basques
des deux côtés des Pyrénées se renforcent.
L ebasque,siècle
XXe va être particulièrement mouvementé au Pays
surtout au sud, même si l’Espagne ne participera pas
à la Seconde Guerre mondiale. Le mouvement nationaliste né en
Biscaye à la fin du siècle précédent va marquer fortement les
territoires occidentaux, industrialisés. La guerre civile espagnole
connaîtra son paroxysme avec le bombardement de la petite ville
biscayenne de Guernica le lundi 26 avril 1937. Le siècle se
terminera sur une note beaucoup plus optimiste avec des deux
côtés de la frontière, selon des modalités différentes, la
recherche d’une autonomie plus grande face aux deux grands
États dont le Pays basque dépend.
L’annonce par l’organisation armée ETA d’une trêve
permanente, générale et vérifiable le 10 janvier 2011 inaugure, à
n’en pas douter, une nouvelle page de l’histoire du Pays basque.
Le premier statut d’autonomie et la
guerre civile espagnole
L’héritage de Sabin Arana Goiri décédé en 1903 va prospérer
jusqu’à la guerre civile d’Espagne en 1936. Le Parti nationaliste
basque, Euzko Alderdi Jeltzalea, qu’il avait fondé devient le
premier parti en Biscaye et va propager ses idées en Guipúzcoa
et en Navarre.
Le bombardement de Guernica
Picasso et Guernica
Cette tragédie a été rendue célèbre dans le monde entier par le
tableau Guernica de Pablo Picasso. De grande dimension,
presque huit mètres sur trois et demi, l’œuvre resta près de
quarante ans aux États-Unis car Picasso ne voulait pas qu’elle
revienne en Espagne franquiste. Elle est exposée à Madrid
depuis 1981. C’est certainement une de ses œuvres les plus
connues. L’artiste aurait déclaré à son propos : « Dans le
panneau auquel je travaille et que j’appellerai Guernica et dans
toutes mes œuvres récentes, j’exprime clairement mon horreur
de la caste militaire qui a fait sombrer l’Espagne dans un océan
de douleur et de mort. »
La rencontre d’Hendaye
Voilà une rencontre qui va avoir des conséquences bien au-delà du Pays
basque, même si elle s’est déroulée en Labourd à Hendaye le 23 octobre
1940. Ce jour-là, Hitler, qui a pris le train, retrouve Franco pour des
entretiens. Il s’agit pour le chef de l’Allemagne nazie d’obtenir l’entrée en
guerre de l’Espagne au côté de l’Allemagne. En échange, il propose à
Franco Gibraltar, des territoires au Maroc et en Algérie ainsi qu’un soutien
logistique. Mais Franco refuse cette alliance ; il acceptera seulement que
la marine allemande puisse abriter ses sous-marins dans les ports
espagnols. Hitler repartira d’Hendaye furieux. Le lendemain Pétain
refusera lui aussi à Hitler d’entrer en guerre contre l’Angleterre. Cette
neutralité de l’Espagne aura des conséquences favorables aux opposants
aux nazis ; elle permettra à la Résistance, aux combattants défaits, à ceux
qui devaient fuir d’y trouver refuge, avant de repartir se réorganiser en
Angleterre.
Qu’est-ce qu’ETA ?
Mais le fait le plus marquant est la création en 1959 de ETA,
sigle de Euskadi Ta Askatasuna « Pays basque et Liberté ». D’un
groupe d’opposition à la dictature franquiste, ETA va peu à peu
devenir une organisation armée luttant pour l’indépendance du
Pays basque. Les premières attaques à main armée et les
extorsions de fonds (appelé « impôt révolutionnaire ») auprès
des entreprises basques commencent en 1965. Le premier
attentat mortel a lieu le 7 juin 1968 avec l’assassinat d’un
policier. L’attentat le plus meurtrier aura lieu dans un centre
commercial de Barcelone le 19 juin 1987 faisant vingt et un
morts.
Pendant les années 1960-1970 des grèves ponctuelles ou
générales de protestation, des attentats armés commencent à
porter des coups au régime franquiste. Un décret contre le
banditisme et le terrorisme permet d’étendre l’état d’exception.
De nombreuses personnes sont emprisonnées au Pays basque,
plus de 2 000 par exemple en 1969. Le procès de seize
indépendantistes basques à Burgos en novembre-
décembre 1970 va marquer un infléchissement dans la politique
franquiste. Six sont condamnés à la peine capitale qui sera mutée
en peine d’emprisonnement face au retentissement international
du procès.
Du sang à l’espoir
Voilà donc, cher lecteur, un parcours parsemé de sang, de larmes
que nous vous avons proposé. Il nous était difficile de le raconter
autrement. Mais derrière toutes ces souffrances, le changement
de régime en Espagne avec la fin de la dictature, la volonté des
Basques d’avancer de façon démocratique vers plus d’autonomie
dans la tradition des fors, le cessez-le-feu permanent, général et
vérifiable décrété par ETA laissent augurer d’un avenir
beaucoup plus réjouissant pour le Pays basque sud. La quatrième
partie de ce Pays basque pour les Nuls intitulée « Le Pays
basque aujourd’hui » va vous montrer comment l’esprit
d’entreprise et le sérieux au travail ont fait de cette région une
des plus prospères en Europe.
Voyons maintenant ce qu’il en est de l’autre côté de la frontière,
en Pays basque de France ou Pays basque nord (Iparraldea).
La question récurrente de la
reconnaissance institutionnelle
On peut considérer la fondation du mouvement Enbata le 15
avril 1963 à Itxassou (Labourd) comme une des premières dates
importantes de l’abertzalisme, le « patriotisme basque », en
France. À côté de la mise en place d’une aide aux Basques du
Sud réfugiés, d’un travail pédagogique pour populariser l’idée
d’un Pays basque indépendant, il reprend l’idée d’un
département Pays basque, la revendication déjà portée en
1789 par les députés basques.
L aseulement
langue basque intrigue depuis fort longtemps, et pas
les linguistes et les philologues. « La langue
basque est une patrie, j’ai presque dit une religion », écrivait
Victor Hugo dans En voyage, Alpes et Pyrénées en 1843. Il
poursuivait : « Dites un mot basque à un montagnard dans la
montagne ; avant ce mot, vous étiez à peine un homme pour lui ;
ce mot prononcé, vous voilà son frère. »
On raconte que le diable pour tenter les Basques et les entraîner dans le
mal essaya pendant mille ans d’apprendre leur langue, l’euskara.
Finalement, n’y parvenant pas, il renonça. Et c’est grâce à cela que les
Basques ne vont pas en enfer ! Au-delà de l’anecdote, de la difficulté
supposée d’apprendre une langue à la grammaire très différente de celle
du français, cette légende met en évidence le caractère isolé de la langue
parmi toutes celles qui l’entourent. Quant à la difficulté de son
apprentissage, beaucoup de personnes qui n’étaient pas d’origine basque
on apprit la langue, comme d’ailleurs en sens inverse les Basques ont
appris et parlent le français et ou le castillan. En fait, tous les
bascophones sont au moins bilingues.
La découverte de l’indo-européen
On va pouvoir se comprendre : le
renouveau actuel de la langue
Tous ces efforts, des intellectuels, des militants de la langue, des
institutions comme l’académie que se sont créées les Basques
vont avoir des effets importants après la chute du franquisme. Ils
vont permettre de dépasser les problèmes de compréhension et
faire entrer la langue dans beaucoup de domaines de la vie
publique, comme l’enseignement, les médias.
Euskaltzaindia
L’Académie de la langue basque s’est donné deux grandes missions. Mener des
travaux concernant la forme de la langue, en établissant les normes d’usage : fixation
d’une orthographe commune, fixation d’une forme écrite standardisée, rédaction de
dictionnaires, élaboration d’un atlas des formes dialectales du basque, etc. Mais elle
assure aussi un travail de veille sur les droits linguistiques, sur la place de l’euskara et
sa promotion dans la société basque.
Après des débuts difficiles et d’âpres discussions, on peut considérer que l’euskara
batua ou « basque unifié » qu’elle a établi à partir de 1968 a été accepté par la société.
Et peu à peu, celui-ci est devenu également une sorte de standard oral utilisé dans
certains domaines de la vie publique surtout en Euskadi (Àlava, Biscaye et Guipúzcoa),
dans l’administration, à l’université ou à Euskal Telebista 1, la chaîne publique de
télévision du Gouvernement autonome basque. Bien sûr dans les régions où il est bien
présent, les locuteurs continuent à parler leur dialecte.
Euskaltzaindia est officiellement reconnue Académie royale en Espagne (1976) ; elle
est un établissement reconnu d’utilité publique en France (1995).
Les dialectes
Jusqu’à l’apparition du basque unifié, les dialectes posaient des
problèmes d’intercompréhension, en particulier entre natifs de
dialectes éloignés. On distingue actuellement, pour simplifier,
cinq grands dialectes : côté espagnol l’occidental (Biscaye, le
nord de l’Álava et une petite partie du Guipúzcoa), le central
(Guipúzcoa et Navarre occidentale), le navarrais (une grande
partie de la Navarre n’est plus bascophone), et côté français le
navarro-labourdin et le souletin. Dans les centres urbains, ces
classifications dialectales ont moins de pertinence puisque les
locuteurs sont d’origines diverses. Souvent jeunes, ils ont appris
le basque unifié à l’école et ne connaissent pas de dialecte.
La fin du franquisme en 1975 avec la mort de Franco le
20 novembre et la création de la Communauté autonome basque
appelée Euskadi vont complètement transformer la situation de
l’euskara grâce à une politique publique extrêmement
volontariste. Ce sera aussi le cas, mais dans une bien moindre
mesure, dans la Communauté forale de Navarre. La Constitution
espagnole, adoptée par référendum en 1978, consacre dans son
article 3 l’officialisation des langues parlées dans la péninsule.
Elle indique aussi que tous les Espagnols doivent connaître le
castillan.
Ez Dok Amairu
Un peu de vocabulaire
Si la langue basque a beaucoup emprunté aux langues qui
l’entourent, elle leur a à l’inverse donné peu de mots.
On le sait, il y a parfois des doutes sur l’origine des mots, leur
étymologie. Voici ces quelques mots qui proviendraient du
basque :
Dbagarre (en passant par le provençal peut-être),
bizarre (de bizar « barbe » en basque peut-être),
chistera (xistera, le fameux gant en osier pour jouer à la
pelote basque),
orignal (nom de l’élan au Canada, de orein nom du cerf en
basque),
pelotari (joueur de pelote basque),
silhouette (de Monsieur Silhouette dont le nom est peut-
être basque),
le prénom Xavier. Xabier, saint François Xavier, saint
basque navarrais dont le nom de la maison natale très
courant est Etxeberri de etxe « maison » et berri
« neuve ». Ce nom aurait été abrégé en xabier.
Beaucoup d’emprunts
Les nombreux mots empruntés par le basque sont généralement
d’origine latine et leur forme est souvent plus proche du latin
que celle des mots français : bake « paix », eskola « école »,
kadira « chaise », liburu « livre »…
Si la langue basque n’a parfois pas de mots pour nommer telle
ou telle notion que le français nomme, elle a par contre des
raffinements que le français ignore. Arreba, c’est la sœur pour
un homme et ahizpa, c’est la sœur pour une femme. De même
anaia, c’est le frère pour un homme et neba le frère pour une
femme.
Milesker ou Eskerrik asko merci. Ongi ou Ontsa bien. Parkatu pardon. Ongi
etorri bienvenu(e).
Egun on bonjour. Gau on bonsoir, bonne nuit. Ikus arte au revoir. Bihar demain.
Atzo hier.
Itsasoa la mer, mendia la montagne, hiria la ville, herria le village, herriko etxea
la mairie, eliza l’église, pilota plaza le fronton.
Xuri blanc, beltz noir, gorri rouge, berde vert, urdin bleu, hori jaune.
Bat un, bi deux, hiru trois, lau quatre, bost cinq, sei six, zazpi sept, zortzi huit,
bederatzi neuf et hamar dix.
Comme vous l’avez remarqué, tout au long de votre Pays basque pour les Nuls nous
vous donnons d’autres mots en rapport avec le thème traité.
Et de la grammaire…
Nous ne voulons pas, cher lecteur, raviver peut-être en vous des
souvenirs scolaires douloureux, mais simplement présenter deux
particularités de la langue basque. Il s’agit de vous faire toucher
du doigt son caractère « exotique » à côté de ses voisines latines.
Les symboles
Les cromlechs
Les cromlechs, mot breton, en basque baratz qui signifie aussi « jardin », sont des
cercles de pierre typiques des Pyrénées qui datent de l’âge du fer, entre environ –
600 et – 50 ans avant notre ère. Situés en montagne le long des chemins de la
transhumance pour ceux que l’on a retrouvés, ils servaient de sépultures. On y
incinérait les morts. Les cendres étaient déposées dans une sorte de petit coffre en
pierre. Le plus connu est le site d’Okabe (prononcez é à la fin) à une altitude
de 1 387 mètres dans la commune de Lécumberry (Lekunberri) en Basse-Navarre. Il se
trouve au centre d’un ensemble de 10 dolmens, 63 tumulus, 17 cromlechs et 232 fonds
de cabanes !
Le cimetière d’Arcangues (Arrangoitze)
Si vous vous promenez en Labourd, voici une visite que nous vous
proposons, celle du cimetière d’Arcangues près de Biarritz. Bien d’autres
cimetières de petits villages méritent qu’on y pénètre, mais celui-ci est
particulièrement remarquable. Comme tous les cimetières basques, il
entoure l’église (eliza) qui est bâtie sur la hauteur avec juste à côté le
fronton de pelote (pilota plaza, prononcez « plassa »). L’autre côté opposé
à l’église plonge sur le golf avec un très large panorama verdoyant et au
loin la montagne de la Rhune. Laissez-vous aller ! Voilà un lieu qui ne peut
que susciter en vous des sentiments de plénitude, de paix. On y trouve de
nombreuses stèles discoïdales, certaines du XVIe siècle plus ou moins
effacées, et la tombe du fameux chanteur d’opérette d’origine basque Luis
Mariano, toujours fleurie.
Le chêne de Guernica
L’arbre est par excellence le roi des végétaux. C’est un symbole
de la vie en perpétuelle évolution, qui par ses racines et son
feuillage fait le lien entre la terre et le ciel. Les Biscayens puis
par extension les Basques en ont fait le symbole de leur peuple
et de leurs traditions avec le chêne de Guernica (Gernika). En
effet les seigneurs de Biscaye (Bizkaia), puis les rois de Castille
et d’Espagne venaient à Guernica en Biscaye y prêter le serment
de respecter les fors (foruak) dont nous vous avons déjà parlé
dans la première partie de ce livre. Les fors consacraient
l’autonomie juridique et fiscale de la province. De nos jours les
lehendakari, « président de la Communauté autonome basque »,
font de même lors de leur prise de fonction.
Le chêne (haritza) est aussi l’emblème officiel de la province de
Biscaye.
Le chêne de Guernica a d’abord été le lieu de réunion des
assemblées où se décidaient les intérêts, se réglaient les
problèmes de la communauté, comme cela était l’usage dans les
autres provinces et certaines villes basques. Ces réunions
communautaires se rencontraient ailleurs dans l’Europe
médiévale, mais les Basques les ont perpétuées très longtemps.
Depuis le règne d’Isabelle de Castille au XVe siècle
jusqu’en 1876 et Alphonse II, les représentants de la couronne
espagnole avaient coutume de venir sous le chêne renouveler
tous les ans leur serment de respecter les libertés basques. Un
rejeton de l’ancien chêne qui avait près de 150 ans a été replanté
en 2005, il est le quatrième d’une lignée qui a plus de 650 ans.
Le précédent avait survécu aux bombardements de la ville par
l’aviation allemande !
Tout d’abord soyons clairs, Olentzero, ce n’est pas le papa Noël basque.
C’est un charbonnier qui fabrique du charbon de bois dans les forêts. Ceci
ne se fait plus maintenant. À l’approche du solstice d’hiver, il descend de
la montagne. Il annonce ainsi le retour de la lumière, le changement de
saison, le nouveau cycle de la vie.
Depuis une vingtaine d’années, sous l’impulsion des ikastolas, les écoles
immersives basques, sa popularité s’est étendue à l’ensemble du Pays
basque, fournissant à l’approche de Noël une occasion d’organiser une
belle fête pour faire rêver, en basque, les enfants. Il est vrai que dans sa
hotte, il a maintenant des bonbons, voire des cadeaux ! Olentzero risque
de devenir une autre occasion de faire marcher le commerce avec la perte
de la signification de cette coutume. Le charbon est le symbole d’un
pouvoir, le feu, la lumière. Il apporte la vie et symboliquement il représente
le soleil, le changement, la transformation d’un matériau en un autre. Il a
donc un caractère magique.
L’émigration économique
Explorateurs, aventuriers et
marchands
Les marins basques se font voir sur toutes les mers connues.
En 1282, lors de la conquête du pays de Galles, des volontaires
prennent une part active aux côtés de l’armée anglo-normande.
En Méditerranée, dès le XIIIe siècle, ils associent guerre et
transport. On les voit aller jusqu’à Beyrouth et Alexandrie
comme voituriers de la mer. Certains s’installent dans les ports
méditerranéens et servent de relais aux Basques itinérants.
Jusqu’à la fin du XVIe siècle, les Basques travaillent comme
transporteurs des commerçants italiens, et font communiquer la
mer Méditerranée avec d’autres régions de l’Europe du Nord.
La participation basque dans les guerres où s’affrontent Anglais
et Français aux XIVe et XVe siècles est notée. Pendant la guerre de
Cent Ans (1337-1453), des Basques s’enrôlent sur les vaisseaux
français. La flotte commerciale du Pays basque se transforme en
une vraie puissance navale. Selon les coutumes de l’époque, les
Basques montent les navires, les louent aux rois et aux étrangers.
Au XIVe siècle, les Basques établissent leur propre consulat à
Bruges, dans le quartier des « esterlings ».
Pirates et corsaires
Au Moyen Âge, la mer est considérée comme un espace libre. Il
n’y a pas de contrôle ; les pillages sur des navires marchands ou
d’autres sont fréquents. Ces voleurs des mers seront appelés
pirates ou corsaires. La course et la piraterie sont aussi anciennes
que le commerce, intimement liées au trafic maritime.
Une lettre de marque, c’est la permission accordée par un roi à ses sujets
marins de poursuivre les ennemis de la Couronne et de s’emparer de ce
qu’ils transportent. Un corsaire a la permission du roi pour voler mais un
autre peut le punir pour la même raison. S’il est capturé, il montre ses
lettres de marque. Cela lui garantit le sort d’un prisonnier de guerre et lui
évite d’être pendu. La course devient à partir du XVIe siècle quasi
officielle. Au début du XVIIe naît la course classique. Mandaté par le roi, le
corsaire devient un auxiliaire de guerre lors des conflits. La piraterie,
désormais entreprise d’initiative privée, devient illégale.
L’émigration économique
Les Pyrénées connaissent au XIXe siècle une émigration très
importante. Voici les principales causes qui expliquent ces
départs massifs : la nécessité économique (pauvreté,
démographie), l’esprit d’aventure, l’exemple de la réussite des
« Américains », le refus du service militaire, la survivance du
droit d’aînesse et… la propagande des agences à l’émigration.
Des trois provinces du Pays basque nord, ce sont la Soule et la
Basse-Navarre qui fournissent le contingent le plus important
d’émigrants. Entre 1832 et 1891, ce sont 79 262 Basques du
Nord, d’après le nombre des passeports délivrés, qui embarquent
de Pasajes (Pasaia) en Guipúzcoa, Bayonne et Bordeaux
principalement. Les trois quarts pour l’Argentine.
L’insoumission
Habitué à vivre en famille et attaché à ses mœurs et coutumes, le
jeune Basque a du mal à accepter l’idée d’avoir à perdre sept
années de son existence au service militaire. Un des moyens d’y
échapper, c’est le passage légal à l’étranger. Les jeunes partent
de l’autre côté des Pyrénées ou en Amérique avant la date
d’appel de leur classe. Ils sont déclarés « absents » si un parent
ou un ami peut les représenter en fournissant une preuve de leur
présence à l’étranger.
Mais si personne ne se présente, l’appelé était déclaré insoumis.
Pire, il est déserteur si, s’étant présenté et déclaré « bon pour le
service », il disparaît après avoir tiré le « mauvais numéro » car
sa famille ne dispose pas de ressources financières pour le
paiement d’un remplaçant.
La construction navale
La construction navale sur le littoral basque va de pair avec les
activités de pêche et de commerce des Basques. Mais c’est avec
l’arrivée des Vikings et des Normands à l’embouchure de
l’Adour que les bateaux se transforment en navires de guerre. Au
XIe siècle apparaissent les premières coques.
La révolution industrielle
On peut situer en Espagne l’époque clef du début de la
révolution industrielle vers 1832. L’énergie à vapeur est utilisée
par l’industrie textile catalane et les hauts-fourneaux de la
sidérurgie basque.
Mais c’est vers 1876, après la troisième guerre carliste, que
décolle vraiment l’industrialisation de la Biscaye, avec la
sidérurgie. Suppression des douanes intérieures, facilités pour
les capitaux étrangers, construction du chemin de fer ont permis
cet essor. Les Anglais, qui ont besoin de placer leurs capitaux
dans des pays moins développés, ont jusqu’à 64 compagnies
dans les concessions minières basques entre 1871 et 1914.
Vers 1900, la production de minérai de fer de Biscaye représente
presque le dixième de la production mondiale. Le minérai est
expédié par le port de Bilbao en Angleterre, Écosse, Hollande,
Allemagne, Belgique et France, entre autres.
À la fin du XXe siècle, le déclin de la sidérurgie et des chantiers
navals va voir Bilbao, toujours ville portuaire, se transformer en
une ville de services et de culture.
De la baleine et la morue aux ports de
plaisance
Une grande partie de l’histoire du Pays basque est liée à la mer.
Beaucoup de Basques ont vécu et continuent à vivre de la mer et
pour la mer.
Au fil du temps et au gré des conditions imposées par le progrès
et les lois de l’offre et de la demande du marché, les ports
basques se sont spécialisés dans la pêche ou dans le commerce.
Le résultat de cela a été la configuration d’une carte sur laquelle
les deux principaux ports du Pays basque, Bilbao, largement en
tête, et Pasajes, ont centré leurs activités sur les transactions
commerciales pour l’industrie et le commerce du pays. Et les
autres, nous vous les indiquons seulement en basque cette fois-
ci – Hondarribia, Getaria, Ondarroa, Bermeo, Donostia, Otio,
Mutriku, Lekeitio, Mundaka, Armintza au sud, Donibane
Lohizune, Hendaia au nord – sont surtout des ports de pêche
côtière et artisanale. Beaucoup ont combiné cette activité avec
celle des loisirs, afin de diversifier leur offre. Ils sont devenus
des ports de plaisance et des stations balnéaires. Bayonne est
resté un port de commerce et industriel, le neuvième de France.
Troisième partie
La culture, un mariage réussi
de tradition et de modernité
Dans cette partie…
L asouvent,
culture basque a une très forte image à l’extérieur. Mais
ce sont des clichés désuets et réducteurs. C’est
un peu l’héritage des écrivains romantiques du XIXe siècle
qui découvraient un territoire sauvage, simple et
mystérieux pour eux. Et ces clichés sont pratiques et
vendeurs. Le béret, le joueur de pelote et la danseuse de
fandango, le jambon de Bayonne ou les moutons paisibles
au milieu de collines verdoyantes… Ça « marche ».
Mais ceci ne reflète pas le dynamisme culturel basque et la
grande variété des modes d’expression. On a d’un côté la
tradition et de l’autre l’innovation, d’un côté la
permanence et de l’autre le changement. Et les deux se
marient dans un bouillonnement que les stéréotypes
ignorent et que le touriste pressé a du mal à remarquer.
C’est ce que nous allons vous faire découvrir dans cette
nouvelle partie du Pays basque pour les Nuls.
Chapitre 8
Aperçu de la culture
au cours des siècles
Dans ce chapitre :
La tradition orale
Le grand moteur de l’identité culturelle au Pays basque a été
jusqu’à il y a peu la tradition orale. Issu d’une civilisation très
ancienne, le peuple basque accorde beaucoup d’importance aux
traditions. Elles étaient transmises oralement de génération en
génération. L’attachement à la famille et à la maison familiale,
etxea, était la base du système social. La langue basque,
euskara, était le vecteur par lequel on transmettait les valeurs,
les coutumes, les techniques mais aussi les légendes, les chants,
les danses, bref la culture basque. Il faut dire que jusqu’au XIXe
siècle, dans certaines parties du territoire beaucoup ne savaient
ni lire ni écrire ou très peu.
L’exemple de transmission orale le plus connu est celui du
poème en dialecte souletin Bereterretxen khantoria, la chanson
de Bereterretxe. On dit aussi Berterretxe. Il a été composé dans
la première moitié du XVe siècle et pourtant sa première version
écrite connue ne date que de 1870. Voilà donc une histoire qui a
traversé les siècles, plus de 400 ans, uniquement par la parole.
Elle raconte une histoire vécue, l’assassinat de l’héritier ou jeune
maître de la maison noble Bereterretxe par le comte de Lérin,
gouverneur du château de Mauléon, la capitale de la Soule,
vers 1440.
De nos jours, la tradition orale n’a pas complètement disparu.
Les championnats d’improvisation chantée, art des bertsolari,
connaissent un très grand succès populaire. Un conteur comme
Koldo Amestoy en Pays basque nord perpétue la tradition du
conte, en basque comme en français d’ailleurs.
La littérature actuelle
Si vous avez lu le portrait de Bernard Etxepare au chapitre 5,
vous savez que le premier livre en basque connu, Linguae
Vasconum Primitae, date de 1545. Pourtant, jusqu’au XXe siècle
la plupart des ouvrages publiés seront des ouvrages religieux ou
des traductions en basque de textes religieux. À partir des
années 1950, la production augmente et les religieux ne sont
plus majoritaires. Après la mort de Franco et la fin de tous les
interdits qui pesaient sur les Basques et leur langue, on assiste à
un grand foisonnement et dans des genres littéraires très divers :
le roman, les nouvelles, la poésie dont la tradition ne s’est pas
arrêtée, les contes, le livre pour enfants et pour la jeunesse, etc.
Bernardo Atxaga (né en 1951), de son vrai nom Joseba Irazu
Garmendia, est né à Asteasu, un petit village près de Saint-
Sébastien. C’est certainement l’écrivain basque le plus connu à
l’étranger. Traduit dans de nombreuses langues, il a été inclus en
1999 dans le « 21 Top Writers » (le classement des 21 écrivains)
du journal britannique The Observer. Il a publié des recueils de
poèmes, des romans, des pièces de théâtre, des ouvrages pour la
jeunesse. Son plus grand succès de librairie s’appelle
Obabakoak (1988), ceux de Obaba, un village imaginaire. Il a
été traduit en au moins vingt-six langues différentes. Même
Soinujolearen semea (2004), « Le fils de l’accordéoniste »,
roman plus difficile, a été traduit du basque en dix langues.
Mais Bernardo Atxaga est un arbre qui cache un peu la forêt.
Les écrivains basques sont maintenant nombreux. Les femmes
parmi eux également. Et si les tirages ne sont pas très
importants, car les gens capables de lire le basque ne sont pas
aussi nombreux que ceux qui lisent l’anglais ou le français, il y a
une véritable littérature en langue basque.
Carnavals, mascarades, pastorales :
une tribune millénaire
On compte au Pays basque beaucoup de carnavals qui varient de
forme selon la province, selon le village. Ce peut être le procès
de San Pantzar en Labourd que l’on brûle pour se débarrasser de
tous les maux dont il est accusé, les Libertimendu de Basse-
Navarre où se mêlent danses, charivari, musique, improvisation
et critique sociale ou, comme à Bayonne, la tradition ancienne
de célébration des jours gras. Le Pays basque sud n’est pas en
reste, avec là aussi une grande variété de carnavals. D’une façon
générale, ce sont des fêtes populaires païennes qui se déroulent à
la fin de l’hiver et qui ont une longue tradition. Attention ! Ils
n’ont rien à voir avec le carnaval de Nice, de Venise ou de Rio
de Janeiro, même si les participants se déguisent. On n’est
d’ailleurs pas près de voir des touristes masqués venir y prendre
part.
Les carnavals, on les appellera comme cela à défaut de mieux,
ihauteriak ou inauteriak en basque, étaient considérés comme
des « soupapes de sécurité ». Mal vus des autorités civiles et
religieuses, le masque, le déguisement permettaient le
défoulement, le dépassement des interdits. On signale dans les
archives du royaume de Navarre qu’un prêtre a profité du
carnaval pour tuer un adversaire ! Pendant la période du
franquisme, beaucoup de carnavals ont été interdits au Pays
basque sud. Ceci n’a fait évidemment que renforcer leur attrait.
Depuis une trentaine d’années, les carnavals connaissent un
regain de vitalité au Pays basque nord. Là aussi, le mouvement
culturel et politique basque a beaucoup valorisé le carnaval ;
c’est une bonne tribune pour amener par l’humour et la dérision
les revendications sociales et politiques.
Au chapitre suivant consacré à la danse vous découvrirez plus en
détail une forme de carnaval, celle de la Soule qu’on appelle la
mascarade. La danse y a une grande place. Pour le moment,
voyons ce qu’est la pastorale.
Allons à la pastorale
Voilà un théâtre populaire très ancien qui connaît toujours
beaucoup de succès en Soule. Joué en langue basque, il est aussi
chanté et dansé. Il est monté par un village différent tous les ans.
Les acteurs sont tous amateurs. Pour les rôles principaux dont le
premier rôle, sujeta, le metteur en scène, errejenta, choisit de
bons chanteurs et des personnes à l’aise sur scène, une estrade
en pleine nature. Les prés alentour font office de parkings.
En deux représentations, entre quatre et sept mille spectateurs
viennent de tout le Pays basque assister au spectacle. La
pastorale est ensuite très souvent donnée une troisième fois au
Pays basque sud. « Pastorale », en basque pastorala, désigne le
texte lui-même, écrit parfois plusieurs années avant, et le
spectacle lui-même, sa représentation. La plus ancienne
pastorale remonterait à 1634. C’est Saint-Jacques donnée à
Tardets (Atharratze). Mais la suivante date de 1750, Sainte
Élisabeth du Portugal donnée à Esquiule (Eskuila). Certains
spécialistes doutent de l’existence de la pastorale de 1634. Quoi
qu’il en soit, la pastorale ne date pas d’aujourd’hui ! Les thèmes
ne concernent plus maintenant les saints, saintes ou autres héros
de l’histoire de France, mais des héros basques, récents ou plus
anciens. C’est une histoire qui n’était pas enseignée à l’école et
que le public des pastorales découvre ainsi, sous une forme
romancée, théâtralisée.
Le basque souletin est moins parlé qu’autrefois. Si le texte joué
est entièrement en dialecte souletin, un livret bilingue ou
trilingue basque souletin-français-espagnol vous est proposé.
Bref, si vous n’avez pas peur de passer entre trois et quatre
heures, c’est la durée d’une pastorale, autrefois elle durait toute
la journée, assis sur un banc de bois, nous vous conseillons d’y
assister au moins une fois. Même si vous ne comprenez pas le
basque, la traduction du livret, les chants, les danses, le soin
apporté aux costumes, la présence des brebis manech tête noire
et de l’âne lors du chant des bergers devraient vous faire passer
un bon moment. Vous serez surpris par l’attention, la passion
même des spectateurs.
C’est le village qui produit, organise et joue la pastorale de A à
Z. Les répétitions durent plus de six mois. Il faut apprendre le
texte, les danseurs du village préparent les chorégraphies, on
répète les chants, en solo, duo ou avec tous les acteurs. Et
l’événement se déroule toute la journée, la représentation de la
pastorale n’en étant que le point d’orgue : défilés des acteurs en
costume, messe chantée par les acteurs, repas avec eux, etc. Tous
les villageois sont unis, toutes générations confondues, pour la
réussite qui met l’honneur du village en jeu. En effet, l’année
prochaine ce sera un autre village de Soule qui montera une
autre pastorale et il faut que la sienne fasse date.
Tradition et création
Il faut dire que la tradition, c’est du présent avec une vingtaine
d’écoles de danses basques pour trente-cinq communes ! Qui dit
danse, dit musique. Et là aussi on prépare régulièrement la
relève parmi les joueurs de txülüla, la flûte à trois trous locale, et
de ttun ttun, instrument allongé en bois à cordes métalliques
frappées avec un petit bout de bois. Le musicien joue des deux à
la fois, la flûte jouée de la main gauche, le ttun ttun calé sous le
bras droit qu’il frappe de cette main droite.
Les danseurs souletins, dans leur magnifique costume, sont au
nombre de cinq différents : txerreroa qui ouvre le cortège,
gatüzaina le gardien du chat, autrefois sorte de bouffon,
kantiniersa la cantinière, zamalzaina le gardien du cheval ou
cavalier et entsainaria qui porte le drapeau de la Soule et ferme
le cortège. Ils doivent maîtriser de nombreux pas et sauts, les
fameux sauts basques souletins. C’est une danse savante,
précise, technique, issue pour partie des maîtres à danser de
l’armée de retour au pays au cours du XIXe siècle. Comme
souvent dans les danses basques, les bras servent à s’équilibrer
ou ils restent le long du corps, c’est tout. Lors des pastorales,
plus particulièrement, de nouvelles façons d’évoluer, de
nouveaux enchaînements de pas et de sauts, sont proposées
quasiment chaque année. Il y a donc d’un côté un strict respect
de la tradition, des techniques transmises, et de l’autre une
grande capacité de création, dès l’instant où le cadre musical est
respecté.
Comme souvent l’origine d’une tradition n’est pas bien définie,
elle a plusieurs sources distinctes que l’on a du mal à démêler.
Les sauts basques ou danses en rond, on dit « sauts » car lors de
ces danses il y a des sauts, font sûrement partie du fonds
commun au Pays basque et pour quelques-uns plus généralement
aux Pyrénées. Les danseurs souletins ont rajouté à ce fonds les
danses dites « par principes », il s’agit d’une dizaine de pas
différents. Issues des danses du XVIIe siècle pratiquées dans les
théâtres et salons parisiens, elles sont enseignées dans les armées
dès le début du XIXe siècle. Oui. Ne soyez pas étonné, on y
apprenait la danse comme l’escrime ou la boxe ! Certains
conscrits de Soule les y apprennent et les ramènent pour les
joindre aux danses traditionnelles déjà pratiquées. Ce seront les
maîtres de danse. Cela va donner une nouvelle tradition que l’on
enseigne toujours avec passion en ce début de XXIe siècle. Allez
en Soule voir une pastorale ou une mascarade, vous vous
rendrez tout de suite compte de la qualité de ces danseurs.
Faisons la connaissance de l’un d’eux, le zamalzain (le cavalier
ou gardien de cheval), une espèce d’homme-cheval. Son
costume magnifique, haute coiffe ornée de plumes, sorte de
mannequin à tête de cheval autour de sa taille qu’il actionne de
la main droite, ne l’empêche pas de danser comme les autres. La
danse la plus périlleuse à exécuter est godalet dantza, la danse
du verre. Il exécute les sauts en se rapprochant du verre de vin
posé à même le sol. À un moment donné, il pose un pied sur le
verre et se dresse dessus. Bien sûr il ne doit pas le renverser,
alors qu’au contraire des autres danseurs, il a du mal à voir le
verre au travers de son costume de cheval.
La musique savante
L ebasque,
chant est un mode d’expression très populaire au Pays
rappelez-vous la citation de Voltaire. De génération
en génération, l’art du chant et celui de l’improvisation chantée
se sont transmis. Grâce au travail de passionnés au XIXe et au XXe
siècle, de nombreux recueils de chants et musiques populaires
nous sont parvenus, contenant des milliers de chansons, parfois
très anciennes. La chanson de Berterretxe en Soule date
d’environ 1445, parvenue jusqu’à nous par transmission orale.
Avec les mouvements populaires à travers le monde dans les
années 1960, l’apparition de la musique rock et la diffusion de la
musique folk, la chanson au Pays basque connaît un grand
renouveau. De jeunes auteurs-compositeurs se mettent à chanter
en basque avec des contenus revendicatifs. Ils ont une grande
influence sur la jeunesse. C’est le cas par exemple de Mikel
Laboa. Puis ce sera le rock radical basque et la world music que
nous vous présentons également. En une quarantaine d’années,
la chanson basque a participé largement au bouleversement de la
société traditionnelle et à l’émancipation du franquisme. Elle a
aussi aidé le mouvement de réappropriation de la langue basque.
Le bertsolarisme ou l’art
d’improviser
Mais commençons par un art très particulier qui rencontre un
très grand succès au Pays basque. C’est le bertsolarisme ou
l’improvisation versifiée chantée (bertsolaritza). De quoi s’agit-
il ? Le ou la, il y a de plus en plus de femmes, bertsulari ou
bertsolari doit improviser des vers (bertsu/bertso) sur un air
qu’il/elle choisit mais avec un thème et des longueurs de vers
imposés, en rime, sans répétition. Il doit improviser et chanter
des strophes de quatre vers mais de longueur variable : zortziko
handia (le grand de huit) est un vers de 18 syllabes, avec deux
coupures ; zortziko txikia (le petit de huit) est un vers de 13
syllabes, avec une coupure. Passons, vous devinez la difficulté.
Attention, le bertsolari n’a pas de papier pour écrire, ni de temps
pour préparer le texte qu’il va dire. Non ! Il l’improvise dans
l’instant, au maximum au bout de quelques secondes. Dans les
championnats de bertsolaris attendre un peu trop est considéré
comme une faute. Et le public écoute. La communion de
sentiments entre le bertsolari et l’auditeur est très directe. La
pression est très forte sur l’improvisateur puisqu’il doit réussir à
inventer dans l’instant des textes de qualité, qui correspondent
bien au thème imposé et qui montrent sa finesse d’esprit, son
humour, son sens de la repartie quand il répond à un autre
improvisateur. Au cours des championnats, on improvise soit
seul, soit avec un partenaire.
Voici comment le bertsolari Xabier Amuriza définit le
bertsolarisme :
La musique savante
Le Pays basque a vu naître des compositeurs et des interprètes
importants. Maurice Ravel est natif de Ciboure. Julián Gayarre,
le violoniste Pablo Sarasate ont eu des carrières internationales
au XIXe siècle ou la soprano Ainhoa Arteta actuellement. Luis
Mariano pour l’opérette est aussi d’origine basque.
Même s’ils ne sont pas toujours connus au plan international, il
y a aussi eu au Pays basque des compositeurs d’opéras en
basque ou bilingues. Ils s’appuient sur la musique traditionnelle
et ont connu un grand succès de la fin du XIXe siècle au milieu
du XXe. Ce sont parfois plusieurs milliers de spectateurs pour les
représentations en plein air. De même la chorégraphie utilise les
danses basques. Avec l’évolution de la société, des goûts, ce
genre musical n’a plus beaucoup de succès.
Pour terminer ce chapitre sur le chant et la musique basques,
voyons quels sont les instruments que l’on pourrait qualifier de
basques ou qui sont très utilisés au Pays basque. Vous allez être
surpris par leur diversité et leur originalité.
Le Basque bondissant
U nidéal
territoire où la mer et la montagne se côtoient est un terrain
pour pratiquer de nombreux sports. À ceci vient
s’ajouter une tradition de défi entre hommes forts, d’épreuves
issues des travaux des champs où l’on se mesure entre villages.
Enfin les sports collectifs, plus récents, ont eux aussi trouvé leur
place avec au nord le rugby et au sud le football. Mais nous
allions oublier que les Basques ont en plus créé leur propre
sport, la pelote basque…
Bref, comme nous le disons en titre, vous voilà au paradis des
sportifs.
Le Basque bondissant
Commençons notre parcours par un personnage, Jean Borotra
(1898-1994), né à Biarritz, que vous connaissez peut-être sous
son surnom de « Basque bondissant », en anglais The Bounding
Basque. Il illustre bien cette capacité des Basques à s’adapter et
à s’approprier des façons de faire, des techniques qui à l’origine
leur sont inconnues. Il faut rapprocher aussi ce surnom du fait
que les Basques aiment beaucoup la danse où les sauts ont une
grande place, voir les fameux sauts basques.
C’est à 21 ans seulement que Borotra découvre le tennis. Cinq
ans plus tard, il gagne les trois titres au Championnat de France
(simple, double messieurs et double mixte) et un mois après, à
Wimbledon, son premier titre de simple face au jeune et non
moins célèbre René Lacoste. Son ascension fulgurante est due à
de grandes qualités athlétiques, à sa pratique antérieure de la
pelote basque et à son goût de l’attaque. C’est d’ailleurs à
Wimbledon qu’il reçoit son surnom (The Bounding Basque) à
cause de son jeu de volée au filet où il est presque imbattable. Il
fera partie des mousquetaires français qui régneront sur le tennis
mondial des années 1920 à 1930. Son palmarès en grand
chelem, c’est-à-dire les quatre tournois majeurs d’Australie,
France, Angleterre et États-Unis, est le suivant : 4 simples
messieurs, 9 doubles messieurs et 5 doubles mixtes.
Sa technique de jeu à la volée, à l’époque très peu pratiquée,
serait venue du fait que lors de son second tournoi il bondit vers
le filet et renvoie un peu par hasard une balle de volée que son
adversaire ne peut ramener. Il gagnera ensuite la partie qu’il
perdait largement en marquant ses points au filet.
Avec sept instruments différents plus la main nue et quatre types d’aire de
jeu, la pelote basque se décline en un (trop ?) grand nombre de
spécialités. Les pelotes elles aussi sont de plusieurs sortes.
La main nue est la plus naturelle des spécialités et certainement
la plus ancienne, puisqu’on peut y jouer n’importe où. La pelote
est frappée directement par la main, légèrement protégée car la
pelote est très dure. Celle-ci est recouverte de cuir et pèse
environ 95 gammes. On joue des deux mains. C’est la spécialité
la plus noble selon les puristes. Jouée en mur à gauche par des
professionnels au sud, les parties font l’objet de paris tout à fait
légaux en Espagne.
L’Hôpital-Saint-Blaise, l’harmonie
musulmane-chrétienne
L’église romane de L’Hôpital-Saint-Blaise (Ospitalepea) près de
Mauléon-Licharre (Maule) est classée monument historique
depuis… 1888. Et inscrite au patrimoine mondial par l’Unesco
depuis 1998, dans le cadre des chemins de Saint-Jacques-de-
Compostelle. Reportez-vous au chapitre 15 où nous vous
présentons les chemins de Saint-Jacques qui confluaient par le
Pays basque avant de franchir les Pyrénées.
L’église bâtie au milieu du XIIe siècle faisait partie d’un hôpital,
établissement d’accueil pour pèlerins et autres voyageurs, et
duquel elle seule subsiste. Des travaux de restauration ont
montré que la charpente est en grande partie d’origine. L’église
est surmontée d’une coupole octogonale. Elle a des fenêtres à
grilles en pierre sculptée à motifs décoratifs, des corniches en
bois sculpté. Le toit est recouvert de bardeaux, petites lames de
bois comme on en trouve aussi dans les cabanes de bergers en
montagne. Le tout constitue un exemple architectural unique en
France où se croisent des influences musulmanes et chrétiennes.
On parle d’art hispano-mauresque. Pour la visite, un dispositif
audio-guidé en sept langues avec son et lumière vous est
proposé.
Avec l’industrialisation et le
tourisme, le renouveau artistique
Faisons un bond dans le temps et nous voici au XIXe siècle. Ce
n’est pas qu’il n’y a rien qui soit digne d’intérêt depuis le Moyen
Âge, mais encore une fois il ne s’agit pas d’un traité sur l’art au
Pays basque.
Les spécialistes considèrent que la peinture basque est née
vers 1850, avec le développement du tourisme et des bains de
mer et de l’industrialisation au sud. Jusque-là, les peintres
étaient des peintres de cour, ils faisaient carrière à Paris ou à
Madrid. Mais ils ne prenaient pas en compte leur région
d’origine. Avec le XXe siècle des peintres de renom viennent sur
la Côte basque, attirés par la richesse de la vie artistique et
culturelle. C’est le cas de Marquet, Picasso ou Van Dongen. La
grande époque se situe dans les années 1930-1940. Mais voyons
ce qu’il en est des peintres basques.
Une intense créativité : peindre le Pays basque,
Euskal Herria
À partir de 1850 donc, des deux côtés de la Bidassoa (rappelons que c’est
la rivière qui sépare le Nord du Sud, la France de l’Espagne), des dizaines
d’artistes se mettent à peindre leur pays, Euskal Herria. Influencés par les
courants artistiques qui traversent l’Europe pendant près de cent ans, ils
se les approprient : classicisme, réalisme, symbolisme, impressionnisme,
pointillisme, cubisme, etc. Tous les styles auront une influence sur les
œuvres.
Certains sont fascinés par les paysages, d’autres par les gens, les
coutumes, les traditions, les travaux des champs, les marins, la pelote…
Beaucoup cherchent à rendre la réalité, quel que soit le style. C’est le
musée des Beaux-Arts de Bilbao qui en offre le meilleur panorama. Il
existe d’autres musées d’art contemporain importants au Pays basque
comme le Guggenheim, toujours à Bilbao, dont nous vous parlerons au
chapitre 22, ou le musée Artium de Vitoria. Ce dernier est le musée
basque d’art contemporain quasi officiel puisqu’il a son siège dans la
capitale administrative d’Euskadi, comme le Gouvernement autonome
basque.
Alors voici quelques noms de ces peintres des XIXe et XXe siècles
qui n’ont pas tous atteint la renommée internationale :
les frères Arrue dont l’emblématique Ramiro (1892-1971),
Aurelio Arteta (1879-1940),
Adolfo Guiard (1860-1916),
Francisco Iturrino (1864-1924),
les frères Valentin (1879-1963) et Ramón (1989-1969)
Zubiaurre,
Ignacio Zuloaga (1870-1945). Ce dernier toutefois,
Ignacio Zuloaga Zabaleta, né à Eibar (Guipúzcoa), est
considéré comme un des plus importants peintres
espagnols de la fin du XIXe siècle et du début du XXe.
Formé chez les jésuites en France, puis à Madrid et à
Rome, un musée lui est consacré près de Ségovie à
Pedraza où il possédait un château.
Le peintre basque dont vous risquez le plus facilement
d’entendre parler, c’est Ramiro Arrue, né à Bilbao et mort à
Saint-Jean-de-Luz. Il est considéré comme le peintre le plus
représentatif du Pays basque et de son « âme ». Son père était
déjà collectionneur. Pour payer les études de ses fils, il met en
vente ses collections dont un Goya. Ramiro a pu ainsi dès
ses 19 ans se rendre à Paris pour étudier l’art et fréquenter
quelques-uns des plus grands artistes de l’époque. C’est à cet
âge-là qu’il expose déjà au Salon des artistes français et en 1925
il gagne la médaille d’or de l’Exposition des arts décoratifs. Le
style de Ramiro a été beaucoup imité. Simple, figuratif, presque
massif, avec des couleurs estompées, il offre des images qui sont
devenues des classiques du Pays basque, pour ne pas dire des
clichés : paysages bucoliques, travaux des champs, marins, fêtes
populaires, danseurs, joueurs de pelote… Il est aussi un des
fondateurs du Musée basque de Bayonne.
Le poids du tourisme
L ebancaire,
Pays basque sud a une longue tradition industrielle et
alors qu’au nord, en Pays basque de France, c’est
l’agriculture, l’élevage et la pêche qui constituaient les
principales activités économiques. À partir du XIXe siècle le
tourisme est venu s’y ajouter. Il a actuellement une place très
importante.
Une réflexion se développe afin de protéger et maîtriser l’image
du Pays basque et de ses produits. Le but est, tout en faisant la
promotion des productions locales et des services, de développer
une économie responsable qui respecte toutes les richesses du
territoire. Le « marketing territorial » est en train de changer. La
dimension humaine y est intégrée, l’histoire, la langue, la culture
et l’identité, mais aussi la dimension environnementale, la nature
à préserver et à valoriser. Ils constituent la spécificité du Pays
basque.
Voilà une nouvelle approche de l’économie et c’est ce que nous
allons vous présenter dans ce chapitre.
Au sud : une industrie diversifiée
Au Moyen Âge déjà une ville comme Eibar en Guipúzcoa était
réputée pour son industrie d’armes. Mais c’est au XIXe siècle que
la révolution industrielle connaît un grand essor au Pays basque
sud, surtout en Biscaye. En effet on y trouve de nombreux
gisements miniers. Une industrie métallurgique prospère s’y
développe. Viennent s’y ajouter au début du XXe siècle celles du
papier, de la chimie, des machines-outils et de la construction
navale.
Comme il ne s’agit pas d’un cours d’histoire économique,
sautons les étapes, en particulier les graves crises de la fin du
siècle dernier qui verra le taux de chômage dépasser les 20 % et
certaines industries quasiment disparaître comme les chantiers
navals ! Bilbao est l’exemple d’une reconversion réussie grâce
entre autres au musée Guggenheim qui est venu prendre la place
des friches industrielles le long du Nervión, la rivière qui
traverse la ville.
Inégalités et précarité
Excusez-nous, cher lecteur, mais nous allons vous donner
quelques chiffres. Cela nous paraît important pour bien
comprendre la réalité actuelle du Pays basque, car l’économie et
l’emploi c’est aussi le nerf de la guerre !
Le tableau positif que nous venons de dresser ne doit pas cacher
des inégalités en termes d’emploi et de salaires. Il y a d’un côté
des secteurs protégés par des conventions collectives, des
mutuelles et de l’autre des travailleurs au statut précaire de plus
en plus nombreux. Ce mouvement est général en Europe et dans
le monde, mais il a un fort impact au Pays basque, et au sud
encore plus où la protection sociale est moins développée. Par
contre le taux d’investissement industriel est élevé, plus qu’en
Europe. Mais il tient compte de la spéculation financière et
immobilière. Les richesses vont en se concentrant. Si le revenu
par habitant est de 33 % supérieur à la moyenne européenne, un
tiers des jeunes de 18 à 44 ans ne disposent pas au Pays basque
de ressources économiques suffisantes pour pouvoir quitter le
foyer familial. De nombreuses catégories de la population,
jeunes, femmes, immigrés, ne gagnent pas plus de 1 000 euros
par mois en moyenne.
Le poids du tourisme
Nous vous l’avons dit au chapitre 3, le tourisme en Pays basque
a connu ses grands débuts au XIXe siècle. C’est à cette époque
que démarre d’une certaine façon ce que l’on appellera plus tard
le tourisme international, avec des visiteurs prestigieux venus
goûter aux bains de mer et aux charmes de la nature basque. Un
de ses ambassadeurs a été Victor Hugo qui écrit : « Je ne sache
pas d’endroit plus charmant et plus magnifique que Biarritz »,
alors simple petit port de pêche. Et si Napoléon III et Eugénie
avaient eux aussi choisi Biarritz, comme l’aristocratie russe, la
baie de la Concha de Saint-Sébastien était le lieu de villégiature
de la reine d’Autriche Maria Cristina mais aussi plus tard du
dictateur Franco. Ce dernier y passera le mois d’août de 1940
à 1975. Le nom concha, coquille de mollusque en espagnol,
traduit parfaitement la forme remarquable de cette baie unique
au monde.
La maison traditionnelle
La maison traditionnelle
Au chapitre 6, nous vous avons expliqué comment la maison et
ses terres, l’église, le cimetière, l’estive en montagne
constituaient finalement une seule entité. Cela allait plus loin.
Beaucoup de terres, bois, landes étaient collectifs, ils
appartenaient à l’ensemble des maisons qui constituaient le
village ou la paroisse. Chaque maison pouvait en jouir, par
exemple ramasser du bois de chauffage ou faire paître les
animaux, dans le respect de la coutume.
À partir du milieu du XIXe siècle, le Pays basque va lui aussi connaître l’apparition
d’une société industrielle et urbaine, mais selon deux modes différents. Au sud, en
Biscaye, on assiste à un grand essor de l’industrie minière et de la métallurgie. Au nord,
sur la côte, voilà que le tourisme connaît son premier essor à partir de Biarritz. En fait,
c’est tout le long de la côte basque que la société traditionnelle rurale est transformée
en très peu de temps. L’électrification, l’arrivée du chemin de fer vont renforcer ce
bouleversement rapide.
C’est encore à Victor Hugo que nous allons faire appel, pour son
don d’observation et sa perspicacité. Voici ce qu’il dit de Biarritz
après son passage en 1843 : « Déjà on y vient de Madrid, bientôt
on y viendra de Paris […]. Il y a dix ans, on y venait de Bayonne
en cacolet […], maintenant on y vient en omnibus […]. Il y a dix
ans, il y avait à peine une auberge à Biarritz ; aujourd’hui, il y a
trois ou quatre hôtels. »
La poussée démographique et
l’évolution de la famille
Nous allons nous intéresser au Pays basque nord, mais la
situation générale est assez comparable au sud sur ce plan. Pour
ne pas être indigestes, nous ne vous donnerons pas trop de
chiffres.
La côte a la cote !
On est passé en quarante ans au Pays basque nord selon l’Insee
de 218 637 habitants en 1968 à 290 891 en 2007. La population
de la côte a été multipliée par 1,3, celle de la zone intermédiaire
par 1,8 et celle de l’intérieur (Basse-Navarre et Soule) a
diminué, même si le dépeuplement s’y ralentit maintenant. Ceci
est dû principalement au solde migratoire, car il meurt à l’heure
actuelle plus de personnes qu’il n’en naît. Ces nouveaux
arrivants s’installent plutôt sur la côte ; c’est là aussi qu’il y a le
plus fort taux de personnes âgées comme dans les zones rurales
de l’intérieur. Bien sûr l’attrait de l’Océan joue un grand rôle
dans cette situation pour les personnes aisées et la recherche de
logements moins chers dans la zone intermédiaire.
À titre d’exemple, Biarritz compte 38,1 % de personnes de plus
de 60 ans, mais Tardets, petite bourgade de Soule, en compte
43,8 %.
De moins en moins d’enfants
La famille, elle aussi, a subi une forte évolution ces trente
dernières années. On est loin de la famille traditionnelle qui
comptait généralement plus de dix personnes : les jeunes maîtres
de maison, leurs enfants, les parents de l’héritier, les oncles et
tantes qui ne s’étaient pas mariés ou n’avaient pas immigré à la
recherche d’une autre vie. De plus les enfants étaient nombreux
en l’absence de contraception. Aujourd’hui plus de la moitié des
familles n’a pas d’enfant.
Un début de réponse
Pour essayer de lutter contre la spéculation et la diminution
rapide de foncier disponible, les pouvoirs publics ont créé un
organisme particulier, l’EPFL Pays basque (Établissement public
foncier local). Il essaie de construire une véritable politique
foncière qui prend en compte la nécessité de foncier agricole
dans l’aménagement du territoire, qui aide les communes à
anticiper leurs besoins en zone rurale et périurbaine. Il leur
apporte une aide financière à l’acquisition, leur assure un conseil
juridique et d’assistance, intervient à leur côté dans les
opérations. Pour l’heure, ce pas en avant n’a que peu limité la
pression foncière et la spéculation.
La voie romaine
At tention, les voies construites par les Romains étaient des voies réservées. Reliant
Rome aux capitales des provinces, elles étaient utilisées pour le cursus publicus sorte
de poste impériale, les ordres de l’empereur et les rapports des fonctionnaires c’est
important, par les fonctionnaires et les légions qui devaient se déplacer rapidement.
Depuis l’Èbre au sud de la Navarre, la voie romaine pénètre dans la montagne et passe
par le col de Lepoeder, le point culminant. Quatre sites archéologiques ont été étudiés
le long de la voie. La découverte de pièces de monnaie ou de pointes de lance, par
exemple, aide à avoir une idée de leur époque.
Mille ans plus tard, la rencontre de trois des principaux chemins de Saint-
Jacques à Ostabat en Basse-Navarre est devenue un nouvel atout
touristique pour le Pays basque. Certes, les pèlerins et autres marcheurs
qui effectuent le parcours sont plus disséminés que les baigneurs sur la
Grande Plage de Biarritz par une belle journée d’août. Mais ils sont de
plus en plus nombreux ceux que l’on rencontre le long des routes
marchant avec un sac à dos, avec ou sans la célèbre coquille. Les
monuments, hôpitaux ou villes qui ponctuent le parcours sont nombreux.
Ainsi Saint-Jean-Pied-de-Port, petite bastide touristique fondée au XIIe
siècle, passage obligé des pèlerins après Ostabat pour franchir la
montagne. De là, il ne reste plus que 878 kilomètres pour atteindre Saint-
Jacques-de-Compostelle…
Pau (Paue) : 1 h 10
Bilbao (Bilbo) : 1 h 30
Pampelune (Iruñea) : 1 h 30
Bordeaux (Bordale) : 1 h 30
Toulouse (Tolosa) : 1 h 30
Saragosse (Zaragoza) : 3 h 00
La Tierra Estella
D’Estella à Viana
Donibane Garazi/Saint-Jean-Pied-de-
Port
C’est l’ancienne capitale politique et administrative du sixième
(merindad), appelée aussi « tierra de ultrapuertos » (c’est-à-dire
d’« outre-monts »), du royaume de Navarre. En effet, c’est le
seul au nord des Pyrénées. Quand la Navarre est annexée à la
couronne de Castille (1515), ce district devient la Basse-
Navarre.
La petite cité de Saint-Jean-Pied-de-Port doit son nom à sa
situation au pied du port ou col de Roncevaux (Orreaga en
basque). Elle est construite et fortifiée par Sanche VII le Fort, roi
de Navarre, au début du XIIIe siècle. C’est Santxo Azkarra que
vous avez déjà rencontré au chapitre 1. En entrant par la Porte
Saint-Jacques, classée au patrimoine mondial de l’humanité par
l’Unesco, on peut admirer les magnifiques façades et les
linteaux sculptés des maisons. Les maisons navarraises,
massives, en pierre de taille (c’est du grès rose), sont
remarquables. Visitez la Prison dite des Évêques et découvrez
l’énigme de cet édifice. Montez sur le chemin de ronde et longez
les remparts. L’église Notre-Dame-du-Bout-du-Pont mérite une
halte. Une fois traversé le pont se trouve la rue d’Espagne qui
remonte en direction de Roncevaux. Attention, en plein été,
surtout s’il ne fait pas très beau sur la côte, il y a beaucoup de
touristes à Saint-Jean-Pied-de-Port.
Prenons la route, nous ne coupons pas à travers la montagne
comme les pèlerins. Entre Arnéguy (Arnegi) et Valcarlos
(Luzaide), nous passons la frontière et montons vers le col
d’Ibañeta (1 057 m) par la N135. Très rapidement, dans la
descente, nous arrivons à la collégiale de Roncevaux.
Orreaga/Roncevaux
La défaite historique de Roland, neveu de Charlemagne (voir au
chapitre 1), et le chemin de Saint-Jacques ont fait de Roncevaux
(Orreaga) un site célèbre, point de rencontre de différentes
cultures.
Le nom Roncevaux viendrait du basque Errozabal « la plaine de
l’Erro », nom de la vallée traversée par la rivière Erro. Les
Francs en ont fait Ronzabal, Roncesvals et Roncesvaux (vallée
d’aubépines), d’où en espagnol Roncesvalles. Le nom basque
Errozabal se serait transformé d’autre part en basque en Orreaga,
prenant la signification de « lieu de genévriers ». Bref,
l’étymologie n’est pas toujours une science aisée.
Roncevaux se trouve dans un endroit plutôt accessible des
Pyrénées occidentales, pratiqué dès la préhistoire par les
chasseurs nomades (voir le chapitre précédent). Ceci peut
expliquer la quantité de restes mégalithiques dans cette zone
appelée « Urepel-Ibañeta-Orbaiceta ». Ce n’est pas par hasard
que les Romains, pour leur réseau de voies carrossables à travers
toute l’Europe, choisissent cette zone pour tracer la voie qui va
de la Gaule à la partie occidentale de la péninsule Ibérique. Ils
ne font que se servir de voies déjà existantes.
Le site d’Orreaga est donc un point de passage essentiel pour les
voyageurs et les soldats. À la fin du XIIe siècle, la collégiale jouit
de la protection du roi de Navarre, Sanche VII le Fort. La
communauté de chanoines choisit un prieur et administre ses
biens en toute liberté. La richesse et le développement de
Roncevaux sont tels qu’elle peut lever l’impôt et créer sa propre
administration. La collégiale de Roncevaux avait des biens des
deux côtés des Pyrénées, mais aussi à Londres, à Bologne en
Italie ou à Toulouse.
La chapelle de Saint-Augustin de la collégiale contient la tombe
de Sanche VII le Fort. De très grande taille, d’où son nom, les
enquêtes effectuées sur ses os estiment qu’il mesurait
2,25 mètres. Mais à dire vrai, on ne sait pas exactement où il se
trouve car ses restes ont été déplacés en 1622. Sa tombe était en
très mauvais état. Entre histoire et légende, la limite n’est pas
toujours nette !
Fermée par une grille, au pied de l’autel, un coussin rouge avec
des morceaux de chaîne. Selon la légende, ce sont les chaînes
des esclaves du roi musulman battu par les forces chrétiennes à
la bataille de Las Navas de Tolosa en 1212 ou celles qui
défendaient la tente du sultan. Sanche le Fort les aurait brisées
avec son épée. Les chaînes sont devenues partie intégrante des
armoiries de la Navarre et l’émeraude au centre représente celle
que le sultan portait sur son turban.
Prenons la direction de Pampelune. La vallée d’Esteribar fait
suite à la vallée de l’Erro. À Zubiri, vous traversez le pont
romain sur la rivière Arga. Il est connu comme le pont la Rabia
(la rage), car selon la légende il a le pouvoir surnaturel de
soigner la rage. Si l’on suit l’Arga, on arrive à Pampelune
(Iruñea ou Iruña, on dit les deux).
Un peu d’histoire
Le noyau primitif de Pampelune se trouve sur une colline. Au Ier
siècle avant J.-C., le général romain Pompée lui donne du
prestige. Il la baptise Pompaelo, ce qui donnera Pampelune,
Pamplona. À côté de la vieille cité apparaît à partir de la fin du
XIe siècle un bourg d’immigrants « francs », celui de San Sernin
(San Saturnino pour les Pampelonais), voulu par Alfonso Ier le
Batailleur qui lui accorde des droits, ceux des Fueros de Jaca
(1129). Le même statut est appliqué ensuite aux négociants et
artisans du nouveau quartier de San Nicolas et en 1189 à la
vieille ville. Pour couper court aux conflits entre les diverses
communes, le roi Carlos III le Noble décide en 1423 la fusion
des trois quartiers en une seule commune.
Le pont de la Magdalena sur l’Arga date du XIIIe siècle. C’était le
point d’arrivée des pèlerins au pied des remparts. Ils traversaient
la Porte de France, la plus ancienne de la ville, pour entrer dans
la cité. C’est avec l’annexion du royaume de Navarre par la
Castille que son emplacement stratégique a fait de Pampelune un
avant-poste face à la France. Sa protection est alors renforcée.
C’est l’un des ensembles fortifiés les plus riches et les mieux
conservés d’Espagne.
Les Sanfermines !!
Les fameuses fêtes de Pampelune, fêtes de San Fermín
(Sanferminak), ont leur origine au Moyen Âge, à la fois
événement religieux et foire commerciale. Mais c’est au XXe
siècle que les Sanfermines deviennent mondialement connues
grâce au roman The Sun Also Rises (Le soleil se lève aussi)
d’Ernest Hemingway, publié en 1926.
Des millions de personnes dans le monde entier, tous les 6 juillet
à midi pile, ont les yeux rivés sur l’horloge du XVIIIe siècle de
l’hôtel de ville de Pampelune. Ils attendent le « chupinazo », la
fusée qui ouvre les fêtes. Du 7 au 14 juillet, tous les jours, un des
moments les plus attendus est l’« encierro ». Il commence
lorsque l’horloge de l’église Saint-Sernin sonne les huit coups. Il
s’agit de conduire les taureaux de la corrida du jour dans les rues
du centre de la ville jusqu’aux arènes. Après le lancement de
deux fusées, les bêtes sortent en troupeau du corral de Santo
Domingo pour parcourir les 800 mètres qui les séparent des
arènes. Devant elles, vêtus de rouge et blanc comme tous les
participants aux fêtes, des audacieux plus ou moins jeunes
courent en évitant de se faire écraser ou plus grave encorner !
D’autres bien trop fatigués de la nuit ne les voient même pas
passer.
Puis tout au long de la journée (et de la nuit), la fête bat son
plein au rythme des fanfares (les bandas) et des peñas (groupes
de membres réunis en société pour partager des passions en
commun, le plus souvent la bonne chère). Le 14 juillet, à minuit
pile, du balcon de l’hôtel de ville le maire ou la mairesse
annonce la fin des fêtes et invite ses voisins pour le chupinazo
de l’année suivante. Le public lui répond en chantant le « Pobre
de mí » : Pobre de mí, pobre de mí, que se han acabado las
fiestas de San Fermín (« Pauvre de moi, pauvre de moi, les fêtes
de San Fermín sont terminées »). Et on se donne rendez-vous à
l’année prochaine.
La Tierra Estella
Quittons Pampelune et prenons la route en direction de Logroño.
Bien sûr, prenant le temps, nous laissons l’autoroute pour suivre
la nationale 111, le chemin des pèlerins. Une fois passé le col del
Perdón (du Pardon), on se trouve en Tierra Estella, la région
administrative (comarca) d’Estella. Les amoureux de la nature
profiteront de la rencontre de la forêt atlantique et du paysage
méditerranéen, de la montagne et de la plaine, du vert et de l’or.
Les passionnés d’art et d’architecture pourront admirer des
monuments civils ou religieux remarquables, romans ou
gothiques, des palais de la Renaissance, de grandes demeures
baroques et même quelques exemples d’architecture
contemporaine.
Avant d’atteindre le sommet du col del Perdón (du Pardon), vous
trouverez au pied de la montagne la source de Gambellacos qui a
une belle légende. À vrai dire, ce chemin de Saint-Jacques est
parsemé de légendes et autres miracles.
Un jour, le diable apparaît sous les traits d’un beau jeune homme
à un pèlerin assoiffé qui monte le col en plein été. Il lui donne à
boire s’il renie Dieu. Le pèlerin refuse. Alors le diable lui dit
qu’il suffira de renier la Vierge Marie. Cette fois encore le jeune
homme refuse. Alors Satan lui dit qu’il lui suffit de renier saint
Jacques. Mais le pèlerin refuse toujours et, pour échapper à la
tentation, il commence à prier pour obtenir de l’aide du ciel.
Aussitôt le diable disparaît dans un nuage de soufre et à sa place
apparaît la source cristalline où le pèlerin boit enfin tout son
saoul.
Puente la Reina/Gares
À Puente la Reina, en basque Gares, se rejoignent deux voies du
pèlerinage de Saint-Jacques pour n’en faire qu’une. Celle qui
vient du col Somport entre Béarn et Aragon et celle de
Roncevaux que nous suivons. C’est là que commence au sens
strict el Camino francés (le chemin français), qui est l’itinéraire
le plus fréquenté en Espagne en direction de Saint-Jacques-de-
Compostelle. Le nom de la ville vient du pont que la reine
Munia ordonna de construire sur la rivière Arga pour faciliter le
passage des pèlerins.
La ville est une bastide, une ville neuve médiévale avec un plan
rectangulaire. L’église du Crucifix de style roman tardif est
aujourd’hui un point de repos des pèlerins. Dans la Rúa Mayor
(rue principale) se dresse l’église Santiago (Jacques). La Rúa
Mayor débouche sur le magnifique pont construit au XIe siècle.
Tout en haut du pont il y avait une petite tour couverte avec une
image de la Vierge. On raconte qu’un petit oiseau, txori en
basque, allait souvent enlever les toiles d’araignées de l’image
avec ses ailes et, en mouillant son bec dans l’eau, il la nettoyait.
La population y voyait un miracle et faisait exploser des fusées
et même organisait des courses de taureaux. En 1834, pendant la
première guerre carliste (nous vous en parlons au chapitre 3), le
commandant des troupes libérales qui gardaient la ville
ridiculise publiquement les croyants, parlant d’attardés et de
superstition. La population se révolte. Et deux semaines après, le
commandant est battu et fusillé par les carlistes. Les croyants y
voient une punition divine, et la dévotion envers l’image de la
Vierge et l’oiseau ne fait que se renforcer. L’image se trouve
maintenant à la paroisse de San Pedro.
L’église d’Eunate
Peu avant d’arriver à Puente la Reina (Gares), la petite église
romane d’Eunate (Muruzabal) mérite que l’on fasse un détour.
Datant de la fin du XIIe siècle, toute simple, elle a une forme
octogonale, pas bien symétrique. À l’intérieur de l’église, on
remarque l’influence musulmane. Elle a un très beau cloître avec
une galerie de 33 arcades à chapiteaux. Eunate est classée
monument national. Comme le montrent les tombes découvertes
dans le cloître, l’église a servi de sépulture aux pèlerins qui
mouraient en route vers Saint-Jacques-de-Compostelle.
Lizarra/ Estella
Nous continuons la route qui de Puente la Reina prend
maintenant plus nettement la direction de l’ouest. Et voici
Estella (Lizarra, l’étoile). Appelée « Estella la belle » au XVe
siècle, elle a connu son apogée aux XIIe et XIIIe siècles. Le roi de
Navarre Sancho Ramirez lui avait octroyé en 1090 une charte
qui autorisait l’installation de francs, hommes libres de tout lien
de vassalité vis-à-vis des nobles et du clergé. Il construit le
château entouré de murailles. L’architecture de la ville est très
riche avec des églises et palais romans, dont le palais des rois de
Navarre, des bâtiments de la Renaissance et de style baroque. La
communauté juive était la troisième en importance après celles
de Tudela et de Pampelune. Avec une tour imposante d’où elle
domine la ville, San Pedro de la Rua est l’église principale
d’Estella. Joyau de l’art roman en Navarre, elle conserve son
cloître du XVIIe siècle.
D’Estella à Viana
Los Arcos
Entre Estella et Viana, sur la rivière Odron, se trouve Los Arcos.
La ville n’a pas de nom en basque, nous sommes dans la partie
sud de la Navarre qui n’est plus bascophone depuis très
longtemps. Sa rue principale faisait partie du chemin de
Compostelle qui en a fait sa richesse. La ville médiévale est
composée de longues rues parallèles, enfermées à l’époque dans
les remparts de la ville. Il en subsiste aujourd’hui les portes de
l’Estanco et de Castille. L’église de Santa María de style
baroque est une des plus imposantes de Navarre. À l’intérieur de
l’église, dans le retable principal (XVIIe siècle) se trouve une
remarquable vierge gothique.
Viana
Et nous voici à Viana, la dernière commune de Navarre, à la
frontière de la Rioja et donc du royaume de Castille. La cité est
bâtie sur une butte entourée par une enceinte murée. C’est le roi
de Navarre, Sanche VII le Fort (Santxo Azkarra), toujours lui,
qui fonde en 1219 cette ville fortifiée avec quatre portes aux
quatre points cardinaux. À l’intérieur des remparts de nombreux
bâtiments civils et religieux rappellent l’importance de Viana au
long de l’histoire. L’imposante église Santa María de
l’Assomption construite sur la colline est particulièrement
remarquable. C’était aussi une forteresse avec ses gros murs et
de puissants contreforts. Devant le portail, on trouve la dalle de
César Borgia, seigneur italien, guerrier et cardinal, fils du pape
Alejandro VI, capitaine des armées navarraises, mort dans une
embuscade au siège de Viana en 1507 à l’âge de 31 ans. Il doit
sa célébrité à Nicolas Machiavel qui le cite dans Le Prince
publié en 1532. La basilique de Nuestra Señora de la Gracia
dans la Rúa Mayor (rue principale) a été à l’origine un hôpital
civil pour les pauvres et les pèlerins. C’est un des rares
bâtiments gothiques civils du XVe siècle conservés en Navarre.
L’église San Pedro est la première église construite à Viana (XIIIe
siècle). De l’ancien cimetière de l’église transformé en parc, on
a une vue magnifique sur les remparts et sur les terres de la
Rioja au sud et d’Álava à l’ouest.
À la fin du XVIe siècle, la peste arrive en Espagne depuis les
Flandres par le nord. À Viana la maladie et la mort se répandent.
Aucune prière, aucun médicament, aucune pénitence, ne
parvient à stopper l’épidémie. Les autorités civiles et religieuses
décident de faire des prières collectives publiques. On priera
chaque jour et le seul patron de la ville sera le saint ou la sainte
que l’on a prié le jour où l’épidémie s’arrêtera. On lui consacrera
aussi un autel dans l’église. Et c’est le jour de Sainte María
Magdalena, le 22 juillet, que pour la première fois personne ne
meurt à Viana. Depuis 1599 Marie Madeleine est patronne de la
ville et tous les ans les fêtes de Viana ont lieu à la Sainte-Marie-
Madeleine.
Non loin de Viana en prenant la route d’Aras vers le nord se
trouve la chambre souterraine de Longar qui date d’environ
4 500 ans. Creusée dans la roche argileuse, elle servait à enterrer
les morts. Les spécialistes parlent d’hypogée. Comme l’entrée
s’était effondrée, la chambre est arrivée intacte jusqu’à nous,
fournissant aux archéologues et aux historiens un important
matériel d’étude. À l’intérieur se trouvaient les restes
de 80 personnes, la majorité en position de flexion. On a trouvé
des outils en silex, des pointes de flèche dans le squelette de
quelques individus.
Le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle se termine en Pays
basque juste après Viana. Le Camino francés traverse ensuite la
province de la Rioja pour se diriger vers Burgos, León et enfin la
Galice. Pour notre part, après la montagne et les plaines
navarraises, nous allons maintenant suivre une autre route, un
autre chemin, celui du littoral qui va nous mener de Bayonne à
Bilbao en longeant l’Océan.
Figure 16-1 : Sur les chemins de Saint-Jacques
Chapitre 17
De Bayonne à Bilbao,
le long du golfe de
Gascogne
Dans ce chapitre :
Le grand Bilbao
La cathédrale Sainte-Marie
La cathédrale gothique de Bayonne a été construite du XIIIe au
XVIe siècle au centre de la ville de l’époque, sur une hauteur.
Commencée en 1213, elle n’a vraiment été terminée qu’au XIXe
siècle avec la fin de l’édification de deux tours flèches. Certains
vitraux sont très anciens, le plus vieux a été offert par François
Ier. Son cloître date du XIIIe siècle. C’est une pure merveille, l’un
des plus grands de France. Au Moyen Âge au côté des tombes et
des chapelles funéraires, le cloître est également un lieu de vie
publique. En 1998, elle est inscrite sur la liste du patrimoine
mondial dans le cadre des chemins de Saint-Jacques-de-
Compostelle.
Bien avant les corridas, les courses de bœufs étaient l’une des
attractions de Bayonne au Moyen Âge. Les bouchers, avant d’en
tuer un, annonçaient qu’ils allaient le lâcher dans la rue. Il était
excité par des chiens. Évidemment il y avait des dégâts, des
blessés, des magasins dévastés. Un jour, un bœuf entre dans
l’église des Carmélites pendant la messe et provoque la panique.
En 1745, on décide d’interdire ces courses dans la ville même.
En 1800, c’est l’abolition définitive.
Ces courses rappellent celles des fêtes de Pampelune, las
Sanfermines, les fêtes de Saint-Firmin (voir au chapitre
précédent). Tous les matins les taureaux de la corrida du jour
sont lâchés dans les rues du centre-ville et suivent au pas de
course un parcours bien délimité pour rejoindre les arènes. C’est
l’encierro. Mais à Pampelune, pas question de les interdire, c’est
une des grandes attractions des fêtes malgré les blessés et parfois
les morts encornés sur le parcours ! Bayonne est d’ailleurs
jumelée avec Pampelune. Elle s’est inspirée de ses fêtes pour
faire des siennes les plus importantes de France. Mais ces
relations sont bien plus anciennes puisque, au Moyen Âge,
Bayonne était le port de la capitale de la Navarre.
La Croix Blanche rue de Pampelune vient du miracle de
Bayonne du 20 août 1451. Depuis qu’Aliénor d’Aquitaine s’est
mariée à Henri Plantagenet devenu roi d’Angleterre, Bayonne
est sous domination anglaise. Cela durera 300 ans. Au XVe
siècle, l’armée française ragaillardie grâce à Jeanne d’Arc se
dirige vers les Pyrénées. Alors que les soldats de Charles VII
tentent de prendre possession du château de Bayonne, une
grande croix blanche apparaît dans le ciel de la ville. Elle
s’arrête de bouger pendant environ une heure. D’après le
courrier envoyé au roi par le chef des armées, elle est donc en
forme de croix avec une couronne d’épines sur la tête puis elle
se transforme en couronne de fleurs de lys ! C’est un signe. Les
Bayonnais ouvrent les portes de la ville aux Français. De là vient
le nom du quartier Sainte-Croix qui se trouve au nord de l’Adour
sur les hauteurs de Bayonne.
Le Petit Bayonne
Voilà un quartier de Bayonne particulièrement pittoresque, le
Petit Bayonne, Baiona ttipia en basque. Le Bourg Neuf, « Borc
Nau » en gascon, est urbanisé à partir du XIIe siècle. Bayonne
s’étend alors vers les bords de la Nive, la rivière qui se jette dans
l’Adour, à l’abri de nouvelles fortifications. Le quartier vit au
rythme du port, le long des canaux et des quais. Il se peuple de
marins, de bateliers, de corsaires, de marchands, de
transporteurs, de nombreux artisans. Plus tard, les activités
portuaires se sont déplacées vers la mer le long de l’Adour.
Maintenant le Petit Bayonne est le rendez-vous de la jeunesse,
toutes les fins de semaine. D’une jeunesse qui ne boit pas que de
l’eau et du jus de fruit… Dans le quartier on trouve le Musée
basque, le musée Bonnat, le Château Neuf et l’un des plus
anciens trinquets du Pays basque. Les quais de la Nive aménagés
et bordés de très belles maisons à plusieurs étages méritent
vraiment une promenade.
Passé la place Saint-André, vous voilà au pied du Château Neuf
qui domine tout le Bayonne historique. Terminé en 1463 sur des
fortifications anglaises, c’était encore une place militaire jusqu’à
il y a peu. Aujourd’hui les bâtiments ont été réhabilités, ils
abritent un complexe universitaire. Le Petit Bayonne a des airs
de Quartier latin.
Ziortza-Bolibar
La dénomination de la commune de Ziortza-Bolibar vient de
l’union des noms de deux quartiers historiques. Le nom Ziortza
apparaît pour la première fois, mentionné en 1082, dans un
ancien manuscrit du monastère de San Millán de la Cogolla. Son
église transformée en collégiale et actuellement en monastère
cistercien est un des sites les plus importants du chemin de
Saint-Jacques du littoral.
Ziortza est un nom composé du mot zihaurri (sureau) et du
suffixe -tza (abondance), c’est-à-dire l’endroit où il y a beaucoup
de sureau. Bolibar serait un composé basque de bolu (moulin) et
ibar (vallée), soit vallée du moulin. Ce nom a été celui d’un
ancien peuple et ensuite un nom de famille.
Grâce à un des descendants de la famille, Simón Bolívar, le
libérateur d’Amérique, ce nom s’est répandu dans le monde,
surtout dans le continent américain. De ce petit coin de Biscaye
vient le nom de la Bolivie, de provinces, de populations, de rues,
de la monnaie du Venezuela, de liqueurs, etc., et même le nom
du chien mascotte créé par Walt Disney apparaissant dans un
épisode de « Mickey Mouse » et comme chien de Donald.
Gernika/Guernica
Continuons vers l’ouest à travers la campagne. Guernica
(Gernika) est le symbole des libertés basques et de la paix. Vous
avez découvert cette ville au chapitre 4 à propos du
bombardement allemand de 1937 et au chapitre 6 à propos de
son chêne séculaire, garant des libertés forales. Elle a été
déclarée par l’Unesco « Ville pour la Paix ». Guernica est un
point de départ pour des randonnées dans la réserve mondiale de
la biosphère d’Urdaibai toute proche (voir au chapitre 20).
Chaque lundi le marché de Guernica, celui qui avait été
bombardé, permet d’acheter des produits fermiers de qualité
venant de toute la région. Le piment doux et le haricot de
Guernica sont réputés. Vert, plus petit et plus dodu que celui
d’Espelette, de 6 à 9 centimètres, le piment se consomme frit ou
à l’apéritif.
Le grand Bilbao
Et nous voici à Bilbao (Bilbo), la plus grande ville du Pays
basque, capitale économique, financière et principal port.
Le théâtre Arriaga
Le théâtre Arriaga (1890) doit son nom au compositeur de
Bilbao Juan Crisóstomo Arriaga. Les façades sont inspirées de
celles de l’Opéra de Paris, surtout la façade principale et les
éléments décoratifs. Il a été ouvert à nouveau en 1986 après une
restauration complète. Tout au long de l’année, il propose des
représentations théâtrales, de l’opéra, des ballets, des concerts et
autres manifestations culturelles.
Il paraît que le théâtre Arriaga avait une loge secrète pour les
autorités appelée Orient Express. Deux autres balcons
entièrement noirs avec des entrées dérobées accueillaient à une
époque les veuves pour qu’elles puissent assister aux
représentations sans être vues et critiquées.
De L’Hôpital-Saint-Blaise au sommet
de l’Orhy
Laissant le Béarn au nord, nous empruntons la D25 qui va nous
mener, à travers la vaste forêt de Chéraute, de L’Hôpital-Saint-
Blaise à Mauléon-Licharre, la capitale de la petite province de
Soule. Puis nous entrerons en Haute-Soule par la D918 et la
D26 pour atteindre le village haut perché de Larrau au pied de
l’Orhy, le premier sommet à 2 000 mètres depuis l’Océan.
L’Hôpital-Saint-Blaise
Si vous avez lu le chapitre 12, vous avez découvert l’étonnante
église de L’Hôpital-Saint-Blaise (Ospitalepea), au nord de la
Soule, à la limite du Béarn. Comme le nom du village l’indique,
ce site est un lieu d’accueil pour les pèlerins en route vers Saint-
Jacques-de-Compostelle. L’hôpital permettait aux voyageurs de
faire une halte avant la difficile traversée des Pyrénées. Si
l’église est toujours là, l’hôpital a disparu à la fin du XVIIe siècle
pour laisser la place à un petit village.
La magnifique église est entourée de maisons des XVIe et XVIIe
siècles. C’est un joyau d’architecture romane de la fin du XIIe
siècle. Elle porte les marques de la diversité des gens qui se
croisaient sur les chemins du nord au sud, style roman, et du sud
au nord, influence mauresque très marquée.
Quelques péripéties au cours d’un millénaire
Larraine/Larrau
Au pied du pic d’Orhy, Larrau est un village de montagne
attaché à sa terre malgré l’éloignement et les conditions de vie
difficiles. Le nom du lieu Larraine en basque vient de larre
lande et gain sur, ce qui rappelle sa situation géographique. Les
premières mentions de Larrau remontent à la fin du XIIe siècle
dans le recueil de titres de Sauvelade, abbaye bénédictine en
Béarn.
Le territoire est un lieu de pâturages, la transhumance remonte à
la nuit des temps. Par le port (col) de Larrau (1 573 m), Iturzaeta
mendatea en basque, on accède à la Navarre, à sa capitale
Pampelune et on peut rejoindre Jaca, Huesca et Saragosse en
Aragon par la vallée de Roncal. L’ascension du col à bicyclette
est redoutable : 14,5 kilomètres à 8 % en moyenne. Les coureurs
du Tour de France qui ont eu l’occasion de le connaître peuvent
en témoigner.
Au XIVe siècle, la Soule paie une redevance de dix vaches et
quatre saumons au roi de Navarre. Pourquoi ? En échange de
l’autorisation d’importer « du pain et du vin suffisamment pour
leur provision, de même que le faisaient les autres sujets du Roi
vivant Outre-Ports » (ce sont les Bas-Navarrais dont la province,
même si elle est au nord des Pyrénées, fait aussi partie du
royaume de Navarre). Ceci est un exemple des relations
permanentes qui existent au Moyen Âge entre la Soule et la
Navarre.
Le pic d’Orhy
Le pic d’Orhy (Ori) est le premier sommet occidental des
Pyrénées dépassant les 2 000 mètres. Sa forme caractéristique se
voit de loin. Même du Labourd, à l’extrême ouest.
Voilà une montagne pleine de légendes. Tout un symbole comme
le montre cette chanson de Roger Idiart qui compare les jeunes
Souletins aux oiseaux d’Orhy qui reviennent dans leur
montagne. Partis pour trouver du travail, l’émigration a été très
importante en Soule à certaines époques, il souhaite que les
jeunes reviennent au pays, en restant toujours basques.
L’attachement au pays et à la maison natale est une valeur très
importante au Pays basque.
Jente gaztia dabila etxetik hurrun Les jeunes vont loin de chez
lanila, eux pour travailler,
Ez erran galdurik dela : utzul ditake Ne dis pas qu’ils sont perdus :
berhala Jin bedi gure artila ils peuvent vite revenir
Oriko txori Orila. Qu’ils viennent parmi nous
Txoriak jiten zaizkula huts egin gabe L’oiseau d’Orhy à Orhy.
sekula, Les oiseaux nous viennent
Lehenik bat, gero mila : txortak sans jamais manquer,
egiten ixtila. D’abord un, puis mille : la
Jin bedi… goutte fait la mare.
Qu’ils viennent…
Txorittuaren hegala arhin aidia L’aile du petit oiseau légère
bezala : comme l’air :
Gaztek begira dezela azkar uskaldun Que les jeunes gardent avec
odola. ardeur le sang basque.
Jin bedi… Qu’ils viennent…
Txoria izan dadila Euskaldun gazten Que l’oiseau soit le modèle
mudela : des jeunes Basques :
Mothiko la neskatila, tziauste denak Garçon ou fille, revenez tous
sor lekhila ! au pays natal !
Las almadías
Les cours d’eau pyrénéens ont été utilisés pour le transport de
bois dès l’Antiquité. Un des systèmes utilisés pour cela était les
almadías (radeaux). Le nom « almadía » vient de l’arabe « al-
madiya » qui signifie bateau.
C’est au XVIIIe siècle que le besoin d’augmenter le nombre de
bateaux de la marine royale espagnole va renforcer le trafic du
bois. Les arbres coupés étaient entraînés par le courant des
rivières de Salazar et de Roncal. La force du courant entraînait le
bois jusqu’aux rives plus larges. Là, on préparait les almadías en
attachant les troncs avec des branches de noisetier vert ou de
roseau sauvage. Les conducteurs de ces attelages étaient appelés
almadieros. Les almadieros navarrais étaient exempts du
paiement de droits « de ponts et presas » si le bois qu’ils
transportaient était le leur ou de leur vallée. La période du
transport était commandée par le niveau des eaux, des premiers
jours de décembre au 30 mai dans le Salazar et au 29 juin dans
le Roncal.
Comme vous vous en doutez, le danger était très important,
surtout, dans les magnifiques gorges de Lumbier et Arbayún
(voir au chapitre 20), dans les rapides, au passage des ponts et
dans les courbes. En effet, l’almadía peut être dirigée, mais pas
freinée ou stoppée. Après Sangüesa (Zangoza), les almadías
entraient dans la rivière Aragon (Aragoi), affluent de l’Èbre.
Une fois dans l’Èbre, le bois était dirigé vers les marchés de
Saragosse ou de Tortosa. La traversée durait une semaine
jusqu’à Saragosse. On a compté au début du XXe siècle jusqu’à
1 800 almadías sur une année. Mais la construction du barrage
de Yesa en 1951 les a stoppées. Place aux camions !
Au début du mois de mai, on fête le jour de l’almadía sur de
vrais radeaux pour se rappeler ce dur métier. À Burgui (Burgi)
dans le Roncal, vous pouvez visiter le musée de l’almadía qui se
trouve à la mairie.
La vallée de Salazar
À l’ouest du Roncal, c’est la vallée de Salazar traversée par la
rivière du même nom. Les nombreux restes mégalithiques
(pierres dressées) témoignent de la présence de l’homme depuis
des millénaires. Vallée isolée dans un paysage très vert où
prédomine la hêtraie, on y trouve des églises médiévales, des
ermitages avec des vues splendides, de belles maisons
navarraises.
Pas loin d’Ochagavía (Otxagabia), belle bourgade de maisons
anciennes en pierre et à toits typiques à tuiles plates, se dresse
tout en haut d’une colline l’église romane du XIIIe siècle de
Notre-Dame-de-Muskilda (Nuestra Señora de Muskilda). On y
conserve une Vierge sculptée de la fin du XIIe siècle.
Selon la légende, un jeune berger un jour perd un taureau. Il le
retrouve sous un chêne. En s’approchant, au pied de l’arbre, il
aperçoit une image de la Vierge. Il part avec les vaches et laisse
l’image, pensant la reprendre le lendemain. Mais en se
retournant, il voit que l’image a disparu. Et de retour à la
maison, il a de nouveau perdu le taureau. Il le retrouve au même
endroit en compagnie de la Vierge. Le berger prend l’image et
rentre chez lui. Un homme l’accuse de l’avoir volée. Il enferme
le jeune berger et dépose l’image dans l’église d’Ochagavía.
Mais le lendemain, ni la Vierge ni le berger ne se trouvent où il
les avait laissés. Le jeune berger s’est installé à côté du chêne et
s’est mis à construire une église de ses propres mains aidé de
son âne, Notre-Dame-de-Muskilda.
Tous les 8 septembre, le sanctuaire Notre-Dame-de-Muskilda est
témoin de danses primitives depuis des siècles. Dans ce site
privilégié, offrant une spectaculaire vue panoramique sur la forêt
d’Iraty, se déroule l’une des danses les plus emblématiques et
intéressantes du point de vue ethnographique de Navarre. Elle
est exécutée par huit danseurs, avec Bobo (l’idiot), curieux
personnage dans une tenue qui rappelle Arlequin.
La tradition du pain bénit est une coutume immémoriale en
vallée de Salazar. Tous les dimanches, une famille différente est
chargée de porter le pain coupé en rondelles à la messe
dominicale. Ce pain est béni à la messe et il est ensuite distribué
à chacun des fidèles. Jusqu’à il y a quelques années, à
Ochagavía, on distribuait seulement le pain aux hommes. Mais
une décision municipale a fait que la tradition a changé et il est
distribué aussi aux femmes. Après la consécration du pain, on a
coutume aussi de porter un morceau de ce pain à chaque maison
en se souhaitant : « Avec ceci ayez la paix et du pain pour toute
l’année. »
Selon la légende, le roi maure Abderrahmane devait passer en
Navarre. Le roi Don Sancho, le sachant, envoya des messagers
dans les vallées de Roncal, de Salazar et d’Aezkoa avec l’ordre
de réunir tous les hommes disponibles. Les gens de Roncal et de
Salazar prennent les armes dont ils disposent et attaquent au
pont de Ledea. Bien que les Maures soient plus nombreux que
les Navarrais, ces derniers l’emportent. Ceux de Salazar tuent
Abderrahmane et lui coupent la tête. Ils pensent aller présenter le
trophée au roi Sancho, espérant une bonne récompense. Mais les
Roncalais, jaloux, pendant la nuit prennent la tête
d’Abderrahmane et lui coupent la langue. Quand ceux de
Salazar montrent la tête au roi, les Roncalais interviennent pour
dire que ce sont eux qui lui ont coupé la tête puisqu’ils sont en
possession de la langue. Le roi, pour calmer les esprits, donne à
chacun des armoiries. À ceux de Salazar un loup avec un agneau
dans la bouche, à ceux de Roncal un renard comme symbole de
leur ruse.
La vallée de Roncal
La vallée de Roncal est la plus orientale des vallées navarraises,
à la frontière avec la Soule, la vallée béarnaise du Barétous et
l’Aragon. Signalons à Burgui un joli pont romain qui conserve
les arches d’origine. Le village de Roncal aux rues pavées et aux
grandes maisons en pierre et toits de tuiles bombées est au centre
de la vallée. Là est né et enterré le célèbre ténor Julián Gayarre.
À Uztárroz, vous pourrez visiter le musée du Fromage et de la
Transhumance. Le fromage a la dénomination d’origine Roncal.
Au nord-est, dans la vallée de Belagua se trouve la Table des
Trois Rois (Hiru Erregeen Mahaia) avec 2 428 mètres, le point
culminant de Navarre et du Pays basque.
La Junte de Roncal
Le monastère de Leyre
Au pied de la sierra de Leyre se trouve un monastère qui au
cours des siècles a été siège de la cour royale, évêché et tombeau
des rois de Navarre. Le monastère de Leyre (Leireko
monasterioa) est fondé au bas Moyen Âge. Incendié par les
musulmans au Xe siècle, puis reconstruit en 1020 par ordre du
roi Sancho García. Austère à l’extérieur, les portails de l’église
sont très ouvragés, spécialement la Porte spacieuse du XIIe siècle,
une des merveilles du monastère, véritable bible de pierre. À
l’intérieur, la crypte du XIe siècle est la plus ancienne de tout le
monastère, de style roman archaïque. On considère Leyre
comme la première œuvre de l’art roman en Navarre, le
prototype des constructions romanes en Espagne.
Zangoza/Sangüesa
Quittons la montagne pour Sangüesa sur la rivière Aragon. C’est
une petite ville parsemée d’édifices civils et religieux
intéressants, depuis l’art roman jusqu’au baroque. Le noyau
primitif est l’actuel bourg de Rocaforte (Rochefort), qui comme
son nom l’indique est construit sur un éperon rocheux. C’est au
XIIe siècle que la nouvelle Sangüesa devient rapidement une ville
importante. Elle se trouve sur le chemin vers Saint-Jacques-de-
Compostelle qui vient du col du Somport. C’est la Via Tolosana
(voie toulousaine) qui, venant d’Italie, part d’Arles vers
Montpellier, Toulouse, Auch, Pau et le col du Somport entre
Béarn et Aragon.
Le château de Xavier
À 8 kilomètres à l’est de Sangüesa, dressé lui aussi sur un
éperon rocheux dans la sierra de Leyre, le Castillo de Javier (en
basque Xabierko Gaztelua) est le lieu de naissance de saint
François Xavier.
En 1223, Sancho VII de Navarre acquiert la forteresse qui n’est
qu’une tour de guet et de signaux de la fin du Xe siècle. Mais son
emplacement est stratégique, à la frontière entre les royaumes de
Navarre et d’Aragon. La tour est renforcée jusqu’à constituer un
château. À la mort de Sancho VII, la forteresse passe entre les
mains de Thibault Ier de Navarre, ascendant lointain de François
Xavier. Lorsque la Navarre est annexée par la Castille en 1512,
les frères aînés de François Xavier luttent au côté du roi
navarrais Jean d’Albret. Ce qui entraînera la démolition du
château, de ses défenses du moins.
Entre le premier et le deuxième dimanche de mars, des milliers
de pèlerins parcourent à pied des dizaines de kilomètres pour
venir vénérer le saint, c’est la Javierada. C’est la reconnaissance
des Navarrais lorsque saint François Xavier fut invoqué pour
qu’il arrête l’épidémie de choléra qui ravageait la Navarre
en 1886.
Tutera/Tudela
Nous atteignons l’Èbre et voici Tudela, seconde ville de Navarre
et capitale de la Ribera. Connue depuis l’époque de la
domination musulmane, la ville est fondée en 802 par Amrus ibn
Yusuf al-Muwalad, sous le règne du roi Al Hakan Ier. C’est l’une
des villes d’origine islamique les plus importantes d’Espagne et
d’Europe. Le pont avec ses 17 arches et ses 360 mètres de long
qui nous accueille à l’entrée de la ville a été construit au IXe
siècle par les Arabes. Le mieux pour découvrir la ville et sentir
la cohabitation des cultures est peut-être de se perdre dans les
ruelles et les passages des anciens quartiers juif et musulman.
Le monument emblématique de Tudela, c’est la cathédrale Santa
María bâtie au XIIe siècle sur la grande mosquée de la ville. Ses
trois portails sont remarquables, en particulier celui appelé Porte
du Jugement final, mélange de roman et de gothique d’influence
française. Le cloître roman conserve quelques éléments de la
mosquée d’origine. Par le cloître, on accède à la chapelle
mudéjare du XVe siècle construite sur le lieu qu’occupait la
principale synagogue de la ville. Bien d’autres monuments
méritent une visite, comme la place de los Fueros, le palais du
Marquis de Huarte, le palais du Marquis de San Adrián ou
l’église de la Magdalena. À l’intérieur de celle-ci, dans l’une des
sépultures, le comte Rotrón d’Alperche a été enterré. C’est lui
qui, sous les ordres d’Alfonso Ier le Batailleur, roi d’Aragon et
de Navarre, prit Tudela aux musulmans en 1119.
Voilà, nous terminons notre troisième parcours à travers le Pays
basque. Dans le chapitre qui suit, nous vous faisons découvrir la
vallée de l’Urola, la plaine d’Álava et bien d’autres choses !
Figure 18-1 : Des vallées pyrénéennes à l’Èbre
Chapitre 19
De la vallée de l’Urola
à la plaine d’Álava
Dans ce chapitre :
C emènera
dernier itinéraire sera plus court que les précédents. Il nous
de la côte du Guipúzcoa aux confins de l’Álava en
passant par Vitoria (Gasteiz) sa capitale. Partant de Zumaia au
bord de l’Océan, nous allons d’abord remonter le cours de
l’Urola, rivière qui forme la vallée centrale du Guipúzcoa. Nous
irons donc de la côte vers l’intérieur. Nous traverserons des
vallées encaissées jusqu’à arriver à la vaste plaine de Vitoria-
Gasteiz après avoir franchi les hauteurs qui séparent les deux
provinces. Nous n’emprunterons pas le chemin le plus direct
jusqu’à Vitoria qui se fait essentiellement par l’autoroute en
traversant pas moins de dix tunnels. En effet, cette balade
souhaite vous faire découvrir les trésors culturels et naturels qui
constituent le riche patrimoine de cette région.
Urola, la vallée de pierre, de bois et
de fer
Au cœur du Guipúzcoa, la vallée de l’Urola offre un voyage
attrayant à travers l’histoire. Sur une distance de seulement
50 kilomètres, elle transporte les visiteurs depuis la préhistoire
jusqu’à l’époque de l’industrialisation, au XXe siècle. Ses
bâtiments en pierre et brique, la décoration de style mudéjar
aragonais, vous raconteront le Moyen Âge riche et mouvementé
de la vallée. Beaucoup plus haut dans la vallée, à Urretxu et
Zumárraga, c’est le fer qui a apporté une intense activité
économique.
On appelle architecture mudéjare et style mudéjar une
architecture et un style qui se sont développés dans la péninsule
Ibérique du XIIe siècle au XVIe siècle. Suite à la reconquête par
les royaumes chrétiens de León, de Castille, d’Aragon et du
Portugal, la construction des bâtiments chrétiens et juifs subit
des influences musulmanes dans les techniques et le choix des
matériaux. Les Mudéjars sont des musulmans qui sont devenus
sujets de ces différents royaumes. Le mot espagnol modéjar
vient du mot arabe mudajjan « domestiqué ». Vous noterez au
passage que le royaume de Navarre, pourtant lui aussi chrétien,
ne figure pas dans la liste. Il subira beaucoup moins l’influence
musulmane, sauf évidemment Tudela fondée par les musulmans
(voir à la fin du chapitre précédent).
Dès la préhistoire…
La vallée de l’Urola est un endroit privilégié dans la préhistoire
basque. Des centaines de grottes, dolmens, tumulus parsèment la
région. Signalons d’abord Ekainberri (« nouvelle Ekain » en
basque) à Zestoa, qui est la réplique exacte de la grotte toute
proche d’Ekain, dans la vallée de Sastarrain. Ce site découvert
en 1969 seulement contient un nombre impressionnant de
peintures de l’époque magdalénienne, soixante-dix dessins, il y a
environ 14 000 ans. Déclaré au patrimoine mondial de
l’humanité par l’Unesco le 7 juillet 2008, sa réplique permet une
visite détaillée sans endommager le site original.
Avec le Centre d’interprétation de la nature Algorri à Zumaia, on
remonte beaucoup plus loin dans le temps, à la formation de la
côte basque. À côté d’expositions et autres films documentaires
classiques, le centre propose des visites guidées le long de la
côte entre Zumaia et Deba. Sur plus de 8 kilomètres de falaises,
le flysch, trésor géologique unique, est roi. C’est la « route du
flysch » (Flyscharen Ibilbidea) évoquée au chapitre 17. À
Zumaia les plages d’Itzurun et de Santiago et les rouleaux de la
petite baie d’Orrua, connue des surfeurs pour la vague de droite
qui se forme sur un côté de la baie, offrent le complément idéal à
un séjour, dans laquelle l’eau et la pierre sont les acteurs
principaux.
Zumaia
Zumaia, belle petite ville citée pour la première fois sur un vieux
parchemin conservé à Roncevaux, est née autour du monastère
de Santa María. Ce monastère, comme le parchemin l’indique, a
été l’objet d’un don du roi de Castille Sanche IV au couvent de
Roncevaux en 1292. C’est l’un des ports de pêche les plus
importants du Guipúzcoa.
Construite sur une petite butte, l’église de San Pedro domine
l’embouchure de l’Urola. L’extérieur est très sobre, c’est un
bâtiment à caractère défensif, avec une tour carrée accolée
s’élevant à 34 mètres. L’intérieur gothique est remarquable avec
une nef unique, une des plus belles du Pays basque. Sa
construction remonte probablement au milieu du XIVe siècle.
Notez un très beau retable sculpté de la fin du XVIe siècle déclaré
monument national.
Situé dans la maison familiale, le musée Zuloaga est un espace
pour admirer la riche collection d’art rassemblée tout au long de
sa vie par Ignacio Zuloaga (1870-1945), son atelier, des toiles de
l’artiste. L’autre musée consacré à Zuloaga se trouve à Pedraza
près de Ségovie.
Zestoa
De Zumaia on remonte l’Urola. À 8,5 kilomètres, c’est déjà
Zestoa. Cité thermale depuis 1804, à la fin du XIXe et au début du
XXe siècle l’aristocratie européenne s’y retrouvait autour de ses
sources d’eau chaude. Mis à part le tourisme thermal, il faut
visiter le palais de Lili.
Le palais de Lili
Tout près de Zestoa, le palais de Lili attire l’attention par sa puissance et son
emplacement sur une pente. De style gothique avec des influences de la Renaissance,
il a été construit à partir du XVe siècle. À côté du château se trouvent la maison de
campagne Lilibea, une forge et des vestiges de moulins. C’est l’un des bâtiments les
plus importants de l’architecture civile gothique du Guipúzcoa, et il garde un secret, « le
secret de Lili ». Il s’agit d’une fenêtre condamnée située à l’intérieur du hall principal que
l’on ne retrouve pas sur la façade extérieure. C’est une énigme pour les architectes.
Leintz-Gatzaga
L’industrie saline a été étroitement attachée à la fondation de
Leintz-Gatzaga comme à son développement économique au
cours de l’histoire. Les deux chaudières de cuivre pour
l’obtention du sel présentes sur l’écusson de la ville le
rappellent. Vous pourrez visiter le musée du Sel situé dans les
anciennes installations de production, et connaître de cette façon
l’histoire des producteurs de sel sur le lieu même de son
exploitation.
À Leintz-Gatzaga se trouve le sanctuaire de la Vierge de
Dorleta. Et voilà que la Vierge de Dorleta est couronnée
le 26 octobre 1958. Rapidement, des amateurs de vélo
demandent aux autorités ecclésiastiques basques d’élire cette
Vierge patronne des cyclistes. Trois cyclistes basques,
accompagnés par des représentants des fédérations, se rendent à
Rome en bicyclette pour être reçus par le pape Jean XXIII. La
rencontre est couronnée de succès puisqu’à la suite de cette
audience papale la Vierge de Dorleta est intronisée patronne
universelle des cyclistes. Les cyclistes sont aujourd’hui
nombreux à venir se recueillir devant la Vierge de Dorleta.
La polémique d’Iruña-Veleia
Une polémique a enflammé tout récemment les philologues et linguistes basques et
bien au-delà les milieux intellectuels et des médias au Pays basque. On a découvert il y
a peu dans le site archéologique d’Iruña-Veleia des objets romains, dont un ensemble
de supports gravés avec des inscriptions à caractère religieux d’origine chrétienne en
langue basque. Ceci serait d’une importance capitale pour l’étude de la langue basque.
Elles dateraient d’une période allant du IIIe au VIe siècle après J.-C. Il y aurait donc eu
coexistence des deux langues et cultures basques et latines. Parmi ces inscriptions en
argile, on a trouvé des mots du vocabulaire basque actuel courant comme edan
« boire », jan « manger » ou lo « dormir ». Nous employons le conditionnel car après
avis d’universitaires et d’experts, les autorités ont déclaré que si les inscriptions sont
bien réelles elles sont fausses. D’autres continuent à affirmer qu’on a bien des mots en
basque écrits il y a fort longtemps.
La plaine d’Álava
Nous quittons Leintz-Gatzaga en direction de Vitoria au sud qui
se trouve à 40 kilomètres. Nous franchissons le col d’Arlaban
à 617 mètres qui nous permet de descendre sur la plaine d’Álava
(la Llanura Alavesa en espagnol). C’est une terre de transition
dont le paysage rappelle déjà les plaines du sud de la péninsule
Ibérique. Les Romains s’installèrent dans la plaine d’Álava qui
était traversée par la célèbre voie Astorga-Bordeaux. L’oppidum
d’Iruña-Veleia est l’un des principaux vestiges de la présence
des Romains. Ils contribuèrent au développement de
l’agriculture dans la vallée de l’Èbre.
Vitoria-Gasteiz, capitale de la
Communauté autonome basque
Vitoria (Gasteiz) est la capitale de la province d’Álava et de la
Communauté autonome basque (réunion des trois provinces
d’Álava, de Biscaye et du Guipúzcoa). Le quartier médiéval se
dresse sur un monticule dominé par la cathédrale Santa María.
Nous vous en parlons au chapitre 22 parmi dix monuments
remarquables. Les rues du quartier forment un réseau en forme
d’amande. On peut commencer par la place de la Virgen Blanca
(la Vierge Blanche), axe qui sépare la partie moderne de la ville
du quartier médiéval. Avec le monument en commémoration de
la bataille de Vitoria au centre, la place donne sur l’église San
Miguel.
La bataille de Vitoria a eu lieu le 21 juin 1813. Les troupes
françaises qui escortent Joseph Bonaparte, roi d’Espagne, dans
sa fuite, y sont battues par des troupes britanniques, espagnoles
et portugaises alliées commandées par Arthur Wellesley, duc de
Wellington. Elles vont ensuite conquérir tout le Pays basque
occupé par les troupes napoléoniennes.
Revenons à l’église San Miguel. Dans le portique de la façade se
trouve une niche contenant la statue polychrome de la Vierge
Blanche, la patronne de Vitoria. À l’intérieur, le maître-autel est
un véritable chef-d’œuvre baroque. Sur la gauche de l’église,
vous accéderez à la place du Machete, où se dresse le palais de
Villasuso (XVIe siècle). En montant les escaliers qui le
contournent, vous déboucherez dans la rue de Santa María. On y
voit l’une des premières constructions nobles de Vitoria, le
palais de Montehermoso. En descendant par la ruelle Santa Ana,
vous apercevez le palais de Bendaña qui abrite le musée Bibat
né de la fusion du musée d’Archéologie et du musée Fournier de
cartes. De retour dans la rue Correría et en descendant par la
venelle Carnicerías, on voit pointer la tour de Doña Otxanda.
Vous pouvez terminer la promenade par l’église gothique de San
Pedro.
Le pont d’Holtzarte
Lumbier/Irunberri
Avant de découvrir ces gorges, visitons Lumbier, Irunberri en
basque, la nouvelle Irún. Cette localité est située au confluent
des rivières Irati et Salazar qui ont creusé ces canyons. Son
patrimoine intéressant mérite bien une promenade. Parmi les
constructions civiles notons la mairie du XVIe siècle. En ce qui
concerne l’art religieux, vous trouverez des retables baroques
ornés de peintures rares et de sculptures de style gothique des
XIVe et XVe siècles.
Le canyon d’Arbayún
Pendant des millions d’années, la rivière Salazar a creusé les
montagnes de Lumbier, forgeant la plus étendue et la plus
impressionnante des gorges navarraises : le canyon d’Arbayún,
Arbaiungo arroilla en basque. C’est un défilé de 6 kilomètres de
longueur parcouru par des eaux rapides entre des parois
verticales allant jusqu’à 385 mètres de profondeur. La zone a
une faune particulièrement riche, avec par exemple plusieurs
sortes de vautours ou le lynx. Cet endroit constituait le couloir le
plus spectaculaire que traversaient autrefois les almadieros, des
radeleurs. Ces hommes transportaient, descendaient les arbres
des Pyrénées à travers les rivières en radeaux, les almadías.
Articulés entre eux par des cordes, ils les dirigeaient dans les
rapides. Voir au chapitre 18.
Le canyon de Lumbier
Le canyon de Lumbier, Irunberriko arroilla, est un autre de ces
trésors naturels de Navarre. Moins sauvage que celui d’Arbayún,
il nous offre l’occasion de jouir de la beauté d’un défilé
remarquable. Creusé comme par un couteau par la rivière Irati,
le trajet d’un peu plus d’un kilomètre est surplombé par des
parois de 120 mètres de haut. Un sentier mène à l’ancien chemin
de fer d’Irati, premier train électrique de la péninsule Ibérique.
Au début, ce train, pratiquement parallèle à la rivière, servait au
transport du bois. Il a fonctionné jusqu’en 1955. Au bout du
chemin, on débouche sur le Pont du Diable. Dans ce cadre
incomparable vivent de nombreux rapaces et autres oiseaux :
vautours, aigles royaux, choucas, monticoles bleus, hirondelles
de rochers…
Le pont d’Holtzarte
Non loin de Kakouetta, voici une autre balade que vous
n’oublierez pas. Elle a comme objectif la passerelle d’Holtzarte,
mais les randonneurs chevronnés peuvent la poursuivre bien au-
delà avant de revenir au point de départ. Atteindre la passerelle
demande toutefois une marche d’approche un petit peu
fastidieuse à travers bois puis en montée sur une colline, une
colline basque donc plutôt abrupte !
Le pont d’Holtzarte se trouve sur la commune de Larrau
(Larraine). Avertissement à ceux qui ont le vertige, la passerelle
surplombe la magnifique gorge d’Olhadubi de 180 mètres !
Dévastée par la tempête Xynthia, elle a été refaite en 2010. Vous
vous y sentirez donc plus en sécurité encore. Elle ne se balance
plus comme auparavant, des câbles latéraux d’équilibrage ont
été rajoutés et le plancher en bois imputrescible est neuf. La
marche d’approche balisée dure environ quarante minutes. Mais
vous serez vraiment récompensé de vos efforts par une vue
impressionnante.
Ne croyez pas que cette passerelle qui a nécessité l’emploi d’un
hélicoptère pour sa rénovation a été mise là uniquement pour
que vous puissiez avoir le grand frisson. Il s’agissait d’exploiter
le bois et vu l’étroitesse des gorges, il était impossible de le
transporter sur l’eau. À la fin du XIXe siècle, on tend deux câbles
au-dessus du ravin pour y faire rouler un chariot sur poulies.
Puis ce seront des Italiens qui à partir de 1920 vont développer
l’exploitation du bois du côté de la forêt jusque-là inaccessible.
Ils utilisent une technique nouvelle de débardage des arbres à
l’aide de câbles d’acier. Maintenant, ce sont surtout les
randonneurs qui utilisent la passerelle d’Holtzarte. Le point de
départ se trouve à l’auberge Logibar, sur la D26 à 2 kilomètres
avant le village de Larrau en venant de Tardets.
Nous vous en avons parlé au chapitre 6, la mythologie basque
compte des personnages variés. Parmi eux, on a le basajaun,
littéralement le monsieur des bois, qui est une sorte de génie des
bois et des grottes, protecteur des animaux. Or il se trouve que la
passerelle d’Holzarte et les gorges sont peuplées de basajaun et
de lamina, ces petits êtres plutôt bénéfiques. Ce sont les
basajaun qui ont taillé les gorges avec un énorme couteau. Leurs
compagnes, les basandere, les dames des bois, ont l’habitude de
rester à l’entrée des grottes ou près des fontaines où elles passent
des heures à se peigner. Le basajaun n’est pas seulement un
protecteur des animaux, il effraie les hommes. Quand le village
de Larrau est fondé, le pays est couvert de forêts sauvages. Le
basajaun venait inquiéter les habitants et causait beaucoup de
dégâts. Alors, le curé du village décide de dire tous les samedis
le Salve Regina, prière en latin, à l’approche de la nuit. Et
depuis, le basajaun ne vient plus embêter les habitants de Larrau.
Vous le voyez, la religion catholique et les croyances ancestrales
peuvent faire bon ménage.
Sixième partie
La partie des Dix
Dans cette partie…
Le béret
Le chistera
Les espadrilles
La pelote
Le tambourin basque
Le béret
Ah ! Voilà un grand classique. Ne parle-t-on pas du béret
basque ? Pourtant, on ne fabrique plus le béret basque qu’à
Tolosa (Guipúzcoa) et en Béarn ; le mot français d’origine latine
vient aussi du béarnais. En basque, on dit bonet ou txapel. Ce
sont deux mots d’origine latine eux aussi, vous reconnaissez
« bonnet » et « chapeau »… Le béret basque est noir, la petite
queue au centre s’appelle le cabillou. Encore un mot occitan.
Il y a plusieurs façons de le porter et plusieurs tailles. Depuis
quelque temps, voilà qu’il est devenu rouge pour les fêtes.
Attention tout de même. La tenue complète que vendent à
l’approche des fêtes de Bayonne les supermarchés, pantalon
blanc, chemise blanche, foulard rouge à nouer autour du cou,
ceinture de flanelle rouge et le fameux béret rouge, risque de
vous faire passer plus pour un touriste consciencieux que pour
un véritable Bayonnais prêt à affronter cinq jours endiablés et
épuisants. Même si le blanc et le rouge sont de rigueur, le béret
rouge reste un peu anachronique. Il est utilisé par les danseurs
traditionnels.
Notez qu’Ertzaintza, la police du Gouvernement autonome
basque d’Euskadi (rappel : ce sont les trois provinces d’Álava,
Biscaye et Guipúzcoa) a aussi adopté le béret rouge. Quand vous
remportez une course, que vous gagnez une grande partie de
pelote ou de mus (prononcez mouch, jeu de cartes populaire
d’origine basque), que vous devenez le meilleur bertsulari
(improvisateur) de la région, on vous remet un très très grand
béret noir. C’est la txapela. Vous êtes le txapeldun (prononcez
tchapeldounn), le champion, littéralement celui qui a le béret,
mot formé avec le nom txapel et le suffixe -dun « qui a ». Même
si vous êtes un champion modeste, cela vous fait une grosse
tête !
Le chistera
Le mot chistera fait partie des rares mots basques passés en
français. Si vous avez lu le chapitre 11, vous savez déjà que le
célèbre gant en osier a été inventé en 1857 par un certain Jean
Dithurbide de Saint-Pée-sur-Nivelle. On trouve d’ailleurs dans
cette ville du Labourd un musée de la pelote, l’écomusée de la
Pelote et du Chistera Pilotari. Le pilotari, c’est le joueur de
pelote.
Entièrement artisanale, la fabrication d’un chistera demande
entre vingt et vingt-cinq heures.
Il y a deux types de chistera, le petit gant et le grand gant qui
correspondent à des spécialités de jeu différentes. Avec le grand
chistera, plus profond le joueur peut garder la pelote dans le gant
et faire un ou deux pas avant de lancer la pelote contre le
fronton. Avec le petit gant, c’est interdit. Cette faute s’appelle
atxiki, tenu. Le grand gant est utilisé à l’extérieur en fronton
place libre ou à l’intérieur dans les jai alai pour jouer à la cesta
punta. Voir le chapitre sur les sports au Pays basque. Le remonte
est un autre type de chistera utilisé en Espagne plus long que le
petit gant et fait en rotin. Quand nous vous disions qu’il y a de
quoi s’y perdre !
Les espadrilles
Les espadrilles (espartinak). Voilà les chaussures qui avec le
béret font partie de la tenue traditionnelle des Basques, tels
qu’on se les imagine et que les peintres les représentaient. C’est
dans cette tenue que vous découvrirez les troupes folkloriques.
De nos jours, la petite sandale de toile à semelle de chanvre est
devenue une chaussure de loisirs, que l’on porte en été quand il
ne pleut pas. Pourtant, elle a connu son heure de gloire, comme
le béret.
L’espadrille s’est exportée jusqu’en Amérique du Sud, il faut
dire que les Basques natifs ou d’origine y sont nombreux. Elle
était utilisée dans les mines de charbon du nord de la France à la
fin du XIXe siècle, une paire par mineur par semaine dit-on.
Légères, elles permettent d’avoir moins chaud et suscitent alors
une industrie très prospère au Pays basque. Mais quand on a
commencé à humidifier les mines pour éviter les coups de
grisou, les espadrilles se sont révélées inadaptées. Elle n’a plus
été la chaussure des mineurs. Il faut dire que depuis, les
chaussures de sécurité se sont imposées ! L’arrivée du
caoutchouc a permis de rendre la semelle des espadrilles plus
résistante.
À partir de 1880, à Mauléon-Licharre (Maule-Lextarre) en Soule
la fabrication de l’espadrille va donc connaître un grand essor.
Afin d’assurer la fabrication qui augmente sans cesse, on fait
appel à la main-d’œuvre venue d’Aragon et de Navarre, sur
l’autre versant des Pyrénées. Surnommés ainherak, les
hirondelles, ces jeunes passaient chaque saison la frontière à
pied, comme les palombes survolent les Pyrénées chaque année.
Capitale de l’espadrille, Mauléon-Licharre la fête tous les 15
août. À partir des années 1970-1980, la concurrence espagnole
puis chinoise va quasiment faire disparaître cette production. Il
ne reste que quelques producteurs qui fabriquent des produits
recherchant la qualité, des modèles plus variés, plus
sophistiqués. Il existe aussi une chaussure proche de l’espadrille,
plus solide pour le travail, en toile bleue avec une semelle de
caoutchouc plus couvrante, portée par les hommes.
L’ancêtre de l’espadrille ou plutôt la chaussure traditionnelle,
c’est l’abarka. Elle est faite d’une sorte de chausson en cuir
d’une seule pièce. Elle est tenue par des lacets qui remontent au-
dessous des genoux sur des grosses chaussettes blanches de
laine. Un béret, une peau de mouton et vous voilà prêt(e) pour
aller danser avec le groupe folklorique qui égaie la fête locale.
C’est dans les textes de l’écrivain latin Pline le Jeune en l’an 100, qu’on
trouve une chaussure correspondant à l’espadrille. Il note le fait que les
troupes d’Hannibal (247-183 av. J.-C.) portent des chaussures très
anciennes, attribuées aux habitants du sud de la Gaule et aux bergers des
montagnes ibériques. Durant plusieurs siècles l’espadrille aurait été la
seule chaussure du paysan basque. Chacun la fabrique selon ses
besoins. Les matériaux utilisés à l’époque sont ceux trouvés sur place. Le
lin pour tisser le dessus, le chanvre, l’alfa et le sparte tressés pour la
semelle, d’où le nom d’espartina en basque.
La pelote
Nous avons déjà présenté la pelote basque (pilota) au
chapitre 11. La pelote traditionnelle est recouverte de cuir, sur un
noyau de buis entouré de fil élastique et de fil de laine. Elle se
fabrique à la main et demande, comme beaucoup de productions
artisanales, du temps et du doigté. Ajoutons que l’arrivée du
caoutchouc a changé la donne. Celui-ci a permis la fabrication
de pelotes plus légères et plus vives en gomme et… de rajouter
des spécialités nouvelles. Les dimensions, le poids de chacune
des pelotes sont réglementés selon la spécialité.
Le tambourin basque
Voilà un autre objet que l’on dit basque mais qui n’est pas propre
aux Basques. Malgré tout il est indispensable dans un des styles
de la musique traditionnelle. Le tambourin basque comporte en
plus de la peau tendue sur un petit cadre en bois, des anneaux
métalliques fixés sur ce cadre, les cymbalettes, que l’on fait
vibrer tout en frappant la peau avec les doigts.
En basque on dit pandero et pendereta comme en Espagne ou
pandeiro au Portugal. Il accompagne le trikiti ou trikitixa, un
petit accordéon diatonique, et l’alboka. Et en avant ! Deux
musiciens, un joueur de pandero ou une, c’est souvent le cas et
un de trikitixa suffisent largement à animer une fête, à sonoriser
une place et à entraîner les badauds. L’un des deux trikitilari
peut chanter et les voilà sur la scène, sur le kiosque pour un
concert.
L’église de Sainte-Engrâce
La grotte de Santimamiñe
L efaire
voyage est bientôt terminé. Nous avons essayé de vous
découvrir un pays riche, complexe, tout proche et
finalement très surprenant. Mais nous avons du mal à en rester
là…
Alors pour ne pas nous quitter trop vite, voici une dernière
balade parmi dix monuments remarquables. Certes tout au long
de ce Pays basque pour les Nuls, vous en avez découvert un
certain nombre. En voici encore d’autres, souvent très connus
mais que vous ne devez pas manquer. Nous partirons de l’est, de
Soule, la plus petite des sept provinces, calme, sauvage, aux
mille verts, pour terminer au bord de l’Océan, à Bilbao, la
capitale économique, trépidante, en plein renouveau.
L’église de Sainte-Engrâce
Nous sommes en Haute-Soule, à Sainte-Engrâce (Santa Grazi ou
en basque Urdax), à plus de 600 mètres d’altitude. Au centre
d’un cirque de hautes montagnes, vous découvrez l’église
romane de Sainte-Engrâce du XIe siècle. Elle se trouve sur une
petite butte. Massive, elle a de hauts murs, un toit d’ardoise
asymétrique. Son clocher est plus récent. Au portail, le nom du
Christ est soutenu par deux anges chevelus, surmontés d’un arc
sculpté d’oiseaux. À l’intérieur, sur les chapiteaux sont sculptés
des personnages dont Salomon qui tient la Reine de Saba sur ses
genoux en la caressant, beaucoup d’animaux, chevaux, lions,
centaures, un ours qui danse et un éléphant dont la trompe est
une grande langue.
En l’an 300, une jeune Portugaise de Braga, Grâce ou Engrâce,
se rend en Gaule narbonnaise avec sa famille pour épouser un
noble chrétien. Elle est arrêtée par des soldats romains à
Saragosse et martyrisée. Elle meurt en 303. Le culte de sainte
Engrâce s’installe. On dit qu’au Xe siècle des voleurs prennent
un bras de la sainte couvert de bijoux. Ils le cachent en Soule
dans un chêne, près d’une fontaine. Un taureau s’agenouille
devant le tronc et ses cornes flamboyèrent. C’est un miracle ;
dès le XIe siècle on construit une église à l’emplacement du
chêne. La collégiale devient un lieu de pèlerinage très réputé. On
évoque sainte Engrâce contre la sécheresse, les intempéries et
même les maux de tête.
Comme toujours au Pays basque, le cimetière est attenant à
l’église avec de superbes stèles discoïdales. En venant de
Mauléon, avant d’arriver à Sainte-Engrâce, vous avez les gorges
de Kakouetta et après Sainte-Engrâce, le gouffre de La Pierre-
Saint-Martin, en fait près de 2 000 gouffres répertoriés à l’heure
actuelle, et l’immense salle de la Verna (255 m sur 245 m
et 180 m) que l’on peut visiter sur réservation.
L’église Saint-Jean-Baptiste de
Saint-Jean-de-Luz
L’église Saint-Jean-Baptiste possède le plus grand retable du
Pays basque, en bois doré sculpté, sur tout le mur de fond du
chœur et les deux ailes. Il compte dix-huit statues de saints et
saintes et de nombreuses autres sculptures. Il est classé aux
Monuments historiques. Mais ce que nous retenons pour notre
part, ce sont les trois galeries en bois ici de très grandes
dimensions. Comme presque toutes les églises du Pays basque
nord, même la plus humble, elle a en effet des galeries en bois.
Réservées aux hommes, placées en hauteur au fond de l’église, il
y en a parfois en plus sur les côtés, c’est une façon d’augmenter
leur capacité. Voilà encore une particularité basque.
Si le clocher porche et quelques fenêtres datent des XIVe et XVe
siècles, le reste de l’église Saint-Jean-Baptiste est postérieur
à 1649, date du début de son agrandissement. La ville est alors
très prospère, grâce à la pêche et la course (voir chapitres 2 et 7),
et la population a beaucoup augmenté. C’est donc dans une
église en chantier que se vont se marier en 1660 Louis XIV et
l’infante Marie-Thérèse.
Saint-Jean-de-Luz, en basque, c’est Donibane Lohizune. Nous
avons d’une part Don Iban « Saint Jean » et lohi « boue » avec
le suffixe -zu, -zun qui signifie « abondant, qui a beaucoup de ».
Donc c’est « Saint-Jean la boueuse » pourrait-on dire. En effet,
Saint-Jean-de-Luz est en bord de mer et traversée par la Nivelle
(Urdazuri) qui se jette dans la baie. La marée a une grande
influence, elle laisse des terres marécageuses.
Mais mis à part sa beauté, l’église Saint-Jean-Baptiste doit sa
célébrité à un événement qui aujourd’hui aurait mis en émoi tous
les paparazzi : le mariage de Louis XIV avec l’infante Marie-
Thérèse d’Autriche, fille aînée du roi d’Espagne, Philippe IV,
le 9 juin 1660. Tous deux sont alors âgés de 21 ans. Il s’agit d’un
mariage plus qu’arrangé. En effet, le traité des Pyrénées, négocié
par le cardinal Mazarin, qui met fin à une interminable guerre
entre la France et l’Espagne, compte 124 points. L’un d’eux est
justement l’union du roi de France à l’infante d’Espagne, Marie-
Thérèse d’Autriche. La porte par où est passé le couple a été
murée plus tard.
Le sanctuaire de Notre-Dame
d’Arantzazu
Descendons vers l’ouest pour nous rendre en Guipúzcoa. Encore
un monument religieux : Notre-Dame d’Arantzazu. Rappelez-
vous que si les Basques ont été christianisés tardivement, ils ont
été ensuite de fervents catholiques et ont fourni de nombreux
hommes (et femmes) d’Église.
Le sanctuaire de Notre-Dame d’Arantzazu se trouve à
10 kilomètres d’Oñati en pleine montagne à une altitude de
750 mètres. Si des religieux s’y trouvent depuis 1514, en effet la
Vierge y serait apparue en 1469, c’est la nouvelle basilique
construite dans les années 1950 qui a fait la renommée actuelle
du lieu.
C’est un monument d’une très grande importance pour le Pays
basque car plusieurs artistes basques de renommée internationale
y ont travaillé aux côtés des architectes. Le sculpteur Jorge
Oteiza la façade principale, le sculpteur Eduardo Chillida les
portes d’accès principales en fer, le sculpteur et peintre Néstor
Basterretxea la décoration des murs de la crypte, le franciscain
Donostiar et le frère Javier Maria de Eulate les vitraux réalisés à
Metz, etc. Vous connaissez un peu les deux premiers si vous
avez lu le chapitre 12.
En 1955, la commission diocésaine refuse certains projets
présentés pour l’édifice qui devait pourtant être la vitrine
religieuse de la « modernité basque ». Ils sont trop audacieux :
« On ne discute pas les bonnes intentions des auteurs, mais on
conclut qu’ils ont été égarés par des courants modernistes, ne
tenant pas compte des préceptes de la Sainte Église en matière
d’art sacré », dit-elle. Oteiza ne pourra installer ses 14 statues
qu’en 1969. Les 18 grands tableaux de Basterretxea ne sont pas
du goût de tout le monde à cause de « l’utilisation assez
agressive des couleurs »…
Bref, voilà une visite qui devrait vous surprendre si vous aimez
l’art religieux.
La grotte de Santimamiñe
Au chapitre 12 nous avons évoqué les artistes de la préhistoire et
la grotte de Santimamiñe. Faisons connaissance un peu mieux
avec elle.
Ici c’est dans ses deux sens que le mot « curiosité » est pris. En
effet, c’est la curiosité d’enfants en 1916 qui a permis de
découvrir les figures rupestres de Santimamiñe en Biscaye, non
loin de Guernica. Ils sont entrés dans la caverne. Au bout
de 60 mètres, ils ont grimpé une galerie latérale étroite, et sont
arrivés à la chambre où se trouve le premier groupe de peintures
de la grotte. Maintenant, c’est un escalier mécanique qui amène
le visiteur jusque-là.
La grotte comprend des couloirs, des salles sur plusieurs
kilomètres. Les peintures sont réparties dans trois zones de la
grotte. Elles datent du Magdalénien final, vers – 13000. On a
trouvé représentés un ours, un cerf, un bouquetin, des bisons et
des chevaux, tracés à la couleur noire. Un des bisons a deux
queues, elle a sûrement été repassée. Un autre a une tête
humaine. La grotte permet de plus d’admirer de belles
formations de stalactites et de stalagmites.
La grotte est maintenant fermée au public. Mais on peut voir les
peintures grâce à des itinéraires virtuels en 3D proposés par son
centre d’interprétation.
Le carnaval de Lantz
Le carnaval de Lantz
Quittons le soutien à la langue basque et plongeons-nous dans de
très anciennes traditions, celles du carnaval (en basque c’est
plutôt au pluriel, ihauteriak ou inauteriak). Le carnaval de Lantz
(Lantzeko ihauteriak) est un des plus connus de Navarre, pour
ses costumes, ses couleurs et l’ambiance débridée. Il se déroule
sur plusieurs jours avant Carême et consiste en la capture et la
crémation du légendaire bandit Miel Otxin. À la suite des
chercheurs, ethnologues attirés par ces festivités rurales
traditionnelles qui gardent leur côté brut, sauvage, mystérieux,
les visiteurs sont de plus en plus nombreux. Ici, on est loin des
paillettes de Rio de Janeiro ou de Venise, et de l’industrie
touristique !
À Lantz, quand tombe la nuit, le lundi avant Carême les rues du
village se remplissent pour faire la fête et capturer Miel Otxin,
un mauvais bandit. Une fois pris, ce géant de paille est promené
dans les rues au son du txistu et du tambourin. Le lendemain,
c’est Mardi gras. On le promène à nouveau dans les rues et
l’après-midi, il est brûlé sur le bûcher pendant que les habitants
dansent le zortziko autour de ce dernier. Le carnaval de Lantz ou
zortziko de Lantz est aussi le nom de cette danse binaire au
tempo très rapide.
Ceci rappelle le carnaval en Béarn ou au Pays basque nord où
l’on brûle San Pantzar. Ce dernier est un bon vivant, amateur de
ripailles, que l’on accuse de tous les maux pour s’en débarrasser
ensuite après un jugement sommaire.
Voici les principaux personnages du carnaval de Lantz,
l’ensemble donne l’impression d’une horde de sauvages en route
pour une expédition punitive, de sorcières se rendant au sabbat.
Miel Otxin. C’est le personnage principal, un grand
mannequin, bandit qui représente les mauvais esprits et
que l’on brûlera.
Ziripot. Habillé de sacs bourrés d’herbe ou de fougère,
obèse, Ziripot parcourt les rues de Lantz tandis que
Zaldiko l’attaque continuellement le long du parcours.
Zaldiko. Mi-homme mi-cheval, habillé de ses plus beaux
atours avec un cheval à sa ceinture, il rappelle le
zamalzain des danses souletines dont nous vous avons
parlé au chapitre 9. Sa seule obsession, c’est de démolir
Ziripot en le mettant à terre.
Arotzak ou Perretzellak. Ce sont les forgerons, avec des
marteaux et des tenailles qui mettent les fers à cheval à
Zaldiko. Ils sèment la perturbation parmi le public.
Txatxoak. Couverts de peaux d’animaux et de vieux
vêtements colorés, de couvre-lits ou de vieux rideaux, ils
brandissent des balais de paille en criant, en bousculant
ceux qui participent au carnaval. Attention, ils peuvent
être agressifs.
Le carnaval d’Ituren et Zubieta
Deux autres petits villages navarrais, Ituren et Zubieta, sont
aussi réputés pour leur carnaval qui a lieu la dernière semaine de
janvier. On parle d’Iturengo iñauteria, le carnaval d’Ituren. Les
principaux personnages sont les joaldunak (de joare, cloche que
l’on met aux animaux, donc « ceux qui ont une cloche »). Ils se
réunissent et se mettent à marcher en marquant le rythme avec la
grosse cloche qu’ils ont, attachée au bas du dos. Ils ont à la main
izopua, un petit manche de bois recouvert d’une queue de cheval
noire. En marchant dans les rues et à travers champs, ils relient
les trois quartiers d’Ituren puis par la route se rendent au village
de Zubieta. C’est le dambolin nagusi qui a, suspendue au cou,
une corne de vache qui commande aux autres joaldun les
changements de direction, tout au long des quatre kilomètres qui
séparent Ituren de Zubieta.
Tout au long de la procession, on retrouve les terribles Txatxo
agressifs, Xaldoki l’homme-cheval et Ziripot l’homme-sac. Le
lendemain ce sont les joaldun de Zubieta qui se rendront à
Ituren.
Les joaldun sont vêtus d’une chemise blanche, d’une peau de
mouton par-dessus les épaules, de chaussettes épaisses de laine
qui montent jusqu’aux mollets, d’un pantalon bleu de travail,
d’un jupon de dentelle qui descend à mi-cuisse et ils sont
chaussés des abarkak, les chaussures traditionnelles en cuir des
bergers. Un foulard de couleur autour du cou, ils portent de plus
un haut chapeau en forme de cône orné de rubans colorés. Cette
tenue un peu féminine pour des hommes souvent massifs
surprend. Leur arrivée d’un pas rapide au son cadencé des
grosses cloches est toujours impressionnante. On trouve
maintenant des groupes de joaldun en Pays basque nord. Ils sont
souvent sollicités pour les manifestations revendicatives, on les
place alors en tête de cortège, ou pour des événements festifs. Ils
ouvrent la marche en dégageant une force qui paraît invincible.
Les concours de chiens de berger
Les concours de chiens de berger (artzain txakur txapelketak) ne
sont pas une spécialité basque. Mais comme l’élevage y a une
grande place et que la transhumance n’y a pas complètement
disparu, le chien reste un compagnon utile à l’éleveur et au
berger. Les concours comportent généralement trois épreuves :
le contournement et le regroupement du troupeau, le
franchissement de haies et la mise en enclos du troupeau. Il
s’agit d’évaluer les capacités de travail du chien et la complicité
entre lui et son maître. Il doit obéir à la voix, au geste, au sifflet
de son maître. Le dressage est donc très important.
S’il n’y a pas de race de chien de berger, au Pays basque c’est le
petit labrit qui domine, comme ailleurs dans les Pyrénées. Blanc,
beige ou marron clair, il a le poil souvent mi-long et un peu
hirsute. Têtu et aboyant facilement, il n’est pas facile à dresser.
Le border collie bien dressé est aussi excellent. Le gros patou ou
montagne des Pyrénées, lui, faisait office de gardien de troupeau
contre les attaques d’ours. On le trouve en Béarn et dans les
Pyrénées centrales.
À Oñate en Guipúzkoa se déroule chaque année, un concours
important, sorte de championnat du monde des concours de
chiens de berger. Il réunit des bergers du Pays basque sud, du
Pays basque nord, de Catalogne, etc. En été vous pouvez
facilement voir un concours de chiens de berger côté français, on
en organise dans plusieurs villages.
En basque on dit artzain txakur txapelketa, de artzain « berger »,
txakur « chien », txapelketa « championnat ». Donc, par rapport
au français, c’est tout à l’envers « berger chien championnat ».
Pas besoin de mettre d’article, en basque c’est le suffixe -a, car
txapelketa se finit déjà par un a, ou de préposition comme « de »
en français parce que l’ordre des mots indique quel mot
détermine l’autre. Donc artzain txakur txapelketa, c’est « le
championnat de chiens de berger ». Parfois la langue basque
paraît simple…
Idi probak : les concours de bœufs
Au Pays basque sud on organise un autre type de concours avec
d’autres animaux, les idi probak ou concours de bœufs (idiak).
Au chapitre 11, nous avons vu que les Basques aiment bien se
défier, de là sont venus les jeux de force ou herri kirolak, issus
des travaux des champs. Mais voilà que non contents de se
mesurer entre eux, ils mettent à l’épreuve la force des bœufs,
qu’ils ont évidemment remplacés par des tracteurs dans les
travaux qu’ils leur faisaient faire.
Voici en quoi cela consiste. Une paire de bœufs attelés est guidée
et doit entraîner sur une place ou une enceinte aménagée, une
pierre dont le poids varie entre 1 500 kilos et plus de 4 000 kilos,
4 tonnes ! Le vainqueur est le guide d’attelage (idi probalari)
dont les bœufs parcourent la plus grande distance en un temps
donné. On ajuste le poids en fonction de celui des bœufs. La
pierre est percée afin de faire passer la chaîne qui permet la
traction. Le poids de la pierre varie selon les endroits, à Tolosa
elle fait 4 000 kilos, à Guernica 4 500 et à Mungia 4 700. C’est
celle de Berriatua qui est la plus lourde avec 5 250 kilos, mais
elle n’est plus utilisée depuis 1950.
Encore un domaine jusque-là réservé aux hommes où les dames
commencent à pénétrer. En mars 2011, Irene Artetxe a remporté
le premier concours de bœufs pour femmes à Leioa en Biscaye.
Il y avait trois compétitrices, deux de Biscaye, une du
Guipúzcoa.
E tévénements
pour terminer, voici quelques bonnes adresses et
que nous avons sélectionnés pour vous. Nous ne
vous indiquons pas les plus connus car il est très facile de les
trouver sur Internet.
Musées
Eresbil, Archive basque de la musique, Calle Alfonso
XI, 20100 Errenteria ; +34 943 00 08 68 ;
bulegoa@eresbil.com ; http://www.eresbil.com/
Jorge Oteiza Fundation musée/Jorge Oteiza Fundazio
museoa, 7, rue de la Cuesta, 31486 Alzuza (Navarre) ;
+34 948 33 20 74 ; info@museooteiza.org ;
http://www.museooteiza.org
Musée basque Bilbao/Euskal Museoa Bilbao, 4, place
Miguel-Unamuno, 48006 Bilbao ; +34 944 15 54 23 ;
museoa@euskal-museoa.org ; http://www.euskal-
museoa.org/
Musée basque et de l’histoire de Bayonne, 37, quai des
Corsaires, 64100 Bayonne/Baiona ; +33 (0) 5 59 59 98 ;
contact@musee-basque.fr ;
http://www.museebasque.com/fr/information
Musée Cristobal Balenciaga, Parque Aldamar 6,
20208 Getaria ; +34 943 00 88 40 ;
info@cristobalbalenciagamuseoa.com ;
http://cristobalbalenciagamuseoa.com/
Musée de Basse-Navarre et des Chemins de Saint-
Jacques, Place Charles-de-Gaulle 64120 Saint-Palais ;
089 923 00 95 ; http://www.paysenfrance.com/64-pays-
basque/Saint-Palais/fr/culture-musees.html
Musée de Navarre, 47, rue Santo-Domingo, 31001
Pampelune ; 848 42 64 92/848 42 64 98 ;
museo@cfnavarra.es ; http://www.navarra.es
Musée de Tudela, Calle Roso 2, 31500 Tudela ;
+34 948 40 21 61 ; info@museodetudela.com ;
http://www.museodetudela.com/
Musée des Beaux-Arts/Museo de Bellas Artes, 8, Paseo
Fray Francisco, 01007 Vitoria-Gasteiz ;
+34 945 18 19 18 ;
http://www.alavaturismo.com/es/index.php
Musée Gustavo de Maeztu, Calle San Nicolás 1,
31200 Estella ; +34 948 54 60 37 ;
museogmaeztu@estella-lizarra.com ;
http://www.museogustavodemaeztu.com/
Musée Julio Beobide/Lantoki-Museoa Kresala, 27,
Julio Beobide pasealekua, 20750 Zumaia ;
+34 943 86 16 08 ; m.beobide@hotmail.com
Musée maritime Ria de Bilbao/Bilboko Itsas Adarra
Itsas Museoa, à Muelle Ramón de la Sota, 48013 Bilbao ;
+34 946 08 55 00 ; info@museomaritimobilbao.org ;
http://www.museomaritimobilbao.org
Musée naval/Untzi Museoa, 24 Kaiko pasealekua, San
Sebastián/Donostia 20003 ; +34 943 43 00 51 ;
mnaval@gipuzkoa.net ; http://um.gipuzkoakultura.net/
Musée San Telmo, San Telmo Museoa, 1, place Zuloaga,
20003 San Sebastián-Donostia ; +34 943 48 15 80 ;
santelmo@donostia.org ;
http://www.santelmomuseoa.com/
Musée Zuloaga Museoa, Santiago Etxea 20750 Zumaia ;
+34 943 86 23 41 ; museozumaia@ignaciozuloaga.com ;
http://www.ignaciozuloaga.com
Photomuseum, Musée de la Photographie et du
Cinéma, 11, San Ignacio Kalea, 20800 Zarautz ;
+34 943 13 09 06 ; photomuseum@photomuseum.name ;
http://www.photomuseum.es/
Topic. Centre international de la marionnette, 1, Euskal
Herria Plaza, 20400 Tolosa ; +34 943 65 04 14 ;
cit@cittolosa.com ; http://www.topictolosa.com/
Ethno-écomusées
Bateau-musée Mater, rue Arraunlari-Torreatze,
20110 Pasai/Pasajes San Pedro ; +34 619 81 42 25 ;
itsasgela@itsasgela.org ; http://www.itsasgela.org
Centre d’interprétation de l’art funéraire à
64120 Larceveau-Larzabale ; +33 (0) 5 59 37 81 92 ;
ComLarceveau@cdg-64.fr ; http://www.lauburu.fr
Centre d’interprétation du fromage IDIAZABAL,
37 Kale Nagusia, 20213 Idiazabal ; +34 943 18 82 03 ;
info@idiazabalgaztarenmuseoa.com ;
http://www.idiazabalgaztarenmuseoa.com/
Écomusée du Moulin de Zubieta/Zubietako Errota,
Route de Leiza, 31746 Zubieta ; +34 948 45 19 26/
+34 619 08 46 03 ; udala@zubieta.es ;
http://www.zubietakoerrota.net/
Erreminta Makinaren Museoa/Musée de la Machine-
outil, 1 Azkue Auzoa, 20870 Elgoibar ;
+34 943 74 84 56 ; museo@imh.es ; http://www.makina-
erremintaren-museoa.com
Gatzaren Ekomuseoa/Écomusée du Sel, San Antonio
Auzoa 20530 Leintz Gatzaga ; +34 943 71 47 92 ;
labidea@euskalnet.net ; http://www.leintzgatzaga.com/
Herri Musikaren Txokoa/Centre de documentation de
la musique et des instruments populaires, 6 Tornola
Kalea, 20180 Oiartzun ; +34 943 49 35 78 ;
herrimusika@herrimusika.org ;
http://www.herrimusika.org/
Igartubeiti Baserri Museoa/Ferme-musée Igartubeiti
Baserria, 20709 Ezkio/Itsaso ; +34 943 72 29 78 ;
igartubeiti@gipuzkoa.net ;
http://www.gipuzkoakultura.net/museos/igartu/index.php
Izenaduba basoa, parc thématique sur la mythologie
basque, Casa de Olentzero à Landetxo goikoa, 48100
Mungia ; +34 946 74 00 61 ; olentzero@izenaduba.com ;
http://www.izenaduba.com/
La maison labourdine, Quartier Arrauntz,
64480 Ustaritz/ Uztaritze ; +33 (0) 5 59 70 35 41 ;
xlan@lamaisonlabourdine.com ;
http://www.lamaisonlabourdine.com/pagefr.htm
La Vallée Salée d’Añana/Añanako Gatz-Harana,
01426 Gesaltza-Añana / Salinas de Añana - Araba/Álava ;
+34 945 35 11 11 ; info@vallesalado.com ;
http://www.vallesalado.com/es/
Maison de la mémoire d’Isaba/Casa de la Memoria de
Isaba, Calle Izargentea nº 28, 31417 Isaba/Izaba ;
+34 948 89 32 51 ; casadelamemoria@isaba.es ;
http://www.isabacasadelamemoria.com/
Maison Musée de Julián Gayarre/Casa Museo de
Julián Gayarre, Calle Arana s/n, 31415 Roncal ;
+34 948 47 51 80 ; info@juliangayarre.com ;
http://www.juliangayarre.com/
Maison de Victor Hugo, Office de tourisme de Pasaia,
63 Donibane, 20110 Pasaia Donibane ; +34 943 34 15 56
Mirandola, ancienne forge en fonctionnement, dans le
parc de Mirandola, Telleriarte auzoa z/g, 20230 Legazpi ;
+34 943 73 04 28 ; mirandaola@lenbur.com ;
http://www.nekatur.net/ferreria-de-mirandaola/
Musée des Abeilles AIKUR, Santa Barbarako bidea,
20700 Urretxu ; +34 630 70 25 87/+34 656 78 57 48 ;
aikur@aikur.com ; http://www.aikur.com/
Musée ethnographique de Artziniega, 12 Arteko
Aldapa, 01474 Artziniega ; +34 945 39 62 10/39 60 01 ;
http://www.alavaturismo.com/es/index.php
Musée minier du Pays basque, Campodiego auzoa s/n
(abanto Zierbena), 48500 Gallarta ; +34 946 36 36 82 ;
informacion@museominero.net ;
http://www.museominero.net
Musée du Ciment Rezola/Museum Cemento Rezola,
36 avda Añorga, 20018 Rezola, Donostia/San Sebastián ;
+34 943 36 41 92 ;
museumcemento@k6gestioncultural.com ;
http://www.museumcemento.rezola.net/
Ontziola, chantier naval traditionnel, 33 Donibane,
20110 Pasaia/Donibane +34 943 34 15 56 ;
turismo@oarsoaldea.net ;
http://www.spain.info/fr/conoce/museo/guipuzcoa/ontziol
a.html
Ortillopitz/la maison basque de Sare F 64310 Sare ;
+33 (0) 5 59 85 91 92/+33 (0) 5 59 85 91 93 ;
basque@ortillopitz.com ; http://www.ortillopitz.fr/
Sagardo etxea museoa/musée du Cidre, 48 Kale
Nagusia, 20115 Astigarraga ; +34 943 55 05 75 ;
info@sagardoetxea.com ; museo@sagardoetxea.com ;
http://www.sagardoetxea.com
Sentier pédagogique sur l’élevage du porc basque,
Pierre Oteiza 64430 Les Aldudes ; +33 (0) 5 59 37 56 11 ;
contact@pierreoteiza.com ;
http://www.pierreoteiza.com/parcours-decouverte
Zerain Parke Kulturala/Musée ethnographique,
Herriko plaza, z/g 20214 Zerain ; +34 943 80 15 05 ;
turismobulegoa@zerain.com ; http://www.zerain.com
Sites préhistoriques
Ekain Berri, réplique de la grotte d’Ekain, 9, rue Portale,
20740 Zestoa ; +34 943 86 88 11 ; info@ekainberri.com ;
www.ekainberri.com
Grottes Arrikrutz, Office de tourisme, 14, rue San Juan,
20560 Oñati ; +34 943 78 34 53 ; turismo@oinati.org ;
http://www.oinati.eu/turisme/arrikrutz-les-grottes-donati
Grottes préhistoriques d’Isturitz et Oxocelhaya,
Quartier Herebehere, 64640 Saint-Martin-
d’Arberoue/Donamartiri ; +33 (0) 5 59 47 07 06 ;
Grottes.isturitz@gmail.com ; http://www.grottes-
isturitz.com/grottes-isturitz
Les grottes de Sare 64310 Sara ; +33 (0) 5 59 54 21 88 ;
lezea@grottesdesare.fr ; http://www.grottesdesare.fr/
Parcs naturels
Centre d’interprétation du Moyen Âge, Ardixarra
Etxea, 12 Kale Nagusia, 20214 Segura ;
+34 943 80 17 49/ +34 943 80 10 06 ; turismobulegoa-
segura@telefonica.net ;
http://www.seguragoierri.net/eu/portada/
Domaine d’Abbadia, « Larretxea », Rue d’Armatonde,
64700 Hendaye/Hendaia ; +33 (0) 5 59 20 37 20 ;
domaine. abbadia@hendaye.com ; http://www.abbadia.fr
Forêt d’Iraty, entre la Soule, la Basse-Navarre et la
Haute-Navarre ; http://www.tourisme64.com/1-12648-
Foret-d-Iraty.php ; http://www.aezkoa.net/ ;
http://www.irati.org/
Centre d’interprétation et d’information du parc
naturel de Pagoeta, Iturraran Parketxea ;
+34 943 83 53 89 ; iturraran@gipuzkoa.net ;
http://www.aiapagoeta.com
Karpin Abentura, parc d’aventure, 48891 Karrantza ;
+34 946 10 70 66 ; info@karrantza.com ;
http://www.karpinabentura.com
Massif des Arbailles, entre la Soule et la Basse-Navarre ;
http://www.valleedesoule.com/FR/visites_en_soule/sites_
naturels_en_soule/massif_des_arbailles.aspx
Agrotourisme
Gîtes ruraux d’Euskadi, Nekatur ;
http://www.nekatur.net/
Gîtes ruraux de Navarre ;
http://www.agroturismosnavarra.com/?lang=fr
Manifestations dansantes
Les mutxikos sont un type de danse sociale traditionnelle du
Pays basque (voir au chapitre 9). Voici les rendez-vous :
Anglet/Angelu, à 11h à la place de Cinq-Cantons le 3e
dimanche de chaque mois.
Bayonne/Baiona, à 11h à la place des Gascons le 2e
dimanche de chaque mois.
Biarritz/Miarritze, à 11h sur l’Esplanade du Casino
municipal le 1er dimanche de chaque mois.
Hendaye/Hendaia, chaque 4e dimanche du mois au
Fronton Gaztelu-Zahar.
Manifestations en faveur de la
langue basque
Les ikastola, écoles immersives en basque, de chaque territoire
historique organisent tous les ans une fête géante rassemblant
des dizaines de milliers de personnes. Les buts sont de collecter
des fonds pour les investissements des fédérations d’ikastolas,
de faire connaître les ikastolas à l’occasion d’un événement
culturel fort.
Araba Euskaraz en Álava, le 3e dimanche de juin.
Herri Urrats, au Pays basque nord, se célèbre chaque
année au lac de Saint-Pée-sur-Nivelle, le 2e dimanche de
mai.
Ibilaldia, en Biscaye, le dernier dimanche de mai.
Kilometroak, en Guipúzcoa, le 1er dimanche d’octobre.
Nafarroa Oinez, en Navarre, le 3e dimanche d’octobre.
Sites de tourisme
Tourisme en Euskadi ; http://tourisme.euskadi.net/fr/
Tourisme en Navarre ;
http://www.turismo.navarra.es/fre/home/
Le portail de la Soule ; http://www.soule-xiberoa.fr/
Tourisme en Pays basque (nord) et Béarn ;
http://www.tourisme64.com/
Sommaire
Couverture
Pays Basque Poche Pour les Nuls
Copyright
Remerciements
Introduction
À propos de ce livre
Comment ce livre est organisé
Les icônes utilisées dans ce livre
Par où commencer ?
L’émigration économique
La musique savante
Le poids du tourisme
La Tierra Estella
D’Estella à Viana
Le grand Bilbao
Le pont d’Holtzarte
Le béret
Le chistera
Les espadrilles
La pelote
Le tambourin basque
La grotte de Santimamiñe
Le carnaval de Lantz
Ethno-écomusées
Sites préhistoriques
Parcs naturels
Agrotourisme
Sites de tourisme