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HISTOIREDUTRÉSOR
DE
RENNES-LE-CHÂTEAU
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Pierre JARNAC

HISTOIRE
DU
TRÉSOR
DE
RENNES
-LE-
CHÂTEAU
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11570CAZILHAC

ISBN : 2-910730-19-0 ; Dépôt légal : 10juillet 1998


Atelier Empreinte -Rennes-Le-Château
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Ames deux enfants,


Damien,
Christelle.
à Bernadette.

Maissi l'on veut les séparer,


Lecoudrier meurtpromptement
Le chèvrefeuille mêmement.
Belle amie, ainsi est de nous;
Nivoussans moini moisans vous.
Marie de France,
Lai du Chèvrefeuille ( XII s. )
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Pour moi, Béthanie,


deux fois villa hospitalière.

Peser et soupeser la valeur


historique de chaque source de
documentation, du tesson de po-
terie à la charte ou à l'acte
notarié, dégager lentement d'une
juxtaposition de faits contrôlés la
substance vivante, celle qui per-
met de reconstituer pièce à pièce
l'itinéraire d'un personnage, son
œuvre, et parfois, si l'on a une
documentation suffisamment
abondante et parlante, sa menta-
lité, cela exige bien des années
de travail, et en notre époque
de facilité, c'est, encore une fois,
presque héroïque, mais ce n'est
aussi qu'à ce prix que l'on fait
de l'Histoire.
Régine Pernoud,
Pour en finir avec le Moyen Age, 1977.
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Du même auteur :

1976.L'aventure magique de Martine de Bertereau, suivie de la réédition de ses


oeuvres, éd. Bélisane. Nice. *
1977. Guide du chercheur de trésors, avec un répertoire d'emplacements de tré-
sors enfouis ouengloutis, éd. Bothoa, Maurepas ( 78310 ). *
1977. Epaves et cités sous la mer, éd. France-Empire, Paris. *
1979. L'or des Galions, d'après les archives espagnoles, éd. France-Empire, Paris. *
1979. Les Plagiats littéraires, «Le Dossiers de l'Histoire ». *
1980. Le chantage, «Les Dossiers de l'Histoire ». *
1981. Plongées parmi les épaves, éd. France-Empire, Paris. *
1981. Les trésors cachés, engloutis, «Les Dossiers de l'Histoire ». *
1982. Les comètes, astres de malheur, éd. Trèfle-Blanc, Lyon *
1985. Histoire du trésor de Rennes-le-Château, éd. Bélisane, Nice. *
1986. Les Comètes, «Les Dossiers de l'Histoire ». *
1987-1988. Les archives de Rennes-le-Château, 2 t. en 1 vol., éd. Bélisane (
Cazilhac, 11570).
1989. Objectif: Trésors éd. D.Audinot, ( B.P. 23, Massy, 91301 ).
1989. L'Atlantide retrouvée ? ( en participation ), « Les Dossiers de l'Histoire
mystérieuse ». *
1989. Les mégalithes. Celtes et Druides, Menhirs et Dolmens ( en participation ),
« Les Dossiers de l'Histoire mystérieuse ». *
1992. Les trésors sous-marins, « Les Dossiers de l'Histoire mystérieuse ». *
1993. Guide des champs de bataille oubliés, 500 champs de bataille oubliés en
France, des Gaulois à la guerre de 1870, et répartis dans tous les départements, éd.
D.Audinot, ( B.P. 23, Massy, 91301 ).
1995-1996. Les Mystères de Rennes-le-Château Mélanges Sulfureux ( 3 fasci-
cules, série «les ArchivesduPrieuré de Sion »), P.Jarnacdistr., (B.P. 17,Saleilles,
66280 ).
1996. Les archives de l'abbé Saunière. 101 documents reproduits intégralement.
Avecuntexte inédit deRenéDescadeillas, P.Jarnacdistr., (B.P. 17,Saleilles, 66280).
1997. Rennes-le-Château. Bérenger Saunière, Curé Cahier de correspondances,
1915-1917, P. Jarnac distr., ( B.P. 17, Saleilles, 66280 ).

( *)épuisé.
Pierre Jarnac, dont la spécialité est la recherche des trésors, publie ses principaux
travaux dans les revues Trésors de l'Histoire et Trésors et Détections. Ecrit aussi
pour le bimestriel Actualité de l'Histoire mystérieuse.
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Paru pour la première fois il ya treize ans, en 1985, ce livre


fut avant tout le fruit d'une passion, qui ne s'est d'ailleurs
toujours pas éteinte. Il fut le résultat de recherches nom-
breuses et opiniâtres àun momentoù l'affaire deRennes-le-
Château était encore le champ clos de quelques «initiés ».
Depuis, livres, films et reportages télévisuels se sont succé-
dés àunrythme effréné. Oncompte actuellement près d'une
centaine d'ouvrages entièrement consacrés à ce sujet.
Certains ont l'ambition d'apporter de nouveaux éléments,
alors que d'autres ne vont pas au-delà de la simple vulgari-
sation.
Si la plupart des auteurs ont la volonté de bien faire,
quelques-uns n'ont songé qu'à exploiter un filon. Et il en va
ainsi de la qualité de leur documentation. Hélas, il n'y apas
de génération spontanée. C'est Gérard de Sède, premier
venu, qui se désignait comme le Grand Pompé[e] ( jeu de
mots ), sans prétendre nous-mêmes à cette dignité, nous en
avons, nous aussi, connus les lauriers.
Ce livre est une réédition. Il reproduit exactement l'édition
originale publiée en 1985.
P.J.
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AVANT-DIRE
De nos jours, Rennes-le-Château, une petite commune
de l'Aude un peu à l'écart de la route qui relie Limoux à
Quillan, ne regroupe qu'une centaine d'habitants, et encore
faut-il y inclure les hameaux circonvoisins et les «estran-
gers» qui ont acheté une maison dans le village. Pourtant,
sa renommée a aujourd'hui traversé les frontières. Au
Canada, en Hollande, en Angleterre, en Espagne, en Suisse,
on parle de Rennes-le-Château, de son étrange église et du
«curé aux milliards». Le livre et le cinéma ont contribué
au retentissement de son nom. Le livre, en particulier, pas
moins d'une vingtaine, dont les dates de parution s'éche-
lonnent de 1962 à 1984. Un de ces volumes a eu même les
honneurs de la réédition et de la traduction.. Que peut-il
donc rester à dire de neuf après cette marée montante
autant que soudaine de papier imprimé ? Au risque de
surprendre : presque tout !
Leur existence constitue, pourtant, autant d'actes
d'antériorité qui furent pour moi, modeste pèlerin, au
milieu de ces pionniers, un fil d'Ariane. Si j'ai bénéficié
de leur expérience, je me suis gardé pourtant de succomber
à leurs travers, d'éviter avec attention les pièges dans
lesquels ils étaient tombés. Bref, de commettre les mêmes
erreurs.
Etre d'un avis différent n'est pas, à mon sens, une
faute. En revanche, être dans l'erreur, c'est s'obstiner à
refuser le document dans toute sa sécheresse. On cesse de
faire œuvre d'historien lorsqu'on néglige ou que l'on tron-
que un document.
Je dois reconnaître à la décharge de mesprédécesseurs,
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à l'exception de l'un d'entre eux, que j'ai bénéficié d'un


atout formidable.* Un concours de circonstances (ou bien
la récompense de dix années d'une traversée du désert
érudite et patiente) a étalé sous mes yeux les feuillets
copiés du procès de l'abbé Saunière, les notes recueillies
des registres épiscopaux, les doubles des rapports civils et
religieux.** Autant de pièces révélatrices qui éclairent
d'un jour tout à fait nouveau la biographie de Bérenger
Saunière, curé de Rennes-le-Château (1885-1909). Dans ce

*C'est René Guénon qui prétendait que le publicn'avait pas à con-


naître les sources d'inspiration d'un auteur. Je ne suis pas de cetavis.
Et je veux bien reconnaître volontiers la part que je dois à mes de-
vanciers. C'est sincèrement sans scrupules que j'ai puisé avec gour-
mandise dans les ouvrages de Fédié, Buzairies et Gourdon au point
de faire des guillemets une terra incognita. De même, le travail
achevé, ai-je confronté ma production avec celles, parues presque
simultanément, de Jean Fourié et de MmeGibrac-Lescure. J'ai usé
de leurs études à la façon d'un guide. Existait-il un point de diver-
gence que je merangeais à leurs arguments autant qu'ils pouvaient
être convaincants. Maisqu'on nes'y trompe pas, monimitation n'est
passervile et l'on nesaurait leur attribuer mespropres erreurs.
**D'ores et déjà, je dois préciser un point important. En effet,
depuis près de cinq ansje connais toute la teneur du dossier «Sauniè-
re» conservé à l'Evêché. Je peux amplement prouver ce que j'avan-
ce. Or, en 1983, paraissait un ouvrage aux Editions Bélisane, au
titre conventionnel et ostensiblement accrocheur : Le fabuleux
trésor de Rennes-le-Château ! Le secret de l'abbé Saunière, signé
Jacques Rivière. Le livre entier était consacré à la reproduction
-fidèle- du dossier en question. Littéralement, j'étais doublé !
Fort heureusement, les pièces produites n'étaient pas commentées
et l'ensemble était privé d'une conclusion constructive à laquelle le
lecteur était en droit des'attendre. Leséditeurs mêmede cet ouvrage
admettaient que Rivière était loin d'avoir résolul'énigme.
Ma version, on voudra bien me l'accorder, au chapitre du
procès Saunièrè, pour avoir été écrite bien avant queJacques Rivière
se voit confié le dossier épiscopal en question des mains de Mgr
Puech, ne fait pas double emploi. En dépit mêmedesressemblances
qui pourraient susciter le doute, je la crois modestement plus instruc-
tive. En ce sens que le document au fur et à mesure qu'il apparaît
est analysé, comparé, estimé. Le lecteur, dans ce cas, n'est plus le
spectateur d'un film documentaire qui serait privé du son, mais le
témoind'une vibrante histoire vécueil yamoinsd'un siècle...
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même temps, sa correspondance, ses papiers personnels


furent pour moi autant de témoins, de repères grâce
auxquels je pus voir les événements se dérouler comme un
film, aussi bien dans les intérieurs feutrés de l'Evêché de
Carcassonne que dans la salle à manger du presbytère de
Rennes.
Mais les documents aussi authentiques, aussi confi-
dentiels qu'ils soient n'apprennent pas tout. L'individu
livre sa raison au papier, mais rarement sa conscience.
J'ai donc eu recours aux témoignages verbaux, sub-
stances fort délicates au demeurant car une erreur de mani-
pulation peuvent les altérer au point de nuire à leurs quali-
tés. Al'opposé de mes confrères, dont certains se sont avérés
d'habiles alchimistes de l'interview, je me suis fait une
règle de ne pas citer nommément mes interlocuteurs. Si
j'ai agi ainsi ce n'est certes pas dans un esprit d'appro-
priation, mais plutôt de responsabilité. En effet, je me suis
fait un devoir d'assumer des propos pris sur le vif repro-
duits mot à mot dans mon propre texte.
Ceux que j'ai interrogé se reconnaîtront sans diffi-
culté en lisant ce livre et ceux-là seuls sauront avec quel
respect de l'exactitude j'ai tenu ce qu'ils ont bien voulu
me confier.
En revanche, j'en ai usé tout autrement avec les sour-
ces écrites. Autant que possible, je les ai cités le plus pré-
cisément possible. Toutefois, comme leur identification
systématique risquait d'alourdir un texte difficile à écrire
et sans doute à lire, je le crains, j'ai constitué à l'intention
des chercheurs et des curieux une bibliographie des seuls
ouvrages utilisés; l'énumération de ceux que j'ai lus dans
le cadre de cette étude m'obligerait à lui donner une am-
pleur multipliée par trois.
Et qu'on ne vienne pas m'accuser de plagiat», je ne
fais aucun mystère de mes sources. Toute ma documenta-
tion est réunie dans ces pages. Point d'ouvrages secrets,
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occultés, et moins encore de documents providentiels ja-


lousement enfouis dans les Archives du Vatican... Hélas !
En revanche, je mets en garde mes imitateurs, ceux
qui se révèleraient habités du désir de s'approprier par
d'incidieux pillages tout ce qu'il y a de neuf dans cet
ouvrage (c'est-à-dire presque tout) et en particulier le
déroulement de la vie de Saunière et ses démêlés avec l'au-
torité épiscopale, ils s'exposeraient aux plus impérieuses
réclamations et réparations.
Le procédé des vases communicants est un principe
que j'ai vu si souvent employé par les auteurs occupés de
l'histoire de Rennes que je devine d'emblée ce qui m'attend.
En me voyant abonder dans tel ou tel sens, on ne
manquera pas de faire des comparaisons et de dire : «Pierre
Jarnac croit à l'existence du trésor de Rennes» ou bien
«Pierre Jarnac ne croit pas en son existence». On m'accu-
sera de défendre telle ou telle chapelle ou «école de pen-
sée». Que répondrai-je à cela ? Simplement, je n'ai pas
choisi la conclusion de ce livre, ni ses développements et
moins encore ses effets. Tout au long de cet ouvrage, je
n'ai fait que suivre pas à pas le chemin que me traçaient les
renseignements historiques, les propos sincères et mes
propres découvertes. J'ai suffisament payer le prix de mon
indépendance au cours de mes travaux, pour aujourd'hui
m'en faire un titre de gloire.
Si donc j'ai commis quelque erreur de jugement ou
d'interprétation, je plaide sincèrement non coupable.
Errare humanum est.
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RENNES LA FABULEUSE

Le vent soufflait doucement sur ce piton bordé à


l'Est par un impétueux cours d'eau. Sur le bord du plateau,
des hommes à la barbe hirsute, le regard triste, se tenaient
debout devant la sépulture du défunt. Des femmes dispo-
saient avec respect de fragiles pointes à feuille de laurier
auprès du corps.
L'époque Solutréenne avait déjà le culte des morts.
Des siècles passèrent avant que des cavaliers celtes
itinérants poussent leurs montures au sommet de cette
colline anonyme.
Leur parler était rauque et ils baptisèrent ce site, sur
lequel ils décidèrent de s'installer, du nom de Rhed, Rhid
ou Rith. Dans le dialecte gallois Rheiddum désigne un dard
et le verbe Ruidh-il signifie lancer, jeter avec force. Bientôt
le nom se transforma et devint Rhedi, Randa et enfin
Redae employé par les Celtes pour l'opposer avec Tauren-
ne à Bitoranda par la forme même de Rennes.
On est maintenant fondé à croire que l'appellation
Rede, Reda, Redae et surtout Randa fut attribuée à l'épo-
que gauloise, très probablement au IV siècle avant Jésus-
Christ, c'est-à-dire au moment de l'arrivée massive des
Redones dans l'Aude.
Ce nom de Redae s'apparenterait également avec
l'identité du dieu-soleil des gaulois : Aereda, le serpent. Il
vient du terme Her Red, serpent coureur qui s'allonge.
L'historien Raymond Lizop a très bien expliqué ce
phénomène de migration : «Vers l'an 300 avant notre ère,
écrit-il, la nation des Volques, dont des éléments s'étaient
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dirigés vers les régions danubiennes, atteignit Toulouse et


occupa : le Languedoc... Il y eut un synchronisme entre
l'établissement des Redones dans la grande péninsule de
l'Ouest et celui des Volques en Languedoc. Ils furent
apportés par la même vague des Celtes migrateurs...
«Tandis que les Volques Arécomiques poussaient
jusqu'au Bas-Languedoc oriental, que les Tectosages s'ins-
tallaient dans les plaines fertiles entre la Garonne et la
Méditerranée Narbonnaise, étendant d'autre part, leur
domaine vers la haute vallée de l'Ariège, la fraction des
Redones entraînée avec eux et poussée par eux, se serait
cantonnée dans la vallée de l'Aude supérieure, les Cor-
bières et la plaine du bas-Razès, aux confins Sud-Est du
Lauragais s'y superposant à des populations paléoceltiques,
préceltiques et ibériques établies précédemment».
Les Redones, vassales des Tectosages, s'établirent sur
l'oppidum préexistant, qui prit leur nom : Redae et s'établi-
rent encore sur plusieurs autres portions maîtresses du
pays, où l'onomastique indique d'anciens établissements
gaulois.
Sous la paix romaine, l'oppidum de Redae deviendra
un vicus gallo-romain d'une certaine notoriété.

Le Languedoc traversa ainsi, avec le reste de la Gaule,


sous la domination romaine, plusieurs siècles d'une tran-
quillité relative; mais à la chute de l'Empire romain, les
Barbares ayant franchi le Rhin, la Gaule entière, des Alpes
aux Pyrénées et à l'Océan, fut envahie par leurs hordes
innombrables (406).
Suèves, Alains, Vandales, Sarmantes, Gépides, Hérules,
Pennoniens, Saxons, se précipitèrent les uns après les
autres, comme un vaste flot sur les diverses provinces d'en
deçà du Rhin et mirent le pays entier à feu et à sang.
Tous les récits du temps font connaître les maux
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causés par ces farouches envahisseurs, qui pillaient les


bestiaux, les fruits, les grains; détruisaient les vignes, les
oliviers, ruinaient les habitations par l'eau et le feu, massa-
craient les habitants. Rien n'était épargné; la situation des
châteaux les plus élevés, des pauvres bourgades construi-
tes sur les plus hautes montagnes, n'étaient même pas une
sauvegarde contre la fureur sauvage de ces barbares, qu'au-
cune conquête ne semblait devoir assouvir.
Le Languedoc, l'Aquitaine eurent particulièrement
à souffrir de cette invasion. Tout fut ravagé, anéanti, et
les romains qui n'avaient pu défendre le pays, durent s'en-
fuir en laissant la place à ces nouveaux dominateurs (408).
Ceux-ci, qui n'avaient pas réussi d'abord à franchir les
Pyrénées, dont Didyme et Valérien leur fermaient les
passages, continuent à parcourir la Narbonnaise, laquelle
longtemps après leur départ portait encore les traces de
leur fureur dévastatrice. A la fin, cependant, sous les or-
dres de Genséric, ils quittent le pays pour aller subjuguer
et ravager l'Espagne, dont ils separtagent la conquête (409).
Il semble qu'à cette époque, les habitants aient déser-
té quelque peu le sommet de Redae.
C'est un singulier spectacle que nous offre cette épo-
que, où tant de peuples divers semblaient s'être donné
rendez-vous sur les contrées enclavées dans le grand Empire
romain, pour s'en charger les lambeaux. Leur dénombre-
ment semble une confusion. Ce chaos de peuplades armées,
ce tumulte inexprimable d'attaques et de résistances, fut
le prélude de l'enfantement des nationalités, mais un
pareil travail ne se fait pas sans de grands déchirements.
Tous ces peuples, les uns pasteurs, nomades, les autres
agriculteurs, les autres chasseurs de fauves. Vivant, les uns
sous la tente, ceux-ci sous leurs abris de feuillage, s'élan-
çaient sur le sentier de la guerre vers des horizons incon-
nus. Et ces migrations avançant, tantôt reculant ne demeu-
rèrent plus en repos jusqu'à ce que le souffle invisible qui
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avait soulevé ces tempêtes d'hommes se calma, peu à peu,


sous l'influence du Christianisme.
Au commencement du V siècle, un peuple sortit des
glaces du nord : les Goths; après avoir désolé l'Italie pour
la troisième fois, ils pénétrèrent dans les Gaules, fixèrent le
siège de leur empire à Toulouse et donnèrent leur nom à la
Narbonnaise première : la Gothie.
L'invasion de ce peuple ne fut pas spécifiquement
une guerre de conquête ni une guerre d'annexion. Ce fut
un déplacement, une migration partielle d'un peuple qui,
comme une marée montante, couvrait les montagnes, les
plaines et les vallons. Ce n'était pas une armée, c'était une
masse compacte de tribus et de familles, vivant sous la
tente ou dans les chariots, une bohème errante cherchant
un gîte.
Jusqu'au moment où leur domination s'établit en
Gaule, les Wisigoths ne s'étaient montrés que comme de
vrais barbares, comme une bande de loups affamés se
jetant sur le monde civilisé. Mais lorsqu'ils devinrent puis-
sants à leur tour, ils commencèrent à subir l'influence
romaine, adoptèrent leur religion et se mêlèrent à leurs
intrigues. Dans le même temps, pourtant, les rois wisi-
goths cherchaient à s'affranchir de la dépendance nominale
de l'Empire romain. Sous le règne de Théodoric, ils se
montrèrent même belliqueux en assiégeant par deux fois
Arles (426 et 430). A tel point que le préfet Avitus leur
proposa un compromis (439) qui accordait aux Goths une
paix avantageuse.
Cet accord eut pour effet, notamment, de laisser aux
Wisigoths la Première Narbonnaise que le Général Cons-
tance leur avait cédé en 419, au nom d'Honorius. La Pre-
mière Narbonnaise ou Première Gothie prit en 466 le nom
de Septimanie (du latin Septem, sept, et du mot allemand
man, homme, peuple). Ce qualificatif que l'on voit em-
ployé pour la première fois par Sidoine Appolinaire, dans
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une de ses lettres écrites en 473, désigne un pays compre-


nant sept cités ou diocèses, celui de Toulouse et les six de
la Deuxième Aquitaine, ou province de Bordeaux.
Deux canons du Concile ou assemblée tenue à Nar-
bonne en 589, nous apprennent que la Septimanie était
alors habitée par cinq peuples différents : les Wisigoths,
qui sont nommés les premiers, parce que c'est la nation
dominante; les Romains ou anciens habitants du pays que
l'on continua d'appeler ainsi plusieurs siècles après pour les
distinguer des Wisigoths; des Francs et des autres peuples
qui s'étaient établis dans les Gaules depuis le V siècle; et,
enfin, les Juifs, les Syriens et les Grecs. Ces deux derniers
peuples n'étaient, sans doute, que des négociants du
Levant.
Cet établissement définitif des Wisigoths dans la
Septimanie changea la face de la contrée dont nous nous
occupons. A partir de cette époque, correspondant par
conséquent à la fin du V siècle, le Haut-Razès sort, pour
ainsi dire, du chaos et semble commencer à avoir une
existence propre. Comme Minerve sortant armée du cer-
veau de Jupiter, ce pays se dressa, formant un corps homo-
gène, un groupe compact attaché au sol et prêt à le défen-
dre. L'esprit de sociabilité se forma et se développa, peu
à peu, grâce, surtout, à l'influence de l'idée religieuse, si
puissante dans ce temps de prosélytisme chrétien.
C'est à cette époque transitoire entre l'expulsion des
Romains et l'invasion sarrazine que paraît se rattacher la
création de la cité de Redae, qui devint la capitale du
pays de Reddès.
Mais avant d'atteindre la terre promise, les guerriers
Wisigoths et leurs familles durent s'engager dans un long et
difficile périple. Venant d'Espagne, par le Perthus, ils enta-
mèrent leur marche décisive après Collioure. Ils longèrent
la chaîne des Corbières qui, de Leucate, aboutit au pic de
Bugarach, et vinrent s'échouer à l'extrémité supérieure
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du bassin du Roussillon. Arrivés là, ils se divisèrent en deux


tronçons dont l'un suivit la vallée de la Boulzane qui va
à Axat, en longeant le côté sud de la forêt des Fanges,
tandis que l'autre, franchissant le col de Saint-Louis, et
suivant la vallée Arèse, dont il est souvent question dans les
anciennes chartes sous le nom de Valles arida, se dirigeait
vers le nord, à travers ces plis de terrains où furent, plus
tard, créés les villages de Saint-Louis et de Saint-Just.
Lorsqu'après avoir franchi le col de Saint-Louis, les cha-
riots abordèrent les hauts plateaux qui, du côté du nord,
dominent la vallée Arèse et font face à la forêt des Fanges,
ils arrivèrent bientôt dans une grande plaine sablonneuse,
couverte de buis et de bruyères, qui, du village (actuel) du
Bézu, se développe sur une immense surface, et aboutit,
vers l'ouest, après un parcours de huit à dix kilomètres,
au pied du mamelon où s'élève la colline de Redae. Là, le
terrain se resserre entre deux collines, l'une au midi, com-
plètement dénudée, l'autre au nord, sur laquelle est bâti le
village de Rennes. Ce terrain en surface plane est coupé par
un ruisseau coulant d'est en ouest. Ce ruisseau, alimenté
par une source de caractère intermittent est presque à sec
pendant l'été. C'est sur cet emplacement que se dressa le
campement wisigothique avant de s'établir sur le plateau.
Les preuves de cette situation provisoire abondent pour
marquer l'emplacement. Des restes de substructions en-
fouis dans le sol, des briques à crochets et des tessons de
poteries antiques qu'on en a exhumés, enfin des débris
d'armes soulevés par la pioche, à certaines profondeurs, ne
laissent aucun doute à cet égard.
Le modeste oppidum de Redae était peuplé avant
d'être créé. Les chariots de voyage attelés de buffles ont
été dirigés sur ce point choisi d'avance. Augustin Thierry
nous dit que les chars wisigoths étaient à quatre roues
pleines et très basses, pouvant passer par tous les chemins.
C'étaient de vraies maisons roulantes faites de bois, de cuir
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et d'osier. Les roues de ces chars se sont pour ainsi dire


incrustées dans le sol. Les chefs wisigoths ont dirigé leurs
tribus vers ce plateau isolé, au milieu d'un massif monta-
gneux, et y ont planté la pointe de leurs épées, pour en
prendre possession.
Presque inaccessible de trois côtés, le plateau de
Redae pouvait être défendu du côté du Levant touchant
l'immense plaine du Lauzet, dans laquelle pouvait se mou-
voir une nombreuse armée.
Le site domine, au nord et au couchant, les deux
vallées de l'Aude et de la Sals, ces deux passages qui met-
tent le massif des Corbières en communication avec les
Pyrénées. Les Wisigoths avaient appris à l'école des Ro-
mains, leurs ennemis, la castramétation, et nous en trou-
vons la preuve dans les dispositions du camp de Redae.
Les fondements de la cité de Redae avaient été jetés,
de toute évidence, pour la sauvegarde des libertés wisi-
gothes, sans être le point essentiel de protection de la Sep-
timanie, elle constituait un important oppidum de l'ar-
rière pays à l'égard de Narbonne.
Ases débuts, la cité de Redae n'eut qu'un rôle mineur.
Selon toute vraisemblance ce ne fut pendant la première
phase de son existence, qu'un vaste établissement, moitié
camp, moitié ville, entouré d'une de ces défenses primitives
faites de terre et de madriers plantés en pilotis.
Ce ne fut qu'au VI siècle que Redae prit de l'impor-
tance et se transforma en place de guerre.
Leurs motivations toutes légitimes les avaient incités
à bâtir cette place au cœur du Razès. Rappelons, en effet,
que depuis les victoires de Clovis, les Wisigoths n'étaient
que tolérés dans une contrée qu'ils avaient conservée qu'à
la force de l'épée. La Narbonnaise, «ce lambeau de terri-
toire qui s'étendait au nord jusqu'à la Montagne Noire, à
l'est jusqu'au Rhône, à l'ouest jusqu'au fleuve Atax»
comme se plaît à l'écrire Louis Fédié.
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Rhedae était maintenant la gardienne des marches et


des frontières. Les Wisigoths en firent alors une de leurs
places de guerre les plus importantes.
En 563, à la suite de guerres politiques, le roi Hilpé-
ric, après avoir dépouillé deux de ses frères, devint le maî-
tre d'un vaste territoire qui n'avait d'autres limites que le
cours de l'Aude depuis les Pyrénées jusqu'à Carcassonne,
puis la Montagne Noire et les Cévennes, et enfin une ligne
qui, partant des Cévennes, allait aboutir à la Méditarranée
sur un point rapproché du port d'Agde, lequel se trouvait
au pouvoir des Wisigoths. La province de Septimanie
se trouva bien amoindrie par la conquête du roi Franc.
Il est donc évident que, pendant le cours du VF siècle,
la Septimanie était bornée du côté du couchant par le fleu-
ve Atax, et que, par conséquent, une ligne de défense dut
être établie sur la rive droite de ce fleuve par les chefs
wisigoths. Rhedae devint alors une importante cité.
Elle fut entourée de remparts et flanquées de deux ci-
tadelles et devint le centre d'une région, le chef-lieu d'un
diocèse, qui porta son nom et qui s'appela le Rhedesium.
Mais Rhedae ne pouvait être un point isolé, chargé ex-
clusivement de la défense d'une longue file de frontières,
qui s'étendait depuis Carcassonne jusqu'au cœur des Py-
rénées. La rive du fleuve se garnit de forteresses comme
autant de dépendances de Rhedae.
Ces diverses places de guerre, tout en gardant les mar-
ches et les défilés, formaient autour de Rhedae une ceintu-
re infranchissable. Elles couvraient le Rhedesium depuis
les bords de l'Aude jusqu'au diocèse de Narbonne.
C'est probablement à cette époque qu'on éleva un
château d'une certaine importance sur une colline voisine,
appelée depuis le Casteillas, mot patois qui signifie «grand
château». Bâtie sur un mamelon de marne rouge, cette
seconde forteresse dont il ne reste plus de vestiges, et dont
nous aurons à reparler, s'élevait à une distance de cinq
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cents mètres environ des remparts de Rhedae.


Quand on se rend compte de la situation faite aux
Wisigoths à la suite des conquêtes de Clovis, quand on exa-
mine avec soin l'énergique résistance qu'ils opposaient pen-
dant les VI et VII siècles aux entreprises des rois Francs,
on comprend le rôle important que joua, dès lors, la cité de
Rhedae si bien placée stratégiquement.

Très peu de documents font état de Rhedae ou même


du Reddesium. Cependant, les relations existantes sont
assez précises.
Citons le Cartulaire du Capcir, une région de la haute
vallée de l'Aude, aujourd'hui incluse dans le département
des Pyrénées-Orientales, qui laisse entendre que l'antique
Reddesium comprenait, au VIII siècle, toute la zone qui
s'étend depuis Limoux jusqu'à la frontière d'Espagne.
C'est-à-dire le Haut-Razès, le pays de Sault, le Roque-
fortès, le pays de Fenouillèdes, le pays de Sournia, le
Donézan et le Capcir.
En l'an 789, Théodulfe, évêque d'Orléans, poète à ses
heures, lors d'une mission en Septimanie comme missus
dominicus de Charlemagne avec Leidrade, archevêque de
Lyon, fait mention de Rhedae dans un acte de Paraenesis
ad Judices, Exhortation aux Juges, vers. 99.*
Le vers 140 est intéressant à cet égard :
De-là aprez avoir été visiter la
Inde revifentes te , Carcaffonna, ville de Carcaffonne & celle de
Redafque, Redes, nous revenons au plûtôt à
Mœnibus inferimus nos citò , Narbornne, où le Clergé & le peu-
Narbo , tuis. ple s'assemblent en foule de tous
Undique conveniunt populi, Clerique cotez , & où nous tenons des
caterva, Synodes pour regler la discipl ne
Et Synodus Clerum , lex regit du Clergé & des Plaids publics
aima forum. pour juger les procez du peuple.
* Le présent extrait est tiré des Mémoires pour l'histoire naturelle de
la Province du Languedoc. (1737) d'Astruc.
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Ce témoignage indique l'importance de cette localité


à l'époque carolingienne, puisque Théodulfe la met sur le
même pied que les deux villes (Narbonne et Carcassonne)
de Septimanie où il était passé avant d'y arriver.
La reconstitution imagée de la cité de Rhedae est due
principalement à Louis Fédié. Il semble qu'il ait fait con-
fiance aux traditions de sa région. Bien que parfois hési-
tant, ce tableau me semble particulièrement remarquable
pour le reproduire ici :
« La cité de Rhedae possédait deux églises, l'une sous
l'invocation de la Sainte Vierge, l'autre sous le vocable de
Saint-Jean-Baptiste.
«Un couvent de moines qui était garni de moyens de
défense, s'élevait près de l'entrée de la ville, du côté du
levant.
« Le Castrum de Rhedae ou enceinte fortifiée, oc-
cupait tout le plateau. Pourtant, dans son périmètre,
de grands espaces restaient inoccupés.. Ni le temps, ni
la main de l'homme n'ont rien changé à la forme de
cette masse rocheuse qui, coupée et taillée en forme
de cône tronqué, domine la plaine de tous les côtés.
Les assises de rochers qui supportaient les murs d'en-
ceinte ont résisté à l'action des siècles, et la régulari-
té de leurs formes architectoniques prouve que des tra-
vaux dirigés par des hommes compétents sont venus
en aide à la nature pour faire de ces rochers, le soubas-
sement d'une double enceinte de murailles. Les anti-
ques bastions ont disparu, les fossés sont comblés, mais on
voit intacte cette corniche colossale de masse rocheuse qui
dessine l'ovale parfait des fortifications.
«Sur cette corniche, on remarque des restes de murail-
les qui sont peu anciennes et qui remplacèrent, au XIV siè-
cle, les antiques remparts, détruits alors en majeure partie.
«La citadelle avait deux entrées, l'une au levant qui
ouvrait sur la campagne, l'autre au midi qui la mettait en
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communication immédiate avec le camp de la plaine par


une forte rampe.
«A l'exemple des villes romaines, les cités wisigo-
thes, même quand elles étaient places de guerre, suivant
leur affectation spéciale, elles constituaient alors souvent
une ou deux villes dans l'enceinte de la ville, une ou deux
citadelles dans la citadelle. Nous en trouvons l'exemple
dans la cité de Carcassonne. La citadelle de Rhedae était
dans les mêmes conditions. Elle était divisée en trois quar-
tiers qui existent encore dans le village actuel, et qui por-
tent les mêmes noms traduits en patois :
- Le premier appelé Castrum Valens, du côté du
Levant, s'appelle de nos jours Castel de Balent;
- Le second, placé au midi, s'appelait Castrum Salas-
sum, on l'appelle La Salasso;
- Enfin, le troisième, désigné sous le nom de Capella
s'appelle La Capello.
«Le premier quartier, appelé Le Castrum Valens,
tirait son nom d'une porte bastionnée et garnie de fortifi-
cations, placée à l'entrée de la citadelle du côté du Levant,
c'est-à-dire du côté le plus exposé à la plaine. Il est facile,
en visitant les lieux, de retrouver les traces du Castrum
Valens, du château-fort.
«Ce qu'on appelle aujourd'hui La Salasso, est une
place, une aire à battre le grain, formant plate-forme et
communiquant, du côté du midi, par un talus fortement
incliné avec la plaine où le camp était établi. En grattant le
sol, on trouve à La Salasso des couches de maçonnerie qui
indique qu'il existait sur ce point «une maison forte». La
tradition locale affirme l'existence de cette place qui met-
tait le camp en communication avec la citadelle.
«Enfin, on remarque, dans le troisième quartier
appelé La Capello, les vestiges d'une ancienne église.
«Les fortifications qui entouraient la citadelle de
Rhedae n'ont pas complètement disparu. Sur certains
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points de l'antique enceinte, les assises de roc vif qui ont


conservé leurs aspérités supportent quelques pans de murs
formés de pierres de taille cubiques, à six faces, mesurant
24 ou 25 cm. de côté.
« Une seconde enceinte construite avec des maté-
riaux semblables, s'élevait à quelques pas de la première,
mais on ne retrouve à peine quelques traces. C'était tout
ce qui reste des fortifications de la citadelle wisigothe.
La première enceinte a été reconstruite après la guerre des
Albigeois, et une partie de ces nouvelles murailles existe
encore se soudant, par places, à quelque lambeau des rem-
parts wisigoths.
«Une fontaine souterraine, qui a la forme d'une
citerne, a sa source sous les remparts du côté du nord : elle
ne se tarit jamais.»
Maintenant Rhedae est devenu le chef-lieu d'une vaste
contrée qui portait son som : pays de Rhédez. En outre, la
cité de Rhedae devint à cette époque cité diocésaine, car
le pays de Rhèdez fut désigné comme diocèse, terme
emprunté à l'organisation administrative des Romains qui
appelaient ainsi une section de province ayant un gouver-
nement particulier.
Quand le roi Reccared, après avoir abjuré l'arianisme,
organisa les évêchés de la Septimanie, il fut question de
placer un évêque à Rhedae, mais le prélat qui occupait le
siège de Carcassonne s'y opposa et obtint d'être maintenu
comme évêque du Carcassez et du Rhédez. Seulement, on
créa à Rhedae un archidiaconé qui était régi par un cha-
noine de Carcassonne. Néanmoins, cette idée de la création
d'un évêché distinct à Rhedae se produisit plus tard. Lors
du Concile qui fut tenu à Narbonne en 788, l'évêque d'El-
ne, Wenedurius, prétendit que la ville de Rhedae étant cité
diocésaine et chef-lieu d'un comté, devait avoir son évêque
particulier, au lieu d'être une dépendance de l'évêché de Car-
cassonne. Cette demande ne fut pas admise; mais en vertu
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d'une décision de ce concile, le diocèse de Rhedae fut


distrait de celui de Carcassonne et uni pour le spirituel à
l'archevêché de Narbonne à cause de sa dignité de primat
des Gaules.
L'évêque de Carcassonne avait été, du reste, bien
inspiré quand sous le roi Reccared il avait insisté pour que
le diocèse de Rhedae demeurât uni à celui de Carcassonne.
En effet, sous le règne du roi Wamba, en 680, le siège épis-
copal de Carcassonne fut occupé par un évêque arien sou-
tenu par ce roi, et le prélat orthodoxe établit sa résidence à
Rhedae d'où il administrait deux diocèses.
Peu avant le VIII siècle, le pays de Reddes prit le
titre de comté, et la cité de Rhedae reçut un gouverneur
militaire et civil, un comte ou consul pour régisseur.
Rhedae puissante cité militaire était défendue sur la
même rive du fleuve par les tours ou châteaux de Corna-
nel, Roquetaillade, Antugnac et Brenac que les rois wisi-
goths avaient construits pour se garder contre leurs redou-
tables voisins : les Francs.
Mais de nouveaux adversaires encore plus terribles
vont apparaître en Septimanie : les Sarrazins !
Bien que l'agression des Arabes fut assez pénible pour
les populations, les envahisseurs se gardèrent bien d'affron-
ter les hauteurs de Rhedae. Peut-être se contentèrent-ils
d'établir des relais autour de la forteresse. En effet, une
tradition prétend que les Sarrazins jetèrent les bases de
quelques villariæ sur les bords de l'Aude. Notamment dans
un lieu connu de nos jours sous le nom de plateau de la
Maurine, maintenant réduit à un modeste hameau, peu
distant de Rennes-le-Château.
L'historien Marca affirme que, pendant l'occupation
sarrazine, les archevêques de Narbonne, chassés de leur
siège métropolitain, se réfugièrent dans la cité de Rhedae.
Finalement, la domination Goth ne résista pas aux
incursions sarrazines, et lorsque Audemond cède la ville
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de Narbonne aux Carolingiens, c'est un signe évident


du déclin wisigoth en Septimanie.
Enfin, au VIII siècle, Charlemagne étend son pouvoir
sur tout son empire. En dépit des fluctuations politiques,
la cité de Rhedae reste intacte. Un fait caractéristique le
prouve : c'est le dénombrement fait, en 782, des villages et
terres du Reddesium, appartenant à l'église Saint-Just de
Narbonne, qui indique que cette contrée n'était plus cette
thébaïde, presque déserte, qui, pendant les siècles précé-
dents, ne comptait que de rares habitants dont les cabanes
se groupaient sous les murs des forteresses. Or, la ville de
Rhedae ne figure pas dans ce dénombrement, et, quelle
que fût la puissance des archevêques de Narbonne, ils
n'avaient pu faire entrer dans l'enclave de leur domaine
ecclésiastique l'antique cité wisigothe sur laquelle ils
n'avaient qu'un droit de juridiction épiscopale, droit qui
fut consacré par une décision du concile tenu à Narbonne
en 788.
D'un autre côté, la transformation qui s'était opérée
dans cette contrée par la création de nombreux centres de
population abonde assez en faveur de l'état florissant de
la cité qui en était la capitale. Enfin, les longues guerres
que durent soutenir Pépin et Charlemagne pour refouler les
Sarrazins d'abord jusqu'aux pieds des Pyrénées, puis au-
delà de cette barrière, rendaient nécessaire la conservation
d'une place-forte qui était une sentinelle avancée sur la
frontière espagnole.
Ce fut vers cette époque que le Rhedesium fut mor-
celé par suite d'une nouvelle organisation des diocèses
situés sur les confins des Pyrénées et dans les contrées
avoisinantes. Le pays de Fenouillèdes en fut distrait et
forme un comté séparé. Le Rhedesium qui avait été un
diocèse important fut réduit à l'état d'un modeste comté
placé sous la dépendance des comtes de Carcassonne. Le
pagus Rhedensis conserva son autonomie, mais il ne
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D'après Élie GRIFFE.


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forma plus qu'un lambeau de territoire qui, dans les siè-


cles suivants, fut encore morcelé.
Néanmoins, toute la contrée conserva cette désigna-
tion générale de Rhedesium, mais le Rhedesium ne fut
plus, à dater de cette époque, que ce que dans le langage
diplomatique moderne on a appelé une «expression géo-
graphique».
Les Archevêques de Narbonne le nomment quelque-
fois dans leurs titres Archiepiscopus Narbonensis et Red-
densis (788).
Lorsque Charles-le-Chauve (872) donna à Bernard,
comte de Toulouse, un territoire, l'acte portait les noms de
Carcassouam et Redas, ce qui signifie Carcassonne et
Razès, sous entendu la pagus du Rhedesium.
Tantôt annexé au comté de Barcelone, tantôt soudé
au domaine des comtes de Carcassonne, il occupe un rang
important dans un de ces petits royaumes taillés dans le
grand royaume. Puis, en- 957, le Rhedesium forme un
apanage distinct en faveur d'Odon, fils de la princesse
Ermessinde. Pendant un siècle, les successeurs d'Odon ou
Eudes furent comtes particuliers du pays de Rhedae, et
cette période marque la phase la plus éclatante de l'exis-
tence de cette cité, qui était la résidence permanente d'un
seigneur souverain. A cette époque, Rhedae joua un rôle
presque aussi important que Carcassonne. Point de cité
rivale qui put, sur le territoire dont elle était la capitale, lui
ravir la moindre part de son influence. Limoux n'était
qu'un modeste bourg nommé, par Pierre de Vaux-Cernai,
«Castrum Limosum in territorio Reddensi». Alet était le
siège d'une abbaye importante, mais autour de laquelle ne
se groupait qu'un villaria ou village. Quillan était aussi un
petit village faisant partie du domaine des archevêques de
Narbonne. La cité de Rhedae rayonnait donc comme un
astre au milieu des châtellenies, des prieurés, des bourgs et
des villages qui couvraient la contrée. Elle atteignit alors à
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l'apogée de sa gloire. Dans ses murs, c'est-à-dire à la cour


de ses comtes, se réunissaient les seigneurs féodaux de
Termes, de Peyrepertuse, de Castelpor, de Puylaurens,
d'Aniort, les abbés mitrés d'Alet et de Saint-Polycarpe,
les châtelains de Caderone, de Castillon, d'Arce, de Blan-
chefort, de Brenac, et tant d'autres qu'il serait long d'énu-
mérer. C'est aussi dans Rhedae que se réunissaient fréquem-
ment quelques riches vassaux qui aspiraient à devenir des
seigneurs châtelains, les syndics des monastères de Cubières,
de Saint-Martin-Lys, et enfin, les supérieurs de Monta-
zels, d'Espéraza, de Luc, d'Arques et de Couiza.
Ce sont durant ces temps de gloire, que Rhedae
s'enrichit d'une nouvelle église. Elevée sur un des quar-
tiers de la forteresse, ou peut-être adaptée sur l'agrandis-
sement de l'ancienne chapelle du château-fort de Rhedae,
la nouvelle église, consacrée en 1059, est dédiée à Sainte
Marie-Madeleine.

Le premier comte du Razès portait le nom de Guil-


laume de Gellone. Ce prince, selon Vaissette, descendait
de Théodoric, duc le Toulouse. On sait que Charlemagne
renouvela les comtes du royaume d'Aquitaine vers 778;
c'est donc à cette époque que Guillaume dut être à la
tête du Razès. Cette nomination eut lieu avant 796.
C'est pendant la nomination de Guillaume que
parut un denier, aux emblèmes carolingiens, frappé dans
ce comté. D'après Longperrier, «un denier de Charlema-
gne, portant une croix cantonnée des lettres REDS...,
doit avoir été frappé dans la capitale du Razès, qui sous
la seconde race, avait une certaine importance».*
Poeydavant qui nous parle également de cette mon-
naie écrit positivement :
*Notice des monnaies françaises composant la Collection Rous-
seau, 1847, p. 117.
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«Nous avons une pièce que Charlemagne a émi-


se dans la capitale du Razès; c'est un denier portant
les quatre lettres REDS divisées dans les branches de
la croix. Longperrier a proposé de la rendre à Redae,
capitale du Razès, parce que, dit-il, la disposition des
lettres à une forme tout à fait méridionale. Cette obser-
vation est très exacte et doit être définitivement adop-
tée».*
Bien que le fait ne soit pas systématique, Le Blanc,**
numismate du XVII siècle, estimait que les noms de
lieux gravés sur les pièces de ce temps indiquaient l'en-
droit où celles-ci avaient été fabriquées.
Que les monnaies aient été frappées dans les loca-
lités mêmes dont elles portent les noms, écrit Maurice
Prou,*** «Je n'en veux pour preuve que le mot fit, ou
ses variantes fiet et fitur, écrit à la suite d'un nom d'une
villa (maison de campagne, ferme), d'un vicus (village,
bourg) ou d'un castrum (place fortifiée), sur un grand
nombre de monnaies mérovingiennes».
Un aussi grand nombre d'officines monétaires n'a
rien qui soit en désaccord avec l'état économique de la
Gaule au VII et VIII siècles. Les monnaies d'alors n'é-
taient plus que des instruments d'échange. Le droit de
monnayage n'était plus considéré comme le privilège
exclusif du souverain. Si le roi continuait d'émettre des
monnaies, s'il avait des ateliers qui dépendaient de lui
directement, cela n'empêchait pas que les particuliers
qui possédaient des lingots d'or ne pussent les faire
monnayer où bon leur semblait.
Tous les orfèvres ou monnayeurs pouvaient, comme

*Monnaiesféodales deFrance, t. 2, 1860, p. 279.


**Traité historique des monnoyesdeFrance, 1690, p. 57.
***Lesatelier monétaires mérovingiens, 1888, pp. 2-3.
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l'a dit A. de Barthélémy,* fabriquer des espèces avec


l'or qu'on leur apportait, pourvu que ces espèces fussent
«au poids légal et en bon or».
Tout s'accorde, dans ces conditions, à admettre
l'existence d'un atelier monétaire à Rennes-le-Château !

Charlemagne

C'est son fils, Béra 1 qui succéda à Guillaume.


On en trouve la preuve dans une charte de 813.** Ce
même acte fait connaître le nom de son épouse : elle
s'appelait Romelle.
*LaRevueArchéologique, t. XV,1865, p. 10.
**Histoire Générale deLanguedoc, domVieet Vaissette, t. 2,
p. 602.
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En mourant, Béra laissa deux enfants dont les noms


sont inscrits dans deux actes, l'un de 845* et l'autre de
902.** Dans le premier acte, il est dit que l'un de ses en-
fants était un fils, appelé Argila, qui lui succéda dans le
comté de Razès; le deuxième acte fait mention d'une fille,
appelée Hotrude, mariée avec Alaric, comte de Gérone et
d'Empurias.
Argila prit possession du Razès après Béra 1 son
père. Cet Argila vivait en 845 et il avait pour fils Béra II
auquel il vendit, avant de mourir, une partie du pays de
Sault, dépendance du comté dont il avait la gestion. La
terre qui fut l'objet de cette vente portait le nom de
Donacanum; c'était peut-être le village d'Aunat, qui sem-
ble avoir donné son nom au Daunezan, dans la partie
méridionale du pays de Sault.***
Après argila, on voit figurer Béra II à la tête du
Razès. Dans l'acte de 845 que je viens d'évoquer, ce
Béra n'est pas encore qualifié de comte, mais dans un
titre postérieur, portant la date de 846, Béra prend alors
cette distinction. L'acte de 846 avait pour objet de faire
don à des moines, de la vallée d'Exalade.
On ne sait rien sur la vie du fils d'Argila, s'éteignit-il
sans postérité, ou bien fut-il révoqué de ses fonctions pour
cause d'infidélité ? Un acte de 877 semblerait faire croire
à cette seconde hypothèse (H. de L., II, 666); cependant,
on ne peut rien affirmer sur ce point, pour la raison que
dans l'acte de 877, le Béra qui y est mentionné est accom-
pagné d'un prénom qui ne figure dans aucun autre titre
relatif aux comtes de Reddes de la première race.
Comme on le voit, le comté de Razès passa de père en
fils, depuis sa création jusque vers la fin du IX siècle.

*Marca,MarcaHispanica, 1688, p. 781.


**Marca,op. cit., p. 837.
***Marca,op. cit., p. 781-782.
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C'est là un fait qui prouve que l'hérédité pour les adminis-


trateurs comtaux était passée en habitude dans le midi des
Gaules, et que le capitulaire de Kierzy (877) ne fit que
consacrer un principe déjà adopté par la coutume.
Au cours du IX siècle, il semble que plusieurs tenta-
tives furent menées afin d'ériger le Razès en diocèse parti-
culier. On a vu, en 788, les archevêques de Narbonne se
parer du titre de prélats de Narbonne et de Razès. En 873,
Sigebode, archevêque de Narbonne, prend le titre de prélat
diocésain du Reddesium lors de la consécration de l'église
de Formiguères. Cinq ans plus tard, en 878, apparaît un
Léon comme évêque du Razès (H. de L., II, 311), lequel
assista au concile de Troyes en 879 (H. de L., XII, 139).
Ensuite, les documents postérieurs ne font plus mention de
l'évêché du Razès, vraisemblablement son action s'était
éteinte.
Vers la fin du IX siècle, le Razès avait cessé d'appar-
tenir à des gouverneurs particuliers. Des actes de 870,
873, 877 font voir qu'à cette époque l'ancien pays de
Rhedæ était passé entre les mains des comtes de Carcas-
sonne. Pourquoi en fut-il ainsi ? Tout porte à penser que
Béra II fut déposé pour cause de félonie, et que ses terres,
après avoir été démembrées, passèrent, en grande partie,
entre les mains des gouverneurs de Carcassonne. En parlant
de ces derniers, Charles-le-Chauve les qualifie de «biens
aimés», de «fidèles»; ce qui semblerait annoncer qu'il
faisait ressortir ces qualités parce-qu'il avait eu à se plain-
dre récemment de la rebellion des comtes du Razès.
Quoiqu'il en soit, il est facile de voir dans l'acte de
870 qu'une partie du pays de Rhedae avait été cédée à
Oliba II, de Carcassonne. Un acte de 873 semblerait annon-
cer qu'une autre partie du même pays appartenait à Oliba
et à Acfred 1 de Carcassonne; à Wilfred et à Miron, de
Barcelone (H. de L., II, 661). Un peu plus tard, en 881,
Carloman donna aux archevêques de Narbonne la ville de
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Limoux et Villelongue (H. de L., II, 683). En 884, le mê-


me prince donna aux archevêques de Narbonne des terres
qui appartenaient au Razès, et cette fois, un pareil acte de
libéralité eut lieu avec l'assistance d'Acfred (H. de L., II,
685). Le premier acte, dans lequel on voit paraître le dé-
membrement du comté de Rhedae, porte la date de 854, ce
qui semblerait attester que c'est vers le milieu du IX siècle
qu'ont dû disparaître les comtes particuliers du Razès
(Baluze, Capitulaires, p. 1462).
En présence de tous ces actes, on éprouve quelques
embarras pour suivre les destinées du pays de Rhedae
après la mort de Béra II. Dans la charte de 870, Oliba
paraît seul en avoir la propriété; dans celui de 873, Oliba et
Acfred, son frère, d'une part; Wilfred et Miron, son frère,
de l'autre, se montrent simultanément propriétaires du
même comté. Quatre années plus tard, en 877, c'est Oliba
seul qui semble gouverner ce pays; dans la suite, en 884,
c'est Acfred 1 seul qui se montra à la tête du Razès.
Comment expliquer cet enchaînement successif de proprié-
taires ? Pourquoi cette terre passa-t-elle d'Oliba seul à Oli-
ba et à son frère Acfred, et de ces derniers aux comtes de
Barcelone ? Pourquoi revint-elle à Oliba seul pour passer
définitivement à Acfred son frère ? Il y a là un problème
hérissé de difficultés dont les historiens du Languedoc
n'ont pas songé à chercher la solution.
Après la mort d'Oliba et d'Acfred 1 son frère, on
ne sait ce que devint le pays de Rhedae; passa-t-il entre les
mains des enfants d'Acfred, et ces derniers, en cessant de
vivre dans un âge peu avancé, transmirent-ils leur héritage
aux descendants d'Oliba leur oncle ? Rien ne peut servir à
élucider cette question. Tout ce que les chartes nous
apprennent, c'est que le comté de Carcassonne passa suc-
cessivement entre les mains de Bencion et d'Acfred II,
fils d'Oliba II.
En 877, le comte du Roussillon, Miron Etilius, fils de
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Béra II, tenta de reprendre par la force le comté de Rhédez


que ses cousins s'étaient partagés à ses dépens. Son intru-
sion en Septimanie à la tête d'une troupe nombreuse
précéda de «grands ravages» que le pape Jean VIII lui
reprocha dans une lettre qu'il lui adressait : «...Tu as
réduit à désert la terre de Septimanie tout entière; les
églises, à ce qu'on assure, tu les as arrachées à leurs minis-
tres, les châteaux de ce pays, tu les as envahis par la ruse».
Ce coup de force ne fut, si je puis dire, qu'un coup
d'épée dans l'eau, car à Acfred II succéda sa fille Arsinde
qui épousa Arnaud, comte de Comminges. Arnaud et
Arsinde furent à l'origine de deux nouvelles familles com-
tales : les Trencavel et les comtes de Foix (H. de L., III,
128 et 227), qui pourront prétendre de plein droit à la
possession du Rhèdez.
Les enfants de ce couple furent au nombre de trois :
Roger, le premier né, prit pour sa part le comté de Carcas-
sonne et une partie du Razès; Eudes, son frère cadet, hérita
de la plus grande partie de ce dernier comté; Raymond, le
dernier né, prit possession du pays de Comminges. Dans le
partage entre Roger et Eudes, les divisions ne furent pas
marquées par une ligne propre à isoler les lots d'une ma-
nière distincte; un acte de 1002, rédigé par l'aîné des
deux frères, ne laisse aucun doute sur ce point (H. de L.,
III, 474). D'après ce titre, qui n'était qu'un testament des-
tiné à régler les droits des descendants de Roger sur sa
succession, et à poser en principe que cette dernière devait
passer de mâle en mâle aux parents les plus rapprochés, il
est dit : «Je donne au même Raymond, mon fils, le Cas-
tellum Redae, avec la portion de ce comté qui me revient».
«Des termes de cet acte, on peut induire que la cité
de Rennes avait deux châteaux au commencement du XI
siècle» écrit l'érudit Buzairies. Probablement, s'agit-il là
d'une distinction identique aux termes de Fédié écrivant :
«La principale citadelle de Rhedae qui, à cause de son
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importance formait une seconde cité à côté de la première.


C'était la ville haute dominant la ville basse et pouvant la
défendre et la protéger efficacement».
En fait, cette disposition a jeté le doute dans les es-
prits. Il serait plus logique de regarder le fortin ancienne-
ment sis au lieu du Casteillas comme le château bas en
opposition au château haut : la citadelle de Rhedae.
Ce qui n'est jusqu'ici qu'une présomption est claire-
ment confirmé par deux actes, l'un de 1067, l'autre de
1084. Dans le premier de ces actes, on fait mention des
deux châteaux de Rennes (H. de L., III, 544); c'est Ray-
mond-Bernard, vicomte de Béziers, qui en transmet la pro-
priété à Raymond-Béranger, comte de Barcelone. Dans le
deuxième cas, c'est Bernard-Aton qui prête serment de
fidélité à sa mère pour les châteaux de Rennes dont il
acait pris possession (H. de L., III, 589).
Avant de mourir, Roger fit le partage de ses domaines
entre ses enfants. Cet acte, renfermant les dernières volon-
tés du comte de Carcassonne, porte la date de 1002. Roger
donnait à son fils Raymond, la ville de Carcassonne avec
son comté; il lui donnait aussi le château qu'il possédait
à Rennes, (Castellum Redae), la portion du comté de ce
nom qui lui revenait (H. de L., IV, 474); le Kercobès, le
château de Queille...
A Bernard, il léguait le château de Foix avec plusieurs
bourgades sur les rives de l'Ariège et de l'Hers : il ne réser-
vait pour Pierre, évêque de Gérone, que les abbayes dissé-
minées dans les terres dont il avait fait le partage entre
Raymond et Bernard.
Le fils aîné de Roger ne tarda pas longtemps à mourir
en laissant, de sa femme Garsinde, de Béziers, deux enfants
portant les noms de Pierre et de Guillaume. Cette fin pré-
maturée, devançant celle du père dut amener quelques chan-
gements dans le partage que ce dernier avait fait en 1002. Ce
qui semble l'attester, c'est que le comté de Carcassonne, qui
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devait appartenir à Raymond, son fils aîné, passa entre les


mains de son fils Pierre, évêque de Gérone. Celui-ci le
céda, vers la fin de sa vie, à Roger 1 de Foix (H. de L.,
III, 405).
Dans un acte de donation de Raymond Trencavel en
faveur de l'abbaye de Saint-Hilaire daté du 18 août 1034,
le château de Rennes se trouve à nouveau mentionné (H.
de L., V, 402). La même année, le comte Raymond est
attaqué par un baron, Arnaud Gibert, qui lui dispute son
château de Rennes (H. de L., III, 494). Mais ce n'est là
qu'un des épisodes de ces petites guerres que se livraient
couramment les petits seigneurs féodaux.
En 1059, Guifred, archevêque de Narbonne, vint se
réfugier à Rennes. C'est là un signe évident du prestige
dont brillait la place-forte.
Que devint le Razès après la mort de Raymond ?
Aucun acte ne le dit, mais tout porte à penser qu'il fut
cédé aux descendants de ce comte. Ce qui confirme dans
cette idée, c'est que dans les actes intervenus entre Pierre,
évêque de Gérone, et Roger 1 de Foix, il n'est question
que du comté de Carcassonne, le pays de Redae n'y est ja-
mais mentionné (H. de L., III, 405). Il semble qu'on peut
conclure de là que Pierre, évêque de Gérone, n'en eut pas
la propriété. Enfin, ce qui achève de faire croire que le
pays de Redae fut transmis aux descendants de Raymond,
c'est qu'on voit ses héritiers, en 1050 et 1068, faire des
actes de propriétaires dans certaines parties du comté de
Rennes (H. de L., III, 514-549).
Quelle était la portion du pays de Razès qui passa
entre les mains de Roger à ses héritiers ? Il n'est pas facile
de le dire d'une manière exacte; mais en s'aidant de quel-
ques actes édités par Vic et Vaissette, on est amené à pré-
sumer que cette portion était placée à Limoux ou dans le
voisinage de cette ville. En 1011, Roger donna aux abbés
de Saint-Hilaire un alleu dont il jouissait dans les dépen-
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dances de la ville et du bourg de Limoux (la ville basse


d'aujourd'hui et la ville haute sur le côteau de Lacanal,
détruite en 1226); il donna en même temps un alleu qui
avait sa place dans la ville de Flacian, appelée aujourd'hui
Petite Ville de Limoux (H. de L., III, 479).
En 1050, c'était Raymond-Guillaume, le petit-fils de
Raymond Roger, qui céda à son oncle Pierre Raymond, le
village de Magrie placé aux environs de Limoux (H. de L.,
III, 514).
La portion du Razès, qui fut transmise aux descen-
dants de Raymond après la mort de Roger, leur grand-
père, passa, selon toute apparence, à Guillaume-Raymond,
l'un de ces descendants Pierre-Raymond, frère de ce der-
nier. Il dut garder pour sa part les biens qui avaient appar-
tenu à sa mère Garsinde, de Béziers (H. de L., III, 502).
Guillaume-Raymond hérita de la portion du Razès qui
n'était pas jouie par les descendants d'Eudes, que celle qui
comprenait la ville de Limoux et quelques villages du
Kercobès qui fut cédé aux abbés de Saint-Hilaire pendant
l'année 1117 : on en trouve la preuve dans un acte recueilli
par Doat (vol. 71). Guillaume-Raymond posséda aussi
quelques terres dans les comtés de Carcassonne, de Béziers
et de Narbonne (H. de L., III, 549).
Lorsque la portion du Razès dont jouissait Roger 1
fut transmise à sa descendance, elle passa d'abord à Guil-
laume-Raymond, l'un de ses petits-fils; celui-ci la transmit
à ses trois enfants, Raymond, Pierre et Bernard. Le pre-
mier de ces enfants parait avoir cessé de vivre après qu'il
eut donné, en 1050, à son oncle Pierre Raymond, le villa-
ge de Magrie (H. de L., III, 514). Dix-huit ans après l'ac-
complissement de ce don, il est probable qu'il n'existait
plus, puisque ses deux frères Pierre et Bernard vendirent
seuls, en 1068, aux comtes de Barcelone, ce qui leur appar-
tenait dans le comté de Razès et dans celui de Carcassonne
(H. de L., III, 549).
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Pendant que les descendants de Roger 1 jouissaient


d'une partie du Razès, dans le voisinage de Limoux, les
descendants d'Eudes avaient entre les mains la plus impor-
tante partie de ce comté. En 959, Eudes devait être encore
jeune, puisque Arsinde, sa mère, se joignait à lui pour faire
un emprunt et donner en gage quelques terres du comté de
Razès (H. de L., III, 434). En 1002, en 1011, Roger 1
son frère, en fait mention comme étant en vie (H. de L.,
III, 474-479).
En 1017, on le voit faire un don à l'abbaye de Saint-
Paul de Narbonne (H. de L., III, 482). En 1035, Roger 1
son frère, le nomme dans un acte qu'il dictait pendant le
cours d'une grave maladie (H. de L., III, 500). Après cette
époque, le nom d'Eudes disparaît dans les chartes, et il est
probable que ce comte ne tarda pas longtemps à cesser de
vivre. Arnaud était le fils d'Eudes; on le trouve mentionné
dans deux actes : l'un de 1002, l'autre de 1017 (H. de L.,
III, 474-482). Sa vie ne dut représenter rien de remarqua-
ble puisque son nom ne figure que dans ces deux docu-
ments historiques.
Raymond 1 descendait à son tour d'Arnaud; il
vint prendre sa place dans les terres dont il avait l'adminis-
tration. Un acte de 1034 le désigne comme étant alors
propriétaire du Razès (H. de L., III, 494). Sa femme por
tait le nom de Beliarde. Ce Raymond eut à soutenir un
combat, dans son château de Redae (in castrum de Redae),
contre Arnaud Gibert, personnage inconnu, mais qu'on
suppose avoir possédé quelque seigneurie aux environs de
Rennes. Raymond avait tué son fils, on ne sait pour quel
motif; et Gibert, cruellement offensé par ce crime, voulut
se venger en livrant bataille au comte de Razès dans son
château. Le sort des armes ne fut pas favorable à Gibert, et
Raymond, croyant être redevable de sa victoire à la protec-
tion de saint Hilaire, vénérable évêque, inhumé dans un
monastère édifié sur les bords du Lauquet, fit un don aux
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abbés de ce couvent. Ce qui est rapporté par l'acte de 1034


semble dire que les comtes de Razès résidaient dans la
capitale de leurs domaines, puisque c'est là qu'un seigneur
du voisinage vint attaquer Raymond dans le but de le
faire expier.
A Raymond 1 succéda Raymond II, celui-ci eut une
existence qui ne fut traversée par aucun événement remar-
quable; il s'éteignit sans laisser de postérité. On fait men-
tion de ce comte dans un acte de 1059 (H. de L., III, 525).
Après la mort de Raymond II que devinrent les biens dont
il avait joui pendant sa vie ? Vaissette incline à penser que,
par suite d'un traité conclu entre Raymond II et Rangarde,
femme de Pierre Raymond, le comté de Razès devait pas-
ser entre les mains de cette dernière. Rien dans cet acte,
qui remonte à l'année 1059, ne semble autoriser une
pareille croyance : il est plus probable que la succession de
Raymond II devint la propriété des comtes de Carcassonne,
en vertu d'un traité conclu entre Roger 1 et Eudes,
lorsqu'ils eurent chacun à prendre une part dans le Razès
(H. de L., III, 474).
A quelle époque cessa de vivre Raymond II ? On
peut affirmer que sa mort dut arriver entre les années 1059
et 1067. Ce décès fut postérieur à 1059, puisqu'à cette
époque Raymond II et Rangarde, vicomtesse de Béziers,
firent ensemble un traité dont les historiens du Languedoc
ont conservé le souvenir; ce décès fut antérieur à 1067,
puisque dans la vente des terres de Carcassonne et du
Razès, qui eut lieu à cette époque, aux comtes de Barce-
lone, on ne dit rien de Raymond II.
Lorsque ce dernier s'éteignit, la famille comtale qui
jouissait des terres de Carcassonne hérita des biens dont il
avait eu la propriété; cette famille était alors divisée en
deux branches; l'une, celle qui descendait de Pierre-Ray-
mond, n'avait qu'un seul héritier mâle appelé Roger II
qui ne tarda pas à succomber; l'autre, celle créée par
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Guillaume-Raymond, était représentée par trois enfants,


dont l'aîné, portant le nom de Raymond-Guillaume, n'eut
pas une longue existence : Raymond-Guillaume avait en
son pouvoir un fief important qu'il céda avant de mourir,
en 1050, à son oncle Pierre-Raymond. Cefief était le village
de Magrie, aux environs de Limoux (H. de L., III, 514).
Les deux derniers enfants de Guillaume-Raymond
portaient les noms de Pierre et de Bernard. Ceux-ci reçu-
rent la plus grande part de la succession de leur père et
de Raymond II, comte de Razès.
«Vers le milieu du XI siècle, Guifred occupait le siège
archi-épiscopal de Narbonne. Ce prélat eut à lutter contre
les querelles que le vicomte de la ville métropolitaine se
plaisait à lui susciter. En 1059, ces querelles prirent un
caractère irritant; pour s'y soustraire, Guifred fut contraint
de s'éloigner de Narbonne et d'aller fixer provisoirement sa
résidence dans un village dont l'église n'était pas consacrée».
Quel était le nom de ce village ?
«Aucun document ne le dit, écrit Buzairies, on peut
néanmoins conjecturer que c'était à Rennes qu'alla s'éta-
blir Guifred, puisque les Archevêques qui l'avaient précédé
sur le siège qu'il occupait avaient choisi ce village pour y
transférer leur cathédrale, lorsque les discordes civiles les
forçaient de s'éloigner de la ville métropolitaine. Il faut
dire ainsi que Rennes avait deux églises, et que celle qui
sert aujourd'hui au service paroissial semble appartenir,
par le style roman, son architecture, à une époque rappro-
chée du XI siècle; c'est probablement celle qui fut consa-
crée en 1059».
Les enfants de Guillaume-Raymond descendirent
dans la tombe sans laisser de postérité; après avoir cessé de
vivre, les biens dont ils avaient usé passèrent entre les
mains de leurs parents mâles les plus rapprochés. Ainsi le
voulait le testament de Roger 1 comte de Carcassonne
vers le milieu du X siècle. Les parents mâles les plus
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rapprochés par les liens du sang de la famille comtale du


pays carcassonnais habitaient alors le château de Foix.
Ceux-ci, suivant les coutumes du droit féodal, auraient dû
hériter des terres de Carcassonne et du Razès, mais, parmi
les descendants de la famille comtale de Carcassonne se
trouvait alors une femme appelée Ermengarde, fille de
Pierre-Raymond et mariée avec Raymond-Bernard, vicom-
te d'Albi. Cette femme, d'un caractère ambitieux et entre-
prenant, mit tout en œuvre pour déshériter la maison de
Foix et garder pour sa descendance les biens de son père,
de son oncle et des héritiers d'Eudes dans le comté de
Razès. Le moyen qu'elle employa d'abord fut de chercher
un protecteur puissant en cédant, en apparence, les terres
de Carcassonne et du Razès aux comtes de Barcelone,
descendants par leur mère de Roger 1 et d'Adelaïde.
Tous les parents d'Ermengarde les plus rapprochés
donnèrent leur adhésion à l'acte qu'elle avait fait rédiger
(H. de L., III, 549); mais cette vente était à la fois illégale
et simulée; elle devait nécessairement donner lieu à des
contestations sérieuses.
S'apercevant, sans doute, que ce moyen était impuis-
sant pour faire taire les comtes de Foix, la vicomtesse
d'Albi se décida à conclure une vente réelle en faveur des
comtes de Barcelone. Ce nouvel acte fut encore approuvé
par tous les membres de la famille d'Ermengarde qui au-
raient pu avoir des prétentions sur les terres de Carcasson-
ne et du Razès.
La combinaison de tous ces moyens, pour faire passer
aux comtes de Barcelone les biens dont avaient joui les
descendants de Raymond-Roger et d'Eudes, prouve assez
qu'en agissant de cette manière la femme du vicomte
d'Albi savait qu'elle violait l'une des volontés de son
bisaïeul Roger 1 comte de Carcassonne, et qu'elle devait
s'attendre à entrer en guerre avec la maison de Foix.
Vic et Vaissette (H. de L., III, 362) nous donnent la
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lecture de cet acte : «En 1067, le vicomte Raymond-Ber-


nard et Ermengarde, sa femme, vendirent au comte et
comtesse de Barcelone, par un acte différent, le comté de
Razès avec ses dépendances, les deux châteaux de Razès,
tous les autres châteaux de ce comté; les abbayes qui en
dépendent, avec leurs alleux, dîmes, prémices, oblations
des fidèles», etc, et enfin tous les droits seigneuriaux et le
domaine du comté et de la vicomté du Razès bornés,
suivant l'acte, par le comté de Narbonne au levant, ceux du
Roussillon, du Conflent et de Cerdagne au midi, celui de
Toulouse au couchant et enfin de Carcassonne au nord».
Les territoires furent cédés pour la somme de onze
cents onces d'or.
Relatant l'existence de ce document, Louis Fédié
s'exprime ainsi : «Le 6 de nones (2 mars) de l'an 1067,
Ermengarde, fille de Pierre-Raymond, comte de Carcas-
sonne, et son mari, Raymond-Bernard, vicomte de Béziers
et d'Albi, vendirent à Raymond-Roger, comte de Barcelone
et à Almodis, sa femme, le comté de Rhedae avec toutes
ses dépendances. Voici dans quels termes est rédigé cet
acte : «Vendimus tibi totum commitatum de Rhedae
eum omnibus suis pertinentibus, et ipsosembos castros de
Rhedez...»
«Il y a dans cette vente, écrit Fédié, une chose bien
significative et à laquelle ne se sont pas arrêtés les histo-
riens et les chroniqueurs, ce sont les mots, ambos castros
de Rhedez, que l'on a traduits par les mots : les deux
châteaux (dixit Vie et Vaissette). D'après nous, on remar-
que dans le texte si clair et si complet de cette vente qu'il
n'est pas question, comme dans d'autres documents au-
thentiques datant de la même époque, de la cité de Rhedae
proprement dite. Cet acte, dans lequel tout est minutieu-
sement détaillé, ne dit pas cependant en formes textuels :
«vendimus tibi civitatem de Rhedae». Or, une telle lacune
ne peut pas exister.
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«Par conséquent, cette locution de civitatem de Rhe-


dae, que l'on s'attend à trouver dans cette vente, est rem-
placée par cette autre locution plus explicite : ambos
castros de Rhedez.
«Voici l'explication de cette variante, de cette nouvel-
le désignation. Ces mots ambos castros de Rhedez, signi-
fient les deux villes fortifiées de Rhedae, c'est-à-dire les
deux cités jumelles, la ville haute et la ville basse, ainsi
qu'on a pu le dire deux siècles plus tard, de la ville de
Carcassonne.
«Nous n'insisterons pas plus longuement sur ce point
capital qui jette un jour tout à fait nouveau sur la cité de
Rhedae. Nous cherchions des preuves à l'appui de notre
thèse sur la confirmation de Rhedae, sur l'existence simul-
tanée de la cité wisigothique bâtie dans la plaine et de sa
forteresse bâtie sur le mamelon, et qui, enserrées toutes
dans un ensemble de fortifications, formaient deux villes
dans une seule ville. Cette preuve, là voilà : elle est dans la
vente de 1067 !»
Cette dernière assertion ne peut, il faut en convenir,
emporter notre adhésion. Fédié, tout au long de son étude
sur Rhedae s'obstine à accentuer outre mesure l'impor-
tance de Rhedae. Pour des motifs propres à l'auteur, ce
dernier tient absolument à démontrer que Rhedae était
plus important (politiquement et économiquement) que
Carcassonne. Prouver le contraire ne serait pas juste, il
convient seulement d'y voir un parallèle d'importance
entre ces deux cités, sur une période relativement courte,
approximativement entre 815 et 1070, c'est-à-dire durant
la véritable période comtale.
La preuve est faite que le piton voisin (le Casteillas)
était occupé par un fortin défendant la citadelle de Rhedae
sise à quelques centaines de mètres sur une colline plus
considérable.
D'ailleurs, est-il besoin de préciser, ces lieux ne
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a été écrite d'après :


- Les Archives de l'Eglise;
- Les papiers personnels de Bérenger Saunière;
- Les études inédites de l'abbé Boudet;
- Le dossier privé de Louis Lawrence;
- Les lettres ministérielles de Colbert;
et les témoignages les mieux confirmés...
Bérenger Saunière était curé de Rennes-le-Château,
modeste commune de la haute vallée de l'Aude, entre Quillan
et Limoux, depuis le 1 juin 1885, lorsqu'en procédant à
divers travaux dans son église, il trouva un trésor sous le
maître-autel. On sut plus tard qu'il s'agissait d'un magot
caché sous la Révolution...
Par la suite, soulevant une dalle fort antique, il décou-
vrit un accès le conduisant à la crypte du sanctuaire. Du
même coup, Bérenger Saunière se trouva plongé dans un
univers dont son esprit avisé sut tirer tout le parti.
Loin d'une petite histoire locale brillante mais sans
conséquence, l'aventure vécue par l'abbé Saunière, entre
1886 et 1917, prit des proportions qui débordèrent nos
frontières.
Les médisants prétendaient que l'abbé Saunière, était
voué au diable, les mystiques étaient persuadés qu'il s'était
vendu à de puissantes sociétés secrètes. Mais tout le monde
s'accordait et s'accorde, encore de nos jours, à lui reconnaître
la disposition d'une fortune réputée inépuisable.
Sans préjugés et sans esprit de chapelle, Pierre Jarnac a
fait œuvre d'historien. Il s'est farouchement éloigné des
racontars colportés depuis plus de trente ans. Ce livre qui
traite de tous les thèmes de Rennes sera considéré, par tout
lecteur honnête, comme une étude déterminante et four-
nissant, enfin, des réponses.
«Que pourrait-on encore écrire
sur Rennes-le-Château, après le
NA
O
TINALEDE c.» Henri Buthion
Participant d’une démarche de transmission de fictions ou de savoirs rendus difficiles d’accès
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