ARCHITECTURAL DIGEST LES PLUS BELLES MAISONS DU MONDE

MAI /JUIN 2023
FRANCE Nº 178

DESIGN
LES CRÉATEURS
VERTUEUX À SUIVRE

MILAN
LE STYLE TOUTES LES PIÈCES
INCONTOURNABLES

RÉINVENTÉ
CLASSIQUE, BRUT, CHIC…
LA NOUVELLE HARMONIE DES
SIGNATURES FORTES ET LIBRES

OUTDOOR
3 TENDANCES POUR
DES JARDINS AUX
COULEURS DE L’ÉTÉ
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Photos : Flavien Carlod, Baptiste Le Quiniou, non contractuelles.
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our ce printemps, nous avons
imaginé un numéro qui fait
la part belle à ces créateurs
qui expérimentent les matériaux
de demain afin de proposer
un design à l’empreinte plus
verte. D’Athènes à Paris
en passant par Berlin, Marseille
ou Amsterdam, ils subliment
les rebuts, développent
des matières compostables, compensent leurs émissions
de CO2, privilégient des technologies durables tout
en optant pour des modes de production responsables.
Un thème également au cœur de l’Exposition
internationale d’architecture de La Biennale de Venise,
qui affiche une neutralité en carbone certifiée et
qui a construit ses pavillons en recyclant ceux de la
dernière édition artistique.
Marina Hemonet
Head of Editorial Content
AD 178
L’édito
Un monde
plus vertueux
C’est aussi le parti pris de l’agence indienne Case
Design, qui a livré au large de Mumbai une maison
eco-friendly, aussi respectueuse de l’environnement
que possible et prônant une certaine vision du
slow living. Une recherche de tranquillité assumée
que l’on retrouve dans certaines des maisons
que nous vous faisons découvrir ce mois-ci, de celle
pensée en Corse par Antoine Simonin, de Studio Asaï,
où la mer fait partie intégrante du décor, à celle
des photographes Inez et Vinoodh dans les Hamptons,
nichée dans un écrin de verdure dont le jardin clos
s’inspire du jardin cubiste de la Villa Noailles, à Hyères,
à l’honneur dans nos pages pour son centenaire
cette année. Un jardin au centre de notre sélection
spécial outdoor, qui propose la panoplie parfaite
pour upgrader son extérieur. Sans oublier notre autre
guide phare de ce numéro, consacré aux pièces à
retenir du Salon de Milan. Bonne lecture !
13

38
Guillaume De Laubier ; Alex Socks
p. 15 Édito
p. 30 Ils ont participé à ce numéro
Journalistes, photographes,
stylistes : ils ont du talent, nous
travaillons ensemble.
L’univers AD
p. 38 Nos dix envies du moment
L’hôtel R 48 à Tel-Aviv, la vente
Christie’s du mobilier de Jacques
Garcia au château du Champ
de Bataille, la galerie parisienne
de Maxime Flatry…
p. 50 Objets de désir
Accessoires, luminaires,
meubles de créateurs…
les plus belles nouveautés.
p. 60 Salon de Milan :
les incontournables
Notre sélection des créations
les plus emblématiques
du grand rendez-vous annuel
milanais.
p. 70 L’âge de bronze
L’architecte David Adjaye
perfectionne l’art de la surprise
à la nouvelle Carpenters
Workshop Gallery de Londres.
AD 178
Le sommaire
p. 72 Pour un design vertueux
À Paris, Berlin, Athènes, Venise,
New York… 12 créateurs
engagés proposent un design
à l’empreinte plus verte.
p. 86 Un siècle de villa Noailles
Cette année marque le centenaire
de ce lieu unique où s’est écrit
et s’écrit encore tout le
foisonnement artistique et
culturel des XXe et XXIe siècles.
17
 AD 178
Le sommaire

96

p. 90 Une villa érudite
et moderniste
Sur la côte belge, un joyau Art déco
de l’architecte Henry Van de Velde
retrouve son lustre d’antan.
128
p. 106 Une simplicité majestueuse
En Italie, dans la campagne
siennoise, une rénovation
contemporaine rend hommage
à l’architecture médiévale du lieu.
Alice Mesguich ; Archives Evelyn Hofer ; © Georgia Hopkins, It’s Beautiful Here @_itsbeautifulhere
p. 122 L’auberge portugaise
À Melides, au Portugal, Christian
Louboutin ouvre son premier
hôtel dans une riche palette
de couleurs.

p. 96 Pierre Chareau,
l’espace en liberté
Une monumentale monographie
retrace, de Paris à New York,
le parcours singulier de
l’architecte autodidacte.
p. 100 Une vision du slow living
En Inde, au large de Mumbai,
une maison conçue par l’agence
Case Design, accorde le plus grand
respect à l’environnement.
Le guide AD
p. 112 Le laboratoire du futur
La Biennale d’Architecture
de Venise 2023 se place
sous le signe du changement…
et de l’imagination. p. 128 L’invitation au voyage
De la Grèce à l’Espagne et l’Italie,
p. 116 La modernité trois ambiances pour meubler
d’Eduardo Chillida son jardin aux couleurs de l’été.
Au Pays basque espagnol,
le musée Chillida Leku
célèbre les 100 ans de la naissance
du sculpteur.

18
 AD 178
Le sommaire
156
136
Le style AD
Dans les Hamptons,
en Corse, à Venise, à Paris…
6 maisons d’exception.
p. 136 Rustique minimal
Dans la baie de Porto-Vecchio,
Studio Asaï livre sa vision
d’une maison d’été intégrée
à son environnement.
p. 146 Faste à l’italienne
À Venise, sur le Grand Canal,
l’architecte d’intérieur
Vincenzo De Cotiis fait dialoguer
les époques d’un somptueux
palazzo baroque.
p. 156 En quête de beau
Sur l’île de Long Island, le couple
de photographes Inez et Vinoodh
nous ouvre sa maison, conçue
comme un écrin pour sa
collection d’art très personnelle.
22
p. 166 Une oasis brutaliste
À Milan, une maison de ville
imaginée par l’architecte
Vittoriano Viganò dans les années
1970 reprend vie sous l’œil averti
des fondateurs de la griffe BOYY.
p. 176 L’esprit du Sud
Le couple de décorateurs Dahlia
Hojeij et Augustin Deleuze
célèbre son amour pour la Côte
d’Azur et le style Art déco,
dans un appartement avec vue
sur la Baie des Anges, à Nice.
p. 186 Plein la vue
Comme dans un décor de cinéma,
un appartement ouvert sur Paris
se voit sublimé par le directeur
artistique Felipe Oliveira Baptista
et son épouse Séverine.
Stephen Kent Johnson ; Simon Watson ; Adrien Dirand
ARCHITECTURAL DIGEST LES PLUS BELLES MAISONS DU MONDE
MAI /JUIN 2023
FRANCE Nº 178
DESIGN
LES CRÉATEURS
VERTUEUX À SUIVRE
MILAN
LE STYLE TOUTES LES PIÈCES
INCONTOURNABLES
RÉINVENTÉ
CLASSIQUE, BRUT, CHIC…
LA NOUVELLE HARMONIE DES
SIGNATURES FORTES ET LIBRES
OUTDOOR
3 TENDANCES POUR
DES JARDINS AUX
COULEURS DE L’ÉTÉ
VISITES PRIVÉES
À NICE, PARIS, VENISE,
EN CORSE, DANS LES HAMPTONS…
6 INTÉRIEURS BIEN INSPIRÉS
N° 178 — MAI / JUIN 2023
EN COUVERTURE,
un appartement dans un
palazzo vénitien revu
par l’architecte d’intérieur
Vincenzo De Cotiis,
photographié par Martin
Morrell.
On poursuivra conformément aux lois la reproduction ou la
contrefaçon des modèles, dessins et textes publiés dans la publicité
et la rédaction d’AD®© 2023. Les Publications CONDÉ NAST
S.A.S Tous droits réservés. La rédaction décline toute responsabilité
pour tous les documents, quel qu’en soit le support, qui lui seraient
spontanément confiés. Ces derniers doivent être joints à une
enveloppe de réexpédition prépayée. Droits réservés ADAGP pour les
œuvres de ses membres.
Ce numéro comporte un encart abonnement jeté dans les ventes
France, un encart abonnement jeté dans les ventes Suisse et dans les
ventes Belgique. Le papier utilisé pour ce magazine est recyclable et
renouvelable. Il a été produit avec du bois en provenance de forêts
gérées durablement et dont la pâte a été blanchie sans chlore. Les
usines sont certifiées par des tierces parties indépendantes selon les
normes ISO 9001, Assurance Qualité, et ISO 14 001, Environnement.
NUMÉRO 178 – MAI / JUIN 2023 ARCHITECTURAL DIGEST LES PLUS BELLES MAISONS DU MONDE

DIRECTION RÉDACTION FRANCE PÔLE TALENTS

Présidente et directrice de la publication Head of Editorial Content Senior Entertainment Editor
Natalia Gamero del Castillo Marina Hemonet Winta Ghebre
Assistante de direction Viviane Amans PÔLE IMAGE
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Directrice de la diffusion et du marketing clients photos de Condé Nast
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Dominique Dirand Laure Fournis
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Art Production Designer
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Léa Milteau Cheffe de fabrication Sabine France
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Editorial Assistants DIFFUSION / MARKETING CLIENTS
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LES PUBLICATIONS CONDÉ NAST S.A.S.
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Beauty & Lifestyle Murielle Mucha
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Équipe commerciale Fashion, Luxury & Beauty
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Claudia Micheloni – michelonic@gmail.com, Laura Newrzella Modlina 11, 30-733 Cracovie, Pologne
Laurent Bouaziz – lbouaziz@llbcom.com,
Production Director AD Europe Dépôt légal mai 2023
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Michael Gschrei Commission paritaire: 0925 K 79499.
Marché de l’art Diff usion MLP I.S.S.N. 0990 - 977X
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Thomas Skroch (Lead), Anna Busch Destination Média – 01 56 82 12 06
Immobilier Yves Le Grix
Administratrice des ventes & Business Analyst Art Department Europe
Nathalie Seco Viviana Tapia (Lead), Selina Lang
Le papier utilisé pour cette parution:
Audience Development Europe pour la couverture, provenance Autriche, ptot: 0,051 kg/tonne.
Directrice de la Stratégie Media Victoria Bravo Taux de fibres recyclées 0 %
Viktoria Vokrri pour l’intérieur, provenance Finlande, ptot: 0,005 kg/tonne
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Responsable Opérations Natives Nour Eido Felix Wagner (Allemagne)
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Directrice Event & Partenariat Jennifer Ingrand malgré ces précautions, vous avez une remarque à faire, vous nous
rendriez service en écrivant au BVP, BP 116, 75722 Paris Cedex 15
Ont collaboré à ce numéro
Sarah de Beaumont, Noelann Bourgade,
Romain Courtemanche, Elena Dallorso, Adrien Dirand,
Oscar Duboÿ, Annabelle Dufraigne, Serge Gleize,
Stephen Kent Johnson, Andreas Kühnlein, Iñaki Laguardia,
Aurore Lameyre, Gianluca Longo, Hannah Martin,
Alice Mesguich, Martin Morrell, Laurence Mouillefarine,
Kanika Parab, Alessandra Pellegrino, Sybil Perrin,
Patrizia Piccinini, Ellie Pithers, Valentina Raggi, Markel Redondo,
Michael Reynolds, François Rouzioux, Mayer Rus, Ashish Sahi,
Matthieu Salvaing, Anouk Sarfati, Mario Suárez, Ambroise Tézenas,
Marius Thies, Dana Thomas, Simon Watson, Sylvie Wolff, Max Zambelli

PÔLE TRADUCTION
Senior Adaptation Editor Étienne Menu
Adaptation Editors Chantal Bloom (Lead),
Julie Ackermann, Nelly Fourment, Hervé Loncan, Sarah Mandois,
Sandra Proutry-Skrzypek, Dario Rudy

AD – Parution bimestrielle
3, avenue Hoche, 75008 Paris – 01 53 43 60 00
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 NUMÉRO 178 – MAI / JUIN 2023 ARCHITECTURAL DIGEST LES PLUS BELLES MAISONS DU MONDE

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 AD 178
Les contributeurs
Ils ont
participé à ce
numéro
PAR Anouk Sarfati
Hannah
Martin
Hannah Martin parcourt
le monde à la recherche de
maisons incroyables. Attirée
par les demeures d’artistes
et de designers, cette rédactrice
d’AD US « adore visiter les
intérieurs et les environnements que
les créatifs imaginent pour eux-mêmes ».
Spécialisée en design
contemporain et historique,
elle est allée pour AD à la
découverte d’un palais vénitien
du xve siècle revu par Vincenzo
de Cotiis. « C’est un architecte
extrêmement talentueux, confie-t-
elle. Je suis émerveillée par la façon
dont il met en phase des espaces
historiques avec la mode
contemporaine, en mixant des
matériaux inhabituels comme le
métal poli miroir et la fibre de verre
peinte à la main avec des marbres
et des étoffes luxueuses. »
30
Matthieu
Salvaing
Depuis plus de vingt ans,
Matthieu Salvaing sillonne le
monde avec son appareil photo
et l’idée de saisir l’âme des
lieux. C’est finalement au Brésil
qu’il découvre la photographie
d’architecture. Ce mois-ci, le
talent de ce photographe est
mis à l’honneur, lui qui a été
« frappé par la personnalité que
Séverine et Felipe Oliveira Baptista
ont insufflée à leur appartement ».
De cette expérience, il retient
une vue époustouflante, mais
surtout « la chaleur et l’atmosphère
de ce lieu unique et personnel »
– un reflet, selon lui, de leur
dialogue artistique. En juin,
Matthieu Salvaing sera exposé
à la Carpenters Workshop
Gallery de Paris et son livre
Beyrouth Modernist paraîtra à
l’automne aux Éditions Norma.
Simon
Watson
Né à Dublin, Simon Watson
a vécu à Paris, à Rome et en
Sicile. Mais c’est à New York,
où il s’est brièvement installé
à la fin des années 1980,
qu’il a commencé sa carrière de
photographe. Pour ce numéro,
il a capturé une villa colorée
à Milan, qui symbolise pour lui
« la rencontre parfaite du confort,
de la sophistication et du design.
Le mouvement de la lumière dans les
pièces au cours de la journée confère
un air de mystère et d’élégance
à l’ambiance générale des lieux. »
Simon Watson, qui est
aujourd’hui de retour à Dublin,
n’a cessé de voyager
à travers la photographie
et travaille actuellement sur
plusieurs projets de livres
au Caire, à Paris et dans
le Latium, en Italie.
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FAUTEUIL TORII | DESIGN NENDO
PETITE TABLE BOTECO | DESIGN MARCIO KOGAN / STUDIO MK27
DÉCOUVREZ-EN PLUS DANS MINOTTI.COM/CONNERY
 AD 178
Les contributeurs
Romain Laurence
Courtemanche Mouillefarine
Du reportage au portrait en
passant par l’architecture,
le photographe Romain
Courtemanche, originaire de
Toulouse, marie les genres,
alternant projets personnels et
commandes. Dans nos pages,
il immortalise l’appartement
solaire du couple de décorateurs
parisiens Dahlia Hojeij et
Augustin Deleuze, qui offre sa
vue inoubliable sur la Côte
d’Azur. Un écrin à l’atmosphère
Riviera, soigneusement décoré
dans les styles Art déco et
vénitien. « J’ai vite été séduit
par le charme et l’élégance subtile
de cet appartement, confie le
photographe. Éclairé par la
lumière chaleureuse du Sud et ouvert
sur le bleu de la Méditerranée,
il recèle une atmosphère qui invite
à vivre de douces journées. »
32
Laurence Mouillefarine écrit
pour AD depuis son premier
numéro. Journaliste spécialisée
dans le marché de l’art, elle
publie des monographies et des
catalogues d’exposition sur les
bijoux de la période Art déco
et collabore à La Gazette Drouot.
Dans cette édition, Laurence
Mouillefarine signe un texte sur
un livre consacré à l’architecte
français Pierre Chareau.
« J’ai été impressionnée par le travail
colossal que cette étude a demandé,
témoigne la journaliste. J’ignorais
notamment que le décorateur avait
passé dix ans aux États-Unis. Lui qui
avait travaillé à Paris pour des
commanditaires fortunés, se retrouva
là-bas à construire des maisons pour
des artistes fauchés, tel le peintre
Robert Motherwell. Et tout cela sans
parler anglais ! »
Philippe Colin-Olivier
Adrien
Dirand
Après des études de cinéma
et d’arts graphiques à Paris,
Adrien Dirand choisit d’exercer
la photographie. Depuis vingt
ans, il collabore avec la presse
ainsi que de nombreux
architectes, artistes et designers.
Récemment, Adrien Dirand
a fait ses « premiers pas sur le sol
corse » pour y photographier
une maison d’été. Un projet
qu’il a partagé avec l’architecte
de Studio Asaï, « le talentueux »
Antoine Simonin, qui signe
« une villa à flanc de colline,
face à la Méditerranée d’un côté,
sur les rives du golfe de Porto-Vecchio,
et de l’autre côté sur les sommets
de la Haute-Corse du Sud,
où viennent s’accrocher les nuages,
entre les embruns, le clapotis
de l’eau, l’odeur des pins et du
maquis, et les moustiques. »
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TOUT CE QUE L’ON AIME EN CE MOMENT

Le premier hôtel du créateur Christian Louboutin,
le mobilier de l’architecte David Adjaye, les nouveaux
designers vertueux, les 100 ans de la Villa Noailles…
 L’UNIVERS AD
Le top 10

Nos
10 envies du
moment PAR Oscar Duboÿ, Annabelle Dufraigne,
Serge Gleize, Fanny Guénon des Mesnards,

RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski / Henri-Edmond Cross

Laurence Mouillefarine, Sylvie Wolff

Se replonger dans la modernité

de Pierre Paulin
Cinquante ans après leur création, le bureau élyséen de François
Mitterrand et son fauteuil canné dessinés par Pierre Paulin
en 1983 sont enfin édités par son fils Benjamin, en collaboration
avec le Mobilier National. « Mon ambition est de mieux faire connaître
l’œuvre de mon père, que l’on enferme à tort dans les années 1960-1970 alors
qu’il a su évoluer et se renouveler toute sa vie. » En témoigne ce modèle
incroyablement audacieux, tant par sa structure que par ses
couleurs – empruntées à la savonnerie de Charles Le Brun
présente dans le bureau présidentiel. Le fauteuil pivotant à double
cannage s’inspire, lui, à la fois d’une assise Régence et de
la chaise à coque de Ray et Charles Eames. Une seconde vie
ô combien méritée pour ces icônes du design, éditées aujourd’hui
à 30 exemplaires numérotés. S.W.
paulinpaulinpaulin.com

Explorer son île intérieure

Comme une mise en abîme, l’exposition L’île intérieure, à la Villa
Carmignac, interroge l’insularité. L’île, c’est ce territoire solitaire,
bordé d’eau, aux paysages souvent idylliques – à l’image de l’écrin
paradisiaque qu’est Porquerolles. L’île, c’est aussi soi-même,
à l’intérieur, à l’écart du réel. À travers 80 œuvres d’une cinquantaine
d’artistes, l’exposition propose un archipel d’interprétations de
l’insularité, matérielle et abstraite. Étranges, fragiles, captivantes…
D’Auguste Rodin à Roy Lichtenstein, peintres, sculpteurs
et photographes nous immergent dans leurs mondes flottants
hors des géographies et des temporalités connues. A.D.
L’île intérieure, du 29 avril au 5 novembre, Fondation Carmignac, Piste de la Courtade,
île de Porquerolles, 83400 Hyères. fondationcarmignac.com

38
L’UNIVERS AD
Le top 10

Mario Palmieri

S’éveiller au Bauhaus à Tel-Aviv

C’est le premier boutique-hôtel que le Studio Liaigre réalise à Tel-Aviv, et son premier hôtel
tout court. Restauré par le bureau d’architecture israélien AN + Agency, le R 48 possède
onze suites et un rooftop qui domine toute la ville. Palette chromatique jaune et verte, dalles
de travertin et de granit, mobilier en bois de tulipier et en noyer, tapis en soie… La beauté
des matières se conjugue à la pureté des lignes de l’ameublement et à ce culte de l’ascétisme
auquel le Studio Liaigre sait donner une empreinte particulière. Un projet sur mesure au
cœur de Tel-Aviv, dans un quartier baptisé « ville blanche », classé au patrimoine mondial de
l’Unesco, réputé pour ses immeubles Bauhaus et sa vie sociale et culturelle. S.G.
R 48, 48, boulevard Rothschild, Tel-Aviv. r48.co.il

40
 L’UNIVERS AD
Le top 10

Connaître la vie de château

Voici trois décennies, Jacques Garcia acquit le château du Champ
de Bataille, en Normandie, édifié par Louis Le Vau vers 1651
pour le comte Alexandre de Créqui. Folie ! Dès lors, le décorateur
se lança dans des travaux colossaux pour restaurer le domaine,
sa demeure, ses jardins et l’aménagea avec la flamme et le faste
qu’on lui connaît. Afin d’assurer la sauvegarde de son œuvre
et réunir des fonds, l’architecte d’intérieur, âgé de 75 ans, livre
aux enchères 75 meubles, sculptures et objets d’arts décoratifs

Sotheby’s / ArtDigital Studio

du xviie au xixe siècle… Particularité de ses trésors, la plupart
affichent une provenance royale ou du moins historique. En son
château, Jacques Garcia vit comme un prince. L.M.
Jacques Garcia/Intemporel, vente le 16 mai chez Sotheby’s, 76, rue du Faubourg
Saint-Honoré, 75008 Paris. sothebys.com

Réenchanter l’Art déco

Ouvert il y a moins d’un an dans le quartier des antiquaires de
la Rive gauche, à Paris, son bel écrin minimaliste continue
de faire sensation. Difficile de ne pas remarquer les vitrines de
la Galerie Maxime Flatry, où le maître des lieux crée des
compositions de mobilier avec un goût sûr, hérité entre autres
de son passé dans la mode et la joaillerie. C’est en parallèle
de son métier de styliste qu’il a commencé à collectionner,
achetant d’abord pour lui-même, puis pour revendre aux
marchands, poussé par une passion pour l’Art déco dont il
admire le raffinement exceptionnel. S’il avoue une petite
préférence pour Paul Iribe, cela ne l’a pas empêché d’être
très remarqué à la dernière TEFAF de Maastricht
grâce à un ensemble bureau-fauteuil d’Eyre de Lanux,
pour la première fois sur le marché depuis son achat par
Yves Saint Laurent et Pierre Bergé… il y a quarante ans. O.D.
Galerie Maxime Flatry, 33, rue Guénégaud, 75006 Paris. maximeflatry.com

42
 L’UNIVERS AD
Le top 10

Découvrir la céramique
de Benjamin Poulanges
C’est après dix ans de conseil dans l’univers
de la mode, du design et de la création
que Benjamin Poulanges s’est lancé dans
l’aventure de la céramique. En 2016, il
décide de mettre à profit sa sensibilité
créative en se formant à la manufacture
Rometti, près de Rome. Depuis, ses
objets – jarres, amphores, bols – sont
autant d’expressions de son style, libre
et maîtrisé, réfléchi et instinctif ; dans un
esprit à la fois rustique et ultra-contemporain.
Car la céramique de Benjamin Poulanges,
née d’un travail complexe de cuissons
successives, ne s’inscrit dans aucun cadre.
Elle appelle, par ses formes généreuses
et ses couleurs changeantes, à une rêverie
tourmentée, orageuse, où noirs
et bleus, mats et satinés, dialoguent
et se confrontent. A.D.
@benjaminpoulanges

Gestalten, 2023
S’inviter au jardin
Profusion d’herbes folles autour d’une maison victorienne,
installation millimétrée de palmiers à l’entrée d’un riad
marocain, poésie florale sur la lande hollandaise… The Avant
Gardens, publié aux éditions Gestalten, fait la part belle
aux jardins les plus avant-gardistes de la planète. Il est signé
John Tebbs, jardinier et écrivain britannique. Ce beau livre est
l’occasion pour ce passionné de développer la notion de « jardin
planétaire » amenée par Gilles Clément, jardinier français et
mentor de l’auteur, qui la définit comme « un moyen de vivre en
harmonie avec la nature, d’apprécier l’écosystème dans toute sa diversité,
d’agir en tant que jardinier et gardien ». Il y est donc question
d’environnement et d’innovation, mais avant tout, de beauté. A.D.
The Avant Gardens, John Tebbs, Gestalten, 256 pages.

44
www.baxter.it
L’UNIVERS AD
Le top 10

S’immerger dans l’art contemporain

Le rideau se lève enfin sur Ladbroke Hall. Où ? À Londres, Notting Hill. Pourquoi ?
C’est le projet titanesque qui a occupé les fondateurs de la Carpenters Workshop Gallery,
Julien Lombrail et Loïc Le Gaillard, ces dernières années. La belle bâtisse du début
xxe  siècle a été transformée en lieu pour la création tous azimuts, avec quatre grandes
pièces d’exposition, un espace dédié à la joaillerie et surtout deux salons privés imaginés
par Ingrid Donat et Vincenzo De Cotiis plus une terrasse signée Robert Stadler… pour
l’instant. Car un restaurant et un bar devraient suivre, faisant de Ladbroke Hall
un flagship d’un nouveau genre, assurément the place to be. Au programme en ce
moment, deux expositions : Sir David Adjaye (voir page 116) et José Zanine Caldas. O.D.
Ladbroke Hall, 79 Barlby Rd, Londres, Royaume-Uni. ladbrokehall.com

Courtesy of Carpenters Workshop Gallery

46
26 Rue Madame, Paris
 L’UNIVERS AD
Le top 10

S’initier aux arts verriers

Le nouveau Musée du Verre - François Décorchemont,
à Conches-en-Ouche, dans l’Eure, baptisé ainsi en hommage
au merveilleux maître des arts du feu originaire de la ville, a ouvert l’an
dernier dans un ancien hospice du xixe siècle. À peine inauguré,
l’établissement a attiré d’importantes donations, dont une collection
de 150 pièces artistiques à décor émaillé ou gravé signées Legras.
François-Théodore Legras, qui dirigea les manufactures réunies de
Saint-Denis et Pantin, fut l’un des verriers fondateurs de l’Art
nouveau avec Daum et Gallé. Il mérite d’être remis en lumière. L.M.

Conches, Musée du verre François Décorchemont / Paul Louis ; Guillaume De Laubier

Donation Verrerie Legras, du 13 mai au 26 novembre,
Musée du Verre - François Décorchemont, 25, rue Pierre-Guilbaud,
27190 Conches-en-Ouche. museeduverre.fr

Revenir à Venise
Sur la lagune, à quelques canaux de la place Saint-Marc,
le Nolinski incarne la Venise idéale. Au sein de
l’ancienne Bourse de Commerce, 43 chambres conçues
par le cabinet d’architecture Lecoadic Scotto tutoient
gondoles et vaporettos. Passé l’entrée, théâtrale avec sa
façade classée et ornée de chimères, l’art de vivre rime
avec l’art dans cette demeure digne d’un collectionneur.
Les espaces se succèdent, un caffè traditionnel
et son patio arboré, un bar-bibliothèque riche de
4 000 ouvrages, un spa La Colline et un amphithéâtre
transformé en restaurant. À la croisée des influences
italiennes, grecques et françaises, le chef Philip
Chronopoulos décline ses spécialités. Point d’orgue
de l’hôtel, le bassin révèle des splendeurs d’artisanat
d’art, où la céramique en feuille d’or répond à un savant
jeu de matières entre la pierre et le béton. F.G.M.
Nolinski Venezia, Calle Larga XXII Marzo-S. Marco 2 032, Venise.
nolinskivenezia.com

48
 A R T I S A N S D E VO S É M OT I O N S

Gamme Nouveau Lexus NX Hybride rechargeable : consommations mixtes combinées (L/100 km) et émissions de CO 2 combinées (g/km) selon norme WLTP : de 1 à 1,1 et de 22 à 25. *Vivez l’exceptionnel.

Pour les trajets courts, privilégiez la marche ou le vélo. Pensez à covoiturer.

Au quotidien, prenez les transports en commun. #SeDéplacerMoinsPolluer
 L’UNIVERS AD
Le shopping

LE MIROIR PÂQUERETTE
LE COUSSIN PRÉCIEUX On passe de l’autre côté du miroir
Un luxe baroque et poétique anime avec cette création d’Anna Aagaard
ce coussin en viscose et coton, Jensen, en mousse de polyuréthane,
velours imprimé à la main, polyst yrène, acier, fibre de verre,
qui reprend un design créé résine acrylique, peinture enduite de
LA TAPISSERIE SIGNÉE à Lucques, au XIVe siècle. polyuréthane, Flower Flower
Cette œuvre du peintre Square Cushion Helianthus Orange, on the Wall, 54 x 54 x 17,50 cm,
Pierre Boncompain, 53 x 53 cm, 287 €, DELPHOS . 2 800 €, ETAGE PROJECTS.
en fi ls de laine et soie,
illumine les murs
d’un jaune solaire.
La Tapisserie aux tulipes
jaunes, 163 x 185 cm,
19 000 €, LA ROMAINE
EDITIONS.

Objets
LA SUSPENSION FÉLINE
Une lumière chatoyante
de désir PAR Sarah de Beaumont assistée de Noelann
se dégage de cette lampe de Studio Bourgade, Aurore Lameyre
Terre en verre de Murano.
Olivier Pendant, à partir
de Ø 11 x 57 cm, à partir de 6 500 €,
STUDIOTWENTYSEVEN.

LE VASE ANTIQUE
Cette jarre en céramique
de Beatrice Bonino nous transporte
au pays d’Ulysse.
LE CANAPÉ ART DÉCO
Senza Titolo, 14 x 10,2 x 8,9 cm,
Maxime Boutillier réinvente
JACQUELINE SULLIVAN GALLERY.
le canapé avec ce dossier tout rond
habillé de tissus Dedar.
Badinage Sofa, 82 x 315 x 100 cm, prix
sur demande, STUDIOTWENTYSEVEN.

50
 L’UNIVERS AD
Le shopping

LES DORMEUSES ÉTHIQUES

En or rose 18 carats certifié
Fairmined serti de saphirs roses et de
diamants, des boucles d’oreilles
comme des valseuses.
Collection Haute Joaillerie, CHOPARD.

LA MARQUETERIE
DE MARBRE
Un panneau en
incrustation de marbre
à accrocher, comme
un tableau.
Ace of Cups,
70 x 45 x 2 cm, 5 600 €,
ALICE GUITTARD CHEZ
DOUBLE V GALLERY.

Courtesy Alice Guittard & Double V Gallery - Photographie de Jean-Christophe Lett ; photographie d’Alexandre Delamadeleine
L’ASSIETTE BUCOLIQUE
Délicate et colorée, cette assiette
en céramique a été réalisée à la main. LE BANC TRESSÉ
Campo de Fiori, Ø 20 cm, 40 €, Ce banc en fibre de yaré tissée a été
POPOLO. dessiné par Francisco Jaramillo.
Ibuju, à partir de 43 x 45 x 120 cm,
à partir de 1900 €, LOVE HOUSE NY.

LA LAMPE À PAILLETTES
Samuel Accoceberry et Bruce Cecere
signent cette lampe qui brille comme
une étoile. Pâte de verre texturée
et moulée avec sources LED,
boîtier acier patiné bleui et réflecteur
en tôle poli miroir irisées.
Rigel, 28 x 9 x 59 cm,
6 800 €, SB26.

LE SAC ETHNIQUE
Serré à la taille,
ce sac seau associe
avec finesse le crin
et le veau Barénia.
Mini Médor Crin,
14,5 x 14,5 x 15 cm,
9 000 €, HERMÈS.

52
 L’UNIVERS AD
Le shopping

LA BIBLIOTHÈQUE
LE VERRE DÉCORÉ
VERTE Peint à la main par Los Vasos
Grâce à la résine et à la de Agua Clara, ce verre
fibre de verre, Lukas fait jaillir l’eau douce.
Cober signe une étagère Soul Glass, 12 x 9 cm, 323,75 €
aux formes douces le set de six gobelets, ABASK.
et arrondies.
New Wave,
128 x 86 x 35 cm,
prix sur demande,
GALERIE GOSSEREZ.

LA CHAISE SCULPTURE
En bronze coulé au
sable et aluminium,
cette assise est l’œuvre
de Florence Louisy.
Tavit Armchair,
60 x 36 x 75 cm, 2 200 €,
AEQUŌ.

LE TAPIS GÉOMÉTRIQUE
Julie Chauvin fait vibrer les teintes
naturelles avec ce tapis en laine
fi lée et noué main.
Andrea, sur commande, à partir
de 2 065 € le m2, PARSUA
À LA GALERIE CHEVALIER.

L’HEURE BLEUE
LE DAYBED COQUILLAGE Grâce à son mouvement mécanique
Khaled El Mays convoque à remontage automatique,
le travertin jaune pour créer une cette montre bleu glacier affiche
banquette de repos accueillante. toujours la bonne heure.
Daybed, 200 x 57 x 38 cm, Oyster Perpetual Cosmograph
prix sur demande, NILUFAR GALLERY. Daytona, platine 950,
prix sur demande, ROLEX.

54
devon-devon.com
L’UNIVERS AD
Le shopping

LA TABLE BRANCHÉE
En bronze naturel
et cire, cette table
célèbre le printemps.
Primavera Table,
100 x 70 cm, prix sur
demande, OSANNA
VISCONTI DI MODRONE.

LA COUPE SURRÉALISTE
Sean Gerst ley revisite la jardinière avec cette
coupe en céramique émaillée.
Moment of Clarity, 55,9 x 55,9 x 66 cm,
11 064 €, SUPERHOUSE.

Courtesy of the artist and Superhouse

LE MOTIF ORIENTAL
Ce papier peint
impression
sur intissé de Mehmet
& Dimonah Iksel nous
invite au voyage.
Ottoman Tent Mehmet,
de 225 à 325 cm de h en
standard, à partir de
450 € par panneau de
90 cm de large, IKSEL.

LA CONSOLE ORGANIQUE
En grès et porcelaine, cette œuvre
d’Agnès Debizet semble réchappée
d’un monde perdu.
Aztèque, 90 x 135 x 30 cm, prix sur
demande, GALERIE MÉLISSA PAUL.

LA MÉRIDIENNE CORAIL LE CITRON EN TROMPE-L’ŒIL

Le designer Francis Sultana s’inspire de l’esprit Un air de Sicile plane avec
naturaliste pour dessiner cette chaise longue cet ornement de table en verre soufflé
en métal laqué, rotin et bronze. de Murano et argent massif gravé.
Luca, 81 x 194 x 82 cm, prix sur demande, BONACINA. 8,5 cm de h, 295 €, BUCCELLATI.

56
 L’UNIVERS AD
Le shopping

LE CARRELAGE IKAT
Ces carreaux de céramique émaillés
nous hypnotisent…
Checkered Tiles in Rust and Grey Blue,
14,9 x 14,9 cm, 275 € le m2, STUDIO GDB.

LE TABOURET
SERPENTIN
Des volutes de couleurs
serpentent sur ce bout
de canapé en
céramique et grès de
Marie Heughebaert.
Tabouret TP, Ø
23 x 39 cm, 2 200 €,
GALERIE KARINE JOUSSE.

LE FAUTEUIL CUBISTE
L’artiste Benjamin
Poulanges défie
la géométrie avec ce
fauteuil en acier LE MIROIR BAROQUE

Fabrice Gousset
Corten et tweed. Réalisé en impression
Origine, 71 x 60,5 x 79 cm, 3D et céramique
9 600 €, émaillée, ce miroir
Galerie NEGROPONTES. revisite les rocailles
d’un autre siècle.
Grotto Mirror,
80 x 100 x 15 cm,
prix sur demande,
NATALIA TRIANTAFYLLI
CHEZ MINT GALLERY.

LE COUSSIN RAYÉ
Des froufrous et
des volants en satin de
coton habillent
ce coussin aux couleurs
pop rembourré en laine.
LA TABLE ÉCAILLES
Iridis Stripe Medium,
Une marqueterie
45 x 45 cm, 243 €,
d’amazonite, d’onyx
HOUSE OF HACKNEY.
et de marbre habille
la structure en métal
de cette table de
Nina Debs x Studio Lél.
Gandhara Carapace
Table, 75 x 122 x 122 cm,
39 600 €, GALERIE BSL.

58
 FABRIQUÉ à BRIORD (Ain)

PUKKA YABU PULSHELBERG

 LE GUIDE AD
Le focus

Salon de Milan :
les incontournables
Canapés, tables, luminaires… tour d’horizon de nos plus belles découvertes
lors de la dernière édition du grand rendez-vous du design.
PAR Sarah de Beaumont assistée de Noelann Bourgade

HEA, Desalto
Table modulaire avec profilé métallique
en double T, plateau en verre miroir ou
béton coulé, pieds en acier recouverts de
laiton, design Francesco Rota, 400 X 100 CM.

Ettorino BIG, Catellani & Smith

Lampadaire avec base et structure Coco, Unopiù
en métal et laiton, tube en Chaise en métal tubulaire et
aluminium, design Enzo Catellani, corde en polypropylène, design
BASE 40 X 40 CM , À PARTIR DE 187 CM DE H . Andrea Andretta, 57 X 60 X 87 CM.
 Ottavia chair, Fendi Casa
Chaise avec structure en frêne
et assise rembourrée, tapissée en
micro-bouclé, design Cristina
Celestino, 47 X 52 X 81 CM.

Voulez-vous, Dedar
Tissu en coton recyclé et polyester, 131 CM.

Arbiter, Maxalto
Canapé avec châssis en acier et structure
en mousse polyuréthane moulée à froid,
coussins en tissus, design Antonio Citterio,
362 X 247 X 90 CM.

61
 LE GUIDE AD
Le focus

ROWS, Moroso
Table en MDF fini avec un placage de
chêne, design Patricia Urquiola, 240 X 100 CM.

Saint Jean, SICIS

Détail d’un mural en mosaïque
de verre et de Vetrite, 680 X 295 CM.

Terence, Armani Casa

Fauteuil avec repose-pieds, structure en teck
massif, base sculptée et dossier à effet tissé, tissu
effet satiné, FAUTEUIL 80 X 78 X 95 CM – REPOSE-PIEDS
80 X 55 X 40 CM.

Apacheta Low Table, Loro Piana

Table basse avec tissu alpaga et laine des Incas,
bois de chêne ciselé à la main et céramique
artisanale, design Cristián Mohaded, 137 X 85 X 30,5 CM.

62
 OUTDOOR SAUNA
DESIGN:
RODOLFO DORDONI, MICHELE ANGELINI

GRAPHIC DESIGN: ZUP

 LE GUIDE AD
Le focus

Hayama, Cassina
Meuble-bar avec structure en MDF,
verre extra-clair, laqué brillant, design
Patricia Urquiola, 113,6 X 145 X 51 CM.

Dezza, Poltrona Frau

Canapé 2 places en velours,
design Gio Ponti, 138 X 78 X 73 CM.

Ratio sofa, Turri Design

Canapé avec structure en
métal, cuir tressé, housse
de coussin en tissu, design
Toan Nguyen, 280 X 92 X 77 CM.
Neolith, Poliform
Table en orme noir ou marbre
travertin, design Emmanuel Gallina,
À PARTIR DE 240 X 115 X 74 CM.

64
 Synthesis Masterline Collection

unopiu.com

PARIS CANNES BORDEAUX MARSEILLE

212 Boulevard Saint Germain Palace Center 1, Z.I. des Tourrades 55 Rue de Touleyre 286 Avenue du Millet, Z.I. Les Paluds
75007 Paris 06210 Mandelieu 33140 Cadaujac 13400 Aubagne
 LE GUIDE AD
Le focus

Woody, R&D Giorgetti

Madame Butterfly, Flou Table d’appoint avec
Fauteuil avec cadre en contreplaqué, ceintures structure en cuir, métal
élastiques et rembourrage en résine polyuréthane enduit finition étain,
expansée à froid, revêtement en tissu ou cuir piètement en tôle enduite
entièrement déhoussable, tuyau tubulaire en métal finition étain, plateau
peint finition bronze anodique, pieds en PVC, en cuir, marbre ou noyer,
design The Touch Studio, 90 X 84 X H. 80 CM. 37 X 37 X 40 CM.

Calliope, Bisazza
Mosaïque de verre,
technique digitale,
tesselles, design Vincent
Darré, 2 MODULES
DE 129 X 290 CM CHACUN.

Mateo, Molteni&C
Table disponible en bois, bois laqué, marbre,
design Vincent Van Duysen, À PARTIR DE 74 X 220 CM.

Dahlak, Roberto Cavalli Home Interiors

Canapé avec structure en bois de peuplier
multicouche et mousse de polyuréthane recouvert
de tissu hydrofuge, housse amovible, 409 X 211 X 64 CM.

66
 LE GUIDE AD
Le focus

Donovan Roll, Visionnaire

Canapé modulaire avec structure en bois recouverte
de tissu matelassé, coussins en velours ou cuir,
support et base en acier inoxydable, lanières en cuir,
profil métallique et finition dorée, design La Conca,
332 X 110 X 80 CM.

Souffle d’Hermès, Hermès Miss Dior Sweet 2, Dior by Starck

Lampe en verre coloré soufflé, socle Chaise en cuivre rose et tissu bouclette,
en métal et cuir, éclairage LED, 54,6 X 56,9 X 89,7 CM.
design Harri Koskinen, Ø 17,3 X 25,3 CM.

Carlo, De Padova
Table en MDF laqué haute brillance
et pieds en thermoplastique,
design Tono Morganti & Renato
J. Morganti, H.72,5 X Ø 150/180 CM.

68
 L’UNIVERS AD
La collection
L’âge
de bronze
L’architecte David Adjaye perfectionne
l’art de la surprise à la nouvelle
Carpenters Workshop Gallery de Londres.
PAR Hannah Martin
L
’élément de surprise, c’est ce qui m’a toujours fasciné »,
confie David Adjaye. Et il suffit de jeter un
œil à ses précédents projets pour s’en convaincre.
Il y a l’Elektra House, construite en 1999 à Londres,
dont la façade sans fenêtres dissimule une demeure
familiale lumineuse et aérée. Ou encore le musée
national de l’Histoire et de la Culture afro-américaines,
inauguré en 2016 à Washington et enveloppé de
plus de 3000 panneaux d’aluminium couleur bronze,
semblables à de la dentelle. Sa nouvelle collection
70
DAVID ADJAYE à la
nouvelle Carpenters
Workshop Gallery
de Londres.
UNE CHAISE ET UNE TABLE
en bronze issues de
sa nouvelle collection,
Yaawa.
Billal Taright ; avec l’aimable autorisation de la Carpenters Workshop Gallery
de mobilier en bronze, Yaawa, est le dernier ajout
à sa série Monoforms. Composée d’une table et de
chaises de salle à manger, elle vient d’être présentée
pour la première fois le 28 avril, à l’occasion de
l’inauguration du nouveau flagship londonnien de la
Carpenters Workshop Gallery, au Ladbroke Hall
à Notting Hill, où la galerie a élu domicile.
Construit en 1903, le bâtiment a subi d’importants
travaux qui se sont échelonnés sur trois ans.
L’architecte d’origine ghanéenne, anobli par la reine
Élisabeth II en 2017, a supervisé la rénovation de
l’aile Est. Des espaces d’exposition dépouillés coexistent
désormais avec l’architecture originale de style
Beaux-Arts, se mêlant à des réalisations immersives
in situ, parmi lesquelles un restaurant et une salle
de conférences imaginés par Vincenzo De Cotiis, un bar
à tequila conçu par Michèle Lamy et Rick Owens,
et un jardin secret signé Luciano Giubbilei. Sur cette
toile de fond, les pièces de David Adjaye transmettent
ce qu’il décrit comme « des idées de lumière, de luminosité
et de texture, mais aussi de préciosité et de fragilité des
matériaux ». L’architecte a choisi le bronze à la fois pour
sa résistance et pour ses liens historiques avec
l’artisanat et l’armement: « C’est un métal noble qui a
un long passé en Afrique. J’ai voulu rendre hommage à
ce passé à travers la création d’une forme et d’une technique
qui off re également une utilité dans l’espace.»
 L’UNIVERS AD
Les portraits

Pour
un design
vertueux
D’Athènes à Paris en passant par Berlin, les jeunes
talents du design explorent de nouveaux matériaux
et des modes de production responsables afin

Vyber ; Patricia Kvasnovska

de proposer un design à l’empreinte plus verte.
PAR Elena Dallorso, Valentina Raggi,
Mario Suárez, Marius Thies, Sylvie Wolff

LIGNE DE VAISSELLE
Collection 6,
de Vlasta Kubušová
et Miroslav Král.

Crafting Plastics ! Studio

Berlin-Bratislava
La démarche de Vlasta Kubušová et de Miroslav Král est révolutionnaire. Depuis 2016, les
designers mènent des recherches dans leur studio pour trouver des alternatives au plastique
classique, obtenu à partir de combustibles fossiles. Leur coopération avec l’université techno-
logique de Bratislava, en Slovaquie, leur a déjà permis de grandes avancées : ils ont développé
le Nuatan, un matériau bioplastique fabriqué à partir d’amidon de maïs, de sucre et d’huiles
alimentaires usagées. Celui-ci est compostable et ne laisse derrière lui aucun micro-déchet
plastique. Il est léger, stable et polyvalent. L’agence a déjà produit en petites séries des tables,
des étagères et de la vaisselle dans ce matériau. Le potentiel est infini… M.T.
craftingplastics.com

72
STYLING STUDIO SALARIS - PH. MATTEO IMBRIANI

C o l l e c t i o n 2 0 2 3 : Fr a m m e n t i Ve n e z i a n i - r u b e l l i . c o m
 L’UNIVERS AD
Les portraits

Nicolas Melemis ; Jérôme Sessini ; Mireiarm ; Mhuergao

Theodore Psychoyos
Athènes
« Less is more » a toujours été son mantra ! Né à Boston de parents
grecs, cet artiste designer qui a étudié la sculpture aux Beaux-Arts
de Paris s’est taillé une belle réputation depuis son exposition, en
2022, à la Carwan Gallery, à Athènes. Singulière, sa démarche
consiste à récupérer des blocs de marbre abandonnés par l’industrie
dans des carrières près de chez lui – sur la côte de l’Attique
en Grèce – et à les laisser presque en l’état. « J’aime l’idée de sublimer
des rebuts et de me confronter à cette matière première qui est la matrice de
la terre. » Altérés par des bactéries puis polis par le vent, le soleil et la
pluie, ces morceaux à la beauté imparfaite sont ensuite taillés à
ASSISE Eleftheria,
Variation 3 en marbre
la main, assemblés et métamorphosés en tables, chaises ou consoles
et roche de Tinos, de avec une économie de moyens qui force le respect. Des pièces
Théodore Psychoyos. monolithiques à la puissance quasi mystique ! S.W.
@theodore.psychoyos

Pròsper Riba ŒUVRE issue de la

Barcelone
collection Escates,
en verre soufflé par
Pròsper Riba en
collaboration avec le
Peu de gens osent aujourd’hui travailler le verre soufflé comme ce sculpteur David Roa.
Barcelonais, dont la mère, scénographe, l’a nommé d’après le protago-
niste de La Tempête, de Shakespeare. Formé à ce métier en Allemagne,
aux États-Unis et en collaboration avec le maître suisse Matteo Gonet,
il produit et distribue ses propres créations via sa marque The Glass
Apprentice, dont le nom, loin d’être fortuit, est plutôt une déclaration
d’intention, celle d’être un éter-
nel apprenti de cet art. Parmi ses
collaborations, citons le Musée du
verre Vimbodí (Tarragone), la
Verrerie royale de La Granja (Sé-
govie), et il vient de remporter le
Prix national de l’artisanat de Ca-
talogne 2022 (catégorie Entrepre-
neur). « Il y a ceux qui aiment les
chiffres. Moi, j’aime les formes et leur
exécution, quelque chose qui se produit
rapidement dans le verre soufflé. »
Doit-on voir dans sa démarche un
moyen de sauver les métiers an-
cestraux ? Visiblement. M. S.
theglassapprentice.com

74
 L’UNIVERS AD
Les portraits

Laguna~B
Venise
Marcantonio Brandolini d’Adda est un jeune designer et entrepreneur issu d’une
famille aristocratique italienne. En 2016, il reprend les rênes de Laguna~B, marque
d’objets en verre de Murano fondée en 1994 par sa mère, Marie Brandolini, célèbre
pour ses modèles Goti de Fornasa. Conscient de l’impact des fournaises des maîtres
verriers sur l’environnement, il met au point des initiatives écoresponsables à
l’échelle de la lagune, en cherchant à compenser les émissions de CO2 liées à la
production – l’empreinte carbone de chaque objet est chiffrée et déclarée. Il a
aussi lancé le projet Vital avec l’ONG We Are Here Venice, pour valoriser et sauve-
garder le « capital naturel » de Venise grâce à des projets artistiques et scientifiques.
Aujourd’hui, Laguna-B poursuit la tradition vénitienne du verre tout en s’ouvrant
à des éditions d’artistes et d’invités venus d’autres disciplines. V.R.
lagunab.com

MARCANTONIO

Jean-Guillaume Mathiaut BRANDOLINI D’ADDA

avec des vases

Fontainebleau
de Laguna~B.

Architecte, designer, sculpteur, ce créateur fait feu de

tout bois ! La forêt de Fontainebleau, dans laquelle il a
grandi, est son oxygène et sa principale source d’inspira-
tion. « Ce poumon vert nourrit ma pratique artistique. » Instal-
lé à proximité dans un atelier situé à Bourron-Marlotte,
il part chaque jour glaner des branches dénudées, des
souches abandonnées ou des troncs d’arbre tombés suite
à une tempête, qu’il transforme en « meubles paysages », à
l’instar de Brancusi, dont il revendique l’héritage. Des
créations taillées à la main et sculptées dans la masse qui

Alessandro Trevisan ; Cary Whittier ; Jean-Guillaume Mathiaut

explorent de nouveaux chemins, furieusement raisonnés.
Comme une allégorie de la forêt. S.W.
@jeanguillaume_mathiaut

JEAN-GUILLAUME MATHIAUT dans son atelier

de Fontainebleau. YUKO NISHIKAWA
et son installation
You See a Sheep.

Yuko Nishikawa
New York
Papier recyclé, verres de lunettes, argile et fil de fer sont les matériaux
avec lesquels l’architecte d’intérieur Yuko Nishikawa crée ses univers
fantastiques. Elle a construit son atelier new-yorkais à Williamsburg
en recyclant des matériaux démolis trouvés dans l’immeuble et l’a bap-
tisé Forest parce que les choses y poussent et s’y décomposent, nour-
rissant une nouvelle vie. Les visiteurs y découvrent quelque chose de
nouveau chaque fois qu’ils passent. Yuko a collaboré pendant neuf ans
avec la marque Donghia, elle y a appris auprès de maîtres artisans les
techniques du verre de Murano, l’ébénisterie, la métallurgie, le tissage,
le laquage et la dorure. Pour Calvin Klein Home et Anthropologie, elle
a produit des collections de céramiques et exposé ses œuvres dans des
galeries à Milan, à New York et dans le New Jersey. E.D.
yukonishikawa.com
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vraiment un sommeil parfait. Fruit d’un savoir-faire exceptionnel
et d’une sélection des meilleurs matériaux naturels, nos lits vous
apportent un bien-être incomparable, qui dure toute la journée.

PARIS | NICE | LYON *Dormez mieux vivez mieux

 L’UNIVERS AD
Les portraits

TABOURET Cork
de Tim Leclabart.

Alex Socks
Tim Leclabart
Paris
Il est l’un des 32 designers dont l’assise est entrée, l’an dernier, dans les collections du Mo-
bilier national. Une jolie reconnaissance pour ce trentenaire qui ne s’est pas affranchi pour
autant de ses responsabilités et qui veut œuvrer pour un futur durable. À partir des chutes
de noyer générées par la fabrication de son fauteuil Canné, il a réalisé le piètement de ce ta-
bouret Cork, sur lequel il a posé une galette en liège, une matière écoresponsable et renou-
velable. Bien décidé à poursuivre ses expérimentations, il planche aujourd’hui sur une chaise
bain de soleil fabriquée à partir de huit modules en liège ajustables – à l’image des ceintures
de natation avec flotteurs – et capables de se transformer en table basse en un claquement
de doigts. Un transat ludique, déjà en lice pour le concours Quercus Suber, en partenariat
avec la Villa Noailles, à Hyères. S.W.
timleclabart.com

78
 L’UNIVERS AD
Les portraits

Marjan Van Aubel

Amsterdam
Basée à Amsterdam, Marjan van
Aubel est souvent décrite comme
une designeuse solaire. Depuis
l’ouverture de son agence, elle
concentre ses recherches sur
l’énergie du soleil avec ses créa-
tions, ses installations et même
un livre, Solar Futures, How to De-
sign a Post Fossil Future with the Sun
(Comment imaginer un monde
post-fossile). Le livre raconte
comment, dans les temps an-
ciens, les gens « concevaient avec le
soleil », expliquant à la fois le statu

Sander Plug ; Angel Fernández Nuñez ; Marjan van Aubel ; Nagami

quo actuel et le potentiel futur. Parmi ses projets récents, Sunne,
une lampe qui s’alimente durant le jour en stockant l’énergie so-
laire pour éclairer la pièce le soir. De son côté, la lampe Râ – du
nom du dieu égyptien du Soleil –, de moins de 1 mm d’épaisseur,
utilise l’organique photovoltaïque de troisième génération, et ali-
mente un papier électroluminescent qui, lorsqu’il est éteint, crée
des ombres colorées. Sa production est circulaire, forcément. R.V.
marjanvanaubel.com

FAUTEUIL Rise
de Nagami x Zaha
Hadid Architectes.

Nagami
Àvila
Manuel Jiménez Garcia, Ignacio
Viguera Ochoa et Miguel Ángel
Jiménez García font partie de
cette agence de design innovante
à haut profil technologique dont
le travail a été exposé dans des
musées tels que le Centre Pom-
pidou à Paris, la Royal Academy
of Arts ou la Zaha Hadid Design
Gallery à Londres. Dans un pre-
mier temps, ils développent et
conceptualisent leur travail à
partir « du logiciel qui lui permet de
prendre vie », principalement avec
l’impression 3D, jusqu’à la fabrication à grande échelle. Cette
agence crée un type de mobilier très proche de ce que sera l’in-
dustrie de demain : plus technologique, plus efficace, plus du-
rable. « Nous explorons de nouvelles façons de créer des meubles et des
environnements qui repoussent les limites de l’imagination, dans des ter-
ritoires encore inexplorés », avancent-ils. C’est peut-être pour cette
LAMPE Râ de raison que Nagami compte parmi ses clients les designers Ross
Marjan Van Aubel. Lovegrove, Patrik Schumacher et Daniel Widrig. M.S.
nagami.design

80
 PAGE SPÉCIALE

La collection Marvel Travertine d’Atlas Concorde, fabricant

mondialement reconnu de surfaces céramiques, réinterprète
ce matériau noble, aussi intemporel que tendance, avec
la collaboration exceptionnelle d’HBA, cabinet de design
intérieur, qui signe ses 5 décors.

UN TRAVERTIN
nommé Désir
P
résentée lors de la dernière édition du Cersaie,
la collection Marvel Travertine d’Atlas Concorde
célèbre le travertin sous toutes ses formes et
introduit une collaboration inédite avec HBA, acteur majeur
du design d’intérieur dans le secteur de l’hôtellerie. Mus par
une passion commune pour le design d’excellence, les deux
experts ont associé leurs savoir-faire pour imaginer une série
de revêtements pour l’intérieur et l’extérieur conjuguant
l’esthétique de ce matériau noble avec la polyvalence et les
performances du grès cérame…
Déclinée dans une palette de couleurs aux tonalités chaudes
et essentielles – White, Sand et Pearl –, et deux finitions –
Vein Cut, une coupe transversale traditionnelle, ou Cross
Cut, une coupe perpendiculaire aux veines de la pierre –,
Marvel Travertine honore la noblesse du travertin. Témoins de
l’expérience et de la créativité des équipes engagées sur ce projet
d’exception, les décors éclectiques imaginés par HBA pour
Atlas Concorde posent quant à eux un regard contemporain sur
ce matériau millénaire. À découvrir : Tessellation – ci-contre
en image –, une mosaïque de triangles et de carrés emboîtés,
Basketweave un motif régulier entrelacé plus classique,
Chiselled Urban Grid, un décor minimal aux gravures verticales,
Diamond, un décor géométrique et raffiné ponctué d’inclusions
de métaux précieux, et enfin, Origami, une mosaïque de
losanges inspirée de l’art ancestral nippon…
Également proposée pour l’outdoor, la collection Marvel
Travertine présente la finition Vein Cut, à l’aspect strié typique,
pour les zones de passage ainsi que les espaces non carrossables,
et la finition Cross Cut, antidérapante et à l’apparence pierre
plus vraie que nature, pour les patios et les terrasses. Marvel
Travertine associe l’esthétique de cette pierre calcaire dotée
d’une surface naturellement poreuse avec les caractéristiques
du grès cérame, imperméable, résistant et facile à entretenir.
De quoi répondre à toutes les envies, sans contrainte technique.
www.atlasconcorde.com
 L’UNIVERS AD
Les portraits

NAPPE de Sarah
Espeute, brodée
main à partir de
tissus chinés en lin
ou en coton.

Manon Delaune ; Maxime Verret

Sarah Espeute
Marseille
Les textiles de Sarah Espeute prouvent que l’upcycling est à la fois actuel et inscrit dans une
tradition. La designeuse rachète sur des brocantes ou auprès de vendeurs privés dans toute
la France des nappes, des draps et d’autres textiles d’intérieur en coton ou en lin, mis au
rebut mais bien conservés. Puis elle les fait broder dans son atelier marseillais avec des
motifs illustrés : légumes, assiettes, couverts ou corps inspirés de Matisse. Une équipe de
brodeurs et de brodeuses réalise ces modèles aussi nonchalants qu’élégants. Grâce au succès
de la marque – la Française ouvrira bientôt sa première boutique à Marseille – la broderie
artisanale traditionnelle connaît même une petite renaissance dans la région. M.T.
oeuvres-sensibles.com

82
MOBILIER DE JARDIN POUR LA VIE
 L’UNIVERS AD
Les portraits

TABLE Retroplastico
(2017) de Duccio Maria
Gambi.

Álvaro Aramburu
Göteborg
Il y a plusieurs décennies, il était
de coutume dans l’industrie du
meuble de cacher le grain des
meubles en bois. Heureusement,
certaines créations comme celles
de ce designer espagnol non
seulement le font ressortir mais
le rendent nécessaire pour

Álvaro Aramburu ; Marina Desinova ; Duccio Maria Gambi

constater la qualité de l’œuvre. Ce
créateur travaille en étroite colla-
boration avec l’artisanat contem-
porain pour fabriquer « des objets
réf lexifs, qui vont du mobilier
d’occasion aux pièces conceptuelles »,
précise-t-il. Ces objets parlent aussi de sa formation à la HDK
Steneby School of Applied Arts, un complexe éducatif entouré de
forêts et de lacs au nord de Göteborg, en Suède. « Certains de mes
projets sont développés numériquement, d’autres à la main », ajoute
Álvaro Aramburu, et derrière chacun de ses designs, on retrouve
l’empreinte profonde de son élan d’artisan, de ce besoin de
montrer la noblesse du matériau. Comme il le dit : « Mes cuillères ne
servent à rien dans la cuisine et mes lampes n’éclairent pas le salon. Mais
leur inefficacité et leur fragilité sont essentielles à ma démarche. » M.S.
alvaro-aramburu.com

CUILLÈRE ROSE d’Álvaro

Aramburu.

Duccio Maria Gambi

Florence
Tel un alchimiste moderne, Duccio Maria Gambi expé-
rimente le mélange d’ingrédients aventureux pour créer
des objets à l’intersection de l’art et du design. Sa spécia-
lité : faire raconter des histoires complètement inédites
à des matériaux semblant ne plus servir à rien. Après
avoir travaillé en Hollande et à Paris, le designer a ins-
tallé son atelier dans sa ville natale de Florence, où il
réalise des lampes à partir de carreaux brisés ou des
tables à partir d’un mélange de déchets de plast iques
broyés et de béton – le tout fabriqué à la main, car dit-il
« c’est la partie magique de mon travail ». Pour la table basse
Retroplastico – une pièce unique pour la Nero Design Gal-
lery –, il a combiné de la pierre naturelle brute grise avec
des bandes de stratifié rouge vif. M.T.
ducciomariagambi.com

84
 L’UNIVERS AD
L’anniversaire

Un siècle
de villa Noailles

Romain Laprade ; Lothaire Hucki

L’histoire de la villa Noailles s’écrit dans
une période foisonnante de découvertes et
de grands bouleversements, le XXe siècle.
Cette année marque à la fois son centenaire,
les 50 ans de sa vente à la commune de
Hyères et les 20 ans de la création du centre 2
d’art contemporain, labellisé depuis d’intérêt
national. Rétrospective.

N
PAR Nicolas Milon ous sommes en 1923. Charles et Marie-Laure de
Noailles reçoivent en cadeau de mariage un vaste
terrain niché sur les hauteurs de la ville de Hyères.
1 Dans la foulée, le vicomte commande à l’architecte
Robert Mallet-Stevens les plans « d’une petite maison intéressante
à habiter ». Traduisez « un manifeste moderne
illustrant un nouvel art de vivre ». Fonctionnalité, style épuré,
luminosité, toiture-terrasse… dans cet écrin de béton,
Charles et Marie-Laure de Noailles mettent en scène les
principes fondateurs du mouvement rationaliste : confort et
hygiène. On cultive donc le corps et l’esprit au cœur de la
nature dans ce lieu de villégiature hors-norme et inclassable.
Les deux époux reçoivent amis, artistes et intellectuels de
1. PHOTOMATON de tous bords, contribuant à écrire un pan extraordinaire de
Charles et Marie-Laure l’histoire culturelle du XXe siècle. Ils constituent également
de Noailles dans la villa une immense collection, qui reflète tant leur volonté de
en 1929. 2. LA VILLA
NOAILLES en couleurs,
soutenir toutes les disciplines que le formidable éclectisme
en 2017, et en noir et artistique de la première moitié de ce siècle passé.
blanc, en 1928. Manifeste moderne à l’extérieur, maison-galerie à l’intérieur, →

86
 Souvent imité.
Jamais égalé.

Big Green Egg a conquis le cœur des chefs du monde
entier et équipe les cuisines des meilleurs restaurants.
Il vous permet de fumer, rôtir, mijoter, cuire et griller.
Facilement. Avec des saveurs comme vous n’en avez
jamais goûté auparavant. Le tout dans un appareil de
cuisson durable et de la plus haute qualité.
La céramique du Big Green Egg est fabriquée selon un
brevet de la NASA, ce qui en fait un appareil de cuisson
d’exception, très robuste, et offrant une performance
thermique inégalée. Pas étonnant que ce soit le kamado
préféré des professionnels. Et le vôtre.
Big Green Egg. Uniquement disponible en vert.

BIGGREENEGG.FR
 1. LE JARDIN cubiste réalisé par Gabriel
Guevrekian, 2013. 2. LA CHAMBRE en
plein air et le lit de Pierre Chareau, 1928.
3. EXPOSITION permanente, 2010.

Olivier Amsellem ; Thérèse Bonney ; Luc Bertrand

1

4. L’INSTALLATION
Sardine Sardine,
de Madeleine Oltra et
Angelo de Taisne,
Design Parade Toulon,
2022. 5. LE VESTIBULE
4 de la villa, 1928.

le Clos Saint-Bernard – son nom à l’époque – abrite les
créations de designers et d’artistes auxquels les Noailles
croient très tôt : de Marcel Breuer à Pierre Chareau, de Jean
Prouvé à Djo-Bourgeois, d’Eileen Gray à Jean Perzel et
Charlotte Perriand, de Sonia Delaunay à Raoul Dufy, Henri
Laurens, Constantin Brancusi, Alberto Giacometti, Piet
Mondrian ou Georges Braque… Lieu d’une vie culturelle
intense, les plus grands artistes y ont leur chambre réservée.
Salvador Dalí, Man Ray ou Francis Poulenc sont des habitués.
C’est ici que Jean Cocteau tourne son premier film, Le Sang
d’un poète, que Luis Buñuel et Salvador Dalí réalisent LÂge d’or.
Un lieu d’expérimentations et de révélations
Vendue à la municipalité en 1973, la villa, inscrite en 1975
et 1987 à l’Inventaire supplémentaire des Monuments
historiques après une longue période d’abandon et
de détérioration, est restaurée en plusieurs étapes par le
cabinet d’architectes de Cécile Briolle, Claude Marro et
Jacques Repiquet. Elle devient centre d’art et d’architecture
en 1996 et accueille des expositions temporaires d’art
contemporain, d’architecture, de design, de photo et de
mode. Sous la direction de Jean-Pierre Blanc depuis 2003,
l’originalité et la qualité de sa programmation – Festival
international de mode, de photographie et d’accessoires,
Design Parade Hyères et Design Parade Toulon –,
son soutien aux jeunes artistes et son rayonnement local,
national et international, lui valent désormais le label
Centre d’art d’intérêt national. Depuis vingt ans, les actions
entreprises par les Noailles sont perpétuées. Lieu
d’expérimentation pour les artistes confirmés et de révélation
pour les talents de demain, un siècle après sa création, la
villa continue d’écrire son histoire. Depuis le 30 mars,
une riche programmation rend hommage à son patrimoine
historique et à ses illustres propriétaires : de l’appartement
de Charles et Marie-Laure de Noailles revisité par Pierre
Yovanovitch à la reconstitution du mobilier de la chambre
d’amis conçu par Sybold van Ravesteyn en 1925, en
partenariat avec le Mobilier national, en passant par les
toujours très attendus festivals internationaux Design Parade
Hyères et Design Parade Toulon, présidés cette année
par Noé Duchaufour-Lawrance et Aline Asmar D’Amman.
Villa Noailles, 47, montée de Noailles, 83400 Hyères. villanoailles-hyeres.com

88
* Toujours mieux.

Une technologie intuitive

pensée pour vous.
Les appareils de cuisson Miele sont conçus pour vous inspirer
et pour laisser libre cours à votre créativité.
C’est cela, la qualité en avance sur son temps.

Miele. Immer besser.*

 L’UNIVERS AD
La découverte

Une villa érudite

et moderniste
Sur la plage de Knokke-Le-Zoute, un emplacement exceptionnel face à
la mer et un design emblématique, signé du célèbre architecte belge Henry
Van de Velde, font de la Villa Westhinder un véritable joyau de la côte belge.
PAR Nicolas Milon PHOTOS Alice Mesguich

D
ANGLES ARRONDIS,
ans les années 1920, Albert Saverys, l’un des principaux artistes belges de toit plat et façade
l’entre-deux-guerres, est connu pour son traitement de la couleur et sa en briques : la Villa
peinture inspirée tant par les paysages ruraux que par la ville, la mer et la Westhinder est
vie de pêcheur. Il est entouré d’un petit groupe d’amis composé de l’écrivain Stijn emblématique du style
paquebot… et l’une
Streuvels, de l’éditeur de mobilier sur mesure Jozef De Coene et du peintre, archi- des dernières maisons
tecte et décorateur Henry Van de Velde qui, en 1930, vient de réaliser le mono- de la côte belge.
gramme – toujours utilisé de nos jours – de la SNCB (Société nationale des chemins
de fer belges) et la construction de la Maison Wolfer, à Ixelles, une maison aux angles
arrondis et à toit plat de style moderniste. C’est à cette époque qu’Albert Saverys
lui confie la construction de sa maison à Knokke-Le-Zoute, face à la mer, bientôt
connue sous le nom de Villa Westhinder.
Neuf décennies plus tard, devenue entre-temps une propriété classée, la maison
a traversé le temps et les générations lorsque les petits-enfants d’Albert Saverys
font appel à l’architecte d’intérieur Aurélie Penneman pour sa rénovation. →

90
DANS LA SALLE À MANGER,
les tons jaunes et
orangés des rideaux
et du bois de sapelli
dialoguent avec ceux
des dunes, des ajoncs
et les bleus gris du ciel
et de la mer du Nord.
 L’UNIVERS AD
La découverte

« C’est une villa protégée, très connue en Belgique, qui de nos jours sert de maison de famille.
L’intérieur a été remanié au fil des ans, ce qui a entraîné l’effacement d’un certain nombre
d’éléments d’origine. Je me suis donc plongée dans l’histoire de la maison afin de retrouver
l’idée de départ de Henry Van de Velde. Rapidement, mon intention a été de lui redonner son
lustre d’antan et de l’adapter à un confort de vie contemporain, en ouvrant la cuisine pour
faire entrer la lumière et la connecter à l’espace de vie. »
D’époque ne demeurent qu’une exceptionnelle cheminée de style paquebot et
quelques meubles de De Coene – célèbre en Belgique pour son édition de pièces
de mobilier modernistes, de Robert Mallet-Stevens notamment. Ce style paque-
bot, déjà adopté par Henry Van de Velde pour la Maison Wolfer, est reconnaissable
à ses angles arrondis, tant sur la façade extérieure que sur la cheminée intérieure.
Aurélie Penneman en joue dans la cuisine en dessinant des rangements sur mesure,
qu’elle fait réaliser par Cubex, une entreprise de l’époque toujours en activité. →

DANS L’ENTRÉE, 5 Bands Wall Lamp en

au-dessus de la laiton plaqué nickel,
banquette Sofa 161 en 1968, de Jules Wabbes
teck et rotin de Hans (General Decoration)
Olsen, 1957 (Galerie encadrent une œuvre
Objets d’Hier, Nîmes), de Mar Arza (Gallery
deux appliques Meessen De Clercq).

DANS LE SALON, devant Louis Van Teeffelen

un bas-relief de Sarah (Vintage Boutique
Bostwick (Gallery Abcoude, Pays-Bays).
Meessen De Clercq), À droite, une sculpture
une paire de fauteuils de de Stief Desmet.
LA CUISINE a été multipliant les détails
redessinée dans le plus vrais que nature,
style paquebot par comme la hotte
Aurélie Penneman, en verre cathédrale.

92
 L’UNIVERS AD
La découverte

« Je me suis replongée dans l’histoire

de la maison afin de retrouver
l’idée de départ de Henry Van de Velde. »
— L’architecte d’intérieur Aurélie Penneman

LE COIN REPAS, DERRIÈRE L’ESCALIER,

Elle effectue également des recherches minutieuses concernant les placards, les sa table et ses chaises de Giuseppe
lumières, les sols… jusqu’aux poignées et aux interrupteurs, comme autant de clins Tulip d’Eero Saarinen, Penone, une œuvre
d’œil et de détails plus vrais que nature. Aux rangements aux angles courbes, elle complétées par originale de Carel
ajoute des charnières chromées, des vis de fixation sur la bordure du plan de travail, une suspension de Visser.
Louis Poulsen et
une robinetterie dans le style de l’époque, des prises en bakélite comme en 1931 et deux sculptures
un liseré en mosaïque qui s’arrondit également sur le sol en terrazzo… On touche de Gilbert Decock.
ici à la quintessence du style Henry van de Velde.
Ailleurs, les boiseries en sapelli, un bois exotique, et, dans le hall d’entrée, les
marches courbées en teck birman de De Coene ainsi que la barre chromée repolie
typiquement années 1930 ont été conservées. S’y ajoutent des luminaires de Jules
Wabbes, une banquette signée Hans Olsen, une paire de fauteuils de Louis Van
Teeffelen, une table d’Eero Saarinen et une collection d’œuvres d’art contemporain
qui nous font voyager imperceptiblement entre les années 1950, 1960 et 1970. Seule
la vue imprenable sur les dunes et la mer demeure intemporelle. Elle dicte sa pa-
lette de couleurs, entre le jaune des ajoncs et des graminées et le bleu gris indéfi-
nissable du ciel et de la mer du Nord, dans une sensualité érudite et lumineuse.

94
 Le Design Iconique de Sub-Zero réinventé

La gamme Classique, entièrement redessinée, atteint un niveau de raffinement à

l’intérieur comme à l’extérieur, encore inégalé

SUBZ E R O -WO L F. F R
 L’UNIVERS AD
Le créateur

Pierre
Chareau,
l’espace
en liberté
Autodidacte, l’architecte de l’emblématique
Maison de verre, à Paris, n’en reste pas
moins un créateur entouré de mystère. Une
impressionnante monographie met en lumière
la richesse de son œuvre. FAÇADE en briques
de verre, poutres en
PAR Laurence Mouillefarine métal et sol revêtu de
caoutchouc, la Maison
de verre, édifiée
entre 1928 et 1932,
accueillait des
matériaux novateurs
pour son époque.

U
ne somme! L’aboutissement de sept ans de recherches.
PIERRE CHAREAU dans
son bureau de la Voici une monographie de Pierre Chareau en deux tomes,
rue Nollet, dans le dont les auteurs replacent subtilement l’œuvre dans
XVIIe arrondissement LAMPE DE TABLE en le contexte de l’époque. Certes, le décorateur fut inventif. Il
à Paris, entouré albâtre, acajou et participa à 39 salons et expositions entre 1919 à 1940 et réalisa
de tableaux cubistes fer forgé. Le luminaire
de Georges Braque, Religieuse est
90 aménagements intérieurs, publics ou privés. Autodidacte,
Roger de La Fresnaye son modèle le plus Pierre Chareau débute, en 1904, comme calqueur chez Waring &
et Pablo Picasso. emblématique. Gillow, société d’ameublement dont il deviendra, dix ans plus tard,
dessinateur en chef. Au retour de la Grande guerre, l’ensemblier
s’installe à son compte et reçoit ses clients parmi les peintures et
sculptures cubistes qu’il collectionne. Avec l’aide de son épouse,

Archives Evelyn Hofer

Louisa Dyte, une institutrice anglaise surnommée Dollie, il ouvre
un magasin rue du Cherche-Midi, La Boutique, où sont diffusés
ses meubles et luminaires, mais aussi les créations de ses amis:
des tapisseries de Jean Lurçat, des étoffes et des papiers peints
abstraits d’Hélène Henry. Dans ses décors, Chareau, adepte
d’une modernité élégante, fait place à de larges volumes épurés.
Il abhorre les espaces cloisonnés et associe volontiers deux pièces
en une, salon-chambre, salon-bureau, qu’il sépare grâce à des
tentures, des panneaux coulissants, des paravents montés sur rails,
permettant ainsi de les ouvrir ou les fermer selon les besoins de la
journée. Quant à son mobilier, il se veut léger, flexible, « volant ».
Surtout, ne pas encombrer! Ses tables Éventail, à plateaux articulés
en bois précieux, sont à géométrie variable. Une table à jeux se
replie et devient console. Ses chaises en métal se font empilables.

Bricolages de génie
Pierre Chareau a un talent particulier pour moduler les volumes; il
va le déployer avec bonheur dans la Maison de verre. C’est en 1927
qu’Annie et Jean Dalsace font appel à lui, décidés à détruire un →

96
 © FFT / C. Dubreuil

Téléchargez l’application officielle

 L’UNIVERS AD
Le créateur

LA TABLE BASSE
Éventail, en noyer, à
plateaux mobiles et
accompagnée d’une
colonne porte-revues.
Chareau affectionne

LA FAÇADE SUR COUR LE BUREAU-BIBLIOTHÈQUE

de la Maison de verre, de l’ambassade
éclairée de l’intérieur, française, présenté à

Archives Evelyn Hofer

photographiée vers l’Exposition
1990. Le célèbre édifice internationale de 1925,
subsiste encore. visible au MAD, à Paris.

hôtel particulier acquis en fond de cour au 31, rue Saint-Guillaume,

dans le faubourg Saint-Germain, pour lui substituer un édifice
contemporain. Elle, née Bernheim, jouit de la fortune de son père,
promoteur immobilier. Lui, médecin gynécologue, milite pour
la contraception et le planning familial. Un couple tourné vers
l’avant-garde. La demeure devra abriter le cabinet médical et la vie
de famille. L’architecte hollandais Bernard Bijvoet collabore au
chantier. Problème: la locataire qui habite les combles refuse de
quitter les lieux. Qu’à cela ne tienne! On conserve la partie haute
de l’immeuble, on évide les étages inférieurs pour y imbriquer
la nouvelle construction. Des piliers métalliques soutiennent la
structure. Ils seront laissés apparents et contribuent à l’esthétique
du lieu. Quelle audace! Si la Maison de verre est le chef-d’œuvre
de Chareau, celui-ci a réalisé une dizaine d’autres bâtiments,
notamment aux États-Unis, où le décorateur, juif par sa mère,
se réfugie en 1940. Nouveau départ. Le livre apporte un éclairage
inédit sur sa période américaine. On découvre la maison et l’atelier
qu’il conçoit pour Robert Motherwell, peintre expressionniste,
à East Hampton, lieu de villégiature aux environs de Manhattan.
Le budget est plus que limité. Chareau récupère l’une des baraques
militaires à toiture en tôle ondulée, ou Quonset Hut, que l’Armée
cède à l’encan. Afin d’augmenter la surface habitable, l’architecte fait
excaver le sol et crée un niveau inférieur pour le living-room et la
cuisine. Pour gagner en luminosité, il intègre des verrières provenant
d’une serre abandonnée. Bricolage de génie. Lorsque, à l’âge de 67
ans, victime d’une hémorragie cérébrale, il meurt à New York en
août 1950, Francis Jourdain, son copain et confrère, écrit dans
L’Architecture d’aujourd’hui: «À notre peine s’ajoute un immense regret: nous
avons le sentiment que Pierre Chareau n’avait pas fini de nous étonner.»
Pierre Chareau, Francis Lamond et Marc Bedardia, Éditions Norma, deux volumes,
368 pages chaque volume.

98
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 L’UNIVERS AD
L’architecture

Une vision
du slow living
À Alibag, une île au large de Mumbai, la villa Uma, conçue
par l’agence Case Design, propose le cadre idéal pour mener une existence
paisible, dans le plus grand respect de l’environnement.
PAR Kanika Parab PHOTOS Ashish Sahi

L
a pièce maîtresse de la villa Uma
est une piscine couleur granit qui
s’étend sur 20 mètres de long.
Intensément noire et décadente… Le
charme énigmatique de ce bassin, un
point d’eau entouré d’herbes de la pampa
sauvages, ne laisse aucun visiteur de
marbre. Imaginée par Mansi et Akshat
Poddar, un frère et une sœur entrepreneurs
de Mumbai, elle a été réalisée par
l’architecte Samuel Barclay, cofondateur
de l’agence Case Design, basée à Mumbai.
La construction de la maison reposait
sur une promesse simple : un enfant doit
pouvoir traverser la maison d’une traite
en courant et sauter dans la piscine
quelques secondes après avoir franchi
la porte d’entrée…
La villa a été conçue autour de quatre
manguiers plantés sur ce terrain d’un
demi-hectare bien avant que la famille
Poddar n’en fasse l’acquisition, il y a
quinze ans. Samuel Barclay et son équipe
y ont érigé une maison au luxe discret
et au design minimaliste, construite
en pierre noire et en béton de couleur
rose brûlé. La résidence, écoresponsable,
a été aménagée avec soin, de manière
à révéler ses plus beaux détails dans un
luxe sobre et agréable à vivre.
« Nos influences viennent d’architectes et de
designers modernes mais nous avons également
pioché dans les traditions locales. Nous nous
sommes inspirés des maisons de village et avons
intégré d’imposants avant-toits pour protéger
les fenêtres et les portes, tout en essayant d’offrir
à chaque espace un panorama unique. Où qu’ils se
trouvent, les résidents ont une vue sur les collines
au loin ou sur la beauté des jardins intérieurs »,
LA PISCINE en granit confie Samuel Barclay, qui précise que le
noir s’étale sur vingt
mètres et constitue
plan de la maison a été pensé pour saisir
le cœur vibrant ces moments de tranquillité. La structure
de la maison. est divisée en quatre blocs : le bâtiment →

100
 Liberté et douceur
de vivre grâce à des
systèmes d’accès qui
ouvrent les portes d’une
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 L’UNIVERS AD
L’architecture

principal, qui comprend le salon et la salle

à manger, un bureau, la chambre principale
avec son jardin attenant, une salle de
bains vert émeraude pour les invités et
une terrasse avec salle à manger extérieure.
S’ajoutent deux cottages privés pour
les invités, avec des douches en plein air,
à l’extrémité de la propriété. Enfin,
à l’autre extrémité, une dernière bâtisse a
été édifiée pour héberger le personnel.

En un temps record
Si la villa Uma prône une vision du slow
living des plus luxueuses, sa construction
n’en a pas moins été un exemple de rapidité.
« Dès le lendemain de notre premier contact
par e-mail, Mansi, Akshat et moi avons sauté
dans un bateau et nous sommes rendus sur place »,
se souvient Samuel Barclay. Entre LA SALLE À MANGER,
l’ouverture du chantier et la première comme la plupart
crémaillère, depuis l’édification jusqu’aux des autres pièces,
derniers embellissements, à peine est ventilée de façon
naturelle évitant toute
treize mois se sont écoulés. Mais pour climatisation.
l’équipe de Case Design, l’objectif était
de rendre ce projet aussi respectueux
de l’environnement que possible. « Nous →

LE SALON, dans des tons LA FAÇADE de la villa

terre et argile, offre Uma s’inspire de
une ouverture sur l’architecture
le ciel et le jardin. des villages indiens
Chaise en aluminium traditionnels.
et repose-pieds
en bronze (Æquō).
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 L’UNIVERS AD
L’architecture
LA SALLE DE BAINS,
aux murs recouverts
d’une teinte vert
émeraude, et sa
large double vasque
en pierre blanche.
DANS LA CHAMBRE,
on retrouve le béton,
le bois, la brique cuite,
les enduits d’argile
et les couleurs terre
utilisés dans la maison.
104
nous sommes approvisionnés en matériaux
locaux et avons sourcé les briques et les pierres ici,
à Alibag. Nous avons également mis en œuvre
de nouveaux systèmes de construction permettant
de réduire le gaspillage : un puits a été construit
pour répondre aux besoins en eau de la villa
et nous avons créé des systèmes de ventilation
naturelle croisée, afin qu’aucune pièce commune
n’ait besoin d’être climatisée, même en été »,
poursuit l’architecte.
Côté ameublement, la maison regorge
de pièces de design indien, dont une table
Three Cylinder de Case Goods, une chaise
Naga à cinq pieds de l’architecte Ashiesh
Shah, une table basse Naga trouvée chez
Phillips Antiques, des chaises longues
vintage signées Mahendra Doshi, un canapé
long qui peut accueillir dix personnes
et une console étroite que Mansi Poddar
et Samuel Barclay ont surnommée « la table
de dix-huit heures chrono ». La légende veut
en effet que Poonaramji, un artisan d’Alibag
réputé tant pour son talent que pour sa
lenteur, ait créé cette table en une nuit à
partir d’un croquis de Samuel Barclay, afin
qu’elle soit livrée à temps pour la pendaison
de crémaillère.
Bâtie durant la pandémie, cette maison
de vacances envoie selon la famille Poddar
un message d’optimisme : « C’était une
sensation singulière de mener ces grandes idées
pour le futur alors que le présent semblait s’être
arrêté », se souvient Mansi Poddar, ajoutant
que ces travaux ont contribué à renforcer
la dynamique familiale. « Mon frère et moi
avons été surpris de voir à quel point nous
travaillions bien ensemble », affirme cette
dernière, dont l’impulsion créative a enrichi
l’expertise en gestion de projets d’Akshat.
À la façon dont la lumière frappe les jharokas
– balcons en saillie – en marbre et les rend
presque translucides, et avec ses allées qui
sillonnent entre les arbres, la villa ne se
contente pas d’emprunter son nom à Uma
Poddar, la matriarche de la famille. Elle est
aussi le reflet de sa grâce. 
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 L’UNIVERS AD
L’héritage

Une simplicité
majestueuse
Dans cet écrin précieux, juché sur les collines du val d’Orcia,
la sérénité de la nature fait bon ménage avec la poésie de l’architecture,
dans une atmosphère sereine et familiale.
PAR Max Zambelli PHOTO Patrizia Piccinini

LA FAÇADE austère placée en vis-à-vis de l’ancien puits. Le tympan a été voulu par l’architecte Florencia Costa pour rendre
hommage aux ruines sur lesquelles a été édifiée la nouvelle structure.

U
n panorama aux mille horizons, tra-
cés par les collines émoussées qui se
détachent sur le bleu du ciel. L’ocre
des champs de blé se lézarde parfois de fu-
taies de cyprès et de stries de vignes. Dans
ce décor, une présence humaine s’esquisse
par les routes en terre battue qui tracent des
trajectoires dont les « mille virages mènent au
cœur de l’énigme » pour le dire avec les mots du
poète Mario Luzi. Car ce petit coin de para-
dis a fait chavirer le cœur d’une famille mila-
naise qui y a élu domicile. Pour eux, cette
perspective tout en lignes de fuites sur le val
d’Orcia, dans la province de Sienne, est de-
venue un havre de paix.
« Je n’oublierai jamais la première fois que j’ai vu les
lieux, nous raconte Tomaso, le propriétaire
de la demeure. Le soleil finissait lentement sa
course à l’horizon, et la vallée se parait des couleurs
du crépuscule. La nature m’a touché au plus profond,
et c’est encore le cas à présent. » Aujourd’hui, c’est
la Casa Novina qui occupe le centre du décor.
Elle s’érige, solitaire, sur un promontoire né
de la fusion de deux corps de ferme en ruine :
c’est l’œuvre de l’architecte Florencia Costa
qui, après avoir fait démolir les bâtisses en
ruine – l’existence de la maison est déjà at-
testée au cadastre en 1765 –, a fait construire
l’édifice présent, s’inspirant de l’architecture
siennoise du Moyen Âge. Une pépite du val
d’Orcia, conçue selon les trois éléments ré-
pondant aux canons locaux : des briques, de
la pierre et du bois. Il en résulte une archi-
tecture qui apparaît, tant à l’intérieur qu’à
l’extérieur, tout à la fois simple et majes-
tueuse, quasi spartiate, en synergie avec les
constructions rurales des environs.
On atteint la propriété par une voie privée, qui
mène vers une place ronde où l’on se sent
contraint de ralentir le pas sous l’effet de l’aus-
tère façade en pierre. Plongé dans la végéta-
tion endémique de la région, le puits – dernier
témoin du temps jadis – nous accueille devant
l’entrée. Les pièces spacieuses, le mobilier
choisi avec parcimonie, les formes épurées, →

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 L’UNIVERS AD
L’héritage

UN GRAND ATRIUM
tout en hauteur
connecte l’ensemble
des pièces de
la demeure par
un double escalier
spectaculaire.

« Une simplicité quasi monacale,

réservée et contrôlée. La maison ne pouvait
faire autrement que de vivre
en harmonie avec cette vallée aride. »
— Le propriétaire de la Casa Novina

108
 L’UNIVERS AD
L’héritage
UNE DES CHAMBRES
à coucher installées
à l’étage supérieur,
toutes décorées
avec un minimalisme
en accord parfait avec
l’austérité des lieux.
et les matières naturelles : « Rien ne doit rompre
le dialogue avec le paysage », ajoute le propriétaire
de la maison, qui a confié l’architecture inté-
rieure et la conception des espaces extérieurs
à l’agence florentine Qart Progetti. « Le jardin
n’est pas un véritable jardin, car il est fait de la même
matière que les lieux. » L’architecture intérieure
se charge alors de redoubler l’effet de promon-
toire, réservant des espaces pour contempler
le panorama infini et se livrer à la puissance
du vent, « tout en bloquant ses accès de fureur grâce
à une barrière de chênes et de haies de cyprès », tem-
père notre hôte. On découvre alors la piscine
en travertin qui a nécessité l’obtention de
nombreuses autorisations au vu de la régle-
mentation patrimoniale et écologique très
sévère de la vallée. Celle-ci ne suit pas la mode
des piscines à débordement, préférant puiser
son inspiration dans la cité thermale voisine
de Bagno Vignoni, et les fontaines auxquelles
s’abreuvaient autrefois les animaux. Autour de
ce miroir d’eau, on retrouve une poignée d’élé-
110
VUE SUR LES COLLINES
depuis les arcades.
Devant le jacuzzi en
travertin en arrière-
plan, l’un des fauteuils
les plus iconiques de
Gio Ponti, le D 154.2,
désormais décliné
en version extérieure
dans la collection
Molteni&C|Outdoor.
ments parfaitement ajustés signés Molte-
ni&C|Outdoor et sous la pergola en acier
Corten d’Ethimo. Des interventions feutrées
témoignant du soin porté au décor naturel et
au territoire, évoqué par un continuum de pe-
tites touches et de superpositions. C’est à ce
titre que « chaque fenêtre a été pensée pour encadrer
les collines et les villages des environs comme s’il
s’agissait de tableaux. Il n’y avait besoin de rien
d’autre pour les mettre en valeur ».
Une hauteur cathédrale
Les matériaux font partie intégrante du dia-
logue, comme le travertin, que l’on trouve
dans la cuisine et dans la piscine, sur les re-
bords de fenêtres et à l’entrée, ou le chêne,
qui se déploie dans l’intérieur tout entier, à
commencer par le double escalier et le pla-
fond de l’atrium – si haut que l’on croirait se
trouver dans une tour. Tout dans ces lieux
nous parle d’histoire, y compris les pierres,
agencées sur des murs que l’on croirait mon-
tés en maçonnerie sèche. C’est précisément
ce vaste hall qui fait office de centre de gravi-
té de tous les cheminements internes, no-
tamment grâce à ce double escalier qui mène
aux étages supérieurs. « Les chambres à coucher
et les salles de bains ont volontairement été meublées
de façon assez monacale », précise Tomaso. En
traversant un espace elliptique éclairé par un
puits de lumière, on accède au salon, constel-
lé de pièces de design aussi rares qu’essen-
tielles – comme les fauteuils Round D.154,5,
les tables basses Panna Cotta et les tabourets
Woody, tous de chez Molteni&C. De nom-
breux meubles ont été réalisés par les artisans
locaux, dont la cuisine, avec son îlot central
en chêne et son plan de travail en travertin.
Celle-ci donne sur un petit amphithéâtre
d’herbes aromatiques qui encadre l’escalier et
mène à l’extérieur où un jacuzzi en travertin
offre une nouvelle occasion d’écouter le chant
des oiseaux, en observant la silhouette des
cyprès s’étirer sur l’infini.
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 L’UNIVERS AD
L’interview

Le laboratoire
du futur
Grande première : la Biennale d’Architecture de Venise invite
cette année non seulement des architectes mais aussi un réseau
international d’acteurs du changement. Pour sauver la planète.
La commissaire d’exposition Lesley Lokko nous en dit plus.
PAR Valentina Raggi

L
LESLEY LOKKO, ghanéo-écossaise, est la commissaire de
la 18e Exposition internationale d’architecture de Venise. Architecte
et conférencière, elle est également romancière.
Aimable autorisation de New South ; Andrea Avezzu, avec l’aimable autorisation de La Biennale de Venise
a 18e Exposition internationale d’architecture de La Biennale
de Venise ouvre ses portes le 20 mai. La commissaire n’est
autre que Lesley Lokko, que beaucoup connaissent comme
romancière, mais aussi comme architecte et professeure
d’architecture, membre du conseil d’administration d’importantes
institutions et fondatrice de l’African Futures Institute à Accra,
au Ghana, son pays d’origine avec l’Écosse. Sa personnalité
est un joyeux melting-pot, reflété par l’intitulé de cet événement :
« Le laboratoire du futur ».
Première affirmation : ce rendez-vous de Venise est un acteur du
changement. « Je n’avais jamais utilisé cette expression jusqu’à la
conférence de presse. Après une année de dialogue avec les participants,
au cours de laquelle je n’ai cessé de chercher des mots-clés et des objectifs
précis, j’ai pris conscience que les invités avaient une réelle opportunité de
changer les choses, d’où le terme », confie Lesley Lokko, qui n’appelle
pas les exposants « architectes » mais « praticiens ». Elle a d’ailleurs
invité non seulement des architectes – de grands noms comme
David Adjaye (voir son actualité p. 70), Diébédo Francis Kéré,
Forensic Architecture, Neri&Hu –, mais aussi des cinéastes,
comme Amos Gitaï (qui a tout de même suivi une formation
d’architecte), des poètes comme LionHeart et des photographes
comme James Morris, aux côtés d’autres grands noms et de
jeunes talents émergents.
« J’ai toujours pensé que l’architecture était une catégorie très large, la
discipline étant différente de la pratique. Ensuite, lorsque j’écris un roman,
il m’arrive de terminer un paragraphe et de me rendre compte que je
n’aurais pas pu l’écrire différemment, qu’il fonctionne. Au fil du temps,
en écrivant davantage, je me suis rendu compte que si j’ai ce sentiment
au moins deux fois dans l’écriture, c’est que j’ai fait du bon travail. →

112
 © Peter Lippmann
MY FIRST BAOBAB

Soin du corps
eu.baobabcollection.com
 L’UNIVERS AD
L’interview
J’ai appris à faire confiance à mon instinct. C’est ce même instinct qui
m’a guidée pour choisir les invités de la Biennale. Le défi pour moi
n’étant pas d’en dresser la liste, mais de la raccourcir. Ce sont des gens
qui sont en phase avec ma pensée, et cela s’est bien passé entre eux »,
explique l’autrice de Des amies, des amants, des années.
C’est une grande première : 63 nations, 89 participants, dont
plus de la moitié sont africains ou issus de la diaspora, une moyenne
d’âge de 40 ans environ dont un grand nombre de femmes,
des agences poids plumes – près de la moitié sont composées d’une
seule personne ou d’une équipe restreinte –, et un ensemble
panaché d’architectes paysagistes, d’universitaires, d’ingénieurs,
d’urbanistes, d’architectes et de designers.
Le pavillon central des Giardini rassemble seize agences dans
la section « Force Majeure ». De son côté, l’Arsenal accueille
« Dangerous Liaisons » mais aussi la section « Projets spéciaux »
de la commissaire, qui dispose de beaucoup d’espace cette
année. Sans oublier les « Invités du futur ». Autre nouveauté,
la première Biennale College Architettura, un programme
éducatif élaboré avec des conférenciers internationaux.
La puissance de l’imagination
« Il y a nombre de récits sur l’Afrique, mais les Africains n’en ont jamais
eu le contrôle total. Je voulais leur donner la parole, consciente que parler
de sa culture dans un pays étranger a aussi une influence sur soi-même,
c’est une opportunité de changement pour soi et pour l’auditeur.
C’est aussi une façon de normaliser votre vision : si on en attend des
révélations, on ne comprendra pas que ces architectes et ces designers sont
des gens comme tout le monde. J’ai demandé à chacun de faire preuve
d’authenticité. De reconnaître la chance et la responsabilité qu’ils ont
d’être ici », poursuit-elle.
La décarbonisation et la décolonisation – sur le plan environnemental
mais aussi culturel – sont les principaux sujets de réflexion
annoncés. Lesley Lokko a proposé de les aborder à l’aide d’un outil
L’ARCHITECTE lauréat
du prix Pritzker 2022,
Diébédo Francis Kéré,
dans la bibliothèque
Gando. Des rayons de
la lumière du soleil
traversent les lucarnes
en argile du plafond.
114
puissant : l’imagination. « Ce sont les questions les plus urgentes dans
le monde en ce moment. Lorsque j’étais étudiante en architecture à Londres,
il n’y avait aucun Africain dans ma classe. Et si j’essayais de parler de
mes origines dans un projet, on attendait immédiatement de mon travail
qu’il ait un certain caractère narratif, centré sur la guerre, la pauvreté,
le manque de ressources… On aurait dit que l’imagination n’était pas
pour moi, comme si elle était l’apanage de ceux qui avaient de l’argent.
J’ai vite compris que je devais être “celle qui résout les problèmes”.
Or, l’imagination est un outil gratuit, à la disposition de tous. »
Cette biennale aborde des thèmes universels, allant du racisme
aux questions de genre, de l’alimentation à la construction.
Mais elle vise aussi une réflexion autoréférentielle sur l’impact
environnemental et culturel d’une manifestation de cette
ampleur. En 2022, l’événement a été certifié neutre en carbone,
et les pavillons sont construits en recyclant ceux de la dernière
édition artistique. « J’y ai longtemps réfléchi, c’est pourquoi j’ai
voulu qualifier cette Biennale d’actrice du changement. Cecilia Alemani,
[la commissaire de la Biennale Arte 2022, ndlr] nous a laissé
un squelette fantastique : c’est un cadeau, il est parfait du point de vue
de la construction et de l’esthétique. En réutilisant les matériaux
de ces pavillons, nous avons éliminé le coût et la pollution qu’auraient
Nataniel Sawadogo, avec l’aimable autorisation de Kéré Architecture
engendrés de nouvelles structures. Mais surtout, nous avions besoin
d’espaces différents pour cette édition : les projets ne sont pas constitués des
habituelles maquettes ou des représentations à l’échelle de bâtiments
réalisés par des studios quelque part dans le monde. Cette Biennale porte
aussi sur le son, l’odeur, la lumière des lieux, qu’ils soient réels ou
imaginaires. Les praticiens sont engagés dans la construction d’une
connaissance, une forme d’architecture qui dépasse l’architecture. Ce que
j’espère que les gens retiendront de ce rendez-vous, conclut-elle, c’est
que si nous commençons à changer les paradigmes que nous avons toujours
suivis pour rencontrer les autres ou entrer en relation avec eux, nous
créerons le changement. Il ne se produira peut-être pas forcément. Mais
si nous n’essayons pas, nous n’y arriverons jamais. »
L’ART DE LA CHAMBRE
 L’UNIVERS AD
La balade

La modernité
d’Eduardo Chillida
Près de cent ans après sa naissance,
le sculpteur basque continue de
fasciner par son œuvre d’une rare
cohérence et d’une grande sobriété.
Rencontre avec ses enfants et petits-
enfants, au musée Chillida Leku.
PAR Iñaki Laguardia PHOTOS Markel Redondo

© Archivo Eduardo Chillida

LA SCULPTURE
monumentale
Buscando la Luz.

EDUARDO CHILLIDA pose

près du catalogue
de l’exposition
Hommage à Johann
Sebastian Bach,
à Paris en 1997.

C
hillida Leku est un musée unique, conçu comme une grande œuvre d’art.
Le jardin, qui s’étend sur un terrain de onze hectares, abrite plus de qua-
rante sculptures monumentales de l’artiste Eduardo Chillida (1924-2002).
Inauguré en 2000 à Hernani, au Pays basque espagnol, l’établissement a connu
plusieurs années de fermeture avant de rouvrir ses portes en 2019 grâce au sou-
tien de la galerie internationale Hauser & Wirth. Aujourd’hui, ce musée situé à
deux pas de Saint-Sébastien s’apprête à fêter en beauté le centenaire de son
fondateur : il vient de dépasser le million de visiteurs et a été nommé pour le Prix
du musée européen de l’année 2023. Il s’agit de la récompense la plus importante
du secteur sur le continent européen. →

116
 L’UNIVERS AD
La balade

« Je préfère travailler peu

pour beaucoup de gens,
plutôt que travailler beaucoup
pour peu de gens. »
— Le sculpteur Eduardo Chillida

UNE SCULPTURE de
corps de femme signée
de l’artiste basque.
LA FAÇADE extérieure
de la ferme Zabalaga
et les sculptures
exposées en extérieur.

L’ŒUVRE Arco de la
Libertad au premier
plan, devant la
sculpture Consejo
al Espacio IV.

118
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 L’UNIVERS AD
La balade
AUTOUR DE L’ŒUVRE
Monumento a la
Tolerancia I (de g. à dr.) :
Jon Essery Chillida
(petit-fils), Ane Essery
Chillida (petite-fille),
Luis Chillida (fils),
Miguel Chillida (petit-fils),
Susana Álvarez (belle-
fille), Eduardo Chillida
(fils), Mikel Chillida
(petit-fils), María Chillida
(fille), Pablo Chillida
(petit-fils) et Ignacio
Chillida (fils).
120
« Chillida Leku est une allégorie de la vocation de mon père pour les travaux publics,
confie Luis Chillida. Il disait toujours qu’il préférait travailler peu pour beaucoup de
gens, plutôt que travailler beaucoup pour peu de gens. Et il n’expliquait jamais ce qu’il
faisait. Mais les titres poétiques de ses créations sont autant de petits indices, tels que Bus-
cando la Luz [À la recherche de la lumière] ou El Peine del Viento [Le Peigne du vent]. »
Le fils du sculpteur et président de la Fondation Chillida est entouré de ses frères
et sœurs, María, Ignacio et Eduardo, de son fils Mikel, de sa belle-sœur Susana,
ainsi que de ses neveux Ane, Jon, Miguel et Pablo. Toute la famille est réunie
dans le jardin au pied de L’Hommage à Balenciaga, une œuvre née de la longue
amitié entre le sculpteur et le couturier.
« Mon aitona [« grand-père » en basque] ne perdait jamais de temps, au contraire, il en
gagnait. Il ne savait pas toujours ce qu’il voulait, mais il savait ce qu’il ne voulait pas. Par
conséquent, plus il mettait de temps à terminer une œuvre, plus il parvenait à exprimer sa
vision. Pour lui, le temps était une succession de cadeaux », se souvient Mikel Chillida,
petit-fils du sculpteur et directeur du développement du musée. « Mon père détestait
prévoir les choses à l’avance, ajoute Luis. Sa méthode était totalement orientée vers le présent,
vers le moment même où les choses se produisent. »
Eduardo Chillida est l’un des artistes les plus importants du xxe siècle. Son œuvre
se caractérise par une recherche perpétuelle d’harmonie et d’équilibre dans le
monde. Ses sculptures, elles, sont le fruit d’une réflexion profonde sur la nature,
la société et la relation qui les unit. La présence de ses installations publiques dans
des villes du monde entier – Madrid, Munich, Francfort, Paris, New York, Berlin… –
témoigne de l’impact de son travail sur la culture visuelle contemporaine. 
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L’UNIVERS AD
Le voyage

LES COLONNES ornées

de moulures en
céramique, signées
Giuseppe Ducrot,
mettent en valeur les
façades du Vermelho
Melides, l’hôtel de
Christian Louboutin
au Portugal.

L’auberge
portugaise
Avec l’ouverture de son premier hôtel,
le créateur Christian Louboutin a su charmer tout un village.
PAR Dana Thomas PHOTOS Ambroise Tézenas
SUR LE PALIER,
des mosaïques
de coquillages
en trompe-l’œil
recouvrent les
murs en all over.
I
l y a douze ans, Christian Louboutin achetait une
maison de vacances à Melides, un village agricole
niché sur la côte Atlantique, au sud de Lisbonne.
Tout était parfait, à une exception près : « Il n’y avait
pas de restaurant où je pouvais me rendre tous les soirs. Ma
maison n’était pas faite pour recevoir à dîner. Pour déjeu-
ner certainement, mais pas pour dîner », admet le créa-
teur de chaussures. Par chance, il trouve une petite
maison sans prétention, à la lisière du village histo-
rique, et décide d’y ouvrir un bistrot. Le maire, de
son côté, a une idée plus ambitieuse. « Il m’a dit :
“Ouvrez plutôt un hôtel”, se souvient Christian
Louboutin. C’est ce que j’ai fait. »
Vermelho Melides, qui tire son nom de la couleur
vermillon en portugais – en clin d’œil aux semelles
écarlate signature du créateur –, vient d’ouvrir ses
portes dans un bâtiment récemment construit qui
pourrait se confondre avec un couvent vieux de
plusieurs siècles. Le Vermelho compte 13
chambres, un spa, un bar et, bien évidemment, un
restaurant, tous conçus par Christian Louboutin
en collaboration avec l’architecte portugaise Ma-
dalena Caiado et son amie de longue date, Carolina
Irving. « Je ne voulais pas d’un hôtel bondé ou trop
bruyant, je ne supporte pas ces lieux lounge avec de la
musique partout, explique le créateur. Quand vous
arrivez dans un hôtel, vous devez vous sentir à l’aise et
avoir l’impression d’être chez vous. »
En matière de mobilier, Christian Louboutin a pui-
sé dans ses garde-meubles de la banlieue parisienne,
où il a amassé les trouvailles acquises lors de ventes
aux enchères et de voyages à travers le monde. « Cela
n’a pas été facile… Je me demandais sans cesse : “Est-ce que
je dois garder telle ou telle pièce ?” », se souvient-il, arrê-
tant finalement son choix sur des bargueños, des
coffres espagnols et un canapé en velours brodé →
123
 L’UNIVERS AD
Le voyage

DANS UNE CHAMBRE,

sous un plafond
à plateaux, un bas-
relief en carrelage
ceinture la pièce
ainsi que la terrasse.
Le tout dialogue
avec un parquet au
motif géométrique.

SUR LE BALCON,
un bassin privé
orné de carreaux
de céramique.

rouge signé Henri Samuel. Déniché à la vente Chris-

tie’s de la collection du prince et de la princesse
Sadruddin Aga Khan, en 2020, le sofa a trouvé sa
place dans la suite supérieure. « Ces pièces sont comme
une extension de moi, confie le créateur. Les entasser
dans un garde-meuble n’avait aucun sens… »

Fresques et azulejos en leitmotiv

Le rouge est, naturellement, le thème central qui
lie tout Vermelho, du carrelage des couloirs aux
volets des fenêtres, en passant par les banquettes
en lin et les corbeilles à papier. Mais la palette de
couleurs de l’établissement est bien plus riche. Les
murs d’une des suites junior sont parcourus par
une superbe fresque aux couleurs de l’Océan, réa-
lisée par l’artiste grec Konstantin Kakanias, qui a
d’ailleurs récemment peint une fresque au cœur du
Fanny’s, le rest aurant de l’Academy Museum of
Motion Pictures, à Los Angeles. Des pans entiers
de la façade du Vermelho sont recouverts d’un bleu
intense et ornés d’imposantes appliques de cé- →

124
 Eric Schmitt, miroir l’Amour en Cage, feuille d’or sur fer battu, édition de 30 ex.

galerie
en attendant les barbares
35 rue de grenelle 75007 paris +331 42 22 65 25 barbares.com
 L’UNIVERS AD
Le voyage

« Les habitants du village m’ont

dit que c’était comme si
l’hôtel avait toujours été là. C’est
le plus beau des compliments. »
— Le créateur Christian Louboutin

DANS LA SUITE Matinha, DANS L’UNE DES

une fresque réalisée CHAMBRES, la tête de
par Konstantin lit est faite à partir
Kakanias surmonte de carreaux azulejos
la cheminée. du xviie siècle.

ramique baroque réalisées par Giuseppe Ducrot,

sculpteur italien dont Christian Louboutin a dé-
couvert les talents à l’hôtel Le Sirenuse de Posita-
no. Les jardins verdoyants, généreux en agrumes,
en hautes herbes et en plantes aromatiques, sont
l’œuvre de Louis Benech, ami de longue date du
créateur. Les azulejos, ces célèbres carreaux de
céramique émaillée du Portugal, abondent. Cer-
tains sont de style illustratif bleu du xvie siècle et
proviennent de la collection personnelle du chaus-
seur. D’autres, plus modernes, se déclinent dans
une variété de nuances chatoyantes imaginées par
la fábrica de Azulejos de Azeitão, à Setúbal.
En décembre dernier, Christian Louboutin a orga-
nisé un cocktail au Vermelho pour les habitants du
village afin de leur faire visiter les lieux. « Ils m’ont dit
que c’était comme si l’hôtel avait toujours été là, se souvient
le propriétaire. C’est le plus beau des compliments. »

126
 LE GUIDE AD
Le mobilier outdoor

L’invitation
au voyage
De la Grèce à l’Espagne en passant par l’Italie,
trois ambiances pour habiller son jardin aux couleurs de l’été.

© Georgia Hopkins, It’s Beautiful Here @_itsbeautifulhere

PAR Sarah de Beaumont
assistée de Noelann Bourgade

SUR LE LAC DE CÔME, la piscine

de l’Hôtel Passalacqua dessinée
par Valentina De Santis, en
collaboration avec La Double J
et l’artisan expert Guido Toschi.
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PRÉSENTATION en
faïence, Lily Sauvage,
design Cordelia de
Castellane, Ø 33 cm,
250 €. DIOR MAISON.
PARASOL en nylon, TASSE ET SOUCOUPE en porcelaine
aluminium et tissu, à jantes en or 18 carats, peintes à la
Mezzatorre Umbrella, main, Big Mama Cup And Saucer,
h 80 cm, 720 €. ISSIMO. Odysseus, 150 €, tasse, Ø 10 x 9,5 cm,
soucoupe Ø 16,5 cm, LA DOUBLE J.
CARAFE en cristal
synthétique,
Sister Rosetta,
Ø 19 x h 22 cm, 120 €.
MARIO LUCA GIUSTI.

Esprit Riviera
Du mobilier en fer forgé
et des textiles rétro pour un art
de vivre tout en douceur. CHAISE en fer forgé
à lattes rivetées,
HB1-121,
50 x 45 x 107 cm,
prix sur demande.
HERVÉ BAUME.

TABLE en aluminium BOB en éponge de

laqué, 1800, coton imprimé main,
180 x 90 x 75 cm, Tigre Tropical,
3 350 €. TECTONA. taille unique, 250 €.
D. PORTHAULT.

HOUSSE DE COUSSIN en
coton, Matisse Pot Sky,
45 x 45 cm, 66 €.
LISA CORTI X
LA MINERVETTA.

TABLE en acier et peinture

polyester, Balcony II, FAUTEUIL en tissu et mousse
64 x 70 x 73 cm, polyuréthane moulée, Ottoman,
199,90 €. LAFUMA MOBILIER . design Noé Duchaufour-Lawrance,
100 x 93 x 68 cm, 2 192 €. CINNA.

129
 LE GUIDE AD
Le mobilier outdoor

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en éponge de coton
Poisson Natté, dessiné
par Tong Ren,
150 x 90 cm, 565 €.
HERMÈS.

CHAISE en aluminium extrudé,

coussins en mousse polyuréthane,
et tissu, Lamorisse, design
CMP Design, 73 x 59 x 79 cm, 1 157 €.
PEDRALI.

CHAISE LONGUE avec cadre en bois et

rembourrage en tissu, Bain de Soleil
Allure, design Christophe Pillet,
80 x 45 x 40 cm, 5 485 €. TALENTI.
TABLE de repas avec
piétement en béton
et plateau en
FAUTEUIL en aluminium et teck,
pierre naturelle,
Bona, 83 x 57 x 55 cm, 176 €.
Bold, Ø 60 x h 74 cm,
KAVE HOME.
9 360 €. ETHIMO.

Odyssée moderne
Design épuré et tons
ivoire dans une esthétique
minimaliste.

TABLE BASSE en béton, Conix,

design Kris Van Puyvelde,
Ø 60 x h 35 cm, 1 369 €.
ROYAL BOTANIA. LAMPE NOMADE en zinc et acier
inoxydable, Mousqueton
ASSISE en polyuréthane armé, finition
Portable Lamp, design Inga
effet pierre, Tribal Chair, design Marcel
Sempé, Ø 19,5 x h 30,5 cm,
Wanders, 94 x 124 x 65 cm, 2 750 €.
ROCHE BOBOIS.
179 €. HAY.

CANAPÉ en aluminium recyclé,

polypropylène et polyuréthane,
Nooch, design Piero Lissoni,
rectangulaire 136 x 95 cm, carré
de 95 x 95 cm, à partir de 3 900 €
le module. B&B ITALIA.

130
 À SANTORIN, l’hôtel
Mystique, réalisé par
les architectes Mary
Kavagia & Frank
Lefebvre, se dévoile
dans le style
traditionnel grec.
Breba Photography
 Jennifer Chase ; Stylisme : Giulietta Pinna

À GRENADE, la piscine de
la Casa Violeta se niche
dans un décor tropical
imaginé par Jean-Marc
Houmard et Yvan
Cussigh.
 COUSSIN en laine de
Nouvelle-Zélande
brodé main, Circus,
design Gabrielle Soyer,
40 x 40 cm, 240 €,
LINDELL & CO.
TABLE avec socle en
béton et plateau en
ardoise, Talo, design
Altherr Désile Park,
Ø 140 x h 74 cm, prix sur
demande. EXPORMIM.

CHAISE en aluminium
laqué, coussin en fibre
de polyester, SET en résine et bois
Camargue, design de liège, Ø 38 cm,
Antonio Citterio, Heron, 200 € les 6.
DAYBED en polyester 60 x 56 x 78 cm, 2 517 €. EMPORIO SIRENUSE
et polypropylène, FLEXFORM.
X ELEPHANT FAMILY.
Ensemble Caillou Outdoor,
design Simone Cagnazzo,
FAUTEUIL EMPILABLE
L 240 x l 120 x h 50 cm,
à piètement aluminium,
1 806 €. LIU JO LIVING.
Costa Chair, design
Studio Andreu,
45 x 58,5 x 58,5 cm,
595 €. ANDREU WORLD.

Tropical chic
Des couleurs fortes et LAMPE en aluminium,
des motifs graphiques pour Sparkle, design
un paradis exubérant. Kensaku Oshiro,
36 x 36 x 44 cm,
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JARDINIÈRE en poussière de marbre
et aluminium, Collection Hourglass, LAMPADAIRE en verre scellé
Ø 30 cm x h 70 cm, à partir de et structure laquée,
2 600 €. DEREK CASTIGLIONI COLLEZIONI. TRANSAT en métal bruni et lattes Calypso, design
de bois en teck massif ou Servomuto, Ø 39
tressage en fibre de x 183,5 cm, 1 130 €.
polypropylène, Guell, design CONTARDI LIGHTING.
Vincent Van Duysen,
L 208 x l 85 x h 84 cm, à partir de
6 000 €. MOLTENI&C OUTDOOR.

133
 Pensé pour la vie

© Corentin Lambert

Dans nos ateliers, tout est conçu et fabriqué pour durer.

Ici, nos valeurs façonnent notre mobilier pour qu’il accompagne tous les moments de votre vie.

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 À NICE, CET APPARTEMENT
revu par les décorateurs
Dahlia Hojeij et Augustin
Deleuze voit sa salle
de bains entièrement
habillée de marbre
cipolin accueillir un
bénitier du xviiie siècle
et un miroir vénitien
du xviie siècle.
Romain Courtemanche

6 MAISONS AU STYLE BIEN INSPIRÉ

À Venise, Nice, Milan, Paris… en Corse ou dans
les Hamptons, nos intérieurs d’architectes et de
décorateurs affichent leur (très) haute créativité.
 CORSE

PHOTOS Adrien Dirand

TEXTE Nicolas Milon

Dans la baie de Porto-Vecchio,

Studio Asaï livre sa vision d’une
maison d’été intégrée à son
environnement, mettant en scène
les matériaux et leurs couleurs
dans la lecture contemporaine
d’une nature indomptée.

LA PISCINE en granit rose local semble

se déverser dans la mer.

LE SALON s’ouvre largement sur la

terrasse et la baie. Sur une table
basse Nostromo (Studio Asaï), une
céramique (Humble Matter). De part
et d’autre, une lampe de table et
un lampadaire Tricia de Salvatore
Gregorietti (Deja Vu Design). Sur la
terrasse en ipé, un fauteuil Carlotta
de Tobia Scarpa (Cassina) et un
tabouret Calatini (Paola Lenti).
137
DANS LE SALON, deux canapés Stripes
de Cini Boeri (Arflex) alternent
avec une table basse et des tables
d’appoint Nostromo (Studio Asaï).
Dans l’alignement d’une lampe Tricia
de Salvatore Gregorietti (Déjà Vu
Design), une peinture de Pieter
Vermeersch (Galerie Perrotin). Au
mur, au-dessus d’une console Yakari
(Studio Asaï), un bas-relief de Ronan
Bouroullec (Galerie kreo). À droite,
un lampadaire Lum 125 signé Ulf
Möller (Thonet). Suspensions One
Well Known Sequence (Michael
Anastassiades). Tapis (Codimat).

138
Ici, la nature préside au choix
des matières et des couleurs,
avec beaucoup de verts et de
kakis, la palette du maquis...
DEVANT UNE BANQUETTE habillée de LA MAISON disparaît presque sous
coussins (MM Design), une table et la verdure et s’intègre dans son
des chaises (Fort Standard). Aux environnement grâce à sa façade
murs, un miroir vieilli, un bougeoir en pierres de granit rose et
Kyoto (Atelier de Troupe) en applique en pin vieilli sourcés en Corse.
et des céramiques de Fabienne
Rossi. Suspensions Flow(T) de Nao
Tamura (Wonderglass).

’est une maison d’été, à la vue. » Une vue à 180°, voire 360° selon
accrochée à la colline. les niveaux de cette architecture qui fonctionne
De la rue, on ne voit en étages, en terrasses et en paliers, au gré de
que la mer. La villa, en la pente naturelle, créant autant de petits lieux
contrebas, épouse la de vie à la fois attenants et indépendants. Depuis
pente. Pour la découvrir le salon, largement ouvert sur la mer, un escalier
dans sa globalité, il faut monte vers la chambre principale quand un autre
être à l’extrémité de la descend vers les chambres d’enfants et d’amis.
piscine. Ou en bateau. Face à la baie, la cuisine est organisée autour de
« Cette maison ne se deux îlots pour préparer, s’attabler ou emporter
comprend que depuis la mer, et c’est voulu, confie Antoine sur la terrasse, supprimant ainsi la traditionnelle
Simonin, de Studio Asaï. Elle se fond dans le maquis cuisine d’été. À la place, une cheminée à mi-
et plus la végétation continuera de pousser, moins on hauteur derrière les îlots permet de faire du feu
la verra. » Lorsque ce dernier rejoint le projet, l’hiver ou de griller des figatelli…
l’architecte Gilles Terrazzoni travaille déjà sur Qu’on se le dise, la philosophie du lieu est de
la conception de la maison. « Ici, on est en grande s’adapter à son environnement, pas l’inverse.
proximité avec la baie de Porto-Vecchio et un environnement Une démarche habituelle pour Gilles Terrazzoni
naturel que l’on n’a pas touché, confirme celui-ci. La comme pour Studio Asaï. Les ressources sont donc
maison est conçue pour s’agripper au terrain et s’ouvrir locales. Un pin foncé, de récupération, enveloppe →

140
DANS LA CUISINE en terrazzo
(Tonello & Xavie’z), un tabouret
de bar Za de Naoto Fukasawa
(Emeco). Côté terrasse, au premier
plan, deux canapés Dandy de
Rodolfo Dordoni (Roda) se font
face, devant un tapis d’extérieur
(Nanimarquina). Au mur, une œuvre
de Tadashi Kawamata (Galerie
Kamel Mennour). Rideaux (Dedar).
DANS UNE CHAMBRE, un pouf orange
(Arflex) fait écho au sol et à la tête
de lit en terre cuite (Terres de
Raujolles). Une applique de Charlotte
Perriand (Nemo) rappelle le bleu
de la niche en mosaïque (Émaux
de Briare) et du lavabo en béton
(Kast). Spots Fresnel de Joe
Colombo (Oluce).
LA SALLE DE BAINS donne sur le
paysage unique. Le sol est en terre
cuite (Terres De Raujolles) et
les murs en enduit (Ressource),
accueillant un tabouret de Philippe
Malouin (SCP London). Robinetterie
Fontane Bianche (Fantini).
les façades extérieures, en accord avec un granit
rose du sud de la Corse, parcouru de nuances sable.
« Gilles consacre un temps fou à choisir les pierres de façon
à obtenir un résultat très uniforme, une caractéristique de
son travail délicat et subtil sur les matériaux. » Dans cette
villa d’été qui se vit toutes fenêtres ouvertes, le
bardage des façades se prolonge pour habiller
les plafonds et une terre cuite aux tonalités proches
de celles de l’ipé de la terrasse efface au sol la
frontière entre intérieur et extérieur. Un enduit à
l’aspect brut habille les murs. Un peu terreux,
il absorbe la lumière du plein soleil d’été et crée
des zones d’ombre comme aucune peinture blanche
ne le pourrait. Si la nature préside au choix des
matières, elle inspire aussi les couleurs. Beaucoup
de verts et de kakis – la palette du maquis – et un
terrazzo au blanc opalin, dont les reflets de nacre
rappellent les coquillages de la mer en contrebas.
Attiser la curiosité et la magie
Si les îlots sont mis en scène, le bois infuse sa
chaleur naturelle, car dans cette maison qui se vit
dehors l’été, on doit aussi se sentir bien en hiver.
DANS LA CHAMBRE, un coin bureau
est encadré par une verrière en
métal. Il comprend une lampe de
Gino Sarfati (Maison Verrsen) et
une chaise Cooperage Chair (Fort
Standard). Au fond, une suspension
Cylinder Pendant (Apparatus
chez Triode) éclaire une œuvre de
Nick Doyle (Ghost, Galerie Perrotin).
Ainsi, un cactus bleu, œuvre de Nick Doyle,
un tableau rouge, des lampes jaunes viennent
réveiller le bois, l’enduit et la terre cuite,
créant des accidents qui évitent la paraphrase
par des petites touches qui attisent la curiosité
et la magie, dans un dialogue constant avec
le ciel, le soleil, la mer. Jusqu’aux graminées,
dont les camaïeux se retrouvent sur les murs
et les lampes… « Pourquoi aller chercher l’inspiration
ailleurs ? » Dans la cuisine, les suspensions de
Nao Tamura évoquent des flotteurs de pêche
dans une réminiscence des maisons de vacances
de nos souvenirs… Une inspiration années 1970
twiste l’ensemble et explique ce grand canapé
de Cini Boeri, les objets et les lampes chinés
aux puces, le tout associé à du mobilier intégré
dessiné par Studio Asaï, des appliques de
Le Corbusier… Un coin lavabo en carreaux de
mosaïque bleus, installé dans une niche à la façon
d’une grotte sous-marine, nous rappelle que dans
cette maison, face à cette nature et à cette mer
époustouflantes, « le plus grand des tableaux reste
toujours là. »
143
 AVEC SES FAÇADES en bardage de
pin foncé et en granit rose, la
maison, en terrasses et en paliers,
se fond dans le maquis et la
végétation appelés à se développer.

« Pourquoi aller chercher l’inspiration

ailleurs ? Le plus grand des tableaux
reste toujours là. »
— L’architecte Antoine Simonin de Studio Asaï

144
DEPUIS LA PISCINE en granit
rose, la vue sur la mer et la baie
préservée de Porto-Vecchio.
L’ENFILADE des pièces offre
une perspective du palazzo
dans les règles de l’art.
 VENISE

FASTE À
L’ITALIENNE

PHOTOS Martin Morrell

TEXTE Hannah Martin

Sur les berges du Grand Canal, l’architecte

d’intérieur et designer Vincenzo De Cotiis écrit
un tout nouveau chapitre dans l’histoire du
Palazzo Giustinian Lolin, situé à Venise.
147
148
DANS LE BUREAU, face à un canapé
en laiton moulé habillé de velours
de mohair une table en onyx.
La console sous la fenêtre
est également en laiton moulé.

PAGE DE GAUCHE, LES MURS DE LA PIÈCE

sont tapissés d’un brocart de soie.
Les créations de Vincenzo De Cotiis
sont en fibre de verre et en
verre de Murano. L’œuvre est
signée Michail Pirgelis.

LA FAÇADE DU PALAZZO, donnant

sur le Grand Canal, a été conçue
par l’architecte baroque vénitien
Baldassare Longhena vers 1630.
LA TABLE MONUMENTALE est taillée
dans de la fibre de verre recyclée et
du marbre vert Malachite Challant.
Au mur, deux œuvres de Latifa
Echakhch. Lustre en verre
de Murano d’origine.

enise nous a inspirés : son

architecture, son histoire, sa
monumentalité. » L’architecte
d’intérieur Vincenzo
De Cotiis s’exprime tout
en ouvrant les volets du
Palazzo Giustinian Lolin,
un palais vénitien baroque
à l’étage noble dans lequel il
« Je regarde dans les deux
vient de s’installer. Quelques
bateaux voguent sur le Grand Canal qui depuis des
directions, vers
siècles facilite le commerce et les échanges culturels
de la ville. « Quand on est ici, on a une notion de ce qui
le passé et vers l’avenir. »
s’est passé au e siècle, poursuit Claudia Rose De Cotiis, — L’architecte d’intérieur Vincenzo De Cotiis
son épouse. La manière dont Venise est devenue une puissance
commerciale mondiale. »
Le palazzo en a été le témoin. Construit aux alentours
du xve siècle par la famille Miani, il est racheté par
les Lolin au début du xviie. Avant d’être transmis
à un cousin, Giovanni Giustinian, il sera rénové
vers 1630 suivant les plans de l’architecte vénitien
Baldassare Longhena. Le projet comprenait une belle
façade classique, définie par trois bandes de pilastres
– des draperies moulées au-dessus des colonnes
corinthiennes apportent une note baroque –, parsemée
de traces encore visibles de sa structure médiévale,
selon la volonté de Longhena. Depuis le xixe siècle,
ces murs ont vu défiler bien des habitants. Au
xxe siècle, le palazzo abrite la fondation de musique
européenne d’Ugo et d’Olga Levi, qui occupe toujours
le deuxième étage. Ici, chaque résident a laissé sa
marque, créant ainsi une sorte de mille-feuille
architectural où abondent encore les détails séculaires :
éblouissants lustres en verre de Murano, panneaux
de soie cyan et, clou du spectacle, quatre tableaux
de Jean Raoux qui faisaient déjà partie de l’inventaire
du palazzo en 1766 et ont été rachetés par la Fondation
Ugo et Olga Levi en 1977.

Garder intact l’esprit des lieux

Lorsque Vincenzo et Claudia Rose découvrent
l’endroit en 2019, c’est « un coup de foudre, pour des raisons
très simples : un palais vénitien sur les rives du Grand
Canal, dont les reflets enchanteurs dansent sur les murs et
créent une connexion immédiate à l’âme de la ville ».
Vincenzo, ravi à l’idée d’ajouter à son tour une
nouvelle strate à la bâtisse, s’attelle à la rénovation
du premier étage, faisant dialoguer avec sensibilité
l’illustre passé de l’édifice avec l’effervescence de
la Venise d’aujourd’hui, véritable hub pour l’art
contemporain, la mode et la culture. « Je regarde dans les
deux directions, vers le passé et vers l’avenir », explique
l’architecte qui, fidèle à cette philosophie, a placé un
triptyque de verre et d’acier de l’artiste Anne Imhof,
comme pour couper en deux le salon du palazzo.
L’œuvre reflète son environnement baroque : lustre
massif orné de chaînes dorées et de verre de Murano,
murs enduits, enrichis des vestiges de décorations
en marmorino du xixe siècle, portes sculptées en ronce
de noyer… S’y mêlent les sculptures de Vincenzo De
Cotiis pour faire naître un salon avant-gardiste doté
d’une table basse en laiton coulé, fibre de verre recyclée
et malachite, et d’un canapé recouvert d’un luxueux
velours de mohair. Ses rénovations sont essentiellement
superficielles : il a discrètement dissimulé les systèmes
de chauffage et d’électricité derrière des panneaux en
métal argenté poli, inséré des luminaires sur rails dans
les poutres sculptées du plafond et gommé les vestiges
d’une rénovation peu reluisante datant des années 1980.
« On voulait laisser respirer la pureté de l’espace d’origine. »
Il s’est surtout attaché à mettre en valeur ce qui était
déjà là : les tapisseries en soie ont été restaurées, les sols
en terrazzo d’origine révélés et les panneaux muraux
vermillon remis à neuf. « Ce sont des couleurs vénitiennes »,
dit-il de cette palette très éloignée du gris qui a
habituellement ses faveurs. Les bleus – inspirés du
revêtement mural en soie d’origine – reflètent la lagune
au bas des fenêtres ; le rouge est le même que celui
de la façade d’un palais voisin. Vincenzo De Cotiis a
imaginé des objets contemporains susceptibles de se
fondre, d’un point de vue narratif, dans le contexte
vénitien. Comme cette imposante vitrine dans la
chambre principale, en argent allemand, fibre de verre
peinte et bronze blanc. Sa forme de ziggourat est
un clin d’œil à une typologie vénitienne classique.
À l’instar des patriciens vénitiens d’antan, Vincenzo
De Cotiis a fait venir du monde entier les matériaux les
plus nobles : marbre jaune de Sienne pour la salle de
bains ou plaque de malachite verte de 3,6 mètres pour
L’ARCHITECTE Vincenzo De Cotiis
et son épouse, Claudia Rose De
Cotiis, près d’un fragment de
sculpture romaine et d’une œuvre
de Jean Degottex.
la table de la salle à manger. Mais comme souvent chez
lui, l’opulence du marbre, des métaux précieux et du
verre de Murano est contrastée par la patine intrigante
de matériaux moins traditionnels. Une fibre de verre
recyclée peinte à la main, qui ressemble à s’y
méprendre à une pierre précieuse, se retrouve sur de
nombreux meubles ; une tête de lit brutaliste, posée sur
des sols en terrazzo d’origine, a été peinte à la main
pour prendre des airs de béton érodé.
Ces dialogues entre les matériaux s’étendent aux œuvres
d’art. Une pièce colossale en titane et aluminium de
Michail Pirgelis et des toiles texturées de Sterling Ruby
et de Jean Degottex contrastent, par leur minimalisme,
avec le faste de la décoration. Ailleurs, des sculptures
telles que le Yellow Warrior de Simone Fattal, une
œuvre en fibre de verre vaguement anthropomorphe
signée Vincenzo De Cotiis, et une paire de statues de
Girolamo Campagna semblent converser avec les
personnages des toiles de Jean Raoux. « La vie et l’art
doivent communiquer dans la maison », explique l’architecte
d’intérieur. Meubles et œuvres d’art étant enfin
installés, Vincenzo et Claudia Rose commencent tout
juste à prendre possession des lieux. « Il faut qu’on passe
un peu de temps ici, observe Claudia Rose. Qu’on donne
un cocktail, qu’on ouvre les fenêtres pour prendre un verre sur
le Grand Canal et qu’on vive à la vénitienne. »

151
DANS LA CHAMBRE, la tête de lit
brutaliste est posée sur un sol en
terrazzo d’origine. Sur les murs
tapissés d’un tissu rouge vénitien,
des panneaux antiques chinois.
Une plaque en métal argent poli
masque, à droite, les éléments de
chauffage. À gauche, un luminaire
signé Vincenzo De Cotiis.

152
DANS LA SALLE D’EAU en marbre
Breccia Baixa, choisi pour sa
ressemblance avec le plafond
d’origine du palazzo. La chaise,
signée Carlo Bugatti, date des
années 1885.

DANS LE SALON, une œuvre de Sterling

Ruby dialogue avec une sculpture
de Vincenzo De Cotiis en laiton
et fibre de verre peinte à la main.
 « La vie et les œuvres
d’art doivent communiquer
au sein de la maison. »
— L’architecte d’intérieur Vincenzo De Cotiis

155
LES HAMPTONS

RÉALISATION Michael Reynolds

PHOTOS Stephen Kent Johnson
TEXTE Mayer Rus

Le faste de la nature et l’amour de l’art ne font qu’un

dans la maison des photographes Inez et Vinoodh,
sur l’île de Long Island. Un écrin conçu
avec l’architecte et maître menuisier Simrel Achenbach
et le designer Daniel Sachs.
 DANS LE BUREAU, autour d’une
table vintage de Paula Rubenstein
des chaises de Gerrit Rietveld.

157

DES ESCALIERS en grès rouge
du Colorado mènent à une cour
arborée entourée de murs.
L’éclairage a été réalisé par Edwina
von Gal, l’aménagement paysager
par Edwina von Gal et Tony Piazza,
du Piazza Horticultural Group.
DANS LE JARDIN, Inez, son mari
Vinoodh et leur fils Charles posent
sur le pont. Vinoodh est assis dans
un fauteuil conçu par Croft House.
Le fauteuil au premier plan est signé
Chris Wolston.
158
’œil doit voyager », affirmait
l’excentrique journaliste de
mode Diana Vreeland. Peu
d’yeux se sont aventurés plus
loin à la recherche de la beauté
et de l’inspiration que ceux
du duo de photographes Inez
van Lamsweerde et Vinoodh
Matadin. En près de quarante
ans de carrière, le couple
néerlandais a développé sous le nom d’Inez et
Vinoodh une vision singulière, fondée sur le pas
de deux complexe entre l’art et le commerce,
le chic et le spectaculaire, le tout saupoudré de
surréalisme et de fantastique. Une vision
concrétisée en trois dimensions dans leur refuge
situé dans le hameau de Water Mill, sur Long
Island, non loin de New York. La maison, pensée
comme un écrin pour la collection très personnelle
d’objets de vertu et d’œuvres d’art des époux,
démontre leur goût prononcé pour les couleurs
et les formes hypnotiques, de même que leur
approche picturale de l’organisation de l’espace.
L’endroit témoigne également de la richesse
des références accumulées par les photographes
au cours de leurs voyages aux quatre coins du
monde. La bambouseraie qui entoure l’entrée de
la propriété, par exemple, est inspirée par le décor
d’une représentation de Madame Butterfly, mise
en scène par la troupe de théâtre espagnole La
Fura dels Baus aux thermes de Caracalla, à Rome.
La rangée de myrtes de crêpe qui s’étend dans
le séduisant jardin clos ? Un clin d’œil au jardin
cubiste conçu par l’architecte paysagiste Gabriel
Guévrékian pour la Villa Noailles, à Hyères.
Quant à la suite principale, qui se trouve à l’étage
supérieur de la maison – un ajout récent –, elle fait
écho au pavillon de yoga de l’hôtel Parrot Cay by
Como, aux Îles Turques-et-Caïques, l’une des
destinations préférées du couple. Partout où l’on
se tourne, tant dans la demeure que dans son
environnement proche, il y a quelque chose de
fascinant à admirer, une composition enivrante à
contempler, une histoire à raconter. « Cette maison
est comme une nature morte, explique Inez. Nous sommes
toujours en train de déplacer les choses pour trouver de la →
DANS LE SALON, une porte coulissante
en cuivre (Desciencelab) ajoute un
élément lumineux à l’architecture.
Autour de la cheminée monumentale,
une chaise d’Olivier Mourgue,
un tabouret de Charlotte Perriand,
une jardinière en béton vintage
(Ravestijn Antiques) et une table
en rondins de bois provenant d’un
marché aux puces parisien.
« La menuiserie est
l’architecture, et l’architecture
est la menuiserie. »
— Le fondateur de Desciencelab, Simrel Achenbach
DANS LE SALON, sur un plancher en
pin, des meubles signés Arne
Jacobsen, Olivier Mourgue, Pierre
Chapo et Katsuhei Toyoguchi sont
éclairés par des lanternes d’Isamu
Noguchi. Le canapé double en daim
(Spinneybeck) et en lin (C&C Milano)
a été imaginé par les propriétaires
en collaboration avec Desciencelab
et Sachs Lindores. Les jardinières en
béton vintage (Ravestijn Antiques).
Les étagères murales ont été
réalisées sur mesure (Desciencelab).
Sur une console bleue créée par
Eugène van Lamsweerde, l’oncle
d’Inez, (de g. à dr.) un vase de Jos
Devriendt (Demisch Danant), un vase
en verre de Marcantonio Brandolini
D’Adda, une lampe de table de
Gaetano Pesce, un bol de Lou
Pignatier et une sculpture en argile
de Joy Brown.

161
 DANS LA SALLE À MANGER, des chaises
de Charlotte Perriand entourent
une table en noyer créée sur
mesure par Desciencelab. La
lithographie est signée Frank Stella.
beauté cachée. C’est un vrai plaisir de parvenir à de nouvelles
combinaisons de couleurs et d’objets. » Une chose est sûre,
le couple a le don d’établir des liens esthétiques qui
transcendent l’époque, le style et la provenance. « Le
sentiment que nous éprouvons lorsque nous créons un beau
moment chez nous est le même que celui que nous ressentons
lorsque nous prenons une belle photographie. »
Un cadre idéal
Le duo a ainsi fait de cette humble demeure des
années 1960 la toile de son expression artistique.
Il s’agissait initialement d’une construction blanche
d’un étage, de style Bauhaus, qui avait fait l’objet
de nombreux aménagements au cours des décennies.
Perchée sur une colline surplombant un étang avec
une île verdoyante en son centre, le cadre ne pouvait
être plus parfait. Pour donner vie à leur projet,
les époux ont fait appel aux mêmes professionnels
à qui ils avaient confié la rénovation de leur loft
new-yorkais : le maître menuisier Simrel Achenbach,
fondateur de Desciencelab, pour l’architecture,
et le designer Daniel Sachs, de l’agence Sachs
Lindores, pour la partie mobilier. « Le loft a été la
pierre de touche de ce nouveau projet. Son influence se fait
sentir dans l’utilisation du bois ainsi que dans la
juxtaposition de grands espaces et de coins plus intimes »,
explique Vinoodh.
Outre la création d’un nouvel étage pour y installer
la chambre principale, en porte-à-faux par
rapport à la structure d’origine, les travaux de
Simrel Achenbach ont consisté à surélever le
plafond du volumineux salon, à concevoir une salle
à manger extérieure sous forme de jardin clos,
162
Frank Stella ; Conie Vallese
à créer un salon ombragé au bord de la piscine
et à collaborer avec Daniel Sachs dans la conception
du mobilier sur mesure. Lui qui décrit sa pratique
comme « centrée sur le bois », a démontré son
maniement virtuose du pin à larges planches
récupéré dans des fermes de Pennsylvanie,
dont il a recouvert les sols, les murs et les plafonds,
ainsi que du bois rouge issu de vieilles cuves à
vin pour les armoires de cuisine. « La menuiserie
est l’architecture, et l’architecture est la menuiserie »,
résume l’artisan. De son côté, Daniel Sachs
salue la cohérence décorative qui relie le loft du
couple à Manhattan et sa maison des Hamptons.
Les deux projets sont ainsi ornés de pièces
similaires, comme les lanternes monumentales
d’Isamu Noguchi, les tissus japonais teints à
l’indigo et l’éventail vertigineux de meubles
sculpturaux. « La grande différence, bien sûr, c’est
le paysage. Ici, tout est calculé pour renforcer le lien
avec la nature », souligne le designer. Le couple a
confié l’aménagement du jardin à la paysagiste
et activiste environnementale Edwina von Gal,
fondatrice de l’organisation à but non lucratif
Perfect Earth Project, ainsi qu’au paysagiste
Tony Piazza, qui continue d’entretenir et de
développer l’espace à ce jour. En effet, bien que
le projet se soit échelonné sur environ sept ans,
le paradis rural des photographes est toujours
en cours d’élaboration. « Il s’agit d’une conversation
en constante évolution, d’une mise au point permanente »,
explique Vinoodh. Et comme le dit Inez, « pour
nous qui venons des Pays-Bas froids et pluvieux,
cet endroit est un rêve ».
UN DEUXIÈME ÉTAGE a été ajouté
à la maison pour y aménager
une nouvelle chambre principale
avec vue sur l’étang.

163
DANS LA SALLE DE BAINS, le marbre
rose portugais et le travertin romain
dialoguent avec harmonie.
Le tabouret est signé Paul Ketz.
Serviettes (D. Porthault).
«  Nous déplaçons sans cesse les choses
pour trouver de la beauté cachée.
C’est un vrai plaisir de parvenir à de
nouvelles combinaisons.  »
— La photographe Inez van Lamsweerde

DANS LA CHAMBRE PRINCIPALE,

les fenêtres du sol au plafond
embrassent généreusement le
paysage. Des luminaires Marset
trônent à côté d’un lit en noyer.
Taies d’oreiller (D. Porthault).

165
LE PERRON de la maison annonce
la suite, avec son mix de colonnades
et de plateaux brutalistes de pierre
et de fer.

DANS LE HALL, un vase signé Fos

est posé sur une console en béton
oblique intégrée dans le mur. À côté,
un fauteuil Glass & Steel Chair
de Fredrik Paulsen.
 MILAN

RÉALISATION Francesca Santambrogio

PHOTOS Simon Watson
TEXTE Alessandra Pellegrino

Dans la capitale lombarde, un joyau de l’architecture

italienne reprend vie. Tout s’y combine et s’ajuste
dans la plus parfaite harmonie, sous l’œil exercé du
couple de créatifs qui s’y est établi.
167
« Les éléments d’origine contribuent
à la définition de cette
extraordinaire œuvre d’architecture. »
— Le directeur artistique Jesse Dorsey

DANS LE SÉJOUR, autour

d’une table de Vittoriano Viganò,
des chaises Murena Light
(Marta Sala Éditions) Sur un
socle de Sabine Marcelis,
une sculpture de Nuna Parr.
Les murs ont été habillés
de panneaux en marbre et en
bambou quand les radiateurs
d’époque ont été repeints
en couleurs vives. Suspension
de Hans-Agne Jakobsson.

168
DANS LE JARDIN dessiné par le
paysagiste Pietro Porcinai, des
assises vintage P3 de Tito Agnoli.
 ilan, années 1970. Vittoriano
Viganò, architecte emblématique
du brutalisme italien, signe
l’une des habitations les plus
gracieuses de l’après-guerre dans
la capitale lombarde. Contacté
pour réinventer une maison
de ville implantée entre la cour
et le jardin d’un immeuble
néoclassique, l’architecte place
son intervention sous le signe du continuum. Il s’agit pour lui
de relier, d’aligner et d’ordonner. De tracer des parcours, des lignes
DANS LE COIN REPAS, autour de la
table en onyx conçue par Jesse
Dorsey, des chaises Murena Light
(Marta Sala Éditions). Au mur,
une peinture de Yehouda Chaki.
Suspension vintage de Torsten
Thorup et Claus Bonderup.
de mouvement, d’organiser les flux d’énergie qui irriguent
le corps du bâtiment. Son entreprise est un succès, mais reste
largement confidentielle. Passent les jours, passent les années,
et rien ne vient divulguer ce secret bien gardé.
Milan, peu de temps avant le confinement. Ce jour-là, Jesse
Dorsey ne sait pas encore, en visitant une maison avec sa femme,
Wannasiri Kongman, et son fils, qu’ils prendront bientôt leurs
quartiers dans un trésor du patrimoine architectural italien.
Il s’est laissé submerger par l’émotion du lieu. Un coup de foudre
qui n’est pas sans lui rappeler celui de sa rencontre avec Wannasiri
à New York, en 2004. Ensemble, le Canadien et la Thaïlandaise
emménagent rapidement dans un appartement du quartier →
171
 DANS LE SALON, autour d’un
lampadaire en laiton avec base en
béton Street Lamp signé FOS,
s’articulent des canapés tapissés
de tissu lavande dessinés par
l’architecte Vittoriano Viganò, un
sofa jaune Lara de Roberto Pamio &
Renato Toso (Stilwood) et une
console noire de Carlo Scarpa.

de NoLita, où ils se mettent à dessiner – d’abord sur la table de la

cuisine – les sacs à main de la marque BOYY, devenue aujourd’hui
un acteur incontournable du luxe global. Ils s’installent quelque
temps à Bangkok, la ville natale de Wannasiri, avant de décider,
en 2018, de prendre pied dans la capitale italienne de la mode.
« Il n’y a pas de meilleur endroit, nous explique Jesse. C’est ici que sont
installés nos fournisseurs de cuir, notre boutique se trouve à quelques pas,
et tout est à échelle humaine. »
Passé le portail d’époque, c’est une sorte de pont en pierre et en
fer qui fait office de seuil. Dans l’agencement de traits apparemment
discordants, le seuil est un prologue, qui réussit à se fondre aussi
bien dans les proportions néoclassiques des environs que dans
l’asymétrie sciemment organisée par Vittoriano Viganò. L’entrée
se fait en apesanteur, par une suite de marches suspendues.
Il est 15 heures mais la lumière du jour éclaire encore intensément
l’espace. « La première fois que Wannasiri a mis le pied dans la maison,
elle l’a détestée, parce qu’elle l’a trouvée trop sombre », confie Jesse. « Pire
encore, je la trouvais lugubre et repoussante, corrige Wannasiri. Le jardin
privé, une rareté dans le centre-ville, était laissé à l’abandon, tout était sec…
Ma première impression a été très mauvaise. » Pourtant, derrière cette
épaisse gangue faite de tentures aubergine – qui envahit tout
l’intérieur, des murs aux portes des armoires, faisant même office
de rideaux – Jesse Dorsey entrevoit le potentiel ultra-lumineux.
Les murs et le plafond ont beau être enduits de gesso blanc, cela
ne suffit pas. Il faut faire disparaître les tons lugubres pour que
resplendisse l’éclat de l’ivoire.

Vers un continuum visuel

Sur l’ensemble du chantier, le couple se fixe une seule limite :
ne toucher en rien au bâti d’origine. L’appartement se développe sur
deux niveaux. Des axes rigoureux et perpendiculaires définissent
le rez-de-chaussée. Un gracieux motif encastré inventé par Viganò
scande le rythme, de la cour à l’entrée, de la chambre-studio
au vaste séjour, avant de se poursuivre dans le jardin imaginé par le
paysagiste Pietro Porcinai. La maison ressemble ainsi à un passage
grandeur nature, un volume d’un seul tenant qui fait office de lisière
entre l’intérieur et l’extérieur. Le sol en granit, qui pénètre dans la
maison depuis le jardin, s’associe aux gigantesques baies vitrées
toute hauteur garantissant un continuum visuel qui répond
également à des critères fonctionnels. « Dans cette zone, les interventions
se sont concentrées sur les revêtements des sols et des murs – y compris les inserts
en marbre et en bambou –, ainsi que sur les meubles qui rassemblent une
sélection du meilleur design italien », souligne Jesse Dorsey qui, avec
l’aide de l’architecte Massimo Galli, a rénové de fond en comble
l’appartement en à peine six mois. Parmi les éléments laissés →
173
L’ESCALIER est éclairé par
un plafonnier de Giovanni
Offredi (MC Selvini).
intacts, on distingue les murs avec leurs rangements intégrés,
la grande table pour les repas ainsi que les canapés et leur tissu
lavande. « Ce sont tous des éléments qui, par leur forme et leur texture,
contribuent à la définition de cette extraordinaire œuvre d’architecture »,
précise Jesse Dorsey.
L’aile droite conduit vers une étroite cuisine années 1970,
aux tons célestes. Un coin zen composé d’une table en marbre
et d’un banc recouvert de velours permet de profiter de la vue
sur la cour. « C’est mon lieu de réflexion, mon endroit préféré », indique
Wannasiri Kongman en nous montrant le garde-manger encore
en usage, relié aux anciens appartements du personnel de maison.
« Je rêve d’une cuisine gigantesque, je la réaliserai dans l’actuel studio.
J’ai besoin d’un espace de convivialité plus vaste et ouvert pour tester toutes
mes recettes lors de nos repas entre amis. » Un escalier sinueux nous
mène à l’étage, qui dégage une impression très différente. Adieu
la symétrie, adieu le brutalisme. On pénètre ici dans le règne
LE COULOIR menant aux chambres
est tapissé d’un papier peint
fresque (Andrew Martin). Au fond,
la porte a été réalisée sur mesure
par Hugh Findletar à l’aide
d’éléments en verre de Murano
soufflé.
de la fantaisie débridée. Papier peint floral, miroirs, vêtements
et chaussures s’agencent dans un savant chaos créatif. C’est
ici l’univers de Wannasiri, qui a fait de l’éclectisme l’ingrédient
de son succès. Chatoyante, sophistiquée et romantique, la
chambre surprend également par son immense armoire et son
système de rangement encastrable datant de l’époque, auquel
s’ajoute un meuble en bambou fabriqué sur mesure. L’atmosphère
du séjour, avec sa vue plongeante sur le jardin, invite à la détente,
avec des couleurs légères et les silhouettes délicates du mobilier.
Dans un silence absolu, on progresse à pas feutrés sur la
moquette qui couvre une grande partie du sol, tandis qu’aux
murs, des panneaux de velours contribuent également à
l’isolation phonique de ce cocon. Au beau milieu d’une
mégalopole agitée, on baigne dans la sérénité. C’est ainsi que,
rappelé à la lumière et réinvesti par la chaleur de l’amour,
le chef-d’œuvre de Vittoriano Viganò a repris vie.
DANS LE SÉJOUR à l’étage, une
console des années 1980.
175
L’ATMOSPHÈRE RIVIERA de
l’appartement se prolonge jusque
sur les terrasses, avec l’usage de ce
jaune résolument méditerranéen.
Fauteuil Reine (Ebur). Table en grès
chamotté et marbre (Léa Ginac).
 NICE

L’esprit du Sud
Sarah de Beaumont
RÉALISATION
PHOTOS Romain Courtemanche
TEXTE Annabelle Dufraigne

Cet appartement niçois baigné de lumière

est l’illustration idéale de l’élégance
méditerranéenne. Il est l’œuvre du couple
de décorateurs Dahlia Hojeij et Augustin
Deleuze, passionnés d’art, d’antiquités…
et éperdument épris de la Côte d’Azur.
177

et appartement est une
histoire d’amour. Entre ses
propriétaires avant tout,
un jeune couple d’esthètes
parisiens : Dahlia Hojeij
Deleuze, architecte
d’intérieur, cofondatrice du
Studio Ebur, et Augustin
Deleuze, antiquaire et associé
de la maison de mobilier
Pierre Augustin Rose. Une idylle avec la région,
ensuite. D’une même voix, Dahlia et Augustin clament
leur attachement à la Côte d’Azur, qui rappelle à
Dahlia ses origines libanaises : « On est tombés tellement
amoureux de cet endroit, de cette lumière. » Une lumière
« dingue », qui les a immédiatement attirés vers
cet appartement niché dans une maison de deux
étages sur les hauteurs de Nice, tout près de la mer.
Lors de la visite, c’est le coup de foudre : une vue
époustouflante sur la baie, de beaux volumes et,
surtout, des pièces baignées de soleil. « Toute la base
était là, il n’y avait plus qu’à injecter notre travail pour
en faire le bijou dont on rêvait », résume Augustin Deleuze.
L’allégorie d’un Sud idéal
Cet écrin, le couple le taille à l’image de ce Sud
qu’il fantasme : « L’âge d’or de la Riviera, dans les années
1950, et tout ce que cet imaginaire convoque au cinéma,
dans la photographie, dans les maisons de vacances… »
Si tout est à refaire, ils conservent néanmoins le plan
de l’appartement. Une petite entrée mène au salon
ouvert sur la cuisine, que le couple a pensés en miroir :
des panneaux de bois de palmier se répondent,
toute hauteur, dans chacune des pièces. Au sol,
une pierre de Bourgogne « entièrement blanche, pour une
touche moderne, tout en restant dans le style de la région »,
précise Dahlia Hojeij.
La Méditerranée vibre, en effet, partout dans
l’appartement. Les murs de la chambre principale sont
habillés de raphia, tandis que la salle de bains est
178
DANS LE SALON, autour d’une table
basse des années 1940 à l’épais
plateau en verre, un canapé
contemporain (Pierre Augustin
Rose), un fauteuil des années 1920
et un fauteuil paillé N° 21 (Charlotte
Perriand). Au mur, des appliques
Sirènes (Riccardo Scarpa)
encadrent une sculpture
d’Antoniucci Volti. Un cendrier de
Jacques Adnet (au premier plan) et
des pichets de Georges Jouve
complètent la décoration soignée.
Tapis (Ivan da Silva-Bruhns).
entièrement recouverte de marbre cipolin aux tons
verts – beaucoup employé dans l’Antiquité romaine –,
dont le temps a laissé des aspérités singulières.
« On aime quand les choses ne paraissent pas trop neuves,
trop lisses, tout en amenant de la modernité », explique
Augustin Deleuze. Aussi, de grandes portes pivotantes
ont été ajoutées dans le prolongement de la cuisine
afin d’accéder aux deux chambres attenantes.
Un apport ingénieux volontaire, « pour qu’on les devine
à peine et que cela crée l’inattendu », indique Dahlia Hojeij.
Dialogue des styles, alchimie des matières
On l’aura compris : le couple, passionné de chine,
ne laisse pas de place au hasard. Le salon mêle des pièces
d’antiquaire (comme une sculpture d’Antoniucci Volti),
des classiques du design (comme un siège paillé de
Charlotte Perriand), à un canapé contemporain signé
Pierre Augustin Rose. Avec un penchant Art déco
revendiqué : « Cela avait du sens d’installer du mobilier Art
déco tout en continuant de s’ancrer dans la région : la sculpture de
Volti a été produite dans le village d’à côté, à Villefranche-sur-Mer »,
précise Augustin Deleuze. On décèle aussi un goût
ostensible pour le style vénitien, qui s’incarne dans des
assises de Carlo Bugatti disséminées au fil des pièces.
Dans la chambre, deux appliques Sirènes de Georges
Jouve suscitent l’émoi du couple : « On les voulait depuis
tellement longtemps, quand on a visité l’appartement, on les y
a tout de suite imaginées », confient-ils, exaltés. Ces Sirènes,
tout comme le mobilier signé Mathieu Matégot dans
la salle à manger, représentent autant d’emblèmes
de ce Sud si cher à Dahlia et Augustin : « Le salon Cap
d’Ail a toute sa place ici, et le jaune renforce encore davantage
l’ambiance méditerranéenne. » Ultime coquetterie :
un fauteuil de Jacques-Émile Ruhlmann recouvert de
raphia par le couple, qui l’a de facto surnommé
« Le Ruhlmann de plage » : « On a voulu lui donner un côté Sud
qui se lie à l’appartement, ça lui va tellement bien ! » Ici,
l’élégance résonne avec la Méditerranée pour ne plus
faire qu’un. « On recherchait une version chic de l’esprit Sud »,
concluent-ils de concert.
DANS LA CUISINE-SALLE À MANGER,
l’esprit Riviera est porté par le
salon Cap d’Ail de Mathieu Matégot
et son fauteuil Tropiques. S’il
n’imagine pas ce mobilier dans
un contexte parisien, le couple lui
donne « toute sa place ici, avec
ce jaune à l’ambiance très Sud ».
Pichet (Jean Lurçat) et coupe
en céramique des années 1940.
L’APPARTEMENT, situé dans le quartier
du Mont Boron, sur les hauteurs
de Nice, offre une vue imprenable
sur la Baie des Anges.

LA CUISINE fait miroir avec le salon

et ses boiseries toute hauteur.
Dans le prolongement, des portes
pivotantes discrètes mènent
aux chambres. Le plan de travail
est en marbre Trani.

LE FAUTEUIL des années 1920

dialogue harmonieusement avec le
tapis coloré d’Ivan da Silva-Bruhns
et la table basse des années 1940,
au plateau en verre épais.

« On recherchait une

version chic de l’esprit Sud. »
— Les décorateurs Dahlia Hojeij et Augustin Deleuze

181
LA DEUXIÈME CHAMBRE présente
un lit en parchemin des années 1940
et une paire d’appliques murales
(Fortuny) et un miroir sur le modèle
de Serge Roche. Plaid en cachemire
(Sandriver en exclusivité au
Bon Marché Rive Gauche).

182
LA SALLE DE BAINS se pare
entièrement de marbre cipolin.
Le bénitier du xviiie siècle
et le miroir vénitien xviie siècle
ont été chinés par le couple.
LA CHAMBRE rayonne par son aspect
méditerranéen, influencé par les
origines libanaises de Dahlia Hojeij.
Les murs sont habillés de raphia
et ornés de deux appliques Sirènes
de Georges Jouve. Sur les tables
de nuit Art déco signées Michel
Dufet, une lampe de chevet
de Mathieu Matégot. Plaid en
cachemire (Sandriver en exclusivité
au Bon Marché Rive Gauche).
LE STYLE VÉNITIEN est mis à l’honneur
par touches récurrentes avec des
assises de Carlo Bugatti et ce cadre
de miroir du xviie siècle auquel
le couple a ajouté un fond rouge.
Dahlia Hojeij et Augustin Deleuze
affectionnent particulièrement
cet esprit méditerranéen qui
se rapproche des esthétiques
perse, syrienne et ottomane.

UN FAUTEUIL EN RAPHIA de Jacques-

Émile Ruhlmann et un paravent
en parchemin des années 1930
répondent au mur en raphia, dans
un esprit monochrome rappelant la
lumière de la région.

185
DANS LE SALON, face au balcon
et à la vue panoramique,
deux canapés Camaleonda
de Mario Bellini.
 PARIS

RÉALISATIONGianluca Longo
PHOTOS Matthieu Salvaing
TEXTE Ellie Pithers

Le directeur artistique Felipe Oliveira

Baptista, qui fit ses adieux à Kenzo en
2021, a trouvé avec son épouse Séverine
un appartement aux hautes baies vitrées
et aux vastes panoramas, conditions
non négociables pour le couple en quête
absolue de lumière. Un vœu exaucé…
le tout avec vue sur Montmartre.
187
 rois portes-fenêtres grimpant
du sol au plafond encadrent le
grand salon de Felipe Oliveira
Baptista, dans un duplex au
dernier étage qui surplombe
le quartier de Saint-Georges,
à Paris. L’ensemble est
splendide. Associée aux rideaux
à l’autrichienne transparents,
à un imposant corps de
cheminée à rayures, à un lierre du diable et à un
canapé Camaleonda signé Mario Bellini, la lumière
qui pénètre donne une ambiance cinématographique à
la pièce. Difficile de résister à l’envie de sortir sur
l’étroite terrasse, où l’on pourrait passer des après-midi
entiers à observer la foule dans le square en contrebas.
Il faut cependant attendre la tombée de la nuit
pour assister au véritable spectacle, lorsque le ciel
teinté de rose s’estompe pour révéler les lumières
scintillantes de Montmartre et les coupoles brillantes
du Sacré-Cœur qui semblent à portée de main.
Créateur de mode et artiste, à 18 ans, Felipe Oliveira
Baptista quitte Lisbonne et ses 3 000 heures
d’ensoleillement annuel qui baignent la ville. Une fois
installé à Paris, d’abord établi chez Christophe
Lemaire, puis comme directeur de la création chez
Lacoste puis Kenzo, il s’aperçoit que le soleil lui
manque cruellement. Ainsi, lorsqu’il cherche à acheter
une maison dans la Ville Lumière près de vingt ans
après son arrivée en France, les importantes surfaces
vitrées se hissent en haut de sa liste de priorités. C’est
à son épouse parisienne, Séverine, que Felipe Oliveira
Baptista attribue la découverte des lieux. Le couple,
qui vit et travaille ensemble depuis la fondation de sa
marque en 2003, souhaite s’installer dans une maison
plutôt que dans un appartement. Tous deux aiment
travailler parfois depuis leur domicile et, avec deux
adolescents à la maison, ils ont besoin d’espace. Mais
après une série de déceptions auprès de nombreuses
188
agences immobilières, ils décident de concentrer leur
priorité sur les vues offertes. C’est là que Séverine
repère une annonce en ligne ne comportant qu’une
seule photo : une vue montrant le panorama depuis
ce qui est aujourd’hui la fenêtre du salon. Elle prend
immédiatement rendez-vous pour une visite. Le charme
opère instantanément. « Dès que l’agent immobilier a eu
le dos tourné, nous nous sommes regardés et avons crié en silence,
se souvient Felipe en riant. Ce qui est drôle, c’est qu’il y a
vingt ans, nous sommes allés dîner chez un ami qui habitait
juste au coin de la rue. En rentrant, nous étions passés par le
square et j’avais montré cet appartement à Séverine en
lui disant “Un jour, j’aimerais bien vivre dans un endroit
comme ça”. » Et la vue tant espérée ? « C’est comme vivre
devant un décor de cinéma. »
À la croisée des époques
En coulisse, cependant, les choses n’ont pas été si
simples. Lorsque les nouveaux propriétaires reçoivent
les clés en 2016, l’espace est à la croisée des époques :
les cheminées gothiques sont bien trop imposantes,
et le couloir, recouvert de miroirs des années 1920,
est endommagé et présente divers éléments
haussmanniens fatigués. Cela dit, le mur incurvé et
son élégant escalier tournant servent de première
source d’inspiration : le couple décide d’ouvrir l’espace
en supprimant les portes au profit d’arcs dégagés,
en répétant ce motif incurvé sur toute la superficie.
« Nous voulions limiter les interventions, ajoute Séverine,
qui a dirigé les neuf mois de rénovation. Nous voulions
donner l’impression que l’appartement aurait pu être construit
comme ça. » L’espace est paisible, comme tout droit
sorti d’un rêve grâce à la nuance bleu pastel qui habille
toutes les pièces à l’exception de la cuisine couleur
cappuccino et de la salle de bains où le couple a opté
pour un kaki brillant, tirant sur l’avocat. Plusieurs
essais ont été nécessaires avant de trouver ce bleu
particulier, que Séverine décrit comme « calme : apaisant
mais stimulant », car après avoir coloré les sols en chêne →
« Nous voulions donner l’impression
que l’appartement aurait
pu être construit comme ça. »
— La décoratrice Séverine Oliveira Baptista
DANS LE HALL D’ENTRÉE, un bureau
George Nelson pour Herman Miller,
des sculptures de Kalou Dubus
et Pascal Humbert, amis du couple,
et un miroir en papier mâché
provenant de The Window, l’un
de leurs magasins d’antiquités
favori à Los Angeles.

189
DANS LE SALON, en face
de la cheminée et des canapés
Camaleonda, le fauteuil
Marsala, en forme de croissant,
conçu par Michel Ducaroy,
devant la fenêtre.
CONQUIS PAR LE MUR COURBE de la
cuisine de leur maison précédente,
le couple a agencé la banquette
en cuir pour qu’elle épouse le
mouvement de la table ronde
signée Ettore Sottsass. Devant,
des chaises de Joe Colombo. La
suspension Kalaari a été imaginée
par Vico Magistretti pour Oluce.
d’un brun palissandre plus foncé, il a fallu trouver
une teinte tout aussi puissante pour habiller les murs.
La famille ayant toujours vécu dans des maisons
bleues, la propriétaire n’a jamais douté de son choix.
La cheminée, dont le conduit avait été remodelé pour
rappeler la cheminée incurvée de la villa Cavrois, la
demeure moderniste de Robert Mallet-Stevens dans
le nord de la France, l’a laissée plus perplexe. « Elle
avait été fabriquée en faux bois et peinte en bleu foncé, se
rappelle Séverine, esquissant un sourire. Maintenant,
elle a des rayures et j’en suis folle. J’ai mis du temps à convaincre
Felipe mais j’adore le résultat. »
C’est ce va-et-vient créatif qui a inspiré l’aménagement
de l’appartement, tout comme il guide le partenariat
professionnel du couple. « Dans la mode, c’est Felipe qui
mène, puis c’est un ping-pong, explique-t-elle. À la maison,
c’est l’inverse. Mais le dialogue reste le même. Nous aimons
échanger et aboutir à un résultat que nous n’aurions jamais
atteint séparément. » Chacun apporte sa touche
individuelle pour composer une harmonie tout en
relief. Les peintures et les photographies de Felipe
animent les pièces de l’appartement. Après avoir quitté
Kenzo à l’été 2021, le créateur s’est consacré à la
peinture et au dessin, pour aboutir à une exposition
comprenant des lithographies et des gravures,
organisée à Paris en mai 2022. Ses figures langoureuses
décorent les têtes de cheminées et les portes des
placards. De son côté, Séverine a l’œil pour dénicher
en ligne des trésors des années 1970 et 1980. En
témoignent les plafonniers Mario Botta, les tables
Ettore Sottsass et les chaises Sergio Rodrigues
qui meublent l’appartement.
En matière de détails, rien ne lui échappe : le mobilier
de la salle de bains a été choisi par ses soins dans un →
191
 DANS LA SALLE DE BAINS aux murs
avocat, le mobilier a été trouvé dans
un dépôt en Grande-Bretagne. La
paire de chaises provient du marché
Paul-Bert à Saint-Ouen.

LES COURBES LANGOUREUSES de

l’illustration de Felipe apportent une
touche fantaisiste à la cheminée
minimale, tandis que les totems
allemands en céramique des années
1970, achetés à Lisbonne, font écho
aux formes droites des pots de Willy
Guhl dans le salon.

dépôt en Grande-Bretagne et la cuisine cappuccino

a été tapissée de carreaux portugais bleus tout
simples, « les moins chers que l’on puisse trouver », pour
faire écho à la collection de verrerie bleue opaline
qu’elle a rassemblée au fil de ses nombreux
passages chez The End of History, le célèbre
magasin d’antiquités new-yorkais.

Une prise de risque assumée

Le couple n’est pas maniaque à l’égard de l’appartement,
au point qu’il a laissé son fils aîné y organiser sa fête
d’anniversaire pour ses 18 ans et son dernier jour de
lycée. « Nous avons pris une chambre dans un hôtel voisin,
se souvient Felipe. Nous étions un peu inquiets car il y avait
une soixantaine d’adolescents ! À une heure du matin, nous les
avons observés depuis l'extérieur. Nous pouvions les entendre
crier et voir les silhouettes danser… » « … Mais il a tout
nettoyé », ajoute Séverine. Ils aiment décorer la maison
pour Noël et organiser des dîners pour leurs amis
parisiens, comme le créateur de mode Pascal Humbert
et la céramiste Kalou Dubus.
Les fêtes se font plus rares ces derniers temps, car
la famille s’apprête à s’installer à Lisbonne. Elle
prévoit d’avoir un pied-à-terre dans les deux villes,
Felipe se concentrant sur une activité de conseil
parallèlement à sa pratique artistique et Séverine
explorant une carrière naissante dans le domaine de
la décoration d’intérieur. Ils y rénovent une maison
datant du début du xxe siècle avec un jardin. Séverine
a déjà remporté quelques enchères en ligne pour des
pièces vintage. « J’aime quand la maison retrace nos vies à
la manière d’une carte, avec toutes les choses que nous avons
vécues et collectionnées », indique Felipe. Le soleil mis à
part, ils auront peut-être du mal à retrouver une
pareille vue. Séverine acquiesce : « Je me demande ce
que la ville nous réserve comme belles surprises. »

192
 DANS LA CHAMBRE PRINCIPALE,
un plafonnier Zafiro signé
Mario Botta (Artemide) plane
au-dessus du lit recouvert d’une
parure à rayures que Séverine
Oliveira Baptista a fait
confectionner à Paris.

193
 L’UNIVERS AD
AD & Range Rover Awards

Les jeunes designers

à l’honneur
Le 9 février, AD et Range Rover étaient réunis à l’hôtel Kimpton
St Honoré pour récompenser 5 jeunes créateurs
particulièrement prometteurs. Retour en images sur cette soirée.
PAR Nicolas Milon PHOTOS François Rouzioux

1 2 3 4 5

6 7 8 9 10

1. Le guéridon Némésis de Fleur Delesalle, catégorie Ultimate Chic Elegance. 2. Marina Hemonet (Head of Editorial Content AD) et le designer Vincent Darré,
maître de cérémonie. 3. Le Range Rover devant l’hôtel Kimpton St Honoré. 4. De g. à dr., Dan Yeffet, Guillaume Delvigne, Vincent Darré, Sophie Dries, Philippe
Robbrecht, Marina Hemonet, Christophe Delcourt et Axel Goulée. 5. Les Volcans de Bertrand Fompeyrine, catégorie Evolution and Innovation. 6. Le jury
(de g. à dr.) : Christophe Delcourt, Guillaume Delvigne, Sophie Dries, Dan Yeffet et Axel Goulée. 7. La chaise Kelly de Frédéric Pellenq, catégorie Remarkable
Design. 8. Delphine Royant (Condé Nast), Michael Pierre (Directeur Communication et Événements Jaguar Land Rover France) et Marina Hemonet. 9. La table
basse Timeless de Pierre Lacroix, catégorie Timeless Impact. 10. De g. à dr., Fleur Delesalle, Christophe Delcourt, Frédéric Pellenq, Guillaume Delvigne, Pierre
Lacroix, Sophie Dries, Philippe Robbrecht, Marina Hemonet, Dan Yeffet, Bertrand Fompeyrine, Cédric Gepner et Sophie Gelinet, Axel Goulée.

CI-DESSOUS, Marina Hemonet, les lauréats du

Special Prize, Cédric Gepner et Sophie Gelinet,
de Studio Haos, Philippe Robbrecht (Président &
Directeur Exécutif, Jaguar Land Rover France).
À DROITE, la chaise Chair 2022 de Studio Haos,
catégorie Endless Reinvention.
Studio Haos, Special Prize
Sophie Gelinet et Cédric Gepner, de Studio Haos,
n’étaient pas prédestinés à devenir designers, hormis un fort
tropisme pour la création sous toutes ses formes et « l’envie
de faire des choses ensemble ». Tout commence donc avec une lampe
en céramique qui ne tarde pas à se muer en collection. Suivent
le bois, le bronze et aujourd’hui le métal. Partant de zéro, le couple
créatif découvre à chaque matériau un nouveau sujet, comme un
jeu. Mais après quelques parutions presse, tout s’accélère et le
duo s’installe à Lisbonne pour fabriquer lui-même dans son propre
atelier. Gage d’une totale liberté, c’est aussi une contrainte
qui guide les deux designers vers cette sobriété qui est la leur,
à l’image de la chaise qu’ils présentaient pour les Awards, constituée de simples
tiges d’acier inox et de contreplaqué basique. Une contrainte autant qu’un
choix dont ils sentent qu’elle peut les mener vers l’esthétique qu’ils recherchent
« et prouver qu’il est possible de susciter des émotions fortes dans une véritable économie
de moyens. Le Special Prize, c’est aussi pour nous la preuve que notre démarche un peu
radicale est comprise ».

194
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MAI / JUIN 2023

Paris 9e Paris 19e

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de grande qualité, équipé de la climatisation et de la domotique, il
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Prix : 2 990 000 € | Réf : 5064306
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appartement de 123 m² offrant une superbe vue dégagée sur les jardins
et la coupole de la Bourse du Commerce. Exposé sud, il se compose
d’une entrée, d’un salon, d’un séjour, d’une salle à manger, d’une cuisine
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Prix : 2 400 000 € | Réf : 6835276

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Marseille 8ème – Place Delibes Marrakech

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L’Aigle Paris 9ème – Nouvelle Athènes

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MAI / JUIN 2023

Paris 16ème – Michel Ange Alpilles

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Théoule-sur-Mer Bordeaux – Centre historique

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MAI / JUIN 2023
BREUER I SCEAUX
À RÉNOVER | Architecture des années 60, cette superbe maison brutaliste
de 183 m2 dans le plus pur style de ces années se déploie sur trois niveaux.
Les audacieux matériaux d’origine sont parfaitement conservés et font de
ce bien emprunt de son époque, un lieu singulier qui ne demande qu’à être
sublimé.
Prix : 1 390 000 € I Réf : AP186
LE MOULIN | MARSEILLE 2ÈME
À VIVRE I Architecture du XVIIIe siècle, cet ensemble de 268 m2 aux vues
imprenables, niché au sommet du quartier historique du Panier se
compose d’une maison de ville indépendante, d’un duplex et d’un
appartement, le tout, offrant une œuvre architecturale unique développée
autour de la réhabilitation d’un moulin datant du XIIIe siècle.
Prix : 1 750 000 € I Réf : OP1281
LA MAISON 1492 | MARSEILLE 6ÈME
À VIVRE I Architecture du début du XXe siècle, cette maison rénovée par
architecte de 130 m2 avec son patio de 25 m2 plante le décor dans une ruelle
calme du quartier prisé de Vauban. Entièrement restructurée par
architecte, la maison, sublimée par des matériaux aux tons sables et
terracotta, se découvre sur 4 étages au gré d’un escalier maçonné.
Prix : 995 000 € I Réf : OP1245
LE ROUGE ET LE NOIR | TOULOUSE
À VIVRE I Architecture contemporaine, cette maison familiale de 103 m2
avec piscine et sa chartreuse de 35 m2 à la façade traditionnelle se situent
dans une rue résidentielle du quartier Saint-Agne. La pièce de vie
entièrement décloisonnée accueille la lumière de l’Ouest à travers ses
baies en aluminium noir qui répondent au carrelage foncé.
Prix : 615 000 € I Réf : AT220

Paris 5e – Exceptionnel : Place du Panthéon
Au 4 étage avec ascenseur d’un très bel immeuble en pierre de taille de
e
1927, un magnifique appartement ensoleillé et traversant de 252 m2 avec
3,20m sous plafond, d’une luminosité remarquable, avec de superbes
vues sur le Panthéon et l’église Saint-Étienne-du-Mont. Vaste galerie
d’entrée vitrée des 2 côtés, double réception plein sud, grande cuisine-
salle à manger, 4 chambres, bureau ou 5e chambre, family room, 2 salles
de bains, 2 salles d’eau, cave. En option et en sus, studio de 19 m2 au
dernier étage avec ascenseur, balcon et vue. Exclusivité.
Prix : 7 140 000 €
Luberon – Une bastide historique à Ménerbes
À 55 min de la gare TGV d’Avignon et à une heure de l’aéroport de
Marseille, cette ravissante bastide des XVIe et XVIIIe siècles, la première
‘maison forte’ de Ménerbes, d’une surface habitable de 360 m2
complétée par 80 m2 de dépendances, est située au cœur d’un parc
romantique à l’anglaise entouré d’un terrain de plus d’un hectare et jouit
d’une très belle vue. Sur 3 étages, elle comprend : salon-salle à manger
de 103 m2, cuisine, salon d’été, cuisine d’été, 8 chambres, 6 salles de
bains, garages, piscine de 12mx5m.
Prix : 3.590.000 €
L’immobilier AD
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Paris 1er – Location dans les jardins du Palais-Royal
Rue de Beaujolais, au 3e étage plein sud d’un très bel immeuble de la fin
du XVIIIe siècle avec ascenseur, récemment restauré, un magnifique
appartement de 110 m2 rénové par un décorateur de renom, avec 3
fenêtres offrant une vue exceptionnelle sur les jardins. Entrée, salon avec
2 fenêtres sur les jardins, salle à manger sur les jardins, 2 chambres,
salle de bains, salle d’eau, cuisine. Parquet Point de Hongrie, cheminée.
Location vide. La plus belle vue des jardins du Palais-Royal. Exclusivité.
Loyer mensuel : 7 800 € charges comprises.
Paris 6e – Un double atelier rue des Beaux-Arts
Au 6e et dernier étage d’un immeuble ancien avec ascenseur jusqu’au 5e,
un extraordinaire appartement-atelier de 168 m2 entre rue et jardin,
inondé de soleil, avec 4,80m sous plafond. Grande entrée, spectaculaire
séjour-atelier de 42 m2 traversant nord-sud, magnifique suite-atelier
d’angle de 27m2 avec verrières, bureau, salle de bains et dressing,
2 autres chambres, salle d’eau, cuisine, 2 caves. Parfait état.
Prix : 5.700.000 €
 AD 178
Le flashback

Andreas Kühnlein
PAR
L’AGORA D’ALDO ROSSI

PALLADIUM / Barbara Burg + Oliver Schuh

En lieu et place des usines de cacao Perugina, le grand maître italien

du postmodernisme Aldo Rossi a installé une agora moderne, écrivant
un sublime morceau d’histoire de l’architecture.
Au Centro Direzionale di Fontivegge, surnommé « Broletto », en hommage aux mairies typiques des villes lombardes, Aldo Rossi installe
plus de 21 marches qui apparemment ne mènent nulle part, avec vue sur un ensemble administratif postmoderne. C’est en 1983 que démarre
son édification, sur la Piazza Nuova, à Pérouse. Le maître d’œuvre milanais – et collectionneur passionné de voitures miniatures – imagine
alors L’Architettura della Città, l’architecture de la ville, comme une alternative proto-européenne à la cité fonctionnelle, adaptée aux voitures
du futur. On dirait que l’ensemble a été peint… pas étonnant, Aldo Rossi était aussi un dessinateur de talent – son travail graphique
peut être vu au musée du dessin architectural, à la Fondation Tchoban à Berlin jusqu’au 14 mai.

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