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FRANÇAISE
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jrpi
OPP 21-0245
7 avril 2022
DECISION
Vu l’arrêté du 24 avril 2008 modifié, relatif aux redevances de procédure perçues par l'Institut
national de la propriété industrielle ;
A la demande conjointe des parties, la procédure d’opposition a été suspendue pendant deux
périodes successives de 4 mois.
II.- DECISION
La demande d’enregistrement porte sur le signe complexe LE PARMESAN CE N’EST PAS QUE
POUR LES GRANDS !, ci-dessous reproduit :
Ce signe est présenté comme destiné à désigner les produits suivants : « Aliments pour bébés ;
Légumes conservés ; légumes séchés ; légumes cuits ; compotes ; Préparations faites de céréales ».
L’indication géographique antérieure invoquée par l’opposant est l’Appellation d’origine protégée
(AOP) PARMIGIANO REGGIANO.
L’opposant invoque notamment une atteinte à cette indication géographique par « évocation », pour
l’intégralité des produits désignés dans le dépôt contesté.
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Pour établir l’existence d’une « évocation » de l’indication géographique, au sens des dispositions
précitées, il incombe d’apprécier si le consommateur moyen, normalement informé et raisonnablement
attentif et avisé, en présence du signe litigieux, est amené à avoir directement à l’esprit, comme image
de référence, la marchandise bénéficiant de cette indication géographique.
Il peut y avoir « évocation » même en l’absence de tout risque de confusion entre les produits, et la
protection conférée par les dispositions précitées s’applique tant à l’égard de produits que de services.
Il convient de se fonder sur la réaction présumée du consommateur, au regard du signe utilisé pour
désigner les produits et services en cause, l’essentiel étant que ce dernier établisse un lien entre ce
signe et l’indication géographique invoquée.
Ce lien entre les éléments litigieux et la dénomination enregistrée doit être suffisamment direct et
univoque de telle sorte que ledit consommateur, en leur présence, soit conduit à avoir principalement à
l’esprit cette dénomination.
L ’évocation ne suppose pas, à titre de condition préalable, que le produit bénéficiant de cette
indication géographique et le produit ou le service couvert par le signe litigieux soient identiques ou
similaires et, d’autre part, doit être recherchée par une appréciation globale incluant l’ensemble des
éléments pertinents du cas d’espèce.
Dans le cadre de cette appréciation, il est tenu compte en particulier, le cas échéant, d’une
incorporation partielle de l’indication géographique dans le signe contesté, d’une parenté phonétique
et/ou visuelle entre les signes, et/ou de leur proximité conceptuelle, ou encore d’une similitude entre
les produits couverts par l’indication géographique et les produits ou services désignés par le signe
contesté.
Il résulte d’une comparaison globale et objective des deux signes que le signe contesté consiste en un
ensemble complexe contenant dix termes et un signe de ponctuation, accompagnés d’éléments
graphiques et figuratifs ainsi que de couleurs, alors que l’indication géographique invoquée est
constituée de deux éléments verbaux.
Ainsi que le souligne l’opposant, le signe contesté contient l’élément verbal PARMESAN, lequel
partage avec les éléments PARMIGIANO REGGIANO constitutifs de l’AOP invoquée certaines
ressemblances visuelles et phonétiques (séquence d’attaque commune PARM- suivie des lettres
successives -AN, sonorités d’attaque identiques [parm]), et surtout une forte proximité intellectuelle.
A cet égard, sur le plan sémantique, l’opposant fait valoir que la dénomination PARMESAN constitue
la traduction française de l’AOP PARMIGIANO REGGIANO, également connue sous le nom
PARMIGIANO.
Parmi les pièces fournies par l’opposant, figurent notamment divers articles de presse française publiés
à des dates antérieures au dépôt contesté, lesquels articles emploient la dénomination PARMESAN
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pour désigner le fromage bénéficiant de l’AOP PARMIGIANO REGGIANO. Certains de ces articles
soulignent en outre la célébrité et la popularité de ce fromage.
A titre d’exemple, peuvent notamment être cités :
- un article du magazine « Marie Claire » du 27 février 2020, intitulé « Le parmesan la
poussière d ’étoile des fromages », affirmant que « Le parmesan est un peu le Mr Big des
fromages, « the one ». Parmigiano Reggiano de son nom italien, ce fromage est originaire de
Parme, au nord de l’Italie » ;
- un article de « Courrier International » publié le 18 octobre 2019, intitulé « Vu d ’Italie. Les
droits de douane de Trump menacent le parmesan », sur lequel apparaît une photographie de
fromages estampillés « D.O.P PARMIGIANO REGGIANO » et qui précise que « les médias
italiens s ’inquiètent pour (...) leur fromage le plus célèbre. (...) Le parmesan est un secteur
qui pèse en Italie. Près de 40% de la production sont exportés et parmi les plus grands
marchés (derrière la France) on trouve les Etats-Unis » ;
- un article du journal « L’Obs » publié le 2 octobre 2019, intitulé « pour protester contre les
droits de douane, une journaliste italienne offre du parmesan à Pompeo », qui évoque « les
fleurons de la gastronomie italienne que sont le parmesan (parmigiano reggiano). » ;
- un article du journal «L’Obs » publié le 3 décembre 2019, intitulé « Comment le parmesan est
devenu l’or des Italiens », sur lequel apparaît une photographie de fromages estampillés
PARMIGIANO REGGIANO et qui qualifie le « parmesan » de « roi des fromages », « dont la
France est le premier acheteur au monde, avec 110 000 tonnes importées chaque année » ;
- un article émis par « Le Figaro » et « AFP agence », publié le 23 avril 2018, intitulé « Le
parmesan bat tous les records », sur lequel apparaît une photographie du signe
PARMIGIANO REGGIANO.
Outre des articles de presse, l’opposant a également produit les documents suivants, qui corroborent
l’usage du terme « parmesan » pour désigner ledit fromage, ainsi que sa notoriété internationale :
- un extrait du site « Wikipedia » sur Parmigiano Reggiano, qui précise : « Le parmigiano
reggiano (souvent francisé en parmesan) est l’appellation d ’origine d ’un fromage italien » ;
- un extrait du « Magazine de l’OMPI » daté de février 2011, intitulé « Le Parmesan - Roi des
fromages » et précisant : « Réputé pour être « le roi des fromages », le parmesan, ou
Parmigiano Reggiano, a (...) acquis au cours des siècles une notoriété internationale et une
popularité immense parmi les amateurs de bonne chère du monde entier » ; « étant donné que
le parmesan possède des qualités et un caractère distinctif étroitement lié à son lieu d ’origine
et à sa méthode de production, il bénéficie de la protection d ’une indication géographique »
notamment sur « l’ensemble du territoire communautaire européen », par une « désignation
d ’origine protégée (DOP) au sens de la législation européenne ».
Dès lors, et sans qu’il soit nécessaire de déterminer si, comme le soutient l’opposant, le terme
« parmesan » est ou non la traduction française de cette appellation, il peut à tout le moins être
considéré que dans la perception du public français, le terme « parmesan » sert à désigner le fromage
italien bénéficiant de l’AOP PARMIGIANO REGGIANO.
Il existe dès lors une forte proximité intellectuelle entre la dénomination PARMESAN et l’AOP
PARMIGIANO REGGIANO, ce que ne conteste pas le déposant.
Par ailleurs, au sein du signe contesté, le nom PARMESAN est bien perceptible, et l’expression dans
laquelle il s’insère (LE PARMESAN CE N’EST PAS QUE POUR LES GRAND !), de même que les
éléments purement visuels présents dans le signe, n’ont nullement pour effet de modifier sa perception
individuelle, à savoir la désignation du fromage d’AOP ainsi dénommé en France.
Il convient en outre de relever qu’au vu des pièces fournies, ledit fromage apparaît particulièrement
populaire et célèbre, notamment en France, ainsi que le souligne l’opposant, de sorte que le public
pertinent apparaît d’autant plus enclin à penser spontanément et immédiatement à ce fromage lorsqu’il
perçoit le(s) terme(s) (LE) PARMESAN.
Il résulte de l’ensemble de ces considérations qu’appliqué aux produits alimentaires désignés dans le
dépôt, le signe contesté apparaît de nature à créer, dans l’esprit du consommateur concerné, un lien
suffisamment direct et univoque avec l’AOP invoquée pour que ce consommateur ait principalement
et directement à l’esprit, comme image de référence, le produit bénéficiant de cette AOP.
Il convient dès lors de considérer que la demande d’enregistrement constitue une « évocation » de
l’AOP invoquée, au sens des dispositions de l’article 13 § 1 b) du règlement (UE) n° 1151/2012, et ce
au regard de l’ensemble des produits revendiqués dans le dépôt.
Ainsi, le signe complexe contesté LE PARMESAN CE N’EST PAS QUE POUR LES GRAND ! ne
peut pas être adopté comme marque pour les produits qu’il désigne sans porter atteinte à l’Appellation
d’origine protégée PARMIGIANO REGGIANO.
Si l’opposant a par ailleurs affirmé que le signe « imite » et « usurpe » l’AOP invoquée (sans toutefois
fournir d’argumentation spécifique), et invoqué l’application des dispositions de l’article 13 § 1 c) et
d) du règlement (UE) n° 1151/2012, il apparaît surabondant d’examiner ces motifs, dès lors que
l’atteinte à l’AOP invoquée a été reconnue, pour l’intégralité des produits de la demande
d’enregistrement, sur le fondement de l’ « évocation », au titre des dispositions de l’article 13 § 1 b)
du règlement (UE) précité.
L’opposant invoque une atteinte à la marque antérieure invoquée, sur le fondement du risque de
confusion.
Dans le cas, comme en l’espèce, où la marque antérieure est une marque collective, dont la fonction
essentielle est de distinguer les produits ou les services des membres de l’association qui en est le
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titulaire de ceux d’autres entreprises, le risque de confusion doit être entendu comme étant le risque
que le public puisse croire que les produits ou les services visés par la marque antérieure et ceux visés
par la marque demandée proviennent tous de membres de l’association qui est le titulaire de la marque
antérieure ou, le cas échéant, d’entreprises économiquement liées à ces membres ou à cette
association. S’il y a ainsi lieu, en cas d’opposition formée par le titulaire d’une marque collective, de
tenir compte de la fonction essentielle de ce type de marque, afin d’appréhender ce qu’il convient
d’entendre par risque de confusion, il n’en demeure pas moins que la jurisprudence établissant les
critères au regard desquels il doit concrètement être apprécié si un tel risque existe est transposable
aux affaires concernant une marque antérieure collective (CJUE 05/03/2020, HALLOUMI, C-766/18
P, points 64 et 65).
L’existence d’un risque de confusion doit ainsi être appréciée globalement en tenant compte de
nombreux facteurs qui incluent la similitude des signes, la similitude des produits et services, le
caractère distinctif de la marque antérieure et le public pertinent.
L'opposition fondée sur la marque antérieure est formée contre l’intégralité des produits de la demande
d’enregistrement, à savoir : « Aliments pour bébés ; Légumes conservés ; légumes séchés ; légumes
cuits ; compotes ; Préparations faites de céréales ».
Le produit de la marque antérieure servant de base à l’opposition est le suivant : « Fromage de type
Parmigiano Reggiano ».
L’opposant soutient que les produits de la demande d'enregistrement sont similaires au produit de la
marque antérieure.
Pour apprécier la similitude des produits et services, il y a lieu de tenir compte de tous les facteurs
pertinents qui caractérisent le rapport entre ces produits et services. Les facteurs pertinents concernant
la comparaison des produits ou services incluent, en particulier, leur nature, leur fonction, leur
destination ainsi que leur caractère complémentaire.
En l’espèce, si les produits en cause sont tous des produits alimentaires, ils se distinguent néanmoins
par leurs nature et fonction, les produits de la demande d’enregistrement étant respectivement des
préparations culinaires spécifiquement adaptées à l’alimentation des bébés, ainsi que des denrées
alimentaires constituées totalement ou essentiellement de produits de nature végétale, sources de fibres
et de glucides, alors que le produit invoqué de la marque antérieure est un produit d’alimentation
générale de nature exclusivement animale, apportant des protéines et graisses animales à l’organisme.
Contrairement à ce qu’affirme l’opposant, ces produits tels que désignés dans les libellés
n’apparaissent pas substituables les uns aux autres ; à cet égard, si certains des produits contestés, tout
comme le produit invoqué, peuvent être incorporés à des plats, cet usage ne répond pas aux mêmes
finalités alimentaires et gustatives.
En outre, les produits contestés ne sont pas présentés dans les mêmes rayons que le produit invoqué,
qui relève du rayon spécifique des fromages.
Enfin, s’il est vrai que le produit invoqué est susceptible d’être utilisé en tant qu’ingrédient de certains
des produits contestés, à savoir les « Aliments pour bébés ; Préparations faites de céréales », rien dans
le libellé de ces derniers ne permet de considérer que tel soit nécessairement le cas, de sorte qu’il ne
peut en être déduit une complémentarité entre ces produits.
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Il ne peut à cet égard être tenu compte de l’argument de l’opposant selon lequel, en pratique, la
marque contestée serait utilisée en lien avec des biscuits salés pour bébés ou jeunes enfants dont le
paquet indiquerait « mon craquant au Parmigiano Reggiano » ; en effet, dans la procédure
d’opposition, la comparaison des produits et services effectuée aux fins de rechercher l’existence d’un
risque de confusion entre deux marques doit s’apprécier en prenant en compte les produits et services
tels qu’ils sont indiqués dans les libellés respectifs des marques en cause, indépendant de leurs
conditions concrètes d’exploitations, réelles ou supposées.
Ainsi, compte tenu des caractéristiques bien distinctes qu’ils présentent et de leur absence de
complémentarité, les produits de la demande d’enregistrement n’apparaissent pas similaires au produit
de la marque antérieure.
La demande d’enregistrement porte sur le signe complexe LE PARMESAN CE N‘EST PAS QUE
POUR LES GRANDS !, ci-dessous reproduit :
L'appréciation globale doit, en ce qui concerne la similitude visuelle, auditive ou conceptuelle des
signes en cause, être fondée sur l'impression d'ensemble produite par ceux-ci, en tenant compte
notamment de leurs éléments distinctifs et dominants.
Il résulte d’une comparaison globale et objective des deux signes que le signe contesté consiste en un
ensemble complexe contenant dix termes et un signe de ponctuation, ainsi que des éléments
graphiques / figuratifs et couleurs, alors que la marque antérieure invoquée est constituée de deux
éléments verbaux, présentés dans un graphisme particulier.
Comme il l’a été précédemment relevé dans le cadre de l’appréciation de l’atteinte à l’indication
géographique, l’élément verbal PARMESAN du signe contesté présente certaines ressemblances
visuelles et phonétiques et une forte ressemblance intellectuelle avec les éléments verbaux
PARMIGIANO REGGIANO, lesquels sont présents dans la marque antérieure.
Toutefois, les marques en cause, prises dans leur globalité, comportent par ailleurs d’importantes
différences d’ensemble.
En effet, visuellement, les signes présentent une physionomie globale très différente, tenant non
seulement à leurs éléments verbaux (qui hormis les séquences communes PARM-AN au sein des
éléments verbaux PARMESAN et PARMIGIANO diffèrent nettement par leur nombre et leur aspect),
mais également à leur structure, ainsi qu’à leurs éléments graphiques et figuratifs (représentation
stylisée d’un panda de grande taille et associé à une bulle (phylactère) dans le signe contesté ;
graphisme particulier des lettres dans la marque antérieure, en pointillés irréguliers).
Phonétiquement, les signes se distinguent par leur rythme de prononciation (le signe contesté se lisant
en 11 temps, contre 7 temps pour la marque antérieure) et leurs sonorités (toutes distinctes hormis la
séquence commune [parm]).
A cet égard, le terme PARMESAN du signe contesté ne saurait concentrer à lui seul l’attention du
public dans le signe contesté, dès lors qu’il fait partie intégrante de l’expression LE PARMESAN CE
N’EST PAS QUE POUR LES GRANDS !, distinctive dans sa globalité et que le consommateur
retiendra et désignera dans son entièreté.
Est par ailleurs sans incidence la décision de l’EUIPO du 27 janvier 2009 invoquée par l’opposant,
cette décision, concernant un signe verbal PARMAZANO, ayant été rendue dans un cas d’espèce bien
différent.
Ainsi, au regard de l’ensemble des différences d’ensemble précitées, il ne peut être constaté qu’un
faible degré de similarité entre les signes.
L'appréciation globale du risque de confusion implique une certaine interdépendance des facteurs pris
en compte et notamment la similitude des marques et celle des produits ou des services désignés.
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Ainsi, un faible degré de similitude entre les produits et services désignés peut être compensé par un
degré élevé de similitude entre les marques, et inversement.
En l’espèce, le faible degré de similarité entre les signes n’est nullement compensé par un degré élevé
de similarité des produits, lesquels ne sont pas similaires ; dès lors, il n’existe pas globalement de
risque de confusion, y compris par association, sur l’origine de ces marques.
Le public pertinent n’apparaît notamment pas fondé à percevoir la marque contestée comme une
déclinaison de la marque antérieure, contrairement à ce qu’affirme l’opposant.
CONCLUSION
DECIDE