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18 février 2021
DECISION
Vu l’arrêté du 24 avril 2008 modifié, relatif aux redevances de procédure perçues par l'Institut
national de la propriété industrielle ;
Aucune observation en réponse à l'opposition n'ayant été présentée à l'Institut dans le délai
imparti, la phase d’instruction a pris fin, ce dont les parties ont été informées.
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II.- DECISION
PARM VEGAN
à la ipù ullne
Ce signe est présenté comme destiné à désigner les produits suivants : « aliments diététiques à
usage médical ; fruits secs ; pizzas ; plantes naturelles ».
Le droit antérieur invoqué par l’opposant est l’appellation d’origine protégée (AOP) PARMIGIANO
REGGIANO.
L’opposant invoque une atteinte à l’indication géographique précitée par la demande d’enregistrement
contestée, pour l’intégralité des produits qu’elle désigne, en ce que, d’une part, celle-ci en constituerait
une usurpation et évocation, et, d’autre part, en ce qu’elle enfreindrait l’article 13 § 1 c) et d) du
règlement (UE) n° 1151/2012 du 21 novembre 2012 relatif aux systèmes de qualité applicables aux
produits agricoles et aux denrées alimentaires.
L’opposant soutient que la demande d’enregistrement contestée constitue une « évocation » de l’AOP
invoquée.
Pour établir l’existence d’une « évocation » d’une indication géographique enregistrée, au sens des
dispositions précitées, il incombe d’apprécier si le consommateur moyen, normalement informé et
raisonnablement attentif et avisé, en présence du signe litigieux, est amené à avoir directement à
l’esprit, comme image de référence, la marchandise bénéficiant de cette indication géographique.
Il convient de se fonder sur la réaction présumée de ce consommateur, au regard du signe utilisé pour
désigner les produits en cause, l’essentiel étant que ce dernier établisse un lien entre ce signe et
l’indication géographique invoquée.
Ce lien entre les éléments litigieux et la dénomination enregistrée doit être suffisamment direct et
univoque de telle sorte que ledit consommateur, en leur présence, soit conduit à avoir principalement
à l’esprit cette dénomination.
Dans le cadre de cette appréciation, il est tenu compte, le cas échéant, d’une incorporation partielle de
l’indication géographique dans le signe contesté, d’une parenté phonétique et/ou visuelle entre les
signes, et/ou de leur proximité conceptuelle.
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Il résulte d’une comparaison globale et objective des deux signes que le signe contesté consiste en un
ensemble complexe contenant deux éléments verbaux séparés par une apostrophe, PARM’VEGAN,
suivis de trois autres termes placés sur une ligne inférieure, A LA SPIRULINE, ainsi que des éléments
graphiques et des couleurs, et que l’indication géographique invoquée consiste en deux termes :
PARMIGIANO REGGIANO.
Ainsi que le fait valoir l’opposant, le signe contesté incorpore une partie de l’indication géographique
invoquée, reprenant sa séquence PARM, pareillement située en attaque.
Toutefois, au regard des produits revendiqués dans le dépôt contesté, cette circonstance n’apparaît
pas suffisante pour caractériser une évocation de l’indication géographique invoquée dans l’esprit du
consommateur.
A cet égard, si l’opposant fait valoir que la séquence PARM est un diminutif de l’indication
géographique invoquée, il ne l’a toutefois nullement démontré.
En effet, il n’a fourni aucun élément permettant d’établir que l’élément PARM soit en tant que tel utilisé
dans la vie économique comme diminutif de cette appellation et qu’il soit connu ainsi du public
français.
Du reste, il n’apparaît pas manifeste que la séquence PARM, qui ne représente proportionnellement
qu’une partie minoritaire de l’appellation, suffise à elle seule à caractériser cette dernière.
En outre, rien dans le libellé des produits, tels que désignés, n’incite à envisager une correspondance
entre l’élément PARM du signe contesté et le produit bénéficiant de l’appellation invoquée.
En effet, les produits revendiqués par la demande d’enregistrement sont les suivants : « aliments
diététiques à usage médical ; fruits secs ; pizzas ; plantes naturelles ».
A cet égard, il ne peut être tenu compte de l’argument de l’opposant selon lequel les produits
réellement commercialisés sous le signe contesté seraient des substituts du fromage bénéficiant de
l’indication géographique invoquée, présentant la même forme et la même apparence (en poudre ou
râpés) et possédant la même fonction (agrémenter les plats).
En effet, ces affirmations ne se rattachent pas à une analyse des produits tels que revendiqués dans
le dépôt mais uniquement aux prétendues conditions d’exploitation de la marque contestée. Du reste,
les copies écran fournies au soutien de ces allégations révèlent des produits de nature et de
composition incertaines dont rien ne permet de considérer qu’ils correspondent aux produits désignés
dans le dépôt, et qui sont, en outre, revêtus d’un signe ne correspondant pas fidèlement au signe
déposé.
Dès lors, au regard des produits en cause, tels que désignés dans la demande d’enregistrement,
l’incorporation partielle de l’appellation invoquée au sein du signe contesté par la reprise de sa
séquence d’attaque PARM n’apparaît pas suffisante pour que le consommateur concerné effectue un
lien direct entre ce signe et l’appellation.
Par ailleurs, il ne peut être constaté de parenté visuelle et/ou phonétique déterminante entre les
signes, dès lors qu’hormis leur séquence d’attaque commune PARM, ceux-ci diffèrent nettement dans
leurs physionomie et prononciation.
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A cet égard, au sein du signe contesté, le terme VEGAN, qui désigne un mode d’alimentation excluant
les protéines animales, de même que l’expression A LA SPIRULINE, qui fait référence à une algue, ne
sont pas porteurs d’une signification ou évocation permettant de rapprocher le signe contesté de
l’appellation invoquée ou du fromage qu’elle désigne.
En outre, contrairement à ce qu’affirme l’opposant, il n’est nullement avéré qu’au regard des produits
en cause, qui sont très différents du produit bénéficiant de l’indication géographique invoquée, les
éléments PARM’VEGAN du signe contesté fassent penser au terme « PARMESAN » (dont l’opposant
fait valoir qu’il s’emploie en France pour désigner le fromage bénéficiant de l’indication géographique
PARMIGIANO REGGIANO).
A cet égard, s’il est vrai que PARM’VEGAN et PARMESAN partagent, en plus de la séquence
d’attaque PARM, les lettres successives E et AN, ils présentent néanmoins des différences visuelles
et phonétiques notables, de par les lettres distinctes V et G du terme VEGAN, d’autant plus
remarquables qu’il s’agit d’un terme court et visuellement individualisé par une apostrophe, ainsi que
du fait de la prononciation de ce terme VEGAN ([vé-gane]), qui éloigne nettement la prononciation des
éléments PARM’VEGAN de celle du terme « PARMESAN » (qui se lit [par-meu-zan]).
Par ailleurs, si l’opposant fait valoir qu’une recherche sur « Google » portant sur les éléments « parm
vegan » a abouti à des résultats faisant apparaître les notions « vegan parmesan » ou « fromage
vegan façon parmesan », cette circonstance ne saurait démontrer que le signe contesté, pour les
produits en cause tels que désignés, évoque le terme parmesan. Il convient à cet égard de relever
que les résultats de recherche fournis par l’opposant révèlent essentiellement des sites en langue
étrangère et concernent précisément des préparations culinaires destinées à servir de substituts au
« parmesan », ce qui ne peut être considéré comme étant le cas des « aliments diététiques à usage
médical ; fruits secs ; pizzas ; plantes naturelles » objets de l’opposition.
Ainsi, au regard des constatations précitées et en l’état des éléments apportés par l’opposant, il n’est
pas établi de lien suffisamment direct entre les éléments litigieux et l’appellation invoquée pour
considérer que le consommateur, en leur présence, serait conduit à avoir principalement à l’esprit
cette appellation, et ce nonobstant la notoriété de cette dernière, invoquée et démontrée par
l’opposant.
Enfin, est sans incidence l’argumentation de l’opposant relative à la volonté du déposant d’évoquer
l’appellation et de profiter indûment de la notoriété du produit qu’elle désigne.
A cet égard, même à supposer avérée une telle intention du déposant, elle ne saurait suffire à
caractériser une atteinte à l’indication géographique par évocation, celle-ci nécessitant l’établissement
d’un lien dans l’esprit du public entre les éléments litigieux et l’indication, lequel n’a pas été démontré
en l’espèce.
Ainsi, il n’est pas démontré qu’en présence du signe litigieux, appliqué aux produits revendiqués dans
le dépôt, le consommateur moyen, normalement informé et raisonnablement attentif et avisé, soit
amené à avoir directement à l’esprit, comme image de référence, la marchandise bénéficiant de
l’indication géographique invoquée.
Il ne peut dès lors être considéré que la demande d’enregistrement constitue une « évocation » de
l’AOP invoquée, au sens des dispositions de l’article 13 § 1 b) du règlement (UE) n° 1151/2012.
Par ailleurs, l’opposant soutient que le signe contesté « usurpe » l’AOP invoquée, sans toutefois
fournir d’argumentation spécifique au soutien de cette affirmation.
c) toute autre indication fausse ou fallacieuse quant à la provenance, l’origine, la nature ou les qualités
essentielles du produit qui figure sur le conditionnement ou l ’emballage, sur la publicité ou sur des
documents afférents au produit concerné, ainsi que contre l ’utilisation pour le conditionnement d’un
récipient de nature à créer une impression erronée sur l’origine du produit ;
d) Toute autre pratique susceptible d'induire le consommateur en erreur quant à la véritable origine du
produit ».
L’opposant invoque une atteinte à l’appellation d’origine protégée invoquée par la demande
d’enregistrement contestée au titre des dispositions précitées, en ce que l’utilisation de la marque
contestée « induirait le public en erreur quant à la provenance, l’origine et les qualités essentielles des
produits auxquels elle se réfère »».
Au soutien de cet argument, il affirme qu’ « à titre d’exemple, les consommateurs pourraient croire à
tort que la demande de marque contestée identifie des produits fabriqués dans la zone délimitée pour
la production de l’AOP Parmigiano Reggiano ou que la gamme de produits PARMVEGAN répond aux
exigences et aux normes de qualité strictes de l’AOP Parmigiano Reggiano, qui jouit d’une énorme
réputation et d’une grande appréciation, parmi les consommateurs français, pour ses qualités
caractéristiques ».
Toutefois, en l’état des éléments précédemment relevés et des affirmations susvisées de l’opposant, il
n’est notamment pas établi que le signe contesté, appliqué aux produits en cause tels que désignés,
contienne une « indication fausse ou fallacieuse quant à la provenance, l’origine, la nature ou les
qualités essentielles »» de ces produits, ou qu’il induise le public en erreur quant à la véritable origine
de ces produits.
Ainsi, une atteinte à l’indication géographique invoquée au titre des dispositions précitées n’est pas
établie.
CONCLUSION
DECIDE