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Emmanuel Reynard 1, Hédi Ben Ouezdou 2, Mohamed Ouaja 3, Tarek Ben Fraj 2, 4,
Hanane Abichou 5, Mélanie Clivaz 1, Aziza Ghram Messedi 2
1
Université de Lausanne, 2 Université de Tunis, 3 Université de Gabès, 4 Université de Sousse,
5
IRA de Médenine
Photo: E. Reynard
Ph oto de c ou ve rtu re
Haddej, plateau de Matmata. Dépôts éoliens pléistocènes occupés par des habitats troglodytiques.
FEUILLE DE ROUTE POUR LA CRÉATION D’UN GÉOPARC DANS LE SUD-EST TUNISIEN
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Avant-propos ....................................................................................................... 3
Objectifs ............................................................................................................. 4
Introduction ........................................................................................................ 5
1. Les caractéristiques de la géologie du Sud-est tunisien ...................................... 6
1.1 Les unités morphostructurales ....................................................................................................................... 6
1.2 Série lithostratigraphique ............................................................................................................................... 9
1.2.1 Le Paléozoïque ............................................................................................................................................ 9
1.2.2 Le Mésozoïque .......................................................................................................................................... 11
1.2.3 Le Cénozoïque et le Quaternaire .............................................................................................................. 14
1.3 Histoire géologique et évolution paléogéographique ................................................................................ 15
7. La richesse du géopatrimoine : liste péliminaire de géosites .............................. 70
7.1 Méthodologie .............................................................................................................................................. 70
7.1.1 Démarche générale ................................................................................................................................... 70
7.1.2 Identification des sites potentiels ............................................................................................................. 70
7.1.3 Présélection ............................................................................................................................................... 70
7.1.4 Fiches descriptives des sites ..................................................................................................................... 70
7.2 Liste préliminaire des géosites ..................................................................................................................... 72
7.2.1 Types de géosites ..................................................................................................................................... 72
7.2.2 Importance des géosites ........................................................................................................................... 76
7.2.3 Répartition géographique des géosites.................................................................................................... 81
7.2.4 Conclusions sur le patrimoine géologique ............................................................................................... 81
12. Feuille de route pour la mise en place du Géoparc du Dahar .......................... 126
12.1 Introduction .............................................................................................................................................. 126
12.2 Feuille de route ........................................................................................................................................ 127
FEUILLE DE ROUTE POUR LA CRÉATION D’UN GÉOPARC DANS LE SUD-EST TUNISIEN
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Avant-propos
La Fondation Swisscontact met en œuvre, sous l’égide du Ministère du Tourisme et de l’Artisanat et
de l’Office National du Tourisme Tunisien (ONTT), un projet intitulé « Destination Djebel Dahar, 3D »
visant à développer une structure de gestion de la destination selon une approche DMO (Destination
Management Organisation), la doter d’une force marketing professionnelle et proposer un appui
pour l'amélioration de l’offre touristique existante. Le diagnostic mené dans le cadre de ce projet
auprès de visiteurs test et des différents prestataires montre que la région regorge de richesses
naturelles, culturelles, historiques, géologiques et paléontologiques. Ces atouts sont pour la plupart
peu ou mal présentés aux visiteurs.
Une mission de recensement et de documentation des sites à potentiel touristique a été menée au
premier semestre 2016 (Ben Ouezdou et al., 2016a). 24 sites ont ensuite été sélectionnés pour être
documentés par des spécialistes en vue d’être proposés aux futurs visiteurs sous un format simplifié
et vulgarisé.
De leur côté, les autorités tunisiennes et plus précisément l’Office National des Mines (ONM), ont
entamé, en collaboration avec les gouvernorats de Tataouine et de Médenine, une démarche pour la
création d’un géoparc destiné à être classé, à terme, par l’UNESCO. Cependant, à ce stade, les
procédures nécessaires au classement du géoparc à l’échelle nationale et par l’UNESCO sont encore
mal connues, les différents acteurs à impliquer et leur rôle respectif restent peu clairs, alors que
l’assimilation du concept géoparc reste très faible au niveau régional.
Face à la convergence d’objectifs des deux projets – tourisme-DMO et géoparc – dans la région, et
notamment le grand intérêt du géoparc dans une optique de promotion de la destination touristique,
l’ONM a associé Swisscontact aux différentes réunions de réflexion autour de la création d’un
géoparc. A l’issue de ces réunions, une demande a été soumise à Swisscontact pour appuyer la
création du géoparc dans le cadre de ses activités de mise en valeur des sites d’intérêt touristique,
qui a conduit à la définition d’un mandat donné à une équipe de consultants spécialisés.
L’équipe de consultants est formée de :
– Emmanuel Reynard, Géographe, Professeur à l’Université de Lausanne, spécialiste des
géopatrimoines, chef de mission ;
– Hédi Ben Ouezdou, Géomorphologue, Professeur à la Faculté des Sciences Humaines et Sociales
de Tunis et Directeur du Laboratoire de Cartographie Géomorphologique des Milieux, des
Environnements et des Dynamiques (CGMED) ;
– Tarek Ben Fraj, Géomorphologue, Maître-Assistant à l’Université de Sousse et membre du
CGMED ;
– Mohamed Ouaja, Géologue, Maître-Assistant à la Faculté des Sciences de l’Université de Gabès ;
– Hanane Abichou, Economiste, Chargée d’enseignement et de recherche à l’Institut des Régions
Arides de Médenine ;
– Ont également participé aux travaux :
– Mélanie Clivaz, Géographe, Chargée de recherche à l’Université de Lausanne ;
– Aziza Ghram Messedi, Spécialiste SIG, Maître-Assistante à l’Université de Tunis et membre du
CGMED.
– Au sein de Swisscontact, le mandat a bénéficié de l’appui de Yves Matthijs, Directeur, Hamda
Zeramdini, Directeur exécutif, Cécilia Conilleau, Coordinatrice du projet Djebel Dahar et Amine
Berriche, Responsable marketing touristique.
Les auteurs remercient le Directeur de l’ONM, M. Nouri Hatira, et son personnel, pour la confiance
accordée, ainsi que le Directeur de Swisscontact, M. Yves Matthijs, et son personnel, pour les
nombreux conseils apportés aux versions préliminaires du rapport, l’organisation pratique de la
recherche et la gestion administrative et financière du projet.
Objectifs
Ce rapport présente les résultats des investigations. Après une brève introduction, il est organisé en
trois parties principales : une partie de diagnostic territorial (Partie 1), des propositions pour la mise
en place d’un géoparc du Dahar (Partie 2) et une feuille de route pour les étapes futures (Partie 3) :
Partie 1 – Caractéristiques géologiques, géographiques et socio-économiques du Dahar
1. Les caractéristiques de la géologie du Sud-est tunisien
2. Les principales caractéristiques géographiques du Dahar
3. Diagnostic socio-économique intégré du Dahar
4. Le patrimoine du Dahar : entre protection et valorisation
Partie 2 – Propositions pour la mise en place d’un géoparc du Dahar
5. Les attentes de l’UNESCO
6. Proposition d’un périmètre du géoparc
7. La richesse du géopatrimoine : liste préliminaire de géosites
8. Les potentialités géotouristiques
9. Retour d’expériences sur des géoparcs existants
10. Historique et enjeux de gestion du géoparc
11. Propositions pour la mise en place et l’organisation du géoparc
Partie 3 – Feuille de route pour la mise en place d’un Géoparc du Dahar
12. Feuille de route pour la mise en place du Géoparc du Dahar
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Introduction
La région prise en compte dans cette étude est située dans le Sud-est de la Tunisie et comprend le
plateau du Dahar, la plaine de la Jeffara, ainsi que les zones côtières du Golfe de Gabès (Fig. 0.1).
Du point de vue politico-administratif, elle concerne les territoires des gouvernorats de Tataouine,
Médenine et Gabès, plus précisément le territoire de six délégations, à savoir Matmata, Matmata
Nouvelle, Mareth, Beni Khedache, Ghomrassen et Tataouine Sud.
Le diagnostic territorial est organisé en quatre parties : la première présente les caractéristiques
principales de la géologie du Sud-est tunisien ; la deuxième s’attache à décrire les caractéristiques
géographiques (topographie, géomorphologie, climat, faune, flore, etc.) régionales ; la troisième
analyse le contexte socio-économique ; finalement, une analyse de l’état de la valorisation du
patrimoine est proposée.
L’objectif de cette première partie est de dégager un panorama de la situation à l’échelle régionale.
Note : Nous avons essayé d’uniformiser la toponymie. Toutefois, par endroits (notamment les figures)
des graphies différentes sont tout de même utilisées.
Mohamed Ouaja
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FJ
F J
Djebel
Tébaga
Jeffara
maritime
FT
F
T
Jeffara
Jeffara
continentale
continentale
F
ZG
FZG
FB-‐
FB-‐A
A
Province
méridionale
Figure 1.1 – Carte géologique du Sud-est de la Tunisie (extrait de la carte géologique au 1/500 000, Ben Haj Ali et al. (1985),
modifiée). FJ: faille d'effondrement de la Jeffara; FT: faille de Tebaga; FZG: faille de Zemlet el Ghar et FB-A: faille de Briga-
Azizia.
Figure 1.2 – Bloc diagramme illustrant l’organisation des terrains mésozoïques dans la province septentrionale (graben de
Tataouine).
Bien que réputée tectoniquement stable, la plate forme saharienne est affectée par des accidents
profonds dont les trois principaux sont, du nord au sud, (1) la faille de Tebaga qui longe le chaînon
montagneux du même nom et qui s’est manifestée depuis la fin du Paléozoïque, dessinant l’arche du
Dahar, (2) la faille de Zemlet el Ghar au nord de la ville de Tataouine et (3) la faille de Briga à une
dizaine de kilomètres au nord de la ville de Remada (Fig. 1.3). Ces failles sont orientées selon une
direction est-ouest et
sont à l’origine des
importantes variations
des faciès et des
épaisseurs observées
tout au long des
cuestas du Djebel
Dahar.
Briga
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De part et d’autre de ces failles, on peut distinguer dans le bassin de la Jeffara trois secteurs ou
provinces qui diffèrent par leur enregistrement stratigraphique et sédimentaire (Fig. 1.1 et 1.3) :
– La province septentrionale, délimitée par la faille de Tebaga au nord et la faille de Zemlet el
Ghar au sud, se caractérise par les épaisseurs réduites de ses formations géologiques, par
l’importance des lacunes stratigraphiques et des discordances qui s’intercalent dans ces
formations et par la prédominance des dépôts carbonatés (pôle carbonaté). Il s’agit d’un secteur
qui s’est comporté comme un bloc soulevé, ou horst, au cours de la sédimentation: le horst de
Médenine.
– La province centrale, située entre la faille de Zemlet el Ghar au nord et la faille de Briga au sud,
a enregistré la série sédimentaire la plus épaisse et la plus complète sur le plan stratigraphique.
Elle correspondait à un secteur affaissé au cours de la sédimentation: le graben de Tataouine.
– La province méridionale, située au sud de la faille de Briga, se caractérise par la prédominance
des dépôts argilo-sableux dans ses formations géologiques (pôle détritique) mais aussi par les
épaisseurs réduites de ces formations.
1.2.1 Le Paléozoïque
Le plus ancien affleurement et le seul terrain paléozoïque de la Tunisie est celui du chaînon de Djebel
Tebaga de Médenine, d'âge Permien supérieur. Il s’agit d’une série, épaisse d’environ 500 mètres,
formée d’une succession de couches d’argiles, de grès et de carbonates fossilifères dans laquelle
s’intercalent deux importantes barres massives de calcaire récifal construites par des éponges et des
coraux. Ces deux barres, saillantes dans la topographie, dessinent la structure monoclinale de Djebel
Tebaga (Fig. 1.4) avec un pendage de 30° vers le sud et montrent un alignement est-ouest hérité
d’une ancienne orogenèse (orogenèse hercynienne) qui date de la fin de du Paléozoïque, il y a
environ 245 millions d’années.
Particulièrement bien exposée à Merbah el Oussif et à Halg Jmel, cette série permienne est célèbre
par la richesse et la diversité de son contenu paléontologique qui comporte les fossiles marins
uniques du Permien supérieur en Afrique. A côté des fossiles d’éponges, de coraux et de bryozoaires,
on note l’abondance de restes de lys de mer ou crinoïdes, des couches à Bellérophons, plusieurs
espèces de Fusulines, l’unique Trilobite tunisien et l’un des derniers représentants de ce type
d’Arthropodes: Pseudophyllipsia azzouzi.
Le sommet de la série paléozoïque du Djebel Tebaga montre une couche d’environ 200 mètres
d’épaisseur de grès et d’argiles rouges qui marquent le passage du Permien au Trias. A la base, ces
grès sont latéralement continus et représentent des dépôts de plages régressives (Fig. 1.5).
Figure 1.4 – Vue panoramique, depuis le sommet de Kef Ennsoura, de la structure monoclinale d’alignement est-ouest de
Djebel Tebaga de Médenine, unique affleurement paléozoïque en Tunisie (photo : Mohamed Ouaja).
Figure 1.5 – Vue panoramique, depuis Halg Jmel, de la série argilo-gréseuse du passage Permien-Trias. Remarquez les barres
de grès latéralement continues au début de la coupe (photo : Mohamed Ouaja).
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1.2.2 Le Mésozoïque
Dans le graben de Tataouine, depuis la sebkha Erg el Makhzen dans la plaine de la Jeffara jusqu’aux
environs de Chenini sur le plateau du Dahar, on peut parcourir, sur une coupe de 70 kilomètres de
long, l’ensemble des formations géologiques représentatives de la série stratigraphique mésozoïque
du bassin de la Jeffara. De l'est à l'ouest, on observe la succession suivante (Fig. 1.6) :
Le Trias
La série la plus complète et la plus représentative du Trias est celle qui apparaît à Kef Touareg, au
pied de la falaise de Djebel Rehach (coupe type). Avec ses trois principaux faciès, le Trias de la
plateforme saharienne est de type germanique :
– A la base, le Trias gréseux est représenté par une épaisse série (900 m) constituée
essentiellement de grès à bois fossiles et d’argiles rouges admettant quelques niveaux
carbonatés à Myophories qui indiquent la nature littorale du milieu de dépôt et permettent de
donner un âge Trias inférieur à moyen (Scythien à Ladinien) à cette série. A l’affleurement, il
n’apparaît des 900 mètres de grès et d’argiles que la partie sommitale, connue sous le nom de
formation Kirchaou. Cette formation débute les affleurements mésozoïques de la plateforme
saharienne et constitue le substrat de la sebkha Erg el Makhzen et celui de la plaine de Smar
jusqu’à la rive droite de l’oued Fessi.
– Au milieu, le Trias carbonaté comporte deux barres carbonatées fossilifères renfermant les
premières ammonites de la Téthys, les Cératites, des nautiles, des Myophories (bivalves fossiles
du Trias) et de nombreux autres mollusques lamellibranches et gastéropodes. A côté de cette
riche faune d’invertébrés, ont été découverts dans le Trias carbonaté des restes vertébrés de
Nautosauriens et Placodontes qui correspondent aux reptiles marins géants de la Téthys
triasiques. Grâce à cette faune marine, un âge Carnien (base du Trias supérieur) est attribué aux
carbonates qui forment l’ossature du plateau de Djebel Rehach.
– Au sommet, le Trias évaporitique représente le Trias supérieur (Norien à Rhétien) et constitue la
base d’une très épaisse série gypseuse qui couvre une large plaine s'étendant sur une vingtaine
de kilomètres, entre le plateau de Djebel Rehach et celui de Djebel Grimissa, matérialisant ainsi
la mise en place de vastes systèmes de sebkhas occupant la bande côtière entre les eaux de la
Téthys et les terres arides de la plateforme saharienne .
Le Jurassique
Il est divisé en trois parties :
– Le Jurassique inférieur et le début du Jurassique moyen (205 à 175 millions d’années) sont
représentés par la même série gypseuse qui montre une puissance pouvant aller, dans le graben
de Tataouine, jusqu’à environ 1000 mètre d’épaisseur. Il s'agit de l’une des plus importantes
série gypseuses connues dans les formations géologiques du globe terrestre.
Remarquable par son épaisseur et sa nature évaporitique, cette série couvre un intervalle de
temps de l’ordre de 40 millions d'années (215 à 175 millions d'années) et assure le passage du
Trias au Jurassique. Au cours de cette très longue période, la Terre était donc soumise à des
conditions climatiques extrêmes caractérisées par des chaleurs élevées et une grande aridité.
Ces conditions extrêmes peuvent expliquer la crise de biodiversité de la limite Trias-Jurassique,
reconnue comme la deuxième plus importante crise au cours de l’histoire géologique de la Terre.
– Le Jurassique moyen et le début du Jurassique supérieur (du Bathonien à l’Oxfordien inférieur)
sont représentés, dans le graben de Tataouine, par les formations géologiques les plus
fossilifères du Mésozoïque. Il s’agit d’une série d’environ 250 mètres d’épaisseur constituée par
des alternances de sables, de marnes et de calcaires qui ont livré une faune riche et diversifiée
Le Crétacé
Au dessus de la série essentiellement argilo-sableuse du « Continental intercalaire » repose une
épaisse assise carbonatée (500 m), d’âge Albien supérieur à Campanien, qui constitue l’ossature du
plateau du Dahar et qui matérialise les derniers sédiments marins déposés sur la plateforme
saharienne avant son exondation définitive. Ces dépôts carbonatés, largement transgressifs sur la
série mésozoïque et paléozoïque sous-jacente, matérialisent la plus vaste extension de la Téthys.
Deux ensembles lithologiques se distinguent, dans les carbonates du Crétacé supérieur, par leur
position stratigraphique et par leur rôle géomorphologique dans le dessin du paysage du Sud de la
Tunisie. Le premier ensemble à la base, d’âge Albien supérieur à Turonien, est formé de deux barres
de dolomie massive, d’une quarantaine de mètres chacune, séparées par des alternances
intermédiaires constituées de dolomies crayeuses, de marnes et de gypses d’une épaisseur
moyenne de l’ordre de 150 mètres. Le second ensemble, d’âge Sénonien (Coniacien à Campanien),
est plus homogène et est constitué par une importante assise (environ 250 m) de calcaire fossilifère
recristallisé, organisé en bancs jointifs très indurés.
A partir des environs de Toujène et jusqu'à l’extrême Sud de la Tunisie, contrairement à la région de
Matmata au nord, ce sont les assises carbonatées du premier ensemble du Crétacé supérieur (Albien
supérieur à Turonien) qui bordent le plateau du Djebel Dahar. Formant un grand escarpement, cet
ensemble carbonaté est coiffé par la barre de dolomie massive du Turonien basal et forme une
puissante falaise qui domine la plaine de la Jeffara.
Sur le revers du grand Plateau, les calcaires sénoniens de l’ensemble supérieur, plus exposés à
l’érosion, occupent une position beaucoup plus reculée à l'ouest et ne sont représentés, en bordure
du plateau, que par des petits massifs isolés et des buttes-témoins.
C’est dans les carbonates du Crétacé supérieur que logent les eaux de la nappe inférieure du
Complexe Terminal (CT).
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Figure 1.7 – Principaux faciès des dépôts quaternaires sur la plateforme saharienne. A. Alluvions du Péistocène inférieur et
moyen dans une terrasse de l'Oued Oum Zassar ; B. Champs de dunes de sables éoliens dans le lit majeur de l'Oued Dekouk ;
C. Dépôts de sebkha du Péistocène supérieur dans une terrasse de Oued Oum Zassar ; D: Loess péridésertiques du
Pleistocène supérieur dans les environs de Matmata) (photos : Mohamed Ouaja).
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Les dolomies de la Formation Messaoudi datées du Norien, les dolomies de Zarzour du Rhétien
entre les gypses de Bhir I et ceux de Bhir II, les calcaires de la formation Zmitet Haber du
Pliensbachien et les dolomies de la formation Krachoua du Bajocien qui s’intercalent dans cette
épaisse série évaporitique constituent l’enregistrement sédimentaire des plus importantes de
ces transgressions qui ont inondé les vastes sebkhas du Trias supérieur et du Jurassique inférieur.
Certaines transgressions sont de durée plus longue, avec des colonnes d’eau plus importantes
permettant le dépôt de sédiments carbonatés avant la reprise de la sédimentation évaporitique
qui indique une diminution de la tranche d’eau et l’arrêt de la communication avec le milieu
marin. La falaise qui supporte le plateau de Djebel Grimissa est la plus importante de ces
transgressions marines, avant le retour, au Bathonien, de conditions climatiques humides sur la
plateforme saharienne.
5. La grande transgression du Callovien et de l’Oxfordien : Au cours de cet intervalle de temps, le
Graben de Tataouine formait une large baie affaissée au centre et aux bordures soulevées. Les
eaux de la Téthys ont séjourné plus longtemps dans ce bassin et la tranche d’eau a atteint son
maximum de profondeur. Des fossiles de plus en plus diversifiés apparaissent dans les dépôts
du Jurassique moyen à supérieur. Les marnes et calcaires calloviens ont livré une riche faune de
céphalopodes (nautiles et ammonites), échinodermes (lys de mer et oursins), brachiopodes,
lamellibranches et gastéropodes. L’abondance des éponges, des coraux et des bryozoaires
témoigne de la nature tropicale des eaux marines. De véritables prairies sous-marines couvraient
les fonds de la mer téthysienne et d’importantes bio-constructions récifales se sont installées sur
les accidents des reliefs sous-marins et ont colonisé la mer jurassique au début de l’Oxfordien.
Ces édifices à coraux et éponges sont bien exposés dans le canyon de l’oued Zaafrane, au nord
du village de Ksar Haddada, donnant lieu à une épaisse barre de calcaire qui coiffe les terrains
jurassiques. La terre ferme, sur les bordures émergées de la baie, était aussi couverte par une
végétation assez diversifiée marquant des conditions climatiques chaudes et humides.
6. La dernière et la plus importante extension de la mer téthysienne au Crétacé supérieur : Avec les
dépôts carbonatés du Crétacé supérieur, la Téthys a atteint son maximum d’extension et a
enregistré ses dernières archives sédimentaires avant son retrait définitif de la plateforme
saharienne suite à une importante baisse du niveau marin relatif. Ces dépôts montrent plusieurs
indices d’activité tectonique synsédimentaire qui témoignent du rôle de la tectonique dans cette
grande et longue transgression marine. La grande épaisseur des carbonates du Crétacé
supérieur et les nombreux niveaux de calcaires bioconstruits à rudistes qui s’y intercalent
indiquent des eaux tropicales et des conditions optimales de production carbonatée.
A partir du Cénozoïque, la région du Dahar est émergée. L’évolution paléogéographique au
Quaternaire est traitée au chapitre 2.
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2.2 Un réseau hydrographique dense qui dissèque les surfaces et les talus du
Djebel Dahar
Les surfaces des plateaux qui forment le Djebel Dahar ainsi que les talus qui les séparent sont
fortement disséqués et découpés par un réseau hydrographique très dense et enchevêtré. Ce réseau
s’organise en plusieurs bassins versants de tailles variables et à écoulement temporaire. Les oueds
coulent vers quatre principales directions. Dans la partie nord du Dahar, les oueds se dirigent vers le
nord pour atteindre Chott el Fejij au niveau d’el Hamma de Gabès. C’est le cas, à titre d’exemple,
d’oued Beni Issa et d’oued Taouejjout. A partir des escarpements qui séparent les plateaux des
plaines, l’écoulement diverge vers deux directions. Des oueds coulent vers l’ouest pour atteindre les
premières dunes du Grand Erg Oriental. Cet écoulement qui draine le Djebel Dahar est appelé
localement « Dahari ». D’autres oueds prennent une direction opposée et se dirigent vers l’est pour
drainer la Jeffara et atteindre la mer. Cet écoulement est appelé « Jeffari ». Enfin, dans la région de
Tataouine, quelques oueds coulent vers le sud, à partir de Djebel Abiadh, pour déboucher dans les
petites sebkhas de la plaine d’El Ouara ou se perdre dans les accumulations éoliennes.
E W
Dah ar
J effara
Figure 2.1 – Le plateau du Dahar dominant la plaine de la Jeffara (vue générale vers le sud) (photo : Tarek Ben Fraj).
Figure 2.2 – Le village de Toujène construit sur un ressaut structural en contrebas d’une puissante corniche qui couronne le
front de la cuesta (photo : Hédi Ben Ouezdou).
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Dans la partie nord du Djebel Dahar, le relief commence par une cuesta simple. Le plateau de
Matmata correspond à son revers et l’escarpement qui domine la plaine de la Jeffara à son front. Au
pied de ce front, l’anticlinal faillé de Djebel Tebaga à ossature permienne s’aligne
perpendiculairement au relief. En direction du sud, la structure et l’action de l’érosion ont permis de
donner naissance à une cuesta double, triple, puis quadruple (Fig. 0.1). Dans la région de Tataouine,
les quatre plateaux qui se succèdent de l’ouest vers l’est sur une distance de 70 km correspondent à
la succession de quatre cuestas séparées par des replats. Elles sont taillées dans des binômes de
couches géologiques dures (calcaires et dolomies) surmontant des alternances dominées par des
couches tendres (argiles, marnes, grès, gypses...) datant du Trias, du Jurassique et du Crétacé (voir
Chapitre 1). Au cours du Cénozoïque et du Quaternaire, les fronts de ces cuestas ont reculé sous
l’effet des agents de l’érosion, laissant des buttes-témoins et des avant-buttes qui témoignent de
leurs anciennes positions.
Le paysage géomorphologique devient davantage riche et varié lorsque les oueds, en s’encaissant,
creusent des vallées orthoclinales sur le revers d’une même cuesta, donnant lieu à une cuesta
dédoublée taillée dans un même binôme. Le cas le plus net s’observe au niveau de la troisième
cuesta dans le domaine de Djebel Abiadh qui se dédouble suite au creusement de son revers par la
vallée d’oued Zondag. Ces caractéristiques morpho-structurales atteignent un autre niveau de
complexité lorsqu’au niveau d’un même front, des binômes secondaires donnent naissance à des
replats qui s’étendent sur des distances décamétriques (Fig. 2.3, gauche). C’est le cas, par
exemple, de la cuesta double aux environs du village troglodytique de Guermessa ou de celui de
Chenini. En direction de l’ouest, le revers de la dernière cuesta est découpé en longues lanières qui
plongent doucement sous les accumulations du Grand Erg Oriental. Ceci est lié à l’action d’un réseau
hydrographique qui vient se jeter dans les innombrables dépressions fermées au bord de l’Erg, telle
que la dépression de Garaat Bouflija.
Figure 2.3 – Coupes synthétiques simplifiées des formes structurales (à gauche) et des héritages quaternaires en terrasses (à
droite) dans les vallées du Dahar.
1- Alternances de calcaires et argiles du Jurassique ; 2- Grès du Crétacé inférieur (Albien) ; 3- Calcaires dolomitiques du Crétacé
inférieur/supérieur (Vraconien) ; 4- Alternances de calcaires, dolomies, marnes et gypses du Crétacé supérieur (Cénomanien) ; 5- Dolomies à
rognons de silex du Crétacé supérieur (Turonien) ; CP- Cuesta principale ; CS- Cuesta secondaire ; c- Corniche ; r- Ressaut structural ; Q- Formes
et formations quaternaires : Q1- Première terrasse (Pléistocène inférieur) : conglomérat consolidé de petits blocs et galets d’environ 2 m
d’épaisseur, scellé par une croûte calcaire disloquée en feuillets ; Q2- Deuxième terrasse (Pléistocène moyen/supérieur): a- Conglomérat
hétérométrique de blocs et galets peu émoussés, moyennement consolidé, à matrice sablo-limoneuse rougeâtre englobant des lentilles sablo-
limoneuses rougeâtres. Ce dépôt scellé par un poudingue très consolidé de 60 cm d’épaisseur en moyenne contient des silex taillés du
Paléolithique moyen. b- Limons rouges à roses, en partie éolien en partie fluviatiles, riches en concrétions calcaires et d’environ 2 m d’épaisseur.
L’ensemble est scellé par une croûte calcaire de 10 cm d'épaisseur. c- Limons rouges à rouge clair d’origine éolienne, riches en concrétions
calcaires et scellés par une croûte calcaire mince de 2 cm d’épaisseur. d- Limons beiges d’origine éolienne contenant des concrétions calcaires.
Q3- Troisième terrasse (Holocène inférieur) : dépôt hétérométrique de blocs (30 cm) et galets à matrice sablo-limoneuse rose. Friable, il peut
être légèrement induré au sommet. Q4- Quatrième terrasse (Holocène moyen/supérieur): dépôt de limons à concrétions calcaires, rouge à rose,
contenant des passages grossiers de galets et petits blocs. Q5- Cinquième terrasse (fin Holocène/historique): dépôt grossier meuble à matrice
sablo-limoneuse rouge.
Au cours du Quaternaire, les agents morphogénétiques ont continué leur action dans ce domaine
morphostructural. Le Dahar a hérité d’une large gamme de dépôts et de modelés mis en place au
cours de cette période. L’évolution était intimement liée aux fluctuations climatiques qu’a connu le
Quaternaire, entre des ambiances arides et d’autres semi-arides, matérialisées par un regain
d’humidité. La reconstitution de cette évolution est possible à partir de l’étude de ces formes et
modelés. Sur les versants, les agents morphogénétiques ont mis en place des dépôts de pente variés,
dont les plus anciens, d’âge pléistocène, sont localement consolidés. Dans les vallées drainées vers la
Jeffara à l’est ou vers le Grand Erg oriental vers l’ouest, un système de terrasses emboîtées (Fig. 2.3,
droite) a été élaboré au cours du Quaternaire. Les dépôts correspondant à des terrasses d’âge
pléistocène se présentent sous la forme de conglomérats avec des intercalations de lits ou de
lentilles de sables fins, le plus souvent à concrétions calcaires (Fig. 2.4). Les terrasses les plus
récentes, d’âge holocène, sont moins hautes avec des dépôts hétérométriques et friables. Au niveau
des piémonts s’étendent des glacis et des cônes alluviaux (Fig. 2.5).
Figure 2.4 – Dépôt conglomératique taillé en terrasse dans l’une des vallées du Dahar (photo : Tarek Ben Fraj).
L’une des plus importantes actions morphogéniques est le comblement partiel des vallées et des
cuvettes, déjà creusées, par les dépôts de sables fins (loess) (Fig. 2.6 et 2.7). Ce comblement est le
résultat d’une importante action éolienne qui a véhiculé ces quantités de sables fins, essentiellement,
à partir du Sahara il y a quelques dizaines de milliers d’années pour les déposer sur le Dahar et dans
la Jeffara. Ultérieurement, ces dépôts ont subi des processus pédogénétiques et des niveaux durcis
constitués de concrétions, de croûtes et d’encroûtements calcaires s'intercalent dans ces dépôts. Ces
derniers ont été partiellement remaniés par l’action hydrique le long des vallées et sur les versants.
FEUILLE DE ROUTE POUR LA CRÉATION D’UN GÉOPARC DANS LE SUD-EST TUNISIEN
21
Figure 2.5 – Schéma synthétique des dépôts quaternaires en cône de déjection sur les piémonts du Dahar.
1- Grès et argiles du Trias moyen/inférieur ; 2- Dolomies et brèches du Trias supérieur ; 3- Evaporites du Jurassique moyen (Bajocien) ; 4-
Calcaires du Jurassique moyen (Bathonien) ; 5- Grès et argiles du Jurassique moyen (Bathonien) ; 6- Dolomies, calcaires et marnes du Jurassique
moyen (Callovien) ; 7- Marnes du Callovien ; 8- Calcaires et dolomies du Jurassique moyen/supérieur (Callovien/Oxfordien) ; FC- Front de
cuesta ; c- Corniche ; Q- Formes et dépôts quaternaires : Q1- Témoin de la surface du glacis d’érosion du Pléistocène inférieur scellé par la
croûte calcaire du Pléistocène inférieur surmontant un dépôt conglomératique consolidé. Q2- Cône de déjection (Pléistocène moyen/supérieur) :
a- Dépôt conglomératique scellé par un poudingue. b- Limons rouges à beiges, en partie éoliens, en partie fluviatiles, à concrétions calcaires
scellés par une croûte calcaire. c- Limons rouges d’origine éolienne à concrétions calcaires. Q3- Dépôt grossier meuble à matrice sablo-
limoneuse en terrasse (Holocène inférieur). Q4- Dépôt sablo-limoneux meuble avec passage grossier en terrasse (Holocène moyen/supérieur).
Q5- Dépôt grossier meuble en terrasse (fin Holocène/historique).
Figure 2.6 – Coupe synthétique dans les dépôts éoliens des vallées et cuvettes.
1- Dolomies massives à rognons de silex du Crétacé supérieur (Turonien) ; 2- Calcaires et marnes du Crétacé supérieur (Sénonien) ; Q1-
Conglomérat hétérométrique de galets et blocs anguleux, à matrice sablo-limoneuse beige, scellé par un poudingue. Le dépôt contient des
pièces lithiques du Paléolithique moyen ; Q2- Dépôt de limons beiges d’origine éolienne très riches en concrétions calcaires ; Q3- Croûte
calcaire feuilletée, épaisseur 10 cm ; Q4- Dépôt de limons beiges, très riches en concrétions calcaires ; Q5- Dépôt de limons à concrétions
calcaires sous la forme d’un horizon rouge ; Q6- Dépôt de limons beiges à concrétions calcaires, épaisseur moyenne 3 m ; Q7- Deuxième niveau
de dépôt de limons sous la forme d’un horizon rouge ; Q8- Dépôt de limons beiges à concrétions calcaires, épaisseur moyenne 1 m ; Q9-
Limons roses d’origine éolienne, peu compacts et à concrétions calcaires. La surface est jonchée de pièces de silex taillé de
l’Epipaléolithique/Néolithique ; Q10- Cours actuel (oued).
Figure 2.7 – Paysages de cuvette et de vallée comblées de limons éoliens où alternent Jessour et habitats troglodytiques
(photos : Hédi Ben Ouezdou).
En dépit d’une diminution notable des températures hivernales par rapport à l’été, l’évaporation
reste active pendant l’hiver, surtout en raison des vents dominants de direction sud à ouest, d’origine
continentale, entraînant un dessèchement nuisant à la végétation. Les valeurs moyennes de
l’évapotranspiration potentielle (ETP) sont partout très élevées, oscillant entre 1400 et 1700 mm/an,
FEUILLE DE ROUTE POUR LA CRÉATION D’UN GÉOPARC DANS LE SUD-EST TUNISIEN
23
soit en moyenne 4 à 5 mm/jour. Les faibles précipitations, les températures élevées et l’ETP très forte
déterminent un bilan hydrique climatique largement déficitaire (Fig. 2.8). A l’échelle annuelle, ce
déficit s’élève à plus de 1300 mm.
Figure 2.8 – Exemples de bilan hydrique climatique (Pluie/ETP) de Gabès et diagramme ombrothermique de Tataouine).
Sources : Atlas de l'eau en Tunisie, 2008 et https://fr.climate-data.org/location/27565/
2.5 Une faune et une flore diversifiées
Le Djebel Dahar abrite une flore et une faune sauvage bien spécifiques malgré ce contexte
climatique parfois rude. La végétation naturelle se présente sous la forme d’une steppe clairsemée
caractéristique des domaines aride et subdésertique. Cependant, une diversité floristique peut être
observée en rapport avec les gradients climatiques locaux liés essentiellement à l’altitude, à la
configuration du relief et à l’exposition des versants aux différents flux atmosphériques. Une
mosaïque végétale peut être identifiée. Sur les sommets du relief de la région de Matmata,
légèrement plus arrosés que le reste du Dahar, sont visibles plusieurs îlots arbustifs d’extension
réduite à genévrier de Phénicie et romarin, formant une garrigue basse ou moyenne assez dense à
Kef Ennsoura. Ce peuplement n’a pas d’équivalent dans l’ensemble de la région du Dahar. Son
cortège floristique, constitué d’un mélange intime d’espèces steppiques et méditerranéennes, est
assez original. Il renferme des espèces d’une grande valeur scientifique et patrimoniale comme le
romarin (Klil, variété troglodytarum), le genêt microcéphale (Cheddida) et la germandrée, le rute
d’Alep (Fijèl), le thym (Zaâtar), le ciste de Liban (Milliya), l’alfa (Halfa/Gueddim), l’armoise blanche
(Chih), le câprier commun (Kabbar), le sumac (Jdèri)... Ce patrimoine végétal est de nos jours en
régression continue à cause du surpâturage et surtout de la coupe exercée par les habitants des
villages limitrophes à des fins domestiques et médicinales.
Les fonds des ravins profonds, les zones d’épandage et les abords des sources d’eau constituent des
milieux humides propices au développement d’une végétation particulière dont la répartition spatiale
varie beaucoup selon les types de sols. Ainsi, la stagnation temporaire des eaux favorise l’installation
d’un fourré dominé par les tamaris (Tarfa), le laurier rose (Défla), les joncs (Smar), le palmier, le roseau
(Gsab)… Aux endroits dans lesquels un voile sableux couvre le sol, une végétation adaptée au sable
(psamophile) apparaît, comme le jujubier (Seder), le reatem (Rtem), le rhantérium (Arfej), l’aristide
piquante (Sbat). Les sols gypseux sont colonisés par le sparte, l’astragale (Gtêt), la réaumuria
vermiculaire (Oum N’da), la nitraire à feuilles rétuses (Ghardeg)… Enfin, sur les sols plus au moins
salés se développent des espèces halophiles (adaptées au sel) telles que l’atriplex (Gtaf), la soude
(Soueda), l’arhrocnème (Hmadha), l’arroche tendre (Gtaf), la salicorne…
Les versants calcaires sont couverts par des sols rocailleux et soumis à l’érosion. Ils se distinguent par
une steppe fortement dégradée et dominée par la saligne à balai (Methnène), le gymnocarpos
buissonnant (Jrad/ Khachra)... L’alfa (Halfa) occupe les milieux à sols sablonneux anciens, tandis que
l’armoise blanche colonise les voiles sableux récents. Dans les champs dunaires, à l’instar de celui de
Khil à l’ouest de Ghomrassen sur la piste de Ksar Ghilane, se développe une pseudo-steppe assez
dense à rhantérium (Arfej), reatem (Rtem), aristide piquante (Sbat), calligone chevelu (Arta) et jujubier
(Seder).
Lorsqu’il pleut, dès le début de l’automne, les truffes (Terfès) du désert apparaissent à partir du mois
de mars dans les milieux protégés du piétinement des troupeaux, notamment sur les sols limoneux et
sableux bien drainés. Il s’agit d’un champignon qui parasite l’espèce steppique l’hanthemème ou
« Rguiga », très répandue dans la région. Cette truffe est très connue et recherchée par la population
de la région du Dahar, qui l’apprécie pour son goût délicieux et sa valeur nutritive et culinaire. Au
cours des années particulièrement pluvieuses, le produit, bien apprécié, est cueilli en grandes
quantités pour être commercialisé à Tunis et à l’étranger.
Parmi les mammifères vivants aujourd’hui dans le Dahar, on peut citer le lièvre à pelage, le fennec, le
chacal, la hyène, la gerbille, la gerboise du désert et le hérisson. Le goundi d’Afrique du Nord
(Ctenodactylus gundi) est un petit rongeur très répandu dans cette région. Il vit en petites colonies
dans les fentes des rochers, dans les escarpements, sur les versants, dans les banquettes à pierres
sèches des Jessour et aux bords des routes. Le rongeur se nourrit de plantes aromatiques (armoise
blanche, romarin, thym…) et il est consommé par l’Homme. Le goundi aime le soleil ; pour en
profiter au maximum, il s’aplatit entièrement sur les rochers. Il est très méfiant et émet un sifflement
au premier danger pour disparaître rapidement dans son refuge. Actuellement, cette espèce se
raréfie sous l’effet des chasses non contrôlées. Ces dernières années, la région du Dahar a connu une
grande multiplication de la population des zorilles du Sahara (Dhorbên, Ictonyx libycus).
L’avifaune sauvage est très diversifiée et bien présente, surtout au printemps. L’aigle royal, le milan
noir et les corbeaux nichent dans les hauts escarpements rocheux du Dahar. La perdrix gambra s’est
multipliée par dizaines dans les Jessour et dans les steppes denses à reatem, rhantérium (Arfèj),
armoise (Chih)... La région du Dahar se situe sur la voie de migration des oiseaux vers le Sahara.
Pendant leurs longs trajets, beaucoup d’oiseaux s’arrêtent sur les escarpements rocheux (Kef
Enssoura, Kef Mzenzen, Kef el Anba, Baten Lahmar…) et dans les formations steppiques denses. Les
plus remarquables d’entre eux sont les loriots d’Europe, la huppe fasciée, le sirli du désert, le hibou
grand duc, le traquet du désert…
Les reptiles dans le Dahar s’activent en été. On trouve surtout le cobra dénommé « Bouftira », la
vipère à cornes et la vipère libertine. Dans les secteurs sableux, le varan du désert, le fouette queue
(Dhab, Uromastix acanthinurus, espèce protégée) sont fréquents. Parmi les invertébrés figurent
plusieurs espèces de scorpions (grand scorpion jaune, scorpion fouisseur, scorpion noir), l’anthia à six
points et le criquet migrateur.
2.6 Une occupation hum aine continue depuis les périodes préhistoriques
L'Homme s'est installé sur Djebel Dahar depuis le Paléolithique. Malgré la rareté des sites en place
relevant des différentes civilisations de cette période, des pièces en silex taillé éparses le long des
oueds et en surfaces des interfluves attestent de cette occupation ancienne. Vers les périodes les
plus récentes de la Préhistoire, les traces de cette occupation, qui s'est poursuivie, se multiplient. En
témoignent les outils lithiques qui jonchent les surfaces en plusieurs endroits du Djebel Dahar et qui
remontent au Capsien et au Néolithique, il y a 8 000 à 4 000 ans. Ces civilisations ont laissé d’autres
témoins de leur présence. Il s’agit de quelques escargotières ainsi que des peintures rupestres qui
décorent les parois de quelques grottes de la vallée de Ghomrassen. Le Dahar se distingue par ces
peintures vieilles d’environ 5000 ans et qui représentent des scènes où figurent des personnages et
une faune domestique et sauvage. Ces peintures rupestres constituent un patrimoine unique en son
genre dans tout le Sud-est de la Tunisie. Au cours des périodes protohistoriques puis historiques,
l’occupation du Djebel Dahar par les Berbères a continué.
Pendant l'Antiquité, le Djebel Dahar était sous le contrôle des tribus berbères. Carthage ne s’est pas
intéressé à ce territoire et ses activités étaient limitées au domaine littoral. Avec la venue des
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25
Romains à partir de 146 av. J.-C., le Dahar n'a pas connu une colonisation directe. En revanche, la
présence romaine sur ses bordures était très importante. A l’est, la plaine de la Jeffara était colonisée
par les romains. A l’ouest, ces derniers ont construit une ligne défensive sur les marges du Sahara, le
Limes Tripolitanus, afin de contrôler les déplacements des tribus berbères. La présence des Byzantins
au Djebel Dahar à partir de 534 ap. J.-C était négligeable et les tribus berbères ont repris le contrôle
des domaines auparavant occupés par les Romains.
Avec les premières conquêtes arabes au milieu du Ve siècle, une résistance des tribus berbères s’est
organisée sur le Djebel Dahar. Deux groupes de tribus indépendants coexistaient et contrôlaient le
territoire sous forme de confédérations, les Lawata et les Zanata. Avec le temps, ces tribus se sont
converties à l’Islam en adoptant la secte ibadite.
Le peuplement du Djebel Dahar est resté, jusqu’au Moyen Âge, fondamentalement berbère. Le
milieu du XIe siècle connaît l’arrivée des tribus arabes de Beni Hilal et de Beni Souleym auxquelles ont
été confrontées les tribus berbères. Progressivement, les deux civilisations vont coexister et leurs
échanges produiront le patrimoine matériel et immatériel qui caractérise jusqu'à aujourd'hui le Djebel
Dahar.
Au milieu du XIIe siècle et au cours des périodes qui l’ont suivi, le Djebel Dahar connaît une
succession de plusieurs événements qui vont fortement marquer son histoire. Cette période du
Moyen Âge voit l’arrivée des Almohades du Maroc, des Egyptiens, des Andalous de Majorque et par
la suite des tribus maraboutiques du Maghreb occidental qui fondent quelques villages dans le
Djebel Dahar. Bien que cette période charnière entre le Moyen Âge et l’époque moderne ait été
marquée par l’instabilité, elle aboutit à une richesse culturelle qui s’est traduite, entre autres, par
l’apparition des confédérations tribales formées de mélanges de Berbères et d’Arabes, telles que
celle de Ouerghemma.
Les rapports des tribus du Djebel Dahar avec le pouvoir beylical à Tunis ont connu plusieurs périodes
de tensions lorsque les tribus refusaient de payer les impôts, ce qui a conduit les Beys à assiéger le
Djebel et à construire plusieurs forts pour contrôler le territoire.
Le Djebel Dahar a connu une longue résistance face à l’installation du protectorat français en 1881.
Placé par la suite sous administration militaire, la région a connu des changements fondamentaux
dans le système socio-économique liés, essentiellement, à la restriction par les Français des aires de
transhumance des tribus.
forteresses ou postes de contrôle, ces édifices qui marquent le paysage reflètent une fine perception
du cadre géomorphologique par l’Homme, ce qui lui a permis de contrôler le territoire.
Cette perception et exploitation des données géologiques et géomorphologiques se trouvent
confirmées par l’habitat troglodytique. Qu’il soit latéral, accroché aux fronts des cuestas et à leurs
buttes-témoins, ou de profondeur, creusé dans les dépôts de sables fins qui comblent les vallées et
les cuvettes du Djebel Dahar, ce type d'habitat reflète bien une parfaite appréhension et maîtrise du
contexte géomorphologique (Ben Ouezdou, 2001 ; Boukhchim et al., 2017).
Enfin, les Jessour correspondent à des aménagements hydro-agricoles ingénieux, parfaitement
adapté aux conditions naturelles. Ils dominent le paysage agricole du Dahar et forment les seules
terres cultivables. Cette technique empirique ancestrale, inventée il y a plusieurs siècles, a permis de
pallier au bilan hydrique climatique largement déficitaire à cause du climat aride et a rendu possible
l’agriculture basée sur les eaux pluviales. Cette technique se base sur une perception et une
exploitation des ravins qui dissèquent les revers des cuestas ainsi que du stock sédimentaire
important représenté par les dépôts de sables fins qui comblent les vallées et les cuvettes.
Les Ksour, les troglodytes et les Jessour illustrent un mode de vie en symbiose parfaite avec la nature
qui a permis de maintenir un équilibre, certes fragile, entre l’Homme et ce milieu naturel aride
vulnérable (Ben Ouezdou, 2001).
Tableau 2.2 – Nombre d’habitants, croissance de la population et soldes migratoires dans le Sud-est tunisien (1984-2014).
Croissance Croissance
Superficie
Gouvernorat 1984 1994 2004 2014 en % en %
[km 2 ]
1994/2004 2004/2014
Gabès 7 166 240 016 311 713 342 630 374 300 0,95 0,89
Médenine 9 167 295 889 386 185 432 503 479 520 1,14 1,04
Tataouine 38 889 100 329 135 703 143 524 149 453 0,56 0,41
Sud-est 55 222 636 234 833 601 918 657 1 003 273 0,98 0,88
Solde
migratoire – 2700 – 4500 – 6800
du Sud-est
Total Tunisie 162 155 6 975 450 8 785 364 9 910 872 10 982 754 1,21 1,03
Source : Recensements de la population et de l’habitat de l’Institut National de la Statistique, 1984, 1994, 2004 et 2014.
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27
Tableau 2.3 – Evolution du nombre d’habitants des délégations du géoparc du Dahar. * Le découpage administratif de ces
délégations a changé à partir de 1994. Pour 1984, nous avons calculé les sommes du nombre d’habitants des secteurs qui
formeront les nouvelles limites des délégations à partir de 1994.
Gouvernorat Délégation 1984 1994 2004 2014
Matmata 7 736* 6 773 5 766 4 444
Gabès Nouvelle Matmata 16 935* 17 088 15 969 14 224
Mareth 43 439 57 298 61 340 63 122
Médenine Nord 28 914* 39 334 48 102 54 769
Médenine Beni Khedache 24 387 30 681 28 586 25 885
Sidi Makhlouf 18 486 24 723 23 728 25 206
Tataouine Nord 30 339* 47 475 54 362 61 431
Tataouine Sud 25 274* 32 780 33 783 34 344
Smar 9 004 12 206 13 826 14 793
Tataouine
Bir Mahmar 6 488 9 347 9 270 8 460
Ghomrassen 18 069 20 745 18 335 15 957
Remada 6 446 9 438 9 977 10 173
Total 12 235 517 307 888 323 044 332 808
% du Sud-est 37,01 36,93 35,16 33,17
Source : Recensements de la population et de l’habitat de l’Institut National de la Statistique, 1984, 1994, 2004 et 2014.
Mis à part la ville de Tataouine, la population du Djebel Dahar ne dépasse pas 70 000 habitants, soit
7 % seulement de la population de tout le Sud-est tunisien. La délimitation proposée du géoparc du
Dahar (voir Chapitre 6) englobe 12 délégations appartenant aux trois gouvernorats (Tabl. 2.3). Ces
limites dépassent celles du Djebel Dahar pour s’étendre sur des parties de la plaine de la Jeffara et
inclure des délégations littorales telle que Mareth ou d’autres formant des parties des grandes villes
telle que Médenine Nord. L’intégration de ces délégations augmente considérablement le nombre
total de la population du géoparc à 332 808 selon le recensement de 2014.
Si le nombre total de la population de ces délégations a augmenté d’environ 97 000 habitants entre
1984 et 2014, leur pourcentage de l’ensemble du Sud-est a diminué de 37,01 % en 1984 à 33,17 %
en 2014. L’évolution du nombre d’habitants entre 1984 et 2014 confirme la tendance à la
littoralisation de la population et sa concentration dans des villes et des villages de plus en plus
proches de la côte. Ainsi, la population de Matmata et Ghomrassen a diminué entre 1984 et 2014.
Par contre, on assiste à une augmentation importante de la population dans les délégations de
Mareth, de Médenine Nord et de Tataouine Nord.
celle de Tataouine Sud de 190 et –434 habitants. D’un autre côté, plusieurs délégations littorales et
villes chef-lieu de délégation connaissent un solde migratoire intérieur positif. Tels sont les cas de
Midoun (+ 2706), Gabès Sud (+9813) et Bir Lahmar (+148). Le solde migratoire de ces délégations
avec l’étranger reste toujours négatif avec –21 pour Midoun, –343 pour Gabès Sud et –105 pour Bir
Lahmar.
Tableau 2.4 – Indicateurs sur la migration interne et vers l’étranger entre 2009 et 2014 pour six délégations.
Une grande proportion du mouvement de la population du Sud-est s’effectue entre les gouvernorats
qui constituent cette entité géographique. Pour la période de 1999-2004, 27,5 % des habitants qui
ont quitté le gouvernorat de Gabès se sont réinstallés dans les gouvernorats de Médenine ou de
Tataouine. Le même pourcentage d’habitants qui ont quitté le gouvernorat de Médenine s’est
réinstallé dans les gouvernorats de Gabès ou de Tataouine. Et enfin, 42 % des habitants qui ont
quitté le gouvernorat de Tataouine se sont réinstallés dans les gouvernorats de Médenine ou de
Gabès. Parallèlement à cette mobilité de la population, le taux d’urbanisation dans le Sud-est est
passé de 40 % en 1975 à 72 % en 2014. Pour cette dernière année, le taux national est de 68 %.
Dans les trois gouvernorats du Sud-est, le taux de masculinité ne dépasse jamais le taux national qui
est de 99,3 hommes/100 femmes. Ce taux est de 96 hommes/100 femmes dans le gouvernorat de
Gabès, 95,4 dans le gouvernorat de Médenine et il descend à 90,3 seulement dans le gouvernorat
de Tataouine. De grands écarts entre les régions peuvent être détectés. Dans le Dahar, ce taux est le
plus faible. Il varie entre 62 et 90 hommes/100 femmes. Il chute à 63 hommes/100 femmes dans le
secteur de Zouhour à Ghomrassen ou dans la localité d'oued El Khil. En revanche, il dépasse 100
dans les villes et villages du littoral et atteint, à titre d'exemple, 137 hommes/100 femmes dans la
ville de Midoun à Jerba. Ces chiffres illustrent l’importance des migrations professionnelles du
plateau vers le littoral.
A côté de cette mobilité inter et intra-gouvernorats et avec l'étranger, plusieurs régions du Dahar
connaissent une mobilité locale. Elle se présente sous la forme d’un « glissement » des populations
des villages troglodytiques vers les nouveaux centres villageois créés dans les plaines, tels que
Chenini, Douiret, Guermessa, Zraoua, Matmata Nouvelle, Beni Issa... ou vers les nouveaux noyaux
urbains modernes, comme l’illustre le déplacement de la population de Ghomrassen, Galaat Nfig et
Galaat Hamdoun vers la ville moderne qui s'étend le long de la vallée de l’oued Ghomrassen.
Les conséquences de cette mobilité de la population sont multiples. On assiste d’abord à un
évidement des anciens villages tels que Zraoua, Guermessa et Douiret. Pour le cas de Chenini, c’est,
entre autres, grâce à l’activité touristique qu’une proportion importante des habitants s’accroche
toujours au village troglodytique. En 2014, le nombre d’habitants de l’ancien village est de 404, alors
qu’il était de 644 en 1994. Le nombre d’habitants de la Nouvelle Chenini est passé de 428 en 1994 à
398 habitants en 2014. Dans la partie centrale du Dahar, le nombre d’habitants à Zammour est passé
de 1073 en 1994 à 825 en 2014. Dans la partie nord du Dahar, le nombre d’habitants du village de
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29
Tamezret a diminué, pour passer de 1530 en 1994 à 913 en 2014 et celui du village troglodytique de
Haddej a diminué de 4298 en 1994 à 2681 en 2014.
Cet évidement risque d’avoir des répercussions sur le milieu naturel et humain et sur le paysage.
Plusieurs problèmes liés à la migration peuvent surgir. Les plus importants sont l’abandon des terres,
des villages et des systèmes traditionnels de gestion du milieu. Par conséquent, le risque de perdre
le savoir-faire traditionnel local en matière de gestion des ressources naturelles et des systèmes
environnementaux constitue une menace sérieuse. Ce savoir-faire a réussi, depuis longtemps, à
maintenir un équilibre fragile dans ce milieu aride.
Malgré cette tendance, un nombre non négligeable d’habitants (environ 70 000) s’accroche toujours
au Dahar, ce qui dénote un ancrage territorial et culturel de cette population qui continue à faire
fonctionner les systèmes traditionnels de vie et de production. Le moteur de cette dynamique est, en
premier lieu, la mobilité de la population par l’intermédiaire des revenus provenant de l’émigration.
Ces derniers ont permis, d’un côté, d’améliorer le niveau de vie et d’apporter plus de confort à la
population, et d’un autre côté, de contribuer à l’entretien et à l’amélioration de l’activité économique
basée en particulier sur l’agriculture traditionnelle en Jessour.
Hanane Abichou
Masculin
Population 15 ans et + 171 744 51 798 136 721 582 177 4 092 719
Population active occupée 106 355 26 651 75 781 328 943 2 373 263
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31
Population active occupée 130 781 32 579 95 598 413 437 3 295 965
Le tableau 3.3 présente la répartition de la population active de la région selon les secteurs
d’activité économique. Le secteur des services est le plus important avec 64,57 % des actifs pour le
gouvernorat de Médenine, 59,51 % pour celui de Tataouine et 51,50 % pour le gouvernorat de
Gabès. On observe également la part relativement faible du secteur agricole et de la pêche
(essentiellement pour les deux gouvernorats de Médenine et Tataouine) par rapport à la moyenne
nationale.
Tableau 3.3 – Répartition de la population active selon le secteur en 2014 (en %).
Territoire Médenine Tataouine Gabès Sud Tunisie
tunisien 1
Masculin 106 355 26 651 75 781 328 943 2 373 263
1
Regroupe les gouvernorats de Médenine, Tataouine, Gabès, Kébili, Tozeur, Gafsa et Sfax.
Nbre d'habitants par Centre de Soin de Base 4103 2342 4095 3534 5259
Nbre de lits d'hôpitaux pour 1000 habitants 1,59 1,73 1,77 1,90 1,84
Taux des accouchements assistés (%) 94,6 97,2 98,6 96,7 92
Nbre de maisons de jeunes 24 11 21 92 -
Nbre de maisons de culture 8 6 9 32 -
Nbre de bibliothèques 14 12 22 92 -
Source : Office du Développement du Sud, 2016
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33
Tableau 3.5 – Répartition des surfaces selon la catégorie d’occupation du sol (en hectares) en 2016.
Surface agricole utile (SAU)
Terres
Gouvernorat Sup. totale Terres Parcours Forêts Total
incultes
cultivables
Médenine 916 708 81 42 229 718 600 760 4 988 835 466
Tataouine 3 888 900 2 180 597 200 000 1 500 000 8 303 1 708 303
Gabès 716 626 117 359 169 590 421 592 8 085 599 267
Tableau 3.6 – Situation de l’infrastructure et de l’investissement touristique dans la région pour 2016.
Hôtels Centres Restaurants Agences Nombre de Total investissement
d’animation touristiques de voyage lits (milliers de dinars)
Tataouine 9 2 2 10 514 60
Médenine 135 211 24 130 49 901 2691
Gabès 19 2 3 31 1684 0
Source : Office National du Tourisme Tunisien, 2016
Le potentiel touristique de la région s’explique par la proximité des deux pôles touristiques de Djerba et
Zarzis dont le développement est continu depuis 2003. En raison de ces deux pôles touristiques, le Sud-
est tunisien occupe le premier rang à l’échelle nationale dans le développement de l’activité touristique.
Avec une capacité de plus de 50 000 lits, elle constitue la plus grande région touristique du pays. Elle
compte, notamment, le nombre le plus élevé d’unités hôtelières, d’unités hôtelières classées et d’unités
cinq et quatre étoiles. En 2012, malgré la grande baisse de l’activité touristique suite à la révolution de
2011, Djerba-Zarzis a enregistré plus de 875 000 arrivées de touristes non-résidents, soit près de 21,5 %
du total des arrivées dans le pays.
Le Dahar, située à 1h30 de route de Djerba, profite en partie de cette activité touristique, sous la forme
d’excursions à la journée. La dynamique de ce secteur dans la région est encouragée par la nouvelle
stratégie de développement adoptée par l’Etat tunisien axée sur la diversification de l’offre,
l’amélioration de l’image de la destination et une meilleure visibilité des produits et des régions
touristiques. Le Ministère du Tourisme et l’Office National du Tourisme Tunisien (ONTT) encouragent
également le développement de formes alternatives de tourisme en vue de compléter le tourisme
balnéaire et le tourisme saharien. Le Sud-est tunisien, doté d’un patrimoine naturel (principalement géo-
paléontologique) et culturel (Ksours, Jessour, habitats troglodytes) exceptionnel (Ben Ouezdou, 2001),
profite de cette nouvelle dynamique.
Le tableau 3.7 montre l’évolution de quelques indicateurs touristiques dans la région. Malgré le
développement remarquable de la demande touristique globale dans la région, les conditions
conjoncturelles telles que les conflits internationaux, les troubles intérieurs, le terrorisme, les crises
économiques, affectent profondément ce secteur en Tunisie. La sécurité constitue, avant les attractions
touristiques, la condition principale pour le développement touristique. Ceci vient confirmer le fait que
« le tourisme est une industrie de paix ». En temps de crise, de conflit ou de guerre, il constitue de par
sa fragilité et sa vulnérabilité, la première victime. Le tourisme en Tunisie souffre encore de la situation
politique instable de la Tunisie après la révolution de 2011, comme le montre la variation négative des
indicateurs touristiques dans le tableau 3.7.
Tableau 3.7 – Evolution des indicateurs touristiques dans la région.
Année Libellé Médenine Tataouine Gabès Sud Tunisie
tunisien
2013 Arrivées 1 073 251 17 711 60 525 1 528 040 6 268 582
Nuitées globales 7 137 225 22 209 79 211 7 745 049 29 980 174
Nuitées globales 4 137 227 17 807 97 172 4 547 160 17 880 034
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35
sous tutelle du Ministère du développement économique, son siège est à Médenine. L’ODS est
chargé des tâches suivantes :
• réunir toutes les informations utiles, procéder aux études nécessaires, proposer toutes mesures
pouvant être entreprises en vue d’aider à la définition des politiques en matière de
développement, de choix des programmes d’investissement publics, d’impulsion de
l’investissement privé dans la zone de son intervention, assurer le suivi et évaluer les résultats
de ces politiques ;
• veiller à réaliser l’harmonisation des plans et des programmes de développement ;
• élaborer, en collaboration avec les structures nationales et régionales spécialisées, des plans et
des programmes d’actions complémentaires dans le but de promouvoir et de développer les
zones ayant des problématiques spécifiques ou connaissant des difficultés de développement
et veiller à l’exécution des plans et programmes précités ;
• participer à l’élaboration des plans et des programmes d’actions visant à promouvoir et à
dynamiser l’investissement privé dans les zones concernées ainsi que dans le suivi des étapes
de leur exécution en étroite collaboration avec les structures techniques, les services régionaux
spécialisés et les collectivités publiques locales.
• soutenir l’action des structures régionales spécialisées et des collectivités publiques locales en
matière de promotion des investissements privés dans les zones d’intervention.
– Les Organisation Non Gouvernementales (ONG). Les premiers projets de développement rural
intégré en Tunisie ont été initiés par une ONG tunisienne de développement, l’Association pour
la Promotion de l’Emploi et du Logement (APEL) (Oueslati, 1996). L’appui financier de l’Etat (40 %)
intervient sous la forme de cofinancement des projets et par la mise à sa disposition d’agents
expérimentés du Ministère de l’Agriculture. Par ailleurs, l’APEL bénéficie de la collaboration des
services de l’Etat au niveau régional (CRDA, équipement, santé, éducation, affaires sociales,
formation professionnelle). L’originalité de la démarche réside dans le fait que les actions de
l’APEL se font en étroite collaboration avec l’Etat. La volonté de mener des projets intégrés
comportant des actions relevant habituellement de la compétence de l’Etat (infrastructures)
nécessite en effet, une concertation des instances publiques. Les objectifs poursuivis à long terme
par l’APEL sont l’atténuation de l’exode rural, l’amélioration du niveau de vie des populations
cibles et l’institution d’une pratique participative pour développer un esprit communautaire et
associatif.
– Les associations. Au niveau social, la région de Médenine et Tataouine est caractérisée par le
nombre très important d’associations locales actives qui participent à animer la région et à
sauvegarder et valoriser le patrimoine local. Ces associations ont toujours participé à
l’organisation d’événements festifs et de rencontres scientifiques (colloques, séminaires et ateliers
d’envergure locale, nationale et internationale) en vue d’ancrer d’une manière durable, de bonnes
habitudes de respect de l’environnement, de bonne gestion et de conservation des ressources
naturelles. On peut citer le cas de l’Association des Jeunes de Zammour (AJZ), créée en
1991. Au début, cette association avait pour mission l’animation de la région surtout pendant la
période estivale étant donné que la majorité de la population de Zammour vit à l’étranger et a
gardé l’habitude de se réunir pendant la période estivale. A partir de 1996, l’Association a
commencé à développer des relations de travail avec des institutions de recherche et de
développement afin de toucher le volet développement par la valorisation du patrimoine de la
région et de promouvoir l’activité agricole. On peut citer également l’Association des Amis de
la Mémoire de la Terre de Tataouine (AAMTT) qui œuvre à faire connaître les sites naturels
et archéologiques du Sud tunisien, à protéger le patrimoine naturel et culturel, la mémoire
matérielle et immatérielle de l’Homme et de la Terre du Sud tunisien et à s’investir au service du
développement durable.
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37
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39
Tableau 3.8 – Synthèse des atouts et des contraintes de la région du Sud-est tunisien.
Dimen-
Thème Atouts Contraintes
sion
Climat aride et déficit hydrique
Climat Température élevée, ensoleillement fort.
permanent
Ressources en eau souterraines intéressantes, Réseau d’irrigation traditionnel peu
Ressources hydriques aménagements pour la collecte d’eau de efficient, surexploitation des
ruissellement nappes
Relief Beauté du paysage montagnard Région montagneuse difficile
Environnement
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41
Formation
22 centres de formation (secteur public). Demande toujours inférieure à la
30 centres privés de formation professionnelle. capacité.
2
Rapports et statistiques de l’Office de Développement du Sud.
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43
Le Sud-est tunisien est une zone classée difficile qui dispose de plusieurs contraintes
(environnementales, climatiques, économiques, stratégiques). La définition des zones ou territoires
difficiles n’est pas aisée. La problématique de leur développement n’est pas une tâche
compréhensible. Est-ce un problème d’adaptation à la mondialisation ou plutôt un échec des
planificateurs de développement ?
Un certain nombre de zones difficiles au Nord et au Sud de la Méditerranée se sont engagées dans
un processus dit de développement territorial. Ce type de développement, contrairement aux échecs
de ce que Campagne et Pecqueur (2009) ont appelé « correcteurs » des difficultés rencontrées par
ces zones, réussit à mettre en place un véritable processus de développement qui assure à la fois une
augmentation certaine de la valeur de la production (création de richesses) et une meilleure
satisfaction des besoins des populations. Les « zones difficiles » ne sont donc pas une réalité
« marginale ». Elles sont surtout confrontées à une réalité stratégique, à un échec si on ose dire des
planificateurs de développement. Certes, c’est dans ces zones que se voit la pauvreté d’aujourd’hui
et aussi celle de demain si un processus de développement adéquat n’est pas pris en compte, mais
ce sont également des zones bien placées pour inventer et mobiliser des ressources locales
valorisables. « Elles sont même mieux placées que les zones « favorables » pour inventer et mobiliser.
Nous faisons, pour notre part, l’hypothèse que les zones difficiles sont plus à même de pratiquer le
développement territorial car elles sont dans l’obligation de se mobiliser et donc de valoriser le «
capital social » et la gouvernance territoriale » (Campagne et Pecqueur, 2009).
Cela veut dire que la pauvreté et les contraintes climatiques, sociales et économiques rencontrées
dans le Sud-est de la Tunisie peuvent être résolues à long terme. L’expérience de plusieurs zones en
Méditerranée le montre. Les initiatives de ce type au Nord et au Sud de la Méditerranée « se
traduisent par une présence visible et parfois massive des associations de développement local dans
les pays concernés » (Campagne et Pecqueur, 2009). En effet, et selon ces mêmes auteurs, il existe,
depuis 1993, plus d’un millier de « groupes LEADER » en Europe communautaire malgré une certaine
méfiance des « politiques » vis à vis de ce système qui échappe souvent au contrôle des pouvoirs
publics. Au Sud, c’est la période de l’organisation et de l’institutionnalisation. Les « associations de
développement local » sont nombreuses. On assiste également à une initiative qui vient
accompagner l’émergence de ces structures ; il s’agit du Réseau Maghrébin des Associations de
Développement local qui regroupe aujourd’hui 40 associations des pays du Maghreb. La
Coopération Nord-Sud s’est mise en place notamment dans le cadre du programme LEADER qui l’a
institutionnalisée dans le cadre de l’extension aux « pays tiers » de son programme de « coopération
transnationale ». Le programme « Couleurs de fleurs en Méditerranée », mis en œuvre entre LEADER
34 et l’Association de Développement Durable (ADD) de Beni Khedache, en est un exemple.
Une diversification des activités dans une dynamique de développement territorial permettra à une
région comme le Sud-est tunisien de créer les conditions d’accumulation d’une rente de qualité
territoriale assurant une valorisation de l’ensemble de ses ressources. On insiste ici sur l’importance
d’une approche territoriale pour le développement de la région, qui peut, grâce à une série de
recherches intégrant la participation des savoir-faire des populations résidentes et faisant appel à
toutes les potentialités locales (humaines et naturelles), contribuer à un développement soutenable.
A cet égard, l’importance des acteurs, leur place dans les fonctionnements sociaux et surtout dans
les réseaux de proximité, leur mode d’implication dans des actions et des processus innovants, sont
essentiels. Des réseaux associatifs peuvent se constituer autour de groupements d’entrepreneurs, de
partenariats publics et/ou privés et d’acteurs porteurs d’initiatives endogènes, mais ouverts à
l’intégration de facteurs et de technologies exogènes pour que le développement soit auto-
soutenable.
Il est utile de signaler à quel point le patrimoine de la région, sous toutes ses formes, peut constituer
un levier pour le développement local durable, à condition de favoriser une véritable démocratie
participative pour un développement intégré du Dahar qui suppose comme essentielle la prise en
considération des dimensions culturelles aux côtés de l’économique et du social.
3.3. Conclusion
La région du Sud-est tunisien est une région stratégiquement importante pour le tourisme culturel car
elle permet le passage d’un tourisme balnéaire, basé sur un seul secteur, au tourisme patrimonial
développant de multiples secteurs et valorisant d’autres richesses cachées. Les richesses naturelles,
archéologiques et patrimoniales, articulées aux ressources culturelles matérialisées par les riches
traditions locales, justifient d’ailleurs le choix de la zone pour plusieurs expérimentations de projets
pilotes avec pour objectif de développer le tourisme en tant qu’axe fédérateur de développement.
Le tourisme est un secteur essentiel pour le développement de la région. C’est un secteur en pleine
expansion qui contribue à promouvoir l’emploi et les revenus. Or l’intégration économique de
l’activité touristique dans le Sud-est de la Tunisie suppose que celle-ci co-habite avec les secteurs
traditionnels pour les promouvoir. Elle est supposée profiter à une majorité de la population locale
de façon à créer plus d’emplois et pouvoir maintenir la population sur le territoire dans un équilibre
harmonieux. En effet, les revenus agricoles dans la région sont aléatoires et dépendent des
conditions climatiques. Par contre les revenus induits par le secteur touristique qui sont relativement
importants ne profitent qu’à une minorité d’acteurs. Il convient donc d’étudier la complémentarité
possible entre les deux activités (touristique et agricole) du point de vue de la chronologie annuelle
des phases de travail (Fig. 3.1).
La confrontation des périodes d’activité dans les deux secteurs montre que les activités agricoles et
touristiques se concentrent sur la même période de l’année. Néanmoins l’activité touristique tend à
se prolonger de plus en plus et à s’étaler sur l’ensemble de l’année3.
Figure 3.1 – Calendrier agricole comparé aux saisons touristiques dans le Sud-est tunisien (noir = haute saison ; gris =
moyenne saison ; blanc = basse saison ; orange = extension de l’activité).
Activité / Mois Jan. Fév. Mar Avr Mai Jui Juil Août Sept Oct Nov Déc
Agriculture et
élevage
Tourisme
Cette confrontation des temps d’occupation montre que désormais l’activité touristique a tendance à
devenir l’activité principale de la région, constat qu’il convient de tempérer car il existe des relations
de pluriactivité entre agriculture et tourisme du fait de l’implication des agriculteurs dans l’activité
touristique. Toutefois si nous analysons les apports économiques de l’activité touristique dans les
espaces arides, il apparaît que seulement 4,5% du prix global payé par un touriste pour un voyage
dans le Sud-est tunisien (pour un séjour de référence d’une semaine de 8 jours) est distribué aux
acteurs des espaces culturels visités (guides ksouriens ou sahariens, commerçants artisanat local,
tournée dromadaire). La grande partie des budgets touristiques reste donc hors de la zone
patrimoniale alors que 70% de la durée du séjour s’effectue dans cette zone (ONTT, 2016).
3
D’après nos observations de terrain, l’activité touristique de la région du Sud-est tunisien a tendance à s’étaler sur plusieurs
mois depuis quelques années.
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45
Hanane Abichou
Il arrive que le développement économique des régions d’une part et leur richesse patrimoniale en
termes de monuments, d’ouvrages d’art ou de paysages d’autre part, n’aillent pas de pair. Loin
d’être une fatalité qui accentue les déséquilibres ou les inégalités, cette situation apparaît plutôt
comme une opportunité en vue d’une meilleure répartition du développement économique à travers
le pays. En effet, bien qu’il soit possible de concentrer sur un même point richesse architecturale,
beauté des sites naturels et densité du tissu économique, rares sont les régions qui peuvent
s’enorgueillir de rassembler simultanément tous ces atouts.
A l’échelle régionale, il s’agit d’identifier les atouts d’une région, en termes de moyens de production
de valeur économique (Marceau, 2012). Un tel inventaire s’est longtemps limité à des moyens tels
que matières premières, capitaux, main d’œuvre, infrastructures de transport, potentiel agricole. Avec
la tertiarisation de l’économie, d’autres critères de développement et d’attractivité sont apparus.
Malgré une prise en compte de plus en plus complète et élaborée des critères permettant d’estimer
le potentiel économique d’une zone géographique donnée, le potentiel touristique et géoculturel en
termes de rayonnement national ou international est souvent sous-estimé. Il apparaît pourtant
aujourd’hui qu’un intérêt croissant pour le patrimoine régional se fait jour de la part des touristes
étrangers comme des habitants des régions concernées, qu’il s’agisse de biens privés ou publics, de
particularismes culturels, de témoignages du passé ou de sites naturels.
Au vu du poids économique croissant que représente le secteur touristique, particulièrement en
Tunisie, ce patrimoine doit aujourd’hui être considéré comme un facteur de développement de
premier plan, mais aussi comme un moyen de redéploiement économique des régions dont on dit
encore qu’elles sont « déshéritées » ou « défavorisées ».
L'héritage archéologique et culturel constituent des actifs touristiques spécifiques. Ces éléments sont
présents dans le design du produit touristique consommé (excursions, logement, restauration),
source de revenus indispensables aux communautés rurales du Sud. Le secteur du tourisme est très
concurrentiel. De nombreux acteurs, aux intérêts divergents, souhaitent accaparer une part des
revenus touristiques de ces actifs culturels. Communautés, entrepreneurs locaux, opérateurs privés,
agences à l'étranger, différents ministères, élaborent des stratégies individuelles de captation. Dans
cette course, les autochtones constituent un acteur central. Afin de réduire les conflits
d'appropriation de la rente touristique et d'éviter la dégradation des ressources culturelles
communes, une bonne gouvernance permet de contrôler les stratégies des acteurs et d'induire une
action collective, entendue comme une action qui nécessite la coordination entre plusieurs agents en
vue d'atteindre un objectif commun.
Nous analysons ici la stratégie des différents acteurs en matière de conservation et de valorisation du
patrimoine du Dahar afin d’établir la forme de gouvernance qui procurera un développement
durable. Afin d’étayer ce point de vue tout en présentant une image réaliste du contexte régional
actuel, nous proposons la démarche suivante :
– dans un premier temps, nous présentons un inventaire du patrimoine de la région du Dahar et son
état de valorisation ;
– dans un second temps, nous établissons une typologie des principaux acteurs pouvant prendre
part à la valorisation du patrimoine, en insistant sur leurs rôles, objectifs et les conflits divers ;
– enfin nous proposons des éléments qui permettraient d’élaborer une gestion touristique
pertinente du patrimoine du Sud-est tunisien.
4.1.1 Patrimoine naturel : une diversité biologique découlant d’une riche géodiversité
Le couvert végétal naturel de la région joue un rôle de première importance dans le maintien de
l’équilibre écologique d’une part et comme étant une source de viande, de lait, d’alimentation et de
médicaments pour la population locale.
Des espèces variées tel que l’Alfa (Stipa tenacissima), le Thym (Thymus hirtus), le Romarin
(Rosmarinus officinalis), Genévrier de Phénicie (Juniperus phoenicea) constituent une nécessité
quotidienne pour la population de la zone et présentent un intérêt médical, économique et
environnemental.
Ce riche patrimoine biologique est étroitement dépendant de la géodiversité (voir Chap. 1 et 2).
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47
Figure 4.1 – A. L’artisanat féminin, un savoir-faire hérité dans le tissage sur le métier vertical ; B. L’artisanat masculin,
l’utilisation de la ressource fourragère locale ‘Gûeddime’ (photos : Hanane Abichou).
4.1.4 Les techniques traditionnelles d’irrigation et de collecte des eaux pluviales : un savoir-
faire hérité
Figure 4.2 – Les techniques de Jessour, une valeur économique et paysagère très importante (photos : Hanane Abichou).
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49
Figure 4.3 – Deux techniques de collecte des eaux de pluie à usage agricole : Majel (à gauche) et Fesguia (à droite)
(photos : Hanane Abichou).
Figure 4.4 – Vue générale (à gauche ; photo : Emmanuel Reynard) et une partie de Ksar Hallouf
(à droite ; photo : Hanane Abichou).
Il existe dans le Sud-est tunisien deux types de ksour en rapport avec la morphologie du terrain sur
lequel il s’implante et le cadre dans lequel il se situe : le ksar de montagne et le ksar de plaine qui
ont chacun leur organisation spatiale et architecturale.
Le tourisme culturel peut garantir un développement local basé sur cette richesse historique. Un
tel tourisme nécessite, certes, des services variés afin d’être efficient dans la région et parmi les plus
importants de ces services, on trouve les hôtels et les investissements dans ce domaine. Jusqu’à
maintenant on n’observe que des initiatives privées, un peu timides, pour valoriser ce patrimoine.
Nos investigations de terrain visant à déceler l’état du patrimoine ksourien (état de réhabilitation et
valorisation) ont révélé que :
– chaque ksar possède une particularité (historique, économique), comme le montre
l’inventaire des ksour (Annexe 1) ;
– la majorité des ksour de la région ne sont ni réhabilités ni mis en valeur ;
– la réhabilitation de ces ksour est l’affaire du Ministère de la Culture et des institutions placées
sous sa tutelle ;
– la mise en valeur de ce patrimoine implique aussi bien les institutions culturelles que les
collectivités régionales ;
– le secteur privé et le Ministère du Tourisme (et ses acteurs) bénéficient de l’existence de ce
patrimoine sans y contribuer directement.
Tableau 4.1 – Caractéristiques de l’état des ksour du Sud-est tunisien.
OUI 33 30,0
OUI 13 11,8
OUI 15 13,6
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51
Le Sud tunisien comptait presque 150 ksour. Une partie de ce patrimoine a été détruite avec le
temps et on ne recense à présent plus que 110 ksour répartis sur les deux gouvernorats de Médenine
et Tataouine (Tabl. 4.1). Le taux de restauration de ces ksour est faible (30 %). Les ksour encore
détenus par la population locale (propriété privée) sont en mauvais état et nécessitent une
intervention sérieuse. Environ 31 ksour de la région de Tataouine sont identifiés pour un programme
de restauration par l’Institut National du Patrimoine (INP) et le Programme de Chantiers Régional
pour le Développement (PCRD), animé par le gouvernorat. Ces ksour ont été cédés par leurs
propriétaires (population locale) aux pouvoirs publics afin de les réhabiliter. Selon les acteurs locaux,
26 ksour sont dans un état alarmant et il s’avère difficile voire impossible d’intervenir pour les
réhabiliter malgré le fait qu’ils soient accessibles et qu’ils marquent l’histoire de la région. En effet,
par manque de moyens financiers, ces ksour n’ont pas été sélectionnés par le programme de
restauration des ksour sahariens de la Tunisie.
Le tableau 4.2 présente les institutions qui prennent actuellement en charge la restauration des
ksour. On remarque le rôle majeur que joue l’INP (institution centralisée), qui reste l’acteur principal
sur lequel comptent les populations pour la restauration de leur patrimoine. Les orientations
nouvelles en matière de gouvernance supposent de diversifier les parties prenantes, notamment en
intégrant les institutions décentralisées et en associant des acteurs publics et privés. La gouvernance
doit être « un processus institutionnel et organisationnel de construction d’une mise en compatibilité
des différents modes de coordination entre acteurs géographiquement proches, en vue de résoudre
les problèmes productifs inédits posés aux territoires » (Pecqueur, 2000). Ce type d’organisation
paraît difficile à appliquer dans le contexte sud-tunisien. Malgré la nécessaire diversification des
intervenants dans la restauration des ksour, on note que ce sont toujours des acteurs centralisés
appartenant presque tous à la sphère du gouvernement qui interviennent. Le patrimoine de la région
ne fait pas intervenir des réseaux d’acteurs autonomes et les structures associatives sont peu
développées et n‘ont pas les compétences appropriées pour intervenir sur ce patrimoine. L’INP
quant à lui ne possède pas de relais institutionnels régionaux et locaux. Il est obligé d’envoyer des
experts pour évaluer les besoins d’intervention en matière de restauration et de sauvegarde du
patrimoine.
Figure 4.5 – A. Paysage d’habitat troglodyte à Haddej (Matmata) ; B. Cour intérieure d’un habitat trogldyte de profondeur à
Haddej ; C. Habitat troglodyte latéral à Guermassa ; D. Chambre troglodyte réhabilitée
(photos : A, B, C : Emmanuel Reynard ; photo D : Hanane Abichou).
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53
4.2 Le patrim oine du Dahar : vers une tragédie des conflits d’usage et de
surexploitation 4
La notion de local
Dans tous les pays, à des degrés certes divers, le paysage territorial est complexe, car les territoires
s’échelonnent de la ville ou village à la région ou Etat fédéré, en passant par divers territoires
intermédiaires.
Dans notre analyse, le terme de développement local concerne des territoires infra-étatiques.
Ceux-ci, comme tout territoire, sont un construit social. Ils combinent des éléments de natures
diverses, économiques, sociales et politiques. Du point de vue économique, ils se caractérisent par
un ensemble de structures de production, de modalités de répartition des revenus, d’échanges
internes et avec d’autres territoires. Socialement, ils sont composés d’un ensemble de groupes
sociaux regroupés sous des formes diverses soit formalisées (associations, syndicats), soit informelles
(les relations de voisinage et familiales). Mais, pour exister, un territoire suppose également une
organisation politique, appuyée sur des structures administratives dont le rôle est d’assurer la
coordination des différents groupes qui le constituent, d’arbitrer leurs conflits et d’assurer des liens
institutionnels avec les autorités étatiques.
Cette complexité territoriale entraîne inévitablement des chevauchements d’appartenance, sources
de conflits, pour les divers groupes d’acteurs du développement. Les intérêts des résidents d’une
zone donnée n’ont pas, a priori, de raison de correspondre à ceux d’un territoire plus vaste. Il en est
d’autant plus ainsi que la diversité des territoires est grande. Elle provient de l’ampleur des
disparités, aussi bien économiques, en termes de niveau de richesse, que sociales, dues à la nature et
à la culture des divers groupes sociaux, et politiques, selon l’ampleur du pouvoir de leurs
gouvernants.
La notion de patrimoine
Cette diversité se retrouve également dans la nature du patrimoine territorial qui est généré par le
temps long de l’histoire. Le patrimoine est, ici, défini comme un ensemble de biens, reconnus
comme tel par la collectivité locale considérée. Cette dernière lui confère une valeur, liée à son
passé, qu’elle souhaite transmettre à ses descendants. Il s’agit de biens, matériels ou immatériels,
dont l’une des caractéristiques essentielles est de permettre d’établir un lien entre les générations,
tant passées que futures. Le patrimoine est donc lié à un héritage à transmettre, issu de l’histoire,
plus ou moins ancienne, du territoire étudié. Le patrimoine, en ce sens, a nécessairement une
dimension collective. Sa conservation relève donc de l’intérêt général. Il s’agit d’un bien collectif au
sens économique du terme. Dès lors, comme tout bien, le patrimoine a une valeur en tant que
ressource, susceptible de contribuer au développement du territoire qui l’a engendrée.
4.2.2 Le tourisme patrimonial tunisien : une tragédie des communs sur les actifs culturels
4
Cette partie est un travail de recherche sur la région et qui est en cours de publication dans la revue Essachess, Juin 2018.
tend à être caractérisé par ses attributs esthétiques et sémiotiques les plus forts (Scott, 2000). L'offre
touristique du Sud tunisien relève donc d'une économie culturelle définie comme une « série de
secteurs manufacturés et de services qui sont engagés, à des degrés plus ou moins importants, dans
la production d'images, de symboles et de messages » (Scott, 2000).
L'économie culturelle est un domaine d'activité concerné par une esthétisation croissante de la
production de biens économiques (Scott, 1996). Dans notre cas d’étude, cette économie est produite
dans un territoire touristique. Elle possède des caractères spécifiques liés à cette appartenance et
nous pouvons donc parler d'économie touristique culturelle. Celle-ci se compose d'une part de
biens et de services, d'éléments matériels puisés dans l'héritage territorial et d'autre part de biens
immatériels qui sont des expressions artistiques, des savoir-faire artisanaux, des récits et pratiques
religieuses.
La culture est ainsi un élément incontournable dans la définition du phénomène touristique dans le
Sud tunisien. En effet, l'économie produite par le tourisme repose essentiellement sur des références
culturelles au territoire ; et aussi, la culture se manifeste au travers de chaque action ou décision
adoptée par les acteurs du territoire engagés dans l'activité touristique et qui entretiennent tous des
relations étroites avec le territoire. Le tourisme est sans aucun doute un puissant agent de
développement socio-économique conduit en partie par la recherche de diversité culturelle et en
partie d'identité ethnique.
Ce fait est primordial pour les communautés rurales dans des régions qui présentent de fortes
aménités culturelles et naturelles, comme c'est le cas du Dahar où sont concentrés de nombreux
troglodytes et ksour. Le patrimoine matériel et immatériel forme le capital culturel qui est
incorporé dans la fonction de production touristique. Ce capital est local et spécifique, il fournit le
lieu que « consomme » le touriste.
Les attractions socioculturelles et anthropiques sont définies par Jafari (1982) et Healy (1994) comme
des actifs sous-jacents au produit touristique. Ils constituent un bien commun touristique qui
comprend, par exemple, des manifestations culturelles, des fêtes locales, etc. Plusieurs auteurs
considèrent ces actifs, comme des ressources communes (Vail et Hultkrantz, 2000 ; Huybers et
Bennett, 2003), dans la mesure où les caractéristiques de non-exclusion et de rivalité s'adaptent aux
ressources incorporées dans la production du tourisme patrimonial. La condition de non-exclusion
nous indique qu'exclure d'autres acteurs de la consommation d'une ressource est impossible ou
comporte un coût prohibitif.
Ainsi, dans le Sud tunisien, la population locale est propriétaire du fonds et de ses ressources, telles
que les fêtes et les différentes manifestations locales, les ksour. Elle en offre l'accès à tous, sans
exclusion. Concernant la rivalité, la consommation par un usager de la ressource en réduit l'usage par
un autre. Sur ce point, il convient de préciser que le phénomène touristique ne réduit pas la quantité
de ces manifestations mais par contre il participe à leur folklorisation. De même, la surconsommation
d'une manifestation par un nombre trop important de touristes réduit la qualité de l'expérience de
ces derniers (effets de congestion).
FEUILLE DE ROUTE POUR LA CRÉATION D’UN GÉOPARC DANS LE SUD-EST TUNISIEN
55
comportement et de connaissance » (Bailly et al., 1984). Cette ressource met en conflit d'usage les
acteurs locaux et les intermédiaires touristiques. Ces derniers cherchent à bénéficier, grâce à leur
pouvoir, de la ressource en faisant visiter les touristes aux dépens des autochtones qui sont
tributaires du système touristique. En effet, 85% du tourisme du Sud tunisien est un tourisme de
circuits ; la plupart des circuits touristiques font visiter des sites et vivre des manifestations culturelles,
les populations locales ne bénéficiant pas forcément de retombées économiques.
Ces conflits menacent la durabilité du développement rural et révèlent une lutte entre acteurs pour
s'approprier une part croissante de la rente touristique. Dans ce contexte, d'après Williamson (2000),
la gouvernance consiste à « définir un ordre, afin de limiter les conflits et permettre des gains
mutuels ». Pour assurer une répartition équitable et rétablir la situation économique des populations
historiquement désavantagées, la gouvernance doit permettre de coordonner différents usages,
réduire les conflits et générer une rente touristique sans la dissiper totalement.
Objectifs
Diversifier le produit touristique tunisien
Développer le produit saharien
Créer de nouveaux marchés
Promouvoir le tourisme national et régional
Améliorer la recette en devises du secteur de tourisme
Limiter le phénomène de la saisonnalité
Conserver le patrimoine architectural
Mettre en valeur le patrimoine et en faire une promotion culturelle
Créer des emplois
Inciter et intéresser les promoteurs en matière d'investissements
Promouvoir le développement régional et l’implication des habitants
Mettre en place une nouvelle réglementation
Promouvoir de nouvelles manifestations, animations
Renforcer un partenariat équilibré entre les secteurs public et privé
Développer une nouvelle culture organisationnelle au sein des entreprises touristiques patrimoniales
Développer un système d'information et de coopération entre les différents intervenants en tourisme patrimonial
Promouvoir davantage le produit touristique patrimonial
Améliorer la qualité de services du produit patrimonial
Renforcer les dessertes aériennes et les réseaux routiers
Promouvoir la recherche scientifique sur le développement du territoire
Améliorer la recette journalière via la commercialisation des produits locaux
Assurer la rentabilité économique du secteur
On a ensuite essayé de positionner les acteurs selon les grandes catégories d’objectifs identifiées
(Tabl. 4.4) et selon qu’ils sont, vis-à-vis des objectifs cités, des acteurs majeurs pour l’objectif
(noté 1), secondaires (noté 2) ou de simples intervenants (noté 3).
Tableau 4.4 – Positionnement des acteurs par rapport à leurs objectifs stratégiques associés.
FEUILLE DE ROUTE POUR LA CRÉATION D’UN GÉOPARC DANS LE SUD-EST TUNISIEN
57
La conservation du patrimoine est en Tunisie l’affaire des pouvoirs publics via le ministère chargé des
affaires culturelles : l’Institut National du Patrimoine, en collaboration avec les autorités régionales et
locales tout en respectant un cahier des charges bien défini. Il apparaît que des initiatives privées
désireuses d’investir dans la valorisation économique et touristique de ces monuments (citons par
exemple ksar Ouled Debbab5, ksar Hdadda6) n’ont pas respecté dans leur restauration l’architecture
de ces ksour. Ces réhabilitations et valorisations ont dénaturé les monuments, notamment en utilisant
des matériaux non conformes. Les associations locales n’ont ni les moyens ni le pouvoir d’intervenir
sérieusement dans l’entretien et la mise en valeur de ce patrimoine, d’où l’importance du rôle des
institutions culturelles dans la préservation de l’identité nationale.
Leur stratégie mentionne également une influence sur le développement social notamment par le
biais de la création d’emplois, de la promotion de l’artisanat et du tourisme culturel. L’entretien de ce
patrimoine profite bien évidemment aux acteurs du secteur touristique dont les objectifs sont
financiers et économiques. L’attractivité des sites patrimoniaux dans la région est un facteur
important pour l'industrie touristique. Le secteur du tourisme est multidimensionnel et recouvre de
nombreuses composantes de l'économie. C'est un secteur axé sur les services, constitué d'activités
comme l'hébergement, le transport, la restauration, les loisirs, le divertissement et la vente au détail.
Cette orientation « services » fait de ce secteur un important employeur. Toutefois, le principal
attribut du secteur est d'être principalement axé sur le profit par opposition aux institutions
culturelles et patrimoniales, qui visent à procurer des avantages au public et à la population locale.
Les services touristiques ne sont pas, en soi, l'objet recherché par les touristes. Les principales
attentes des touristes sont la découverte des paysages, de la culture et des sites patrimoniaux
inconnus. Les festivals, sites, événements et institutions liés à la culture et au patrimoine sont un
important aspect de la motivation des touristes. Dès lors, il est important que les institutions
touristiques s’impliquent beaucoup plus dans le domaine culturel et investissent dans son
amélioration.
5
Ksar de la région de Tataouine, pris en charge par une initiative privée afin de le mettre en valeur.
6
Ce monument a été utilisé par le réalisateur américain George Lucas dans son succès cinématographique international La
Guerre des Etoiles.
veut cependant pas dire que les relations entre acteurs sont mécaniques, strictement fonctionnelles. Par
ailleurs, cette notion n'exclut pas le fait qu'il existe des relations avec d'autres acteurs, hors du territoire, et
cela ne veut pas dire non plus que le système est orienté dans un seul but : il y a des oppositions et des
objectifs différents.
Tableau 4.5 – Caractérisation des acteurs selon le type de processus de développement touristique dans lequel s’inscrit leur
stratégie.
Processus 1 Processus 2
Situation Issu de familles Pouvoir Plus ou moins Bien vus Bien vus par les Bien vus,
dans le aisées, liens de d’influence, mal marginale locaux généralement de
territoire pouvoir vus par les la région
professionnels
patrimoine
Perception Bonne Bonne Conflits divers, Trop industrielle Trop industrielle Tourisme de
de notamment avec masse
l’ambiance les entreprises
de tourismes
(guides)
FEUILLE DE ROUTE POUR LA CRÉATION D’UN GÉOPARC DANS LE SUD-EST TUNISIEN
59
Figure 4.6 – Positionnement des acteurs en fonction de leur statut et des types de processus. INP : Institut National du
Patrimoine ; CRDA : Centres Régionaux de Développement Agricole ; ODS : Office de Développement du Sud ; ONA : Office
National de l’Artisanat ; ONTT : Office National du Tourisme Tunisien.
Cette synthèse du positionnement des acteurs en fonction des types de logique qui orientent leurs
stratégies (Fig. 4.6) permet d’illustrer la complexité du systèmes d’acteurs, avec un important
effectif allant des autorités publiques et des experts aux entreprises, aux associations locales, aux
particuliers propriétaires et au simple citoyen usager. Cet engagement partagé devrait offrir en
principe des chances de participation et de responsabilisation de tous ces acteurs dans la gestion du
patrimoine collectif et de la vie culturelle. La réalité du terrain montre que les entreprises privées ne
sont jusqu’ici que prestataires et consommateurs de ce patrimoine. Leur objectif de rentabilité à
court terme les entrave à devenir des partenaires des autorités publiques. Le secteur public dépense
certes des sommes considérables dans la restauration de ce patrimoine, mais à lui seul il ne peut pas
tout faire. Les partenariats public-privé sont le versant le plus visible d’une évolution présentée
comme inéluctable pour un Etat en manque de crédits. Ce déficit pourrait être comblé en s’associant
avec les entreprises privées de façon à retrouver une efficacité visible, à réaliser des opérations sans
peser sur les finances publiques, grâce à des formes de gouvernance inspirées de la démocratie
directe et participative. Loin de se limiter à la simple délégation d’exécution à une entreprise privée,
ces partenariats devraient aboutir à un partage des décisions ainsi que des coûts et des bénéfices.
De leur côté, les entreprises privées doivent être capables d’adopter le vocabulaire des autorités
publiques ou, à tout le moins, de trouver un langage commun faisant écho aux préoccupations
sociales. Finalement, la société civil, doit se faire entendre et peser sur les décisions. Partout, sa
présence est à la fois sollicitée, sous l’inspiration de principes de bonne gouvernance proposés par
les organismes internationaux et dont la légitimité est fonction des valeurs défendues et du degré de
représentativité. Les habitants aussi doivent participer, imaginer des projets et collaborer quand des
entrepreneurs privés prennent le relais, comme dans le cas des différentes initiatives de valorisation.
Liées au politique - valse des partis politiques au pouvoir - barrières culturelles (résistance au
- contraintes politiques changement, luttes pour le pouvoir)
Liées à l’organisation - processus de décision et mise en œuvre lente - centralisation du processus de décision
du travail collaboratif - absence de stratégies à long terme au niveau régional (échelle où les acteurs
ont l’impression de ne pas pouvoir agir sur
les décisions)
- pas de définition claire des rôles des
différents intervenants
FEUILLE DE ROUTE POUR LA CRÉATION D’UN GÉOPARC DANS LE SUD-EST TUNISIEN
61
4.3 Conclusion
Le patrimoine archéologique et l'héritage culturel constituent des actifs touristiques
spécifiques. Ces éléments sont présents dans le design du produit touristique consommé
(excursions, logement, restauration), source de revenus indispensables aux communautés rurales du
Sud. Le secteur du tourisme est très concurrentiel. De nombreux acteurs, aux intérêts divergents,
souhaitent accaparer une part des revenus touristiques de ces actifs culturels. Communautés,
entrepreneurs locaux, opérateurs privés, agences à l'étranger, différents ministères élaborent des
stratégies individuelles de captation. Dans cette course, les autochtones constituent un acteur
central. Afin de réduire les conflits d'appropriation de la rente touristique et d'éviter la dégradation
des ressources culturelles communes, une bonne gouvernance permet de contrôler les stratégies des
acteurs et d'induire une action collective, entendue comme une action qui nécessite la coordination
entre plusieurs agents en vue d'atteindre un objectif commun.
Une solution pour un entretien durable de ce patrimoine pourrait être la création d’une fondation
du petit patrimoine du Dahar tunisien : ce nouvel acteur œuvrant pour la restauration pourrait
intervenir auprès des personnes publiques ou privées grâce aux cotisations de ses membres
adhérents et aux dons et legs des entreprises touristiques et des particuliers. Ce dispositif, comme
dans le cas de la France, permettrait à un propriétaire privé de bénéficier de déductions fiscales et de
subventions à l'occasion de travaux de sauvegarde ou de restauration, sur un bien culturel
particulièrement représentatif en matière de patrimoine non protégé au titre des monuments
historiques, mais à condition de le réhabiliter d’une manière conforme et suivant un cahier de
charges. Les principales missions de cette institution seraient de :
– promouvoir la sauvegarde et la mise en valeur du patrimoine de proximité, faisant la richesse
de la mémoire locale, en identifiant les sites menacés de dégradation ou de disparition, et en
sensibilisant les acteurs locaux à la nécessité de leur restauration ;
– susciter et organiser des partenariats entre le public et le privé. La fondation n’est pas maître
d’œuvre de projets de restauration, ses délégués travailleraient en collaboration avec les
divers services de l’Etat : Commissariat de la Culture, service régional des affaires
patrimoniales (INP et ses administrations) et passeraient des accords avec les collectivités
territoriales ainsi que les associations locales de sauvegarde du patrimoine ;
– participer, souvent financièrement, à la réalisation de programmes concertés de restauration,
à la mise en place de projets.
Emmanuel Reynard
7
Les statuts de ce programme sont disponibles sur : http://www.unesco.org/new/fr/natural-sciences/environment/earth-
sciences/unesco-global-geoparks/ (consulté le 3 janvier 2018).
8
Selon les Directives opérationnelles pour les géoparcs mondiaux UNESCO, chapitre 2.2,
http://www.unesco.org/new/fr/natural-sciences/environment/earth-sciences/unesco-global-geoparks/ (consulté le 3 janvier
2018).
FEUILLE DE ROUTE POUR LA CRÉATION D’UN GÉOPARC DANS LE SUD-EST TUNISIEN
63
En plus de ces éléments de définition, plusieurs aspects doivent être pris en compte :
– Les géoparcs mondiaux n’ont pas de statut juridique propre. Ils doivent se conformer à
la législation nationale et les sites patrimoniaux et les géosites qui les composent doivent
être protégés en vertu de la législation nationale.
– La mise en place d’un géoparc UNESCO doit être le résultat d’un processus ascendant
(bottom-up), découlant d’initiatives locales.
– La proposition d’une candidature locale est faite par l’Etat-membre concerné. L’UNESCO
recommande, pour autant que l’Etat-membre le veuille, qu’un comité national des géoparcs
soit mis en place afin de coordonner le développement des géoparcs à l’échelle nationale.
Ce comité national doit être reconnu par la Commission pour l’UNESCO du pays concerné.
La France, par exemple, s’est dotée d’un tel comité10, qui a deux missions : la coordination et
la concertations entre géoparcs labellisés (six géoparcs en 2017) et le conseil et
l’accompagnement des territoires candidats au label. Le comité a notamment publié en 2017
un guide des géoparcs de France (CNGF, 2017). La Tunisie ne dispose pas d’un tel comité.
– Dès le début du développement des géoparcs dans les années 2000, des réseaux
régionaux (échelle supra-nationale) ont été mis en place. Il existe actuellement trois réseaux
régionaux (Brilha, 2018) : le réseau européen des géoparcs (depuis 2000), le réseau Asie-
Pacifique des géoparcs (depuis 2007), le réseau des géoparcs d’Amérique latine et des
Caraïbes (depuis 2017). Des efforts sont actuellement entrepris pour développer un réseau
africain des géoparcs11. Créé en 2009 pour promouvoir la mise en place de géoparcs sur le
continent africain, ce réseau reste toutefois encore informel et n’a pas le même statut que les
trois autres réseaux régionaux.
– Tous les géoparcs mondiaux UNESCO sont membres du Réseau global des géoparcs
(Global Geoparks Network, GGN), constitué en 2004, sous l’égide de l’UNESCO12.
9
Selon les Directives opérationnelles pour les géoparcs mondiaux UNESCO, chapitre 2.2,
http://www.unesco.org/new/fr/natural-sciences/environment/earth-sciences/unesco-global-geoparks/ (consulté le 3 janvier
2018).
10
http://geopark-cngf.fr (consulté le 3 janvier 2018).
11
Voir notamment http://www.africangeoparksnetwork.org/ (consulté le 3 janvier 2018).
12
http://globalgeoparksnetwork.org/ (consulté le 3 janvier 2018).
Tableau 5.1 – Critères concernant les géoparcs mondiaux UNESCO (Selon les Directives opérationnelles pour les géoparcs
mondiaux UNESCO, chapitre 2.2, http://www.unesco.org/new/fr/natural-sciences/environment/earth-sciences/unesco-global-
geoparks/, consulté le 3 janvier 2018).
(i) Les géoparcs mondiaux UNESCO sont des espaces géographiques unifiés, où les sites et paysages de
portée géologique internationale sont gérés selon un concept global de protection, d’éducation, de
recherche et de développement durable. Ils ont une frontière clairement définie, une taille adéquate
pour remplir leurs fonctions et un patrimoine géologique de portée internationale validé par des
scientifiques professionnels indépendants.
(ii) Les géoparcs mondiaux UNESCO valorisent ce patrimoine en lien étroit avec tous les autres aspects du
patrimoine naturel et culturel du site, en vue d’améliorer la prise de conscience et la compréhension
d’enjeux de société importants sur la planète dynamique qui est la nôtre. Ces enjeux comprennent, sans
s’y limiter, les processus géologiques, les géorisques, le changement climatique, la nécessité d’exploiter
durablement les ressources naturelles de la Terre, l’évolution de la vie et l’autonomisation des peuples
autochtones.
(iii) Les géoparcs mondiaux UNESCO sont dotés d’un organe de gestion ayant une personnalité juridique
reconnue par la législation nationale, et équipé de façon à pouvoir gérer adéquatement l’intégralité du
territoire du géoparc.
(iv) Si le territoire d’un site candidat empiète sur un autre site désigné par l’UNESCO, comme les sites du
patrimoine mondial ou les réserves de biosphère, la proposition de désignation sera clairement justifiée,
notamment en démontrant la valeur ajoutée qu’apporterait le statut de géoparc mondial UNESCO, à la
fois label indépendant tout en étant en synergie avec les autres désignations.
(v) Les géoparcs mondiaux UNESCO font participer activement les communautés locales et les peuples
autochtones, en tant que parties prenantes essentielles du site. Un plan de gestion conjointe répondant
aux besoins sociaux et économiques des populations locales, assurant la protection du paysage dans
lequel elles vivent et leur permettant de conserver leur identité culturelle est élaboré et mis en œuvre en
partenariat avec les communautés locales. Il est recommandé que tous les acteurs et autorités
concernés, aux niveaux local et régional, soient représentés dans la gestion des géoparcs mondiaux
UNESCO. Les savoirs, pratiques et systèmes de gestion locaux et autochtones sont intégrés, de même
que la science, dans la planification et la gestion du site.
(vi) Les géoparcs mondiaux UNESCO sont invités à partager leurs expériences et conseils et à entreprendre
des projets communs dans le cadre du GGN. L'adhésion au Réseau est obligatoire.
(vii) Les géoparcs mondiaux UNESCO respectent les lois locales et nationales relatives à la protection du
patrimoine géologique. Les sites clés du patrimoine géologique situés à l’intérieur des géoparcs
bénéficient d’une protection juridique antérieure à toute candidature. Par ailleurs, les géoparcs sont
utilisés pour promouvoir la protection du patrimoine géologique à l’échelon local et national. L’organe
de gestion ne participe pas directement à la vente des objets géologiques habituellement proposés
dans les « boutiques de minéraux » (fossiles, minéraux, roches polies et pierres décoratives) au sein des
géoparcs mondiaux UNESCO, quelle que soit la provenance de ces objets, et se doit de décourager
activement le commerce non viable de matériaux géologiques dans son ensemble. La collecte de tels
matériaux, effectuée à des fins scientifiques et éducatives dans des sites naturellement renouvelables,
peut être autorisée au sein des géoparcs mondiaux UNESCO s’il s’agit d’une activité responsable
clairement justifiée visant à fournir les moyens de gestion du site les plus efficaces et durables. Le
commerce des matériaux géologiques ainsi collectés peut être toléré dans des circonstances
exceptionnelles, à condition d’en assurer la surveillance et de justifier clairement et publiquement que
cette solution est la plus adaptée pour le géoparc mondial au vu du contexte local. Le Conseil des
géoparcs mondiaux UNESCO donnera son approbation au cas par cas.
(viii) Ces critères sont contrôlés au moyen de listes de vérification dédiées à l’évaluation et la revalidation.
FEUILLE DE ROUTE POUR LA CRÉATION D’UN GÉOPARC DANS LE SUD-EST TUNISIEN
65
13
Selon les Directives opérationnelles pour les géoparcs mondiaux UNESCO, chapitre 5,
http://www.unesco.org/new/fr/natural-sciences/environment/earth-sciences/unesco-global-geoparks/, les sites internet du
PIGG et du Réseau mondial des géoparcs (consultés le 3 janvier 2018) et des entretiens avec Patrick McKeever, Secrétaire
exécutif du PICG-UNESCO, le 19 mai 2017, et Sophie Justice, Coordinatrice du Geopark Chablais UNESCO, le 16 juin 2017.
14
http://www.unesco.org/new/fr/natural-sciences/environment/earth-sciences/unesco-global-geoparks/application-process/
(consulté le 3 janvier 2018).
15
Lors des deux entretiens cités ci-dessus, cet aspect de la préparation d’une candidature, bien qu’informel, a été
particulièrement mis en évidence. La 8e Conférence internationale sur les géoparcs mondiaux UNESCO aura lieu du 8 au
14 septembre 2018 au Géoparc mondial UNESCO Adamello Brenta, en Italie ; la 3e Conférence internationale sur les géoparcs
en Afrique et au Moyen-Orient aura lieu du 20 au 24 mars 2018 à El Jadida, au Maroc.
16
Voir les instructions à l’adresse http://www.unesco.org/new/fr/natural-sciences/environment/earth-sciences/unesco-global-
geoparks/application-process/ (consulté le 3 janvier 2018).
Tableau 5.2 – Contenu du dossier de candidature d’un territoire candidat au statut de géoparc mondial UNESCO (Selon
http://www.unesco.org/new/fileadmin/MULTIMEDIA/HQ/SC/images/Application_dossier_UGG_Jan17_FR.pdf, consulté le
3 janvier 2018).
C. Conservation Pressions actuelles et potentielles sur le géoparc ; état des lieux de la protection
des géosites ; données sur la gestion et l’entretien de tous les sites patrimoniaux
Tableau 5.3 – Contenu du formulaire d’autoévaluation pour les territoires candidats au statut de géoparc mondial UNESCO
(Selon http://www.unesco.org/new/fr/natural-sciences/environment/earth-sciences/unesco-global-geoparks/application-
process/, consulté le 3 janvier 2018). Le formulaire détaillé peut être téléchargé à l’adresse ci-dessus.
I. Géologie et paysage
1.3 Patrimoine 10% Types de classement naturel existants ; types de classement culturel
naturel et culturel existants ; modes de mise en valeur du patrimoine naturel et culturel ;
chevauchements avec des désignations UNESCO
II. Structure de 25% Degré d’organisation du géoparc ; budget ; plan de gestion ou plan
gestion directeur ; composantes du plan directeur ; stratégie de marketing ;
mesures de protection des géosites et de promotion du
géotourisme ; initiatives pour la promotion du patrimoine ;
récompenses ; diplômés en géosciences dans le staff ; infrastructures
IV. Géotourisme 15% Modes d’information ; accès (transports publics, etc.) ; visites guidées
proposées ; activités touristiques proposées ; liens avec les acteurs du
tourisme ; sentiers didactiques ; évaluation des visiteurs (comptages,
etc.) et enquêtes de satisfaction
V. Economie 10% Contrats offerts aux entreprises de la région ; présence d’un réseau
régionale durable de collaborations
FEUILLE DE ROUTE POUR LA CRÉATION D’UN GÉOPARC DANS LE SUD-EST TUNISIEN
67
5.3.3 Evaluation
L’évaluation suit plusieurs étapes :
– Le secrétariat de l’UNESCO vérifie que le dossier soit complet ;
– S’il est complet, le dossier est transmis à l’Union internationale des sciences géologiques
(UISG) pour une évaluation du contenu géologique17 ;
– Parallèlement, le Bureau des géoparcs mondiaux UNESCO désigne deux évaluateurs pour
une mission d’évaluation sur le terrain (dont les frais sont à la charge des candidats) ;
– Les évaluateurs établissent un rapport, qui est soumis au Conseil des géoparcs mondiaux
UNESCO pour examen ;
– Le Conseil émet une recommandation (acceptation, rejet ou report de deux ans au maximum
avant un nouvel examen) ;
– Si l’avis du Conseil est favorable, la proposition de nomination est soumise au Conseil
exécutif de l’UNESCO, pour approbation.
5.3.4 Revalidation
Afin de garantir la qualité élevée des géoparcs mondiaux UNESCO, ces derniers sont soumis à une
procédure de revalidation tous les quatre ans. L’organe de gestion du géoparc doit établir un
rapport d’étape, trois mois avant une mission de terrain, réalisée par deux évaluateurs nommés par le
Bureau des géoparcs mondiaux UNESCO. Si le rapport des évaluateurs est positif, le Conseil des
géoparcs mondiaux UNESCO renouvelle le statut de géoparc mondial UNESCO pour une nouvelle
période de quatre ans (« carton vert ») ; si le Conseil considère que le géoparc ne satisfait plus à
l’ensemble des critères, la revalidation n’est donnée que pour une période de deux ans durant
laquelle l’organe gestionnaire pourra prendre des mesures de rectification (« carton jaune »), puis une
nouvelle mission de terrain sera organisée ; si le géoparc n’a pas pris les mesures requises durant
cette période de deux ans, le Conseil peut décider de retirer au site son statut de géoparc mondial
UNESCO (« carton rouge »).
La procédure de revalidation permet également de prendre en compte des modifications de la
surface du géoparc (moins de 10 % de la surface initiale). Si les modifications concernent plus de
10 % de la surface initiale, une nouvelle candidature doit être déposée.
17
La procédure d’évaluation, notamment la détermination de la valeur internationale des géosites d’un géoparc candidat,
n’est pas très formalisée pour le moment. L’IUGS a créé une commission internationale sur les géopatrimoines (International
Commission on Geoheritage) en 2016. En 2017, un groupe de travail sur l’évaluation des géopatrimoines (Working Group on
Geodiversity Assessment – WGGA), présidé par José Brilha (Portugal), a été chargé d’établir des lignes directrices à l’intention
des évaluateurs des dossiers de candidature des géoparcs mondiaux UNESCO permettant de définir la valeur internationale
des géopatrimoines des candidats géoparcs. L’un des co-auteurs du présent rapport (E. Reynard) participe à ces travaux. Le
groupe de travail devrait rendre son rapport durant l’année 2018.
Mohamed Ouaja, Hédi Ben Ouezdou, Tarek Ben Fraj, Aziza Ghram Messedi, Emmanuel Reynard
6.1 M éthodologie
La délimitation du géoparc s’est basée essentiellement sur des critères géologiques, à savoir :
– la prise en compte de différentes unités morphostructurales décrites au chapitre 1. Le
périmètre du géoparc couvre ainsi le Graben de Tataouine, le Horst de Médenine, une partie
de la Jeffara maritime, et bien sûr le Plateau du Dahar ;
– le spectre le plus large possible de temps géologiques, allant du plus ancien affleurement
et seul terrain paléozoïque de Tunisie (chaînon du Djebel Tebaga de Médenine) aux dépôts
pléistocènes et holocènes, et même aux processus actuels, sur le littoral du golf de Gabès ;
– la localisation des 29 géosites retenus (voir chapitre 7)
A ce stade, nous n’avons tenu compte ni de critères politico-administratifs (limites de gouvernorats
ou de délégations), ni de critères économiques (destination DMO, autres découpages économiques).
Nous n’avons pas tenu compte non plus de la présence de sites patrimoniaux (non géologiques) ou
touristiques dans ou à proximité du périmètre du géoparc.
33 N 10 E
Données générales Superficie Point le plus Point le
(km 2 ) haut (m) plus bas
(m)
6320 713 m -7 m
Répartition des surfaces Tataouine Médenine Gabès
entre gouvernorats
en km2 3845 1022 1452
en % 61 16 23
FEUILLE DE ROUTE POUR LA CRÉATION D’UN GÉOPARC DANS LE SUD-EST TUNISIEN
69
Figure 6.1 – Carte simplifiée du Géoparc du Dahar (données : M. Ouaja, H. Ben Ouezdou, T. Ben Fraj ; cartographie A. Ghram
Messedi).
Mohamed Ouaja, Hédi Ben Ouezdou, Tarek Ben Fraj, Aziza Ghram Messedi, Emmanuel Reynard
7.1 M éthodologie
7.1.3 Présélection
Une fois les sites potentiels recensés, une présélection a été réalisée, sur la base de critères d’intérêt,
tant géologique (intérêt scientifique et pédagogique des sites) que patrimonial (intérêt paysager et
environnemental, liens avec d’autres formes de patrimoine) (Tabl. 7.1). Les 29 sites présélectionnés
ont été validés par le groupe de projet lors d’une séance le 10 avril 2017 dans les locaux de
Swisscontact à Tunis.
FEUILLE DE ROUTE POUR LA CRÉATION D’UN GÉOPARC DANS LE SUD-EST TUNISIEN
71
sur l’intérêt scientifique, avec une mention des autres valeurs du site ; (5) Niveau de protection et
menaces ; (6) Références bibliographiques principales. L’ensemble des fiches, rédigées par M. Ouaja,
H. Ben Ouezdou et T. Ben Fraj, est reporté à l’annexe 3.
18
La plupart de ces sites présentent à la fois un intérêt sédimentologique (reconstitution des paléoenvironnements et de leur
évolution au cours du temps) et paléontologique (richesse en faune et/ou flore fossile). Nous avons toutefois tâché de
distinguer entre les deux types d’intérêt en mettant en avant l’intérêt prédominant pour la communauté scientifique. A Kef
Touareg (géosite n° 20) par exemple, c’est la valeur des coupes comme référence pour la sédimentation du Trias qui a été
considérée comme prédominante, alors même que le site est riche en troncs et faune fossiles. A Djebel Merbah el Asfer
(géosite n° 19), bien que le contexte de sédimentation soit essentiel, nous avons donné plus d’importance à la valeur
paléobotanique du site, en raison du nombre important de taxons qui y ont été découverts et décrits.
19
Il n’est pas toujours simple de distinguer entre valeur paysagère et valeur géomorphologique d’un site, surtout dans des
contextes structuraux tels que ceux du Djebel Dahar, dans lesquels la plupart des formes du relief ont une valeur esthétique
importante, soulignée, de plus, par l’étroite combinaison avec le patrimoine bâti (villages perchés, ksour, troglodytes).
Toutefois, afin de ne pas limiter l’intérêt géomorphologique à une simple valeur paysagère, nous avons privilégié, dans les
descriptions l’usage de noms de formes du relief (buttes-témoins, avant-buttes, etc.) et mis l’accent sur l’importance des
processus (actuels et passés) et sur l’évolution morphogénétique des reliefs. Ainsi, nous avons limité le terme d’intérêt
paysager à trois cas seulement (village troglodytique de Tamazret, Ksar Mrabtine, Ksar d’Ouled Soltane), dans lesquels c’est
clairement la valeur du patrimoine culturel et la qualité paysagère qui dominent sur le contexte géomorphologique.
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73
Onze sites ne présentent pas d’intérêt culturel particulier. Les autres sites cumulent en général
plusieurs intérêts culturels, tant matériel (architectural en particulier) qu’immatériel.
Tableau 7.2 – Les 29 géosites classés selon leur intérêt scientifique principal.
N° Nom abrégé du site Nom complet du site Intérêt principal
1 Sebkhet Oum Ez-Zessar Zone humide de Sebkhet Oum Ez-Zessar (site Ramsar) Géomorphologique
2 Tamazret Village troglodytique berbère de montagne de Tamazret Paysager
3 Matmata-Beni Issa Cuvette intramontagneuse de Matmata-Beni Issa Géomorphologique
4 Kef Ennsoura Cuesta de Kef Ennsoura Géomorphologique
Djebel Tebaga de Site sédimentologique et paléontologique de référence du
5 Paléontologique
Médenine Djebel Tebaga de Médenine
6 Toujène Front de cuesta et village de montagne de Toujène Géomorphologique
7 Zmertène Cuesta et village troglodytique de Zmertène Géomorphologique
8 Oued el Hallouf Oued aménagé, oasis et Ksar el Hallouf Géomorphologique
Kef Mzenzen et Jessour
9 Butte-témoin de Kef Mzenzen et Jessour de l’oued Zammour Géomorphologique
de l’oued Zammour
Biar Oued el Khil et Gisements à restes de dinosauriens et bois fossiles de Biar
10 Paléontologique
Djebel Miteur Oued el Khil et Djebel Miteur
11 Oued Zaafrane Récifs jurassiques de l’Oued Zaafrane Sédimentologique
Site paléontologique à restes de vertébrés et végétaux
12 Bateun Hmaïma Paléontologique
fossiles de Bateun Hmaïma
Site paléontologique à gisements fossilifères du Jurassique de
13 Beni Ghedir Paléontologique
Beni Ghedir
14 Guermessa Cuesta et village troglodytique de Guermessa Géomorphologique
15 Ksar Mrabtine Site paysager de Ksar Mrabtine Paysager
16 Chenini Cuesta et village troglodytique berbère de Chenini Géomorphologique
17 Douiret Cuesta et village troglodytique berbère de Douiret Géomorphologique
Rass el Oued – Haf
18 Cuesta et village troglodytique de Rass el Oued – Haf Jarjar Géomorphologique
Jarjar
19 Djebel Merbah el Asfer Site paléobotanique de référence de Djebel Merbah el Asfer Paléontologique
Coupe de référence du Trias sur la marge sud téthysienne de
20 Kef Touareg Sédimentologique
Kef Touareg
21 Sebkhat Erg el Makhzen Paysage lunaire de Sebkhat Erg el Makhzen Géomorphologique
Cuesta et badlands dans les gypses jurassiques de Djebel
22 Djebel Grimissa Géomorphologique
Grimissa
23 Ksar Ouled Soltane Site paysager du Ksar de montagne d'Ouled Soltane Paysager
24 Siah Chahbania Gisement d’invertébrés marins jurassiques de Siah Chahbania Paléontologique
25 Bateun el Ghzel Site sédimentologique et néolithique de Bateun el Ghzel Sédimentologique
26 Oued Dekouk Vallée et réserve naturelle de l’Oued Dekouk (site Ramsar) Géomorphologique
Site sédimentologique de découverte du dinosaure
27 Djebel Touil el Mra Paléontologique
Tataouinea hannibalis de Djebel Touil el Mra
Site sédimentologique et paléobotanique à troncs de bois
28 Djebel Itime Paléontologique
fossiles de Djebel Itime
Travertins miocènes à empreintes de feuilles de plantes de
29 Djebel Mzar Paléontologique
Djebel Mzar
Figure 7.1 – Répartition géographique des 29 géosites selon leur intérêt scientifique principal (données : M. Ouaja, H. Ben
Ouezdou, T. Ben Fraj ; cartographie A. Ghram Messedi).
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Tableau 7.3 – Les 29 géosites classés selon leur intérêt scientifique principal (en couleur) et les intérêts secondaires.
N° Nom abrégé du site Intérêts
Géomorphologique
Paléogéographique
Sédimentologique
Agricole (Jessour)
Paléontologique
Archéologique
Architectural
Ecologique
Immatériel
Paysager
Militaire
Sebkhet Oum Ez-
1 X X X X
Zessar
2 Tamazret X X X X X
3 Matmata-Beni Issa X X X X X X X X
4 Kef Ennsoura X X X X X
Djebel Tebaga de
5 X X X X X
Médenine
6 Toujène X X X X X X X
7 Zmertène X X X X X X X
8 Oued el Hallouf X X X X X X
Kef Mzenzen et Jessour
9 X X X X
de l’oued Zammour
Biar Oued el Khil et
10 X X X X X X X
Djebel Miteur
11 Oued Zaafrane X X X X X
12 Bateun Hmaïma X X X X X
13 Beni Ghedir X X X X X X
14 Guermessa X X X X X X
15 Ksar Mrabtine X X X X X X X
16 Chenini X X X X X X X X X
17 Douiret X X X X X X X
Rass el Oued – Haf
18 X X X X X X X X X
Jarjar
19 Djebel Merbah el Asfer X X X X X X
20 Kef Touareg X X X X X
Sebkhat Erg el
21 X X X
Makhzen
22 Djebel Grimissa X X X X
23 Ksar Ouled Soltane X X X X X
24 Siah Chahbania X X X X X
25 Bateun el Ghzel X X X X X X
26 Oued Dekouk X X X
27 Djebel Touil el Mra X X X X X
28 Djebel Itime X X X X X
29 Djebel Mzar X X X X X
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77
Figure 7.2 – Répartition géographique des 29 géosites selon leur valeur (données : M. Ouaja, H. Ben Ouezdou, T. Ben Fraj ;
cartographie A. Ghram Messedi).
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79
Figure 7.3 – Répartition géographique des 29 géosites par gouvernorat (données : M. Ouaja, H. Ben Ouezdou, T. Ben Fraj ;
cartographie A. Ghram Messedi).
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Hédi Ben Ouezdou, Tarek Ben Fraj, Mohamed Ouaja, Emmanuel Reynard, Aziza Ghram Messedi
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djebels, se dressent perpendiculairement au grand escarpement de Kef Ennsoura. Les oueds bien
encaissés et les ravins parcourant vers l'ouest le revers de cette cuesta sont aménagés en Jessour
profitant des accumulations de sables fins d'âge quaternaire.
Les potentialités écologiques se manifestent par un patrimoine botanique unique et une richesse
de la biodiversité de la flore. Cette richesse est le résultat d'un microclimat particulier relativement
humide (220 mm/an en moyenne), sous l'effet de l'altitude et de l'influence maritime du Golfe de
Gabès, qui distingue le site de l'ensemble du Dahar. Une garrigue basse ou moyenne, par endroits
assez dense, offre un paysage unique dans le Djebel Dahar. Elle est formée par des groupements
localisés d’arbustes de genévrier de Phénicie (Arâar Hor, Juniperus phoenice) et romarin (Klil,
Rosmarinus officinalis, var. troglodytarum). Il s'agit probablement d’une ancienne forêt
méditerranéenne de pin d’Alep et de genévrier de Phénicie conservée actuellement dans un état
dégradé après avoir connu le maximum de son développement lors de la période humide du
Néolithique, il y a environ 6000 ans.
Les cavités parsemant les versants offrent des abris qui accueillent une avifaune très diversifiée. Ceci
fait de Kef Ennsoura un site exceptionnel pour les ornithologues. Les espèces les plus fréquentes
sont l’aigle royal, les huppes, les petits « traquets » à tête claire et de nombreux oiseaux du désert
tels que le sirli, les vols de gangas, les chouettes chevêches...
La position altitudinale et stratégique du site lui a permis de jouer un rôle important durant la
Deuxième guerre mondiale, ce qui lui donne un potentiel pour le tourisme historique. Faisant
partie de la fameuse ligne militaire de Mareth, le site de Kef Ennsoura a joué un rôle important dans
la campagne de Tunisie. Il montre diverses installations militaires encore en parfait état de
conservation, comprenant des tranchées, des murs, des chambres avec des portes blindées, des
emplacements de DCA…
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85
FEUILLE DE ROUTE POUR LA CRÉATION D’UN GÉOPARC DANS LE SUD-EST TUNISIEN
87
et des figuiers en pleine production. A côté de l'olivier, le figuier est un arbre très répandu à
Zammour et a donné lieu à une tradition culinaire locale.
Le Ksar de Zammour est l'une des composantes des potentialités archéologiques et
architecturales. Il est installé sur une lanière correspondant à l'affleurement d'une couche calcaire.
Ce Ksar qui s’étend sur une superficie de 3650 m2 domine toute la vallée de l’oued Zammour. Son
édification remonte probablement au début du XIXe siècle. Il est venu relayer d’autres ksour plus
anciens tombés en ruine, ce qui témoigne de la forte densité de l’occupation historique de ce
territoire. Une citadelle a été installée au sommet de la butte de Kef Mzenzen pour surveiller l'espace
environnant afin d'assurer la sécurité de toute la région. En outre, les anciennes demeures
troglodytiques de profondeur à Zammour constituent un des aspects architecturaux originaux du site.
Géosite n°10 – Gisements à restes de dinosauriens et bois fossiles de Biar Oued el Khil et Djebel
Miteur
Ce site se caractérise par des potentialités géotouristiques d’ordre paléontologique, paysager et
culturel (archéologique et architectural).
La grande variété de couches géologiques qui affleurent dans ce site constituent ses potentialités
paléontologiques. Déposées au cours d'une longue période de l'Histoire géologique allant du
Jurassique moyen (Callovien, 160 millions d'années) au Crétacé supérieur (Albien supérieur -
Turonien, 97 à 90 millions d'années), ces couches se caractérisent par une lithologie variée, formée
de calcaires, marnes, dolomies, argiles, grès, sables et gypses. Ces affleurements comportent les
principaux sites fournissant des restes de dinosauriens du Sud de la Tunisie. Les principaux gisements
paléontologiques de dinosauriens et de bois fossiles du Sud de la Tunisie ont été découverts dans la
région de Biar oued el Khil au sein de la couche des sables grossiers de l'Albien inférieur
(105 millions d'années). Ce sont des niveaux conglomératiques qui correspondaient à des anciennes
plages à galets de l'Albien inférieur et qui marquent la base des couches sableuses. Ces niveaux sont
particulièrement bien développés à Ksar Khrachfa, dans les environs de Biar oued el Khil et à Djebel
Miteur et peuvent faire l'objet de visites à la découverte des restes d’organismes géants de ce
monde disparu.
Ces richesses paléontologiques sont observables au niveau des versants des reliefs qui forment les
potentialités paysagères du site : lanières, buttes et collines couronnées de corniches issues de la
forte dissection de la surface du plateau par la vallée d'Oued el Khil et ses affluents. Dans son cours
amont, cette vallée prend la forme d'un véritable canyon. Ce paysage s'enrichit encore plus par les
ravins aménagés en Jessour, ce qui crée un fort contraste avec les versants dénudés.
Ksar Khrachfa constitue l'élément principal des potentialités archéologiques et
architecturales du site. Il présente une allure très réduite et massive rappelant celle d’une
forteresse. Ces aspects sont dictés par les contraintes du site correspondant à une lanière exiguë. Il
tire son authenticité et son importante valeur patrimoniale de la richesse de ses composantes telles
que les huileries souterraines, les ghorfas en étage, la mosquée et le registre décoratif et des
inscriptions.
l’inondation de la plateforme marine. De véritables prairies sous-marines se sont alors formées et ont
couvert les fonds de la mer téthysienne. Des bio-constructions récifales importantes se sont installées
sur les bordures des reliefs sous-marins et ont colonisé la mer jurassique au début de l'Oxfordien.
Aujourd'hui, ces dépôts fossilisés sont bien exposés dans le canyon de l'oued Zaafrane, juste au nord
du village de Ksar Hdada, formant une corniche calcaire qui coiffe les dépôts jurassiques antérieurs.
Les potentialités paysagères sont offertes par de belles vues panoramiques. La vallée de l'oued
Zaafrane et ses tributaires sont bien encaissés dans le plateau du Dahar. Ce dernier est fortement
disséqué en un système complexe de crêtes et de lanières. Le paysage offert par les canyons de
l’oued Zaafrane-Graguer est exceptionnel. D'environ 100 m de profondeur avec des parois taillées à
la verticale par l’érosion et des fonds plats à cascades, ces rares canyons permettent d'admirer le
paysage et d'appréhender l'action érosive des eaux courantes.
Ksar Hdada constitue les patrimoine archéologique et architectural de ce site. Ce Ksar prend
place sur un rebord du plateau près du canyon. C'est l'un des ksour les plus imposants de la région.
Sa renommée est liée en partie à son utilisation comme lieu de tournage d’une partie du film Star
Wars. Ce Ksar est remarquable par son complexe architectural riche et varié. Il fournit au visiteur une
idée sur l’architecture des Ksour d'une façon générale, de leurs composantes et de leur évolution.
C'est un cas d'école en ce qui concerne ces édifices caractéristiques de la région du Dahar.
FEUILLE DE ROUTE POUR LA CRÉATION D’UN GÉOPARC DANS LE SUD-EST TUNISIEN
89
constituent une attractivité originale. Le contenu fossilifère peut être suivi dans les bancs affleurants,
ce qui permet de reconstituer l'évolution des mouvements de la mer au Jurassique supérieur et les
différents scénarios de l'évolution des paléoenvironnements ayant caractérisé cette période
géologique.
Les potentialités paysagères sont exprimées par les vues exceptionnelles qu'offre la multitude de
positions d'observation à partir du plateau qui domine la vallée de Beni Ghedir. Ces endroits
permettent d'avoir d’excellentes vues panoramiques, non seulement sur l'ensemble de la vallée de
Beni Ghedir, mais aussi sur le Djebel Dahar et ses paysages grandioses. Le paysage se caractérise, en
outre, par un patrimoine hydro-agricole particulier associant les aménagements en Jessour,
permettant de piéger les alluvions et une partie des eaux du ruissellement pour rendre possible
l'agriculture dans ce milieu aride, à des puits de surface dans le fond de la vallée qui irriguaient
naguère des jardins constituant un paysage oasien.
Le Ksar de Beni Ghedir représente une des potentialités archéologiques et architecturales
du site. Avec sa forme triangulaire, il est placé sur une lanière d'interfluve au milieu de la vallée et
couvre une superficie d'environ 3480 m2. Ce Ksar a servi de lieu de tournage d'un feuilleton télévisé
tunisien intitulé Matous qui raconte des aspects historiques de la vie de la tribu berbère de Matous.
Le ksar a été réhabilité pour ce tournage et se trouve aujourd'hui en bon état de conservation. Dans
ses environs immédiats, des grottes d'habitation et une huilerie s'associent au ksar. Des citadelles
accrochées aux sommets des reliefs contrôlaient les alentours de la vallée et assuraient ainsi sa
sécurité. Des demeures troglodytiques latérales ont été creusées dans les bancs de roches tendres
qui alternent avec les bancs de roches dures sur le versant qui domine les anciens jardins irrigués.
Ces demeures étaient utilisées par les paysans qui venaient saisonnièrement entretenir et travailler
leurs parcelles.
FEUILLE DE ROUTE POUR LA CRÉATION D’UN GÉOPARC DANS LE SUD-EST TUNISIEN
91
période géologique ont vécu les dinosaures qui ont laissé des témoins de leur occupation de la
région. A la base des bancs carbonatés qui supportent le mausolée des Sept dormants, s'intercalent
des niveaux à traces de pattes de dinosaures que l'on peut observer à la surface de blocs éboulés sur
le versant de l’escarpement.
Le paysage géomorphologique est exceptionnel et varié. Il est constitué d'une large gamme de
formes dont un front de cuesta, une corniche, une butte-témoin, une cuesta double et une vallée
encaissée.
Les potentialités architecturales, archéologiques, anthropologiques et historiques
Chenini est l’un des rares villages troglodytiques encore partiellement habités par une population
berbérophone. Des traces de civilisations préhistoriques représentées par des pièces en silex taillé
parsèment les alentours du village. Pendant l'Antiquité, le site a connu l'occupation romaine. Sont
notamment visibles les restes du limes qui barrait la vallée de Chenini afin de contrôler, à cette
époque-là, les déplacements des tribus berbères.
De ces civilisations, le village de Chenini a hérité un riche patrimoine archéologique et architectural.
Les habitations troglodytiques sont organisées en rangées autour d'une butte au sommet de laquelle
a été installée une Galaa et en son contrebas une mosquée. Une huilerie troglodytique continue
encore à fonctionner selon des techniques traditionnelles. Non loin du village un complexe de
composantes variées lui est associé. Située sur une rupture de pente d'un versant escarpé, la
mosquée des Sept dormants « veille » sur la plaine d'el Ferch et les reliefs environnants. Ce
monument, qui rallie l’Histoire à la légende dans un environnement aride plein de spiritualité, est
entouré par des sources d'eau, des fours à chaux, des carrières de gypse et de Nouader (aires de
battage des céréales). Toutes ces composantes font du site une école d’architecture, d’archéologie
et d’anthropologie.
Les potentialités paysagères
Plusieurs vues panoramiques sont offertes, à partir de plusieurs angles, par le site de Chenini. Les
sommets situés à 550 m permettent de dominer l'ensemble de la plaine d'el Ferch avec des
dénivellations de l'ordre de 250 m. Le second intérêt paysager est lié au paysage géomorphologique
exceptionnel (front de cuesta, corniche, butte-témoin, cuesta double et vallée encaissée).
reliefs sont devancés par des buttes-témoins qui portent plusieurs ksar qui contrôlent les alentours.
Ksar Ayat prend place sur une butte qui culmine à 662 m. La configuration des reliefs à Douiret offre
des vues panoramiques intéressantes surtout en direction de l'est vers la plaine parcourue par l’oued
Tataouine et ses affluents et située à des altitudes de 300 à 350 m. Les Jessour occupent les fonds
des ravins et oueds à Douiret. Ces ouvrages hydro-agricoles ont permis de pallier l'ambiance
bioclimatique saharienne qui caractérise la région et de pratiquer l'arboriculture en sec pour
s'imposer par une impressionnante verdure dans un paysage aride.
FEUILLE DE ROUTE POUR LA CRÉATION D’UN GÉOPARC DANS LE SUD-EST TUNISIEN
93
buttes, l'aridité du paysage est accentuée par la couleur jaune verdâtre des sables, argiles et
dolomies. Cependant, cette aridité est atténuée par les aménagements hydro-agricoles en Jessour
qui occupent les fonds des ravins en donnant au paysage une certaine nuance de verdure.
Ces sables, argiles et dolomies du Jurassique supérieur-Crétacé inférieur sont à la base des
potentialités paléontologiques du site. Ces alternances présentent des coupes de référence qui
permettent de reconstituer le contexte paléoenvironnemental de leur mise en place. Entre les
plaquettes centimétriques d'argiles ont été découvertes les empreintes de nouvelles espèces de
plantes parfaitement conservées. Elles viennent enrichir le registre paléobotanique mondial en
donnant au site un intérêt scientifique exceptionnel.
Géosite n°20 – Coupe de référence du Trias sur la marge sud téthysienne de Kef
Touareg
Les potentialités géotouristiques de ce site sont d'ordre paysager, paléontologique et
sédimentologique.
Ce site offre des potentialités paysagères exprimées, en premier lieu, par des vues
panoramiques exceptionnelles. Faisant partie de la cuesta du Djebel Rehache, qui termine vers l'est
une succession de trois autres, Kef Touareg se situe à 207 m d'altitude. Il domine Sebkhet Erg el
Mekhzen située à 35 m ainsi que des parties de la plaine de la Jeffara et celle d'el Ouaara jusqu'à la
mer. A partir de ce site, on peut admirer le paysage de la sebkha présentant de curieuses nuances de
couleurs allant du marron au rouge brique. A perte de vue, s'étendent des plaines avec une parfaite
platitude et des modelés éoliens de dunes de divers types et formes caractéristiques des marges du
grand désert.
L'affleurement d'une grande variété de roches constitue les potentialités sédimentologiques et
paléontologiques du site. Au niveau de Kef Touareg peuvent être observées des alternances de
roches dolomitiques, gréseuses et argileuses du début du Mésozoïque (Trias). Ces bancs variés
illustrent, sans complication, les différentes phases au cours desquelles la mer disparue de la Téthys a
envahi les marges nord du supercontinent du Gondwana. Le passage du Paléozoïque au Mésozoïque
(période permo-triasique) a connu la mise en place de dépôts argilo-gréseux qui témoignent, avec
les bois fossiles qu'ils contiennent, de la prédominance d'un environnement fluvio-deltaïque. Par la
suite, la Téthys a envahi, pour la première fois au cours du Mésozoïque, une partie du Gondwana.
Cette transgression est attestée par des dépôts carbonatés qui renferment des fossiles d'organismes
ayant vécu dans la mer téthysienne triasique. On y identifie des fragments d'os de reptiles marins
géants (nautosauriens et placodontes), des nautiles et des cératites, des ammonites primitives et des
fossiles caractéristiques du Trias tels que myophories et lamellibranches. Cette variété de fossiles
témoigne de la richesse de la biodiversité de la mer téthysienne au début du Mésozoïque.
Avec ces caractéristiques sédimentologiques et paléontologiques, Kef Touareg offre une coupe type
représentative du Trias de l'Afrique du Nord et peut être qualifié de géosite à intérêt scientifique et
pédagogique important.
Le substrat géologique a été affecté par l'érosion différentielle. Des processus, de ravinement et de
corrasion, ont conduit à l'élaboration de modelés particuliers d'aspects et de tailles très variés dus à
un système d’érosion dans lequel sont combinées les actions éoliennes et hydriques. L'authenticité
du paysage est issue, en bonne partie, de ces formes insolites.
Géosite n°22 – Cuesta et badlands dans les gypses jurassiques de Djebel Grimissa
Ce site présente des potentialités géotouristiques paysagères et sédimentologiques.
Ce relief culminant à 419 m constitue une partie de la première cuesta du domaine de Djebel
Labiadh qui devance, vers l'est, le plateau du Dahar. Le site présente des potentialités
paysagères, par la vue exceptionnelle qu'il offre sur l'interminable plaine de Bhir située à une
altitude moyenne de 150 m qui abrite Sebkhat Om el Khialet, ainsi que par les affleurements, sur les
versants et les piémonts de Grimissa, de roches de nature variée mais dominées par le gypse. En plus
du facteur climatique, cette lithologie tendre est hostile à l'installation d'une végétation importante.
Mise à la disposition de l'action hydrique, ces roches ont permis le développement d'un beau
paysage typique de badlands d'une blancheur éclatante.
Dominée par le gypse, l'ossature géologique donne à Djebel Grimissa des potentialités
sédimentologiques particulières. Développées sur des épaisseurs impressionnantes pouvant
atteindre 800 m au total, ces roches gypseuses ont mémorisé les paléoenvironnements de leur mise
en place à la fin du Trias et au début du Jurassique, il y a 210 à 170 millions d'années. Au cours de
cette période de l'histoire géologique du Sud-est tunisien, prédominait un climat chaud et l'eau était
hyper salée. Ces conditions ont donné naissance à des sebkhas étendues sur les marges nord de la
plateforme saharienne. Djebel Grimissa est l'unique géosite qui permet de bien comprendre la
dynamique de sédimentation de ce type d'environnement dans lequel fonctionnaient ces
gigantesques machines évaporatoires à fabriquer des sels.
FEUILLE DE ROUTE POUR LA CRÉATION D’UN GÉOPARC DANS LE SUD-EST TUNISIEN
95
potentiel écologique, le site de l'Oued Dekouk a été classé réserve naturelle en 2009, puis site
Ramsar en 2012 sur une superficie de 5 750 ha.
FEUILLE DE ROUTE POUR LA CRÉATION D’UN GÉOPARC DANS LE SUD-EST TUNISIEN
97
FEUILLE DE ROUTE POUR LA CRÉATION D’UN GÉOPARC DANS LE SUD-EST TUNISIEN
99
Figure 8.1 – Potentiel géotouristique des 29 géosites (données : H. Ben Ouezdou, T. Ben Fraj, M. Ouaja ; cartographie :
A. Ghram Messedi).
FEUILLE DE ROUTE POUR LA CRÉATION D’UN GÉOPARC DANS LE SUD-EST TUNISIEN
101
20
Depuis 2004 et la création du Réseau mondial des géoparcs (GGN), tous les géoparcs appartenant au Réseau européen des
géoparcs (EGN) font automatiquement partie du réseau mondial, en vertu d’un double accord signé entre le réseau européen
et l’UNESCO en 2001 et en 2004. Pour rappel, en 2015, les géoparcs appartenant au Réseau mondial des géoparcs ont reçu le
statut de « géoparc mondial UNESCO » (voir chap. 5.1). Une liste des géoparcs mondiaux UNESCO est disponible sur le site
http://www.unesco.org/new/fr/natural-sciences/environment/earth-sciences/unesco-global-geoparks/list-of-unesco-global-
geoparks/ (consulté le 8 janvier 2018). Pour cette recherche, nous nous sommes basés sur la liste disponible sur le site du
réseau européen : http://www.europeangeoparks.org/?page_id=168 (consulté le 8 janvier 2018).
On peut différencier les organes de gestion dont la gestion du géoparc ne constitue qu’un objectif
parmi d’autres (type A) des organes de gestion créés dans l’unique but de gérer le géoparc
(type B).
Type A – Géoparcs constituant une tâche parmi d’autres d’un organe de gestion
Certains géoparcs sont gérés par un organisme de gestion déjà en place au moment de leur
création et chargé de réaliser d’autres tâches en parallèle au géoparc. La gestion du géoparc ne
constitue qu’une partie des compétences exercées par l’organe responsable. Trois sous-cas peuvent
être mis en évidence.
21
Par collectivité territoriale, nous entendons une personne morale de droit public qui exerce certaines compétences sur son
territoire, à différentes échelles. Il peut s’agir de régions, départements, provinces, districts, comtés, communes, municipalités,
etc. Le terme « collectivité locale » est réservé à l’échelle de la commune. Pour la Tunisie, nous assimilons les délégations, les
communes et les gouvernorats à des collectivités territoriales. Pour l’Etat national, nous utilisons le terme « Etat ».
FEUILLE DE ROUTE POUR LA CRÉATION D’UN GÉOPARC DANS LE SUD-EST TUNISIEN
103
Catégorie 3 – Les géoparcs gérés par une structure spécialisée non dédiée
Quelques géoparcs sont gérés par des structures spécialisées, mais non dédiées spécifiquement à
la gestion du géoparc. C’est le cas du géoparc de l’Ile de Lesvos qui est administré par un musée
d’histoire naturelle. Toujours en Grèce, les géoparcs de Vikos-Aoos et de Psiloritis sont gérés par une
société privée chargée du développement régional. Il en est de même du géoparc finlandais de
Rokua qui est géré par une société, Humanpolis Ltd, possédée à 100% par les trois communes du
géoparc, et dont les tâches sont le développement régional. En Ecosse, le géoparc des Shetland est
géré par une œuvre de bienfaisance22 (Shetland Amenity Trust), créée en 1983 et qui vise à préserver
le patrimoine culturel et naturel des Shetland. Le géoparc ne constitue ainsi pas son unique activité.
Finalement, la gestion du géoparc Hateg (Roumanie) a été confiée à l’Université de Bucarest, dont la
gestion d’un géoparc n’est évidemment pas la principale tâche.
22
Plusieurs géoparcs sont gérés par des œuvres de bienfaisance (charitable trust, charity), financées principalement par des
dons, ou des entreprises sociales, financées par des dons, mais aussi la vente de produits.
Catégorie 4 – Les géoparcs gérés par une collectivité territoriale ou une association
de collectivités territoriales
Contrairement à la catégorie 1, dans ce cas, l’association a été créée spécifiquement pour gérer le
géoparc. Quelques géoparcs sont dans ce cas. En Allemagne, le Geopark Harz-Braunschweiger
Land-Ostfalen est géré conjointement par deux associations de collectivités publiques de la région.
La première (Geopark-Trägerverein Braunschweiger Land - Ostfalen e.V.) a été créée pour la mise en
œuvre du géoparc, alors que la seconde est une association de développement régional, sur le
modèle des associations de la catégorie 1. En Norvège, le Gea Norvegica Geopark est géré par une
association intercommunale de huit municipalités et deux comtés.
FEUILLE DE ROUTE POUR LA CRÉATION D’UN GÉOPARC DANS LE SUD-EST TUNISIEN
105
En conclusion
De cette brève analyse des formes d’organisation et de gestion des 70 géoparcs européens, nous
pouvons faire les constats suivants :
– L’écrasante majorité des géoparcs est gérée par une organisation de niveau local ou
régional. Les cas de géoparcs dépendant d’une structure d’Etat sont extrêmement rares. Il
s’agit essentiellement de parc nationaux ayant le statut de géoparcs, auxquels s’ajoute le cas
d’un géoparc croate, dépendant du gouvernement, et de trois géoparcs andalous,
dépendant du Ministère de l’environnement de la région Andalousie.
– La majorité des géoparcs sont gérés par une association formée, soit de collectivités
territoriales uniquement, soit de collectivités publiques et d’associations privées.
– Il y a un bon équilibre entre les structures développées spécifiquement pour gérer le géoparc
(ad hoc) et les cas où une « tâche géoparc » est venue se rajouter aux activités d’un
organisme existant.
FEUILLE DE ROUTE POUR LA CRÉATION D’UN GÉOPARC DANS LE SUD-EST TUNISIEN
107
Présentation du géoparc
Le Geopark Chablais UNESCO est situé dans le quart sud-est de la France, dans le Département de
Haute-Savoie. Il est limité à l’est par la frontière avec la Suisse, au nord et à l’ouest par le lac Léman,
au sud par les sommets du domaine skiable des Portes du Soleil (Morzine – Avoriaz – Les Gets), au
nord de la vallée du Giffre (Fig. 9.1). Il couvre le territoire de 62 communes sur 870 km2 et compte
près de 134 000 habitants (Insee, 2014 cité par le SIAC, 2016a). Le Chablais peut être partagé en
deux grandes zones géographiques : le Haut-Chablais, montagneux et riche en stations de ski, et le
Bas-Chablais, avec ses plaines urbanisées. Le Haut-Chablais, traversé par plusieurs vallées, abrite l’un
des plus grands domaines skiables de France : Les Portes du Soleil. Les plaines urbanisées de
l’agglomération de Thonon – Evian sont, quant à elles, caractéristiques du Bas-Chablais.
Figure 9.1 – Localisation du Geopark Chablais UNESCO (SIAC, 2016a).
Entité géologique en soi, le Chablais retrace l’histoire de la formation des Alpes : formation des
roches, construction des reliefs et érosion. Depuis deux siècles, nombreux sont les scientifiques qui
sont venus mener des investigations dans cette région aux terrains contrastés, afin d’améliorer la
connaissance géomorphologique, géologique et hydrogéologique. Les nombreux témoins glaciaires
présents sur le territoire constituent également une richesse de cette région. Ainsi, le Chablais
bénéficie d’un patrimoine naturel, géologique et paysager, riche et varié, accompagné d’une
véritable identité historique issue de son passé géologique (Perret, 2014).
Les témoins glaciaires et l’eau sont les deux thématiques sur lesquelles se fonde le Geopark
Chablais UNESCO. Ces deux thématiques sont fortement liées sur le terrain : les série de sédiments
quaternaires et les lacs de montagne, dont l’origine est liée à l’activité glaciaire, exercent une
influence sur les eaux minérales de la région (Guyomard, 2007).
Cinq actions principales sont menées par le Geopark Chablais UNESCO pour construire l’identité
et l’image du géoparc :
– l’identification, la protection et la préservation des géopatrimoines ;
– l’éducation, la formation et la sensibilisation ;
– le géotourisme ;
– la coopération ;
– le développement durable.
FEUILLE DE ROUTE POUR LA CRÉATION D’UN GÉOPARC DANS LE SUD-EST TUNISIEN
109
Pour chacune de ces actions, plusieurs tâches sont assurées par le géoparc. Ainsi, dans le cadre de
l’identification, la protection et la préservation des géopatrimoines, un inventaire du patrimoine
géologique a été réalisé et les patrimoines culturels et vernaculaires liés à l’appropriation des
espaces et à l’identité du territoire par ses habitants sont identifiés et valorisés. Le géoparc s’engage
également dans une recherche scientifique active en Sciences de la Terre au travers de travaux
scientifiques (thèses, mémoires de maîtrise), de colloques et de publications scientifiques. Dans le
cadre de son action d’éducation, de formation et de sensibilisation, le Geopark Chablais UNESCO
réalise des actions d’information-sensibilisation, crée des outils de découverte et développe des
ateliers et des séjours pédagogiques. Les professionnels du tourisme sont formés aux
géopatrimoines et les travaux de recherche sont valorisés sous la forme d’articles scientifiques ou de
communication. 23 géosites remarquables sont valorisés avec l’installation de panneaux
d’interprétation dans le cadre de son action de géotourisme (Fig. 9.2). Des visites guidées et des
randonnées accompagnées sont également proposées aux visiteurs. Enfin, le Geopark Chablais
UNESCO est engagé dans des projets de coopération avec le Geopark Shetland (Ecosse), le Geopark
Hondsrug (Pays-Bas) et le Geopark North Pennines (Angleterre).
Figure 9.2 – Carte de découverte du Chablais avec les 23 géosites emblématiques faisant l’objet d’un aménagement de
valorisation (SIAC, 2014).
FEUILLE DE ROUTE POUR LA CRÉATION D’UN GÉOPARC DANS LE SUD-EST TUNISIEN
111
Après avoir été préparées par l’équipe technique du SIAC, les actions retenues sont présentées au
Bureau du SIAC pour validation. Les projets structurants et le budget sont traités par le Comité
Syndical pour validation après avoir été examinés par le Bureau. Le président du Groupe travail du
Geopark, le président du SIAC, le directeur du SIAC et la coordinatrice du géoparc se réunissent tous
les mois pour faire le point sur l’avancement des projets.
Un Comité scientifique, composé de scientifiques et de spécialistes de divers domaines (géologie,
hydrogéologie, géographie, botanique, histoire, ethnologie, etc.) supervise le travail technique du
géoparc. Il émet un avis sur les projets d’actions et participe à l’élaboration du dossier de ré-
évaluation.
Le Geopark Chablais UNESCO est rattaché au Comité National des Géoparcs de France
(http://geopark-cngf.blogspot.ch/, consulté le 4 juillet 2017) qui regroupe les géoparcs français
reconnus comme UNESCO Global Geoparks. Cette association a pour mission de promouvoir les
géoparcs au niveau national et international. Il appartient également au Réseau européen des
géoparcs (EGN). Les représentants des géoparcs membres de ce réseau se réunissent tous les ans
pour échanger, tisser des liens et proposer des thèmes de coopération. Le Geopark Chablais
UNESCO est également adhérent du réseau mondial des géoparcs (GGN), créé en 2004 et
regroupant tous les géoparcs reconnus comme UNESCO Global Geoparks.
En conclusion
De cette étude de cas, on peut retenir trois enseignements pour le projet de Géoparc du Dahar :
– Il a fallu quasiment 10 ans entre les premières idées (2003) et l’obtention du label Géoparc
UNESCO (2012) ;
– La structure organisationnelle a été un élément central du processus. Elle a évolué dans le
temps et la question de la reconnaissance politique (validation du projet par les décideurs
politiques) a été importante ;
– Parallèlement au montage institutionnel, les initiants ont mené divers travaux de recherche,
en collaboration avec les universités de la région, afin de préparer le dossier technique.
Emmanuel Reynard
23
Cette recherche a surtout été faite sur Internet et dans la littérature réunie par Ben Ouezdou et al. (2016b). Elle a été
complétée par une récolte d’informations par Tarek Ben Fraj lors du 6ème Colloque du Patrimoine Géologique, tenu à
Tataouine, du 5 au 7 mai 2017.
24
La liste des entretiens est reportée à l’annexe 5. Ces entretiens ont suivi une grille d’entretien dont les détails sont reportés
à l’annexe 6. Un résumé de chacun de ces entretiens a été réalisé.
25
Selon des interviews avec Nouri Hatira, Directeur général de l’ONM, Mourad El Koundi, Ingénieur en chef à l’ONM, et Habib
Aljane, technicien à l’ONM et conservateur du Musée de la mémoire de la Terre de Tataouine.
26
L’association Medina (Associazione per la cooperazione tra i popoli ; www.medina.it) est une ONG créée en 1994 et qui
mène des activités de coopération au développement. Elle vise notamment la pratique du tourisme responsable.
FEUILLE DE ROUTE POUR LA CRÉATION D’UN GÉOPARC DANS LE SUD-EST TUNISIEN
113
création d’un géoparc 27 . En septembre 2016, une convention a également été signée avec le
gouvernorat de Médenine, le but de ces conventions étant de déterminer le rôle respectif de l’ONM
et des deux gouvernorats. Aucune convention n’a été signée avec le gouvernorat de Gabès.
En 2016, l’ONM a approché la fondation Swisscontact, en charge du projet Tourisme « Destination
Dahar », dont l’objectif est de mettre sur pied un organisme de gestion de la destination touristique
(Destination Management Organisation, DMO) du Dahar, regroupant les prestataires touristiques de la
région aux côtés de différents acteurs publics et associatifs concernés par le tourisme, et lui a
confié la réalisation d’une étude de faisabilité du géoparc, qui fait l’objet du présent rapport.
27
La convention prévoit la création d’un géoparc de 15 000 km2, « s’étendant du sud de Tatatouine jusqu’à Djebel Tebaga,
dans le gouvernorat de Médenine » (http://directinfo.webmanagercenter.com/2016/04/14/tataouine-projet-dextension-du-
musee-memoire-de-la-terre/, consulté le 13 avril 2017).
28
Selon l’entretien avec M. Nouri Hatira, Directeur général de l’ONM, 12 avril 2017.
Figure 10.2 – L’intérieur du Musée de la mémoire de la Terre de Tataouine (source : Musée de la mémoire de la Terre de
Tataouine).
29
Le musée fait actuellement l’objet d’un projet d’extension décidé en 2016.
30
Une version virtuelle de ce circuit est visible sur internet : http://ghomrassen.blogspot.com/2012/03/circuit-de-la-memoire-
de-la-terre.html, consulté le 16 janvier 2018.
FEUILLE DE ROUTE POUR LA CRÉATION D’UN GÉOPARC DANS LE SUD-EST TUNISIEN
115
Médiation scientifique
Le Professeur Hédi Ben Ouezdou a fait œuvre de pionnier en publiant, en 2001, un ouvrage de
découverte de la géographie et du patrimoine des ksour, jessour et troglodytes du Sud tunisien. Cet
ouvrage, richement illustré et très bien documenté, a été traduit en plusieurs langues.
A Beni Khedache, un circuit géologique a été élaboré, sous la forme d’une collaboration d’un
géographe tunisien et d’un géographe français 31 . Ce guide complète une carte de Randonnées
pédestres autour de Béni Khédache, proposant trois itinéraires : un circuit découverte (durée 8h), un
circuit patrimoine (6h) et un circuit des sources (6h).
L’ONM a établi une convention avec l’association italienne Overseas et l’Association des Jeunes de
Zammour, afin de développer un projet de valorisation pédagogique du patrimoine géologique à
l’intention des écoliers des régions de Tataouine et de Médenine (projet GEOSPES)32 .
Colloques scientifiques
Depuis 2000 et la mise en place du Musée de la mémoire de la Terre, l’ONM organise
bisannuellement un colloque scientifique sur le patrimoine géologique, dont la sixième édition a eu
lieu en mai 2017 à Tataouine, sur le thème « Les géoparcs : protection et valorisation du patrimoine
géologique et levier pour le tourisme alternatif »33.
La Tunisie est un pays au fonctionnement politique très centralisé. L’histoire récente du pays, depuis
l’indépendance en 1956, a été marquée par la place importante du pouvoir central par rapport aux
institutions régionales. Le résultat est le rôle central joué par les ministères et leurs
délégations régionales au détriment des institutions régionales (gouvernorats) et locales
(délégations, municipalités) 34 . La transition démocratique depuis 2011 n’a pas substantiellement
modifié ces rapports de force.
Les gouvernorats sont dans une situation ambivalente. Les gouverneurs sont nommés par le
président de la République, sur proposition du Ministre de l’Intérieur. Ils sont de ce fait les
« dépositaires » de l’autorité de l’Etat. Le Conseil régional n’est qu’un organe consultatif dont une
partie des membres est désignée par le gouverneur, par sélection au sein des conseils ruraux. Le
Conseil régional est, de plus présidé, par le Gouverneur. Il n’y a de ce fait pas de véritable séparation
des pouvoirs législatif et exécutif au niveau régional. Par ailleurs, les gouvernorats eux-mêmes ne
gèrent pas de projets ; ils contrôlent des projets réalisés par les ministères et leurs délégations
régionales.
31
Une brochure de 20 pages, en français, intitulée Le Sud Tunisien. Circuit géologique autour de Béni Khédache, et un
dépliant cartographique proposant trois itinéraires géologiques dans la région de Beni Khedache ont été publiés en 2014, par
l’Association pour le Développement Durable de Médenine, avec le soutien du Pays Haut Languedoc et Vignobles (France).
32
Voir par exemple http://www.overseas-onlus.org/visita-al-museo-della-memoria-e-della-terra-nella-regione-di-tataouine-e-
beni-kheddache-tunisia, consulté le 16 janvier 2018.
33
ONM (2017). 6ème Colloque du Patrimoine Géologique. Les géoparcs : protection et valorisation du patrimoine géologique
et levier pour le tourisme alternatif. Tataouine, 5-7 mai 2017. Livret des communications, 23 p. ; El Koundi M., Ouaja M.,
Laroussi K., Dridi J. (2017). Excursion géotouristique dans le Sud-est de la Tunisie, 6 et 7 mai 2017, à l’occasion du
6ème Colloque National du Patrimoine Géologique, 44 p.
34
La constitution tunisienne de 1959 ne comporte qu’un seul article se rapportant aux collectivités locales, disant simplement
que « Les conseils municipaux et les conseils régionaux gèrent les affaires locales, dans les conditions prévues par la loi » (cité
par Turki et Verdeil, 2013).
Les collectivités territoriales (municipalités35 et conseils régionaux) ont très peu d’expérience de
gestion du territoire. Les municipalités manquent cruellement de ressources financières et de moyens
humains, une situation qui a été exacerbée depuis 2011 avec la disparition des conseils municipaux.
De plus, leur pouvoir de décision est faible et elles vivent un triple encadrement : du Gouverneur,
des directions régionales des ministères et des agences nationales. Les ressources et le pouvoir des
Conseils régionaux sont également très limités. Par ailleurs, si la situation de ces deux types d’acteurs,
municipalités et conseil régionaux, est vouée à évoluer dans un proche avenir avec la mise en œuvre
de la décentralisation inscrite dans la Constitution (élections municipales prévues en 2018, etc.), il
faudra nécessairement un certain temps avant que les collectivités locales puissent pleinement jouer
leur rôle en matière de gestion du territoire et de gestion de projets territoriaux.
Tous les interlocuteurs s’accordent aussi sur le fait qu’il n’y a pas de véritable tradition d’implication
de la société civile dans la gestion des territoires, tandis que la plupart des associations sont
apparues après 2011 et restent très peu structurées.
Finalement, cet ensemble d’acteurs « émergeants » au niveau local / décentralisé, qui constitue
certainement une ressources d’avenir en matière de gestion du territoire et doit être considérée
comme telle, ne constitue pas en l’état actuel un ancrage institutionnel suffisamment solide pour
porter un projet de géoparc comme ce peut être le cas dans d’autres pays disposant d’une longue
tradition en matière de décentralisation (voir chapitre 9, sur les géoparcs européens).
Nos divers entretiens ont mis en évidence l’importance des enjeux fonciers, dont la mise en place
du géoparc devra tenir compte. Au vu de la complexité de la question, nous n’avons pas étudié en
détail ces enjeux. Nous nous limitons à en énumérer quelques-uns :
– Les terres collectives : Dans le Sud de la Tunisie, les terres en indivision ont constitué le
régime foncier prédominant jusque dans les années 1980 et il perdure encore aujourd’hui36.
Ces terres collectives ont vécu un important processus de privatisation depuis
l’Indépendance mais n’ont pas totalement disparu. Parmi les terres restées sur un mode de
gestion collective, on trouve les parcours collectifs, dédiés à l’élevage, soumis ou non au
régime forestier. Par aileurs, ces terres collectives sont en partie gérées selon un mode
d’organisation de type tribal. Plusieurs géosites et le géoparc lui-même empiètent sur ces
terres collectives ; ce point devra être pris en compte lors de la mise en place effective du
géoparc.
– Les biens privés abandonnés : En raison de la déprise humaine et de l’abandon des
villages perchés, des troglodytes, des ksour et des jessour, de nombreuses parcelles et
infrastructures humaines sont actuellement abandonnées ; elles appartiennent souvent à des
propriétaires privés (par ex. les ghorfas), dont certains n’habitent plus la région. Plusieurs
géosites, notamment les sites géoculturels, interfèrent avec ces biens et infrastructures qui ne
sont plus utilisés, mais dont les titres de propriété privée existent toujours. La délimitation
des géosites et leur mise en valeur devra tenir compte de cette situation.
– La mise en place du géoparc nécessitera la délimitation des géosites, qui, pour le
moment, n’ont été énumérés et localisés que de manière grossière. Pour chaque géosite, des
mesures de gestion (protection, entretien, valorisation, etc.) devront être définies. La prise en
compte de la situation foncière des sites devra faire l’objet d’une attention particulière.
35
Les 24 gouvernorats sont découpés en délégations, à leur tour découpées en secteurs, selon une logique de
déconcentration. Les communes, qui s’inscrivent dans une logique de décentralisation, au nombre de 264, sont par contre des
entités territoriales discontinues (Turki et Verdeil, 2013). Il n’y a pas de correspondance spatiale entre communes et
délégations.
36
Dans le Gouvernorat de Tataouine, les terres collectives représentent 18% de la superficie ; les parcours collectifs couvrent
17% du territoire (dont 5% soumis au régime forestier) (Ben Saad, 2011).
FEUILLE DE ROUTE POUR LA CRÉATION D’UN GÉOPARC DANS LE SUD-EST TUNISIEN
117
37
www.onm.nat.tn/files/prog_technique_2017_onm.pdf, consulté le 20 janvier 2018.
38
http://geoparctn.hncdev.net/, consulté le 20 janvier 2018.
39
http://www.igeoscied.org/wp-content/uploads/2017/01/First-circular-4-1-2017-1.pdf, consulté le 20 janvier 2018.
FEUILLE DE ROUTE POUR LA CRÉATION D’UN GÉOPARC DANS LE SUD-EST TUNISIEN
119
Emmanuel Reynard
11.1 Introduction
Dans ce chapitre, nous proposons un certain nombre de pistes afin de guider le
développement du géoparc. Nous proposons de distinguer deux phases : (1) une phase de
mise en place du projet de géoparc ; (2) une phase de gestion du géoparc40. Dans ce chapitre, nous
étudions uniquement les actions à réaliser pour la phase de mise en place du géoparc. Dans la
partie 3 du rapport (feuille de route), nous établirons des propositions plus concrètes, comportant
notamment un calendrier.
Durant cette phase de mise en place, il s’agit d’atteindre les six objectifs suivants :
– Clarifier la gouvernance du projet de géoparc au niveau régional et national ;
– Développer un concept de communication autour du géoparc ;
– Compléter les études préliminaires nécessaires à une candidature au statut de géoparc
UNESCO ;
– Analyser les procédures nécessaires à la création d’un géoparc UNESCO et établir les
moyens à développer afin de satisfaire aux exigences ;
– Développer les contacts au niveau international en vue de la création d’un géoparc
UNESCO ;
– Créer formellement le géoparc et lui associer un organe de gestion et un plan de gestion.
Une durée de 3 à 5 ans sera nécessaire pour réaliser ces différentes tâches. Nous les détaillons ci-
dessous.
40
Cette phase, qui adviendra dans quelques années, ne fait pas l’objet de réflexions dans le présent rapport.
41
Il faut noter que nous parlons ici du « projet de géoparc » et non du géoparc lui-même. La gouvernance du projet de
géoparc n’est pas nécessairement la même que celle du géoparc lui-même, qui sera mise en place plus tard.
42
La représentation des ministères devrait être de une à deux personnes au maximum afin de conserver une structure
relativement souple. En fonction de son organisation, chaque ministère délègue un représentant de sa structure spécialisée
dans le domaine concerné par la problématique des géoparcs : par ex., l’ONM pour le Ministère de
l’Energie, des Mines et
des Energies Renouvelables ; l’INP pour le Ministère de la Culture, etc.
43
Nous avons en effet constaté que, même si le projet du géoparc dont nous parlons ici est le plus avancé, d’autres réflexions
ont été menées sur d’autres régions de Tunisie, par ex. El Kef, Zaghouan, etc. De plus, d’autres initiatives peuvent émerger
dans le futur.
FEUILLE DE ROUTE POUR LA CRÉATION D’UN GÉOPARC DANS LE SUD-EST TUNISIEN
121
44
Comme pour le niveau national, la représentation des diverses institutions devrait être limitée (en nombre de personnes) afin
d’éviter d’aboutir à une structure trop lourde et inefficace.
45
Il s’agit d’un représentant local du DMO et non d’un représentant de la Fondation Swisscontact.
46
Pour le nom, nous proposons « Projet de Géoparc du Dahar » qui a l’avantage de ne pas faire référence à un ou plusieurs
gouvernorats particuliers et de montrer qu’il s’agit pour le moment d’un projet et non d’un géoparc établi. « Projet de Géoparc
du Sud-est tunisien » ou d’autres noms génériques pourraient être des alternatives. C’est au comité de pilotage de décider du
nom lors d’une de ses premières séances de travail, puis de s’y tenir. Il n’est pas exclu, par la suite, au moment de la création
du géoparc, de modifier ce nom. Pour ce qui est du périmètre de travail, nous proposons d’adopter celui proposé dans le
chapitre 6 du présent rapport. Ce périmètre de travail devra être ajusté, notamment en tenant compte des découpages
administratifs, et aboutir à un périmètre du géoparc, qui sera le périmètre pour la procédure de candidature au statut de
géoparc UNESCO. Concernant le logo, la base de travail pourrait être le logo disponible sur le site :
http://geoparctn.hncdev.net/.
En termes de fonctionnement, ce comité de pilotage régional devrait être assorti d’un budget,
d’un organe d’accompagnement professionnel (voir ci-dessous) et pourrait travailler sous la forme de
groupes de travail (par ex. pour le choix de la forme de l’organe de gestion) et de mandats d’étude
(par ex. pour compléter les études préliminaires) et de conventions avec certaines institutions. Il
devrait publier un rapport d’activités annuel, à destination des partenaires et du comité de pilotage
national. Une fois le géoparc établi, ce comité de pilotage serait dissous et remplacé
par l’organe de gestion.
Etant donné le grand nombre des parties prenantes au projet, il est essentiel que le suivi du projet
soit confié à une structure restreinte afin de garantir un leadership suffisant, composé d’organismes
faisant preuve d’une expérience dans la gestion de projet et du territoire, de capacités scientiques et
si possible « neutre » et non membre du comité de pilotage (p. ex. structure de projet). Cette
structure devrait jouer le rôle de « bureau » du comité de pilotage et aurait pour fonction de
coordonner les actions du comité de pilotage et d’accompagner la phase de mise en place du
géoparc. Au chapitre 12, il est qualifié de comité technique. La Fondation Swisscontact (qui a mis
sur pied avec succès le DMO – Destination Djebel Dahar), associée au DMO (qui couvre en grande
partie la zone du géoparc et qui dispose d’un bureau permanent dans la région) et à l’IRA (pour la
partie scientifique) pourraient jouer ce rôle à titre temporaire (jusqu’à mi-2019) avec pour mission de
conduire la mise en place de la structure de pilotage et de rechercher les fonds nécessaires au
processus de création du géoparc.
FEUILLE DE ROUTE POUR LA CRÉATION D’UN GÉOPARC DANS LE SUD-EST TUNISIEN
123
La réalisation de ces études complémentaires est une étape importante de la mise en place du
géoparc, qu’il s’agira de réaliser avec soin, car elle constituera la base pour l’établissement du
géoparc. La cartographie de détail des géosites et l’établissement de la stratégie de géoconservation
sont notamment essentiels car ils constitueront une base de discussion avec les propriétaires fonciers.
Il est essentiel que les résultats de ces études préparatoires soient validés par le comité de
pilotage.
FEUILLE DE ROUTE POUR LA CRÉATION D’UN GÉOPARC DANS LE SUD-EST TUNISIEN
125
En plus de ces contacts bilatéraux avec des géoparcs existants, nous encourageons vivement certains
membres du comité de pilotage à participer aux conférences internationales et régionales
sur les géoparcs, afin de faire connaître le projet de géoparc du Dahar au niveau international et
de récolter des conseils et expériences de la part de géoparcs existants. Une première opportunité
est la 8e Conférence internationale sur les géoparcs mondiaux UNESCO, qui aura lieu du 8 au
14 septembre 2018 dans le géoparc Adamello-Brenta (Italie) (https://www.campiglio-
dolomiti.it/ggn2018/, consulté le 5 avril 2018).
Emmanuel Reynard, Hédi Ben Ouezdou, Mohamed Ouaja, Hanane Abichou, Tarek Ben Fraj, Aziza
Ghram Messedi
12.1 Introduction
Ce dernier chapitre propose une feuille de route pour la création du Géoparc du Dahar et la
préparation d’une candidature à la reconnaissance comme géoparc mondial UNESCO. Cette feuille
de route est basée sur les précédents chapitres, ainsi que sur diverses propositions faites lors de la
restitution du projet de géoparc le 8 février 2018 à l’Institut des Régions Arides de Médenine. Lors de
cette restitution, les points suivants ont été soulevés :
– Les 29 géosites retenus constituent une excellente base pour la création d’un géoparc du
Dahar. Toutefois, il faudrait encore évaluer la possible intégration de quelques géosites
supplémentaires. Cette demande a été incluse dans les études complémentaires à réaliser.
– Les limites du géoparc proposées constituent une excellente base pour la création d’un
géoparc du Dahar. Il s’agira dans un deuxième temps d’ajuster ces limites à la possible
inclusion de quelques géosites complémentaires, puis aux limites administratives. Cette
demande est intégrée dans les études complémentaires à réaliser.
– Il a été proposé de développer des circuits touristiques dans le futur géoparc. La préparation
de circuits touristiques est au cœur de l’une des études complémentaires portant sur la
stratégie de valorisation touristique (voir section 11.4).
– La question de l’emploi des jeunes diplômés de la région a été soulevée et il a été proposé
de développer une formation de guides. Cette remarque a été prise en compte et un
programme de formation de guides géotouristiques a été inclus dans la stratégie de
valorisation géotouristique (voir section 11.4).
– Il a été proposé de mieux mettre en évidence les liens des géopatrimoines avec le
patrimoine archéologique et la faune et flore. Cette question fait l’objet de l’une des études
complémentaires (voir section 11.4), qui porte sur un inventaire des patrimoines associés.
– Il a été demandé d’évaluer l’impact du géoparc sur la gestion de l’eau. Ce point est inclus
dans l’étude complémentaire sur l’analyse de la durabilité (voir section 11.4).
– La question de la gestion des zones d’extraction a été soulevée par plusieurs intervenants.
Cet enjeu est déjà mentionné dans plusieurs fiches de géosites, en annexe au présent
rapport. Parmi les études complémentaires, il est prévu que les fiches de géosites soient
complétées par un volet concernant les enjeux de protection. Parmi ces derniers figurent
autant les questions foncières et de propriété que les enjeux liés à l’utilisation du sol, parmi
lesquelles les pratiques d’extraction figurent en bonne place. Pour chaque géosite, il s’agira
d’évaluer les impacts des pratiques territoriales (dont l’extraction de matériaux, mais
également la décharge de matériaux et ordures) sur l’intégrité du site. Cette étude figure au
programme des études complémentaires prévues (voir section 11.4).
– Il a également été demandé de renforcer les liens entre les deux comités de pilotage. C’est
la raison pour laquelle, la participation de députés issus des trois gouvernorats au comité de
pilotage national a été ajoutée (voir section 11.2).
– La question sécuritaire a été relevée par un intervenant. Elle est prise en compte par la
présence de trois détachés militaires dans le comité de pilotage régional (voir section 11.2).
FEUILLE DE ROUTE POUR LA CRÉATION D’UN GÉOPARC DANS LE SUD-EST TUNISIEN
127
Travaux généraux
Periode Tâches Qui ? Output, échéance
Création du comité de pilotage Liste du CPN validée par le
ONM
national (CPN) Président du Gouvernement
Création du comité de pilotage
Liste du comité du CPR et CT
régional (CPR) et du comité ONM
validés par les trois Gouverneurs
technique (CT)
Trimestre 3 – Année 1
Discussion de la stratégie de
relations avec l’UNESCO
Première séance du CPR:
Adoption du cahier des
charges et du calendrier Cahier des charges et calendrier
Adoption du comité Nom, logo et périmètre de travail
technique (CT) adoptés
Adoption du nom, logo et CPR Concept de communication
périmètre de travail adoptés
Adoption du concept de Programme d’études
communication complémentaies adoptés
Adoption du programme
d’études complémentaires
Communication
Charte graphique
Adoption d’une charte
CT, avec l’appui d’un bureau de Fin trimestre 4 – Année 1 : charte
graphique pour tout le
communication graphique adoptée par le CT
matériel de communication
du géoparc
Set de communication du
géoparc
Trimestre 3 – Année 1 à Fin trimestre 4 – Année 3
Elaboration du contenu
scientifique pour les Fin trimestre 3 – Année 2 : Matériel
différents supports de de communication adopté par le
communication et deux CT et par le CPR
CT, avec groupe de consultants
niveaux (régional ; Fin trimestre 4 – Année 2 : Matériel
national/international) de communication réalisé
Etablissement des supports, à (impressions, etc.)
savoir : site internet, présentation
powerpoint, poster et dépliant,
en plusieurs langues
Campagne de communication
régionale (année 3) Toute l’année 3 : manifestations de
Organisation de manifestations CT et CPR promotion du géoparc au niveau
diverses au niveau régional pour régional
la présentation du géoparc
Campagne de communication
nationale (année 3) Toute l’année 3 : manifestations de
Organisation de manifestations CT et CPN promotion des géoparcs au niveau
diverses au niveau national pour national
la promotion des géoparcs
Campagne de communication
Années 4 et 5 (jusqu’au dépôt de la
internationale (dès trimestre 2 – Organe de gestion (OG) et CPN
candidature)
année 4)
FEUILLE DE ROUTE POUR LA CRÉATION D’UN GÉOPARC DANS LE SUD-EST TUNISIEN
129
Cartographie SIG de
l’inventaire
Perception du patrimoine
Etude anthropologique sur la
perception et l’appropriation
Fin trimestre 3 – Année 2 : étude
du patrimoine, culturel et Groupe de consultants
anthropologique présentée au CPR
naturel, notamment
géologique, par la
population
Etude complémentaire 3 : durabilité du géoparc
Impact socio-économique du
géoparc
Enquête de terrain sur Fin trimestre 3 – Année 2 :
Trimestre 3 – Année 1 à Fin trimestre 3 – Année 2
Etude complémentaire 5 : stratégie de géoconservation
Stratégie de géoconservation au
Trimestre 3 – Année 1 à Fin trimestre 4 – Année
niveau national
Analyse de la situation de la Fin trimestre 3 – Année 2 : Etude
ONM
conservation du patrimoine nationale présentée au CPN
géologique au niveau
national et propositions
Protection des géosites
inventoriés Fin trimestre 4 – Année 2 :
Analyse détaillée du statut propositons de protection des
3
Création du géoparc national
Organe de gestion Fin trimestre 4 – Année 3 : Organe
Trimestre 2 – Année 3 à Fin
FEUILLE DE ROUTE POUR LA CRÉATION D’UN GÉOPARC DANS LE SUD-EST TUNISIEN
131
FEUILLE DE ROUTE POUR LA CRÉATION D’UN GÉOPARC DANS LE SUD-EST TUNISIEN
133
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Annexe 1 – Répertoire des Ksour du Sud tunisien
Hanane Abichou, Institut des Régions Arides de Medenine
! 1!
Soltane
12. Ksar Sur route de De Très ancien, site 200ghorfas, Béni Non, une Non Non
Bouhriba Tataouine montagne pittoresque, 1701 3étages Yekhzer partie
dans Jbel av. JC. encore
Abiodh habitée,
en bon
état
13. Ksar Nord Est Ksar de Petit et récent, - Wtawta Non, non Non Non
Bougouffa Tataouine à plaine, 1910 (fraction ruine
65Km des Jelidat)
14. Ksar A 4Km Sud Ksar de Ancien - Jelidat - - -
Boujlida Tataouine sur plaine
la route de
Béni Barka
15. Ksar Sud Est De Très ancien, 18ème Avec troglodytes, Dghaghra Non, Non Non
Bouziri Tataouine montagne siècle huilerie,vue abandonn
après pittoresque, 130 é
Maztouria ghorfas
16. Kalâa A 20 Km à Ksar immense et très A été doublé d’un Berbère Non Oui Oui
de Chenini l’Ouest citadelle ancienne Ksar d’ensilage
Tataouine venu s’installer sur
une de ses parties.
17. Kalâa A 9Km de Ksar de 8 à 7 siècles vue panoramique, Douiri En bon Oui Oui : relais
de Douiret Ksar Ouled montagne d’âge, 5étages. état, Oui touristique
Debbeb
18. Ksar A 45Km au De plaine 1910 75 ghorfas Jlidet Non Non Non
El-ghâar Nord Ouest abandonnées en
Tataouine sur ruine
la route du
Smar
19. Ksar El A 20Km De Très ancien Avec troglodytes et Appartient Non Non Non
Kalaâ Tataouine sur montagne pressoirs, 150 aux
route de cellules Méguedmi
Maztouria, ni et aux
quelques Km Tazaghdan
après et
Tamelest
20. Ksar A côté de Ksar de Construit au En ruine et Amerna Non Non Non
Amerna Guattoufa à plaine début du siècle abandonné (fraction
5Km de Béni des
M’hira Ouderna)
21. Ksar A côté de Ksar de 400ans d’âge En ruine Ajerda Non Non Non
Ajerda Guattoufa plaine
22. Ksar El A la limite de Ksar de grand et 105 ghorfas dont Appartient 30 ghorfas Non Non
Mourra la zone des plaine relativement 25 en ruine aux restaurées
Ksour à ancien 1895 Amerna
l’Ouest de (fraction
Tataouine sur des
la route d’El Ouderna)
Mourra.
23. Ksar Sur route de Ksar 800 ans d’âge Plus de 300 ghorfas Appartient Non Non Non
Gattoufa Béni M’hira à citadelle abandonnées aux
6Km à l’Est Guattoufi
de Tataouine
24. Kalâa Dans le De 8 à 7 siècles Immense, domine Non Non Non
de village montagne d’âge. la plaine du Ferch,
Guermass berbère de en ruine
a Guermassa
25. Ksar A la hauteur De plaine 1910 Comprend rez-de- Appartient Non Non Non
Henchir El de Ksar El- chaussée aux Ouled
Fras Mourra un seulement, M’hemed
peu plus au 30 ghorfas en ruine (fraction
sud des
Jelidat).
26. Ksar Quinzaine de De Grand et ancien, 92 ghorfas dont 30 Appartient Non Non Non
H’riza Km à l’Ouest montagne 19ème siècle en ruine aux
de Tataouine Hamaydia
! 2!
27. Ksar A Gattoufa De Petit et construit En ruine Appartient Non Non Non
Jlalta montagne en 1726 aux Jlalta
28. Ksar A 20Km de De plaine 120 à 130 ans 270 ghorfas , en Appartient Non Non Non
Krachwa l’Est d’âge bon état aux
Tataouine sur Ouderna
la route de
Guattoufa
29. Ksar A 6Km à Sur colline Construit en 1478 Sur éminence, Krachwa Non Non Non
M’âned l’Ouest du ap. J.C ancien,92ghorfas (Ouderna)
Ksar Krachwa (2étages)
30. Ksar A 1Km à En plaine Construit en 811 Grand, 230ghorfas El Non, mais Non Non
Meguebla l’Ouest de de l’hégire dont 15enruine Mguebleh en bon
Tataouine (3étages) état
31. Ksar A l’Est de En plaine ancien en 1806 Grand, 300ghorfas Zorganes Non, mais Non Non
M’hira Tataouine, ap J.C bon état
au-delà de
Ksar Krachwa
sur la même
route
32. Ksar Au Sud de De 7 à 8 siècle d’âge Comlètement en Meguedmi Non Non Non
Meguedmi Tataouine à montagne ruine ni
ne 6Km sur la
route de
Remada à
gauche
33. Ksar A 10Km de Ancien 150 cellules en Jélidet et Non Non Non
Ouled Tataouine sur ruine Guattoufi
Abdelwahi route de Béni
d M’hira
34. Ksar A 7Km de Ksar de 1900 510 ghorfas dont Ouled Oui Oui Oui,
Ouled Sud de plaine 80 en ruine Debbab transformé en
Debbab Tataouine sur (Ouderna) relais
la route de touristique
Remada
35. Ksar A 10Km sur la De plaine Construit en 1303 En ruine Appartient Non Non Non
Ouled route de Béni de l’hégire sur aux Ouled
Boujlida M’hira une petite Boujlida
éminence
36. Ksar A une De plaine Construit au 18ème 200 cellules, moitié Appartient Non, mais Non Non
Ouled centaine de siècle en bon état aux Jelidet en bon
Mhemed mètres du état,
Ksar encore en
précédent service
37. Ksar A 20Km au Ksar de Construit ya 400 400 ghorfas Ouled Oui par Oui, Oui
Ouled Sud Est de montagne ans, réparties sur deux Soltane l’Institut 2 magasins de
Soltane Tataouine cours, avec fraction de du vente de
troglodytes Ouled Patrimoine produits
Chéhida de Tunis artisanaux+café
38. Ksar A 10Km de Ksar de En 1705 ap J.C. Avec grottes et Appartient Oui Non Non
Ouled Tataouine plaine pressoirs, 180 aux
Oun dans la cellules en Zorganes
localité de restauration
Maztouria sur
la route de la
Kalâa
39. Ksar Dans la En plaine Ancien 400 ghorfas Aux Non Non Non
Oun localité de abandonnées zorganes
Béni M’hira à
50Km de
Tataouine, à
l’Est.
40. Ksar Au Sud de très ancien, 125 ghorfas, avec Semble Non Non Non
Rekhaissa Maztouria à troglodytes avoir
10Km de appartenu
Tataouine à quelques
fractions
berbères
! 3!
avant de
devenir
grenier des
Zorganes.
41. Ksar Dans la Sur colline Ancien, 17ème Entouréé de Appartient Non Non Non
Sirfine localité dela siècle troglodytes, aux Ouled
Kalâa à 17Km 150 cellules Chehida
au Sud-Est (2étages)
Tataouine
42. Ksar Très proche De L’un des plus Complètement en Aux Non Non Non
Tazeghdan de Ksar montagne anciens de la ruine Tazeghdan
et Ouled région et
Soltane
43. Ksar Un peu avant De Très ancien fait corps avec un Non Non Non
Tachout Tazeghdanet montagne ancien site berbère,
sur piton avec troglodytes
44. Ksar Au Nord De Très ancien 150 cellules, en Appartient Non Non Non
Tlalet Ouest de montagne ruine romaine aux
Tataouine sur abandonné Berbères
la route de Chahbanes
Ghomrassen
puis à gauche
6Km, dans
une vallée
45. Ksar Sur un piton à Ksar En 1730 ap J.C. 150 cellules, Appartient Non Non Non
Tounket 1Km au Sud- citadelle, couronne un village aux
Est de la troglodytique berbères
nouvelle berbère ancien, Zenata de
Gattoufa. Tounket
Accès difficile
46. Ksar Au village Sur colline A été occupé par 200ghorfas toutes Zenata Oui Oui Oui
Kédim Maztouria le roi des Znateh restaurées, 2étages
Khalifa Znati
durant le 11ème et
12ème siècle
47. Ksar
Chehiba
48. Ksar A 3Km de De Construit en Pas défini Sedra Non Non Non
Sedra Tamellest à montagne époque berbère
Tataouine
49. Ksar Sur une De 18ème siècle 173ghorfas, Dghaghra Non Non Non
Dghaghra colline de de montagne mosquée en ruine
(Ouled la ville de
Abdallah) Tataouine sur
route
Maztouria
50. Ksar Dans le De En 1133H-1720 198 ghorfas dont Dghaghra Non Non Non
Dghaghra village montagne ap J.C. 18 en ruine
(Maztouria) Maztouria
51. Ksar A 27Km de De plaine 1960 av J.C. 55ghorfas en très Ouled Non Non Non
Remtha Tataouine bon état Chhida
village Remthi
52. Ksar El Dans le De plaine Ancien 30ghorfas dont 15 indéfinie Non Non Non
Ghoula village de en ruine
Tamellest
53. Ksar El A 28Km du De plaine Construit vers 140ghorfas Aux Non Non Non
Zorgane village 1325H-1907 abandonnées Zorganes
Assâada en apJ.C.
direction de
Machhad
salah
54. Ksar El A 26Km du De Construit vers 120ghorfas Hmidiya Non Non Non
Hmediya village montagne 1325H-1907 abandonnées
Assâada en apJ.C.
direction de
Machhad
salah
! 4!
55. Ksar A 9,5Km de De plaine 18ème siècle 172ghorfas 2étages Jlidete, Non Non Non
Abdelwah Tataouine en Ajarda,
ab direction de Jlalta,
Béni Mhira Gattoufa
56. Ksar El A 42Km de Colline Récent 85ghorfas en ruine Jlidete Non Non Non
Dhibène Tataouine en
direction de
Smar,
emprunter la
piste d’El
Morra (14Km)
via Ghiriani
57. Ksar A 3Km du De 18ème siècle 600ghorfas 2étages Jlidete Non Non Non
Ghorghar ville de montagne
Tataouine sur
route de
Maztouriya
58. Ksar El De plaine 18ème siècle 119ghorfas Jlidete Non Non Non
Wostani
Délégation de Remada
59. Ksar Sur crête Ksar Très ancien coiffe un ensemble Appartient Non Non Non
Brégua assurant la citadelle de paliers et de aux
Kbira continuité de troglodytes, berbères
Jbel Demmer abandonné depuis
vers le sud Est. plus de 200 ans et
Se tient sur à l’état de ruine
piton très
sévère.
60. Ksar A 15Km au Ksar l’un des plus Abandonné et à Appartient Non Non Non
Brégua Nord Ouest de citadelle anciens ksour. l’état de ruine aux
Sghira Remada, piste berbères
difficile
61. Ksar Sur la route de Ksar Très vieux Très petit, Appartient Non Non Non
de El Borma à citadelle Complètement en aux
Matous 10Km de ruine et abandonné M’watis
Remada se depuis plus de
tient sur une 200ans
éminence à
gauche de la
route.
Accès très
difficile
62. Ksar A une Citadelle Paysage A servi de Non Non Non
de quinzaine de extraordinaire avec quartier
Segdel Km à l’Est de troglodytes général
Matous en abandonné depuis aux Traifa
pleine fort longtemps et (Arabes)
montagne sur complètement en
un piton ruine
sauvage. Accès
très difficile.
63. Ksar A une Citadelle Ancien Avec mosquée Pas définie Non Non Non
de Wani quinzaine de troglodytes et
Km au Sud Est pressoirs,
de Remada en abandonné depuis
pleine longtemps
montagne.
Accès très
difficile
64. Ksar Sur la route Ksar Pas défini Très petit et pas défini Non Non Non
Béni d’El Borma, citadelle complètement en
Gendil tourner à droite ruine
au bout de
10Km, piste
difficile,
s’enfoncer dans
! 5!
la Jeffara (3Km)
sur une
éminence.
65. Ksar Sur crête Ksar pas définie abandonné et à Pas défini Non Non Non
Tafraout assurant la citadelle l’état de ruine
continuité de
Jbel Demmer
vers le sud Est
66. Ksar A 4Km de la De Très ancien 50ghorfas en ruine Dghaghra NON Non Non
El viille de montagne
Namous Remada en
direction d’El
Achouch.
Délégation de Beni Khedache
67. Kalâa Au Sud de Béni Ksar de Pas défini Comprend grottes, Pas défini Non Non Non
Bled Khédache à montagne pressoirs et Kalâa,
Hammou 12Km sur la en ruine
riya route de
Bouflija
68. Kalâa Au Sud de Béni Ksar de Pas défini Comprend grottes, Pas défini Non Non Non
Bled El Khédache à montagne pressoirs… Kalâa,
Bir 12Km sur la en ruine
route de
Bouflija sur
piton
69. Ksar Au Nord Ouest Ksar de Pas défini L’un des refuges de Pas défini Non Non Non
Bousarra de Béni montagne la résistance
r Khédache tunisienne. Elle en a
après Ksar El fait une
Hallouf de 3Km base.Complètemen
en pleine t en ruine
montagne
70. Ksar Sur la route Ksar de Construit en Très petit et Aux Jbeh Non Non Non
Jedid Médenine-Béni plaine 1916, très récent délaissé
Khédache à
18Km
71. Ksar A l’Ouest de de Très ancien, 19ème Très grand, avec Aux Béni Non Non Non
El Khir Béni Khédache, montagne siècle troglodytes tout Abid
à 4Km de cette autour, 59 ghorfas
ville sur la route dont 57 en ruine
de Bir Soltane
72. Ksar Au Sud Ouest à De Très anncien, 100 ghorfas dont Aux Béni Non Non Non
El Fejy 4Km de Béni montagne 19ème siècle 96 en Abid
Khédache sur ruine,troglodytes et
la route d’El pressoirs dans les
Fejy, alentours,
73. Ksar Sur routé Béni Ksar Ancien, 1840 ap 500 ghorfas dont Aux Oui Oui Oui, relais
El Khédache citadelle, J.C. 300 en ruine, avec Lemalma touristique
Hallouf Zammour, à des troglodytes et aux
17Km après dans les environs, Mahadha
Zammour des familles y vivent
encore
74. Ksar A partir de Béni De Ancien vers 1870 avec des grottes Aux Ouled Non Non Non
J’ra Khédache montagne ap J.C. habitées en partie Mehdi
dépasser Ksar
Ouled Mehdi
de 5Km sur une
petite colline
75. Ksar Sur route Sur colline Construit sous le Petit avec quelques Aux Oui Oui Non
Krakria Médenine Béni protectorat en grottes, 85 ghorfas Jebabha et
Khédache, au 1800 ap J.C. dont 80 occupées aux Jelidat
bout de 20Km
à gauche et
puis c’est à
6Km
76. Ksar A 10Km à partir Ksar de Construit vers 180 ghorfas, site Aux Oui Oui Oui
! 6!
de Béni montagne 1763, pittoresque et vue Jouamâa
Jouamâa Khédache sur panoramique. berbères
la route de arabisés au
Médenine contact des
Hawaya.
77. Ksar Au Nord de de L’un des plus comprend un rez- Symbole Non Non Non
El Khirba Ben Khédache lmontagne anciens de-chaussée de l’unité
seulement. des
Hawaya
78. Ksar Partir de Béni De Très vieux, 1792 Grand et Appartient Non Non Non
Kherachf Khédache sur montagne ap J.C. abandonné, aux
a route comprend Kherachfa
Ghomrassen, 180ghorfs dont 140
puis à droite en ruine
après 10Km,
5Km en pleine
montagne
79. Ksar Au Sud de Béni Ksar Très ancien, en 35ghorfas dont 22 Appartient Non Non Non
Ouled Khédache sur citadelle 1860 ap J.C. en ruine, Grottes aux Ouled
Mehdi route de habitées en partie Mehdi
Ghomrassen, à
droite après
10Km
80. Ksar Sur la colline de L’un des plus 100ghorfas dont 70 Berbères Non Non Non
Mezenze dominant Béni montagne anciens sites en ruine, comprend
n Khédache, au berbères début grottes et pressoirs.
Nord Ouest à 2 19ème siècle
Km
81. Ksar Au Sud de Béni De En 1890 116ghorfas dont 16 El Mhadha Non Non Non
Mâadha Khédache sur montagne en ruine, en bon
la route de état mais
Bouflija à 7Km abandonné
de Béni
Khédache.
82. Ksar A 4Km au Nord De L’un des plus Appartenai Non Non Non
Smoumni de Ksar montagne anciens sites t aux
a Khérachfa sur berbères. berbères
éminence.
83. Ksar Près du village De Construit sous Comprend rez-de- Appartient
Zammou de Zammour montagne l’occupation chaussée aux
rI (3Km au Nord seulement, Zememra
de Béni
Khédache), à
droite du
village sur une
colline.
84. Ksar A gauche du Sur colline Construit sous Comprend rez-de- Appartient
Zammou village de l’occupation chaussée aux Ouled
r II Zammour, sur seulement, Brahim
colline. (fraction
des
Zememra)
85. Au nord de Sur colline Ancien Ancien site berbère Zememra Non, en Non Non
Khirba Zammour avec troglodytes et ruine
de pressoirs.
Zammou
r
86. Ksar A 2Km à De Très ancien Des Ghirènes Zmamra et Non Non Non
El l’Ouest de montagne creusés dans les Hawaya
Berzaliya Zammour hauteurs de la
montagne El
Berzaliya, sur son
sommet on trouve
les ruines d’1 vieux
Ksar
87. Ksar Au cœur du De Construit en 1728 90ghorfas dont 60 Lemalma+ Oui Oui, souk Non
Béni village de Béni montagne ap J.C. restaurées Mhadha+O du village
! 7!
Khédach Khédache uneyssa
e
88. Ksar Dans le Dhahar De Depuis l’époque Sa construction Inconnu Non Non Non
Tercine El Menzla montagne romaine s’apparente à une
forteresse,
abandonné
89. Ksar A 1,7Km du De 1844 ap J.C. En ruine et Ouled Non Non Non
El village Ksar Jra montagne abandonné Mehdi
Ouzegna
90. Ksar A 6,7Km de Sur colline En 1966 87ghorfas Krachfa+At Oui Oui, souk Non
Werjijen Ksar Krikriya occupées awa+Mgha du village
rba+Jbeh
+Ouled
Mehdi
Délégation de Ghomrassen
91. Ksar A 4Km de Ksar de Très ancien, 10ème Avec troglodytes, Meztouria Non Non Non
Bayouli Ghomrassen montagne ou 11ème siècle 120ghorfas, habité (Hawaya)
encore en partie
92. Ksar A 4Km au Nord Ksar de 1297H-1880ap Un seul étage et Hawaya Oui une Non Non
Béni de Ghomrassen montagne J.C. comprend 120 partie
Ghédir ghorfas dont 42 (habitée)
restaureés
93. Ksar En retrait sur la Ksar de Relativement Grand, 280 ghorfas Oui Oui, Oui, un relais
El Ferch route de plaine, ancien (1911), au milieu d’une boutique touristique car
Tataouine à petite oasis. d’objets bien desservi
8Km de artisanaux
Ghomrassen
94. Ksar A 1Km du Petite Construit par les ghorfas en ruine Ghomrasse Non Non Non
El Troc village Mdhilla, colline turcs au 16ème n
à 4Km sud siècle
Ghomrassen
sur la route El
Ferch
95. Ksar A 6Km au nord Sur colline date de 1840 Ksar géant de 380 Appartient Oui, bien Oui, il a Oui, très
Haddada de Ghomrassen cellules aux conservé, été intéressant.
sur la route de relativement Haddada actuelleme converti
Béni Khédache ancien, beau sur fondateurs nt sous la depuis
à 7Km. colline. de tutelle de 1968 en
Ghomrasse l’Institut gîtes et
n avec national du hôtel très
Berbères Patrimoine. original.
96. Ksar A une dizaine Ksar de 800 à 700 ans Circulaire 5 étages, Mourabitin Non Non Non
Mourabti de Km au Sud- montagne d’âge 160 cellules avec es
ne Est de troglodytes et
Ghomrassen pressoirs, très beau
et en bon état
97. Ksar Sur la route Ksar de Récent 1921 180 ghorfas dont Aux Oui 100 Non Non
Ouled Médenine- plaine 100 restaurées Ababsa ghorfas
Boubake Tataouine, un
r peu après Bir
Lahmar on
tourne à droite
(5Km)
98. Ksar A Ghomrassen Ksar de Construit en 1914 140 cellules Aux Non Non Non
Rousfa même plaine quelques une Ghomrasse
encore en usage n
99. Ksar Juste après Bir Ksar de Relativement 225 ghorfas dont Appartient Non Non Non
Timzayet Lahmar (à 6Km) montagne ancien construit 30en ruine, 3étages aux Ouled
sur la route de en 1820 avec troglodytes Yahya
Ksar Haddad,
sur piton
100. Ksar Au cœur de Sur colline 10ème ou 11ème 800ghorfas, Ghomrasse Non Non Non
Boughali Ghomrassen siècle 2étages n
Médenine
! 8!
101. Médenine Ksar de Sa construction En bon état, Ouerghem Oui Oui, Oui, c’est une
Ksars centre sur la plaine remonte au ma réhabilité escale touristique
Médenin route de Jerba début du XVI et occupé privilégiée de la
e ème siècle. par des ville de Médenine.
marchands
d’antiquité
s et de
produits
artisanaux
de la
région, au
cœur du
grand «
Souk » de
la ville.
102. Ksar Dans le village Petite Construit au En ruine Ouled Ali Non Non Non
El Oum Tamér colline 18ème siècle, Ouerjijen
Khoukha 100 ghorfs
(4étages)
106. Ksar A 3,5 Km Est Petite 18ème siècle, 75 ghorfas Ghbonton Non Non Non
Ghbonto du village Oum colline,
n Tamér
Délégation de Zarzis
107. Ksar Zarzis Centre Ksour de Selon Zaied Pas dénini Akkara Ces Ksour ont été mis hors de service, les
Ouled plaine (1992) les Ksour impératifs du développement ont même
Said de Zarzis se sont condamné ces Ksour à mort.
108. Ksar Zarzis Centre développé en
Ouled 1846
Bou Ali
! 9!
Annexe 2
Format du dossier électronique: Dossier de candidature max. 50 pages (hors annexes), max. 5Mo
par email, 50Mo par lien web (Dropbox, WeTransfer, etc.). Ne pas envoyer de dossier papier.
Echéancier: Les dépôts des candidatures ont lieu une fois par an entre le 1er octobre et le 30 novembre.
Une fois prêt, votre dossier de candidature complet et soigneusement mis en forme doit être
soumis par les mêmes voies officielles.
La trame présentée ci-dessous doit être suivie rigoureusement pour préparer le dossier de
candidature aux Géoparcs mondiaux UNESCO. Le dossier de candidature doit suivre très
exactement le format et les thèmes présentés ci-dessous, en soulignant les points forts et les
points faibles, et il sera soumis à un groupe d’experts indépendants qui l’étudiera. Les thèmes
abordés permettront de juger si le site candidat fonctionne déjà de facto comme un Géoparc, et
s’il remplit les critères qui permettent de devenir un Géoparc mondial UNESCO, auquel cas une
mission d’évaluation sera menée auprès du site candidat.
Si le dossier de candidature est considéré comme complet et prêt pour l’évaluation, le Conseil
des Géoparcs mondiaux UNESCO mandatera une mission d’évaluation sur le site candidat. Le
dossier candidat doit démontrer que le site a déjà fonctionné de facto comme un Géoparc
mondial depuis au moins un an. Merci de ne pas envoyer de brochures, publications, dépliants,
etc., ces documents seront fournis aux évaluateurs de terrain lors de leur visite sur le site.
A – Identification du territoire
1. Nom du Géoparc candidat
2. Localisation du Géoparc candidat (merci d’utiliser une carte standard de l’ONU avec les coordonnées
géographiques, les latitude et longitude)
3. Superficie, caractéristiques de géographie physique et humaine du Géoparc candidat
4. Organisme responsable et structure de gestion (description, fonction et organigramme) du Géoparc
candidat
5. Personne à contacter pour la candidature (nom, poste, tél/fax, e-mail)
B – Patrimoine géologique
1. Description de la géologie générale du Géoparc candidat
2. Liste et description des sites géologiques présents dans le Géoparc candidat
3. Détailler l’intérêt de ces sites selon leur portée internationale, nationale, régionale ou locale (par
exemple sur le plan scientifique, éducatif, esthétique)
4. Faire la liste et décrire les autres sites qui ont un intérêt pour le patrimoine naturel, culturel et
immatériel, de quelle façon ils sont liés aux sites géologiques et comment ils sont intégrés dans le
Géoparc candidat
D – Projet de fonctionnement et d’activités économiques (incluant les informations financières
détaillées)
1. Activité économique dans le Géoparc candidat
2. Equipements existants et prévus pour le Géoparc candidat (sensibilisation et éducation du public aux
géosciences, géotourisme, infrastructures touristiques etc.)
3. Analyse du potentiel géotouristique dans le Géoparc candidat
4. Présentation générale et politiques de développement durable concernant :
- le géo-tourisme et l’économie
- l’éducation (scolaire et populaire) aux géosciences
- le patrimoine géologique
Merci d’inclure des exemples qui illustrent les activités de ces secteurs
5. Politiques mise en œuvre pour favoriser la responsabilisation des populations et exemples concrets
de l’engagement des communautés (implication et consultation) dans le Géoparc candidat
6. Politiques mises en œuvre pour sensibiliser le public et les intervenants concernés par le Géoparc
candidat, donner des exemples
Annexe 3 : Un soutien explicite des autorités compétentes locales ou régionales et une lettre de soutien
de la Commission nationale pour l’UNESCO ou de l’organisme gouvernemental chargé des relations
avec l’UNESCO.
Annexe 4 : Une carte à grande échelle du territoire candidat Géoparc mondial UNESCO définissant
clairement les frontières du Géoparc candidat et indiquant tous les géosites, musées, villes et villages,
les autres sites ayant un intérêt pour le patrimoine culturel ou naturel, les équipements touristiques
incluant les centres d’information pour les visiteurs, les structures d’hébergement et de loisirs et les
transports publics. L’échelle idéale est au 1 :50 000, mais si toutefois votre pays ne peut pas être
cartographié à cette échelle, alors l’échelle la plus proche sera suffisante. En cas de chevauchement
avec d'autres désignations UNESCO (Patrimoine ondial, Réserves de biosphère), la zone de ces
désignations doit être clairement indiquée sur cette carte. Toutes les aires protégées (réserve nationale
ou régionale, parcs, etc ...) doivent être indiquées.
Annexe 5 : Un résumé géographique et géologique d’une page, comprenant une carte détaillée du
territoire candidat et sa localisation mentionnée sur une carte standard de l’ONU ainsi que les
coordonnées géographiques. (un modèle est disponible en ligne ici).
Contact:
Téléphone: + 33 (0) 1 45 68 41 17
+ 33 (0) 1 45 68 41 18
Email: pj.mckeever@unesco.org
Annexe 3 – Fiches descriptives des 29 géosites
!
1" Zone"humide"de"Sebkhet"Oum"Ez3Zessar"(site"Ramsar)" Valeur"universelle"
Coordonnées":!N!33.62685°!!E!10.44780°!
Altitude":!+2!m!à!–7!m!
Localisation:"Gouvernorat!de!Médenine;!
Délégation!de!Sidi!Makhlouf!"
Accès":!On!accède!au!site!par!des!pistes!dérivant!
de!la!route!régionale!116!reliant!Mareth!au!Jorf.!
Pour! atteindre! la! bordure! occidentale! de! la!
sebkha,!on!prend!la!route!goudronnée!longue!de!
8! km! jusqu’à! la! localité! d'El! Aouamer,! puis! une!
piste! de! 4,5! km! de! long.! Pour! accéder! à! la!
bordure!orientale,!on!prend!la!route!goudronnée!
vers! el! Grine,! longue! de! 1,3! km,! puis! des! pistes!
d’environ! 5! km! de! long.! Pour! atteindre! la!
bordure! méridionale,! on! emprunte! la! piste! qui!
dérive! de! la! route! 116! un! peu! au! nord! de! son!
intersection! avec! oued! Mjasser.! Cette! piste! est!
d’environ! 6!km! de! long.! Dans! tous! les! cas,! une!
marche! de! quelques! dizaines! ou! quelques!
centaines! de! mètres! est! nécessaire! pour!
atteindre!la!sebkha.!
Marais&maritimes,&chenal&de&marée&et&dune&sur&les&bordures&de&Sebkhet&Oum&Ez9Zessar&(photo&:&T.&Ben&Fraj)&
Brève"description"du"site""
Zone!humide!classée!site!Ramsar!d’intérêt!géomorphologique,!paysager,!environnemental!et!archéologique.&
Description"détaillée"
Le! complexe! des! zones! humides! couvrant! une! superficie! de! 9195! ha! comprend! Sebkhet! Oum! Ez`Zessar! et!
Sebkhet!El!Grine.!Il!est!classé!site!Ramsar!depuis!2013.!La!sebkha!Oum!Ez`Zessar,!avec!une!superficie!d’environ!
4500!ha,!offre!un!paysage!particulier!de!marais!maritimes.!Toutes!les!composantes!de!ce!type!de!côte!sont!
représentées! dans! ce! site:! slikke! et! schorre! étendus,! réseau! bien! développé! de! chenaux! de! marée! et!
végétation! halophile! dense! et! variée.! Ce! paysage! qui! domine! l’arrière! pays! de! tout! le! littoral! de! la! partie!
méridionale! du! Golfe! de! Gabès! est! resté! en! grande! partie! «!naturel!»! mis! à! part! quelques! activités!
anthropiques!de!pêche!traditionnelle!ou!d’élevage!de!camélidés.!En!plus!des!espèces!de!poissons!estuariens!
et!de!mammifères,!le!site!abrite!une!grande!variété!d'oiseaux,!d'où!son!intérêt!faunistique!et!ornithologique.!
Sur!les!bordures!de!ce!complexe!de!sebkhas!se!multiplient!les!sites!préhistoriques!de!la!période!néolithique!
qui!témoignent!d'une!occupation!humaine!de!cet!espace!lorsque!ces!marais!étaient!des!lagunes!pendant!une!
phase!de!transgression!marine!au!cours!de!l'Holocène!moyen.!Ce!site!offre!par!ses!paysages!spécifiques!une!
possibilité!pour!les!visites!académiques!et!scientifiques!sur!la!dynamique!morphologique!de!ce!milieu!littoral.!
Sebkhet! Oum! Ez`Zessar! constitue! un! site! particulièrement! attractif! pour! les! biologistes! et! les! ornithologues!
désireux!d'observer!les!groupes!d'oiseaux!migrateurs!faisant!halte!au!cours!de!leur!long!périple.!
Niveau"de"protection"et"menaces"
Sebkhet!Oum!Ez`Zessar!est!classée!zone!Ramsar!depuis!2013!(site!n°!2100).!C'est!un!site!protégé!qui!est!resté!
en!dehors!de!toutes!interventions!anthropiques!importantes.!
Références"principales"
Oueslati," A." 1993."Les!côtes!de!la!Tunisie!:!géomorphologie!et!environnement!et!aptitude!à!l’aménagement.!
Publication!de!la!Faculté!des!Sciences!Humaines!et!Sociales!de!Tunis,!387!p.
Ben"Fraj,"T.,"2012.!La!Jeffara!septentrionale!:!étude!de!l’évolution!géomorphologique!au!cours!du!Quaternaire.!
Thèse!de!doctorat!en!géographie,!Faculté!des!Sciences!Humaines!et!Sociales!de!Tunis,!333!p.!
Direction"Générale"des"Forêts,"2015.!Atlas!cartographique!des!aires!protégées!et!des!zones!humides!en!
Tunisie.!Tunis,!Direction!Générale!des!Forêts,!p.!34.!!
http://www.ramsar.org/fr/news/deux`sites`ramsar`tunisiens`de`plus`pour`la`jmz!!(consulté!le!3!janvier!2018)!
https://rsis.ramsar.org/ris/2100!(Base!de!données!Ramsar,!consultée!le!3!janvier!2018)!
2" Village"troglodytique"berbère"de"montagne"de"Tamazret" Valeur"régionale"
!
Coordonnées":!N!33.53667°!!E!009.86420°!
Altitude!:!473!m!
Localisation":!Gouvernorat!de!Gabès!;!Délégation!de!
Matmata!!
!
!
!!!!! !
Gauche':'Vue'générale'de'l'ancien'noyau'du'village'(photo':'H.'Ben'Ouezdou).''
Droite':'Vue'de'détail'(photo':'T.'Ben'Fraj)'
!
Brève"description"du"site"
Site!d’intérêt!paysager!constituant!l'un!des!rares!villages!berbérophones!de!montagne!encore!habités!et!
recelant!un!important!patrimoine!matériel!et!immatériel.!
Description"détaillée"
Situé!sur!le!revers!du!plateau!de!Djebel!Dahar,!le!village!de!Tamazret!offre!une!vue!panoramique!unique!sur!
l'immense!étendue!et!l'extrême!platitude!de!ce!plateau!caractérisé!par!une!morphologie!molle!de!collines,!de!
lanières! et! de! buttes! séparées! par! des! oueds! de! tailles! variables.! Cette! vue! panoramique! permet! aussi!
d'apercevoir,!par!beau!temps,!le!revers!de!la!chaîne!arquée!du!Tebaga!qui!se!dresse!d’el!Hamma!à!Kébili.!Les!
lanières! formées! par! les! couches! calcaires! s'inclinent! légèrement! vers! l'ouest! pour! supporter! les! champs! de!
dunes!du!Grand!Erg!Oriental.!Situé!à!une!altitude!plus!élevée!que!celles!des!autres!villages,!Tamazret!permet!
de!dominer!et!d'avoir!une!vue!sur!les!villages!de!Taouejjout!et!Zeraoua.!Les!vallées!étroites!et!bien!encaissées!
ont!été!aménagées!en!Jessour!et!créent!un!paysage!en!contraste!avec!l’aridité!remarquable!de!la!surface!du!
plateau.!
Le! village! de! Tamazret! présente! une! importante! richesse! en! matière! de! patrimoine! aussi! bien! matériel!
qu’immatériel.!Avec!les!villages!de!Taouejjout!et!Zeraoua,!ce!sont!les!seuls!endroits!dans!la!région!de!Matmata!
où!la!langue!berbère!est!encore!pratiquée!couramment.!Ce!village!berbérophone!constitue!un!type!particulier!
de! village! de! montagne,! différent! des! agglomérations! perchées! sur! les! crêtes,! et! présente! une! organisation!
urbanistique! complexe! et! originale,! ainsi! qu’une! richesse! sur! le! plan! architectural.! Le! noyau! historique! du!
!
village!occupe!le!sommet!d’une!butte!et!l’habitat!est!ordonné!sur!trois!rangées!qui!ceinturent!le!sommet!en!
suivant!les!courbes!de!niveau.!Les!maisons!possèdent!toujours!une!ou!plusieurs!pièces!excavées!dans!la!roche!
qui!forment!le!premier!noyau!d’habitation,!suivi!vers!l'extérieur!par!l’habitat!construit.!!
!
Niveau"de"protection"et"menaces"
Tamazret!est!un!village!encore!habité.!Les!constructions!anciennes!se!trouvent!protégées!et!entretenues!par!
les! habitants.! En! outre,! quelques! habitants! s'investissent! pour! protéger! le! patrimoine! culturel! du! village! et!
essayer!de!le!valoriser.!!
!
Références"principales"
Louis,"A.,"1972.!!Le!monde!berbère!de!l’extrême!sud!tunisien.!Revue!de!l’Occident!musulman!et!de!la!
Méditerranée,!11,!107a125.!http://www.persee.fr/docAsPDF/remmm_0035a1474_1972_num_11_1_1145.pdf!
Louis,"A.,"1975.!Tunisie!du!Sud,!Ksars!et!villages!de!crêtes.!Paris,!Editions!du!C.N.R.S.,!372!p.!
Boukhchim,"N.,"2011."L’urbanisme!et!l’architecture!à!Djebel!Matmata.!Thèse!de!doctorat!en!Sciences!du!
Patrimoine,!Faculté!des!Sciences!Humaines!et!Sociales!de!Tunis,!2!tomes,!700!p.!(en!arabe).
!
!
3" Cuvette"intramontagneuse"de"Matmata2Beni"Issa" Valeur"universelle"
!
Coordonnées":!N!33.56230°!!E!009.90612°!
Altitude":!448!m!
Localisation":! Gouvernorat! de! Gabès,! Délégations! de!
Matmata!et!Matmata!Nouvelle!(pour!Beni!Issa).!
Accès":!On!peut!atteindre!le!village!de!Matmata!ancienne!
par! trois! routes! régionales.! La! première! est! la! route!
régionale! 104! qui! relie! Matmata! à! la! ville! de! Médenine!
située! à! 64! km! en! passant! par! le! village! de! Toujène.! La!
deuxième! est! la! route! régionale! 107! reliant! Matmata!
ancienne! à! Matmata! Nouvelle! et! Gabès,! située! à! 15! km.!
La! troisième! est! la! route! régionale! 104! reliant! Matmata!
ancienne!à!l’oasis!de!Douz.!
La! vallée! de! Beni! Issa! ainsi! que! les! sites! qui! la!
caractérisent! sont! facilement! accessibles! en! voiture! par!
des! routes! asphaltées,! soit! du! nord! en! provenance! de!
Matmata! Nouvelle,! en! passant! par! Douiouira! et! le!
nouveau! village! de! Beni! Issa,! soit! du! uud! en! arrivant! de!
Matmata! ancienne.! Pour! atteindre! quelques! sites! des! !
tronçons! de! pistes! doivent! être! empruntés! et! des!
marches! de! quelques! dizaines,! voire! quelques! centaines!
de!mètres!sont!nécessaires.!
!
! !!! !!
Gauche':'Cuvette'et'village'de'Matmata'(photo':'T.'Ben'Fraj).'Droite':'Ksar'Beni'Issa'(photo':'H.'Ben'Ouezdou)'
!
Brève"description"du"site"
Cuvette!et!vallée!comblées!de!sables!fins!éoliens!formant!un!paysage!d'une!beauté!exceptionnelle,!d’un!grand!
intérêt! pour! la! compréhension! du! modèle! de! sédimentation! au! cours! de! l'évolution! géomorphologique! au!
cours!du!Quaternaire.!L'habitat!troglodytique!de!profondeur!et!les!aménagements!hydro_agricoles!en!Jessour!
forment!un!patrimoine!culturel!exceptionnel,!étroitement!lié!au!contexte!géomorphologique.!
Description"détaillée"
Le! site! est! très! riche! en! composantes! patrimoniales! originales.! C'est! d'abord! un! site! à! intérêt! paysager,! de!
beauté!exceptionnelle.!Il!s'agit!d'une!boucle!de!reliefs!formés!par!les!calcaires!du!Crétacé!supérieur!culminant!
à!556!m!au!niveau!de!Djebel!Zegrarine!qui!ceinturent!une!vallée!située!à!une!altitude!moyenne!de!250!m.!Aux!
environs!de!Matmata,!la!vallée!prend!l'aspect!d'une!cuvette.!Des!dénivellations!importantes!caractérisent!les!
versants! et! offrent! de! beaux! paysages.! Des! quantités! importantes! de! sables! fins! comblent! les! fonds! de! la!
cuvette!et!de!la!vallée.!Ces!dépôts,!reposant!en!discordance!sur!les!assises!du!Crétacé!supérieur,!ont!été!mis!
en! place! en! plusieurs! étapes! au! cours! de! différentes! périodes! du! Quaternaire.! Ils! présentent! un! intérêt!
scientifique! et! pédagogique! exceptionnel,! permettant! de! comprendre! l'évolution! géomorphologique! et!
sédimentologique! du! Sud_est! tunisien,! ainsi! que! pour! la! reconstitution! de! l'évolution! des!
paléoenvironnements!au!cours!du!Quaternaire.!
Le!site!est!densément!occupé!par!l'Homme.!Deux!types!d'aménagements!le!caractérisent.!Ils!sont!en!intime!
relation! avec! la! présence! de! ces! dépôts! de! sables! fins.! Le! premier! est! le! paysage! de! cratères! juxtaposés!
!
qu'offrent!les!habitats!troglodytiques!de!profondeur!creusés!dans!les!sables!fins!indurés.!A!côté!des!habitats,!
une! huilerie! troglodytique! encore! fonctionnelle! qui! transforme! les! récoltes! locales! d’olives! selon! des!
méthodes! traditionnelles! se! situe! près! de! l’agglomération! de! Beni! Issa.! Elle! constitue! un! patrimoine! très!
précieux!en!cours!de!disparition,!en!raison!de!la!grande!diffusion!des!huileries!modernes.!Le!deuxième!type!
d'aménagement! est! constitué! par! les! Jessour! aménagés! dans! les! ravins! et! qui! sont! le! siège! d’une! activité!
agricole!variée!(olivier,!palmiers,!figuiers…).!Dans!les!endroits!où!ces!épaisses!couches!de!sables!fins!n'ont!pas!
été!aménagées!en!Jessour,!s'imposent!des!paysages!originaux!sculptés!par!l’érosion!(Badlands).!
Sur!les!reliefs!qui!dominent!la!vallées!et!la!cuvette!de!Matmata,!se!multiplient!les!citadelles!(tel!que!Ksar!Beni!
Issa),!les!Galaas!(Galaat!Matmata,!Galaat!Mira...)!et!les!marabouts!(Zaouia!de!sidi!Ali!Azzouz,!Zaouia!de!Sidi!
Ayed,!Zaouia!de!Sidi!Ali!el!Bekkey).!Ces!constructions!forment!un!patrimoine!d'architecture!vernaculaire!très!
original.!Si!les!Galaas!et!les!citadelles!sont!abandonnés,!les!zaouia'sont,!par!contre,!entretenues!et!continuent!
à! attirer! des! visiteurs.! La! Zaouia! de! Sidi! Ayed! est! célèbre! dans! la! région! et! accueille! annuellement! au! mois!
d’août!la!visite!(Ziara)!des!partisans!de!la!confrérie!Issaouia.!
"
Niveau"de"protection"et"menaces"
Les!dépôts!de!sables!fins!ne!font!l’objet!d’aucune!protection!spécifique.!!
Les!composantes!patrimoniales!originales!du!site!de!Matmata_Beni!Issa!sont!relativement!bien!conservées!et!
entretenues! par! les! habitants,! comme! c'est! le! cas! de! l'ancien! village! de! Beni! Issa.! Dans! d'autres! cas,! ces!
composantes!se!trouvent!dans!un!état!de!dégradation!poussée!suite!à!leur!abandon,!tel!que!le!cas!de!Galaat!
Mira.!
Ainsi,!l'abandon!éventuel!et!progressif!des!habitats!troglodytiques,!des!villages!accrochés!aux!versants!et!des!
aménagements! hydro_agricoles! traditionnels! suite! à! la! diminution! de! la! population! liée! à! l’émigration!
constituent!un!risque!majeur!pour!la!conservation!du!patrimoine!culturel!associé!au!site.!!
!
Références"principales"
Regaya,"K.,"1985.!Etude!géologique!de!la!formation!des!limons!de!Matmata!(Sud!tunisien).!Revue!des!Sciences!
de!la!Terre,!INRST,!vol.!1,!132!p.!
Libaud," G.," 1986.! Symbolique! de! l’espace! et! habitat! chez! les! Beni_Aissa! (Sud_Tunisien).! Paris,! Editions! du!
C.N.R.S.,!220!p.!
Coude2Gaussen,"G.,"1989.!Les!poussières!sahariennes!et!leur!contribution!aux!sédimentations!désertiques!et!
péridésertiques.! Thèse! de! doctorat! d’Etat! ès! Sciences! naturelles,! Université! Pierre! et! Marie! Curie! (Paris! 6),!
721!p.!
Ben"Ouezdou,"H.,"2001."Découvrir!la!Tunisie!du!Sud!de!Matmata!à!Tataouine:!Ksour,!Jessour!et!Troglodytes.!
Tunis,!80!p.!
Boukhchim," N.," 2011." L’urbanisme! et! l’architecture! à! Djebel! Matmata.! Thèse! de! doctorat! en! Sciences! du!
Patrimoine,!Faculté!des!Sciences!Humaines!et!Sociales!de!Tunis,!2!tomes,!700!p.!(en!arabe).!
Boukhchim," N.," Ben" Fraj," T.," Reynard," E.," 2017.! Lateral! and! "vertico_lateral"! cave! dwellings! in! Haddej! and!
Guermessa.! Characteristic! geocultural! heritage! of! Southeast! Tunisia.! Geoheritage,! doi:10.1007/s12371_017_
0251_2"
!
!
4" Cuesta"de"Kef"Ennsoura" Valeur"régionale"
!
Coordonnées":"N!33.41083°!!E!10.15621°!
Altitude!:!713!m"
Localisation":!Gouvernorat!de!Médenine,!
Délégation!de!Béni!Khedache.!
Accès":! A! partir! du! village! de! Zmertène,! une!
piste! carrossable! récemment! aménagée! mène!
jusqu'aux!environs!de!Kef!Ennsoura.!Un!sentier!
long! de! 750! m! permet! de! traverser! un! col,!
d’escalader! le! versant! à! pente! forte! et!
d'atteindre!le!sommet.!!
!
!
!! !
Gauche':'Vue'panoramique'(vers'l'est)'à'partir'de'Kef'Ennsoura,'avec'au'premier'plan'des'installations'de'la'
Deuxième'guerre'mondiale'(ouvrage'de'DCA)'et'au'fond'la'plaine'de'la'Jeffara'et'Djebel'Tebaga.'Droite':'Vue'
vers'le'sud'sur'une'partie'du'Dahar'(photos':'T.'Ben'Fraj)'
!
Brève"description"du"site"
Plus!haut!sommet!du!Dahar!(713!m),!site!offrant!une!vue!unique!sur!la!plaine!de!la!Jeffara!et!permettant!de!
comprendre! l'organisation! des! différentes! formes! de! relief! de! cuesta! qui! constituent! la! région! du! Dahar,! de!
Matmata!à!Tataouine.!!
Description"détaillée"
Culminant!à!713!m,!Kef!Ennsoura!est!l'endroit!le!plus!haut!non!seulement!du!Djebel!Dahar,!mais!aussi!de!tout!
le! Sud[est! tunisien.! Grâce! à! cette! altitude,! de! magnifiques! vues! panoramiques! sont! offertes! dans! toutes! les!
directions!sur!une!bonne!partie!du!Sud[est!tunisien!et!du!Golfe!de!Gabès.!Vers!l’ouest!et!le!nord,!le!plateau!du!
Dahar!s’étend!à!l’horizon.!Vers!le!sud,!le!site!permet!d'avoir!une!vue!complète!sur!les!trois!ensembles!de!relief!
qui!forment!le!Sud[est!tunisien,!à!savoir!le!plateau!du!Dahar,!la!plaine!de!la!Jeffara!et!l'escarpement!qui!les!
sépare.! Quand! la! visibilité! est! bonne,! par! temps! clair,! les! villes! de! Médenine! et! de! Mareth! sont! nettement!
visibles.! Vers! l’est,! des! reliefs! moins! importants! donnent! l'impression! de! surgir! de! la! surface! de! la! plaine! et!
dressent!de!petits!alignements!de!Djebels,!perpendiculaires!au!relief!de!Kef!Ennsoura,!dont!le!plus!important!
est! le! fameux! Djebel! Tebaga,! unique! affleurement! d’âge! Permien! supérieur! (environ! 250!millions! d'années)!
!
marin!en!Afrique.!!
Par! l'effet! de! l'altitude! et! de! l'influence! maritime! du! Golfe! de! Gabès,! Kef! Ennsoura! est! marqué! par! un!
microclimat! particulier,! relativement! plus! humide! (220! mm/an! en! moyenne).! Ceci! le! distingue! du! reste! du!
Dahar,!ainsi!que!son!patrimoine!botanique.!Le!site!se!caractérise!par!la!richesse!et!la!biodiversité!de!sa!flore.!
'
Des! groupements! localisés! d’arbustes! de! genévrier! de! Phénicie' (Arâar' Hor, Juniperus' phoenice)' et! romarin'
(Klil,'Rosmarinus'officinalis,'var.'troglodytarum)'formant!une!garrigue!basse!ou!moyenne,!par!endroits!assez!
dense,! offrant! un! paysage! unique! dans! le! Djebel! Dahar.! Il! s'agit! probablement! d'un! état! dégradé! d’une!
ancienne! forêt! méditerranéenne! de! pin! d’Alep! et! de! genévrier! de! Phénicie! qui! a! connu! le! maximum! de! son!
développement!il!y!a!environ!6000!ans!lors!de!la!période!humide!du!Néolithique.'
Une! avifaune! très! diversifiée! trouve! refuge! dans! les! abris! offerts! par! les! versants.! Les! espèces! les! plus!
fréquentes!sont!l’aigle!royal,!les!huppes,!les!petits!«traquets»!à!tête!claire!et!de!nombreux!oiseaux!du!désert!
tels!que!le!sirli,!les!vols!de!gangas,!les!chouettes!chevêches…!Ceci!fait!de!Kef!Ennsoura!un!site!exceptionnel!
pour!les!ornithologues.!!
La!position!stratégique!de!Kef!Ennsoura!à!l'extrémité!ouest!dominant!la!fameuse!ligne!de!Mareth!a!fait!de!ce!
site!un!haut[lieur!de!l'histoire!militaire!contemporaine.!Kef!Ennsoura!a!joué!un!rôle!important!dans!la!bataille!
de! la! ligne! de! Mareth! au! cours! de! la! campagne! de! Tunisie! de! la! Deuxième! guerre! mondiale.! Le! site! recèle!
diverses!installations!militaires!encore!en!parfait!état!de!conservation!comprenant!des!tranchées,!des!murs,!
des!chambres!avec!des!portes!blindées,!des!emplacements!de!DCA...!
!
Niveau"de"protection"et"menaces"
Le! site! de! Kef! Ennsoura! n'est! fréquenté! qu'occasionnellement! par! les! habitants! des! villages! limitrophes! qui!
viennent!à!la!recherche!de!quelques!espèces!végétales!pour!des!fins!domestiques!et!médicinales.!La!richesse!
floristique!est!en!régression!continue!par!le!pâturage!et!surtout!par!la!coupe.!Un!action!de!protection!et!de!
gestion!de!l'exploitation!de!ces!ressources!peut!aider!à!les!protéger!en!plus!des!monuments!de!la!Deuxième!
guerre!mondiale!qui!peuvent!se!dégrader!davantage.!
!
Références"principales"
Hanafi,"A.,"2010."Steppes!et!systèmes!de!production!agro[pastoraux!au!nord!de!la!Jeffara!(Sud[est!tunisien)!:!
quelles!relations!dynamiques!?!Thèse!de!doctorat!en!géographie,!Faculté!des!Sciences!Humaines!et!Sociales!
de!Tunis.!Publications!de!la!Faculté!des!Lettres,!des!Arts!et!des!Humanités!de!Manouba,!326!p.!
Ben"Fraj,"T.,"2012.!La!Jeffara!septentrionale!:!étude!de!l’évolution!géomorphologique!au!cours!du!Quaternaire.!
Thèse!de!doctorat!en!géographie,!Faculté!des!Sciences!Humaines!et!Sociales!de!Tunis,!333!p.!
!
!
5" Site"sédimentologique"et"paléontologique"de"référence"du"Djebel"Tebaga" Valeur"universelle"
de"Médenine""
!
Coordonnées":!N!33.40739°!!E!010.17687°!
Altitude":"322!m"!
Localisation":!Gouvernorat!de!Médenine;!Délégation!
de!Beni!Khedache.!
Accès":! Le! site! est! facilement! accessible.! La! route!
goudronnée!(MC!104)!longe!le!flanc!nord!du!massif!
et!deux!autres!le!traversent.!Plusieurs!autres!pistes,!
carrossables! en! voitures! tout! terrain,! servent! les!
différents! secteurs! du! site.! Un! quart! d'heure! de!
marche!à!pied!est!parfois!nécessaire!pour!atteindre!
certains!gisements!fossilifères.!
!
!
Brève"description"du"site!
Site! sédimentologique! et! paléontologique! de! référence! et! réserve! botanique! d'intérêt! scientifique! et!
pédagogique,!présentant!également!un!intérêt!paysager!et!jouant!un!rôle!socio[économique!important.!
Description"détaillée"
Il!s'agit!d'un!massif!monoclinal!formant!un!chaînon!montagneux!long!de!3!km,!ayant!une!orientation!est[ouest!
et!aux!couches!inclinées!de!30°!vers!le!sud.!Avec!son!orientation!et!son!inclinaison,!nettement!différentes!de!
celles!des!escarpements!bordant!le!plateau!du!Dahar!qui!ont!une!orientation!subméridienne!et!une!structure!
tabulaire,!ce!massif!parait!émergé!au!sein!des!terrains!secondaires!résultant!d'une!histoire!géologique!autre!
que!celle!des!terrains!qui!l'entourent!et!qui!reposent!en!discordance!angulaire!sur!ses!strates!sédimentaires.!
En!effet,!le!Djebel!Tebaga!de!Médenine!est!constitué!par!des!formations!géologiques!d'âge!Permien!supérieur.!
C'est! le! massif! le! plus! ancien! en! Tunisie! et! il! constitue! l'unique! affleurement! de! Permien! supérieur! (environ!
250!millions! d'années)! marin! en! Afrique.! Il! fait! actuellement! l'objet! d'un! projet! de! réserve! géologique.! Ces!
terrains!sont!de!nature!marine!et!fossilisent!l'un!des!plus!importants!évènements!dans!l'histoire!géologique!du!
globe! terrestre!:! le! grand! rifting! qui! a! donné! naissance! à! l'océan! Téthys! et! qui! a! scindé! la! Pangée! en! deux!
super[plaques!:!la!plaque!de!la!Laurasie!au!nord!et!la!plaque!du!Gondwana!au!sud.!Les!fossiles!rencontrés!dans!
ces! terrains! permiens! sont! d'une! richesse! et! d'une! diversité! exceptionnelle! et! matérialisent! les! derniers!
organismes!du!Paléozoïque!avant!la!plus!grande!crise!biologique!de!tous!les!temps,!à!la!limite!Permien[Trias.!!
A!côté!des!éponges!et!des!coraux!qui!construisaient!dans!les!eaux!chaudes!et!claires!du!jeune!océan!Téthys,!de!
nombreux! et! importants! édifices! récifaux! qui! se! sont! fossilisés! dans! les! deux! principales! barres! de! calcaires!!
massifs! du! Djebel! Tebaga! connues! sous! les! noms! de! Bioherme! inférieur! et! Bioherme! supérieur,! on! note!
!
l'abondance!des!lys!de!mer!ou!crinoïdes,!des!niveaux!à!Bellérophons,!plusieurs!espèces!de!Fusulines!et!l'un!des!
derniers! représentants! des! Trilobites! et! unique! trilobite! tunisien:! Pseudophyllipsia! azzouzi.! Ce! trilobite! à! fait!
l'objet! d'un! timbre! postal! témoignant! d'une! volonté! de! mise! en! valeur! et! de! sauvegarde! du! patrimoine!
géologique!en!Tunisie.!
A!Halk!Jmel!affleure!la!série!la!plus!complète!du!passage!du!Paléozoïque!au!Mésozoïque.!Connue!sous!le!nom!
d’argiles! et! grès! de! Chiguimi,! cette! série! montre! à! sa! base! des! intercalations! marno[carbonatées! très!
fossilifères! avec! les! derniers! représentant! des! organismes! marins! du! Paléozoïque.! Elle! se! termine! par! une!
puissante! couche! d'argiles! rouges! et! de! sables! qui! matérialise! une! importante! régression! marine!
contemporaine!de!la!crise!de!biodiversité! responsable!de!l'extinction!la!plus!massive!de!toute!l'histoire!de!la!
Terre! avec! la! disparition! de! plus! de! 50! %! des! espèces! terrestres! et! de! 75! %! des! espèces! marines.! L'intense!
activité!volcanique,!ayant!accompagné!le!mouvement!de!rifting,!peut!en!être!la!cause!principale.!!!
!
Niveau"de"protection"et"menaces"
Actuellement! le! site! est! en! excellent! état! de! conservation! et! fait! l'objet! d'un! projet! de! réserve! géologique!
(toutefois!pas!concrétisé!pour!le!moment).!Comme!sont!très!sollicités!par!les!étudiants!et!chercheurs!tunisiens!
et!étrangers,!les!gisements!fossilifères!risquent!un!appauvrissement!qui!menacerait!la!richesse,!la!diversité!et!
l'intérêt!paléontologique!du!site.!!
Des! demandes! de! plus! en! plus! pressantes! pour! l'exploitation! des! roches! marbrières! offertes! par! les! deux!
barres! massives! de! calcaire! récifal! et! des! filons! d'Onyx! rencontrés! dans! les! ouvertures! d'origine! tectonique!
calcaires!menacent!également!le!site.!!
!
Références"principales"
Douville,"H.,"Solignac,"M.,"Berkaloff,"E.,"1933.!Découverte!du!Permien!marin!au!Djebel!Tebaga!(Extrême[Sud!
Tunisien).!C.R.!Acad.!Sci.,!196,!21[24.!
Solignac,"M.,"Douvillé,"H.,"Berkaloff,"E.,"Valette,"A.,"1934.!Le!Permien!marin!de!l'Extrême[Sud!Tunisien.!
Mémoires!du!Service!de!la!Carte!géologique!de!la!Tunisie,!1.!Tunis,!Imprimerie!J.!Aloccion,!101!p.!
Ciry,"R.,"Mathieu,"G.,"1947.!Sur!la!faune!des!calcaires!dits!à!Bellerophons!du!Permien!supérieur!de!l'Extrême!
Sud!Tunisien.!C.R.!Soc.!Geol.!France,!9,!189[191.!
Mathieu,"G.,"1949.!Contribution!à!l’étude!des!Monts!Troglodytes!dans!l'extrême!Sud[Tunisien.!Tunis,!Annales!
des!mines!et!de!la!géologie!générale!et!études!régionales,!4,!82!p.!
Termier,"H.,"Termier,"G.,"1955.!Contribution!à!l'étude!des!spongiaires!permiens!du!Djebel!Tébaga!(Extrême!
Sud!Tunisien).!Bull.!Soc.!Géol.!France,!6(5),!613[630.!
Newell,"N."D.,"Rigby,"J."K.,"Driggs,"A."F.,"Boyd,"D."W.,""Stehli,"F."G.,"1976.!Permian!reef!complex,!Tunisia.!
Brigham!Young!Univ.!Geol.!Studies,!23(1),!75[112.!
Termier,"H."Termier,"G.,"Vachard,"D.,"1977.!Monographie!paléontologique!des!affleurements!permiens!du!
Djebel!Tebaga!(Sud!Tunisien).!Stuttgart,!Paleontographica!Abteilung!A,!156,!109!p.!
Driggs,"A."F.,"1977.!The!petrology!of!three!Upper!Permian!bioherms,!southern!Tunisia.!Brigham!Young!Univ.!
Geol.!Studies,!24(1),!37[53.!
Ben"Youssef,"M.,"Biely,"A.,"Kamoun,"Y.,"Zouari,"M.,"1985.!L’Albien!moyen!supérieur!à!Knemiceras!forme!la!
base!de!la!grande!transgression!crétacée!au!Tebaga!de!Médenine!(Tunisie!méridionale).!C.R.!Acad.!Sci.,!300,!
965[968.!
Chaouachi,"C.,"1985.!Contribution!à!l'étude!des!paléoenvironnements!et!de!la!diagenèse!carbonatée!de!la!
série!permienne!du!Djebel!Tebaga!de!Médenine!(Sud!Tunisien).!Mémoire!de!D.E.A.,!Faculté!des!Sciences!de!
Tunis,!104!p.!
Khessibi,"M.,"1985.!Etude!sédimentologique!des!affleurements!permiens!du!Jebel!Tebaga!de!Médenine!(Sud!
Tunisien).!Bull.!Cent.!Rech.!Explor.!Prod.!Elf[Aquitaine,!9(2),!427[464.!
Toomey"D."F.,"1991.!Late!permian!reefs!of!Southern!!Tunisia:!Facies!patterns!!and!comparison!with!the!capital!
reef,!southwestern!United!States.!Facies,!25,!119[146.!!!
!
!
6" Front"de"cuesta"et"village"de"montagne"de"Toujène" Valeur"régionale"
!
Coordonnées":!N!33.46415°!!E!10.13416°!
!
Altitude":!491!m!
Localisation":!Gouvernorat!de!Gabès,!Délégation!de!
Mareth!
Accès":! L'accès! à! Toujène! est! facile,! soit! à! partir! de!
Mareth! en! passant! par! Tounine,! soit! à! partir! de!
Médenine! ou! de! Matmata! ancienne! par! la! route!
régionale!104.!
!
!
!
!
Gauche':'Vue'du'village'de'Toujène'accroché'au'front'de'la'cuesta.'Droite':'gorge'de'Toujène'
'(photos':H.'Ben'Ouezdou)!
!
Brève"description"du"site"
Paysage! exceptionnel! de! village! accroché! au! front! de! cuesta! au! niveau! de! laquelle! les! affleurements!
géologiques! sont! d'un! grand! intérêt! scientifique! et! pédagogique.! Ce! village! de! montagne! offre! une! richesse!
importante!sur!le!plan!archéologique,!architectural!et!du!peuplement.!
Description"détaillée"
Toujène!offre!un!paysage!exceptionnel,!caractéristique!des!villages!perchés,!accrochés!au!front!de!la!cuesta!
matérialisée! par! une! corniche! formée! par! les! dolomies! massives! du! Turonien.! Ces! dolomies! massives!
surmontent! un! ensemble! de! couches! plus! tendres! de! 250! m! d’épaisseur! dans! lesquelles! alternent! des!
dolomies!crayeuses,!des!marnes!et!du!gypse.!C’est!au!sommet!de!ces!couches!tendres!et!imperméables!et!à!
quelques! mètres! seulement! de! la! base! de! la! corniche! turonienne! que! le! village! a! été! installé! au! départ! non!
loin!des!sources!d’eau.!CellesTci!marquent!le!tropTplein!d’une!nappe!d’eau!logée!dans!les!dolomies!massives!
formant!la!corniche!et!le!revers.!Situé!en!contrebas!d'un!escarpement!rocheux!de!635!m!d'altitude!dominant!
la!vallée!de!l'oued!Toujène!située!à!300!m,!le!site!du!village!permet!d'admirer!un!beau!paysage!avec!une!vue!
panoramique!sur!la!partie!nord!de!la!plaine!de!la!Jeffara.!Une!deuxième!vue!panoramique!sur!le!canyon!de!
l'oued!Toujène!et!sur!le!village!est!offerte!par!les!sommets!qui!bordent!le!village!du!côté!nord!et!qui!culminent!
à!570!m!d'altitude.!Dans!sa!partie!amont,!l’oued!Toujène!a!échancré!l'escarpement!rocheux!et!a!façonné!une!
gorge!qui!permet!une!vue!«!en!cachette!»!sur!l'ensemble!de!la!vallée.!Ces!différentes!vues!offrent!un!paysage!
!
diversifié!associant!plusieurs!types!d'habitat!et!des!ravins!aménagés!en!Jessour.!
Le! site! de! Toujène! doit! son! originalité! géologique! aux! nombreuses! et! diverses! figures! de! glissement!
synsédimentaire! que! montrent! les! couches! carbonatées! cénomaniennes.! Ces! figures! d’instabilité! sont!
remarquablement!exposées!à!l’entrée!du!village,!en!bordure!de!la!route!MatmataTToujène.!
Sur! le! plan! archéologique,! architectural! et! urbanistique,! Toujène! est! un! site! original! dans! la! mesure! où! ses!
composantes! sont! riches! et! très! diversifiéeset! montrent! une! évolutiondatable! de! l’urbanisme.! Avec! son! site!
préhistorique,! ses! deux! citadelles,! ses! rangées! d’habitations! troglodytiqueses! et! semiTtroglodytiques,! ses!
mosquées,!ses!huileries!traditionnelles!et!ses!sources!d’eau,!il!constitue!un!modèle!de!l’occupation!du!milieu.!
"
Niveau"de"protection"et"menaces"
Les!composantes!géologiques!du!site!ne!bénéficient!d’aucune!protection.!
Les!composantes!patrimoniales!du!site!ne!sont!pas!protégées.!Seules!quelques!initiatives!privées!essayent!de!
protéger!ces!composantes!pour!leur!valorisation!dans!le!cadre!des!activités!commerciales!liées!au!tourisme.!
De!plus!l'abandon!du!village!constitue!unemenace!pour!ce!patrimoine!varié!qui!risqued’être!perdu.!!
!
Références"principales"
Louis,"A.,"1975.Tunisie!du!Sud,!Ksars!et!villages!de!crêtes.!Paris,!Editions!du!C.N.R.S.,!372!p.!
Bouaziz," S." 1986." La! déformation! dans! la! plateTforme! du! Sud! tunisien! (Dahar! et! Jeffara)!:! approche!
multiscalaire!et!pluridisciplinaire.!Thèse!de!doctorat,!Faculté!des!Sciences!de!Tunis,!180!p.!
Ben"Ouezdou,"H.,"2001."Découvrir!la!Tunisie!du!Sud!de!Matmata!à!Tataouine:!Ksour,!Jessour!et!Troglodytes.!
Tunis,!80!p.!
Boukhchim," N.," 2011." L’urbanisme! et! l’architecture! à! Djebel! Matmata.! Thèse! de! doctorat! en! Sciences! du!
Patrimoine,!Faculté!des!Sciences!Humaines!et!Sociales!de!Tunis,!2!tomes,!700!p.!(en!arabe).!
!
!
7" Cuesta"et"village"troglodytique"de"Zmertène" Valeur"nationale"
!
Coordonnées":!N!33.420098°!!E!10.130721°!!
Altitude":!551!m!
Localisation":!Gouvernorat!de!Gabès,!Délégation!de!
Mareth.!
Accès":! Une! route! goudronnée! dérivant! de! la! route!
régionale! 104! entre! l'ancien! village! de! Matmata! et!
Toujène!permet!d’atteindre!le!village!de!Zmertène.!
!
!
!
Gauche':'Vue'générale'sur'Bergoug(Photo':N.'Bouckchim).'Droite':'Jessour'dans'les'environs'de'Zmertène'
(photo':T.'Ben'Fraj)'
!
Brève"description"du"site"
Paysage!de!vallée!disséquant!le!revers!de!la!cuesta!du!Dahar,!avec!un!village!(Zmertène)au!patrimoine!culturel!
diversifié! où! coexistent! les! habitats! troglodytiques! de! profondeur! et! les! aménagements! hydroVagricoles! en!
Jessour.!
Description"détaillée"
Le! site! de! Zmertène! offre! un! paysage! spécifique! qui! résulte! de! l'association! de! plusieurs! composantes!
naturelles!et!anthropiques.!Situés!sur!le!revers!d'une!cuesta,!deux!noyaux!de!villages,!Bergoug!et!Zmertène,!
aujourd'hui!abandonnés,!témoignent!de!l'ancienneté!du!peuplement!dans!ce!site.!Perchés!sur!des!collines!et!
des!buttes,!ils!dominent!une!vallée!encaissée!qui!prend!sa!source!sur!les!hauteurs!de!Kef!Ennsoura,!le!point!
culminant!du!Dahar!à!713!m,!et!se!dirige!vers!l'ouest.!!
Les!villages!anciens!de!Zmertène!et!de!Bergoug!occupent!des!sites!défensifs.!Ils!comportent!un!habitat!semiV
troglodytique! latéral,! des! huileries,! une! mosquée! et! une! nécropole.! La! descente! de! la! population! de! ces!
villages!vers!la!vallée!a!conduit!à!l'élaboration!et!l'extension!d'un!habitat!troglodytique!de!profondeur!creusé!
et!aménagé!dans!les!sables!fins!quaternaires.!Actuellement,!des!maisons!totalement!construites!en!briques!et!
en! ciment! se! multiplient! pour! constituer! le! mode! d'habitat! dans! les! villages! récents! de! Zmertène! et! de!
Bergoug.!
L'oued! Zmertène! et! ses! affluents! sont! systématiquement! aménagés! en! Jessour! qui! recueillent! les! eaux! de!
ruissellement! et! les! sédiments.! Plantés! surtout! en! oliviers! de! diverses! variétés,! les! Jessour! portent! d'autres!
!
arbres! fruitiers! (amandiers,! abricotiers...)! ainsi! que! des! cultures! annuelles! (orge,! lentilles...).! Ils! sont! bien!
entretenus! et! offrent! un! paysage! particulier! fortement! anthropisé! constituant! des! espaces! de! verdure!
contrastant! avec! l'aridité! des! surfaces! structurales! dénudées! formées! par! le! revers! de! la! cuesta! et! le! plus!
souvent!découpées!en!lanières.!!
!
Niveau"de"protection"et"menaces"
Du!fait!que!Zmertène!soit!un!village!agricole,!la!composante!hydroVagricole!du!patrimoine!se!trouve!protégée!
et! bien! entretenue.! Par! contre,! les! sites! archéologiques! anciens! et! les! troglodytes! sont! de! plus! en! plus!
abandonnés!et!délaissés.!!
!
Références"principales"
Louis,"A.,"1975.Tunisie!du!Sud,!Ksars!et!villages!de!crêtes.!Paris,!Editions!du!C.N.R.S.,!372!p.!
Boukhchim,N.," 2011.L’urbanisme! et! l’architecture! à! Djebel! Matmata.! Thèse! de! doctorat! en! Sciences! du!
Patrimoine,!Faculté!des!Sciences!Humaines!et!Sociales!de!Tunis,!2!tomes,!700!p.!(en!arabe).!
Boukhchim,N.," 2015.Une! lecture! des! formes!de! peuplement! dans! le! site!de!Zmertene!à!Jebel!Matmata.!In!:!
Actes! du! Quatrième! colloque! international! du! Département! d’archéologie! «!Montagnes! et! plaines! dans! le!
bassin!méditerranéen!».!Faculté!des!Lettres!et!des!Sciences!Humaines!de!Kairouan,!pp.!57V76!(en!arabe).!
!
!
8" Oued"aménagé,"oasis"et"Ksar"el"Hallouf" Valeur"locale"
!
CoordonnéesN!33.291088°!!E!10.157141°!
Altitude":!448!m!
Localisation":!Gouvernorat!de!Médenine,!Délégation!
de!Beni!Khedache.!!
Accès":! Une! route! goudronnée! mène! de! Ksar! Jedid! à!
el! Bheyere! et! longe! la! vallée! de! l'oued! el! Hallouf!
jusqu'au!Ksar.!On!peut!y!accéder!également!par!Beni!
Khedache!et!Zammour.!
!
!
!
Gauche':'Vue'générale'sur'la'vallée'de'l'oued'el'Hallouf'avec'le'Ksar'au'premier'plan'et'l'oasis'au'second'
plan.Droite':'Jessour'bien'entretenus(Photos':H.'Ben'Ouezdou)'
!
Brève"description"du"site"
Vallée! disséquant! le! front! de! la! cuesta! du! Dahar! avec! une! variété! de! formes! structurales! et! d'héritages!
quaternaires.!Vallée!densément!occupée!par!les!aménagements!agricoles!en!Jessour,!avec!une!oasis!installée!
sur! une! source! d'eau! et! un! patrimoine! architectural! représenté! par! le! Ksar,! les! forteresses! et! les! habitats!
troglodytiques!dispersés.!
Description"détaillée"
Le!paysage!géomorphologique!est!celui!d’une!vallée!fortement!encaissée!dans!le!plateau!formant!le!revers!de!
la! cuesta! constitué! des! dolomies! du! Turonien.! Les! dénivellations! importantes! de! l'ordre! de! 300! m! entre! la!
surface!du!plateau!et!le!fond!de!la!vallée!de!l'oued!el!Hallouf!donne!un!aspect!particulier!au!paysage!avec!des!
versants!à!pente!forte!dont!la!régularité!est!souvent!trahie!par!des!paliers!liés!à!l'affleurement!de!bancs!de!
roches!dures!calcaires!ou!dolomitiques.!!
Des!aménagements!hydroYagricoles!de!type!Jessour!occupent!les!ravins!et!le!fond!de!la!vallée!colmatés!par!les!
sables! fins! éoliens! déposés! au! cours! du! Quaternaire.! Cette! technique! hydroYagricole! piègepartiellement! les!
alluvions!et!les!eaux!du!ruissellement!et!rend!possible!la!pratique!de!l’agriculture!dans!un!milieu!aride.!Cette!
activité!est!basée!essentiellement!sur!l'arboriculture!(olivier)!et!accessoirement!sur!la!céréaliculture.!
L’existence!d'une!oasis!constitue!une!particularité!du!site!de!l’oued!el!Hallouf.!Occupant!une!superficie!réduite!
d’environ!2!hectares!en!face!du!Ksar,!l'oasis!doit!son!existence!à!la!présence!d’une!nappe!d’eau!proche!de!la!
surface.! C'est! une! oasis! traditionnelle! de! montagne! qui! a! joué! un! rôle! important! pour! le! maintien! de! la!
!
population!locale!en!assurant!une!production!agricole!résultant!d’un!système!irrigué!en!complémentarité!avec!
les! produits! agricoles! fournis! par! les! Jessour.! Ainsi,! des! variétés! communes! de! palmiers! associées! à! des!
poiriers,!grenadiers,!pommiers!et!cultures!maraîchères!caractérisent!l’organisation!de!cette!oasis.!Toutes!ces!
variétés!représentent!un!patrimoine!génétique!exceptionnel!qui!a!évolué!en!autarcie!durant!des!siècles.!
Le! patrimoine! archéologique! et! architectural! est! matérialisé! par! le! Ksar! et! ses! dépendances! (huilerie,!
mosquée,! fours! à! chaux,! carrières! artisanales! de! gypse,! zaouia).! Ce! ksar! relève! de! la! catégorie! des! ksour! de!
2
montagne.!D’une!superficie!d'environ!7000!m ,!il!occupe!un!palier!calcaire!qui!surplombe!la!vallée!de!l’oued!el!
Hallouf!en!face!de!l'oasis.!Il!compte!200!ghorfas!organisées!en!deux!étages!ouvrant!sur!une!cour!spacieuse,!ce!
qui!le!distingue!des!autres!ksour!de!montagne.!Les!citadelles!parsemant!les!crêtes!et!les!buttes!assurent!un!
système!de!contrôle!et!d’alerte!précoce!pour!le!Ksar!qui!assure!le!rôle!de!grenier!collectif!pour!une!population!
appelée!à!se!déplacer!selon!les!saisons!à!l’est!ou!à!l’ouest!en!quête!de!terres!de!labour!ou!de!parcours.!"
!
Niveau"de"protection"et"menaces"
Avec!la!richesse!de!ses!composantes,!le!site!de!l'oued!el!Hallouf!nécessite!une!intervention!de!protection!et!
sauvegarde.!Mis!à!part!les!Jessour,!le!Ksar!affronte!des!processus!de!dégradation!liés!au!manque!d'entretien.!
Les!travaux!réalisés!actuellement!pour!la!réfection!des!ghorfas!sont!mal!menés!et!conduisent!à!la!défiguration!
de!ce!monument.!L'oasisest!actuellement!en!crise!en!raison!du!rabattement!du!niveau!de!la!nappe!et!de!la!
déprise!de!l’activité!rurale!dans!la!région.!
!
Références"principales"
Louis,"A.,"1975.Tunisie!du!Sud,!Ksars!et!villages!de!crêtes.!Paris,!Editions!du!C.N.R.S.,!372!p.!
Zaied,"A.,1992.Le!monde!des!Ksour!du!SudYest!tunisien.!Carthage,!Beit!El!Hikma,!268!p.!
Ben"Fraj,"T.,"2012.!La!Jeffara!septentrionale!:!étude!de!l’évolution!géomorphologique!au!cours!du!Quaternaire.!
Thèse!de!doctorat!en!géographie,!Faculté!des!Sciences!Humaines!et!Sociales!de!Tunis,!333!p.!
!
!
9" Butte'témoin"de"Kef"Mzenzen"et"Jessour"de"l’oued"Zammour" Valeur"nationale"
!
Coordonnées":!N!33.269318°!!E!10.204904°!
Altitude":!695!m!
Localisation":!Gouvernorat!de!Médenine,!Délégation!
de!Beni!Khedache!
Accès":! L’accès! au! village! de! Zammour! se! fait! par! la!
route!régionale!207!le!reliant!à!Beni!Khedache!ou!par!
la! route! goudronnée! secondaire! menant! à! Ksar! el!
Hallouf.!L'accès!à!Kef!Mzenzen!et!à!Ksar!Zammour!est!
assuré!par!une!piste!de!1,2!km!de!long!à!partir!de!la!
route! goudronnée! traversant! le! village! de! Zammour!
et!menant,!sur!250m,!jusqu'à!la!route!régionale!207.!
Le! sommet! de! Kef! Mzenzen! est! atteint! par! une!
escalade!assez!difficile,!de!150!m!de!long,!!en!suivant!
une!pente!forte.!
!
!
!
Gauche':'Butte+témoin'de'Kef'Mzenzen'dominant'la'vallée'de'l'oued'Zammour'(Photo':'H.'Ben'Ouezdou).'
Droite':'Vue'générale'sur'la'vallée'à'partir'du'sommet'de'la'butte(Photo':T.'Ben'Fraj).'
!
Brève"description"du"site"
ButteUtémoinformant! ledeuxième! sommet! du! Dahar! (695!m)! et! offrantune! vue! panoramique!
exceptionnelledans!toutes!les!directions,!ce!qui!permet!d'observer!plusieurs!types!de!paysage,!dontla!vallée!
de!Zammour!et!les!ravins!aménagés!en!Jessour!qui!sont!parmi!les!mieux!entretenus!du!Dahar.!
Description"détaillée"
La! butteUtémoin! de! Kef! Mzenzen! offre! des! vues! panoramiques! exceptionnelles.Culminant! à! 695! m,! elle!
constitue! le! deuxième! sommet! du! Djebel! Dahar,! après! Kef! Ennsoura! (713!m).! Kef! Mzenzen! offre! toutefois!
davantage!d'angles!de!vue!dans!toutes!les!directions,!ce!qui!permet!aux!visiteurs!d'admirer!plusieurs!types!de!
paysage.!Cette!butte!témoigne!du!recul!de!la!cuesta.!Elle!a!accueilli!une!des!citadelles!du!Djebel!Dahar!jouant!
durant!l'Histoire!un!rôle!capital!dans!la!surveillance!d’un!grand!espace!en!vue!d’assurer!sa!sécurité.!
Le!Ksar!Zammour!a!été!installé!sur!une!lanière!où!affleure!une!couche!calcaire.!Il!s’étend!sur!une!superficie!de!
2
3650! m ! et! domine! toute! la! vallée! de! l’oued! Zammour.! L’édification! de! ce! ksar! remonte! probablement! au!
e
début!du!XIX !siècle.!Ce!ksar!est!venu!relayer!d’autres!ksour!plus!anciens!tombés!en!ruine,!ce!qui!témoigne!de!
la! forte! densité! de! l’occupation! historique! de! ce! territoire.La! dualité! entre! le! ksar! luiUmême! et! la! citadelle!
donne!un!bon!exemple!d’aménagement!du!milieu,!d’adaptation!aux!conditions!naturelles!et!de!bonne!gestion!
de!l’espace.!
!
Les! aménagements! hydroUagricoles! (Jessour)! de! la! région! de! Zammour! sont! parmi! les! mieux! entretenus! du!
Dahar.! Ils! offrent! des! parcelles! portant! des! arbres! fruitiers! en! bon! état! et! en! pleine! production.! A! côté! de!
l'olivier,! le! figuier! est! un! arbre! très! répandu! dans! les! Jessour! de! Zammour! et! les! figues! constituent! ainsi! un!
élément!important!dans!les!traditions!culinairesde!la!région!(patrimoine!immatériel).!
!
Niveau"de"protection"et"menaces"
Les!jessour!de!Zammour!sont!très!bien!entretenus!et!supportent!une!agriculture!variée,!ce!qui!dénote!d'une!
attache!des!gens!à!leur!terre.!Cependant,!le!recours!de!plus!en!plus!à!la!mécanisation!des!travaux!de!réfection!
des! Jessour! constitue! un! défaut! majeur! qui! rend! les! ouvrages! plus! vulnérables! à! l'action! de! l'érosion.! Les!
composantes!naturelle!et!culturelle!du!site!nécessitent!des!actions!de!protection!et!de!sauvegarde.!Plusieurs!
efforts!ont!été!déployés!pour!la!réhabilitation!du!Ksar,!l'aménagement!d'un!accès!au!sommet!de!la!butte,!la!
mise! en! place! de! panneaux! de! présentation...! D'autres! se! sont! intéressés! à! la! valorisation! du! patrimoine!
matériel!et!immatériel,!telle!que!la!préservation!des!cultivars!locaux.!
!
Références"principales"
Louis,"A.,"1975.Tunisie!du!Sud,!Ksars!et!villages!de!crêtes.!Paris,!Editions!du!C.N.R.S.,!372!p.!
Zaied,"A.,"1992.Le!monde!des!Ksour!du!SudUest!tunisien.!Carthage,!Beit!El!Hikma,!268!p.!
Ben"Ouezdou,"H.,"2001."Découvrir!la!Tunisie!du!Sud!de!Matmata!à!Tataouine:!Ksour,!Jessour!et!Troglodytes.!
Tunis,!80!p.!
AJZ," 2008.! Projet! de! conservation! et! de! valorisation! des! espèces! autochtones! de! Zammour.! Document! non!
publié,!27!p.!
Moumni,"Y.,"Debbabi,"M.,"2009.!Projet!IRZOD!:!bilan!d’expérience!entre!la!vocation!agricole!et!la!valorisation!
touristique!d’une!zone!rurale!en!Tunisie!(Béni!Khédache).!In!:!Sghaier,!M.,!Khatteli,!H.,!Abaab,!A.!(eds).!Actes!
du! Colloque! international! «!Sociétés! en! transition! et! développement! local! en! zones! difficiles,! DELZOD!»,!
Djerba,! 22U24! avril.! Médenine,! Institut! des! Régions! Arides,! Laboratoire! d’Economie! et! Sociétés! Rurales,! pp.!
341U350.!http://www.ira.agrinet.tn/imgcommon/files/RRA%2031%20DELZOD.pdf!
!
!
10# Gisements#à#restes#de#dinosauriens#et#bois#fossiles#de#Biar#Oued#el#Khil#et# Valeur#régionale#
Djebel#Miteur##
!
Coordonnées#:!N!33.18864°!E!10.29249°!
Altitude!:!440!m!
Localisation#:!Gouvernorat!de!Médenine,!
Délégation!de!Beni!Khedache!
Accès#:! Le! site! est! servi! par! deux! routes!
goudronnées!et!plusieurs! pistes!carrossables.!Il!
est! par! conséquent! facilement! accessible! en!
véhicule.! Pour! atteindre! certains! gisements!
paléontologiques! ,! une! dizaine! de! minutes! de!
marche!à!pied!est!parfois!nécessaire.!
!
!
! Parc!des!dinosaures!
de!Djebel!Miteur!
Ksar!Kherachfa!
Brève#description#du#site!
Site!paléontologique!et!paléogéographique!à!gisements!de!dinosauriens!et!bois!fossiles!dans!les!sables!
grossiers!de!l’Albien!inférieur,!d'intérêt!scientifique!et!pédagogique,!présentant!également!un!intérêt!
géomorphologique!(cuesta)!et!culturel!(Jessour,!Ksar).!
Description#détaillée#
Le!site!est!marqué!par!un!paysage!correspondant!à!une!surface!disséquée!du!plateau!du!Dahar!et!découpée!
en! lanières,! buttes! et! collines.! Développées! de! part! et! d'autre! de! la! vallée! de! l'oued! el! Khil,! ces! différentes!
formes! sont! couronnées! de! corniches! surplombant! des! lits! d'oueds! étroits! et! profonds! souvent! en! canyons.!
Les! ravins! aménagés! en! Jessour! créent! un! fort! contraste! avec! les! versants! dénudés.! Situé! sur! une! lanière!
exiguë,!Ksar!Kherachfa!présente!une!petite!allure!massive!rappelant!celle!d’une!forteresse.!Il!est!très!riche!en!
composantes!:!des!huileries!souterraines,!des!ghorfas!en!étage,!une!mosquée,!un!registre!décoratif,!ainsi!que!
des!inscriptions.!Tout!ceci!confère!au!Ksar!une!authenticité!et!une!importante!valeur!patrimoniale.!
Aux! environs! de! ce! Ksar,! au! sein! de! la! nappe! des! sables! grossiers! qui! terminent! la! série! du! «!Continental!
Intercalaire!»,! ont! été! découverts! les! principaux! gisements! paléontologiques! de! dinosauriens! et! de! bois!
fossiles!du!Sud!de!la!Tunisie.!Il!s'agit!de!niveaux!conglomératiques!correspondant!à!d’anciennes!plages!à!galets!
de!l'Albien!inférieur!(il!y!a!environ!105!millions!d'années)!et!qui!marquent!la!base!de!ces!sables!grossiers.!En!
effet,!à!l'Albien!inférieur,!la!région!de!Ksar!Kherachfa!était!le!lieu!d'un!paysage!dominé!par!une!falaise!battue!
par!les!vagues!et!au!pied!de!laquelle!s'est!développée!une!plage!à!galets!(Taamallah,!2015).!Dans!cette!plage!
se! sont! accumulés! des! galets! de! grès! et! de! carbonates! mêlés! à! d'importants! restes! de! végétaux! et! de!
!
vertébrés!issus!de!la!flore!et!la!faune!qui!peuplaient,!au!cours!de!cette!période,!le!domaine!continental!mais!
aussi!des!organismes!du!!milieu!marin!ramenés!par!les!tempêtes!et!les!courants!de!marée.!
Dans! le! Sud! de! la! Tunisie,! des! côtes! à! falaises! ont! pris! naissance,! au! Crétacé! inférieur! au! moment! de!
l'ouverture!de!la!Téthys,!lorsque!des!blocs!lithosphériques!se!sont!soulevés!le!long!des!failles!préexistantes!en!
bordure!du!rift.!Des!phénomènes!de!régularisation!de!la!côte!et!de!transgression!marine!ont!alors!affecté!les!
terrains! émergés,! érodant! les! falaises,! rabotant! les! surfaces! inondées! et! donnant! naissance! à! des! plages! à!
galets.!Les!dépôts!conglomératiques,!laissés!par!ces!plages!à!galets,!reposent!en!discordance!sur!des!terrains!
du!Jurassiques!supérieur!(140!à!150!millions!d'années),!de!plus!en!plus!anciens!vers!le!nord,!matérialisant!ainsi!
une!importante!lacune!stratigraphique!au!passage!JurassiquebCrétacé.!!
Particulièrement!bien!développés!à!Ksar!Kherachfa,!dans!les!environs!de!Biar!Oued!el!Khil!et!à!Djebel!Miteur,!
ces! gisements! paléontologiques! ont! fait! l'objet! de! plusieurs! missions! de! fouilles! pour! la! datation! des!
formations! géologiques! et! pour! l'identification! de! la! faune! et! de! la! flore! nord! gondwanienne! au! Crétacé!
inférieur.!Les!échantillons!récoltés!sont!rangés!dans!les!collections!de!l'Office!National!des!Mines.!Ils!ont!livré!
une! riche! faune! de! vertébrés! fossiles! (comportant!:! Protolanina,! Ceratodus,! Lepidotes! cf.! Anoemodus,! cf.!
Caturus,!Neoceratodus!africanus)!et!de!reptiles!(Crocodylia!indet,!Carcharodontosaurus!saharicus,!Spinosaurus!
sp,!Sauropa!indet).!Cette!faune!a!confirmé!l’âge!Albien!inférieur!de!ces!sables!connus!par!les!géologues!sous!le!
nom!de!«!Grès!de!Chenini!».!
Pour! mettre! en! valeur! ces! gisements! paléontologiques! et! sensibiliser! le! public! à! l'importance! du! patrimoine!
géologique!dans!la!reconstitution!de!l'histoire!de!la!Terre,!les!autorités!tunisiennes!ont!érigé!sur!les!collines!de!
Djebel!Miteur!(dénommé!«!Parc!des!dinosaures!»)!deux!spécimens!grandeur!nature!d'un!dinosaure!sauropode!
adulte!de!la!famille!des!Iguanontidés!et!de!son!bébé!tels!qu'ils!sont!imaginés!par!un!artiste!plasticien!de!l'Ecole!
Supérieure!d'Architecture!et!des!Beaux!Arts!de!Tunis.!!
!
Niveau#de#protection#et#menaces#
Largement! appauvris! par! les! fouilles! menées! par! les! chercheurs! universitaires! et! les! géologues,! et! par! les!
collectes!par!les!visiteurs!amateurs!de!fossiles,!les!sites!paléontologiques!de!Biar!Oued!el!Khil!et!Djebel!Miteur!
sont!menacés!de!disparition!et!nécessitent!des!mesures!de!protection!urgentes!et!bien!étudiées.!!
Il!est!également!nécessaire!de!restaurer!l'accès!au!site!de!Djebel!Miteur!et!d’entretenir!le!grand!dinosaure!et!
reproduire! le! petit! qui! a! été! complètement! détruit! par! des! visiteurs! mal! intentionnés.! Il! faudrait! également!
mettre!en!place!des!panneaux!explicatifs!et!de!sensibilisation!nécessaires!pour!faire!comprendre!et!respecter!
le! patrimoine! géologique.! Une! autre! mesure! serait! l’ouverture! d’un! champ! de! fouilles! «!contrôlé!»! dans! la!
colline!de!Djebel!Miteur,!en!arrière!des!dinosaures,!afin!de!servir!de!lieu!de!démonstration!et!d’animation!du!
Parc! des! dinosaures.! Un! tel! aménagement! pourrait! faire! l'objet! de! visites! régulières! à! la! découverte! des!
vestiges!du!monde!perdu!des!lézards!géants.!!
!
Références#principales#
De# Lapparent,# A.# F.,# 1951.! Découverte! de! dinosauriens,! associés! à! une! faune! de! reptiles! et! de! poissons,! dans! le!
Crétacé!inférieur!de!l’extrême!sud!tunisien.!C.R.!Acad.!Sci.,!232,!1430b1432.!!
De#Lapparent,#A.#F.,#1960.!Les!dinosauriens!du!“Continental!Intercalaire”!du!Sahara!central.!Mém.!Soc.!Géol.!France,!
88,!1b57.!
Taquet,# P.,# 1980.! Succession! et! répartition! des! gisements! de! vertébrés! du! Crétacé! du! Sahara.! Mém.! Soc.! Géol.!
France,!139,!185b186.!
Bouaziz,#S.,#Buffetaut,#E.,#Ghanmi,#M.,#Jaeger,#J.#J.,#Martin,#M.,#Mazin,#J.#M.,#Tong,#H.,#1988.!Nouvelles!découvertes!
de!vertébrés!fossiles!dans!l’Albien!du!sud!tunisien.!Bull.!Soc.!Géol.!France,!4,!335b339.!
Ben# Ismaïl,# M.# H.# 1991.! Les! bassins! mésozoïques! (Trias! à! Aptien)! du! sud! de! la! Tunisie:! stratigraphie! intégrée,!
caractéristiques!géophysiques!et!évolution!géodynamique.!Thèse!de!doctorat,!Université!de!Tunis!I.!
Benton,#M.#J.,#Bouaziz,#S.,#Buffettaut,#E.,#Martill,#D.,#Ouaja,#M.,#Soussi,#M.,#Trueman,#C.,#2000.!Dinosaurs!and!other!
fossil! vertebrates! from! fluvial! deposits! in! the! Lower! Cretaceous! of! Southern! Tunisia.! Palaeogeography,!
Palaeoclimatology,!Palaeoecology,!157,!227b246.!
Cuny,#G.,#Ouaja,#M.,#Srarfi,#D.,#Schmitz#L.,#Buffetatu,#E.,#Benton,#M.#J.#2004.!Fossil!sharks!from!the!Early!Cretaceous!
of!Tunisia.!Revue!de!Paléobiologie,!9,!127b142.!
Srarfi,# D.,# Ouaja,# M.,# Buffetaut,# E.,# Cuny,# G.,# Barale,# G.,# Ferry,# S.,# Fara,# E.,# 2004.! Position! stratigraphique! des!
niveaux!à!vertébrés!du!Mésozoïque!du!SudbEst!de!la!Tunisie.!Notes!Serv.!Géol.!Tunisie,!72,!5b16.!
Srarfi,# D.,# 2006.! Biostratigraphie,! biodiversité,! taphonomie! and! paléoenvironnement! des! niveaux! à! vertébrés! du!
Jurassique–Crétacé! du! SudbEst! de! la! Tunisie.! Implications! paléobiogéographiques.! Thèse! de! doctorat,! Université!
!
Claude!Bernard,!Lyon!1.!
Cuny,# G.,# Cobbett,# A.,# Meunier,# F.,# Benton,# M.,# 2010.! Vertebrate! microremains! from! the! Early! Cretaceous! of!
southern!Tunisia.!Geobios,!43,!615b628.!
Fanti,# F.,# Contessi,# M.,# Franchi,# F.# 2012.! The! “Continental! Intercalaire”! of! southern! Tunisia:! Stratigraphy,!
paleontology,!and!paleoecology.!Journal!of!African!Earth!Sciences,!73/74,!1b23.!
Contessi,# M.,# 2013.!Paleontological!Studies!of!Cretaceous!Vertebrate!Fossil!Beds!in!the!Tataouine!Basin!(Southern!
Tunisia).!PhD!Thesis,!University!of!Bologna,!121!p.!
Taamallah,# M.,# 2015.# Apport! de! la! sédimentologie! de! faciès! et! de! l’analyse! séquentielle! à! la! reconstitution! des!
milieux!de!dépôt!des!gisements!à!plantes!et!restes!de!vertébrés!du!Jurassique!supérieur!–!Crétacé!inférieur!dans!le!
SudbEst!de!la!Tunisie.!Mastère!de!Géologie,!Faculté!des!Sciences!de!Gabès,!120!p.#
!
!
11" Récifs"jurassiques"de"l’Oued"Zaafrane" Valeur"nationale"
!
Coordonnées":!N!33.129546°!E10.296672°!
Altitude":!350m!
Localisation":!Gouvernorat!de!Tataouine,!
Délégation!de!Ghomrassen!
Accès":! Situé! au! bord! de! la! route! MC! 207!
reliant! Beni! Khedache! à! Ksar! Haddada! et!
Ghomrassen,! le! site! estfacilement! accessible!
en! véhicule.! Pour! voir! de! plus! près! les!
composantes! du! bioherme,! il! faut! 5!minutes!
de!descente!à!travers!les!parois!du!canyon.!
!
!
! Route!régionale!!n°207!
<!Equivalent!actuel!en!Mer!Rouge! Détail!des!éponges!bio[constructrices!
!
Brève"description"du"site!
Site!sédimentologique!et!paléogéographique!d'intérêt!scientifique!et!pédagogique,!intérêt!paysager!(canyon)!
Description"détaillée"
La!région!de!Ksar!Haddada!se!distingue!par!ses!édificesrécifaux!à!éponges!et!coraux!du!Jurassique!supérieur!
(Oxfordien:! [154! à! [146! MA).! Ces! récifs! constituent! une! barre! de! calcaires! massifs! qui! coiffent! la! falaise!
jurassique! et! forment! une! remarquable! cuesta! qu'on! peut! suivre! sur! environ! 200! km,! depuis! la! latitude! de!
Beni! Khedache,! au! Sud! du! Tebaga! de! Médenine,! jusqu’à! Dehibat,! à! la! frontière! tuniso[libyenne.!
Particulièrement! bien! exposée! dans! le! canyon! de! l'Oued! Zaafrane,! à! 3,8! km! au! Nord! de! Ksar! Haddada,! les!
calcaires! oxfordiens! montrent! de! nombreux! biohermes! à! éponges! et! coraux! (environ! une! centaine).Ils!
marquent! une! importante! élévation! du! niveau! de! la! mer! téthysienne,ayantinondé,! pour! la! première! fois! au!
cours! des! temps! mésozoïques,! une! grande! partie! de! la! plateforme! saharienne,et! indiquent! un! changement!
brutal! dans! l’hydrodynamisme! de! la! mer! jurassique! avec! une! structuration,! en! blocs! basculés,! de! son!
substratum! favorisant! l’apparition! de! paysages! récifauxrappelant! ceux! de! la! Mer! Rouge! actuellement! et! la!
mise! en! place! de! véritables! biohermes! qui! ont! tapissé,! il! ya! environs! 150! millions! d'années,! le! fond! de! la!
Téthys!à!Ghomrassen!et!ses!environs.!
Ainsi,!ces!biohermes!sont!les!témoins!des!évènements!tectoniques!qui!ont!précédé!le!grand!mouvement!de!
rifting! du! Jurassique! supérieur.! Celui[ci! est! responsable! d'une! longue! période! d'émersion! et! d'exposition! à!
l'érosion! de! la! plateforme! saharienne! matérialisée! par! la! grande! lacune! stratigraphique! qui! caractérise! le!!
passage!Jurassique![!Crétacé!dans!le!Sud!de!la!Tunisie.!
!
!
Niveau"de"protection"et"menaces"
Le!site!est!en!excellent!état!de!conservation.!Par!contre,!juste!au[dessus!du!bioherme!le!plus!représentatif!de!
ce!paysage!paléogéographique,à!Oued!Zaafrane,!on!note!ces!dernières!années!l'apparition!d'une!décharge!
non!contrôlée!qui!est!entrain!de!masquer!l'édifice!récifal!et!de!gâcher!le!paysage!naturel.!
!
Références"principales"
Peybernès," B.," Alméras," Y.," Ben" Youssef," M.," Kamoun," F.," Mello," J.," Rey," J.," Zargouni," F.," 1985.! Nouveaux!
éléments!de!datation!dans!le!Jurassique!du!Sud[Tunisien!(Plate[forme!saharienne).!C.R.!Acad.!Sci.,!300,!113[
118.!
Kamoun,"F.,"Peybernes,"B.,"Ben"Youssef,"M.,1987.!Analyse!biostratigraphique!et!sédimentologique!du!
Jurassique!de!l’Extrême!Sud!tunisien!(Plateforme!saharienne!et!abords!de!la!chaîne!permienne).!Revue!des!
Sciences!de!la!Terre,!Institut!National!de!Recherche!Scientifique!et!Technique,!6,!37[61.!
Kamoun," F.," 1988.! Le! Jurassique! du! Sud! tunisien,! témoin! de! la! marge! africaine! de! la! Téthys!:! stratigraphie,!
sédimentologie!et!micropaléontologie.!Thèse!de!doctorat,!Université!de!Toulouse,!2!vol.!
Ben"Ismaïl,"M."H."1991.!Les!bassins!mésozoïques!(Trias!à!Aptien)!du!sud!de!la!Tunisie:!stratigraphie!intégrée,!
caractéristiques!géophysiques!et!évolution!géodynamique.!Thèse!de!doctorat,!Université!de!Tunis!I.!
!
!
!
12# Site#paléontologique#à#restes#de#vertébrés#et#végétaux#fossiles#de#Bateun# Valeur#nationale#
Hmaïma#
!
Coordonnées#:!N!33.112536°!!E!10.263420°!
Altitude#:!350!m!
Localisation#:!Gouvernorat!de!Tataouine;!
Délégation!de!Ghomrassen!!
Accès#:!Accès#:!Le!site!est!facilement!accessible!
en!véhicule!par!plusieurs!pistes!carrossables!
reliant!Ksar!Ouled!el!Mehdi!à!Ghomrassen!et!à!
Ksar!Haddada.!On!peut!garer!le!véhicule!à!3!
minutres!de!marche!du!site.!!
!
!
!!
Brève#description#du#site!
Site!paléontologique!et!sédimentologique,!avec!deux!niveaux!fossilifères!à!restes!de!vertébrés!et!végétaux!
fossiles!de!l’Aptien!et!de!l’Albien!inférieur,!d'intérêt!scientifique!et!pédagogique,!présentant!également!un!
intérêt!géomorphologique!(butteVtémoin).!!
Description#détaillée#
Dégagé! par! une! carrière! artisanale! d'extraction! de! sable,! abandonnée! maintenant,! le! site! paléontologique! à!
restes! de! vertébrés! et! végétaux! fossiles! de! Bateun! Hmaïma! est! situé! au! pied! d'une! butteVtémoin! qui! se!
détache!de!Djebel!Miteur!et!correspond!au!prolongement!vers!le!sud!des!gisements!de!Biar!Oued!el!Khil!et!
Djebel! Miteur.! Il! se! distingue! de! ces! gisements! par! la! superposition! de! deux! niveaux! fossilifères! à! restes! de!
vertébrés! stratigraphiquement! différents! et! encadrés! par! trois! discontinuités! majeures! correspondant! à! des!
périodes!d'émersion!et!d'érosion.!!
Le! niveau! inférieur,! d'âge! Aptien! (V126! MA),! correspond! à! des! dépôts! estuariens! qui! sont! venus! remplir! des!
vallées!creusées!au!moment!des!phases!d'émersion.!La!dynamique!de!sédimentation!était!donc!dominée!par!
les! mécanismes! tidaux.! Les! fossiles! de! vertébrés! et! de! bois! de! conifères! et! de! fougères! font! partie! des!
conglomérats! et! sédiments! grossiers! déposés! au! fond! des! chenaux! qui! occupaient! ces! estuaires! et! qui!
mobilisaient! les! sédiments.! Les! fossiles! rencontrés! correspondent! à! de! nombreuses! plaques! dermiques! et!
dents!de!crocodiles!ainsi!que!des!vertèbres.!Les!carapaces!de!tortues!marines,!à!côté!des!dents!de!requins,!de!
dipneustes!abondent!aussi!dans!ce!niveau.!On!note!aussi!la!présence!de!dents!d’iguanodontidés,!ainsi!que!de!
rares!fragments!de!membres!de!sauropodes.!Les!bois!fossiles!sont!particulièrement!fréquents!à!la!base!de!ces!
!
chenaux!et!sont!parfois!longs!de!plusieurs!mètres,!indiquant!une!mobilisation!sur!une!courte!distance.!
Le! niveau! supérieur,! discordant! sur! le! précédent,! est! d'âge! Albien! inférieur! (V113! MA).! Il! est! constitué! de!
sables! grossiers! déposés! dans! des! environnements! littoraux! marqués! à! leur! base! par! des! dépôts! de! plage!
conglomératiques.! A! côté! des! fragments! de! troncs! de! bois! silicifiés,! on! note! la! présence! d'une! faune! assez!
abondante! de! vertébrés! fossiles,! indiquant! l’Albien,! qui! comprend! des! poissons! (Protolamna,! Cretodus! ?,! cf.!
Anoemodus,! cf.! Caturus,! Neoceratodus! africanus)! et! des! reptiles! (Crocodylia! indet.,! Carcharodontosaurus!
saharicus,!Spinosaurus!sp.,!Iguanodon!sp.,!Pterosaura!indet.,!...).!Il!s'agit!du!même!cortège!de!fossiles!de!faune!
et!de!flore!et!dans!le!même!contexte!de!dépôt!que!les!!niveaux!équivalents!à!Djebel!Miteur!et!Biar!Oued!el!
Khil,!confirmant!ainsi!la!nature!accidentée!du!paysage!du!Sud!de!la!Tunisie!au!cours!de!l'Albien!inférieur!et!une!
dynamique!de!sédimentation!dominée!principalement!par!la!houle.!!
!
Niveau#de#protection#et#menaces#
Le!site!est!en!excellent!état!de!conservation,!mais!les!éléments!paléontologiques!y!sont!devenus!très!rares,!en!
raison!des!nombreux!prélèvements.!Une!extension!de!l'ancienne!carrière!pourrait!permettre!l'enrichissement!
de!ce!site.!
!
Références#principales#
De#Lapparent,#A.#F.,#1951.!Découverte!de!dinosauriens,!associés!à!une!faune!de!reptiles!et!de!poissons,!dans!
le!Crétacé!inférieur!de!l’extrême!sud!tunisien.!C.R.!Acad.!Sci.,!232,!1430V1432.!!
Buffetaut,# E.,# Ouaja,# M.# 2002.! A! new! specimen! of! Spinosaurus! (Dinosauria,! Theropoda)! from! the! Lower!
Cretaceous!of!Tunisia,!with!remarks!on!the!evolutionary!history!of!the!Spinosauridae.!Bull.!Soc.!Géol.!France,!
173,!415V421.!
Ouaja,#M.,#2003.!Etude!sédimentologique!et!paléobotanique!du!Jurassique!moyenVCrétacé!inférieur!du!bassin!
de!Tataouine!(SudVEst!de!la!Tunisie).!Thèse!de!doctorat,!Université!ClaudeVBernard,!Lyon!1,!152!p.!
Srarfi,#D.,#Ouaja,#M.,#Buffetaut,#E.,#Cuny,#G.,#Barale,#G.,#Ferry,#S.,#Fara,#E.,#2004.!Position!stratigraphique!des!
niveaux!à!vertébrés!du!Mésozoïque!du!SudVEst!de!la!Tunisie.!Notes!Serv.!Géol.!Tunisie,!72,!5V16.!
Srarfi,#D.,#2006.!Biostratigraphie,!biodiversité,!taphonomie!and!paléoenvironnement!des!niveaux!à!vertébrés!
du! Jurassique–Crétacé! du! SudVEst! de! la! Tunisie.! Implications! paléobiogéographiques.! Thèse! de! doctorat,!
Université!Claude!Bernard,!Lyon!1.!
Bodin,#S.,#Petitpierre,#L.,#Wood,#J.,#Elkanouni,#I.,#Redfern,#J.,#2010.!Timing!of!early!to!midVcretaceous!tectonic!
phases!along!North!Africa:!New!insights!from!the!Jeffara!escarpment!(Libya–Tunisia).!Journal!of!African!Earth!
Sciences,!58,!489V506.!
Contessi,# M.,# 2013.! Paleontological! Studies! of! Cretaceous! Vertebrate! Fossil! Beds! in! the! Tataouine! Basin!
(Southern!Tunisia).!PhD!Thesis,!University!of!Bologna,!121!p.!
!!
!
13# Site#paléontologique#à#gisements#fossilifères#du#Jurassique#de#Beni#Ghedir# Valeur#nationale#
!
Coordonnées#:!N!33.081010°!!E!
10.347415°!
Altitude#:!350!m!
Localisation#:!Gouvernorat!de!Tataouine,!
Délégation!de!Ghomrassen!
Accès#:! La! vallée! est! traversée! par! une!
route! goudronnée! reliant! Ghomrassen! à!
Ksar! Haddada! au! nordGouestet! à! Graguer!
au! nordGest.! Pour! atteindre! les! sites!
paléontologiques,! une! escalade! à! pied!
d'une! dizaine! de! minutes! est! nécessaire!
dans!le!versant!de!la!vallée.!
!
!
Brève#description#du#site!!
Site!paléontologique!et!sédimentologique!d!intérêt!scientifique!et!pédagogique,!avec!intérêt!paysager!(front!
de!cuesta!et!vallée!aménagée,!patrimoine!hydraulique)!
Description#détaillée#
Le! site! de! Beni! Ghedir! correspond! à! une! large! vallée! encaissée! dans! les! calcaires! et! marnes! du! Jurassique!
moyen! à! supérieur! (Callovien! et! Oxfordien!:! 160! à! 150! millions! d'années).! Remarquablement! bien! exposées!
sur!les!versants!de!la!vallée,!les!strates!sédimentaires!qui!affleurent!à!Beni!Ghedir!se!sont!déposées!dans!un!
environnement!littoral!et!ont!bien!enregistré!les!hausses!et!les!baisses!du!niveau!de!la!mer!ainsi!que!les!effets!
des! variations! climatiques.! Comme! l'indiquent! les! nombreux! niveaux! à! fossiles! d'invertébrés! marins,ces!
strates!renferment!des!archives!précieuses!sur!la!richesse!et!la!biodiversité!des!écosystèmes!de!la!marge!sud!
téthysienne!et!sur!la!dynamique!de!sédimentation!responsable!de!la!mise!en!place!de!ces!terrains.!
Des!pistes!de!pattes!de!dinosaures!marquent!la!surface!de!certaines!dalles!calcaires!du!Callovien.!Il!s'agit!de!
calcaires!déposés!dans!des!eaux!marines!pelliculaires!qui!ne!couvraient!pas!la!totalité!du!territoire!du!Sud!de!
la!Tunisie!laissant!des!aires!continentales,!probablement!des!îles.!La!présence!de!fentes!de!dessiccation!et!des!
figures!d'échappement!de!gaz!à!la!surface!des!bancs!de!calcaire!indiquent!des!environnements!intertidaux!à!
supratidaux! permettant! la! communication! entre! les! terres! émergées.! Profitant! de! la! baisse! du! niveau! de! la!
mer,! un! troupeau! de! dinosaures! s'est,! sembleGtGil,! aventuré! sur! la! plateforme! carbonatée! asséchée! par! la!
chaleur,! soit! à! la! recherche! de! gibiers! marins! surpris! par! la! baisse! rapide! des! eaux,! soit! à! la! recherche! de!
!
fraîcheur! suite! à! une! période! de! grande! chaleur,! le! climat! étant! chaud,! comme! l'indiquent! les! fentes! de!
dessiccation! bien! développées! à! la! surface! des! bancs! calcaires! auGdessus! desquels! ont! été! découvertes! les!
pistes!des!dinosaures.!
Un!paysage!magnifique!est!offert!à!partir!de!la!surface!du!plateau!qui!permet!à!la!fois!de!dominer!l'ensemble!
de! la! vallée! de! Beni! Ghedir! et! d'avoir! des! vues! impressionnantes! dans! les! quatre! directions.! En! plus! de! son!
intérêt!géologique,!le!site!de!Beni!Ghedir!est!riche!en!composantes!diverses.!Il!présente!un!patrimoine!hydroG
agricole! particulier! associant! des! aménagements! en! Jessour! et! des! jardins! naguère! irrigués! par! des! puits! de!
2
surface.! Le! ksar! de! Beni! Ghedir! s'étend! sur! environ! 3480! m .! Il! constitue,! avec! les! citadelles! accrochées! aux!
sommets!des!reliefs,!les!éléments!archéologiques!du!patrimoine!historique!et!culturel!du!site.!
!
Niveau#de#protection#et#menaces#
Les! sites! paléontologiques! sont! en! bon! état! de! conservation.! La! majorité! des! parcelles! agricoles! comme! de!
nombreux! ouvrages! hydrauliques! (puits! et! jessour)! sont,! en! raison! de! leur! abandon,! entrain! de! subir! une!
sérieuse!dégradation.!Il!faut!noter!aussi!que!ces!dernières!années!une!décharge!non!contrôlée!a!pris!naissance!
à!l'entée!de!la!vallée!et!est!entrain!de!se!développerde!manière!rapide!vers!l'intérieur!de!la!vallée.!
!
Références#principales#
Busson,#G.,#1967.!Le!Mésozoïque!saharien.!1ère!partie:!l’ExtrêmeGSud!tunisien.!Paris,!Editions!du!C.N.R.S.!
Centre!de!Recherches!sur!les!zones!arides,!Série!Géologie,!8,!194!p.!
Peybernès,# B.,# Alméras,# Y.,# Ben# Youssef,# M.,# Kamoun,# F.,# Mello,# J.,# Rey,# J.,# Zargouni,# F.,# 1985.! Nouveaux!
éléments!de!datation!dans!le!Jurassique!du!SudGTunisien!(PlateGforme!saharienne).!C.R.!Acad.!Sci.,!300,!113G
118.!
Kamoun,# F.,# 1988.! Le! Jurassique! du! Sud! tunisien,! témoin! de! la! marge! africaine! de! la! Téthys!:! stratigraphie,!
sédimentologie!et!micropaléontologie.!Thèse!de!doctorat,!Université!de!Toulouse,!2!vol.!
Ben#Ismaïl,#M.#H.#1991.!Les!bassins!mésozoïques!(Trias!à!Aptien)!du!sud!de!la!Tunisie:!stratigraphie!intégrée,!
caractéristiques!géophysiques!et!évolution!géodynamique.!Thèse!de!doctorat,!Université!de!Tunis!I.!
Contessi,# M.,# Fanti,# F.,# 2012.! Vertebrate! tracksites! assemblages! in! the! Middle! JurassicGUpper! Cretaceous! of!
South!Tunisia.!Ichnos,!19,!211G227.!
!
!
14# Cuesta#et#village#troglodytique#de#Guermessa# Valeur#régionale#
!
Coordonnées#:!N!32.983664°!!E!010.251914°! !
Altitude#:!470!m!
Localisation#:! Gouvernorat! de! Tataouine,! Délégation! de!
Ghomrassen!
Accès#:!On!accède!au!site!par!plusieurs!routes!locales!et!
pistes.! La! première! route,! de! 20! km,! dérive! de! la! route!
régionale! 207! reliant! Tataouine! à! Ghomrassen.! La!
deuxième,! de! 10! km,! relie! Guermessa! au! village! d'el!
Ferch.! La! troisième! fait! 11! km! et! part! de! K'hil! vers!
Guermessa! en! provenance! de! Ghomrassen.! Enfin,! une!
piste! de! 5,5! km! relie! les! routes! locales! menant! de!
Tataouine! vers! Guermessa! et! Chenini! et! permet! de!
raccourcir!le!passage!entre!les!deux!villages.!
!
!
!
!
Gauche':'Vue'générale'sur'le'front'de'la'cuesta'devancé'par'la'butte'de'Ras'el'Motmana'et'l'avant;butte'
d'Errbiba(Photo':T.'Ben'Fraj).''
Droite':'Butte;témoin'de'Rass'el'Motmana'et'ses'rangées'd'habitations'(Photo':H.'Ben'Ouezdou)'
!
Brève#description#du#site#
Paysage!géomorphologique!de!cuesta!double!avec!front,!butte!et!avantVbutte,!d'intérêt!pédagogique!pour!les!
études! géomorphologiques! et! sédimentologiques,! extrêmement! riche! en! composantes! patrimoniales!
culturelles(Galaa,! Ksar,! mosquée,! huilerie,! habitations! troglodytiques),! intégrées! au! contexte!
géomorphologique.!
Description#détaillée#
Situé! à! des! altitudes! de! 450! à! 500!m! et! installé! sur! les! assises! carbonatées! du! Crétacé! supérieur,! le! site! de!
Guermessa!est!original!par!la!géomorphologie!complexe!de!cuesta!double!et!par!la!beauté!des!paysages!qu'il!
offre!en!dominant!la!plaine!d'el!Ferch!(marquée!par!ses!affleurements!discontinus!de!sables!et!d'argiles!à!bois!
fossiles! et! restes! de! vertébrés! du! «!Continental! intercalaire!»)! et! la! vallée! de! l'oued! el! Guermessi! situées! à!
300!m!d’altitude.!Le!paysage!morphologique!associe!plusieurs!formes!structurales!de!cuesta!double,!fronts!de!
cuesta,!corniches,!butteVtémoin,!avantVbutte!et!un!revers!qui!constitue!le!Djebel!Dahar!et!dessine!le!plus!vaste!
plateau! de! la! plateforme! saharienne.! Au! niveau! des! versants! de! ces! reliefs! affleurent! plusieurs! couches! de!
nature!variées!(Albien!supérieur!(97!millions!d'années)!V!Turonien!(90!millions!d'années)).!En!bas!des!versants,!
les! couches! continentales! formées! de! grès,! de! sables! et! d’argiles! sont! riches! en! bois! fossiles! et! restes! de!
vertébrés! du! Jurassique! supérieurVCrétacé! inférieur! («!Continental! intercalaire!»).! Les! couches! géologiques!
carbonatées! et! évaporitiques! affleurantes! dans! la! cuesta! double! de! Guermessa! et! les! formes! structurales!
!
associées!sont!ainsi!d'un!grand!intérêt!scientifique!et!pédagogique.!
Le!village!de!Guermessa!est!bien!dissimulé!en!s'incrustant!dans!les!alternances!de!couches!dures!et!tendres!qui!
s'interposent!entre!la!couche!dolomitique!litée!de!l'Albien!supérieur!à!la!base!et!la!dalle!de!dolomie!massive!du!
Turonien! au! sommet.Le! site! se! distingue! également! par! la! multiplication! des! aménagements! hydrauliques!
(Majel! et! Fesguia),! ainsi! que! par! les! aménagements! hydroVagricoles! en! Jessour! dans! les! fonds! des! oueds! et!
ravins.!
Ce! village! troglodytique! est! bien! intégré! dans! son! environnement! naturel.! Organisé! en! rangées! de! maisons!
troglodytiques! latérales! creusées! entre! les! couches! géologiques! suivant! leurs! limites! stratigraphiques! et!
utilisant!les!matériaux!de!leurs!roches,!il!est!en!parfaite!harmonie!avec!la!morphologie!et!la!géologie!du!site.!Le!
village! est,! en! outre,! extrêmement! riche! en! composantes! patrimoniales!:! Galaa,! Ksar,! mosquée,! huilerie,!
habitations!troglodytiques,!nécropoles.!!
Le!site!de!Guermassa!constitue!ainsi!un!modèle!authentique!de!l’organisation!et!de!la!maîtrise!de!l’espace!et!un!
parfait! exemple,! très! pédagogique,! de! site! géoculturel.! Il! présente! également! grand! intérêt! scientifique! et!
pédagogique!pour!la!compréhension!de!la!dynamique!de!sédimentation!et!des!évènements!tectoniques!qui!ont!
accompagné!la!plus!grande!transgression!de!la!plateforme!saharienne!par!les!eaux!de!la!Téthys!à!cette!époque!
géologique!(100!à!90!millions!d'années).!
#
Niveau#de#protection#et#menaces#
Malgré!ses!potentialités!géopatrimoniales,!le!site!de!Guermassa!n'a!fait!l'objet!d'aucune!initiative!de!protection!
et!de!sauvegarde.!Il!est!menacé!par!le!risque!de!dégradation!suite!à!son!abandon!total.!
!
Références#principales#
Louis,#A.,#1975.Tunisie!du!Sud,!Ksars!et!villages!de!crêtes.!Paris,!Editions!du!C.N.R.S.,!372!p.!
Zaied,#A.,#1992.Le!monde!des!Ksour!du!SudVest!tunisien.!Carthage,!Beit!El!Hikma,!268!p.!!
Ben# Ouezdou,# H.,# 2001.# Découvrir! la! Tunisie! du! Sud! de! Matmata! à! Tataouine:! Ksour,! Jessour! et! Troglodytes.!
Tunis,!80!p.!
Boukhchim,# N.,# Ben# Fraj,# T.,# Reynard,# E.,# 2017.! Lateral! and! "verticoVlateral"! cave! dwellings! in! Haddej! and!
Guermessa.! Characteristic! geocultural! heritage! of! Southeast! Tunisia.! Geoheritage,! doi:10.1007/s12371V017V
0251V2#
!
!
!
15# Site#paysager#deKsar#Mrabtine# Valeur#nationale#
!
Coordonnées#:!N!33.031659°!!E!10.377035°!!
Altitude#:!385!m!
Localisation#:!Gouvernorat!de!Tataouine,Délégation!
de!Ghomrassen!
Accès#:!Une!route!goudronnée!de!3,2!km!mène!à!la!
localité! du! Ksar! Mrabtine! à! partir! de! la! route!
régionale! 121! reliant! Ghomrassen! à! Tataouine.! A!
partir! de! cette! localité,! une! piste! carrossable! de!
750!m!permet!d'atteindre!le!Ksar.!
!
!
!
!
Gauche':'Vue'générale'du'Ksar'Mrabtine'et'ses'composantes'dans'leur'contexte'paysager'(Photo':'T.'Ben'Fraj).'
Droite:'Vue'de'l'intérieur'du'Ksar'(Photo':H.'Ben'Ouezdou)'
!
Brève#description#du#site#
Site! paysager! offrantdes! vues! panoramiques! dans! toutes! les! directions,! remarquable! par! la! richesse! et! la!
diversité! de! ses! composantes! patrimoniales! culturelles! et! par! la! présence! d’affleurements! à! intérêt!
paléontologique.!
Description#détaillée#
Le!site!de!Ksar!Mrabtine!est!situé!sur!l'une!des!lanières!d'interfluve!du!plateau!jurassique!de!Ghomrassen.!Le!
paysage!est!marqué!par!la!puissante!dalle!de!calcaire!massif!récifal!d'âge!Jurassique!supérieur!(Oxfordien,!150!
millions! d'années).! Sur! le! front! de! la! cuesta,! de! nombreuses! couches! de! marnes! et! de! calcaires! marneux!
tendres!s'intercalent!entre!les!bancs!de!calcaires!bioclastiques!plus!indurés.!Le!Ksar!Mrabtine!a!été!installé!sur!
l'une! des! dalles! de! calcaires! bioclastiques! bien! indurée! et! massive! de! 1,5! m! d'épaisseur! formant! un! replat!
s'avançant! du! front! de! la! cuesta.! Sous! le! Ksar,! tout! un! étage! de! maisons! et! de! huileries! troglodytiques! se!
servent!de!cette!dalle!comme!toit.!De!part!et!d'autre!de!cette!dalle!repère,!des!couches!fossilifères!montrent!
plusieurs!variétés!de!gastéropodes,!de!lamellibranches,!d'échinodermes,!ainsi!que!des!plaques!de!crocodiliens!!
et! dents! de! requins! dans! les! couches! marno^silteuses! du! Jurassique! moyen! et! supérieur,! entre! 160! et! 150!
millions!d'années.!Le!marabout!de!Sidi'Abdallah'Dhouib'est!installé!sur!une!dalle!calcaire!montrant!des!fentes!
de!dessiccation!et!des!traces!de!pattes!de!dinosaures.!!
Le!site!de!Ksar!Mrabtine!est!remarquable!par!la!richesse!et!la!diversité!de!ses!composantes!archéologiques!et!
!
celles!relatives!à!l'aménagement!du!milieu.!Les!fonds!des!ravinssont!aménagés!en!Jessour,!témoignant!d’un!
savoir^faire!empirique!et!traditionnel!dans!la!mobilisation!des!eaux!et!la!gestion!des!sols.!!
La!Galaa,!le!Ksar,!les!nombreuses!huileries!souterraines,!les!maisons!troglodytiques!ainsi!que!la!petite!Zaouia!
sur! le! versant! occidental! de! l'interfluve! de! Mrabtine! sont! des! éléments! qui! forment! un! véritable! village! de!
montagne!aujourd’hui!abandonné,!faisant!ainsi!partie!du!patrimoine!culturel!de!la!région.!
Le! Ksar,! d'aspect! massif,! est! l’un! des! ksour! les! plus! impressionnants! et! les! plus! originaux! de! tout! le! Djebel!
Dahar.! Avec! 160! ghorfas! disposées! en! quatre! étages! sur! un! espace! réduit,! il! prend! l'allure! d'une! ruche.! Les!
huileries! souterraines! au! nombre! de! dix! témoignent! du! rôle! important,! à! l'échelle! de! la! région,de! l’ancien!
village!de!Mrabtine!dans!l’extraction!de!l’huile!d'olive.!Les!aménagements!hydro^agricoles,!matérialisés!par!les!
Jessour,! installés! dans! un! contexte! climatique! aride! renforcent! la! richesse! du! patrimoine! matériel! local! et!
constituent!un!élément!de!la!diversité!paysagère!du!site!de!Ksar!Mrabtine.!!
Le!site!de!Ksar!Mrabtine!représente!ainsi!un!cas!d'école!en!matière!de!gestion!et!de!maîtrise!de!l'espace.!
#
Niveau#de#protection#et#menaces#
Le! site! de! Ksar! Mrabtine! présente! plusieurs! signes! de! dégradation! liés! à! son! abandon.! Les! habitats!
troglodytiques! et! les! huileries! souterraines! affrontent! le! risque! de! chute! de! blocs! et! d'effondrement! de!
portions! des! toits.! Aux! alentours,! la! composante! hydro^agricole! montre! plusieurs! signe! de! dégradation! des!
Jessour.Le!monument!de!Ksar!Mrabtine!a!bénéficié!de!l'effort!d'une!association!locale!pour!son!entretien.!
!
Références#principales#
Zaied,#A.,#1992.Le!monde!des!Ksour!du!Sud^est!tunisien.!Carthage,!Beit!El!Hikma,!268!p.!!
Ben#Ouezdou,#H.,#2001.#Découvrir!la!Tunisie!du!Sud!de!Matmata!à!Tataouine:!Ksour,!Jessour!et!Troglodytes.!
Tunis,!80!p.!
Ghourabi,#H.,#Anane,#N.,#2008.#Projet!de!restauration!et!de!mise!en!valeur!du!Ksar!El^Mrabtine.!Projet!de!fin!
d’étude!de!l'Institut!supérieur!des!technologies!de!l’environnement,!de!l’urbanisme!et!du!bâtiment!(ISTEUB),!
Tunis.!
!
!
!
16# Cuesta#et#village#troglodytique#berbère#de#Chenini# Valeur#universelle#
!
Coordonnées#:!N!32.912336°!!E!10.262629°!
Altitude!:!466!m!
Localisation#:!Gouvernorat!de!Tataouine,!
Délégation!de!Tataouine!Sud.!
Accès#:! On! accède! au! site! de! Chenini! soit! par! une!
route!le!reliant!à!la!ville!de!Tataouine,!soit!par!une!
route! qui! le! relie! au! village! troglodytique! de!
Douiret.!Une!piste!relie!le!village!de!Chenini!à!Ksar!
Ghilane.!
!
!
!
!
Gauche':Vue'généralede'la'vallée'de'Chenini'et'de'la'butte'portant'le'village'et'le'Ksar9citadelle'(Photo':H.'Ben'
Ouezdou).'Droite':'Le'Ksar'citadelle,'les'rangées'd'habitations'et'la'mosquée(Photo':T.'Ben'Fraj).'
!
Brève#description#du#site#
Paysage! structuralpermettant! d’observer! toutes! les! formes! d’un! relief! de! cuesta! (corniche,! butte! et! avantS
butte),! site! paléontologique! d'intérêt! pédagogique! avec! traces! de! pattes! de! dinosaures! etdernier! village!
troglodytique! de! montagne! du! Djebel! Dahar! encore! habité,! recelant! un! riche! patrimoine! architectural,!
archéologique,!hydroSagricole!et!anthropologique,!parfaitement!intégré!au!contexte!géomorphologique.!!
Description#détaillée#
Un!paysage!naturel!exceptionnel,!varié!et!riche!caractérise!le!site!de!Chenini.!Front!de!cuesta,!corniche,!butteS
témoin,! cuesta! double! et! vallée! encaissée! sont! des! formes! structurales! d'intérêt! pédagogique,! qui! peuvent!
facilement! être! identifiées! et! observées.! Les! sommets! de! ces! formes! de! relief! situés! à! 550! m! permettent!
d'avoir! une! vue! panoramique! sur! l'ensemble! de! la! plaine! d'el! Ferch! qu'il! domine! avec! des! dénivellations! de!
l'ordre!de!250!m.!Au!niveau!des!versants,!les!couches!géologiques!du!Cénomanien!présentent!des!alternances!
de! marnes! et! de! gypse! d'une! part! et! de! dalles! indurées! de! dolomies! d’autre! part.! Ces! affleurements!
permettent!une!reconstitution!de!l'histoire!géologique!au!cours!du!Crétacé,!période!durant!laquelle!ont!vécu!
les! dinosaures! qui! ont! laissé! des! traces! de! pattes! observables! dans! les! roches! carbonatées.! Ces! traces! sont!
bien!visibles!à!la!base!des!bancs!carbonatés!qui!supportent!le!mausolée!des!Sept!Dormantset!sur!la!surface!
des!blocs!détachés!sur!le!versant!de!l'escarpement.!
Un!îlot!de!matorral!bas!à!romarin!(Klil,'Rosmarinus'officinalis)!d’extension!extrêmement!réduite!se!cantonne!
sur!le!miSversant!du!Djebel!Chenini.Il!occupe!un!milieu!marqué!par!une!aridité!accentuée!et!constitue!l'unique!
!
témoin!dans!la!région!d'une!végétation!relique.!Dans!ce!milieu!aride!contraignant,!l’aménagement!des!Jessour!
constitue!une!composante!remarquable!du!paysage!rural.!Ces!ouvrages!de!rétention!partielle!des!eaux!et!des!
alluvions! révèlent! l’ingéniosité! des! Jbalia! en! matière! de! techniques! culturales.! Ce! site! illustre! très! bien!
l'efficacité!de!ces!aménagements!hydroSagricoles!et!leur!parfaite!adaptation!au!milieu.!!
Les!traces!de!l'occupation!humaine!remontent!aux!périodes!préhistoriques.!Les!pièces!de!silex!taillé!éparses!
dans!les!environs!du!site!témoignent!que!l'Homme!a!occupé!ce!milieu!bien!avant!les!Romains!dont!la!présence!
est!matérialisée!par!des!restes!du!limes!qui!barre!la!vallée!de!Chenini.!Cette!vallée!montre!les!vestiges!d'une!
ancienne!oasis!créée!grâce!à!des!sources!d'eau.!
Le! village! de! Chenini! est! le! seul! village! de! montagne! encore! partiellement! habité! par! une! population!
pratiquant! la! langue! berbère.! Au! moins! trois! rangées! d'habitations! troglodytiques! dominées! par! un! ksarS
citadelle!caractérisent!surtout!le!versant!sud!de!l'éperon!tournant!le!dos!ainsi!à!la!plaine!d'el!Ferch!pour!des!
raisons!de!sécurité.!Les!alternances!de!couche!dure!et!couche!tendre!du!Cénomanien!étaient!favorables!à!la!
confection!des!habitats!troglodytique!et!à!l'édification!du!village!de!Chenini.!Avec,!son!limes!romain,!sa!Galaa,!
ses! rangées! d’habitations! troglodytes,! ses! huileries,! dont! une! est! encore! fonctionnelle,! et! ses! mosquées,!
Chenini!constitue!une!école!d’architecture,!d’archéologie!et!d’anthropologie.!La!mosquée!des!Sept!Dormants!
rallie!l’Histoire!à!la!légende!dans!un!environnement!aride!plein!de!spiritualité.!Elle!est!située!au!milieu!d'un!
complexe!associé!au!village!et!formé!en!particulier!par!les!fours!à!chaux,!les!carrières!de!gypse!et!les!Nouader!
(aires!de!battage!des!céréales).!
Le! site! met! en! évidence! la! profonde! adaptation! de! l’Homme! au! contexte! structural! et! la! symbiose! entre!
patrimoine!culturel!et!patrimoine!géologique,!faisant!de!Chenini!un!exemple!parfait!de!site!géoculturel.!!
#
Niveau#de#protection#et#menaces#
Plusieurs!initiatives!privées!et!étatiques!visent!à!protéger!et!à!sauvegarder!les!composantes!du!site!de!Chenini!
dans!le!cadre!d'une!valorisation!liée!à!l'activité!touristique.!Cependant,!une!bonne!partie!de!ces!éléments!se!
trouve!confrontée!aux!processus!de!dégradation!suite!à!leur!abandon!progressif!et!au!manque!d’entretien.!
Le!géosite!luiSmême!ne!fait!l’objet!d’aucune!protection!particulière.!
!
Références#principales#
Louis,#A.,#1975.Tunisie!du!Sud,!Ksars!et!villages!de!crêtes.!Paris,!Editions!du!C.N.R.S.,!372!p.!
Zaied,#A.,#1992.Le!monde!des!Ksour!du!SudSest!tunisien.!Carthage,!Beit!El!Hikma,268!p.!
Ben#Ouezdou,#H.,#2001.#Découvrir!la!Tunisie!du!Sud!de!Matmata!à!Tataouine:!Ksour,!Jessour!et!Troglodytes.!
Tunis,!80!p.!
Belhedi,#H.,#2006.!Étude!historique!et!socioSéconomique!de!Chénini.!Tataouine,!Mémoire!de!la!Terre,!6!p.!
!
!
17# Cuesta#et#village#troglodytique#berbère#de#Douiret# Valeur#régionale#
!
!
Coordonnées#:!N!32.86736°!!E!10.28741°,!!
Altitude#:!498!m!
Localisation#:!Gouvernorat!de!Tataouine,!
Délégation!de!Tataouine!Sud.!!
Accès#:!L'accès!au!site!de! Douiret!est!assuré!par!
deux! voies.! Une! route! locale! de! 12! km! dérivant!
de! la! route! nationale! 19! reliant! Tataouine! à!
Rémada! mène! à! Douiret.! Une! deuxième! route!
locale! de! 22! km! relie! Douiret! au! village!
troglodytique!de!Chenini.!
!
!
!!! !
Gauche!:!Village!de!Douiret!(Photo!:!T.!Ben!Fraj).!Droite!:!Citadelle!de!Douiret!(Photo!:!H.!Ben!Ouezdou)!
!
Brève#description#du#site#
Ensemble! patrimonial! doté! de! spécificités! architecturales,! urbanistiques,! anthropologiques! et! historiques!
remarquables! avec! citadelle,! rangées! d’habitations! troglodytes,! mosquées! et! système! hydroUagricole!
traditionnel! de! Jessour,! parfaitement! intégré! dans! un! paysage! de! cuesta! offrant! un! cadre! géologique! et!
géomorphologique!d'intérêt!pédagogique.!
Description#détaillée#
Le! site! de! Douiret! est! le! plus! caractéristique! des! villages! défensifs! du! Djebel! Dahar.! Accroché! au! front!
déchiqueté! d’une! cuesta! à! environ! 500! m! d'altitude,! ce! village! se! situe! entre! Djebel! Antoui! qui! culmine! à!
595!m!et!Djebel!CharenUBou!Louha!qui!forme!un!éperon!en!direction!du!nordUest!et!qui!culmine!à!662!m.!Ce!
site!domine!une!petite!cuvette!entourée!de!buttes!dont!la!plus!élevée!est!celle!qui!porte!Ksar!Ayat!à!603!m!
d'altitude.! Cette! dernière! a! permis! de! dominer! toute! la! région! située! à! l'est,! à! savoir! la! plaine! de! l'oued!
Tataouine,! et! a! servi! de! poste! de! contrôle! et! d’alerte! précoce! pour! le! village.! Les! sommets! des! reliefs! sont!
!
couronnés! par! une! couche! de! dolomie! massive! du! Turonien! bien! marquée! dans! le! paysage.! Le! long! des!
versants! affleurent! les! alternances! de! couches! calcaires,! dolomitiques,! marneuses! et! gypseuses! du!
Cénomanien!qui!ont!rendu!possible!l'excavation!des!troglodytes.!
Les!ravins!et!oueds!qui!prennent!naissance!sur!le!relief!de!Douiret!sont!aménagés!en!Jessour.!Dans!le!paysage,!
ces! ouvrages! hydroUagricoles! qui! ont! permis! de! pratiquer! l'arboriculture,! atténuent! fortement! les! effets! de!
l'ambiance!bioclimatique!nettement!saharienne!qui!caractérise!le!site.!
La!richesse!et!la!diversité!des!composantes!de!Douiret!font!de!ce!village!un!site!très!original.!Avec!sa!citadelle,!
ses!rangées!d’habitations!troglodytes,!ses!mosquées,!ses!huileries!traditionnelles!et!ses!Jessour,!le!village!de!
Douiret! constitue! un! ensemble! patrimonial! doté! de! spécificités! architecturales,! urbanistiques,!
anthropologiques! et! historiques! remarquables,! parfaitement! intégrés! dans! le! paysage! de! cuesta.! La! langue!
berbère!est!encore!couramment!pratiquée!par!les!Douiri!occupants!du!nouveau!village!de!Douiret!installé!au!
milieu!de!la!cuvette.!
#
Niveau#de#protection#et#menaces#
L'ancien! village! a! été! totalement! abandonné.! Ses! composantes! affrontent! une! dégradation! parfois! très!
poussée.! Par! manque! d'entretien,! elles! deviennent! de! plus! en! plus! vulnérables! et! sensibles! aux! risques!
naturels.! L'abandon! du! village! menace! également! la! durabilité! du! système! hydroUagricole! traditionnel! et!
authentique! de! Jessour.! Face! à! toutes! ces! contraintes,! plusieurs! actions! sont! menées! par! la! société! civile! à!
travers! des! associations! pour! protéger! le! site! et! réhabiliter! ses! composantes! principale! afin! de! le! valoriser!
dans!le!cadre!de!l'activité!touristique.!
!
Références#principales#
Louis,#A.,#1965.#Sur!un!piton!de!l’extrême!sud,!une!étrange!cité!berbère!:!Douiret.!Revue!IBLA,!27,!381U391.!!!
Louis,#A.,#1975.!Douiret,!étrange!cité!berbère.!Tunis,!STD,!107!p.!!
Zaied,#A.,#1992.!Le!monde!des!Ksour!du!SudUest!tunisien.!Carthage,!Beit!El!Hikma,!268!p.!!
Ben#Ouezdou,#H.,#2001.#Découvrir!la!Tunisie!du!Sud!de!Matmata!à!Tataouine:!Ksour,!Jessour!et!Troglodytes.!
Tunis,!80!p.!
Pardo,#V.,#2003.!Tisser!les!relations!sociales.!Dans!les!rites!et!la!matière,!représentations!de!l’ordre!social,!des!
valeurs! et! de! l’appartenance! à! Douiret,! village! berbérophone! du! sudUest! tunisien.! Thèse! de! doctorat! en!
Anthropologie!sociale,!Université!de!Provence/Maison!méditerranéenne!des!Sciences!de!l’Homme.!
!
!
18# Cuesta#et#village#troglodytique#de#Rass#el#Oued#–#Haf#Jarjar# Valeur#régionale#
!
!
Coordonnées#:!N!32.756308°!!E!10.247465°!
Altitude#:!520!m!
Localisation#:!Gouvernorat!de!Tataouine,!Délégation!
de!Tataouine!Sud!
Accès#:!Le!village!de!Rass!el!Oued!se!situe!à!28!km!au!
sudIouest!de!la!ville!de!Tataouine.L'accès!au!site!est!
facile!par!une!route!locale!goudronnée!dérivant!de!la!
route! reliant! le! village! troglodytique! de! Douiret! à! la!
route! nationale! 19! qui! relie! Tataouine! à! Remada.! A!
partir!du!village!de!Rass!el!Oued,une!piste!de!12!km!
mène!jusqu'à!la!route!nationale!19!au!niveau!de!Bir!
Thlathine! en! passant! par! Haf! Jarjar! qui! se! trouve! à!
miIchemin!entre!le!village!et!la!Nationale!19.!
!
!
!
!
Gauche':'Cuesta'de'Rass'el'Oued–'Haf'Jarjar.'Droite':Un'quartier'du'village'de'Rass'el'Oued'ceinturant'une'
butte@témoin(Photos':T.'Ben'Fraj).'
!
Brève#description#du#site#
Site!géomorphologique!offrant!une!vue!panoramique!de!la!dépression!de!Rass!el!Ouedet!du!revers,!du!front!
et!des!buttesItémoins!de!la!quatrième!cuesta!du!Djebel!Dahar,avec!gisements!paléontologiques!du!Jurassique!
supérieur! et! du! Crétacé! inférieur! (troncs! de! bois! fossiles,! empreintes! végétales! et! restes! de! vertébrés)! et! le!
seul!village!troglodytique!latéral!du!Djebel!Dahar!organisé!en!plusieurs!quartiers!séparés.!
Description#détaillée#
Les! sommets! du! site! de! Rass! el! Oued! –! Haf! Jarjar,! situés! à! des! altitudes! de! 600! à! 550! m,! offrent! des! vues!
panoramiques!dans!toutes!les!directions.!Elles!permettant!d’apercevoir!le!village!de!Douiret,!une!bonne!partie!
du!Djebel!Dahar!et!de!la!plaine!de!Dar!SouidIBir!Thlathine!en!direction!du!sud!et!de!l'est.!C'est!également!un!
musée!de!formes!structurales!où!peuvent!être!observés,!côte!à!côte,!le!relief!de!cuesta!avec!son!front,!son!
revers!et!sa!corniche!de!dolomies,!les!buttesItémoins!et!les!avantIbuttes,!les!éboulis!qui!tapissent!les!versants!
et!les!cuvettes!parcourues!par!les!oueds!et!les!ravins.!
Les!plateaux!et!les!buttesItémoins!sont!constitués!de!carbonates!du!Crétacé!supérieur!(CénomanoITuronien)!
transgressifs!sur!une!épaisse!série!d’argiles!vertes!lagunaires!du!Crétacé!inférieur.!Ces!argiles!surmontent!une!
série! géologique! mixte! formée! de! sables! fins,! d’argiles! et! de! dolomies! et! attribuée! au! «!Continental!
intercalaire!»,! dont! les! affleurements! les! mieux! dégagés! apparaissent! aux! pieds! de! Djebel! Haf! Jarjar! et! de!
!
Djebel! Timmoun! ainsi! que! sur! les! rives! de! l’oued! Dagharia! et! de! ses! affluents.! Les! sables! et! les! argiles!
montrent!plusieurs!gisements!paléontologiques!avec!des!bois!fossiles,!des!empreintes!végétales!et!des!restes!
de!vertébrés,!poissons,!tortues,!crocodiles!et!dinosauriens.!
Malgré! une! ambiance! bioclimatique! saharienne,! le! paysage! agricole! présente! une! activité! arboricole!
importante!rendue!possible!grâce!au!système!hydroIagricole!de!Jessour!qui!a!permis!de!pallier!aux!conditions!
climatiques!contraignantes.!Les!Jessour!du!géosite!de!Rass!el!Oued!–!Haf!Jarjar!sont!remarquables!par!la!taille!
de! leurs! tabias! (barrage! en! terre)! en! longueur! et! en! hauteur! par! rapport! aux! aménagements! de! la! même!
catégorie!identifiée!dans!le!Dahar.!
Le! groupement! des! villages! de! Ras! el! Oued! présente! une! particularité,! étant! le! seul! habitat! troglodytique!
latéral! organisé! en! plusieurs! quartiers! séparés! occupant! le! front! du! plateau! ou! ceinturant! les! buttes! qui! le!
devancent.!Il!constitue!un!excellent!exemple!d’une!société!rurale!traditionnelle!bien!ancrée!dans!son!territoire!
et!dans!son!milieu!naturel.!Les!habitants!du!village!de!Rass!el!Oued!utilisent!couramment!la!langue!berbère!
dans!leur!vie!quotidienne.!
#
Niveau#de#protection#et#menaces#
Des!parties!importantes!des!habitats!troglodytiques!ont!été!abandonnées!et!se!trouvent!ainsi!menacées!par!
l’action!des!processus!de!dégradation!et!d’érosion.!Parallèlement,!les!Jessour!sont,!en!partie,!abandonnés.!Les!
gisements!paléontologiques!ne!sont!pas!protégés,!ce!qui!les!expose!au!risque!d'une!exploitation!démesurée.!
!
Références#principales#
Fanti,# F.,# Contessi,# M.,# Franchi,# F.,# 2012.! The! “Continental! Intercalaire”! of! southern! Tunisia:! stratigraphy,!
paleontology,!and!paleoecology.!Journal!of!African!Earth!Sciences,!73/74,!1I23.!!
Contessi,# M.,# 2013.Paleontological! Studies! of! Cretaceous! Vertebrate! Fossil! Beds! in! the! Tataouine! Basin!
(Southern!Tunisia).!PhD!Thesis,!University!of!Bologna,!121!p.!
!
!
!
19# #Site#paléobotanique#de#référence#de#Djebel#Merbah#el#Asfer# Valeur#universelle#
!
Coordonnées#:!N!32.913536°!!E!10.351516°!
Altitude#:!396!m!!
Localisation#:!Gouvernorat!de!Tataouine,!
Délégation!deTataouine!Sud!
Accès#:!Le!site!est!servi!par!plusieurs!pistes!qui!
dérivent! de! la! route! reliant! Tataouine! à!
Chenini! et! est! facilement! accessible! en!
véhicule.! Pour! atteindre! les! gisements!
paléobotaniques,!15!à!30!minutes!de!marche!
à!pied!sont!parfois!nécessaires.!
!
!
Brève#description#du#site!
Coupe!type!de!la!série!du!«!Continental!intercalaire!»!et!site!paléobotanique!de!référence!d'une!grande!valeur!
scientifique! pour! sa! représentativité,! sa! richesse! et! la! préservation! exceptionnelle! de! ses! restes! végétaux,!
présentant!également!un!intérêt!géomorphologique!(cuesta).!
Description#détaillée#
Dominés!par!la!grande!falaise!de!Djebel!Boulouha,!les!plateaux!de!Merbah!montrent!la!série!la!plus!complète!
du! passage! JurassiqueYCrétacé! de! l'ensemble! de! la! plateforme! saharienne.! Comprise! entre! les! carbonates!
marins! du! Jurassique! supérieur! et! ceux! du! Crétacé! supérieur,! cette! série! est! connue! sous! le! nom! de!
«!Continental!Intercalaire!»!ou!Formation!Merbah!el!Asfer.!
Il!s'agit!de!dépôts!essentiellement!détritiques!qui!sont!la!conséquence!des!phénomènes!de!soulèvement!qui!
ont! provoqué! des! émersions! successives! et! prolongées! de! la! plateforme! saharienne! au! cours! du! Jurassique!
supérieurYCrétacé!inférieur!sur!un!intervalle!de!temps!de!l'ordre!de!50!millions!d'années!(150!à!100!millions!
d'années).!Durant!ces!nombreuses!émersions,!les!plaines!alluviales!et!les!plaines!côtières!ont!été!colonisées!
par!des!forêts!à!fougères!et!à!conifères.!Alors!que!sur!la!terre!ferme,!les!dinosaures!théropodes!(carnivores)!et!
sauropodes! (herbivores)! régnaient,! les! marécages! et! les! estuaires! étaient! les! domaines! des! crocodiles,! des!
tortues!et!des!requins.!Les!airs!étaient!dominés!par!les!ptérosaures!qui!sillonnaient!le!ciel,!guettant!les!gibiers!
égarés.! Les! inondations! marines! qui! ont! entrecoupé! ces! périodes! d'émersion! sont! à! l'origine! de! la! mise! en!
place! des! plateformes! carbonatées! qui! ont! fossilisé! les! vestiges! de! cette! vie! continentale! qui! a! occupé! les!
marges!méridionales!de!la!Téthys!au!passage!JurassiqueYCrétacé.!!!
!
A!Djebel!Merbah!el!Asfer,!particulièrement,!plusieurs!gisements!paléobotaniques!avec!des!végétaux!préservés!
en!volumes!et/ou!en!empreintes!ont!été!mis!en!évidence.!Ils!comprennent!la!composition!floristique!la!plus!
complète! et! la! plus! représentative! de! la! flore! du! Barrémien! et! de! l'Aptien! de! la! plateforme! saharienne! et!
probablement!de!tout!le!Gondwana!du!Nord.!Il!s’agit!d’une!flore!différente!dans!sa!composition!de!celle!qui!
était!connue!jusqu'à!présent.!
L'inventaire! de! la! biodiversité! végétale! de! ces! gisements! a! permis! de! décrire! 16! taxons! appartenant! aux!
Bryophytes,!Ptéridophytes!et!Gymnospermes.!Un!nouveau!genre!de!Salviniaceae!a!été!proposé,!Daharia!gen.!
nov.,!ainsi!que!5!espèces!nouvelles!appartenant!aux!Bryophytes,!Ptéridophytes!et!Gymnospermes:!Hepaticites!!
elegans,!Piazopteris!robusta,!Aspidistes!delicatula,!Daharia!tunisiensis!et!Cupressinocladus!asferensis.!
Ainsi,!les!gisements!paléobotaniques!du!site!de!Djebel!Merbah!el!Asfer!ont!une!valeur!exceptionnelle.!!
!
Niveau#de#protection#et#menaces#
En!raison!de!leur!situation!à!proximité!de!la!ville!de!Tataouine!et!de!leur!accès!facile,!les!gisements!
paléobotaniques!de!Djebel!Merbah!el!Asfer!sont!exposés!à!de!sérieuses!!menaces!!de!dégradation!suite!aux!
collectes!de!fossiles!et!à!l'exploitation!des!niveaux!argileux.!
Ils!ne!font!l’objet!d’aucune!protection!légale.!!!
!
Références#principales#
Aubert,#F.,#1891.!Note!sur!la!géologie!de!l'ExtrêmeYSud!de!la!Tunisie.!Bull.!Soc.!Géol.!France!19(3),!408Y413.!
Busson,#G.,#1967.!Le!Mésozoïque!saharien.!1ère!partie:!l’ExtrêmeYSud!tunisien.!Paris,!Editions!du!C.N.R.S.!
Centre!de!Recherches!sur!les!zones!arides,!Série!Géologie,!8,!194!p.!
Bouaziz,#S.#Ghanmi,#M.,#Zarbout,#M.,#1989.!La!série!à!dominante!continentale!(Oxfordien!à!Cénomanien)!de!la!
falaise!du!Dahar!(SudYtunisien).!Son!évolution!du!Tébaga!de!Médenine!à!la!frontière!tripolitaine.!Géologie!
Méditerranéenne,!16,!67Y76.!
Barale,#G.,#Philippe,#M.,#TayechPMannai,#B.,#Zarbout,#M.,#1997.!Découverte!d’une!flore!à!Ptéridophytes!et!
Gymnospermes!dans!le!Crétacé!inférieur!de!la!région!de!Tataouine!(Sud!tunisien).!C.R.!Acad.!Sci.,!325,!221Y
224.!!
Barale#G.,#Zarbout#M.,#Philippe,#M.,#1998.!Niveaux!à!végétaux!fossiles!en!environnement!fluviatile!à!marin!
proximal!dans!le!Dahar!(Bathonien!à!AlbienYSud!Tunisien).!Bull.!Soc.!Géol.!France,!169,!811Y819.!!
Barale,#G.,#1999.!Sur!la!présence!d’une!nouvelle!espèce!d’Isoetites!dans!la!flore!du!Crétacé!inférieur!de!la!
région!de!Tataouine!(Sud!tunisien):!implications!paléoclimatiques!et!phylogénétiques.!Canadian!Journal!of!
Botany,!77,!189Y196.!!
Barale,#G.,#Ouaja,#M.,#2002.!La!biodiversité!végétale!des!gisements!d’âge!Jurassique!supérieur!Crétacé!
inférieur!de!Merbah!El!Asfer!(SudYTunisien).!Cretaceous!Research,!23,!707Y737.!
Ouaja,#M.,#Ferry,#S.,#Brale,#G.,#Srarfi,#D.,#2002.!Faciès!de!dépôt!du!Jurassique!et!du!Crétacé!du!bassin!de!
Tataouine!(SudYEst!de!la!Tunisie).!Livret!guide!de!l’excursion!organisée!par!le!Service!Géologique!de!Tunisie!et!
l’Association!des!Sédimentologistes!Français.!Tunis,!Publication!de!l’Office!National!de!Mines!de!Tunisie,!99!p.!
Ouaja,#M.,#2003.!Etude!sédimentologique!et!paléobotanique!du!Jurassique!moyen!–!Crétacé!inférieur!du!
bassin!de!Tataouine,!SudYEst!de!la!Tunisie.!Thèse!de!doctorat,!Université!Claude!Bernard,!Lyon!1.!
Barale,#G.,#2007.!Le!Sud!tunisien!:!lieu!privilégié!pour!caractériser!les!taphofaciès!végétaux!du!Mésozoique.!C.!
R.!Palévol.,!6,!115Y124.!!
Fanti,#F.,#Contessi,#M.,#Franchi,#F.,#2012.!The!“Continental!Intercalaire”!of!southern!Tunisia:!stratigraphy,!
paleontology,!and!paleoecology.!Journal!of!African!Earth!Sciences,!73/74,!1Y23.!
Tlig,#S.,#2015.!The!Upper!Jurassic!and!Lower!Cretaceous!series!of!southern!Tunisia!and!northwestern!Libya!
revisited.!Journal!of!African!Earth!Sciences,!110,!100Y115.!
!
!
20# Coupe#de#référence#du#Trias#sur#la#marge#sud#téthysienne#de#Kef#Touareg# Valeur#régionale#
!
Coordonnées#:!N!32.957838°!!E!10.879384°!
Altitude#:!100!m!
Localisation#:!Gouvernorat!de!Tataouine,!
Délégation!de!Smar!
Accès#:! Le! site! estfacilement! accessible! en!
véhicule! par! la! route! MC?! qui! traverse!
Sabkhet! Erg! el! Makhzen! et! qui! relie! le!
village! de! Smar! à! celui! de! Ksar! el! Morra.!
Pour! suivre! la! série! géologique,! il! faut!
escalader! les! reliefs! de! Kef! Touareg!
pendant!45!minutes.!
!
!
! Jebel!Rehach!
Kef!Touareg!
Myophorie!
Bioturbation!!à!la!base!
du!Trias!carbonaté!
!
Brève#description#du#site!:Coupe!de!référence!du!Trias!sur!la!marge!sud!téthysienne!et!site!sédimentologique!
d'intérêt!scientifique!et!pédagogique,!avec!intérêt!paysager!(front!de!cuesta)!
Description#détaillée#
Vers!la!fin!du!Paléozoïque!et!le!début!du!Mésozoïque,!il!ya!environ!240!millions!d'années,!un!important!retrait!
des!eaux!marines!a!permis!de!dégager,!dans!le!bassin!de!Tataouine,d'importantes!surfaces!favorisantle!dépôt!
d'une! épaisse! série! constituée! d'argiles! rouges! et! de! grès! fins! à! stratifications! entrecroisées,! qui! marque! la!
base! des! affleurements! mésozoïques,sur! une! centaine! de! kilomètres,! depuis! le! massif! paléozoïque! au! nord!
jusqu'à! Djebel! Sididi! Toui! au! sud.Ces! dépôts! matérialisent! la! mise! en! place! d’un! environnement! fluvio_
deltaïque!caractérisé!par!de!vastes!territoires!marécageux!dans!lesquels!se!rencontraient!les!eaux!douces!du!
Gondwana!et!les!eaux!marines!du!jeune!océan!Téthys.!Les!troncs!de!bois!abondent!dans!ces!sables!et!argiles!
dont!la!couleur!rouge!est!très!contrastée!avec!celle!des!couches!dolomitiques!jaunes!sus_jacentes.!Au!dessus!
des!grès!fluvio_deltaïques!du!Trias!apparaissent!deux!importantes!barres!dolomitiques!qui!forment!l'ossature!
du!Plateau!de!Jebel!Rehach!et!qui!matérialisent!la!première!importante!transgression!marine!du!Mésozoïque,!
il! y! a! environ! 220! millions! d’années.! Une! nouvelle! vie! marine,! celle! d'après! la! crise! permo_triasique,! occup!
alors! la! jeune! Téthys.! Il! s'agit! des! rares! fossiles! marins! caractéristiques! du! Trias! connus! sur! la! marge! nord!
gondwanienne.!!
A!côté!des!fragments!d’os!qu'on!rencontre!dans!les!déblais!des!anciennes!fouilles!paléontologiques!effectuées!
à! Kef! Touareg! au! début! du! siècle! dernier! et! qui! correspondent! aux! restes! de! reptiles! marins! géants,! les!
Nautosauriens!et!les!Placodontes,!on!peut!collecter!dans!les!couches!marneuses!des!Nautiles!et!des!Cératites,!
!
ammonites! primitives! et! fossiles! caractéristiques! du! Trias,! ainsi! que! des! Myophories,lamellibranches!
également!fossiles!du!Trias!et!plusieurs!autres!mollusques!qui!témoignent!de!la!richesse!et!de!la!biodiversité!
de!mer!téthysienne!au!début!du!Mésozoïque.#
Les! affleurements! de! Kef! Touareg,! au! pied! du! Plateau! de! Jebel! Rehach,! montrent! la! série! triasique! la! plus!
complète!et!la!mieux!dégagée!de!l'ensemble!de!la!Tunisie!et!constituent!la!coupe!de!référence!incontournable!
pour!toute!étude!géologique!du!Trias!de!la!plateforme!saharienne.!Il!faut!noter!aussi!le!caractère!pédagogique!
des! figures! sédimentaires! que! montrent! les! dépôts! triasiques! dans! ces! affleurements! très! sollicités! par! les!
universités!tunisiennes!pour!l'enseignement!des!sciences!de!la!Terre.!
!
Niveau#de#protection#et#menaces#
Le!site!de!Kef!Touareg!est!en!bon!état!de!préservation,!mais!une!zone!de!dépôt!de!ferrailles!est!apparue!ces!
deux!dernières!années!au!milieu!du!site.!Il!faut!également!inciter!les!!étudiants!à!ne!plus!ramasser!les!fossiles!
car!ils!ont!remarquablement!appauvri!le!site.!
!
Références#principales#
Aubert,#F.,#1891.!Note!sur!la!géologie!de!l'Extrême_Sud!de!la!Tunisie.!Bull.!Soc.!Géol.!France!19(3),!408_413.!
Busson,#G.,#1967.!Le!Mésozoïque!saharien.!1ère!partie:!l’Extrême_Sud!tunisien.!Paris,!Editions!du!C.N.R.S.!
Centre!de!Recherches!sur!les!zones!arides,!Série!Géologie,!8,!194!p.!
Busson,#G.,#1970.!Le!Mésozoïque!saharien.!2ème!partie:!Essai!de!synthèse!des!données!des!sondages!algéro_
tunisiens.!Paris,!Editions!du!C.N.R.S.!Centre!de!Recherches!sur!les!zones!arides,!Série!Géologie,!3,!351_811.!
Bouaziz,#S.,#1986.!La!déformation!dans!la!plateforme!du!Sud!tunisien!(Dahar!et!Jeffara).!Approche!
multiscalaire!et!pluridisciplinaire.!Thèse!de!doctorat,!Université!de!Tunis,!180!p.!
KilaniOMazraoui,#F.,#RazgallahOGargouri,#S.,#MannaiOTayech,#B.,#1990.!The!Permo_Triassic!!of!Southern!Tunisia_!
Biostratigraphy!and!palaeoenvironment.!Review!of!Palaeobotany!and!Palynology,!66,!273_291.!!!
Ben#Ismaïl,#M.#H.,#1991.!Les!bassins!mésozoïques!(Trias!à!Aptien)!du!sud!de!la!Tunisie:!stratigraphie!intégrée,!
caractéristiques!géophysiques!et!évolution!géodynamique.!Thèse!de!doctorat,!Université!de!Tunis!I.!
Biely,#A.,#Rakus,#M.,#1991.!Les!fossiles!du!Trias!gréseux!de!la!Jeffara!(Sud!tunisien).!Notes!du!Service!
Géologique!de!Tunisie,!58,!59!p.!
Peybernès,#B.,#Kamoun,#F.,#Ben#Youssef,#M.,#Trigui,#A.,#Ghanmi,#M.,#Zarbout,#M.,#Frechengues,#M.,#
1993.Sequence!stratigraphy!!and!micropaleontology!!of!the!Triassic!series!from!the!southern!part!of!Tunisia.!
Journal!of!African!Earth!Science,!17(3),!293_305.!!!
Kamoun,#F.,#Peybernès,#B.,#Martini,#R.,#Zaninetti,#L.,#Vila,#J.M.,#Trigui,#A.,#Rigane,#A.,#1998.Association!de!
foraminifères!benthiques!dans!les!séquences!de!dépôt!du!Trias!moyen?_supérieur!de!l’Atlas!tunisien!central!et!
méridional.!Geobios,!31(6),!703_714.!!
Kamoun,#F.,#Peybernès,#B.,#Ciszak,#R.,#Calzada,#S.,#2001.Triassic!palaeogeography!of!Tunisia.!
Palaeogeography,!Palaeoclimatology,!Palaeoecology,!172,!223_242.!
Courel,#L.#Aït#Salem,#H.,#Benaouiss,#N.,#EtOTouhami,#M.,#Fekirine,#B.,#Oujidi,#M.,#Soussi,#M.,#Tourani,#A.,#
2003.Mid_triassic!to!Early!Liassic!clastic/evaporitic!deposits!over!the!Maghreb!Platform.!Palaeogeography,!
Palaeoclimatology,!Palaeoecology,!196,!157_176.!
Mejri,#F.,#Burollet,#P.#F.,#Ben#Ferjani,#A.,#2006.!Petroleum!!Geology!of!Tunisia.!A!Renewed!Synthesis.Tunis,!
Entreprise!tunisienne!d'activités!pétrolières,!Memoir!22,!230!p.!
Raulin,#C.,#De#Lamotte,#D.F.,#Bouaziz,#S.,#Khomsi,#S.,#Mouchot,#N.,#Ruiz,#G.,#Guillocheau,#F.,#2011.!Late!
Triassic_!Early!Jurassic!block!tilting!along!E_W!faults!in!southern!Tunisia!:!New!interpretation!of!the!Tebaga!of!
Medenine.!Journal!of!African!Earth!Science,!61,!94_104.!!!
Carpentier,#C.,#Hadouth,#S.,#Bouaziz,#S.,#Lathuiliere,#B.,#Rubino,#J.#L.,#2016.Basin!geodynamics!and!sequence!
stratigraphy!of!Upper!Triassic!to!Lower!Jurassic!deposits!of!Southern!Tunisia.!Journal!of!African!Earth!Science,!
117,!358_388.!!
Soussi,#M.,#Niedzwiedzki,#G.,#Talanda,#M.,#Drozdz,#D.,#Sulej,#T.,#Boukhalfa,#K.,#Mermer,#J.,#Blazejowski,#B.,#
2017.!Middle!Triassic!(Anisian_Ladinian)!Tejra!red!beds!and!Late!Triassic!(Carnian)!carbonate!sedimentary!
records!of!southern!Tunisia,!Saharan!Platform:!Biostratigraphy,!Sedimentology!and!implication!on!regional!
stratigraphic!correlations.!Marine!and!Petroleum!Geology,!79,!222_256.!
!
!
21# Paysage#lunaire#de#Sebkhat#Erg#el#Makhzen# Valeur#régionale#
!
Coordonnées#:!N!32.92500°!!E!10.93116°!
Altitude!:!48!m!
Localisation#:!Gouvernorat!de!Tataouine,!Délégation!
de!Smar!!
Accès#:!Le!site!de!Sebkhat!Erg!el!Makhzen!se!situe!à!
12!km!du!village!de!Smar.!On!y!accède!par!une!route!
secondaire! goudronnée! reliant! le! village! à! Ksar!
Charachara!qui!se!trouve!à!environ!2,4!km!du!site.!
!
!
! !
Un#paysage#lunaire#exceptionnel#(Photo#:#H.#Ben#Ouezdou).#
!
Brève#description#du#site#
Relief!dû!à!un!processus!conjoint!d’érosion!éolienne!et!hydrique!sur!les!grès!du!Trias,!dans!lequel!l’absence!de!
toute!trace!de!vie!sur!une!surface!non!négligeable!donne!au!paysage!un!aspect!lunaire,!purement!minéral.!
Description#détaillée#
Le! site! de! Sebkhat! Erg! el! Makhzen! est! particulier! et! unique! dans! son! genre.! Cette! dépression! située! en!
contrebas!de!Djebel!Rehache!offre!un!beau!paysage!qui!incite!la!curiosité.!C'est!d'abord!l'unique!dépression!
dont! la! genèse! est! due! au! creusement! de! la! roche! gréseuse! triasique! en! place.! Ces! roches! présentent! une!
couleur! rouille! qui! contraste! avec! celle! ocre! des! autres! roches! qui! l'entourent.! Sur! les! bordures! de! cette!
sebkha!prolifèrent!des!modelés!de!corrasion!et!de!ravinements!façonnés!dans!cette!même!roche.!Ces!formes!
particulières! d'altération! et! d'érosion! offrent! un! paysage! authentique! dû! à! un! mécanisme! d’érosion! dans!
lequel!sont!combinées!les!actions!éolienne!et!hydrique.!
Dans!le!fond!de!la!sebkha!et!sur!ses!bordures!immédiates,!l’absence!de!toute!trace!de!vie!donne!au!paysage!
un! aspect! particulier! purement! minéral! comparable! à! celui! de! la! lune! ou! de! la! planète! Mars.! Autour! de! la!
sebkha,! la! végétation! naturelle! s'organise! en! trois! auréoles! formées! par! une! variété! d'espèces! halophiles! et!
ripicoles.!
#
! !
!
Niveau#de#protection#et#menaces#
Le! site! de! Sebkhat! Erg! el! Makhzen! n'est! pas! très! connu! et! fréquenté! par! les! amateurs! de! paysages!
authentiques.!Il!n'est!pas!protégé.!Sa!valorisation!devrait!tenir!compte!de!la!sensibilité!à!l'érosion!des!formes!
qui!le!constituent!ainsi!que!d’une!éventuelle!dégradation!due!aux!piétinements.!
!
Références#principales#
Ben#Ouezdou,#H.,#2001.#Découvrir!la!Tunisie!du!Sud!de!Matmata!à!Tataouine:!Ksour,!Jessour!et!Troglodytes.!
Tunis,!80!p.!
Abichou,# H.,# 2002.! Les! changements! de! paysages! du! Bassin`versant! de! l’oued! Tataouin`Fessi! (Sud`est!
tunisien)!:! étude! multiscalaire! et! micromorphologie! des! remplissages! des! sebkhas! et! études! des! états! de!
surface.!Thèse!de!doctorat!de!géographie!physique,!Université!Michel!de!Montaigne,!Bordeaux!III,!376!p.!
!
!
22" Cuesta"et"badlands"dans"les"gypses"jurassiques"de"Djebel"Grimissa" Valeur"régionale"
!
Coordonnées:"N!32.824178°!!E!010.587055°! !
Altitude":410!m!
Localisation":! Gouvernorat! de! Tataouine,! Délégation!
de!Tataouine!Nord.!
Accès":! A! environ! 18! km! de! la! ville! de! Tataouine,! en!
direction! du! village! de! Béni! M'hira,! une! route! locale!
goudronnée!dérive!en!direction!du!sud!après!le!point!
kilométrique!18et!se!dirige!vers!les!village!de!Hachana!
et! Essaada! (ancien! Ajej).! Cette! route! longe! Djebel!
Grimissa.! L'accès! à! ce! dernier! est! également!
possibleen! traversant! les! villages! de! Ksar! Ouled!
Soltane!et!Ksar!Ezzahra!en!provenance!de!Tataouine.!
!
!
!
Vues%générales%sur%le%front%de%la%cuesta%de%Jebel%Grimissa%(gauche)et%son%piémont%façonné%en%badlands%
(droite)(Photo%:T.%Ben%Fraj).%
!
Brève"description"du"site"
Site! à! structure! monoclinale! de! cuesta! offrant! un! paysage! exceptionnel! de! badlands! taillés! dans! des! roches!
évaporitiques,! avec,! dans! les! oueds! qui! dissèquent! ces! roches,! plusieurs! coupes! de! référence! d'intérêt!
scientifique! permettent! de! reconstituer! l'évolution! paléogéographique! de! la! région! à! la! fin! du! Trias! et! au!
début!du!Jurassique.!
Description"détaillée"
Le! site! de! Djebel! Grimissa! présente! un! intérêt! paysager! particulier.! Culminant! à! 419! m,! il! offre! à! partir! du!
sommet!de!sa!corniche!une!vue!magnifique!sur!la!plaine!de!Bhir!située!à!une!altitude!moyenne!de!150!m,!ainsi!
que! sur! la! sebkha! d'Om! el! Khialet.! Ce! Djebel! forme,! avec! d'autres! unités! de! relief,! la! première! cuesta! du!
domaine!de!Djebel!Labiadh.!L'ossature!de!Djebel!Grimissa!est!formée!de!roches!variées!à!dominante!gypseuse!
avec! des! bancs! de! dolomies.! Profitant! du! caractère! tendre! des! roches! évaporitiques,! l'action! hydrique! a!
sculpté!un!paysage!typique!de!badlands!d’une!grande!beauté.!
Les! roches! gypseuses! développées! sur! des! grandes! épaisseurs! (environ! 800! m)! témoignent! des!
paléoenvironnements!qui!dominaient!le!paysage!lors!de!leur!mise!en!place.!Vers!la!fin!du!Trias!et!au!début!du!
Jurassique! (210! à! 170! millions! d'années),! ce! paysage! se! caractérisait! par! d’immenses! sebkhas! littorales! qui!
!
couvraient! la! bordure! nord! de! la! plateforme! saharienne.! Dans! ces! sebkhas,! des! conditions! optimales! de!
formation! de! roches! salines! se! trouvaient! réunies.! Il! s’agissait! d'une! gigantesque! machine! évaporatoire! à!
fabriquer!des!sels!où!l’eau!hypercsalée!et!la!chaleur!étouffante!étaient!de!règle!pendant!au!moins!40!millions!
d'années.! Ce! sont! probablement! ces! conditions! climatiques! extrêmes! très! hostiles! à! la! vie! tout! au! long! de!
cette!période!qui!ont!été!à!l'origine!de!la!crise!de!biodiversité!majeure!signalée!au!passage!Trias/Jurassique,!il!
y! a! environ! 205! millions! d'années.! Ce! géosite! est! un! lieu! unique! pour! comprendre! la! dynamique! de!
sédimentation!de!ce!type!d'environnement.!
"
Niveau"de"protection"et"menaces"
Du!fait!de!son!caractère!lithologique!et!pédologique!répulsif,!le!domaine!de!Djebel!Grimissa!reste!à!l'écart!de!
toute! activité! agricole! ou! autres,! mis! à! part! son! usage! comme! terrain! de! parcours.Le! développement,! ces!
dernières! années,! d'une! importante! industrie! basée! sur! la! transformation! des! matériaux! gypseux! est! à!
l'origine! de! l'ouverture! de! grandes! carrières! d'extraction! au! pied! de! Djebel! Grimissa.! La! richesse! du! site! en!
couches! gypseuses! incite! des! entreprises! à! exploiter! ces! réserves! en! ouvrant! des! carrières! qu'il! faudra!
contrôler.!
!
Références"principales"
Busson,"G.,"1967.!Le!Mésozoïque!saharien.!1ère!partie:!l’ExtrêmecSud!tunisien.!Paris,!Editions!du!C.N.R.S.!
Centre!de!Recherches!sur!les!zones!arides,!Série!Géologie,!8,!194!p.!
Busson,""G.,1970.!Le!Mesozoique!saharien.!2ème!partie:!Essai!de!synthèse!des!données!des!sondages!algéroc
tunisiens.!Paris,!Editions!du!C.N.R.S.!Centre!de!Recherches!sur!les!zones!arides,!Série!Géologie,!3,!351c811.!
Bouaziz,"S.,"1986.!La!déformation!dans!la!plateforme!du!Sud!tunisien!(Dahar!et!Jeffara).!Approche!
multiscalaire!et!pluridisciplinaire.!Thèse!de!doctorat,!Université!de!Tunis,!180!p.!
Kamoun,"F.,"1988.!Le!Jurassique!du!Sud!tunisien,!témoin!de!la!marge!africaine!de!la!Téthys:!stratigraphie,!
sédimentologie!et!micropaléontologie.!Thèse!de!doctorat,!Université!de!Toulouse,!2!volumes.!!
Ben"Ismaïl,"M.H.,"M'rabet,"A.,"1990.!Evaporite,!carbonate,!and!!siliciclastic!transitions!in!the!Jurassic!
sequences!of!southeastern!Tunisia.!Sedimentary!Geology,!66,!65c82.!
Ben"Ismaïl,"M.H.,1991.!Jurassic!evaporitic!deposits!in!Southern!Tunisia:!a!!climatically!and!tectonically!!
controlled!!sedimentation.!Journal!of!African!Earth!Sciences,!12(1/2),!117c123.!!!
Kamoun,"F.,"Peybernès,"B.,"Ciszak"R.,"Calzada,"S.,2001.!Triassic!palaeogeography!of!Tunisia.!Palaeogeography,!
Palaeoclimatology,!Palaeoecology,!172,!223c242.!
Courel,"L.,Aït"Salem,"H.,"Benaouiss,"N.,"EtXTouhami,"M.,"Fekirine,"B.,"Oujidi,"M.,"Soussi,"M.,"Tourani,"A.,"2003.!
Midctriassic!to!early!liassic!clastic/evaporitic!deposits!over!the!Maghreb!Platform.!Palaeogeography,!
Palaeoclimatology,!Palaeoecology,!196,!157c176.!
Carpentier,"C.,"Hadouth,"S.,"Bouaziz,"S.,"Lathuilière,"B.,"Rubino,"J.L.,"2016.!Basinn!geodynamics!and!sequences!
stratigraphy!of!Upper!Triassic!to!Lower!Jurassic!deposits!of!central!and!southern!Tunisia.!Journal!of!African!
Earth!Sciences,!117,!358c388.!
!
!
23# Site#paysager#du#Ksar#de#montagne#d'Ouled#Soltane# Valeur#nationale#
!
!
Coordonnées#:!N!32.78833°!!E!10.51467°!
Altitude#:!514!m!
Localisation#:!Gouvernorat!de!Tataouine,!Délégation!
de!Tataouine!Nord!
Accès#:! On! accède! au! site! de! Ksar! Ouled! Soltane! par!
une! route! locale! qui! le! relie! à! la! ville! de! Tataouine!
située! à! 20! km.! Cette! route! passe! par! les! villages! de!
Maztouria,! Ksar! Dghaghra! et! Ksar! Tamelest.! Il! est!
possible!d'atteindre!le!site!par!une!autre!route!locale!
de!30!km!qui!relie!Tataouine!au!site!en!passant!par!les!
villages!de!Gattoufa!et!Ksar!Ezzahra.!
!
!
!! !
Gauche':'Vue'à'partir'du'Ksar'sur'l'amont'de'la'vallée'de'Maztouria;Zondage'(Photo':'T.'Ben'Fraj).'Droite':'Vue'
de'la'cour'intérieure'du'Ksar'(Photo':'H.'Ben'Ouezdou).'
!
Brève#description#du#site#
L'un!des!plus!impressionnants!ksour!de!montagne!de!Djebel!Abiadh!par!son!extension!et!ses!étages,!intégré!
dans! un! paysage! de! cuesta! dominant! une! vallée! aménageée! en! Jessour! et! présentant! un! gisement!
paléontologique!d'intérêt!scientifique!et!pédagogique,!avec!des!fossiles!riches!et!variés!du!Jurassique!moyen!
et!supérieur.!
Description#détaillée#
Ksar!Ouled!Soltane!relève!de!la!catégorie!des!ksour!de!montagne.!Il!est!installé!sur!une!lanière!du!plateau!de!
Djebel! Abiadh! en! avant! de! quelques! vieux! villages! berbères! fortifiés! qui! occupaient! autrefois! les! buttes!
avoisinantes.!En!direction!du!sud[ouest,!il!domine!un!beau!paysage!représenté!par!la!vallée!amont!de!l'oued!
Maztouria!et!ses!affluents!dont!les!fonds!sont!aménagés!en!Jessour!entre!les!habitats!dispersés.!!
Le! Ksar! Ouled! Soltane! est! installé! sur! de! puissantes! dalles! calcaires! d'origine! marine! qui! marquent! au!
Jurassique!le!début!d'un!important!approfondissement!de!la!Téthys!et!l'invasion!de!la!plateforme!saharienne!
par!un!océan!franc.!Cette!période!géologique!est!matérialisée!par!des!marnes!fossilifères!qui!affleurent!dans!
les!environs!du!ksar!et!qui!dotent!la!région!de!nombreux!sites!paléontologiques!à!fossiles!d'invertébrés!riches!
et!diversifiés!:!crinoïdes,!oursins,!brachiopodes,!céphalopodes,!lamellibranches,!gastéropodes,!et!différentes!
espèces!d'éponges!et!de!coraux.!Sous!les!dalles!calcaires!qui!supportent!le!ksar!affleurent!des!sables!et!des!
!
argiles!qui!ont!livré!une!flore!en!volume!et!en!empreintes!de!fougères,!telle!que!Piazopteris'branneri,!et!de!
conifères,! dont! une! espèce! nouvelle,! baptisée! Cupressionocladus' soltanensis,! d'âge! Bathonien! (environ!
165!millions!d'années).!
Le! Ksar! Ouled! Soltane! est! remarquable! par! la! diversité! de! ses! composantes! (nombre! de! ses! ghorfas! et!
aménagement!du!milieu).!Malgré!les!modifications!et!les!travaux!de!restauration!qu'il!a!connus,!il!reste!l’un!
des! ksour! les! plus! impressionnants! et! les! plus! originaux! de! Djebel! Abiadh.! Il! est! original! par! sa! grande!
extension,!ses!quatre!étages!et!ses!nombreuses!ghorfas!(400),!ainsi!que!par!son!bon!état!de!conservation.!Il!
est!également!original!par!la!présence!à!proximité!de!deux!importantes!buttes[témoins!qui!culminent!à!des!
altitudes! dépassant! les! 580! m! et! permettent! de! repérer! le! Ksar! de! diverses! régions! lointaines.! Ces! buttes!
portent!d’anciens!villages!berbères!abandonnés!depuis!longtemps.!
La! valeur! et! l'originalité! du! site! résident! dans! l'intérêt! de! ses! terrains! géologiques! (Jurassique! moyen! et!
supérieur,!il!y!a!environ!167!à!150!millions!d'années)!dont!le!grand!nombre!des!gisements!paléontologiques!et!
la!diversité!et!la!richesse!en!fossiles!marins!et!continentaux!constituent!des!curiosités!géologiques.!!
#
Niveau#de#protection#et#menaces#
Le!Ksar!a!subi!plusieurs!travaux!de!réhabilitation!et!se!trouve!en!un!très!bon!état!de!conservation.!Toutefois,!
les!gisements!paléontologiques!autour!du!Ksar!sont!vulnérables.!En!effet,!leur!fréquentation!par!les!visiteurs!
qui!récoltent!les!fossiles!ou!par!les!autochtones!qui!les!récoltent!et!les!vendent!aux!touristes,!peut!causer!leur!
appauvrissement!irréversible!en!fossiles.!!
Les! décharges! non! contrôlées! constituent! également! une! menace! sérieuse! qui! peut! contribuer! à! la!
dégradation!du!site!et!de!son!paysage!naturel.!
!
Références#principales#
Louis,#A.,#1975.!Tunisie!du!Sud,!Ksars!et!villages!de!crêtes.!Paris,!Editions!du!C.N.R.S.,!372!p.!
Zaied,#A.,#1992.!Le!monde!des!Ksour!du!Sud[est!tunisien.!Carthage,!Beit!El!Hikma,!268!p.!!
Ben#Ouezdou,#H.,#2001.#Découvrir!la!Tunisie!du!Sud!de!Matmata!à!Tataouine:!Ksour,!Jessour!et!Troglodytes.!
Tunis,!80!p.!
!
!
24# Gisement#d’invertébrés#marins#jurassiques#de#Siah#Chahbania# Valeur#régionale#
!
Coordonnées#:!N!32.507954°!!E!10.364742°!
Altitude#:!305!m!
Localisation#:!Gouvernorat!de!Tataouine,!
Délégation!de!Remada!
Accès#:! Le! site! est! facilement! accessible! en!
véhicule,! en! empruntant! la! piste! qui! dérive!
de!la!route!RN19!au!niveau!de!Bir!50!et!qui!
mène!vers!la!plaine!d'el!Ouara.!Situé!à!3!km!
à! l'ouest! de! Ksar! el! Morra,! le! principal!
gisement! fossilifère! est! à! moins! de! 10!
minutes!de!marche.!
!
!
Brève#description#du#site!
Site! paléontologique! à! nombreux! gisements! fossilifères! du! Jurassique! moyen,! d'une! richesse! et! biodiversité!
exceptionnelles,! présentant! un! intérêt! scientifique! et! pédagogique,! ainsi! qu’un! intérêt! géomorphologique!
(cuesta,!lanières!et!buttesZtémoins).!
Description#détaillée#
Dans!la!partie!centrale!du!graben!de!Tataouine,!au!cœur!du!bassin,!affleurent!les!faciès!sédimentaires!les!plus!
profonds!et!les!plus!fossilifères!de!toute!la!série!mésozoïque!de!la!plateforme!saharienne.!Il!s'agit!de!marnes!
jaunes! et! de! calcaires! marneux! déposés! au! Jurassique! moyen! (Bathonien! à! Callovien:! 167! à! 154! millions!
d'années)!dans!le!large!de!la!mer!téthysienne,!à!l'abri!des!tempêtes!qui!affectent!les!côtes.!!
Sur!plus!d'une!dizaine!de!kilomètres,!au!pied!des!plateaux!et!buttesZtémoins!de!Siah!Chahbania,!sous!la!dalle!
de! calcaires! massifs! paraZrécifaux! oxfordiens! (Jurassique! supérieur:! Z150! MA),! affleure! une! couche!
principalement!marneuse!puissante!d'une!vingtaine!de!mètres!qui!se!distingue!dans!le!paysage!par!sa!couleur!
jaunâtre.!Remarquablement!fossilifère,!cette!couche!a!livré!une!riche!faune!d'invertébrés!marins!comportant!
diverses!espèces!d'Eponges,!de!Coraux,!de!Bryozoaires,!d'Echinodermes,!de!Brachiopodes,!de!Céphalopodes,!
de!Lamellibranches,!de!Gastéropodes,!etc.!
En!plus!de!la!richesse!et!de!la!biodiversité!exceptionnelles!du!contenu!fossilifère!de!ces!faciès,!la!finesse!de!
leurs! particules! sédimentaires,! les! conditions! hydrodynamiques! au! moment! du! dépôt! et! probablement! un!
taux! de! sédimentation! assez! élevé! ont! favorisé! une! préservation! également! exceptionnelle! du! matériel!
!
paléontologique.!Les!fossiles!de!toutes!les!tailles!sont!préservés!en!entier,!avec!souvent!leurs!tests!qui!ont!pu!
résister!aux!dissolutions!diagénétiques.!Pour!toutes!ces!raisons,!les!gisements!!fossilifères!de!Siah!Chahbania!!
sont!sans!équivalents!et!constituent!des!témoins!précieux!de!la!biodiversité!et!de!la!richesse!de!la!faune!et!la!
flore!marines!!au!cours!de!cette!période!géologique.!Ils!offrent!également!un!matériel!paléontologique!d'une!
grande!importance!pour!la!recherche!scientifique.!
Le! site! présente! également! un! intérêt! géomorphologique,! par! la! présence! de! cuesta,! lanières! et! buttesZ
témoins.!
!
Niveau#de#protection#et#menaces#
Situé!loin!des!agglomérations!et!pauvre!en!sols!pour!pratiquer!l’agriculture,!le!site!de!Siah!Chahbania!est!dans!
un!excellent!état!de!préservation.!Il!n'est!pour!le!moment!pas!connu!par!les!amateurs!de!fossiles!qui!risquent!
d'appauvrir!les!gisements!du!site.!
!
Références#principales#
Aubert,#F.,#1891.!Note!sur!la!géologie!de!l'ExtrêmeZSud!de!la!Tunisie.!Bull.!Soc.!Géol.!France!19(3),!408Z413.!
Busson,#G.,#1967.!Le!Mésozoïque!saharien.!1ère!partie:!l’ExtrêmeZSud!tunisien.!Paris,!Editions!du!C.N.R.S.!
Centre!de!Recherches!sur!les!zones!arides,!Série!Géologie,!8,!194!p.!
Peybernès,# B.,# Alméras,# Y.,# Ben# Youssef,# M.,# Kamoun,# F.,# Mello,# J.,# Rey,# J.,# Zargouni,# F.,# 1985.! Nouveaux!
éléments!de!datation!dans!le!Jurassique!du!SudZTunisien!(PlateZforme!saharienne).!C.R.!Acad.!Sci.,!300,!113Z
118.!
Kamoun,#F.,#Peybernes,#B.,#Ben#Youssef,#M.,#1987.!Analyse!biostratigraphique!et!sédimentologique!du!
Jurassique!de!l’Extrême!Sud!tunisien!(Plateforme!saharienne!et!abords!de!la!chaîne!permienne).!Revue!des!
Sciences!de!la!Terre,!Institut!National!de!Recherche!Scientifique!et!Technique,!6,!37Z61.!
Kamoun,# F.,# 1988.! Le! Jurassique! du! Sud! tunisien,! témoin! de! la! marge! africaine! de! la! Téthys!:! stratigraphie,!
sédimentologie!et!micropaléontologie.!Thèse!de!doctorat,!Université!de!Toulouse,!2!vol.!
Ben#Ismaïl,#M.#H.#1991.!Les!bassins!mésozoïques!(Trias!à!Aptien)!du!sud!de!la!Tunisie:!stratigraphie!intégrée,!
caractéristiques!géophysiques!et!évolution!géodynamique.!Thèse!de!doctorat,!Université!de!Tunis!I.!
Wolfgang,#M.,#1997.!Palaeoecology!and!palaeobiogeography!of!the!Middle!Jurassic!ostracods!of!Southern!
Tunisia.!Palaeogeography,!Palaeoclimatology,!Palaeoecology,!131,!65Z111.!
!
!
25# Site#sédimentologique#et#néolithique#de#Bateun#el#Ghzel# Valeur#nationale#
!
Coordonnées#:!N!32.684491°!!E!10.218340°!
Altitude#:!506!m!
Localisation#:!Gouvernorat!de!Tataouine,!
Délégation!de!Remada!
Accès#:!A!partir!du!village!de!Bir!Amir,!le!site!est!
accessible! en! véhicule! toutJterrain,! en!
empruntant!une!piste!qui!se!dirige!vers!le!nord!et!
mène! à! une! carrière! d'exploitation! de! sable.! 2!h!
de! marche! à! pied! sont! nécessaires! pour! faire! le!
tour!du!site.!
!
!
! Aïn!el!Gattar!
Brève#description#du#site!
Site! sédimentologique! dans! une! reculée! permettant! de! suivre! l'évolution! sédimentaire! des! formations! du!
Crétacé! inférieur,! présentant! un! riche! patrimoine! paléobotanique! et! paléontologique,! géomorphologique! et!
paysager!(cuesta!et!reculée),!et!culturel!(ateliers!de!débitage!néolithiques!et!maisons!!troglodytes).!
Description#détaillée#
Djebel!Bateun!el!Ghzel!se!présente!comme!une!importante!reculée!du!grand!escarpement!crétacé!qui!domine!
la! plaine! de! Bir! Amir.! Favorisé! par! une! large! et! profonde! percée! d'entonnoir,! ce! site! montre! une! série! de!
coupes!géologiques!précieuses!pour!suivre!selon!une!direction!estJouest,!rarement!offerte!le!long!du!Plateau!
du!Dahar,!l'évolution!sédimentaire!des!formations!du!Crétacé!inférieur.!C'est!parmi!les!coupes!qui!affleurent!
au!sein!de!la!falaise!de!Djebel!Bateun!el!Ghzel!que!figure!la!coupe!type!des!sables!de!l'Albien!inférieur!(113!à!
100!millions!d'années)!qui!hébergent!les!plus!importants!niveaux!à!restes!de!dinosauriens!et!autres!vertébrés.!
A! côté! de! son! intérêt! sédimentologique,! ce! site! montre! des! niveaux! conglomératiques! remarquablement!
riches!en!restes!de!vertébrés!qui!forment!de!véritables!bone!beds!et!donnent!une!valeur!paléontologique!au!
site.!Il!s'agit!de!remplissages!de!chenaux!qui!marquent!la!base!des!niveaux!des!sables!d'estrans!transgressifs!
aptiens! (J120! MA)! identiques! à! ceux! de! Djebel! Merbah! el! Asfer! et! Djebel! Itime.! Les! fossiles! rencontrés!
correspondent!à!de!nombreux!fragments!d'os!et!carapaces!de!tortues!marines!et!plaques!dermiques!et!dents!
de!crocodiles,!des!plaques!dermiques!et!dents!de!poissons!Lepidotes!et!Dipneustes,!des!dents!de!requins,!ainsi!
que!de!rares!dents!d'Iguanontidae.!Les!restes!de!bois!fossiles!conifères!et!fougères!arborescentes!abondent!
aussi.!
Sur! certains! plateaux! qui! se! détachent! du! grand! escarpement! crétacé,! on! note! la! présence! de! surfaces!
!
couvertes! par! des! concentrations! remarquables! de! concrétions! siliceuses! sous! la! formes! de! billes! connues!
sous!le!nom!de!Kerkoubs.!!
On!note!également!les!vestiges!d'ateliers!néolithiques!de!confection!d'outils!en!silex.!La!barre!turonienne!qui!
constitue!la!cuesta!principale!étant!la!source!principale!de!pierres!de!silex.!Les!bois!fossiles!silicifiés!récoltés!
dans!les!sables!de!l'Albien!inférieur!étaient!utilisés!comme!percuteurs!pour!le!façonnage!des!outils.!
!
Niveau#de#protection#et#menaces#
En!raison!de!l'accès!difficile!aux!différentes!coupes!du!site!et!des!reliefs!accidentés,!Djebel!Bateun!el!Ghzel!est!
en!excellent!état!de!préservation!et!n'est!menacé!que!par!les!collectes!de!fossiles!par!les!scientifiques.!
!
Références#principales#
Busson,#G.,#1967.!Le!Mésozoïque!saharien.!1ère!partie:!l’ExtrêmeJSud!tunisien.!Paris,!Editions!du!C.N.R.S.!
Centre!de!Recherches!sur!les!zones!arides,!Série!Géologie,!8,!194!p.!
Ben#Ismaïl,#M.#H.#1991.!Les!bassins!mésozoïques!(Trias!à!Aptien)!du!sud!de!la!Tunisie:!stratigraphie!intégrée,!
caractéristiques!géophysiques!et!évolution!géodynamique.!Thèse!de!doctorat,!Université!de!Tunis!I.!
Ouaja,#M.,#2003.!Etude!sédimentologique!et!paléobotanique!du!Jurassique!moyen!–!Crétacé!inférieur!du!
bassin!de!Tataouine,!SudJEst!de!la!Tunisie.!Thèse!de!doctorat,!Université!Claude!Bernard,!Lyon!!
Srarfi,#D.,#Ouaja,#M.,#Buffetaut,#E.,#Cuny,#G.,#Barale,#G.,#Ferry,#S.,#Fara,#E.,#2004.!Position!stratigraphique!des!
niveaux!à!vertébrés!du!Mésozoïque!du!SudJEst!de!la!Tunisie.!Notes!du!Service!Géologique!de!Tunisie,!72,!5J16.!
Srarfi,#D.,#2006.!Biostratigraphie,!biodiversité,!taphonomie!and!paléoenvironnement!des!niveaux!à!vertébrés!
du!JurassiqueJCrétacé!du!SudJEst!de!la!Tunisie.!Implications!paléobiogéographiques.!Thèse!de!doctorat,!
Université!Claude!Bernard,!Lyon!1.!
Fanti,#F.,#Contessi,#M.,#Franchi,#F.,#2012.!The!“Continental!Intercalaire”!of!southern!Tunisia:!stratigraphy,!
paleontology,!and!paleoecology.!Journal!of!African!Earth!Sciences,!73/74,!1J23.!
Contessi,#M.,#2013.!Paleontological!Studies!of!Cretaceous!Vertebrate!Fossil!Beds!in!the!Tataouine!Basin!
(Southern!Tunisia).!PhD!Thesis,!University!of!Bologna,!121!p.!
Fanti,#F.,#Cau,#A.,#Martinelli,#A.#Contessi,#M.,#2014.!Integrating!palaeoecology!and!morphology!in!theropod!
diversity!estimation:!A!case!from!the!AptianJAlbian!of!Tunisia.!Palaeogeography,!Palaeoclimatology,!
Palaeoecology,!410,!39J57.!
!
!
26# Vallée#et#réserve#naturelle#de#l’Oued#Dekouk#(site#Ramsar)# Valeur#universelle#
!
Coordonnées#:!N!32.624072°!!E!10.308456°!
Altitude#:!265!m!
Localisation#:!Gouvernorat!de!Tataouine.!Le!site!s'étend!sur!
des!parties!de!la!Délégation!de!Tataouine!Sud!et!de!
Remada.!!
Accès#:! L'accès! au! site! de! l'Oued! Dekouk! s'effectue! par! la!
route!nationale!19!qui!relie!Tataouine!à!Remada.!Le!site!se!
situe! à! 36! km! de! Tataouine! et! à! 40! km! de! Remada.! Un!
réseau! de! pistes! permet! d'accéder! aux! différentes! parties!
du! site.! Parfois! une! marche! est! nécessaire! dans! les! dunes!
de!sable!ou!dans!les!parties!marécageuses.!
!
!
!
!
!
!
Brève#description#du#site#
Vallée! entourée! de! dunes! sableuses! donnant! au! paysage! un! aspect! désertique,! formant! un! microWmilieu!
humide! avec! une! faune! et! une! flore! riche! et! diversifiée,! d’intérêt! environnemental! et! paysager! et! classée!
comme!réserve!naturelle!et!site!Ramsar.!
Description#détaillée#
Ce!site!est!une!aire!protégée.!Couvrant!une!superficie!de!5!750!ha,!il!a!été!crée!en!1994,!puis!classé!comme!
une!réserve!naturelle!en!2009!par!décret!et!comme!site!Ramsar!le!2!février!2012.!C'est!une!vallée!d'intérêt!
environnemental! et! paysager! important.! L'Oued! Dekouk! prend! naissance! sur! les! bordures! orientales! de! la!
dépression!de!Garaat!el!Atela.!Cette!dernière!constitue!le!niveau!de!base!des!oueds!qui!drainent!la!plaine!de!
DghasenWDekouk!et!qui!convergent,!suivant!une!organisation!radiale,!vers!cette!dépression.!Son!fond!est!situé!
à! une! altitude! de! 265! m.! A! partir! de! la! source! de! l'Oued! Dekouk,! l’Oued! Dghasen! perce! le! relief! entre! les!
buttes!et!les!collines!de!Guelb!Chahbania!culminant!à!337!m!et!le!petit!plateau!de!Ktef!Dekouk!culminant!à!
343!m!pour!atteindre!la!plaine!de!la!vallée!de!l'Oued!el!Gouafel.!Au!niveau!de!la!dépression!et!de!la!percée!
façonnée! par! l’Oued! Dghasen,! le! site! de! l'Oued! Dekouk! offre! un! paysage! varié! de! formes! structurales!
(versants,!collines,!buttes,!corniches...)!et!de!modelés!éoliens!(grandes!dunes,!nebkas,!voile!éolien...).!
Le! site! de! l'Oued! Dekouk! présente! un! intérêt! environnemental! unique! dans! ce! domaine! aride! proche! du!
Sahara.!C'est!le!seul!site!où!une!source!d'eau!douce!a!permis!le!développement!d'un!plan!d'eau!permanent!au!
milieu!d'un!paysage!désertique.!Cette!situation!a!favorisé!une!concentration!de!plusieurs!espèces!animales!et!
végétales.! Oued! Dekouk! abrite! plusieurs! espèces! de! reptiles! (28),! d'amphibiens! (1),! d'oiseaux! (90)! et! de!
mammifères!(4),!dont!le!mouflon!à!manchettes!(Barbary'Ammotragus'lervia)!qui!est!l'unique!représentant!de!
caprins! sauvages! en! Afrique.! La! flore! est! riche,! variée! et! typique,! avec! environ! 90! espèces! annuelles! ou!
vivaces.!
Avec!ses!paysages!remarquables!et!sa!richesse!floristique!et!faunistique,!le!site!de!l'Oued!Dekouk!présente!un!
important! potentiel! écotouristique.! Mais,! d'un! autre! côté,! toute! intervention! humaine! doit! prendre! en!
considération!la!vulnérabilité!et!la!fragilité!de!ce!milieu!en!équilibre!précaire.!
#
Niveau#de#protection#et#menaces#
La! vallée! de! l'Oued! Dekouk! est! une! aire! doublement! protégée.! Elle! a! d’abord! a! été! créée! comme! Réserve!
naturelle! en! 1994,! puis! classée! comme! telle! et! relevant! du! domaine! privé! de! l’Etat! selon! le! décret! n°! 2009W
!
1067!du!13!avril!2009.!Par!la!suite,!le!site!a!été!classé!site!Ramsar!le!2!février!2012!(numéro!2011).!Ces!deux!
statuts!donnent!au!site!un!niveau!élevé!de!protection.!!
Cependant,! la! multiplication! des! interventions! humaines! sous! la! forme! de! périmètres! irrigués! et! puits!
exploitant!la!nappe,!tout!autour!de!la!vallée,!risque!de!porter!atteinte!à!son!équilibre!fragile.!
!
Références#principales#
Khalili,#B.,#1985.!Contribution!à!l’étude!hydrogéologique!du!bassin!versant!de!Ain!Dekouk!(Sud!Tunisie).!Thèse!
de!doctorat!TerreWOcéanWEspace,!Université!Paris!6,!154!p.!!
Abid,#H.,#2010.!Fiche!descriptive!sur!les!zones!humides!Ramsar!(FDR),!Oued!Dekouk,!Direction!Générale!des!
Forêts!(DGF),!Ministère!de!l’Agriculture!des!Ressources!Hydrauliques!et!de!la!Pêche,!12!p.!
Direction#Générale#des#Forêts,#2015.!Atlas!cartographique!des!aires!protégées!et!des!zones!humides!en!
Tunisie.!Tunis,!Direction!Générale!des!Forêts,!p.!34.!!!
https://rsis.ramsar.org/ris/2011!(Base!de!données!Ramsar,!consultée!le!3!janvier!2018)!
http://www.onagri.nat.tn/atlas!(Atlas!des!aires!protégées!de!Tunisie,!consulté!le!3!janvier!2018)!
!
!
!
27# Site#sédimentologique#de#découverte#du#dinosaure!Tataouinea!hannibalis#de# Valeur#nationale#
Djebel#Touil#el#Mra#
!
Coordonnées#:!N!32.55900°!!E!10.16768°!
Altitude#:!441!m!
Localisation#:!Gouvernorat!de!Tataouine,!
Délégation!de!Remada!
Accès#:!A!partir!du!village!de!Bir!Amir,!le!site!
est! accessible! en! véhicule! toutKterrain,! en!
empruntant! une! piste! qui! se! dirige! vers! le!
sud!et!passe!par!le!col!de!Touil!el!Mra.!
!
!
!
Djebel!Touil!el!Mra!
Chantier!des!
fouilles!
Brève#description#du#site!
Site! sédimentologique! d’intérêt! scientifique! et! pédagogique! et! lieu! de! découverte! d'un! nouveau! genre! et!
nouvelle! espèce! de! dinosaure! en! Tunisie! (Tataouinea* hannibalis),! présentant! également! un! intérêt!
géomorphologique!(cuesta,!lanières!et!buttesKtémoins).*
Description#détaillée#
A! l'occasion! d'une! campagne! de! fouilles! mené! par! l'Office! National! des! Mines! en! collaboration! avec! des!
chercheurs! de! l'Université! de! Bologne! (Italie),! des! restes! d'un! squelette! de! dinosaure! sauropode! ont! été!
découverts!enfouis!dans!les!sables!fins!de!l'Albien!inférieur!du!site!de!Djebel!Touil!el!Mra!à!5!kilomètres!au!sud!
du! village! de! Bir! Amir.! Il! s'agit! de! la! première! découverte! de! restes! connectés! d'une! bonne! partie! du!
postérieur!d'un!nouveau!genre!et!nouvelle!espèce,!baptisé!Tataouinea*hannibalis.!!
La!série!géologique!qui!affleure!aux!environs!du!site!de!Djebel!Touil!el!Mra!est!marquée!essentiellement!par!
les!sables!de!l'Albien!inférieur!surmontés!directement!par!les!carbonates!transgressifs!du!Crétacé!supérieur.!A!
part!les!restes!de*Tataouinea*hannibalis,*le!matériel!paléontologique,!bois!fossiles!et!restes!de!vertébrés,!est!
relativement! rare.! Par! contre,! les! figures! sédimentaires! sont! remarquablement! bien! présentes! et! bien!
conservées!malgré!la!nature!friable!des!sables.!Elles!constituent!des!archives!précieuses!de!la!dynamique!de!
sédimentation!et!le!milieux!de!dépôt!de!ces!sables!qui!matérialisent!une!période!clé!dans!l'histoire!géologique!
de! la! plateforme! saharienne.! Sous! la! cuesta! turonienne! coiffant! la! falaise! crétacée,! les! carbonates!
cénomaniens!montrent!également!des!faciès!sédimentaires!qui!matérialisent!une!autre!période!clé!de!cette!
!
histoire!géologique!et!d'autres!milieux!et!conditions!de!dépôt,!montrant!ainsi!que!pour!un!même!endroit!de!la!
Terre,! les! paysages! et! les! climats! changent! au! cours! des! temps! géologiques.! Le! site! a! ainsi! un! intérêt!
pédagogique!important.!!
Le! site! présente! également! toute! une! série! de! formes! structurales! typiques! des! reliefs! de! cuesta! (cuesta,!
lanières!et!buttesKtémoins)!et!présente!de!ce!fait!un!intérêt!géomorphologique!qui!vient!se!rajouter!à!la!valeur!
sédimentologique!et!paléontologique.!
!
Niveau#de#protection#et#menaces#
Situé!loin!des!agglomérations!!et!relativement!pauvre!en!fossiles!pour!attirer!les!paléontologues!et!les!
amateurs!!de!géologie,!le!site!de!Djebel!Touil!el!Mra!est!dans!un!excellent!état!de!préservation!et!aucune!
menaces!ne!semble!le!concerner!dans!un!avenir!proche.!Il!ne!jouit!toutefois!d’aucune!protection!formelle.!!
!
Références#principales#
Aubert,#F.,#1891.!Note!sur!la!géologie!de!l'ExtrêmeKSud!de!la!Tunisie.!Bull.!Soc.!Géol.!France!19(3),!408K413.!
Busson,#G.,#1967.!Le!Mésozoïque!saharien.!1ère!partie:!l’ExtrêmeKSud!tunisien.!Paris,!Editions!du!C.N.R.S.!
Centre!de!Recherches!sur!les!zones!arides,!Série!Géologie,!8,!194!p.!
Ben#Ismaïl,#M.#H.#1991.!Les!bassins!mésozoïques!(Trias!à!Aptien)!du!sud!de!la!Tunisie:!stratigraphie!intégrée,!
caractéristiques!géophysiques!et!évolution!géodynamique.!Thèse!de!doctorat,!Université!de!Tunis!I.!
Ouaja,#M.,#2003.!Etude!sédimentologique!et!paléobotanique!du!Jurassique!moyen!–!Crétacé!inférieur!du!
bassin!de!Tataouine,!SudKEst!de!la!Tunisie.!Thèse!de!doctorat,!Université!Claude!Bernard,!Lyon!!
Srarfi,#D.,#Ouaja,#M.,#Buffetaut,#E.,#Cuny,#G.,#Barale,#G.,#Ferry,#S.,#Fara,#E.,#2004.!Position!stratigraphique!des!
niveaux!à!vertébrés!du!Mésozoïque!du!SudKEst!de!la!Tunisie.!Notes!du!Service!Géologique!de!Tunisie,!72,!5K16.!
Srarfi,#D.,#2006.!Biostratigraphie,!biodiversité,!taphonomie!and!paléoenvironnement!des!niveaux!à!vertébrés!
du!JurassiqueKCrétacé!du!SudKEst!de!la!Tunisie.!Implications!paléobiogéographiques.!Thèse!de!doctorat,!
Université!Claude!Bernard,!Lyon!1.!
Fanti,#F.,#Contessi,#M.,#Franchi,#F.,#2012.!The!“Continental!Intercalaire”!of!southern!Tunisia:!stratigraphy,!
paleontology,!and!paleoecology.!Journal!of!African!Earth!Sciences,!73/74,!1K23.!
Contessi,#M.,#2013.!Paleontological!Studies!of!Cretaceous!Vertebrate!Fossil!Beds!in!the!Tataouine!Basin!
(Southern!Tunisia).!PhD!Thesis,!University!of!Bologna,!121!p.!
Fanti,#F.,#Cau,#A.,#Hassine,#M.,#Contessi,#M.,#2013.!A!new!sauropod!dinosaur!from!the!Early!Cretaceous!of!
Tunisia!with!extreme!avianKlike!pneumatization.!Nature!Communications,!208,!1K7.!
!
!
28# Site#sédimentologique#et#paléobotanique#à#troncs#de#bois#fossiles#de# Valeur#nationale#
Djebel#Itime#
!
Coordonnées#:!N!32.79153°!E!10.33299°!!
Altitude#:!597!m!
Localisation#:!Gouvernorat!de!Tataouine,!
Délégation!de!Tataouine!Sud.!!
Accès#:!Le!site!est!accessible!en!véhicule!par!
une!piste!qui!dérive!de!la!route!RN19!reliant!
Tataouine!à!Remada,!au!niveau!de!la!borne!
kilométrique!24.!Pour!faire!le!tour!du!site,!20!
à!30!minutes!de!marche!sont!nécessaires.!!
!
!
! Jebel!Itime!
Brève#description#du#site!
Site!sédimentologique!et!paléobotanique!(troncs!de!bois!fossiles)!d'intérêt!scientifique!et!pédagogique,!avec!
intérêt!géomorphologique!(cuesta,!lanières!et!buttesStémoins).!
Description#détaillée#
A! Djebel! Itime,! comme! dans! le! reste! de! la! plaine! du! Ferch,! apparaissent,! entre! la! cuesta! des! carbonates! du!
Jurassique! supérieur! à! la! base! et! celle! du! Crétacé! supérieur! au! sommet,! de! puissantes! couches! de! sable,!
d'argile!et!de!dolomie!qui!ont!livré!plusieurs!gisements!à!restes!de!végétaux.!Il!s’agit!donc!d’une!flore!fossile!
de! conifères! et! de! fougères! riche! et! diversifiée,! conservée! en! empreintes! dans! les! couches! argileuses! et! en!
volume!dans!les!niveaux!sableux.!Les!troncs!de!bois!fossiles,!particulièrement!abondants!à!Djebel!Itime,!ont!
été! déplacés! et! concentrés! par! les! cours! d'eau! le! long! desquels! ils! ont! échoué! sur! les! barres! de! méandres!
alignés!dans!le!sens!de!l'écoulement.!
Au! Jurassique! supérieurSCrétacé! inférieur! (140! à! 100! millions! d'années),! le! paysage! était! dominé! par! des!
vastes! plaines! côtières! d'une! platitude! extrême.! Les! zones! intertidales! sont! alors! devenues! très! larges! et! le!
littoral!était!de!très!faible!énergie!comme!l'indiquent!le!caractère!méandriforme!des!cours!d'eau!et!la!finesse!
des!dépôts!enregistrés!à!cette!époque.!Ces!conditions!morphologiques!particulières!de!la!bordure!nord!de!la!
plateforme!saharienne!sont!à!l'origine!de!la!grande!sensibilité!de!celleSci!aux!fluctuations!du!niveau!de!la!mer.!
En!effet!une!légère!hausse!ou!baisse!du!niveau!marin!a!pu!engendrer!un!déplacement!important!de!la!ligne!de!
rivage!et!un!changement!radical!du!paysage.!
!
La! grande! étendue! et! l'extrême! platitude! de! la! bordure! nord! de! la! plateforme! saharienne! sont! à! l'origine!
d'immenses! plateaux! qui! se! dégageaient! lorsque,! pour! des! raisons! climatiques! et/ou! tectoniques,! le! niveau!
marin! baissait.! Soumis! aux! effets! des! intempéries! d'un! climat! chaud! et! humide,! ces! plateaux! ont! été!
rapidement! entaillés! par! de! nombreuses! vallées! qui! ont! canalisé! les! cours! d'eau! et! créé! des! microclimats!
favorables!au!développement!d’écosystèmes!verdoyants!où!conifères!et!fougères!formaient!des!forêts!denses!
qui! longeaient! les! vallées.! Ces! écosystèmes! devaient! contraster! avec! un! climat! steppique! plus! sec! sur! les!
hauteurs.!
!
Niveau#de#protection#et#menaces#
Situé!loin!des!agglomérations!et!pauvre!en!sols!favorables!à!l’agriculture,!le!site!de!Djebel!Itime!est!dans!un!
excellent!état!de!préservation.!Cependant,!il!faut!signaler!l'apparition,!aux!environs!immédiats!du!site,!d'une!
exploitation!artisanale!de!pierres!de!construction!recherchées!pour!leur!couleur!jaunâtre.!!
Le!site!ne!jouit!d’aucune!protection!légale.!!
!
Références#principales#
Busson,#G.,#1967.!Le!Mésozoïque!saharien.!1ère!partie:!l’ExtrêmeSSud!tunisien.!Paris,!Editions!du!C.N.R.S.!
Centre!de!Recherches!sur!les!zones!arides,!Série!Géologie,!8,!194!p.#
Bouaziz,#S.#Ghanmi,#M.,#Zarbout,#M.,#1989.!La!série!à!dominante!continentale!(Oxfordien!à!Cénomanien)!de!la!
falaise!du!Dahar!(SudStunisien).!Son!évolution!du!Tébaga!de!Médenine!à!la!frontière!tripolitaine.!Géologie!
Méditerranéenne,!16,!67S76.!
Barale,#G.,#Philippe,#M.,#TayechSMannai,#B.,#Zarbout,#M.,#1997.!Découverte!d’une!flore!à!Ptéridophytes!et!
Gymnospermes!dans!le!Crétacé!inférieur!de!la!région!de!Tataouine!(Sud!tunisien).!C.R.!Acad.!Sci.,!325,!221S
224.!!
Barale#G.,#Zarbout#M.,#Philippe,#M.,#1998.!Niveaux!à!végétaux!fossiles!en!environnement!fluviatile!à!marin!
proximal!dans!le!Dahar!(Bathonien!à!AlbienSSud!Tunisien).!Bull.!Soc.!Géol.!France,!169,!811S819.!!
Barale,#G.,#Ouaja,#M.,#2002.!La!biodiversité!végétale!des!gisements!d’âge!Jurassique!supérieur!Crétacé!
inférieur!de!Merbah!El!Asfer!(SudSTunisien).!Cretaceous!Research,!23,!707S737.!
Ouaja,#M.,#Ferry,#S.,#Brale,#G.,#Srarfi,#D.,#2002.!Faciès!de!dépôt!du!Jurassique!et!du!Crétacé!du!bassin!de!
Tataouine!(SudSEst!de!la!Tunisie).!Livret!guide!de!l’excursion!organisée!par!le!Service!Géologique!de!Tunisie!et!
l’Association!des!Sédimentologistes!Français.!Tunis,!Publication!de!l’Office!National!de!Mines!de!Tunisie,!99!p.!
Ouaja,#M.,#2003.!Etude!sédimentologique!et!paléobotanique!du!Jurassique!moyen!–!Crétacé!inférieur!du!
bassin!de!Tataouine,!SudSEst!de!la!Tunisie.!Thèse!de!doctorat,!Université!Claude!Bernard,!Lyon!1.!
Srarfi,#D.,#Ouaja,#M.,#Buffetaut,#E.,#Cuny,#G.,#Barale,#G.,#Ferry,#S.,#Fara,#E.,#2004.!Position!stratigraphique!des!
niveaux!à!vertébrés!du!Mésozoïque!du!SudSEst!de!la!Tunisie.!Notes!du!Service!Géologique!de!Tunisie,!72,!5S16.!
Barale,#G.,#2007.!Le!Sud!tunisien!:!lieu!privilégié!pour!caractériser!les!taphofaciès!végétaux!du!Mésozoique.!C.!
R.!Palévol.,!6,!115S124.!
Fanti,#F.,#Contessi,#M.,#Franchi,#F.,#2012.!The!“Continental!Intercalaire”!of!southern!Tunisia:!stratigraphy,!
paleontology,!and!paleoecology.!Journal!of!African!Earth!Sciences,!73/74,!1S23.!
Tlig,#S.,#2015.!The!Upper!Jurassic!and!Lower!Cretaceous!series!of!southern!Tunisia!and!northwestern!Libya!
revisited.!Journal!of!African!Earth!Sciences,!110,!100S115.!
!
!
29# Travertins#miocènes#à#empreintes#de#feuilles#de#plantes#de#Djebel#Mzar# Valeur#locale#
!
Coordonnées#:!N!33.10737°!!E!10.56220°!
Altitude!:!160!m!
Localisation#:!Gouvernorat!de!Tataouine,!
Délégation!de!Ghomrassen!
Accès#:!Le!site!est!facilement!accessible!en!
véhicule,!à!partir!d'une!piste!qui!dévie!de!
la!route!RN19!reliant!Bir!Lahmar!à!
Tataouine.!Pour!faire!le!tour!du!site,!
40!minutes!de!marche!sont!nécessaires.!!
!
!
!
!
!
Travertins!à!empreintes!de!plantes!
Brève#description#du#site#
Site!paléobotanique!et!sédimentologique!(travertins!miocènes!à!empreintes!de!feuilles!de!plantes)!d'intérêt!
scientifique!et!pédagogique,!présentant!également!un!intérêt!paysager!(curiosité!naturelle).!!
Description#détaillée#
Amortis!par!l'accident!sudVatlasique,!les!évènements!tectoniques!de!la!fin!du!Miocène!qui!ont!donné!lieu!il!y!a!
environs! 10! millions! d'années! aux! plis! de! l'Atlas! saharien! et! tunisien,! n'ont! fait! que! réactiver! les! failles!
anciennes!et!profondes!de!la!plateforme!saharienne.!Ces!évènements!ont!été!accompagnés!par!d'importantes!
remontées! à! la! surface! d’eaux! hydrothermales! provenant! des! aquifères! profonds.! C'est! ainsi! que! plusieurs!
sources! d'eaux! chaudes! sont! apparues,! soulignant! le! tracé! de! grandes! failles! et! provoquant! des! dépôts! de!
travertins!et!des!phénomènes!d'épigénie.!!
Au!Sud!de!Bir!Lahmar,!dans!la!zone!de!passage!de!la!faille!ancienne!de!Zemlet!el!Ghar!qui!sépare!le!Horst!de!
Médenine!du!Graben!de!Tataouine,!les!reliefs!de!Djebel!Mzar!sont!constitués!de!travertins!accumulés!par!les!
sources!hydrothermales!qui!ont!caractérisé!cette!période.!Ces!sources!ont!coulé!à!travers!les!bancs!indurés!du!
Trias! gréseux! qui! forment! le! sousVsol! de! la! plaine! du! Mzar! (Jeffara).! Profitant! de! l'humidité! ainsi! créée,! une!
riche!flore!formant!de!véritables!oasis!s'est!développée!autour!de!ces!sources.!Le!contact,!dans!les!conditions!
atmosphériques,! des! eaux! chaudes! et! chargées! en! carbonates! de! calcium! avec! les! touffes! végétales! a!
déclenché!un!processus!de!calcification!qui!a!pétrifié!les!plantes.!Plusieurs!empreintes!de!feuilles!et!tiges,!qui!
témoignent!de!la!diversité!et!de!la!densité!des!végétaux,!sont!visibles!dans!les!sections!fraîches!de!travertins!
!
dégagés!dans!les!fronts!d'exploitation!de!ces!matériaux.!!
En! plus! des! précieuses! informations! que! les! travertins! de! Djebel! Mzar! offrent! sur! les! paysages! qui! ont!
caractérisé! le! SudVest! de! la! Tunisie! vers! la! fin! de! l'Ere! tertiaire! et! sur! la! biodiversité! végétale! de! leurs!
écosystèmes,!ils!constituent!un!site!pédagogique!pour!expliquer!le!phénomène!de!fossilisation!spécifique!de!
ce!type!particulier!d'environnement!humide.!
!
Niveau#de#protection#et#menaces#
Le!site!est!en!excellent!état!de!conservation.!La!nature!très!vacuolaire!du!travertin!élimine!toutes!menace!
d'exploitation!sérieuse.!
Le!site!ne!jouit!toutefois!d’aucun!statut!de!protection.!!
!
Références#principales#
Coque,# R.,# 1962.! La! Tunisie! présaharienne,! étude! géomorphologique,! première! partie.! Paris,!
Armand!Colin,!476!p.!
Bouaziz,#S.,#1986.!La!déformation!dans!la!plateVforme!du!Sud!tunisien!(Dahar!et!Jeffara)!:!Approche!
multiscalaire!et!pluridisciplinaire.!Thèse!de!doctorat,!Université!de!Tunis,!180!p.!
Bouaziz,#S.,#Barrier,#E.,#Soussi,#M.,#Turki#,#M.,#Zouari,#H.,#2002.!Tectonic!evolution!of!the!northern!African!
margin!in!Tunisia!from!paleostress!data!and!sedimentary!record.!Tectonophysics,!357,!227V253.!
!
!
Annexe 4 – Structures de gestion des géoparcs européens
(Etat au 1er janvier 2018)
Remarque : Les informations concernent les 70 géoparcs appartenant au Réseau européen des géoparcs (état
au 1er janvier 2018, selon le site http://www.europeangeoparks.org/). Elles ont été collectées entre février et
mars 2017 et complétées en janvier 2018. Pour rappel, tous les géoparcs européens ont également le statut de
géoparc mondial UNESCO. Le nom du géoparc est tiré du site http://www.europeangeoparks.org/, consulté le 8
janvier 2018.
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1
Un syndicat mixte est une structure de coopération intercommunale existant en France depuis 1935. On parle de syndicat
« mixte » car il peut associer des collectivités territoriales de niveaux différents, comme des communes et des départements. Il
s’agit d’organisation de droit public, régie par le Code général des collectivités territoriales.
!
• Le Conseil d’AKOMM a créé le Comité de gestion du parc naturel Psiloritis, composé
de 9 membres issus de collectivités publiques et de la société civile.
!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
2
Nous utilisons systématiquement le terme de « comté » pour qualifier les territoires juridiques de niveau juste supérieur aux
communes (districts, cantons, etc.), qui correspondraient aux « délégations » en Tunisie. Dans la langue du pays, ces territoires
ont des noms différents. Lorsqu’il s’agit d’associations ou communautés de communes, nous utilisons ces termes. Nous
utilisons les termes de « provinces », « départements », « régions » pour les territoires de plus grande taille, de niveau infra-
national, tels que les « gouvernorats » en Tunisie.
3
En Italie, les parcs nationaux sont régis par l’Etat central, à partir des années 1920, alors que les parcs naturels et les réserves
naturelles sont placés sous la responsabilité des régions, à partir des années 1970. Des réserves naturelles sont également
créées au niveau des provinces. Par l’adoption d’une loi en 1991, la gestion des parcs naturels est relativement unifiée.Un parc
régional est une institution régionale de droit public, placé sous la responsabilité d’un organe de gestion (Ente Parco,
comunità del parco), dont le président est nommé par la Région et dont les organes principaux sont le Conseil, formé de
représentants des collectivités territoriales et chargé des décisions stratégiques, et le Comité exécutif, élu par le Conseil et
chargé de la gestion du parc. Les parcs suivent un plan et ont généralement un comité scientifique qui joue un rôle
d’expertise pour le Conseil et le Comité.
!
10. Natur- und Geopark Steirische Eisenwurzen (Autriche) – http://www.eisenwurzen.com/
• Parc naturel fondé en 1996 par 7 municipalités ; géoparc européen depuis 2002
• Le parc naturel et le géoparc sont une seule structure gérée par une organisation non
gouvernementale dont les membres sont les communes du territoire du parc
(actuellement quatre communes). Les communes sont membres du comité et nomment le
directeur du parc. Un membre du staff s’occupe des projets du parc naturel et un autre des
projets du géoparc.
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4
En France, les Parcs naturels régionaux (PNR) existent depuis 1967. Ce sont des territoires ayant choisi volontairement un
mode de développement basé sur la valorisation de leur patrimoine naturel et culturel. Contrairement aux parcs nationaux,
aux réserves naturelles et aux sites classés, ils n’ont pas de pouvoir réglementaire. Ils sont créés à l’initiative des communes et
validés par un décret du Premier Ministre pour une période de 15 ans. Ils suivent une charte et sont gérés par un syndicat
mixte d’aménagement et de gestion, formé des collectivités territoriales et des établissements publics du parc. Le
syndicat mixte institue notamment un comité syndical (formé d’un nombre restreint de représentants des collectivités
publiques) et un conseil scientifique.
!
15. Swabian Albs Geopark (Allemagne) – http://www.geopark-alb.de
• Réseau de géosites (Netzwerk Erdgeschichte) initié en 2001 par l’Université de Tübingen ;
géoparc européen depuis 2004.
• Géré par une association à but non lucratif (Verein GeoPark Schwäbische Alb e.V.)
créée en 2008 par les 10 comtés et l’Office du tourisme du Jura Souabe. L’association est
formée d’organismes publics (villes, communes, associations de communes) et considérée
comme un personne morale de droit privé. Ses structures sont l’Assemblée générale, le
Conseil d’administration (3 membres) et le Conseil consultatif (13 personnes).
Demande envoyée pour savoir s’il s’agit d’une association de communes ou mixte ?
!
• Le géoparc constitue une partie du Parc national Brecon Beacons. Le Parc national est
géré par une autorité du parc (Brecon Beacons National Park Authority), composée de
24 membres, représentants les autorités constituantes (Councils) et le gouvernement gallois.
• Les activités spécifiques du géoparc sont gérées par un groupe de gestion
(Management Group) de 21 organisations représentant les milieux de protection de la
nature, de la géologie, du tourisme, du patrimoine, de l’éducation, etc.
23. Sierras Subbéticas Natural Park & UNESCO Global Geopark (Espagne)
http://www.juntadeandalucia.es/medioambiente/site/portalweb/menuitem.7e1cf46ddf59bb227a9eb
e205510e1ca/?vgnextoid=c4107d976ba95210VgnVCM2000000624e50aRCRD&vgnextchannel=b27
98c09651f4310VgnVCM1000001325e50aRCRD
• Parc naturel de Sierras Subbéticas, créé en 1988, et reconnu géoparc européen en 2006
• Géré par le Ministère de l’Environnement et du Territoire de la région Andalousie
!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
5
La législation espagnole distingue les parcs nationaux, les parcs naturels, les réserves naturelles, les monuments naturels et
les paysages protégés. Les parcs naturels sont placés sous la responsabilité des régions autonomes, alors que les parcs
nationaux et les parcs naturels couvrant plusieurs régions sont régis par l’Etat. Etant donné l’autonomie des régions, la gestion
des parcs naturels varie d’une région à l’autre.
!
25. Gea Norvegica Geopark (Norvège) – http://www.geoparken.no/
• Géoparc européen depuis 2006
• Géré sous forme d’un partenariat intercommunal de 8 municipalités et deux comtés. Les
organes sont le Conseil des représentants (12 membres, un par municipalité et deux par
comté) et un comité de 5 personnes.
!
31. Arouca Geopark (Portugal) – http://aroucageopark.pt/
• Géoparc européen depuis 2009,
• Géré par une association de droit privé sans but lucratif, créée en 2008, dont les
organes sont l’Assemblée générale (membres actifs et honoraires, partenaires), la
Direction (5 membres), le Conseil de surveillance (financière) et le Conseil scientfique
(5 membres nommés par la Direction).
37.
!
38. Parco Nazionale del Cilento e Vallo di Diano (Italie) – http://www.cilentoediano.it/
• Parc national6 institué en 1991 ; géoparc européen depuis 2010.
• Géré par un organe du Parc (Ente Parco), dont les organes principaux sont le Président
et le Conseil de direction (9 membres nommés par le Ministre de l’environnement, du
territoire et de la mer). La Communauté du parc (représentants des communes,
communautés de montagne, provinces et régions) a une voix consultative seulement.
• Géoparc créé en 2001, reconnu comme géoparc allemand en 2006 et comme géoparc
européen en 2011.
• Géré par une association fondée en 2004, formées de collectivités territoriales, de
particuliers et d’entreprises. Les organes de l’association sont l’assemblée générale et le
comité (formé de 5 membres).
!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
6
En Italie, les parcs nationaux dépendent du Ministère de l’environnement, du territoire et de la mer. Ils sont géré par un
organe du Parc (Ente Parco), dont le président et le Conseil de direction sont nommés par le ministère. Les collectivités
territoriales locales, provinciales et régionales n’ont qu’une voix consultative (Communauté du Parc).
!
• Parc naturel depuis 1989 ; géoparc européen depuis 2011.
• Géré par le Ministère de l’Environnement et du Territoire de la région Andalousie
!
syndical (15 membres). Le géoparc suit une charte, a un conseil scientifique, formé
d’universitaires, de professionnels du territoire et de membres de la société civile, et un
réseau de partenaires (acteurs du territoire, médiateurs, organismes scientifiques, etc.).
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58. Kula Geopark (Turquie) – http://www.kulageopark.com/
• Géoparc européen depuis 2013.
• Géré par un organisme semi-indépendant (de la commune de Kula) et comprenant des
institutions publiques (gouvernorat, district, municipalités) et des organisations civiles
(université, associations).
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développement de la région. Les organes sont l’assemblée générale (composée de tous les
membres), la direction (exécutif), le conseil de surveillance et le conseil consultatif
scientifique.
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pour le développement local et une commission socio-économique. Le comité exécutif
nomme une équipe de gestion formée d’une direction, du directeur scientifique et d’une
équipe technique. Sont accociés à cette équipe de gestion des groupes collaboratifs
(entreprises partenaires, universités, groupes de volontaires).
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Annexe 5 – Liste des entretiens réalisés
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1
M. Hatira a été interviewé en même temps que Mourad El Koundi, Ingénieur en Chef à l’Office National des Mines. Il a
également fait part de ses observations lors de l’interview de MM. Dababi et Aljane, à Ghomrassen.
Société civile
! M. M ohamed Sadok Dababi, Coordinateur de la Plateforme du tourisme alternatif du
Sud Est tunisien, Ghomrassen2, 12 avril 2017
! M. Habib Aljane, Président de l’Association pour la sauvegarde du patrimoine
géologique (ASPG), Ghomrassen, 12 avril 2017
! M. Abbes Zam m ouri, Président de l’Association des Jeunes de Zammour, par Skype,
13 juin 2017
Swisscontact
- M. Yves M atthijs, Directeur, Tunis, 14 avril 2017
- M. Am ine Berriche, Responsable Marketing touristique, Tunis, 13 avril 2017
Universitaires
! M. Hédi Ben Ouezdou, Professeur de géomorphologie, Faculté des Sciences Sociales
et Humaines, Université de Tunis, Tunis, 14 avril 2017
! M. Tarek Ben Fraj, Maître assistant en géographie physique, Faculté des Sciences
Sociales et Humaines, Université de Sousse, par Skype, 16 mai 2017
! M. M oham ed O uaja, Maître assistant en géologie, Faculté des Sciences, Université de
Gabès, par Sykpe, 20 juin 2017
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2
M. Dababi a été interviewé en même temps que M. Habib Aljane, technicien de l’ONM et président de l’Association pour la
sauvegarde du patrimoine géologique (ASPG)
Annexe 6 – Grille d’entretien
! Présentation du contexte
! Pouvez-vous nous présenter brièvement quelles sont les activités et les missions de l’institution
que vous représentez ?
! Pour vous, qu’est-ce qu’un géoparc ? qu’est-ce que la géoconservation ? qu’est-ce qu’un
géosite ?
! Avez-vous, au sein de votre structure du personnel spécialisé dans la protection du patrimoine
géologique ? Quelles activités menez-vous dans ce domaine ?
! La législation tunisienne prévoit-elle des mesures spécifiques pour la protection des géosites ? Un
inventaire national existe-t-il ?
! Qui sont, selon vous, les spécialistes des géopatrimoines en Tunisie ?
! Avez-vous des contacts avec d’autres institutions tunisiennes au sujet des géoparcs et
géopatrimoines ?
! Qu’est-ce qu’un géoparc UNESCO ? Quelles sont les caractéristiques d’un géoparc UNESCO ?
! Connaissez-vous les procédures à mener en vue de la candidature à un géoparc UNESCO ?
! Savez-vous s’il existe d’autres géoparcs UNESCO en Afrique du Nord ? Avez-vous des contacts ?
! Avez-vous connaissance du projet de géoparc du Dahar ? Si oui, lesquelles ? Connaissez-vous les
promoteurs de ce projet ?
! Avez-vous déjà été sollicité à ce sujet ? Si oui, pourquoi ?
! Comment voyez-vous la coordination entre les actions de votre institution et celles menées au
niveau régional par les gouvernorats ? Comment voyez-vous la coordination entre gouvernorats ?
! Quel rôle votre institution devrait jouer dans la procédure de candidature ? à quel moment d’une
telle procédure devrait-il intervenir ?
! Quels devraient-être les partenaires à intégrer en vue de la préparation d’un dossier de
candidature ?
! Quelle devrait être la structure de gestion du géoparc ? qui devrait la diriger ? qui devraient être
les partenaires ?
! La présence d’un comité scientifique vous semble-t-elle importante ?
! Avez-vous d’autres remarques concernant le projet de géoparc dans le Sud-est tunisien ?
! Présentation du contexte
! Pouvez-vous nous présenter brièvement quelles sont les activités et les missions de votre
institution ? Quelle est sa structure ? Quelle est son activité concernant le patrimoine
géologique ?
! Pour vous, qu’est-ce qu’un géoparc ? qu’est-ce que la géoconservation ?
! Connaissez-vous le groupe de spécialistes de l’UICN sur les géopatrimoines ? Connaissez-vous sa
publication sur les géopatrimoines dans les aires protégées publié en 2015 ?
! De manière générale, quelle est l’activité de l’UICN en Afrique du Nord et plus particulièrement
en Tunisie dans le domaine des géopatrimoines ?
! Savez-vous si des mesures de conservations des géopatrimoines existent en Tunisie ?
! Avez-vous des contacts avec l’Union internationale des sciences géologiques (IUGS) au sujet des
géoparcs ?
! Avez-vous des contacts avec d’autres institutions tunisiennes au sujet des géoparcs et
géopatrimoines ?
! Qu’est-ce qu’un géoparc UNESCO ? Quelles sont les caractéristiques d’un géoparc UNESCO ?
! Connaissez-vous les procédures à mener en vue de la candidature à un géoparc UNESCO ?
! Savez-vous s’il existe d’autres géoparcs UNESCO en Afrique du Nord ?
! Avez-vous connaissance du projet de géoparc du Dahar ? Si oui, lesquelles ? Connaissez-vous les
promoteurs de ce projet ?
! Avez-vous déjà été sollicité à ce sujet ? Si oui, pourquoi ?
! Quel rôle le point focal UICN Afrique du Nord devrait jouer dans la procédure de candidature ? à
quel moment d’une telle procédure devrait-il intervenir ?
! Quels devraient-être les partenaires à intégrer en vue de la préparation d’un dossier de
candidature ?
! Quelle devrait être la structure de gestion du géoparc ? qui devrait la diriger ? qui devraient être
les partenaires ?
! La présence d’un comité scientifique vous semble-t-elle importante ?
! Avez-vous d’autres remarques concernant le projet de géoparc dans le Sud-est tunisien ?
! Présentation du contexte
! Pouvez-vous nous présenter brièvement quelles sont les activités et les missions du ministère du
tourisme et de l’ONTT ? Quelle sont leurs structures ?
! Pour vous, qu’est-ce qu’un géoparc ? qu’est-ce que le géotourisme ?
! L’écotourisme ou le géotourisme sont-ils des domaines que vous développez ?
! Connaissez-vous la déclaration d’Arouca sur le géotourisme ?
! De manière générale, avez-vous une activité ou des actions dans le domaine des
géopatrimoines ?
! Avez-vous des contacts avec d’autres institutions tunisiennes au sujet des géoparcs, des
géopatrimoines ou du géotourisme ?
! Qu’est-ce qu’un géoparc UNESCO ? Quelles sont les caractéristiques d’un géoparc UNESCO ?
! Connaissez-vous les procédures à mener en vue de la candidature à un géoparc UNESCO ?
! Savez-vous s’il existe d’autres géoparcs UNESCO en Afrique du Nord ?
! Avez-vous connaissance du projet de géoparc du Dahar ? Si oui, lesquelles ? Connaissez-vous les
promoteurs de ce projet ?
! Avez-vous déjà été sollicité à ce sujet ? Si oui, pourquoi ?
! Comment voyez-vous la place du tourisme dans un projet de géoparc en Tunisie ?
! Quel rôle le ministère du tourisme / l’ONTT devrait jouer dans la procédure de candidature ? à
quel moment d’une telle procédure devrait-il intervenir ?
! Quels devraient-être les partenaires à intégrer en vue de la préparation d’un dossier de
candidature ?
! Quelle devrait être la structure de gestion du géoparc ? qui devrait la diriger ? qui devraient être
les partenaires ?
! La présence d’un comité scientifique vous semble-t-elle importante ?
! Avez-vous d’autres remarques concernant le projet de géoparc dans le Sud-est tunisien ?
Grille d’entretien pour le Ministère de l’Agriculture
! Présentation du contexte
! Pouvez-vous nous présenter brièvement quelles sont les activités et les missions du ministère de
l’agriculture / direction des forêts ? Quelle sont leurs structures ?
! Pour vous, qu’est-ce qu’un géoparc ?
! De manière générale, avez-vous une activité ou des actions dans le domaine des
géopatrimoines ?
! Avez-vous des contacts avec d’autres institutions tunisiennes au sujet des géoparcs ou des
géopatrimoines ?
! Qu’est-ce qu’un géoparc UNESCO ? Quelles sont les caractéristiques d’un géoparc UNESCO ?
! Connaissez-vous les procédures à mener en vue de la candidature à un géoparc UNESCO ?
! Savez-vous s’il existe d’autres géoparcs UNESCO en Afrique du Nord ?
! Avez-vous connaissance du projet de géoparc du Dahar ? Si oui, lesquelles ? Connaissez-vous les
promoteurs de ce projet ?
! Avez-vous déjà été sollicité à ce sujet ? Si oui, pourquoi ?
! Comment voyez-vous la place du ministère de l’agriculture / de la direction des forêts dans un
projet de géoparc en Tunisie ?
! Quel rôle le ministère ministère de l’agriculture / de la direction des forêts devrait jouer dans la
procédure de candidature ? à quel moment d’une telle procédure devrait-il intervenir ?
! Quels devraient-être les partenaires à intégrer en vue de la préparation d’un dossier de
candidature ?
! Quelle devrait être la structure de gestion du géoparc ? qui devrait la diriger ? qui devraient être
les partenaires ?
! La présence d’un comité scientifique vous semble-t-elle importante ?
! Avez-vous d’autres remarques concernant le projet de géoparc dans le Sud-est tunisien ?
! Présentation du contexte
! Pouvez-vous nous présenter brièvement quelles sont les activités et les missions du ministère de
l’environnement ? Quelle est sa structure ? Quelle est son activité concernant le patrimoine
géologique ?
! Pour vous, qu’est-ce qu’un géoparc ? qu’est-ce que la géoconservation ? qu’est-ce qu’un
géosite ?
! Avez-vous, au sein du ministère, des fonctionnaires spécialisés dans la protection du patrimoine
géologique ?
! La législation tunisienne prévoit-elle des mesures spécifiques pour la protection des géosites ? Un
inventaire national existe-t-il ?
! Savez-vous si des universités, des chercheurs travaillent sur ce domaine en Tunisie ?
! De manière générale, quelle est l’activité du ministère de l’environnement dans le domaine des
géopatrimoines ?
! Avez-vous des contacts avec d’autres institutions tunisiennes au sujet des géoparcs et
géopatrimoines ?
! Qu’est-ce qu’un géoparc UNESCO ? Quelles sont les caractéristiques d’un géoparc UNESCO ?
! Connaissez-vous les procédures à mener en vue de la candidature à un géoparc UNESCO ?
! Savez-vous s’il existe d’autres géoparcs UNESCO en Afrique du Nord ?
! Avez-vous connaissance du projet de géoparc du Dahar ? Si oui, lesquelles ? Connaissez-vous les
promoteurs de ce projet ?
! Avez-vous déjà été sollicité à ce sujet ? Si oui, pourquoi ?
! Quel rôle le ministère de l’environnement devrait jouer dans la procédure de candidature ? à quel
moment d’une telle procédure devrait-il intervenir ?
! Quels devraient-être les partenaires à intégrer en vue de la préparation d’un dossier de
candidature ?
! Quelle devrait être la structure de gestion du géoparc ? qui devrait la diriger ? qui devraient être
les partenaires ?
! La présence d’un comité scientifique vous semble-t-elle importante ?
! Avez-vous d’autres remarques concernant le projet de géoparc dans le Sud-est tunisien ?
! Présentation du contexte
! Pouvez-vous nous présenter brièvement quelle est votre activité et votre expertise dans le
domaine des géopatrimoines/géoparcs et sur la région du Dahar ?
! Pour vous, qu’est-ce qu’un géoparc ?
! Avez-vous des contacts avec d’autres institutions tunisiennes au sujet des géoparcs et
géopatrimoines ?
! Avez-vous déjà été sollicité au sujet du géoparc du Dahar (hors Swisscontact) ? Si oui, pourquoi ?
! Selon vous, quel(s) devrai(ent) être le(s) but(s) d’un géoparc dans le Dahar ? quelle plus-value pour
la région ? quels liens avec d’autres projets en cours ?
! Comment voyez-vous le déroulement de la procédure de candidature ?
! Quels devraient-être les partenaires à intégrer en vue de la préparation d’un dossier de
candidature ?
! Quelle devrait être la structure de gestion du géoparc ? qui devrait la diriger ? qui devraient être
les partenaires ?
! La présence d’un comité scientifique vous semble-t-elle importante ?
! Avez-vous d’autres remarques concernant le projet de géoparc dans le Sud-est tunisien ?