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Dr : Ibrahima DIA
INTRODUCTION
Dans le cadre de la formation de ses élèves ingénieurs, l’institut des sciences de la terre (IST)
organise chaque année un stage de terrain à Bakel dans la partie méridionale des Mauritanides
pour le compte de l’UV14. Cette année-ci le stage s’est déroulé du 02 au 13 février 2019. Le
but est d’initier les étudiants à la cartographie structurale (UV14) et surtout de consolider leurs
connaissances acquises en UV10, UV11 et UV13. L’objectif du travail est de dresser la carte
lithostructurale de Bakel et d’apprendre aux étudiants à observer des structures tectoniques de
pouvoir les mesurer, les représenter sur une carter géologique et de les interpréter. Pour cela
nous avons effectué 3 journées d’excursion générale en compagnie des encadreurs qui vont
nous montrer la méthodologie de travail. Durant ces 3 jours nous avons levé une coupe de
Tianiaf à Marsa pour rencontrer les principaux faciès et les différentes structures associées.
Pour aboutir au terme du travail, nous sommes répartis en quatre groupes de 4 à 5 étudiants,
affectés dans les différents secteurs de la zone d’étude (Alahina, Béma, Gounia et Ourda
guindé). Le travail de chaque groupe consistait à dresser la carte lithostructurale de son secteur.
Ainsi au terme de notre stage nous avons pu établir la carte synthétique lithostructurale des
Mauritanides méridionales à la latitude de Bakel. Le stage se termine par un jour d’excursion
et de visite dans la ville de Bakel.
La cartographie structurale a nécessité l’utilisation du matériel suivant :
une carte topographique : elle facilite l’orientation sur le terrain et indique le relief, le
réseau hydrographique et les limites des secteurs ;
une boussole permettant de s’orienter et de mesurer l’attitude des couches, des plans de
stratifications et des structures planaires et linéaires ;
un GPS (Global Positioning System) qui sert à localiser des points via leurs
coordonnées ;
un marteau de géologue pour prendre des échantillons et vérifier si la roche est en
place ou non ;
un marqueur pour numéroter les échantillons ;
un bloc note, un crayon et une règle pour noter et représenter des informations ;
un appareil photo pour prendre des photos à titre d’illustration ;
1.2.2. Le climat
La Ville se localise entre les latitudes 14o 50’ N et 14o 60’ N s’intègre dans la zone tropicale
semi-aride caractérisée par un climat de type soudano-sahélien à deux saisons contrastées
séparées par de courtes périodes de transition : la saison des pluies qui dure 3 à 4 mois avec un
moyenne annuelle d’environ 500 à 600 mm et la saison sèche plus longue qui dure 8 à 9 mois
avec une température moyenne de 28.6 oC. L’harmattan, vent chaud et sec souffle entre
novembre et avril.
2. CADRE GEOLOGIQUE
2.1. Contexte géologique régional
Le Craton Ouest Africain (figure 2), situé dans la partie nord-ouest du continent, fut identifié
par Kennedy (1964). Il comprend deux dorsales (la dorsale de Léo-Man au Sud et la dorsale de
Réguibat au Nord) et deux boutonnières (Kédougou-Kéniéba et Kayes). Ce craton est aussi
recouvert par le bassin péricratonique sénégalo-mauritanien d’âge phanérozoïque et par le
grand bassin intracratonique d’âge mésoprotérozoïque à paléozoïque de Taoudéni. Il est
ceinturé par deux zones mobiles :
une zone mobile orientale comprenant le domaine du Gourma, et les chaînes
Pharusienne et des Dahoméyides à déformation panafricaine (Gravelle, 1969 ; Bertrand
et al. 1986 ; Bouiller, 1986 ; Haddoun et al. 1994).
une zone mobile occidentale panafricaine à hercynienne correspondant à la chaîne des
Mauritanides-Bassarides-Rockélides (Bassot, 1966 ; Dia, 1984 ; Diop, 1996 ; Dabo,
2007) ;
Longue de plus de 2000 kilomètres, la chaîne des Mauritanides est constituée de formations
précambriennes et paléozoïques déformées et métamorphisées au cours des orogenèses
panafricaine et hercynienne (Lille, 1967 ; Lécorché, 1980 ; Le Page, 1983 ; Dia, 1984 ;
Villeneuve et Dallmeyer, 1987 ; Lécorché et al. 1989).
Cette chaîne d’orientation subméridienne limite à l'ouest les ensembles géologiques du Craton
Ouest-Africain et du bassin de Taoudéni. A l’ouest, la chaîne des Mauritanides disparaît sous
les formations sédimentaires des bassins côtiers du Sahara occidental, de la Mauritanie et du
Sénégal. La chaîne des Mauritanides peut être subdivisée en trois segments :
un segment septentrional, compris entre l’Amsaga et les cordons dunaires de l’Aouker,
et qui inclut les mines de cuivre d´Akjoujt ;
un segment central s’étendant de ces mêmes dunes jusqu’au fleuve Sénégal (Mbout-
Bakel) ;
un segment méridional divisé en deux branches : les Bassarides au Sénégal et les
Rockélides en Guinée et Sierra Leone.
Dans l’extrême Sud, les Mauritanides se divisent en deux branches, séparées par le bassin
sédimentaire de Youkounkoun (Bassot, 1966).
Figure 2 : Schéma géologique des principaux domaines du Craton Ouest Africain (Blake, 1980,
modifié).
Bakel 2019 6 Ousseynou SALL
Rapport de stage d’UV14 : Cartographie Structurale Institut des sciences de la terre/IST2
Les grands plis couchés décrits par Lepage n’ont pas été retrouvés par Burg et al, et le
raccourcissement cumulé n’excède pas 25%. Ce qui pousse ces derniers à écarter l’hypothèse
« allochtoniste ». Ils reconnaissent : une seule phase de déformation hercynienne caractérisée
par un déplacement de nappes pelliculaires vers le SE et un avant pays de chaine plissé
s’étendant d’Oundou Baba à Kidira sur près de 70 km.
Ces chevauchements impliquent un substratum granitique panafricain à l’Ouest (d’Oundou
Baba à une dizaine de km au SE de Bakel) et de roches ultrabasiques serpentinisées à l’Est
(entre Diabal et Marsa). Une partie de ce substratum se retrouve sous forme de lambeaux dans
les nappes.
Dabo et al :
Sur le plan lithologique, ces auteurs ont subdivisés la zone d’étude en trois domaines :
Le domaine septentrional constitué des schistes et des quartzites ;
le domaine central qui comprend des quartzites, des turbidites, des schistes des
micaschistes, des métabasaltes, des métagabbros et des métapéridotites serpentinisés;
le domaine méridional est constitué essentiellement de jaspéroides.
Sur le plan structural :
le domaine central est caractérisé par une linéation d’étirement subhorizontale
N40E et des décrochevauchements SW-NE senestres ;
le domaine septentrional et méridional sont marqués par une déformation par
aplatissement (k=0,7), des chevauchements dont la linéation d’étirement est dirigée
NW-SE.
Ainsi la déformation chevauchante a été décrite tout au long de la chaine des Mauritanides.
Dans la région de Bakel cette déformation chevauchante est liée à l’événement hercynien (Burg
et al, Diop) et se termine par des décrochements senestres (Le Page ,1983) à caractère
transpressif (Dabo et al).
Figure 3 : Carte géologique des Mauritanides de Bakel (Le Page, 1983, modifiée)
1 : contacts majeurs ; 2 : Unité d’Oundou Baba ; 3 : Complexe acide de Débi ; 4 : Unité de
Bakel ; 5 : Unité de Gounia ; 6 : Unité de Gabou ; 6a : Sous unité de Gabou ; 6b : Sous unité
d’Oursoulé ; 7 : Unité de Youpé Amadi ; 8 : Unité de Kidira.
La roche est constituée de quartz, beaucoup de biotite, de muscovite, de pyrite et plus ou moins
de grenat. Elle montre un aspect bien feuilleté : c’est le micaschiste à grenat de Tianiaf (figure
7) avec un degré de métamorphisme de 400 oC (- d’après Catrine Binetou Diop dans sa thèse)
plus élevés que ceux des quartzites de Tianiaf. On note beaucoup d’injections de quartz
synfoliales avec un boudinage.
Sur plan structural, les structures linéaires sont marquées par une linéation de crénulation
(N178.80) parallèle à l’axe des plis et une schistosité de crénulation (Sc) parallèle au plan axial.
Les plis sont droits à déjetés avec un boudinage dissymétrique au niveau des flancs impliquant
une composante en cisaillement ; on cisaille en fermant en même temps suivant un mouvement
vertical. Il s’agit d’une transpression senestre.
Au niveau du village l’affleurement montre une hétérogénéité de faciès avec un faciès clair
présentant des baguettes de tourmaline.
Ces informations montrent qu’il s’agit d’une faille ductile, mylonitisée et subhorizontale
correspondant à un plat.
L’observation des clastes montre un mouvement senestre pour la faille. Ce sens de cisaillement
corréler avec le mouvement régional indique que ces rhyolites se trouvent au niveau d’un plat
lié à une rampe.
aspect gossanifié (figure 15) et une coloration rougeâtre avec de grosses veines de quartz-
hématite parfois boudinées.
sont étirés et soulignent les traces de la linéation d’étirement. Les structures observées sont des
fentes de tension sigmoïdales et des joints stylolitiques (figure 20) caractéristiques de la
déformation ductile-cassante, rappelant les quartzites de Toulon guindé. Mais ces derniers ne
présentent pas un aspect feuilleté.
Figure 22 : (Photo A et Photo B) Quartzite ferrugineux présentant un pli en fourreau avec des
structures en dôme et bassin.
Le paramètre de Flinn K a une valeur égale à 0,66 ˂ 1. Par conséquent, on peut dire que la
déformation se fait par aplatissement et l’ellipsoïde de déformation à la forme d’une galette.
Représentation de l’ellipsoïde de déformation (figure 24) : si Z=1 cm, on a Y=2.78 cm et
X=6.02 cm
renfermant des microfentes. L’ensemble de ces structures permet de mettre en évidence une
déformation ductile à ductile-cassante.
2. CONCLUSION PARIELLE
A l’issu de ces 3 jours d’excursion durant lesquelles nous avons levés une coupe régionale NW-
SE en partant du village de Tianiaf jusqu’au village de Marsa, différents faciès et structures ont
été rencontrés dans trois domaines caractéristiques des Mauritanides méridionales à la latitude
de Bakel à savoir la zone interne (Tianiaf, Oundou Baba), la zone externe (Gabou) et le domaine
parautochtone (Marsa). Les facies sont dominés par les quartzites qui se trouvent parfois très
fracturés donnant naissance à des brèches hydrauliques (Samba Yidé). Ils sont en général
affectés par une faille ductile mylonitisée appelée phyllonite par laquelle se chevauchent des
unités claires et sombres. Les chloritoschistes observés à Gounia et Gabou sont interprétés
comme étant des roches métamorphiques dont les protolithes pourraient être des turbidites.
Chronologiquement le secteur de Bakel est formé par un socle granitique (granite d’Oundou
Baba) qui passe à des ultrabasites (Ourda Guindé et Gabou). Ils sont surmontés par les
quartzites et les conglomérats qui se chevauchent par l’intermédiaire de zone de contact
généralement phyllonitique.
La déformation est ductile, ductile-cassante et cassante créant des structures planaires foliation,
schistosité,…) et linéaires (Le, Lc, Lg…). Ces différentes structures observées ont permis de
mieux caractériser l’histoire géologique de cette zone. Les linéation d’étirement qui
caractérisent la direction de transport des nappes lors des chevauchements est subhorizontale
au niveau des plats (rhyolites d’Oundou Baba) et de pendage d’environ 23o à 30° selon les
rampes. A Ourda Guindé et Gabou, l’orientation des plis à axe courbe au niveau des ultrabasites,
des plis en fourreau et des linéations d’étirement sur les quartzites ferrugineux, nous ont permis
d’interpréter l’existence d’une bande décrochevauchante locale NE (figure 29). Ce mouvement
décrochevauchant caractérise un régime transpressif qui se traduit par un décrochement associé
à une compression qui va donner naissance à un mouvement de torsion, à l’origine des plis à
axe courbe et des plis en fourreau aves des structures en dôme et en bassin et également du
changement de la direction régionale de la linéation d’étirement dans cette bande.
Les plis d’amortissement des diamectites de Marsa bloquent la propagation du mouvement
régional et marque ainsi la fin de l’orogenèse hercynienne.
Elles sont essentiellement localisées sur le flanc ouest de la colline de Guindé Sagata au point
de coordonnées X= 770500 m et Y= 1643246 m et dans des dépressions notamment dans le
cours d’eau Moribougou au point de coordonnées X= 772844 m et Y= 1641928 m . Ce sont des
roches très feuilletées fortement enrichies en chlorite qui leur confère une coloration verdâtre
(figure 32).
Figure 32 : Chloritoschistes
1.1.3. Les phyllonites
Elles sont issues d’un quartzite très déformé avec une recristallisation dynamique qui réduit la
taille des grains (figure 33). Ce sont des mylonites très riches en micas de couleur sombre
présentant un feuilletage très net et différentes microstructures de la déformation ductile. Elles
se localisent dans les zones de cisaillement ductile séparant des quartzites clairs et les quartzites
sombres.
Figure 33 : Phyllonite
1.1.4. Les brèches hydrauliques
Elles se localisent au point de coordonnées X= 771930 m et Y= 1644470 m. Ce sont des
quartzites sombres très fracturés et parcourus par un ensemble de veines dans toutes les
directions. Elles résultent de la fracturation des quartzites sombres sous l’effet de la pression
des fluides qui devient supérieure à la pression lithostatique, suivie d’un remplissage des
fractures par les fluides. La roche présente une forte silicification (figure 34).
Plan de
schistosité
Pour mieux comprendre, la disposition, l’orientation des linéations d’étirement et des plans de
schistosité, des stéréogrammes et des diagrammes de densité sont effectués (Figure 46).
2. CONCLUSION PARTIELLE
Au terme de notre étude, nous sommes parvenus à dresser une carte lithostructurale du secteur
d’Alahina par une analyse et une interprétation lithologique et structurale des données
géologiques. Cette étude nous a permis de comprendre l’organisation lithostructurale du
secteur qui se résume comme suit :
Sur le plan lithologique, le secteur est dominé par les quartzites clairs et les quartzites
sombres qui sont parfois affectés par un cisaillement ductile à l’origine de la
phyllonite qui marque les zones de contact. Près de la colline de Guindé Sagata et au
niveau de Moribougou on note la présence d’un faciès verdâtre et très feuilleté
correspondant aux chloritoschistes qui constituent les plats. En dehors de ces faciès on
trouve des brèches hydrauliques.
Sur le plan structural, le secteur est affecté par une déformation ductile, ductile-
cassante et cassante. Celle-ci se manifeste par différentes structures planaires (foliation
ou schistosité) et linéaires (linéation d’étirement, de boudinage et de crénulation). La
linéation d’étirement est orientée suivant la direction régionale NW-SE.
L’ensemble de ces structures ont permis de définir une tectonique tangentielle avec
des systèmes de plats et rampes. Cette dernières est dite mineure si la phyllonite sépare
des quartzites de même nature et majeur lorsqu’elle sépare les quartzites clairs et des
quartzites sombres.
CONCLUSION GENERALE
D’une manière générale nous pouvons dire que le stage a été très instructif. Il nous a permis
d’avoir un aperçu sur la géologie des Mauritanides en particuliers à la latitude de Bakel, sur la
méthodologie de cartographie structurale et l’utilisation de matériels d’études (GPS,
boussole…). Il s’agit donc d’un moyen efficace de consolidation des connaissances acquises
en géologie. En dehors de cet aspect pratique, le stage omporte également un aspect social,
car durant le séjour nous avons appris à travailler en groupe dans la solidarité, le respect et à
surmonter des obstacles naturels. Par ce stage nous réalisons que le terrain est primordial à la
formation d’un bon géologue.
En résumé, le secteur de Bakel est caractérisé par une tectonique tangentielle avec des systèmes
de plats et de rampes qui se caractérisent par des chevauchements. Ces chevauchements à
vergence SE se font suivant la linéation d’étirement dans la direction régionale NW-SE.
Cependant cette direction régionale subit un changement entre Ourda Guindé et Gabou où les
linéations prennent une direction locale orientée NE-SW perpendiculairement à la direction
régionale. Ce changement est le résultat d’une transpression oblique caractérisé par un
mouvement décrochevauchant, à l’origine de la minéralisation en cuivre (Cu) observée dans
cette bande.
Je ne saurais terminer ce rapport sans adresser mes sincères remerciements à nos chers
professeurs qui n’ont ménagé aucun effort pour partager leurs connaissances et nous mettre
dans de bonnes conditions de vie et de travail. Mes remerciements vont aussi à l’endroit des
chauffeurs et à l’ensemble des habitants de la ville de Bakel qui ont été très accueillants.
BIBLIOGRAPHIE
Publication GUEYE 2009
Publications de Dabo et al 2009
Cours d’UV10 (Géologie Structurale) de M. Mamadou
GUEYE
Cours d’UV11 (Tectonique et Minéralisations Aurifères)
de M. Mamadou GUEYE.
Mémoire de Mme Codou
Cours UV4 IST1 (M. Diallo et M. Diène)
Lepage Thèse 1983