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Annexe 4 page 1

LE PRINCIPE DE FERMAT
Le but de ce complément est d’introduire une interprétation plus fondamentale de l’optique
géométrique : du principe de Fermat découlent toutes les lois de l’optique géométrique.
Il s’énonce ainsi : « Le trajet suivi par la lumière d’un point A à un point B rend stationnaire le
chemin optique entre ces deux points ». Nous allons donc définir la notion de chemin optique et
celle de stationnarité.

A. Durée du trajet AB

1. Dans un milieu transparent, homogène et isotrope


B
A l
n
Fig. 1 : Milieu d’indice n

Dans un milieu transparent, homogène et isotrope, d’indice de réfraction n, le temps mis par la
lumière pour aller d’un point A à un point B est égal à la longueur l du parcours divisé par la
célérité v de la lumière :
l

v
L’indice de réfraction est défini par la relation :
c
n
v
d’où nous tirons :
c
v
n
que nous reportons dans la durée du trajet :
nl

c

2. Dans deux milieux transparents, homogènes et isotropes

n1 n2
B
l2
I
A l1

Fig. 2 : Deux milieux successifs


Annexe 4 page 2

Nous considérons un trajet d’un point A à un point I dans un milieu d’indice n1 suivi d’un trajet
du point I à un point B dans un milieu d’indice n2 :
l AB lBC n1l AB  n2lBC
  
v1 v2 c

3. Généralisation
B
dl
A n

Fig. 3 : Milieu d’indice variable

Nous considérons un milieu d’indice variable n et un trajet de la lumière infiniment petit dl. La
durée d de ce trajet s’écrit :
dl n dl
d  
v c
La durée d’un trajet quelconque d’un point A à un point B s’écrit donc :
dl n dl
 
trajet AB
d  
trajet AB
 
v trajet AB c

1
c trajet AB
 n dl

Nous constatons qu’il apparaît toujours au dénominateur des relations précédentes la célérité c
de la lumière dans le vide.

B. Chemin optique

1. Définition du chemin optique


Le chemin optique L est la quantité c :

L( AB)  
trajet AB
n dl

2. Interprétation
Il représente le chemin (la longueur) que parcourrait la lumière pendant la durée  si le trajet se
faisait dans le vide.

3. Remarque
Le chemin optique est proportionnel à la durée du trajet. Donc le principe de Fermat énonce
aussi que la durée du trajet de la lumière d’un point A à un point B est stationnaire.
Annexe 4 page 3

4. Stationnarité du chemin optique


B
M
M (T)
A
Fig. 4 : Stationnarité du chemin optique

Nous considérons un trajet (T) suivi par la lumière d’un point A à un point B et notons L le
chemin optique correspondant. Nous imaginons un trajet fictif, toujours du point A au point B,
voisin de AB mais différent et notons L’ le chemin optique fictif correspondant. Chaque point M
de (T) a subi un déplacement M.
Le chemin optique L est dit stationnaire si la différence L = L’ – L est infiniment petite par
rapport au maximum de M. Cette situation inclut un minimum ou un maximum du chemin
optique ou encore une situation semblable à la géométrie d’un col de montagne (la route passe
par un maximum tandis que les flancs de la montagne passe par un minimum).

C. Premières lois

1. Loi de la propagation rectiligne


Dans le cas général, le chemin optique s’écrit :

L( AB)  
trajet AB
n dl

Dans un milieu transparent, homogène et isotrope, l’indice n est uniforme donc nous pouvons le
factoriser :

L( AB)  n 
trajet AB
dl

L’intégrale est alors égale à la longueur du trajet : minimiser le chemin optique revient à
minimiser la longueur du trajet, or nous savons que la plus petite distance d’un point à un autre
est parcourue en ligne droite, d’où la loi de propagation rectiligne de la lumière.

2. Exemple de stationnarité vue sur un calcul de L’ – L


Le but de ce calcul est de montrer l’aspect quantitatif de la stationnarité.
Nous considérons un milieu transparent, homogène et isotrope, d’indice n. La lumière se
propage en ligne droite d’un point A à un point B. Et nous imaginons un trajet fictif AM’B formé
de deux segments.
M'
A M B
Fig. 5 : La situation

Maintenant nous calculons les chemins optiques L et L’. Il vient immédiatement :


L = n AB
Annexe 4 page 4

L’ = n (AM’ + M’B)
et en utilisant le théorème de Pythagore :

L'  n  AM 2  MM '2  BM 2  MM '2 


puis en mettant AM2 en facteur sous la première racine et BM2 sous la seconde :

 MM '2  
2 MM '2  2
L '  n  AM 1    BM 1  
  AM 2   BM 2  

ensuite nous extrayons AM2 de la première racine et BM2 de la seconde :

  MM '2   MM '2  
L '  n  AM 1    BM 1  
  AM 2   BM 2  

alors nous développons en utilisant :
x
1  x  1  x   1
1/ 2

2
(en effet MM’ doit être petit devant AM et BM pour que le trajet AMB soit voisin du trajet AB)

  1 MM '2   1 MM '2  
L '  n  AM 1  2 
 BM 1  2 
  2 AM   2 BM  
 1 MM '2 1 MM '2 
L '  n  AM  BM  AM 
BM 2 
BM
 2 AM 2 2
 1 MM '2 1 MM '2 
L '  n  AM  BM  
 2 AM 2 BM 
 1  1 1 
L '  n  AM  BM  MM '2   
 2  AM BM  
enfin nous formons L’ – L en remarquant que AM + BM = AB :

 1  1 1 
L ' L  n  AM  BM  MM '2      n AB
 2  AM BM  
1  1 1 
L ' L  n MM '2   
2  AM BM 
MM’ est le déplacement maximum des points du chemin. Nous constatons que L’ – L est
proportionnel à MM’2. On dit que L’ – L est du second ordre en MM’. Lorsque MM’ est de l’ordre
du mm (10-3 m), MM’2 est de l’ordre du mm2 (10-6 m2) c’est à dire que la variation de chemin
optique est négligeable devant MM’ : le chemin optique réel est stationnaire.
Remarque : Dans cet exemple très simple, nous n’avons introduit qu’une famille de trajets
définis par le déplacement du point M qui conditionne les déplacements des autres points. En
fait le principe de Fermat s’applique à toutes les petites variations possibles du trajet AB. Le but
de ce calcul n’était que de montrer l’aspect quantitatif de la stationnarité.
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3. Loi du retour inverse


Nous considérons un trajet quelconque AB dans un milieu quelconque. Le chemin optique
s’écrit :

L( AB)  
trajet AB
n dl

Calculons le chemin optique sur le trajet BA :

L( BA)  
trajet BA
n dl  
trajet AB
n dl  L( AB)

Donc si le chemin optique AB est stationnaire, le chemin optique BA l’est aussi, d’où la loi du
retour inverse.

D. Un peu d’histoire

Pierre de Fermat (né en 1601 à Beaumont-de-Lomagne, mort en 1665 à Castres) est un illustre
mathématicien français.
Fin 1661 il énonce le principe qui portera son nom. Il ne publie pas ses travaux, son fils le fera en
partie après sa mort.
Une anecdote :
Lorsqu’il constate qu’une nouvelle technique mathématique permet une démonstration
plus rapide il ne regrette pas ses efforts : « Il y a en effet pour la science un certain intérêt
à ne pas dérober à la postérité les travaux encore informes de l’esprit ; l’œuvre d’abord
simple et grossière se fortifie et grandit par les nouvelles inventions. Il est même important
pour l’étude de pouvoir contempler pleinement les progrès cachés de l’esprit et le
développement spontané de l’art. » (Extrait de Universalis 9).

Pierre de Maupertuis (né en 1698 à Saint-Malo, mort en 1759 à Bâle) énonce en 1744 le principe
de moindre action qui généralise à tous les mouvements le principe de Fermat (qui s’applique
uniquement à la lumière).
En 1736-1737, il a dirigé l’expédition qui mesure un arc de méridien terrestre en Laponie ; le but
de cette expédition est de savoir si la Terre est aplatie aux pôles ou à l’équateur – une autre
expédition est envoyée au Pérou.

Les images ont été obtenues sur Google Images.

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