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SÉQUENCE 2

CHAPITRE 2 

Une ressource majeure sous pression, l’eau :


tensions, gestion

Depuis les années 1950, la consommation d’eau dans le monde a été multipliée par 5 environ (passant
3 3
de 1000 milliards de m en 1950 à plus de 5000 milliards de m en 2000), pendant que la population
mondiale est passée de 2,4 milliards à 6,4 milliards de personnes : la consommation globale et
par individu a fortement augmenté. La hausse du nombre d’humains et celle du niveau de vie des
populations expliquent ce phénomène. Tandis que l’accroissement des besoins en eau se poursuit avec la
croissance des consommations, l’agriculture est le premier consommateur, suivie par l’industrie et enfin
les besoins domestiques.
Ressource très convoitée, l’eau douce paraît abondante sur la Terre. Cependant, une faible part de l’eau
disponible est effectivement utilisable : plus de 97% des réserves en eau sont constituées par les
eaux salées des mers et des océans et les eaux douces sont pour l’essentiel stockées dans les calottes
glaciaires et les icebergs. Par ailleurs, si la ressource en eau paraît abondante, la répartition est très
inégale entre les grandes zones climatiques, entre les États et au sein des États : plus de 1 milliard de
personnes n’ont pas accès à l’eau potable, plus de 150 millions de citadins n’ont pas l’eau potable chez
eux, plus de 2 millions de personnes meurent chaque année à cause d’une consommation d’eau non
potable.
La gestion de l’eau devient dès lors l’une des préoccupations essentielles pour faire accéder
l’humanité au développement durable.

Problématique

Comment les pays font-ils face à l’inégal accès à l’eau dans le monde ?

Ce chapitre permettra dans un premier temps de déterminer quels sont les espaces les plus exposés au manque
d’eau et aux difficultés d’accès à l’eau potable. Nous étudierons ensuite comment les sociétés tentent d’assurer
l’approvisionnement durable de leur population.

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1. Quelles sont les inégalités d’accès et de répartition de l’eau dans le
monde ?

A. Une ressource abondante mais inégalement répartie

1. Une ressource abondante


Document 1. Le cycle de l’eau

2. Condensation
ts
ven 7. Précipitations
sur la terre
110 000 km3
2. Condensation Neige et
glace
6. Évapotranspiration 27 500 000 km3
65 200 km3
8. Ruissellement
3. Précipitations 4. Évaporation Végétation 42 600 km3
sur les mers 9 000 km3 7. Infiltration
458 000 km3
5. Précipitations Source
1. Évaporation 9 000 km3 Nappe phréatique
des mers
502 800 km3 Fleuves Eaux souterraines
250 000 km3 8 200 000 km3
Lacs et mers
Océans intérieures
1 350 000 km3 250 000 km3

Il y a beaucoup d’eau sur la « planète bleue », mais 97,5 % de cette eau


est salée. Les principales réserves d’eau douce sont en Antarctique et au Definitions
Groenland, mais elles ne sont pas accessibles. Les eaux douces utilisables
Nappe phréatique :
proviennent donc des précipitations, qui alimentent les nappes phréatiques
réserve d’eau souterraine
souterraines et les eaux de surface par le cycle de l’eau. alimentée par infiltration
Chaque année, plus de 500 000 km3 d’eau s’évaporent sur les océans sous de l’eau dans le sol et les
l’effet de l’énergie solaire : 10% retombent sur les continents. 60% de ces roches. Elle se situe à
précipitations s’évaporent dans l’atmosphère. Une petite partie des 40% faible profondeur.
restants s’infiltre jusqu’aux nappes phréatiques souterraines.
L’évaporation est capitale pour la planète car l’eau qui s’évapore en vapeur d’eau est non salée. Cette
vapeur d’eau se condense, une fois en altitude, avec la formation des nuages. Ceux-ci, une fois chargés
d’eau, peuvent se vider (précipitations : neige, pluie ou grêle). Il peut pleuvoir bien sûr sur les océans, sur
les lacs mais également sur les continents grâce aux vents qui poussent les nuages vers les continents.
Sur les océans, l’évaporation (502 800 km3) est supérieure aux précipitations (458 000 km3). Pour les
continents le bilan est différent. En effet l’évapotranspiration (évaporation de la végétation) est inférieure
aux précipitations (65 200 km3 contre 110 000 km3). C’est grâce à ce bilan positif que la planète Terre est
unique dans le système solaire.

2. Un territoire soumis à la pénurie d’eau : la région du lac Tchad


Le lac Tchad est un lac d’Afrique situé à la frontière de 4 États, le Tchad, le Niger, le Nigéria et le
Cameroun. Ce lac était en 1963 le quatrième plus grand lac d’Afrique (25000 km²), Aujourd’hui il ne
compte plus que 3 000 km² (estimation 2018 de la Commission du bassin du lac Tchad).

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Exercice 1 
Document 2. L’évolution de la superficie du lac Tchad

1963 1987 2001

Tchad Tchad Tchad


Niger Niger Niger

Nigeria Nigeria Nigeria

Cameroun Cameroun Cameroun

Eau Ancien rivage Végétation

Document 3. Une réserve d’eau douce menacée par la désertification

Au cœur de la zone sahélienne, aux confins du Niger, du Tchad, du Cameroun et du Nigéria, le


lac Tchad fait vivre plus de 30 millions d’Africains. Une ressource en eau douce, menacée de
disparition après des décennies de sécheresse. [...] Cet unique réservoir d’eau douce de la région
est aujourd’hui menacé. Le lac a perdu 80% de sa surface en quarante ans. Si son rétrécissement,
libère des zones cultivables et d’élevage, il réduit les périmètres de pêche, menace sa biodiversité
et son équilibre écologique.
Le lac Tchad est le vestige d’une mer intérieure qui, il y a plusieurs millénaires, devait couvrir
340.000 km2. Son alimentation en eau était principalement assurée par des cours d’eau,
aujourd’hui asséchés, issus des massifs montagneux de l’Aïr, du Tibesti, et de l’Ennedi. Le
lac Tchad est une cuvette fermée dotée d’une nappe d’eau peu profonde, ce qui le rend
particulièrement vulnérable à l’évaporation et à la sécheresse. Depuis 1973, la surface du lac a
été divisée par 8. Sa taille varie suivant l’importance des pluies et des crues des fleuves Chari
et Logone, alimentés depuis la République Centrafricaine et le Cameroun. L’approvisionnement
naturel en eau ne cesse de diminuer en raison d’un déficit de pluies aggravé par les changements
climatiques en cours et d’une irrigation en forte hausse. 
D’après un article de Michel Lachkar sur le site francetvinfo.fr, le 17 février 2015 et actualisé le 24 août 2017
www.francetvinfo.fr

Document 4. Un lac qui ne disparaît pas selon certains scientifiques

[...] Le lac fait normalement vivre près de 40 millions de personnes. [...] L’élite dirigeante reste
hantée par le spectre d’un assèchement du lac Tchad, accéléré par le changement climatique.
Une crainte qui remonte au début des années 1970, marquées par les grandes sécheresses et des
famines. A ce moment-là, la surface des eaux se rétracte. Le grand lac Tchad devient le « petit
lac », marécageux et peu profond. Il se scinde en deux : une cuvette nord désormais peu alimentée
en eau, et la cuvette sud, directement nourrie par le fleuve Chari et la rivière Logone.
« La configuration actuelle en “petit lac” a permis de découvrir de vastes étendues de terres
fertiles et rend plus de services qu’à l’époque humide aux populations qui savent en tirer profit,
constate Christian Seignobos, directeur de recherche émérite à l’Institut de recherche pour le
développement (IRD). [...]
La défense du lac Tchad est entre-temps devenue médiatique avec le documentaire Une vérité qui
dérange (2006) de l’ancien vice-président américain Al Gore. La NASA diffuse des images satellites
alarmantes, contestées depuis, montrant qu’en l’espace de moins de quarante ans l’étendue
lacustre aurait perdu 90 % de sa superficie. À ce rythme, elle disparaîtrait d’ici à vingt ans.
Les meilleurs spécialistes de la zone ne donnent pourtant que peu de crédit à cette prédiction. [...]

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Pour ces scientifiques, le lac Tchad ne disparaît pas. Il est en perpétuelle évolution. « La variation des
niveaux des eaux dépend des pluies et nul ne sait comment elles évolueront, affirme l’hydrologue
Abou Amani, de l’Unesco. Les modèles climatiques se contredisent et on navigue à vue. » Il n’existe
en effet aucun réseau de suivi des variations du lac Tchad, et le fleuve Chari n’est plus jaugé depuis
bien longtemps. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) n’exclut
pas une hausse importante des précipitations sur le Sahel d’ici à la fin du siècle.
D’après un article de Laurence Caramel et Joan Tilouine, publié dans le journal Le Monde le 24 février 2018
www.lemonde.fr

Questions
Répondez aux questions suivantes sur votre support de cours :
1. Documents 2, 3 et 4: Décrivez l’évolution du lac Tchad depuis les années 1960.
2. Documents 2, 3 et 4: Comment s’explique cette évolution.
3. Documents 2, 3 et 4: Quels sont les deux débats qui opposent les spécialistes à propos de cette
évolution ?

En savoir + Le manque d’eau provoque une crise humanitaire


Au-delà des débats, le fait est que cette région est touchée par une grave crise humanitaire. De
nombreuses cultures ont disparu car elles nécessitaient un apport en eau important (millet, pomme
de terre, sorgho). Les récoltes des agriculteurs sont faibles, les pâturages sont rétrécis et la famine
touche durablement près de 50 millions de personnes. La pénurie d’eau entraîne une accentuation des
tensions et des conflits entre les communautés qui vivent autour du lac. L’insécurité est aggravée par
l’apparition des groupes terroristes, qui recrutent des jeunes privés de moyens de subsistance.

3. Les inégalités à l’échelle mondiale sont fortes


Exercice 2 
Document 5. Les différentes zones climatiques dans le monde

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Document 6. Les ressources en eau douce dans le monde (en volume)

Banque mondiale 2014 (donnée la plus récente)


https://donnees.banquemondiale.org

Question

1. (Documents 5 et 6) : Recopiez et complétez le tableau à l’aide des 2 cartes proposées.

Continents Domaine climatique dominant Ressources en eau douce


Amérique du Nord

Amérique centrale et du Sud

Europe

Afrique

Asie

Océanie

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En savoir + Le stress hydrique et la pénurie d’eau dans le monde
Il existe une inégalité de la répartition des réserves d’eau douce selon les grandes zones climatiques :
les régions arides et semi-arides reçoivent moins de 10% des précipitations, les régions tempérées 45 %
et les régions intertropicales plus de 50%.
3
Le Brésil est le pays qui a les ressources les plus abondantes (près de 7000 km par an), le bassin du
fleuve Amazone concentrant près de 15% des écoulements superficiels à la surface de la Terre. Les trois
quarts de l’écoulement superficiel terrestre sont plus globalement à la disposition de douze pays. Les plus
vastes États (Brésil, Russie, Chine, Canada, Indonésie, États-Unis) contrôlent les plus grands réservoirs
d’eau. Ils possèdent la moitié du stock d’eau sur Terre.
Le concept de stress hydrique permet de mesurer les écarts entre les ressources et les besoins en
eau douce. Il y a stress hydrique lorsque la demande en eau de la population dépasse la quantité des
ressources qui sont disponibles. Un tiers de la population mondiale vit aujourd’hui en situation de stress
hydrique, c’est-à-dire avec moins de 1 700 mètres cubes d’eau douce disponibles par habitant et par an.
Le seuil de pénurie est établi à moins de 1000 mètres cube.
La superficie des régions menacées d’une pénurie d’eau s’accroît de manière continue. Selon les
projections des Nations-Unis, plus de 2,8 milliards de personnes devraient faire face à une situation
de stress hydrique d’ici 2025. C’est dans les régions d’Asie, d’Afrique et d’Amérique centrale que les
personnes qui connaissent un grave stress hydrique sont les plus nombreuses.
Notons qu’en Afrique les ressources potentielles d’eau peuvent être importantes mais que les besoins ne
sont pas satisfaits par manque de moyens financiers et techniques permettant l’accès des populations
aux ressources disponibles.

B. L’accès à l’eau potable est inégal dans le monde


L’accès à l’eau potable est lié à la disponibilité des ressources en eau douce mais aussi à la capacité
d’un État, selon son niveau de développement, à optimiser l’exploitation de ses ressources et à faire
des aménagements pour garantir l’approvisionnement de sa population (construction de barrages,
recyclage des eaux usées, désalinisation, etc. …). C’est la raison pour laquelle les pays européens ou
l’Australie qui ont peu de ressources garantissent un accès à l’eau potable à tous leurs habitants.

Exercice 3
Document 7. L’accès à l’eau potable dans le monde

Banque mondiale 2014 (donnée la plus récente)

6  CNED – SECONDE – HISTOIRE-GÉOGRAPHIE


Question
1. (Documents 6 et 7) : Recopiez le tableau ci-dessous et, pour chacune des propositions, indiquez si elle
est vraie ou fausse.

V F
Comme les ressources sont peu abondantes, il y a des difficultés d’accès à l’eau
1
potable en Europe.
En Amérique du Nord, les ressources sont abondantes et la plupart des habitants
2
bénéficient d’un accès à l’eau potable.
En Asie, les ressources sont plutôt abondantes et la plupart des habitants bénéficient
3 d’un accès à l’eau potable.
4 En Afrique, de nombreux habitants n’ont pas accès à l’eau potable.
En Australie, les ressources sont peu abondantes mais la plupart des habitants
5
bénéficient d’un accès à l’eau potable.

En savoir + L’indice de pauvreté en eau dans le monde


L’indice de pauvreté en eau prend en compte : 1. L’abondance des ressources en eau. 2. La capacité
des États à rendre les ressources utilisables. 3. La facilité d’accès des populations à ces ressources.
4. Les utilisations de l’eau. 5. La qualité de l’eau. L’IPE varie de 0 à 100, avec une note sur 20 attribuée
aux cinq facteurs qui permettent de définir le niveau de pauvreté ou de richesse en eau d’un
pays. Contrairement à la répartition des ressources d’eau douce, l’IPE est fortement lié au niveau
de développement des pays : les pays les plus pauvres se révèlent « pauvres en eau » malgré des
ressources abondantes, tandis que les pays développés qui ont des ressources limitées parviennent
à compenser par leurs investissements, leurs aménagements, pour garantir l’accès de tous leurs
habitants à l’eau potable.
Les inégalités sont aggravées par les carences des pays les plus pauvres dans l’assainissement des
eaux usées. Dans les pays pauvres, les déchets sont souvent directement rejetés dans l’environnement
ou dans les cours d’eau, sans aucun traitement. Les eaux usées contiennent des déchets organiques, et
tous les microbes et virus qui y sont associés, et des déchets industriels, qui contiennent des produits
toxiques et des métaux. Les conditions sont les plus dramatiques dans les bidonvilles des mégapoles
des Suds.

C. L’accès à l’eau est source de tensions et de conflits


1. Des tensions entre pays
La ressource étant limitée dans certains territoires, elle peut déboucher sur des conflits plus ou
moins ouverts entre les pays, notamment quand un pays décide de construire un ou plusieurs barrages
sur le cours amont d’un fleuve. De nombreux exemples existent.

CNED – SECONDE – HISTOIRE-GÉOGRAPHIE  7


Exercice 4 
Document 8. L’eau convoitée du Tigre et de l’Euphrate.

GEORGIE
Mer Noire
Nord
AZERBAIDJAN
ARMENIE

Mer Caspienne
TURQUIE

Kaban
barrage d’Ilusu
Atatürk
Eski Mossoul
Dukan
IRAN
Mer
Mediterranée Tabka
SYRIE Samarra

LIBAN Haditah
Bagdad
Ramadi Tig
re
IRAK
Kut
Hindiyah
Euph
rate Ch
ott
Montagne (altitude >1000 m) el-
Ar
ab
Marais
Golfe
Plaine de Mésopotamie KOWEIT
arabo-persique
Fleuve et barrage
ARABIE SAOUDITE
0 200 km
Canal d'irrigation

Document 9. La guerre de l’eau entre la Turquie et l’Irak (2018)

En 2018, l’Irak a connu sa pire sécheresse depuis huit ans. Un phénomène climatique aggravé
par la construction de barrages en Turquie, pays en amont qui contrôle les sources du Tigre et de
l’Euphrate.
La Turquie a la clé du robinet de l’eau qui s’écoule vers la Syrie et l’Irak. Les Turcs contrôlent les
sources du Tigre et l’Euphrate. [...] L’Irak a connu des moments très difficiles en juin dernier à
cause du remplissage du barrage d’Ilusu sur le Tigre dans l’est de la Turquie, situé à environ 70
km de la frontière irakienne. L’ouvrage doit permettre l’irrigation de 200 000 hectares agricoles. [...]
Les conséquences ont été dramatiques sur la population irakienne, l’environnement, la faune et la
flore. Le gouvernement de Bagdad a dû suspendre la culture du riz, du maïs et d’autres céréales.
Faute d’eau suffisante dans le sud de l’Irak, les troupeaux ont diminué de 30% par rapport à
l’année dernière. Pire : des émeutes de la soif ont éclaté à Bassorah.
[...] Pour Fadi Comair1, la solution serait de créer des agences de bassin au sein desquelles les pays
riverains seraient tous représentés et mettraient en place une gestion concertée. « L’eau doit servir
de moteur pour construire une paix économique entre la Turquie et ses voisins, explique-t-il. La
question est clairement posée : est-ce que l’on utilise l’eau pour la paix ou pour se faire la guerre
? ». La région souffre déjà de stress hydrique. Si l’eau n’est pas répartie de manière équitable et
utilisée de façon raisonnable, conformément aux principes posés par l’ONU, « nous verrons alors
augmenter le nombre de réfugiés climatiques qui s’ajouteront aux réfugiés politiques. »

D’après un article de Christian Chesnot paru le 14 décembre 2018 sur le site


www.franceinter.fr

1. Fadi Comair est Diplomate de l’eau (D.W.R.) de l’American Academy of Water (AAWRE) et négociateur international, spécialiste de la région du
Moyen-Orient. Il est membre de l’Académie des Sciences d’Outre-Mer et de l’Académie de l’Eau en France.

8  CNED – SECONDE – HISTOIRE-GÉOGRAPHIE


Questions
Recopiez et répondez aux questions suivantes :
1. (Documents 8 et 9) : Quel est le niveau de ressource en eau dans la région formée par la Turquie, la
Syrie et l’Irak ?
2. (Documents 8 et 9) : Pourquoi y a-t-il des tensions entre ces pays ?

En savoir + Les tensions interétatiques liées aux ressources en eau


Les prélèvements d’eau douce se font à partir des eaux de ruissellement des fleuves et des rivières ou par
l’accès aux nappes phréatiques : les plus grands bassins fluviaux s’étendent souvent sur plusieurs pays,
les ressources en eau douce doivent donc être partagées entre plusieurs pays riverains, ce qui peut
engendrer des tensions, d’autant plus si le pays en amont du fleuve multiplie la construction de barrages
qui réduisent le débit des fleuves et les quantités d’eau disponible pour les pays en aval.
Ces tensions concernent essentiellement des États en retard de développement et qui sont touchés par
la pénurie d’eau, pour la plupart en Afrique et en Asie. Outre ceux qui bordent l’Euphrate et le Tigre, les
territoires les plus fortement concernés sont:
• en Amérique, les bassins fluviaux du Colorado (Etats-Unis/Mexique) et du Parana (Brésil/Paraguay/Argentine).
• en Afrique, les bassins fluviaux du Nil (rivalités entre l’Égypte, l’Éthiopie, le Soudan et l’Ouganda), du
Sénégal (Sénégal/Mauritanie), du Zambèze (Zambie/Zimbabwe).
• en Europe, le bassin fluvial du Danube (Slovaquie/Hongrie).
• e
 n Asie, les bassins fluviaux du Gange (Inde/Bangladesh), du Jourdain (Israël/Palestine/Jordanie), du
Syr-Daria (Kirghizstan/Ouzbékistan/Tadjikistan/Kazakhstan), du Mékong (Chine/Laos/Vietnam/Thaïlande/
Cambodge), de l’Indus (Inde/Pakistan).
Ces litiges n’ont, jusqu’à présent, presque jamais débouché sur des conflits militaires. Les pays
concernés tentent prioritairement d’engager des processus de discussion et de coopération. Néanmoins,
l’eau est l’un des facteurs de la guerre qui s’éternise au Proche-Orient. Ainsi, l’une des motivations du
conflit israélo-palestinien est le contrôle des rives du Jourdain et des nappes phréatiques de la région.
Notons par ailleurs que dès 2013 l’organisation terroriste Daesh a occupé les barrages de l’Euphrate et du
Tigre. Et l’opération de reprise de de Mossoul (Irak) en 2017, a entre-autres été motivée par la volonté de
reprendre le contrôle et sécuriser le barrage situé à une quarantaine de kilomètre de la ville.

2. Des conflits d’usages


Les différents utilisateurs de l’eau peuvent rentrer en conflit, notamment quand l’eau est peu
abondante ; c’est ce que l’on appelle « les conflits d’usage ».
Exercice 5 
Document 10. L’évolution de l’usage de l’eau dans le monde au cours du XXème siècle

6000
domestique
5000
Kilomètres cube

industriel
agriculture
4000

3000

2000

1000

0
1900 1920 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2005

CNED – SECONDE – HISTOIRE-GÉOGRAPHIE  9


Document 11. Les conflits d’usages au Maghreb (2018)

Terre de transition entre les climats méditerranéen et désertique, les pays du Maghreb ne
bénéficient du climat subhumide que sur une étroite bande littorale, alors que plus de 80% de
leurs territoires sont exposés aux climats semi-aride et aride. Les ressources en eau de la région
sont, de ce fait, limitées, irrégulières et fragiles. [...] La pénurie d’eau au Maghreb prend racine,
non seulement dans l’aridité de la région, mais aussi dans la dynamique d’une demande en
explosion face à une ressource limitée.
Les campagnes et les villes se livrent en effet une compétition acharnée autour de cette ressource
dans un contexte d’urbanisation galopante et d’essor de l’industrie touristique. La Tunisie et le
Maroc sacrifient, par exemple, d’importantes quantités d’eau pour arroser les terrains de golf et
les piscines mis chaque année à la disposition de plus de 15 millions de touristes étrangers, qui
consomment chacun 500 litres en moyenne par séjour. [...]
Pour Mohamed Larbi Bouguerra, ancien directeur général l’Institut National de la recherche
scientifique et technique de Tunisie (INRST), expert en politiques agricoles auprès de l’Unesco [...],
les pays de la région ne se sont pas encore attaqués à la plus importante cause de la raréfaction
de l’or bleu, en l’occurrence le délaissement des cultures séculaires peu «hydrovores» comme
celles des oliviers, des grenadiers et des palmiers dattiers au profit de cultures gourmandes en
eau comme celles des plantes maraîchères ou des pastèques.
D’après un article de Walid Kéfi, paru sur le site du magazine Ecofin Hebdo (n°76) le 13 juillet 2018
www.agenceecofin.com

Questions
Répondez aux questions suivantes sur votre support de cours :
1. (Document 11) : Quel est le niveau de ressource en eau au Maghreb ?
2. (Documents 10 et 11) : Pour quelles raisons y a-t-il des conflits d’usage de l’eau ?

En savoir + Les inégalités face aux conflits d’usage de l’eau dans le monde
Environ les deux-tiers de la consommation d’eau dans le monde sont destinés à l’agriculture, 20%
aux activités industrielles et 10 % à la consommation domestique. Au-delà ce constat, les disparités
entre les pays développés et les pays pauvres sont très marquées. La consommation d’eau douce est
majoritairement à usage agricole dans les pays pauvres (supérieure à 85% en Afrique et en Asie), alors
que dans les pays développés les usages concernent davantage l’industrie et la production d’énergie. Les
disparités sont également très fortes au niveau de la consommation domestique individuelle : un enfant
né dans un pays développé consomme beaucoup plus d’eau qu’un enfant né dans un pays pauvre.
Dans les pays peu développés qui manquent d’eau, la concurrence est forte entre l’agriculture irriguée
et la consommation urbaine qui augmente rapidement car de plus en plus de personnes s’installent
dans les villes. Ces conflits d’usage se font le plus souvent au détriment des populations les moins
favorisées. Dans les pays les plus pauvres, la part de l’eau consommée par l’agriculture est supérieure
à la moyenne mondiale (elle peut atteindre jusqu’à 90% de la consommation totale), l’irrigation devant
permettre une amélioration des rendements indispensable à la lutte contre les crises alimentaires. Les
conflits d’usage y sont de plus en plus aigus entre les campagnes et les villes, du fait de la très rapide
urbanisation. L’amélioration des conditions de vie dans les pays en voie de développement, souhaitable
bien entendu, accentue les tensions car elle s’accompagne d’une augmentation de la consommation
d’eau. Le développement du tourisme dans certains pays pauvres peut représenter un atout pour l’essor
économique de ces pays mais la consommation d’eau par les touristes est très importante, et se fait au
détriment de la population locale.

10  CNED – SECONDE – HISTOIRE-GÉOGRAPHIE


2. Comment les sociétés tentent-elles de gérer plus durablement la
ressource en eau ?

A. Des aménagements fluviaux et littoraux pour mieux maîtriser la


ressource en eau
Exercice 6 
Document 12. La multiplication des usines de dessalement de l’eau des mers et des océans

Sur la planète, 2,1 milliards de personnes vivent sans eau potable à domicile, estime l’Organisation
mondiale de la santé (OMS). [...] Et la croissance démographique pourrait accroître de 30 %
les besoins hydriques d’ici à 2050, alerte l’Unesco. Pour diversifier leurs ressources en eau, de
nombreux États se tournent donc progressivement vers... la mer.
Aujourd’hui, le dessalement est la première source d’eau au Qatar et représente 3 verres sur 4 en
Israël. «Il existe environ 20 000 usines à travers le monde. [...] La moitié de la capacité mondiale se
situe au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. La France compte elle aussi quelques installations,
toutefois il faut quitter la métropole pour les voir. Les îles de Saint-Martin et Saint-Barthélemy, par
exemple, dépendent entièrement du dessalement. [...]
Le dessalement n’est pas réservé aux pays lointains. Barcelone héberge depuis 2009 la plus grosse
usine européenne (200 000 m3/jour). Prévue au départ comme un dernier recours, elle fonctionne pour
la première fois cette année à plein régime, étanchant intégralement la soif d’1,3 million de Catalans.
D’après un article de Christophe Josset, publié dans le magazine l’Express le 24 juillet 2018.
www.lexpress.fr

Document 13. Le Maroc veut multiplier la construction de barrages

Le Maroc multiplie les initiatives pour se préparer à la menace de stress hydrique. La réunion,
tenue mardi dernier au Palais royal à Rabat, consacrée à la problématique de l’eau, s’inscrit dans
cette logique.
Lors de cette audience, le Souverain a fixé les priorités dans ce domaine pour la prochaine période.
[...] L’objectif de la feuille de route royale pour faire face aux aléas climatiques est d’augmenter le
nombre d’infrastructures hydriques, à même de répondre aux besoins croissants en eau. Lors des
18 dernières années, 30 barrages de différentes tailles ont été réalisés. [...] Sur le moyen terme,
il ambitionne également d’accélérer la cadence des investissements dans les infrastructures
hydriques. Cela concerne particulièrement les barrages à grande capacité, qui devraient être très
sollicités durant les prochaines années. Surtout en raison des aléas climatiques, se traduisant
par l’alternance d’années à grands taux de pluviométrie et d’autres marquées plutôt par la
sécheresse.
Actuellement, le patrimoine national des barrages est composé de 140 ouvrages, avec une
capacité de stockage de 17,6 milliards de mètres cubes. [...] 14 nouvelles installations sont
en cours de construction. Elles permettront de renforcer la capacité de stockage de plus de 3
milliards de mètres cubes.
D’après un article de Mohamed Ali Mrabi, publié le 7 juin 2018 sur le site
www.leconomiste.com

CNED – SECONDE – HISTOIRE-GÉOGRAPHIE  11


Document 14. Un barrage à l’embouchure du fleuve Murray, en Australie

"CC BY-SA 3.0"

1 : eau douce du fleuve Murray ; 2 : eau salée de l’océan ; 3 : barrage qui permet de protéger l’eau douce
du fleuve en empêchant le mélange avec l’eau salée de l’océan.

Question
Répondez à la question suivante sur votre support de cours :
1. (Documents 12, 13 et 14) : Quels sont les aménagements fluviaux et littoraux construits pour réduire le
stress hydrique ?

En savoir + Les problèmes causés par la construction des barrages et des usines de dessalement
La construction de barrage et d’usine de dessalement permet de faire face au stress hydrique dans de
nombreux pays touchés par le manque de précipitations, mais ce n’est pas sans poser des problèmes
politiques, sociaux et pour la protection de l’environnement.
• L
 es problèmes politiques ont été évoqués précédemment : lorsqu’un pays construit des barrages, il
pénalise un pays voisin traversé par un même fleuve, puisque le ou les barrages réduisent le débit du
fleuve et la quantité d’eau disponible pour le pays situé en aval.
• S
 ur le plan social, la construction de barrages oblige parfois plusieurs milliers de personnes à quitter
leur lieu de vie, dès lors que la création du barrage entraîne l’inondation de leur village et provoque la
disparition de terres agricoles. Les populations contraintes au départ s’installent sur des espaces qui
peuvent être déjà occupés, provoquant des conflits d’usages. Il est également observé que les eaux
stagnantes peuvent favoriser la prolifération de moustiques ou de parasites qui provoquent des maladies.
• S
 ur le plan environnemental, la création de barrages provoque le déséquilibre des écosystèmes
à la fois des fleuves et des territoires qui deviennent des réservoirs d’eau. La mobilité forcée
de villageois a en outre un impact sur les territoires naturels où ces populations s’installent (par
exemple : déforestation et destruction de la biodiversité, fragilisation des sols touchés par une plus
forte érosion). Les usines de dessalement ont un coût énergétique important (forte consommation
électrique notamment) et sont sources de pollution du fait de l’utilisation de produits chimiques et des
rejets de saumure (eau très fortement concentrée en sel) produite lors du processus de désalinisation
et rejetée dans la nature.

12  CNED – SECONDE – HISTOIRE-GÉOGRAPHIE


B. Des politiques de gestion durable de l’eau
Exercice 7
Document 15. Assainir les eaux usées
Des cailloux, du sable et une végétation basse, aux feuilles brûlées par le soleil. Parfois quelques
arbustes verts viennent, par on ne sait quel miracle, casser la monotonie de ce paysage
désertique. Depuis l’avion qui nous emmène de Johannesburg (Afrique du Sud) à Windhoek, la
capitale de la Namibie, on distingue des lits de rivières et des étendues semblables à des lacs,
mais pas une goutte d’eau ! Ici, tout n’est que caillasse et poussière.
C’est là, coincés entre deux déserts parmi les plus importants au monde, celui du Kalahari et du
Namib, que 300 000 personnes vivent. À moins que les habitants de Windhoek ne soient plutôt 400
000 ou 500 000… on l’ignore, faute de recensement fiable. [...] Une démographie soutenue dans un
environnement où les précipitations annuelles moyennes ne dépassent pas 250 mm, avec un taux
d’évaporation de plus de 80 % : à Windhoek, la fourniture d’eau potable est un véritable casse-tête.
Pour répondre à ce besoin vital, les autorités et les acteurs privés ont dû faire tomber un tabou : il
va falloir boire les eaux usées. En 1968, Windhoek est ainsi devenue la première ville au monde à
faire consommer à ses habitants une eau directement issue de leurs toilettes, de leurs douches ou
encore de leur évier de cuisine. [...] En 2002, une nouvelle usine de retraitement, Wingoc, a même
été construite et confiée au groupe français Veolia. « Quand il n’y a pas de fleuves, ni d’océan à
moins de 300 km pour puiser l’eau, c’est la meilleure des solutions plutôt que de faire courir un
pipeline, estime Martine Vullierme, vice-présidente de Veolia Afrique et Moyen-Orient. C’est dix fois
moins cher à produire que de dessaliniser l’eau et beaucoup plus écologique ».
Selon Veolia, avec 100 l d’eau de mer ce sont 45 l d’eau potable qui sont produits tandis que l’eau
usée permet de récupérer presque 99 % d’eau potable. [...] Au total, une dizaine d’étapes permettent
à un habitant de Windhoek de boire l’eau de sa douche, moins de dix heures après l’avoir évacuée.
D’après un article de Vincent Vérier et Erwan Benezet, publié dans Le Parisien le 9 décembre 2018.
www.leparisien.fr

Document 16. Lutter contre le gaspillage


La sécheresse catastrophique qui touche l’ouest des Etats-Unis met à rude épreuve les nappes
d’eau souterraines et menace l’approvisionnement en eau dans cette région où vivent 40 millions de
personnes.
Parmi les mesures annoncées mercredi, la Californie va demander le remplacement de 4,6
millions de mètres carrés de pelouse par des plantes peu consommatrices d’eau comme les
cactus, les agaves ou les plantes succulentes. [...]
Les « normes des toilettes et robinets » vont être revues pour limiter le débit d’eau, et les
récalcitrants qui continuent à arroser leur pelouse tous les jours, et à en déverser la moitié dans
le caniveau au mépris de limitations déjà mises en place pourraient se voir sanctionnés. Une
“police de l’eau”, visant plus la sensibilisation que les sanctions, était déjà en place, mais elle
pourrait devenir plus sévère. Les pelouses grillées devraient se multiplier notamment à travers les
campus, golfs, cimetières et autres lieux publics californiens, désormais contraints de réduire de
façon drastique leurs arrosages. [...]
Les agriculteurs dans cet État qualifié de “panier de fruits et légumes” de l’Amérique, souvent
accusés d’arroser et de pomper dans les nappes phréatiques de manière inconséquente, vont
aussi devoir se restreindre. [..] Ils vont devoir déclarer plus régulièrement les quantités d’eau qu’ils
utilisent, afin de lutter contre les” abus et “utilisations illégales ou déraisonnables”. Pour Tim

CNED – SECONDE – HISTOIRE-GÉOGRAPHIE  13


Krantz, professeur de sciences de l’environnement à l’université de Redlands, « l’agriculture est
largement le plus gros consommateur d’eau, et certaines variétés ne devraient plus être cultivées
comme le riz, d’autres réduites, comme la luzerne ». À l’inverse, des variétés peu gourmandes en
eau comme le jatropha, avec lequel on peut produire des biocarburants, devraient être développées,
estime-t-il. [...] Il déplore aussi que l’industrie pétrolière et notamment de la fracturation
hydraulique, énorme consommatrice d’eau, ne soit pas visée par les mesures d’urgence.
D’après un article paru dans le magazine Science et Avenir le 04 avril 2015
www.sciencesetavenir.fr

Document 17. Valoriser la nature

Dans son édition 2018, le Rapport mondial des Nations Unies sur la mise en valeur des ressources
en eau plaide en faveur de solutions fondées sur la nature pour améliorer l’approvisionnement
et la qualité de l’eau et réduire l’impact des catastrophes naturelles. [...] L’eau est envisagée non
comme un élément isolé mais comme faisant partie intégrante d’un processus naturel complexe
qui passe notamment par l’évaporation, les précipitations ou l’absorption de l’eau par les sols.
Dans ce contexte, la couverture végétale, la présence de zones humides ou l’existence de forêts
sont autant d’éléments qui influent sur le cycle de l’eau et sur lesquels on peut agir pour améliorer
la quantité et ainsi que la qualité d’eau disponible. [...]
À l’échelle mondiale, on estime que la production agricole pourrait augmenter de près de 20%
grâce à des pratiques plus vertes en matière de gestion de l’eau. Une étude citée par le Rapport,
portant sur des projets de développement agricoles dans 57 pays à faible revenu, montre qu’une
utilisation plus efficace de l’eau, un moindre recours aux pesticides et une amélioration de la
couverture végétale peut améliorer le rendement agricole de 79%.
Ces solutions vertes ont aussi toute leur place en ville. Si les murs végétalisés ou les jardins
sur les toits en sont les illustrations les plus visibles, elles passent aussi par des mesures
de recyclage et de collecte de l’eau, la mise en place de bassins de rétention pour alimenter
la recharge des nappes phréatiques ou par la protection des bassins hydrologiques qui alimentent
les zones urbaines. [...]
Les zones humides, qui ne couvrent qu’environ 2,6 % de la planète, jouent un rôle hydrologique
de premier plan. Elles ont un impact direct sur la qualité de l’eau en agissant notamment comme
des filtres pour retenir certaines substances toxiques liées aux pesticides, aux rejets industriels
ou liés aux activités minières. On estime que les zones humides à elles seules peuvent retirer de
20 à 60% des métaux contenus dans l’eau et retenir de 80 à 90% des sédiments contenus dans
les eaux de ruissellement. À tel point que l’on a recréé dans certaines régions des zones humides
pour traiter, au moins en partie, les eaux usées issues de l’industrie. L’Ukraine expérimente
ainsi, depuis plusieurs années, des zones humides aménagées par l’homme pour filtrer certains
produits pharmaceutiques contenus dans les eaux usées. [...] Les zones humides agissent
également comme des barrières et des éponges naturelles qui capturent les eaux de pluies, ce qui
a pour effet de limiter l’érosion des sols et de limiter l’impact de certaines catastrophes naturelles
comme les inondations.
D’après un article paru sur le site de l’UNESCO, le 19 mars 2018
https://fr.unesco.org
Rapport mondial des Nations Unies sur la mise en valeur des ressources en eau, édition 2018.

Questions
Recopiez les questions ainsi que le schéma ci-dessous sur votre support de cours.
1. (Document 15) : Pourquoi les habitants de Windhoek doivent-ils faire face à une situation de stress
hydrique ?
1. (Document 15) : Quelles sont les réussites de l’assainissement des eaux usées face à ce stress hydrique ?
2. (Documents 16 et 17) : Complétez le schéma à l’aide des informations extraites des deux documents.

14  CNED – SECONDE – HISTOIRE-GÉOGRAPHIE


- - - Réduire les modes
de production
exigeants en
- - - consommation
d’eau

Villes Citoyens Agriculteurs Industries

Lutter contre le gaspillage et réduire la consommation

Comment gérer plus durablement les ressources en eau ?

Favoriser des pratiques plus vertes

Dans les campagnes Dans les villes

- -

- -

- -

CNED – SECONDE – HISTOIRE-GÉOGRAPHIE  15


Conclusion
Dans leur Déclaration du Millénaire (2000), les Nations Unies ont défini huit objectifs de développement -
les Objectifs du Millénaire pour le développement - qui visaient à améliorer les conditions de vie dans
le monde d’ici à 2015.
L’objectif 7 concernait la volonté d’assurer aux habitants de la Terre un environnement durable, avec en
particulier l’objectif de réduire de moitié, le pourcentage de la population n’ayant pas accès de façon
durable à un approvisionnement en eau potable : plus de 1 milliard de personnes n’avaient pas accès à
l’eau potable, plus de 2 millions de personnes mourraient chaque année à cause d’une consommation d’eau
non potable, 2,4 milliards de personnes n’avaient pas accès à des installations d’assainissement de l’eau.
La situation actuelle n’est pas celle espérée. 2,1 milliards de personnes vivent encore sans eau
potable à domicile, estime l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Encore plus de deux milliards de
personnes sont forcées de consommer de l’eau insalubre. Selon l’ONU, à l’horizon 2040-2050, entre 4,8 et
5,7 milliards de personnes vivront dans des zones où l’eau est rare au moins un mois par an contre
3,6 milliards aujourd’hui.
Le rapport prévoit également que dans le même temps 1,6 milliard personnes (contre 1,2 milliard
aujourd’hui) seront exposées à des risques d’inondations, aggravés par le changement climatique.

CORRECTION DES EXERCICES :

Exercice 1 
1. La superficie du lac a fortement diminué, avec une perte de 90% de la surface en 50 ans et sa division
par 8 depuis les années 1970. Le « grand lac » est ainsi devenu le « petit lac », marécageux et peu
profond.
2. Cette diminution de la surface du lac est due à la sécheresse qui touche la région depuis de
nombreuses années. Les précipitations sont faibles, l’évaporation est forte et les cours d’eau qui
alimentent le lac depuis les massifs montagneux sont asséchés.
3. Les débats qui opposent les spécialistes concernent particulièrement deux problématiques : l’évolu-
tion future de la surface du lac et l’impact de sa diminution sur les sociétés locales.
Certains considèrent que la sécheresse qui perdure condamne le lac à la disparition d’ici 20 ans.
D’autres affirment que ces prévisions sont très discutables, que la réduction de la surface du lac est
liée à un cycle de sécheresse, auquel peut succéder une période de plus fortes pluies permettant à
nouveau une augmentation de la taille du lac.
Les débats concernent ensuite l’impact de la réduction du lac sur les sociétés locales. Les uns
affirment que cette diminution qui réduit le périmètre de pêche et menace la biodiversité condamne
les populations locales, le lac étant l’unique réservoir d’eau douce de la région. D’autres soulignent
que la diminution de la surface du lac a permis le développement de nouvelles activités agricoles
grâce à l’apparition de nouvelles terres cultivables fertiles et de surfaces disponibles pour l’élevage.

16  CNED – SECONDE – HISTOIRE-GÉOGRAPHIE


Exercice 2 

Continents Domaine climatique dominant Ressources en eau douce


Amérique du Nord Domaine tempéré (continental, Ressources abondantes ou très
océanique, méditerranéen) abondantes
Amérique centrale et du Sud Domaine chaud (équatorial, tropical) Ressources faibles en Amérique
centrale, abondantes ou très
abondantes en Amérique du Sud
à l’exception de quelques pays.
Europe Domaine tempéré (continental, Ressources faibles à très faibles
océanique, méditerranéen)
Afrique Domaine chaud (équatorial, tropical, Ressources faibles et souvent
désertique) très faibles
Asie Domaine tempéré (continental) Ressources abondantes à très
abondantes, à l’exception de
Domaine chaud (tropical)
quelques pays.
Océanie Domaine chaud (tropical, désertique) Ressources très abondantes en
Indonésie, faibles en Australie.

Exercice 3 
Vrai : 2, 4, 5
Faux : 1, 3

Exercice 4 
1. La région est en situation de stress hydrique.
2. Le manque d’eau crée des tensions car ces pays dépendent fortement de 2 fleuves, le Tigre et
l’Euphrate. Chaque pays a construit des barrages pour réguler les ressources d’eau disponibles, sans
parvenir à mettre en place une gestion concertée de ces ressources et de la gestion des fleuves. La
Syrie et l’Irak sont ainsi fortement pénalisés par la Turquie qui se situe en amont du fleuve et utilise
ses barrages pour faire d’importantes réserves d’eau, en particulier pour son agriculture. Ceci a
aggravé la pénurie d’eau dans les deux pays voisins. Les populations de ceux-ci ont subi une forte
diminution de leur production agricole (cultures et élevage) et ont vu leur accès à l’eau potable grave-
ment limité.

Exercice 5 
1. 80% des territoires du Maghreb sont soumis à des climats semi-arides et arides. Le Maghreb est
donc en situation de stress hydrique. Les ressources en eau y sont faibles et irrégulières.
2. Les conflits d’usages de l’eau sont d’abord la conséquence de la pauvreté et de l’irrégularité de la
ressource. Ils sont ensuite liés à l’accroissement de la consommation, phénomène qui concerne le
monde entier avec une multiplication par 10 de la quantité d’eau consommée (de 500 m3 à 5000 m3).

CNED – SECONDE – HISTOIRE-GÉOGRAPHIE  17


Les conflits d’usages opposent dès lors les habitants qui consomment l’eau pour leurs besoins
domestiques aux industries, aux agriculteurs et aux professionnels du tourisme. L’augmentation de la
consommation domestique est notamment liée à la croissance démographique, à l’urbanisation et à
l’évolution des comportements quotidiens (amélioration du confort et des besoins en eau). L’essor du
tourisme a accéléré cette consommation d’eau (par exemple pour l’aménagement de terrains de golf
et les piscines des hôtels), dans des régions qui, comme le Maghreb, attirent des visiteurs grâce à
leur climat ensoleillé mais souffrent de pénurie d’eau.
Cette consommation d’eau se confronte aux besoins croissants de l’agriculture : l’activité agricole est
celle qui consomme le plus d’eau, avec une croissance qui fut la plus importante tout au long du XXème
siècle, du fait de l’augmentation des surfaces irriguées imposée par le développement de la culture
de fruits et légumes qui nécessitent des quantités d’eau plus importantes (ex : les pastèques) que les
cultures traditionnelles (ex : les oliviers, les grenadiers, les palmiers).

Exercice 6 
1. Les aménagements construits pour faire face au manque d’eau sont :
- l a construction de barrages établis le long des fleuves pour créer des réservoirs d’eau douce et faire
face aux irrégularités des précipitations.
- l a construction de barrages à l’embouchure des fleuves pour éviter le mélange de l’eau douce et de
l’eau salée.
- la construction d’usines de dessalement, pour transformer l’eau salée en eau douce.

Exercice 7 
1. Les habitants de Windhoek sont confrontés à une situation de stress hydrique à cause des conditions
climatiques désertiques : les précipitations sont très faibles et le taux d’évaporation est très élevé
(plus de 80%). Il n’y a par ailleurs aucun point d’eau à proximité (pas de fleuve ni d’océan à moins de
300 km). Il y a donc très peu d’eau pour une population nombreuse.
2. L’assainissement des eaux usées permet d’améliorer l’approvisionnement en eau des habitants à un
coût financier et écologique plus réduit que s’il fallait construire des pipelines et des usines de dessa-
lement de l’eau.

18  CNED – SECONDE – HISTOIRE-GÉOGRAPHIE


3.

- Réduire les - Réduire la - réduire l’arrosage et Réduire les modes


arrosages consommation l’irrigation de production
quotidienne (toilettes, - Déclarer l’eau exigeants en
- Remplacer les
douches) consommée consommation
pelouses par
d’autres végétaux - Limiter l’arrosage d’eau
- Cultiver des plantes
des pelouses et des peu consommatrices
jardins d’eau

Villes Citoyens Agriculteurs Industries

Lutter contre le gaspillage et réduire la consommation

Comment gérer plus durablement les ressources en eau ?

Favoriser des pratiques plus vertes

Dans les campagnes Dans les villes

- Réduire l’utilisation de pesticides pour - Construire des murs végétalisés


réduire la pollution des sols
- Construire des jardins sur les toits
- Reboiser pour agrandir la couverture
- Améliorer le recyclage de l’eau
végétale afin de réduire l’érosion des sols
et mieux capturer les eaux de pluies et - Créer des bassins de rétention de l’eau
améliorer le cycle de l’eau - Protéger les bassins hydrologiques qui
- Agrandir la couverture végétale pour alimentent les villes
filtrer naturellement les eaux polluées

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